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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé

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MessageSujet: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMar 27 Nov - 21:01

Une jolie promenade au bord du fleuve, ça aurait pu enchanter n'importe quelle jeune fille, encore plus si celle-ci est accompagnée d'un magnifique étalon, puissant et vif, capable de supporter de son seul coude la lourde charge d'une pucelle amoureuse. Celle-ci, en plus de son air languissant, se mettrait en valeur par une longue robe fournie, mais au décolleté bien placé. Cela ne manquerait pas d'échapper au regard du jeune homme, qui en profiterait pour descendre une main peu correctement placée. Ah, une claque. La dame n'a visiblement pas apprécié. On aurait pourtant pu croire qu'elle se serait faite sauter dès la demeure atteinte, jouant les vierges innocentes. Et l'homme avait  apparemment aussi peu de fierté qu'un chien idiot, puisqu'il lui courut après comme un dératé, oubliant toutes les bonnes manières acquises dans sa stupide éducation.

C'est ainsi que Rita passait son après-midi, à regarder les couples superflus se détruire devant ses yeux, pendant que ses petits doigts s'affairaient à un petit collier de feuilles ramassées. Il n'y a pas de sots loisirs. Ce midi, exceptionnel jour de repos, Rita était sortie du lit légèrement embourbée. Elle se sentait pâteuse, lourde, scellée au sol par de lourds boulets de fer. En passant à la salle de bain, une mélodie déversant d'un vieil accordéon traversa son oreille. Un son qu'elle n'avait jamais entendu à son réveil, puisque dans les bas quartiers, d'autres bruits vraiment plus désagréables résonnaient depuis la veille. Elle enfila rapidement une robe bleue marine, des bottines allégée et un chemisier assorti, puis se précipita dehors avec sa bourse dans sa poche, attirée par le musicien et soudainement délestée de tout poids. Elle courut vers la source de la musique, assez longtemps en fait. En raison de son ouïe de spectre, elle avait réussi à entendre la partition d'un vagabond des rues, qui se produisait sur les grands quais du long fleuve qui traverse la ville. Ah, la Seine ! Rita trouva que bien des siècles avaient passé sans que le long fil d'eau ne se stoppe ou ne dévient de son lit, sans compter ses débordements capricieux. Seuls ses bords changeaient, passant de paysans superstitieux à la mondanité envieuse de tranquillité et de divertissements.

Le joueur de musette était assis sur un banc, son couvre-chef devant ses pieds. Pas de foule acclamant sa prestation, seuls des passants indifférents et trop occupés à leurs idioties de frivolités. Rita se posta seule devant le vieil homme au crâne dégarni, fixant ses doigts ridés mais agiles, fricotant à une vitesse hallucinante. Elle en avait vu des accordéonistes dans les guinguettes, accompagner des danses enjouées et des chanteurs engagés, mais un charme tout à fait différent se dégagea du grison. Une chanson terminée et il fixa à son tour Rita, qui sortit une pièce de sa poche et le déposa lentement dans le chapeau, sans quitter du regard l'instrumentiste. Elle se releva, l'homme hocha la tête en remerciement et recommença sa valse des mains, lentement, régulièrement. La banshee resta là à l'observer, jusqu'à ce qu'elle laisse échapper ces mots  :

"Ça me dépite. Quel choix de vie pathétique."

Le vieux s'arrêta. Un petit sourire s'installa sur le visage décrépi, puis il lui répondit :

"C'est un choix qui me convient. Voulez-vous vous assoir ? J'ai terminé mon temps ici."

Rita s'exécuta, pendant que l'autre rangeait son instrument dans son étui, en réalité un sac à patates. Pour une fois, la jeune fille n'avait aucune envie de se moquer de lui, ni de détourner ses yeux. Le vieil homme n'avait pas lâché son sourire et posa sa main sur la tête de Rita, qui ne broncha pas d'un poil.

"Tu sais, jeune fille, je suis le seul son de l'accordéon et je ne suis guère un grand homme. Je crois même que je suis loin d'être un homme. Alors je vis comme ça, comme n'étant pas un homme. Et c'est très drôle de voir les humains s'agiter ! Crois-moi, jeune fille !"

Il s'éloigna, son sac sur l'épaule, son chapeau sur la tête chauve et les sous en poches. Il salua une dernière fois Rita, puis disparut dans les ruelles grises d'où il était sorti. La créature suivit de ses yeux verts le vieux, puis murmura :

"« Heureux qui jouit agréablement du monde ! Plus heureux qui s’en moque et qui le fuit ! » Qui disait ça déjà ? Je ne sais plus..."

Elle observa le fleuve encore une fois, avant de ramasser quelques feuilles et de les nouer avec du fil. Un collier qu'elle refaisait depuis des heures jusqu'au soir, sans montrer de lassitude face aux situations saugrenues des passants. Sauf peut-être à l'apparition d'un promeneur songeur, qui était trop occupé pour remarquer les couples s'éloignant à grands pas de l'homme à l'air sombre. Rita rit, pour la première fois de la journée, face à la démarche pataude de cette bête dissimulée parmi les hommes.

"Tiens, tiens, tiens, Je vois que le grand méchant loup est sorti de sa tanière... Que cherchez-vous ? Un petit chaperon ou un mignon porcelet ? À moins que ce soit un frêle agnelet."

Elle se leva enfin, son collier de feuilles tombant sur le sol, puis elle s'approcha du lycanthrope en souriant. Les lumières des bateaux-mouches illuminaient progressivement les quais de leurs lampions et de leurs clients chargés de bijoux. Une lueur qui se reflétait dans les yeux intéressés de la banshee.

"J'ai terminé mon temps ici. Cela vous dérangerait-il de me raccompagner ? Je me suis un peu égarée et de plus, je dois être en retard au cabaret. Allons, ne faîtes pas cette tête. Je ne suis pas plus réjouie que vous de me promener en votre compagnie, mais vous n'allez pas laisser une jeune fille fragile se promener dans les rues sombres de Paris à cette heure tardive, non ? Je pense que ce serait assez mal vu..."

Elle jeta un regard aux passants, qui voyaient d'un mauvais oeil le lycanthrope austère et la banshee angoissante. Cette dernière, au contraire de ses dires, semblait plutôt se réjouir de cette rencontre particulière.


Dernière édition par Rita Upset le Jeu 29 Nov - 15:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMer 28 Nov - 12:46

Spoiler:

Le crépuscule tombait sur la ville lumière, tandis que le commissaire parcourait les quais de Seine, l'esprit préoccupé par diverses affaires criminelles, auxquelles s'entremêlaient les récents éléments troublants de son quotidien, à savoir entre autre la soirée anniversaire du Lost Paradise, tout aussi riche en émotions, que la réapparition de Rose Walkson dans sa vie, de surcroît lorsque son meilleur ami figurait sur les deux tableaux. Ainsi l'esprit torturé par tout cela, Aldrick laissait son corps le guider machinalement jusque chez lui. Il avait fini son service, entamé bien trop tôt la nuit même et pouvait donc rentrer se reposer. Du moins c'était ce qu'il croyait jusqu'à ce qu'une demoiselle ne l'interpelle. En temps normal, il aurait sûrement fait comme tout bon parisien qui se respecte et l'aurait tout simplement ignoré. Mais voilà, pour commencer il n'était pas parisien -bien qu'on put en douter tant son visage était grimaçant au quotidien- ensuite, cette jeune personne avait attiré de façon singulière son attention.

En effet -et pour une raison qui lui échappait complétement- la belle semblait savoir d'instinct à qui elle avait à faire et il ne s'agissait pas là de sa nature de commissaire mais bel et bien de sa nature de lycanthrope. Si le propos n'avait pas était prononcé très haut, il n'en fallut pas moins pour que l'agent fronce les sourcils. Il n'aimait pas particulièrement qu'on en sache autant sur lui sans que l'inverse soit de mise.

Sans gêne aucune, la demoiselle semblait s'amuser en plus de son air surpris, et ne s'inquiéta nullement de l'air irrité qu'il afficha. Aussi continua-t-il sur le même jeu, histoire de pouvoir déduire, les intentions de son interlocutrice.


-Eh bien justement, je me demandais si je ne me laisserais pas d'avantage tenter par un petit chaperon bleu clair...La silhouette est alléchante mais je doute qu'elle soit assez consistante...A moins qu'elle n'ait une autre apparence? Ou un nom peut-être pour commencer?

Sa voix paraissait plutôt neutre. Mais dans son regard mordoré on pouvait lire le défi.
Bien consciente la brunette préféra évoquer le cabaret, où il devait la raccompagner, ainsi tout sembla plus simple.


-Ai-je vraiment le choix? Soupira le brun à voix haute, avant de lui tendre malgré tout son bras, un brin méfiant.

Ce n'était pas tant de l'y amener qui lui déplaisait mais plutôt le fait de devoir aller saluer Edward une fois sur place.


*Enfin, je ne suis plus à ça près, au final!*

-De plus, je ne vois pas de "fragile jeune fille" dans les environs. Si vous parlez de vous, laissez moi en doutez grandement. Les personnes que vous évoquez n'attire pas à elle volontairement, il insista bien sur le mot, les individus qui peuvent leur nuire.

Il laissa un peu de temps passé, observant par la même occasion le collier de feuilles qui gisait au sol.

*Drôle d'occupation...que faisait-elle là toute seule? Juste ça?*

-A moins que vous n'ayez une autre idée derrière la tête peut-être? S'enquit-il, n'ayant cure d'avoir été impoli.

*A près tout c'est elle qui a commencé!*

Il avisa tout de même la brune, elle était svelte et semblait douce, mais son tempérament n'avait à priori rien à voir avec son physique, cependant il émanait d'elle quelque chose de singulier, comme une odeur de terre mouillée, ou de pluie.
Etait-ce Edward qui lui jouait encore un de ses tours? Ou bien cette demoiselle avait-elle réellement fait appel à lui en connaissance de cause? Le lycanthrope n'arrivait pas à le définir et c'était bien là son plus grand tracas du moment. D'autant qu'il n'arrivait pas à se souvenir s'il l'avait déjà vu ou non au cabaret.



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Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Jeu 6 Juin - 19:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeVen 30 Nov - 21:45

Spoiler:

Ça la faisait rire. Après une après-midi assise sur un banc, Rita semblait être enfin tombée sur quelqu'un d'intéressant. Assez pour la faire jubiler à la perspective d'une découverte commune, même si elle avait légèrement de l'avance sur le lycanthrope. Quelle folle idée de s'adresser à un homme-loup qui fait presque le double de sa taille ! Et pourtant, le concerné était plutôt suspicieux, quant à l'approche assurée de la jeune fille. Celle-ci s'accrocha au coude de l'autre et elle ne put s'empêcher de penser, qu'elle lui enlevait sa dernière opportunité de s'enfuir loin de la banshee. Voulant continuer la danse, pour une fois qu'elle utilisait sa tête pour un quelconque jeu intellectuel, elle répondit à l'homme en manteau noir :

"Vous me prenez pour une escorte ? Dans ce cas, laissez-vous tenter ! Après tout, je pense que ce n'est pas tous les jours que vous avez la possibilité de profiter d'une bonne compagnie, n'est ce pas ?"

Elle commença la marche le long des quais, optant pour une allure simple et rythmée.

Un, deux, un, deux !
"Bon, je veux bien me dévoiler, ne serait-ce que pour que vous puissiez me retrouver à l'avenir. Mon nom est Rita et je travaille actuellement dans un cabaret, en tant qu'artiste. Vous ai-je dis lequel ? Oh, il me semble que non. C'est au Lost Paradise, mais peut-être vous en doutiez. Oui, c'est possible, vous n'avez pas l'air surpris et ne semblez pas du tout réjoui."

Les bateaux s'illuminaient les uns après les autres, tandis que les maisons perdaient leur intensité. Cela faisait un moment que le collier de feuilles et le banc étaient hors de vue.

Un, deux, un, deux...
Rita trébuchait légèrement sur sa robe bleue, qu'elle avait coupé un peu trop longue. Peut-être aussi à cause de l'épuisement et des lumières qui ne s’éteignaient jamais. Pas de quoi s'affoler cependant.

"Quant à ce que je suis... Et bien, je dirai que je n'ai pas à m'inquiéter lors de rencontres inattendues et que je n'ai pas vraiment de but à celles-ci. Je suis le cours du vent, je ne suis pas une femme. Je suis loin d'en être une."

Une pensée pour le vieux joueur d'accordéon. Un autre résonnait dans les quais, mais bien moins habile que le vioque. Rita resserra son emprise que le bras de l'homme, trouvant son odeur sauvage réconfortante, nostalgique.

"Hum, vous avez la même senteur que les bêtes du Nord. Un peu atténuée, certes, mais je crois que j'ai aussi perdu de la mienne, depuis le temps que je traîne parmi les hommes. Et vous, vous habitez ici depuis longtemps ?"

La Lune avait du mal à ressortir, parmi toutes ces lampes urbaines. Ils arrivèrent à un pont, qui conduisait directement dans les faubourgs et vers le cabaret.

"Enfin, je n'ai pas la même odeur que la vôtre, bien entendu." s'empressa-t-elle de dire avant que l'homme lui réponde.
"Et ma vraie forme est loin d'être aussi fière. Mais je suis sûre que si vous me goûtiez, vous me trouveriez exquise ! A moins que vous ne claquiez vos crocs dans le vide. Je me souviens d'un troll qui avait tenté de m’assommer pour m'emmener dans sa grotte. Sa masse a brisé l'arbre centenaire juste derrière moi, sans que sa lancée me touche. Le pire, c'est que je n'avais pas fait exprès. Mais comme il a été bien surpris, il a détalé comme un Haggis sauvage !"

Un, deux... Un...
Elle poussa un rire plutôt faiblard. La fatigue commençait à se faire sentir, elle trébuchait de plus en plus. Un léger « désolée » s'échappa de ses lèvres, avant que Rita ne relâche sa proie et ne se poste devant elle. Elle s'accouda à la rambarde de fer, lourde comme à son réveil.

"Excusez-moi, j'ai besoin d'une pause. C'est que c'est dur de suivre votre allure, vous voyez ? Ha, ha... Ouf ! Je dois couver quelque chose. D'habitude, je suis plus endurante !"

Elle se tourna vers le fleuve. Elle avait besoin de rentrer, ne serait-ce que pour se glisser sous la couette, mais cette promenade sur la Seine lui donnait l'envie de demeurer immuable, d'observer sans discontinuité. Et en même temps, le loup qui se tenait dans son dos l'invitait au contact, pour une fois qu'il n'était pas humain.


Dernière édition par Rita Upset le Mer 5 Déc - 13:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMar 4 Déc - 19:30

Aldrick fronça encore bien d'avantage les sourcils.

*Cette créature est insaisissable!* Songea-t-il tandis qu'elle déblatérait des sottises quant à une éventuelle escorte.

-"Profitez d'une bonne compagnie", hein? Voilà des propos bien étranges, pour une première rencontre. Je vous aurais cru mieux informée...

Ce n'était pas totalement du bluff, il considérait -à juste titre- qu'une bonne compagnie ne signifiait pas forcément en présence féminine, du moment que l'interlocuteur était agréable, que demander de plus?
Sans mot dire d'abord, la Belle l'attira en avant, lançant la marche, tandis qu'il se surprenait à trouver sa main petite au creux de son bras. Il n'eut guère le temps d'y penser, elle enchainait, laissant Aldrick perplexe dès la première phrase et il ne put retenir un commentaire suspicieux:


-Pourquoi? Vous comptez disparaître?

Elle n'en tint pas compte et continua comme s'il n'avait pas fait l'affront de l'interrompre. Lui confirmant que le cabaret était bien le seul qui lui eut permis de détecter de prime abord sa véritable nature. Ce qui fit augmenter l'air ronchon sur son visage.

*Enfin manifestement ce n'est pas un tour d'Edward, ce n'est pas son genre de tourner tant autour du pot, même s'il aime manipuler les autres...*

Plus ils avançaient, plus elle se confiait, mais cela semblait l'éprouver aussi, à moins que ça ne soit lui qui se fasse des idées?
Quand elle annonça ne pas être une femme, l'image du gremlins croisé à l'Exposition universelle réapparu vivement dans son esprit, mais heureusement pour Rita, elle fut bien avisée de lui en dire plus avant qu'il ne se montre agressif. Au lieu de ça, il la regarda d'ailleurs étrangement, comme si elle venait d'ajouter une énigme supplémentaire à son quotidien. Là le flic prit le pas sur l'animal, et même avec ses indices, rien n'y faisait, il ne voyait pas où elle voulait en venir.


