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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]

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Billy Langevin
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MessageSujet: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeMer 23 Mai - 16:28

Avec contentement, je posais le point final de ce dernier rapport à finir. Comme toutes les fins de semaines, je terminais un peu plus tard pour finaliser tous les rapports et dossiers de la semaine. Il m'arrivait donc régulièrement de quitter le commissariat après la tombée de la nuit. Je fermais le dossier et le posais sur l'une des piles près de mon bureau. Je me laissais aller dans ma chaise et m'étirais de tous mon long jusqu'à entendre craquer quelques articulations. J'avais bien besoin de me dégourdir les jambes.

Je me levais souplement et jetais un dernier regard aux quelques dossiers que j'avais laissés à part. Des dossiers spéciaux, pas vraiment résolus. Le dernier en date concernait l’événement du cirque survenu quelques jours plus tôt. Les témoignages recueillis étaient tous plus confus les uns que les autres et le plus souvent farfelus et contradictoires. Ce dossier allait finir aux oubliettes et je n'en étais pas satisfait. Cela me préoccupait.

Soupirant, je me détournais de la question et m’emparais de ma cape, suspendue à la patère.  La faisant tourner dans l'air je la posai sur mes épaules mais le large mouvement entraîna une pile de document qui s'étala sur le sol le long du mur.

*Zut ! Il va falloir ramasser tout ça… demain.*

M'en détournant, je quittais la pièce et la fermais à clé. Bien que mon organisation personnelle en faisait réfléchir plus d'un avant d'entrer dans mon bureau, on y trouvait trop de documents sensibles et/ou secrets pour le laisser ouvert. De toutes façons, les personnes qui étaient susceptibles d'avoir besoin d'y entrer en avaient la clé.

Je jetais justement un regard vers le bureau voisin du mien, celui d'Aldrick Voelsungen, mon supérieur. La porte était fermée. Soit il était en rendez vous privé et il n'apprécierait pas que j'entre juste pour le saluer, soit il était déjà parti. Dans tous les cas, il était inutile d'essayer d'ouvrir cette porte. Je fis un salut dans le vide et me dirigeais vers la sortie.

Le commissariat était plutôt calme, l'équipe de jour était partie et celle de nuit, nettement moins nombreuse, était en train de s'installer. Je fis quelques signes, lâchai quelques mots d'encouragements et, avec mon plus grand sourire, souhaitais une bonne soirée à tous.

Une fois dans la rue, je respirais profondément l'air nauséabond de Paris. Ca faisait deux ans que j'étais dans cette ville, je m'y plaisais bien finalement. En prenant le temps de flâner un peu, j'allais vers mon bistrot favori pour manger une omelette et une salade avant de me diriger vers le lieu de ma soirée…

***

Il était environ 22h quand j'entrais au Lost Paradise. Je payais mon entrée et laissais l'ouvreuse me guider vers une table. Elle mit ma cape au vestiaire et je posais ma veste sur le dossier de ma chaise. Je m'installais confortablement, tirais sur les manches de ma chemise pourpre afin qu'elle tombe mieux et glissais mes doigts dans mes cheveux roux pour tenter de les discipliner un peu. En vain. Puis je commandais un verre de vin et quelques morceaux de fromage pour grignoter un peu tout en profitant du spectacle.

Je m'abandonnais au plaisir d'être là, profitant des représentations, applaudissant en même temps que tout le monde et savourant mon verre avec lenteur. J'aimais me laisser aller à l'ambiance de ce Cabaret, je m'y sentais bien et j'y connaissais quelques personnes. Entre chaque numéro, j'aimais bien observer les lieux, les clients, les serveurs. J'aimais imaginer ce que chacun vivait. J'aimais sentir la vie autour de moi.

Mon verre fini, je fis un signe à un serveur pour être resservi.

Spoiler:
Andréa Eyssard
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Andréa Eyssard

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeSam 23 Juin - 14:33

Andréa ! Andréa j'ai besoin de ton aide.

