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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Quand les As piquent ll PV Ed ll

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Frédéric Lenoir
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Frédéric Lenoir

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MessageSujet: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeJeu 3 Aoû - 18:15

Un coup assourdi par des vêtements, du sang s'échappe de lèvres entrouvertes et s'écrase au sol. Deux mains tentent de protéger un visage qu'il connait par cœur tandis qu'une bottine attaque violemment un ventre semblable au sien et Fred sent son âme s'embraser. Il n'a jamais couru aussi vite de sa vie.
Tandis qu'une planche en bois s'élève dans les airs, prête à s'abattre, c'est à peine s'il sent la douleur de son poing contre un visage dont il ne retient rien, dont l'arcade sourcilière se fend.
En un instant Frédéric est sur le deuxième assaillant, lui arrachant la planche des mains.
En un instant, Morgan est debout . Il sait qu'il ne faut jamais rester à terre. Frédéric, lui, frappe avec la planche le visage du même type, puis il projette d'un mouvement de bras de la sciure perdue sur une caisse de la ruelle vers les inconnus. Elle ne devrait pas former un nuage si opaque ni piquer autant les yeux, mais Fred ne réfléchit pas.
En un instant tout est fini, mais ce fut un instant trop long.
Les frères se sont enfuis dans une ruelle laissant leurs attaquants les chercher dans une autre en jurant. D'un moment à l'autre ils pourraient débouler juste derrière eux.
Les jumeaux ont compris tous deux qu'il n'existe plus de sécurité. Pas tant qu'ils ne seront pas rentrés.
Et c'est sa faute.


Il a commencé par de petits jeux : la bataille, le rami, le pouilleux... Des jeux inoffensifs avec les collègues d'abord, avec les clients ensuite. Il jouait avec Llewyn, avec quelques habitués discrets qui savaient s'amuser entre les spectacles sans détruire l'ambiance feutrée du cabaret. M'sieur White les laissait faire : les cartes sont silencieuses et peuvent s'arrêter le temps d'un spectacle. Les clients restaient plus longtemps.

- Attends ! Attends...
Le mage s'arrête, scrute son frère dont il tient la main.
- Y m'a tordu le pied...
Freddy ne répond pas. Il sait. Il ne sait pas comment mais il sait comment ils ont fait. Son frère a voulu courir et ils l'ont piégé. Il est tombé. Il a eu mal. Son genou est enflé, sa cheville fragilisée. Fred surveille les environs et passe son bras sous l'épaule de son frère ; ils avanceront ensemble. Son visage demande « ça va ? » et Morgan répond oui.
Ils doivent partir d'ici. Rentrer au cabaret où tout a commencé.

On ne peut pas dire qu'il se soit mis à parier dans l'idée de se remplir les poches. Il a beau savoir qu'il est doué, Frédéric gagne bien sa vie au cabaret. Il n'a pas besoin de ça.
Mais il y a quelque chose d'enivrant à parier un pécule et à manoeuvrer entre les manches. Sans trop s'en rendre compte lui-même, le Feu Follet s'est forgé une réputation de bon joueur et de bon camarade. On se dispute peu, à la table du Follet : car il est assez malin pour perdre quand il le faut.
Mais il y a toujours des imbéciles pour se vanter, pour s'inviter à des tables où on se passerait bien d'eux. Des joueurs comme ça qui vous ruinent une soirée, Fred les éjecte en un tour de quatre manches. Ils s'en retournent avec cinq sous de moins et l'impression d'en avoir gagné dix en s'étant bien amusés. Fred peut continuer sa soirée tranquille avec les bons joueurs.  
A force de jouer comme ça dans son cabaret, il fallait bien que le Patron lui en parle un beau jour.
L'ardennais ne s'était pas attendu à ce qu'il lui en parle en lui filant une mise et en lui donnant la liste des mauvais payeurs du cabaret.

- Fred ! Mais arrêtes-toi bordel !
Le mage sursaute. Il est trop angoissé, il marche trop vite pour Morgan. Soudain il se sent honteux et zieute les environs pour faire bonne mesure. Morgan, les yeux humides et le regard noir, s'assied au bord d'une fontaine en coin de mur. Il souffle un peu.
- Tu sais pour quoi c'était.
Ce n'est pas une question.
- Y m'ont app'lé Follet.
Fred inspecte le bout de ses chaussures, énervé mais repentant. Il a hâte de rentrer, voudrait être une souris, mais se sent comme un rat. Morgan est énervé.
- C'tait pour quoi, bordel ?!
- Qu'est-ce y t'ont dit ?

----------------------------------------------------------------------------------------------


Quand ils poussent enfin la porte du cabaret, Morgan va déjà mieux mais les jumeaux sont d'humeur massacrante.
Fred, pour la forme, le soutient jusque dans l'entrée mais il sait que son frère n'a déjà plus si mal malgré ses ecchymoses au ventre, sa jambe et sa lèvre fendue. C'est surtout l'expression de l'hydre qui l'inquiète : il ne dit rien, a bien évidemment les larmes aux yeux mais son regard est dur. Il lui en veut, il en veut à la Terre entière.
Lui même rêve d'un bain, d'une machine à remonter le temps et d'une bombe nucléaire. Il n'a pas conscience de son propre regard qui pourrait abattre un buffle à deux cent mètres ni de leur aspect débraillé à tous deux.



Tidoum:

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Dernière édition par Frédéric Lenoir le Ven 5 Oct - 4:22, édité 1 fois
Edward White
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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeDim 13 Aoû - 11:52

Dimanche.

Ce jour-là les passions n'embrasent pas le Lost Paradise. Le rideau de velours reste tiré sur la scène déserte, qui n'accueillera aucun artiste. La salle de réception est vide, comme assoupie. Aucun bruit de verres qui s'entrechoquent, pas le moindre souffle émerveillé. Les silhouettes que l'on croit surprendre ne sont que celles des chaises renversées sur les tables. Les coulisses ne bouillonnent pas de plumes et de strass, aucun fumet savoureux n'enveloppe la cuisine. Il faut monter à l'étage pour retrouver un peu de la vie qui anime habituellement les lieux, ou alors en pousser la porte et se laisser happer par la jungle parisienne.

C'est ce qu'a fait Edward.

L'après-midi est largement consommée lorsqu'il quitte une petite impasse de l'Île Saint-Louis. Il est nerveux, réajuste ses gants après avoir fermé trop violemment une porte déjà branlante et enfourne ses mains dans les poches de son manteau. Il s'engage dans la rue voisine. Il sort de la Curia. Cela fait presque trois semaines qu'ils sont sur la piste d'un groupe de légendaires, une bande de voyous prêts à travailler pour n'importe qui pour un peu d'argent. Trois semaines qu'ils entassent les indices sans parvenir à les identifier. Ils en sont réduits à attendre. Mais Edward déteste attendre.
Le bruit du verre contre son pied lui fait baisser la tête. Une bouteille pivote lentement au contact de sa chaussure. Elle l'aurait traité de « sale chien » que son regard pour elle n'aurait pas été plus enragé. Le loup sert les dents et ses muscles se crispent. Il ne retient pas son coup. Le flacon s'envole et explose contre le mur le plus proche sous le regard apeuré d'un passant. Le pauvre homme n'ose pas pousser un cri et laisse la silhouette immense et agitée du loup blanc s'éloigner en direction des quais.

Il met à peine dix minutes pour retrouver la découpe familière des bâtiments de la rue Saint-André des Arts. La rue est calme, presque morte. Le petit Arthur n'est pas là pour vendre ses journaux, il ne  verra pas Edward pousser d'un coup de pied furieux la porte de son établissement. Il ne le verra pas non plus s'arrêter brusquement dans l'embrasure tandis que le lourd battant se referme derrière lui.
Le pan de bois claque, le bruit résonne dans le hall. Il précède un silence aussi soudain que pesant, tombé sur un trio imprévu.

Edward fait face à Frédéric et Morgan.

Morgan est blessé. Son regard glacé passe rapidement de son supérieur à son frère. Il s'y attarde longuement, se durcit encore. Le visage de Frédéric n'a rien à envier à celui de son jumeau. C'est suffisant. Edward a compris.
Un frisson de rage lui remonte l'échine. Dans ses poches, ses poings se serrent au point de faire blanchir ses jointures. Sa respiration s'accélère l'espace d'un instant, mais il se reprend aussitôt. Il ferme les yeux, compte jusqu'à dix pour retrouver un semblant de calme et ordonne l'instant d'après :

Morgan descendez à l'infirmerie.

Il lit une seconde de la surprise dans les iris de l'hydre, puis une formidable opposition semble le submerger. Edward y coupe court et le devance :

Je m'occupe de Frédéric. Descendez. Qu'importe votre capacité de soin. Je veux être certain que vous n'avez rien.

Il lui fait signe d'un signe de tête de déguerpir. Il n'acceptera pas un refus. Le jeune homme le sait et se résigne après avoir grommelé quelques mots à peine audibles. Il n'a même pas un regard pour son frère et quitte les lieux en claquant la porte menant à l'infirmerie. L'écho se fait entendre jusque dans le hall où Edward est resté seul avec Frédéric. Il toise le cracheur de feu de sa haute silhouette, mais le regard intransigeant qu'il a eu pour Morgan a laissé place à une colère sourde mêlée à une compassion immense.
Edward se sait coupable, mais il y pensera plus tard. Pour l'instant tout ce qui lui importe, c'est de réparer cette injustice. Il sait qu'une seule solution s'offre à lui, pourtant les premiers mots qui quittent ses lèvres ne font que trahir l'aigreur qu'il ressent :

Ils paieront.

Puis l'interrogation tombe, sèche et tranchante :

Qui sont les fils de chien qui ont fait ça ?


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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeMar 15 Aoû - 12:12

Le fracas de la porte ouverte avec violence derrière eux les fait sursauter en même temps, prêts à se défendre. Qui oserait les suivre jusqu'ici ?!

Le visage du Patron les fige tous deux, puis les détend. Partiellement. Cet homme est comme un livre ouvert, ses expressions passent sur son visage comme sur celui de Morgan : à la vitesse de la pensée, disponibles à l'interprétation de chacun et rarement expliquées sauf pour ceux qui le connaissent. Or les jumeaux le connaissent relativement peu malgré tout.

Comme le garou ferme les yeux, un instant Frédéric craint qu'il ait mal interprété la situation. Morgan est blessé. Les jumeaux sont clairement énervés tous deux et le regard de l'hydre est si froid que son coeur se glacerait bien. Il va croire que c'est Fred qui l'a frappé. Ça arrive bien parfois, ils se battent comme des frères, c'est de "leur" âge...
Mais tant que le boss a les yeux fermés, ils ne disent rien. Ils ont appris à connaître le Patron et ses colères. Ils sont dans la mouise.

- Morgan descendez à l'infirmerie. Je m'occupe de Frédéric.
- Patron, c'pas m- tente Fred d'une petite voix.
- Descendez.

Le silence qui suit le départ de Morgan est pesant pour le cracheur de feu qui met ses mains dans ses poches d'un geste vif, en soupirant. Morgan n'a même pas eu un regard pour lui. Même pas une pensée d'inquiétude pour son sort. Il aurait dû s'en douter mais ça fait mal quand même. Et tout ça de la faute des brutes sans cervelle qui l'ont attaqué, de l'homme immoral qui les a sûrement payé pour ça.

Fred est agacé tout à coup : n'a pas de temps pour ça. Il n'a de temps pour rien de tout ça ! Pas le temps pour expliquer au Patron que JAMAIS il ne mettrait son frère dans cet état, lui !
Pour ne pas que le patron pense que sa colère et son agacement sont réellement dirigés vers lui, le jeune homme lance son regard noir vers ses pieds.

Ils paieront.
Fred s'étonne visiblement. Levant le regard, il découvre dans les iris dépareillés d'Edward White de la colère, oui, mais aussi une sorte de... d'empathie ? Comment a-t-il pu deviner si rapidement ?

Soulagé, mais pas apaisé pour autant, son regard se fait un peu moins ardent tandis qu'il explique, sa voix plus grave qu'à l'accoutumée et presque aussi accentuée qu'à son arrivée dans la capitale.
- Z'ont pas dit d'noms mais j'pense que j'sais qui c'est : y pensaient qu'il était moi et y l'ont traité d'pouilleux. 'lui ont dit qu'y pourrait moins bien jouer à des jeux d'rosbiff à c't'heure.
Farfouillant sa poche droite, il en sort une carte abîmée qu'il tend à son supérieur.
- C't'un valet d'pique. Y'a qu'un gars qu'a joué au pouilleux et au Whist et qu'j'ai ratatiné avec un valet d'pique : c'est l'aut' enfariné d'mardi dernier qu'avait pas payé d'puis trois mois, savez ? Le fils à l'aut' vieux riche qui bave d'vant Eglantine dès qu'elle montr' une gambette. Il a un nom à coucher dehors. Doit avoir la vingtaine.

Pensant voir de la recognitions dans l'oeil du loup, il poursuit  en agitant un bars, l'autre toujours dans sa poche.
- Bah c't'homme-là j'y ai fait payer un bout d'son dû pis y'est rev'nu m'y voir plus tard pour s'refaire, qu'y disait. J'y ai dit non mais y rev'nait toujours alors j'y ai fait payer l'rest' d'son ardoise. J'y ai bien expliqué qu'c'était pour l'établiss'ment, comm j'fais toujours. L'a pas eu l'air d'le prendre pu mal qu'tous les autr'...
Il soupire, agacé.
- Mais j'vois pas qui ça peut êt' d'aut', j'joue jamais au pouilleux pour régler les ardoises sauf quand on m'le demande.

Laissant passer un moment, il finit par hausser les épaules. Il y a réfléchi tout le reste du trajet depuis la fontaine où Morgan lui a tout expliqué jusqu'à l'entrée du cabaret. Rien que d'y repenser, il sent son sang qui se remet à bouillir.
Sans attendre de réaction du Patron, il s'emporte soudain et se met à expliquer l'attaque en elle-même avec un accent impossible et un débit de paroles inédit : qu'ils étaient ensemble ce matin à profiter d'un parc et se sont séparés chacun de son côté, la façon dont les attaquants ont dû suivre Morgan à la sortie du parc avant de le coincer dans la rue étroite près de la bijouterie. Comment il a su que quelque chose clochait, a retrouvé son frère et l'a sorti de là avant qu'ils ne s'enfuient.

