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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé

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MessageSujet: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeLun 28 Mai - 19:58

Ce jour là, il faisait particulièrement chaud. La fenêtre de mon bureau était ouverte et j'avais retiré ma veste mais l'uniforme était vraiment difficile à porter, je me sentais moite et c'était particulièrement désagréable. Je rêvais de fraîcheur… J'étais rentré de mission un peu un tôt dans la journée et j'étais occupé à rédiger mon rapport. De temps en temps, mes pensées s'évadaient et je pensais à Ashton et son éternel débardeur. Je l'enviais un peu d'être si insouciant des convenance, son accoutrement devait être nettement plus supportable par ce temps que ma chemise et mon pantalon…

N'y tenant plus, je posais ma plume et allais boire quelques verres d'eau en salle de pause. J'hésitais à aller voir Alex à la morgue, là bas, au moins, il faisait tout le temps frais… mais j'avais du travail à finir. Après, peut être…
Cette perspective me redonna du courage et je m'en retournais vers mon bureau quand j'entendis une voix connue. Était-ce une coïncidence ? Non, il était fort probable qu'il avait eu la même pensée que moi sans le détail sur les convenances… Et les passages d'Ashton Lyn dans nos cellules étaient assez fréquents pour ne pas être surprenants.

Un sourire moqueur aux lèvres, je me dirigeais vers l'entrée. Comme je m'en doutais, Ashton, en débardeur, était encadré par deux employés de la brigade des mœurs. Tellement prévisible ! J'approchais par derrière et lui donnais une tape sur l'épaule.

« Je pensais justement à toi et à ta tenue exhibitionniste. Si tu avais trop chaud, c'était une bonne idée, il fait plutôt frais au sous-sol, il me semble… mais tu vas encore passer la nuit sur une paillasse à même le sol... »

Je ris et le détaillais longuement. Les brigadiers semblaient surpris, ce n'était pourtant pas la première fois que je discutais avec Ashton lors d'une de ses arrestations, peut être était-ce des nouveaux. Quoi qu'il en soit, ils verraient assez vite que je n'avais aucune intention d'interférer. L'interpellation du jeune homme était tout à fait justifiée, comme d'habitude.

« J'ai du travail à finir puis je viendrais te voir en bas pendant ma pause, Ashton, j'ai des dés, ça changera des cartes. »

Je lui lançais un sourire complice, il m'avait dépouillé la dernière fois que nous avions joué aux cartes, je ne prendrais plus ce risque à la légère… Puis j'adressais un hochement de tête vers les policiers pour marquer la fin de mon interruption et je m'éclipsais pour retrouver ma paperasse…

***

Enfin fini ! Il m'avait bien fallut une heure et demi de plus pour terminer ce rapport. Il était long. Peut être ceux qui me taxaient de bavard avaient-ils raison, j'étais précis et détaillé jusque dans mes comptes rendus mais ça ne me semblait pas être un défaut… Je rangeais le tout et allait le déposer sur le bureau de la secrétaire pour relecture et archivage.

Quelques minutes plus tard j'étais en bas des marches menant au sous-sol et j'avisais le gardien.

« Ashton Lyn, s'il vous plaît, brigadier ? »

Puis, une fois qu'il m'eut indiqué la bonne cellule, je passais devant lui pour rejoindre mon ami.

« Ouvrez-moi, s'il vous plaît, je vais rester un moment »

Je pénétrais dans la cellule et attendais qu'elle soit refermée derrière moi avant de m'asseoir à même le sol près d'Ashton. Je me laissais aller en arrière, le dos contre le mur froid et soupirais d'aise avant de lui lancer :

« Vas-y, raconte... »


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Ashton Lyn
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Ashton Lyn

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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeLun 4 Juin - 21:18

Ashton franchit les portes du commissariat avec l'aisance d'un homme qui connaît trop bien les lieux. Une cigarette pendant nonchalamment de ses lèvres, ouvertes en un sourire provocateur, il s'avança sans vraiment faire attention aux menottes qui entravaient ses poignets. Cela faisait longtemps qu'être ici avait cessé d'être impressionnant pour lui – s'il était tout à fait franc, ça ne l'avait même jamais été. Il inspira sa fumée en un éclat de rire à cette pensée. Son regard, pétillant de malice, se tourna vers les agents qui l'accompagnaient. Nouveaux. Il ne les avait jamais rencontrés, ils étaient jeunes et encore très marqués par les odeurs des halls où la petite racaille de Paris attendait la sobriété ou un jugement.

« Ne vous inquiétez pas
, souffla-t-il d'une voix gorgée de chaleur, vous vous y ferez. Quoique selon la puissance de votre odorat, je vous déconseille d'aller vers le fond, c'est là qu'ils mettent ceux qui s'oublient sous l'influence de l'alcool. »

Nouvel éclat de rire, d'une jovialité qui sembla agacer ses interlocuteurs. Sans doute pensaient-ils qu'il se moquait, pervers qu'il était, ignorant qu'ils avaient affaire à un habitué de la maison. Ash songea non sans amusement qu'il connaissait sans doute mieux certaines cellules de ce bâtiment que son propre appartement. Il avait donc toute la légitimité de les prévenir.

« Je vous assure, si vous ne m'écoutez pas vous le regretterez. Ils m'ont mis à côté, une fois... J'ai été marin et, entre nous, la débauche et ce qui en découle ne m'ont jamais fait frémir, mais il y avait de quoi vous faire faiblir un homme ! »

Soufflant par le nez sa fumée de cigarette, il adressa un sourire amusé aux deux collègues sans obtenir de réponse. Une moue déçue bourgeonna alors sur son visage.

« Vous êtes pas drôles les gars, franchement. Je ne suis pas un mauvais bougre, inutile de me faire la tête ! »

Seul le silence lui répondit, accentuant l'ennui qui marquait ses traits. Le jeune homme bouillonnait d'énergie contenue, d'un désir de raconter, de témoigner, de rire d'un commissariat qu'il fréquentait depuis trop d'années. Le refus des policiers de coopérer l'emplissait d'une frustration croissante qu'il peinait à refréner. Rapidement, son regard virevolta parmi la multitude de détails familiers qui faisait de cet endroit un lieu de souvenirs. La fissure sur la deuxième fenêtre à droite, la poussière sur certaines poignées de porte qu'on n'avait pas le temps d'entretenir, les taches de boue sans cesse renouvelées sur le sol, l'allée qui menait aux cellules. L'odeur mêlée d'alcool, de sueur et de tabac froid, le brouhaha des messes basses policières, discutant dans leurs couloirs des affaires en cours et celui, plus sonore, des prisonniers révoltés. Les couleurs, aussi. C'était un lieu gorgé d'âmes en tout genre, tellement différentes, tellement fortes, tellement vivantes. Ashton adorait venir en ces lieux, même dans ces conditions pour le moins restrictives. Il se sentait vibrer au cœur de cette atmosphère si particulière où Crime et Justice s'entrechoquaient. C'était un délice.

Lorsqu'une main vint à la rencontre de son épaule, il sentit son sourire se muer pour devenir plus taquin encore. Son regard remonta le long de la fine silhouette de Billy Langevin. Un policier drôle, lui. À ses remarques, il éclata de rire. Exhibitionniste ? Cette fois-ci, il devait l'admettre, son interlocuteur n'avait pas tort. Le... déroulement des choses l'avait poussé à arriver en ces lieux torse-nu. Hilare, il désigna son accoutrement comme il put.

« Ne sois pas jaloux Bill, moi je suis à l'aise ! Et les paillasses ne m'ont jamais dérangé... Sauf celle de la dernière fois, mais quelqu'un s'était soulagé dedans. »

Une grimace de dégoût volontairement exagérée déforma son visage. Les deux hommes qui l'encadraient, eux, semblaient bouches-bées. Leur supérieur s'adressait à un malfrat, après tout... Ashton décida instantanément d'en jouer et, à l'invitation de son comparse, répondit d'un clin d’œil charmeur.

« Hâte de voir ce que tu me prépares, mon cher. Mais le devoir m'appelle ! Je dois être en cellule rapidement, j'ai agressé les yeux des vieilles dames avec mon corps tatoué ! »

Il accompagna sa déclaration outrageusement familière d'un grand geste des mains, jouant avec sa voix grave pour obtenir le meilleur effet possible. C'est donc dans un éclat de rire et sous les regards choqués de ses geôliers qu'ils se quittèrent.


♣️♣️♣️


On avait vite fait le tour d'une cellule de prison. Cette vérité était évidente, mais elle s'ancrait bien plus durement dans le crâne une fois vécue. Ce n'était pas tant le fait d'être enfermé – bien que cela fût en soi intolérable – que celui de n'avoir rien à faire qui pesait sur Ashton à chaque fois qu'il avait la malchance de finir au commissariat autrement qu'en visiteur. Il avait bien tenté de discuter avec son voisin – un garçon bourru qui parlait avec un fort accent espagnol tout en prétendant être d'origine anglophone, ce qui le perturbait beaucoup – mais celui-ci avait eu tôt fait de s'endormir tête la première sur sa fine paillasse, le laissant seul avec son ennui profond. Après une demie-heure, il devint clair que Billy lui manquait. Il lui tardait de le voir pour lui raconter ses aventures. Il s'imaginait déjà jouer aux dés avec lui tout en se moquant de son propre manque d'entraînement, rêvait de rire en sa compagnie pour oublier la terrible solitude des sous-sols du commissariat.

Environ une heure et demie plus tard, ses vœux furent exaucés. Une démarche joviale et énergique retentit dans le couloir, et il ne tarda pas à voir apparaître l'incroyable tignasse rousse de son ami. Sur ses lèvres bourgeonna un sourire ravi.

« Ouvrez-moi, s'il vous plaît, je vais rester un moment. »

Le brigadier, habitué aux facéties de son collègue et à celle du jeune écervelé qui trônait dans la cellule, s'exécuta. Billy attendit que la porte se refermât derrière lui avant de s'affaler à ses côtés, soupirant d'aise. Dure journée, donc.

Ashton n'insista pas sur ce détail, conscient qu'en parler n'y changerait rien et que c'était sans doute pour l'inverse que son compagnon était venu le rejoindre. Se remettre les idées en place, se redonner de l'énergie, s'amuser. Il ne comptait pas le décevoir.