Deux bras se posèrent sur les épaules d'Andréa qui leva la tête du plateau qu'il remplissait des plats de la table sept. Sully se tenait face à lui, son MacFarlane sur l'épaule, toujours tiré à quatre épingles si l'on oubliait sa petite moustache anglaise toute hérissée. Le louveteau cligna des yeux, prêt à l'interroger, mais son collègue dégaina le premier :

Andréa, il faut absolument que tu me remplaces.
Quoi ?
C'est une question de vie ou de mort.
Tu es un Dullahan, Sully…
C'est une façon de parler, enfin ! Soupira le concerné. Écoute, il y a eu une incompréhension et ma fiancée arrive ce soir par le train. Je dois absolument aller la récupérer. Elle ne parle pas français, elle va être perdue si je n'y vais pas.
Mais pourquoi moi ? Demande à Layth plutôt !
J'aimerai bien, mais je ne sais pas où il est. S'il te plaît Andréa.
Mais… Moi aussi je devais voir quelqu…
Pour ton mariage ?
Non ! Non bien sûr que non ! Rougit-il.
Et bien moi si.
D'accord ! C'est bon.
Merci. Je te revaudrais ça !

Il enfila son par-dessus et disparut aussitôt dans les couloirs menant à la sortie, ne lui laissant, en tout et pour tout, que son carnet avec quelques annotations griffonnées à la va-vite. Le louveteau le regarda, sans comprendre d'abord, puis un souffle de panique étreignit son petit cœur. Tendant le bras dans un geste désespéré, il s'exclama dans le vide :

Attends, Sully je n'ai jamais…

La porte claqua, crispant le jeune homme qui termina sa phrase dans un soupir :

…Pris de commandes.

Andréa ne travaillait pas si souvent que ça comme serveur. Généralement c'était pour dépanner lorsque la salle était pleine à craquer, ou en remplacement durant les jours de congés d'autres serveurs, et à chaque fois il se contentait d'apporter les commandes ou de débarrasser. Il ne les prenait pas. Jamais. Pour la simple et bonne raison qu'il était trop distrait pour ça et que son écriture maladroite faisait hurler Lûka en cuisine.
Alors, il commença à éplucher nerveusement les pages du calepin, ne comprenant qu'une note sur deux, tentant d'en lire une troisième où figurait un grand point d'exclamation.

T-12, Pas de la-sti…cot ? Pas d'asticot ? Mais qui voudrait des asticots ?
Andréa ! Les plats vont être froids !
Oui, oui, pardon !

Il rangea le carnet dans la poche de son uniforme, récupéra son plateau et franchit les doubles portes d'un pas bien moins assuré qu'une minute plus tôt. Machinalement, le garçon rejoignit la table sept, une fratrie de deux sœurs et leur frère, venus profiter du spectacle. Il les servit un à un comme il en avait l'habitude, mais décampa trouver refuge près du bar, alors peu courtisé, à la minute où il eut terminé.

J'en connais un qui a fait une bêtise, se moqua gentiment Celenna en s'accoudant au comptoir. Dis moi tout, j'adore te voir dans la panade.
Comment on fait pour prendre une commande ?
De quoi ?
Il faut que je note quoi ? Tout le détail ou juste le plat ? Et est-ce que je dois aller voir les gens uniquement s'ils m'appellent ou même si c'est pas le cas ?
Olah, doucement petit loup. Depuis quand tu prends des commandes ?
Je dois remplacer Sully, pour sauver son mariage.

Celenna cligna des yeux sans comprendre, mais face au sérieux du garçon elle finit par étouffer un rire derrière son torchon. Andréa n'en fut que plus dépité et se laissa choir contre le bar. Une pichenette de la démone l'obligea à se redresser. Il massa son front et elle reprit :

Ce n'est pas si difficile. Tu n'as qu'à t'occuper du rouquin là-bas pour commencer. Il est tout seul et il a fini son verre depuis quelques minutes. Tu passes et tu t'arrêtes s'il t'appelle. Tu notes ce qu'il veut et tu reviens ici.
Et s'il ne m'appelle pas ?
Tu reviens aussi, on trouvera un autre cobaye.
D'accord. Merci.

Elle sourit, puis lui fit signe de déguerpir au moment même où deux hommes s'installaient au bar. Le louveteau allait s'éloigner, mais il se ravisa au dernier moment et interrogea sa collègue avant qu'elle ne soit occupée :

Dis, tu sais si Edward est rentré ?
Je ne crois pas non, je ne l'ai pas vu passer en tout cas.

