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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]

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Ashton Lyn
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MessageSujet: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeDim 27 Sep - 19:52

« When I was a lil' boy, so my mother told me, timmy... »

Le sifflotement s'échappait des lèvres, incurvées d'un fin sourire, depuis une bonne heure maintenant. Ashton, fort heureusement, était quelqu'un de patient. Il avait, à force, développé une habitude pour le moins originale : celle d'être arrêté. Un éclat de rire franchit sa bouche percée. Étrange routine que la sienne, il l'admettait sans peine. Une coutume, pourtant, que la police de Paris semblait prendre un malin plaisir à entretenir. Car cette fois-ci, il pourrait le jurer devant quiconque, tout ceci n'était pas de sa faute. Son seul crime – ce seul mot lui semblait risible – était d'avoir oublié, malencontreusement cela va de soi, sa blouse au travail. Les années avaient beau passer, le jeune homme ne voyait pas le mal qu'on pouvait trouver à dévoiler sa peau. Ce n'était jamais qu'un corps, après tout. Une enveloppe charnelle. Pourquoi les européens s'amusaient-ils tant à organiser des codes qui ne servaient à rien ? D'innombrables crimes méritaient bien plus de punition que de marcher en maillot, du moins l'estimait-il. Les policiers, eux, ne semblaient pas d'accord. Oh, cela ne le dérangeait pas plus que ça. Au fil du temps Ash avait fini par connaître la plupart des hommes de lois du quartier, et s'il les agaçait régulièrement avec ses écarts, il se plaisait à discuter avec eux. Il fallait toutefois admettre que, parfois, leur entêtement à vouloir le mettre en garde à vue se montrait handicapant. Il avait eu beau leur expliquer qu'il était sur son chemin pour récupérer son vêtement, qu'il ne pourrait pas s'habiller plus tant qu'il n'aurait pas marché jusqu'à son travail, rien n'avait fonctionné. Poussant un bref soupir, le jeune homme adressa un coup d’œil à sa montre. Une heure et quart. Une heure et quart qu'il ne faisait... rien. Assis dans une cellule pour encore deux fois cette mesure – peine pour laquelle il avait longtemps débattu avec le pauvre policier qui avait été désigné pour cette tâche – sans rien avoir à faire. Ashton préférait encore être enfermé dans le département des affaires classées pendant deux semaines.

« Oh ça alooors ! Ashouuuu ! »

Un sourire ravi se dressa sur les lèvres de l'intéressé. Enfin, une distraction ! Un divertissement qui lui venait sous la forme d'une jeune femme habillée de manière si révélatrice qu'on en voyait ses pectoraux. Il se releva de là où il était assis et, visiblement heureux, tendit les bras :

« Quelle bonne surprise ! Martine ! »

La demoiselle se jeta contre lui avec un dandinement digne des plus grandes divas, l'air absolument réjouie. Elle enroula ses bras musclés autour de son cou.

« Ashouuu... Les policiers sont vilains, vilains avec moi. »

Le canidé dut retenir un éclat de rire. Au lieu de cela, il plaça une main sur la hanche trop étroite de son interlocutrice et lui offrit son plus beau sourire. De ce qu'il savait, Martine était une femme charmante lorsqu'on parvenait à la détourner de ce qui la chiffonnait. Cela tombait fort bien, puisque l'archiviste lui-même était en quête de récréation.

« Ah ça... Au moins nous sommes ensemble ! Que diriez-vous de tuer le temps en mon humble compagnie ? »

Autant dire que la jeune transsexuelle était enthousiasmée par l'idée. Loin toutefois de ce qu'elle eut pu espérer – Ash lui-même n'était pas certain de vouloir savoir – les deux hors la lois passèrent les heures suivantes à jouer au morpion avec la poussière de la cellule, le tout en discutant. Le garçon s'amusait fort bien, plus en tout cas qu'en sa seule compagnie, si bien que le moment de sa sortie vint à ses yeux plus vite que prévu.

Il se laissa escorter sans soucis, heureux de pouvoir enfin se dégourdir les jambes et désireux de profiter de l'air frais du dehors contre sa peau. Le chemin fut sans encombres. Quelques couloirs habituels, la monotonie d'un bâtiment cent fois visité... Puis la curiosité. Ashton se rendit brusquement compte qu'il n'avait pas parcouru l'intégralité du commissariat et qu'une vaste zone d'ombre demeurait sur son idée de l'endroit. Et quoi de mieux que d'explorer lorsqu'on se demande la constitution d'un lieu ? Le policier qui parlait soudain dans le vent, plus tard, donnerait une toute autre réponse que celle du jeune homme, qui s'éclipsa avec toute la discrétion dont il était capable.

Il erra quelques instants dans des couloirs qui, selon toute vraisemblance, étaient interdits au public avant de s'arrêter sur une aura. Il y avait dans les environs une dame, une dame qui réveillait déjà son intérêt. Il fit volte-face, de ce genre de gestes caricaturaux qui faisaient si souvent de lui l'objet de moqueries attendries. Point de femme, au premier abord. Personne, en fait. Le corridor était, fort heureusement pour lui, vide. Ashton pencha la tête sur le côté, curieux, appelé vers un ailleurs qui lui plaisait déjà. D'un pas assuré et souple, il avança vers la porte du fond. Sans doute celle-ci le mènerait-il vers la source de l'aura qu'il sentait. Une aura étrange aux allures de jamais-vu dont il mourrait d'envie de voir la propriétaire. Entrant dans la pièce, il ne prit nullement peur en constatant qu'il s'agissait là d'une morgue. Ash n'avait pas peur de la mort - c'eut été risible de sa part, après tout, lui qui l'avait trop de fois donnée.

Elle était là. Et elle ne le décevait pas. Car la demoiselle si longtemps attendu ne laissait voir d'elle qu'un homme. Un médecin légiste, sans doute, qui ne prendrait pas plaisir à le voir pénétrer son espace de travail. Un sourire dévora le visage d'Ashton tandis qu'il collait son dos à la porte dans un effort pour ne contaminer aucun cadavre.

« Bonjour... »

Le ton suave et le visage enjôleur. Le jeune homme espérait sincèrement ne pas surprendre trop fort la femme - car point de doute, il le sentait, le savait, c'en était une - chez qui il rentrait si impoliment. Il sourit davantage, comme pour s'excuser d'être ainsi rendu à elle.

« Veuillez m'excuser, je me suis... perdu, dans le commissariat. »

Ce n'était qu'à moitié vrai, et sa voix amusée le trahissait sans peine. Certes, il n'avait aucune idée d'où il se trouvait précisément dans le bâtiment, mais il était entré dans la pièce en parfaite connaissance de cause. Restait à espérer que son interlocutrice ne lui en tienne pas trop rigueur...

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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeSam 3 Oct - 15:50

« Comment est-ce qu’on peut faire ça à un enfant ? »
« Parce que ce sont des sans-cœurs … »

Billy se retourna vivement. Il n’avait pas entendu arriver Axel sur les lieux du crime. La victime était un enfant, le pire des crimes pour Axel. C’était le genre d’autopsie qu’elle détestait le plus. Voir un enfant sur sa table était pour elle une véritable torture, un crève-cœur et elle en faisait des cauchemars pendant un long moment. Elle observa Billy, Jean et Aldrick avant de soupirer. Elle les dépassa et s’accroupi aux côtés du petit corps sans vie. Elle prit quand même le temps de vérifier son pouls, il n’y en avait plus. Le petit était froid et la rigidité cadavérique commençait à le dévorer. Elle vérifia tout ce qu’elle pouvait avant de se relever et de dire à un policier :

« Emmenez-le à la morgue avec beaucoup de précaution, cet enfant ne méritait pas de mourir si jeune, je souhaite qu’il soit traité dignement. »

Elle se tourna vers Aldrick, le regard brillant d’émotion qu’elle contenait avec dignité. Elle baissa le regard et marcha dans la rue sans se retourner. Ils n’avaient plus besoin d’elle sur le lieu du crime. Elle qui se faisait passé pour un lui. Elle sera le poing, il fallait qu’elle se reprenne, qu’elle redevienne professionnel. Ses émotions ne devaient pas la surpasser sinon, elle ne pourrait jamais aider ses collègues, elle le savait. Elle le savait et, à chaque fois qu’un enfant passait sur sa table, ses émotions jouaient avec elle. Elle rentra au commissariat en marchant et entra dans son antre alors que l’enfant était déjà là. Elle enfila sa blouse blanche et commença son travail. Elle parlait à l’enfant avec douceur bien qu’elle savait parfaitement qu’il ne pouvait plus l’entendre. Comme elle l’avait dit, elle voulait qu’il soit dignement traité. C’était peut-être stupide et certains pourraient la prendre pour une folle mais elle n’en avait cure.