« Vas-y, raconte... »

Le visage du canidé devint taquin et charmeur à la fois, se marquant d'un sourire provocateur. Il se redressa et se tourna vers son interlocuteur, entamant son récit d'une voix de conteur.

« À ma décharge, elle ne m'avait pas dit qu'elle avait un mari. »

Sa folle histoire avait commencé tôt dans la journée, lorsque d'aventure ses pas l'avaient mené à un petit marché proche de son appartement. Attiré par les odeurs et les couleurs qui émanaient de l'endroit, Ash s'y était volontiers perdu. C'était fou d'ailleurs, ce que les petits commerçants étaient fascinants, avec leurs étals pleins de saveurs, leur jargon gorgé de sincérité et leurs mains calleuses. Ils avaient beau être tous courbés de travail, ils savaient mieux dire la vie que la plupart des bourgeois. Pour sûr, n'eut il pas travaillé, il y passerait volontiers chaque jour que lui offrait la vie.

« Mais je m'égare. Imagine donc les senteurs chargées de l'endroit où les effluves des légumes et des fruits se mêlent à celles du poisson et de la viande... Je me perds dans le dédale du marché avec délice en songeant à mon déjeuner, quand tout à coup je la vois. »

Une femme, jeune, dont la chevelure solaire ondulait doucement sous les rayons printaniers. Ses doigts graciles parcouraient les tomates d'un vendeur qui la conseillait sur les variétés à acheter – les plus chères, bien entendu – tandis qu'un fin sourire embrassait ses lèvres rosées. Elle n'avait pas eu besoin d'une jolie robe pour le charmer.

« Elle était vraiment très, très belle Billy, je t'assure. Et elle était en train de se faire arnaquer par ce marchand. J'ai donc fait ce que j'avais à faire... »

D'une main assurée, il avait saisi l'un des fruits de l'étal et avait jonglé avec, offrant à la demoiselle un sourire comme il savait les faire. Celle-ci, contre toute attente, avait répondu. Fort de cette victoire, il lui avait tendu la tomate, soufflant à son oreille que cette race était la plus savoureuse de toutes, n'en déplaise à leur interlocuteur mécontent. Un rire avait retenti, mélodieux et taquin à la fois.

« Je suis reparti avec un sac dans une main et celle de la belle dans l'autre... »

Il offrit un regard à Billy, vérifiant que la gestuelle qui accompagnait son récit suffisait à ne pas l'ennuyer. Mimant tantôt, imitant parfois, Ashton était un homme d'histoires, et il adorait se glisser dans la peau de son passé pour mieux divertir ses interlocuteurs. Plantant ses yeux dans les siens, espiègle, il recommença son discours.

« Son appartement était plutôt joli. Après réflexion, j'aurais dû me douter à cet instant qu'elle ne vivait pas seule... »

Quelques pièces, assez spacieuses, laissaient pénétrer la lumière extérieure dans l'habitation. Les meubles n'étaient ni miteux ni luxueux, d'un bois solide comme on en faisait dans les petits commerces. Maggie – elle avait refusé qu'il l'appelle Marguerite – lui avait montré chaque partie de son logis, toute fière, avait-il semblé, de pouvoir y vivre. Cela avait été un moment charmant. Ils avaient cuisiné à quatre mains, elle balbutiant dans ses tâches de maîtresse de maison, racontant entre deux petites bêtises qu'elle venait de la campagne pour se construire une vie parisienne et que l'expertise de sa mère lui manquait cruellement, lui riant de ses erreurs et lui montrant comment les corriger. Pour ce qui fut du reste...

« La suite ? Oh, et bien disons que nous avons visité deux fois son appartement. »

Sa voix chaude épousa fort bien les sous-entendus de sa phrase, son sourire coquin achevant de ne laisser aucun doute à son interlocuteur quant aux divertissements auxquels ils s'étaient adonnés. Pour tout son manque d'expérience en cuisine, la belle n'avait pas manqué d'audace, un trait qu'Ashton peinait trop souvent à trouver auprès des gens de cette si belle ville. Elle l'avait embrassé avec délice, sans hésiter, joyeuse, joueuse, savourant le danger de ce qu'ils faisaient et de l'inconnu avec qui elle partageait ce moment. Il l'avait trouvée géniale.

« Nous nous sommes allongés dans son lit, ensuite. Et c'est là, à cet instant précis où mon récit semble n'être qu'une excuse pour me vanter de ma rencontre, que les choses se gâtent. »

Le bruit d'une clef dans la serrure de la porte d'entrée. Voilà ce qui avait tout renversé. En une seconde, le visage de Maggie s'était décomposé d'horreur, sa main s'était crispée sur son torse, son corps raidi par l'angoisse d'être découverte. Ashton n'était pas un génie, mais il avait compris instantanément ce que cela signifiait, et il avait commencé à enfiler ses vêtements aussitôt la belle levée.

« Tu serais surpris par la vitesse à laquelle une dame peut enfiler une robe, Billy. »

Lui avait à peine eut le temps de mettre son pantalon qu'elle avait ouvert la fenêtre, lui intimant avec fermeté d'attendre dehors que l'orage passe. Il s'était exécuté, elle avait quitté la pièce. Les retrouvailles de la demoiselle avec son mari furent aussi festives que le numéro d'équilibriste qu'il avait exécuté lui-même.

« Elle vivait au quatrième étage. »

Après une dizaine de minutes à poireauter torse-nu sur la façade du bâtiment sans que la fenêtre ne soit ouverte à nouveau, Ashton avait compris qu'il devait se débrouiller seul. S'en était donc suivi un petit parcours d'escalade, aussi ridicule que dangereux, au cours duquel il était descendu de son piédestal. Les réactions, lorsqu'enfin il avait pu poser le pied sur la terre ferme, avaient été mitigées. Entre rires amusés et regards furibonds, le jeune homme avait eu le droit à son lot d'attentions, drôles mais pas vraiment désirées.

« Quelqu'un a dû appeler la police pendant que je descendais, en tout cas. Quelqu'un qui n'appréciait pas vraiment l'idée que je sois l'amant d'une demoiselle ! »

Un éclat de rire amusé ponctua son récit. Il se tourna vers Billy, haussant les épaules tout en désignant sa tenue pour le moins singulière.

« La suite, tu la connais. J'ai été arrêté pour outrage à la pudeur – comme d'habitude – et me voilà à croupir dans cette jolie cellule pour quelques heures ! Heureusement, tu es là... »

Ash passa une main dans ses cheveux de jais, adressant un regard pétillant de malice à son interlocuteur. Son sourire, charmeur, s'accentua encore tandis qu'il jouait du bout des doigts avec un bout de bois trouvé par terre.

« Elle était vraiment très jolie, though. »

Il glissa le bâton entre ses lèvres et, s'adossant à son tour au mur, fixa son regard sur un petit point de lumière. Une part de lui, curieuse, souhaitait entendre ce que Billy avait à raconter. C'était un policier, après tout, il ne pouvait pas mener une existence ennuyeuse ! Incapable de résister à la tentation d'une bonne anecdote, il tourna vers son compagnon un beau sourire.

« Et toi alors, longue journée ? »

Hors RP:

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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeMer 6 Juin - 16:12

« À ma décharge, elle ne m'avait pas dit qu'elle avait un mari. »

A peine Ashton entamait son récit que j'étais pris d'un énorme fou rire. Que j'aimais ce type ! Il me laissa généreusement le temps de me remettre et d'essuyer les larmes de plaisir qui perlaient au coin de mes yeux avant de commencer réellement sa narration. J'écoutais donc son histoire avec délectation. J'étais hypnotisé par sa gestuelle tellement représentative et comique et par son verbe si fluide et imagé. Régulièrement je me mettais à rire à ses mimes et ses sous-entendus. Que c'était bon d'être avec lui !

J'imaginais Ashton cuisinant, quoi que je fus surpris d'apprendre qu'il était bon dans ce domaine. Je l'imaginais visitant et… re-visitant l'appartement. Puis je l'imaginais se rhabillant à toute vitesse. Paniqué ? Non, je ne l'imaginais pas paniqué, plutôt… embêté. Je l'imaginais observant les retrouvailles entre sa conquête et l'époux légitime de celle-ci. Et surtout, je l'imaginais perché au 4em étage d'un immeuble, coincé, attendant la délivrance qui ne viendrait pas.

« La suite, tu la connais. J'ai été arrêté pour outrage à la pudeur – comme d'habitude »

Je riais de nouveau en entendant son ton désabusé. Il était blasé de cette situation si répétitive. Je trouvais moi-même qu'il faudrait bien faire autre chose que le mettre quelques heures en cellule pour qu'il change son comportement… Les procédures n'étaient pas adaptées au personnage… J'avais bien ma petite idée mais je ne savais pas si elle marcherait...
Mais le plus amusant était qu'il n'avait visiblement aucun regret.

« Tu comptes la revoir ? » demandais-je avec un sourire taquin.

C'était une vraie question, il pouvait aussi bien avoir envie de tenter de nouveau le diable, vu comme il semblait encore sous le charme de son souvenir, tout comme il pouvait s'en désintéresser à cause des désagréments liés… Ashton était tout sauf prévisible et c'était ce qui me plaisait tant chez lui.

