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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 [Évent] Paris fête la musique ! [1889]

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Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

Messages : 2449
Date d'inscription : 21/12/2010

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MessageSujet: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeDim 21 Juin - 19:52

Ce fut dans un soupir las qu'Edward se laissa tomber sur l'une des chaises installées à l'ombre des parasols. Il profitait d'un moment de répit pour reposer ses jambes que le piétinement incessant débuté tôt ce matin avait rendu lourdes. Remontant les manches de sa chemise, il défit légèrement sa cravate afin de profiter de la bise légère qui rendait plus supportable ce soleil de plomb. On ne lui accorda pourtant pas la grâce d'un repos bien mérité. Il n'avait pas fermé les yeux que la voix aiguë à l'accent « so british » de la comtesse Brown le tira de sa torpeur :
Mister White ? Où pensez vous qu'il est plus judicieux de mettre ces « young mens » merveilleusement déguisés ?
Ce sont des costumes traditionnels… Madame, précisa l'un des présents qui ne semblait pas souffrir de la chaleur malgré l'épais kimono qui le couvrait de la tête au pied.

L'aristocrate battit des cils, un sourire poli mais hautain étirant ses lèvres. Edward ne s'en formalisa pas, habitué à ce genre de réaction détestable, et avisa la troupe de musiciens aux traits souvent asiatiques. Ils dénotaient clairement dans le paysage du Champs de Mars. Leurs silhouettes, enveloppées de tissus, semblaient s'être égarées depuis un autre espace temps tant elles se découpaient nettement sur la structure dentelée de la tour à laquelle ils tournaient le dos. Le patron du Lost Paradise se leva rapidement de sa chaise, non sans regrets, et vint serrer la main de celui qui semblait coordonner ce petit groupe, demandant :
Musique traditionnelle japonaise je présume ?
Du bugaku, pour être exact.
Bien, alors vous devriez trouver votre bonheur près du quatuor de flûtistes allemands. Venez c'est par ici.

En ce chaud dimanche de juin, sous un soleil qui avait dépassé son zenith depuis presque une heure, Edward jouait les guides et les organisateurs associés de la « fête de la musique ». Si habituellement, il se tenait loin de ce genre d'évènements douteux, un malheureux quiproquo, ou plutôt la sournoiserie du groupe de ladies à l'origine des festivités, l'avait conduit à ce poste. Il avait la l'importante tâche de placer les participants venus gracieusement jouer pour l'occasion, en plus de veiller à ce que chacun soit bien installé. Bien sûr, il n'était pas seul à veiller au grain et le personnel de ces dames était beaucoup plus à plaindre que lui.
Ses employés ne travaillant pas le jour du seigneur, il n'avait trouvé aucune excuse pour y échapper et, prit en tenaille par ce comité du beau sexe, il avait fini par accepter de jouer les « conseillers », ce qui avait rapidement tourné au lègue systématique des nouveaux arrivants.

Le concept n'était pourtant pas mauvais. L'immensité du Champs de Mars permettant à chacun de jouer sans gêner l'autre, rassemblant dans un même espace, chanteurs et musiciens de tout bords. La décoration, très sommaire, n'avait rien d'attractif, mais les mélodies variées suffisaient à séduire les visiteurs, autant que l'abondant affichage fait en amont de l'évènement. La meilleure idée était sans nul doute d'avoir mis des instruments à disposition du public. Sous la Tour Eiffel, pianos, violons, contrebasses et cuivres de toutes sortes n'attendaient que d'être testés par les badauds sous le regard de professeurs, qui s'essayaient tantôt à des concerts improvisés. C'était assurément ce qui plaisait le plus à Edward, ça et le stand de crèmes glacées.

Tout juste débarrassé du groupe asiatique, les oreilles encore bourdonnantes de la répétition cacophonique qu'on venait de lui faire subir, il accueillit avec plaisir un bref rayon de soleil :

Tu survis ? Interrogea Andréa en lui tendant une petite coupe de crème glacée.
Tu viens de prolonger mon existence de quelques heures, répliqua Edward qui remercia son neveu pour la fraicheur de ce présent.

Cela fit sourire le jeune homme venu profiter de l'évènement en simple amateur, il n'avait d'ailleurs pas emmené son instrument. L'aîné observa son neveu sans mot dire, s'amusant de le voir fixer avec tant d'attention un violoniste expérimenté qui nettoyait son instrument un peu plus loin. Comblé, une partie de sa glace disparue dans une première bouchée, la seconde suivit mais n'arriva jamais à destination.
Une mélopée inattendue, aussi grinçante que soudaine, le fit violemment sursauter. Ses dents se refermèrent sur le goût désagréable de sa cuillère en bois et il constata avec dépit qu'il venait de donner la moitié de son bien en offrande au sol sableux du Champs de Mars. Le même son résonna encore, détestable, hérissant chaque poil de sa peau.



Il se tourna brusquement, à la recherche des gêneurs restant un moment circonspect lorsqu'il contempla le quintette en costumes excentriques qui se déhanchait de façon profondément risible au rythme de leurs cuivres. Edward fulmina entre ses dents :
– Ils ne se sentent pas bien ou quoi ?

Il les rejoignit en quelques pas, bien décidé à les exiler au fin fond du Champs de Mars, le plus loin possible de ses oreilles. Inspirant profondément et dans un calme qui n'était qu'apparent, il interpela de sa voix puissante :
Messieurs !
Twut Twut !
Messieurs !
Twut Twut !
Excusez moi !
Twut Twut Twut Twut Twuuut !

Sa patience s'effrita aussi facilement qu'une faïence séculaire, et il aurait certainement étrangler le trompettiste avec son instrument si des applaudissements et une voix familière n'avaient pas retenu son geste.
Darling ! God, you're so amazing. N'est-ce pas qu'il est « amazing » Mister White ? Demanda la comtesse.
C'est votre…
Mon époux et une « exceptional musician » ! Une autre, une autre !

La musique reprit en même temps que la danse tout à fait discutable des artistes. Heureusement pour Edward, car le son couvrit un juron intraduisible, en plus du destin qu'il aurait bien réservé au quintette. Et mieux valait-il ne pas savoir où il menaçait de mettre la trompette. La poigne d'Andréa sur sa manche le tira de sa torpeur, et ce ne fut pas sans joie qu'il l'entendit prononcer :

Une petite promenade ? Elle ne remarquera même pas ton absence, son mari est trop « eumézingue ».

L'accent affreux de son neveux fit rire Edward, et ce fut à pas de loups que tous deux s'éloignèrent alors que quatorze heures sonnaient à l'école militaire au bout de l'étendue musicale.



Quand la musique est bonne ~


Paris innove et en ce chaud mois de juin, met en place une fête qui célèbre  les gammes qu'elles soient classiques ou fantaisistes. Musiciens et chanteurs prennent place sur le vaste Champs de Mars, pour une journée riche en sonorités.

Au menu, des mélodies entêtantes qui ne vous seront pas étrangères, mais réussirez-vous à les reconnaître ?


Cet évent s'étalera sur deux manches, dont la première durera entre une et deux semaines en fonction de la participation. Vous pouvez, tout du long, poster autant de fois que vous le voulez, sans ordre précis.

  • Ces postes ne seront pas du Hors RP, ils rejoignent une aventure parisienne que votre personnage aurait pu vivre. Ils compteront donc comme n’importe quel RP durant lequel vous pouvez retrouver des connaissances ou vous en faire de nouvelles. Nous sommes bel et bien en 1890.

  • L'événement est organisé sur le Champs de Mars, où l'exposition universelle de l'année précédente a été en partie démontée. Nous sommes dans l'après-midi, il fait beau et chaud sur la grande place ! Vous pouvez vous y rendre en tant que visiteur, ou comme musicien, c'est selon votre choix.

  • Fête de la musique oblige, les postes se transformeront en mini blind-test ! À vous de sélectionner une musique, sans parole, que vous glisserez dans votre poste pour la faire deviner aux autres rôlistes.

  • Vous êtes libres d'intégrer ou non le morceau à votre RP et d'en faire une partie intégrante du récit, ou simplement de l'insérer en début ou fin de votre texte. La seule condition étant qu'il doit être connu par le plus grand nombre afin de ne pas bloquer l'évent (pensez aux générations jeunes et moins jeunes). Pensez aussi à disséminer quelques indices à son sujet dans votre RP pour aider les participants !

  • Concernant les réponses, vous intégrerez dans le corps du texte, le titre du morceau présent dans le poste précédent, de manière à ce qu'il se glisse, l'air de rien, dans votre aventure ! La traduction française est autorisée pour les titres anglophones, par exemple : « The eyes of the tiger », donnera « Les yeux du tigre ». Ce ne sera pas toujours facile, mais nous sommes certains que vous rivaliserez d'ingéniosité pour réussir des exploits. D'ailleurs, vous êtes invités à mettre en avant le titre du morceau en le soulignant par exemple, pour prouver votre succès.

  • Afin de faciliter l'insertion des musiques, voici en spoiler, quelques  explications sur la manière d'intégrer des vidéos YouTube. On mise sur votre bonne foi et sur le fait que vous jouerez le jeu, alors pas de triche s'il vous plaît /o/
    Insérer une vidéo YouTube:


Vous posterez à la suite ce message, sans ordre particulier et vous avez jusqu'au lundi 29 juin (sous réserve de modifications) pour participer à ce quizz collectif.

Comme toujours, n'hésitez pas à contacter le staff s'il reste une zone d'ombre, on vous répondra au plus vite !

Musique Maestro !


Dernière édition par Edward White le Sam 20 Fév - 11:55, édité 2 fois
https://lostparadise.forumgratuit.org
Layth Aeterna
♦ Prince du désert | Maître du temps ♦
Layth Aeterna

Messages : 111
Date d'inscription : 18/03/2015

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMar 23 Juin - 18:14

S’il y avait une chose pour rendre un djinn maussade, c’était bien l’ennui. Les rues de Paris semblaient cruellement vides. À vrai dire, à part un couple de vieillards assis sur la terrasse d’un café à jouer aux échecs, on aurait pu entendre une mouche voler. Que se passait-il avec cette ville aujourd’hui ? Le pas traînant, Layth tira sur l’une des nombreuses chaises libres dans un désagréable raclement de fer contre le pavé et s’y affala, ignorant le regard des deux barbus trois mètres plus loin. Las de sa propre torpeur il poussa un profond soupir concordant avec l’arrivée du serveur.

-Bonjour monsieur. Que désirez-vous aujourd’hui ?
-Une distraction.
-Hum…

Visiblement il n’en avait pas en stock.

-Pourquoi vous n’allez pas à Champs de Mars ?

Sans comprendre le djinn lui décocha un air interrogateur auquel l’employé répondit – non sans perplexité de l’ignorance de son vis-à-vis – qu’il s’y tenait un rassemblement en l’honneur de fête de la musique.

-Tout le monde est là-bas depuis ce matin.

Trahison ! On l’avait délibérément tenu dans l’ignorance, il en était persuadé. Qu’à cela ne tienne, il allait leur montrer le véritable sens du mot « s’amuser », et puisqu’on tint à le mettre à l’écart de l’événement il y mettrait les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Se levant d’un bond la table il remercia le serveur et s’élança en vitesse au bout de la rue et bifurqua dans une allée déserte où il perdit subitement une bonne cinquantaine de centimètres. Flottant dans des vêtements trop grands pour lui Layth partit à la recherche d’une tenue d’enfant qu’il ne trouva pas, l’obligeant à repasser par le cabaret pour en dénicher une. Vêtu correctement il ajouta un béret à son déguisement, l’enfonçant sur sa tête rousse sans se donner la peine de mettre de l’ordre dans les boucles dépassant du couvre-chef.



Arrivé sur les lieux l’animation marchait bon train. On trouvait des musiciens de tous âges, de tous les côtés. Certes Layth aimait la musique, mais plus encore il adorait manger. Sans doute parce qu’il n’en avait pas besoin. Les gens – créatures surnaturelles comprises – paraissent souvent trouver de l’intérêt pour une tonne de choses à l’utilité discutable. Certains aristocrates payaient une fortune pour un tableau. C’était sans compter les collectionneurs, et pas que chez les riches, il existait des individus pour amasser de tout. Le djinn, lui, se régalait de cumuler les repas sans ressentir la faim, et sur sa gauche se trouvait la réponse à ses prières. En-dessous d’une large banderole multicolore, une jeune femme en bleu vendait de la crème glacée. Comptant bien s’en faire offrir une coupe du haut de ses trois pommes, Layth scruta les passants une bonne minute avant de jeter son dévolu sur une élégante dame promenant son chien. Misant sur cette dernière il prépara une rapide mise en scène et se débrouilla pour trébucher à ses pieds pendant qu’elle regardait un groupe de musiciens. Le labrador freina sec devant le garçonnet qu’il dévisagea, attirant l’attention de sa maîtresse par la même occasion. L’air de celle-ci se renfrogna à sa vue, le chassant d’un geste dédaigneux de sa main gantée.

-Ouste enfin, ne reste pas sur le chemin.

Quelle vieille sorcière ! Layth changea de stratégie et fondit en larmes. À son étonnement ce fut la demoiselle à la robe bleue qui abandonna son poste pour lui porter secours.

-Mon pauvre petit… Tu t’es fait mal ?

Les pleurs cessèrent et il se remit sur pieds grâce à son aide. Elle lui prit doucement la main et lui offrit une coupe glacée pour le calmer, avec une boule en plus s’il lui offrait un sourire. Aussitôt dit aussitôt fait, Layth tendit les bras pour recevoir sa récompense qu’il dégusta sur le banc juste à côté. La fraîcheur de la collation lui rendait sa bonne humeur. Il se sentait bien, revigoré, d’attaque pour un peu de musique.


Dernière édition par Layth Aeterna le Mar 23 Juin - 19:59, édité 1 fois
Ashton Lyn
☽-I am the Captain of my Pain-☾
Ashton Lyn

Messages : 356
Date d'inscription : 15/03/2015
Localisation : Le Lost, un vieux bar défraîchi...

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMar 23 Juin - 19:04

« Bon sang... »
Ashton se défit promptement de sa blouse en arrivant chez lui, fatigué déjà de la chaleur moite des grandes villes. Il avait vécu bien des étés, mais les parisiens figuraient encore parmi les pires, principalement à cause de la moiteur suffocante qui planait alors sur les esplanades. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux ébènes avant de les rattacher, désireux de s'en délester le plus possible. Il les couperait, un jour, ne serait-ce que pour ne plus s'encombrer des mèches folles qui bouclaient parfois contre son visage. Pour l'heure, il avait autre chose à faire. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres pleines à l'idée de ce qui l'attendait au Champ de Mars et il s'empressa de se préparer. Il enfila un maillot ample qui dévoilait la naissance de ses côtes de manière à laisser l'air passer et, après une courte hésitation, se glissa dans un sarouel, une petite merveille tout juste importée en France d'Algérie, si légère qu'elle lui en donnait l'impression de ne rien porter du tout. Il desserra le ruban qui tenait ses cheveux et s'avança à pas souples vers le dehors, chaussant ses mocassins au passage. En sortant, il eut un bref regard pour sa blouse, se demandant notamment si sa tenue serait bien accueillie par la police parisienne qui se montrait ô combien compréhensive avec lui depuis son arrivée. Il décida promptement que la chaleur actuelle n'eut su tolérer que l'on se balade en manches longues, et il ferma la porte derrière lui sans se départir de son sourire.

Le Champ de Mars était, comme prévu, empli d'une effervescence à nul autre pareil. Partout, il y avait des stands, de la décoration. Ça et là, musiciens et passants s'activaient dans un fourmillement jouissif, formant à eux tous une formidable synesthésie entre couleur et musique. Ashton sourit de plus belle et, ne craignant ni la chaleur ni les regards choqués des promeneurs les plus prudes, il s'avança dans la foule. Ses yeux noisettes fendirent la place à la recherche de visages connus. Lorsqu'il aperçut, au pied de la Tour Eiffel, une crinière brune bien connue, il pressa le pas.

« Gildas, old boy, ça faisait un moment ! »

Le vendeur de barbes à papa se retourna, surpris sans doute par le bras qui s'était enroulé autour de ses épaules, puis laissa un large sourire s'épanouir sur son visage émacié. Il épongea quelques perles de sueur du revers de sa manche avant de lui tendre la main:

« Ashton Lyn, quelle surprise ! Alors, qu'en penses-tu ? Belle journée n'est-ce pas ? »

L'intéressé éclata d'un rire franc en serrant la main tendue, désignant sa tenue d'un ample geste. L'homme, qui ne sembla que moyennement surpris des goûts pour le moins singuliers du canidé, haussa un sourcil amusé à son adresse.

« Chaude, répondit donc Ashton, très chaude. »

Puis il rajouta avec un clin d'oeil: « Mais pas dans le sens torride du terme.  »
« En manque d'affection, petit ? », répliqua vivement le vendeur.
« Parle pour toi, mon vieux ! »

Les deux compagnons engagèrent alors une drôle de discussion, chacun jouant à gentiment taquiner l'autre avec les éléments qu'il trouvait. Les enfants ne cessaient pourtant d'affluer au stand, forçant Gildas à préparer confiserie après confiserie, jusqu'à ce qu'Ashton en quémande une à son tour. L'homme sourit, désabusé, et secoua de la tête.

« C'est pour les gosses. Tu as suffisamment fait remarquer que tu es grand, mon gars, alors c'est un non. »

Le canidé éclata de rire sans pour autant céder, désireux de goûter à cette masse filandreuse rosée qui plaisait tant aux plus jeunes. Son regard pétillait de malice alors que, accompagné par la musique alentour, il insistait de plus en plus lourdement pour en obtenir, faisant des yeux doux à sa vieille connaissance pour arriver à ses fins. Exaspéré sans doute par un tel comportement, le vendeur finit par désigner un groupe de musiciens à une centaine de mètres, un sourire aux lèvres:

« Tiens, toi qui voulait passer une journée torride, va là-bas. Leur musique est drôlement sensuelle, et ils ont quelques danseuses il me semble. Elles seront à ton goût, je suppose. »

Croquant dans sa barbe à papa, Ashton adressa un visage charmeur à son interlocuteur:

« Toutes les femmes sont à mon goût, old boy. Elles sont toutes belles, toutes différentes, fantastiques et intéressantes, n'est-ce pas ? »
« File donc, Ash ! », rit le marchand.

Ce qu'il fit sans peine, sourire aux lèvres et curiosité au cœur. Ses pas étaient longs et élancés même au travers de la foule compacte et fourmillante, habités par l'expérience des grandes villes. À mesure qu'il avançait, les silhouettes du public se dessinèrent plus précisément sur l'esplanade et, plus en évidence encore, celles des danseuses en partie dénudées qui semblaient venir tout droit d'un cabaret. Ondulant entre les passants, il finit par se retrouver au pied de la scène improvisée alors même que les musiciens entamaient un nouveau morceau à la mélodie diablement sensuelle.


Un déhanché osé anima le corps des danseuses, pour le plus grand bonheur des hommes présents dans la foule. Il sourit et, se laissant emporter par la musique entraînante, se prit bientôt à se mouvoir voluptueusement sur le rythme accrocheur. Sa confiserie termina sa course dans les bras d'un gamin des rues, trop heureux de recevoir un cadeau par une si belle journée. Repérant une jeune femme au regard brûlant, il s'en approcha et saisit ses doigts graciles entre les siens pour les porter à ses lèvres.

« M'accorderez vous cette danse ? », demanda-t-il d'une voix sensuelle.

Elle eut le culot de sourire, et cela lui plut infiniment :
« Que ferez-vous si j'accepte ? »

Conscient de s'apprêter à dévoiler quelques mots des plus mièvres, il éclata d'un rire doux et joua avec leurs mains liées. Son regard planté dans celui de la demoiselle, il murmura:

« Si c'est pour vous señora, j'irai bien où vous irez. N'importe où, même si cela doit être un rêve, quelque part au delà d'un arc-en-ciel, c'est dire. »
« Vraiment ? »
« Vous ne le saurez que si vous dansez, ma chère... »

Elle éclata de rire et s'offrit à lui pour les quelques instants de la musique. Souriant, toujours, plus mystérieux et charnel que jamais, il l'amena contre lui et entama quelques pas des danses qu'il avait apprises au cours de ses voyages. Le temps d'une chanson ou peut-être plus, il ferait voyager cette femme dans un monde de sensualité.
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMar 23 Juin - 21:59

Autant vous dire que Rita s’attendait à bien autre chose, lorsqu’on lui avait dit qu’une fête en l’honneur de la musique allait avoir lieu. Ombrelle à la main, elle se promenait lentement dans le parc chargé de monde, de gentes dames en robes d’été et de beaux damoiseaux en veste légères, le tout entouré de stands tous plus abjectement pastels les uns que les autres. Le soleil de plomb éclairait l’immense place et les nombreux promeneurs, profitant pour se délecter des arts musicaux les plus délicats.
Mais la finesse n’était pas au goût de la jeune femme, qui, maudissant sous sa barbe la chaleur atroce, avait presque envie de hurler. La déception avait pris la place de l’imaginaire bienheureux, car il est vrai la banche se serait attendue à bien plus de vie. On lui avait annoncé ce festival comme le plus extravagant de l’année, mais, jusqu’ici, rien n’avait su donner raison aux rumeurs, puisque tout ce qui s’étalait devant les yeux de la jeune femme ne dépassait guère le niveau des bals aristocratiques pimpants. Elle constatait amèrement la retenue générale: pas de danseurs fous, de brailleurs chanteurs ou même d’alcool pour élever les esprits vers plus de déraison !

Peut-être se trouvait-elle dans la partie la plus calme du festival? Après tout, le parc était immense, les activités avaient à peine débuté et elle-même venait à peine de sortir du cabaret. Sans doute était-ils trop tôt pour que les quelques musiciens, qui jouaient sagement sur leurs joli plateaux décorés, ne commencent à faire la bringue. Pour l’heure, la banshee, vêtue d’une robe verte modeste et ses cheveux remontés par une pince simplette, se contenterait d’une simple marche en direction de la tour. Des odeurs de viande grillée flottaient dans l’air, aguichant le nez des passants, les pressant en files interminables et bouchonnant l’allée que la jeune femme longeait. En soupirant, cette dernière se rendit sous une des tentes servants à la restauration et s’assit sur un des nombreux bancs. Il semblait s’agir d’une sorte de buffet spectacle, car, sur la scène grossièrement montée, un jeune homme entonnait un air tristounet à la clarinette.
La fin de son morceau fut accueillie avec des applaudissements presque impatients, jusqu’à ce que le garçon ne quitte la scène, son air maussade ne le quittant pas d’une semelle.

« Et si après ça il va pas se pendre, le bougre… »

La banche s’apprêtait donc à partir après cette prestation plus que dépressive, lorsqu’une paire de jambes découvertes vinrent s’abattre sans pitié sur son pauvre banc. La banshee se retourna vivement pour constater qu’une femme, installée sur le rang derrière elle, la fixait en souriant à pleines dents. En dépit de sa peau mate, les cheveux qui encerclaient son visage, tels une auréole, étaient bruns clairs. Le plus surprenant était sa tenue, robe courte et couverte de paillettes argentées.

« T’as pas l’air de t’amuser, sweetie. »

Son accent américain avait donné aux oreilles de Rita un coup de fouet, cette dernière se redressant vivement pour faire face à son interlocutrice, légèrement abasourdie.

« P-pardon? »

« No problem », répondit-elle nonchalamment. Puis elle rajouta, son corps se penchant en avant: « Moi aussi, je commence sérieusement à m’encroûter. Vivement que mon groupe et moi passions.»

Face au comportement plaisant de l’inconnue, la cantatrice se relaxa légèrement, se penchant à son tour vers la femme.

«  J’avoue que j’ai déjà vu mieux. Vous jouez de la musique ? »

« Je suis la star du show, vois-tu ! » clama la femme. « C’est moi qui mène le public du bout du nez, you see what I mean… » souligna-t-elle, l’index balayant l’intérieur de la tente surchauffée.

Rita se doutait bien que ses mots n’avaient pas grand chose d’innocents, mais l’attitude désinvolte de la brune était tout ce qu’elle avait attendu depuis le début de cette journée. Avec ses familiarités, ses sous-entendus et sa tenue impudique, elle avait tout d’une véritable libératrice des moeurs.
C’est donc avec un pareil sourire que la cantatrice lui tendit sa main menue, que l’autre prit sans hésitation et sans sursaut quant au contact froid de leurs doigts.

« Cependant » Elle retira ses pieds, se relevant pour mieux s’installer à la droite de Rita, posant une de ses mains près de la hanche gauche de la banshee. « J’avoue que je ne serais rien sans mes sisters and brothers. Ils sont rapidement allé s’étouffer de cotton candy avant de passer, t’aurais pas envie de les rejoindre avec moi? »

C’était presque caresser la dans le sens du poil que de s’approcher ainsi, car la chanteuse s’électrisait à chaque fois que leurs corps se frôlaient, remplaçant la fureur par de une intense curiosité.

« J’adorerais vous suivre, madame..? »

« Oh je t’en prie sweetie », s’empressa-t-elle de rajouter. « Tout le monde m’appelle Tina. Viens, je vais te conduire. »

La dite Tina se hissa sur ses escarpins également brillants, avant de prendre Rita par le coude et de la guider vers la sortie de la tente. Et alors que la banshee faisait presque les yeux doux à l’héroïne de sa journée, celle-ci se figea à peine les pans de tissus passés. Ce très court moment d’immobilité fut succédé par une course folle vers une autre ouverture, celle où s’amassaient musiciens et autres habitants de la scène. Se faufilant au sein des coulisses improvisées, son accompagnatrice l’installa vivement sur un pouf poussiéreux d’une petite loge, puis se mit à faire les cents pas devant Rita, prise d’une panique terrible.

« C’est mauvais, je viens de voir des gars pas nets qui montent la garde. »

«  Des… gars ? » hésita la banche, lorgnant un sous-vêtement qui trainait sur le paravent à côté d’elle.

« Mens, des hommes, des brutes qui veulent ma peau depuis que j’ai refusé de leur rendre un service. »

« Quel service? » Le regard agacé de Tina lui fit bien comprendre l’ampleur du problème. « Oh. »

«  Le pire, c’est que, maintenant qu’ils t’ont vus avec moi, ils vont croire que tu es impliquée. Hum… »

Tina continua de tourner en rond dans la loge, avant de jeter un regard pensif vers la cantatrice, la bouche ouverte, et d’ensuite jeter ses mains bronzées sur les joues pâles de Rita.

« J’ai une solution : mon groupe va passer dans quinze minutes environ, puis il va rejoindre la parade qui est dehors. À partir de là, on sera intouchables et on pourra se planquer plus loin. Il faudra juste te préparer à la scène. »

« Mef pchépacher ? » tenta de demander la banshee, le visage écrasé entre les paumes insistantes de l’américaine.

« Oui, oui, ça ira parfaitement ! Par contre, tu peux pas aller danser dans cet accoutrement sweetie, c’est beaucoup trop sage ! Il te faut quelque chose de plus… pétillant ! Déshabille-toi pendant que je cherche ton costume. »

Tina se pressa vers une malle pleine à craquer, avant d’en sortir à la volée son contenu. Des dizaines d’accessoires aboutirent à la perfection, lorsque l’américaine sortit une ribambelle d’ustensiles et de tissus devant les yeux d’une Rita en tenue légère. Cette dernière hoqueta quant à ce qui lui était présenté :

« Tu comptes me faire porter ça ??? »

« Ne t’inquiètes pas, tout est à ta taille » répliqua Tina, commençant à l’habiller avec un calme surprenant. De l’autre côté, Rita était prise d’une angoisse croissante.

« En toute honnêteté, je n’ai jamais fait ce genre de choses. Et sûrement pas dans ce genre de tenue, vu la quantité de paillettes ! »

« C’est d’une simplicité tellement sotte que n’importe qui pourrait le faire ! » s’exclama-t-elle tout en passant la robe au dessus de la tête de la plus petite, lui libérant les cheveux de sa pince au passage et le remplaçant par un petit haut de forme. « Il te suffira de suivre les autres, c’est tout !  J’aurais pas le temps de te maquiller, emmène tes chaussures et suis moi. Ah, tu peux garder le chapeau si tu veux ! »

Les deux femmes se glissèrent vers les marches qui mènent à la scène, rencontrant rapidement les autres membres du groupe et leur exposant promptement la situation. Les musiciens les précédents finirent peu après, beaucoup trop rapidement au goût de la banshee, qui se mit en place aux côtés des deux autres danseuses et juste derrière Tina, sur l’escalier de bois. Elle enfila ses escarpins, grappillant quelques centimètres. Au moment fatidique lui vint une dernière question, qu’elle adressa à Tina dans un chuchotement.

« …Au fait, comment est-ce que je fais pour marcher avec ces choses? »

« Improvise. C’est le moment, on y va ! »



L’entrée s’était passée sans anicroche : les musiciens s’installèrent en arrière-scène, tandis que les quatre danseuses s’alignaient gracieusement sur le devant, même Rita. Le début de la chanson était bien simple, consistant simplement à répéter les mêmes gestes sans trop se déplacer, même si elle en avait surpris plus d’un. Plusieurs membres du public étaient curieux, d’autres s’en amusaient en répétant « Ils sont fous ces Américains ».
Et, ô combien les rires fusèrent lors de la deuxième partie de la chanson. Si Rita avait pu appeler du secours à ce moment là, il est certain que tout le Champ de Mars aurait entendu son hurlement plaintif et désespéré, alors que son corps perché sur talons hauts peinait à suivre ses congénères, sans finir littéralement dans les bras du public.


Dernière édition par Rita Upset le Mer 24 Juin - 21:22, édité 1 fois
Ryden Haesmar
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMer 24 Juin - 5:37

Jour de congé et fête était un mélange parfait pour Ryden. Le toxicologue avait entendu parler de cet évènement, la fête de la musique, quelques jours plus tôt et il s'était réjoui de pouvoir y assister. Non pas que la musique était quelque chose qui le passionnait particulièrement, mais il se doutait qu'il y aurait beaucoup de monde. Et à dire vrai, dernièrement, il trouvait qu'il manquait sérieusement d'amusement dans sans vie. Il en profiterait donc pour essayer de se divertir à l'insu de quelqu'un.

Arrivé au Champs de Mars, il ne fut nullement déçu. La place était noire de monde. Observant sommairement les lieux, il put voir plusieurs petits stands qui offraient de la nourriture, il y avait aussi beaucoup personnes qui jouaient différents styles de musique et d'autres qui dansaient sur les différents rythmes. À première vue, la journée avait l'air prometteuse malgré la chaleur du soleil.

Se promenant avec désinvolture à travers la foule, son regard allait d'un côté à l'autre à la recherche d'un amusement potentiel. Ne cherchant rien en particulier, il restait ouvert à toute possibilité. Il put donc voir non loin de lui la tentative fructueuse d'un gamin afin d'obtenir une glace et l'air satisfait qu'il fit lorsqu'il la goûta. Quelques pas plus loin, il tomba sur des danseurs, dont un se démarquait des autres par son accoutrement. S'arrêtant pour observer ce dernier, Ryden comprit assez vite qu'il y aurait de la compétition pour la gente féminine. Pendant deux secondes, il s'était même mis au défi de voler la compagne de cet étrange homme, mais il avait changé d'avis. Ne voyant pas un amusement suffisant pour en valoir la peine, il avait préféré chercher ailleurs.
Apercevant une tente un peu plus loin, il décida de suivre le son qui venait de l'intérieur. Des artistes étaient déjà sur scène et faisaient leur spectacle. Son regard amusé et légèrement pervers s'arrêta longuement sur les danseuses, mais plus particulièrement sur leurs habits et ce qui se cachait sous. Cachant nullement son sourire, il constata rapidement qu'une d'entre elles semblait perdue et désemparée. Elle lui rappelait quelqu'un. À vrai dire, plus il la regardait et plus il était convaincu qu'il s'agissait d'Emerald, la cantatrice et harpiste du Lost Paradise. Cependant, il entendit son voisin dire qu'il s'agissait d'un groupe américain. Il ne pouvait donc pas s'agir d'elle
.

* Se doit être sa jumelle... Proud Mary. *

Riant intérieurement du surnom qu'il venait de lui donner, il sortit de la tente. Continuant sa promenade, il arriva finalement dans un coin plus éloigné, près de la tour Eiffel. Quelques passants se promenaient en se délectant de la vue et d'une glace. Ses yeux ambrés tombèrent sur un violon délaissé. Était-ce l'instrument qu'un musicien avait oublié là ou on l'avait-on mis là pour le public ? Ryden n'en savait rien, mais cela ne le dérangea guère. Voyant que personne ne l'utilisait, il le prit dans ses mains et se positionna afin d'y jouer. Les premières notes jouées furent atroces pour les oreilles et il eut même droit à plusieurs regards méprisants des personnes près de lui. Pour toute réponse, le démon leur lança en retour une paire d'yeux qui était lourd de sens et continua malgré tout. Il faut dire qu'il avait déjà joué de cet instrument auparavant, il y a de cela quelques décennies. À un moment de sa vie où il avait essayé de se trouver de nouveaux passe-temps, mais ça n'avait pas été très fructueux. Par conséquent, aujourd'hui, il était un peu rouillé.
Finalement, au bout de quelques pénibles minutes, les notes sortirent plus allègrement. Improvisant une mélodie, il se rendit compte que d'autres violonistes l'avaient rejoint dans son improvisation.

Le tout donnait quelque chose de plutôt bien et cachait même son manque de talent.
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMer 24 Juin - 12:56

Bon, très bien. Il voulait bien croire qu'aujourd'hui n'était pas son jour. C'était vrai que lorsqu'il s'était levé ce matin, Poupon, son chien, avait fait dans l'appartement. C'était vrai aussi que lorsqu'il s'était servi un verre de lait, il s'était rendu compte en le buvant que celui-ci avait tourné. C'était également vrai qu'il avait déchiré son pantalon en l'enfilant et qu'il s'en était rendu compte trop tard pour pouvoir le faire recoudre. Oui, aujourd'hui n'était pas son jour de chance, il l'avouait même bien volontiers, c'était la première fois de sa vie qu'il était aussi malchanceux. Mais là... Là... ! Non, décidément, c'était trop pour lui. Il avait accepté de perdre sa veste dans la foule, ce matin, lorsqu'il était sorti de chez lui. Il avait également accepté de recevoir ce foutu vase de grand mère sur le pied, et depuis celui-ci lui faisait un mal de chien ! Le pied, pas le vase, qui était d'ailleurs brisé. Sa tante allait le tuer quand elle verrait ça. Il n'avait rien dit non plus lorsqu'il s'était rendu compte trop tard que son pull en laine ne constituait pas exactement la tenue idéale pour sortir. Il n'avait rien dit, avait encaissé sans ciller, et s'était même demandé si ce n'était pas un message divin pour l'empêcher de toucher aux pastilles qu'il tenait dans sa main. Et alors qu'il venait tout juste d'effectuer la transaction avec l'homme le plus louche qu'il ait jamais vu, il avait fallu qu'il tombe sur cette fille. À présent, elle le regardait avec de grands yeux surpris, et pour tout avouer... il se sentait clairement mal à l'aise. Elle allait le dénoncer à la police, elle allait le faire emprisonner, ou pire, il allait sûrement être pendu ou décapité ou...

« Tout va bien monsieur ? Vous n'avez pas l'air dans votre assiette... »

Il sursauta, blêmit comme jamais, dévisagea sa vis à vis puis ses pilules, puis de nouveau la demoiselle puis les pilules, puis la jeune femme, puis les pilules, et il en vint à la conclusion que ça n'en valait pas la peine. Il n'avait pas besoin de plus d'ennuis, il n'avait pas non plus besoin de ces deux cent francs dépensés en vain pour trois malheureux cachets, et-...
Quel imbécile. Bien sûr qu'il aurait eu besoin de ces sous. Mais maintenant, il avait le choix entre se débarrasser le plus rapidement du monde de ces pilules ou la mort. Cette dernière idée, étrangement, ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout. Il reposa les yeux sur la jeune femme qui n'avait toujours pas bougé. À voir sa tenue, en plus, elle devait connaître du beau monde et si elle parlait de tout ça autour d'elle, il était foutu, plus personne ne lui adresserait la parole et il-...