Dans le silence du cabaret, l'histoire semble résonner. C'est comme si le bâtiment lui-même ne souhaitait pas qu'il y ait de témoins à l'aveu de Freddy. Dans le silence du rez-de-chaussée, la culpabilité et la colère de Fred grandissent. Il les redirige toutes vers les hommes sans honneur qui ont osé toucher Morgan. Jamais, jamais il ne pardonne ceux qui frappent son frère.

Tapant du pied contre la base de l'escalier, il jure et conclut :
- L'auraient mis en morceaux si j'étais pas revn'u. Y sont même pas foutus d'reconnait' des frangins qu'on mêm' pas les mêm' yeux !

C'est du bruit à l'étage qui le fait se taire. Il n'a pas envie d'un public imprévu. Savoir que Morgan lui en veut, que Morgan - par sa faute - s'est fait attaquer par ces...! Bayard, il n'a pas besoin d'un public supplémentaire.

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeDim 20 Aoû - 19:26

Edward écoute.

Il a déposé son chapeau sur le comptoir des vestiaires avant de défaire les boutons de son long manteau. Il ne l'enlèvera pas. Il ressortira bientôt, il le sent.
Au fil du récit de Frédéric, ses mains immenses se crispent sur son col ou sur sa cravate qu'il serre ou desserre nerveusement. Un valet de pique termine entre ses doigts, il a du mal à ne pas le broyer. Pourtant, il parvient à retourner la carte et sa mâchoire se serre pour retenir un juron lorsqu'il  découvre le dessin au dos. Ce sont les armoiries d'un petit vendeur de jouet dont l'échoppe fait l'angle en face du jardin du Luxembourg. Tous les jeux de cartes du Lost viennent de là bas.
Le mage fait part de ses soupçons, le flaire du loup les confirment. La carte empeste une eau de Cologne à base de musc et de girofle, parfum hors de prix que seul un riche idiot gaspillerait en s'en aspergeant à foison. Cet idiot, Edward le connait.

Aristide.

Aristide Cachon de Torthowald. « Cochon » serait plus juste. Dernier né d'un riche industriel récemment anobli, ses six sœurs lui donnent les pleins pouvoir sur ses parents qui plient à la moindre des volontés de cet exécrable, mais unique héritier mâle.
D'abord bon client du cabaret, payant rubis sur l'ongle ses tournées, ses avances forcées à une artiste lui ont vite fait découvrir la dureté des semelles de Snorri lorsqu'elles sont assénées aux fessiers mous des oisifs. Il s'est vengé de cet outrage en empilant ses ardoises. Edward les a effacées en confiant son sort à Frédéric. La suite, le loup blanc l'a devant les yeux.

Le mage lui raconte l'agression. Il est en colère, une colère qui monte au fur et à mesure qu'il se souvient. Edward le sait. Entre ses doigts, le valet de pique n'est plus qu'une boule de papier froissé. Lui aussi, il enrage.

Du bruit se fait entendre à l'étage. Le maître des lieux prend brusquement conscience qu'ils sont toujours dans le hall, n'importe qui pourrait entrer ou sortir par là. L'endroit n'est pas approprié pour la discussion qui s'annonce. Il fait signe à Frédéric de le suivre et, une minute plus tard, il referme sur eux la porte d'une salle privée.
Cette fois, le silence ne dure pas. Edward est agité et, à peine a-t-il fait claqué le battant qu'il reprend le plus calmement possible :

Que ce soit clair Frédéric, vous n'y êtes pour rien.

Il cherche ses mots et cela se voit. Les longs discours réconfortants ne sont pas pour lui et il a autre chose en tête. Une chose bien plus discutable dont il ne doit pas parler au jeune mage. Les syllabes lui brûlent pourtant les lèvres. Après tout, ce serait mérité. Ce serait juste. Le poing du loup blanc se serre et il se pince les lèvres. Il veut être responsable, vraiment.

C'est moi qui vous ai demandé d'user de votre talent aux cartes pour me débarrasser des mauvais payeurs. Vous n'avez fait qu'obéir. L'attaque d'aujourd'hui… C'était imprévisible.

Et puis, merde.

Mais pas irréparable.

Il ne peut pas écarter Frédéric. Pas après ce qu'ils ont fait à Morgan.

Edward se rapproche de la fenêtre. Elle donne sur l'arrière court du cabaret. L'endroit est vide, à l'exception de l'un des chats de Snorri. Habituellement, il ne se prive pas d'une remarque désagréable sur la race féline, mais cette fois, rien. Il y a plus important. Le loup blanc se retourne vers Frédéric et reprend la parole, un ton plus bas. Il lui explique brièvement qu'ils sont seuls, car la partie de carte n'était pas légale et qu'il leur est donc impossible de faire appel à la police. Il ne le dira pas à haute voix, mais de toute façon, il n'en a pas envie.
Il se tait une seconde, semble réfléchir et ajoute qu'il est libre de refuser la proposition qu'il va lui faire. Il est sérieux, un peu nerveux, mais une pointe d'excitation embrase ses iris. Lorsqu'il poursuit, il fait face au jeune artiste :

Aristide recommencera. Sauf si on l'arrête, lui et ses chiens galeux.

Heureusement pour eux, la réputation sulfureuse du fils à papa leur a laissé profusion d'indices. Le dernier dont Edward a souvenir date de mercredi, autour des habituels cancans des sœurs Jacasse. D'après elles, le « Cochon » s'échoue régulièrement chez le Père Lunette avec d'autres petits aristocrates tous gonflés des plus mauvais alcools de la capitale. Le bouge n'est pas très loin, la piste fraiche, inutile de perdre plus de temps.
Le loup jette un coup d'œil à la pendule sur sa gauche. C'est parfait. Les tripots et les bars les moins fréquentables de la capitale ne vont pas tarder à ouvrir. Une seule question reste en suspens.

Prêt à enfiler vos plus belles loques Frédéric ?

Si vous cherchez un gérant sage et diplomate, il n'est définitivement pas au Lost Paradise.

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeMar 12 Sep - 14:48

A peine le loup a-t-il fermé la porte et ouvert la bouche, Frédéric, son inférieur, le contredit d'un reniflement insolent. Bien-sûr qu'il y est pour quelque chose, qui pensent-ils tromper ?

Son chef est agité et pour un peu, il rendrait presque Fred plus nerveux qu'il n'est déjà, si c'était possible. Dans l'état des choses, le Noireaud est une véritable boule de nerfs. Debout dans la salle privée, il "pestelle", piétine sur place ; croisant et décroisant les bras, il fixe son regard noir sur la silhouette de son supérieur en attendant qu'il parle. Son aura entière crépite autour de lui, il le sait bien ; il la contient.
C'est seulement en cet instant qu'il comprend le but de la phrase précédente. Le Boss ne lui en veut pas. Il est de son côté.
Bien, c'est déjà ça. Une épine de moins dans le pied... éventuellement.

– (...) L'attaque d'aujourd'hui… C'était imprévisible.
Là, il ne peut s'empêcher une marque de désaccord, un reniflement moqueur lui échappe ; il marmonne :
Bien sûr qu'c'était prévi-
Mais pas irréparable.

Le jeune se tait, intrigué. Son énergie change et ça se sent autour de lui : il est soudain intéressé, debout les bras croisés, son regard croise enfin celui du chef qui se retourne.
Bien sûr que la police est hors de question... Voilà pourquoi la situation lui a noué les tripes dès le moment où il a compris que l'attaque n'étais pas un hasard des rues : s'ils ne font rien, Aristide aura gagné à la fois le droit de ne plus payer ses ardoises, mais aussi celui de tabasser qui il veut, quand ça lui chante. Fred ne peut pas laisser faire ça. D'un autre côté il n'a pas assez de force en tant « qu'humain » pour se défendre face à toute une bande et il ne peut pas décemment mettre le feu aux gens – fussent-ils des coupe-gorge – en plein Paris sans attirer ladite Police et toute la Curia par derrière.
Il relève les yeux tandis que le garou se tait.

Aristide recommencera. Sauf si on l'arrête, lui et ses chiens galeux.

L'humeur de Fred ne s'arrange pas. « Merci Patron » a-t-il envie de dire, « Et que proposez-vous qu'on fasse ? ».
Il ne dit donc rien pendant qu'Edward expose son "plan" - tu parles d'une stratégie, à peine parle-t-il d'un lieu. Mais Fred s'en contrecarre. La vérité c'est qu'il a envie de leur faire la peau. Tous autant qu'ils sont il a besoin de les confronter : ils ont touché à son hydre et ça, c'est le pire crime qui soit dans l'esprit hybridé du Follet.

Il se contente d'acquiescer à la question finale, d'un calme qui lui ressemble peu tandis qu'il sourire en coin se dessine sur son visage. Ses yeux sont des brasiers fixés dans l'étrange regard du Loup. Finalement, il lâche :
- Sauf vot respect Patron, j'crois pas ça lui suffise qu'on vienne la bouche en cœur pour y compter fleurette. C't'un gamin d'riche qui fait c'qu'y veut. Franch'ment si j'vois sa tête d'Endimanché c'est plutôt un bon bouquet d'ronces qu'j'aurai envie d'y flanquer à la tronche. Et avec un ou deux pains en prime si j'pouvais faire c'qui m'chante.

Par mimétisme il jette lui aussi un regard à l'horloge. S'ils veulent y aller c'est maintenant... Frédéric n'a jamais été réputé pour rester longtemps sur une indécision. Il se dirige vers la porte et en serre la poignée avant de lancer un regard à la fois excité et décidé à l'homme qui l'a embauché il y a tant de mois déjà.
- Tout ça pour vous dire que j'vous promet pas d'me souv'nir d'mes manières quand on y s'ra.

----

Quand il redescend de sa chambre, débarbouillé à la hâte et rhabillé pour l'occasion, Fred a l'esprit plus clair. Morgan est revenu de l'infirmerie en un seul morceau et il n'ont pas parlé. Entre eux, c'est un autre dialogue qui s'est instauré, silencieux. Chez les hydres, peuple solitaire, quand l'un d'eux est blessé et crie à l'aide c'est toutes les hydres à portée de cri qui viennent le défendre. C'est une question de survie car leur peuple se fait rare. Au sein d'une même famille, l'hargnieuse défense qui en découle est instinctive. Or, Frédéric est Morgan, Morgan est Frédéric, si l'un d'eux est blessé, l'autre réduit en cendres celui qui a fait ça. Par ailleurs, Frédéric qui est né Lenoir, a été éduqué sous une maxime supplémentaire : si tu sème la tempête, fortifie ta maison. Il n'a pas fortifié, mais il peut réparer. Après ce soir, les frères seront donc quittes.

En sortant du cabaret et tandis qu'il emboite le pas à son Patron dans le chemin qui les mènera au bouge, il jete des coups d'oeils aux entrées du cabaret mais n'y voit aucun des hommes qui ont coincé son frère.
Il se rassure un peu et s'apprête à faire face.

- C'est quoi comme genre de bouge, le truc où on va ?

Si vous cherchiez un employé calme et fin stratège, il n'est certainement pas cracheur de feu au Lost Paradise.

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeDim 17 Sep - 14:52

Un homme patiente adossé sous le porche du Lost Paradise. Les ombres des bâtiments le dévore et seule une lumière timide laisse deviner sa stature hors norme. Grand, pour ne pas dire immense, l'angle sérieux de ses épaules se distingue malgré le manteau ample qu'on lui devine. Le col est relevé, sa figure baissée, si bien qu'avec son chapeau enfoncé sur sa chevelure sombre, il est impossible de deviner ses traits. Pourtant il sourit. Edward sourit.
Frédéric a filé sans qu'il lui souffle le moindre mot, mais l'ardeur de ses propos l'amuse encore. Il y sonnait comme une mise en garde, pas pour lui bien sûr, quoi que. Le loup blanc ne serait pas étonné que le cracheur de feu s'inquiète des retombées de leur petite escapade sur son établissement. « J'vous promet pas d'me souv'nir d'mes manières. » Naïf petit mage. Comme si tu allais pouvoir frapper le premier. Un rire, léger mais perceptible, secoue les épaules d'Edward au moment où la porte du cabaret se referme sur la silhouette énergique de l'artiste. Ils se mettent en route.

Edward lui indique d'un signe de tête la direction de la place Saint-Michel. Il enfonce négligemment les mains dans les poches de sa veste et cale, sans trop de mal, son pas de géant sur celui de son employé. Frédéric interroge, Edward répond :

Nous allons rue des Anglais, au « cabaret »… Le mot lui écorche la gorge. Du Père Lunettes.

Il fait un écart pour éviter l'étalage d'un marchand de vin qui s'étend jusque sur le trottoir, jette un coup d'œil à Frédéric et poursuit du même ton dégouté :

C'est l'ultime étape de la tournée des grands-ducs. Une sorte de rituel auquel s'amuse certains aristocrates. Avides de se vautrer dans les bas-fonds de la capitale, ils errent de bouge en bouge et terminent ivres chez le Père Lunettes où ils se font dépouiller par les voleurs. Aristide serait de ces poivrots.

Edward s'arrête en atteignant le boulevard Saint-Michel. La circulation y est plus dense et l'attelage d'un cab renâcle à son approche. Les animaux sont moins stupides que les humains. Ils sentent le prédateur, ce loup enragé dont le sang boue un peu plus à chaque secondes perdues. Par réflexe, il retient Frédéric. Le cocher prend le temps de calmer son cheval, mais ce dernier n'accepte d'avancer qu'après un écart visible sur la chaussée. Brave bête. Elle a tout compris. La traque reprend. Le lycanthrope accélère le pas sans s'en apercevoir, si bien que quelques minutes suffisent pour atteindre leur but.

D'un mauvais goût…

Une façade d'un rouge criard s'élève jusqu'au second étage et tranche avec les vitrines sombres des deux échoppes qui l'entourent. L'enseigne est inratable. D'un jaune vif et provocateur, la paire de lunettes éclipse le lettrage noir qui surmonte l'entrée. La tension monte chez Edward, mais l'excitation la surpasse. Il n'hésite pas, pourtant une exclamation étouffée l'arrête.
Trois secondes s'écoulent. Soudain la porte écarlate vole sur ses gonds au point de faire chanter le verre. L'établissement crache deux hommes sur le pavé. L'altercation est aussi grossière que violente. Un premier coup part sans faire mouche, le second est le bon. L'un des hommes tombe à terre rapidement rejoint par son agresseur qui beugle à n'en plus finir. Les employés et les clients du Père Lunettes tardent à intervenir. Une femme crie un peu plus loin dans la rue, une passante sans doute, à qui la panique a pour l'instant coupé toutes ressources. Edward peste. Ce n'est vraiment pas le moment.