« Et toi alors, longue journée ? »

Longue journée ? Je prenais le temps de réfléchir à la question, ça n'était pas tout à fait ça, en fait… La journée était somme toute assez banal avec l'interrogatoire d'un prévenu et le rapport lié…

« Ce sont plutôt les trois derniers jours qui ont été longs… je ne suis pas rentré chez moi, j'étais en mission d'infiltration jour et nuit… J'ai terminé ce matin et j'ai enchainé sans vraiment prendre de pause… Je me damnerai pour un vrai lit, tu ne peux pas imaginer ! Enfin, si, peut être… tu as été matelot, non ? »

Je passais une main dans ma tignasse. La comparaison était-elle pertinente ? Je n'en savais fichtrement rien… Il attendait mon histoire mais je ne pouvais pas être aussi spontané que lui, certaines informations ne pouvaient pas encore être ébruitées, je devais être vigilent à mes mots. Par contre, je savais d'avance qu'il savourerait certaines descriptions…

« Je préfère quand mes missions d'infiltrations nécessitent que je me fasse passer pour un serveur allemand ou, encore mieux, pour une dame, c'est si drôle… Mais là, j'ai dû me fondre au milieu des infirmes de l'Hôtel Dieu… des mendiants, des déments, des mutilés… je te laisse imaginer l'ambiance dans l’entrepôt abandonné qui sert de refuge à tout ce petit monde. Et l'odeur, bien sûr… Ca a été mon premier problème, je ne pouvais pas débarquer là dedans ni vu ni connu sans l'odeur… Alors comment crois-tu que j'ai fais pour avoir la bonne odeur, hein ? »

J'eus une grimace en me souvenant de ce moment particulier. Je racontais à Ashton comment j'avais choisi ma tenue avec soin, comment je l'avais trempée dans la boue des bord de Seine pour lui donner la bonne couleur avant de la laisser sécher dans les ordures du commissariat, comment je l'avais déchirée par endroits et comment j'avais pissé dessus moi-même, plusieurs fois, afin de parachever les derniers détails… Je n'omettais pas, bien sûr, de lui décrire comment je m'étais moi-même roulé dans la boue et la poussière, comment j'avais crêpé mes cheveux devenus bruns de crasse, comment j'avais jauni mes dents en frottant dessus des feuilles de thé infâme, comment j'avais noirci mes ongles dans la terre.

« Et quand mon corps fut prêt, il a fallut que je mette les vêtements… Et bien tu sais quoi, j'ai instinctivement ajouté la touche qui manquait : je me suis vomis dessus ! »

Ah ! On pouvait en rire, maintenant, mais j'avais passé un mauvais moment… Je n'avais même pas pu « tester » mon déguisement auprès d'Axel comme je le faisais d'habitude, ni même le montrer à Aldrick… on ne m'avait pas laissé entrer au commissariat ! Mais bon, je crois que j'étais tellement repoussant que personne ne pouvait douter de moi.

J'avais dégotté des vieilles béquilles en bois que j'avais calées sous mes bras puis je m'étais dirigé, à pied, en traînant la patte, vers mon objectif. Je me levais d'un geste souple et mimait à Ashton comment j'avais marché pendant ces trois jours, en simulant une jambe raide. Sans les béquilles pour m'aider, je m’étalais dans la cellule devant lui et j'éclatais de rire. Mon trajet entre le commissariat et l’Hôtel Dieu m'avait servi de test : tous les passants changeaient de trottoir à mon approche. Le plus souvent en grimaçant ou se pinçant le nez.

« Franchement, si je n'avais pas du lutter en permanence contre l'envie de vomir, je me serais bien amusé... »

J'avais été accueillis très naturellement au milieu des défavorisés. En fait, j'avais un peu trop exagéré l'odeur, ils sentaient meilleur que moi ! Mais du coup, j'étais le bienvenu, un paria parmi les autres. Ils m'avaient même permis de prendre la place laissée libre par le dernier mort en date. Et là, le dernier détail que j'avais oublié vint s'ajouter à mon déguisement : les puces et les cloportes ! J'étais l'un d'eux, sans l'ombre d'un doute !

« Ils m'ont tellement bien accueillis qu'ils m'ont proposé à boire. Tu n'imagines pas mon dilemme, j'étais en mission, je ne pouvais pas accepter leur piquette, mais si je ne l'acceptais pas, j'étais démasqué… Mais franchement, je ne pouvais pas envisager de rester comme ça plusieurs jours sans une rasade de tord-boyaux. Tu le gardes pour toi, hein, mais je me suis assommé à ça, le premier soir, pour réussir à dormir... Et les suivants aussi»

Trois jours. J'étais resté avec eux trois jours et trois nuits avant que ma cible n'apparaisse. Ce matin, j'étais tellement bien intégré dans le décor que ça avait été facile de l'appréhender en flagrant délit… Mais quand mon supérieur était arrivé sur place, il avait refusé de s'approcher de moi et de me parler… Il ne m'avais même pas accordé une place dans un panier à salade, j'avais dû rentrer à pied jusqu'au commissariat où j'avais été jeté dans les douches de dégrisement pour virer les odeurs et les puces. A l'eau glacée !

« Ils ont même mis mon superbe déguisement au feu ! »

Je pris un air choqué et apitoyé puis me mis à rire. En fait, la douche, même glacée, m'avait fait un bien fou après trois nuits à dormir dans l'urine et le vomi. Ca avait achevé de me dégriser, aussi, ce qui était évidemment nécessaire pour faire face à mon chef. Et une fois débarrassé du plus gros de l'odeur et des nuisibles j'avais profité de l'autre douche du commissariat, celle pour le personnel, chauffée celle là, et j'avais pu terminer d'éliminer la crasse. Deux douches n'avaient pas été de trop. Après quoi j'avais englouti un vrai repas… ou deux… et j'avais fait mon rapport oral et quémandé deux heures de sieste sur mon fauteuil avant de reprendre le boulot… ça ne m'avait pas été accordé.

« Pour répondre à ta question, aujourd'hui c'était une journée plutôt normale… ce sont les trois précédentes qui ont été compliquée… et pourtant je n'ai pas fait grand-chose que jouer aux dés… les seules choses que j'ai sauvées du feu ! »

Je les sortais victorieusement de ma poche. Trois dés en pierre bien polis par l'usage. Leur bruit sur le sol de la cellule raisonna un instant. 5 – 4 – 1.

Je laissais divaguer mes pensées un instant puis revenait à mon ami. Mon regard se posa sur le soleil au milieu de sa poitrine. Je n'avais pas souvent l'occasion de le voir aussi dénudé. D'habitude il avait au moins son débardeur informe… Ce qui me fit penser qu'il avait perdu celui-ci et sa blouse dans l'aventure. Avait-il des vêtements de rechange ? Je n'en étais même pas certain… S'il devait en acquérir d'autres, c'était peut être l'occasion de le guider vers quelque chose d'un peu plus couvrant. Provocateur, je me penchais vers lui et effleurais du bout des doigts les flammes du soleil brillant sur son cœur.

« Ca signifie quoi, tes tatouages ? »


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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeMer 4 Juil - 22:55

« Tu comptes la revoir ? »

Un sourire taquin s'empara des lèvres d'Ashton, illuminant tout son visage d'un éclat malicieux. Son regard pétillait d'amusement, le haussement mêlé de ses sourcils et de ses épaules trahissant une envie ardente de jouer. Avec sa réponse, avec son silence, avec la frustration de Billy. C'est avec dextérité qu'il sut manier le , l'étirant juste assez longtemps pour ne pas transformer le suspens en agacement. Lorsqu'enfin il s'exprima, ce fut d'une voix chaude et grave, chargée d'une sensualité qui répondait à la question d'elle-même :

« Hé bien, j'ai oublié mes affaires chez elle... »

Un léger éclat de rire le traversa et il joua avec la bague qui enlaçait sa lèvre, lentement, du bout des dents. Ses yeux trahissaient une impatience certaine. La demoiselle l'avait charmé tout entier, c'était évident, mais plus encore que son caractère farouche, c'était l'impression de danger et d'interdit qui l'entourait qui lui donnait envie d'aller la retrouver. Ash était pareil à un enfant sur bien des points, incapable de résister à l'appel de la liberté éprouvée lorsqu'on brisait les règles.

Mais l'heure n'était plus à son histoire. Celle-ci s'était terminée à son entrée en cellule, bien longtemps auparavant, et il avait besoin de nouveauté, de piment, d'une exaltation nouvelle pour son cerveau en manque de sensations. Pour cela, il faisait confiance à son compagnon. Il lui offrit un beau sourire charmeur, impatient déjà de pouvoir l'écouter. La question fila d'elle-même. Billy avait quelque chose à raconter, il le sentait. Il le savait.

Et il ne fut pas déçu.

Le jeune homme avait toujours été conscient que son interlocuteur était quelqu'un de spécial, muni d'un grain de folie qui rendait sa vie pétillante et son métier moins ennuyeux. Son talent pour les déguisements n'était plus à démontrer pour quiconque. Toutefois, à la mention dans une même phrase des termes « odeur » et « Hôtel Dieu »... Le canidé fronça le nez, souriant tout de même, parvenant à dévoiler sur ses traits hilarité et dégoût en même temps.

« Ne me dis pas que... »

Et pourtant si. Ashton éclata d'un rire fort bruyant en écoutant son compagnon lui faire la description de son costume. C'était plus fort que lui : ancien marin, il en retrouvait l'attitude selon les milieux dans lesquels il évoluait ou les anecdotes qu'on lui racontait. Le récit de son ami collait presque trop bien, dans ce cadre, et il ne put s'empêcher de pouffer, lui assénant une belle tape dans l'épaule.

« Madre mia... Comment tu as fait pour ne pas vomir, Billy ? »

Sa question trouva bien vite une réponse qui le rendit plus hilare encore. Il secoua la tête, franchement amusé. Ce type était incroyable. Sa dévotion pour son métier l'était plus encore. À croire qu'il était véritablement prêt à tout pour rendre Justice. Un instant, Ash se demanda s'il en était capable. Tout donner pour suivre la loi et capturer ceux qui la bafouaient, sacrifier ses désirs pour ne pas l'enfreindre à son tour, être son représentant jour et nuit, en civil comme en uniforme... Impossible. Vraiment impossible. Ashton n'était pas du genre à se plier aux codes, et encore moins à les faire respecter. Il était de ces gaillards qui faisaient appel à la violence plutôt qu'à la police, de ceux qui n'hésitaient pas à voler lorsque la faim faisait gronder leurs bedaines. Jamais il n'eut pu exercer ce métier. Pas comme ça en tout cas.

À la fin du discours de son interlocuteur, il lui adressa donc un sourire jovial.

« Tu sais quoi ? Je t'admire. C'est beau d'avoir de telles convictions, de tout donner à son métier... Même sa dignité ! »

La dernière partie était une taquinerie plus qu'un réel commentaire, et il la ponctua d'un éclat de rire enthousiaste. Billy n'avait pas besoin qu'il soit sérieux pour prendre son compliment, et lui-même appréciait davantage la légèreté de leur conversation à un quelconque retour à la réalité ; cette même réalité qui le faisait frissonner dans les cellules de dégrisement du commissariat. Les choses, entre eux, fonctionnaient ainsi : ils s'amusaient ensemble, se divertissaient ensemble, mais ni l'un ni l'autre n'éprouvait le besoin de s'exprimer sérieusement. Ash ne faisait jamais cela de toute manière.