« Monsieur, voulez-vous que j'aille chercher quelqu'un ? »

L'homme écarquilla les yeux, se mit même à trembler, chercha une solution du regard et ne trouva rien. Il était perdu, absolument perdu.

« Bon... Je vais chercher Aldrick, c'est le commissaire, il devrait savoir quoi faire de v- ?!
- NOOOON ! N'allez pas chercher le commissaire, je ne recommencerai plus, c-c'est juré ! Tenez, prenez-les, je n'en veux plus !
- Mais-...
- Prenez-les, et par pitié, dites au commissaire que ce sont des bonbons au chocolat. »


Elise détailla les fameux bonbons, haussa les épaules, et en avala un tout rond.

« Il faut croire que j'ai encore eu de la chance... »

Elle ne croyait pas si bien dire. C'est avec un sourire ravi qu'elle se détourna de la ruelle où elle s'était engouffrée par hasard, en direction du Champ de Mars où l'attendait le plus merveilleux de tous les spectacles. Aujourd'hui, c'était la fête de la musique. Aujourd'hui, c'était le jour où elle goûtait au paradis.
Au début, tout se passa bien. Les rues de la capitale étaient désertes, et si le tout décontenançait plutôt la muse, cela la rendait plus pressée encore d'atteindre le lieu de tous ses désirs. Elle s'imaginait déjà trouver cent Mozart, Dix Beethoven et vingt Chopin, jouant tour à tour les plus beaux morceaux du monde, ne faisant qu'un avec leurs instruments et lui offrant les portes d'un univers dans lequel elle se perdrait bien volontiers. Alors, pour l'occasion, la muse s'était vêtue comme une dame. Elle portait donc une robe magnifique et fleurie, qui, cintrée à la taille, dévoilait de bien jolies formes d'ordinaire rendues invisibles par le flottement de sa tenue habituelle. Elle avait exceptionnellement dégagé son joli visage, qu'elle avait même pris soin de maquiller. Ses cheveux, quant à eux, étaient à peu près libres, bien que certains d'entre eux soient relevés en une sorte de chignon, d'où s'échappait une broche délicatement ouvrée sur laquelle on avait déposé un papillon impressionnant de détails. Pour peu, on eut pu croire qu'il allait s'envoler. Et puis il y avait les perles. Les perles qui, lorsqu'Elise se déplaçait, produisaient un bruit si singulier qu'il en réjouissait la muse. Et elle n'était visiblement pas la seule à se réjouir de porter pareille tenue. Sur son passage, les têtes se tournaient, indubitablement attirées par ce que la jeune femme dégageait, aujourd'hui plus encore que tout autre jour tant elle avait fait honneur à son identité. Mais la muse ne semblait pas même s'en rendre compte, non. Elle, elle n'avait d'yeux que pour le Champ de Mars qui se précisait de plus en plus à mesure qu'Elise avançait. Elle eut soudain l'envie de courir mais se rappela juste à temps être chaussée de talons, ce qui lui évita sans aucun doute une chute mémorable. Cette nouvelle entacha la joie de la muse le temps d'un instant, instant qui ne dura pas. Car la jeune femme commença à entendre. Et ce qu'elle entendit lui fit l'effet d'une claque retentissante. Pour la première fois de sa vie, Elise eut l'impression que le monde entier jouait pour elle. Ce fut un automatisme. La demoiselle ferma les yeux en pleine rue, s'attirant de nombreux regards surpris qu'elle ne releva jamais. La bulle qui l'enveloppa la sépara du monde durant de longues minutes. Autour d'elle s'élevaient toutes les mélodies personnelles des parisiens, et toutes, sans exception, s'accordaient aux morceaux des musiciens, créant un concert à l'originalité folle qu'elle était la seule à entendre. C'était tellement dommage, d'ailleurs... ! Elise aurait voulu que tout un chacun puisse profiter de ce merveilleux moment, que tous puissent se laisser guider par la tendre ritournelle s'élevant soudainement du monde entier, et que la magnificence dont elle était le témoin privilégié emporte à jamais leur cœur. Elise touchait l'essence même de la musique, était elle-même cette essence, et dans ces moments-là, plus rien ne semblait exister. Elle n'avait qu'une envie, celle de se laisser porter. Et c'est ce qu'elle fit. La muse se mit à marcher, un pas après l'autre, les yeux toujours clos, suivant les notes au hasard de ses désirs et profitant du monde comme jamais personne ne le pourrait. La joie fut la première à se saisir de son âme. D'abord, elle tourna autour de la muse, fit voltiger sa robe, et lui murmura au creux de l'oreille tous les secrets de l'univers, créant chez sa compagne une profonde hilarité. Autour d'Elise, personne ne comprit. Tous la prirent pour folle alors qu'ils auraient jalousé la moindre seconde de la vie de cette femme s'ils avaient pu entendre, voir et savoir. Les pas d'Elise la menèrent ensuite à la colère. Celle-ci vint lui susurrer la haine au creux de l'oreille, lui offrit le feu ardent qui animait les cœurs rendus brûlants par son contact et conquit la jeune femme pour qui elle n'était pourtant qu'une vague étrangère. Les traits de la demoiselle se crispèrent, ses poings se serrèrent et, bientôt, Elise se sentit brûler du même feu que tous les autres, ces autres qu'elle ne connaissait pas et que les notes, si violentes, lui décrivaient cependant avec toute la précision du monde. Puis, lorsqu'elle s'éloigna de quelques pas, la colère l'abandonna aussi rapidement qu'elle s'était emparée d'elle. L'émotion qui l'assaillit alors manqua de la faire défaillir.




Cet air... C'était celui de... Le cœur de la muse s'affola et elle en oublia ses talons. Elise rouvrit brusquement les yeux, repoussa les passants comme jamais elle ne l'avait fait, l'âme en alerte et des larmes peuplant son regard. Comme un aimant, la jeune femme trouva son chemin à travers la foule. Comme un aimant, ses pas semblaient la guider par un lien invisible qu'elle-même ne comprenait pas. Comme un aimant, elle se jeta presque à genoux devant le pianiste. Puis survint la désillusion. Qu'est-ce qu'elle avait cru ? C'était impossible, et elle le savait mieux que personne. Il ne pouvait pas être ici. Il ne le pourrait plus jamais. Elise crut que son cœur allait exploser. Il n'en fut cependant rien. Brusquement, sans prévenir, le monde vola en éclat. Et la musique devint couleur. La pilule faisait enfin effet. Ce fut sans doute ce qui sauva son maquillage. Et ce qui fit naître le curieux sentiment d'exaltation qui l'emporta alors.

« L-les notes, elles... »

Furent les premiers mots de la muse. Un sourire béat se posa sur ses lèvres alors que de grands nuages colorés tournaient au rythme des notes, de toutes les notes de tous les corps et de tous les instruments alentours. C'en était si beau que c'en devenait aveuglant. Le monde avait soudain, pour la muse, un tout nouveau visage. Et, alors qu'elle s'extasiait encore sur les formes alentours, l'une d'entre elles s'approcha d'elle, sortant tout droit du piano face auquel elle s'était agenouillée. Cette forme, bleutée comme la peine et rosée comme la tendresse, lui tendit bientôt ce que la muse interpréta être une main, déclenchant l'hilarité de la jeune femme. Elle allait danser avec la musique. Elle allait danser avec la musique. Même pour elle, c'était impressionnant. Pourtant, c'est avec le sourire qu'elle s'empara de la main lumineuse, qu'elle découvrit duveteuse, de la forme qu'elle était la seule à voir. À son contact, ses yeux se mirent à briller.

« On dirait du coton... ! C'est tellement doux ! »

Alors, la muse décolla de terre pour s'envoler dans des cieux n'appartenant qu'à elle.

Avez-vous déjà vu quelqu'un danser une valse seul ? Non ? Dans ce cas, je vous prie de l'imaginer. Etrange, non ? Psychédélique, n'est-ce pas ? Et bien c'est exactement ce que fit la muse. Ses pas se calèrent dans ceux de la forme qui la fit bientôt tourner comme des années auparavant. Et pour une fois, ce fut la joie seule qui accompagna les souvenirs de la muse. Son rire augmenta encore d'un octave alors qu'ils s'éloignaient du cher piano, la foule s'écartant pour laisser passer cette femme qu'ils prirent pour une artiste. Elise n'entendit pas même les applaudissements. Et bien vite, la voici qui exécutait une danse plus populaire avec une forme toute aussi douce, bien qu'un peu plus colorée. Le bleu mélancolique laissa place au joyeux jaune et au rouge passion, ce qui plut à la muse d'une très jolie façon. Ses yeux s'illuminèrent et elle partit dans un nouvel éclat de rire. Elle tournait, tournait, tournait... ! C'était tellement plaisant, tellement amusant, tellement surprenant, aussi, mais à force que la pilule fasse effet, ce dernier aspect disparaissait lentement dans les méandres de sa douce folie.

Les pas s'enchaînaient, les danses aussi, et Elise les exécutait avec une grâce sans nom, s'abandonnant aux mouvements d'un partenaire musical et invisible qu'elle suivait avec délice. Bientôt, ceux-ci arrivèrent à proximité de violonistes dont la mélodie, inconnue de la muse et plutôt atypique, séduisit bien vite le cœur de celle-ci. Un nouvel éclat de rire quitta ses lèvres alors que la forme musicale l'entraînait dans une nouvelle danse, qui la fit tant tournoyer qu'elle manqua de chavirer et que la tête lui en tourna. Son rire se fit plus appuyé, manqua même de couvrir les instruments tant il était puissant, et la muse ouvrit de nouveau la bouche dans son univers de couleurs.

« Arrête Ludwig, arrête ! Je vais tomber à force que tu me fasses tourner comme dans un manège ! »

Lorsque la forme prit l'apparence de Ludwig, la muse accepta définitivement de se déconnecter de la réalité dans un nouvel éclat de rire.
Elise enchaîna des centaines de danse, dont certaines qu'elle ne se savait pas capable d'exécuter. Elle fit des pointes de danseuse classique, manqua de tomber et se rattrapa in extremis à une autre créature duveteuse, à qui elle adressa un nouveau sourire béat. Elle avait l'impression de vivre un rêve, un merveilleux rêve éveillé qu'elle espérait voir durer toute sa vie. Celui-ci affolait ses sens, magnifiait son existence et caressait ses espoirs les plus fous. Soudain, la musique était devenue tangible et la muse pouvait communiquer avec elle. C'était délirant, mais terriblement plaisant, et en cet instant, Elise n'aurait échangé cette sensation pour rien au monde. Ooooh non, bien au contraire, justement. Car elle venait simplement de découvrir la plus douce des vérités, une vérité universelle qui ne disparaîtrait jamais. Les beaux rêves sont faits comme ça. Avec cette matière duveteuse si semblable à la douceur et cette pointe de magie qui s'était brusquement emparée de son monde sans qu'elle n'y puisse rien. Alors puisque c'était un rêve, Elise s'y abandonna un peu plus. Et de toute manière, il se révéla très vite qu'elle n'avait pas le choix. Galvanisés par les formes lumineuses et chantantes, ses sens ne suivirent bientôt plus le rythme. Les visages s'effacèrent au profit des couleurs, les sourires s'élargirent, les corps s'allongèrent, et tout, absolument tout se mit à tourner. Elise éclata de rire alors que le sol semblait lui échapper et qu'elle le rejoignait soudain terriblement vite. Un peu trop à son goût. La réalité lui fit mal, mais la caresse que lui prodiguèrent les notes chantantes de ceux qui se trouvaient à proximité la renvoya dans son rêve, alors même que les musiciens cessaient leur jeu pour lui venir en aide. Elise se sentit déprimée et avala un nouveau cachet. Contrairement au premier, les effets de celui-ci furent immédiat et si le Ludwig de coton ne fit pas de nouvelle apparition, la muse éclata d'un rire enjoué.

« Encooooore ! Encoooore ! »

Les hommes la regardèrent tout d'abord avec des yeux ronds, puis l'un d'entre eux se joignit à ses éclats de rire. Les autres suivirent bientôt et le premier se détacha du groupe pour lui tendre une main chaleureux.

« Ohla, miss. Are you alright ? »

Elise ouvrit la bouche en un rond parfait, profondément surprise et peut-être un peu déçue que la voix ne soit pas animée par le chant. Elle reconnut pourtant la langue et c'est un énième sourire qui s'inscrivit sur ses lèvres.

« Vous êtes beauuuuu, et votre nez est tout rouuuuge, et puis vos cheveux sont tout jauuuune... et vos yeux sont tout tout veeeert ! C'est rigoloooooo ! »

En fait de jaune, les cheveux du jeune homme étaient d'un blond tendre que la musique qui émanait de lui et les effets de la pilule rendaient beaucoup plus intense. La réaction de la demoiselle sembla beaucoup amuser l'homme qui ne comprit pourtant que la moitié des dires de la muse.

« Well, well, well... Are you drunk, milady ?
- Not yeeeeet ! »

La réponse d'Elise, cette fois, fit franchement rire l'ensemble de la troupe, et l'homme la releva d'une main assurée qu'il cala sur son épaule. Cette femme, c'était délirant, était superbe dans sa folie naissante et lui inspirait des compositions par centaines. Il avait soudain l'impression de toucher du doigt la Vérité avec un grand V et se sentait inexorablement attiré par cette inconnue qui était tombée devant ses yeux durant ce jour symbolique. L'homme leva les yeux vers le ciel et le remercia mentalement. Car elle ne pouvait être autre chose qu'un présent de celui-ci. Il adressa ensuite un merveilleux sourire à sa nouvelle amie -et plus si jamais elle en avait le désir, puis l'entraîna au milieu de sa troupe.

« So, so, so... Would you stay with us, girl ? And what's your name... ? »

Elise éclata d'un rire enjoué, s'attirant un sourire amusé de la part de tous les musiciens. Oui, cette fille était clairement cinglée. Mais dieu, qu'elle était belle, et qu'ils avaient envie de mettre le monde entier en musique pour elle... ! Chacun en avait la certitude : ils auraient pu jouer durant des heures en son nom. Un nom qu'ils n'avaient toujours pas, d'ailleurs. Un nom qu'ils désiraient plus que tout en cet instant.

« Okay, so, my name is James and this is William, Carl and Peter. What's yours ? »

Cette fois-ci, la muse n'éclata pas de rire. Elle se concentra même, un sourire béat toujours accroché aux lèvres, et répondit bientôt.

« I'm Eliiiise ! »

Son ton enjoué arracha de nouveaux éclats de rire à la troupe et James resserra son bras autour des épaules de la muse. Il attrapa son violon, William se remit à son piano, Peter à ce qui prendrait plus tard le nom de batterie et Carl à sa trompette. Dans les faits, ces instruments n'avaient pas grande chance de produire un son mélodieux.

« Nice to meet you Elise. So now, we gonna play some music. Please, stay with us & enjoy ! »

Elise hocha joyeusement la tête et James la relâcha à regrets. Il s'avéra ensuite que le jeu des musiciens était exquis, tendre et virtuose. Il s'avéra aussi que la muse fut subjuguée par ces quelques notes et se montra d'une attention à toute épreuve. La mélodie vola, se fraya un chemin coloré jusqu'au cœur de la créature qui afficha résolument un sourire ravi. Elle se remit à danser, accompagnée cette fois par divers esprits musicaux qui la firent tourner et retourner dans tous les sens. Emportés par la présence de la muse, les artistes firent des prouesses, et bientôt, une foule compacte les entoura. Lorsque le morceau prit fin, Elise éclata d'un rire enchanté.

« Wonderful ! It was WONDERFUL ! »

Le quatuor fut ravi de se l'entendre dire. James reposa son violon, et le jeune homme aux yeux verts passa de nouveau son bras autour des épaules d'Elise qui eut même le réflexe de se blottir contre lui, pour son plus grand plaisir.

« May I offer you a drink ? »

La muse accepta. Peut-être n'aurait-elle jamais dû. Car l'alcool et les pilules ne firent que la rendre un peu plus euphorique. Ou délurée, vu ce qui se passa ensuite. La muse avala une première chope de bière et se cala automatiquement sur les genoux de James, qui ne se fit pas prier pour l'y recevoir. La muse avala une seconde chope de bière et se blottît un peu plus contre son nouvel ami, qui passa ses bras autour de sa taille, l'air enchanté. Ah, enchantée, la muse l'était aussi. Elle n'avait jamais tenu l'alcool et cette fois, il n'y avait personne pour l'arrêter. La muse avala une troisième chope de bière et embrassa la joue de James. Celui-ci lui adressa un sourire de tombeur et s'autorisa un contact plus... personnel avec la muse, qui ne releva absolument pas. La muse avala une quatrième chope de bière et... roula une pelle mémorable au musicien sur lequel elle était assise. Si, dans un premier temps, celui-ci fut des plus surpris, il ne se fit pas prier pour répondre au baiser brûlant de celle qui ne cessait de l'envoûter depuis qu'il avait fait sa connaissance. Lorsque le baiser prit fin, l'une des mains de James s'égara. La muse, de nouveau, ne sembla pas s'en offusquer. Ceci offrit à James le courage nécessaire pour susurrer quelques mots à l'oreille de la demoiselle, toujours installée sur ses genoux.

« Oh god, you're so sexy, girl... »

Cette phrase fit rire la muse et James trouva cet éclat de rire plus délicieux encore que tous les précédents. Lorsque la demoiselle se pencha sur son oreille pour lui répondre, il ne se fit absolument pas prier pour l'écouter.

« I'm sexy and... I know it... »

Le clin d’œil qu'elle lui adressa ensuite, en plus de son ton amusé, motiva l'homme qui lui prit à nouveau ses lèvres. La douceur de celles-ci devait rester ancrée dans sa mémoire à tout jamais. Elise éclata de nouveau de rire et s'installa plus confortablement encore contre son musicien. Elle sortit de sa poche la dernière pilule et la porta à sa bouche. Décidément, ces bonbons étaient vraiment trop bons, même s'ils n'avaient rien à voir avec le chocolat. James écarquilla alors les yeux, posa un doigt sur ses lèvres avant qu'elle n'avale sa dernière pilule, et secoua la tête.

« Elise ar-... are you sure of what you're doing... ? »

Elise éclata de nouveau de rire, hocha la tête, puis avala la dernière pilule. Alors le monde explosa une nouvelle fois dans une gerbe de couleur.





Traduction approximative des paroles de James et Elise:
Narcisse Williams
Dragon on the wire
Narcisse Williams

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMer 24 Juin - 17:51

Un hoquet emplis de surprise et, il le savait, de terreur. Ses yeux s'ouvrirent en catastrophe, s'écarquillèrent, et il s'étouffa un bref instant. Narcisse passa une main lasse sur son visage et étouffa un bâillement en se redressant. Son dos grinça face à ce mouvement apparemment trop brusque, lui arrachant une grimace d'inconfort. Il se releva de la position étrange qu'il avait adopté sur le sol et s'étira une bonne fois avant d'aviser son environnement.

La salle d'entraînement était chaude et lourde. L'air y était compact et moite à un point tel qu'il semblait colmater ses poumons. L'acrobate prit une profonde respiration avant de soupirer. Ces derniers temps, il avait pris la fâcheuse habitude de s'endormir où bon son corps le voulait, ce qui donnait lieu à des réveils hauts en couleurs, voire douloureux. Le souvenir de la fois, il y a quelques semaines de cela, où il s'était endormi sur une poutre basse lui revint en mémoire. Depuis, il veillait à ne pas plonger dans les bras de Morphée s'il était en hauteur, même si celle-ci était dérisoire et que l'endroit était ô combien confortable. À vrai dire il ne savait trop s'il s'agissait d'une progression ou d'une régression de sa part... Sans doute aucun des deux. Poussant son second soupir de la journée – ou de l'après-midi, il n'en était pas certain –, Narcisse sortit de la salle à pas de loups, bénissant sa chance d'avoir choisi un dimanche pour céder à la fatigue. Son cauchemar n'avait même pas été si terrible et, il devait bien l'admettre, dormir l'avait soulagé. Il s'étira de nouveau en marchant, grimpant dans sa chambre pour prendre des affaires et regarder l'heure.

Ainsi donc, il avait eu raison de douter du temps qui avait passé. Un léger éclat de rire s'échappa de ses lèvres lorsqu'il constata l'heure. Il était quatorze-heures trente, ce qui signifiait qu'il avait bien dû passer une dizaine d'heure auprès du marchand de sable. Un record, si on lui demandait son avis. Pas étonnant qu'il se sente aussi léger, après presque une semaine de veille constante. Il attrapa un pantalon de toile et une chemise légère avant de filer à la douche. L'un des rares avantages des étés parisiens était que la chaudière du cabaret était si peu utilisée que tout le monde pouvait faire chauffer son eau s'il le souhaitait – ce que personne ne faisait, à vrai dire, ou très peu. Le jet d'eau froide acheva de le réveiller, ruisselant sur son corps échauffé et l'apaisant de toute sa douceur. Il attrapa une serviette du bout des doigts et enfila ses vêtements à contre cœur, certain qu'aussi seyants fussent-ils, ils lui tiendraient horriblement chaud. S'il avait décidé de s'habiller correctement pour la fameuse Fête de la Musique, il ne s'en sentait pas moins mal à l'aise dans une tenue de ville. Sa chemise, pourtant légère, lui donnait l'impression d'être dans un four. Et elle était noire. Le jeune homme en déboutonna les premiers boutons, désireux au moins de bénéficier d'un peu d'air. Ses longs cheveux attachés en une haute queue de cheval, il s'avança vers le dehors d'un pas qui se voulait décidé.

Narcisse avait oublié la foule. Les gens grouillaient, couraient, virevoltaient, tout autour de lui, et la singularité de son physique qui l'aidait tant en acrobatie le desservait soudain. Le dragon avait l'habitude d'attirer les regards. Il était un homme de la scène, après tout. Toutefois, cela volait en éclat lorsqu'il se trouvait au centre d'une attention qu'il n'avait pas prévue. Heureusement, certaines personnes étaient si particulières qu'elles le rendait terne aux yeux des passants : un fait qui le soulageait grandement. Une jeune femme, notamment, attirait naturellement les âmes festives de tous. Ses longs cheveux rosés attachés en une coiffure légère et belle, une longue robe finement ouvrée, un visage poupin mis en valeur par de fines touches de maquillage, et un être qui semblait se mêler à la fête. Elle dansait seule dans un ballet coloré et joyeux, un sourire qui n'était pas sans lui rappeler... Non...

« Élise ? »

Le nom, soufflé de ses lèvres, ne parvint aux oreilles de personne alors qu'il écarquillait ses yeux. Pour peu, il n'en aurait pas reconnu la jeune femme tant elle était... différente, de ce qu'il avait l'habitude de voir. D'ordinaire singulière, elle en devenait onirique, comme si elle incarnait la Musique, ce qui, en effet, semblait logique. Le vert de sa robe se reflétait dans ses iris parme et, un instant, Narcisse douta de nouveau. Était-ce réellement Élise, sa collègue, l'être excentrique qui côtoyait le monde comme un gigantesque morceau de musique ? Elle rit aux éclats, effaçant cette question de sa voix mélodieuse. Il s'agissait bien d'elle. Alors l'acrobate regarda en silence, incapable de décider quoi faire en voyant la muse s'amuser tant, seule au cœur d'une foule qui ne la comprendrait jamais. Elle semblait pourtant se nourrir de la curiosité des passants pour alimenter sa propre singularité qui, s'il devait être franc, était plus visible en ce jour qu'en aucun autre.

« Vous la connaissez ? »

Narcisse sursauta à la voix étrangère qui se colla contre son oreille et regarda l'inconnu d'un air presque choqué. L'homme était grand, plus que lui du moins, d'un physique banal, et fixait le dragon avec une mine à la fois timide et... amoureuse ? Le garçon espéra qu'il ne s'agissait pas de lui et hocha silencieusement de la tête en guise de réponse, trop effrayé par cet étrange personnage pour lui faire un quelconque affront. C'est alors que le type lui tendit un bout de papier. L'acrobate haussa un sourcil.

« Vous pourriez... euh... Vous pourriez lui transmettre cette lettre ? »
« Une lettre à... Élise ? », demanda-t-il, incrédule.
« Oui. »

L'homme lui mit le papier dans les mains sans qu'il n'ait eu le temps de dire « non » – ce qui ne serait pas arrivé de toute manière, s'il était honnête avec lui-même – et rougit d'autant plus, touchant la flûte qu'il portait à la ceinture du bout de ses doigts.

« Je n'oserai jamais lui donner en face... Au revoir. »

Et il partit, laissant Narcisse seul avec un bout de papier froissé entre les doigts et une mission qu'il n'avait jamais prise en charge. Le regard améthyste du jeune homme détailla la fameuse lettre et il hésita un instant à la jeter pour poursuivre son après-midi comme si de rien était. Toutefois, le message qu'elle transportait était sans doute important, au moins pour cet homme étrange et il eut été cruel de décevoir ce pauvre bougre. Le garçon porta de nouveau ses yeux sur Élise avant de se décider. Ce n'était pas si terrible : il n'aurait qu'à donner la lettre, sourire, dire au revoir, et repartir. Il était un homme normalement constitué, un dragon avant tout, faire cela lui semblait loin d'insurmontable. Lorsqu'il fit son premier pas, un orchestre débuta un morceau qui donnait à sa marche un accent presque épique. Un instant, la musique le fit même songer à son espèce.



Lorsque Narcisse arriva à la hauteur d’Élise, celle ci plaçait une petite pilule blanche sur sa langue. Il s'arrêta un instant puis décida que ce n'était pas ses affaires, d'autant plus si la jeune femme était malade. Il marcha donc jusqu'à elle d'un pas souple et effleura son bras du bout des doigts.

« Bon- »
Ses mots moururent sur sa langue lorsqu'il se rendit compte que les yeux de la demoiselle étaient dilatés. Dans quoi s'était-il embarqué... ?
« ...jour ? »
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMer 24 Juin - 19:24


    Les carreaux au sol auraient presque eut une nature bucolique si nous nous ne nous étions pas "trompé" de script pour tenter d'échapper au triste destin de Mortimer Adams à la veille du 20ième siècle.
    Manque de bol, un sadique ne vous oublie pas LUI.

    Reprenons donc.

    En ce jour de fête, des relais avaient été prévus à l’hôpital à fin que les résidents puissent être suivis sans désagréments. Mortimer gérant le département psychiatrique ne s'est pas fait prier pour rester le plus loin possible de son directeur qu'il n'appréciait pas particulièrement.

    Mortem referma le tiroir de son bureau en prenant soin de tourner la clé pour ensuite la fourrer dans la poche intérieur de sa veste noire. Il allait se diriger vers la porte lorsqu'un détail lui fit irrémédiablement prendre quelques secondes de retard, ce qui l'irrita : les stylos n'étaient pas rangés par ordre de taille. Il était si pressé d'échapper à toute cette paperasse qu'il en oubliait le réflexe le plus élémentaire !
    Rectifiant donc le tir, Mortimer prit son carnet de notes et s'enquit de quitter son bureau au plus vite. Il tenta alors d'entrer en contact visuel avec le moins de personnel possible tout en assurant un pas pressé. Chose fort pratique car rare était ledit personnel à vouloir le croiser.
    Toutefois, un malandrin en blouse tenta un dialogue :

    " Ha ! Monsieur Adams vous tombez bien j'ai- "

    "Non ! ... non non non." fit-il en levant une main devant lui tout en marchant le plus vite possible.

    Une fois sortie du département il n'avait plus qu'à rentrer chez lui et grand bien lui fasse s'il s'ennuie, seul, dans son endroit !
    Se dirigeant donc vers son appartement, le psychiatre se rendit à l'évidence que manquer la fête du champ de mars serait un peu comme prendre une tartine beurrée sans caramel. Impensable.
    Allons Adams ! Ce n'est pas parce qu'il y a un attroupement de personnes et la forte possibilité d'y croiser le journaliste favori de paris que c'est forcément un mal !

    Plus Mortimer avançait plus il voyait des affichages lui suppliant de faire demi tour et de prendre un fiacre jusqu'au champ de Mars. Après tout ce n'était que l'après-midi, et la musique était un des rares côtés de l'être humain qui avait le mérite d'être à la fois ingénieux et plaisant ...
    Mortem consulta sa montre à gousset et se décida finalement à aller à cette fête. C'était après tout pour cela que le personnel était autorisé à prendre des relais.

    La terre battue et le soleil faisaient assez bon ménage pour rendre tout l'espace aveuglant. On pouvait voir tout le monde grouiller, les marchands en tout genre affluaient entre les scènes et les cours improvisées. Les danses folkloriques et les musiciens venus de bien des endroits défilaient sur les planches et on pouvait même entendre quelque démonstrations de magies ou de théâtre par endroit.

    Le jeune psychiatre tenta donc une approche vers une estrade, on y jouait un air singulier et une femme visiblement euphorique entrait en transe à chaque son émit par le petit orchestre. Mortimer lâcha un rictus partagé entre l'amusement et la perte d'espoir en l'humanité. Imaginez le bien, c'est assez particulier.



    Plus loin une petite troupe de percussion s'était mise en place avec un joueur de claquettes. Celui ci s'arrêtait dès que les percussions derrière lui s'arrêtait, et reprenait en même temps. Le "show" avait quelques admirateurs, l'ensemble paraissait assez sportif. Un chœur semblait répéter une phrase faite à partir de "Duuuh Dubudu ♫ .. Touloum ... Touloum ♪".
    Fort étrange, mais juste e qu'il fallait au danseur pour assurer un certain spectacle.

    Vagabondant encore, Mortimer tomba sur une scène où l'humeur était à bien plus d'activités débridées. Un jeune homme à la coupe singulière avait inviter à danser une charmante personne. Un dépêcheur de journaux tenta de convaincre quelques passants d'acheter sa marchandise, et lorsqu'il arriva vers Mortimer il recula d'un pas avec un air peu sûr de lui. Mortem n'avait pas forcément jouer les dangereux tortionnaire cependant voir son regard et son soupir d'avance inconfortable faisait de lui un client récalcitrant et potentiellement désagréable.

    Dans le champ de vision d'Adams, sur le côté des quelques chaises réservées à une clientèle croissante, un petit stand reprenait le concept des chaises musicales ... Avec un trône en bois pour le duel final. Le petit groupe s'intitulait "jeu de trône".
    Fort étrange jeu auquel Mortimer se passera de participer. Courir bêtement autour de chaises et d'un trône, trop peu pour lui. Mortem était plutôt concentré sur la nature singulière de l'homme apparemment Italien ... Ou se donnait il un genre ?

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeJeu 25 Juin - 19:10

« N-non, Ewen, pour la dernière fois, je ne peux pas accepter, je-... »

Le concerné laissa naître un tendre sourire sur ses lèvres, puis tendit de nouveau ce qu'il tenait dans ses bras à la jeune femme. Décidément, Tala avait le don de l'adoucir.

« Bien sûr que tu peux, Tala... Je l'ai achetée pour toi. Ça me fait plaisir, tu sais ? »

La jeune femme s'empourpra brusquement et ne put soutenir plus longtemps le regard de son supérieur et ami. Celui-ci hésita longuement, puis posa une main sur l'épaule de la demoiselle. Sa réaction ne se fit pas attendre, et elle se crispa presque immédiatement, comme si cela tenait chez elle plus du réflexe qu'autre chose. Ewen retira donc sa main, un sourire désolé sur le visage. À vrai dire, ces réactions l'inquiétaient beaucoup. Tala ne lui avait en effet jamais expliqué d'où elle les tenait et Ewen s'était déjà imaginé cent fois des centaines de scénarios catastrophes tous plus déplaisants les uns que les autres. Mais si le jeune homme savait bien une chose, c'était qu'il n'avait pas le droit d'aborder ce sujet avec elle. Les rares fois où il l'avait fait avaient été... désastreuses. Il avait beau réfléchir, il ne trouvait aucun autre mot pour les définir. Tala, systématiquement, se fermait, se déconnectait du monde d'une telle manière qu'Ewen avait parfois l'impression qu'elle se drapait dans une sourde terreur. Au lieu de l'aider, tenter d'en parler semblait l'enfoncer plus encore, comme si simplement évoquer la chose réveillait brusquement toutes les horreurs auxquelles elle était liée. Avec le temps, Ewen s'y était fait, et s'il n'abordait plus jamais le terrible sujet, il lui arrivait cependant de tenter de toucher son amie. Mais ses tentatives étaient presque systématiquement vouées à l'échec. Comme ce matin-là. Lorsqu'il put de nouveau plonger les yeux dans ceux, si beaux et surtout si intenses, de Tala, il y lut toute la culpabilité du monde, mêlée à une profonde gêne. Il était temps qu'il intervienne.

« Allez Tala... J'aimerais vraiment que tu l'essayes, au moins. De toute façon, elle est achetée maintenant, il faut bien que quelqu'un la porte, et ça ne peut pas être moi. »

Le trait d'humour sembla porter ses fruits puisque la culpabilité disparut du joli regard de la jeune femme pour laisser place à un brin d'amusement qu'Ewen savoura à sa juste valeur. Les lèvres de la demoiselle s'incurvèrent en un léger sourire, sourire qui restait malgré tout emprunt d'une peine qu'il ne parvenait jamais véritablement à apaiser. Ça, et un million d'autres choses, le jeune homme le déplorait profondément. Il n'en montra cependant rien et c'est avec plaisir qu'il vit Tala hocher la tête pour mieux lui répondre.

« C'est d'accord Ewen, je... vais au moins l'essayer. »

Lorsque la demoiselle prononça ces mots, il sut qu'il avait gagné. Et lorsqu'elle ressortit de sa salle de bain, il se félicita d'avoir insisté. Cette tenue la rendait tout simplement magnifique. Loin de celles qu'elle portait pour creuser la terre, elle s'accordait avec le regard si singulier de la jeune femme et le rendait peut-être plus intense encore. De plus, les teintes de rouge présentes sous forme de divers détails attiraient l'oeil et Ewen se dit que cela ne lui ferait pas de mal.Tala était un joli brin de fille et il trouvait ça profondément étonnant qu'elle n'ait pas au moins quelques soupirants la suppliant de leur accorder ses faveurs. Oh, bien évidemment, il les aurait tous menacés sans la moindre gêne, mais toujours était-il qu'il n'avait jamais eu à le faire. Et ce fait le préoccupait... comme tout un tas d'autres choses concernant son amie. Pour aujourd'hui, tout du moins, il se devait de n'en rien montrer et de paraître enthousiaste. Ce qui se révéla chose aisée : que Tala ait accepté de porter la robe qu'il lui avait offerte suffisait à le ravir.

« … Je suis ridicule, hein... ?
- Au contraire Tala, tu es splendide. »

La jeune femme s'empourpra de nouveau, laissant la gêne pénétrer son beau regard qui fixa d'ailleurs le sol avec une insistance rare. Oui, décidément, cette robe lui allait terriblement bien. Il ne manquait plus qu'un dernier détail, et...

« Je peux ? »

Tala lui lança un regard incertain, sembla hésiter durant de longues secondes, puis hocha la tête. Alors Ewen, avec la douceur tranquille qui le caractérisait, s'approcha d'elle afin de déposer une rose d'un rouge magnifique dans les cheveux de son amie. Lorsque ce fut fait, un sourire très tendre s'épanouit sur ses lèvres. Cette fois, elle était fin prête.