*Comment peut-elle être tout ceci alors que je la vois et qu'elle me tient le bras? Et comment cette créature peut-être sentir tout ça si précisément? Même pour moi, il est difficile d'affirmer de quelle région vient un autre lycanthrope...*

Abasourdi le commissaire répondit évasivement quant à la question du logement par un bref:

-Oui depuis quelques temps déjà... Mais dîtes moi plutôt vous venez de par-delà la mer n'est-ce pas?

Il ne voyait que cette explication. Il n'avait pas eu l'occasion encore d'entendre pareille comparaison, aussi, la curiosité prenant le pas sur le reste, il s'entendit clairement demander:

-Qu'est-ce donc qu'un "haggis"?

Habitude enfantine, Aldrick pencha légèrement la tête sur le côté, un sourcil arqué plus que l'autre, l'air mi suspicieux, mi curieux, attendant une réponse comme on attend avec impatience d'ouvrir un présent à Noël.
Là la brunette vacilla et il crut qu'elle aller choir, heureusement il n'en fut rien et s'excusa pour ôter de son visage cet air inquiet. Il ne dit mot. Après tout il ne savait pas encore bien à qui il avait à faire. Peut-être cela faisait-il parti d'un traquenard?

Elle s'éloigna, lui expliquant qu'elle devait être fiévreuse.

Le brun la laissa faire, incapable encore de définir si son interlocutrice était ou non sans danger pour lui.


-Comment vous nomme-t-on? Interrogea l'agent de but en blanc. Je veux dire, quelle est votre "véritable nature"? Etes-vous une sorte de "fantôme"?

*Je doute qu'elle soit un, ils peuvent rarement interagir si facilement avec les humains, mais en même temps, je ne vois pas trop comment l'appeler autrement...*

Un vent froid se leva, l'obligeant à maintenir son chapeau et à replacer quelques mèches de ses cheveux rebelles pour contempler la brune, dont le regard semblait perdu dans le paysage.
Puis haussant les épaules, il s'accouda à son tour à côté d'elle et décida de plonger son regard dans le sien, comme pour y déceler la vérité.


-Tout à l'heure, vous ne m'avez pas dit quel était votre nom de famille. Etait un oubli volontaire de votre part? Quelques secondes de silence ponctuèrent son propos avant de mourir dans l'écho de sa voix chaude. Du reste vous avez raison, je viens bien du Nord, là-bas mon nom fait trembler bien plus souvent qu'ici, mais à Paris, je suis juste Aldrick Voelsungen. Sachez donc que s'il vous arrivez de disparaître... Il esquissa un sourire qui semblait dire que même si elle avait évité précédemment la question elle n'y échapperait de toutes façons pas. ...C'est moi qui serait en charge de vous retrouver, en ma qualité de commissaire. Comme vous vous en doutez, ce n'est pas l'unique devoir qu'implique cette fonction. Alors tâchez de n'effrayer que les haggis je vous prie. Confia-t-il sur un ton qui se voulait léger.

La Belle sembla l'écouter avec attention mais elle mit plusieurs minutes avant de répondre quoique ce soit.

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Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Lun 7 Oct - 19:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMer 5 Déc - 13:59

Appuyée sur la rambarde, Rita se perdait dans les flots tranquilles. Son regard émeraude rencontra celui du commissaire, qu'elle admira assez longuement. Une belle détermination et une curiosité enfantine se lisait dans ses yeux et la jeune fille aima cette sincérité. Il lui prit l'envie de sourire, mais elle se réprima pour admirer les vagues qui déferlait en continu, les lumières qui s'y perdaient et surtout, son propre reflet et celui de l'homme qui était venu se poser à ses côtés.

"Bon, puisque j'ai affaire à un protecteur de l'ordre, je vais me plier à vos ordres, commissaire !"

Elle cherchait une réponse à ses questions, mais butait sur certaines, réfléchissait beaucoup trop pour des interrogations apparemment simples. Elle se mit soudainement à rire, aussi doucement qu'était le courant du fleuve sous ce pont.

"Les haggis, hein ? Ces sales petits rats... Il serait dur pour moi de leur faire peur, en ce moment présent. Je n'en ai pas vu depuis des lustres. Depuis que j'ai quitté... « la Grande Bretagne » ? C'est comme ça que les humains l'appellent, enfin, je crois. Cette île qui est si grande à parcourir. Pourtant, la première fois que j'ai vu une carte du monde, elle m'a semblé si petite... Et les lacs du Nord le sont d'autant plus, ça me fait bizarre quand j'y pense."

Sa gorge commença à la gratter. Devant ses yeux fatigués, une lumière se mit à s'intensifier et à pulser plus violemment. Compte à rebours inévitable, connu seulement de la jeune fille. Le vent froid continuait de souffler, faisant flotter les longues mèches brunes de Rita, qui tournaient légèrement au gris.

"Je suis désolée, je ne connais pas votre nom. Je n'ai jamais su les retenir et j'ai même oublié de vous préciser le mien ! Je ne me souviens seulement que de la personne qui m'a donné un prénom, tandis que je ne sais même plus qui me l'a donné, ce nom de famille... Qu'est-ce que c'était déjà ?"

Un soupir s'échappa de ses lèvres. Un soupir d'agacement et de fatigue. Ce que les agonistes peuvent être énervant parfois ! Rita se détourna de la lueur, tournant le dos au fleuve. Elle se racla la gorge et observa le ciel noir d'encre, sans aucun nuage pourtant. Elle fit un petit mouvement de tête, puis tourna son regard vers Aldrick, les pupilles légèrement rougies. Elle lui répondit d'une voix sans émotion et vide, comme si elle récitait un texte sans réelle sincérité.

"Upset. Je m'appelle Rita Upset. Je travaille au Lost Paradise en tant qu'artiste. Je viens des pays du Nord, au-delà des mers, au centre des montagnes et des vallées remplies de lacs. Je ne suis pas humaine, car je ne suis pas née d'un père ou d'une mère."

Il commençait à faire vraiment froid, mais aucune fumée blanche ne franchissait les commissures de sa bouche. Rita ne faisait pas attention à la température descendante, mais elle vit bien son interlocuteur resserrer les pas de sa longue veste en prévention du vent glacé. A moins qu'il ne voulait pas montrer au public ce qu'il cachait en dessous. Elle fixa le visage de son compagnon de promenade, avant de retourner à sa contemplation du plafond du monde.

"Je crois alors que, dans la logique des choses, puisque je n'ai jamais été humaine, je ne peux pas être un fantôme. Je pense que le terme de spectre me conviendrait mieux, s'il fallait me ranger dans une certaine catégorie. Comme ça, vous saurez où me ranger dans vos dossiers !"

Elle rit vraiment cette fois-ci. Cependant, il se perdit dans un énième souffle que poussa la jeune fille.

"Mais si vous voulez ma dénomination exacte... Et bien, je suis Rita Upset et je suis une banshee. Une sorte de farfadet qui arrive à sentir des choses plus ou moins déplaisantes. Excusez-moi, je n'ai pas envie de m'épandre sur le sujet."

Peut-être connaissait-il sa race, peut-être que non. Rita s'en fichait un peu, que les gens, humains ou non, sachent pour sa véritable nature. La jeune fille se savait immatérielle et, jusqu'à ce jour, personne n'avait jamais eu le pouvoir d'attraper ce qu'on ne pouvait pas toucher. Mais le scintillement dans son dos l'incommodait et elle ne souhaitait pas qu'il devienne un sujet de discussion ou de pensée. Alors, la banshee chercha ce qu'elle avait pu oublier. Ses aiguilles, ses feuilles, son banc, une question... Elle commençait à perdre le fil, avec cette lueur qui ne se décidait pas à s'éteindre.

*Quelle plaie...*

"Je crois que je n'ai rien oublié. À part, peut-être, mon éventuelle « disparition »... Commissaire, je ne doute pas de vos capacités, mais il est possible que même vous soyez incapable de me retrouver. Moi-même, je n'y parviendrais pas. Un jour sûrement, je m'évanouirai dans les airs et la brume apparaitra là où je me dissiperai. Quand ? Je vous le demande. Mais je crois que ce n'est pas de cette disparition-là dont nous parlions de prime abord. Ah, je suis fatiguée..."

Elle cogita encore un peu, deux ou trois minutes. Juste le temps pour soupirer encore une fois et vérifier si sa pochette à couture était dans sa poche. Dieu merci, elle y était.

"Je ne risque pas de partir pour le moment. J'aime cette ville, c'est le seul endroit où j'ai pu trouver une ambiance qui ne soit pas détestable. Si je tenais de tels propos tout à l'heure, c'est parce que j'espérais que vous puissiez me rendre visite, me voir un jour sur scène dans le cabaret. Mais ce n'est pas votre lieu de plaisance favori apparemment. Tant pis."

La lumière s'était éteinte et déjà Rita respirait mieux. Ses cheveux s'obscurcirent et sa pupille redevint indiscernable. Elle se remit droite sur ses deux jambes, de nouveau vive et assurée.

"Dites moi, maintenant que j'ai répondu à vos attentes, pouvez-vous vous présenter à votre tour ? Je n'aime pas me sentir désavantagée et déconcertée, presque autant que vous je crois."

Elle se planta face au policier, les bras derrière le dos à la façon d'une petite fille. Son malaise passager était bel et bien passé, mais son sourcil arqué et sa main tremblante marquaient bien que ce soudain vertige n'avait pas été si bien géré que ça.


Dernière édition par Rita Upset le Mar 1 Jan - 8:52, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMer 5 Déc - 16:58

Sa réplique lui arracha un sourire, se doutait-elle seulement à quel point y pouvait y avoir du double sens uniquement dans cette phrase? Il ne lui en toucha mot en revanche, préférant écouter avec une attention particulière les propos de la Belle quant aux créatures qu'il méconnaissait. La brunette décrivit un rat, et il ne visualisa que ceux de Paris, et haussa donc les épaules en conséquence, sans chercher plus loin. Du moins pour l'instant...

Le lycanthrope acquiesça à l'annonce de la Grande Bretagne, tentant d'imaginer Rita, se mouvant dans un paysage totalement différent. Du peu qu'il en avait vu en photo, cela semblait magnifique, mais de là à l'imaginer dans un décor plus qu'un autre, il en était incapable. Puis quelque chose d'étrange se passa, il sembla un instant à Aldrick que la demoiselle vieillissait un peu, mais il n'en fut pas sûr. Après tout il ne l'avait observé qu'à la dérobée, hormis pour ses yeux noirs, il n'aurait juré de rien. De plus la mode faisait faire tant de choses stupides aux gens qu'il ne doutait pas qu'elle puisse y être pour quelque chose.

Le brun ouvrit ainsi de grands yeux lorsqu'elle déclara ne plus connaitre son nom de famille.


-Comment? Vous ne...

Aldrick s'arrêta. C'était inutile, elle ne l'écoutait pas, semblant lutter contre quelque chose d'invisible, elle continuait à parler comme s'il n'était présent que par moments dans son champ de vision.

*Etait-elle toujours ainsi?* Son propos suivant le laissa un peu pantois, il ignorait quoi répondre à cela. *"Pas née d'un père ou d'une mère"? Qu'est-ce que ça veut dire?*

L'agent ni comprenait vraiment plus rien, puis elle parla de spectre, le laissant encore plus perplexe, pour lui fantôme ou spectre, c'était du pareil au même. Il avait dû faire une drôle de tête car voilà que la brunette semblait faire de l'humour à présent.

-Une branshee? Répéta-t-il un peu bêtement sans vraiment comprendre. Il imagina une sorte de spectre féminin, un peu semblable à ceux errants sur les bateaux fantômes et cela le fit sourire. Mais bien vite cette image changea pour celle d'un lutin et il avisa Rita de pied en cap.

*Non décidément je ne lui trouve rien de commun avec ces créatures*

-Vous sentez des choses désagréables en ce moment? Tenta-t-il, hésitant. A présent il lui semblait que la brunette risquait de défaillir à tout moment. Vous êtes très pâle... Lâcha-t-il à demi-mots, se rapprochant un peu plus d'elle de peur qu'elle ne défaille totalement.

Rita tenta ensuite de le rassurer mais un doute persista dans l'esprit du brun. Il tiqua.


-Tout à l'heure vous disiez que ce n'était pas de votre disparition dont nous devions parler... Vous voudriez en évoquer une autre en particulier? Elle sembla perdue dans un ailleurs inaccessible au brun.

-Vous comptez partir comme de la brume maintenant? Il arqua un sourcil, toujours aussi perplexe, mais elle lui confirma le contraire.

Enfin, devant son insistance quant à sa compagnie Aldrick ouvrit de grands yeux étonnés et rougit un peu, cachant son visage de la main pour masquer son trouble, avant de s'emporter.


-Ce n'est pas ça! Il lui saisit le bras plus violemment qu'il ne l'aurait voulu. S'en rendant compte, il la lâcha aussitôt tandis que son regard mordoré glissait sur les lumières aquarelles du crépuscule. C'est juste que le Lost... Il n'acheva pas. Soit, je viendrais vous voir. Quand vous produisez vous sur scène prochainement, Miss Upset?

*Qu'est-ce que je fais? Pourquoi je lui demande ça alors que je ne sais pas qui elle est exactement?*

Là un souvenir de son père s'invita dans sa mémoire, et il le revoyait en train de le gronder pour une bêtise de plus dans son enfance. Tout était sujet aux réprimandes pour ses parents de toutes façons, mais cette fois-ci, son père avait ajouté: "Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être, Aldrick. Suis ton instinct, c'est ton meilleur guide. La Bête sait mieux que quiconque..." et il était parti, s'en retournant à ses préoccupations, le laissant là face à ses phrases sibyllines qu'un louveteau de son âge ne pouvait comprendre.

*Pourquoi est-ce que je repense à ça maintenant?*

Il n'eut pas le temps d'y répondre, Rita se tenait face à lui, droite et fière comme la justice, plongeant son regard profond dans le sien, une mimique d'enfant sage incrustée sur le visage. Etait-ce cet air innocent qui l'avait poussé à accepter? Le brun leva les yeux au ciel et dans un demi-sourire confia:

-Vous semblez aussi têtue que moi. Soit, une fois n'est pas coutume, je veux bien parler un peu de moi, mais l'histoire est trop longue, je ne vous en conterais que les grandes lignes, moi non plus je ne souhaite pas m'épancher sur certains sujets...Avant ça ne préféreriez-vous pas en discuter dans un café? Ou du moins dans un endroit où vous pourrez vous asseoir? Interrogea l'agent incapable de déterminer si elle se sentait mieux ou si elle jouait la comédie.

Là, pour le coup, son instinct était aux abonnés absents...

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeSam 8 Déc - 21:36

Spoiler:

Devant l'attention qu'avait présenté le ténébreux à ses dires, Rita ne put s'empêcher de sourire bêtement, contrairement à ses habitudes. En vérité, elle aimait être aimée, elle adorait ces moments de gentillesse, qu'elle soit gratuite ou non, et elle appréciait énormément que le loup l'ait écouté jusqu'au bout de son récit. Ce dernier semblait en proie à un trouble apparent, qu'elle crut d'abord provoqué à la mention du cabaret. Rita avait raison, quelque chose repoussait le lycanthrope. Que ce soit à cause de la gène, de la peur ou de la haine, la jeune fille était maintenant perplexe que l'on puisse nier avec une telle vivacité. Elle s'était arrêtée un instant pour y réfléchir, reprenant une attitude distante et décalée du monde réel. Mais elle entendit la proposition d'Aldrick qu'elle apprécia encore plus, car elle était empreinte d'un souci de la santé de la banshee.

Continuant sur sa lancée enjouée, Rita monta rapidement sur la grille de fer, prenant le risque de monter par dessus bord, en portant sa main au dessus de ses yeux. Un coup d'oeil à gauche, un regard à droite, et Rita écarta les lèvres lorsqu'elle entendit le son de musette, s'échappant d'un bateau, l'eau ondulant sous les vibrations rythmées de la valse. Elle tremblait encore un peu, sa migraine demeurait dans un coin du crâne, elle tenait en équilibre sur un bout de fer large de dix centimètres, mais Rita se sentait mieux, dès que les notes joyeuses atteignaient ses oreilles. À croire qu'elle était schizophrène, puisqu'il n'y a même pas dix minutes, la banshee était irritée par ce son qu'elle trouvait biscornu.

- Très bien, je propose que l'on aille prendre place sur l'eau. C'est original et puis, comme on est en semaine, on ne risque pas de ne pas trouver de place libre !