De ses grands doigts, et pour mieux écouter son compagnon, il se saisit des quelques dés qui demeuraient sur le sol et les lança à son tour. 3-5-2. Un sourire embrassa ses lèvres tandis qu'il les tendait à nouveau à son partenaire.

« Et tu t'es fait des amis là-bas ? »

L'idée ne l'eut pas choqué. Lui-même avait fréquenté les infréquentables par le passé, ceux que tous rejetaient et qu'on avait tôt fait d'oublier. Il en était sorti grandi, plus fort peut-être. Plus tolérant. Il ne doutait pas que ce genre d'expérience avait pu faire évoluer Billy de pareille manière. Un policier s'intéressant réellement au sort des démunis ne ferait aucun mal à cette grande ville qui s'oubliait dans les jupons des riches.

Le temps d'un silence, il lui laissa donc l'occasion de répondre, penchant sa tête sur la droite. Il se reposa ensuite contre le mur moite et froid de sa cellule, lançant au plafond gris un regard malicieux. Il resta un instant ainsi, détendu en dépit de la vulnérabilité de son corps à demi dénudé. C'est cet état qui lui permit de sentir, tout d'abord. Les doigts de Billy s'approchaient de sa peau, frôlant finalement le soleil qui trônait sur son cœur. Un sourire charmeur embrasa les lèvres du canidé, qui adressa à son interlocuteur un regard gorgé de sensualité.

« Vous voilà bien curieux, monsieur l'agent... »

Un air taquin s'empara de ses traits avant qu'il ne poursuive, calant sa tête contre sa main, son coude posé sur un genou replié.

« Ai-je à craindre pour ma liberté, si je vous réponds ? »

Un éclat de rire l'emporta. Il laissa les doigts de son vis-à-vis traîner sur son poitrail, sans le quitter du regard, curieux de savoir si la gêne cueillerait finalement ses traits ou s'il n'avait sincèrement pas conscience de ce que son geste signifiait pour tant de gens. Nouvel accès d'hilarité.

« Tu vas être mis au trou avec moi si tu continues... »
, susurra-t-il d'un ton suave, approchant ses lèvres de son oreille pour mieux faire passer son message.

Ashton ne sous-estima cependant pas l'intérêt de son partenaire. Même si celui-ci prenait la perche tendue avec plaisir, il savait qu'il n'oublierait pas de quémander la réponse à sa question. Et comme il ne se voyait pas vraiment rétorquer « Oh, et bien je tue des gens et je leur rends hommage de cette manière ! », il lui fallait trouver une semi-vérité à raconter. Jamais de mensonge. Jamais vraiment, en tout cas.

Il passa une main dans ses cheveux de jais et, charmeur, laissa son excuse habituelle glisser entre ses lèvres :

« Ce sont des souvenirs. »

Ce n'était pas faux en soi. Ses tatouages tenaient, certes, davantage de [] que de réelles références à son passé, mais sa nature était ce qu'elle était et il ne pouvait se permettre de la révéler au grand jour. Ses supérieurs auraient sa peau s'il commettait une bourde pareille, et il ne tenait ni à la colère de Perséphone, ni à celle de ses collègues. Le monstre se devait de demeurer dans l'ombre.

Le désir de contourner le sujet se faisant pressant, Ash adressa aux murs qui l'entouraient un regard curieux. Il se demanda soudain ce que cela faisait de pouvoir ouvrir et fermer à volonté ces geôles, de pouvoir évoluer dans cet espace si particulier en arborant un uniforme et...

Le sourire qu'il arbora soudain était tout sauf angélique. Il adressa à Billy un regard bouillonnant d'enthousiasme, d'une fougue qui hurlait au monde qu'il s'apprêtait à faire une énorme bêtise. Et il adorait ça.

« M'sieur l'agent, j'ai une mauvaise idée à vous proposer... Je pense qu'elle va vous plaire... »

Il se pencha vers lui, fort d'un charme gorgé d'amusement, ses yeux brûlants d'une envie croissante de braver les interdits. Une fois de plus. Son visage, lorsqu'il s'exprima, était imprégné de la joie de vivre d'un enfant.

« Et si on testait nos pouvoirs de persuasion ? Et si... »

Un éclat de rire.

« Et si on échangeait nos places ? »


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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeMer 11 Juil - 15:51

Tout du long de mon récit, le rire franc et spontané d'Ashton m’encouragea. J'en faisais des tonnes et il réagissait avec délectation. C'était tellement bon d'être là. A un moment j'entendis le gardien grogner mais comme ma voix reprenait l'histoire de mon aventure, il la reconnu et se rassit sans nous interrompre. Je m'amusais comme un enfant. Un enfant… Enfant c'était moi qui écoutait les aventures des dockers et voilà que je racontais mes propres moments de… gloire ?

« Tu sais quoi ? Je t'admire. C'est beau d'avoir de telles convictions, de tout donner à son métier... Même sa dignité ! »

J'explosais de rire. Il me fallut un moment pour me calmer. J'avais les yeux brouillés de larmes d'avoir trop rit. J'y passais mes mains pour éclaircir ma vue et c'est avec un énorme sourire aux lèvres que j'expliquais mon hilarité :

« Et c'est le mec à moitié nu assis dans une cellule de dégrisement qui me dit ça ! Mais Ash, il n'est aucunement question de dignité dans tout ça, tu ne comprends pas ? Qu'est-ce que la dignité, d'ailleurs ? Non, je m'amuse ! Je prends un plaisir incroyable à me faire passer pour quelqu'un d'autre. » (Je repris ma respiration avant de poursuivre:) « Bien sûr je préfère me faire passer pour une femme que pour un clochard, mais dans tous les cas c'est excitant. Pour parler cru, Ash, je prends mon pied ! »

Rien ne pouvait être plus vrai. Bien sûr mon métier avait un sens particulier pour moi, comme une vocation, une évidence. Bien sûr j'étais prêt à sacrifier de nombreuses choses pour lui. Peut être même pas vie… Mais ce métier me le rendait bien. Aldrick me faisait confiance, j'avais des responsabilités, personne n'essayait de me changer (en me demandant de ranger mon bureau, par exemple), je pouvais être moi-même et je le serai tant que je garderai mon sourire et mon optimisme. Être flic était finalement une grande liberté. Les contraintes de l'apparence en public, en fonction, n'étaient pas si grandes à côté de toutes mes libertés et de la confiance qu'on plaçait en moi. J'ajoutais, presque dans un murmure :

« Sérieusement, un flic qui se déguise pour une mission est un héros alors qu'un homme qui se travesti en femme sur la scène d'un cabaret ou dans son quotidien est un dépravé… Ma place est idéale. »

Oh, je n'avais aucune envie d'une autre vie.
Ashton avait ramassé et lancé les dés. Je ramassais une dizaine de cailloux sur le sol de la cellule pour les 11 jetons. Autant jouer avec une petite mise pour faire plusieurs partie que d'en faire une seule interminable. Je mettais le tas entre nous et lui en donnait une.

« Et tu t'es fait des amis là-bas ? »

Je pris les dés qu'il me tendait mais mon sourire s'était effacé de mon visage. Je lançais les dés en soupirant. 5 – 3 – 1.

« Je leur ai menti, Ash. Je me suis fait passer pendant 3 jours pour l'un d'entre eux alors que je savais très bien que j'avais un toit et un salaire qui m'attendait. Ils m'ont accueillis parmi eux, ils ont partagé leur pauvre pitance avec moi. Et moi je suis parti sans un regard en arrière… Enfin si, j'ai demandé à un agent de leur laisser sa monnaie. Quelques francs pour leur hospitalité. Ce sont des gens biens, tu sais. Vraiment. Pauvre, mais bons. Mais moi je viens d'une famille qui a de l'argent, j'ai une position, un revenu… je ne peux pas les comprendre, tu vois. Je ne dis pas que je vaux mieux qu'eux, juste que je suis incapable de partager leurs souffrances, elles me sont trop étrangères… Non, je n'ai été qu'un menteur avec eux, je ne me suis pas fait d'amis... »

La cellule était bien silencieuse. C'était troublant après les éclats de rire qui avaient précédés. Bien sûr que j'aimais me déguiser. Bien sûr que j'adorai tromper les gens. Mais là, ça avait été différent. Je ne m'étais pas mêlé à eux pour de vrai. Je m'en rendais nettement mieux compte maintenant que je l'avais exprimé à haute voix. Quand je trompe des riches, des malfrats, des gens de passage, ça n'a aucune impact. Mais sur ces gens qui n'avaient rien, quel était l'impact ? Je me senti honteux en y repensant.

Ashton ne disait rien. Le regard vers le plafond. A quoi pensait-il ? J'avais gâché le moment de bonheur que nous venions de partager. Je poussais un profond soupir pour chasser ces pensées et je le détaillais attentivement me laissant hypnotiser par les tatouages qui recouvraient ses bras. Puis mon regard tomba sur le soleil noir de son torse et j'y posais les doigts.

« Ca signifie quoi, tes tatouages ? »

Ma voix était assez neutre, un peu triste encore, mais je me secouais intérieurement pour reprendre le positif. Je souris alors que le regard de mon ami se posait sur moi et que son visage s'éclairait. Mes doigts dessinaient le contour des flammes.

« Vous voilà bien curieux, monsieur l'agent... »
« C'est mon travail, monsieur le prisonnier... »

Il changea de position alors que ma main était toujours posée sur lui. J'entrai dans son jeu, je sentais le plaisir monter de nouveau en moi. J'aimais cette complicité avec lui, impossible de cacher mon sourire… Il avait la peau douce, je notais l'information sans vraiment m'en rendre compte quand il reprit :

« Ai-je à craindre pour ma liberté, si je vous réponds ? »
« Tu es déjà en cellule, je te rappelle » répondis-je en riant avec lui.

Je ne quittais pas des yeux la peau de mon ami, douce oui, mais pas une peau de bébé, il avait connu une vie de labeur. Je sentais ses muscles sous le tatouage. Soudain, riant, il s'approcha de moi jusqu'à ce que ses lèvres touchent presque mon oreille :

« Tu vas être mis au trou avec moi si tu continues... »

Je tournais la tête de surprise vers son regard et mes lèvres touchèrent les siennes. Il y eu un instant de flottement et je lui souris, provocateur, avant de l'embrasser franchement. Ca ne pouvait pas passer pour une maladresse. Ca n'en était pas une.