Le contraire l'eut étonné. Andréa retint un soupir et acquiesça. Il fixa ensuite sa cible et, prenant son courage à deux mains, s'avança vers elle. Il espéra secrètement ne pas être abordé, mais comme la chance l'avait définitivement abandonné pour la soirée, ce ne fut pas le cas. Il n'ouvrit pas la bouche, se contentant de s'arrêter à sa hauteur et fouilla nerveusement ses poches pour en arracher le calepin de Sully. Il mit une bonne minute à trouver une page vide et, quand enfin il y parvint, il se rendit compte qu'il n'avait aucun crayon sur lui.
Les lèvres pincées, il se maudit en silence et, croisant le regard de son interlocuteur, il se rendit compte qu'il n'avait rien écouté de sa commande. Ses iris noisettes préférèrent fixer la page à jamais immaculée de son calepin lorsqu'il se risqua à questionner :

Excusez-moi, je n'ai pas bien compris.

Cette fois, Andréa était prêt à l'écouter, vraiment. Mais son instinct se mit brusquement en alerte et toute sa concentration partie en fumée. Le nez en l'air, le regard fixé sur l'épais rideau rouge qui séparait le hall de la grande salle, il n'entendit rien de la seconde demande formulée et n'y répondit que par un vague et inadapté :

Humhm.


H.R.P:

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeMar 26 Juin - 11:32

Un jeune homme répondit à mon appel et s'approcha de ma table pour prendre ma commande. Il était plutôt fin ce qui lui donnait l'air très grand, les cheveux bruns. Il était agréable à regarder. Mais lui ne me regarda pas. Ses cils cachaient ses yeux que je ne pouvais croiser. Il se mit à chercher son calepin pendant que je dictais ma commande :

« Un autre verre, s'il vous plaît, avec des olives. »

M'avait-il seulement entendu ? Il semblait très concentré sur son carnet, tournant les pages dans des gestes qui trahissaient une certaine fébrilité. Quand il délaissa son calepin, il se mit à fouiller ses poches mais ne trouva pas le crayon que je le soupçonnais de chercher. Ce garçon se rendait-il compte à quel point il était charmant ? Je l'observais en souriant quand son regard se posa un instant sur moi. Un instant très court. Il baissa aussitôt ses yeux vers sa page blanche comme un enfant pris en flagrant délit d'une bêtise honteuse.

« Excusez-moi, je n'ai pas bien compris. »

Il n'avait pas bégayé, ça me semblait un résultat extraordinaire vu son état de nervosité. Sans rien pour écrire, il semblait très concentré sur sa feuille pour retenir mes mots, je reprenais donc :

« Je voudrais du vin rouge, s'il vous plaît, au verre. Et... »

Son regard était parti ailleurs, il ne m'écoutait plus. Je cherchais des yeux ce qui avait pu attirer son attention. Le rideau qui menait au hall. Je ne notais rien de particulier et reportais mon attention sur lui. Il n'était clairement plus avec moi et lâcha un léger :

« Humhm »

J'explosais de rire.

Il ne m'avait clairement pas écouté, il n'avait pas non plus remarqué que je n'avais pas fini ma phrase. Il était tellement étrange, ce garçon, d'abord totalement perturbé par sa situation et ensuite totalement insouciant de ce qu'il se passait. Mon rire avait fusé, spontané, naturel. Comme souvent chez moi. Un nouveau numéro allait commencer sur scène et quelques regards désapprobateurs se tournèrent vers moi. Je me repris et posais de nouveau mes yeux sur le jeune homme quand un autre serveur apparu. Il s'adressa d'un ton réprobateur au jeune brun, bas mais pas assez pour que je n'entende pas :

« Andréa ! Depuis quand tu prends des commandes ? » Puis, se tournant vers moi, d'un ton très courtois : « Que désirez-vous, Monsieur ? »

« Un deuxième verre de rouge, s'il vous plaît, avec des olives. »

« Bien monsieur. » Et de nouveau au jeune serveur : « Retourne à ton poste, il y a des tables à débarrasser, tu le vois bien ! »

Puis il disparu aussi rapidement qu'il était venu. Au moins, j'allais être servi mais j'étais compatissant pour le jeune débutant, car c'était probablement un débutant.