« Tala, tu es vraiment magnifique...
- M-merci, Ewen... »

Le dénommé Ewen en profita pour replacer une des mèches de cheveux de la demoiselle, ce qui produisit chez cette dernière un fabuleux frisson de terreur. Un bref instant, le sourire du jeune homme se para d'un voile d'ennui. La seconde suivante, ce fut oublié. En effet, Tala regardait avec une frayeur comique la paire de talons qui l'attendait, ce qui déclencha chez lui une hilarité sans nom.

« Oh non Tala, tu n'y échapperas pas, crois-moi. »

Le regard plaintif qu'elle lui lança le fit définitivement éclater de rire. Oui, décidément, ça allait être une bonne journée.

« Vraiment pas... ? »

Ewen secoua la tête. À cet instant, Tala sut qu'elle avait perdu. Elle enfila donc la paire de chaussure d'un geste vaincu puis tenta de se lever. Tenta seulement. N'y parvint pas. Du haut de ses talons, la demoiselle perdait toute notion d'équilibre, comme le remarqua bientôt son ami. Celui-ci la rattrapa d'ailleurs in-extremis alors que le sol semblait l'appeler de tous ses vœux. Tala lui adressa une mine contrariée, mais décidée.

« Ce ne sont pas des chaussures qui m'empêcheront de participer à cette fête. »

Le ton bougon qu'elle employa informa son ami qu'elle ne céderait plus. Désormais, Tala Harcourt menait un combat sans merci face à sa paire de talons. Cette vérité amusa énormément le jeune homme qui ne releva cependant pas. Ce n'était pas dans son intérêt, et il ne le savait que trop bien. Tala lui lança un long regard entendu auquel il répondit volontiers. Forte de la conviction qu'elle y lut, la jeune femme esquissa un pas, puis un second. Au début, tout se passa bien, puisqu'elle parvint même à aller jusqu'à trois. Mais le quatrième la mit au sol, ce qui fit éclater Ewen de rire. Tala se releva en marmonnant des obscénités, plus décidée que jamais. Elle avait déjà dû dresser des talons, une fois. Elle y parviendrait de nouveau, elle se le promettait. L'exercice lui prit de longues minutes, durant lesquelles elle chuta de très nombreuses fois, se relevant toujours. Plus que jamais, il semblait que Tala faisait preuve d'une volonté sans faille. Et cette volonté porta finalement ses fruits. La jeune femme fut bientôt capable d'enchaîner plus de vingt pas, de tourner, d'avancer rapidement, le tout sans tomber. Elle parvint même à faire une révérence lorsqu'Ewen se mit à l'applaudir, pour son plus grand plaisir. Oui, cette fois, c'était sûr, elle était fin prête. Elle se dirigea vers la porte d'entrée de chez son ami, se retourna vers lui, faisant voler sa robe au passage, et lui adressa un sourire vainqueur.

« On peut y aller Ewen. »

Ce dernier ne se fit pas prier. Il enfila la veste de son costume, adressa un tendre sourire à sa compagne -ce qui la fit rougir- puis sorti après elle pour... la retrouver par terre. Apparemment, tous les sols ne se valaient pas, et cette scène lui déclencha un fou rire. Oh oui, cette journée allait être très, très drôle. Tala lui envoya un regard plein de rage.

« Ce n'est PAS amusant ! Je... C'était volontaire, d'ailleurs. Je voulais te... surprendre.
- Mais oui Tala, mais oui. Je ne suis pas dupe, tu sais ?
- Grmlm. Tu.... euh, tu veux bien m'aider à me relever... ? »

Trop content de pouvoir la toucher, Ewen l'aida bien volontiers. Si elle se crispa, il ne fit aucun commentaire à ce sujet et lui adressa un nouveau sourire.

« Tu as eu de la chance, ta robe n'a rien. »

Tala l'inspecta quand même du coin de l'oeil, contente de voir que son ami avait raison. Elle répondit donc à son sourire puis resta silencieuse pendant un bon moment. Ewen s'en amusa. Il avait compris.

« Tu veux que je t'aide à marcher, pour commencer... ? »

Tala s'empourpra monstrueusement et eut même un léger sursaut, sursaut qui l'aurait d'ailleurs mise à terre si Ewen ne l'avait pas retenue. De nouvelles rougeurs s'emparèrent de ses joues alors qu'elle hochait distraitement la tête, fixant un point invisible à l'horizon qui semblait ô combien intéressant.

« O-oui, s'il te plaît... Tu... ne diras rien à Ashton, hein... ? »

Ewen éclata de nouveau d'un rire franc, puis répondit d'une voix attendrie.

« Je te promets de ne pas lui en souffler un mot. Espérons qu'on ne le croisera pas, parce que dans ce cas, je ne pourrais rien pour toi. »

Tala fut prise d'un nouveau sursaut qui manqua de la faire tomber. Effectivement... Elle n'y avait pas songé. Oh non, il était hors de question qu'elle le laisse se moquer d'elle une nouvelle fois, et pire encore, qu'elle le laisse la traiter comme une enfant. Aujourd'hui, au moins, elle devait être capable de se montrer éblouissante. Aujourd'hui, au moins, elle devait être femme. C'est forte de ces résolutions qu'elle s'accrocha définitivement au bras d'Ewen et qu'ils se mirent en route en direction du Champs de Mars où Tala décida qu'elle devrait faire ses preuves. Et si, au départ, la jeune femme était plus crispée qu'autre chose, elle s'habitua progressivement au contact d'Ewen et se détendit sensiblement. Enfin... Jusqu'à ce qu'ils arrivent sur place. Là, Tala vit la gigantesque foule qui s'y trouvait. Là, Tala crut voir tous les regards converger vers elle. Là, Tala paniqua.

« E-Ewen je... J'ai changé d'avis je... je veux rentrer. »

Le jeune homme se tourna vers elle, l'air surpris -et sans doute un peu déçu, aussi.

« Mais Tala, tout va bien, je suis là, avec toi, et personne ne te regarde... »

La concernée secoua brusquement la tête, stoppée devant l'entrée des Champs de Mars, stoppée devant ce qui lui semblait une épreuve insurmontable.

« Il y a trop de monde et je... je... »

Ewen raffermit doucement sa prise sur le bras de la jeune femme dans un geste qui se voulait rassurant. Celui-ci porta ses fruits, parce qu'il sentit Tala se crisper sur son bras, comme s'il s'agissait-là de son seul rempart entre elle et un monde qu'elle s'imaginait profondément hostile.

« Tala, s'il te plaît, écoute moi. Tu n'as rien à craindre. Personne ne te veut le moindre mal, et je te promets qu'il ne t'arrivera rien. »

La concernée tourna un regard affolé vers lui, puis secoua la tête.

« Tu ne comprends pas Ewen, j-...
- Tu m'entends ? Je te le promets. »

Quelque chose dans les yeux de Tala l'informa qu'il avait appuyé sur le bon bouton et tout le corps de la jeune femme se détendit d'un seul coup. Ses iris couleur de Jade quittèrent les siens pour se poser sur la foule compacte qui les attendait. La demoiselle afficha bientôt un air profondément contrarié mais accepta de se risquer à faire un premier pas, puis un second. Alors, encore une fois, Ewen sut qu'il avait gagné.

« Et puis, n'oublie pas, tu dois prouver à Ashton que tu es une adulte, pas vrai.. ? »

Son trait d'humour trouva de nouveau le chemin des lèvres de Tala, puisque celle-ci lui accorda un mince sourire où transparaissait cependant toujours un peu de panique. Le fossoyeur se dit que c'était déjà ça et laissa Tala reprendre ses esprits et esquisser elle-même un troisième pas.

« Ce serait dommage qu'il ne voit pas à quel point tu marches bien, avec ces talons... »

Cette fois, il s'attira un regard noir de la part de son amie. Mais au lieu de le contrarier, cela eut tout l'effet inverse. Si Tala lui envoyait ce regard-là, c'est qu'elle allait déjà mieux. Et l'attitude de la demoiselle lui annonça bien vite qu'il avait vu juste. Car c'est d'un pas décidé qu'elle avança sur les pavés parisiens.

« Wow ! Et sans tomber, en plus ! C'est que tu progresses ! »

La petite tape qu'elle lui mit le fit éclater de rire. Il avait enfin retrouvé la Tala qu'il aimait tant. Alors seulement, ils s'enfoncèrent dans un monde de sons et de couleurs où tout un chacun devait pouvoir trouver son bonheur.
Tala ne fit pas exception à la règle, et, bientôt, elle observa les Champs de Mars avec la même avidité que tous les autres. Il fallait avouer que l'ambiance restait bon enfant, et que personne n'était vraiment là pour la juger. Au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait dans la foule, elle semblait d'ailleurs le comprendre. Son regard, tour à tour, s'arrêta sur un groupe visiblement américain où elle crut reconnaître une artiste du cabaret qu'elle avait déjà croisé en s'y rendant, puis sur un rassemblement de danseurs plutôt doués. D'ailleurs, Ashton en faisait partie et-... Attendez. Que venait-elle de dire ?  Elle avait dû se méprendre, il ne pouvait tout simplement pas être là, pas vrai ? Non, bien sûr que non... Elle risqua pourtant un œil en direction des danseurs et sursauta à nouveau, manquant de tomber. Impossible. Le destin se voulait terriblement facétieux, pire encore, le destin se voulait mesquin. Non, décidément, Tala n'était pas d'accord. Elle enfouît brusquement sa tête dans l'épaule d'Ewen qui sursauta à son tour.

« Tala ?! Mais qu'est-ce qui t'arrive ?!
- Ilestlà,ilestlà,s'ilteplaîtEwencachemoi.
- Mais QUI est là, Tala ? Tu as des ennuis ? Quelqu'un te veut du mal ? Tu sais, tu peux m'en p-...
- ASHTON est là ! Oh, s'il te plaît Ewen, je ne veux pas qu'il me voit ! »

Le concerné partit dans un fou rire incontrôlable. Et dire qu'il s'était imaginé que Tala avait des problèmes avec de dangereux criminels... Mais non, il ne s'agissait que d'Ashton, et s'il y avait bien quelqu'un à qui Ewen aurait confié Tala les yeux fermés, c'était lui. Il lança un grand sourire à Tala et fit mine d'avancer vers son ami.

« Et bien justement, allons le voir avant qu'il ne nous voit ! Comme ça, en te voyant arriver sur tes merveilleux talons, il ne pourra qu'applaudir.
- Mais tu ne comprends pas... ! Il va se moquer, il va trouver une raison quelconque, si ce n'est pas à cause de ma démarche, ce sera pour autre chose, oh s'il te plaît Ewen, cache-moi, je t'en supplie ! »

Ewen éclata de nouveau de rire, puis abdiqua.

« Très bien, très bien... Si tu me lâches, j'irai te chercher une barbe à papa tellement grande que l'on ne t'apercevra même plus. Ça te va ? »

Tala le lâcha brusquement, manquant une nouvelle fois de tomber. Elle fut rattrapée in extremis par Ewen chez qui cette presque chute déclencha de nouveaux éclats de rire. Ce qui lui valut un énième regard noir au passage.

« Si tu me regardes comme ça, je ne suis pas certain d'avoir envie de t'apporter cette barbe à papa, Tala... Je devrais peut-être héler Ashton, tu ne crois pas ?
- NOOOON ! Pardon, pardon, je m'excuse ! S'il te plaît Ewen ne le fais pas ! »

Ewen partit dans un nouveau fou rire et disparut dans la foule à la recherche de cette fameuse barbe à papa gigantesque. Tala se retrouva seule et se sentit soudainement très exposée. Là où elle était, Ashton pouvait l'apercevoir à tout moment et elle n'avait aucun mal à imaginer le sourire moqueur qui se déposerait sur ses lèvres s'il la voyait manquer de tomber. Même Ewen en riait ! Cela signifiait ce que ça devait signifier ! Alors, Tala prit la plus grande décision de sa vie. Elle lança un dernier regard à celui qu'elle se refusait catégoriquement à croiser et pénétra dans la foule compacte, seule. À présent, c'était elle contre le monde.

Au début, tout se passa relativement bien. En fait, en y réfléchissant un peu, c'était même beaucoup plus simple que prévu, il lui suffisait simplement de marcher, de se laisser porter par le mouvement des gens qui l'entouraient. Et si elle eut d'abord le réflexe de sursauter à chaque fois que quelqu'un la bousculait, celui-ci disparut rapidement tant il en devenait fréquent. On s'habitue à tout, même aux choses les plus détestables, après tout. Enfin, après quelques temps de marche au cœur de la foule, Tala déboucha sur un espace un peu plus large où se trouvaient quelques musiciens, visiblement absorbés par le morceau qu'ils interprétaient. Contrairement à beaucoup, Tala n'avait jamais aimé la musique plus que ça. Elle trouvait ça sympathique, c'était vrai, mais ça s'arrêtait là. Pourtant, le morceau qui parvint à ses oreilles en cet instant lui mit les larmes aux yeux.



Ce sentiment d'être un monstre depuis sa naissance, cette sensation qu'elle ne pourrait jamais faire véritablement partie des humains, c'était horrible, elle ne la connaissait que trop bien, la fréquentait toutes les nuits, et cette dernière la prenait à la gorge. C'était invivable, en fait. Ça l'était tant qu'elle eut un mouvement de recul et chuta en arrière. Maudits talons ! Heureusement pour elle -?- quelqu'un la rattrapa avant qu'elle ne heurte le sol. Avant qu'elle n'ait le temps de se crisper, un éclat de rire retentit dans ses oreilles, la ramenant à la réalité la plus énervante du monde.

« Well, well, well, falling into my arms, mylady ? »

Boooon. La chance ne s'était visiblement pas décidée à lui sourire, apparemment. Elle ne comprenait pas un mot de ce que venait de lui dire son ''sauveur''.

« Euh... Yes ? »

Celui-ci éclata de rire face à sa réplique. Apparemment, lui répondre oui à ce qu'elle avait deviné être une question était une bonne idée. Parfait ! Elle n'avait qu'à poursuivre ainsi. Elle se redressa dans les bras du concerné et lui adressa un sourire hésitant, profondément mal à l'aise mais n'osant pas vexer celui qui lui avait évité la honte de sa vie.

« Oh, I'm such a lucky guy, getting a beautiful smile like that... »

Oui, donc, cette fois, il semblait plutôt content de quelque chose, si elle en croyait le ton qu'il utilisait. Quoique ce soit, ce devait être en rapport avec elle ou la fête de la musique. Il ne lui restait plus qu'à répondre oui, vu que c'était positif.

« Yes ! »

Sa réponse illumina le regard de l'homme qui lui répondit par un sourire ''à la Ashton'', comme Tala trouva bon de le qualifier. Elle y répondit donc en voyant que l'homme n'était visiblement toujours pas décidé à la lâcher. Pire encore, il passa une main dans son dos.

« Heh... Should I take this as an invitation ? »

Encore une question. Tala se sentait de moins en moins à l'aise, mais si elle prenait le risque de s'échapper des bras de l'homme, elle allait tomber. Elle se savait toujours instable sur ses chaussures qu'elle se promit d'ailleurs de brûler en rentrant chez elle. Mais pour l'heure, elle avait d'autres préoccupations... Comme réussir à faire en sorte que l'homme la lâche. Elle répondit donc.

« Yes !! »

Son ton, plus enjoué, encore, sembla plaire à l'homme plus que toutes ses autres réponses. Son sourire s'élargit, et il se pencha contre son oreille.

« Well, I like bold women... You look bold, am I right ? You're not scared of anything, are you ? »

Quelque chose en elle, peut-être un peu d'instinct, lui fit comprendre que la situation dérapait étrangement. Alors, cette fois, Tala décida de répondre par la négative, afin que son vis à vis ne puisse pas se méprendre.

« Euh... No ! »

Cela sembla porter ses fruits parce que l'homme recula son visage, bien qu'il ne perdit pas son sourire. Il éclata même de rire. Tala s'autorisa un soupir de soulagement alors que l'homme reprenait.

« You know, mylady, I have three hobbies in my life: Sea, sex, and sun. Well, sea is obviously not quite there, in Paris, but at least we could enjoy the two others... How about it ? »

Cette fois, Tala hésita sur la réponse à offrir à l'homme. Elle n'avait bien évidemment rien compris, mais quelque chose lui disait que cette réponse là, plus que toutes les autres, était terriblement importante. Après quelques instants de doute, Tala décida cependant de faire confiance au hasard et répondit enfin.

« Oh, euh, Yes. Haha. »

L'homme lui offrit un magnifique sourire, visiblement enchanté par sa réponse. Alors, il... il... il... baissa la main en direction d-de... Tala se crispa mortellement, s'empourpra tout autant, puis ferma brusquement les yeux. Quelle idiote... ! Qu'est-ce qu'elle avait encore dit ?! Dans quel pétrin s'était-elle encore fourrée ?! Oh non, non, non, non... Ça ne pouvait pas lui arriver, c'était un malentendu, elle ne pouvait pas laisser faire ça et...


« Je.. J'ai changé d'avis, je-...
- Hey, hey, hey... I don't understand a single word of French, except "Oh la la", miss... Don't be so tense, no one will see us and we'll just have to get away from here, ok ? »


La main continua à descendre, caresse brûlante tout contre son corps. Le pire, dans tout ça, était sûrement qu'elle aimait la sensation, malgré tout... ! Tala fronça les sourcils, s'empourpra de plus bel et pria tous les dieux de lui venir en aide. Elle fut certainement entendue car la main du jeune homme n'atteignit jamais son objectif. Tala fut brusquement tirée en arrière et se retrouva dans des bras qu'elle considéra immédiatement comme ceux d'un ami.

« Sorry, sir, You can't touch this. »

L'homme écarquilla les yeux, surpris dans son geste par le nouveau venu, que Tala identifia comme Ewen. Elle s'empourpra plus encore, désormais morte de honte. Le bras protecteur de son ami se referma un peu plus sur elle, l'éloignant encore un peu de l'homme qui sembla s'énerver.

« Who the Hell are you ?! »

Ewen grimaça devant la vulgarité de son vis à vis mais conserva un visage terriblement sévère. Bien qu'elle ne comprit rien à ce qui suivit, Tala put identifier l'extrême dureté du ton qu'il employa.

« I am the big brother of this girl and she does not speak english.
- But... I don't understand, she...
- She certainly did not understand anything you said. I insist, she simply answered out of kindness. »

L'homme lança un long regard surpris à Tala qui détourna immédiatement les yeux depuis les bras d'Ewen, plus rouge encore. Elle avait fait une bêtise, maintenant, elle ne le savait que trop bien. Ewen ne laissa pas le temps à l'homme de répliquer quoique ce soit. Pas plus qu'il ne lui laissa le temps de goûter à la colère qui menaçait de naître sur ses traits.

« Now, we are going to go away and you, you will stay here like a good boy. I would not like to have to hit you. Well, have a nice day, sir. »

Tala lança un dernier regard désolé en direction de l'homme hébété alors qu'Ewen l'entraînait loin de cet endroit. Lorsqu'ils furent à bonne distance de là, Ewen la prit par les épaules sans tenir compte de la crispation qui s'empara de tout son corps.

« Mais bon dieu Tala, qu'est-ce qui t'a pris ?! Comment as-tu pu te retrouver dans une telle situation ? Et POURQUOI tu ne m'as pas attendu ?! Imagine un peu ce qu'il se serait passé si je n'étais pas arrivé, ce que t'aurait fait cet homme, hein ? Tu es INCONSCIENTE Tala, Inconsciente ! 
- Mais-...
- Il n'y a pas de mais Tala, tu aurais pu t'attirer de graves ennuis ! Mais imagine, un peu, IMAGINE ! Regarde moi quand je te parle, je suis sérieux. J'étais mort d'inquiétude quand j'ai constaté que tu avais disparu. Et puis sérieusement, Tala, POURQUOI as-tu répondu à ce type quand tu as remarqué qu'il ne parlait qu'en anglais ?! Qu'est-ce qui t'est passé par la tête ? Explique-moi ! »

Tala baissa la tête et se mordit la lèvre jusqu'à ce que le goût cuivré envahisse sa bouche. Oui, certes, son attitude avait été stupide. Non, elle n'avait pas assuré. Mais Ewen était trop dur avec elle. Elle, tout ce qu'elle voulait, c'était échapper à Ashton. Elle releva bientôt les yeux et fusilla Ewen du regard. Celui-ci sembla surpris le temps d'une seconde, presque blessé, puis décida d'adopter le regard le plus dur de tout son répertoire.

« … Tu ne comprends rien, Ewen. Je ne suis plus une enfant, maintenant, lâche-moi. »

Le concerné écarquilla les yeux et, avant qu'il ne puisse faire quoique ce soit, Tala se dégagea de son emprise et s'enfuît à travers la foule, y disparaissant bientôt. Le fossoyeur poussa un juron et se lança à sa poursuite.

« Tala, attends... ! »

La demoiselle ne s'arrêta pas. Pire encore, elle avança plus vite. Ewen en fit de même mais fut bientôt séparé d'elle par une fanfare bruyante et colorée, qui l'empêcha de voir dans quelle direction elle était partie. Elle ne perdait rien pour attendre, il faudrait qu'ils aient une discussion. Mais pour l'heure, il se devait de la retrouver. Elle était encore capable de s'attirer des ennuis. Ewen commençait d'ailleurs à se demander si elle n'avait pas une sorte de talent inné pour ça. Rageusement, il attendit que la fanfare passe. Lorsque ce fut fait, il dut se rendre à l'évidence. Tala avait de nouveau disparu.

« C'est pas vrai... »

Hélas pour lui, c'était tout ce qu'il y avait de plus vrai. La concernée, pour sa part, avait accéléré le pas lorsqu'Ewen avait hurlé son nom, si bien qu'à présent elle ne pouvait plus ralentir sans prendre le risque de se déséquilibrer et de tomber. Non, décidément, c'était impossible. Elle ne porterait plus jamais de talons de sa vie. Rageusement, Tala baissa la tête afin de fusiller ses chaussures du regard. Bien mal lui en prit, puisqu'elle rentra dans le dos d'un homme fin et d'environ sa taille. La collision fut si forte qu'il en fit tomber ses lunettes, lunettes qui chutèrent à quelques mètres de là, sous l'une des chaises servant visiblement pour un jeu. C'était bien son jour, apparemment. Tala rageait tellement qu'elle en oublia même de s'excuser. Lorsqu'elle releva la tête, par terre, ce fut pour faire face à un visage courroucé, dont le teint blafard et les cernes extrêmement apparentes lui firent lever un sourcil. Ouh. Visiblement, elle n'avait pas bousculé la bonne personne. Mais après tout, elle n'était plus à ça près, hein...
Dolores Keller
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeDim 28 Juin - 15:15

- Bon sang Adam, cessez de gesticuler ! C'est juste une petite expérience ! Je vous assure que vous ne risquez rien !
- N… Non ! Vous aviez dit la même chose la dernière fois !
- Rooooh, mais c'était une toute petite erreur de calcul de rien du tout ! Et puis votre nez n'a pas saigné très longtemps !
- Ce n'était pas ça le problème ! C'était la peau verte qui me posait problème !
- Aaaaaah ! Moui bon… Mais ça s'est estompé tout seul ! Alleeeeeeez ! Une petite piqûre de rien du toooooout !
- Non !
- Adaaaaaaaaaaaaaaam, alleeeeeeeeeeeeez…
- N… Non !

Le regard (très) insistant du docteur Keller eut finalement raison de la persévérance d'Adam qui, après de longues minutes de négociation, releva la manche de sa chemise. Sa peau blanche maintenant exposée, Dolores prit soin de préparer le bras de son cobaye avec toutes les précautions nécessaires afin de s'assurer qu'Adam ne change pas d'avis à la dernière minute. Une fois préparé, la doctoresse inséra délicatement la seringue sous la peau de son assistant et appuya progressivement pour faire entrer le contenu dans la veine du pauvre cobaye. Ce dernier, qui tournait délibérément le regard, grimaça quelques secondes, le temps de l'injection.

- Voilà ! C'est terminé ! Alors ? Comment vous sentez-vous ?
- Pour le moment je ne sens rien de spécial…
- Et si je vous fait ça ?
- Hm quoi donc ?

Un silence plana quelques secondes, le temps pour Dolores et son assistant de comprendre qu'encore une fois, la petite expérience du docteur Keller avait quelque peu cafouillé.

- Hm… Où est-ce que je me suis plantée cette fois ?
- Quoi ? Lâchez mon bras ! Qu'est-ce que vous m'avez…

Avant même qu'il n'eut le temps de terminer sa phrase, Adam se leva de sa chaise et constata avec surprise que son bras ne répondait plus à aucun stimuli. Plus précisément, il était devenu complètement mou, tellement mou qu'il pendait ridiculement, comme dénué de toute articulation. Pris de panique, Adam attrapa son bras avec son autre main et le secoua dans l'espoir de le réveiller, mais il eut le sentiment de toucher de la viande morte plus qu'autre chose. Hébétée, Dolores regardait son assistant courir dans tout le cabinet, poussant des cris de panique suraigus et se mettant des claques par inadvertance à cause du balancement de son bras mort. Tandis que le jeune assistant essayait tant bien que mal de chasser Manfred qui avait élu domicile sur son bras ramolli, Louise apparût soudainement du sol, visiblement pas de bonne humeur.

- C'est quoi ce raffut encore ? Y en a qui essayent de travailler juste en-dessous !… Qu'est-ce que vous avez encore fait tous les deux.
- Une petite expérience ! Les résultats sont assez inattendus, mais je trouve ça rigolo à regarder. Comme si Adam révélait la part de mollusque qu'il avait en lui.

Ne pouvant se retenir de pouffer de rire, Louise et Dolores essayèrent de dissimuler leur amusement à Adam, qui, les lunettes de travers à cause de ses nombreuses claques, était trop en proie à la panique pour pouvoir se vexer.

- Ne vous inquiétez pas Adam ! Les effets devraient s'estomper d'ici ce soir !
- Quoi ?! Mais j'ai un rendez-vous avec ma fiancée ! Elle ne doit pas voir…

Comprenant son énorme erreur, le jeune homme se tourna vers sa patronne et son assistante, dont l'expression avait radicalement changé. La mine curieuse et effrayante de Dolores fit comprendre à Adam qu'il venait de franchir un point de non retour en prononçant le mot fatidique.

- N… Non non mais ce n'est pas ce que vous croyiez…
- Adaaaaaaam ? M'aurais-tu caché quelque chose ?
- Monsieur aurait-il une promise qu'il avait pris soin de nous dissimuler ~ ?
- Je ne vous dirai rien, tant que mon bras ne sera pas guéri ! De toute manière je dois y aller sinon je vais être en retard. Aidez-moi à mettre mon bras en écharpe le temps que cela se soigne, je trouverai un moyen de lui prétexter quelque chose…

Surprises par le soudain aplomb d'Adam, Dolores et Louise se regardèrent, perplexes. Sans doute était-ce là la force de l'amour et la volonté d'un véritable fiancé. Tandis qu'elles essayaient d'imaginer à quoi pouvait ressembler la chère et tendre de leur souffre douleur, ce dernier parvint à nouer une longue bande de tissu autour de son bras, pour prétexter une légère entorse, avant d'enfiler son chapeau et sa veste légère. Il salua rapidement sa patronne et sortit en toute hâte du cabinet, direction le Champ de Mars où lui et sa promise devaient se retrouver.

Vraiment, quel idiot d'avoir dit ça à haute voix ! À présent le docteur Keller allait sans cesse lui poser des questions la concernant, et elle risquait de vouloir la rencontrer, et tout le monde sait jusqu'où elle peut aller pour satisfaire sa curiosité… Dorénavant au niveau d'une des rues principales de Paris, Adam leva le bras (celui qui était toujours en vie) pour demander à un cocher de le prendre et de l'amener jusqu'au champ de Mars. La voiture et les chevaux s'arrêtèrent, permettant au jeune assistant de monter dans la voiture et s'asseoir prêt de la fenêtre. S'apprêtant à taper sur le plafond pour faire signe au cocher de démarrer, il fut surpris de voir un passager entrer précipitamment dans la voiture à son tour, légèrement essoufflé.

- Ouf ! Vous marchez drôlement vite pour un humain cher assistant !
- D… Docteur Keller ?! Mais pourquoi m'avez-vous suivi !?
- Quelle question idiote…
- Louise !? Mais mais… Vous n'avez pas le droit de sortir du cabinet !
- Yvonne monte la garde, il fait trop chaud pour elle, elle refuse de sortir.
- Ça veut dire que…
- Manfred s'est posé sur le toit ! Les petits espaces le font paniquer.

Jetant sa tête en arrière, Adam ne savait plus trop s'il était nécessaire de paniquer, vu que visiblement, sa patronne et Louise étaient bel et bien décidées à faire connaissance avec sa fiancée. Pourquoi fallait-il qu'elles l'apprennent ce jour-là ? Et pourquoi devait-il avoir le bras ramolli ce jour-là ? Et pourquoi TOUT ARRIVAIT CE JOUR-LÀ ? Les sorties de sa fiancée étaient assez rares, surtout en été. Mais étant férue de musique, elle ne pouvait pas rater une après-midi pareille. Et lui non plus, sauf que dorénavant, tout était compromis par les deux énergumènes qui ne pouvait s'empêcher d'afficher un sourire satisfait à l'idée de rencontrer celle qui avait fait chavirer le cœur de leur assistant préféré. De vraies gamines…

- Et on va où au juste ?
- Docteur…
- Hm ?
- … On va au Champ de Mars. Aujourd'hui de nombreux musiciens ont été invités à jouer ensemble.
- De la musique ? Quel ennui… Edward m'en a parlé d'ailleurs, mais je ne l'ai pas vraiment écouté ce soir-là. Vous aimez la musique Adam ? À moins que ce ne soit votre fiancée ~ ?

À chaque fois qu'elle ou Louise prononçait le mot « fiancée », aucune des deux ne pouvait s'empêcher de retenir ce sourire satisfait, entre joie et moquerie. Adam tentait d'y faire abstraction, mais le regard insistant de ses deux collègues le mettait terriblement mal à l'aise.

- Oh oh ! À quoi ressemble-t-elle ? Blonde ? Brune ? Petite ? Grande ?
- Vivante ? Morte ?
*Pfffrt*

Cette après-midi risquait d'être la plus longue et douloureuse de toute sa vie…

***

La voiture s'arrêta enfin, laissant la doctoresse et ses assistants en descendre. Le champ de mars était extrêmement peuplé, on entendait déjà à l'entrée de nombreuses mélodies variées flotter dans les airs, mêlées au brouhaha des passants. Dolores n'aimait pas la musique, elle en était tout simplement insensible. Pour elle ce n'était que des variations de son sans grand intérêt, qui, même agréables de temps à autre, ne l'attirait pas vraiment. Louise était au contraire très amatrice de musique mondaine, étant une grande joueuse au casino, certaines musiques lui rappelaient ses années passées. Mais aucune des deux n'avait envie de s'arrêter pour écouter du piano ou de la guitare, l'objet de leur convoitise était une jeune femme qui se trouvait au milieu de toute cette assemblée. Une fois Adam descendu de la voiture et Manfred posé sur l'épaule de sa propriétaire, le petit duo (Louise étant invisible à tous les humains présents) s'avança dans le Champ de Mars, en quête de la tant recherchée princesse.

Étant finalement arrivés en avance, Adam essaya de profiter de ce court moment pour semer sa patronne et Louise au milieu de la foule, mais rien à faire, elles étaient aussi coriaces que des tiques attachées au pelage d'Yvonne. Il était convenu qu'ils devaient se retrouver au centre de la place à 14 heures tapantes. Une fois sur place, le garçon à lunettes inspecta la foule, imité par ses compagnes qui essayaient de deviner laquelle était la bonne.

- Oh j'espère que ce n'est pas celle-ci, elle est horriblement laide…
- Celle là ? Non elle a un homme avec lui.
- Et cette… Oh, mais elle a une barbe !
- Depuis quand les hommes ont-ils les cheveux longs ?
- Il faudra voir ça avec Edward.
- Où est Adam ?

Tandis qu'elles avaient détourné leur attention du jeune assistant quelques secondes, celui-ci en avait profité pour s'éloigner le plus possible, laissant l'homonculus et sa secrétaire fantôme seules (avec Manfred) au milieu d'une immense foule.

- Quel toupet ! Abandonner sa patronne comme ça !
- Envoie Manfred faire un survol de la foule !
- Oh ! Excellente idée ! Allez Manfred ! Vole !

L'oiseau décolla de l'épaule de sa maîtresse, bien décidé à retrouver l'assistant de cette dernière. Plein de volonté, il écarta les ailes dans un élan héroïque, effectua un gracieux looping avant de rentrer violemment dans le sol, aux pieds de Dolores qui n'avait pas bougé.

- Il va sérieusement falloir revoir son équilibre aérien…
- Là-bas ! C'est Adam ! Il fait un signe de la main, VITE !

Sans perdre une seconde, Dolores ramassa son pauvre petit pigeon au gouvernail perturbé et se précipita vers Adam, situé quelques mètres plus loin. Parallèlement, une autre personne, cette fois de l'autre côté du jeune assistant, courait elle aussi à toute vitesse dans sa direction en hurlant son nom.

- Adaaaaaaaaaaaaaam !!
- Lisette !
- ADAAAAAAAAAAAAAAAM !!
- D-Docteur !?
- Adaaaaaaaam !!
- ADAAAAAAAAAM !!

Le choc fut frontal. Quelques plumes de Manfred volèrent au-dessus de la foule qui s'immobilisa quelques secondes, attirée par les cris de Dolores, avant de reprendre sa marche habituelle, laissant à part le petit groupe renversé par terre. Adam se releva en premier, aidant la mystérieuse inconnue à se lever à son tour. La doctoresse se leva de son côté, rajusta ses lunettes avant de se tourner vers son assistant, prête à lui faire un vilain sermon. Mais le jeune homme n'y prêtait pas attention, trop occupé à s'assurer que l'autre personne n'ait aucune blessure.

- Tu es sûre que tout va bien ?
- C'était juste une petite chute de rien du tout ! OH ! Mais ton bras ! Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Je peux regarder ? Ça te fait mal ? Qui t'a fait ça ?
- Lisette calme-toi c'est juste…
- Et ce bandage, il est fait n'importe comment ! Toi qui est infirmier, tu aurais pu faire ça mieux ! Et pourquoi tu es sorti sous cette chaleur alors que tu es blessé ! Imagine que tu perdes conscience !
- … Liseeeette.
- Eh bien, cher assistant, tu ne fais pas les présentations ?

Adam se retourna et aperçut sa patronne les mains sur les hanches, le menton levé, un sourire satisfait au lèvre. Elle prenait son rôle de patronne très au sérieux face à des inconnus… Voyant qu'il était inutile de faire marche arrière, le jeune homme soupira et s'écarta pour faire les présentation entre sa fiancée et sa patronne.

- Docteur Keller, je vous présente Lisette, ma fiancée. Lisette, voici le docteur Dolores Keller, c'est la patronne dont je t'ai parlé.
- Enchantée ! Vous pouvez m'appeler Dolores, et voici Manfred, c'est mon pigeon de compagnie !
- Alors c'est vous sa patronne, il parle tout le temps de vous !
- Aaaah ~ ?
- Je suis ravie de faire votre connaissance !

Ladite fiancée était assez petite, elle arrivait à l'épaule d'Adam malgré les petits talons de ses souliers. Belle comme un cœur, elle avait de longs cheveux blonds attachés sous son chapeau, dont quelques mèches bouclées pendaient au niveau de ses oreilles. La mine très pâle et les yeux bleus clairs, ses pommettes fortement rosées lui donnait l'air d'une petite poupée. Son débit de parole était très rapide, ce qui à première vue était assez déroutant, comparé au caractère d'Adam. Mais étonnamment les deux s'accordaient à merveilles.
Tandis que les présentations se faisaient plus en détail, deux personnes coururent en direction du petit groupe, la mine à la fois inquiète et soulagée. Ils en avaient sans doute après Lisette qui les reconnut immédiatement.