« J'y suis déjà, remarque… » dis-je dans un murmure.

Lentement, je laissais mes doigts continuer à effleurer son corps alors que je me reculais sans le quitter du regard. Puis le contact fut rompu, je m'étais éloigné de lui. L'instant était terminé me semblait-il. Le regard toujours rivé au sien, je m'installais de nouveau contre le mur adjacent et, d'un geste vers son tatouage, je demandais :

« Alors ? »

Sa réponse tarda un peu, j'en profitais pour relancer les dés. 3 – 1 – 1. 3 pur. Il réfléchissait visiblement, puis il passa une main dans ses cheveux et, rompant le charme, me répondit :

« Ce sont des souvenirs. »

Je fronçais les sourcils. Bien sûr que c'était des souvenirs. On ne se faisait pas des dessins sur le corps sur un simple coup de tête et sans qu'ils aient une signification. Qu'est-ce que c'était que cette réponse ? Il était en train de se moquer de moi ? De faire durer le suspens ? Il ne pouvait pas arrêter là son explication ! J'allais lui en faire la remarque, réclamer une histoire croustillante quand je le vis détourner les yeux. Il n'y avait aucun doute, il venait de fuir mon regard, il cherchait à changer de sujet. Je ne pu cacher ma stupeur face à cette réaction mais il n'en vit probablement rien puisqu'il ne me regardait pas.

Qu'avait-je cru ? Qu'Ashton était juste un pitre ? Non, bien sûr, il avait aussi une vie et un passé. Des secrets… Sa question me revint. Risquait-il sa liberté en me répondant ? Il ne me répondait pas parce que j'étais flic ! C'était évident. Merde ! C'était mon ami, aussi, non ? Ne pouvait-on se faire confiance ? Mais la question était pertinente, évidement. Jusqu'où accepterais-je la noirceur de mes amis ? Pouvais-je être ami avec un criminel ? Avait-il pris une vie ? Je l'observais alors que son sourire lui revenait, je pouvais presque voir une idée débile prendre corps dans son esprit. Non, cet homme n'était pas un meurtrier. C'était impossible. Peut-être ces souvenirs étaient-ils juste trop douloureux… Je me détendis alors qu'il se tournait vers moi, ses yeux pétillant de malice. Quelle mauvaise idée avait-il encore eue ? Je répondis à son invitation par un sourire franc, amusé. Qu'allait-il encore me sortir ?

« Et si on échangeait nos places ? »

Douche froide.

Je me figeais sur place. Je n'entendais plus rien, j'étais coupé de mes sensations. L'incrédulité se lisait-elle sur mon visage ? Je regardais autour de nous, comme perdu. Il voulait mon uniforme ? Il voulait que je l'aide à berner mes collègues ? Que j'intervienne dans sa peine pour lui permettre de s'évader ? J'étais glacé. Je lui lançais un regard froid. Qui était cet homme ? Pour qui me prenait-il ? Etais-je devenu ami avec un personnage qui voulait me corrompre, me faire renier ce que j'étais ? Etait-il fourbe ? Mauvais ? Je sentais mon pouls s'accélérer, ma gorge se nouer. J'étais tellement déçu que j'aurais pu en pleurer...

Je fis un geste pour me lever, m'éloigner de lui. Ce léger mouvement me sorti de ma torpeur. Mes oreilles se remirent à fonctionner. Ashton, devant moi, riait comme un enfant. Bien sûr que non il n'était pas mauvais ! Bien sûr que non il ne se rendait pas compte de ce qu'il m'avait proposé ! Brusquement l'air entra dans mes poumons comme si j'avais été en apnée tout ce temps. Peut être l'avais-je été d'ailleurs.

Je ne voyais plus de danger, je ne voyais plus l'être manipulateur que j'avais cru voir un instant plus tôt. Je voyais un gosse hilare de sa bonne blague et je ris avec lui. Mon rire me réchauffa, me calma, chassa mes doutes et mes inquiétudes. Je respirais de nouveau.

« Toi qui supporte à peine un débardeur, tu voudrais une chemise à manches longues boutonnée jusqu'au col et une cravate ? Par cette chaleur ? Tu ne tiendrais pas une minute dans cette tenue, mon ami, crois moi. »

Je le regardai un instant avant d'ajouter :

« Mais si tu veux changer ton style vestimentaire et que tu me promets de la porter, je t'en offrirai une sur mes deniers. De la couleur que tu veux ! Mais la cravate, laisse tomber, je ne pense pas que tu apprécies d'être pris à la gorge comme ça... »

Joignant le geste à la parole je posais ma main sur sa gorge et appliquait une légère pression sur sa pomme d'adam… puis je me rendis compte de mon geste. Je l'avais encore touché ! Zut ! Mon regard passa sur son corps. Se rendait-il compte combien il était attirant ? Probablement pas. Pourquoi ne lui avait-on pas donné un vêtement à son arrivée ? Comment pourrait-il repartir, une fois libre, s'il n'avait rien à se mettre ?

Je le sentis déglutir contre mes doigts. Je ne l'étouffais pas mais je sentis le mouvement contre ma main. Je reportais mon regard sur son cou et suivi un instant la phrase incompréhensible tatouée dessus du bout des doigts avant de m'en éloigner avec un petit soupire.

« C'est du russe ? »

Je posais la question sans même y réfléchir en m'appuyant de nouveau au mur frais. Puis je me souvenais de sa réaction à ma dernier question sur ses tatouages. Je fermais les yeux pour ne plus le regarder avant de faire un geste qui voulait dire « oublie ça ».

« Désolé… Mais si tu ne veux pas en parler, cache les... »

Je me passais une main sur le visage. Trois jours dans la crasse sans dormir, je perdais le contrôle. Il allait falloir que je me trouve quelqu'un ce soir… Je connaissais un club près de la place Blanche qui proposait d'excellent services… Oui, j'allais faire ça. J'étais flic. Je ne pouvais pas dévoiler cette partie de moi. Surtout pas ici… Et Ash était mon ami… un ami qui aimait les femmes… un ami que je ne voulais pas perdre… pourtant… pourtant... je plongeais un regard profond dans le sien et m'humectais les lèvres.

« Tu sais si tu sors ce soir ou demain ? » demandais-je dans un souffle.

Pourvu que ça soit demain ! Demain je serai reposé, demain j'aurai passé la nuit dans des bras doux, demain j'aurai moins envie de le toucher. Certainement. Parce que si c'était ce soir…

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeVen 20 Juil - 20:32

Le jeu. Celui des regards, celui des mots, celui des gestes. Billy répondait à Ashton avec le même sourire, avec la même tendresse qu'il avait déployé à son égard et, lorsque leurs lèvres en vinrent à se frôler, un éclat de rire amusé franchit la gorge échaudée du jeune homme, suave et grave, comme un fredonnement chanté au cœur du baiser. Décidément, les surprises se succédaient aujourd'hui. Il ne s'en plaignait pas. Bien au contraire, il s'en délectait, laissait l'adrénaline et l'étonnement parcourir son corps en de savoureux frissons, adorant le simple fait de vivre dans un monde bordé d'extraordinaire. Il se laissa donc porter, porter par la chaleur du moment et par ce qu'il lisait de si particulier dans les yeux de son interlocuteur, un sourire charmeur bourgeonnant sur ses lèvres charnues tandis qu'il passait sa langue contre elles.

« On prend des risques, monsieur l'agent... ? »

La réponse de l'intéressé lui arracha un nouveau rire, et il s'adossa plus confortablement contre le mur, exposant sa peau aux caresses curieuses de l'homme qui lui faisait face. Son regard, lorsqu'il le plongea dans celui de son interlocuteur, pétillait de malice. Il resta silencieux, communiquant son amusement par les étincelles qui illuminaient ses traits. Ils n'avaient pas besoin de plus. Bientôt, l'instant mourrait, crucifié sur l'autel de la pudeur ou bien de la retenue, et se trouverait rangé dans le placard des souvenirs dont on ne parle pas. Ashton le savait et ne fut aucunement surpris de voir ses prédictions se réaliser quelques secondes plus tard.

Le canidé remarqua la frustration naissante sur les traits de son ami face à sa réponse et dut lutter pour ne pas sourire plus encore. Il y avait quelque chose d'indubitablement divertissant à être la source de l'impatience d'autrui, quelque chose de profondément drôle aussi. Il savoura la sensation tout en espérant ne pas avoir à donner plus d'explications. Le jeune homme n'appréciait pas le mensonge et ses tatouages n'étaient pas un sujet dont il voulait donner l'impression d'avoir honte. Ils étaient le symbole de toute sa vie, de toutes ses luttes, de ses fautes et de sa volonté de les expier. Ses victimes ne méritaient pas d'être cachées et il se refusait à leur faire cet affront. La proposition lui échappa donc d'un coup d'un seul, portée par son désir de changement et son incorrigible propension à ne pas réfléchir.

La réaction de Billy le laissa songeur. Son visage venait de changer, sa jovialité ternie d'un coup par un mélange d'émotions qu'il ne parvint pas vraiment à analyser. Son corps s'était tendu, esquissant presque un mouvement de recul. On eut presque dit que le policier cherchait à fuir. Ashton, lui, resta coi. Qu'avait-il bien pu dire de si choquant ? Qu'avait-il bien pu faire ? Les questions jaillirent et moururent dans l'instant, alors que revenait le sourire de son ami. Le moment était clos et l'on n'en parlerait pas.

« Toi qui supporte à peine un débardeur, tu voudrais une chemise à manches longues boutonnée jusqu'au col et une cravate ? Par cette chaleur ? Tu ne tiendrais pas une minute dans cette tenue, mon ami, crois moi. »

Plutôt que d'insister, le jeune homme se laissa porter par la blague et éclata d'un rire franc. Rien ne servait, après tout, de perdurer dans ce qui semblait paniquer son compagnon. Ils n'étaient pas là pour ça. La seconde proposition de son interlocuteur le rendit un peu plus hilare, et il secoua la tête avec enthousiasme jusqu'à sentir les doigts de Billy contre sa gorge.