Si personne ne les sépare pas, ces corniauds vont alerter la police et on pourra dire adieu à notre proie.

Les choses se corsent. Le plus en difficulté des deux vient de sortir un couteau. Son opposant est contraint de le relâcher et s'écarte vivement. Son dos se heurte un troisième homme qui sort tout juste de l'échoppe. Débraillé, le col tâché de vin, sa petite taille dissimule une solide gabarit dont l'étreinte se referme immédiatement sur l'inconnu. Le prisonnier se débat comme un beau diable,  ses exclamations enflent à mesure que la lame se rapproche.

Hé ! Vous vous croyez où ?!

L'arme se fige, les regards se braquent sur eux. Bien. Au moins ils ont gagné un peu de temps !

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeSam 24 Fév - 11:33

Frédéric, calant son pas à celui du Patron, laisse s'échapper un reniflement de mépris à la description du bouge. Qu'Aristide le Cochon se fasse dépouiller en fin de soirée ne l'étonne guère car il est mauvais joueur et bon perdant : l'argent n'est pas un problème pour lui, il peut se permettre des soirées de débauche et de poker - il s'en est d'ailleurs bien vanté. Ça ne l'a pas empêché de perdre à un jeu aussi idiot que le pouilleux face à un 'gamin' de dix-huit ans.

C'est à peine si Fred note l'épisode de l'attelage. Dans son esprit, il tente de revoir le visage des imbéciles qui ont attaqué son frère. Sur le moment, il s'est contenté d'écarter la menace, faisant face à leurs silhouettes sans prendre garde à leurs traits. Il ferait mieux de ne pas les confondre. Malheureusement pour eux, le souvenir de l'attaque est aussi éclatant qu'un bon feu dans l'esprit hybride du Lenoir. Si sa mémoire l'avait déçu, il aurait toujours pu faire appel à celle de son frère. Ses pensées sont peu à peu évincées par la nécessité de maintenir son pas calé dans celui de son gigantesque employeur. Dans un coin de son esprit il ne peut s'empêcher de noter la magistrale colère qui semble habiter celui-ci. « Y nous avait pas menti... » se dit-il « Quand y nous a embauché en jurant sa protection. Il avait pas menti. ».
D'un mauvais goût…
Le mage ne peut qu'acquiescer. D'une voix qui laisse entendre sa mauvaise humeur, il commente toutefois :
- Au moins on peut pas dire qu'ce soit dur à r'pérer.
Ce qu'il note surtout c'est l'étroitesse de la façade. Ce doit être un bouge tout en longueur. Pas facile de s'y battre sans risquer la mêlée. Encore plus dur d'en échapper. Il n'espère pas y croiser Aristide tout de suite : il ne pourrait pas s'empêcher de lui sauter à la gorge...
Expirant longuement, il tente de se calmer. Peine perdue, la scène qui suit n'est pas propice à la méditation.
Hé ! Vous vous croyez où ?!
Les trois gaillards se tournent vers les intrus, se demandant lequel des deux a parlé. Contre toute attente, celui qui retient le prisonnier part d'un grand rire imbibé :
- Bah au Père Lunettes, va !
C'est alors qu'un visage plus âgé orné de lunettes jaunes surgit de la masse de visages encadrant l'entrée grande ouverte. De l'intérieur s'élève une remarque :
- Bah quand on parle du loup !
Le jeune mage malgré son agacement retient un regard amusé au seul loup des environs et se concentre sur le désigné tenancier. Celui-ci, d'un regard sévère annonce :
- Pas d'ça chez moi, messieurs.
- C'est pas chez toi, c'est la rue !
Le regard se durci :
- Vous êtes sur mon porche ce qui revient au même. Ma devanture est assez rouge comme ça et nous avons des témoins.
Les regards, à nouveau, se portent vers le duo mal assorti du géant à haut de forme avec son jeune et sec acolyte plantés au milieu de la rue. La femme à l'autre bout semble s'être enfuie prévenir la police. Avant que le patron n'intervienne, le mage se force à sourire.
- Plutôt des clients, en fait. Si ça vous dérange pas d'passer un p'tit coup d'balais sur ces trois-là, histoire qu'on atteigne la porte...
Autant les éloigner au plus vite. Si la maréchaussée s'en mêle effectivement, autant dire adieu à la vengeance. Sa propre colère n'est d'ailleurs pas apaisée, cependant il espère que son regard courroucé donnera corps à ses propos. S'il tenait un cabaret, lui, il n'hésiterait pas à écarter les poivrots dangereux pour faire entrer des clients tout frais aux poches pleines. Des ricanements apaisent la situation tandis que l'équivalent Père-Lunettien de Snorri, en jupons et décolleté, a tôt fait de calmer les ardeurs en apportant sur un plateau de bonnes bières pour chacun des troubles-fête. Le couteau est rangé, les verres vidés et la jeune serveuse emmenée au bras du coupe-gorge dans le fond de l'établissement. L'homme qui a failli finir troué est lui poussé de côté. Trop heureux de s'en sortir à si bon compte, il se redresse, chancelant et s'éloigne sans dire un mot. Planté au milieu de la rue, Frédéric retient un haussement de sourcil. Quand il parlait d'un bouge mal famé, le patron ne mentait pas. En aparté, il souffle :
- Quand vous parliez d'mauvais goût...
Son regard reste cependant déterminé, tandis qu'un jeune homme large d'épaule les apostrophe :
- Messieurs, le premier verre est offert. Si vous voulez toujours entrer...
Frédéric, finalement voit un avantage à ce début de soirée agité : il n'aura pas besoin de masquer sa colère encore apparente, on croira que la bagarre l'a agacé. En attendant, il faut bien répondre quelque chose à celui-là, qui les entraîne vers l'entrée :
- Alors j'prendrai vot' spécialité.
Le jeune homme sourit et leur tient ouverte la porte au verre fendu et brisé par endroits, non sans les enjoindre tous deux à éviter les bris de verre qu'un autre homme s'apprête à balayer après eux. S'adressant à White, l'homme ajoute :
- Et pour monsieur, ce sera ?
Mais Frédéric n'écoute pas la réponse de son supérieur. A peine passé la porte, il est assailli par un brouhaha et une fumée de tabac épaisse comme un brouillard de marais. La première pièce est – comme prévu – toute en longueur avec un bar et des allées et venues en pagaille. On devine à l'arrière une deuxième salle où doit se tenir le « cabaret ». Les murs, derrière la fumée, sont décorés de peintures satiriques ; il lui semble d'ailleurs reconnaître un ou deux politiciens dans des positions peu enviables. Occupés à commander à boire, deux hommes d'âge mur débattent philosophie en sirotant de l'absinthe. Deux autres critiquent entre leurs verres pleins la qualité d'écriture d'un troisième tout empourpré. L'ardennais ne peut s'empêcher un juron : à première vue, aucune trace de leur cochon mais avec autant de monde, même dans un espace restreint, ils pourraient bien rater leur homme. Et par ailleurs, il est hors de question de lui tomber dessus ici, devant autant de témoins. Se tournant vers Edward derrière lui, il lui lance un regard et fait un mouvement du menton pour voir si, par dessus la fumée et la foule, lui ne l'aurait pas aperçu.
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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeMer 28 Mar - 21:57

Un whisky sec.

On ne lui laisse que le choix du tord-boyaux, autant qu'il soit fort.

La porte se referme derrière eux au bruit d'une clochette qui sonne faux. Plus par réflexe que par politesse, Edward retire son haut de forme et avise la salle. Aucune trace de leur homme. Il peste entre ses dents, puis croise le regard interrogateur de Frédéric. Un léger signe de tête suffit à lui répondre, puis il lui indique le bar et tous deux prennent place en attendant leurs boissons.
L'endroit est idéal pour un repérage discret. Dans la continuité de l'entrée, ils peuvent garder un œil sur chaque va-et-vient des clients et en se penchant un peu, le loup blanc distingue jusqu'aux tables les plus éloignées, ainsi que le seuil du clapier qui sert de salle de spectacle. Une lointaine musique s'en échappe, emportant avec elle des éclats de rires aussi gras que leurs probables propriétaires.

Un whisky sec et notre spécialité. Le Pousse-au-crime, alcool de poire, fermentation maison.

Deux verres sont posés devant eux. Le premier arbore son habituelle couleur vermeille, quand l'autre est d'une impeccable transparence, mais non sans une lointaine odeur rappeuse. Le nom fait sourire Edward. Il attend que le serveur se soit éloigné pour murmurer à Frédéric :

À croire qu'ils savent exactement pourquoi vous êtes là.
Il me semblait bien qu'c'était vous !

Le père Lunette se tient de l'autre côté du comptoir. Il remonte ses binocles criardes sur son nez et toise ses deux nouveaux clients d'un regard gris et perçant profondément enfoncé dans son visage joufflu. Sa moustache frétille lorsqu'il repose le verre qu'il vient d'essuyer en même temps que le torchon crasseux accroché à son tablier. Il se racle un peu la gorge, puis demande :

Vous faites du repérage maintenant White ?
Vous savez bien que je ne m'intéresse qu'à la concurrence sérieuse Berry, réplique le loup. Votre établissement n'a rien à craindre.
Toujours aussi âpre.
Tout comme que votre whisky.

Quoique froid, l'échange n'est pas tendu. Les deux hommes s'observent encore une seconde en silence, puis le tenancier s'intéresse de plus près à Frédéric. Il s'accoude au comptoir, le complimente pour sa commande audacieuse, puis interroge avec curiosité :

Et vous, vous travaillez dans son cabaret alors ?

Edward n'écoute pas la suite de l'échange, il s'impatiente. Sa boisson n'a passé que deux minutes à aller et venir dans son verre avant de lui brûler la gorge et de lui réchauffer l'estomac. Infect. Malheureusement, avec le liquide vermeille, s'en est allée l'unique distraction du lycanthrope qui commence à battre du pied contre son tabouret. Il guette le moindre mouvement dans la pièce, le moindre éclat de voix de la salle de spectacle en espérant qu'il lui soit familier. Deux hommes quittent les lieux après avoir réglé leur consommation. L'un n'est plus très frais, mais il chante joyeusement et fait rire son ami. Un autre entre, à son bras une cocotte qui empeste un parfum bon marché. Elle glousse et il la conduit directement dans le cabaret. Encore raté. Le loup grommelle un juron lorsqu'un nouveau tintement malade du carillon lui fait discrètement relever la truffe.

Un individu de la plus remarquable espèce vient d'entrer. Petit, vraiment petit, et tout en rondeur, il porte une vieille gavroche rapiécée enfoncée sur sa petit tête sans cou, mais marche du pas agile des rats les plus exercés à la fuite. Il ne prend pas la peine de commander et se dirige directement au fond de la salle. Il s'installe à la table la plus discrète du boui-boui, se décoiffe et tripote son chapeau de ses petits doigts replets, les yeux fixés en direction de l'entrée.

Un sourire perle au coin des lèvres du loup. Bingo.

Garçon ? Un verre de votre meilleur Rhum.
Tout de suite monsieur.
Berry, si vous voulez-bien nous excuser.

Edward récupère du bout des doigts la boisson qu'on vient de lui servir et il fait signe à Frédéric de l'accompagner. Le ballet des serveurs les oblige à faire halte une seconde et le lycanthrope saisit l'occasion pour glisser deux mots à son employé :

Je vais vous présenter quelqu'un qui pourrait nous être utile. Un informateur comme on n'en fait plus. Baptisé « Puce » dans le milieu, vous verrez pourquoi.

Malgré sa carrure, Edward se faufile avec l'agilité du prédateur entre les tables et la clientèle. Mais la proie est experte dans l'art de la débâcle, elle repère la menace et se lève précipitamment. Trop tard. Une main féroce s'abat sur son épaule et l'enfonce au fond de sa chaise. La petite chose couine, prise au piège et observe avec méfiance son geôlier qui tire tranquillement la chaise la plus proche pour s'installer.

Bonjour Puce. Cela faisait longtemps. Je vous offre un verre ?

Le Rhum glisse sans douceur sous le nez du concerné qui trépigne sur sa chaise. Ses iris passent de la boisson jusqu'à Edward, puis s'arrêtent une seconde sur Frédéric. Il a l'air surpris. Ses lèvres pincées se déforment en une brève grimace d'incompréhension et son regard se fait fuyant. Il réfléchit à toute vitesse dans un murmure incompréhensible auquel le loup blanc met fin d'un bon coup de pied dans la table. Un nouveau couinement et les doigts ronds se referment en tremblant sur le verre. Mais c'est trop tard, Edward a remarqué le malaise. Il jette un coup d'œil appuyé au jeune mage et reprend, une main faussement amicale enfoncée sur son épaule :

Un problème avec mon employé ?

Nouveau râle du carillon. Quelqu'un entre, une vague odeur de musc et de girofle collée à ses talons.


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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeVen 11 Mai - 1:48

Une lueur mauvaise s'allume dans l'oeil du noireaud.
- S'ils savaient...
Il me semblait bien qu'c'était vous !
Ainsi les deux hommes se connaissent. Pour l'avoir observé de loin depuis son arrivée, Fred commence à connaître la répartie cinglante, mais toujours polie, de son employeur. Il esquisse un sourire en humant le parfum de son alcool de poire "maison" qu'il lève devant son visage.
Il le garde là, un bras accoudé au bar, l'autre plié, verre devant le nez, tandis qu'on s'intéresse à lui. Audacieuse, sa commande ?
- C'est qu'y a beaucoup à savoir sur un bar, quand on goûte sa spécialité. Vous z'avez tell'ment peu d'attractions, qu'vous incitiez au meurtre ?
Le ton n'est pas assez agressif pour être insultant, le visage est trop jeune pour penser à mal... pas vrai ?
Pour ponctuer, et avant qu'on ne l'accuse d'insulte, Fred vide son verre d'un seul mouvement.
Le liquide est brulant dans sa gorge et il ferme un instant les yeux tandis que l'arôme de poire se fait enfin sentir. On lui a dit un jour, quand il avait 13 ans, que c'était la seule façon de goûter un alcool : laisser l'alcool brûler vos papilles d'abord, puis tandis que le fond de votre estomac s'embrase, sentir le goût de la liqueur adoucir le tout d'une belle manière. Secouant la tête, il repose le verre devant "Monsieur Lunettes" avec un sourire.
- Sacré tord-boyaux ! Çui qui voudrait aller jusqu'au meurtr' pour vous prend' vot' réserve, y s'rait assassiné par la liqueur elle mêm', haha ! J'vous tir' mon chapeau.