- Mademoiselle, vous ne devez pas courir sous cette chaleur !
- Vous avez oublié votre ombrelle ! Oh ! Bonjour Monsieur Adam. Pardonnez nous notre léger retard, Mademoiselle Lisette as mis beaucoup de temps à trouver quelle robe mettre…
- Oh de la trompette ! Vite Adam ! Allons voir !

Ignorant complètement les deux personnes qui venaient d'arriver (qui se révélaient être la gouvernante et l'homme de main de la jeune demoiselle), Lisette quitta le petit groupe, prenant Adam par sa main disponible, et courut en direction d'un des groupes de musique, dont l'apparence trahissait leur origine outre-manche. Étonnée, Dolores ne s'imaginait pas voir une fiancée aussi énergique que cela. Adam étant quelqu'un d'assez fragile, la doctoresse essayait d'imaginer comment il sut conquérir son cœur. Une chose était sûre néanmoins, c'était que chacun aimait éperdument l'autre, cela sautait aux yeux. C'était profitable, pensa Dolores, à présent elle avait un vrai point de pression pour faire faire à son assistant tout et n'importe quoi. Cette petite fiancée était un don du ciel, il ne restait plus qu'à l'inviter au cabinet pour faire plus ample connaissance. Par sûr qu'Adam soit d'accord…

- Ils sont adorables tous les deux, quand on les regarde on a l'impression que la maladresse d'Adam a complètement disparue…

À peine Louise eut-elle prononcé ces paroles que les deux amoureux, qui avaient entamé une petite danse, s'étaient mutuellement marchés dessus, leur faisant perdre l'équilibre et tomber par terre. Lisette rigolait, tandis qu'Adam cherchait à s'assurer que sa moitié ne s'était pas faite mal.

- Au temps pour moi, je n'ai rien dit, il reste un vrai boulet. Elle a l'air aussi maladroite que lui, ils ne pouvaient pas mieux se trouver.
- Boooon, bah moi je vais me promener un peu. Dites moi, serait-il possible que Lisette passe au cabinet un jour ? J'aimerai faire un peu plus sa connaissance.
- Oh ! Et bien tout dépend de son emploi du temps, vous savez ce n'est pas très facile pour elle de sortir…
- Pourquoi donc ?
- Oh vous n'étiez pas au courant. Je craints ne pas être la personne qui devrait vous parler de cela, Monsieur Adam vous expliquera plus en détail. Nous devons vous laisser, à bientôt !

Les deux serviteurs de la jeune fiancée s'engouffrèrent à leur tour dans la foule, laissant Dolores seule avec Manfred et Louise. De quel emploi du temps pouvaient-ils bien parler ? Si elle avait des serviteurs, elle devait sans doute être membre d'une petite noblesse, et dieu sait que les nobles ne sont pas les plus disponibles. Dolores laissa néanmoins tout cela de côté, il était temps de faire un tour. Louise lui emboîta le pas, toujours amusée par la danse du couple maladroit.

- Aaaah, ça me rappelle ma jeunesse. Les bals, les hommes qui me courtisaient, c'était le bon temps.
- Courtisée ? Toi ? Je croyais que ton seul amour était ta machine à écrire.
- J'étais une grande charmeuse de mon temps ! Et… Oh tiens, ce serait pas ton cher patron là-bas ?

Alors qu'elle venait de terminer sa phrase, Dolores était déjà partie à toute vitesse en direction de son loup-garou préféré, les bras levés. Sa course se termina par un geste gracile de doigt dans la joue du patron de cabaret, qui en se retournant se prit l'attaque de la doctoresse de plein fouet. La joue appuyé, il regarda son employée la mine fatiguée. Visiblement la fête de la musique, ce n'était pas trop son fort à lui non plus.

- Oooh bah on fait la tête ? Bah moi aussi figure-toi ! Adam a une fiancée ! Et il ne me l'a même pas dit ! Sa patronne préférée, t'y crois toi !? Bon elle est adorable hein et tous les deux sont des boulets de haute compétition, mais quand même ! Mon petit Adam tout faiblounet, ça me fait bizarre de me dire qu'il a une vie en dehors de mon cabinet… J'aurai peut-être dû l'enfermer avec moi !

Tandis que Dolores était partie dans un de ses nombreux monologues, des musiciens montèrent sur la scène située juste à côté (Edward s'étant probablement réfugié ici pour se mettre à l'abri de la musique) et, vêtus d'une tenue brillante et totalement futuriste, commencèrent à jouer sans prendre attention à la doctoresse juste devant qui essayait de parler de plus en plus fort pour faire passer sa voix au-delà du son des instruments.



- ET DONC SON BRAS EST TOUT MOU !!! MAIS JE SAIS PAS POURQUOI, PAR CONTRE C'EST TRÈS RIGOLOOOOO !!!!!
- Dolores, tu parles un peu trop fort là…
- VOUS POUVEZ ARRÊTEZ DE JOUER, JE DISCUTE !

Les musiciens qui, soit n'entendaient pas la doctoresse, soit en faisaient abstraction, continuèrent de jouer leur drôle de chanson sans être perturbés. Vexée, Dolores se tût finalement, reprochant à la musique d'empêcher de penser correctement. Un des hommes s'arrêta de jouer au bout d'un moment et se rapprocha de Dolores qui enchaînait entre signes de la main et grimaces douteuses pour attirer leur attention (non vraiment, la musique, elle s'en moque).

- Vous pourriez arrêter de jouer, je cherche à discuter en fait là avec ce beau jeune homme là-bas…
- Ah bah, moi j'vois personne hein.

Se tournant, Dolores se rendit compte qu'Edward était déjà parti depuis un moment. Seule Louise était restée là, elle dansait d'ailleurs avec un partenaire spectre qui l'avait invitée à danser au milieu des vivants.

Une heure plus tard, après avoir longuement déambulé au milieu des instruments et des danseurs, la doctoresse et son amie retrouvèrent Adam et Lisette, qui étaient assis sur un banc en train de manger une glace.

- Ils sont tellement touchant… On devrait peut-être les laisser non ? Dolores ?
- Alors Lisette ! Comment trouvez-vous mon cher assistant ?
- …

S'étant invitée sur le banc de façon impromptue, l'homonculus attrapa les mains de la jeune fiancée, contre l'avis d'Adam qui n'avait même pas vu sa patronne venir.

- Vous savez, il n'est pas un mauvais bougre, je suis sûre qu'il vous conviendra !
- En fait je…
- Docteur, Lisette et moi nous sommes rencontrés bien avant que je vous connaisse vous.
- Hm ? Oh vraiment !? Dans ce cas dites-moi toutes les choses embarrassantes que vous savez à son propos. Est-ce qu'il suçait son pouce ? Vous avez une photo de lui quand il était petit ? Était-il malmené à l'école ? Connaissez-vous un surnom très gênant que je pourrai utiliser ? Est-ce qu'il existe quelque chose qu'il aime par dessus tout que je pourrai utiliser pour faire du chantage ? Oh ! Bah vous évidemment, vous êtes parfaite pour le chantage. Vous seriez d'accord pour que je profite de votre statut ? Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas une trahison, juste un accord entre amies. Oh vos doigts sont tellement fins. Vous faites du piano ? Cela expliquerait votre présence ici. Adam sait-il jouer d'un instrument ? Il doit être très mauvais. Ça alors, c'est la bague qu'il vous a offerte ? Elle est drôlement belle, elle doit valoir une petite fortune ! Vous me raconterez le jour où il a fait sa demande ? Est-ce que c'était embarrassant ? Sur une échelle de 1 à 10, quelle note donneriez vous à Adam en tant que fiancé ?
- … Docteur…
- … Je vais répondre à toutes vos questions !
- QUOI !? Lisette !!
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeDim 28 Juin - 21:06

Si vous vous demandez s'il existe des femmes que l'on peut sous estimer, la réponse est… Non.

La fuite d'Edward et Andréa ne s'était pas exactement passée comme prévu. La tactique était pourtant bien ficelée et plutôt ingénieuse : un éloignement lent, insoupçonnable. Passant d'un artiste à l'autre, d'un danseur au suivant avec seulement quelques mots pour chacun. Le duo de lycanthropes avait réussi à mettre une bonne dizaine de mètres entre eux et les applaudissements de la comtesse. Au prochain groupe, ils disparaîtraient dans la foule et à eux la liberté. Ils firent un pas vers un trio de dandy en costume blanc effectuant une chorégraphie toute à fait ridicule avec une chanson au français massacré lorsque la trompette de M. Brown se fit silencieuse. Une seconde s'écoula, une seule, avant que la voix de son épouse ne résonne aux oreilles d'Edward:

Mister Whiiiiiiite !

Le bond que le loup effectua sur le côté fut assez important pour bousculer son neveu autant que les danseurs au tic capillaire prononcé. Il avisa tour à tour la face peinturlurée de la comtesse, puis l'endroit où elle se trouvait plutôt, sans comprendre. L'aristocrate battit des cils avec insistance, éloignant d'un coup de postérieur agile le trio français dont elle ne souhaitait visiblement pas entendre les réclamations. Un petit éventail vint masquer son visage aux traits sournois, tandis qu'elle prenait l'air de la vierge la plus innocence, glissant :

Il y a une nouvelle groupe à placer, ils ont une décor sooo magnifique ! Une Yellow Submarine !
Mais je m'occupais de ces…
C'est si… Rigolo. On dirait un grosse boîte en carton. Mais jaune. Hufhuf !
Vous pouvez peut-être vous en o…
Et il y en a une avec des petits lunettes toutes ronds ! Venez, venez.

Andréa guettait les réactions de son oncle, sentant nettement ses nerfs se vriller. Pourtant Edward resta étrangement calme. Il inspira profondément, dégagea son visage des quelques mèches que la bise y avait poussé, pour abandonner dans un sourire qu'il voulut charmeur :

Milady… Je laisse ce groupe à vos bons soins. Je ne doute aucunement de vos talents à vous occuper d'un quatuor dont l'originalité n'égale surement pas votre beauté.
Oh ! Vil flatteur…

La jeune femme agita un peu plus vite son éventail. Elle détourna le regard, troublée sans doute, avant de tendre sa petite main frêle à Edward pour y réclamer un baiser. Du moins ce fut ce qu'il crut… Car, elle ne lui laissa pas le temps de s'en saisir.
D'un geste d'une vivacité exceptionnelle, ses doigts se refermèrent sur la cravate d'Edward avec une force qu'on n'aurait nullement soupçonné pour un corps si frêle. Elle le tira sèchement jusqu'à elle, plantant son regard dans le sien, et lâcha d'une voix toujours chantante, mais qui, cette fois-ci, effraya Andréa :

Honeeeey ! Il faut que VOUS placiez ces musicians ! Tout de suiiiite ~

Elle relâcha Edward dans une moue séductrice, puis pointa du bout de son index le groupe de musiciens en pleine discussion avec le comte. Edward la toisa en silence, puis jeta un coup d'œil hébété à son neveu. Tous deux se mirent d'accord d'un signe de tête, et alors même que la comtesse s'éloignait d'un pas, Edward lâcha :

Cours !

Les deux lycanthropes tournèrent les talons et s'enfuirent à toutes jambes parmi la foule. Ils bousculèrent de nouveau le trio français, mais n'attendirent pas leurs reproches pour se jeter à corps perdu dans le marasme humain, entreprenant de remonter le Champs de Mars dans sa totalité si le besoin s'en faisait sentir. Ils traumatisèrent au moins deux chiens, un groupe de grands-mères en pleine admiration devant un papi au déhanché terrifiant de souplesse et un vendeur de gaufres avant de s'arrêter, essoufflés.
Le rire commun des deux loups s'éleva près de la fontaine centrale sur laquelle ils avaient pris appui. Ils s'y assirent, le temps de reprendre leurs esprits, et jetèrent un regard conquérant en direction de la tour Eiffel. Andréa essuya son front d'un revers de manche, et abandonna sur un ton qui trahissait son amusement :

Ta réputation de gentleman risque d'en prendre un coup cette fois !
Je préfère prendre le risque, je ne supporterai pas d'être appelé « Mister White » une nouvelle fois.
Tu veux dire, « Misteuw Ouaaaït », se moqua gentiment le louveteau en prenant une voix trop aiguë pour son timbre.

Edward trouva judicieux de l'arroser pour le faire taire, avant qu'une exclamation ne les fasse tressaillir. Ils relevèrent la tête, visiblement aux aguets, ne voulant pas encore croire leur instinct qui hurlait à l'approche imminente du danger. Un cri perça à nouveau la foule. Ils se dressèrent sur leurs jambes, le cœur battant. Andréa souffla :

C'est… impossible.

Pourtant ce fut bel et bien la silhouette de la comtesse Brown qui s'envola depuis un banc où elle avait pris appui, se moquant de troubler le rendez-vous amoureux de ses pensionnaires. Elle atterrit dans le sol poussiéreux avec une grâce sauvage, se releva et réajusta une mèche brune qui tombait sur son visage avant de planter son regard dans celui d'Edward. Le loup eut un mouvement de recul marqué qui lui fit mettre la main dans l'eau. Il eut à peine le temps de murmurer :

On se sépare.

Relevant ses jupons, sèche de la moindre goutte de transpiration, la comtesse Brown ajusta son angle de visé, enfonça un peu plus des talons d'ébène dans le sol poussiéreux, et dans une détente féline, elle s'élança à sa suite :

Mister Whiiiiiiiiite !!

La suite fut de l'ordre de l'irréaliste pour Edward. Il courait à toute allure, pressé de semer cette furie qui hurlait encore et toujours son nom dans son dos. Il sautait par dessus bancs et poubelles, se faufilait entre les artistes, renversa un mangeur de glace qui lui était familier, bondit même sur une scène étrange où un fauteuil était au centre de l'attention avant de bifurquer sèchement pour slalomer entre des vendeurs ambulants, mais elle était toujours et invariablement derrière lui. Elle ne faisait qu'une bouchée de chaque obstacle et même la haute scène ne l'arrêta pas, à ceci près qu'elle ne laissa aucune chance à la chaise. Cette course poursuite dura de longues et intenses minutes et ne fut pas sans mettre un peu le souk sur le Champs de Mars.
Edward ne dut son salut qu'à une miraculeuse présence d'esprit. Il s'arrêta soudainement dans sa course, faisant volt face pour affronter son assaillante. Le souffle rapide, il la vit paraître après avoir esquivé un duo de clavecinistes dans une souplesse arrière magistrale qui lui permit de passer sous les instruments. Elle se releva aussi simplement, épousseta sa robe, avant d'afficher un sourire ravi :

Allons Honeeey ! Ce n'est pas gentil de me faire courir ! Les musicians attendent ~

Edward la fixa avec sérieux. Il acquiesça, et fit quelques pas vers elle en signe de reddition. Puis se figeant tout à fait, il pointa au loin une petite dame en robe noire et s'exclama avec une admiration excessive :

Regardez ! La Reine d'Angleterre !
What ? Où… Oh my god ! Oh my god ! Oh my god ! Oh my god ! Oh my god ! Oh my god ! Oh my god ! Oh my god ! Oh my gooooood !

Le comtesse trépignait. Edward disparut. Il trouva asile dans une petite tente voisine, laissant Lady Brown s'éloigner, toute émue qu'elle était. Il attendit encore une bonne dizaine de minutes avant de s'en extraire, préférant être certain qu'il ne courrait plus aucun risque. Puis retirant définitivement sa cravate, las de supporter ce collier de tissu, il partit à la recherche de son neveu.

Ce fut donc un peu fatigué qu'il rebroussa chemin en restant sur ses gardes. Il supporta toutes sortes de mélodies farfelues avant d'aboutir à un espace un peu plus tranquille où une scène était miraculeusement restée déserte.
Edward ne put toutefois pas profiter très longtemps de ce silence que l'odeur si particulière de Dolores, accompagnée de son index légendaire, troublèrent sa maigre tranquillité. Elle ne perdit pas une seconde pour faire une nouvelle démonstration de son débit de parole impressionnant. Il ouvrit la bouche pour lui demander de se calmer, avant de hausser un sourcil perplexe :

Comment ça Adam a une fiancée ?

Seulement l'information n'atteignit nullement le cerveau de son interlocutrice qui montait en volume. Edward s'écarta un peu, histoire de conserver la fiabilité de ses tympans pour les années suivantes, avant de lever les yeux au ciel. Il ne sut d'abord si Dolores essayait de communiquer ou d'imiter la chorégraphie du groupe pailleté et ne resta pas pour le savoir, ni pour admirer Louise en reine de la danse, pensant avoir repéré la tête brune de son neveu.
Malheureusement pour lui, il perdit rapidement la trace d'Andréa, et l'air était tellement chargé d'odeurs de nourritures, de parfums et de sueur qu'il lui était très difficile de retrouver sa piste. Avançant parmi la foule, un attroupement de religieux sur une estrade l'arrêta dans la lancée.

S'il n'était pas forcément étonnant de trouver des ecclésiastiques à la fête de la musique, le loup s'attendait à assister à une chorale des plus ennuyeuses jusqu'à ce qu'il remarque les différents instruments présents. Il toisa les artistes, se demandant si le père Cartier était présent, mais ne croisa nullement ses traits. Tous s'installèrent, tandis qu'Edward écoutait les discussions alentours :

Hé… Dit Mitchell, ce serait pas le curé de Saint-Pierre ?
Si c'lui. Y'Parait qu'il fait déplacer tout son arrondissement à ses messes, just'pour l'entendre chanter.
En tout cas l'sait s'entourer…



Les premières notes furent lentes et douces. Edward tourna les talons, peu intéressé. Du moins jusqu'à ce que le rythme ne change brusquement embarquant le public dans une danse extravagante. Le cœur des nonnes se dandinait avoir une joie communicative, frappant des mains pour accompagner la voix grave et légèrement rocailleuse du chanteur en soutane. Les paroles arrachèrent un sourire au loup, qui se surprit à taper du pied pour suivre la musique, avant que ne lui reviennent son but premier.

Il laissa là le groupe de joyeux lurons, pour reprendre ses recherches.



Prolongation !


Au vue de votre superbe participation, la première manche de la fête de la musique est prolongée de quelques jours !

Vous avez maintenant jusqu'au jeudi 2 juillet au soir pour poster, ou reposter !
Alors… Musique !



Dernière édition par Edward White le Ven 16 Oct - 14:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeLun 29 Juin - 0:16

La musique reprit et comme un seul homme, les présents se relevèrent sans tenir compte de la chaise qui était enlevée, une nouvelle ronde s'immisça. Il ne devait en rester qu'un, et puisqu'il avait été honteusement contraint à participer à cause de ses sœurs, Aldrick comptait bien être le vainqueur. Il avait déjà passé les trois premiers sièges envisageant de s'asseoir sur le suivant quand la benjamine pointa du doigt un point dans l'espace au hasard derrière lui d'un air sidéré :

- Oh regarde Aly ! Une montagne de CHOCOLAT !

Les mèches blondes de sa jeune sœur disparurent de son champ de vision tandis qu'il se tournait vers l'endroit indiqué, sans rien discerner d'autre qu'un homme qui semblait se rapprocher d'une jeune femme.

- Où ç...

Il n'acheva pas réalisant trop tardivement que la musique s'était arrêtée et qu'il ne restait plus aucun siège de libre.

- Hey ! C'était fourbe ça !

Tel un brigand furieux, il pointa un doigt accusateur sur la belle, qui -pour toute réponse- se contenta d'un sourire bien trop large pour être innocent avant de lui tirer la langue.
Surpris puis outré le brun grimaça. Nul doute que s'il n'avait pas été en public le commissaire aurait saisi la jeune fille par la taille pour la chatouiller jusqu'à ce qu'elle invoque un potentiel droit de pour-parler ou qu'elle ne rende les armes.

Sur la touche, le lycanthrope grommela longuement de s'être si bêtement fait rouler, rejoignant sur le banc, le reste des volontaires pour le jeu. La petite main blanche d'Eléna lui tapota le dos gentiment.

- Je t'avais bien dit de te méfier !
- C'était une attaque en traitre !
- Comme si tu n'étais pas habitué avec tes poursuivants. S'amusa-t-elle.
L'aîné ouvrit la bouche, puis la referma grommelant de plus belle en croisant les bras sur son torse.
- Tu croyais qu'elle se la jouerait fair-play ? Allons Aly ! C'est pas demain la veille qu'elle...
La brunette n'acheva pas, son regard se perdant sur une rixe qui semblait sur le point d'exploser, un homme paraissait s'énerver contre une jeune femme. Mais à peine la bataille semblait-elle sur le point de déraper que déjà une invitée surprise s'immisçait dans la fête. Une sorte de folle furieuse sauta sur la scène, bousculant le mastodonte qui chuta de tout son long en arrière sans comprendre ce qui se passait. Une chaise s'affaissa sous le poids de la belle, qui tel un animal mystique agitait ses bras dans tous les sens en hurlant.

- C'était pas Andréa juste là à l'instant ? Fit la plus jeune, en indiquant du doigt un garçon qui se pressait à la suite de l'étrange créature d'un air paniqué. Aldrick fronça les sourcils, tout ça ne lui disait rien de bon.
- Reste là, je reviens.

Aussitôt le commissaire descendit de la scène, et se lança à la suite du brun. Il parvint à le suivre sur quelques mètres, mais un saxophoniste jugea judicieux d'entamer un morceau particulièrement proche de son oreille, aussi il sentit ses sens vriller quelques secondes. La tête entre les mains, il avait songé à lui expliquer sa façon bien à lui d'extraire une mélodie du corps humain, quand un nouveau cri attire son attention, l'imprévisible créature en action fit des siennes plus loin. Se glissant dans son sillage, il n'eut aucune difficulté à arriver aux premières loges pour un duel pour le moins surprenant.

- Edward ? Qu'est-ce que... ?

Il était pourtant trop abasourdi encore pour comprendre chacun des mots qui se livraient ici, aussi il suivit du regard la direction indiquée par son homologue, avant que ses iris dorés ne s'arrêtent sur une scène déroutante. Là une noble paraissait aux anges sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Cela dura un certain temps, et quand il chercha Edward pour de plus amples explications, il ne trouva plus sa trace parmi la foule. Rebroussant chemin, il écoutait d'une oreille distraite la musique, trop occupé à retrouver les iris dépareillés de son ennemi quand subitement, il se figea.
Un frisson de dégoût lui parcouru l'échine, le laissant hébété face à une scène irréelle : Elise dans les bras d'un parfait inconnu paraissait faire une grimace des plus sensationnelles. Un nouveau frisson -d'horreur cette fois- l'ébranla lorsqu'il réalisa que l'homme la forçait à ingérer, il ne savait quoi. Alors avant même qu'il ait réalisé ce qu'il faisait, Aldrick avait comblé la distance qui le séparait de ce couple déroutant, puis s'était planté derrière l'individu pour lui tapoter l'épaule. Quand ce dernier se retourna, il eut un sourire carnassier, se craqua les doigts et le cou, pour inciter Elise à se déplacer, avant de lancer d'un air meurtrier :

- Hey mon gars, j'crois qu't'as pas bien écouté la musique : "Le pape a dit pas de boogie woogie avant vos prières du soir !"

Sur ces très sages paroles, le commissaire usa du langage universel en collant son poing dans le visage du malotru. Le garçon fut contraint de quitter le banc et l'agent fit encore un pas, pour vérifier qu'il n'insisterait pas d'avantage. Tournant le dos à la demoiselle, il déclara pour l'individu :

- Repose seulement un doigt sur elle et je te garantis que je ne serais pas aussi clément.

L'autre l'avisa médusé, ne semblant pas comprendre alors qu'en fond, un orchestre non loin d'une troupe de théâtre, rivalisait d'ingéniosité pour attirer l'attention. Les acteurs redoublaient de mérite dans un combat d'épée au cours duquel un corsaire avait le dessus sur un officier. La musique tonna de plus belle :



Son vis-à-vis se rapprocha, probablement près à en découdre, mais un groupe aux coiffures étranges s'immiscèrent entre eux, agitant les bras en rythme, semblant vouloir communiquer sans y arriver, le "village people" passa ainsi, dans une chorégraphie presque comique, puis disparut ensuite de son champ de vision, en tanguant étrangement, mais à la place de son adversaire, il ne trouva que le vide.

Les sourcils froncés, le brun avisa la foule sans parvenir à le retrouver. Il sursauta cependant quand les voix fluettes de ses sœurs l'interpelèrent au loin. Reconnaissant immédiatement le garçon qui était avec elle, l'agent eut un sourire en levant la main pour leur faire signe :

- Par ici, les filles ! Andréa !

Cherchant le protecteur attitré du jeune homme, il s'étonna qu'Edward ne soit pas dans les alentours. S'était-il perdu ?
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeLun 29 Juin - 23:49

Elise se sentait bien. À vrai dire, elle ne s'était même jamais sentie aussi bien. Il fallait la comprendre aussi, tout autour d'elle, le monde explosait en gerbes de couleurs diverses et variées qui illuminaient son regard comme jamais auparavant. C'était un véritable enchantement pour les yeux, un vrai feu d'artifice, mais surtout, surtout, c'était un ravissement pour les oreilles. C'était comme si, à mesure qu'elle prenait ces bonbons, le monde lui offrait plus de merveilles encore. Et si Elise avait eu la moindre pilule sous la main, il y a fort à parier qu'elle l'aurait avalée sans plus attendre. Son musicien passa une main dans son dos, qu'il dévala doucement, avec le doigté si spécifique aux artistes. Un sourire naquit sur les lèvres de la muse alors qu'elle plongeait ses yeux dans ceux de James. Il était confortable, ses caresses réveillaient en elle des sensations agréables qu'elle ne côtoyait que rarement et le bonbon lui donnait le plus beau de tous les regards. En fait, maintenant, elle se serait volontiers perdue pendant cent ans dans ces yeux là. Les notes de l'âme du jeune homme s'y reflétaient, se mélangeaient au vert de ses iris et lui offraient la possibilité inédite de prendre toutes les teintes envisageables. Et même, Elise s'en rendait compte maintenant, certaines autres qu'elle était incapable de nommer. James interpréta mal le sourire béat qu'elle lui adressa et se pencha vers elle pour embrasser son cou d'une façon qui ne laissait aucun doute sur ses intentions. Mais étrangement, aujourd'hui, Elise se sentait d'humeur à le laisser faire. Ce devait être à cause des bonbons, ça aussi. Car en temps normal, la muse ne l'aurait absolument pas laissé poursuivre. Mais aujourd'hui, c'était la fête. Et comme c'était la fête, elle pouvait bien apprécier un peu plus longtemps ces caresses... Et puis après tout, ça n'était pas si grave, si ça dérapait carrément... ça n'avait jamais dérapé depuis le début de l'éternité, il était peut-être temps que ça arrive enfin... Et tant que James restait comme ça, Elise pouvait glisser ses doigts dans ses cheveux à volonté, ce qui semblait même encourager le musicien à continuer son petit jeu. Et dieu seul savait à quel point c'était agréable... ! Ses baisers, déposés l'un après l'autre dans son cou qui semblait devenu hypersensible avec les pilules, lui déclenchaient tous, sans aucune exception, de délicieux frissons dont elle ne se lassait pas. Oh oui. Qu'il continue autant qu'il le souhaitait, cet après-midi, Elise était prête à toucher les étoiles...
La muse laissa glisser ses doigts dans les cheveux blonds, observant l'évolution de ceux-ci au gré de la mélodie de son musicien. Ça aussi, c'était magnifique, ça aussi, ça avait quelque chose de magique et ça aussi, elle adorait. Le sourire béat de la muse s'élargit encore alors que James relevait doucement la tête. Celui-ci replongea son merveilleux regard dans celui d'Elise et lui murmura des mots qui ne la firent sourire que d'avantage.

« I think I'm falling in love... »

En fait, cela lui déclencha même quelques éclats d'un rire attendri. Oh non, James n'était pas amoureux d'elle... Il était juste totalement envoûté par l'inspiration qu'elle lui offrait, rien d'autre. Elle, elle ne le savait que trop bien. Mais lui... ! Oh, ce n'était pas grave, au pire. Tant qu'il ne lui demandait pas de le suivre, tout allait bien. Quoiqu'une vie à ses côtés lui plaisait bien, dans le fond. Ça avait certainement quelque chose de fantastique, une vie d'amour musical. Surtout si le monde conservait cet aspect-là... ! Elise se le promit, elle trouverait le moyen de se procurer de nouveau ces merveilleux bonbons. Elle se pencha vers son musicien, dans l'optique de l'embrasser fiévreusement une nouvelle fois, mais fut stoppée en plein milieu de son geste.

Dans les faits, ce qu'elle venait de vivre de si intense avec son musicien n'avait duré qu'un court instant, mais celui-ci fut balayé par la brusque apparition à laquelle la muse fit bientôt face. Les cheveux argentés brillaient à la manière d'un soleil, et les yeux... ! Les yeux... ! Ceux-ci s'illuminaient d'une couleur tellement atypique, tellement extraordinaire, tellement merveilleuse que sur le coup, elle ne reconnut pas immédiatement Narcisse. Lorsque ce fut fait, elle lui adressa le sourire le plus doux et le plus béat de tout son répertoire.

« Je suis désolée pour tout ce que j'ai pu penser... Tu es bien Narcisse, y a pas de doute... »

Celui-ci la salua, et sembla regretter de l'avoir fait. Mais pourquoi... ? Elle, elle était tellement contente de le voir... ! C'est alors que la musique du jeune homme lui parvint enfin aux oreilles. Alors, le paysage se retrouva couvert de merveilleuses flammes bleues et Elise eut l'envie de danser. Elle se décrocha de son musicien qui lui lança un long regard interrogateur auquel elle répondit par un sourire rassurant. Elle allait juste parler à Narcisse, après tout... elle viendrait retrouver ses bras ensuite...

« Mais tu voulais quelque chose, peut-être... ? »

Lorsque le jeune dragon lui tendit la lettre, Elise hésita pendant de longues secondes. Puis, alors qu'elle tendait la main pour s'en emparer, Narcisse eut un mouvement de fuite. Ah non alors ! Il était tellement beau, sous toutes ces couleurs, tellement impressionnant, entouré de ces flammes... ! Il était tout simplement hors de question qu'il puisse partir. Alors Elise captura son bras et le maintint à ses côtés.

« Reste Narcisse... ! J'ai tellement envie de te voir, moi... »

Elle lui adressa un énième sourire béat depuis son perchoir, puis parcourut le papier des yeux. Tenta de le parcourir. Mais les lettres dansaient pour elle au rythme de la musique, et les couleurs rendaient la lecture tellement difficile... ! Un instant, la muse décida d'abandonner. Mais bien vite, elle se rendit compte que si elle le faisait, Narcisse ne resterait jamais avec elle et elle, elle avait tellement, mais tellement envie de profiter de sa présence... elle avait envie de pouvoir plonger au cœur de ses si merveilleux iris, elle avait envie de pouvoir parcourir du regard chacune des mèches de ses cheveux et puis elle avait envie de les toucher, de le toucher lui aussi et de frôler des doigts ses flammes bleues au risque de s'y brûler et... James, sur lequel elle était toujours plus ou moins assise, se racla doucement la gorge, égarant une main contre l'une de ses hanches.

« Wait a minute, James... ! »

Ce dernier ne comprit pas la raison précise de son attente, mais accepta. Il était encore bien loin de s'imaginer ce que la muse découvrit lorsqu'elle parvint à déchiffrer les mots qui lui étaient adressés.

Elise,

Croiser votre regard jeta sur mon âme la plus précieuse des douleurs qui depuis n'a jamais diminué. Le son de votre voix me condamna à cette douce folie qui me pousse aujourd'hui à vous écrire, le souvenir de votre sourire scella à jamais l'amour que j'ai pour vous. Enfin me voici, vous dévoilant mon cœur dénudé et vous dévouant ma vie si vous-même éprouvez pour moi ces tendres sentiments que j'espère à toute heure, rêvant de vos lèvres s'emparant des miennes et de votre main se liant à moi pour l'éternité.
Elise, je vous supplie, ayez pitié de l'âme en peine que je suis devenu depuis le jour où je vous ai croisée.

Je vous aime et vous jure sur ma vie de vous offrir la brillante existence que vous méritez, prêt à vous épouser dans l'heure si cela peut prouver ma loyauté.
N'ignorez pas, je vous en conjure, cette lettre d'amour écrite de mon sang et souffrez de m'offrir un mot, un seul, qui scellera à jamais mon destin.


Gérald William



Elise tomba des nues. S'il y avait bien une chose qu'elle n'avait même jamais imaginé, c'était que Narcisse puisse être amoureux d'elle. Alors, d'abord, elle commença doucement.

« Narcisse, tu sais... Tu crois sûrement ça parce que je suis le dernier vestige de ton passé, mais tu es aussi le mien, et c'est pas ce que tu crois et... »

Mais les mots n'étaient pas faciles à trouver pour la muse qui se refusait catégoriquement à blesser son ami. Aujourd'hui, c'était la meilleure journée du monde, et lui aussi, avait le droit d'en profiter. En profiter... mais justement... ! Peut-être qu'elle pouvait bien lui donner ce qu'il attendait, puisque c'était un jour particulier... Peut-être qu'elle pouvait lui expliquer demain plutôt que maintenant... ? La main de James se fit plus douce contre sa hanche et ce fut certainement la sensation exquise qui la parcourut qui la décida. Elle porta de nouveau le regard vers le dragon, et la beauté de celui-ci, les flammes, aussi, la convainquirent qu'elle pouvait bien faire ça et mieux encore, qu'elle allait apprécier... Alors, ni une, ni deux, Elise se défit de l'étreinte de son musicien pour nouer ses bras autour du cou de Narcisse et... elle l'embrassa aussi fiévreusement qu'elle avait pu lier ses lèvres à celles de James. Ce fut un long baiser passionné, qui lui arracha quelques doux frissons au passage et qu'elle savoura intensément. Lorsqu'elle s'éloigna du dragon, elle en avait même le souffle court... Oh oui, finalement, elle avait fait le bon choix. Ça avait été tellement agréable, encore une fois...
Tellement agréable que la muse ne remarqua même pas la venue d'Aldrick, contrairement à James qui la sentit passer. Il venait de se faire voler celle qu'il rêvait de mettre au fond de son lit par un type efféminé contre lequel il ne pourrait jamais rivaliser -surtout qu'elle semblait le connaître- et maintenant... il y avait ce type qui... le menaçait.
Certes, le français de James volait bas, il ne comprenait absolument pas les subtilités du langage de l'agent, mais le poing qui s'écrasa sur son visage, lui, lui sembla parfaitement clair.

« Repose seulement un doigt sur elle et je te garantis que je ne serais pas aussi clément. »

De cette phrase, James ne déchiffra que l'essentiel, les yeux écarquillés : ce type, qui devait lui aussi connaître Elise, refusait qu'il la touche. Mais sérieusement, il ne voyait pas que de toute façon la demoiselle était un peu occupée ailleurs ?! Non, cette fois, c'en était trop, et tout le flegme anglais du monde n'aurait pas suffit à calmer ses nerfs. James se leva, serrant les poings, dans le but évident de faire passer l'envie au commissaire de le frapper. Il se dirigea d'un pas rageur vers son objectif mais fut coupé en plein élan par un groupe de... danseurs et de musiciens, il supposait. Il poussa donc un très long soupir, lançant des regards noirs à tout ce petit groupe sans qu'aucun ne le laisse passer. Pire encore, l'un d'entre eux avisa ce jeune homme colérique et décida de le dérider. Sans qu'il ne puisse rien y faire le pauvre James fut attrapé par le bras et attiré dans le groupe.