De nouveau, l'ambiance changea. À croire que la taquine chimère avait décidé de prendre bien des visages, ce soir. Ashton lança un regard curieux à son interlocuteur, analysant sans soucis l'insistance qui brûlait dans ses yeux. Dommage...

« C'est du russe ? »

Un éclat de rire, une tête penchée sur le côté. Une mèche rebelle vint taquiner la joue pâle du jeune homme.

« Non, mon cher, c'est du grec. Du grec ancien. J'aurais bien choisi le latin, mais je trouve cette écriture plus esthétique et plus personnelle. »

Nec possum tecum vivere, nec sine te.
Des longs cheveux dont la teinte hésitait toujours entre blond et roux, un regard couleur océan et un sourire d'une absolue douceur. Des traits ronds et un rire d'enfant, des doigts infinis et des lèvres délicieuses. Une longue robe noire aux allures si reconnaissables, flottant dans le vent au rythme des pas de danse typiquement écossais. Baisers, étreintes, caresses. Passion. Tendresse. Amour. Absolu. Toujours. Une silhouette au sommet d'une falaise. Le même habit sombre épousant le vent tandis que le corps le pourfend pour aller enlacer la mer.

« Désolé… Mais si tu ne veux pas en parler, cache les... »

Le visage d'Ashton se froissa tandis que son sourire, l'espace d'une seconde, se teintait d'une profonde tristesse. Il baissa les yeux en un éclat de rire gêné, passant une main dans ses cheveux sombres. C'était ridicule. Stupide. Depuis son après-midi détestable au cirque, la cicatrice s'était ouverte et semblait suinter discrètement sans qu'il n'ose y prêter attention. Il repensait à Elle, trop souvent, trop douloureusement, peinait à ne pas ressentir toute la douleur du monde lui tordre le cœur dès qu'il songeait à elle. C'était mal, c'était débile. Il ne devait pas rebrousser chemin. Il avait vu ce qu'il avait voulu voir, et...

« J'ai fait mon soleil et mes doigts en Espagne, en même temps que lui. Mes bras, eux, se sont faits au fur et à mesure. Cuba, Argentine, Pérou... »

Il était soudain désespéré de fuir ses propres pensées. Ses mots étaient comme tombés seuls de ses lèvres, sans qu'il n'y puisse rien, cherchant à éloigner le sujet du deuil qui le ravageait de l'intérieur. En quelques secondes, il s'était retrouvé une contenance. Un sourire charmeur épousa de nouveau sa bouche bavarde.

« Que désires-tu donc apprendre de plus, Billy ? »

En l'occurrence, à quelle heure on comptait le faire partir. La question avait été posée avec une arrière-pensée, c'était évident, et Ash releva les yeux vers son compagnon. Celui-ci paraissait légèrement tendu, animé de désirs qu'il désirait fuir à son tour. S'il en croyait le regard propulsé dans le sien et le tic de sa langue... Un sourire taquin berça ses lèvres.

« Hé bien ma foi, je ne sais pas... Peut-être l'agent génial que j'ai face à moi pourrait-il m'aider à sortir le plus vite possible ? »

Il écarta les bras pour mieux désigner son état de nudité, sans en faire mention outre mesure. Si l'attirance qu'il croyait percevoir chez son vis-à-vis l'intéressait, il ne souhaitait pas jouer avec. En revanche, avec son propre ridicule...

« Et me prêter ses vêtements, accessoirement... ? »

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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeSam 21 Juil - 13:39

A ma grande surprise, Ashton, qui avait esquivé ma question quelques minutes auparavant, me donna des réponses concernant ses tatouages. Non pas sur leur signification, cela ne semblait pas pouvoir être dit, mais il en parla tout de même. Alors qu'il évoquait l'ordre d'arrivée de ces images sur son corps, je le regardais de nouveau, observant les courbes et les angles des dessins… et de son corps.

Il parla de l'Amérique du sud. Moi qui n'étais jamais sorti de la France, qui ne m'étais même jamais éloigné de la Seine, ça me semblait tellement exotique. Presque irréel. Quelle vie avait-il bien pu mener pour avoir vu ces contrées sauvages ?

« Je ne savais pas que tu avais voyagé si loin... »


En fait, je ne savais pas grand-chose d'Ashton. J'avais une image de lui comme étant une personne insouciante et joyeuse, un bon partenaire pour boire, quelque peu tricheur aux cartes (parce qu'on ne peut pas être si bon en restant honnête)… Mais je ne connaissais pas son passé ni même d'où il venait. Il avait un accent quand il parlait mais j'étais incapable de l'identifier, pour moi ça ressemblait juste à la manière de parler des dockers sur les quais de Rouen dans mon enfance. Mais je voyais bien à son regard et à son sourire qu'il s'amusait à être mystérieux et je me disais que ces choses là seraient dévoilées petit à petit. Je n'étais pas pressé, j'en avais déjà appris plus ce jour là que lors de nos précédentes soirées à jouer et boire.

Alors que je me sentais envahis par des désirs le concernant qui n'étaient vraiment pas appropriés, je lui demandais s'il savait combien de temps durerait son incarcération, cette fois-ci. Mon regard rencontra alors le sien et je me rendis compte que si j'étais presque fiévreux et totalement perdu dans mes fantasmes, lui, était égal à lui même, tranquille et joueur. Je devais me ressaisir, c'était nécessaire. D'ailleurs, la réponse d'Ashton, me qualifiant « d'agent » m'y aida. Je décidais de me secouer et me levais avec autant de souplesse que possible… mais pas autant que je l'aurais souhaité. Je m'avançais vers les barreaux de la cellule tout en m'adressant à mon amis.

« Je t'aiderais bien à sortir mais si j'interviens dans une précédure, je risque un blâme, au mieux… et je ne pourrais plus, alors, venir te tenir compagnie quand tu te retrouves coincé ici. Ca serait dommage, tu ne penses pas ? »

Je fis un signe au gardien qui approcha.

« Pouvez vous me dire combien de temps doit durer l'incarcération de Monsieur Lyn, s'il vous plaît ? »


Alors qu'il s'éloignait pour aller vérifier l'information dans ses documents, je me tournais vers Ashton qui, les bras ouverts sur son corps musclé, me demanda des vêtements. Je me mis à rire.

« Décidément, tu veux me déshabiller, on dirait ! C'est moi qui vais me retrouver coincé ici si ça continue... »

Je riais encore lorsque l'agent revint.

« D'après le dossier, Monsieur Ashton Lyn peut sortir s'il paie une amende de 80 francs, Commandant… Et s'il trouve des vêtements. »

« Ca je devrais pouvoir m'en occuper, ouvrez moi, je reviens. »

Et me tournant vers mon ami, j'ajoutais :

« Je vais te trouver un truc à te mettre, reste ici. »

Comme s'il pouvait aller ailleurs… Je lui fis un clin d’œil et m'éloignais pendant que la grille était refermée derrière moi. En montant les escaliers vers l'étage des bureaux, je passais mentalement en revue ce que je pouvais espérer trouver dans les placards de mon bureau. J'étais un habitué des déguisements, il restait probablement des vêtements quelque part entre les dossiers et les objets saisis… Mon dernier déguisement en date avait fini au feu mais ce n'était pas le cas, d'habitude.

Ma tenue de dandy était-elle encore au commissariat ? Non, il me semblait qu'elle était chez moi. Et celle de cuisinier que j'avais utilisée le mois dernier ? Ah, non, je l'avais rendue à son propriétaire… Et… Soudain je su ce que j'allais trouver dans mon bureau.

« Ooh... » J'éclatais de rire, tout seul, au milieu du couloir. Mon regard croisa celui d'un collègue mais tous étaient habitué à mes excentricités donc il ne me fit aucune remarque.

En entrant dans mon bureau, j'allais directement vers l'armoire qui contenait le trésor auquel je venais de penser en évitant souplement une ou deux piles bancales de documents à trier. Il était là, il avait même été lavé et repassé. C'était parfait. Ashton faisait tout de même près de 10cm de plus que moi, j'espérais que ça lui irait mais je n'avais pas de doute sur le fait qu'il puisse rentrer dedans. Je riais de nouveau, j'en avais les larmes aux yeux. Mais, malgré tout, je ne doutais pas un seul instant qu'il accepterai. Ashton était probablement le seul homme que je connaissais qui pourrait accepter de porter ceci. Et j'étais impatient de voir ce que ça donnerait !

D'un pas rapide, fier de ma trouvaille, je retournais le rejoindre. Je me fis de nouveau ouvrir les portes et lui lançais, riant toujours :

« Dis moi si je me trompe, Ash. Pudeur, virilité et ridicule sont des mots auxquels tu n'es pas sensible, n'est-ce pas ? Parce que je n'ai que ça... »

Et, victorieux, je dépliais le chemisier de femme en soie rose pale que j'avais trouvé pour lui. C'était un vêtements de grande qualité avec force dentelle et frou-frou. Légèrement décolleté aussi mais ça ne le changerai pas trop de son débardeur informe. Par contre, les manches (bouffantes et à volants) étaient longues.

« Tu voulais une chemise, c'est presque ça. »

Je ris de nouveau, puis j'imaginais Ash dans la robe qui allait avec (et qui était aussi dans mon bureau). Des larmes de plaisir me vinrent de nouveau aux yeux. Et je lui expliquais entre deux fou-rire que j'avais le reste de la tenue s'il voulait. Puis, me ressaisissant, je précisais qu'il s'agissait d'un déguisement que j'avais utilisé lors d'une infiltration deux mois plus tôt.

Enfin, retrouvant mon calme, je posais l'ultime question :

« Tu as de quoi payer l'amende ou pas ? »

Il était bien possible qu'avant même notre partie de dés finie, j'allais devoir vider ma bourse… comme à chaque fois que je jouais avec lui !

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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 5 Aoû - 17:52

Billy, heureusement pour lui, était demeuré aveugle à son désarroi. Le jeune officier avait ainsi préféré se concentrer sur le nombre de ses voyages, sujet bien plus intéressant, bien plus confortable surtout. De ça, il pouvait parler sans crainte. De ça, il pouvait évoquer les détails sans truquer la réalité, sans se perdre dans les douleurs du Passé. C'était plus facile. Plus doux. Sentant un peu de la tension précédente glisser hors de ses épaules, Ashton décocha un sourire taquin à son interlocuteur.