« Je suis désolé que vous ayez été réprimandé par ma faute... »

Et soudain les liens se firent dans ma tête. Andréa ! Je connaissais ce nom. J'avais déjà vu ce garçon au Lost Paradise, ce n'était pas un nouveau, c'était une catastrophe ambulante. A force de le voir faire tomber les plats qu'il desservait, j'avais fini par demander à Kaito qui était ce maladroit et mon ami m'avait répondu que c'était le neveu du patron. Un proche d'Edward White. L'homme qui mettait toujours mon chef de mauvaise humeur. Comment un être si désagréable pouvait-il avoir un neveu aussi mignon et attendrissant ? Je le détaillais encore une fois et fus surpris par son expression.

« Ca va ? »


Spoiler:
June Ravenclose
Le chant du cygne
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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeLun 2 Juil - 17:38

« Oh ! June ! Tu veux du brownie ? Ch'est délichieux ! »
« Merci Pipistrella mais je n'ai pas faim. Tu devrais retourner dans les coulisses non ? »

La nymphe avala le reste du gâteau en s'exclamant avant de partir en courant, sans que June puisse vraiment comprendre autre chose que « Mmmmmphf ! ». Ce serait bientôt à son tour de présenter son numéro en effet. Mais au-delà d'une pure bonté d'âme, la cantatrice avait surtout espéré que cela soit suffisant pour qu'elle parte alors qu'elle-même entrait dans la pièce. Pipistrella n'était pas méchante, mais elle parlait tellement, et souvent pour ne rien dire ... Normalement cela la faisait rire, June l'aurait même rejointe dans les coulisses, mais depuis l'incident du Strano, la scène lui rappelait tout cela. Elle avait tenté de remonter sur les planches, au moins pour la répétition, mais tout son être s'y était refusé, entre les larmes qui embrouillaient son regard, son corps tendu, son souffle court. Bien sûr, on lui avait dit que la Lamia devrait survivre. Cela n'empêchait pas qu'elle avait été choquée et la Brume n'avait rien fait pour l'aider, bien au contraire. Elle s'était sentie malade tout le reste de la journée.

Alors, ce soir, au lieu de s'apprêter entre maquillage et costume, elle s'était dirigée vers la grande salle, simple spectatrice parmi tant d'autres. Peut-être pourrait-elle retrouver l'inspiration pour pouvoir remonter la pente. Tout de même ... Parfois, elle se disait qu'elle devait être maudite. Après tout, elle était médium, avec son propre spectre attitré qui plus est. Les morts ne trimballaient pas tous des énergies très positives. Mais à qui poser ses questions ? Ester ? La photographe avait l'air d'avancer plus à l'instinct qu'autre chose elle aussi ... Lily avait bien quelques livres sur le sujet, mais pour la plupart ce n'était que des contes, et puis la bibliothécaire lui avait déjà dit tout ce qu'elle savait. Il devait y avoir des informations à la Curia. Elle ne pouvait pas croire qu'aucun médium n'avait été catalogué pendant toutes ces années. Mais on ne la laisserait pas entrer aussi facilement. Elle ne voulait pas non plus attirer des ennuis à quelqu'un en prétextant une visite. Parfois, elle se disait que ce serait tout de même plus simple si ses parents étaient encore vivants. D'un autre côté, ils avaient toujours eu l'air si normaux, et cette véhémence à l'envoyer à l'asile .... Elle s'était longtemps posée des questions sur le sujet et aujourd'hui, elles remontaient à la surface en même temps que les autres. Sans parler de cette phrase ignoble qui jouait en boucle dans ses souvenirs. Alors ... ? Mais Adam n'avait jamais mentionné quelque chose qui pourrait confirmer ses doutes. En même temps s'il cherchait à la protéger ...