Elle descendit en sautant, manquant de trébucher sur sa longue robe bleue, et chopa le bras du commissaire, un peu plus brutalement que la première fois. Elle en faisait encore des tonnes, comme de coutume. Marchant maladroitement sur les pavés, Rita se laissait entrainer par l'allure de l'homme de grande taille.

- Je sais que je dois attendre que l'on soit assit pour discuter, mais j'aimerais au moins vous demander une chose. Au cours de mon voyage du Nord jusqu'à cette ville, j'ai entendu moult et moult rumeurs, légendes et autres idioties à propos des... hum... loup-garous.

Elle avait murmuré ses derniers mots, misant sur la discrétion. Quelques pèlerins n'avaient pas encore décidé d'une table où s'installer et flânaient le long des quais. À moins qu'il ne s'agisse de filles et de garçons de joie. Ou de filles-garçons de joie. Rita s'en fichait un peu. Mais leur faire savoir qu'une créature, telle un spectre ou un homme-loup, venait de passer à côté d'eux, ce n'était pas la meilleure façon de passer une bonne soirée. Rita s'était légèrement approchée de l'oreille de son interlocuteur, posant sa tête contre son épaule, afin de lui parler sans éveiller de soupçons.

- Je n'ai pas dans l'intention de vous offusquer, mais les fables transmises dans les petits villages traitent souvent d'animaux monstrueux, mélange hideux entre l'homme et la bête.

Rita crut entendre un soupir. Cependant, elle poursuivit sa phrase, toujours agrippée au bras de l'homme en manteau. Peut-être entendit-elle aussi un gémissement de gêne.

- Je n'énoncerai pas les diverses manières qu'ont les ruraux pour exterminer ces êtres, mais une chose est récurrente dans ces racontars. La Lune. Pas forcément pleine, mais jamais inexistante. Ils voueraient un culte humble envers cet astre, pratiquement en transe. Une adoration parmi tant d'autres, me direz-vous.

Rita vit qu'elle gênait légèrement le loup, à se coller à lui ainsi. Se sentant malicieuse, elle lui souffla doucement dans l'oreille, puis s'éloigna en se moquant de l'air ahuri de l'homme en noir.

- Mais je doute que cette rumeur soit fiable. Vous ne semblez pas perturbé par elle.

Elle pointa son doigt vers le ciel en faisant un clin d'oeil en direction du brun. Rita était un peu trop enjouée, même selon elle. La jeune fille ne sentait pas du tout crédible, à sauter partout tout en se cassant la figure sur les pavés bien posés. Mais à force d'avancer, les deux promeneurs avaient retrouvé le café flottant et Rita s'empressa de choisir la table qui se trouvait à la pointe du pont, étonnamment encore libre. Il n'y avait pour l'instant aucune musique.

Arrivée à sa chaise, elle attendit tranquillement que le policier ne s'arrange avec le serveur pour s'excuser de l'empressement de sa partenaire. Lorsqu'il rejoignit enfin Rita, celle-ci semblait déjà plus calme, peut-être comme lors de son après-midi sur le banc. Ils s'installèrent lentement, prirent commande et la banshee se tut pendant un instant. Elle avait oublié qu'elle avait posé une question et l'homme-loup s'était sûrement adressé à elle, afin d'attirer son attention. Lorsque l'homme l'obtint enfin, elle répondit d'un ton pressé :

- Ah désolée, je crois que je me suis quelque peu perdue... Bon, à propos des mythes, il faudrait juste que vous me les confirmiez, mais après, c'est carte blanche quant à vos dires.

Et elle lui sourit, en joignant les mains sous son menton. Un violoniste fit vibrer ses cordes sensuellement, installant une ambiance faussement romantique. Rita souriait, sûrement à cause de ça.


Dernière édition par Rita Upset le Mar 1 Jan - 8:48, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMar 11 Déc - 12:38

Spoiler:

*Décidément je ne comprendrais jamais rien aux spectres!*

Le commissaire la regarda s'élever sur la passerelle, pas franchement rassuré, il avait même tendu la main au moment où il avait cru qu'elle allait tomber vers lui, puis s'était ravisé en voyant qu'elle semblait à l'aise. S'il l'avait mieux connu, probablement l'aurait-il réprimandé pour pareil acte. Cela n'avait rien de prudent et il devait veiller à limiter autant que possible les accidents dans la capitale. Seulement, un spectre pouvait-il réellement tomber et se faire mal? Chaque fois que -plus tard- elle marchait sur sa robe en trébuchant légèrement il se demandait si au moment où elle atteindrait le sol, tout son corps disparaitrait, laissant là ses affaires, ou si elle afficherait une mine contrite d'avoir était imprudente. Enfin rien de tout ceci n'arriva aussi, le brun fut troublé par tout autre chose. Outre cette familiarité singulière à laquelle s'adonnait sans gêne la demoiselle, et qui pour couronner le tout, le troublait, il y avait cette fameuse question quant à sa Nature.

Il afficha le même air étonné que lorsqu'elle avait décidé d'aller sur un bateau. Les spectres avaient des goûts des plus singuliers. Puis un soupir passa la frontière de ses lèvres, à force de séjourner dans la ville lumière, il en avait quelque peu oublié les ravages commis dans les campagnes par ses congénères.


*Comment ai-je pu songer qu'il en serait autrement?*

L'agent ne s'attarda guère, la brunette le pressait pour lui confier un autre secret et sa curiosité prenant le pas sur le reste, il se pencha naturellement vers elle, tandis qu'elle appuyait son visage sur son épaule. Il en rougit. Voilà bien longtemps qu'une jeune femme ne s'était permise d'avoir de tels gestes à son égard. L'action empira lorsque par jeu, elle abusa de ce procédé. Faignant l'innocence, elle le relâcha, lui faisant contempler l'astre lunaire, l'accusant de tous les maux.

*Les spectres sont donc si malicieux?* S'étonna t-il en avisant la face argenté qui lui causait tant de tracas.

-Au risque de vous décevoir, je dois admettre que tout en elle me perturbe. Soupira le brun, avec un air mi contrits, mi souriant. Dans le timbre de sa voix, une certaine souffrance se faisait légèrement ressentir. Même si la phrase était ambiguë, il faudrait du temps avant qu'il ne lui confie tout ceci.

Arrivé à bon port, profitant de l'absence apparente de vie sur le bateau le spectre s'en alla tout guilleret vers l'endroit qui l'attirait le plus: la proue. Décidément il l'aurait vraiment plus imaginé en fantôme sur un bateau qu'en lutin. Une ombre passa sur le pont et bien vite un gentleman lui fit face. Le genre tiré à quatre épingles, trop sérieux pour pouvoir faire du zèle, l'inspectant de toute sa hauteur, sans crainte aucune alors qu'il le dépassait d'une bonne dizaine de centimètres.


*Y'a pas à dire, ce gars là ne manque pas de courage* Pensa t-il impressionné.

-Vous êtes seul Monsieur? Lança-t-il sèchement.
-Non, la demoiselle m'accompagne, excusez son empressement, parmi tous les bateaux de la Seine, c'est sur le vôtre qu'elle a jeté son dévolu, je présume qu'elle sait reconnaitre le meilleur même lorsqu'il est caché dans la masse.

Le garçon esquissa un sourire fier et son air arrogant disparut une bonne dizaine de secondes. Mais chassez le naturel et il revient au galop. Il en fut de même pour cet homme, après quelques recommandations, une histoire de réservation et d'exception dont il n'avait cure, il put enfin rejoindre Rita sur le pont.

*Heureusement que Billy a insisté pour que j'apprenne ce genre de balivernes par cœur! Faudra que je l'invite à boire un verre, c'est plus efficace que je ne le pensais!*

-Quel pointillisme! Ça devrait être interdit d'être aussi tatillon! Lâcha le commissaire, éreinté de cette animosité verbale, une fois que le serveur fut dans les cuisines.

Croyant qu'il s'adressait à elle, la belle tourna son regard d'ébène vers lui, s'excusant de ne pas avoir écouté. Il la rassura avant de poursuivre:


-Les mythes? Qu'en dire de plus que tout ce que vous ne savez déjà? Ce serait mentir que d'affirmer que ma Nature est autre que celle que vous décriviez tout à l'heure, et la maligne là-haut s'amuse sans conteste à laisser place à des instincts bien trop souvent dévastateurs. Quant à savoir si c'est le pire qui en ressort toujours je ne saurais le dire. Cela ne se résume pas être "bon ou mauvais", cela dépend de chacun de nous et comment nous acceptons "La Bête"...

Son regard se fit lointain, suivant les vagues à l'horizon. Peu importe quels étaient ses remords et leur intensités, nier ses actes n'était rien d'autre que de la lâcheté. Il ne voulait pas en être. Les Voelsungen étaient sans nul doute tourmentés de tous temps, que la Bête en soi partiellement responsable était une chose. Mais c'était aussi, le fardeau et la force de chaque lycanthrope. C'était une part de lui. Il lui était impossible et inconcevable de la rogner. Cependant il pouvait aisément comprendre qu'on lui en veuille, c'était peut-être aussi pour cela qu'il ne cherchait pas spécialement à s'attirer la sympathie des autres.

*Un monstre, hein?* C'était blessant, mais c'était la vérité.

-Peut-être qu'un jour viendra où mon clan sera apte à choisir en toutes circonstances le pourquoi de ses actes, mais en attendant...c'est elle qui décide. Il haussa les épaules, presque résigné. A ma connaissance, il n'y a pas de remède miracle et je doute que nous en voulions réellement. Imaginez qu'on vous propose demain d'être comme ce citoyen lambda que tout le monde fréquente sans le voir, cette vie serait-elle vraiment plus heureuse? Serait-ce là vraiment tout ce à quoi vous aspireriez? Personnellement j'en doute... Il laissa un temps puis passa une main dans ses cheveux, l'air un peu gêné. Pardonnez-moi je m'égare. Que désirez-vous savoir? Je ne suis pas très doué pour raconter les histoires sans fil conducteur...déformation professionnelle je présume.

Le plateau arriva, tout garni et Aldrick pour passer le temps, trinqua avec elle avant de boire une gorgée d'alcool fort.

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeSam 5 Jan - 15:38

Spoiler:

Elle rêvassait sur le bateau, tanguant à cause des légers flots du fleuve calme. La banshee les avait sentis, presque bercée, peut-être un peu trop sensible à ces choses-là. Ses yeux vides d'expression avaient fixé le vide, comme si à nouveau, elle avait perdu tout intérêt pour tout.
Ou peut-être était-elle trop attentive à tout, justement. C'est pour ça qu'elle était un peu confuse lorsqu'Aldrick revint. Sans aucunement essayer de cacher son embarras, Rita écouta presque religieusement le discours du commissaire. Un peu déçue que les rumeurs soient vraies, car ça manquait cruellement d'originalité. De plus, même pour Rita, il y avait quelque chose de déplaisant dans le fait qu'une seule entité décide du bon vouloir d'un peuple. De plusieurs peuples en fait. Rita tapait nerveusement sur la table, son agacement commençant à grimper en elle. La Lune. Elle espérait que le loup lui donnerait une autre occasion de s'en moquer, mais maintenant, elle apparaissait comme une fatalité. Encore. Et sûrement murmura-t-elle, pour elle-même, la tête appuyée contre sa main :

- La Lune n'est pas maligne, elle est malsaine. Malsaine oui.

Le policier ne l'avait pas entendu et Rita en soupira presque de soulagement. Elle ne voulait aucunement l'importuner avec ses conflits existentiels ou autre idiotie du genre, lui qui avait accepté de passer la soirée avec elle et de répondre à ses questions. Un plus grand respect s'inspira de lui, grâce à la résignation maitrisée par le lycanthrope face à sa condition. Rita n'en aurait pas dit autant d'elle-même. Peut-être même qu'elle se serait plainte toute la nuit sur les toits, rien que parce qu'elle avait enfin un auditeur. Bon, pour une fois, l’égoïsme laisserait sa place à l'admiration. Les réflexions du loup étaient tellement justes et bien pensées, à l'avis de la banshee, qu'elle eut du mal de répondre en dissimulant son enthousiasme.

- Oh, mais que vous vous égariez ne me dérange point. Je vous jure que j'aime vous écouter. Je bois vos paroles même, dirais-je ! Et je crois qu'entre nous deux, vous n'êtes pas le moins consciencieux. Mais pour répondre à votre question précédente... Une vie normale et sans souci ? Oui et non. En fait, j'aimerais avoir ma vie sans souci, je crois que ce serait l'idéal pour moi. Vous froncez les sourcils, je vais vous expliquer : j'ai des moments assez douloureux, comme vous avez pu voir. S'ils pouvaient l'être un peu moins...

Rita fixa une fenêtre, sur un immeuble juste à la tournure du fleuve, où la lumière venait juste de s'éteindre. La jeune fille soupira, un peu moins droite sur sa chaise. C'est le moment que choisirent les serveurs pour apporter leur souper et Rita hoqueta presque devant l'énormité du plat. Qu'importe si ça n'avait pas bon goût, rien que pour la décoration chatoyante, le personnel méritait qu'elle finisse même les os. L'agent avait tôt fait de lui servir un verre et ils trinquèrent, en sirotant légèrement pour la banshee. Le repas commença allègrement, le violon continuait d'émettre ses notes trop mielleuse et le fleuve secouait toujours un peu la coque du navire. Une ambiance détendue, propice à la relaxation.

- Si ce n'est pas agréable, ça... Je crois qu'une vie avec des moments pareils me conviendrait. Bon, de quoi pourrions-nous parler ?

Rita piocha dans son assiette et avala quelques morceaux d'une viande blanche, humidifiées par une sauce rougeâtre parsemée d'herbes. Elle mâchouilla un peu de manière disgracieuse, sans gêne, avant de continuer le plus naturellement du monde, la pointe de sa fourchette posée contre son menton.

- Voyons, pourquoi pas de votre travail ? C'est un des sujets de discussion les plus répandus, alors cédons à la tradition ! Vous êtes commissaire, donc. Vous êtes nombreux ? Et les criminels, ils le sont ? J'avoue que cela m'excite beaucoup, de savoir que notre ville n'est pas aussi sûre que ça... pour les humains. Ah, mais dites-moi, sommes-nous aussi en danger ? Hein, dites-moi commissaire, me conseillez-vous de me barricader la nuit et de prendre une arme avec moi pendant la journée ?

Elle gloussa, un peu trop enjouée, alors qu'elle enfourchait un brocoli et qu'il se divisait sous la pression. Un autre verre s'ajouta, vidé plus rapidement cette-fois-ci.

- Ah, je ris, je ris, mais la réalité doit être tout autre. Sérieusement, Aldrick – c'est bien votre nom ? - que faites-vous de vos journées ? Je suppose que ce n'est pas tous les jours de la paperasse. Et puis, j'aimerais aussi savoir ce qui vous amené ici. Dans cette ville. Et votre âge aussi.

Jouer au flic était amusant après tout, c'est ce que commençait à se dire la banshee en avalant prestement. C'était bizarre d'être directe, concise. Ça n'empêchait pourtant pas Rita de descendre un troisième verre, oubliant peu à peu les autres lumières pas encore éteintes.
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeLun 7 Jan - 16:40

Aldrick fut surprit de la réaction de la demoiselle, on lui avait rarement témoigné tant d'admiration de façon si spontanée de prime abord, il en fut si gêné qu'il ne sut quoi répondre, se contentant de piocher dans son assiette sans parvenir à la regarder. Même s'il trouva les dires trop pompeux pour être totalement francs. Mais son propos l'obligea à relever vers elle un visage perplexe, il n'eut en revanceh rien le temps d'ajouter car elle poursuivait, semblant encore perdu entre deux univers. C'était assez déroutant pour le lycanthrope.

*Des moments moins douloureux? De quoi parle-t-elle au juste?*

La brunette proposa de parler de son travail de commissaire et une avalanche de questions et de réponses en découla, le laissant un peu bête de cet intérêt soudain. Il fit de son mieux cependant pour répondre dans l'ordre.

-Eh bien...Mon équipe est constituée d'une vingtaine de personnes, la majorité est composée d’hommes d'action, entrainés à être sur le terrain, mais certains sont plus spécialisés. On ne traite pas de la même manière un multirécidiviste qu'un gamin ayant piqué une pomme pour se nourrir. Il but une nouvelle gorgée d'alcool et poursuivit. Quant au nombre de criminels, il y en sûrement beaucoup, tout le monde peut le devenir, mais ça dépend de la volonté de chacun à agir en faisant ce qui est juste ou non.