Billy est venu la voir pour lui annoncer le nom de cet enfant et pour lui dire qu’il était orphelin, qu’il avait fugué de son orphelinat depuis deux semaines. Il était ensuite reparti sur la demande d’Axel qui avait besoin d’être pleinement concentré sur l’enfant et sur son autopsie. Elle venait de refermer le petit corps avec du fils quand la porte s’est ouverte. Elle tournait le dos à cette personne, elle pensait naturellement que c’était encore un de ses malpoli qui n’avait pas frappé à la porte. Elle allait parler lorsqu’une voix se fît entendre dans la morgue. Elle referma le drap sur le corps de l’enfant et se tourna vivement vers l’inconnu, les sourcils froncés. Sa blouse et ses gants d’autopsie tâché par le sang de la victime, elle devait passer pour une psychopathe ainsi.

« Personne ne vous a appris à frapper aux portes ? »

Ce fût sa réplique peut-être un peu trop cinglante. Elle n’était pas vraiment d’humeur, elle devait bien l’avouer. Elle quitta ses gants et sa blouse avant de s’approcher de l’homme face à elle pour l’observer. Elle l’avait déjà vu dans le commissariat, il semblerait qu’il soit souvent là pour des faits qu’elle ignorait puisque ce n’était pas vraiment de son ressort. Elle se planta face à lui et dit :

« Je vous raccompagne puisque que vous semblez ne pas savoir où vous allez mais la prochaine fois, veuillez ne pas venir ici. Ce n’est point un spectacle, cet endroit est interdit à toutes les personnes qui ne font pas partie du commissariat ou qui n’ont pas un de leur proche ici. Je pense que vous pouvez aisément comprendre pourquoi. Si vous voulez bien vous décaler de la porte, elle peut se tenir toute seule … »

Oui, elle n’était vraiment, vraiment pas d’humeur aujourd’hui.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeDim 4 Oct - 22:42

« Personne ne vous a appris à frapper aux portes ? »

Certes.
La demoiselle marquait un point. Ashton avait trop souvent tendance à faire fi des règles pour accomplir ses envies passagères, ce qui le menait régulièrement dans des impasses. Une impasse comme celle de faire face à une médecin légiste légèrement remontée contre lui ? Sans doute. Pire, même. Le jeune homme avait plus d'une fois risqué une partie de sa vie sur un simple coup de tête. Il assumait pleinement. Il ne regrettait pas.

Cette jeune femme semblait diablement intéressante. Son aura était pure, dans l'ensemble, ternie peut-être par les horreurs que son métier lui imposait de voir, mais si authentique et profondément vraie qu'il mourrait d'envie d'en connaître le moindre recoin. Il fallait dire que la force apparente de la demoiselle le charmait indubitablement. N'eut-il pas eu la perception d'un Légendaire, Ashton se fût fait berner pour sûr. Elle était... virile ? Il ne savait trop comment appréhender correctement l'apparence de son interlocutrice. Était-ce là un subterfuge mis en place seulement pour exercer un métier réservé aux hommes, ou se sentait-elle plus homme que femme ? Les deux options étaient possibles, les deux options le rendaient curieux. Un adjectif qu'il avait tendance à surexploiter.

Le sourire du canidé se ternit quelque peu lorsque son regard se posa sur le petit corps qui demeurait sur la table de métal froide. Il détestait voir les gosses mourir. C'était le cas pour tout le monde, sans doute, mais la mort des enfants lui paraissait plus intolérable que toutes les autres. Ash avait vu plus d'un décès infantile, à son grand regret, dans la pauvreté et la misère des bas quartiers de grandes villes qui n'avaient que faire des tous petits, de ceux qui n'auraient guère le temps de voir naître leur avenir et qui avaient tout juste eu le temps de se conquérir un présent. C'était un spectacle qu'il ne souhaitait à personne. Il adorait les enfants. Jouer avec eux, essuyer leurs larmes passagères et admirer leurs âmes innocentes virevolter tout autour d'eux à la recherche d'un monde qu'ils connaissaient à peine étaient pour Ash autant de raisons d'apprécier leur présence. Un gamin n'avait rien à faire sur une table d'autopsie.

« Permettez-moi de m'excuser de nouveau, je ne voulais pas vous contrarier. »

Malheureusement l'enfant, lui, ne serait plus jamais contrarié de rien. Il sourit doucement à la scientifique, un sourire comme un ultime « Pardon » sur ce visage qui avait vu la mort. Il était sincère. Son objectif n'était, après tout, pas de faire passer une autopsie pour un spectacle morbide, bien au contraire, et il ne souhaitait pas que sa compagne pensât ainsi de lui. Non, il avait simplement été curieux, comme il l'était de tout, pleinement et effrontément. Comme il l'était toujours, d'ailleurs, de l'attitude ouvertement masculine de son vis-à-vis, qui ne semblait guère approuver de sa présence.

« Si vous voulez bien vous décaler de la porte, elle peut se tenir toute seule … »

Ashton éclata de rire. Il ne pouvait s'en empêcher. Cette femme était grandiose, délicieuse. Il leva les mains en l'air en signe de rémission, l'air joueur, et se décolla souplement de la légère surface de bois. Son intérêt s'enflammait.

« À vos ordres... »

Pour ce genre de remarques, on l'avait souvent traité de little bastard, mais à vrai dire le jeune homme n'était pas certain de pouvoir s'en empêcher. Pire encore, il n'était pas certain de vouloir. Assister aux diverses réactions de ses interlocuteurs était bien trop amusant pour qu'il s'en privât, et une part de lui vivait toujours sur ce vieux réflexe d'entretenir une relation ambiguë avec la police. Seulement voilà, Ash n'avait besoin de rien de plus que ses multiples arrestations pour prouver que la Justice et lui avaient tendance à ne pas faire bon ménage. Ironique, lorsqu'on savait qu'il travaillait pour le plus grand organisme de loi de tous les temps. Toutefois, il souhaitait s'entendre avec...

« Oh, mais je suis fort impoli ! Mon nom est Ashton Lyn, et je suis un habitué du commissariat pour... »

Il désigna d'un ample geste son accoutrement grotesque, insistant particulièrement sur son seul débardeur et sur ses tatouages.

« Tout ça... Et vous ? »

Espérant apprendre à connaître son interlocutrice, il lui offrit un aimable sourire. Préciser qu'il n'allait pas en prison pour quelque crime – sauf si s'habiller légèrement pouvait être considéré comme tel, mais ce n'était pas son avis – lui semblait important. Son apparence originale lui avait déjà coûté plus d'un quiproquo, il préférait éviter de recommencer avec une si charmante compagnie. Compagnie dont il allait apparemment pouvoir profiter plus longtemps. Être raccompagné à la porte du commissariat n'avait jamais paru plus attractif. Ashton sourit davantage, de ces expressions suaves qu'il se prenait à revêtir en permanence lorsque les charmes d'une personne le prenait au cœur.

« Ce serait un plaisir, ma... »

Peut-être que dire « mademoiselle » ne serait pas tout à fait bien accueilli. D'une certaine manière, c'était même plus que sûr. L'amusement se lisait désormais sur son visage.