« Donne moi un verre de vin rouge s'il te plait Celenna. » soupira-t-elle en s'asseyant au bar, bien décidée à se changer les idées. Elle ne trouverait probablement pas ses réponses aujourd'hui.
« Rude journée hm ? »

Elle acquiesça et se retourna vers les rideaux, un sourire contrit aux lèvres. Elle aurait dû y être. Chanter était devenu comme respirer, petit à petit. Elle en avait besoin pour s'épanouir et extérioriser ses sentiments. Mais dans son état, c'était impossible de donner un spectacle digne de ce nom. Il lui fallait encore un peu de temps. Au moins sa collègue avait eu le tact de ne pas lui poser trop de questions sur le sujet même si d'habitude elle était curieuse. Les clients ne seraient peut-être pas tous aussi aimables. Enfin sinon cela viendrait peut-être plus tard ...

« Est-ce que tu sais si Alex aura un peu de temps libre après le service ? » demanda-t-elle finalement. Leurs discussions tranquilles lui manquaient.

Une voix forte comme une dispute couvrit la réponse. Un nouvel employé peut-être ? La curiosité attira son regard vert en direction d'Andréa en train de se faire sermonner. Bon sang. Qu'est-ce qu'il faisait aux tables ? Et puis s'il la voyait ici alors qu'elle était supposé se reposer, il risquait de rapporter tout ça à son oncle non ?

« Voilà ton verre ma belle. »

Ah ! Raté. Elle ne pouvait pas repartir aussitôt maintenant ...

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeMer 11 Juil - 20:38

Comme d'ordinaire, la musique battait son plein au cabaret lorsque la haute stature d'Aldrick en franchi les portes. Une fois débarrassé de sa veste, il s'avança dans le hall et marqua un temps d'arrêt en se demandant comment aborder les choses. Quelques heures auparavant, Andréa était venu le voir au commissariat pour lui parler de son oncle. L'initiative était si inhabituelle, qu'elle n'avait pas manqué de surprendre le loup, entraînant une myriade de questions, qui étaient restées sans réponse : Jean avait eu besoin de ses services et ils avaient dû repousser leur entrevue.

Depuis leur mésaventure au cirque, ils n'avaient guère eu le temps de discuter avec le loup blanc et d'après les dires du louveteau, il ne semblait pas dans son état normal.

* Pas sûr qu'il ait vraiment envie de me voir, mais bon... Il va bien falloir que je lui rende ça. *

L'objet oblong qu'il gardait sur lui, lui paraissait devoir revenir aux "Leurs" plus qu'aux Humains. Même s'il avait un peu l'impression -malgré lui- de transgresser la loi. Un soupir lourd de sens lui échappa lorsqu'il franchit finalement l'épais rideau de velours pourpre pour gagner la salle de spectacles.

Sempiternellement, le numéro commença sous les applaudissements du public, et il ne fallut que quelques secondes au brun pour repérer de l'agitation près d'une table. La silhouette filiforme d'Andréa n'était pas loin. Encore à se faire houspiller par un autre employé. Il aurait dû s'en douter. Ce louveteau avait vraiment une poisse intersidérale. Ce qu'il n'avait pas prévu en revanche, c'était la tignasse rousse à ses côtés, dont il ne connaissait que trop bien l'odeur.

D'un pas rapide, il avala les quelques mètres qui le séparait de la table, croisant l'autre employé qui grommelait, fâché :

- Si je croise l'abruti qui a demandé à Andréa de prendre les commandes ce soir, il va m'entendre !

L'agent n'en tint pas compte, se contentant d'arriver derrière le louveteau avant d'interroger d'un air professionnel, en posant brusquement sa main sur son épaule :

- Un souci messieurs ?

Un sourire trop grand pour être innocent étira ses lèvres, avant qu'il ne salue les présents plus convenablement en leur serrant la main. Il ne put s'empêcher de taquiner un peu Billy au passage :

- Eh bien, c'est rare de te croiser ici. Je suis heureux que tu aies réussi à sortir du dédale de dossiers qui mène à ton bureau.

Il lui tira brièvement la langue pour appuyer la plaisanterie, puis ajouta :

- Tu me préviens si jamais il t'embête, d'accord ? Puis avisant le roux, il ajouta en lui faisant un clin d’œil : Et inversement.