Il joint le geste à la parole, soulevant un peu son vieux haut de forme.
- Berry, si vous voulez-bien nous excuser.
- Ah, le devoir m'appelle.

C'est avec l'estomac brûlant de l'alcool de poire et le sang réchauffé que Frédéric écoute. A son regard assassin s'ajoute un sourire inquiétant. L'ambiance de ce drôle de bouge lui convient parfaitement, tout d'un coup. Poussé au meurtre ? Avec plaisir, et servez-lui donc l'addition, il paiera le pourboire !
En attendant il contemple ce petit bout d'homme, encore plus petit que lui, qui pendouille, tout malmené, au bout de la poigne de fer de son géant patron.

Les yeux verts caca-d'oie de l'étrange individu se posent sur le mage tandis que celui-ci, pas perturbé pour un sou, récupère un tabouret à la table voisine pour s'installer en face de l'insecte humanoïde. Il fronce les sourcils : serait-ce de l'incompréhension qu'il lit dans son regard ? De la reconnaissance, pour sûr, et une nervosité comme on en fait plus que chez les musaraignes. Mais pourquoi ce regard fuyant de droite à gauche ? Pour un peu il aurait pitié - qui, sur terre, peut tenir au bout de la poigne d'Edward White et supporter son regard dépareillé sans s'en inquiéter ? - mais il n'est pas d'humeur. On a frappé son frère.

- Un problème avec mon employé ?
- Je... La bestiole se reprend, mime l'étonnement. Pardon ? Non. Votre employé, vous dites ?
Le regard du mage se fait dur, il pose les coudes sur la table, s'approche dangereusement. Il sait que ses iris sont prêts à luire ; il n'en a cure. Il est énervé. Puce, pour sa décharge, a réussi à accrocher le regard de m'sieur White relativement rapidement. Pas assez pour sauver les apparences, cependant.
- Son employé, oui. Un qui travaille en duo et qui boit en solo. Ça vous l'saviez p't'être pas.
- Je... Monsieur ?
Freddy n'a pas entendu la plainte du carillon, mais le couinement de la puce qui regarde soudainement derrière lui le fait se retourner. La foule est trop dense et il ne voit personne, mais l'informateur était là pour un rendez-vous, certainement. Il l'a peut-être raté.
Se concentrant à nouveau sur la proie du garou, il remarque qu'elle a pâli. Inspiré par la liqueur, il sussure alors, en bon parisien :
- Dites-moi, Monsieur Puce, chercheriez-vous mon frère ?
Le silence est d'or et vaut mille confessions.
- Un p'tit problème avec ce M'sieur Aristide aussi, peut'êt ben ?
Comme la puce nie en bloc, cachant son malaise en têtant une gorgée de rhum, Frédéric se lève doucement, embarque son tabouret et s'approche de lui à le frôler. Assis à son côté, une main sur la table, l'autre sur le dossier, il se penche à son oreille puante et murmure d'un ton ardent :
- Écoute moi bien l'insecte. Si tu sais que couiner j'vais t'poser trois questions. Tu bouge ton p'tit museau d'musaraigne en papier kraft. Compris ?
Hochement de la puce.
- C'est lui qu'tu v'nais trouver ?
Hochement à nouveau.
- C'est d'moi qu'vous d'viez causer ?
Agitations de fesses, goutte de sueur à trois centimètres du nez du Lenoir.
D'une voix plus calme que le physique ne laisserait anticiper, l'homme rondelet s'adresse à White :
- White, votre employé s'oublie...
Freddy aurait préféré une autre réponse. Il n'écoute pas le dialogue qui s'ensuit peut-être : sent le brasier qui couve en ses entrailles commencer à chauffer, les flammes ne sont plus loin, il va le pulvériser.
Au lieu de ça c'est toute son aura qui se met à vibrer et il la contient à peine, mais puce doit la sentir. Freddy, lui, réfléchit, cherche en son coeur, cherche le coeur de puce. Il y a en tout homme, en son centre privé, dans l'argile qui le forme un nom gravé en runes. Il est dur à trouver, compliqué à comprendre, ardu à déchiffrer mais Fred est hors de lui et le « pousse-au-meurtre » a sur le mage un effet imprévu.

C'est écrit devant lui comme en lettres dorées et c'est tellement absurde qu'il en rirait presque. Il interrompt Puce, occupé à parler à White, et souffle :
- Sébastien, Auguste, Duflanchon. T'cheû, t'as vraiment un nom pourri, mon gars.
Expiration muette de la puce qui se tourne vers lui et le fixe de ses grands yeux effrayés.
Doucement, comme inconsciemment, l'homme s'enfonce dans son siège, moustache frétillante, toute intelligence noyée par l'étonnement. Le Noireaud ne sent pas la vague de fatigue qui passe en lui, il a d'autres chats à fouetter, littérallement.
- T'vas m'dire c'que vous m'vouliez. Sinon j'te jure sur mon métier, mon t'chapia* et mon nom qu'je f'rai d'un seul coup tout sec bouffer tes sales oreilles de fouine, grillées au barbe-cul.
(* chapeau)

C'est alors qu'une voix parvient jusqu'à lui. Une voix qu'il reconnaît : traînante, suave au possible et perchée pour un homme, nasale comme celle d'un perroquet anglais à qui on aurait appris l'accent parisien. Immonde. Qui lance des salutations à droite à gauche, quelque part dans son dos.

Le mage s'immobilise, ses yeux lancent des éclairs qui atterrissent sur Puce malheureusement posté face à lui. Tout son corps est tendu.
"Pas ici" se répète-t-il en boucle, "Pas ici, Freddy". Il prend une longue respiration par le nez, expire doucement et jette un regard à son boss. Il sent la liqueur en son ventre, qui réchauffe tout son corps. L'alcool lui donne chaud, rend la lumière plus vive, le monde plus ardent. Il n'aurait pas dû le boire.

Frédéric pâlit. Puce, de son côté, sent qu'il tient une occasion de se faire la malle. Il murmure d'une voix de gorge sussurante et aigüe:
- J'vous dirai tout ce qu'il est en mon pouvoir messeigneurs, si-- * Regard brûlant de Frédéric, petit couinement de Duflanchon* -- Il y a une porte arrière pour aller dans l'allée. J'vous dirai tout c'que j'sais mais s'il me voit avec vous, il prendra ma peau...

Hésitation minime. D'un côté, le mage crâmerait bien toute la baraque juste pour être quitte d'Aristide Cachon. D'un autre côté, Aristide vient d'arriver, il ne partira pas d'ici deux minutes et crâmer tout le quartier, bien que sans aucun doute très satisfaisant, risque accessoirement de tuer mille personnes.
S'il veut éviter ça, il doit éviter Aristide dans un lieu peuplé. Il ne fait pas confiance à ses instincts magiques là, tout de suite, maintenant...

Fixant son patron, il dit d'une voix froide : "Si j'le vois là, j'le crâme.".
C'est une affirmation aussi certaine et aussi finale qu'une sentence de la mort elle-même, faux en main, frôlant le fil de vie reliant Cochon au monde.
Tagada Pouët Pouët:

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeSam 23 Juin - 13:22

White, votre employé s'oublie...

Edward hausse les sourcils et sourit. Le regard du petit bonhomme s'illumine d'espoir.

Si c'était le cas, vous ne seriez plus là pour me le dire, Puce.

Le rat des villes étouffe un couinement. Ses iris fiévreux se posent sur sa boisson qu'il fait tourner entre ses doigts potelés. Il finit par prendre une grande gorgée, puis une seconde. Elles lui réchauffent les joues et il retrouve un soupçon de courage lorsqu'il repose son verre.

Je m'étais habitué à d'autres manières de votre part M'sieur White.
Vous n'aimez pas votre Rhum ?
Ce n'est pas… Je voulais dire que ça ne vous ressemble pas de bousculer comme ça, un honnête citoyen.
Peut-être parce que vous ne l'êtes pas, honnête.
Pourtant je vous assure que je n'ai rien fait de-
Sébastien, Auguste, Duflanchon. T'cheû, t'as vraiment un nom pourri, mon gars.

Edward adresse le même regard surpris que Puce à Frédéric, l'horreur en moins. Malgré ses relations, il n'a jamais découvert l'identité de l'informateur, alors il est impressionné. D'autant que l'annonce fait son petit effet. Le mage insiste, Puce fléchit, mais c'est un timbre lointain, empestant l'orgueil qui décide le petit homme. Il parlera, mais en privé. Soudain pressé, leur invité glisse doucement sur sa chaise vers la sortie discrète qu'il a indiqué. Frédéric boue, littéralement.
Le loup blanc prend le risque de rester une minute de plus. Il se redresse légèrement et remercie sa haute taille qui lui offre une vue superbe sur la salle. Torthowald ne peut pas le voir, il est en train de passer commande. Il est sobre. Sa diction est claire, quoi qu'un peu tendue et l'accent de royauté désuet qu'il s'échine à utiliser ne le masque pas. Il semble à Edward qu'il commande une bière. Petit joueur.

Dehors.

Puce bondit. Ses courtes jambes le soulèvent comme un cabri et en quelques pas, le voilà sorti. Le lycanthrope sait que le mage ne lui lâchera pas la grappe, alors il prend une minute pour interpeler un serveur. Il lui rend le verre vidé de son Rhum, mais rempli d'un beau billet. Il ne lui lâche pas tout de suite la main, se lève et murmure :

Si l'homme en par-dessus blanc fait mine qu'il sort d'ici, venez me chercher.

Le brave garçon acquiesce, tout rougi d'adrénaline. Une tape sur l'épaule et Edward disparaît à son tour. Lorsqu'il passe la porte qui donne sur la petite cour à l'arrière du boui-boui, Puce s'est déjà mis à table. Il a dû tout cracher, car c'est les mains jointes, son vieux béret serré sur le cœur qu'il jure :

Je ne savais pas que c'était pour des représailles, je vous le promets ! Je n'aurais pas fait ça à un employé de M'sieur White ! Si seulement il n'était pas trop tard pour rattraper cette erreur…
Qui a dit que c'était trop tard ?

Liquéfaction. Le rat se terre, désireux qu'on l'oublie. Il rentre la tête dans les épaules, joint les genoux et pétrit son chapeau à l'en faire disparaître. Edward dévale les deux petites marches d'un grand pas et Puce recule. Il butte sur un balai presque chauve et le fait chuter. Il sursaute si violemment qu'on peut se demander si son cœur ne s'est pas arrêté. L'agitation le gagne en même temps qu'il perd ses couleurs et, après un pincement de lèvres sérieux, l'animal tente de nouveau la fuite :

Je ne pense pas que–
C'est Aristide qui vous a donné rendez-vous ici, n'est-ce pas ?
Oui, oui, mais…
Pourquoi à votre avis ?
Et bien…
Je suis grand prince, je vous donne un indice.

Il n'esquisse qu'un geste en direction de Frédéric. Puce observe le garçon et grimace. Il détourne le regard tandis qu'Edward lui confirme ce qu'il sait déjà :

Torthowald vient vous demander des comptes sur ce raté, Puce. Il vous tient pour responsable.

Le concerné éponge son visage brillant de sa manche et regarde le petit passage couvert qui mène à la rue voisine. Le Paradis n'aurait pas illuminé son museau de davantage d'envie. Mais le loup se glisse dans son champs de vision et compromet sa retraite. Puce tente sa dernière carte avec une moue pitoyable dont son interlocuteur se débarrasse d'une affirmation certaine :

Vous allez vous rendre à ce rendez-vous.

Détente effrayée de l'insecte qui s'offusque d'une voix pincée :

Non ! Non,non, non, c'est…
Laissez-moi terminer !

La bestiole couine et se recroqueville dans le manteau usé qui lui sert de carapace.

Vous allez lui dire que vous avez appris ce qui s'est passé et que ses hommes de main sont des abrutis.
White, vous êtes fou !?
Vous ajouterez qu’exceptionnellement, vous lui donnerait une autre information, contre rémunération, qui lui permettra de retrouver sa cible. La bonne cette fois.
Jamais de la v… Attendez ? Une autre information ?
Une adresse, n'importe quoi. Assez loin d'ici.
Vous voulez dire…
Vous serez complice si je vous en dis plus.
A-Alors non je ne veux rien savoir !
C'est ce que je souhaitais entendre.

***

Le voilà.

Ils sont à l'angle de la rue des Anglais et de celle de Lagrange, abrité par un porche. Thorthowald les dépasse.

N'oubliez pas Frédéric, il nous le faut lui et ses roquets.


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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeLun 20 Aoû - 17:45

Dehors.

Si la puce avait été inscrite aux Jeux Olympiques, elles aurait gagné le sprint. Pas de chance pour elle, un mage en colère est difficile à semer. En passant la porte, Frédéric file deux doigts dans le col de sa veste et le dirige, une fois sorti, vers un des murs en coins.  Comme il a affaire à quelqu'un de vraiment bien plus petit que lui, il en profite. L'insecte, fidèle à sa nature, se cale contre le mur et récupère son béret dans une attitude pathétique.

- Vas-y, déballe.
- C'est que je...
- Et presse-toi.
- Je ne savais p.. c'est que je...
- Bordel mais en français, aussi ! J'cause pas puce-bègue !

Le regard ardent de Lenoir, planté dans les yeux apeurés de Duflanchon, qui semblent vouloir lui dévorer le coeur, la tête et les entrailles, additionné d'un petit pas en avant, le décident tout à coup.
- J'ai juste fourni votre nom, M'sieur Morga- pardon, Monsieur Lenoir. Et il se peut que j'aie fourni un suiveur ou deux, pour connaître vos habitudes de marches, mais seulement pour un jour ou deux ! Il disait vouloir vous parler. Je... Je ne savais pas que c'était pour des représailles !