« Monsieur. »

Selon toute vraisemblance, il était trop tard, et sa maladresse sur le mot en question serait inéluctablement repérée par son interlocutrice. À vrai dire, Ash ne savait trop si l'idée l'inquiétait ou le réjouissait. Une part de lui désirait ardemment connaître la vérité sur l'identité de la jeune femme, l'autre était persuadée qu'attendre était pour le moment la meilleure solution. Quelque chose lui soufflait d'ailleurs que la dernière option était préférable. Pousser trop loin ses recherches ne le mènerait qu'à perdre une connaissance tout juste formée, et le – la – médecin légiste était bien trop intéressante, bien trop captivante pour qu'il ne pût la laisser filer. Il haussa des épaules.

Alea jacta est, comme dirait César.

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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeSam 10 Oct - 16:23

C’était une mauvaise habitude mais elle passait ses nerfs sur la première personne qui entrait dans son antre. Enfin, quand elle était de mauvaise humeur et là, c’était fichtrement le cas. Alors, quand l’homme était entré sans frapper, elle n’avait pas pu retenir le flot de paroles glacées qu’elle déversa sur lui. Il n’avait rien demandé à personne et elle lui tombait dessus comme s’il était un criminel. Peut-être que c’était le cas mais elle n’en avait aucune preuve. Lorsque le regard de l’homme se posa sur le drap qui recouvrait le petit corps, il lui sembla que son regard avait changé durant un instant. Dans ce regard, elle put comprendre qu’il n’était pas là pour un spectacle et elle se détendit légèrement. Cependant, il ne pouvait pas rester dans son antre, il devait partir, aussi bien pour les morts que pour les familles qui allaient certainement venir récupérer les deux autre corps présent. Elle ne voulait pas que les familles se sentent observer dans leur détresse. Elle s’approcha de lui mais continua à verbaliser son mécontentement. Elle haussa un sourcil face au rire de l’homme et soupira :

« Veuillez réfrénez vos ardeurs, des personnes reposent ici bien que je vous dois des excuses pour ce que je vous aie dit auparavant. »

Elle attrapa la poignée de la porte mais l’homme se présenta. Elle se tourna vers lui et observa ce qu’elle lui désignait. Cela ne l’étonnait guère qu’on l’arrête pour cela même si elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Ce n’était pas un homme qui tuait par exemple, c’était juste un style vestimentaire mais elle savait combien la différence pouvait être source de problème. Peut-être que le commissaire n’avait pas le choix que de le faire arrêter par rapport aux lois … Finalement, elle répondit en le regardant dans les yeux :

« Je suis Axel Roméan, médecin légiste comme vous pouvez vous en doutez. »

Elle se détourna ensuite et ouvrit enfin la porte. Elle se tourna de nouveau vers lui en entendant le « ma » mais il avait déjà changé et l’avait appelé « Monsieur ». Elle fronça légèrement les sourcils face à cela. Elle le laissa passer, ferma la porte à clé et commença à marcher dans le couloir, une démarche assuré et masculine –elle ne roulait pas les hanches comme les femmes par exemple-. Elle ouvrit de nouveau la bouche et dit :

« Vous n’avez pas fini votre phrase Monsieur Lyn, que vouliez-vous dire ? »

Elle voulait savoir, elle était certaine d’avoir entendu « ma ». Son cœur avait pris une petite pointe de vitesse même si sa voix et son attitude restait parfaitement calme. Son aura était peut-être confuse quant à elle. Elle détourna ensuite la conversation vers un chemin plus assuré :

« Si vous êtes un habitué du commissariat, comment avez-vous fait pour vous perdre ? Surtout que toutes les personnes qui sortent du commissariat sont accompagnés »

C’est vrai après tout, c’était bizarre. Le commissariat était grand certes mais les cellules étaient plus loin de son antre que de la sortie. Généralement, les personnes accusés à tort se précipitent vers la sortie et filent en courant alors, pourquoi semblait-il prendre un malin plaisir à être ici ? Ce Monsieur lui cachait certainement beaucoup de choses, pour autant, elle ne se sentait pas en danger. Pas pour le moment en tout cas. Elle resterait cependant sur ses gardes à présent.
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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeMer 14 Oct - 22:08

Ashton était un original. Quelqu'un de trop franc, sans doute, pour réaliser qu'il pouvait choquer, outrer, surprendre et agacer par ses paroles, ou peut-être s'en moquait-il simplement. Il demeurait perpétuellement difficile à cerner, semblait questionner son interlocuteur de ses yeux si étranges. Que renvoyait-il ? Cherchait-il à énerver ? Amuser ? Déstabiliser ? Rares étaient ceux qui parvenaient à le comprendre, et plus rares encore ceux qui finissaient par en venir à la conclusion que le jeune homme ne désirait rien de plus qu'une quelconque réponse. Une réaction. Il ne mentait pas, jamais, et cachait rarement ses convictions, n'en voyant ni le profit ni le sens. Aussi répondit-il aux excuses et réprimandes de la scientifique d'un sourire mi-amusé mi confus :

« Oh je vous en prie, ne vous excusez pas. J'ai été fort impoli, après tout. »

Il pencha la tête sur le côté, charmeur.

« Vous croyez que les morts se gêneraient d'un peu de compagnie ? Je crains de ne pas être d'accord. Leur monde doit être diablement ennuyant, après tout. Tenez, vous leur parlez ? »

Une chaleur dans la voix de velours, comme un appel au jeu, un aveu de curiosité. La question avait été posée comme elle était venue, sans filtre, sans rechercher politesse ou bienséance. Si ses propos eussent pu marquer quiconque, il ne s'en rendait aucunement compte. Pour lui, après tout, les défunts étaient défunts, et la Mort étant ce qu'elle était, il ne voyait pas pourquoi le sujet affolait tant les bien-pensants. Peut-être était-ce parce qu'il connaissait trop bien la Grande Faucheuse, ou encore qu'il était bercé de trop de cultures pour s'inquiéter d'elle, toujours était-il que le tabou lui passait bien au dessus de la tête. Le canidé n'était guère régi que par ses propres règles, pratiquer le silence gênant n'en faisant absolument pas partie. Il sourit à son interlocutrice :

« Vous saviez que les Philippins font un festin pour la fête des morts ? Sur les tombes, j'entends. Qu'en pensez-vous ? »

Ashton, dérangé d'aborder un tel sujet dans une morgue, en compagnie d'un médecin légiste ? Absolument pas.

Ils en vinrent à se présenter, et il apprit le nom de la jeune femme qui l'intriguait tant. Axel Roméan. Axelle, ou Axel ? Le canidé ne savait trop se décider. Voulait-elle être un homme, ou était-elle contrainte à ce faux-semblant, auquel cas elle refoulait sa féminité au profit de... il ne savait trop quoi ? Son métier, sans doute. Les humains étaient un peu bêtes sur cette perspective. Pour le moment, il lui faudrait sans doute la considérer comme de sexe masculin, supposait-il. Une légère frustration plana sur lui, bien vite effacée par un nouvel élan de curiosité.

« Votre métier vous plaît ? Vous l'exercez par passion, je suppose... D'où l'idée vous est-elle venue ? »

Avancer dans le couloir, vide pour le moment, réfléchir à toutes les questions qui bombardaient son esprit et, finalement, les poser.

« Les gens vous regardent-ils bizarrement à cause de cela ? J'ai un ami fossoyeur et il est constamment mis de côté, alors je me demandais. »

Le ton était léger, perpétuellement joueur, avec ce fin soupçon de langueur qu'on devinait dans les  nuances sensuelles de son accent qui venait un peu de partout à la fois. Il ne la lâchait pas du regard, s'y perdait même avec grand plaisir, concentrait sur elle la totalité de son attention. Il ne voulait pas en perdre une miette, de ces petites traces d'émotions qui, furtivement, formaient un jeu de lumière sur son visage. La plus fascinante de toutes se dévoila lorsque, bien malgré lui, ses lèvres commencèrent un « mademoiselle » qui se termina en « monsieur ». Elle fronça les sourcils, il continua de sourire. Ainsi donc elle ne paraissait pas apprécier l'idée d'être mise à jour. Un secret, peut-être ? Sans doute. Secret qui devait, au moins, être connu du commissaire et de Ryden, ceux-ci étant tout ce qu'il y avait de plus inhumains et possédant des sens outrageusement réceptifs.