Le brun termina son verre, resservit sa vis à vis et fit de même pour lui, avant d'avaler une nouvelle bouchée du succulent repas qu'on leur avait servi. Un sourire passa sur son visage puis il fit mine de réfléchir avant de poursuivre.

-Quand bien même je vous disais de rester cloitrée au Cabaret, vous ne m'écouteriez pas, n'est-ce pas Miss Upset? La question était en fait plus rhétorique qu'autre chose, et l'agent ne lui laissa pas le temps de répondre, profitant qu'elle vidait à nouveau son verre pour l'observer avec attention, se demandant combien de verres, elle pouvait ainsi boire d'une traite. De plus, ce n'est pas nécessaire. Nous faisons déjà notre possible pour veiller à la sécurité de tous. Bien sûr si vous fréquentez certains lieux mal famés, le pourcentage de chance pour que vous passiez un agréable moment sans encombre est certes moins élevé. Cependant je ne serais pas vraiment surpris d'apprendre que vous aimez vous trouvez là où il y a de l'action ou du risque, est-ce que je me trompe?

Un autre verre fut vidé pour eux deux. Il en comptait cependant un de moins à son actif. Un chaperon ne pouvant se laisser aller à ce genre de choses avant d'avoir accompli sa tâche.

* Eh bien à ce rythme-là elle sera joyeuse sous peu...*

Il acquiesça à son prénom, jugeant qu'après tout, au point où ils en étaient...

-Pour résumer, disons que je fais mon possible avec mon équipe, pour éviter d'une part que les Hommes commettent des méfaits et d'autre part pour que les gens comme vous et moi agissions à l'encontre de ces mêmes règles. Le plus complexe étant bien entendu de limiter les... il se tut un instant, cherchant un terme qui conviendrait ..."incidents regrettables" qui découlent le plus souvent d'une maladresse commune et d'un funeste concours de circonstances. Enfin...en général. Il insista sur le mot avec amertume.

Avisant ensuite le verre de sa vis à vis et le reste de la bouteille, il héla un serveur et commanda une autre bouteille, ainsi qu'un grand, très grand pichet d'eau. Pas de miracle pour éviter les joies engendrées le lendemain par un trop plein d'alcool: l'eau était salvatrice. Quand la belle fit la moue à la vue de sa commande il précisa:


-Au diable le fait que l'eau fasse rouiller Miss! Si je n'ai rien contre le fait de vous voir si souriante, je préfère en revanche que ce repas, préparé avec tant de bonne volonté reste là où il est à présent, et pour cela, il faut que vous buviez un peu d'eau aussi. Sans lui laisser le temps d'émettre de protestations il remplit le verre du liquide transparent et demanda l'air de rien: Tout à l'heure vous disiez que vous souhaiteriez que vos souffrances soient moins présentes, s'agit-il de souffrances physiques?

Puis devant son silence il abdiqua dans un soupire et reprit le fil de son récit.

-J'ai vingt-quatre ans, je suis originaire de Transylvanie, j'y ai vécu jusqu'à la mort de mon père. Son regard se fit autre, absent, et la Bête en lui grogna alors qu'il poursuivait machinalement. Après ça, ma famille s'est divisée et tout à changer. Il fixa la belle sans la voir, comme si le temps s'était arrêté autour d'eux et que le va et viens de la Seine n'avait plus aucune incidence sur son corps, comme si le monde entier était devenu un peu moins coloré. J'ai suivi une partie de ma famille à Paris et...je suis devenu policier parce qu'il y a des injustices que je ne veux pas voir se reproduire!

Là la détermination fit sortir le brun de sa torpeur et lui fit retrouver tous ses esprits. Hormis son poing serrant très fort son couteau dans sa main, il n'y avait que peu de signes apparents de la multitude de sentiments que provoquaient en lui cette allocution.

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeJeu 31 Jan - 18:26

Rita passait un très bon moment. Discuter autour d'un verre, écouter des histoires, bien manger, c'était le summum du plaisir parfait ! Oh bien sûr, elle dut râler lorsque le policier préféra changer le nectar rouge par le liquide vital, même si elle se sentait bien sa raison déchoir peu à peu. Mais ça lui faisait du bien d'être engourdie. Alors, elle souriait, même lorsque Aldrick parla de ses malencontreuses aventures. Égoïsme regrettable, puisqu'une seule question sur elle suffit à la rendre maussade et à raviver les éclats diffus de la ville. C'était trop clair, aveuglant même, et Rita attribua cela à l'alcool, qui fait paraître les choses autrement qu'elles ne le sont. En réalité, elle avait oublié, le temps d'un instant, à quel point ces lumières pouvaient être désagréables à voir. La banshee se concentra alors sur son plat, encore à moitié plein. Mais comme son hilarité, Rita semblait avoir perdu l’appétit. Elle serra une de ses mains contre son estomac, qui se contractait à la vue de la viande et du reste. La jeune fille se rendit bien compte que son compagnon avait eu raison de la stopper dans son élan de beuverie, car elle se souvenait de quelques uns de ses lendemains de fête, où les conséquences de son ivresse avaient été bien pires. Mais bon, elle n'a jamais pu en tirer une vrai leçon, car elle ne refusait jamais un verre proposé. Foutue addiction. Rita serra le tissu de sa jupe, peu appropriée pour une soirée d'une qualité pareille. 



Elle crut devenir un instant sourde, car la voix du commissaire lui parvenait comme assourdie. C'était comme lorsque, dans l'eau, les cris de l'extérieur vous parviennent atténués, des vagues de son se brisant à votre corps rocailleux. Elle écouta l'homme sans l'entendre, comme si elle avait plongé dans le lit de la Seine, arrêtant son temps et marquant celui d'Aldrick, à jamais. Peut-être que dans les courants, elle entendrait enfin correctement ? Elle maudit son compagnon, car il l'avait mené à n'être qu'à moitié saoule. Pourtant, à défaut de ne pas bien l'entendre, elle le voyait parfaitement. Elle ne détacha pas son regard, lorsqu'elle vit les lèvres bouger pour produire des mots inaudibles. Et elle ne rêva pas, lorsqu'elle vit les jointures des doigts du policier se blanchir, au contact du couteau argenté. Elle hésita, l'espace d'une seconde, se doutant que la Lune ne se gênait pas pour y mettre son grain. Mais, comme pour l'instant, elle était sourde, Rita ne prêta pas attention à sa raison hurlante et, machinalement, elle avança sa petite main, pour la poser sur celle contractée de son ami.



- Ça va aller, chuchota-t-elle posément.

C'est le son de sa propre voix, qui parvint à ramener à Rita son ouïe et sa lucidité. Celle-ci retira sa main et baissa les yeux vers son assiette. Elle prit ensuite un instant pour se remettre, repenser aux derniers instants. Dans cet état brouillon, il était urgent de réordonner son esprit. Elle concéda alors qu'elle avait eu des pensées plutôt morbides, d'autant plus que sa fin ne l'attirait pas vraiment. Elle ne voulait pas celle des autres, déjà. Puis, elle trouva dans son dernier geste un élan de pitié, de compassion, de pathétique. Toutefois, Rita n'arrivait pas à se contenter de ces explications. La banshee reprit sa fourchette et repiqua, le rouge aux joues. Elle n'osait plus le regarder, ayant peur de croiser son air étonné.




- Je suis désolée, je ne sais plus ce que je dis, parvint-elle à dire. J'ai sûrement trop bu !



Ou pas assez, pensa-t-elle ensuite. Elle picorait, histoire de s'occuper. Mais l'homme en face d'elle pouvait la voir se tortiller une main, la serrant et la desserrant ponctuellement. C'était une des rares fois où elle était mal à l'aise, ce qui la rendait plus déchiffrable. Tout du moins, c'était l'impression que Rita était sûre de donner. Alors, elle essaya de continuer la discussion du mieux qu'elle pu :



- C'est... Une belle motivation, prononça-t-elle en déglutissant, pas vraiment à l'aise. Et vous ne semblez pas manquer de volonté. Il devrait avoir plus de policiers comme vous, dans cette ville. Au moins, ses habitants se plaindraient moins de tout ce "malin" qui parcourt les rues !

Elle rit doucement, puis osa enfin lever les yeux vers lui. Elle ne sut pas trop ce qu'elle y avait vu, mais constater que ce n'était pas du dégoût la rassura un peu. Rita se redressa donc, moins anxieuse. Elle fixa son compagnon d'un air sérieux, avant d'ajouter avec fermeté :

- Merci, monsieur, d'avoir répondu à mes questions ! Je vous recontacterai dans les plus brefs délais !

Elle laissa quelques secondes de silence passer, où elle regarda le policier quelque peu surpris. Puis, elle lui sourit et déclara :



- Voilà, les plus brefs délais sont passés ! ...Muh. Bon ben bref, je voulais encore vous demander quelque chose. J'ai besoin d'un service, en fait. Elle baissa d'un ton, même si, à part le serveur et le violoniste, qui se reposait avant d'enchaîner, personne d'autre ne demeurait sur le bateau. Avant d'être embauché au Lost Paradise, j'ai fais une rencontre. C'est elle qui m'y a conduit. Et je ne vous demande pas parce que vous êtes commissaire, mais en tant que... qu'autre. C'était un homme grand, en costume bien coupé. Il avait l'air assez riche, même s'il ne traînait pas dans les quartiers les plus populaires de la cité. Alors, je m'interrogeais : les ... Elle fit un moulinet de la main pour se faire comprendre par Aldrick et pas par le serveur qui se baladait autour de la table pour glaner ragots et pourboire. Ils sont si bien installés dans cette ville pour y atteindre les grandes instances ? Je dois avouer que cela fait des siècles que je n'ai pas vu d'humains dirigés par eux. Ou je n'y ai peut-être pas fait attention..

.

Rita sursauta lorsqu'elle entendit le violoniste repartir sur une note vive. Elle s'arrêta donc un instant, avant de reprendre :



- Ça me turlupine quand même, de savoir qu'ils sont aussi influents ici. Je dois avouer que, même lorsque vous m'avez dit être commissaire, j'ai été bien surprise ! Et si je n'avais pas été banshee, je n'aurais jamais imaginé que vous n'étiez pas, vous savez... Et ben, c'est bluffant !

*Il est tel un loup dans la bergerie, se retint de dire Rita par respect*

Au fur et à mesure qu'elle piquait dans son assiette, celle-ci se retrouva rapidement vide. Son verre aussi. Voyant ainsi les plats dénués de garnitures, Rita se servit un peu d'eau et demanda à son camarade de tablée, gourmande :

- Un petit dessert me tenterait bien, pas vous ?
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeDim 3 Fév - 20:20

Tandis que son esprit s'embuait, se perdant dans des souvenirs sans âge, oubliant la question qui semblait avoir fait changer de comportement à la belle, le contact avec la main frêle et douce de Rita le fit sortir de sa torpeur. Il monta vers elle un regard troublé tandis qu'avec trois mots seulement elle le sauvait du manque d'air qui l'avait assailli depuis bien trop longtemps déjà.
Il n'ajouta rien, se sentant rougir légèrement, mais lui adressa un sourire doux, tentant de la remercier mais aucun mot ne franchi la frontière de ses lèvres, il lâcha le couteau tandis qu'elle s'excusait. L'agent ne comprit pas bien pourquoi mais elle paraissait mal à l'aise alors il n'insista pas, se contentant d'éclater de rire quand elle aborda le sujet de sa motivation.


-Ne dites pas ça ainsi! Croyez-moi, mes raisons sont loin d'être aussi héroïques que vous semblez l'imaginer. Il cacha sa tête dans sa main et redressa vers elle ses yeux dorés, lui trouvant un air mignon avec ce visage hasardant. Croisant enfin son regard, il parut surpris devant la suite de ses propos et esquissa finalement un sourire devant la plaisanterie.

*Un sacré brin de fille c'te demoiselle!* Songea le lycanthrope tandis qu'il terminait son assiette et qu'elle poursuivait.

Il était habitué du reste à ce qu'on lui demande de retrouver des gens et ne s'en offusqua donc pas, en revanche son allusion aux personnes comme eux lui arracha d'abord un air perplexe avant qu'un air entendu ne passe sur son visage.


-Disons que si la discrétion n'était pas de mise, nous n'aurions tiré aucune leçon du passé. Rien qu'à Salem... Il n'acheva pas. De ce fait, il existe effectivement comme vous dites "de grandes instances" qui tentent de conserver leurs territoires sans que nous ayons besoin de vivre différemment de maintenant. C'est courant depuis...quelques siècles justement. En tous cas ici. Disons qu'il faut un minimum d’équilibre.

Le brun la regarda faire, se retenant de rire lorsqu'elle sursauta, en dépit du comique de la scène. Il termina son verre et la resservit, en alcool cette fois. Puis la détailla, ses mèches brunes entremêlées, ses doigts fins et blancs, sa peau nacrée, sa voix claire, elle devait sûrement plaire plus involontairement que volontairement. L'idée le fit sourire mais devant son ton sérieux il reprit contenance et répondit calmement:

-On me le reproche souvent...D'être "moi" et de continuer à exercer en dépit des risques que cela engendre pour les autres. Mais, je crois que je suis tout de même plus à l'aise dans cet univers que dans le mien. Aussi surprenant que ça puisse paraitre, je crois que je ne suis pas doué pour communiquer avec les gens de mon espèce. Paradoxalement, je sais qu'il n'y a que parmi les miens où j'aurais immuablement une place.

Il affiche un air indéchiffrable et acquiesce au sujet du dessert.

-Je vous accompagne volontiers... Il fit donc signe au serveur et quelques secondes plus tard, ils avaient en main la carte. Mmm tout ce choix...si je m'écoutais...

L'agent n'acheva pas, les étoiles dans ses yeux alliées à son air d'enfant suffisaient à dire combien il pouvait être gourmand.

-La personne dont vous me parliez plus tôt, vous souhaitez que je cherche des informations à son sujet? Il baissa un peu le regard. Je ne garantis pas de la retrouver forcément de suite, mais, si elle fait partie "des grands" -il encadra le propos en pliant les doigts- je pense que ça ne devrait pas être très complexe. Enfin, si vous avez une description un peu plus précise naturellement...Un nom peut-être?

Il lui adressa un sourire contrit en fermant la carte et attendit qu'elle ait choisi pour commander à son tour un chocolat liégeois.

-Autrement, rien à voir mais je ne crois pas vous l'avoir déjà demandé: quel genre de numéro réalisez-vous au Lost?

Chassez la curiosité et elle revient au galop! Le commissaire porta le verre d'alcool à ses lèvres et s'en délecta, en jetant un œil aux serveurs, pour être sûr qu'ils soient assez éloignés et qu'ils ne les entendaient pas.

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMer 6 Fév - 12:25

La banshee dévisageait le policier, tentant de donner sens à ses mots. Peut-être avait-elle fait une erreur, en s'avançant sur les buts de l'homme au manteau noir. Mal est fait, donc. Rita soupira, fixant les yeux dorés du commissaire. Ils s'agitaient beaucoup, fixant un point sur chaque chose qui les entourait. Partout et tout le temps observer, un vrai fin limier. Bon, elle le reconnu pas très futé, quand il lui servi le picrate qu'elle commençait à exécrer. Néanmoins, elle accepta poliment, car il ne pouvait pas le savoir, après tout. Mais pourquoi avait-elle accepté tout d'abord ? Stupide, stupide Rita qui saisit le verre et se délecte d'un flot de trop.

C'est donc en se maudissant bêtement qu'elle écouta Aldrick. Elle connaissait Salem, de loin. Un voyageur bavard aurait très bien pu lui prononcer ce nom, après un énième verre dans une taverne, le long de la Seine. Toutefois, ce souvenir ne revenait pas précisément dans l'esprit du spectre. C'était peut-être pour ça qu'elle avait du mal à saisir la teneur de ses propos. Quel équilibre a-t-il pu s'installer entre les humains et les créatures, si ce n'est que les hommes vivent le jour et que les monstres dominent la nuit ? Sûrement celui que respecte Aldrick, celui entre la Lune et sol. C'était en partie pour cela que Rita admirait les lycans. Toujours partagés, toujours dissimulés, toujours souffrants. Pourtant, la jeune femme savait que la plupart d'entre eux supportaient cet entre-deux grâce à leur communauté. Un loup solitaire, comme Aldrick, devait y faire face de tout son corps. Saloperie de Lune.