« N-no way. NO WAY ! I don't want to come with you, let me go ! »

Mais l'homme lui adressa un gigantesque sourire et le prit même par les épaules, le forçant à suivre ses mouvements pour éviter la chute. James lança un regard désespéré en arrière où il put apercevoir Elise toujours accrochée à ce sale type, et c'est tout aussi désespérément qu'il dû assister à la fuite de son nouvel ennemi juré. Il se le promit, lorsqu'il pourrait se libérer de cette troupe, il irait retrouver le jeune homme efféminé et lui réglerait son compte à défaut de pouvoir régler celui du commissaire.

Durant tout ce temps, Elise était restée accrochée à Narcisse. Oh, qu'il se rassure, elle ne lui avait pas volé une nouvelle fois ses lèvres mais était restée sagement dans ses bras tandis qu'il se remettait de ses émotions. Cependant, ce baiser au goût de feu lui avait tellement plu qu'elle cru utile de préciser.

« Oh, Narcisse... Si tu veux m'embrasser une nouvelle fois, n'hésite même pas... »

Elle lui adressa un nouveau sourire béat et glissa l'une de ses mains dans les longs cheveux argentés du dragon qui rayonnaient avec la douceur de la lune. Oh, dieu qu'il était beau... ! Elise n'avait plus aucun doute, à présent. Cet homme était bien celui de son passé, celui qu'elle avait connu il y a plusieurs millénaires. Il ne pouvait tout simplement pas en être autrement, il était trop beau pour ça. Ses yeux cherchèrent les améthystes de Narcisse où ils finirent par se plonger avec délice. De nouveau, la muse se sentit bien, et peut-être même mieux qu'avec James... C'était sûrement parce qu'elle le connaissait, Narcisse, et qu'il se voulait moins entreprenant, beaucoup plus doux, peut être un peu timide, aussi... Et puis elle avait l'habitude de ces bras-là pour voler régulièrement des étreintes innocentes au pauvre dragon. Celui-ci n'était d'ailleurs pas très causant. Elise fit la moue, mais lui laissa du temps. C'était vrai que ça ne devait pas être très facile de déclarer sa flamme à quelqu'un, surtout que dès demain, la muse lui annoncerait que ce n'était pas réciproque. Oh, elle l'aimait bien, son petit dragon, mais elle ne le voyait et ne le verrait certainement jamais autrement qu'un ami. Un ami auquel elle tenait, hein ! Mais rien de plus que cela. De longues minutes s'écoulèrent où la muse souriait et où le dragon restait muet. Et si cette dernière était patiente, elle se refusait à laisser une gêne naître entre elle et son ami. Aussi prit-elle la décision d'ouvrir la bouche. Mais avant qu'elle ne puisse prononcer le moindre mot, des bras la tirèrent en arrière et elle se retrouva dans une étreinte qu'elle avait préalablement quittée : celle de James. Ce dernier la serrait contre lui d'une manière qu'Elise interpréta comme possessive et, un instant, les mains du musicien posées sur ses hanches affolèrent à nouveau la muse qui hésita à se laisser aller. Mais elle se rappela les sentiments de Narcisse, Narcisse que James défiait désormais du regard. Cette femme lui faisait tourner la tête, l'inspirait comme aucune autre et il la désirait plus fort que n'importe qui. Il était donc hors de question qu'il la laisse ainsi filer alors qu'il avait été à deux doigts de la posséder. Et puis il y avait eu ce type et sa lettre et... Elise s'était levée pour lui offrir ce qui ne devait revenir qu'à lui-même. James, d'ordinaire, était loin d'être un mauvais garçon. Certes, il avait tendance à aimer un peu trop le contact de la gente féminine, mais il n'était ni bagarreur, ni possessif. Cependant, au contact d'Elise, au contact de cette femme venue tout droit du paradis, il supposait, James s'était retrouvé comme envoûté, ensorcelé. Qu'elle vienne du ciel ou des tréfonds de la Terre, la demoiselle produisait chez lui quelque chose de profondément addictif, contre lequel il ne pouvait rien. Artiste jusqu'au plus profond de son âme, le pauvre musicien était comme captivé par sa muse, cette fille qui représentait la musique plus que tout au monde. Et puis il y avait eu ce type aussi, et son poing qui s'était écrasé dans sa figure sans qu'il ne puisse se venger. Tous ces éléments, assemblés ensemble, l'avaient transformé.

« She is mine, boy. Leave us. Now. »

L'homme interpréta mal l'un des regards de l'acrobate et décala la muse d'une main douce, caressante, qui arracha un nouveau frisson à la concernée. Au ralenti, elle vit l'ange aux yeux verts lever le poing pour frapper le dragon aux cheveux de lune et aux yeux d'améthyste. Au ralenti, toujours, elle se vit s'interposer dans un réflexe qui fit halluciner jusqu'au musicien. Celui-ci stoppa brusquement son geste, lançant un regard perdu à la muse auquel elle répondit exactement de même. Puis elle se rappela qu'elle ne voulait pas qu'on frappe Narcisse. Jamais. Elle se rappela à quel point elle trouvait le jeune homme fragile, à quel point les flammes lui servaient de bouclier plutôt que d'arme et à quel point celles-ci étaient d'un bleu peiné. Elle se rappela de tout cela, brusquement, et son regard se fit plus sévère, plus dur, aussi, alors qu'elle prononçait un simple mot avec toute la conviction du monde.

« No. »

James cligna plusieurs fois des yeux et ouvrit lentement la bouche. Trop lentement, peut-être, car Elise ne le laissa pas murmurer la moindre syllabe.

« James, I said "no". »

Celui-ci laissa la surprise défiler sur son visage. La muse, si belle, si délicieuse, si envoûtante, lui échappait brusquement au profit d'une autre créature de rêve contre laquelle il ne pouvait décidément rien. Pour peu, James se sentait trahi. Ses traits se fermèrent, alors qu'il cherchait à égarer sa main contre la joue de la muse. Contrairement à ce qu'il avait cru, Elise se laissa faire. Elle attendit ensuite des justifications qui ne vinrent que tardivement. Il ne savait plus quoi penser, il ne savait plus quoi dire, il ne savait plus quoi faire, tout simplement.

« I- I'm sorry but-... »

Le sourire de la jeune femme l'encouragea à poursuivre, tandis qu'elle ne lâchait pas du regard celui qui lui avait pris ses lèvres sans savoir le privilège qui était le sien. Même Ludwig n'avait jamais obtenu qu'un baiser d'elle. Il continua.

« I-I'm sorry, I don't know what happened to me, I... Elise, I.... He... Why kiss him ? You have me.
- Because I will never belong to you, James. You don't belong to me any more than I belong to you, and it's something you can never change. You long for me because I am right in front of your eyes. Don't try to understand, you'll never be able to. And I'm going to go, now, and we will never see each other again. Never. You and I will never go further than the moment we shared. Narcisse is my friend, and I am sorry to tell you that, but I will defend him no matter what. »

Les yeux du musicien s'écarquillèrent et quelque part au fond de son âme, quelque chose se brisa. Non... Non, non, non... Il ne pouvait pas même imaginer la laisser partir. Depuis qu'il l'avait vue, il avait l'impression de comprendre la musique dans son essence même. Il touchait enfin du doigt ce qu'il avait toujours cherché à frôler en vain. Les notes naissaient au bout de ses doigts sans qu'il n'ait même besoin de les invoquer, c'était magique, et cette sensation était inimitable. En la laissant partir, en acceptant de le faire, c'était une part de sa vie rêvée qui disparaissait dans son sillage. En la laissant partir, c'était une part de son âme qui s'arrachait à lui pour suivre celle qui fut lumière éblouissante au cœur de l'obscurité créative. Plus de page blanche, jamais. Simplement un long songe mélodieux auquel il allait devoir renoncer. Non, décidément, c'était trop dur... ! Alors qu'il ouvrait la bouche pour répliquer, une tendre mélodie s'élança vers le ciel. En un instant, il eut l'impression de toucher ce paradis qu'il devait pourtant abandonner.



« E-Elise, please... Stay with m-... »

La muse ne le laissa pas finir. Jamais. Elle ne devait pas, ne pouvait pas, et ne le voulait pas. Si elle le laissait parler, si elle le laissait la supplier, elle ne pourrait résister à l'appel silencieux de son âme, de leur âme, et le suivrait jusqu'à sa mort. Elle ne se sentait pas le cœur de lutter, elle ne s'en était jamais sentie capable, et c'est cette certitude qui la fit poser le doigt sur les lèvres du musicien.

« Chhhht... »

Murmura-t-elle d'un ton terriblement doux. Et, alors que James la suppliait du regard, la muse se mit sur la pointe des pieds et lui offrit le baiser le plus tendre de sa vie. Contrairement à tous les autres, il s'agissait d'un baiser chaste, d'un baiser offert par Euterpe plutôt qu'Elise au musicien qui désirait si ardemment ses faveurs. Celui-ci écarquilla les yeux, comme touché par une main céleste et c'est lui-même qui se détacha de la muse.

« I was wrong, Elise. You are a miracle. You are not made to be possessed, but admired, and I forgot that. »

L'éclat de rire de la muse devait rester gravé à jamais dans son esprit. Un sourire vint se poser sur ses lèvres alors que, déjà, il assistait impuissant au départ de celle qu'il avait cru tant aimer. James s'en retourna en direction de sa troupe et leur murmura qu'il avait vécu la plus belle expérience de sa vie. Aucun ne comprit. Tous le charrièrent à propos de cette fille aux allures de mirage qu'ils avaient tout juste croisée. Ils crurent qu'il l'avait possédée. Ils ne surent jamais que ce fut en vérité tout l'inverse.

« Oh, Narcisse, REGARDE ! Un éléphant ! »

La muse observa le gigantesque animal, animal qu'elle n'avait vu qu'une fois dans sa vie, il y a très, très longtemps. Tout en couleur, la créature majestueuse s'avançait mollement, sans sembler s'inquiéter de la foule alentours. Et si, tout d'abord, c'est vers elle que se tourna le regard d'Elise, celui-ci fut bientôt attiré par l'homme qui chevauchait l'éléphant. Vêtu d'un tricorne sur lequel s'épanouissait une tête de mort, il portait également un long manteau assez similaire à la blouse d'Ashton ainsi qu'un perroquet sur l'épaule. C'est ce dernier qui fit comprendre à la demoiselle de qui il s'agissait. Bien qu'elle n'en ait entendu parler que dans les livres, les yeux de la muse s'élargirent sous l'émerveillement. Elle adressa un nouveau sourire béat alors qu'autour d'elle, le monde se peuplait de merveilleuses couleurs vives à l'approche du pachiderme.

« N-Narcisse, c'est... Un pirate des Caraïbes ! Il FAUT qu'on aille le voir ! On doit rejoindre son équipage ! Tiens, regarde, ils distribuent des instruments dans le sillage de l'éléphant ! Tu viens ? On va chercher des cymbales, ça au moins, ça devrait être facile à jouer ! »

Et, sans laisser au dragon le temps de répondre, elle l'attira au cœur de son rêve de couleurs et de musique à la recherche d'un air de piraterie, celui qui les ferait entrer dans l'équipage de l'homme qui n'avait en fait rien d'un marin.



Traduction approximative des paroles de James et d'Elise.:
Ashton Lyn
☽-I am the Captain of my Pain-☾
Ashton Lyn

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Localisation : Le Lost, un vieux bar défraîchi...

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMar 30 Juin - 0:06

La musique était sensuelle, délicate, et caressait ses oreilles comme se frôlaient les corps des danseurs. Ashton se déhanchait, tout contre sa partenaire et en rythme avec la mélodie. Soudain, il était ailleurs, dans un autre monde. Les auras autour de lui, vaporeuses et vibrantes, formaient une vague colorée qui lui donnait la délicieuse impression d'être de retour en Inde, au milieu du festival होली et de sa pluie de pigments. Chaque parcelle de son corps semblait en accord total avec la musique, comme si elle coulait jusque dans ses veines pour agiter ses membres. Du bout de ses longs doigts dentelés, il fit virevolter la jeune femme avant de l'attirer à lui de nouveau. Leurs regards se lièrent, ébène contre noisette, et brûlèrent un instant de la même flamme. Un sourire s'épanouit sur leurs visages respectifs, et ils s'amusaient, s'amusaient comme si Paris n'existait plus autour d'eux et que leur univers se résumait à cette foule, cette scène, cette mélodie et, surtout, eux. Ashton était de ceux qui hypnotisent et magnifient, qui octroient à tous l'incroyable sensation de Liberté qu'il dégage. Cette demoiselle, en cette journée, en était l'heureuse bénéficiaire, et cela semblait la combler de la plus belle des manières. Et si les regards, tantôt outrés, tantôt surpris, se tournaient vers eux, elle ne le remarqua pas, incapable de détacher le sien de celui du jeune homme. Désireuse de quelque chose sans savoir quoi, elle alla jusqu'à improviser un pas à partir de ceux qu'il lui avait appris, déclenchant un rire enthousiaste et un applaudissement de sa part. Elle se joignit à son hilarité et, ensemble, ils s'amusèrent ainsi jusqu'à ce que, trop tôt, la musique s'estompe et se mêle au murmure de Paris. Le silence retomba bientôt, suivi des applaudissements virulents du public. Ils rirent ensemble une dernière fois puis, leurs mains toujours liées, se tournèrent vers la scène, où le groupe se voyait remplacé par un pianiste tout de bleu vêtu. L'homme portait très bien sa large bedaine, qui ne faisait qu'ajouter au côté sympathique de sa face rondouillarde. Il adressa un immense sourire à la foule et s'installa. Toutefois, là où chacun s'attendait à une éternelle mélodie de douceur, il entama un air joyeux, un air de fête, un air de fanfare, et chacun se trouva bientôt à suivre avec amusement les paroles fantasques et princière de cette chanson inconnue.



Les mains se frappèrent en cadence, les pieds foulèrent le sol en suivant le rythme entraînant et les sourires s'imprimèrent sur les visages. La chaleur, soudain, ne dérangeait plus personne. Au contraire, elle était devenue le compagnon de route d'un long voyage vers l'Orient et l'ailleurs, aidant encore à inscrire les spectateurs émerveillés dans un monde qui ne leur appartiendrait jamais. Le sourire d'Ashton s'agrandit et il envoya un regard pétillant à sa compagne, douce compagne dont il ne connaissait pas encore le nom. Il déposa un baiser sur ses doigts de belle, lui arrachant une rougeur timide tandis qu'elle haussait faussement les yeux au ciel. Ils partagèrent un nouveau moment de discussion silencieuse, et elle lui souffla quelques mots à l'oreille. De douces paroles dont il ne put profiter, ses tympans trop occupés à être percés d'un « Mister Whiiiiiiiiite!! » tonitruant qui déchira la place. Un instant renfrogné, son visage retrouva cependant bien vite un beau sourire lorsqu'il reconnut le nom. Il se retourna, prêt à charrier sa vieille connaissance sur son nombre croissant de groupies. Il n'en eut cependant pas le temps. Car le directeur du Lost Paradise, le grand juge de la Curia, le roi des lycans... fuyait. Et il ne fuyait pas n'importe quoi. Bien qu'Ashton conçût qu'on puisse trouver chez la femme qui le poursuivait quelques critères résolument effrayants, cette scène surréaliste lui arracha un éclat de rire. Son hilarité grandit, telle une fine flammèche sur une corde, et se mua bientôt en un authentique accès d'euphorie quand il assista à la course désespérée. Il fallait dire que la dame était endurante. Prenant finalement pitié du pauvre Edward, le canidé déposa un dernier baiser sur la main de sa comparse, lui souffla son nom dans l'oreille, lui offrit un clin d’œil, et, l'instant d'après, s'éclipsa. Le loup, lui, avait disparu. Ash haussa un sourcil, parcourant la foule des yeux pour le trouver. Il eut donc le loisir d'apercevoir le commissaire jouer à la chaise musicale, une chorale chanter quelque chose d'un autre siècle en anglais, une fanfare à l'effigie de différents métiers et cultures... mais pas d'Edward. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux sombres, amusé et un peu perdu. Haussant des épaules, il décida simplement de suivre la direction que son patron avait prise et trottina allègrement sur ses pas. Un instant, il crut avoir vu Ewen, mais la chevelure si particulière de son frère de cœur disparut trop vite pour qu'il n'en soit certain. Alors le jeune homme poursuivit sa route, tentant de repérer l'aura si particulière du loup blanc au travers de la masse compacte des passants, qui le criblaient de regards outrés.


Il erra un moment encore, percutant sans le faire exprès un petit garçon dont les boucles rousses s'échappaient de son chapeau. Son aura était étrangement familière, mais il n'y fit pas attention alors qu'il le relevait en s'excusant. De nouveau, il fila. C'est alors qu'il vit – enfin – le visage d'Edward, dépassant la foule d'une bonne tête. Un sourire aux lèvres, Ashton accéléra le pas. Le jeune homme était de dos, ce qui permit au canidé de se glisser derrière lui sans un bruit, conscient cependant que son odeur l'aurait trahi longtemps auparavant.

« Tu sais, Edward, c'est un affront de ne pas répondre aux avances des femmes... »

Désormais reconnu, il lui offrit un large sourire et un regard pétillant de malice. Oh, comme cette scène allait poursuivre son compagnon...

« Tiens, où est passé Andrea ? »

Il lui adressa un regard curieux, un peu inquiet aussi, conscient que le jeune homme n'aurait jamais laissé son neveu seul sans raison. À moins qu'il ne l'ait abandonné en faveur de sa fuite de la dame de tout à l'heure... Soudain, un passant enlaça les épaules d'Ashton et, au vu de l'odeur qui se dégageait de lui, le garçon crut bon de préciser sa catégorie. Ce n'était pas un simple badaud mais un authentique pochtron. Il fronça le nez, cherchant à fuir le doux parfum d'alcool putride qu'il dégageait, quand l'homme parla. Et visiblement, ses mots ne lui étaient pas adressés.

« S'avez quoi... ? S'avez quoi ? Vot'cabaret... il est gééééééééééééééééééénial. J'vs'ai r'connu moi. Et j'vais des fois. C'est bieeeeeeeeeeen. C'est l'Paradis. »


Oui, décidément, ce pauvre bougre avait passé un peu trop te temps à la buvette. Ash adressa toutefois un regard pétillant à Edward:

« Pas étonnant que je m'y sente chez moi, alors. »

En réalité, c'était surtout très ironique de sa part, mais ça, personne n'y ferait attention hormis, sans doute, le concerné.
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMar 30 Juin - 23:02

Reilly soupira, désespéré. Whyyy ?? Hell whyyyy ????
Il était à la limite de voir ses larmes couler tellement il paniquait. Pourquoi, pourquoi ô grand dieu pourquoi n’avait-il aucun sens de l’orientation ? Hein ?! Comment peut-on sortir pour prendre l’air dans des quartiers tranquilles de Paris et se retrouver en plein milieu d’une foule gigantesque et terrifiante, excitée et dansante, profitant de l’immense place des Champs de Mars à l’occasion de la fête de la musique ??! …Ah…le petit lorialet, perdu au centre des Parisiens en fête, venait de trouver la réponse. I…am stupid. Great.
Bon. La prochaine question était la suivante : comment. S’extirper. De. Cet. ENFER ???? Reilly se pinça fort l’arrête du nez en fermant les yeux, essayant d’ignorer les passants bien trop pressés qui le bousculaient par mégarde… NOOOON impossible ! Tout simplement impossible ! Jamais, jamais il ne sortirait vivant de cette fête de la musique ! Jamais ! Ce genre d’évènement était bon pour Ashton, ou pour Elise, eux devaient sans doute beaucoup s’amuser, mais ce n’était en aucun cas fait pour des gens comme lui. Bloody agoraphobia !
Mais Reilly avait beau se le répéter mentalement, aucun moyen de se calmer. Ses petits membres tremblaient de tout ce qu’ils pouvaient, et sa respiration se faisait de plus en plus rapide. Son petit cœur battait plus vite qu’il n’avait jamais battu, et Reilly se mit automatiquement à sauter sur place en serrant les dents pour éviter de pleurer. Non, non et non, il ne pleurerait pas. Les adultes ne pleurent pas quand ils paniquent. Bon. Les adultes savent très bien gérer les-

« Hey petit, tout va bien ? »

Reilly fit un bon de deux mètres, yeux exorbités, quand la main d’un inconnu se posa sur son épaule. Le lorialet ouvrit la bouche, prêt à répondre que oui, quand l’inconnu le coupa à nouveau :

« Tu as perdu tes parents ? Attends, viens avec moi, on va les retrouver ! Comment tu t’appelles ? Tu as quel âge dis-moi ? Pourquoi tu te balades tout seul comme ça ? Ca peut être dangereux les grandes célébrations du genre pour un p’tit gars comme toi, il faut faire attention ! Waaa mais t’es mignon en plus ! Comment tu t’appelles, déjà ? »

Reilly clignait des yeux à une vitesse folle. Hein ? Qui ? Quoi ? Son cerveau n’arrivait pas à suivre les questions de l’inconnu. Ah, inconnu qui était d’ailleurs en train de le tirer par le poignet vers…la…foule encore plus dense ? Nooo way ! Le petit lorialet s’empressa de tirer fort pour dégager son poignet minuscule de la main robuste de l’homme, et il se mit à courir plus vite qu’il n’avait jamais couru, en sens inverse de là où l’inconnu avait commencé à le traîner. Comme quoi, pensa-t-il, son cœur pouvait bien battre des records de vitesse. Il ne savait pas où il allait, mais dieu qu’il était impatient d’y être, loin de cette masse d’inconnus bien trop effrayants à son goût ! Il ralentit au bout d’une trentaines de secondes, haletant, portant son regard désespéré sur tout ce qui l’entourait, et il finit par s’arrêter. Il fallait qu’il trouve quelqu’un qu’il connaisse ! Inspirer fort et expirer fort. Inspirer. Expirer. Reilly ferma les yeux quelques secondes, mains sur les genoux, un peu de sueur perlant sur son front. Il se redressa et rejeta la tête en arrière, sourcils froncés, bras ballants, le souffle court. Sa vision se troublait légèrement, alors qu’il cru entrapercevoir la tignasse mauve de Silja entre les badauds. Puis ce fut au tour de son patron d’apparaître dans son champ de vision, ce cher Edward suivi- poursuivit ? Par les appels stridents d’une femme qu’il jugea terrifiante. Et les deux étaient suivis de- Ashton ? Reilly soupira. Il avait la tête qui tournait horriblement, ce devaient sûrement être des mirages. Il posa une main sur son front, l’autre sur son ventre, faisant fi de la musique qui animait les Champs de Mars. La lorialet adorait la musique, mais là il y avait bien trop de monde pour lui. Et puis, sa tête commençait à tourner plus qu’horriblement ; c’était à peine s’il tenait sur ses pieds. Ah…que faire ?

Reilly eut le réflexe le plus…étrange, du monde, à savoir aller coller son front au mur de pierre le plus proche. Feels goood. Il devait certainement s’attirer des regards réprobateurs de la part des passants, mais là il s’en fichait royalement. Il se planta tout contre le mur frais, bras écartés, et lâcha un beau soupire d’aise. Au diable les badauds trop nombreux, au diable la fête de la musique, au diable tout ! Là, ce qui comptait, c’était le mur. Et Reilly lui offrit même un sourire soulagé en y blottissant sa joue.

« I love ya’, wall, let’s be friends ! »

Ce petit instant de pur rafraîchissement lui fit totalement oublier ses tracas et sa panique. Peut-être lui servirait-il même à s’échapper des Champs de Mars, s’il le longeait discrètement sans que personne le remarque et que-

« Heu…tu vas bien, petit ? Tu t’es cogné la tête ? »

Reilly sursauta à nouveau à l’entente de la voix mélodieuse. Il cligna des yeux en observant celui qui venait le déranger dans ses plans d’évasion sublimes. Devant lui se tenait un grand jeune homme, à la peau mate et aux yeux d’un vert étonnant qui s’accordaient parfaitement avec sa masse capillaire blonde. Masse capillaire, oui, car il était absolument impossible d’appeler ça autrement. Le jeune homme tendit la main vers lui et Reilly frissonna d’horreur en se resserrant d’avantage contre le mur. Ah non ! S’il avait failli s’évanouir de panique et de manque d’oxygène pour échapper à un homme, ce n’était sûrement pas pour qu’un autre l’attrape ! Mais le jeune homme lui offrit un sourire rassurant et posa délicatement sa main sur sa tête.

« Dis-moi, comment tu t’appelles ?
- …Reilly
- Tu as peur ?
- …n-no…
- Je crois que tu n’aimes pas trop la foule, je me trompe ?
- H-how-
- J’étais comme toi quand j’étais petit, Reilly, ne t’inquiète pas ça va passer avec le temps. Tu veux venir te rafraîchir un peu avec mon père et moi ?»

Le jeune homme ne semblait pas dangereux, plutôt très aimable et assez rassurant. Il s’était même agenouillé pour lui parler, pour être plus à sa hauteur. Reilly clignait des yeux, hésitant, mais quelque chose lui disait que ce jeune homme était seulement très courtois et qu’il n’y avait donc pas de quoi s’inquiéter. Il lui demanda donc, dans un français à peu près retrouvé, où était son père, et le jeune homme lui indiqua une sorte de mini échoppe, comme un stand, dans la rue à une dizaine de mètres. Le petit lorialet avisa l’espace désigné, et se dit qu’il y avait encore moins de monde que là où ils se trouvaient actuellement. Il acquiesça donc et prit la grande main bronzée du jeune homme de sa petite main tremblante.

« Comment is your nom ? A toi ?
- Appelle-moi Prince Ali, puisque je viens à ta rescousse »

Reilly rit un peu en fronçant les sourcils, amusé. Qui se faisait appeler « Prince Ali » ? Enfin, au moins le jeune homme avait réussi à le détendre un peu. Et sur les quelques mètres qu’ils eurent à parcourir, le petit lorialet réussi à faire dire son nom complet au jeune homme : Aliessandre Courrel. Sa mère était apparemment d’origine « orientale », ce qui expliquait sa peau matte, et son père était français. Ledit père les attendait, sur son petit stand. Pas très grand, bedonnant et à la barbe grise fournie malgré un dégarnissement du dessus de la tête, son visage rond et présentant quelques rougeurs était celui d’un grand-père plutôt très cool. Dès que son fils et Reilly arrivèrent devant lui, le vieil homme s’empressa de tendre de l’eau et un petit bonbon au petit Irlandais.

« Tiens, mon garçon, tu manques de sucre, tu as failli t’évanouir, on a vu ça, Aliessandre et moi, alors je lui ai demandé d’aller te chercher. Cela ne t’embête pas j’espère ? »

Mais Reilly ne l’entendait même pas, trop curieux de quelque chose qu’il n’avait jamais encore vu de sa vie. Une petite boîte, ouverte, juste là sous ses yeux, sur l’étale. Une petite boîte de bois clair de laquelle s’échappait une mélodie enjôleuse.



Le petit lorialet ne pouvait pas s’empêcher de fixer l’objet étrange, interloqué, ses grands yeux bleus brillants d’intérêt.

« Ma boîte à musique t’intéresse ?
- De quoi ?
- Tu n’en as jamais vu ? Cela s’appelle une boîte à musique.
- …Hein ?
- Une boîte à musique, mon garçon.
- Music box »

Mais Reilly secoua la tête négativement. Alors ça…non seulement la petite boîte était jolie, finement sculptée de détails style marqueterie, mais en plus elle faisait de la musique ! Une jolie musique dans une jolie boîte. Reilly avait complètement oublié que les Champs de Mars étaient bondés, et c’était tant mieux. Là, rien ne pouvait l’intéresser plus que la boîte à musique. Il s’accroupi, comme hypnotisé, et pose ses petites mains sur le bord du stand de bois en l’observant. How does it work ? Sa curiosité émanait très certainement de lui, puisque le jeune Courrel se mit à expliquer :

« Mon père l’a fabriquée sur le modèle d’une boîte à musique Cartel, cette marque est très connue. Et moi, j’ai commencé à apprendre comment les faire aussi, enfin les plus simples, comme celle-là. Celle-là est seulement composée d’un cylindre et d’un peigne, d’autres peuvent avoir des petites cloches en plus, ou des tambours pour faire des percussions. On peut même rajouter plein d’éléments décoratifs ! Mais mon père préfère rester sobre, à son vieil âge, que veux-tu… »

La mine taquine d’Aliessandre fit sourire Reilly et rire de bon coeur le père Courrel, que se vanta alors de ses cinquante-sept ans d’existence bien remplis. Puis, se penchant sur le petit lorialet pour lui ébouriffer gentiment les cheveux, il commença à décrire la fabrication de la petite boîte à musique. Reilly se concentra fort sur les mots du vieil homme, appliqué à retenir la moindre étape de la réalisation de ce qui lui paraissait une réelle prouesse.
D’abord, il fallait estamper et découper un bout d’acier afin de lui donner une forme de peigne, pour ensuite y découper, avec une grande précision, des dents. Une fois cette étape achevée, il était impératif de chauffer le peine à la flamme avant de le plonger dans de l’huile froide ; grâce à cela, l’acier devenait aussi dur que de la pierre. Ensuite, il fallait envoyer du plomb fondu vers un moule situé sous le peigne, parce qu’un fois durci le plomb servirait à produire les notes graves de la mélodie. Puis, après avoir découpé d’autres dents dans le moule à notes graves, il fallait coincer le peigne dans un autre morceau de plomb, avant d’en accorder chacune des petites dents, en les coupant à l’aide d’une pince. Là, le travail était celui d’un orfèvre à l’oreille absolue, puisque rien ne pouvait vérifier la justesse des notes si ce n’était l’artisan lui-même. Cette étape achevait la confection du peigne musical, mais il restait toute la suite à enregistrer, pour le petit lorialet, qui écoutait religieusement le père Courrel.

« Ensuite, le cylindre. Le cylindre est en laiton. Là, il faut percer de petits trous minuscules dedans-
- Encore plus petits que moi ?
- Encore plus petits, oui. C’est la partition, en fait, le cylindre, et ce sont les trous qui feront que la partition est réussie ou non. Et, dans ses petits trous, on met des petits picots en acier, tous de la même taille, cela s’appelle le « plantage ».
- Comme ça les picots vont toucher les dents du peigne et ça va faire les sons ?
- Exactement !
- Tu apprends vite, Reilly !

Reilly sourit au jeune homme, tout en se réjouissant intérieurement d’avoir assimilé toutes ces informations. Le père Courrel continua son récit : après le plantage, le cylindre était rempli de résine, de telle sorte que les picots restaient en place. Ensuite, il fallait placer un axe, souvent d’acier, dans le cylindre, avant de l’installer sur une plaque avec des supports pour le maintenir parfaitement en place mais qu’il puisse tourner sur lui-même. Un régulateur, petite pièce métallique, permettait ensuite de régler la vitesse de rotation du cylindre, grâce à un ressort encastré dedans. Apparemment, c’était l’énergie contenue dans le ressort qui, étant relâchée, permettait au cylindre de tourner et de toucher les dents du peigne musical. Enfin venait l’étape la plus délicate de la fabrication d’une boîte à musique : placer le peine en face du cylindre. Cela demandait une minutie extrême et une patience d’acier, car si les deux pièces n’étaient pas parfaitement placées l’une en face de l’autre, cela pouvait mener à une tonne de fausses notes. Reilly s’étonna d’ailleurs, au passage, que les grosses mains robustes et abîmées du père Courrel puissent accomplir pareil exploit. En tout dernier, on plaçait le levier qui remonterait le moteur de la boîte à musique, et lui était accompagné d’un minuscule ressort. Et le mécanisme était placé dans une boîte.

Le petit lorialet était fasciné, tant par la prouesse technique que par l’objet en lui-même. La mélodie douce et affirmée de la petite boîte à musique arrivait cependant à la fin, et elle le tira de ses rêves. Reilly sourit et se redressa en remerciant le père et le fils Courrel, pour l’avoir sauvé d’une part, et pour lui avoir expliqué tout cela d’autre part. Le vieil homme rit de bon cœur et lui ébouriffa les cheveux à nouveau, en lui disant que ce n’était pas la peine de les remercier pour ça, puis il demanda à son fils de bien vouloir ramener Reilly à ses amis, où à son foyer, parce qu’on devait certainement s’inquiéter pour lui. Alors Aliessandre passa un bras protecteur autour des épaules de Reilly et, après l’avoir laissé saluer une dernière fois son père, il se mit en route avec lui.

« Surtout n’hésite pas à venir nous voir, à la boutique ! Ali te dira où c’est ! »

La voix du vieil homme, même à distance, était pleine de vie et de chaleur. Reilly sourit, en se disant que c’était une bonne idée. Il irait sûrement y faire un tour, oui, avec ses amis aussi. Il fallait qu’il leur montre ça ! Au final, ce n’était pas si mal, la fête de la musique…

But still…SO. MANY. PEOPLE !!!!!
Narcisse Williams
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMer 1 Juil - 1:50

Alors que les lèvres d’Élise s'appuyaient contre les siennes et que Narcisse formait la parfaite imitation d'un poulpe mort, à cela près qu'il était complètement tendu, il se demanda brièvement comment il en était arrivé là. Il fallait cependant croire que son esprit était plus concentré sur la langue qui dansait contre la sienne que sur ses souvenirs, et le garçon crut un instant qu'il allait littéralement trépasser d'embarras. S'il s'agissait là d'une mort des plus risibles de la part d'un dragon, il argumenterait sans peine qu'un tel baiser n'avait pas lieu d'être entre collègues. D'autant que le pauvre acrobate n'avait rien fait de plus que livrer une simple lettre, et même l'état d'ébriété apparent de la muse ne pouvait justifier une telle action ! Non, vraiment, il ne comprenait pas. De plus, il se trouvait qu’Élise était très douée en apnée, une faculté dont ne pouvait se vanter le garçon. Le manque d'oxygène n'aidait absolument pas son cerveau à réfléchir, surtout pour ce qui lui semblait bien moins intéressant que le corps qui se pressait tout contre lui. Narcisse avait désormais envie de mourir de honte. Prenant une profonde inspiration par le nez, le jeune homme tenta de parler...

« El-hmmm... Sto-lmpf... »


… en vain. Le pire était sans doute que le baiser n'était pas désagréable. Alors le dragon jeta définitivement l'éponge, attendant patiemment que la jolie muse ne se lasse d'abuser de ses lèvres, ce qui prit bien trop longtemps à son goût. À ce niveau, le jeune homme avait de toute façon comprit que le destin avait une dent contre lui. En ce qui le concernait, c'était sans doute plus une mâchoire entière. Si les théories venues d'Inde sur le karma que lui racontaient Ashton étaient réelles, alors le sien était définitivement corrompu. Lorsque enfin Élise le lâcha, l'esprit de Narcisse était semblable à un vague nuage blanc. Il voyait flou, et il était complètement perdu. Il cligna plusieurs fois des paupières et seulement, lentement, son esprit sembla fonctionner de nouveau. Ah oui, il y avait eu le commissaire, le blond énervé, et pour les connecter, un poing savamment asséné au milieu du visage du musicien. D'ailleurs, ce dernier lui faisait actuellement face avec un air meurtrier. Il y avait quelque chose dans la posture de son vis-à-vis qui, en réalité, ne lui disait rien qui vaille. L'acrobate esquissa un mouvement de recul, désireux de fuir loin de toute violence, et peut-être un peu d’Élise, aussi. L'homme, un dénommé James, avança d'un pas menaçant qui lui noua l'estomac. Narcisse n'était absolument pas doué pour se battre, il ne l'avait jamais été, il était d'ailleurs bien trop frêle pour cela. Il papillonna des paupières, prêt s'il le fallait à jeter le peu de dignité qu'il lui restait pour ne pas devenir le centre d'une attention qu'il estimait malsaine. Mais Élise intervint et, avant même de percevoir l'absolu ridicule d'être défendu par une demoiselle aussi chétive que la muse, il ne put retenir un soupir de soulagement. Bientôt, elle embrassa de nouveau le musicien et le laissa partir, tout penaud, loin d'eux. À vrai dire Narcisse commençait à sérieusement questionner les pratiques sexuelles de la demoiselle, mais il n'était pas là pour juger, d'autant qu'elle venait de le sauver de quelques coups.