« Vous n’avez pas fini votre phrase Monsieur Lyn, que vouliez-vous dire ? »

Monsieur Lyn. Ashton fit la grimace. Pourquoi tout le monde avait-il le réflexe de l'appeler ainsi ? C'était laid ! C'était... impensable. Non, non, hors de question qu'elle prît la vilaine habitude de l'interpeller par ce sobriquet ridicule. Tout mais pas « monsieur ». Jamais.
Autre surprise, elle désirait apparemment connaître la fin de sa phrase. Ne se doutait-elle pas qu'il avait frôlé du bout des lèvres le secret qui lui tenait tant à cœur ? Aussi étonné fut-il, le jeune homme prit cette demande pour une approbation. Sans doute avait-il mal lu les signaux qu'elle lui envoyait, tout simplement. Il haussa donc les épaules, affichant un sourire amusé à l'adresse d'Axel(le?).

« A vrai dire, j'ai failli dire 'mademoiselle', mais j'avais l'impression que vous ne désiriez pas que je le sache. »

Son ton demeura doux, murmurant presque. N'étant pas certain de la réaction qu'il allait obtenir de la part de son interlocutrice, ni même de l’œil avec lequel celle-ci voyait la situation, il ne voulait pas dévoiler pareille information à une oreille qui n'eût pas dû la percevoir. Son regard brun se fixa sur elle, de nouveau, avec l'intensité perpétuelle qu'il y plaçait toujours. Il était curieux, plus que de raison. Axel avait ouvert une porte vers un monde dont le canidé avait terriblement soif, une porte qui désormais n'aurait plus l'occasion de se refermer. Une porte que plus jamais il ne trouverait l'envie d'ignorer. Une telle humaine, une telle âme était rare. Il y avait là du panache, de l'ardeur, de la vigueur et une furieuse envie de Vivre. D'assouvir quelque chose. Il voulait savoir quoi.

« Si vous êtes un habitué du commissariat, comment avez-vous fait pour vous perdre ? Surtout que toutes les personnes qui sortent du commissariat sont accompagnées. »

Un sourire charmeur, un air de défi. Il mit ses mains dans ses poches, offrit des yeux pétillants de malice à la demoiselle.

« Je n'ai pas vraiment l'occasion de visiter autre chose que l'espace entre cellule et sortie, d'ordinaire. Disons que j'étais... curieux. Je me suis improvisé une visite ! »

Sa face blême portait sur elle les stigmates d'une rébellion enfantine, un affront amusé et amusant qui ne faisait, au fond, de mal à personne. Ashton était quelqu'un d'aussi impulsif que réfléchi, avançant tranquillement sur un fil que beaucoup peinaient à mettre en place. Très vite, toutefois, il regagna ce quelque chose d’inexplicablement suave, cette chaleur dans le mouvement de ses hanches et dans les iris d'ordinaire brûlants qui embarrassaient si souvent son entourage. Il jouait.

« Visite fortune, semblerait-il, puisqu'il m'a été donné de vous rencontrer. »

Un silence, puis un léger éclat de rire.

« Du coup, comment écrivez-vous votre prénom ? Tiens, vous devriez rencontrer Roberta ! C'est un... une travestie. Ne pensez-vous pas que la confrontation serait divertissante ? »

Pas plus qu'avant ne s'embarrassait-il des sujets qu'il abordait. Rien n'était grave, rien n'était irrécupérable, autre que la Mort, et celle-ci n'était alors qu'à accepter. Il était intrigué, et il le faisait savoir. Pourquoi faire compliqué ?

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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeDim 18 Oct - 17:01

Axel ne comprenait pas ce qu’il se tramait au sein du cerveau de son interlocuteur. Ses questions étaient bizarres, un peu à côté de la plaque comme si le monde dans lequel il évoluait n’était pas le même que le sien. Ce n’était pas ce qui la dérangeait le plus, faut dire qu’elle était elle-même un peu décalée. Non, c’était plutôt de ne pas comprendre ce qu’il voulait d’elle. Elle n’aimait pas être baladé ni manipuler même si un certain Ryden se faisait un plaisir de jouer avec elle. Enfin, ça c’était autre chose. Elle haussa un sourcil avant de hausser les épaules tranquillement :

« Nous ne savons pas ce qu’il y a de l’autre côté mais je pense que nous devons le respect aux personnes qui sont décédés, ne serait-ce que pour leur vie passé. »

Elle ne répondit pas à sa dernière questions mais c’est vrai, parfois elle parlait aux morts en chuchotant. L’avantage, c’est qu’ils ne peuvent pas répéter ce qu’il s’est dit dans la morgue. Elle parlait surtout aux enfants, comme pour apaiser leurs craintes et les accompagner dans l’au-delà. Les rares à l’avoir entendu parler étaient soient assez proche d’elle pour savoir que cela faisait partie de son humanité soient, c’était des personnes qui la prenaient pour une folle. Ce qui n’était pas totalement faux non plus … probablement. Axel n’était pas très doué pour tout ce qui concernait la séduction, elle ne savait pas vraiment repérer quand quelqu’un la draguait. Ou plutôt, elle avait tellement l’habitude d’être traitée et vue comme un homme qu’elle ne se souvenait pas qu’on puisse aussi la trouver attirante. Ainsi, le timbre suave qu’avait pris Ashton lui passa au-dessus de la tête.

« C’est une tradition chez eux n’est-ce pas ? Je ne vois pas pourquoi je devrais les juger. Les cultures sont faites pour nous différencier les uns des autres et faire notre humanité. »

Mais il semblerait que l’homme soit aussi curieux qu’elle était assoiffé de connaissance et, en soit, elle se reconnaissait en lui ainsi. C’était bien la seule chose dans laquelle elle se reconnaissait en lui d’ailleurs. Elle le regarda tranquillement, son visage n’exprimait rien de spécial, ni étonnement, ni agacement. Rien.

« Cela ne se voit pas à mon visage que je suis médecin-légiste, je ne le dit pas forcément tout de suite en dehors du commissariat. Sauf avec certains collègues mais ça, c’est autre chose. J’ai toujours voulu être médecin mais je n’imaginais pas que je deviendrais médecin-légiste. C’est venu comme ça et je ne regrette pas. »

Elle regarda ensuite devant elle et ajouta :

« Les Hommes sont ainsi, pleins de contradictions, on ne veut pas voir de cadavre ou sentir l’odeur de putréfaction mais on juge ceux qui s’occupe d’eux pour le bien-être des autres. Il a besoin de quelqu’un à ses côtés pour l’aider votre ami, prenez-en soin. »

Elle savait combien les mots pouvaient avoir un impact sur la santé moral de quelqu’un. Elle avait connu les brimades, les moqueries et le harcèlement après tout. Elle avait dit cela avec calme mais si on observait bien son visage, il y avait la marque de la douleur, une douleur psychologique. Une douleur qui ne pourrait pas s’effacer avant longtemps voire peut-être jamais.

Elle se figea alors dans le couloir. Droite comme un I, elle avait cessé de marcher et foudroyait du regard Ashton et le gratifia d’un clair et net :

« Je suis un homme, je vous prierais de bien vouloir cesser vos insinuations. »

C’était une façon pour elle de se protéger, de protéger ce secret car si jamais on le découvrait, nul doute qu’elle ne serait plus jamais tranquille. Probablement même qu’elle ne pourrait plus jamais travailler et elle ne voulait pas rester dans une maison à regarder les années passés. Elle ne pouvait pas concevoir ce genre de chose. Il allait maintenant falloir qu’elle joue serré et qu’elle se conduise de façon parfaitement masculine bien qu’elle ne pensait pas qu’elle est été féminine dans son comportement. Mais … et si c’était le cas ? Est-ce que, dans ce cas-là, tout le monde faisait semblant de croire qu’elle était un homme ? Est-ce qu’ils jouaient la comédie pour la rassurer ou faisaient-ils cela pour la torturer ? C’était une partie des questions qu’elle se posait alors que ça tournait sévèrement dans son cerveau.