La carte des desserts en main, Rita prit un temps pour réfléchir à quel met allait satisfaire prochainement son palais. Une crème brûlée ? Un parfait au chocolat ? Elle hésitait et pourtant, inconsciemment, son esprit avait déjà fait son choix : une tarte aux pommes. La banshee jeta un regard vers Aldrick et ne pût s'empêcher de sourire devant le visage craquant qu'affichait son compagnon.

*Petit gourmand, va. Cette bouille si mignonne vaut bien que je paye ma part.*

La jeune femme, derrière son cahier, espionnait en douce le policier, comme un petit écolier, qui observe avec timidité la plus jolie fillette de la classe. Ou la maîtresse, dans certains cas. Elle fut pourtant tirée de sa contemplation silencieuse par une question posée, une interrogation, à laquelle elle répondit évidemment par un spontané :

- Heu...

Elle n'en avait vraiment aucune idée. Du nom, comme de son apparence. Maintenant, voulait-elle réellement qu'Aldrick le retrouve ? Avait-elle une intention quelconque de remerciements ou de remontrances ?

-Je ne crois pas que ça en vaille franchement la peine. C'est juste un homme, qui m'a agrippé le bras alors que je gisais par terre. Ne me demandez pas pourquoi, s'il vous plait. -Elle baissa les yeux une seconde-. Il m'a trainée, donc, jusqu'aux portes lumineuses du cabaret. Je doute qu'il soit fréquentable, même pour moi qui ait du mal avec les "bonnes manières" - elle plia le bout des doigts, imitant Aldrick en souriant -. De plus, ce serait une perte de temps, je ne me souviens presque rien de lui. Juste du couinement délicat de ses chaussures et du doux froissement de son habit. De son odeur, aussi, même si je ne sais plus à quoi l'attribuer, si ce n'est un non-humain.

Rita entendit un bruit de plongeon provenant du fleuve. Elle tourna alors la tête, faisant voleter ses bouclettes brunes. La jeune femme tenta tant bien que mal d'y voir quelque chose dans l'obscurité ambiante. Mais à part le reflets de lampadaires brûlants, rien ne pouvait se voir dans les eaux noires. Elle laissa alors tomber, reprenant sur un autre ton.

- De toute façon, je n'ai aucune envie de le retrouver. Si le revoir n'est pas une nécessité, le destin ne m'obligera pas à le revoir. Cela est vrai pour toute chose, également pour la mort. Enfin, je serais bien surprise, s'il s'avère, à l'avenir, que cette vérité soit fausse.

Ou sinon, son existence elle-même serait remise en cause. Rita ferma sa carte et annonça au serveur son choix, Aldrick fit de même. L'hôte s'en alla donc avec une dernière courbette et en marche arrière, manquant de percuter le violoniste enivré par la musique et trois verres de whisky. La banshee observa la scène, amusée, avant de retourner au policier, le rire aux lèvres devant sa moue gourmande.

- Eh bien, quel caractère enfantin pour un officier. S'il y avait bien un penchant que je vous imaginais, ce n'était sûrement pas les pâtisseries !

Elle lui sourit encore une fois, avant de se tourner, les coudes sur la table et la tête sur le dos de ses doigts croisés, vers le fleuve tranquille. Le bruit qu'elle avait entendu auparavant ne s'était pas réitéré, mais Rita voulait vérifier une dernière fois qu'il n'y avait rien d'anormal. Aldrick lui posa une question qui la ramena à sa tablée, une fois rassurée que rien ne dérangerait ce repas, jusqu'à sa fin.

- Allons, si je vous dis tout, vous n'aurez plus aucune envie d'y assister. Et si je n'en pipe mot, c'est votre curiosité qui vous traînera jusqu'au siège de devant ! Mais, si vous souhaitez un indice, peut-être seriez-vous prêt à le marchander... Si, après mon numéro, vous me retrouvez en privé, je vous raconterai tout ce qu'il vous fait envie. Tout. Et pour vous mettre l'eau à la bouche, un petit extrait ici. Ça vous va ?

Raide comme un piquet et le bras chargé d'un plateau, le serveur rappliqua à la table apporter les deux assiettes et les découvrit de leurs cloches. Les deux compagnons firent de grands yeux devant leurs desserts, avides d'y goûter. Les cuillères plongèrent et s'en retournèrent dans leurs bouches, apportant un frisson de bonheur à la banshee, bien que le tout était un peu trop cuit. Rita, après une première bouchée, finit sa phrase, guillerette.

- Sachez qu'en tout cas, je suis assez expérimentée pour dire que ce violoniste joue trop fort et sous alcool, vu le nombres de fausses notes.

D'un doigt, elle désigna le musicien, zigzaguant trop entre les tables pour être considéré comme sobre.
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMar 12 Fév - 23:33

Le lycanthrope sourit et ne put s'empêcher de laisser encore son regard se perdre dans celui de sa vis à vis tandis qu'elle disait ne pas vouloir retrouver la personne dont elle lui parlait plus tôt, il vida son verre, et se resservit d'eau. Etant peu habitué au vin et aussi grotesque que cela puisse paraitre, il devenait plus rapidement joyeux avec une unique bouteille, plutôt qu'avec plusieurs de vodka. Il se versa donc deux verres d'eau de plus pour éviter d'avoir envie de trop de la toucher. Car il en avait envie à présent. Il se demanda si elle avait conscience de laisser sur son passage ce léger parfum de pluie, si elle se forçait toujours ainsi lorsqu'elle ne savait que répondre. Sa main frôla la sienne, puis il se ravisa en détournant les yeux.

*Mais à quoi est-ce que je pense?*

Bien vite, il esquissa un sourire pourtant quand elle parla de sa gourmandise, mais il se contenta d'hausser les épaules, une frimousse d’enfant gourmand imprimé sur le visage.

-Que voulez-vous? On ne se refait pas !

Avec sa façon de garder le mystère, le brun ne put qu'afficher une mine perplexe puis amusée. Lorsque Rita insista sur le mot « tout », une lueur singulière passa au fond de ses yeux dorés.

*Décidément, elle n'a pas froid aux yeux! Impossible de s'ennuyer*

L'agent l'écouta ensuite discréditer le violoniste, un soupire lui échappa.

-Le professionnalisme se perd même sur les lieux de ce genre on dirait. Il laissa un temps le silence se glisser entre eux. Soit ! Vous m'avez convaincu, je viendrais. En revanche ne me cherchez pas au le premier rang, avec mes horaires impossibles, c'est un luxe que je n'ai encore jamais réussi à m'offrir. De plus je doute que votre patron soit enchanté de me voir.

Le commissaire afficha un air indéchiffrable, avant de replonger sa cuillère dans sa glace, la savourant, puis il vida à nouveau son verre.

-Cependant je vois mal comment je pourrais refuser pareille invitation. Vous savez y faire, Miss Upset...

Intensément, il la regarda, se noyant dans le vert si singulier de ses yeux, avant de sourire à nouveau, et d'appuyer sa tête dans sa main, n'ayant même pas pris conscience du léger changement du ton de sa voix, qui s'était faite plus chaude.

Cela le surprenait lui-même, depuis combien de temps n'avait-il pas ressenti cela? Voilà bien longtemps qu'il avait enfoui au fond de lui l'envie de toucher les autres. L'envie de prendre quelqu'un par les épaules, d'effleurer une peau qui n'était pas la sienne, de laisser sa main glisser dans le dos de quelqu'un, de s'approcher si près qu'il pourrait contempler son reflet dans les yeux d'un autre, d'entendre une voix au creux de son oreille... Certes, il pouvait faire une partie de ses choses avec Nathanaël, mais ce n'était pas tout à fait pareil...

Aldrick poussa un soupire tandis qu'il achevait sa glace en raclant la coupe, pour être sûr qu'il ne reste presque rien du précieux ingrédient magique.


-Ma foi, ce fut bien bon, je ne sais pas vous mais moi je suis repu.

Il passa une main sur son ventre et après s'être penché un peu vers elle, il la pria de l'excuser et quitta la table avant de revenir quelques minutes plus tard, rangeant son portefeuille dans la poche intérieure de son manteau. Le brun sembla hésiter à se rassoir puis pencha la tête sur le côté en s'enquérant doucement:

-Voulez-vous restez un peu? Ou préférez-vous allez dans un endroit où la musique a un son un peu... il hésita sur le mot et choisi finalement: différent?

Instinctivement, suite à la question il mit la main en avant vers elle, comme pour l'inciter à le suivre ailleurs.

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMar 5 Mar - 20:06

Un grand sourire s'afficha sur le visage de Rita. Mais un vrai sourire, un franc, un qui démontrait de sa joie qu'elle se faisait à l'idée que le policier vienne la voir sur scène. Et ce n'est pas tant le fait qu'il soit un des premiers à ne venir que pour elle - tout du moins le pensait-elle comme cela – que la perspective de le revoir. Lui. Ce grand homme aux cheveux aussi noirs que son manteau, ce loup aux yeux dorés. Quelque part, la banshee se sentait attirée par ses iris. Peut-être était-ce pour eux que la jeune fille avait abordé Aldrick en premier lieu. Leurs regards se croisèrent un instant, avant que le policier ne plonge le sien dans son dessert. Légèrement, Rita huma l'odeur sucrée de sa tarte et ne put s'empêcher de sentir l'odeur fraiche du lycan. Une bête qui sent bon, c'est un peu paradoxal, mais, à ce moment de la soirée, la banshee appréciait cette essence rassurante. Elle piqua dans sa tarte, puis releva la tête lorsque son ami fit l'éloge de son audace. Elle rit à nouveau, car généralement, le peu de personnes où elle avait été si provocante préférait s'enfuir plutôt que de se soumettre aux désirs de la banshee. Encore une fois, elle se rendit compte que cette rencontre vraiment était singulière.

Mais les yeux du loup qui la fixaient si intensément, son petit sourire rejoignant la jointure de ses doigts, ce son plus doux qui s'échappait de la bouche du loup, tous ces éléments mélangés à l'alcool consommé faisaient fondre la banshee, qui faillit gémir devant la dure réalité du morceau de tarte qu'elle venait d'avaler. Elle fixait elle aussi le policier, directement dans ses yeux d'or. Des yeux de loup, elle concéda. Elle finit par se détacher d'eux, lorsqu'elle piqua sa fourchette à gâteau sur l'assiette vide, qui grinça un peu sous le choc. Egalement sonnée, Rita ne tilta pas immédiatement lorsqu'Aldrick quitta la table vers le comptoir, mais plutôt lorsqu'il en revint en rangeant son portefeuille. Rita s'empourpra, vexée :

- Vous auriez dû me dire que vous partiez payer ! Je tiens à remplir ma part, quoi qu'il m'en coûte ! Et je ne veux pas de galanterie comme excuse pour faire ma...

La banshee fouillait dans ses poches, à la recherche de son argent. Mais dans ses petites poches, il n'y avait que du fil. Elle avait même perdu son aiguille. Alors, elle ramena ses mains sur ses genoux et baissa le regard, encore plus honteuse. Aldrick s'avança alors, penchant adorablement la tête sur le côté. Et d'une douceur frissonnante, l'homme en noir lui proposa de le suivre encore, ou en tout cas de rester encore un peu avec lui.

- Je.. peux vous régler plus tard, si ça ne vous dérange pas ? Demanda-t-elle avec gêne et en se tortillant les mains sous la table.

En relevant les yeux, Rita recroisa ceux du lycanthrope. Elle se sentit vraiment ridicule, alors elle se pinça le dos de la main pour reprendre du poil de la bête, puis déclara en se relevant :

- Je veux bien vous accompagner. On pourra toujours trouver quelque chose de palpitant autre part ! On est à Paris, tout de même ! De toute façon, j'ai fait mon temps ici, alors partons.

Rita ramena alors sa jupe et agrippa le bras du brun, avant de partir presque en courant, après avoir salué le serveur aussi brièvement que pouvait l'être un salut. Avec l'impression de partir comme une paria, l'adrénaline réveilla les sens de la banshee, qui s'arrêta au bout de quelques mètres, un peu essoufflée. Mais qu'importe la voix des mourants ! Ce soir, elle avait fait une rencontre spéciale et elle comptait en profiter.


Dernière édition par Rita Upset le Mar 19 Mar - 7:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMar 19 Mar - 0:25

La brunette le sermonna un peu mais il n'y porta pas grande attention. Elle pouvait bien dire ce qu'elle voulait, il était hors de question qu'il la laisse payer quoique ce soit. On l'avait éduqué ainsi et il ne comptait pas faire particulièrement d'exception à cette règle. Du moins pas ce soir en tous cas. Il acquiesça vaguement, plus pour éviter de la contrarier que par réel soucis de fortune déboursée, et salua à la hâte le personnel tandis qu'elle l'attirait par-delà le bateau comme s'il lui paraissait à présent des plus repoussants. Le brun ne comprit pas bien pourquoi elle était subitement plus pressée, mais elle paraissait heureuse, aussi il ne s'en inquiéta pas et se laissa guider là où la banshee souhaitait l'emmener.
Curieux, l'agent laissa son regard se perdre sur les quais, pas mécontent malgré tout de retrouver le plancher des vaches. Les lumières blafardes des réverbères semblaient conférer à la Seine un côté hors du temps. Comme si tous les tableaux qu'on pouvait peindre d'elle à cette heure tardive pouvaient seulement faire ressortir cette singularité. Comme si à sa façon, elle avait un peu du mythe de Dorian Gray.
Quand enfin elle ralenti un peu le rythme, il mit de longues minutes avant de prendre la parole, ne sachant trop quoi dire à la belle, réalisant bien tardivement qu'elle avait gardé sa main accrochée à son bras.


-Dites-moi miss, vous disiez tout à l'heure venir de Grande Bretagne, mais à Paris avez-vous croisé d'autres personnes comme vous?

Il inclina la tête, fixant le paysage, tandis qu'un cycliste les doublait, les obligeant à se rapprocher encore l'un de l'autre. Surpris par cette proximité soudaine, il rougit intensément et pour pallier à ça prétexta:

-Pour être franc, je ne pense pas avoir jamais rencontré de personne telle que vous et je... Le lycanthrope réalisa un peu tard que son propos était à double sens, mais après avoir toussoté poursuivit, d'un ton qui ne laissait aucun doute quant au fait qu'il n'était pas des plus naturels: Je me demandais si…comme mon clan, il y avait des choses auxquelles vous ne pouviez-vous soustraire?

Il laissa le silence s'immiscer entre eux, à peine eut-il achever la question qu'il la regretta aussitôt, en réalité, le brun eut envie de lui confier qu'en fait il s'en fichait un peu, qu'il voulait savoir quelle était sa couleur préférée, si elle aimait ou non les papillons, la neige ou la mer, si elle préférait les pommes aux cerises, si...

Toutes ces questions existentielles qu'on oubliait bien trop vite de poser lorsqu'on devenait adulte et que l'instinct ou la timidité laissaient place à ce que l'on appelait communément: "L'art de la séduction". Catégorie dans laquelle il était piètre joueur. Pour ne pas dire qu'il finissait en général bon dernier.
Comment faisait donc le commun des mortels pour exprimer clairement à une demoiselle le fond de sa pensée sans paraître gauche? Cela le dépassait complétement et le peu d'alcool qu'il avait ingurgité n'aidait en rien à favoriser ce procédé.


-Vous avez des yeux magnifiques... S'entendit-il prononcer sans rien avoir écouté ou presque de ce que lui racontait la belle plus tôt, son regard plongé dans le sien, il ne réalisa même pas ce qu'il était en train de dire et alla même jusqu'à poursuivre: On croirait voir le soleil se lever sur la plaine...

Il n'acheva pas. Cette fois l'information était allée jusqu'à son cerveau et dans sa tête un grand panneau DANGER s'était éteint comme si les fusilles avaient sautés tous en même temps, laissant place à un grand feu d'artifice puis au noir complet.

*Et mince! Voilà que j'ai encore dit n'importe quoi!*

L'agent détourna vivement le regard, s'excusant à mi-voix, sans oser pourtant reprendre une distance raisonnable, se sentant particulièrement stupide. Le brun n'osa rien ajouter, passant simplement une main sur le bas de son visage, se maudissant intérieurement de n'avoir pas sû s'abstenir de ce genre de propos étranges. Il s'excusa à nouveau:

-Pardonnez-moi je...Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne disais pas ça pour vous déplaire...Je...Enfin...

Aldrick n'en menait pas large. Non content de s'être emmêlé les pinceaux, il avait carrément renversé la peinture avec!