Sans l'intervention impromptue de White, Puce serait de l'histoire ancienne. Le fait que personne ne soit foutrement capable de reconnaître son frère de lui malgré la différence - surtout si c'est pour en dézinguer un et pas l'autre - le met en rogne presque autant que l'expression dégoulinante de l'informateur. Pouah.
Frédéric ne dit rien pendant l'échange qui suit. Il apprend, et voit son employeur sous une lumière nouvelle. Comme Puce rentre avec réticence à l'intérieur, le mage siffle avant de commenter :
- Ça, Patron, c'était fichtrement m'né.

A peine dix minutes plus tard, un serveur vient les informer que le Cochon est prêt à régler sa note - au moins, ici, il paye.

L'attente, si courte soit-elle, lui a desservi. En boucle il a revu la scène : son frère au sol et les malfrats. Il en sent encore l'odeur, en goute la saveur. Il regrette de ne pas avoir simplement prit le temps d'y foutre le feu à tous. Le Pousse-au-meurtre, qu'il y soit pour quelque chose ou pas, risque de mieux porter son nom après cette nuit.

N'oubliez pas Frédéric, il nous le faut lui et ses roquets.
Marmonnement indistinct du plus jeune. Il n'oublie pas, mais il n'a pas confiance en lui-même. Un instant il ferme les yeux. Il voudrait se calmer. Il y parvient un peu. L'idée n'est pas de s'épuiser avant la tâche. Sa mère le disait toujours :"Fred, tu t'épuises à t'énerver avant même d'avoir démarré. Concentre-toi.", ce qu'il essaye de faire. Il essaye aussi de capter le sang-froid que semble garder son employeur, malgré son air fâché.

Un loup. Jusqu'au bout des griffes.
Fred, lui, n'est qu'un mage. Et un cracheur de feu sinon rien...

- Justin, dépêche-toi.
Aristide est rejoint au coin de la rue par ce qui semble être son employer. Monsieur a sa propre voiture, avec chauffeur s'il-vous-plaît. Fred et son chef le suivent à distance respectable, jusqu'à la voiture, 500 mètres plus loin. Un crachin naissant recouvre peu à peu le monde d'humidité et un vent frais vient leur picoter les joues. Fred pointe un porche du doigt où s'enguoffrer pour ne pas être vu. Il n'entend pas assez loin, mais il voit Cachon, prêt à monter, en pleine discussion avec son chauffeur. Frederic jure. Si seulement ils étaient plus près ! Il va leur filer entre les doigts et ce sera bon pour ce soir...

Il y a une cabine téléphonique à cinq mètres du cochon. Sans en aviser son patron, il remonte son col, enfonce son chapeau et s'élance. Cachon le regarde à peine tandis qu'il lui passe presque devant.
- ...béciles. Fais envoyer un télégramme au hangar à poissons, qu'ils m'y retrouvent ce s...
La porte de la cabine grince, une fois à l'intérieur, Fred n'entend plus grand chose mais en la gardant ouverte de quelques centimètres, il décode quelques bribes.

Revenu auprès de son patron, une fois le véhicule parti, il les répète :
- L'a dit « plus nombreux », puis qu'y fallait rien dire à « Mathieu », qu'y fallait prévenir « Martin ». S'rejoindre au « hangar à poissons »...
Malgré l'angoisse et l'adrénaline, évidemment, son estomac gargouille.
- On fait quoi ? Des hangars à poisson doit y'en avoir des masses...
Il regarde au loin, l'espace à présent vide de la voiture disparue et frappe du pied.
- 'tain ! Si j'avais eu un ch'veux à lui ou un peu d'sang j'aurais pu l'faire pister ! Avec c'crachin on l'retrouv'ra jamais.
Un regard à son Patron-juge-de-la-Curia et il précise précipitamment :
- J'dis ça mais j'ai jamais tenté, c'est d'la magie d'bas-fonds...

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeDim 9 Sep - 19:59

Frédéric att…

Mais Frédéric n'attend pas. Il passe à grandes enjambées à quelques mètres de Torthowald et son cocher. Ils ne le voient pas. Le jeune homme s'engouffre dans une cabine téléphonique, la porte se referme sur lui. C'est bien vu.
Le loup tend l'oreille, mais le bruit de la ville couvre les paroles des deux hommes. Il hésite à sortir, mais il n'est pas de ceux qui passent inaperçus, c'est trop risqué. Alors le loup prend son mal en patience. Adossé au mur du porche, il écoute les faibles clapotis de la pluie qui s'y abat. Avec elle, la poussière retombe, les odeurs aussi. Deux minutes s'écoulent, un siècle ne lui aurait pas semblé si long. La portière claque. Il se redresse et jette un œil. La voiture démarre. Quelque chose attire son attention, mais il n'a pas le temps d'aller vérifier. Frédéric est déjà de retour.

Le mage est nerveux. Edward le ressent jusqu'au bout des ongles. Il l'écoute en silence, perçoit son angoisse et la frustration qui semblent l'envahir lentement. Ce n'est pas bon, il le sait. Pourtant, un gargouillis lui fait hausser les sourcils. Frédéric s'agace encore, mais le loup est rassuré. Pour avoir faim dans un moment pareil, c'est que le garçon est plus lucide que ce que son tempérament de feu suggère. Ses dernières paroles le font tiquer. « magie des bas-fonds », le genre de choses à ne pas mentionner devant un lycan en chasse.
Il se souviens d'un détail et s'éloigne pour rejoindre la chaussée. Il veut vérifier quelque chose. Le regard rivé sur le sol, il déclare :

Je pense savoir qui est le Mathieu dont il a parlé.

Son pied tape dans un pavé mal scellé, mais ce n'est pas ce qu'il cherche. Il est pourtant sûr que c'est tombé là, alors il s'accroupit en prenant garde de ne pas gêner la circulation. Un couple passe en l'observant avec curiosité, mais ne s'attarde pas. Edward reprend pour Frédéric :

Vous avez dû le croiser. Aristide est venu plusieurs fois au cabaret en sa compagnie. Un grand garçon brun avec une fine moustache et d'épaisses binocles. Toujours poli. Il est proche de Torthowald, sans être directement impliqué dans tout ce qu'il a de détestable et… Ah le voilà.

Un tintement métallique résonne brièvement et Edward referme ses doigts sur un boulon. C'est ce qu'il a vu tomber du fiacre. L'objet n'appartient pas directement à cet idiot de Cochon, mais le mage pourra peut-être en faire bon usage. Cela fera toujours une corde de plus à leur arc, car le loup a une autre idée derrière la tête. Une qui ne risquera pas d'avertir la Curia de leur escapade.

Au cas où, gardez le, pour votre magie des bas-fonds, lâche-t-il en lui lançant l'écrou. Et attendez-moi ici une seconde.

Il s'éclipse. Sa haute silhouette se glisse tant bien que mal dans la cabine téléphonique. Ces boîtes à sardines son vraiment mal pensées. Edward peste en se cognant le bras, mais finit par récupérer la monnaie au fond de sa poche et passe un coup de téléphone. Il demande un renseignement. Une adresse pour être exacte.

***

Dix minutes plus tard, ils descendent au début de la rue François-Miron. Le cocher est prié de patienter là. Ils font quelques pas, Edward fouille ses poches, il en sort son porte-feuille et récapitule :

Mathieu Landen vit au numéro trente-cinq. Vous vous présentez en tant que garçon de poste avec un télégramme urgent pour lui. Myope comme il est, aucune chance qu'il vous reconnaisse.

Il tire un petit papier vierge et le tend à Frédéric.

Donnez lui ça. C'est bricolé par la Curia. Il y lira ce qu'il pensera y trouver. Suggérez lui un message urgent de Torthowald par exemple, la magie se chargera du reste.

Son porte-feuille retrouve sa place. Il jette un œil vers l'immeuble sans savoir à quel pallier se trouve leur cible, ni même si elle est chez elle. Il semble y avoir du monde au deuxième étage, ainsi qu'au quatrième où les fenêtres sont ouvertes. L'attention du loup se reporte sur le jeune homme.

Il ne doit pas connaître l'emplacement exacte du « hangar à poisson », mais le quartier où le trouver ou la zone concernée. Ça aura échappé au Cochon un soir où il a trop bu. Il faut que vous obteniez cette information, sans l'alerter sur nos intentions.

Edward guette une réaction. Comme Landen le reconnaitrait, il se repose sur Frédéric. Il le sait capable d'inventer bien des histoires et le lui rappelle :

Mentez-lui avec le même aplomb que le jour où vous avez assuré à Lûka ne pas avoir touché au saumon.

Un sourire.

Avec ça il n'aura pas le moindre doute.


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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeJeu 12 Déc - 1:53

Dans le trajet qui les mène à la rue François Miron, Frédéric tourne distraitement le boulon entre ses doigts. Ça n'est pas vraiment ce qu'il aurait préféré, mais il y aura sûrement moyen d'en faire quelque chose, en temps voulu. Avec les bonnes runes et un peu d'imagination… À la dérobade, il observe son employeur, que jusqu'à présent il n'a jamais réussi à décoder complètement. Pour l'instant, il s'estime seulement heureux d'avoir à ses côtés quelqu'un d'aussi informé et se félicite de l'avoir pour allié dans le cas présent. Décidément Paris recèle toutes sortes de gens.


Le N°35 est écrit en grosses lettres à l'entrée d'un bâtiment de quatre étages, luxueux comme partout dans le quartier, du moins le suppose-t'il, il n'est jamais entré dans aucun d'entre eux. Pas que des types dans son genre y soient jamais invités, à moins, probablement, d'avoir été embauché pour animer une soirée en faisant le mariole pour trois sous cinq francs.
La rancœur remplace la colère tandis qu'il tend la main distraitement pour récupérer le papier de la Curia. Un peu trop distraitement, comme le lui rapelle soudainement la décharge d'électricité statique qui lui engourdit les doigts et lui fait lâcher le billet. Il ne peut s'empêcher une exclamation surprise avant de se pencher pour le ramasser, tandis que son patron lui explique.
Encore une fois, ses sourcils montent au ciel.

« Pardon ? »

Le regard qu'il lance à la feuille est plein d'émerveillement. Il la retourne prudemment, rentrant sa propre magie au plus profond de lui-même, obéissant d'instinct à un écho de la voix de son oncle, à l'époque où ils vivaient chez lui avec Morgan, quand Fred venait zieuter ses artefacts d'un oeil un peu trop curieux. "Doucement, gamin, va pas m'dézinguer mes sorts avec ton aura d'huit mètres !"
Comme il la retourne entre ses mains, il lui semble discerner des runes pâles sur un côté. Mais comment dire si elles sont réelles, ou bien s'il voit ce que la feuille lui montre ? Frédéric est littéralement fasciné. De la magie pareille, il n'a jamais vu ça.

« Mentez-lui avec le même aplomb que le jour où vous avez assuré à Lûka ne pas avoir touché au saumon.
Levant le regard, il sourit.
- Ça, c'est fou c'que c'est inventif un rat d'égout affamé, quand ça veut entrer dans une réserve qu'est fermée à clefs. On croirait pas ! Heureus'ment qu'on y a fichu la trouille avec Fadet, l'aurait rongé les boudins tout pareil ! »

꧁꧂

Deux minutes, une question au concierge et deux étages plus tard, le voilà nez-à-nez avec une dame d'un certain âge, en costume de soubrette, plumeau à la main qui le dévisage d'un air méfiant.

« Kessecé?
- Heu, excusez-moi, Madame. Service des télégrammes. J'en ai un urgent pour Monsieur Landen, d'la part de Monsieur Coch--- Cachon deu Tortovale.
- Un télégramme ? À cette heure ?
- Service du soir, madame. Nous n'gèrons que les urgences, voyez.
- Eh beh, on arrête pas l'progrès… Donnez-voir, je vais transmettre à Monsieur. »

Comme elle tend la main pour saisir le papier, il l'écarte.

« Pardon m'dame, mais c't'un service express. J'dois le donner en personne à Monsieur Mathieu Landen, et ça demande une réponse immédiate que j'dois ram'ner d'moi-même pour renvoi rapide.
- Ah oui, voyez-vous ça.
- Tarif spécial, madame, voyez vous-même. »

Tenant fermement le papier, il étouffe en sa poitrine un élan de curiosité et montre un côté seulement de la feuille. Elle se penche, plisse les yeux, et se redresse avec une moue blasée.

« V'là aut' chose. Bon bah entrez, qu'est-ce vous voulez que j'vous dise, attendez là, j'vous l'amène. Mais posez pas vos sales godasses sur mon parquet ciré ça m'a pris assez d'temps comme ça. M'SIEUR LANDEN ! »

Derrière elle, le mage ne peut s'empêcher un sourire ravi. Le papier, à ses yeux, n'a pas changé d'un iota mais il donnerait n'importe quoi pour voir ce qu'elle y a vu. "Il y lira ce qu'il pensera y trouver" a dit le patron. Bah mazette, ce truc-là est efficace.

L'entrée de l'appartement est chic sans être ostentatoire, il y a un tabouret tapissé et un seau à parapluies, une plante verte en pleine forme et une lampe au plafond qui ferait pleurer Morgan. Des deux portes en chêne, la première est entr'ouverte sur ce qui semble être un couloir. C'est de celle-ci qu'apparaît un grand gaillard à épaisses binocles, en pyjama rayé et pantoufles, sous un grand peignoir brun à fourrure. Il lui dit vaguement quelque chose, mais sans plus. Par sécurité, Fred enfonce tout de même un peu plus son chapeau sur son front.

« Monsieur Landen ? Mathieu Landen, pardon ?
- Lui-même.
- Pardon d'vous déranger, m'sieur. Télégramme urgent pour vous de la part de Monsieur Cachon de Tor- euh… de Tartow--»

Bayard ce que ce gars a un nom dégueulasse ! Un instant, il panique. Mais le dandy lui sourit.

« J'ignorais que vous officiez à cette heure. Vous avez un service de soir, me dit Bertille ?
- Euh, bah c'est ça, m'sieur. Tarif spécial pour les urgences. Lancé cette semaine. On est un tout nouveau service, 'voyez.
- Et combien demandez-vous pour ce service ?
- Oh bah trois sous, cinq francs, m'sieur. C'est encore en test, voyez… »

Comme l'autre tend la main, Fred se voit lui donner une petite merveille de magie sans sourciller et sent son cœur se décrocher. Il donnerait tout pour le garder, l'analyser. C'est le moment décisif, il doit dire les bonnes choses "Il verra ce qu'il pense y trouver", bordel. Plus vague que ça, tu meurs. Et s'il pense y trouver un dessin de vache suisse à clochette, alors quoi ?