C'est alors qu’Élise saisit sa main au creux de la sienne et entreprit de l'entraîner avec elle à la recherche d'un pirate. Le dragon n'avait vraisemblablement rien à dire – comme depuis le début de cette mascarade, en fait – dans cette affaire. Il devait se contenter d'être un gentil pantin que la muse traînerait partout, une tâche dont il n'était pas certain de s'accommoder. Pire encore, trouver un équipage pirate était à des lieues d'être dans sa liste de choses à faire. Non, vraiment, Narcisse n'avait pas envie d'être là. Et dire que cet après-midi avait si bien commencé...

Du coin de l’œil, le jeune homme aperçut quelque chose de brillant qui se refléta joliment dans son regard améthyste. Il tourna la tête, curieux et émerveillé de la beauté du bijou que lui offrait un présentoir. Ses yeux furent comme envoûtés par la pierre précieuse, et il ne prêta plus aucune attention au chemin qu'il prenait, faisant confiance à Élise pour ne pas le mener dans un endroit trop étrange. Bien mal lui en prit. Brusquement, le garçon rentra en collision avec une véritable armoire à glace. Il papillonna de nouveau des paupières tandis qu'il offrait un visage horrifié à la personne dans laquelle il était rentré.

« Bah alors, mon chou, il faut regarder où on marche, hm ? »

La voix était grave – beaucoup trop grave, lui souffla une partie de son esprit –, rendue rocailleuse par la cigarette que cet... individu portait du bout de ses doigts gantés. Tout de rose vêtue, la... femme, homme, il ne savait plus trop, affichait un maquillage surchargé et des boucles si dessinées qu'on eut dit un dessin. Et si elle était un dessin, ce devait être une caricature. Mais Narcisse n'avait pas de chance, ou du moins plus maintenant, et le destin semblait s'en amuser de manière résolument diabolique.

« Euh, c'est-à-dire que je- »
« Allons mon chou, calme-toi. Oh, tu es si beau... Tu serais parfait pour notre spectacle... Mais j'oublie de me présenter. Carmen, pour te servir. »

L'acrobate n'avait pas envie d'être servi par Carmen. Il secoua frénétiquement la tête pour signifier sa désapprobation, mais cela ne sembla pas percuter auprès de la charmante jeune transexuelle, qui entreprit de le traîner jusqu'à son stand. Là, quelques musiciens l'attendaient, tous habillés de vêtements si roses que Narcisse crut un instant faire une crise de foi.

« Oh ma féline, tu nous a ramené du beau poisson, dis-moi... »
, annonça un homme.
« Oui, hein ? Je le trouve... chou. »

Oui, cela, le garçon l'avait compris. Il se pinça l'arrête du nez, priant pour qu’Élise soit toujours derrière lui, ne se reprenant que lorsqu'on le traînait sur scène.

« Non, non non non, merci, ça va aller ! »
, tenta-t-il.

Ses cris de désespoir passèrent à côté de leur public, et Carmen le tira sur les planches sans aucune merci. Là, tandis qu'il se demandait où était la police pour ce genre de situations, le groupe se mit à produire une musique qui, si elle était agréable, n'en était pas moins loufoque qu'eux.



En cet instant, Narcisse détestait sa vie. Restait à prier pour que personne ne le voit collé à Carmen alors qu'elle se dandinait.


Dernière édition par Narcisse Williams le Jeu 2 Juil - 0:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMer 1 Juil - 13:50

Le Champs de Mars était inondé du flot incessant de badauds venus pour profiter des divers passe-temps qu'offrait une telle attraction. A la chaleur estivale se mêlaient clameurs enjouées et applaudissements, la musique omniprésente faisait taper du pied et des mains tous les parisiens et une ambiance de fête régnait sur le vaste champ. La chaleur avait fini d'achever Silja, qui était à deux doigts de succomber de déshydratation. Fort heureusement, c'est à ce moment précis que Khan proposa ce qui allait être la meilleure idée qu'il ait eue de la journée :

"- Bon, qu'est-ce que tu dirais de trouver une buvette ? Mes oreilles commencent à siffler, je ne dirais pas non à un bon rhum ! Et on va tacher de te trouver quelque chose de frais !"

Silja hocha la tête avec le peu d'énergie qui lui restait à l'entente de la dernière phrase. Khan sourit.

"- Allons-y!"

Le jeune homme souleva Silja au-dessus de sa tête pour la percher sur ses épaules et lui demanda un cap, sortit une grande feuille et une petite poignée de tabac de son manteau et entreprit de se rouler une cigarette. La jeune goule se concentra et écouta attentivement la foule, éliminant peu à peu la musique et les claquements de bottes pour se concentrer sur les tintements de verre, les onomatopées caractéristiques des hommes un peu trop éméchés et l'odeur de l'alcool chaud sur le bois. Puis, tapotant l'immense chapeau de Khan alors que celui-ci allumait sa cigarette, elle pointa son doigt dans la direction de la buvette la plus proche.

"- Tu sais, ma belle, tu aurais fait une excellente vigie ! Ed' t'aurait apprécié, j'en suis certain !"

Khan se mit en marche. La plume qui ornait l'imposant chapeau du jeune homme venait chatouiller le nez de Silja à mesure qu'ils avançaient au cœur de la foule ; foule qui, la fillette le devinait, se retournait de surprise à la vue d'un tel duo. Il faut dire qu'ils ne passaient pas inaperçus. Tout excité à l'annonce de cette fête de la musique que lui avait mentionné Aldrick, Khan avait profité de l'occasion pour ressortir ses atours de pirate. Le jeune homme s'était glissé dans son manteau de capitaine, tenue à la fois élégante de simplicité et offrant une grande liberté de mouvement. Le cuir et le tissu, noirs, se mêlaient parfaitement et quelques notes d'un rouge solaire venait confier à l'ensemble une prestance humble. Un immense chapeau orné d'une plume, rouge elle aussi, venait se déposer sur le bandana de Khan et, additionné aux nombreuses bagues qui ornaient ses doigts, ajoutait une aura des plus excentriques à l'ensemble. Silja, elle, n'avait pas fait autant d'efforts. Elle portait sa robe habituelle, préférant légèreté et aération à la fournaise qui devait habiter le jeune homme. Elle avait cependant troqué son bonnet pour une couronne de fleurs blanches, qui commençaient elles aussi à défaillir après les heures passées sous le soleil de plomb.
Les deux compagnons arrivèrent enfin à destination et Silja retrouva la terre ferme tandis que Khan passait commande auprès du serveur. Il revint rapidement un verre de rhum à la main et offrit à la petite goule un air désolé que cette dernière avait anticipé :

"- Désolé Sil', ils n'avaient pas de jus de framboises... Mais je t'ai trouvé de l'eau !"

La jeune goule accepta la boisson de bon cœur et vida son verre, s'étonnant de la fraîcheur du breuvage et profitant de la musique. C'était exactement le genre de musique qui plaisait à Khan ; le groupe de trois hommes, apparemment nommé les Pink Panthers, était probablement irlandais et chaque musicien avait probablement lui aussi quelques verres dans le gosier. De son côté, Khan était accoudé au bar et tapait du pied en rythme. Il en était déjà à son troisième rhum quand il aperçut deux visages familiers non loin.

"- Hey, Sil' ! Ça serait pas Tala, là-bas, avec Ewen ?"

Silja fronça les sourcils d'étonnement et se concentra sur les conversations aux alentours. Elle reconnut avec peine la voix de son amie dans le brouhaha général et confirma à Khan, un sourire naissant naturellement sur ses lèvres à l'idée de croiser Tala dans ce genre de rassemblement. Khan les appela, sans succès, puis dévisagea la jeune femme avec surprise.

"- Woaw, apparemment Tala s'est mise sur son trente et un. Elle est magnifique ! Je me demande qui est le chanceux pour qui elle s'est faite si belle.
- Ce n'est pas le genre de Tala, en général elle préfère éviter de se faire remarquer..."

Khan décida d'en avoir le cœur net et agita les bras pour attirer leur attention, oubliant complètement qu'il avait un verre à la main. Verre qui vint se renverser non pas sur le premier badaud venu, qui était mince comme un clou, mais sur le deuxième, qui était grand, musclé, excessivement soul et accompagné de trois compères. Silja resta de marbre et assista avec détachement au déroulement de la scène . Le grand gaillard attrapa Khan par l'épaule et lui aboya au visage :

"- Eeeeh oh dis donc..! T- Tu te prends pour qui espèce d'abrutiii !
"- Oh, excuse-moi l'ami, je n'ai pas fais attention.", répondit Khan avec un air innocent et candide, avant de se retourner pour commander un autre rhum.
"- Me tourne pas l'dos quand j'te parle, ordure ! Jim n'aime pas qu'on lui tourne le dos quand il parle."
"- Vous feriez mieux d'aller vous asseoir, monsieur Jim.", intervint Silja.
"- Dégage, toi !"

La brute écarta violemment la petite goule de son chemin et agrippa l'épaule de Khan. Dans un mouvement impressionnant de rapidité, ce dernier se retourna et saisit le poignet de l'ivrogne.

"- Excuse-toi tout de suite à la demoiselle.", lui intima-t-il en accentuant la pression.
"- Vas crever !"

L'armoire à glace ponctua sa réplique d'un crachas sur la botte du pirate. Khan regarda cette dernière avec un sourire amusé, attrapa son chapeau de sa main libre et le déposa sur le comptoir. Il plaça son pouce en-dessous de l'index de Jim, sous le regard méfiant de ses trois compagnons encore indécis, puis le regarda droit dans les yeux avec un air confiant et amusé. Lorsque ses mots sortirent de sa bouche, ils étaient cependant adressés à sa goule favorite.

"- Silja... Je crois que ces jeunes gens veulent danser."
"- Compris."

A la seconde même où Silja lui répondait, Khan brisa l'index de la brute, attrappa le verre de rhum vide de son autre main et le lança en direction du premier des sbires. Silja entendit le verre éclater au contact du visage du pauvre mécréant, tirant les Pink Panthers de leur torpeur et les incitant à jouer de plus belle.



La petite goule se fia à son ouïe et passa entre Khan et son agresseur au moment où le jeune pirate le tirait vers lui pour lui asséner un coup de coude dans la gorge. Elle anticipa le recul du grand Jim et parvint à saisir son bras pendant qu'il était déséquilibré, puis le projeta comme un sac de patates sur son allié encore sonné par le verre qu'il avait reçu en plein visage. Les deux hommes s'écrasèrent avec le moins de grâce du monde sur une petite table en bois qui se déchira littéralement sous leur poids. Silja se jeta entre les jambes du troisième badaud tandis que lui et son compagnon décidaient enfin de se jeter dans la bataille et lui asséna un coup de talon derrière le genou. Elle entendit Khan profiter du déséquilibre de son adversaire pour lui donner un coup de poing en plein visage, ses bagues s'occupant d'entailler l'arcade du pauvre bougre qui laissa échapper un cri de douleur assez pathétique avant de s'effondrer lourdement au sol. Le quatrième et dernier ivrogne parvint à saisir la jeune goule, la serrant entre ses bras, mais elle était trop agile pour qu'il espère sortir vainqueur de cet affrontement. Elle prit appuis sur les jambes de l'homme et se propulsa par dessus sa tête avant de placer ses pieds dans son dos et de le propulser vers l'avant, où Khan l'attendait de pied ferme. L'homme, dans un sursaut de sobriété, utilisa cet élan pour balancer un coup de poing aussi lent que maladroit au jeune pirate, qui l'esquiva sans peine avant de lui asséner un coup de genou dans le foie, suivi d'un coup de poing bien placé dans les côtes.
Les musiciens cessèrent de jouer alors que le dernier des ivrognes tombait au sol et la foule de badauds, apparemment bien trop soûls ou bien trop captivés par la musique pour se rendre compte de la scène surréaliste à laquelle ils avaient assisté, se mit à applaudir le duo avec entrain. Le concert repris de plus belle, les rires du public et la clameur ambiante reprenant peu à peu le dessus sur la rixe qui venait d'avoir lieu. Deux jeunes femmes étaient venues aborder Khan, qui, fort de ses exploits, les avait prise par la taille et conduites droit jusqu'au comptoir pour commander une nouvelle tournée de rhum. Silja secoua la tête avec désintérêt tandis que le rire du jeune pirate s'élevait au-dessus de la foule. Elle tenta de retrouver la trace de Tala, sans succès. Cependant, en se concentrant sur les bruits de pas, elle reconnut la démarche pressée et caractéristique du Commissaire. Ni une ni deux, elle alla trouver Khan et le tira par la manche.

"- Hey, Sil', qu'est-ce qui te prend ?
- Aldrick arrive.
- Ah, c'est bien ma veine !"

Puis, se retournant vers les deux ravissantes jeunes femmes :

"- Désolé, my ladies, le devoir m'appelle !"

Khan vida son verre d'une traite et commença courir dans les pas de la jeune goule. Silja accéléra et les deux compagnons se retrouvèrent rapidement hors de portée du grand méchant loup. Elle attrapa un poivron et croqua dedans avec malice.

"- La prochaine fois, tu te débrouilles tout seul.
- Ne dis pas ça, Sil'. Toi et moi on est une équipe, sans toi je suis quoi ?
- Sans moi ? Tu serais déjà mort au moins sept fois."

La fillette sourit avant de saisir la main de son pirate préféré.

"- On pourrait profiter de la musique, maintenant ?"
Andréa Eyssard
l Un monstre dans la peau l
Andréa Eyssard

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMer 1 Juil - 23:45

Une chose était certaine… Andréa n'oublierait jamais le sacrifice que son oncle venait d'opérer pour lui. Dieu seul savait si Edward s'en était sorti indemne ou si la cruelle comtesse Brown l'avait forcé à reprendre son poste, mais si le louveteau avait survécu à l'aristocrate c'était assurément grâce à son aîné. Il eut une pensée pour lui, espérant qu'au moins, sa souffrance serait écourtée, et reprenant son souffle, il profita de l'ombre d'un des anciens bâtiments de l'exposition universelle pour reprendre des forces. Il essuya son visage d'un bout de sa chemise, attendant de retrouver une respiration normale pour affronter à nouveau le soleil estival.
Si la chance voulut qu'il trouve un endroit isolé du bruit et de la foule, ce fut la soif qui l'obligea à délaisser cette quiétude. Son regard s'était posé à plusieurs mètres de là, sur une salvatrice petite fontaine Wallace assiégée par les enfants. Faisant fit des nombreux passants et artistes alentours, il rejoignit le point d'eau d'un pas pressé, tenant à peine compte du bouton poussoir brûlant qu'il fallait affronter pour se rendre maître de l'eau. Il but abondamment, ne se privant pas pour s'éclabousser le visage et humidifier abondamment sa gavroche qu'il replaça ensuite sur sa tête. Les gouttes qui lui glissèrent dans la nuque lui arrachèrent un agréable frisson, avant qu'une voix ne l'interpelle.


N.D.A : Cette musique n'est pas à deviner, c'est celle que j'avais prévue au départ, mais elle n'a pas de version instrumentale digne de ce nom… Mais comme c'est la chanson d'Andy je n'ai pas résisté ~

« Hey Andy ? Hé, Andy ! »

Il se retourna, peu habitué à ce qu'on emploie son surnom, et tomba nez à nez avec une jolie brune qu'il n'avait jamais vu. Il recula sous la surprise, bousculant un garçonnet qui s'était mis en tête de l'imiter en passant son béret sous l'eau, tandis que la belle avançait encore.

« C'est une copine à moi qui m'a dit que tu t'appelais Andy ! »

Le regard de l'inconnue se fit plus charmeur. Elle lui adressa un sourire envoutant, faisant preuve d'une assurance déroutante pour son interlocuteur qui cherchait visiblement à la garder à distance. Mais cela ne dérangea pas la belle. Elle prit un air de fausse ingénue que ses vêtements à la simplicité populaire rendait étrangement crédible, attendit une seconde, et reprit d'une voix douce :

« Andy… Ça fait un moment que je te suis, Andy. »

Le mouvement de recul du louveteau fut plus marqué cette fois. Il chercha rapidement un échappatoire, mais la suite des paroles de la demoiselle le clouèrent sur place :

« Hé, tu viens chez moi ? Ou alors on va chez toi. Allez, Andy, quoi ! Oh dis-moi oui. »

D'un pas gracile mais décidé, la petite brune se retrouva presque dans ses bras, alors que non loin d'eux, un groupe de musiciens bariolés débutait un air trop synchronisé pour être dû au hasard. Une main se glissa sur sa joue. Il sursauta, oubliant la mélopée et rougit copieusement lorsqu'il s'entendit appeler :

« Chou ! Andy… Dis moi oui ! Chéri ! »

Elle avança vers lui les bras tendus, mais lorsqu'il voulu esquiver elle se laissa tomber sur le côté, l'obligeant à la rattraper de justesse dans une pose proche de celle de ces danseurs latinos. Son visage bien trop près du sien, il la redressa rapidement, et n'attendit pas pour s'éloigner de quelques pas. Gêné par ces avances auxquelles les passants semblait désormais accorder beaucoup d'attention, il se gratta le coin du sourcil sans savoir quoi répondre.
Un regard pour la belle à laquelle il accorda un sourire poli. Méfiant, il préférait éviter les ennuis. Aussi s'inclina-t-il légèrement avant de se hâter de quitter les lieux au rythme étrange des musiciens. Leur tromboniste semblait d'ailleurs pris d'une inspiration soudaine, s'époumonant dans son cuivre tout en s'agitant d'une manière désorganisée.  

La mélodie se fit lentement de plus en plus lointaine, et Andréa ne fut pas mécontent de constater que la demoiselle ne l'avait pas suivi.  

Il déambula un moment entre artistes et passants, s'arrêtant plus souvent qu'il ne lui semblait devant les violonistes talentueux, fuyant ceux qui martyrisaient leurs pauvres instruments. Étrangement, ce fut un vieil homme au poignet fatigué qui retint le plus son attention. Il n'était visiblement plus en mesure de tirer la totalité de la gamme de son instrument, mais chaque note était d'une pureté sans nom. La mélodie douce qui prit vie sous ses doigts gonfla le cœur d'Andréa d'admiration, son unique regret étant qu'il n'y avait personne pour partager ce moment de grâce avec lui.
Le morceau terminé, il hésita un peu avant de rejoindre le musicien qu'il remercia. Il ne fut en mesure que de lui offrir un sourire radieux avant qu'une voix, connue cette fois, ne l'interpelle.

« Andréa ! »

Un enchainement magique. Après cette ivresse mélodieuse, le louveteau se retrouva face à la famille Voelsungen, le frère et les sœurs. Il les salua avec plaisir, rougissant un peu lorsqu'il croisa le regard si parlant d'Éléna, avant de s'enquérir de leur santé respective. La discussion alla bon train, le petit groupe trouvant refuge près du halo frais d'un glacier. Andréa put à loisir détailler les traits de la jolie brune dont les cheveux d'ébène avaient été admirablement tressés, tant et si bien qu'il eut besoin de quelques secondes avant de comprendre qu'elle s'adressait à lui :

« Pardon ?
Je demandais si ton oncle était là aussi ?
Ah ! Oui mais on s'est… Perdus du vue. »

Il passa une main gênée sur sa nuque, adressant un sourire timide à la belle sans oser lui expliquer qu'ils s'étaient alliés pour fuir les responsabilités de l'aîné. Un papillon se décida alors à s’immiscer entre eux, hésitant quelques minutes sous le regard interdit du jeune loup avant de se poser sur la joue d'Éléna. Andréa eut grand peine à retenir un rire charmé, tant il la trouvait plus ravissante encore. Ce papillon avait indéniablement du goût. Il songea à lui faire part du fond de sa pensée lorsqu'une mélodie s'éleva juste derrière eux.
Il s'éloigna aussitôt de la fille aînée des Vivaldi, par simple réflexe, avant d'observer avec méfiance une chorale toute de blanc vêtu entamer un air printanier.



« Qu'est-ce que… »

Étrange scène que celle d'adorables petits moineaux s'élevant gracieusement au dessus des chanteurs pour y dérouler une banderole où le nom du groupe d'artiste était inscrit en lettre rose : Idylle.
Andréa ouvrit la bouche, la referma, avant de rougir copieusement, faisant signe à la demoiselle qu'il n'était absolument pour rien dans cette intervention. La mélodie se poursuivit pourtant, toujours aussi joyeuse. La chorale s'était séparée pour former une ronde guillerette autour des deux jeunes gens, lançant à intervalle réguliers, pétales de fleurs rouges ou blanches. Puis se prenant chacun par la main, ils esquissèrent quelques pas de danse en duo, leurs mains jointes formant qu'un cœur que leurs regards destinaient directement à Andréa et Éléna.
Le louveteau ne savait plus où se mettre, rouge jusqu'aux oreilles, quand une adorable mésange fint se percher sur l'épaule de la jolie brune pour accompagner, d'un sifflement mélodieux, la chansonnette des choristes.
Ces derniers avaient reformés leurs rondes, tenant chacun une étoffe de soie tantôt rose, tantôt blanche, qui s'entourèrent très innocemment autour du louveteau et de la fille Vivaldi, les rapprochant aussi tranquillement qu'ils les liaient entre eux. Tout l'ordre des animaux pelucheux semblait s'être rassemblé pour eux. Les lapins se pressaient contre leurs jambes, les forçant à se faire face et à diminuer encore un peu la distance qui les séparait.  Le gazouillis des oiseaux offrait un rendu des plus bucoliques, tandis qu'une fois Andréa et Éléna les yeux dans les yeux, deux des choristes vinrent déposer sur leurs têtes des couronnes de fleurs blanches. Il s'éloignèrent tout aussi délicatement, abandonnant derrière eux les derniers pétales colorés, et une réprimande pour un retardataire :

« Michel ! Dépêche ! »

Le cerveau en feu, le cœur au bord de l'explosion, Andréa ne parvenait pas à détacher son regard de sa vis-à-vis. Sa poitrine lui semblait au bord de l'explosion, et tant de compliments se pressaient derrière ses lèvres qu'il ne savait par où commencer. Devait-il lui parler de ses traits si doux, de sa voix qu'il aimait tant ? Ou peut-être avouer le plus simplement du monde qu'elle était d'une fraicheur sans nom. Il inspira profondément, hésitant à peine avant de formuler :

« Gsmfidfoetkguifdnfza. »

Oh… Mon… Dieu.

Pourquoi avait-il dit ça !! Andréa sentit son visage le cuire sans restriction, et il savait pertinemment que la chaleur n'y était pour rien. Il porta sa main à son visage, tournant la tête pour ne pas avoir à assumer le son informe qui venait de quitter ses lèvres.

Les rubans qui les ficelaient été retombés au sol, les libérant de leurs mouvements. Le jeune homme renonça à s'expliquer, le sourire amusé de la belle lui arrachant plus de couleur encore. Il se demanda si le glacier serait d'accord pour qu'il colle son visage bouillant contre la vitre, au risque de la faire fondre, elle et sa marchandise.
                                 
Et comme si cela ne suffisait pas, Andréa assista ensuite au spectacle le plus déroutant, et peut-être le plus choquant de son existence.  

« Commissaire ! Y'a du grabuge vers l'entrée est ! Apparemment c'est une bagarre qui a éclatée ! »

Billy Langevin, Andréa le reconnu sans mal. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'un policier parle d'intervenir sur le lieu d'un incident, ce que le louveteau comprenait moins, c'était son accoutrement. Lui et ses comparses portaient pour tous vêtements une longue jupe en feuille de bananiers. Le jeune homme cligna des yeux, songeant aux lointaines paroles de Dolores qui avait un jour qualifié un homme de loi de : « truc s'approchant très vaguement et du bout du gros orteil de   Sherlock Holmes, le tout de loin, de dos, les yeux fermés, par une nuit de forte tempête… ». Il devait y avoir d'autres termes, mais avec un débit de paroles tel que celui de la doctoresse, il aurait proche du divin de pouvoir tout retenir.
Le louveteau adressa un regard perdu aux sœur d'Aldrick, espérant pour lui que ce n'était pas là le nouvel uniforme réglementaire des agents, mais les paroles amusées de Sabrina le rassurèrent… un peu :

« C'est parce qu'ils ont un stand de musique des îles. C'est une idée de Billy pour financer l'achat de nouveau matériel pour le commissariat ~ »
H.R.P:
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeMer 1 Juil - 23:59

Ce fut au troisième roulement de hanches que Rita comprit qu’elle ne serait jamais danseuse. Après avoir résisté à la gravité une bonne dizaine de fois, durant trois longues minutes, la banshee eut à peine le temps de reprendre son souffle et à recueillir la sueur glacée qui dégoulinait de son front, que Tina lui attrapa brusquement le bras. Tirant hors de scène la pauvre fille, jusque là soulagée que la musique infernale se stoppe enfin l’américaine cherchait des yeux leur seul moyen de fuite. La peau de cette dernière brillait autant que sa robe argentée, l’excitation et l’angoisse se mêlant dans sa tête. Dans celle de Rita, par contre, résidait une seule chose : quand allait-elle pouvoir ôter ces chaussures du diable ?!
Tina se faufilait entre les nombreux admirateurs et curieux, trainant une naine épuisée comme boulet, lorsqu’elle les vit : les deux blonds baraqués, l’un à l’oeil crevé, caché par un cache-oeil assorti avec la fête. C’est-à dire plein de couleurs tartes et tellement pétantes, qu’à force les fixer, on en deviendrait aveugle. Elle l’avait toujours cru un peu fleur bleu, au moins aussi niais que son comparse était brute. Et Dieu étaient-ils laids, l’un bossu et l’autre renfloué jusqu’en bas de l’embonpoint. Les os du dos ressortaient d’une manière immonde sur le crâne du premier, formant comme les pattes d’un insecte ignoble sur sa nuque tordue en escalier, frottée en permanence par des mains marqués de veines en permanence bouchées ou éclatées. Le deuxième, lui, était tellement rempli d’air que ses chevilles avaient disparues sous sa peau plissée et que ses bras reposaient sur sa bedaine flasque.
Elle crut devoir leur faire face, jouant entre ses maigres compétences en lutte et le corps à moitié mort du bon coup qu’elle croyait s’être dégotée en bonne et due forme. Peut-être accepterait-elle quand même un verre après cette mésaventure. Aussi rehaussait-elle les manches de sa robe, moyennement déterminée à en découdre, lorsqu’enfin le son de la délivrance parvint à ses oreilles : la fanfare commençait !


Le son agréable des tambours et des trompettes détonnait entre les nombreuses tentes, rendant bientôt la foule totalement hilare et déraisonnée ! Une masse de gens sortirent sous le soleil de plomb pour admirer les magnifiques uniformes rouge écarlate, tout droit sorti d’un prêt à porter, et hurler encore plus fort que les clairons à quel point ce jour était merveilleux. Il l’était assez pour Tina en tout cas, ce bruit soudain détourna l’intention des deux compères, qui cessèrent immédiatement de scruter l’intérieur de la tente, tel des vautours. Aussitôt constaté, Tina lança un signe à son équipe, qui le lui rendit avec un sourire, puis profita de la foule pour se mêler au défilé, entre deux trombones. Ces derniers se semblaient pas s’en offusquer, profitant de la tenue légère des deux jeunes femmes pour profiter au mieux que leurs femmes respectives ne pouvaient les différencier entre tous les fanfarons. Quel jour merveilleux en effet !
Moins en tout cas pour Rita, car aussi fut elle transporté de sous les projecteurs avec des machines de tortures sur ses pieds minuscules, fragiles et délicats, à une pagaille incroyable et insupportable de gaieté, en plein soleil, sur un pavé comme réchauffé par un grill et sur lequel Rita venait y cuire les pieds sus nommés, au prix le plus étonnant qu’on ait entendu sur le marché ! … Où en étions-nous déjà?

«  J’veux des saucisses grillées… »

Rita aurait pu renier toutes ses croyances et se dédier à la vie ecclésiastique si seulement, seulement, ô Dieu en qui elle ne croyait que pour recevoir une dinde gratuite au jour saint de ton fils bien aimé, cette brunasse de cowboy féminin et monté sur échasses pétillantes voulait bien arrêter de sourire d’une fierté exaspérante. Serait-elle devenue nonne si seulement cette danseuse démoniaque avait même juste l’idée folle de se retourner vers elle, juste pour lui dire qu’enfin elle pourrait arrêter de fondre sur la place publique, entouré de gens hilares face à son exécution divine d’avoir volé au seigneur ses volailles les plus grasses et sûrement les plus pieuses, mais par pitié, QUE QUELQU’UN ARRÊTE CETTE ANDOUILLE SADIQ-
Tina, emportée par le soulagement et la liesse générale, se retourna sur l’une des choses les plus pathétiques qui lui avait été donné de voir : une misérable jeune fille à qui on lui avait visiblement volé ses chaussures, trempant dans sa propre transpiration et une robe étincelante, renforçant la médiocrité de cette image. L’américaine eut peine de ne pas laisser là sa conquête de la journée, tout en se rappelant que l’état de cette dernière n’était que le fruit de son propre désastre. Elle prit alors la cantatrice par la main, soulevant hors de terre ce légume déjà à moitié faisandé, et lui lança ce sourire qu’elle savait irrésistible.

« You’re from the « I do both » kind, aren’t you? Allez, sweetie, sortons de là. je t’offrirai des saucisses. N’empêche, ça vaut le coup pour un flirt avec toi ! »

Quel jour merveilleux c’était, en effet, en effet.

Et c’est ainsi que les deux femmes en robe courte se glissèrent dans une joyeuse petite ruelle bien sombre et bien dissimulée du public, et que la dénommée Tina prit un malin petit plaisir à glisser sa main si délicate sous la tenue légère de la dénommé Rita, l’une étant bien trop soulagée pour protester aux avances bien charismatiques de la première. Un petit coin de lèvres par ci, un levé de jambes réservé par là, et vous avez la recette parfaite pour une bonne marmelade de consolation après potentielle conflagration.
Huhuhu, quel adorable duo de petites cuisinières coquines ! (Recette à ne pas reproduire chez vous les enfants. Surtout avec vos peluches, elles n’aiment pas la salive)
Bref, la compote une fois finie, nos deux comparses se mirent à courir comme des arriérées, main dans la main et un sourire sot sur leur visage dégoulinant, vers d’autres tentes à l’atmosphère plus ordonnée. Les gens de bonne famille détaillaient avec dégoût ce couple plus qu’indécent, préférant se concentrer sur les différents ballons de couleur que l’on détachait au loin, précédant la course de la parade en folie. Les deux jeunes femmes finirent par tomber comme des sacs sur un banc, vidant leur poumons de toute l’allégresse délirante de ces quelques intensités.

Enfin remise de cette séance de cuisine impromptue, ce fut Rita qui brisa en première les respirations essoufflées :

« Je dois avouer, cela fait partie des choses qui ne me sont, pour ainsi dire, jamais arrivées »

Tina rit doucement, balançant sa tête en arrière et les bras sur le dossier en métal du banc. « Say, tu es plutôt contente que ce soit moi qui t’ai baptisée alors ! »

Rita se recroquevilla, ses pieds brulés ne se plaignant pas le moins du monde de quitter le sol, beaucoup trop odieux avec eux. Elle eut une pensée pour cette humaine, qui ne se doutait absolument pas de la nature de sa compagne cuisinière, se retenant de lui rire au nez. Après tout, ce jour merveilleux serait terminé le lendemain.
Toutefois, Rita fut vite rappelée à l’ordre de par son essence même, lorsque ses yeux émeraudes croisèrent la lumière bleutée d’un lorialet. Perdant tout interêt pour l’américaine, la banshee se releva d’un seul coup et courut vers l’éclat, ignorant tout ce que sa vue avait à lui offrir d’autre. Dès qu’elle put la saisir de ses doigts blancs, la créature s’y accrocha de toutes ses forces, agrippant brusquement un jeune garçon aux cheveux opalins. Le souffle court, elle eut peine de lui adresser quelques mots, priant que sa prise ne s’échappe pas de son étreinte, ou que l’humain à ses côtés ne décide pas de les détacher égoïstement.

«  Je- Attendez, je vous en prie… Reilly.»
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeJeu 2 Juil - 0:21

Il était gigantesque. Il était impressionnant. Il était majestueux. Et d'un seul regard, il était parvenu à conquérir le cœur de la muse. Il était merveilleux. Il était sensationnel. Il était fantastique. Et d'un simple pas, Elise avait l'impression qu'il franchissait des kilomètres. L'éléphant leva sa lourde patte et l'écrasa sur les pavés bouillants des Champs de Mars. La muse retint un cri émerveillé alors qu'elle pressait l'allure, désireuse d'approcher celui qui, plus encore que n'importe qui, captivait la demoiselle par sa simple apparence. Narcisse et son regard améthyste n'avaient qu'à bien se tenir ! Car devant la jeune femme se jouait un spectacle auquel elle aurait assisté à n'importe quel prix. Témoin privilégié d'un monde de mélodies colorées, Elise leva les yeux vers le pirate qui chevauchait l'animal sans une once de peur. Sa couleur, un rouge victorieux, se mêlait aux ébauches de celles de l'éléphant qui, bien que puissant géant de la savane, possédait une musique plus légère, moins forte que n'importe quel humain. Mais c'était cette absence d'intensité, cette apparente faiblesse qui rendait les manifestations de son âme plus grandioses encore. Les notes semblaient désireuses de s'imposer dans un monde impitoyable avec tout l'espoir dont elles étaient capables et pour ce faire, elles avaient revêtu toutes les couleurs existantes. Du rouge, du bleu, du vert, du jaune, du orange, du violet, toutes les teintes possibles, toutes les nuances imaginables, toutes ces flagrances exceptionnelles que la muse découvrait aujourd'hui, étaient réunies dans l'âme de l'éléphant qui les diffusait dans le monde avant qu'elles n'explosent en une myriade d'étincelles. C'était un véritable feu d'artifice, un spectacle absolument inoubliable qui s'inscrivit dans le cœur de la muse à tout jamais. Et, plus encore que tout le reste, Elise eut envie d'approcher l'animal afin de le caresser. La jeune femme pressa de nouveau le pas, courant presque entre les passants afin d'atteindre aussi rapidement que possible l'être gigantesque qui l'appelait de tous ses vœux. La muse se le promit : un jour, elle irait dans l'un de ces pays où vivent les éléphants. Un jour, elle s'abandonnerait à leur monde pour profiter de leur tendre mélodie remplie de cet espoir si magnifique. Mais pour l'heure, elle devrait se contenter de suivre ce spécimen et pour ce faire il était nécessaire qu'elle l'atteigne. Cependant, alors que l'animal se dessinait plus distinctement et qu'Elise avait presque l'impression qu'elle pouvait le toucher en tendant le bras, quelque chose la retint brutalement ou plutôt, retint celui qui l'accompagnait. Son petit dragon lui fut enlevé et elle tomba durement sur le sol à cause du choc. Lorsqu'elle se retourna, ce fut pour apercevoir une femme l'emporter au loin. Elle se releva donc, l'air un peu inquiète, et suivit la mélodie très raffinée de celle qui avait enlevé son ami et donc les effluves de couleur restaient longtemps derrière elle. Mais celle-ci marchait vite et, bientôt, la petite muse se retrouva perdue dans la foule. Qu'à cela ne tienne, elle n'avait pas du tout l'intention d'abandonner Narcisse ! Au contraire, justement ! Elle ferma les yeux pour se concentrer à la recherche de la mélodie propre au dragon mais fut bientôt déconcentrée par les clameurs de la foule entourant une scène surélevée. Son instinct lui murmura que Narcisse devait être par là, aussi s'y rendit-elle d'un pas rapide, persuadée de retrouver son jeune ami. Elle ne fut pas déçue : ce dernier se donnait en spectacle aux côtés de la femme qui l'avait enlevé et qui, Elise s'en rendait compte maintenant, n'en était pas tout à fait une... Un grand sourire s'inscrivit sur les lèvres de la muse qui se mit à applaudir, visiblement ravie de voir le dragon danser. C'était tellement rare qu'il ose s'amuser... ! Il fallait fêter ça. Elise se mit alors en tête d'exprimer sa joie à voix haute.