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMar 19 Mar - 19:00

Une marche sereine avait remplacé l'allure précipitée que Rita s'était imposée plus tôt, un rythme qui lui permettait de s'accorder avec les grands pas d'Aldrick. Ce soir, elle avait le doux désir de demeurer en phase avec cet homme, de se mêler ses sensations avec les siennes, de partager son temps avec lui. Elle l'observait du coin de l'oeil, tandis qu'il fixait le cours du fleuve de ses yeux dorés. Peut-être avait-il remarqué que l'attention de la banshee avait quitté cette si belle Seine pour se fixer sur lui, qu'elle ne regardait plus rien d'autre que lui, qu'elle ne sentait plus que lui. C'est une sensation étrange de se sentir attiré par une seule créature au monde, alors que des milliers d'autres vous appellent depuis vos entrailles et vous crient de revenir à eux.
Un silence s'installa tranquillement, se couchant entre les deux jeunes gens, puis en fut chassé brusquement, comme il en avait l'habitude, par la voix d'Aldrick. Délaissant sa concentration, Rita détourna les yeux et observa les pavés sur lesquels elle posait le pied, un à la fois. Cela lui conférait un pas assez bondissant, mais, paradoxalement, il s'accordait d'autant mieux à celui du loup. Rita sourit, puis s'apprêta à lui répondre d'une voix aussi claire qu'elle pensait pouvoir offrir. Pourtant, ses mots restèrent coincés dans sa gorge, autant à cause de la gène, qu'à cause du cycliste qui la coupa dans son élan. Le vide peu épais, qui les séparait, s'amincit encore plus et la banshee regarda son compagnon. Rouge comme une framboise. Elle rit intérieurement, se moquant gentiment de sa pudeur, jusqu'à ce qu'elle sente ses joues chauffer. Rita ne pouvait pas vérifier, mais elle était sûre de rougir également.
Son flamboiement s'accentua encore plus, lorsqu'Aldrick continua, non sans quelque peu bafouiller. À cela, elle prit le risque de le trouver mignon, puis asséna à ses pensées une gifle intérieure monumentale. Qu'est-ce qui lui prenait de s'attacher à ce point à cet homme ? Elle qui n'avait autrefois cure des créatures existantes, y avait-il sur cette terre une qui pourrait la faire désirer  ?

* Peut-être y en a-t-il d'autres, se persuadait-elle, peut-être que c'est une réaction normale, lorsque l'on commence à se mêler aux vivants. *

Amitié, fraternité, attachement... Si on n'en fait pas l'expérience, ces sentiments sont totalement indéfinissables. Peut-être étaient-ils encore plus obscurs pour Rita, lorsque son camarade se corrigea avec gêne, rendant la jeune fille encore plus confuse. Elle rit cependant, se reprenant à son tour.

- C'est le vin qui vous fait cet effet ? Vous ne semblez pas franchement à votre aise, ha ! Bon, pour vous répondre... Non, depuis que j'ai quitté les Plaines du Nord, je n'ai jamais revu des personnes comme moi. Mon espèce n'a pas pour habitude de traverser les mers, voyez-vous ! Non, chacun erre dans les landes où il est né, parcourant l'étendue qui leur a donné vie. Quand bien même il la quitterait, il ne se dirigerait sous aucun prétexte dans une ville aussi peuplée. C'est trop de... vies qu'on ne puisse supporter. Moi-même, je dois dire que j'ai du mal parfois.

Ils marchaient encore au même rythme, le fleuve continuait sa course immuable et les yeux d'Aldrick ne retenaient plus les sens de Rita. Non, la banshee recommençait à revoir les lueurs, sa raison de vivre.

- Ce doit être notre limite, murmura-t-elle, renfrognée. Nous... nous suivons une seule chose, une chose qui définit notre chemin, depuis notre création. On ne peut guère y résister. Je dirai que... que l'on s'y dévoue ou que nous la renions, elle trouve toujours le moyen de nous asservir.

Un lampadaire des quais fluctuait légèrement au-dessus d'eux, attirant le regard de la jeune fille. Son ampoule clignota, puis reprit son éclat habituel. Ils s'étaient arrêtés tous deux et tous deux se regardaient.

* Ah... Encore ces yeux. *

La bouche entrouverte sur une respiration hésitante, Rita cherchait une échappatoire au contact muet qui se glissait dans la couverture du silence, entre eux. Son compagnon, lui, la trouva.

Les yeux de Rita s'écarquillèrent. Un compliment. Aldrick venait de lui faire un compliment. Abasourdie, la banshee s'immobilisa, le bras crocheté à celui du lycan, sa respiration toujours aussi saccadée. La cause de cet essoufflement était-il la marche ou son hésitation, sa suspicion sur la sincérité de ces mots prononcés comme en plein rêve ?
La honte timide dont faisait preuve son compagnon lui prouva la véracité de ses propos. Alors, la jeune fille sentit une joie intense affluer dans sa poitrine et sourit. Mais ne dit rien. Aldrick non plus ne disait rien. Ainsi, elle se rapprocha de lui, se plaquant contre son bras, et ferma les yeux. Elle le remerciait avec la voix des esprits, celle avec laquelle toute pensée est marquée dans l'air, la première qu'elle avait apprise. Elle se doutait bien qu'il ne l'entendait pas.
D'un coup, elle s'élança d'un bond sur une dalle, adressant un rire moqueur au loup-garou.

- Ça ne me déplaît pas du tout, vous savez, lança-t-elle. Vous pouvez même continuer ! Allez-y, ça fait du bien à mon ego !

Rita se tourna vers le fleuve, les mains derrière le dos et le sourire aux lèvres.

- Et puis, moi aussi je les aime bien mes yeux. Je suis loin d'être narcissique, mais quand je me regarde dans un miroir, je trouve qu'ils ont la même couleur que les pommes !

Lorsqu'elle dirigea sa tête vers lui, la première chose qu'elle remarqua, furent ses yeux dorés.


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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeLun 25 Mar - 11:40

Le lycanthrope se sentit rougir encore bien d'avantage lorsque pour une raison qui lui échappa complétement la brunette se rapprocha de lui pour se coller à son bras. Il fut tant surpris qu'il n'eut même pas le réflexe de réagir et resta là, bête et planté, à la contempler tout contre lui, comme un enfant qui semble désirer une étreinte. Mais à peine cette pensée lui effleura-t-elle l'esprit que déjà Rita avait remis entre eux une distance raisonnable. Son propos lui arracha un petit rire et un balancement négatif de la tête. Si c'était pour qu'elle en parle ainsi, il limiterait la chose. Par ailleurs, il ne savait pas bien comment il avait réussi à la faire sourire et de ce fait serait bien incapable de consciemment recommencer.
Pourtant il ne dit mot, la laissant jouer les enfants effrontés à sa guise, puisque cela semblait également faire partie de son charme. Il se contenta de sourire et de mettre les mains dans les poches de son pantalon, en plongeant son regard doré dans le sien, un sourire aux lèvres.


-Décidément, vous êtes vraiment accroc aux pommes!

Il n'ajouta rien, l'observant ainsi quelques secondes avant de rentamer sa marche.

*Tu parles d'un rival!* Songea le brun en fixant face à lui le paysage sans vraiment le voir, puis se rendant compte de l'étendue de sa pensée, secoua une nouvelle fois la tête et avisa la Belle, pour être certain qu'elle suivait toujours. Qui sait si comme la brume, elle pouvait disparaitre pour réapparaitre quelque part? Le commissaire haussa les épaules et tripotant dans sa poche son paquet de cigarettes, se résolu à s'en passer pour l'instant. Préférant demander plutôt:

-Comment cela se fait-il? Que vous soyez si éprise des pommes, j'entends. Compléta-t-il de peur que le propos ne soit un peu court. Il aurait certes pu dire, beaucoup de choses en somme, en variant le ton par exemple. Mais le moment était mal choisi, et si cela lui était possible plus tard, il prendrait sûrement un malin plaisir à cela. Vous avez grandi près d'un verger ou quelque chose comme ça par le passé?

A vrai dire, il était curieux. Curieux de savoir à quoi pouvait bien ressembler l'univers dans lequel elle avait évolué et qui lui avait conféré ce petit côté malicieux qui lui donnait un air adorable. Là pour le coup, il la concevait sans trop de problème comme une sorte de lutin des pommes. Voir une fée. Enfin quelqu'un de ce genre. Enjouée et facétieuse.

-J'imagine que la Grande Bretagne est bien différente d'ici, parlez m'en encore miss...

Aldrick avait retrouvé un peu de son sérieux, bien qu'il ait omis le mot magique, et même si le rouge à ses joues n'était plus aussi présent, il savait que s'il se rapprochait trop d'elle ou inversement, il ne se ferait pas prier pour rappliquer dare-dare. Aussi préférait-il orienter la conversation vers autre chose. Mais également parce qu'il n'avait encore jamais mis les pattes sur le continent par-delà la Manche et qu'il aimait à l'imaginer tel qu'on le lui contait.

S'il n'envisageait pas spécialement d'y aller un jour ou l'autre, il aimait la différence qu'on lisait au fond des yeux des personnes qui y étaient nées. Leurs réflexions déroutantes, les décalages qu'ils mentionnaient par rapport à Paris, comme il l'avait fait quelques années auparavant en revenant de Transylvanie. Il y avait toujours des choses qui le surprenaient d'ailleurs. Les bals par exemple. Il n'en avait jamais vu autant. Il n'y était pas vraiment très à l'aise. La panique lorsqu'il neigeait côté transport également. Le manteau blanc avait beau apparaître au moins trois mois dans l'année à Paname, à chaque fois c'était la débandade! Les monuments, qu'il avait rarement vu en si grand nombre sur une surface si petite. La liste était encore longue. Ici personne ou presque ne tenait la vodka alors qu'au vin, ils étaient des pros, ils en vendaient pour un prix dérisoire, sans que cela soit forcément de piquette, alors que les prix de la vodka étaient inutilement exorbitants. La capacité de Paris à toujours vouloir exceller dans tous les domaines, la Mode, les Arts -quels qu’ils soient- la diversité de population, le Luxe, l'Architecture, la Décadence, l'Horreur aussi parfois...et ce rythme de vie effrénée, comme si s'arrêter signifiait mourir sur place. C'était à s'y perdre, à en faire tourner des têtes, et à tomber à la renverse plusieurs fois par jour.


-Cela vous manque parfois?

Il marchait plus lentement, pour lui permettre de suivre son allure et se dirigea vers l'escalier le plus proche. Il savait qu'un peu plus haut sur les quais, ils n'auraient aucun mal à trouver un bar sympathique pour achever cette discussion, ou regagner le chemin du Lost si elle préférait.

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeDim 30 Juin - 14:13

Elle suivit son pas régulier, sautant toujours sur les dalles avec un pied léger. Rita avait à la fois peur et le désir de croiser le regard d'Aldrick, ce qu'elle faisait par moment entre deux bonds. Ces quelques instants retenaient tellement son attention qu'elle faillit trébucher à plusieurs reprises, et Rita finit par penser que si Aldrick parvenait à la préoccuper autant, c'était l'alcool qui était en cause. De plus, que le sujet de leurs échanges se soit détourné sur les pommes ne fit que conforter l'idée que leurs états respectifs étaient proches de l'engourdissement du cervelet, autant pour l'un que pour l'autre. Ou qu'une discussion plus légère ne fut que trop la bienvenue dans l'esprit de Rita pour que celle-ci ne puisse pas y esquisser un sourire. Alors, la banshee se sentait assez disposée à répondre au lycanthrope, que la curiosité tiraillait tellement. La curiosité, dans tous les sens du terme. Un énième sourire léger se forma sur ses lèvres, avant qu'elle n'entame, après un dernier bond, sa réponse d'une voix enjouée :

- La Grande-Bretagne, oui ! Elle doit bien avoir changé depuis mon départ, c'est vrai, mais je peux encore vous décrire les quelques bribes qui me restent d'elle !

Rita fit mine de réfléchir durement, les mains serrant son crâne d'une force artificiellement extrême. Elle ne conservait que peu de souvenirs, mais durant les secondes de sa vie qu'elles maintenant vivaces dans son esprit suffisaient pour la rendre nostalgique. Les si belles vallées brumeuses, où le vent joue à suivre des courants improbables, changeant de trajectoire pour faire résonner chaque bruyère le long des marais. Le lent exode des yacks roux, à l'odeur forte et aux poils longs, avec lesquels les Pixies confectionnaient leurs fouets. De vraies petites fouineuses celle-ci, personne pas même Rita n'a échappé aux claquements de ces pestes. Rita n'avait pas non plus échappé à la colère d'un Brownie, fâché de sa présence importune dans la maison d'un enfant atteint d'une flèche la veille. Non pas parce que la banshee mettait sa protection en péril, mais parce qu'elle avait laissé la porte ouverte aux autres créatures, en particulier des Haggis pas franchement amicaux. Rita ne se souvenait plus comment cette histoire avait fini.

- Nous sommes loin du raffinement exhaustif dont j'ai cru entendre parler, précisa-t-elle, un doigt levé vers un couple imprudent à cette heure, dont l'homme faisait peine à voir dans son trois-pièces rigide. Non, monsieur ! Pas de thé à trois heures, pas d'équitation élégante, pas de costumes clinquants d'ébène ! Rien que de la mousse, du vert et du gris ! Croyez-moi lorsque je vous dit, qu'avant de débarquer en France, je ne savais même pas que l'on pouvait prendre des bains de soleils. Sans ironie.

Dans les yeux dorés, Rita put constater sans grande peine un éclat de surprise, mais l’intérêt du brun y était beaucoup plus important. La banshee soupira, s'avançant nonchalamment devant Aldrick.

- C'est ce pays, où vous voyez des braves lanciers sur leurs destriers, presque aussi majestueux que des Kelpies, qui grimpent sur les collines pour ensuite partir vers un soleil qui peine à percer les vapeurs perpétuelles. Et, lorsque vous les suivez, ils vous mènent aux plus impressionnantes des forteresses, les plus solides granits du Ben Nevis assurant leur éternité.

Des lumières qui s'en échappaient, une ou deux notes qui venaient ponctuer ces fragments, des formes mouvantes qui l'aveuglèrent et la trompèrent.

- C'est ce pays où l'on vous accueille dans des salles étincelantes, avec ses tables chargés d'offrandes, chargées d'hommes et de femmes, chargées de coupes, où l'on oublie la brume, la forêt, les Haggis ! On festoyait tous ensemble, pour que jamais...

Elle tournait sur elle-même en riant, tournait pour s'étourdir, tournait pour ourdir, tournait pour...

- Pour que jamais personne ne pense à mourir.

L'alcool avait échoué. Rita restait immobile, la tête basse, ne se souciant plus de son attirance pour les yeux d'Aldrick. Rita se sentait mal, se sentait instable. D'autres souvenirs lui étaient revenus, ceux qu'elle ne souhaitait jamais revoir. Déjà ils attaquaient son ventre, le perçant de lances aiguisées. Ils prirent en assaut sa gorge, bloquant l'accès à l'air frais et curatif, l'étranglant presque. Mais les derniers assauts se firent au coeur et aux yeux, qui ne tardèrent pas à piquer violemment, comme si l'acide qui brûlait son crâne débordait maintenant par ces orifices. Sauf qu'au lieu de toxine, ce furent des larmes qui suintèrent.
Rita restait immobile, la tête basse,  ne se souciant guère des lumières agaçantes, seules sempiternelles confrères de sa misère.

- Ce pays ne me manque pas. C'est ce temps. Ce temps où ils étaient encore tous là.

À travers ses mèches brunes, elle aperçut l'escalier qu'elle avait emprunté, au début de cette journée, pour descendre écouter ce vieil accordéoniste. Qu'avait-il de spécial ce bonhomme, pour la faire bondir ainsi du lit, la faire passer toute une journée de congé sur un banc, pour enfin la faire réaliser sa première amitié ? Amitié naissante qu'elle pourrait délaisser, tant était forte son envie de détaler.

- Je crois que je vais rentrer.