Elle reprit sa marche, accélérant le pas, souhaitant être seule et surtout, elle ne voulait plus qu’il lui pose des questions embarrassantes. Elle inspira profondément, calmant ses nerfs avant de répondre :

« Le commissariat n’est pas un musée et il y a des choses que vous ne pouvez pas voir … Comme la morgue par exemple. Si le commissaire venait à apprendre tout ceci, je crains que vous n’alliez retrouver votre amie Roberta. »

Elle avait, de nouveau, ignorer sa question et elle était revenue à sa première réaction qui était la froideur. Une carapace protectrice contre ce qu’il pourrait lui dire en quelque sorte …

« Vous devriez retourner travailler Monsieur Lyn, je suppose que l’on vous attends. »

Elle avait presque envie de le laisser se débrouiller mais elle sentait que si elle faisait ça, il serait capable de revenir vers elle. Ou peut-être qu’il lancerait une remarque bizarre sur elle et ensuite … ensuite elle ne voulait même pas imaginer. Alors, elle continuait de l’accompagner dans les couloirs du commissariat.
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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeMer 21 Oct - 19:12

Axel était quelqu'un d'ouvert d'esprit, une qualité rare en ce Paris de fin de siècle. Sans doute la jeune femme ne s'en rendait-elle pas compte, mais ses réponses faisaient état d'une tolérance qu'Ashton peinait à trouver auprès de la plupart de ses interlocuteurs. Elle appréciait la diversité culturelle, ne croyait donc vraisemblablement pas en l'unification du monde sous un même drapeau ainsi qu'un même modèle, en l'annihilation de pratiques ancestrales sous prétexte qu'elles étaient païennes ou … quel était le mot employé, déjà ? Barbares. Ce simple terme lui semblait risible. Ce que les humains pouvaient être étranges, parfois ! Il était heureux de rencontrer quelqu'un qui, au moins un peu, contredisait ces théories farfelues. Cela ne donnait que plus de charme à son interlocutrice. L'image d'Ewen lui revenant à l'esprit, le canidé songea que le personnel mortuaire avait peut-être une bien meilleure notion de vie que la moyenne. En regardant la Mort, on voyait sans doute mieux la Vie. Les brimades que recevaient les employés de ce genre n'en paraissaient que plus incongrues à ses yeux. Ne méritaient-ils pas le respect le plus total ? La plupart des Hommes étaient incapable d'affronter leur quotidien, mais au lieu de leur offrir une quelconque reconnaissance, on les accablait plus encore. 'Wen n'était pas un cas isolé, preuve en fut l'expression hantée dont se marqua le visage de la médecin légiste une fois ce sujet abordé. Ash détestait ce genre de constat, méprisait plus encore ceux qui en étaient la cause. Il sourit, de ces sourires joyeux et réconfortants à la fois, qui conféraient à son visage un air d'éternel enfant :

« Je vous trouve respectables, personnellement. Je ne suis pas certain que mon avis soit réellement valable – je ne parais pas très fréquentable il est vrai – mais vos métiers sont essentiels à la communauté. Mon ami donne aux morts une sépulture décente, et vous permettez de sauver des vies en élucidant la mort des autres. C'est à la fois terriblement intéressant et incroyablement courageux, ne pensez-vous pas ? »

Le regard qu'il lui adressait criait une honnêteté sans faille :

« Les humains ont souvent peur. En fait, l'existence d'une bonne partie de la population n'est guidée que par ça. Ils ont peur d'être mal vus, peur de ne pas accomplir leurs rêves, peur de tomber malades, peur de perdre leur travail... Finir six pieds sous terre avec des insectes comme seule compagnie est si terrifiant pour eux qu'ils n'hésitent pas à piétiner ceux qui leur rappellent cette inéluctabilité. Mais au fond, cela ne vous rend que plus admirables, non ? »

Un expression malicieuse, un clin d’œil complice. Ashton cherchait à encourager, sans flatterie aucune, les rêves et les envies d'une femme qui avait le droit d'exister. Sans doute avait-on tout fait pour la dissuader de suivre sa passion, sans doute avait-elle subi les pires injustices, mais elle était là, et elle avait de quoi être fière de son parcours. Il n'y avait pas de honte à être de son genre, en dépit de ce que la société voulait bien lui faire croire. Elle n'avait aucun intérêt à renier ce qu'elle était, face à lui. Ses efforts pour le faire ne furent d'ailleurs récompensés que par un sourire plus éclatant encore. Et le jeune homme ignora soigneusement ses paroles, considérant qu'il serait futile de s'engager dans pareil débat si son interlocutrice persistait à mentir. Son allusion à Roberta le fit rire. C'était un son mélodieux et chaleureux, qui emplissait le vide du couloir et de leur conversation.

« Je viens déjà de passer deux bonnes heures avec Martine, son amie, je n'en tiendrai malheureusement pas plus ! Non pas que vos cellules ne soient pas confortables, mais... »

Nouvel éclat de rire.

« Vous savez, beaucoup de choses interdites n'ont pas lieu de l'être. Regardez-moi, croyez-vous sincèrement que j'aurais l'air plus décent en ajoutant des couches à mon accoutrement ? »

Il haussa des épaules, le regard brillant d'amusement. Sa propre situation le divertissait plus qu'autre chose, pour le moment. Ce n'était toutefois pas le cas de tout le monde. Avait-il effrayé la jeune femme en dévoilant ainsi son secret ? Elle semblait sur la défensive, incroyablement froide, depuis son intervention. Pourtant, n'était-ce pas elle qui avait demandé, insisté même, pour qu'il annonçât la fin de sa phrase ? Ashton avait du mal à suivre. Toutefois, si les conséquences de ses paroles étaient néfastes pour sa compagne, il avait tout intérêt à les rectifier. La gêner n'était après tout pas son but, ne l'avait jamais été d'ailleurs. Il était simplement curieux, charmé à vrai dire, par l'originalité et la force qui émanaient de la demoiselle. Il voulait en apprendre plus sur elle, pourquoi pas construire une quelconque relation sur ce socle. L'effrayer était à la fois parfaitement contre-productif et tout à fait inacceptable. Ne pouvaient-ils s'entendre ? Son secret n'avait rien à craindre entre ses lèvres. Et puis Ashton n'avait absolument aucune envie de lui faire du mal. Cependant, les faits demeuraient tels quels: elle savait qu'il était au courant pour son sexe. Était-ce réellement si important ?

« D'ailleurs, je trouve la manière dont on traite les femmes absolument stupide. N'ont-elles pas le droit de faire ce que bon leur semble ? Si tant est qu'elles sont capables de faire ce qu'on leur demande, pourquoi ne pas leur accorder ce droit ? Je connaissais une demoiselle fort jolie qui aurait vaincu n'importe qui au soulevé de poids, par exemple. Entre nous, je crois que les hommes ont peur de la concurrence. »

Il ne crut pas bon de préciser que la demoiselle en question n'était pas exactement humaine. En réalité il avait croisé très peu de Légendaires durant ses escapades à travers le monde, en comparaison de ceux qu'il connaissait désormais à Paris, mais ceux qu'il avait rencontrés étaient des spécimens à retenir. Olga, sa douce ogresse en mal d'affection, avait été la clé d'une soirée plutôt agitée à Singapour. À cette idée un éclat de rire s'échappa de la bouche percée du canidé.

« Croyez-moi, monsieur... Des gens que je connais, vous êtes des moins bizarres. Il n'y a pas de mal à être ce que vous êtes, si ? Je n'y vois personnellement pas de soucis, pas avec moi du moins. »

Il n'insisterait pas plus pour faire avouer son genre à la demoiselle, mais il ne mentirait pas sur ce qu'il savait. À quoi bon ? Elle était déjà au courant, et il n'aimait pas maintenir de fausses apparences. Peut-être pourrait-il la convaincre de maintenir un contact avec lui ? Elle était intéressante, et il aimait bien son répondant.