« Allez Narcisse ! Tu es le meilleur ! Ce que tu danses bien !! Continuuuue ! »

Un éclat de rire lui parvint depuis sa droite, la poussant à tourner la tête. Lorsque ce fut fait, la muse croisa le regard d'un autre homme vêtu comme une femme et trouva ça génial. Elle adressa un merveilleux sourire à son voisin -ou sa voisine?- et trottina jusqu'à elle. Car si l'homme se vêtissait comme une femme, c'était sûrement qu'il voulait qu'on le voit ainsi.

« J'aime vraiment votre tenue madame ! »

Dit-elle du ton le plus naturel du monde à sa vis-à-vis. Celle-ci -Elise avait définitivement opté pour le féminin- sembla agréablement surprise par la réaction de la muse et lui adressa un sourire.

« La vôtre n'est pas mal non plus... Je suis Roberta, enchantée de rencontrer une aussi délicieuse jeune femme.
- Et moi je m'appelle Elise ! Le plaisir est partagé ! Par contre, si je puis me permettre, je vous conseille plutôt ces chaussures, elles s'accordent davantage avec votre regard. »

Roberta lança un regard intéressé en direction de la paire indiquée par la muse et s'en empara bientôt. Lorsqu'elle l'enfila, il apparut bien vite que son interlocutrice avait vu juste, comme le lui fit remarquer Martine.

« Et bien Roberta, tu es magnifique aujourd'hui ! »

La concernée éclata d'un rire ravi alors qu'Elise se présentait à la nouvelle venue.

« Bonjour madame !
- Mademoiselle, ma jolie, je n'ai pas encore trouvé chaussure à mon pied...
- Oh ? Excusez-moi mademoiselle ! Si ça peut vous rassurer, moi non plus !
- Ah, ce que les hommes peuvent être compliqués...
- Oh, parfois c'est nous qui le sommes... Enfin dans mon cas, c'est surtout ça ! Mais je m'égare, vous avez quelqu'un en vue, peut-être ?
- Oh oui, un gentleman comme il y en a peu ! Vraiment très mignon bien que son style soit un peu... particulier. »


Martine se rapprocha de la muse et poursuivit sur le ton de la confidence.


« Je l'ai rencontré au commissariat, en fait... Il était couvert de tatouages et de piercings, il portait une blouse de marin et avait un de ces regards... ! Et son sourire... ! Oh chérie, si tu avais pu le voir comme je l'ai vu, tu comprendrais très certainement ! »

Une nouvelle fois, Elise tomba des nues. Celui qu'elle décrivait n'était autre que...

« Mais je le connais ! C'est Ashton, c'est mon frère ! »

Martine écarquilla les yeux. Cette petite devait tomber du ciel.

« Vraiment ?
- Oui, oui ! Je vous le présenterai si vous voulez ! »

La femme adressa un sourire à la muse. Ce fut à cet instant précis qu'elle l'adopta définitivement.

« Vous croyez qu'il me remarquera... ?
- Oh oui, Ashton remarque tout le monde ! C'est l'homme le plus gentil que je connaisse !
- Alors j'accepte avec plaisir... M-mais ma tenue actuelle ne lui plaira pas, je ne suis pas assez soignée, je-...
- Je peux vous aider, si vous voulez, je suis certaine de pouvoir vous dénicher la tenue idéale dans toutes celles que vous avez ici !
- Vous feriez ça pour moi ?
- Oui, je vous le propose ! »

La muse adressa un gigantesque sourire à Martine et s'engouffra dans les vêtements, choisissant la tenue idéale pour la concernée. C'était aussi une forme d'art, après tout, et si d'ordinaire cette dernière n'attirait que peu la muse, pour aider sa nouvelle amie Elise était prête à faire une exception. Lorsque celle-ci l'enfila, il s'avéra que la jeune femme avait encore vu juste. Martine la prit dans ses bras avec plaisir et la remercia chaleureusement. Les autres femmes du groupe avisèrent leurs deux amies et entourèrent bientôt la muse qui prodigua joyeusement tous les conseils du monde. Toutes, sans exception, adoptèrent cette curieuse demoiselle. Puis les yeux de celle-ci tombèrent sur une robe d'un magnifique tissu vert pomme. L'émerveillement qu'on put y lire fit sourire toute l'assemblée. Roberta s'avança d'un pas et passa un bras autour des épaules de la muse.

« Elle te plaît ?
- Oh oui, elle est vraiment magnifique... ! »

L'amie d'Elise observa la robe avec un air un peu contrarié.

« Il va falloir la retravailler, si tu veux la porter... »

Mais contrairement à ce qu'elle avait cru, la jeune femme sembla profondément surprise et secoua la tête.

« Oh mais je ne pensais pas à moi en disant ça ! Je pensais qu'elle irait vraiment bien à Narcisse, en fait. Avec cette pierre, aussi, elle rappellera son regard...
- Eh... mais c'est que tu dis vrai... ! Tu crois qu'il serait d'accord ? »

Elise lança un regard plein de malice à Roberta et le sourire qu'elle lui fit ne laissa planer aucun doute sur la réponse qu'elle allait lui apporter.

« Pourquoi lui laisser le choix... ? »

Comme pour répondre à ses paroles, ce fut à cet instant précis que la prestation de Narcisse et de Carmen se termina et qu'ils redescendirent de scène. La muse se dirigea d'un pas dansant vers son ami et lui prit très joyeusement le bras.

« Pardon Narcisse, je n'ai pas vu tout ton numéro mais de ce que je sais, c'était vraiment très bien ! »

Le ton de la demoiselle était le plus innocent du monde et ne permit certainement pas au dragon de se douter de quoique ce soit. Durant ce temps, Roberta mit tout le monde au courant, dont Carmen. Celle-ci, seule à ne pas connaître Elise mais à avoir fréquenté Narcisse, s'approcha du duo et passa les bras autour des hanches du jeune homme.

« Ils ont raison mon chou, tu as vraiment les mensurations idéales pour te joindre à nous... »

Désormais, le concerné pouvait se rendre compte du traquenard dans lequel il était tombé autant qu'il le voudrait : c'était déjà trop tard. Carmen attira de force Narcisse derrière l'un des paravents de la troupe et lui retira le haut de ses vêtements, dévoilant son torse imberbe. Elle passa une main sur celui-ci et laissa échapper un léger rire.

« Je te préviens chaton, le corset qu'on va te mettre pour affiner encore un peu ta taille va te faire mal... »

Et, alors que Roberta et Martine se joignaient à Carmen pour immobiliser Narcisse, débuta une musique fort à propos qui fit éclater de rire Elise.



Cette dernière sautilla jusqu'à la robe qu'elle détacha doucement. Elle se rendit ensuite vers des bijoux de perles qu'elle récupéra avec plaisir, notant la merveilleuse améthyste qui irait si bien au dragon. Lorsqu'elle revint jusqu'au petit groupe, Narcisse n'était plus qu'en sous-vêtements.

« Wow, Narcisse, tu as vraiment un très joli corps... ! Je peux toucher ? »

Et comme Roberta hocha la tête Elise ne se fit pas prier pour caresser le corps de sa pauvre victime.

« Tu n'aurais presque pas besoin de corset...
- Oui, mais nous voulons que tout soit parfait, tu comprends ?
- Hm, hm ! Je vous laisse faire alors ! Courage Narcisse, moi aussi j'en ai un, regarde !
- Et puis tu verras... ça fait mal au début, mais ça devient presque agréable, après... Allez on y va chaton ! Sois courageux, tu vas a – do – rer ça. »

Sans laisser le temps à Narcisse de répliquer quoique ce soit, on enserra sa taille du terrible instrument de torture qu'était le corset.

« Bon mon lapin, il va être temps de t'habiller. Tu préfères que ce soit moi ou ton amie qui le fasse ? »

Narcisse répondit à côté de la plaque et Carmen réitéra donc.

« Tu n'y échapperas pas mon agneau, mais... si c'est moi... je ne peux pas garantir que tes sous-vêtements ne vont pas malencontreusement disparaître dans la foulée... »

Elise s'avança donc joyeusement vers son ami qu'elle embrassa au passage sur la joue.

« Oh, merci Narcisse ! Tu vas voir, je vais être très très douce et tout ira bien ! Je sais déjà comment je vais te coiffer et comment je vais te maquiller et quelles chaussures te faire porter ! Ça ira tellement bien avec les flammes bleues qui t'entourent... ! Oh Narcisse, si seulement tu pouvais les voir ! »

Les trois femmes lâchèrent Narcisse et Elise s'approcha un peu plus de lui. Alors le véritable calvaire du dragon commença. Quelque part dans son dos, la muse put entendre Roberta murmurer à Martine.

« Oh si seulement mon voisin Totoro pouvait voir ça... ! »
Narcisse Williams
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Narcisse Williams

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeJeu 2 Juil - 14:59

Parfois, Narcisse s'amusait à s'imaginer comme une âme maudite que le Destin, en bon cynique, prenait un malin plaisir à torturer. Désormais cela n'avait plus rien d'un jeu. Alors que le corps de Carmen se frottait langoureusement contre le sien sur scène, le jeune dragon hésitait entre fondre en larmes, éclater d'un long rire nerveux et simplement s'évanouir. C'en était trop pour lui. Tout ce qu'il voulait, c'était passer un après-midi calme où il aurait pu profiter paisiblement des stands divers et colorés que lui offrait cette fête. Mais non, avait ri la Fortune, bien sûr que non ! Il aurait dû s'en douter, savoir et, surtout, ne jamais mettre les pieds dehors. C'eut été tellement, tellement plus simple. La main de Carmen s'égara dans le bas de son dos sur scène, lui arrachant un hoquet de surprise et d'horreur tandis qu'il tentait tant bien que mal de s'extirper de son étreinte. Le pire dans tout cela était sans aucun doute le fait que le public, hilare, prenait cela pour un jeu, quelque chose de drôle auquel il aurait consenti. Narcisse ne voulait pas et n'avait jamais voulu prendre part à un tel spectacle, encore moins quand il se trouvait molesté sur les planches. Pour la première fois de sa vie, l'acrobate se sentait l'âme de crier haut et fort qu'il détestait une scène. Quand Élise lui cria ses faveurs, il eut une brusque envie de pleurer. Au lieu de ça, il cacha prestement son visage derrière ses longs doigts, espérant que Carmen ne le remarquerait pas, trop occupée à psalmodier sa mélodie loufoque. Cependant, une fois de plus, le destin décida de se jouer de lui. Car quoi de mieux qu'une musique interminable pour mieux le faire rester sur le plateau de la honte ? Le mot ostinato n'avait jamais aussi bien illustré une chanson. Narcisse ferma obstinément ses paupières, tenta de faire abstraction de la main qui frottait toujours trop sensuellement le bas de son dos, et imagina qu'il était loin, ailleurs, sur les planches délicates du cabaret et pas au milieu d'une rue où il s'humiliait en public. Respirer profondément et visualiser. Voilà. Voir les projecteurs et sentir leur chaleur délicate contre sa peau, imaginer le tissus de son costume de scène contre son corps. Parfait. Après quelques minutes de calvaire, l'acrobate commençait enfin à se détendre un peu. C'est à cet instant que la mélodie décida subitement de s'arrêter, tirant un long soupir de soulagement de sa fine bouche.

Ha, ha, ha, sembla lui souffler la providence. Élise accourut vers lui et, un instant, il crut avec effroi qu'elle allait recommencer son manège de quelques minutes auparavant. En fait, ce fut pire. Car lorsque les mains de Carmen se perdirent sur ses hanches, le garçon comprit immédiatement qu'il se passait quelque chose de louche. Soupçon savamment confirmé par les paroles qui suivirent. L'acrobate leva un regard horrifié à la muse.

« Pardon ? »

Trop tard. L'incrédulité avait empêché le jeune homme de réaliser la présence des trois acolytes de Carmen, une grossière erreur pour laquelle il se damnerait pour le restant de son existence. Il fut prestement saisi par les bras, et on entreprit de le traîner jusqu'à la petite hutte que formaient les coulisses. Ce fut à cet instant, et seulement à cet instant, que Narcisse percuta avec horreur les intentions moins qu'honorables de ses compagnes/ons.

« N-non mais vous n'allez pas... N-non ! »

Les regards pétillants de malice des transsexuels furent sa seule réponse. Alors le jeune homme entreprit de se débattre, de toute ses forces, priant pour qu'une âme charitable remarque sa détresse et lui vienne en aide. Toutefois, il était trop éloigné de la foule pour qu'une oreille aux aguets entende ses cris et, pire encore, il était seul contre cinq. Un déséquilibre peu vertueux qui enragea le dragon. Impuissant. Il était impuissant face aux furies dont il était victime.

« Au secou-Hmpf ! »

Une main se posa fermement sur sa bouche et le dragon hésita un instant à la mordre. Songeant qu'il s'agissait tout de même là d'une attitude ô combien immature, le jeune homme se résigna à hurler contre la paroi de chaire. Trop occupé à se démener contre l'étreinte criminelle dont il était la cible, il ne remarqua pas le regard lourd de sens qu'échangèrent les dénommé(e)s Martine et Roberta. Deux pieds se glissèrent soudain derrière les siens et balayèrent d'un simple geste son équilibre. Il chuta, rattrapé seulement par les bras qui le restreignaient et qui le déposèrent doucement au sol. Désormais, il était plaqué contre le parterre poussiéreux, incapable d'esquisser le moindre mouvement tandis que Carmen le détaillait de ses yeux trop intéressés pour être innocent. De nouveau, Narcisse se débattit. En vain. Un grognement sourd s'échappa de sa gorge tandis qu'on le déshabillait, les doigts qui le bâillonnaient ayant trouvé meilleure occupation, et il pria de toutes ses forces pour qu'on lui laisse au moins son pantalon. Pour l'instant, cela semblait être le cas. Il poussa un soupir de soulagement qui se transforma en hoquet d'horreur quand la main de Carmen parcourut son torse.

« Qu'est-ce que vous fai- »
« Je te préviens chaton, le corset qu'on va te mettre pour affiner encore un peu ta taille va te faire mal... »

Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent et il y eut un moment de flottement pendant lequel il ne comprit pas. Non, c'était impossible... Ils ne pouvaient pas avoir pour intention de... Pas comme ça ! Désespéré, il tenta de libérer ses bras, en vain. La poigne de Roberta et Martine n'avait rien de féminine et Narcisse commença à pester mentalement contre ses bourreaux. Il ne voulait pas porter de corset. Oui, il était androgyne, oui il en avait conscience, mais il ne serait pas une femme. Pas même pour cette journée. Hors de question.

« Non, non, non ! »

Mais le peu qu'il restait de son espoir vola en éclat quand il sentit de longs doigts manucurés se poser sur sa ceinture. Une sourde panique grimpa dans sa gorge et la noua. Il se débattit plus encore, sa fougue alimentée par la détresse qui volait son cœur tandis qu'on lui retirait son pantalon.

« S'il vous plaît, non ! Je ne veux pas, je vous en prie, je... »
« Chhhhh, lui souffla Martine d'un peu trop près, ça va aller mon roudoudou. »

Narcisse ne voulait surtout pas être le roudoudou de Martine. Il s'éloigna d'elle comme il put, oubliant que dans son dos se trouvait Roberta, qui prit un malin plaisir à expirer tout contre son cou, lui arrachant un long frisson d'horreur. Femmes ou pas, il était trop peu habitué aux contacts physiques pour rester détendu face à de tels gestes. Il adressa un regard empli de peur aux deux demoiselles – à force, il avait fini par se résigner à les appeler ainsi, puisque c'était ce qu'elles semblaient être –, espérant ainsi s'attirer leur pitié à défaut d'attirer leur générosité. Au lieu de cela, elles lui adressèrent un sourire plein de sous-entendus qu'il ne voulait pas connaître. Il déglutit péniblement.

C'est alors qu’Élise lui proposa ô combien aimablement de toucher son "joli corps". L'acrobate poussa un grognement résigné et posa sa tête contre le sol, ne se sentant même plus la force de la relever pour adresser son regard plein de frustration à la muse qui s'amusait tant à parcourir sa peau du bout des doigts. Le jeune homme se sentait humilié, terriblement gêné et surtout passablement énervé. Un soupir de mécontentement s'échappa de ses lèvres et il endura patiemment, tentant de se convaincre que son calvaire serait bientôt terminé.

« -Tu n'aurais presque pas besoin de corset...
  -Oui, mais nous voulons que tout soit parfait, tu comprends ?
  - Hm, hm ! Je vous laisse faire alors ! Courage Narcisse, moi aussi j'en ai un, regarde !
  - Et puis tu verras... ça fait mal au début, mais ça devient presque agréable, après... Allez on y va chaton ! Sois courageux, tu vas a – do – rer ça. »

Premièrement, Narcisse eut fortement apprécié qu'on ne commente pas son corps comme étant suffisamment efféminé pour ne pas avoir besoin de corset – bien qu'il n'en voulût pas le moins du monde. Deuxièmement, il se fichait éperdument du fait qu’Élise porte un corset, il n'était pas une femme et n'en éprouvait pas le besoin. Enfin, il était à peu près certain qu'il n'allait pas  "a-do-rer ça". Le regard qu'il tourna vers Carmen était courroucé et froid.

« Je ne suis pas une femme. »
« Pour l'instant ! », crut bon de répondre Roberta.

Ses yeux s'écarquillèrent de nouveau et se posèrent avec effroi sur le visage anguleux de la jeune femme. Il n'était pas certain de vouloir savoir ce qu'elle sous-entendait. Il n'eut cependant pas le temps d'y réfléchir que la position des mains de ses deux geôlières changeaient sur ses bras et qu'il se retrouvait à plat ventre par terre avec un tissus autour du buste. Ce qui se produisit après fut d'une rareté étonnante : Narcisse jura, et il jura fort. Ainsi passèrent les dernières paroles du garçon, qui se retrouva bientôt à expirer tout l'air de ses poumons tandis qu'on appuyait partout autour de sa taille et qu'on l'enserrait mortellement.

« Arrêtez !, s'étrangla-t-il d'une toute petite voix. Je vous en prie ! »

Il s'étouffa de nouveau et toussota. Son corps prenait très mal cette constriction mortelle et, un instant, le dragon crut que cette bande de furies allait avoir raison de lui.  Le corset était une invention des plus ignobles. Il ne parvenait plus à respirer correctement, et si sa taille était désormais bien trop féminine à son goût, le prix à payer pour obtenir pareil résultat était élevé. Beaucoup trop élevé. On le laissa enfin se redresser, bien que les mains de Roberta et Martine restassent sagement sur ses épaules, et il prit de profondes inspirations pour s'habituer à la morsure impitoyable de l'instrument de torture que les femmes se plaisaient à porter. Qui, sur cette planète, avait bien pu avoir une idée aussi saugrenue ?! Mais la blague délicieuse du destin ne s'arrêta pas là. Carmen se pencha sur lui avec un air terriblement coupable et Narcisse déglutit de nouveau, la gorge serrée.

« Bon mon lapin, il va être temps de t'habiller. Tu préfères que ce soit moi ou ton amie qui le fasse ? »

À vrai dire l'acrobate préférait ne pas être habillé du tout si c'était par l'une des deux jeunes femmes, qui l'observaient avec un intérêt grandissant. Il cligna désespérément des paupières et avisa ses bourreaux avec une expression plaintive.

« …. Non, s'il vous plaît, tout mais pas ça. Je vais partir, je ne le dirai à personne, mais ne me faites pas ça, je vous en prie... »

Que nenni. Ces personnes étaient monstrueuses. Il n'y eut pas même une once de compassion dans leurs regards de prédateurs, bien au contraire. Carmen se rapprocha de lui avec un sourire carnassier à la face et le jeune homme sentit qu'il n'allait pas aimer la suite des événements.

« Tu n'y échapperas pas mon agneau, mais... si c'est moi... je ne peux pas garantir que tes sous-vêtements ne vont pas malencontreusement disparaître dans la foulée... »

Horreur. Narcisse retint à peine un hoquet de terreur aux mots de son interlocutrice. Il fut saisi d'un impressionnant mouvement de recul. Son corset appuya sur son ventre et il toussota de nouveau, incapable de s'habituer à la pression effroyable qu'exerçait cette... cette chose sur son pauvre corps. Ses yeux papillonnèrent, il se sentit paniquer et s'apprêtait même à ne pas répondre. Mais il ne pouvait prendre le risque de laisser les menaces de Carmen être exécutées. Alors, d'une minuscule voix qui était tout juste la sienne, il murmura :

« … Élise... ? »

Les mains qui le tenaient en place le lâchèrent doucement et le jeune acrobate saisit désespérément son occasion de fuir. C'était sans compter sur le cauchemar qui enserrait son buste et qui lui procurait une capacité de souffle égale à celle d'un nouveau-né. Il manqua de tomber et ne fut rattrapé que par les bras aimant de Roberta, qui lui adressa un regard chaleureux auquel il répondit par une moue renfrogné. Le dragon n'était pas content. La charmante demoiselle le guida vers Élise en le tenant par les épaules et, résigné, il se laissa mollement faire. Ses yeux étaient d'une froideur qui trahissait son énervement et il eut une soudaine envie de se transformer pour transformer cet endroit en gigantesque feu de joie. Il dut cependant se refréner, à son grand dam, et répondre à l'enthousiasme de la muse par un mine pincée. Quand on lui présenta la large robe vert pomme, fluide et d'une ampleur telle que son corset en devenait péniblement inutile, il lança un regard courroucé à l'assemblée tandis qu’Élise s'amusait.

Très vite, trop vite, il se trouva affublé de ladite robe, ainsi que de perles et d'une coiffe. Ses cheveux attachés dans un chignon, son visage en était d'autant plus mis en valeur et cela le crispait. Il ne se reconnaissait même pas, avec tout ce maquillage. Un soupir dépité s'échappa de ses lèvres alors que Carmen l'enveloppait dans une étreinte à laquelle il ne répondit pas le moins du monde.

« Narciiiiisse, tu es une si jolie femme ! »

Le regard qu'il lui adressa alors était à deux doigts d'être meurtrier. Celui-ci se dirigea sur la muse lorsque celle-ci lui désigna une paire de talons qui allaient sans aucun doute transformer ses pieds en masses endolories et bleutées. Il en avait déjà marre. En désespoir de cause, il afficha une expression pitoyable au reste de ses bourreaux, mais ceux-ci se contentèrent de lui envoyer un sourire bien trop carnassier à son goût. Son visage se crispa et il s'appuya comme il put pour enfiler ces chaussures de malheur. Son instinct d'acrobate l'aida à tenir sur ses jambes quelques secondes avant qu'il ne perde son équilibre. Roberta le rattrapa une fois de plus et il se défit de son étreinte d'un mouvement sec. Non mais. Cette fois-ci, énervement aidant, il parvint à parcourir les quelques mètres qui le séparaient du loup blanc qu'il posa sur son visage avant d'attraper la main d’Élise. Sans un mot, sans un au revoir, sans une salutation, il courut jusqu'au dehors et traîna la muse dans la foule, fuyant désespérément cet endroit cauchemardesque.

Les regards se tournaient vers lui, les mots se soufflaient dans les oreilles à son propos et Narcisse craignit soudain qu'on ne remarque son véritable genre. Il était assez humilié comme cela, il n'avait pas besoin de l'être plus encore. Il resserra son étreinte sur la main de la muse et prit une profonde respiration, se résignant à détruire le peu de dignité qu'il lui restait. Pour le moment, il devait se comporter comme une femme, et ce jusqu'à pouvoir rentrer au Lost, quelque chose qu'il comptait commencer dès à présent. Il s'agissait là d'une mission d'infiltration qu'il devait à tout prix mener à bien. Il épousseta sa robe, se redressa, remit une perle en place et, meurtri par son obligation de s'afficher ainsi en public, avança en faisant fi des passants. Une musique débuta sur le côté, comme accompagnant ses intentions.



Toutefois, même les élans plaisants de la mélodie ne suffirent pas à apaiser son humeur désormais massacrante. Oh, et il était certain que le destin lui réservait encore plein de surprises ô combien délicates.
Dolores Keller
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeJeu 2 Juil - 19:08

- NUOOOOOHOHOHO ! Maintenant Adam je sais tooooooout sur votre enfance ! Je vais pouvoir asseoir ma superbe autorité encore plus que je ne le fais déjà !

Les bras levés, Dolores poussait un rire triomphal, tandis que Lisette, gênée, se contentait de rougir un peu, n'ayant pas vraiment pris l'ampleur de ce quelle venait de faire. Adam, qui lui avait bien compris à quel point sa vie était fichue, était au bord de la syncope, le visage caché contre ses jambes, complètement plié en deux sur le banc. Pourquoi Lisette avait tout raconté ? C'était une question dont Adam aurait bien voulu la réponse. Peut-être était-ce par entraide féminine, ou par volonté de porter la culotte dans leur couple (ce qui, soit dit en passant, ne serait pas chose compliquée). Quoi qu'il en soit, la chose était désormais belle et bien faite et il était trop tard pour faire marche arrière, à moins qu'un bon coup de bâton derrière le crâne de la doctoresse puisse lui faire perdre la mémoire, mais vu la solidité de sa peau, c'était peu probable…

- À présent, chère Lisette, je souhaiterai faire plus ample connaissance avec vous ! Je veux être certaine que mon assistant ne s'est pas fait piéger par une petite harpie malicieuse à l'amour baladeur, si vous voyiez ce que je veux dire.
- Mais, et Adam, il…
- Oh laissez-le, il aime bien prendre cette position de temps en temps.

Les deux jeunes femmes se levèrent ensemble et s'éloignèrent du banc, non sans regards en arrière de la part de Lisette qui, quelque peu inquiète, était gênée à l'idée d'abandonner son fiancé lors d'une sortie qu'ils avaient prévu de passer ensemble. Mais l'étreinte, étonnamment solide, du bras de Dolores sur l'épaule de la pauvre demoiselle, l'empêchait de faire quoi que ce soit, si ce n'est écouter les divagations spirituelles de l'homonculus à lunettes.

De son côté, Adam n'avait pas bougé, encore pétrifié par toutes les infos que Lisette avait dévoilé à Dolores le concernant. Il l'imaginait déjà lui dire « Oh assistant ! Voudriez-vous bien tenir la mâchoire de ce dragon pendant que je lui soigne sa carie ? Comment ça non ? Je vous rappelle qu'à vos quatorze ans, lorsque vous avez rencontré Lisette par un soir de pluie, vous avez mis votre veste sur une flaque pour ne pas qu'elle se mouille les pieds, et en vous baissant vous avez glissé et éclaboussé toute sa robe en soie rose ! Et le comble, c'est qu'elle en a tout simplement fait le tour ! Haaaaahahaha ! Rigolez avec moi monsieur le dragon ! Haaaaaaahahahahah ! »

- JE NE LA VOYAIS PAS SI PETITE !!… Ha…

Alors qu'il venait de se rendre compte qu'il avait dit ça à haute-voix, Adam soupira, gêné par les regards étonnés de la foule, avant de se recroquevillé à nouveau. Et dans sa dépression la plus profonde, une lueur d'espoir vint se poser doucement sur sa tête. Encore perturbé par son violent atterrissage de tout à l'heure, Manfred roucoula quelques secondes, la tête penchée, en se dandinant au rythme de la musique environnante. Le coup de grâce…

- Pauvre garçon que voilà, en proie à cette diabolique Dolores.
- Pourquoi ai-je accepté de travailler pour elle…
- Parce que sinon on s'ennuierait ferme au cabinet.
- Ça c'est pourquoi elle m'a embauché !

Louise posa sa main spectrale sur le dos du jeune homme, par esprit de compassion (et aussi vexée que Dolores soit partie sans elle), avant de lui proposer de retrouver sa fiancée, prise au piège par la terrible Docteur Keller qui faisait sans doute, en ce moment même, un petit interrogatoire à Lisette pour connaître cette fois-ci tout sur sa vie, à elle. C'était comme ça, elle ne pouvait pas côtoyer des personnes dont elle ne connaissait rien, encore plus s'il s'agissait d'une proche d'Adam, à qui, au final, elle tenait beaucoup (c'est vrai quoi, qui jouerait le rôle de cobaye à sa place !). Le jeune assistant se leva donc, même si dans son piteux état psychologique il ne s'attendait pas un miracle. En ce même moment, Manfred s'envola un peu plus loin, surprit de voir un perchoir poilu bouger sans raison (non il n'avait pas compris que c'était Adam), et après un vol gracieux de quelques minutes vint s'écraser dans un des gâteaux qui trônait sur la table du buffet central dressé pour l'occasion.

Après de nombreux cris de paniques de la part des passants suite à l'entrée impromptue de Manfred, le pigeon sortit sa tête du gâteau, la tête redressée, et s'aventura quelques minutes au milieu de la table, admirant bêtement certaines pâtisseries, dont un petit gâteau rose dans lequel il planta sa tête (sans doute un réflexe idiot, il ne faut pas chercher à comprendre avec Manfred, jamais). Maintenant pigeon à tête de gâteau, l'oiseau continua sa petite quête, se cognant un peu partout sans pour autant s'arrêter, jusqu'à finalement arriver au bout de la table et en tomber violemment. Reprenant ses esprits, l'oiseau dressa la tête (encore recouverte de génoise et de pâte, bien que le gâteau ce soit écrasé lors de la chute) et se prit un violent coup de bec sur le crâne venant de droite. À ses côtés se tenait en effet une belle colombe immaculée, au regard de braise et à la patte manquante. Oh… Serait-ce le coup du destin ?

- Rouh ? Fit passionnément le pigeon.
- Rooouh ~ rétorqua-t-elle, gênée.
- Rourouh roooouh ? Fit-il non sans curiosité.
- Rouh rouh ! Répondit la colombe, amusée.
- Rouh ! Fit Manfred en s'envolant.
* pour la traduction, voir plus bas.

L'oiseau effectua à nouveau un looping pour séduire sa belle et cette fois termina sa course dans la chevelure perlée d'une drôle de dame dont la carrure solide rappelait à Manfred celle du dragon qui venait de temps en temps au cabinet (on peut être débile et avoir de la mémoire ! Si si!). L'oiseau s'agita frénétiquement, décoiffant furieusement son perchoir, avant de lui arrache une perle qui traînait sous son bec pour s'envoler à nouveau, non sans se prendre, sur sa course, un petit lampadaire qui passait par là. Après avoir retrouvé sa belle, l'oiseau lui tendit la perle qu'il avait dérobé. La colombe rétorqua un « rouh ! » délicat avant de becter avec amour le crâne de Manfred. Manfred répondit à son tour par un puissant (mais passionné!) coup de bec sur le crâne de la colombe qui, sous le charme répondit à son tour. Un véritable pugilat de coups de bec s'engagea alors, jusqu'à l'intervention d'un petit garçon qui avait trouvé amusant de briser un amour si beau en courant droit sur les volatiles qui s'envolèrent chacun de leur côté. Il était évident que la colombe était trop émoustillée pour vouloir suivre Manfred et son sex-appeal légendaire, mais laissons la plèbe croire qu'il ne s'agissait que d'un combat de pigeon. Ah Manfred, un vrai séducteur…

Pendant ce temps, Dolores et Lisette marchaient à l'ombre un peu plus loin, la plus célibataire harcelant de questions la plus fiancée des deux. Étonnamment, leur personnalité s'accordait à merveilles, soit par admiration de l'une envers l'autre, ou bien par similarité d'esprit face à la réalité. En clair, toutes les deux passaient leur temps à avoir des réflexions particulières, sur des choses particulières, à des fins tout autant particulières, si bien que personne n'arrive à les comprendre…

- …C'est pourquoi je me suis toujours demandée pourquoi le genre humain avait uniquement deux bras, alors qu'avec quatre on pourrait faire beaucoup plus de choses ! Comme ouvrir et les fenêtres tout en tirant les rideaux, ou alors manger et tenir le journal ! Et pourquoi ne pourrions-nous pas avoir deux têtes ?
- Oh oui ! Mais cela impliquerait d'avoir deux cerveaux… Ou une tête qui pense pour deux ! Mais à ce compte là, de quoi serait remplie la seconde tête… Ou bien les deux têtes seraient jointes, comme… Euhm… Des cerises ! Par un petit tuyau comme une veine ou une artère… Mais est-ce qu'ils auraient deux cœurs du coup ? Et peut on parler de ils au pluriel ? Et si jamais ils ne se mettent pas d'accord !?
- Nous pourrions entrer en guerre avec notre deuxième moitié…
- Oooooh…

Un silence s'imposa entre les deux jeunes femmes. Chacune laissa libre court à son imagination, l'une imaginant un homme à deux têtes se donner des claques, et l'autre se demandant si quand on tirait la langue d'une tête, celle de l'autre reculait au fond de la gorge…

- Vous savez quoi, ma petite Lisette ? Vous me plaisez bien, je vous autorise à être amoureuse de mon assistant !
- Disons qu'on est déjà fiancé alors…
- Hm oui, ma permission est quelque peu en retard. Dans ce cas, je vous autorise à être amoureuse avec mon consentement !
- Vraiment ?
- En fait non.
- Eeeh ?!
- J'aimerai que vous répondiez à une question avant.

Une demi-heure plus tard, Adam retrouva enfin sa patronne, qui, heureusement, était toujours accompagnée par Lisette. Cette dernière paraissait encore saine d'esprit, signe que le Docteur Keller ne l'avait pas encore corrompue avec ses idées tordues. Le garçon, essoufflé, rejoignit le duo qui l'accueillit chaleureusement. Dolores posa sa main sur l'épaule de son assistant, de félicitant de « son choix hormonal », tandis que ladite « choisie » prit les mains de son fiancé et lui adressa son sourire le plus sincère.

L'après-midi commençait à toucher à sa fin, mais alors que le petit groupe songeait à quitter le Champ de Mars, on entendit une musique particulière se mettre en marche, jouée par une bande de joyeux lurons dont l'apparence étonnante les démarquait des autres musiciens. On pouvait y voir une grande dame, armée de son tambourin, accompagnée de son probable mari qui lui était ridiculement petit. À leurs côtés, une violoniste au strabisme prononcé et un joueur de contrebasse attirèrent tout autant l'attention. La musique une fois débutée, Dolores sentit une drôle de sensation au niveau de ses épaules et de son bassin. Elle eut une envie folle de les bouger en rythme avec la drôle de musique (dont les paroles était trop longues et parfaitement atroces, soit dit en passant), sans comprendre d'où ce sentiment pouvait bien venir.



- Oh Adam ! Vite allons danser, avec mon ombrelle je vais pouvoir mimer la chorégraphie de cette dame là bas !
- M… Mais Lisette c'est un peu gênant tout de même…

Tandis que Dolores dandinait son corps avec une expression d'une neutralité surprenante, les deux jeunes amoureux rejoignirent la piste de danse où de nombreux passants secouaient furieusement leur corps.

- Louise ?
- Hm ? Euh… Dolores qu'est-ce que tu fais ?
- Je ne sais pas, c'est la première fois.
- Laisse-moi deviner, la musique te plaît ?
- Oh ! C'est peut-être ça ! C'est très étrange comme sensation !
- Tu peux au moins sourire au lieu d'afficher cette mine perplexe, on dirait Manfred là… D'ailleurs il est où ce maudit piaf ? Ah bah tiens, il est sur la scène. Pourquoi il a une plume blanche dans le bec ? Dolores ?