« Il est donc bien des choses que tu ignores à mon sujet, mon ami... »

Son ton, grave. Sa voix, mystérieuse. Une fois de plus, Ash jouait avec les non-dits, jonglait avec les silences. Le canidé s'amusait des épices dont il usait pour pimenter la vie et, en bon cuisinier, savait les doser avec minutie. Le sujet s'estompa donc au profit d'un autre, relégué au tiroir des frustrations qu'on évoquerait plus tard. L'heure était à la grande évasion, ou plutôt à la libération conditionnelle. Pour cela, il avait besoin de son ami. De ses vêtements, plus exactement... N'importe quoi ferait l'affaire.

La réponse du policier à sa requête lui arracha un éclat de rire, et il haussa théâtralement les épaules.

« Allons, tu n'auras qu'à faire passer ça pour un énième déguisement, je suis sûr que tes supérieurs le prendront très bien ! »

La plaisanterie le fit rire, mais il laissa Billy s'éloigner une fois l'hilarité passée. Il était curieux. L'agent avait quelque chose en tête, cela crevait les yeux, et son instinct lui soufflait qu'il allait adorer le découvrir. Son cœur bouillonnait déjà d'impatience, et c'est avec une forme de délice qu'il regarda s'éloigner la silhouette longiligne de son ami.

Lui-même ne perdrait pas son temps. Une fois le jeune officier parti, il se pencha sur les barreaux de sa cellule et lança un regard pétillant à son geôlier. Celui-ci haussa un sourcil à son intention, peu au courant semblait-il de son identité. Nouveau lui aussi, supposa-t-il. Une aubaine pour son entreprise... Un sourire joueur s'empara de ses lèvres tandis que sa voix grave allait caresser les oreilles de son vis-à-vis.

« Gaston, c'est ça ? On s'est déjà croisés, me semble-t-il... Vous ne vous ennuyez pas trop ? »

Son expression, à cet instant, devint presque carnassière.

« Cela vous dirait-il de jouer aux cartes, en attendant le retour de Billy ? »

♣️

« Dis moi si je me trompe, Ash. Pudeur, virilité et ridicule sont des mots auxquels tu n'es pas sensible, n'est-ce pas ? Parce que je n'ai que ça... »

L'intéressé releva la tête d'un air curieux, posant d'un même geste les cartes qu'il tenait en main. Un sourire bourgeonnait déjà sur ses traits tant l'impatience de découvrir sa surprise bouillonnait en son cœur. Il ne fut pas déçu. Le tissus affriolant que brandit Billy lui arracha de beaux éclats de rire, et il se releva pour s'emparer du vêtement. Ainsi, il le plaça contre son torse de sorte à sembler le porter et, imitant des mimiques princières, sombra davantage dans l'hilarité.

« Hé bien ma foi, c'est une chemise n'est-ce pas ? »

Un clin d'oeil vers Gaston, dont le mécontentement était clair au froncement de ses sourcils.

« Je suis certain que ce vêtement, au moins, n'est pas un outrage à la pudeur ! »

Taquin, Ash ne comptait pas laisser le policier en paix, et c'est en riant qu'il enfila la chemise. Il s'empêtra dans les froufrous, manqua de briser la boutonnière qu'il s'empressa de défaire, mais parvint finalement à la refermer autour de son torse nu. Le résultat était peut-être plus indécent encore que son état précédent. Moulant, le vêtement épousait bien trop ses formes et révélait plus que de raison le haut de son poitrail, laissant voir son tatouage à la manière de son débardeur. À nouveau, il éclata de rire.

« Sérieusement, en portant cela je risque moins de finir dans vos prisons qu'en ne portant rien ? »

C'était absurde. Drôlement absurde. Pour autant, le jeune homme n'insista pas davantage et c'est en posant fièrement les mains sur les hanches qu'il écouta son ami parler. À sa question, il lança un long regard amusé à Gaston, qui croisa les bras en grommelant. Un sourire carnassier vint caresser son visage. Lentement, avec sensualité, il fit venir une liasse de billets devant ses lèvres.

« Presque ! Il me manque vingt francs... Tu me laisses terminer la partie et il n'en manquera plus que quinze ! »

Le geôlier se leva et quitta la pièce, un air profondément mécontent barrant son visage. Le gaillard avait été trop confiant, pas assez méfiant, persuadé qu'un homme qu'on garde en cellule pour outrage à la pudeur n'avait aucune pensée pour autre chose que les basses mœurs. Il s'était fait plumer, à la régulière ou presque, et rentrerait chez lui pour affronter le courroux de sa dame. Ashton n'en fut pas désolé une seconde, préférant lancer à son ami un sourire faussement angélique.

« … Tu m'avancerais ? »

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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeMer 5 Sep - 13:24

J'étais tellement focalisé sur ma trouvaille et la réaction d'Ashton à celle-ci que je n'avais pas pris garde, en entrant dans la cellule, à ce que j'interrompais. J'étais bien trop occupé par mon fou rire et celui de mon ami pour noter quoi que ce soit d'autre. Aldrick lui même aurait été présent que je ne l'aurais pas vu.

Comme je m'y étais attendu, Ashton enfila sans hésitation la tenue que je lui tendais. Il s'empêtra dedans mais s'en sorti avant que je n'ai eu le temps d'intervenir pour l'aider. Comme je l'avais deviné, c'était magnifique !
Le chemisier était légèrement trop court en longueur mais ça n'était pas trop laid. L'absence de poitrine compensait sur le devant, c'était donc dans le dos, qu'on pouvait apercevoir sa peau selon ses mouvements. C'était donc sans conséquence. Les manches aussi étaient un peu courtes mais le surplus de volants et de frou-frou couvrait tout de même ses poignets. Bien que ça soit une chemise de femme, elle avait été taillée pour moi donc il n'était pas trop à l'étroit aux épaules et semblait pouvoir se mouvoir sans risquer de la déchirer.
Riant toujours, je m'approchais de lui pour mettre en place les fanfreluches et parfaire sa tenue.

« Parfois, mon ami, il ne faut pas chercher à comprendre les règles… Ca te permettra au moins de sortir du trou. Après on passera chez moi, si tu veux, je te donnerai quelque chose de plus… classique… Quoi qu'il en soit, je ne suis pas déçu, ça te va à merveille ! »

Puis vint la question des finances et c'est là que, ayant calmé mon rire, je réalisais ce qui s'était joué en mon absence. Je restais estomaqué pendant quelques secondes. Qu'Ashton ait joué à ce jeu là n'avait rien de surprenant mais qu'un policier en fonction s'y soit laissé prendre était nettement moins acceptable à mes yeux. D'un geste calme, je pris les billets des mains de mon ami et les comptais avant de les lui rendre en soupirant.

L'agent dévalisé se releva pour quitter la cellule. Il semblait mécontent mais je vis une lueur d'inquiétude quand il croisa mon regard. J'étais tout à fait capable de le mettre à pied pour un tel écart et il ne s'en était pas vraiment rendu compte, probablement à cause de la nonchalance avec laquelle j'agissais avec Ashton. Devinant que nous allions sortir, il laissa la cellule ouverte derrière lui et retourna d'un pas lent à son poste. Il sentait assurément mes yeux posés sur son dos et je le vis rentrer la tête dans les épaules à chaque pas qu'il faisait.

Quand, enfin, mon attention se reporta de nouveau sur Ashton, je laissa échapper un autre soupire. Mon expression s'adoucit et hochant la tête de droite à gauche, comme par dépit, je commentais :

« Ce n'est pas très glorieux de t'en prendre à un bleu comme ça, Ash. La prochaine fois, je te ferai mettre en cellule avec un joueur confirmé, ça ta conviendra mieux... » Puis je souris et sorti de la cellule en l'invitant à me suivre. « Allez, on va s'occuper de tes documents de sortie… »

Quand nous passâmes devant le poste du gardien, je laissais tomber d'un ton dur :

« Je suis clément pour cette fois parce que vous vous êtes trompé de cible, mais ne vous avisez jamais de recommencer, Brigadier, ça vous coûterait bien plus que 60 francs. »

Je n'étais pas naïf au point de n'avoir pas deviné ce qu'il s'était passé. Il était évident que c'était Ashton qui avait provoqué la situation mais si l'homme avait accepté c'est qu'il pensait plumer un gars déjà en mauvaise posture. C'était abuser de son pouvoir et de l'influence de l'uniforme. Et une telle attitude était en opposition complète avec ce qui était, pour moi, mon métier de policier. Qu'on se moque de moi et me traite de « chevalier roux », peu m'importait, c'était plutôt juste au final, mon métier avait bien quelque chose de chevaleresque…

Je fus surpris de me sentir essoufflé en arrivant en haut des marches. Mais entre la chaleur et mes trois nuits dans la rue, c'était probablement juste la fatigue qui se rappelait à moi après les moments de gaieté offerts par Ashton. Quand nous arrivâmes dans le hall, les regards se tournèrent vers lui avec incrédulité et je fus repris de fou rire. J'aurai pu me contenter d'un sourire satisfait mais je n'exprime pas mon plaisir à moitié, jamais. Magnifique, je l'avais bien dit ! Je chuchottais à mon ami :

« As-tu jamais fait autant d'effet à ton public ? »

Puis, avisant l'agent d'accueil :

« Pierre, pouvez vous aller chercher ma veste dans mon bureau, s'il vous plait ? »

Et je vous dirigeais vers la caisse toujours en guidant Ash. Je n'avais pas appelé de gardes pour l'encadrer, il n'était pas menotté… je n'envisageais pas qu'il tente de partir maintenant mais il était toujours capable de me faire une sale blague alors je restais vigilant. Je détournais donc son attention de toute idée idiote en lui demandant, toujours à voix basse, d'un ton provocateur :

« Au fait, comment comptes-tu me rembourser mes 20 francs? »

L'agent d'accueil revint avec ma veste (qui contenait mon porte feuille) au moment où l'agent de caisse portait son attention sur nous.