Spoiler:


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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeJeu 4 Juil - 9:04

La joie de vivre de Rita était impressionnante. Jamais il n’aurait cru que parler des pommes et de sa terre natale puisse faire naître chez la belle, un sourire si franc et criant d’amour. Elle parut ensuite réfléchir, lui arrachant un petit rire car il lui trouva quelques ressemblances avec les jeunes gens qui par de nombreux gestes tendent à se concentrer pour réfléchir. Il ne lui en toucha mot cependant, préférant écouter avec curiosité la suite.
Tandis qu’il s’attendait à un monologue nostalgique et interminable, la brunette n’eut pour réponse que quelques mots tintés d’humour et d’humour noir. Enfin elle parla d’autres créatures qu’il n’avait pas encore eu le loisir de rencontrer et qu’il méconnaissait. S’il fut attentif à ses dires, son regard en revanche scrutait les environs à toute allure. Les alentours semblaient déserts, mais Paris lui avait déjà prouvé plus d’une fois qu’elle ne dormait jamais vraiment et il n’aimait guère citer ainsi les Légendaires à l’extérieur d’une maison qu’il savait sûre. Pourtant il ne lui en tint pas rigueur et reporta ses yeux dorés sur sa silhouette fine, interloqué parfois en imaginant les scènes qu’elle lui décrivait. Mais alors même qu’elle semblait à l’apogée du bonheur, quelque chose en elle sembla se briser et il fut bien dérouté de constater le changement de ton dans la voix de son interlocutrice.
Comme lors d’un ballet où soudain la musique devient triste, Rita se figea et ne sembla plus être que l’ombre d’elle-même, lui faisant froncer les sourcils sous l’inquiétude de ce changement de comportement. Etait-ce de sa faute ? Cette question pourtant si  anodine avait-elle fait remonter tant de souvenirs douloureux au point de lui en faire perdre le sourire ? Qu’avait-il bien pu se passer là-bas pour qu’elle soit capable de passer de l’euphorie à la mort dans l’âme en si peu de temps ?
Sans savoir pourquoi, la conclusion de la banshee lui serra le cœur et l’espace d’un instant il se sentit extrêmement stupide de ne trouver aucune parole de réconfort pour chasser cet air triste du visage jadis radieux de la demoiselle.
Pire encore, sa voix semblait se casser et il n’ignorait pas ce que présageait ce subit revirement de situation. Le brun soupira, avisa la rive opposée qui les séparait encore du Lost. Le chemin n’était pas si long, mais elle avait, durant ce bref trajet, tout le loisir de se trouver mal au point que ces émotions débordent. Maladroitement, l’agent sorti un mouchoir de son manteau et le lui tendit avant de baisser un peu les yeux.


*Aurait-elle l’alcool triste finalement ?*

-Pardonnez-moi, si j’avais su que cela vous était si douloureux, je me serais abstenu de ce genre de questions.

Un long moment il resta ainsi, sans bouger, sans rien dire, avant de soupirer à nouveau, de ranger le mouchoir et de s’avancer jusqu’à elle. Près, très près, à moins d’un mètre, pour laisser finalement sa main glisser sur sa joue, tandis qu’il relevait les mèches qui lui barraient la route et dissimulaient les yeux mouillés de Rita. D’un geste doux mais malhabile, il recueilli en se penchant vers elle, la larme qui naissait aux bords des émeraudes  et plongeant son regard dans le sien, lui adressant un sourire de compassion.

-J’ignore qui étaient ces gens dont vous parlez, mais s’ils étaient aussi proches de vous que le laisse supposer ses larmes, je crois que comme moi, ils préféreraient vous voir sourire. Si leurs souvenirs vous est cher, il n’est aucune honte à vous défaire de ce trop-plein de tristesse, mais de grâce, si vous ne pouvez passer outre ceci, faites-le, ici et maintenant. Son pouce en une caresse muette effaça les traces d’humidité sur sa joue. La mort est ce qu’elle est, mais ce qui est le plus douloureux, c’est de savoir que ceux qu’on aime sont tristes par notre faute. Pensez-vous que c’est ce qu’ils auraient souhaité ?

Vaguement, il se demanda ce qui avait pu se passer pour que ce deuil soit si complexe à faire. Peut-être aussi était-ce parce qu’elle disposait d’une sensibilité dont il été dépourvu ? Ce qui d’ailleurs ne l’aurait guère étonné.
Il laissa le silence s’immiscer entre eux, penchant imperceptiblement la tête sur le côté, surveillant les réactions de la belle, comme le lait sur le feu, glissant d’un ton calme, dans un murmure :


-Si ce passé vous est cher, ne l’oubliez pas, mais ne le laissez pas vous enchainer. Le présent est ce que vous déciderez d’en faire. Sa main glissa sous son menton, pour l’obliger à le regarder et à affronter la réalité. Mais n’imaginez pas qu’il soit avare en joie. Vous passeriez à côté de bien des rencontres.

Un sourire entendu et un clin d’œil virent conclure le propos, puis le sourire du brun s’agrandit encore, ponctué d’une infinie tendresse. Là encore il attendit, tentant de définir sur les traits de la belle si elle souhaitait réellement rentrer comme elle le lui avait confié plus tôt ou si elle choisirait ici de laisser ses sentiments s’exprimer en dépit de toute la douleur liée à leurs intensités.

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Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Jeu 1 Aoû - 11:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeVen 26 Juil - 13:40

Rita changeait sans cesse son équilibre, passant le poids de son corps d'une jambe à l'autre. Peut-être pour se bercer, peut-être pour qu'en se concentrant sur son corps, son esprit fasse le vide. Il était temps de tout évacuer, parce que c'était trop dur à porter, parce que c'était pas assez pour supporter. Si sa mémoire avait été complète, il aurait pu être possible que les bons souvenirs prévalent sur les mauvais. Ses oreilles pulsaient au même rythme que ses jambes. C'était peut-être pour cela que tous les sons lui paraissaient accélérés, mais cela n'expliquait rien en ce qui concernait les mouvements. Elle vit s'approcher rapidement la main d'Aldrick, trop rapidement, sans qu'elle puisse réagir. Elle sentit sa main chaude qui s'appuyait sur sa peau humide et poreuse, écouta sa voix réconfortante qui atteignait ses oreilles usées, faillit gémir pour ce mouchoir tendu, mais aussitôt remplacé par une caresse porteuse de tant de mots inscrits dans l'air. Rita porta attention à son discours, un reniflement au coin de la gorge. Elle se sentait à la fois honteuse, délibérément injuste envers Aldrick et extrêmement soulagée, donc humaine.
Rita ne souhaitait pas ça. Rita voulait oublier ça. Mais le lycanthrope tenait des propos tellement alléchants, tellement magnifiques que la banshee avait du mal à en être dégoutée. De tous les deuil par lesquels elle était passée, cette consolation fut la seule dont Rita fut à jamais privée. Ses consoeurs se soulageaient à coup de "Oublie donc, ce n'est qu'une vie de plus parmi tant d'autres." et de "Souviens t'en, car il y en aura d'autres." Les leçons du type "Apprend et grandis" ne se tenaient que dans les peuples qui se savaient un passé, un présent et un avenir. Pas chez les banshees.
Aldrick lui remonta le menton, lui obligeant à faire face à son visage et à ses yeux dorés. Rita ne se souvenait plus de ceux qu'elle avait aimé dans le passé, sur quelles âmes elle avait autrefois pleuré plus que sur d'autres, si un jour elle avait déploré la fin de leur misérable existence et si un jour elle avait maudit la sienne qui n'avait pas de fin certaine. Elle savait juste qu'elle leur avait autrefois porté un amour qu'elle venait à peine de remarquer, comme si la seule trace qui lui restait de cette époque était une coupure à son coeur fraîchement né. Et celui-ci prenait désormais tous les nouveaux évènements pour en faire des souvenirs chérissables : l'accordéon, l'odeur du nord, l'éclat ambré et le doux sourire se dessinant maintenant devant son propre regard.

Alors seulement elle lâcha un soupir étranglé, puis, abrupte, elle se jeta contre le torse du policier et pleura. Rita n'avait au grand jamais versé de larme sans révéler sa véritable nature, en s'évaporant frénétiquement dans les sombres ruelles de Paris. Ses chagrins étaient toujours douloureusement remplis de deuil et d'agonies, celui qui commençait à mouiller le pull du policier en débordait également. Mais à cette plainte s'ajouta, pour la première fois, le regret et le soulagement. La jeune fille s'accrochait avec ardeur de ses petites mains froides aux vêtements du lycanthrope, tout en relâchant la tension dans ses jambes. Elle s'effondra sur ses genoux, entrainant le policier dans sa descente brutale. Le sol était glacé, humidifié par la proche présence du fleuve, dont le chant résonnait en phase avec les sanglots de la banshee. Cette dernière sentait les gouttes salées glisser impunément de ses orifices visuels douloureux. Ses mèches s'égrenaient lentement en poussière blanche, tandis que la jeune fille relâchait avec amertume des sons tous plus honteux les uns que les autres, s'accrochant un peu plus à chacun, renâclant à l'élancement que chacun d'eux lui provoquait.
Elle ferma les yeux contre le tissu trempé et prit un certain temps, après que sa dernière larme ne soit tombée, avant de se remettre debout, tout en fixant Aldrick de ses yeux lessivés. De leur couleur vide et pâle des ces dernières minutes, ses iris captèrent enfin l'éclat des lueurs rurales, juste un peu. Rita essaya de sourire au policier, qu'elle crut voir esquisser un rictus de surprise face à son apparence blanchie.  

- Vous aviez dit que je pouvais faire ça, alors voilà, renifla-t-elle ironiquement, tout en plaçant ses mains derrière son dos, puérilement. Ce n'est vraiment pas dans mes habitudes, mais merci pour votre pull. Je vous en rachèterai un autre dès que je le pourrai. Et je vous rembourserai aussi mon repas, dans la foulée.

Rita guettait les réactions du policier, se demandant s'il n'allait juste pas s'enfuir à cause de sa bizarrerie. Depuis plusieurs siècles d'existence, la banshee commençait tout juste à comprendre l'impact qu'elle pouvait avoir sur les autres. C'était aussi la première fois que les autres avaient ce tel effet sur elle. Elle s'essuya les paupières d'un dernier coup de manche, puis se rapprocha d'Aldrick et lui prit la main, afin de l'aider à se relever. Une fois face à lui, la jeune fille se mordit la lèvre, gênée, alors que son corps reprenait peu à peu ses couleurs.

- Je vous remercie, finit-elle par dire. Encore. Je ne connais que trop bien la mort, mais vous venez de me rappeler pourquoi je n'ai jamais vraiment vécu avec mes semblables. L'oubli est une chose vraiment affreuse, qui ne doit être réservée qu'aux morts, et à eux uniquement. Mais, ce n'est pas pour eux que je sourirai, à l'avenir. Ce sera pour faire de belles rencontres, comme celle que j'ai faite ce soir. Rita fixait Aldrick droit dans les yeux, souriant un peu plus face à la tendresse présente dans les iris dorés. On ne voit pas si souvent des gens comme vous, souffla-t-elle, et j'étais prête à tout chambarder pour des bribes depuis longtemps déjà dépassées. J'aimerais encore profiter de votre présence, mais j'ai tendance à abuser des bonnes choses. Seriez-vous d'accord que je vous ennuie encore un peu ce soir ?

La banshee glissa ses deux mains dans celles du policier, attendant avec appréhension sa réponse. Et pour la première fois encore, elle ne tenta rien afin de dissimuler son malaise derrière un masque d'ironie.
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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeLun 2 Sep - 17:46

C'était lui qui avait insisté pour qu'elle se décharge pourtant il ne s'était aucunement attendu à ce qu'elle fonde si radicalement en larmes en le prenant pour un nounours géant. Troublé de cette proximité soudaine, de ses larmes lourdes de sens aussi, il surveilla chacune de ses réactions avec anxiété se demandant ce qu'il convenait de faire d'autre. Sans parvenir à trouver de réponse. Alors il resta là, droit comme la Justice, hésitant tout juste à passer une main dans ses cheveux bruns, mais Rita sembla à bout et un instant il crut qu'elle allait tomber. Alors il plia les genoux pour la rattraper, mais elle l'entraina avec elle dans sa chute et tous deux finirent les genoux au sol, comme pour prier. A ceci près que sous son regard surpris la banshee se métamorphosait : sa chevelure devenant d'un blanc immaculé,  et sa voix se modifiait considérablement. S'il n'avait pas été face à elle pour le voir, jamais il n'aurait pu l'imaginer ainsi. C'était déroutant. Tant et si bien qu'il mit de longues secondes avant de comprendre le sens de ses mots. Machinalement, il prit appuie sur un de ses genoux pour se relever, tandis que la belle l'aidait.

*Comment cela est-il possible ? En si peu de temps...Enfin je suis mal placé. Mes transformations sont aussi...*

Un remerciement coupa court à ses pensées, le faisant réellement réagir, teintant ses joues d'un rouge clair, surtout à la suite de ses propos sur les rencontres. Le brun fini par sourire, le message était passé, et c'était bien le plus important, après tout. Vaguement il se demanda ce qui signifiait "chambarder", si cela équivalait à "bazarder" mais devant la question de la banshee et son air perdu, il s'abstint, préférant rougir encore alors qu'une autre main venait rejoindre la première dans la sienne. Aldrick secoua négativement la tête.

- Ne parlez pas d'ennuis, ce ne fut pas le cas. Une main passa dans ses cheveux en signe de gêne. J'ai étais surpris c'est tout, c'est la première fois que j'assiste à une telle...enfin...vous voyez ce que je veux dire. Il s'arrêta, certaines races n'aimait guère parler de leur mutation, alors il n'acheva pas, préférant changer de sujet avant de subir un éventuel regard assassin. Quoiqu'il en soit : il faut aussi beaucoup de courage pour se défaire de la tristesse, comme vous venez de le faire. Ses doigts se resserrèrent sur les mains froides de la demoiselle. Venez, allons prendre un verre. Vous avez bien mérité un chocolat après toutes ses émotions. Glissa-t-il en lui adressant un regard doux.

Les cheveux de la belle commençaient à retrouver leur couleur d'origine, et l'agent avisa les bords de la Seine d'un air curieux, il n'y avait personne en vue. Juste le clapotis de l'eau et les lumières des réverbères, récemment installés. Il ferma brièvement les yeux en signe de soulagement et se promit qu'à l'avenir avant de proposer à une banshee de vider son sac, il choisirait un endroit moins en vue des Humains. Mais ce qui était fait, était fait. Plutôt que de s'y attarder il sourit à la brunette, semblant soudain réalisé qu'il ne lui avait guère laissé le choix.


- A moins que vous ne préféreriez autre chose ? Un cocktail peut-être ?

Malgré tout, il l'invita d'un signe de la tête à le suivre, gardant une de ses mains en otage. Avançant d'un pas lent, pour lui faciliter la tâche.

Sans se défaire de son sourire, il monta l'escalier de granit qui leur faisait face et qui débouchait sur un trottoir boisé, la demoiselle près de lui. Le policier avisa un côté puis l'autre, et l'entraina finalement vers le quartier animé de Saint Michel, où musiques, lumières et rires se regroupaient en dépit de l'heure avancée. Contemplant les vitrines où les artisans exposaient encore, il fourra dans la poche de son manteau, la main de Rita logée au creux de la sienne avant de lui montrer une caricature d'un humoriste célèbre. La bonne humeur semblait contagieuse et bien que passablement étroites les rues ne désemplissaient pas, le riche côtoyant le pauvre, attiré par les couleurs autant que par l'animation, chaque passant s'arrêtant brièvement non loin d'un stand de crêpes, par l'odeur alléché. Avant de reprendre ou non sa route.


- Vous en voulez une ? S'enquit-il après avoir contemplé le ciel où pas un seul nuage ne vint cacher le manteau moiré d'étoiles.

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeSam 21 Sep - 21:50

Ses yeux encore rouges l'irritaient un peu. Face à Aldrick, Rita pensa qu'il pouvait voir parfaitement ses veines qui pulsaient encore, même si la distance qui existait entre leurs deux visages ne s'avérait pas aussi infime. Et c'est d'un coup qu'elle espéra que, puisqu'ils étaient déjà liés par les mains, que le contact se fasse enfin sur la totalité. Cette toute petite voix, minuscule instinct humain qu'il l'envahissait lentement depuis des années, tentait de la faire céder.