« D'ailleurs, savez-vous pourquoi les femmes n'ont pas le droit d'être médecin légiste, monsieur ? »

Il insistait sur les "monsieur" par espoir de leur dire adieu. Ne trouvant pas de place pour témoigner de son aversion pour son sobriquet ridicule dans leur conversation, il préférait montrer à quel point être appelé ainsi pouvait être déplaisant. Cela ne fonctionnerait sans doute pas, tant pis. Il était curieux, de toute manière, éprouvait du mal à bien comprendre pourquoi les femmes ne pouvaient guère faire ce qui leur chantait. Ashton n'était pas très bien renseigné sur le système judiciaire européen, en dépit de ses nombreux démêlés avec lui. À la Curia, tout le monde pouvait bien exercer le métier qui lui plaisait, tant qu'il était à même d'accomplir son devoir. Cela fonctionnait sans peine, aux dernières nouvelles. Un instant, le canidé se prit de compassion pour Axelle qui, étant humaine, ne connaîtrait jamais la société tel que lui-même, ainsi qu'une bonne partie des Légendaires, la concevait. Il vivait dans un monde où une femme pouvait sans soucis porter un homme pour faire des exercices de musculation, où une autre était en pleine mesure de tuer quiconque s'approchait d'elle avec deux doigts tout en tricotant des chaussettes. Ce monde là, toutefois, son interlocutrice ne le côtoierait pas. Il sourit :

« Ne pensez-vous pas que vous pourriez prouver au monde à quel point vous êtes à même d'exercer ce métier ? Plus que quiconque ? »

Ses mots prononcés, Ash songea que s'il se faisait gifler, il l'aurait cherché.

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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeLun 26 Oct - 16:02

Elle n’était pas sûre d’être le genre de personne qu’il pensait qu’elle était mais ce qu’il disait fît naître un léger sourire sur son visage. Il y avait bien longtemps qu’on ne lui avait pas dit ce genre de chose. Même ses frères étaient réservés sur son métier. Médecin, ils étaient pour … Médecin légiste, un peu moins. C’était leur côté hyper protecteur qui faisait cela, elle le savait mais à chaque fois, c’était la même chose, ils se chamaillaient comme des chiffonniers. Armand était plus calme, plus neutre et c’est lui qui arrêtait cette bataille de chiffonnier lorsque ce n’était pas Papa Roméan. Elle jeta un coup d’œil à Ashton sans bouger la tête et répondit :

« Je ne suis pas sûr que ce soit courageux. Intéressant oui. Comprendre comment est décédée une personne dans une affaire de crime peut être décisive pour trouver le meurtrier même si je ne reste que dans ma morgue. Cependant, vous parlez comme si la Mort ne vous concernait pas Monsieur Lyn or, comme tout le monde, un jour où l’autre vous mangerez les pissenlits par les racines. Les Hommes ont peur de la Mort car ils ne savent pas ce qu’il se cache derrière. Est-ce une fin en soi ? Un recommencement ? Une autre vie ? Personne ne sait réellement ce qu’il se cache derrière cela. »

Elle avait, en quelque sorte réaliser son rêve : devenir médecin même si c’était pour les Morts. Oui, elle aimerait un jour que l’on voit qui elle était réellement mais elle savait aussi que ce n’était pas possible et, de toute façon, pour le moment elle avait peur, elle était même terrifiée à l’idée qu’on sache qu’elle était une femme. C’est pourquoi, elle se referma comme une huître lorsqu’elle comprit qu’il savait. Comment il le savait ? Elle n’en avait pas la moindre idée et elle ne lui poserait pas la question car cela viendrait à avouer qu’elle est une femme et ça, il en était hors de question. Comme à son accoutumé, Axel lui dit de façon franche et directe :

« Non, vous ne seriez pas plus décent que cela. »

Axel pensait que la plupart des gens étaient nés bien trop tôt dans les siècles. Galilée, De Vinci et tous ces grands noms qui ont changé le regard du monde, ces grands noms qui ont été décriés, rejeté, poursuivi parce qu’ils étaient en avance sur leur temps … Tout ces grands noms qui avaient le courage de continuer … Elle ne serait jamais un grand nom. Elle se cachait derrière cette apparence masculine, se terrait dans son antre et se refermait sur elle-même dès qu’elle sentait que quelque chose n’allait pas. Ashton était comme ces personnes qui sont nés trop tôt ou qui étaient trop en avance sur leur temps mais lui, il restait digne et avançait la tête haute, se fichant pas mal de ce que les autres pouvaient penser. Il ne cachait pas qui il était, il le clamait par cette différence et, quelque part, Axel se sentait envieuse et jalouse de cette facilité à être lui-même, sans faux-semblant et sans fard.

Malgré la froideur dont elle l’avait gratifié, il continuait sur un sujet sensible voire tabou pour elle. Elle regardait le couloir comme si c’était la chose la plus intéressante du monde, refusant de regarder Ashton même si elle prêtait l’oreille à ce qu’il disait. Il appuyait sur le Monsieur mais elle ne relevait pas. Elle avait tellement l’habitude qu’on l’appelle ainsi que cela ne là dérangeait pas. Elle ne trouvait pas cela ridicule ni mal venu, c’était un mot comme un autre. Elle ne réagissait pas. Pas pour le moment. Un léger sourire sarcastique répondit à sa question puis, c’est la voix d’Axel qui compléta ce look.

« Ce n’est pas uniquement dans ce corps de métier. »

Elle fît des guillemets avec ses doigts, elle allait citer ce qu’elle avait déjà entendu et ne put réprimer une grimace avant de dire :

« Les femmes n’ont pas d’âme. Les femmes sont juste bonnes à faires des enfants et à les élever. Les femmes sont juste bonnes à être séduite et à attendre son mari dans son lit ou à être dans la cuisine. Les femmes n’ont pas le cerveau assez développé. Les femmes pleurent trop facilement »

Elle s’arrêta de parler tout comme elle arrêta de marcher et planta son regard dans celui d’Ashton :

« Vous avez raison Monsieur Lyn, les hommes ont peur de la concurrence. Leur égo leur interdit d’être battus par une femme et c’est pour cela qu’ils interdisent tellement de choses. La condition de femme n’a rien d’envieux. Il faut croire que les hommes n’auront jamais le courage de voir que les femmes risquent leurs vies pour donner à leur mari une descendance … »

Sa mère avait perdu la vie parce qu’elle l’avait mise au monde. Certes, elle était morte deux ans après sa naissance mais elle savait également que c’était parce qu’elle ne s’était jamais remise de ce dernier accouchement. Elle inspira profondément avant de soupirer :

« Nous avons peur de ce que nous ne pouvons combattre. »

C’était sa conclusion. Elle n’avait pas envie de s’étendre sur ce sujet. Si elle continuait, elle sentait qu’elle allait encore plus s’emporter et ce n’était pas bon. Pas bon du tout. Elle ferma un instant les yeux et, au moment où elle allait recommencé à marcher, il lui posa une question qui la figea. Ses poings se sont serrés plus que de raison et la tension se fît voir dans le moindre muscle de son corps. C’était ce genre de question qui lui rappelait le plus sa condition de femme, sa condition de pauvre personne couarde qui se cache. C’était ce genre de question qui la faisait exploser parce que c’était une véritable gifle, un poignard en plein cœur à chaque fois. C’était la réalisation du fait qu’elle n’était pas assez forte pour être ce qu’elle était réellement. Elle se détourna de regard d’Ashton et prit le temps de se calmer. Sans même le regarder, elle dit alors :

« Vous allez bientôt arriver à l’accueil du commissariat. Au revoir Monsieur Lyn »

Le trouble qu’elle ressentait était perceptible, elle ne savait pas comment faire pour le cacher. Elle ne savait pas comment cet homme faisait pour mettre le doigt là où ça faisait le plus mal. Elle voulait retrouver cet endroit où elle se sentait en sécurité, elle voulait retourner se cacher. Encore. C’était pathétique. Elle fît demi-tour et commença à marcher en sens inverse. Elle avait envie de se taper la tête contre un mur … Si ça ce n’était pas un aveu -l’aveu qu’elle était une dame-. C’était ridicule et pathétique. Elle qui avait tout fait pour maintenir cette image d’un homme bizarre mais honnête, Ashton venait de tout remettre en question …