« 'Faut que j'ramène vot' réponse directement après. C'est compris dans le tarif, vous aurez rien à régler mais 'faudra que j'reparte illico au bureau avec le télégramme d'origine et la réponse et que j'...
- Attendez-moi ici un instant.
- ...! »

L'homme a disparu dans l'appartement en deux grandes enjambées. L'attente semble insurmontable et Fred triture les broutilles qui emplissent ses poches en s'empêchant de tourner en rond dans les quatre mètres carrés. Il ne peut s'empêcher de réfléchir à la suite. De penser que ça ne fonctionnera pas. Il n'a pas pu donner d'information. Il aura imaginé n'importe quoi. Mais le voilà qui revient avec la feuille, une note et une pièce, qu'il fourre dans ses mains avec un sourire entendu. Fred bafouille :

« Euh, merci m'sieur, euh...
- Merci jeune homme et bonne soirée à vous. »

Le mage est fichu dehors en moins de temps qu'il ne faut pour dire "Poisson".
Sans regarder la réponse, il improvise, et toque à nouveau. C'est le même homme qui lui ouvre, les sourcils froncés derrière ses culs-de-bouteilles.

« Excusez-moi m'sieur, c'est que... On nous a dit de renvoyer la réponse à un lieu-dit, un… le "hangard à poissons", mais on a pas trouvé l'adresse et...
- Le Hangard à Poissons ?
- C'est ça.
- Vous aurez mal retenu...
- Non, non, c'est ce qui a été demandé. Vous n'auriez pas une idée...?
- Pas la moindre... Quel nom incongru. Bertille ?
- Vimôssieur ?
- Le Hangard à Poisson, cela vous dit-il quelque chose ?
- Bahjensérien moi, Monsieur. Doit y'en avoir quelques-uns sur les quais ?
- Je suppose. Vous n'avez vraiment eu aucune autre indication ?
- Non...
- Fâcheux, ça ne lui ressemble pas...
- ...
- Très bien, alors si vos collègues n'ont rien trouvé d'ici-là, renvoyez ma réponse à la ligne qui vous aura contacté. Si vous ne le joignez pas, téléphonez-moi au bureau du concierge, nous trouverons bien une autre solution. Et prenez ceci pour la note téléphonique. J'attendrai de vos nouvelles. Si vous vous dépêchez il sera peut-être toujours sur place. À bientôt ! »

Dans le couloir, Fred fixe la porte un instant sans comprendre, puis la rage lui étreint les entrailles.
Merde.
Merde-merde-merde !

Dans un accès d'espoir il regarde la note que lui la laissé Landen, la réponse qu'il fait au message imaginaire de Cochon.

« Cher Ami. La baronne déplorera votre absence plus que mon humble personne. Reportons à jeudi. Amitiés. ML. »

La note se consume dans sa main tandis qu'il redescend l'escalier en râlant.
Il n'a même pas la présence d'esprit de vérifier qu'on ne l'a pas vu. À ce stade, il brûlerait l'escalier si ça pouvait l'avancer.
Parvenu à la dernière volée de marches, une violente douleur lui saisit la cheville et il s'effondre sans parvenir à se rattraper à la rampe.

Le fracas de sa chute et de ses jurons alerte le concierge, son chien hurlant, et probablement la rue, mais Fred n'en a cure. C'est Morgan.
C'est Morgan qui s'est fait tordre la cheville, c'est Morgan qui doit être en train de se faire triturer de partout par cette foldingue de Keller, ou alors c'est juste le temps qu'à mis le pacte pour lui refourguer sa part mais dans tous les cas, c'est Morgan.
Fred voit son patron à la porte, le concierge à la sienne, et se redresse comme il peut en tenant dans son poing serré la feuille désormais froissée de la Curia.
Tu parles d'une magie de pointe, aussi inutile qu'un sac de billes sur un escalier ! "Il verra ce qu'il pense y trouver", bah pas l'adresse du hangar, en tout cas !
"Il verra ce qu'il pense y trouver" j't'en foutrai des runes imaginaires sur une feuille blanche.

Comme il voit Monsieur White dans l'entrée, il lui adresse d'une traite et sans filtre depuis l'immeuble et tout en sortant, (en se tenant au mur parce que sa jambe droite ne s'est pas encore remise, ce qui devrait prendre un moment)  tout ce qu'il pense, sans lui laisser le temps de répondre et en le fusillant du regard :

« Rien à scier, tu parles d'une idée ! Qu'est-ce qu'il en sait l'autre taupe, là, d'où c'qu'on planque des tabasseurs ! Un hangard à péchons, bah oui, puis pourquoi pas. Pis la fourrière aux oiseaux et la tabatière à Saint Nicolas, asteure ! Ouais ma ch'ville ça va, c'est mon frère qui s'douille, là, bordel. J'vouzen fich'rai des télégrammes. Y manqu'ra à la baronne, ça m'fait une belle jambe !... ouch… Pis pourqu'est-ce qu'on y a dit d'envoyer l'cochon kékpart qu'on sait même pas où c'est, d'jà, hein ? Si on y avait d'mandé à l'insecte où c'qu'il avait envoyé l'autre débile bah on aurait eu qu'à s'planquer pi les attendre plutôt que d'chercher une adresse qu'on sait même pas où c'qu'elle-- oh. »

À peine sorti, le noireaud se tait, les yeux dans le vague. Il n'écoute plus rien, on peut presque voir les engrenages qui tournent et fument dans sa tête. Tel un oiseau, il tourne la tête d'un coup vers le garou et lui sort :

« Pardon, chef. Bordel, chui tell'ment con. J'reviens ! »

Et le voilà qui remonte, en s'agrippant à la rampe et en sautillant légèrement. Il disparait à l'étage, et s'arrête un instant sur le pallier, dos au mur, pour réfléchir.

"Il verra ce qu'il pense y trouver".

Il verra ce qu'il pense y trouver
Mais c'est évident ! Il se frapperait pour ne pas y avoir pensé plus tôt.

Il ne peut pas demander à Landen l'adresse du hangar s'il ne sait même pas de quoi il peut bien s'agir. Il ne peut pas demander au concierge, qui pensera qu'il cherche un lieu de stockage. Il ne peut pas regarder la feuille lui-même et en espérer quoi que ce soit, puisqu'il SAIT qu'elle est fausse.

Mais si - et là, tout dépend du degré de génie des inventeurs de la Curia, mais - si la feuille présente ce qu'on pense y trouver. Si on en est convaincu, alors la feuille le montrera.

S'il demandait à quelqu'un l'adresse de la Tour Eiffel, en disant qu'elle est notée là, alors l'adresse y serait, pas vrai ? Que la personne sache où non où elle est ?
serait-ce possible ?! Ou alors elle noterait l'adresse où la personne pense trouver la tour Eiffel ?
Rhaaaaa, encore faut-il que la personne ait une idée pré-conçue d'où elle peut se trouver…

Réfléchit, Fred, bon sang.

Mais admettons. quelqu'un qui sait ce qu'est la tour Eiffel, mais n'a aucune idée d'où elle est, alors la feuille montrerait quoi ? Pourrait-elle montrer la bonne adresse, par défaut ?!

… Et puis encore faut-il que la personne sache ce qu'est la Tour Eiffel pour que ça marche.
Donc il faudrait qu'il montre la feuille à quelqu'un qui sait ce que peut être le fameux repère du "hangar à poissons", comme étant l'endroit où Cachon va retrouver ses sbires, mais quelqu'un qui n'aurait aucune once de pincée d'idée d'où ça peut bien se trouver, pour que la feuille lui montre la bonne adresse…?

D'un mouvement silencieux, le mage se laisse glisser au sol. Dépliant ses doigts crispés, il ressort la feuille du Patron et la fixe en silence.

꧁꧂

Une minute plus tard, Fred redescend, plus lentement, en faisant attention aux marches, et revient tout droit vers son chef, à qui il tend le papier de la Curia. quitte à jouer le tout pour le tout...

D'une voix plus calme, avec un sourire et un regard décidé, il assure en priant mentalement tout ce qu'il sait :
« C'est bon, j'ai l'adresse ! J’ai d’mandé à sa soubrette, là, la Berthilde ou Bertha truc-chose, sacrée bonne femme, j’sentais ben qu’elle avait son nez partout celle-là. Zieutez-voir ! »
Et d’ajouter d’un air foncièrement gêné en se frottant la nuque :
« Bon, par contre elle l’a écrit sur vot’ papier là, donc ça l’a p’t’êt un peu ruiné... »

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeSam 11 Jan - 19:50

Est-ce que tout va b-

L’orage explose. Une pluie de mots s’abat drue et rapide. Syllabes manquantes et argot s’entremêlent en une imprévisible tempête. Edward est pris par surprise et l’essuie de front. Bouche ouverte, il écoute, mais des passages lui échappent. Une seule chose est sûre, c’est un échec. Penser à un plan B et vite. Impossible quand un tel flot de paroles s’abat sur vous. Le loup blanc lève les mains :

Moins vite, Frédéric je…

Efficace. Le jeune homme se tait brusquement. Edward aussi. Bizarre, il n’a même pas eu à élever la voix. Bref coup d’œil à ses paumes qu’il soupçonne d’un pouvoir dont il ignorait l’existence, mais pas le temps de s’y attarder. Il cherche la déclaration la plus efficace pour ramener Frédéric à la réalité, ouvre la bouche et… Le mage le devance. Comme électrifié, il enchaîne un vocabulaire fleuri, puis s’engouffre à nouveau dans le hall de l’immeuble. Le loup blanc le regarde s’éloigner en boitillant. Le doute s’emmêle.
Une seconde suffirait. Le rejoindre, assumer leur fiasco dans un discours adulte, mentir en assurant qu’ils se rattraperont une autre fois, ramener Frédéric, réunir les Lenoir et s’occuper seul de cette histoire. Ce serait la meilleure chose à faire.
Un pas le rapproche des marches. Le garçon disparaît dans le virage de l’escalier, mais Edward l’entend toujours sautiller avec détermination.

Bon. Vous rentrez ou vous sortez ? Y’Faudrait savoir.

C’est le concierge. Il le scrute, depuis le seuil de sa porte, ses bras épais croisés sur son torse. Le loup fait deux fois sa taille, mais s’excuse poliment.

Je sors.

✕ ✕ ✕

Edward trépigne sur le trottoir qui fait face aux appartements de Landen, les mains enfoncées dans ses poches, le nez levé sur sa fenêtre éclairée. Une ombre traverse rapidement. La nuit naissante a estompé sa myopie, il est certain de l’avoir vue faire de grands gestes. L’inquiétude monte et retombe aussitôt. Frédéric est de retour et il a une adresse. Un sourire salue sa victoire, puis :

100 rue de Charonne. XIe.

Froncement de sourcils.

Curieux. Je pensais qu’on aurait abouti près de la Seine.

Le papier est replié sans soin et termine dans sa poche. Frédéric a raison, il est fichu. Un coup d’œil pour sa montre le fait grimacer.

Allons-y.

Leur fiacre se tient toujours au bout de la rue. Les chevaux renâclent à l’approche d’Edward qui s’écarte sans les quitter des yeux. Le cocher n’y prête pas la moindre attention. Il est descendu et leur ouvre la porte avec un sourire ravi. Le pactole qu’il empochera ce soir le rend plus serviable qu’un valet de pied. La destination entendue, l’homme reprend sa place à l’avant de leur voiture. Le loup blanc s’apprête à s’installer lorsqu’un éclat de voix l’immobilise.

– Mais attendez Bertille ! Je ne vous ai même pas donné d’argent !

Il se décale, lève la tête. Numéro trente-cinq, deuxième étage, depuis la fenêtre ouverte un visage masculin aux verres épais regarde en contre-bas, où un cab deux places est arrêté près de l’entrée du bâtiment. Une voix sèche s’en échappe.

Inutile ! Monsieur me remboursera sur ma paie s’il y tient !

La portière claque violemment. Mathieu Landen observe, incrédule, le départ de sa bonne dans les ruelles obscures de la capitale, à une heure qui lui laisse croire qu’elle ne trouvera aucun magasin ouvert. Bertille a toujours fait du zèle, mais quelle folie pour un bol cassé. Il referme sa fenêtre sans comprendre. Quelques mètres plus bas, on s’interroge aussi, mais plus pour longtemps.

Les rênes claquent et une seconde voiture s’engage dans les roues de la première.

✕ ✕ ✕

Ils se sont arrêtés m’ssieurs. La passagère est descendue. Elle a pris la deuxième à droite. Je fais quoi ?

Mince. Le trajet est plus court que prévu. Cinq minutes ont suffi et Edward doit couper court aux justifications qu’il tente d’apporter à Frédéric. En changeant leur destination, il a agi par instinct, sans lui demander son avis. L’habitude de n’en faire qu’à sa tête. Ses iris vairons croisent ceux du mage avec l’espoir d’y distinguer un accord.

M’ssieurs ?

C’est trop tard de toute façon.

Nous descendons. Vous irez nous attendre place des Vosges.
Vos désirs sont des ordres m’ssieur !

S’arracher à ces minuscules boîtes est toujours aussi infernal pour le loup. Il remet machinalement son chapeau, dédommage le cocher, puis poursuit d’une foulée animale la rue des Tournelles en direction de l’embranchement où Bertille a disparu. L’adrénaline de la chasse lui fait oublier Frédéric et sa cheville. Ses talons claquent sur le pavés, mais à mesure qu’il se rapproche, le son décline naturellement, jusqu’à s'effacer. À pas de loup, il s’arrête à l’angle formé par la boutique d’un tailleur avec la rue des Minimes. Ils sont seuls, mais pour combien de temps ? Tendre l’oreille. Rien. Alors il se penche.

Mais…

Bertille patiente sagement devant une caserne de gendarmerie. Gendarmerie. Pourquoi ? Ça n’a pas de sens ! Le loup grogne sans s’en rendre compte. Quelque chose lui échappe et ça l’agace. Elle ne rentre pas, ce n’est pas normal. Si elle avait tiqué sur l’adresse, si elle avait voulu dénoncer Torthowald, elle aurait poussé la porte. Qu’est-ce qu’elle attend ? Les poings serrés le long de ses flancs, son envie de secouer la soubrette monte en flèche, mais un parfum de suie et de poisson le rappelle à l’ordre. Frédéric.