"Avance un peu, juste encore un peu, et tu pourras sentir sa chaleur. Vas-y, laisse-le t'ébouillanter le reste, puisque ton cœur est déjà en feu. A moins que ce soit juste la luxure qui te leurre."
Est-ce que les banshee ressentent ça ? L'envie, l'amour, l'instinct ? Peut-être que Rita est une exception, à force de traîner avec d'autres espèces. Un bout de nuage ne possède pas le besoin d'autres corps. Mais alors, pourquoi la nécessité de l'étreindre obscurcissait toute autre pensée de la banshee ? Chaque parole qui la réchauffait, la réconfortait, qui venait de lui en fait, l'encourageait à espérer une suite à cette soirée, une qui tournerait bien -ou mal selon les plus prudes. En plus d'être normalement dénuée de ce type de désir, Rita savait bien que ça n'avait rien de convenant, juste après s'être effondrée de tristesse dans les bras du commissaire ! Non, bien franchement, elle n'avait ni envie de briser la gentillesse que lui présentait le loup, même -surtout- après lui avoir montré ça, s'être dévoilée que de trop devant lui. D'ailleurs, lorsqu'Aldrick y fit allusion, la banshee baissa les yeux. Si elle avait encore eu des larmes à verser, elle se serait morfondu de honte sans hésitation. Pas que sa véritable physionomie lui était indigne, mais de savoir qu'elle lui avait montrée, involontairement, une partie si intime d'elle même…

"Avoue que tu aurais bien aimé voir l'inverse arriver. Oh non non non, arrête de vouloir être chaste et morale, tu ne l'es jamais. ET avec lui, encore moins. Quelle est la raison qui t'a poussée à l'aborder, de prime abord, hein ?"
Le chocolat était peut-être bien la solution à ses déviations. Encore faudrait-il que la petite voix contrôle ses propos, alors que Rita sentait d'autant plus les mains du lycan fermées sur les siennes. Il lui glissa un regard doux, auquel la banshee répondit par un petit sourire soulagé. Juste surpris, rien de plus. Ni effrayé, ni dégouté, juste étonné. Peut-être même compréhensif. Une vraie perle qui se souciait tellement des autres qu'il prenait encore la précaution de lui laisser le choix de sa boisson. Non, décidément, il n'était pas question de gâcher cette générosité avec quelques basses impulsions harassantes et qui ne lui appartenaient même pas !

- Je pense que je vais me passer d'alcool pour ce qui va suivre, ajouta Rita, voulant avoir l'air plus certaine. Il commence à faire froid et puis, vous voyez que ça ne m'a plutôt pas bien réussi pour l'instant. Allons donc chercher quelques boissons chaudes, histoire de rester éveillés. Je ne voudrais manquer aucun instant de cette soirée !

Ils s'étaient remis en route, leurs mains entremêlées. Malgré sa dernière tirade assurée, Rita se contentait de fixer les pavés d'un air gêné. C'était nouveau, elle se sentait - et s'en retrouva blessée dans son orgueil - à la fois comme une petite naïve en quête d'amourette un peu bateau, et à la fois comme une vieille chouette décatie, sautant sur la première âme qui soit parvenu à pénétrer au sein de la vase, dans laquelle la rombière s'était elle-même embourbée. Alors elle n'osa rien faire, n'osa rien ajouter. Finalement c'était à son tour de s'empourprer presque autant qu'une prune.
Mais la lumière des vitrines surpassa toutes les autres et les couleurs sur le visage de la banshee ne furent plus dû à la timidité ni à la petite voix, mais à l'amusement et à la chaleur de la poche d'Aldrick. Elle était heureuse, c'était tout, et les quelques traces de mélancolie disparurent de ses mèches et de ses yeux. Les deux personnages se fondaient dans la masse d'humanité. Mais comme on ne peut tromper sa vraie nature à soi-même, l'odorat d'Aldrick fit son oeuvre et débusqua les pâtisseries. Rita observait avec joie la caricature grotesque, avant de se retourner vers l'objet de la demande et de dessiner, malgré elle, un sourire sur ses lèvres.

- Oh, c'est moi qui en veux, ou bien c'est vous ? lança-t-elle allègrement. Allons donc en acheter.

Leurs crêpes en main, Rita proposa ensuite de s'assoir sur un banc, posé à l'extérieur d'une boutique de sculpteur de bois. Le banc en lui-même était magnifiquement décoré et gravé avec de magnifiques arabesques et était tellement bien construit que la banshee ne crut s'être jamais aussi bien assise de toute sa vie à Paris. Alors, bien installée, Rita s'hasarda à s'appuyer sur Aldrick, puis murmura entre ceux bouchées :

- Vous savez, maintenant je n'ai plus envie de rentrer. Au Lost, je veux dire. Parce que je sais que si j'y retourne, je serai obligé de vous laisser sur la palier. Et même si vous m'avez promis de venir me voir, je sais que ce ne sera pas chose agréable pour vous. Rita se redressa, une idée en tête. Et si après ça, après le chocolat, on allait à un endroit plus paisible ? Pas mon dortoir, évidemment. Pas chez vous non plus, quelque chose d'inconnu de tous ! Un endroit que nous seuls connaitrions à deux. Où nous pourrions nous retrouver quand on en fera le souhait !

Elle pensait bien à cet endroit, personne ne devait s'y trouver. Sa paye lui permettait d'entretenir cet endroit qu'elle n'avait jamais vraiment quitté, là-bas, sous les toits. Cette antre de secours, nécessaire en toutes occasions, dangereuses ou pas. Et enfin, elle avait trouvé une raison de l'utiliser à bon escient.

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeMar 8 Oct - 12:12

Lorsqu'elle donna son accord, un sourire un peu bête d'enfant étira ses traits, avant qu'il ne passe commande pour eux deux. Ils déambulèrent un peu et une fois sur le banc, il se délecta de la saveur qui emplissait son palais ; s'il avait été seul, probablement aurait-il poussé le vice jusqu'à en commander deux pour lui, seulement là, après leur repas et en présence de la belle, il valait sûrement mieux s'abstenir.
Le lycanthrope ouvrit grand la bouche pour croquer dans sa crêpe avant de se figer dans son élan, de la refermer et de poser sur Rita un regard curieux en réalisant qu'elle venait de s'appuyer contre lui. Embarrassé comme rarement, il manqua d'étaler sur lui son précieux dessert supplémentaire et le rattrapa maladroitement en sentant ses joues chauffer. Finalement, il prit une bouchée et écouta sans interrompre le début du monologue de la belle. Une fois qu'il eut englouti partie du met, il se risqua à s'enquérir l'air perplexe :


- Ai-je dis ou fais quelque chose qui vous laisserez à penser que je puisse venir vous voir à contre cœur ?  Si c'est le cas, je...

Il n'en dit pas plus, Rita s'était redressée, elle ne l'écoutait pas, et la proposition qu'elle venait de lui faire mit de longues minutes à trouver un sens dans son esprit. Lui permettant juste de lâcher un vague:

- Euh...

Quand enfin il ne douta plus du sens de ses dires, il posa sur elle un regard troublé et avisa ses chaussures. Une main passa dans ses cheveux en signe de gêne et il releva vers elle son visage, ouvrit la bouche, puis la referma et détourna finalement le regard. Son esprit s'embrouilla et il parvint seulement à balbutier d’un air idiot :

- Euh, et bien c'est à dire que... Je... Je ne veux pas de croissants merci... Je ne les digère pas... pas bien et...AAAH ! C'EST FROID !

En un bond Aldrick s'était redressé, trempé de la tête aux pieds, il ferma un instant les yeux et les rouvrit presqu'aussitôt sous la surprise, cherchant du regard l'auteur de cette douche froide à laquelle il venait d'avoir droit. Ses iris dorés examinèrent la rue -en vain. C'était comme si le ciel lui-même avait décidé de le punir pour tant d'absurdités et c'est seulement à l'entente d'une voix fluette au-dessus de lui qu'il comprit. Une dame d'âge avancée, la main plaquée d'abord sur le bas du visage, manifestement surprise, beugla ensuite du haut de son appartement, en ayant cure de ses voisins endormis :

- Oh ! Mais qu'est-ce que vous fichez là ? Il n'y a jamais personne sur ce banc d'habitude !
- On se demande pourquoi... Grommela Aldrick entre ses dents en lui lançant un regard noir. Il frissonna intégralement lorsqu'une légère brise vint ajouter son grain de sel à la scène.
- Ne vous en faites pas ce n'est qu'un peu d'eau, je faisais le ménage et...
- Super ! Vous m'en voyez ravi ! Coupa l'agent irrité en enlevant de ses cheveux une feuille d'arbre recourbée sur elle-même. Vous savez que c'est interdit de faire ça maintenant ?
- Ah euh...oui mais...
- EH BIEN VOUS SERIEZ BIEN AIMABLE DE NE PLUS RECOMMENCER ! Acheva-t-il avec son tact habituel.

La belle outrée, retroussa les lèvres dans une mimique offusquée et referma sa fenêtre dans un fracas assourdissant pour clore la conversation.


- Non mais sans blague ! ET NE VOUS EXCUSEZ PAS SURTOUT ! Grommela Aldrick, les sourcils froncés en époussetant son manteau d'une main pour chasser un résidu non identifié de son épaule.

Il avisa sa crêpe qui gisait sur le sol mélangée à une sorte de marasme indéfinissable, fit une moue dégoutée, souleva l'objet dans un soupir et se dirigea vers la poubelle la plus proche pour l'y jeter.


*J'aurais dû tout manger d'un coup !* Se dit-il, puis réalisant soudain que Rita avait peut-être elle aussi subit les effets de cette attaque surprise, il se tourna vers elle.

Mais tandis que son regard croisait le sien, ses mots lui revinrent en mémoire et il ne trouva rien de mieux à faire que de s'avancer tel un automate vers le réverbère électrique le plus proche, rouge comme une fraise qui aurait abusé des rayons du soleil, déclarant avec embarras :


- C'est incroyable n'empêche le progrès hein ? Toutes ses...euh...lumières là...avec ce...fer...finement travaillé...un vrai chef d'œuvre de notre époque !

*Comment peut-on tomber si bas ?* Songea l'agent alors qu'il levait les yeux vers la source lumineuse, pour éviter d’avoir à la regarder, se sentant encore plus ridicule que s'il avait fallu qu'il danse le lac des cygnes avec un tutu rose devant le commissariat au grand complet.

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MessageSujet: Re: Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé   Quand on s'promène au bord de l'eau [PV Aldrick][1889] - Terminé I_icon_minitimeSam 1 Mar - 19:06

Assise sur le banc en bois râpé, Rita croisa les jambes juste après avoir fini sa phrase. Elle savait avoir trouvé une bonne idée, de transformer son ancien grenier en une sorte de boudoir, un lieu secret connu d’elle et des gens avec qui elle se sentirait vraiment bien. Néanmoins, elle n’avait pas prévu que Aldrick comprendrait sa proposition sous un tout autre sens, qu’elle-même aurait pu -aurait du- se figurer. Elle rougit légèrement, bien que sa peau était tellement pâle de l’extérieur que ses veines vivifiées étaient à peine visibles, et au lieu de balbutier, elle préféra fermer sa bouche avant de ressortir une énormité aussi déplacée.
Pensait-elle qu’elle aurait été avec n’importe quel autre clampin de toute cette ville, les propos qu’elle venait de sortir ne l’aurait en aucun cas mise mal à l’aise. Mais non, il fallait qu’elle dise ça devant LUI. L’homme qui venait de lui payer un repas -déjà une faute de courtoisie- et aussi le seul homme qui avait réussi à la faire se sentir bien depuis le moment où elle avait posé ses pieds dans Paris ! D’un côté, elle avait aimé le faire balbutier - ce qu’il pouvait être chou avec son petit air perturbé-, mais d’un autre côté, Dieu que c’était embarrassant de faire des phrases à double sens !  Surtout quand on implique une relation bien plus intime que l’amitié, ou même pire que celle de deux amants.
Rita tenta de sourire vers Aldrick d’un air moqueur, se contenant de lui montrer un rictus. Ceci ne prenant évidemment pas en compte le cri soudain du lycanthrope face à un jet d’eau légèrement glacé.

Il s’était relevé d’un seul coup, trempé comme un chiot sous la pluie. Sous ses cheveux dégoulinants, ses yeux dorés s’étaient affolés sous la surprise, puis finirent par se fixer sur la source d’un glapissement. Une femme robuste, portant un bonnet jauni par l’âge, fixait les deux victimes de sa maladresse du haut de sa petite fenêtre, avant de commencer une altercation assez frustrante avec l’officier.
Surprise au premier abord, la jeune fille n’eut pas le réflexe de crier. En un deuxième temps, Rita vérifia qu’aucune éclaboussure n’avait atteint ni elle ni sa douceur, cependant elle se rendit bientôt compte que ses chaussures et le bas de sa jupe avaient pris un méchant coup de liquide gelé. Le froid ne la dérangeait guère (elle pourrait se poser de vraies questions si ça avait été le cas), mais la sensation de ses bas trempés n’était en rien agréable. Pourtant, elle fut rapidement distraite par le haussement de ton du loup. Pour sûr, il n’était pas commissaire pour rien, et Rita se déconseilla fortement de se montrer aussi rustre avec lui.
Une fois la godiche enfouie dans son salon, la banshee remit son attention sur ses affaires humides et grommela en essorant le tissu de son jupon. Le bruit des chaussures couinantes d’Aldrick la fit se retourner vers le lycanthrope, ce qui lui permit de se rendre compte à quel point son compagnon avait pris cher : son manteau entier était trempé et ses cheveux noirs de jais lui collaient au visage, autour de ses yeux brillants qui croisaient les siens un court instant, avant de se détourner vers un éclairage public. Il semblait tellement penaud, alors qu’il déblatérait sur la finition de ce lampadaire.

Rita y vit l’occasion rêvée. En glissant sur le pavé trempé, la banshee s’approcha sans bruit du commissaire, avant de s’élancer de toute son agilité sur le dos humide d’Aldrick en lançant un magnifique éclat de rire machiavélique.

- Alors ?! On s’est promenés toute la soirée le long du fleuve et le seul moment où l’on se fait éclabousser, c’est justement quand on s’en éloigne !

Elle regarda la bouche entrouverte d’Aldrick, ses lèvres humides, son souffle blanchi par le froid et réchauffé par la gène, ses dents apparentes étonnement propres… Elle se pencha un peu plus en avant, s’appuyant sur les larges épaules d’Aldrick au moyen de ses mains minuscules. Son visage s’approcha du sien, lentement, et une de ses mains se glissa langoureusement sur le cou du policier, tandis que l’autre fourra allègrement la crêpe entamée dans la si jolie bouche du loup. Ayant réduit au silence son compagnon, Rita se mit à murmurer dans son oreille presque pourpre d’embarras.

- Je connais un moyen efficace pour ne pas attraper froid, mais la convenance m’empêche de me prononcer plus que ça…

Rita redescendit du grand gaillard en sautillant, non sans montrer quelques rougeurs timides vite estompées par sa pâleur habituelle. La banshee remit quelques mèches derrière son oreille gauche, puis se retourna vers son policier.

- Néanmoins, je n’ai pas envie que vous attrapiez froid, malgré votre stature ! Alors, le mieux serait que je rentre, comme cela vous pourrez rentrer au plus vite chez vous et échanger vos habits contre des secs. Je peux cependant vous demander de me raccompagner ? J’aimerai encore profiter de votre compagnie…

Elle glissa doucement son bras dans le creux de son coude, puis, ensemble, ils démarrèrent une marche lente vers le Lost Paradise. Ils redescendirent l’escalier étroit, et se remirent à longer les quais, qui n’étaient désormais illuminés plus que par l’électricité courante. Plus aucune lueur ne provenaient des ponts, comme si les bateaux eux-mêmes s’étaient endormis. Et comme pour leur chanter une berceuse, Rita se mit tendrement à fredonner.

Quand on s'promène au bord de l'eau,
Comm' tout est beau...
Quel renouveau ...
Paris au loin nous semble une prison,
On a le coeur plein de chansons.
Ils repassèrent devant le navire-restaurant où ils avaient dégustés, non moins sans animation, de délicieux plats enrichi d’une discussion révélatrice de la personnalité de chacun. De leur penchant excédé pour les pâtisseries aussi.
Le pont fut rapidement en vue lui aussi, sous lequel le fleuve s’écoulait toujours aussi tranquillement. D’autres étincelles apparaissaient encore vives aux yeux de Rita, mais la présence d’Aldrick à son bras lui fit oublier toute sensation désagréable.  

L'odeur des fleurs
Nous met tout à l'envers
Et le bonheur
Nous saoule pour pas cher.
Chagrins et peines
De la semaine,
Tout est noyé dans le bleu, dans le vert ...
La jeune femme jeta un oeil au banc sur lequel elle s’était assise toute la journée. Le collier de feuille y était encore posé.

Un seul dimanche au bord de l'eau,
Aux trémolos
Des p'tits oiseaux,
Suffit pour que tous les jours semblent beaux
Quand on s'promène au bord de l'eau !
Lorsqu’enfin ils atteignirent la porte à l’arrière du cabaret, Rita déposa un léger baiser sur sa joue, le remerciant par ce simple geste de tout ce qu’il avait pu lui offrir ce soir, avant de disparaitre dans le bâtiment encore illuminé, sous le regard doré du commissaire.
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