Ou pas … Axel resterait Axel. Elle n’avait pas le choix.
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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeDim 1 Nov - 17:55

« Cependant, vous parlez comme si la Mort ne vous concernait pas Monsieur Lyn or, comme tout le monde, un jour où l’autre vous mangerez les pissenlits par les racines. »

La question se posait aisément, en effet. Ashton avait vingt-cinq ans, vingt-cinq courtes années d'une existence qui, s'il en croyait les opinions du Monde, jamais ne prendrait fin. Le jeune homme peinait à saisir l'idée. C'était un si grand mot, « éternité », un terme tout simple pour un concept qui dépassait l'entendement. Lui-même doutait de sa pérennité lorsqu'il prenait en compte son talent inné pour brûler sa vie par les deux bouts. Par plusieurs fois déjà il avait salué la Mort. Il n'était pas immortel, seulement hermétique au Temps, supposait-il. Impossible cependant d'avouer pareille idée à son interlocutrice : c'eut été illégal et fort malvenu de sa part. Il poursuivit donc la conversation sans aucun regard pour cette remarque, la plus pertinente pourtant, songeant qu'il y avait une ironie certaine dans l'argumentation qu'il offrait à sa compagne. Au fond tous deux n'étaient pas si différents : contraints chacun de dissimuler une partie de son identité pour ne pas compromettre son existence toute entière.

Alors, Ashton se demanda. À la place d'Axel, eut-il vu un inconnu venu tout frais lui voler son secret, qu'eut-il fait ? Comme elle, eut-il cherché à nier, à détourner la discussion sur un tout autre sujet, à sous-entendre qu'il savait les connaissances de son interlocuteur mais les dénigrant tout de même ? Le jeune homme, à vrai dire, n'était pas certain de sa réponse. Il eut sans doute été vaniteux de sa part d'en prétendre autrement, prenant en compte sa propre imprévisibilité. Et puis ce n'était pas très important. Le centre de son attention était présentement Axelle, qui le surprenait encore et encore, le rendait de plus en plus confus et le perdait dans une profusion de pensées qui s'envolaient sans qu'on pût les contrôler. Malgré l'armure apparente de la demoiselle, sa prétendue virilité et sa manière d'onduler entre ses remarques, celle-ci semblait s'impliquer avec virulence dans les tendances sexistes des sociétés. C'était curieux, charmant aussi, et Ash se trouva à s'interroger de nouveau sur les capacités de son interlocutrice à changer les mœurs. Il lui était en effet bien difficile d'imaginer la scientifique, si à l'aise dans son rôle, se soumettre toute sa vie durant à des codes sociétaux qu'on prétendait lui imposer. Ridicule, vraiment.

« Ne pensez-vous pas qu'il serait possible d'imposer cette vérité aux homme qui la réfutent ? J'ai connu il y a bien longtemps une femme qui eut battu quiconque au poker. Hahaha, vous auriez vu la tête des marins qui jouaient contre elle ! »

Il tourna vers elle un sourire ravi :

« Les femmes sont fortes. »

Dans chacun des mots se palpait une conviction immuable. Ashton aimait le beau sexe, pas seulement pour le conquérir, mais pour chacun des détails subtiles qui dévoraient perpétuellement le cœur des hommes, pour leurs caractères toujours uniques et pour leurs regards si expressifs qui se teintaient tantôt de séduction, tantôt de candeur ou d'amusement. Il pensa à Élise, qu'on cherchait toujours à canaliser sans jamais y parvenir. Lorsque du bout des lèvres s'échappa la question qui avait brûlé sa langue, la réponse fut sans appel :

« Vous allez bientôt arriver à l’accueil du commissariat. Au revoir Monsieur Lyn »

Elle fuyait. Son regard, sa stature, ses mots... Elle se tendait, se crispait, se mouvait comme un arc saisi d'une folle pression. Le canidé n'avait pourtant pas trouvé sa question si choquante, si mesquine ou si gênante. Certes, il comprenait que ses notions de limites étaient biaisées, mais à ce point... Cela semblait fou. Peut-être l'était-il, au fond. Car s'il s'était attendu à la voir se vexer profondément de son effronterie, il n'avait guère anticipé son soudain demi-tour, comme ayant clôturé la conversation. Il se tourna à son tour.

« Attendez, s'il vous plaît ! »

Quelques pas, il saisissait le fin poignet dans sa large main, caressant l'espoir de ne pas se voir adresser ni soufflet ni réprimande supplémentaire. Une fois la jeune femme arrêtée dans sa course, il lâcha la peau qu'il sentait défendue et lui adressa un sourire confus :

« Veuillez m'excuser si je vous ai contrariée, ce n'était pas mon but. Je suis curieux de votre situation... Mais j'en conviens, il faudrait que j'apprenne à me contenir. C'est du moins ce qu'on me dit souvent. »

Il pencha la tête sur le côté, son regard brun perdu sans celui, si bleu, de son interlocutrice. Son expression, toujours affable, toujours suggestive, il se pressa légèrement contre elle :

« Je pense que beaucoup gagneraient à vous connaître sincèrement, vous savez ? Il n'y a selon moi aucune honte à avoir... Je ne vous veux aucun mal. »

Il s'éloigna d'un pas, regagnant ainsi une distance plus convenable. Son visage empli d'émotions pétillantes qui ne demandaient qu'à se transmettre, il crut bon d'argumenter :

« Vous l'avez dit vous-même, tout le monde meurt un jour. J'aimerais profiter de ma vie pleinement, et apprendre des personnes qui m'intéressent sincèrement. Peut-on m'en vouloir ? Sans doute. Mais je ne changerais rien à mon comportement, m'en donnerait-on l'occasion. Je veux vous connaître, pas pour vous persécuter, ni parce que votre situation m'emplit d'émoi, mais parce que vous me semblez être un individu d'exception. »

Les yeux clairs, francs, lumineux de ce genre inhumain qui envoûtait les mortels, répondaient aux émotions de la jeune femme par l'honnêteté qu'ils dégageaient. Ashton ne se cachait pas, et si ses paroles pouvaient être perçues comme bien trop intimes, il ne s'en rendait compte ni ne s'en inquiétait. Ce qu'il songeait, il le disait, c'était aussi simple que ça. Et que ce soit Axel ou Axelle, son interlocutrice le rendait curieux, pétillant et trop énergique pour qu'il acceptât de s'en séparer sans promesse d'avenir.

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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeMar 17 Nov - 16:34

Elle éclata de rire. Un rire franc mais aussi rempli de nervosité, celle qui la rongeait depuis qu’il avait découvert son secret de façon assez mystérieuse. Ce rire qui voulait tout dire sur ce qu’elle pensait de ce qu’il venait de dire. Ce n’était pas un rire moqueur cependant. Elle le regarda après s’être calmé et dit doucement :

« Seule ? Impossible et vous le savez tout autant que moi n’est-ce pas Monsieur Lyn ? »

Elle reprit son chemin mais son éclat de rire sembla bien loin lorsqu’il lui rappela qu’elle n’était qu’une dame. Enfin, c’était comme ça qu’elle l’interprétait alors que ce n’était probablement pas du tout ce qu’il voulait dire. Ashton avait dit que les femmes étaient fortes mais elle en doutait en se voyant elle-même. Si elle avait été forte, elle n’aurait jamais changé à cause des étudiants qui l’avaient bousculé durant sa première année d’université. Elle n’aurait pas fait du mal à ses frères, à son père et à la mémoire de sa mère en « changeant de sexe ». D’autres femmes l’étaient bien plus qu’elle et elle les admirait vraiment pour cela. Elle ne se sentait pas le courage d’être comme elles. Elle n’était qu’une simple personne qui aimait la médecine plus que tout au monde –ou presque- et qui voulait en vivre tout simplement. Une personne indépendante en quelque sorte.