Tandis que Louise regardait avec incompréhension le pigeon domestique de la doctoresse, qui avait   encore des traces de sa rencontre passionnée au bout du bec, Dolores s'était laissée embarquer sur la piste de danse, curieuse de savoir quels sentiments cela pouvait procurer de s'agiter en rythme avec d'autres personnes. L'expression étonnée, la jeune femme attrapa une ombrelle qui traînait par là et imita, non sans un certain talent, la chorégraphie de la danseuse principale. Se prenant peu à peu au jeu, Dolores finit par prendre possession de la piste de danse, la mine progressivement assurée, comme si son raisonnement scientifique était arrivé à son terme. Pendant ce temps, Adam, épuisé, était revenu près de Louise qui elle avait suffisamment dansé pour la journée. Le jeune homme regarda sa fiancée, qui s'amusait gaiement avec Dolores qui était toujours aussi ridiculement talentueuse pour la chorégraphie.

- Alors ? Qu'est-ce qu'elle a ta petite chérie ?
- … Comment ça ?
- Rooh Adam, pas de ça avec moi, je l'ai tout de suite compris en la voyant, et Dolores lui a sans doute déjà posé la question.

Le sourire d'Adam se serra quelques secondes. Il n'aimait pas en parler, cela sautait aux yeux, mais Louise comme Dolores était trop curieuses pour en faire abstraction. La doctoresse avait eu le tact de poser la question directement à Lisette, sachant pertinemment que c'était beaucoup plus douloureux pour Adam d'en parler que pour elle. Louise n'avait pas cette possibilité, la jeune fiancée ne pouvant la voir ni l'entendre, elle devait poser la question au jeune homme.

- Les docteurs n'ont pas trouvé de nom, mais c'est une forme d'hystérie. Cela lui arrive rarement, mais ses crises sont très violentes, comme si une autre personne prenait possession d'elle. J'ai assisté à quelques unes d'entre elle, et c'est pour Lisette que j'ai choisi de devenir infirmier, pour trouver une solution à sa maladie.
- Et pourquoi Dolores ?
- C'est Lisette qui m'a demandé de changer d'horizon.
- Hm ! Douce ironie. Retourne donc danser, elle te fait signe.

Adam ravala rapidement le goût amer qui accompagnait ses paroles et rejoignit sa chère moitié, qui en moins de deux fit disparaître toutes ses idées noires.



Et dans la douce chaleur de la fin d'après-midi, les deux amoureux reprirent leur danse, accompagnés par un magnifique oiseau… gris et difforme qui prend soudainement beaucoup de place… Manfred…

- Rouh !
- Waah ! Rah oiseau de malheur ! Tu gâches vraiment tout !

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeJeu 2 Juil - 23:25

« Je- Attendez, je vous en prie… Reilly.»

Reilly se retourna vivement à l’entente de la voix de son amie. Il était justement en train de chercher désespérément des gens qu’il connaissait, accompagné d’Aliessandre, et celui-ci adressa un regard plus qu’interloqué à la jeune femme qui venait de littéralement agripper la manche de son nouveau protégé.

« Heu…qui es-tu ?
- RITAAAAAAA !!!!!! »

Le petit lorialet ne perdit pas une seconde pour se défaire de la main du jeune homme et se jeter dans les bras de son amie. ENFIIIIIN !!!!! Enfin il trouvait quelqu’un ! Il embrassa joyeusement la joue de la belle Rita et lui offrit un sourire radieux, suivi d’un clignement de yeux intensif quand il remarqua la sueur abondante sur le visage de la jeune femme.

« Qu’est-ce qui t’es arrivé ? »

Il eut cependant un léger sourire en coin, se doutant partiellement de la réponse. Quelque chose lui disait que Rita s’était bien amusée, à cette fête de la musique. Et qu’est-ce qu’il était soulagé, là, qu’elle l’ait trouvé ! C’était comme si toute la pression que contenait son petit corps s’était évaporée, et il se sentait d’une légèreté fraîche et on ne peut plus agréable. Maintenant, il allait pouvoir profiter dignement de l’animation des Champs de Mars. Il allait ouvrir la bouche à nouveau, quand Aliessandre s’interposa.

« Bon, vous pouvez m’expliquer, tous les deux ? »

Le petit lorialet leva un sourcil curieux en remarquant son air…jaloux ? Très protecteur ? Quelque chose semblait le déranger, en tous cas, quand il fixait la banshee. Peut-être était-ce parce qu’il avait perdu l’intérêt que Reilly lui portait ? Mmh…Reilly haussa les épaules ; ce n’était pas important. Il reprit la main du jeune homme dans la sienne, tout en restant accroché à Rita, et commença les présentations.

« C’est une de mes amies, elle s’appelle Rita, Rita Upset. Elle est artiste au Lost Paradise, là où je travaille. Je la connais, donc détends-toi, ‘kay ? »

Il lui offrit un sourire rassurant, tout comme Aliessandre l’avait fait avec lui des dizaines de minutes auparavant, et le jeune homme sembla se détendre. Reilly soupira intérieurement. Ouf ! ‘Manquait plus que son nouveau protecteur pique une crise de jalousie !
Aliessandre dévisagea la nouvelle venue de haut en bas avec un air septique avant de hausser les épaules. Il déclara ensuite qu’effectivement elle avait une allure d’artiste, et il détourna bien rapidement les yeux pour se concentrer sur les nuages, tout en ramenant son petit protégé contre lui. Reilly lança un regard confus à Rita. Bon…comment faire pour qu’Aliessandre l’apprécie? Parce que, vraisemblablement, il ne laisserait pas Reilly partir à moins qu’il ne juge la jeune femme apte à s’occuper de lui. Et, comme pour appuyer sa réflexion interne, le jeune horloger se remit en marche avec eux, l’air décidé, tout en parlant :

« Eh bien, Rita Upset, Reilly était TOUT SEUL jusqu’à maintenant. Il s’est perdu et a fait une crise de panique. Heureusement mon père l’a vu et m’a dit d’aller le chercher, c’est ce que j’ai fait et je tiens maintenant à ce qu’il reste entre de bonnes mains. Donc je ne vais pas te laisser l’emmener, tu risquerais de l’égarer à nouveau. »

Reilly eut une mine dubitative. Il ne savait pas exactement comment réagir à la façon dont Aliessandre parlait de lui, à savoir comme d’un chaton égaré (ce qui n’était pas totalement faux, cela dit). Le petit lorialet opta donc pour un rire, mi-nerveux, mi-amusé, et haussa les épaules en glissant ses petits doigts entre ceux du jeune homme et ceux de Rita. Il avait deux mains, il pouvait très bien faire plaisir à deux personnes en même temps. Et puis, une fois Aliessandre rassuré, il profiterait de la fête avec Rita ! En y réfléchissant…ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion de faire une sortie, tous les deux…c’était donc l’occasion rêvée ! Et puis il était bien trop curieux : il voulait absolument savoir pourquoi la belle jeune femme avait l’air si ravie et exténuée.

Mais ses questions attendraient, puisque le jeune Courrel les tirait vers un petit regroupement de badauds. Reilly soupira, ses yeux soudain vivifiés par une lueur d’appréhension. Encore. Du monde. Why Ali, whyyy ??? Il serra donc plus fort la main de Rita, cherchant son regard pour se rassurer. En effet, il avait remarqué que les yeux de la jeune femme étaient pareils à sa voix : d’une beauté incroyable, envoûtants. Reilly n’était pas attiré par les femmes, pas le moins du monde, mais cela ne l’empêchait pas de remarquer leurs qualités. Il se détendit doucement.
Un cri de joie déchirant émana du groupe de personnes vers lequel ils se dirigeaient, le faisant sursauter. Qui diable était responsable de ce cri pouvant rivaliser avec ceux des banshee ? Si Reilly cherchait furieusement le crieur, ou plutôt la crieuse, Aliessandre, lui, éclatait de rire.

« Eh bien ! On dirait que c’est finalement au tour de Mary de jouer !
- Mary ?
- Popins, Mary Popins, c’est une de mes amies. Elle est musicienne. Allons-y ! Reilly je veux te faire danser ! »

Le sourire d’Aliessandre battait des records d’immensité. Reilly clignait furieusement des yeux. Lui ? Dancing ? Da- no way. Nope. Never. I’d rather repeat Supercalifragilistisexpialidocious a hundred times while eating melted chocolate with peppers than dance in front of strangers ! Il avait déjà dansé et- enfin non, pas dansé, plutôt : il s’était balancé comme sur un bateau, comme s’il avait le mal de mer et était prêt à dégobiller ses entrailles. Et même pas en rythme. Plutôt ironique pour un Irlandais, non ? Reilly s’accrocha plus désespérément encore à la main de Rita, bien décidé à ne pas la lâcher, mais il était trop tard. Le nouveau morceau commençait, et la force d’Aliessandre surpassait largement la sienne, aussi fut-il contraint de lâcher la jeune femme.

« Rita reste là pitié ! »

Il avait tout juste eu le temps de crier sa supplication à la cantatrice qu’Aliessandre le retournait face à lui.



Mon dieu. Reilly ferma vivement les yeux en se mordant la lèvre. Non mais, déjà qu’il était nul en danse, il fallait qu’il danse sur ça ? C’était quoi, d’abord, comme style ?
Aliessandre le ramena tout contre lui, sans attendre qu’il soit prêt mentalement, et posa ses deux mains sur ses petites hanches toutes fines en lui offrant un sourire pour le moins…enjôleur. Ah. Oookay. Les joues de Reilly se teintaient d’une rougeur indescriptible, et ses yeux clignaient aussi vite que s’il avait vu le diable en personne. Non pas que son nouvel ami eut été le diable, hein, mais- oh mon dieu, mais où s’était-il laissé embarqué ?

« Détends-toi, Reilly, laisse-moi faire je vais te guider »

Well, that’s convenient.
La voix d’Aliessandre était toujours aussi rassurante, seulement elle laissait transparaître un intérêt que Reilly n’avait pas imaginé. Le jeune homme attrapa doucement ses petites mains d’une ses siennes et les lui fit poser sur son torse. Bon. Tandis que les joues du petit lorialet passaient à l’écrevisse et que sa bouche se tordait dans une grimace peu sûre, ses yeux cherchaient le soutient de Rita, à distance. Même si Aliessandre le collait de plus en plus à lui, et que ses pieds s’emmêlaient décidemment beaucoup avec ceux du jeune homme, Reilly tâchait de profiter et d’apprendre, un peu, à bouger en rythme.

« C’est très bien, laisse-toi aller tu t’en sors bien Rei’ ! »

Le jeune Courrel lui adressait à présent un sourire plus que satisfait et charmeur. Il se penchait même sur lui pour lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Si personne n’avait jamais dit ces mots à Reilly auparavant, il aurait rougit de plus belle. Mais, contrairement aux apparences, le lorialet n’était pas si petit que ça. Il alla même jusqu’à répondre aux paroles du jeune horloger par un sourire provocateur. Aliessandre haussa un sourcil, charmé, lâcha un petit rire et se fit plus passionné dans la danse déjà pleine de volupté. Mais Reilly ne savait toujours pas danser, et il avait du mal à suivre. Son petit sourire en coin sensuel parti aux oubliettes quand il réalisa qu’il bougeait avec autant de grâce qu’un ballot de foin sous la tempête. Mince ! Il tourna des yeux embarrassés vers Rita. Il ne savait pas du tout quoi faire pour rattraper ça, peut-être elle le saurait !
En plus, visiblement, Aliessandre tenait vraiment à le faire danser. N’importe quel professeur aurait abandonné, mais lui insistait. Reilly se concentra à nouveau sur lui. Ca ne devait pas être si compliqué que ça, quand même, de danser. Et puis, pourquoi avait-il un blocage avec ça, d’abord ? La danse, ça faisait partie de sa culture, non mais ! Alors pourquoi- mince ! Avec toute cette frustration, il délaissait complètement son partenaire ! Reilly soupira et se traita d’idiot pour la énième fois de la journée. Et c’est pile ce moment-là que choisit Aliessandre pour embrasser son cou. Un frisson léger et plus qu’agréable descendit le long de la colonne vertébrale du lorialet qui s’empressa de relever la tête vers la cause de ce plaisir soudain. Les lèvres du jeune Courrel dessinaient un sourire comblé. Ah…il devait avoir remarqué que Reilly avait frissonné. Et le petit Irlandais ne savait pas si c’était une bonne chose ou non. Même pas le temps de décider qu’un autre baiser réchauffa son cou pâle, suivi immédiatement d’un troisième. Ca faisait beaucoup de frissons. Un autre murmure au creux de l’oreille, et ce fut un frémissement qui assaillit le lorialet. Il voulait bien répondre à ses jeux, mais Aliessandre ne lui en laissait pas le temps. Il faisait courir ses lèvres sur sa peau de manière aussi rapide que discrète et délicate, et Reilly s’empourprait de plus en plus. W-W-What ??! Normalement, il menait ce genre de jeu de manière plus qu’aisée, là il n’avait le temps de rien. Et…ce n’était… pas… pour lui déplaire. Après tout, jouer de temps en temps, ça ne faisait pas de mal, si ? Alors, il ferma les yeux en souriant légèrement en coin, et décida de s’abandonner à cette danse qu’Aliessandre menait avec brio. C’était la fête de la musique, et Reilly n’était pas sérieux, alors…

Mais à peine eut-il savouré ces quelques secondes de délice pur ponctuées de chuchotements osés que les musiciens reposaient leurs instruments. Le petit lorialet retrouva son sourire de chaton habituel et il rouvrit les yeux. Cependant, son partenaire semblait avoir décidé que la danse n’était pas finie, et il enroulait ses bras robustes autour de la taille extra fine de Reilly. Le petit Irlandais rit un peu, amusé, presque attendri de l’élan d’affection de et gaminerie de son aîné, et il fit signe à Rita qu’il arrivait.

« Tu as quel âge, Ali ?
- Mmh ? J’ai 24 ans, pourquoi ?
- Tu es plus vieux que moi alors ne fais pas l’enfant et lâche moi, on dansera encore ensembles, mais pas maintenant. Là je voudrais me balader avec mon amie.
- Tu viendras, à la boutique ?
- Bien sûr ! Les boîtes à musique je trouve ça très intéressant, je voudrai montrer ça à mes amis aussi, je pourrai les emmener ? »

La réponse était sûrement oui, puisque Aliessandre lui souriait grandement. Il détacha ses bras de sa taille et lui fit un baisemain formel avant de lui offrir un clin d’œil. Reilly lui sourit en retour, avant de se faire ébouriffer les cheveux par la main bienveillante du jeune homme. Celui-ci lui offrit un dernier regard impatient avant de tourner les talons pour disparaître parmi les Parisiens.

Eh bien ! Le fait qu’Aliessandre ait apprécié leur danse fit drôlement chaud au cœur du petit Irlandais. Il était nul, certes, mais il lui avait fait passer un bon moment, et c’était le plus important, pour Reilly : faire passer de bons moments aux autres. Bien !
Le lorialet tout réjoui se retourna vers Rita et lui adressa un sourire immense avant de sautiller joyeusement vers elle pour la reprendre dans ses bras. Maintenant, il allait vraiment pouvoir profiter avec elle ! Il lui prit la main et se remit en marche, ravi de pouvoir passer un peu de temps avec elle.

« Merci d’être restée… alors, tu t’amuses bien ? »
Félicien Matagot
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeVen 3 Juil - 15:25

Félicien attendait depuis des semaines le jour où la musique retentirait partout en ville. Il trépignait d'excitation, devenant particulièrement hyperactif et plus insupportable que d'habitude. Heureusement pour toutes les personnes qu'il avait pu croiser ses derniers jours, l'évènement tant attendu arrivait enfin. Le félin allait enfin pouvoir jeter tous ses nerfs et son énergie dans la danse.

Félix tournoyait de partenaire en partenaire au rythme de trompette et de violon endiablée. Il enchaînait les pas, les partenaires. Après une demi-journée passée au Champs de mars, il avait dansé avec une multitude de personne, homme femme enfant, vieillard, dans des gavottes, valse, danse bretonne en file ou flamenco endiablé. La dernière fois qu'il s'était trouvé dans un tel état d'euphorie incontrôlable remontait au carnaval à la Nouvelle Orléans. Dieu qu'il s'était amusé ce jour-là ! A Paris depuis peu, il ne s'était guère intéressé aux grands évènements de la ville. Félicien comptait bien épuiser jusqu'à la dernière goutte de son énergie.

Il trouvait cependant l'ambiance assez prude. Les gens défilaient devant les groupes de musiques, s'arrêtaient pour écouter puis repartait. Il manquait à la fête un grain de folie à tout cela.

Félicien, à cause de la chaleur, avait retroussé les pattes de son pantalon en ourlet, dévoilant ses mollets et en avait de même avec sa chemise, il ressemblait à un vrai gars du bayou. Un vrai petit cajun. Il avait même finit par se débarrasser de ses chaussures, trop encombrante pour gigoter dans tous les sens. Le sol était sal, poussiéreux, mais il appréciait de sentir les vibrations des contrebasses et des tambours directement dans ses pieds. La plante de sespieds était douloureuse, brûlée à force de déraper sur le sol sableux du champ de mars. Mais Félicien n'en tenait guère comte et continuait à rire danser boire avec de parfaits inconnus. Félicien n'était pas sûr, il avait cru reconnaître Rita dans une robe pailleté extrêmement courte et haut perchée sur des escarpins d'une rare hauteur au stand de musique américaine. Il resta pantois un moment puis finit par s'éloigner, par peur de représailles de la jeune femme. S'étant trémoussé sur à peu près tous les stands il avait fini par aller boire un verre accoudé à un tonneau avec un groupe de cat people qui déversait calembours sur tous les convives. Un événement déclencha l'hilarité générale plus que les autres.

« Eh ! Regardez ! Y a l'patron du lost qui se fait poursuivre par une bonne femme ! »

Félicien avait entendu parler maintes fois de l'établissement il chercha des yeux le fameux personnage mais ne vit que rapidement un grand homme brun filant à travers la foule. S'il s'agissait de lui. Il esquissa un sourire mesquin. Depuis quand les loups fuyait-il devant les aristocrates ?

Une fille s'écrasa devant lui, une magnifique chute soldée d'un vol d'escarpins. Cela pouvait paraître étrange, mais Félicien parfois semblait s'obliger à imposer sa bonne humeur aux personnes les plus renfrognées ou ayant le moins envie d'adresser la parole à quelqu'un de joyeux. Un brin de taquinerie mêlée à son entêtement. Un minois rabat-joie réclamait à corps et à cris son aide. Félicien, en bon samaritain et sauveur qu'il se croyait être tendit la main à la jeune fille en robe rouge qui pestait dans la poussière. Il lui adressa un sourire poli.

« Vous dansez ? »

La jeune fille sembla invoquer un tas d'excuses, mais le chat lancé dans son œuvre ne tenu absolument pas compte de son point de vue. Il avait décidé de faire danser cette fille, elle allait swinger comme jamais auparavant !

«  Tes chaussures… ? Tu n'en as pas besoin ! »

Son sourire s'agrandit, l'air de dire: Tes chaussures, mais que tu es bête ! On ne t'a donc rien appris à l'école. Ralala, les jeunes de nos jours. La fille n'eut le temps d'ajouter quelque chose, Félicien l'avait déjà soulevé du sol. Il s'empara de ses escarpins de l'autre main et l'entraîna dans la danse. La jeune fille s'avéra particulièrement récalcitrante, Félicien compris rapidement la rison de son caractère de feu en humant son parfum. Inviter de force une louve à danser n'était pas la chose la plus intelligente à faire. Si aujourd'hui toutes les classes sociales se mélangeaient pour prendre part à la fête alors pourquoi pas les légendaires ? La jeune fille avait de la force  et se mit à appeler à l'aide une flopée de nom, si bien que Félicien se demanda si elle allait faire tout son carnet d'adresse. Heureusement pour lui la musique était très forte, et le chanteur s'égosillait en « roxaaaaaane ». Un peu vexé par sa réaction, le chat lui dit d'un ton on peut plus sérieux :

« Nous sommes là pour nous amuser jeune fille. Je refuse de voir ton minois rabat-joie une seconde de plus, dit-il sur un ton catégorique. C'est une offense en ce jour sacré ! »

Il fit la moue, comme-ci la fête de la musique était sa fête d'anniversaire et que cette jeune fille était cet invité qui s'entêtait à bouder et gâcher la fête. Il avait dû danser avec plus d'une vingtaine de personnes, mais aucune ne lui avait opposé une résistance pareille. Personne ne l'avait autant. Heureusement personne ne semblait trop entendre les noms. Alors que la jeune fille tentait de fuir en s'écartant, Félicien la ramenait vers lui en tirant sur sa main et la faisait tourner sur elle-même. Sa partenaire lui donnait du fil à retordre, mais il arrivait toujours à transformer ses tentatives désespérées de fuite en pas de danse inédits voir acrobatiques pour certains.  Si bien que les badauds avaient fini par remarquer ce couple de danseur, et ceux qui s'étaient arrêtés poussait des « ooooh » et des « aaaaaaaah » lorsque Félicien faisait valser sa compagne en l'air, ou que cette dernière se mouvait avec une souplesse incontrôlée. Heureusement pour le chat, les cris désespérés de sa partenaire était couvert de la musique et la voix du chanteur chantant à tue-tête des « Roxaaaaaaaane »

« Tout le monde nous regarde. » souffla-t-il

Comme par magie la jeune fille se calma instantanément et devint plus muette qu'une tombe. Félicien soupira, cette fille était complètement hystérique. Ou lunatique. Le chat fut surpris de son mutisme, mais s'en accommoda très bien au final. Le groupe fut remplacé par un guitariste des plus concentrés, son nez était presque collé au manche de sa guitare.



Le chat inspiré par la musique changea le rythme de ses pas, en entamant un tango. Une danse très peu connue en Europe. Celle-ci s'accordait bien avec sa partenaire, qui avait une sacré poigne ! Félicien l'admettait, la force était puissante en elle. Têtu, il ne la laissa pas filer, bien décidé à comprendre.

« Je t'emmène pas à l'abattoir quand même ? Pourquoi es-tu venu ici si ce n'est pas pour profiter de la musique ? »

Il la regarda d'abord avec un regard lourd de sens puis il afficha une mine désolée. Non pas parce qu'il se démenait à faire danser sa compagne rebelle, mais parce qu'il s'attristait profondément que quelqu'un soit aussi hermétique aux joies de la musique et de la danse.
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeVen 3 Juil - 18:22

Une fête pour la musique ?

En voilà une bien étrange idée. D'habitude, les fêtes servaient à souligner un événement notoire dans l'histoire de notre cher pays, ou encore un personnage important. Qui fêter pour la musique ? Les musiciens talentueux étaient nombreux, qu'il soit question de Paris ou d'ailleurs. Et tous de styles variés. Vraiment, c'était une idée étrange. Et pourtant, cette idée me faisait sourire. Mieux encore, cela me rendait rêveuse. La musique était quelque chose de doux et de léger. Je désirais en apprendre plus à ce sujet. Et qui ne pensait pas aussitôt a dansé et festivités ? Hélas, pour l'heure, seuls les bruits lointains de la fête pouvaient m'atteindre, depuis le fiacre familial dont j'étais prisonnière en compagnie du garde du corps de la journée. Qui semblait avoir deviné mes désirs les plus profonds à mon regard qui ne voulait pas se détourner de la fenêtre. Ou peut-être à mon visage tordu de douleur.

« Mademoiselle, votre père a été très clair. »

Oui, je sais bien, inutile de me rafraîchir la mémoire. Ma dernière escapade m'avait coûté ma liberté pour un temps. Alors je devais rester accompagnée et tranquille. Barbant à en mourir, tout cela. Le programme de la journée n'était guère mieux. Prendre une tasse de thé en compagnie d'un prétendant quelconque choisi par père. Je ne me donnais pas l'effort de retenir les prénoms. Il était encore un peu trop tôt à mon avis pour penser à l'amour, et encore moins si c'était pour qu'on me le retire.

« Oh, je vous en prie, Claude, laissez-moi aller voir de plus près, rien que quelques minutes ! C'est une occasion unique... »

« Seulement si je vous accompagne. »

Je soupesai le pour et le contre avant d'acquiescer avec un soupir. Nous ne passerions pas inaperçus, mais il ne devrait pas être trop difficile de le semer parmi l'agitation. Comment profiter de tout autrement ? Il n'était pas approprié pour une dame de la haute société de danser sur la place publique. Surtout que la musique que l'on pouvait entendre venir du Champs de Mars avait, pour la plupart du temps, tout sauf des airs de classique. Quelques secondes suffirent pour que des instructions soient données au cocher et je pouvais enfin respirer un peu sans avoir à réfléchir sur la façon de me sortir de cette situation épineuse devant laquelle on me posait. Quoique. La chaleur était encore plus suffocante que tout à l'heure. Claude me tendit une ombrelle. Il avait pensé à tout décidément. Probablement à la possibilité que je tente de lui filer entre les doigts aussi. Il faudrait que mon plan soit de toute beauté alors.

En nous dirigeant entre quelques-uns des stands installés ça et là, un visage familier me tomba dans le coin de l'œil. Mortimer ! Je lui adressai un signe de tête en seule politesse, si seulement il m'avait aperçue également. Décidément c'était bien ma chance. Voilà une autre personne à éviter, sans quoi il me remettrait sans doute bien gentiment - façon de parler - à ma place. Mais la chance semblait être de mon côté. Les agitations ne se limitaient pas à la foule qui dansait allègrement, mais aussi de personnes aux mœurs étranges et de bagarre. Devant ce spectacle, sans surprise, l'événement n'était déjà plus jugé acceptable même pour les quelques minutes que j'avais négocié. Mais trop pressé à me préparer le passage, ce cher gardien ne remarqua pas tout de suite que je lui avais faussé compagnie.

« Aliiiiice ! Où est passée cette foutue gamine ... »

Mais il n'était pas question de rester dans les alentours pour entendre ces lamentations viriles ou encore pour se faire mettre la main au collet de sitôt. Qu'il voit ça avec les flics s'il y tenait, il n'y avait pas mort d'homme à ce que je sache, j'étais assez grande pour me débrouiller dans un endroit bondé ! Non, au lieu de cela, je me rapprochai de la scène pour admirer de plus près les musiciens. Comment faisaient-ils pour produire de telles notes ? C'était franchement toujours aussi magique à mes yeux. Je n'avais pas encore osé explorer en profondeur mon rêve, puisque j'avais d'abord à me faire pardonner mes écarts de conduite. Ce serait pour une autre fois. En attendant, j'allai m'acheter un verre de limonade fraîche. Des regards à gauche et à droite faisaient pétiller mon regard, tant de gens qui répondaient précisément à ce qu'on m'interdisait de fréquenter. Ce pauvre Claude n'en reviendrait pas, lorsqu'il me mettrait la main dessus. En attendant cela m'amusait bien de l'imaginer courir à gauche et à droite. Enfin à moins qu'il tente de sauver les apparences en rester calme. C'était un peu comme un champs de bataille. Approprié pour le champs de Mars non ? Mais pourtant, cela restait beau. Alors peut-être que l'on pourrait appeler cela ... La guerre des étoiles. Voilà qui n'était pas trop mal ! Je me pris à rire de cette idée saugrenue. Encore heureux que mes lèvres ce soient écartées de la paille. L'image fut suffisante pour me rendre plus hilare encore. Puisque je devais être folle, autant l'être jusqu'au bout ! De toute façon, mes éclats de rire devaient s'être perdus à travers les notes de jazz de la prochaine mélodie.



Aaah ... Si seulement elle avait su que si près se tenait son musicien préféré. Elle aurait trouvé mieux à faire que rester plantée là. Quant à trouver un professeur potentiel, c'était une autre paire de manche.
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] I_icon_minitimeVen 3 Juil - 19:30

Aldrick fit la grimace, ne sachant ce qui l’inquiétait le plus entre le rapprochement si prononcé d'Andréa et d'Éléna, ou l'aspect global actuel de son équipe. Le brun les avisa de pied en cap. S'il était habitué aux tenues les plus extravagantes de la part de son second, il ne les cautionnait pas toutes pour autant. Un sourcil arqué, il ne put s'empêcher de plaindre intérieurement les collègues que le roux était parvenu à entrainer dans le sillage de son délire.

- Tu sais Billy, je vais finir par croire, qu'il y a quelque chose en toi qui ne tourne pas rond. J'ai vraiment du mal à croire que... Il désigna le roux par un mouvement des bras plutôt ample, ...Ça, c'est vraiment toi. Il laissa ses bras tomber le long de son corps en signe de reddition.
- Qu-quoi ? Mais non ! Puis quel rapport avec le reste ?
- Aucun.
- Alors pourquoi on est encore là à discuter ?
Aldrick ouvrit la bouche, la referma en levant son index vers le roux puis déclara finalement :
- Okay, un point pour toi, on verra ça plus tard.

Billy eut un air satisfait contrairement au reste de la troupe. Scindant la foule sur leur passage, les policiers arrivèrent enfin sur les lieux -déjà partiellement désertés- de la bagarre. Un homme aidait un autre à se relever, tandis qu'en procédant comme à l'accoutumée pour signaler sa présence, les forces de l'ordre ne récoltèrent qu'éclats de rire et sourires entendus. Les regards convergèrent vers Billy tandis qu'avec un aplomb sans faille, ce dernier parvint à se procurer en un temps record les grandes lignes de la dispute. Deux jeunes femmes plutôt séduisantes ayant trouvé judicieux d'encercler le concerné par jeu, pour tout mieux lui expliquer en détail.

- Tu fais une drôle de tête Allan, tout va bien ?
- Je réfléchissais à la légitimité du meurtre dans certains cas... Souffla-t-il en détaillant avec envie les demoiselles.
- Venez par-là monsieur. Reprit Axel en asseyant l'homme au visage empli de verre. On vous a pas loupé dis donc.
- Si je tenais ce ‡ېతØ¥۩Җ₮₪ꜞ⃰‼ de pirate !
- Ah je la connaissais pas celle-ci. Souffla Sabrina avec un sourire amusé, faisant ainsi sursauter son frère.
- Comment ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? S'étonna le lycanthrope.
- C'est toi qui es parti sans rien dire ! Bouda-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
Le concerné ne répondit rien, surprit lorsque Éléna souligna :
- Oh Axel n'est pas en vahiné, lui ?
Ses iris d'or détaillèrent le médecin et un soupir de soulagement léger s'échappa de ses lèvres lorsqu'il remarqua enfin que, pour toute parure, le docteur avait hérité d'un collier de fleurs sur son uniforme habituel. Le lycanthrope s’apprêtait à répondre quand le médecin lui fit signe de venir. Il n'avait pas deux pas que déjà les esprits s'échauffaient de plus belle :
- C'est l'autre là qui a commencé avec son godet qu'il m'a renversé ! Vous fichiez quoi à ce moment-là, hein ? Jamais là ! Comme toujours !
Le brun senti l'indignation le gagner, mais Jean reprit avec un calme qui tranchait si violemment avec sa tenue, que la scène paraissait irréaliste :
- Vous avez voulu répliquer alors ? C'est là qu'il vous a cassé le doigt ?
- Normal ! Vous vous seriez laissé faire vous ? Si j'le retrouve, je lui fais bouffer une bannière !
- Il n’avait pas l'air commode quand même votre assaillant. C'était un homme difficile à battre ?
- Je lui aurais expliqué ma façon de penser s’il ne s’était pas servi de cette gamine-là, avec ses cheveux mauves.
- Ils étaient violets.
- Non mauves.
- Violet, parce qu'on aurait dit une reine. Souffla son comparse admiratif
- Wooh ! C'est quoi ton problème ? Fit le gaillard en frappant du poing sur la table. Tu vois pas qu'il lui a mis du sang sur le visage, l'autre là ! Tu veux que je te remette à ta place ?
- Tu dis ça, mais t'as du sang et de la boue sur le visage aussi !
- Mais je vais te secouer toi !
L'assistance sentit venir une seconde bagarre, pourtant contre toutes attentes, on entendit au fond de la pièce le pianiste s'écrier comme s'il venait d'avoir une illumination, frappant le bord de son instrument, avant de lever les bras et donner le rythme. Un rythme que Billy fut le premier à reproduire et qui pourtant sembla se propager dans l'assistance, comme une trainée de poudre :  



Quand la dernière note s'acheva, Aldrick avait une idée bien trop précise des troubles fêtes pour que cela soit une coïncidence.
- Personne ne les as vu partir ?
- Si moi ! Ils ont filé en direction de la tour Eiffel ! Indiqua une charmante demoiselle en se rapprochant plus qu'il n'était nécessaire de Jean, pour lui faire part de tout, absolument tout, ce qu'elle avait vu, dans les moindres détails. Peut-être même plus si affinités.
- C'est à l'opposé... Soupira le brun.
- Allez-y commissaire, on s'occupera de ceux-là.
- Merci.
La demoiselle, se déhancha un peu plus auprès de Jean, glissant avec la voix la plus suave de son répertoire :
-  Moi c'est Aurore ~ Et toi beau gosse ? Je suis certaine que tu sais faire des choses incroyables… Peut-être même qu’on pourrait toucher les étoiles, ou voler vers lune, toi et moi.  Ou tu pourrais la décrocher pour moi ? ~
Jean  afficha une mine interloquée, n'ayant pas supposé que sa carrure à elle seule puisse contenter la gente féminine alors qu'il était en service ; mais la belle insista tant qu'il finit par céder. Ce simple constat arracha une grimaçe encore plus prononcée à Allan.
Les filles en sortant tapèrent encore dans leurs mains en chantonnant, Sabrina trouvant judicieux -et indispensable manifestement de spécifier- pour les présents :
- J'adore cette musique ! Vivement qu'on puisse la rejouer à la maison !
- Je ne sais pas si mère va apprécier...
Mais derrière eux la voix de Billy reprit, en agitant une jupette :
- Chef ! Vous avez oublié de mettre votre tenue !
Aldrick déglutit avec difficulté avant de presser les plus jeunes vers la dame de fer.
- Ne restons pas là.
- Je veux te voir avec, Aly !
- Y'en a aussi pour vous les jeunes !
- Euh...
- Courage !
- Peut-être que..
- Courage... Fuyons !
- COUREZ !

Le petit groupe ne se le fit pas dire deux fois et tous s'élancèrent dans un grand éclat de rire. Quand ils furent certains d'être hors de portée, ils ralentirent l'allure et continuèrent plus tranquillement, profitant des mélopées qui s'élevaient ci et là. Des glaces leur firent de l’œil et disparurent si rapidement, qu'elles furent dévorées sans avoir véritablement eu le temps de fondre. Le délice fut tel qu'ils en oublièrent la raison même de leur entreprise, et ne réalisèrent même pas que l’atmosphère s’était rafraichie, en même temps que l’obscurité naissait. Vaguement il sembla au commissaire qu'il avait entendu la voix de son supérieur avant que celle d'une petite fille ne réclame de monter sur ses épaules. Il ne peut vérifier cependant car la benjamine le tira par le bras.

- Regarde Aly ! Il y a pleins d'instruments là-bas.
- Vous pouvez les utiliser.
- Vraiment ? Super !
- Tu nous joues un air à la harpe Sabrina ?
La blonde vira carmin.
- Que… Euh non, je… La prochaine fois.
Cela ne l’empêcha aucunement d’être la première du groupe sous la voute qu’offrait la Dame de fer, levant les yeux au point d’en perdre presque l’équilibre, la belle sourit en pointant du doigt le ciel, entre deux barres métalliques.
- Là ! L’étoile du berger.
Les doigts d’Eléna se glissèrent tout contre la paume d’Andréa, tandis que celle-ci fixait le ciel, le rouge aux joues, avec un sourire embarrassé.
- Les lumières s’allument partout, c’est beau...


Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Sam 4 Juil - 11:16, édité 4 fois
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