Il faut attendre encore un peu.

La porte de la caserne claque. Le loup se penche aussitôt. Un homme en uniforme s’avance calmement. Il fume. Même dans la pénombre on distingue le bout incandescent de sa cigarette et la fumée qui s’en échappe. Il rejoint Bertille et l’enlace. Impossible. Un amant ? Edward s’en mord les doigts.

J’étais persuadé qu’en la suivant…

L’aigreur abîme sa voix. Son soupir sonne comme un aveu. Ok, il s’est planté. L’excuse, elle, reste coincée au fond de sa gorge.
Il quitte son poste d’observation sans un coup d’œil pour le cracheur de feu. Se rattraper comme on peut :

En partant tout de suite, on a sans doute encore une chance.

Rue des Minimes, Bertille et son amoureux sont en grande conversation. Elle semble fâchée, lui beaucoup plus serein. On l’entend rire du bout de la rue. Elle doit mal le prendre, car elle s’écarte et tourne les talons. Elle n’a le temps de faire que quelques pas, mais c’est suffisant pour atteindre l’éclairage d’un réverbère. Son cher et tendre la rattrape et la prend par les épaules. Sous cette lumière nouvelle, on distingue mieux ses traits. Une arcade sourcilière fraichement recousue et un large pansement sur la joue. C’est fou. À croire qu’un mage lui a explosé une planche de bois en plein visage.


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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeVen 14 Fév - 13:47

S’il y a bien une chose que Morgan a appris à son frère, c’est que l’instinct ne prévient pas et qu’un animal - quel qu’il soit - ne peut s’empêcher de le suivre qu’à grand peine. Il serait incapable de compter toutes les fois où son frère est parti sans un mot dans une direction imprévue, le laissant perplexe courir à sa suite. Il a l’habitude, il fait confiance. Les jumeaux sont tellement connectés dans ces cas-là que Fred suit généralement par réflexe : l’instinct de l’un débordant souvent chaotiquement dans l’esprit de l’autre. Les rares fois où son instinct de mage est entré en conflit total avec celui de l’hydre ont donné les pires moments de frustration de sa vie.

Mais c’est une chose de suivre l’instinct d’une partie de soi. C’en est une autre de se retrouver embarqué sans explication par un patron garou de deux mètres. Boitillant en vitesse derrière le patron, Freddy ronge son frein. Il se doute que l’autre a une idée derrière la tête. Il se raisonne en silence : l’adresse de hangard est probablement mauvaise, si White a une autre idée, elle est probablement meilleure. Protester serait admettre sa tromperie. Autant suivre et voir même si ça ne calme en rien ses pulsions vengeresses.

« Il faut attendre encore un peu. »

Attendre quoi ? Fred ne distingue presque rien derrière le gabarit immense du garou. Il profite du répit dans la course pour sonder le lien qui l’unit à son frère, tenter de réduire la part qui affecte sa cheville et se perd un instant en eux-mêmes. Mais lorsque sous ses yeux, à quelque mètres de lui, la soubrette s’éloigne accompagnée d’un gendarme en uniforme, le mage se raidit entièrement, les yeux écarquillés. Il revoit l’attaque éclair sous deux points de vue simultanés : de face quand il a frappé avec la planche, de côté où Morgan se relevait précipitamment. Béni soit le réverbère. S’il était un mage plus puissant, il lui ferait valser à la figure.
Le Noireaud fait un pas en avant tandis que les amants s’enlacent. Mais du coin de l’oeil il voit la gendarmerie. S’il agit ici, ils sont foutus. Il enrage, serre les poings, les dents.
Un gendarme. Cochon a vraiment les moyens. S’ils étaient allés porter plainte, on leur aurait ri au nez sous des airs professionnels. Si l’ardennais avait un quelconque restant d’illusion concernant la justice en ce monde, il n’en resterait désormais plus grand’chose. Heureusement pour lui, il a compris depuis longtemps que les pourris peuplent le monde, peu importe la tranche sociale.

Dans son dos, White s’éloigne et Fred, à contrecoeur, lui emboîte le pas.

« On y va. »


Revenus dans le cab, le jeune souffle un grand coup, retire sa bottine pour se masser le pied tandis que la douleur recule et qu’il force son corps à la reconnaître comme étrangère à lui ; un exercice qui lui coûte toujours énormément.
Quand il est comme ça, tiraillé à l’intérieur, les mots lui manquent. Il doit pourtant expliquer.

« Le type. C’était un d’ceux qui m’a.. l’a… qui nous a coincé. »

Respire, Fred, calme-toi. Remets ta bottine et fais le tri. Le regard de son patron l’a toujours mis mal à l’aise. Des yeux comme ça, c’est vraiment pas courant.

« ’Faut qu’on trouve Thorto-truc. J’vous suis. On l’trouve ; lui et les autres. Pis ça r’commence pas. »
Le regard est dur, dévoile entièrement le maëlstrom d’émotions qu’il tente d’organiser.
« Si pas c’soir, un aut’ coup, mais... ‘faut qu’y paye. Sinon j’pourrai pas rester mon frère ici. J’pourrai pas. ».


Le bâtiment est grand, ancien, comme tous ceux de la rue. Une petite plaquette gravée annonce sur la porte entr’ouverte “Club Révolutionnaire - 2ème étage”. Rien de bien follichon et il a un moment de déception en croyant avoir fait foirer leur filature avec son pari sur le papelard de la Curia, mais un peu plus haut, tout au-dessus du chambranle de la porte est inscrit à la craie “Hangard à Passions”. Petit retour d’espoir. Il le montre du doigt au Patron.

« R’gardez-voir. ‘croire qu’mon estomac pense plus fort qu’... »

Il ne finit pas sa phrase. Ses yeux on accroché un détail qui l’étonne plus encore : sur la façade du bâtiment se devinent entre d’anciennes traces de rouilles, les contours de lettres de fer désormais absentes “Filature Richard & Lenoir-Dufresne”.

« ‘tendez, vous voyez comm’ moi ?! C’est quoi c’traquenard ? »

Sans attendre la réaction du patron, il pousse doucement la porte entr’ouverte, qui s’écarte sans un bruit, et passe un oeil. Elle donne sur une cour, dans laquelle attend un cab qu’ils connaissent, contre lequel un chauffeur déjà vu se roule une cigarette. Fred s’écarte et souffle :

« C’est là qu’y sont, zieutez voir. Mais faites gaffe y’a l’chauffeur. Tcheû ça schlingue c’t’affaire…
- Monsieur le Juge ?! Qu’est-ce que vous faites là ? Je ne pensais plus vous revoir aujourd’hui ! »
Fred fait un bond d’un mètre. L’homme est maigre, silencieux, parle dans un murmure rauque, a le nez le plus crochu qu’il ait jamais vu et des yeux d’un bleu acier enfoncé dans des orbites creuses pas-flippantes-du-tout. Il s’adresse au Patron. Alors comme ça il est vraiment juge...

« Je suis en planque depuis ce matin dans l’appartement d’à côté, je viens de prévenir par corbeau de l’arrivée d’un cab privé. Je ne pensais pas que vous viendriez en personne... »



Spoiler:

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeMar 3 Mar - 13:37

Monsieur le Juge ?! Qu’est-ce que vous faites là ? Je ne pensais plus vous revoir aujourd’hui !

À voir la tête d’Edward, c’est réciproque.

Luther Hawkins est une chimère travaillant au pôle exécutif de la Curia. Il est spécialisé dans la filature aérienne à cause d'un mal étrange dont il souffre, qui restreint ses transformations aux oiseaux. Le loup blanc l’a croisé le matin même, alors qu’il quittait l’Agora. Il a appris qu’il était envoyé en remplacement sur une surveillance et n'a pas demandé plus de détails. Il aurait dû. Car Hawkins confirme : il est bien en planque. Il guette bien « leur » 100 rue de Charonne. Pire, il a envoyé un corbeau pour avertir l’Organisation de l’arrivée du cab privé. À tous les coups, une équipe va rappliquer et leur mettre des bâtons dans les roues. Poisse.
Edward grogne sans s’en rendre compte. Il observe tour à tour le fiacre, Frédéric, puis s’arrête sur leur nouveau camarade. Ce dernier les fixe avec attention, l’attente se lit sur son visage. Il s’est rangé à l’idée qu’ils sont bien là en renfort. Parfait. Ce n’est pas le moment de le contrarier. Le loup s’écarte de l’embrasure de la porte, puis murmure à son tour :

Combien de personnes en tout ?

Hawkins se redresse. Il se tient droit, trop droit, presque au garde-à-vous. Son comportement rappelle à son interlocuteur que c’est un brave type, quoiqu’un peu trop porté sur l’étiquette. Il lui fait signe de se détendre, mais c’est tout juste si la chimère le remarque. Il sort un carnet de la poche de son costume, l’ouvre et c’est en tournant les pages qu’il déclare :

Deux personnes ont quitté la voiture et sont entrées.
Et à l’intérieur ?
Hier ils étaient quatre d’après les notes de Margaret, mais aujourd’hui je n’en ai vu que trois. Le couple d’alchimiste séquestré et l’homme qui les garde en continue.

Edward écarquille les yeux. La surprise le submerge et les mots se jettent entre ses lèvres sans qu’il puisse les retenir :

Deux alchimistes séquestrés ?
Oui. Leur geôlier est probablement aussi un Légendaire, mais on n’a pas réussi à l’identifier. Il n’est pas fiché à la Curia en tout cas.

Hawkins percute enfin et fronce les sourcils.

Vous n’avez pas lu le dossier ?

Le loup oublie de répondre. Les informations se bousculent dans sa tête, mais impossible de les associer. Que vient faire Torthowald dans cette histoire ? Ce chien s'est jeté sur la fausse piste lancée par Puce dans l’idée de régler son compte à Frédéric. Avant de partir en guerre, il réunit quelques hommes pour être sûr que cette fois, c’est la bonne. Point de rendez-vous au 100 rue de Charonne. Jusque là, ça se tient. Puis débarque la Curia avec ses deux prisonniers et tout fout le camps. Une seconde, Edward se demande si le Cochon pourrait être un Légendaire, mais il balaie aussitôt l’idée. Un narcissique aux poches percées, c’est tout.
Mal de crâne. Une donnée lui échappe et ça l’énerve. il passe une main sur son visage et cherche une réponse dans les alentours. Autour d’eux, tout est calme. Nouveau coup d’œil dans l’entrebâillement. La voiture est arrêtée à côté d’un petit jardin en friche. Le cocher y est toujours adossé et il a allumé sa cigarette dont le bout rougeoie doucement dans la nuit. Il souffle. La fumée s’estompe en s’élevant vers les étages. L’encadrement de la porte empêche d’en distinguer davantage. Il faudrait s’avancer, mais c’est trop risqué. Solution de repli :

Je la reconnais.
Quoi ?
La voiture. C'est celle d'un ancien client du cabaret. Aristide Cachon de Torthowald.
Aristide vous dites ? Vous en êtes sûr ? Le bâtiment a été acheté par un certain Aristide Dupont il y a quelques mois.

Grimace. Même pour son nom d'emprunt ce type n'a aucune imagination.

Je doute que ce soit une coïncidence.
Moi aussi. Mais cela voudrait dire que nous tenons l’homme à l'origine du trafic de la 777.
La 777 ?
Ah oui, c'est vrai. C’est le code qu’on a donné à la drogue. La presse l'appelle le Jackpot, ou l’Invincible.

À ce nom, la lumière jaillit dans l'esprit d'Edward. Au figuré, puis au sens propre.

Comme un flash. Énorme, blanc, violent, l’éclat envahit le ciel du onzième arrondissement sans un bruit et l’illumine comme en plein jour. Ça vient d’ici, de derrière la porte entrebâillée. Le lumière est si forte dans la petite cours qu’elle efface toutes les ombres. Les chevaux paniquent et hennissent, leurs sabots martèlent le sol. Exclamations du chauffeur, un son sourd. Puis tout s’éteint et la nuit revient.
Flou pour le loup. Il cligne des yeux, mais des cercles multicolores dansent au milieu de son champs de vision. Les larmes montent, il les essuient en serrant les dents. Il distingue Frédéric, puis Hawkins et ferme à nouveau les paupières. Ça pique. Ses autres sens prennent le relais. Dans l’alcôve, les équidés se sont calmés et la voiture couine légèrement. À leur odeur s’ajoute un subtil effluve métallique. Edward frissonne. Du sang.
Sans réfléchir, il ouvre grand le battant. La silhouette du chauffeur se devine au sol, près des sabots. Impossible pour lui de l’aider, les chevaux le piétineraient à son approche. Hawkins le remarque à son tour, mais hésite :

Qu'est-ce ce c'était ?
Les alchimistes.
Vous pensez qu'une expérience a mal tourné ?
Non. Je pense que c'est une tentative d'évasion.
Q-quoi ? Ce soir ?

Edward fait signe à Frédéric de passer devant.

Hawkins, sortez ce pauvre type  de là.
Oui Monsieur le juge !
Ah, et une deuxième équipe de la Curia est en route. Dîtes leur bien qu’on est déjà à l’intérieur.
À l'intérieur ? Attendez, on ne sait pas…

Le loup a déjà avalé plusieurs mètres.

D'autres voitures risquent d'arriver. Avertissez nous si c'est le cas.
Mais comment ?
Débrouillez-vous.

Edward enjambe d'un bond les trois marches du perron et franchit le seuil. La porte se referme sans un bruit dans son dos et un hall désert les accueille. Ils sont entrés.