Elle se détourna rapidement, cherchant à fuir les mots de cet homme qui la remplissait d’émoi et qui la faisait trembler. Fuir. Encore une fois. Elle s’en allait mais bien trop vite, il la rattrapa et emprisonna son poignet dans sa main. Elle ne tenta pas de l’enlever ni ne lui donna de gifle. Il y avait pire comme contact physique après tout. Les yeux qu’elle voyait étaient d’une franchise à toute épreuve, elle avait du mal à croire qu’il puisse exister une telle personne sur terre. Elle l’écouta sans broncher, se raidit un peu lorsqu’elle sentit le corps d’Aston tout contre le sien. Elle n’avait pas l’habitude de ce genre de contact. Quand quelqu’un la prenait contre lui, c’était parce que c’était une personne de sa famille : un frère ou son père en particulier. Elle inspira profondément avant de soupirer. Elle devait se détendre sinon, sa couverture serait rapidement découverte. Elle posa son regard azur dans le sien et dit :

« Vous êtes un drôle de bonhomme Monsieur Lyn. Vous semblez être en avance sur notre temps et vos convictions sont bien loin de la réalité. Vous contenir ? Ce serait une bonne idée effectivement mais je crains que cela vous soit impossible, n’est-il pas ? Vous voulez me connaître … Vous avez vu une grande partie de ce que je suis, je ne suis pas aussi exceptionnel que vous semblez le penser. Je suis juste un médecin légiste qui travaille dans un commissariat. Et de toute façon, qu’est-ce qui vous fait dire que je suis « un individu d’exception » ? »

C’est vrai, elle ne comprenait pas ce qu’il lui trouvait de particulier et elle était curieuse de le savoir. Elle haussa les épaules et se positionna contre un mur, croisant les bras. Elle l’observa un long moment avant de reprendre :

« Je suppose que cela signifie que vous souhaitez me revoir ? »

Bravo Axel, tu ferais un très bon flic … ou pas d’ailleurs. Malgré le fait qu’Ashton lui semblait d’une franchise à toute épreuve, elle restait encore sur la défensive et réservée, prudence est mère de sureté.
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MessageSujet: Re: “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel]   “Chaque rencontre est une incarcération.” [ft Axel] I_icon_minitimeMer 18 Nov - 16:37

Lorsque les sons mélodieux d'un rire s'envolèrent dans l'espace plein de néant du couloir, Ashton pencha la tête sur le côté. L'esprit rempli de brume, incapable qu'il était de comprendre les raisons de pareille hilarité, il se trouva fixant le visage illuminé de sa compagne. Axel se laissait aller à une forme de jovialité qui lui échappait. Car si sa sincérité était indéniable, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de constater dans ce qu'il percevait comme l'ombre d'un sentiment néfaste. Il peinait à comprendre. Haussant un sourcil, il observa plus intensément encore les mouvements spasmodiques des minces épaules, désireux d'y découvrir la réponse à sa principale question : pourquoi ?

« Seule ? Impossible et vous le savez tout autant que moi n’est-ce pas Monsieur Lyn ? »

La question le prit de cours, lui qui d'ordinaire n'était jamais surpris. Savait-il ? Ash n'en était pas convaincu, bien au contraire, et la certitude qu'il lisait dans les yeux de sa compagne le déroutait. Comment pouvait-on le croire rationnel, lui qui passait visiblement sa vie hors des mœurs ? Un éclair d'amusement le traversa, se transformant alors en un éclat de rire passager et volatile. Soudain habité d'une confusion joyeuse, il haussa des épaules, laissa son regard pétillant se poser sur celui de son interlocutrice.

« Êtes-vous vraiment seule ? Pouvez-vous honnêtement me déclarer que personne dans votre entourage ne vous soutient ? Et si par malheur tel est le cas, alors n'importe qui fera l'affaire, non ? Vous trouverez quelqu'un pour être à vos côtés M. Roméan, croyez-moi. Il y a toujours quelqu'un, même pour les sots dans mon genre. »

Un sourire de défi trouva sa place sur ses traits, éclairant sa face blême d'une impression séductrice. Ashton se pencha légèrement vers Axel, un frétillement malin se reflétant dans ses yeux bruns :

« Si vous aviez vu la moitié de ce que j'ai vécu, le mot ''impossible'' ne signifierait rien pour vous. »

Rien n'eut pu être plus vrai que ces paroles-là, que ces quelques mots jetés à la face d'une humaine bien trop pessimiste pour observer l'extraordinaire miracle qu'était son monde tout entier. La notion de présupposé n'avait jamais rien voulu dire pour le canidé, et on n'avait jamais pris le soin de la lui apprendre. Sans doute était-ce inutile, de toute manière. Lui-même était un fils de l'impensable, l'une de ces prétendues erreurs de la Nature, de ces sortes de choses, de ces riens et de ces tout qu'on n'imaginait jamais tant qu'ils n'étaient pas arrivés. Dès lors, comment croire ce mot traître et faible ? La seule impossibilité qu'il eut pu imaginer était l'existence même d'une impossibilité. Les Légendaires en étaient la preuve formelle, inscrite au fer rouge dans l'immensité de cet univers qu'il chérissait tant. Rien n'était hors de portée tant qu'on ne le considérait pas comme tel, du moins était-ce ce qu'il pensait.

Elle fuit, il la poursuivit. Elle partit, il la rattrapa. Trop acharné, trop insistant, trop accroché à ses sentiments pour apprendre à lâcher prise, Ashton se permettait l'irrespect en vertu de sa curiosité, l'impulsivité en faveur de son attrait. Dans ses paroles, Axel était raisonnée. Peu importe qu'il le voulût ou non, il ne changerait plus. Il évoluerait, encore et encore, le poids des années forgerait ses pensées, mais jamais une intervention extérieure ne pourrait façonner son comportement. Il était hors du temps, hors des gens, hors des mœurs. Ashton Lyn, et personne d'autre. Alors il rit, rit puisque l'amusement était une affaire de commodité, que son plaisir n'était pas foulé au pied par la vérité de sa compagne.

« Vous avez raison, je suppose. On ne me changera pas. Je ne me changerai pas, en tout cas ! »

La voix de velours prenait des intonations pleines d'une jovialité malvenue dont il n'avait pas conscience. Et puis il y avait cette part de lui, presque figée depuis sa rencontre avec la jeune scientifique, qui demeurait perpétuellement dans le flou, perdue dans les méandres de codes et de doctrines si éloignées de lui qu'il ne parvenait pas à les comprendre. Axel ne voyait-elle donc pas ce qu'elle avait d'exceptionnel ? Ne percevait-elle pas tout ce qui la rendait unique aux yeux de tous, aux siens plus encore ? Oh, mais c'était là un fait auquel il ne pouvait que remédier...

« Allons, ne comprenez-vous vraiment pas ? C'est pourtant très simple. Je ne pense pas que les gens se limitent à leur travail et à leur attitude, vous savez, et je pense que c'est particulièrement vrai pour vous. Alors oui, je suis intéressé, un peu captivé sans doute, parce que je trouve votre tour de force envers la vie et la société admirable. Vous êtes un individu d'exception parce que vous vous appelez Axel Roméan et que vous travaillez dans un commissariat, à Paris, et pas ailleurs, que personne ne pourrait vous remplacer, et que personne sans doute n'aurait réagit de telle manière à l'arrivée d'un grand bonhomme tatoué aux allures de voyous dans sa morgue. »

Pour la première fois depuis le début de la conversation, il se sentait sincèrement discuter avec son interlocutrice. Paradoxal, sans doute, lorsqu'on prenait en compte le temps depuis lequel les deux jeunes gens échangeaient. Il semblait pourtant au canidé que quelque chose avait changé dans le comportement du médecin légiste à son égard, comme une sorte d'ouverture, si mince mais bien réelle, une brèche dans laquelle s'engouffrer. Ashton était ravi. D'autant plus ravi, d'ailleurs, qu'Axel ne l'évitait plus.

« Je suppose que cela signifie que vous souhaitez me revoir ? »

Oui.
La réponse était simple, facile, évidente, bien trop pour qu'il prît plaisir à la prononcer. Un profond désir d'aventure faisait palpiter ses membres. A la déclaration, il préférait la suggestion. Alors le jeune homme pencha la tête sur le côté et, dans un sourire ravageur, préféra rétorquer:

« Je suppose que cela signifie que vous accepteriez... »

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