« Ashton Lyn, pour remise en liberté, s'il vous plait. »

Je poussais mon ami vers le comptoir et pendant que l'agent vérifiait son identité, sa tenue (!) et comptait ses billets, j'ouvrais mon porte feuille pour compléter la cagnotte des 20 francs manquants. Les formalités finies et les tampons apposés, nous nous retrouvâmes à l'air libre sous un soleil de plomb…

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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeSam 13 Oct - 12:47

Le ton froid, presque autoritaire que Billy employa à l’encontre de son subordonné laissa une moue surprise parer les traits d’Ashton. Pour sûr, il avait conscience de l’attachement de son ami pour son travail, ne doutait d’ailleurs pas qu’il soit consciencieux et ne remettait pas en cause la légitimité de son surnom de chevalier, mais ce sérieux semblait si éloigné de la personnalité joviale de son compagnon qu’il peinait à les associer.  C’était comme voir le soleil se draper d’obscurité. Aucun mot ne s’échappa pour autant de ses lèvres, et il se contenta de laisser son regard traîner sur sa silhouette tandis qu’il était guidé vers les escaliers.

Il avait beau se moquer de l’autorité dont il pouvait faire preuve sur ses collègues, la démarche presque tremblante de son interlocuteur, elle, ne le laissait pas de marbre. La fatigue semblait épouser le corps de l’agent de police, peser sur chacun de ses membres tandis qu’il avançait, et il ne put s’empêcher de déposer une main bienveillante entre ses omoplates. Leur montée n’était pas encore terminée, mais une inquiétude invraisemblable s’était emparée de lui et il lui paraissait presque dangereux de ne pas le soutenir jusqu’au bout. Stupide, il ne l’ignorait pas, mais l’Humain était si fragile parfois que cela l’emplissait de craintes irrationnelles. Le souffle court de Billy ne le rassurait pas plus que cela. Etait-ce donc ainsi que l’on faisait travailler les policiers ? Jusqu’à l’épuisement ?

« Billy… Tout va bien ? »

Seul le rire de son ami lui répondit, et il lui fallut quelques secondes pour en déterminer la provenance. Lorsqu’enfin son regard rencontra ceux, incrédules, des spectateurs de son accoutrement, il se laissa aller lui aussi dans une hilarité bienfaitrice. Son regard pétillait soudain, et c’est d’une petite courbette qu’il répondit à son interlocuteur.

« Ne t’ai-je pas toujours dit qu’un véritable charmeur n’avait pas besoin d’un tissus ? Bien que, je dois l’admettre, en l’occurrence, c’est plutôt l’inverse ! »

Nouvel éclat de rire, qui résonna haut et fort dans les couloirs bondés du commissariat, et il accompagna Billy jusqu’à l’entrée d’un pas enjoué, l’inquiétude précédente oubliée. Au hasard, il glissa même quelques clins d’œil malicieux, se délectant des moues dégoutées qu’il obtenait en retour. Quelle merveilleuse idée son compagnon avait eu ! Son cœur se gonfla d’un enthousiasme sans cesse renouvelé, et il ne cessa pas de sourire en arrivant au bureau d’accueil, saluant Pierre d’une main énergique.

Celui-ci s’éclipsa dans les secondes qui suivirent, parti à la recherche de la veste de Billy, et Ash put reposer son attention sur la silhouette longiligne de son ami. Ami qui ne tarda pas à glisser quelques mots taquins au creux de son oreille. Provocateurs. Un éclat de rire grave lui échappa tandis que, malicieux, son regard venait caresser celui du policier. Il se pencha vers lui, allant jusqu’à frôler son oreille du bout des lèvres, laissant son souffle agiter les mèches rousses de l’agent alors qu’il répondait d’une voix chaude :

« Et quel remboursement souhaiteriez-vous, monsieur l’agent… ? Je ne suis pas en position de vous refuser quoique ce soit, après tout… »

Cela dit, il se redressa, lui adressant une expression pétillante de provocation et d’amusement. Un éclat de rire léger s’échappa à ses lèvres, et il laissa Billy payer le restant de sa caution sans broncher. Ses yeux avaient fini par se perdre vers le dehors, ce même dehors dont il avait rêvé ces dernières heures. La lueur du soleil s’était amaigrie pendant ces quelques heures passées au trou, et il lui tardait de sentir sa caresse sur sa peau blême. Son corps se tendait vers la sortie de lui-même, trépignant d’un extérieur qu’on tardait à lui accorder, et lorsqu’enfin il en eut le droit, c’est presque en courant qu’il s’y rendit. Sa main saisit le poignet de son ami afin de l’entraîner plus vite à ses côtés, ravi de pouvoir enfin rentrer.

Un long soupir de soulagement lui échappa en sentant l’air frais du dehors fouetter ses joues, chaud autant qu’il était vivant. Ashton allait mourir de chaud dans cette chemise frivole, mais les yeux choqués qui croisaient déjà son chemin lui promettaient que celui-ci en mériterait la douleur. Mais avant cela, il était un jeu qu’il souhaitait continuer…

Le canidé se tourna avec souplesse vers son interlocuteur, l’avisant d’une expression trop espiègle pour être innocente, et il écarta les bras en signe d’abandon.

« Je suis tout à vous, monsieur l’agent… Libre à vous de me faire payer comme vous l’entendrez ! »

Pour sûr, la soirée ne serait pas ennuyeuse…

Sorry T.T:

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MessageSujet: Re: Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé   Une fois n'est pas coutume [PV Ashton Lyn][1890] - Terminé I_icon_minitimeJeu 8 Nov - 12:17

Tant que nous étions dans l'enceinte du commissariat, tant que j'étais « en fonction », quelque chose d'inconscient me faisait jouer un rôle, me donnait des limites. Bien sûr, certains pourraient trouver que même en poste (ou au poste), j'étais bien trop libéré et spontané. Mais ceux là ne connaissaient pas le vrai Billy. Ashton faisait partis de ceux qui avaient vu mes deux facettes. Il savait bien, même s'il ne le prenait pas forcément en compte, que j'étais plus réservé (si, si!) quand je portais mon masque de policier. Il m'avait vu au cabaret du Lost Paradise et dans d'autres circonstances nettement moins formelles. Il m'avait déjà de nombreuses fois plumé aux jeux et nous avions passé des soirées à errer sur les bords de Seine. Il avait bien vu que je n'étais pas un policier à plein temps. Il n'y avait bien que Ashton qui me parlait comme à l'homme libre que j'étais quand j'étais en fonction. Pour lui, le titre, le grade, l'uniforme (que je ne portais d'ailleurs pas) n'avaient aucune importance. Et ce jour là, la fatigue ne m'aidait pas à garder cette limite. Alors quand nous sortîmes, quand l'air frais fouetta mon visage et ébouriffa mes cheveux (qui n'en avaient pas vraiment besoin), quand j'eus officiellement quitté mon poste pour la fin de la journée… la dernière digue de raison dû céder. La fatigue m'avait probablement vaincu. C'était la seule explication possible…

Ashton m'avais tiré dehors, courant presque, et je m'étais laissé entraîner, amusé par sa joie et sa spontanéité, comme souvent avec lui. Quand il me lâcha, légèrement essoufflé, je m'appuyais au mur du commissariat et le regardais savourer sa liberté retrouvée et les regards des passants sur lui. Mais voilà qu'il se tourna vers moi et, les bras écartés, s'offrit à moi. Pourquoi mon esprit embrouillé fut incapable d'imaginer autre chose, je l'ignore, mais l'image qui me vint à l'esprit était sans équivoque… et sans vêtements…

Je sentis une vague de chaleur traverser mon corps et ça n'avait rien à voir avec le soleil ou la température de l'air. Une boule se forma dans mon ventre et se dirigea vers le bas sans que je ne pusse rien contrôler. Par chance, la tenue que je portais n'était pas trop ajustée. Brusquement, pris d'une impulsion, je me mis en mouvement. C'était inconscient, mon corps bougeait par réflexe. J'attrapais le poignet de mon amis et le tira vers moi pour le faire tourner autours de moi jusqu'à ce qu'il se retrouve dos au mur. Mon bras libre vint barrer son torse alors que ma prise sur son poignet se fit plus ferme. Je m'appuyais sur lui, l'immobilisais, une jambe coincée entre les siennes comme je l'avais fait déjà de nombreuses fois avec des truands. Je plongeais mon regard dans le sien. Maudits centimètres qu'il avait en plus de moi.
Ce n'était pas calculé mais avec du recul je sais que j'avais confiance en la curiosité naturelle d'Ashton pour qu'il attende ce que j'allais faire et ne me rejette pas brusquement, m'humiliant devant mes collègues. Pourtant, aussi frêle que semblait être son corps, je n'avais aucun doute sur le fait qu'il n'aurait eu aucune difficulté à se défaire de mon emprise.

« Ash, sérieusement... »

Voilà encore une preuve que je n'avais pas toute ma raison, ce mot ne fait pas parti du vocabulaire de mon ami. Incapable de soutenir davantage son regard, je laissais dévier le mien vers ses lèvres et son cou tatoué. Je soupirais, n'ayant aucune conscience que mon souffle caressait sa peau. Et d'une voix nettement moins assuré, je terminais ma phrase :

« Je suis trop fatigué pour résister encore longtemps à la tentation... »

Je ravalais une dernière supplique. Du moins le croyais-je. Avais-je prononcé ce « s'il te plaît, arrête » que mon cerveau hurlait ? Je l'ignore. Mes yeux parlaient-ils pour moi ? De toutes façons, demander à Ashton de ne pas faire quelque chose… n'est-ce pas la meilleure manière de s'assurer qu'il fasse cette chose ?

Le contact de sa peau, de son corps, de son souffle, de sa chaleur… Tout ceci allait me rendre fou et je n'arrivais pas à effacer les images qui volaient devant mes yeux. Pour les chasser, pour chasser ce moment étrange, je secouais la tête et relâchais mon emprise sur lui, me redressant et m'éloignant d'un pas. Puis, après un dernier regard dans ses yeux, je me détournais et me dirigeais vers la route avec un geste de la main qui voulait dire quelque chose comme « oublie ça » ou « passons à autre chose ». Hélant un fiacre, au summum de l’inconscience, je lui lançais :

« Viens donc plutôt boire un verre à la maison »

Un véhicule s'arrêta à ma hauteur et j'y grimpais en donnant l'adresse. Je m’effondrais sur une banquette et fermait les yeux dans un soupire de bien être. Ashton me suivrait-il ?
En fait, ça ne faisait aucun doute…


A suivre:
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