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeVen 1 Mai - 18:02

Le club révolutionnaire est au deuxième étage. Le reste doit appartenir au Hangar à Passions. Fred se souvient avoir refilé un journal à Llewyn, comprennant un article sur le Jackpot, après que le chat lui ait parlé de parieurs des rues particulièrement remontés, qui lui avaient fait la misère quelques semaines plus tôt. Des types un peu fous, persuadés d'être les rois du monde, incapables d'admettre leur défaite aux jeux - pas par mauvaise foi, mais plutôt perdus dans leur délire de réussite. L'article décrivait les mêmes impressions. Drôle de truc.
Pour ce qui est de la Filature Richard & Lenoir-Dufresne, Fred tente de se convaincre que c'est un hasard. Des Lenoir, il en existe des tas ; son nom, hors des Ardennes, n'est pas rare à proprement parler. Peut-être un hasard, mais qui l'irrite quand même. Quelque chose de louche se trame, il sent son estomac se nouer légèrement, d'une façon qui ne lui dit rien qui vaille. Cette histoire d'alchimistes séquestrés n'apporte aucun soulagement ; l'air étonné du Patron ne l'arrange pas non plus. Un instant, il craint que leurs efforts soient stoppés nets. Le mage n'a que faire des enquêtes de la Curia : il est là pour son frère et Thorto-chose. Il se retient de siffler comme ferait son frère, convaincu un instant qu'on va le remercier gentiment et lui proposer de laisser tomber pour ce soir. Il n'en est pas question : il a promis à Morgan qu'il règlerait cette affaire ce soir, il n'a pas l'intention de se laisser mettre des bâtons dans les roues.

Une minute plus tard, son patron lui rappelle qu'il n'aurait pas dû s'en faire : il sont entrés comme deux têtes brûlées qu'ils sont. Tentative d'évasion ou non, si Thoto-truc est là-dedans, ils vont lui tomber dessus comme prévu. Le mage sourit. C'est une sombre cage d'escalier dans un couloir en largeur. Des voix assourdies leur parviennent d'un peu partout, mais impossible de savoir d'où exactement. Le sol est en pierre bleue, les murs en pierre beige poreuse ; on sent l'ancien bâtiment autrefois propret et entretenu. À leur droite une porte bancale vitrée donne sur ce qui devait être un bureau d'accueil, désormais encombré de caisses, de chaises et de planches en bois. Après la porte, c'est l'escalier.  de pierre grimpant vers le sombre étage supérieur. À leur gauche, un banc de pierre contre le mur. Au fond, derrière l'escalier et le banc de pierre, la pièce s'ouvre sur un couloir partant à droite et à gauche, pour l'instant inoccupé, soutenu par des arches, avec d'anciennes fenêtres en ogives couvertes de papier brun. La lumière filtrant au travers est crue, poussiéreuse. Fred chuchote :

- J'crois qu'la lumière est v'nue d'en haut mais 'ttendez voir.

Il s'avance pour gratter une feuille et regarder derrière la fenêtre du fond.

Ce qui a dû être un jardinet de buissons taillés à une époque n'est plus qu'une cour carrée, boueuse, parsemée de plantes mortes au milieu desquelles deux hommes énervés s'agitent. Un troisième les rejoint par la gauche et leur crie quelque chose quand des bruits de pas rapides résonnent soudainement de la droite. Frédéric se retourne précipitamment, juste à temps pour voir une silhouette couverte de blanc, le visage caché derrière un tissus gris débouler dans le couloir, s'arrêter un instant avant de lancer vers lui une fiole en verre sur laquelle la lumière se reflète.

- Oh merde.

Il réagit par instinct. Lorsque le récipient éclate en mille morceaux à ses pieds, répandant un liquide qui se met à fumer dans un sifflement qui ne présage rien de bon, Fred lève le bras droit vers son patron et le bras gauche devant lui.
L'explosion est violente, accompagnée d'une fumée blanche qui emplit tout l'espace. La fenêtre a explosé sous le choc, le mage est projeté deux mètres derrière, mais il a eu le temps d'invoquer autour de lui un champs protecteur. Il espère qu'il a eu le temps de faire de même pour son employeur, mais il ne peut en juger à travers l'opaque fumée. Il se redresse dans une bulle d'air pur qu'il ne pourra pas maintenir éternellement. Il entend quelqu'un tousser violemment, des voix percer la brume qui s'élève petit à petit, s'échappant progressivement par la fenêtre éclatée. Le sol et le bas des murs commencent à être plus facile à distinguer. Il lance à tout hasard :

- Patron, ça va ?

User de magie n'est probablement pas la meilleure idée en public, mais aux grands maux les grands moyens. Il se concentre et tente d'accélérer le courant d'air attirant les effluves vers l'extérieur. La brume s'élève encore. Des bruits de lutte lui parviennent d'on-ne-sait-où. Il tente une retraite prudente par le côté gauche du couloir, où il a été projeté, quand un coup de feu retentit. Par réflexe, il s'accroupit en jurant dans ses dents. La douille ricoche juste devant son nez. Il y a quelqu'un debout à deux mètres devant lui, dont il devine le pantalon. D'autres pas se font entendre, une paire de chaussures pointues, cirées, rejoignent la première. Il se fige. L'air est plus pur au sol, il annule son sort pour préserver ses forces, mais n'ose plus bouger de peur d'être entendu.

- Ne tirez pas à l'aveugle, imbécile ! Comment pensez-vous qu'un mort puisse continuer à nous fournir !
- Mais z'avez dit...
- J'ai dit de les blesser, au pire ! Pas de les assassiner ! Sans eux toute l'entreprise tombe à l'eau. Seigneur, tout ceci est bien la dernière chose dont j'avais besoin ce soir. vous êtes décidément des incapables. Allez, rangez-moi ça et trouvez-le moi !
- Mais la fumée...
- Et bien retenez-vous de respirer !

La brume s'élève encore, Fred sent son cœur battre à ses oreilles tandis que les chaussures pointues s'éloignent et que les bottines se rapprochent prudemment, plongeant dans la fumée.
Il recule, toujours accroupis, aussi silencieusement que possible. Mais l'homme se met à tousser, et Fred voit le pantalon se plier au niveau des genoux - le tireur doit avoir eu la même idée que lui, il est sur le point de s'accroupir pour respirer de l'air pur, ou pour regarder sous le nuage, ou peut-être qu'il l'a entendu… Le Noireaud n'a pas mille ans pour réagir. Que ferait Morgan à sa place ? Il prend une grand inspiration, puis se redresse en apnée et plonge en avant. Ses mains saisissent la chemise, et tirent.

- Ow !

Déséquilibré, le tireur tombe au sol ; sa tête cogne le mur. Pour faire bonne mesure, Fred lui envoie son pied dans la tempe, puis s'accroupit pour observer le résultat.
Il a eu de la chance : le visage appartient à un des malfrats de son frère, et il a l'air assez sonné pour le moment. Le cœur battant, les mains tremblantes, le mage récupère l'arme à feu, invoque une brise légère autour de lui pour le protéger de la fumée, et revient à tâtons vers l'entrée où il espère retrouver son patron.

Bayard, tu parles d'une journée !

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MessageSujet: Re: Quand les As piquent ll PV Ed ll   Quand les As piquent ll PV Ed ll I_icon_minitimeDim 22 Nov - 22:30

Frédéric, att-

Tout va trop vite. Le mage s’avance imprudemment dans le couloir. Le loup perçoit du bruit sur leur droite, il tend le bras pour arracher le jeune homme du passage, mais trop tard. Du verre éclate. Un juron fuse et c’est l’explosion. Une fumée blanche, épaisse, envahit les lieux. Edward a eu le temps de se réfugier dans un coin du hall, son bras protège sa truffe sensible. Il tousse contre le tissu de sa manche. L’artiste l’appelle, mais un pas pressé accapare son attention. Une ombre blanche s’échappe du corridor embrumé. Il n’a qu’à ouvrir ses bras puissants pour la réceptionner. Couinement de surprise. Le malheureux s’agite en vain, ses protestations ne quitteront pas son masque de fortune, maintenu par la pression d’une main immense. Inutile d’être diplômé d’Harvard pour reconnaître l’un des alchimistes. Le bougre se démène, Edward sent qu’il met tout en œuvre pour atteindre ses poches. Un coup de feu les fige. Le cœur du loup s’est arrêté. Il tend l’oreille, son prisonnier tressaille.
Des voix non loin. Un petit caïd incendie son homme de main. Pas de trace de Frédéric. L’air toujours vicié empêche le lycanthrope de percevoir clairement les odeurs. Il se penche légèrement, sans lâcher sa prise. Dans les volutes immaculés, il distingue un homme qui s’avance, arme à la main. Le malfrat se racle la gorge, ses yeux piquent, alors il se penche à la recherche d’un peu d’oxygène et disparaît. Un bruit sourd précède un pas discret dans leur direction. Une vague silhouette se dessine dans l’encadrement du hall. Aussitôt arrachée à la brume, elle se retrouve plaquée contre le mur, aux côtés de l’alchimiste terrifié. Frédéric. Un soupir soulagé et Edward le relâche. Il s’épargne des questions inutiles et se concentre sur leur nouvel interlocuteur.

Où est Torthowald ?
Qui ça ?
Un type sans charisme qui pue l’eau de Cologne.
Aristide Dupont vous voulez dire ?

Roulement des yeux.

Oui.
Il doit être au premier avec ma- Mais vous êtes qui au juste ?
C’est la Curia qui nous envoie.

Un éclair de soulagement relâche les épaules de l’hermétiste. Il retire son masque. Sous ses yeux cernées se dessinent des joues légèrement creuses, une petite moustache brune et une barbe de quelques jours mal entretenue, mais sur laquelle tranche un sourire. Il s’efface. Ça s’agite à nouveau du côté du couloir. La découverte des exploits de Frédéric est un coup de pied dans la fourmilière. On beugle non loin. Le loup prend les choses en main.

Sortez d’ici. Un agent vous attend dans la cours.
Pas question. Je viens avec vous, ils retiennent toujours ma femme.
Dehors.
Mais je connais les lieux, je pourrais vous être utile.
Pas la peine, on a lu le dossier.

Repoussé vers la porte, Edward l’arrête sur son seuil. Idée. Le type est brun, plus maigre que Frédéric, mais sa blouse beaucoup trop large brouille sa physionomie, le mouchoir masque le bas du visage. Ça ira. Les vêtements sont réquisitionnés, passés de l’un à l’autre. Le mage n’a pas le choix. En infériorité numérique, la victoire dépend du désordre qui règne chez l’adversaire. Ça tombe bien car le désordre, Edward connaît.
La porte d’entrée à peine fermée, deux hommes déboulent dans le hall, arme au poing. Edward est déjà haut dans la cage d’escalier et traîne Fred derrière lui. Sa voix tonne, plus grave, plus rustre aussi :

C’est bon j’l’ai chopé ! J’l’emmène au boss.
– J’vois ça ! Bien joué mec. Et fais gaffe, hein ! Il a mis le p’tit Paulo à terre, l’salaud.[/color]
T’inquiètes.

Ils gravissent les marches sans encombre et ralentissent le pas. Le loup lève la truffe et tend l’oreille. Rien. Il jette un coup d’œil à l’étage. C’est vide. Il passe en premier. La pièce est un peu plus vaste que le hall, elle donne sur un couloir qui traverse toute l’aile, plusieurs portes se distinguent sur toute sa longueur. Les anciens dortoirs, probablement.

Ça empeste le tabac. Et c’est récent.

Le cendrier et les mégots sur la table basse, confirment. Edward s’avance entre les deux divans installés face à face. Le premier, usé jusqu’à la moelle, n’a probablement jamais quitté l’ancien couvent. Un pochette de cuir a été laissée sur ses coussins. Le loup ne lui accorde que peu d’intérêt, ses doigts se referment sur la veste abandonnée sur le dossier voisin. Inoubliable odeur de musc. Il grimace avant d’en faire les poches, puis hausse un sourcil.

Je le pensais moins bête. Attrapez.

Le porte-feuille vole et retombe entre les mains de Frédéric. Mine grave. Edward a enfin remarqué l’arme à feu :

Vous devriez vous en débarrasser. Morgan ne voudrait pas d’un meurtrier comme frère.

Le vêtement retrouve sa place, le loup poursuit sa route. Il s’engage dans le couloir et jette un coup d’œil aux fenêtres qui donnent dans la cour centrale. Paulo est allongé au milieu de la friche, deux hommes sont avec lui. Un pas de plus. Le sol fatigué grince méchamment. L’animal rectifie spontanément sa foulée et rase le mur. Son poids repose en grande partie contre la tapisserie jaunie et le bois se tait. Pas un bruit. Les chambres dépassées sont toutes vides. Arrivé au bout de l’aile, Edward se fige. Quelqu’un arrive.

Entrez-là.

Il a presque arraché la dernière porte de l’allée. La seule verrouillée, évidemment. La poignée de métal s’est tordue entre ses doigts, le loquet est foutu. Une voix s’élève, il pousse Frédéric à l’intérieur, referme le battant aux gonds désaxés et s’avance d’un pas. Un homme bien plus petit que lui, la barbe drue, une cicatrice sur la joue, agite son révolver sous son nez :

– On avait dit tous les hommes en bas ! L’alchimiste s’est fait la malle, t’as pas entendu ?!
Si. Mais Paulo l’a chopé. J’venais l’dire au boss.
– Sérieux ?! Bordel, je cours partout depuis cinq minutes pour rien.

Un mouchoir crasseux éponge son front et sa moustache humide.

– Et ils sont où ? Faut le ramener au labo, le patron attend. Y a une livraison demain.
C’est qu’il est sonné. Paulo a dû lui mettre un coup d’crosse pour pas qu’il nous enfume.
– Merde… Et sa femme qui s’réveille pas.
Elle est où ?
– Avec l’arabe. Faudrait le prévenir aussi, mais j’irais pas. Peux pas l’blairer. Vas-y toi.
Ils sont où ?
– Comme d’hab.
Au réfectoire ?
– Mais non ! À la chapelle. T’es nouveau ou qu-

Uppercut. L’homme s’écroule. Le loup le soulève sans difficulté en l’attrapant sous les bras. Il appelle Frédéric, mais traine l’inconscient dans la pièce voisine sans l’attendre. Le malheureux est couché sur l’unique lit de l’étroite petite chambre. Edward vide son arme, les balles disparaissent dans sa poche. Il récupère la clef restée dans la serrure et verrouille la porte de l’extérieur. C’est un véritable prédateur qui retrouve le jeune mage.

On a un problème. La fille et le cochon ne sont plus au même endroit. Elle serait à la chapelle avec un type louche, lui dans ce qu’ils appellent « le labo ».

Deux cris, presque simultanés. L’un frôle les aiguës d’un ado enroué. Un désastre vocale qui réclame le retour immédiat du barbu au bois dormant. L’autre est plus inquiétant, il s’élève du hall tout juste quitté. C’est celui d’une femme et elle appelle à l’aide.

On se sépare.


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