Retrouvant un peu de son sérieux, il écouta leur échange avec attention avant de se tourner vers le plus jeune une fois qu'ils eurent fini, en indiquant :

- Blague à part : tu as l'air occupé. Je vais attendre au bar que tu aies fini, prends ton temps.

Libérant finalement Andréa, Aldrick préféra ne pas imposer davantage sa présence à Billy. Après tout, ils se voyaient déjà au travail et même s'il le considérait comme un ami proche, il pouvait comprendre qu'il n'ait pas forcément envie de passer la soirée en sa compagnie.

- Allé, je vous abandonne, j'ai une terrible envie de rakiou ! ~

Aussi, après avoir salué les garçons, il s'éclipsa, impatient de savourer à nouveau cette violente eau-de-vie de prune qu'on trouvait surtout chez eux et qu'Edward réussissait miraculeusement à se procurer. Il ne fallut pas longtemps avant que la voix envoûtante de Celenna ne le questionne. Le loup noir la salua et commanda, réalisant alors qu'à ses côtés, se tenait la jolie June. Cela suffit à colorer ses joues d'un rouge bien trop vif à son goût. Oubliant un instant l'objet de sa présence, il se risqua à se pencher vers la belle pour lui parler, mais elle semblait si troublée, si différente, qu'il en fut interloqué. Après un temps et avec une douceur qu'on lui connaissait peu, il tenta :

- Bonsoir June. Est-ce que tout va bien ?

Une inquiétude réelle pulsait dans sa voix. Dolores l'avait pourtant prévenu, elle était chamboulée par ce qui s'était passé au Strano et la Brume n'aidait pas. La chanteuse avait besoin de temps pour s'en remettre. Il n'était rien qu'il ne puisse faire de son côté pour accélérer ça.

Il hésita et tenta d'une voix maladroite :

- Si jamais... Vous avez besoin de parler... Je sais qu'on se connaît peu, mais... Content je serai vous aider.

Tel était l'embarras du loup noir. Si grand qu'il n'envisagea même pas la traîtrise de ses propres mots, dont certains n'avaient pas pris pas la peine de sortir en même temps que les autres. Le laissant étonnement silencieux et rouge.


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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeSam 28 Juil - 19:11

Le commissaire Voelsungen entra dans la salle.

Andréa le suivit du regard, une seconde seulement, car le rire de son client le rappela à l'ordre. Le garçon, conscient de l'avoir à nouveau oublié, rougit jusqu'aux oreilles de son erreur et bredouilla un pardon timide, le nez collé à son carnet. Comme il n'avait pas l'air fâché, il aurait eu le courage de l'interroger une dernière fois si le ton réprobateur de Jakob ne l'en avait pas empêché.

Mais c'est…

La commande prise, une dernière remontrance fusa sans que le jeune homme puisse se défendre. Son collègue s'éloigna et Andréa ravala sa fierté dans une grimace expressive qui s'effaça à la seconde où l'homme attablé s'excusa. Un sentiment de culpabilité lui colora un peu plus les joues tandis qu'il détournait le regard. Il froissa le carnet dans ses mains nerveuses en essayant de le ranger dans sa poche, ne prit pas garde à la couture qu'il déchira sur un centimètre dans la précipitation et bafouilla, décontenancé par l'égard de son interlocuteur.

Oui, oui ça va. Excusez-moi pour le… ce désagrément je… Enfin, Jakob va s'occuper de votre com–

Un violent sursaut emporta son dernier mot. Une main solide venait de se refermer sur son épaule. Le louveteau eut si peur que ce soit celle de Snorri, qu'il s'écarta d'un pas rapide et s'empêtra les pieds. Sans l'étreinte et le sourire d'Aldrick, il aurait fini par terre. Remis de ses émotions, le visage du louveteau s'illumina à la vue de son homologue à qui il demanda spontanément :

Vous allez bien Aldrick ?

Il écouta l'échange, comprit que le client était une de ses connaissances, espéra secrètement qu'il ne rapporterait pas au commissaire quel piètre serveur il faisait et s'attrista lorsque ce dernier lui rappela qu'il avait à faire. Le regard de Jakob perça au-dessus de la table neuf et le louveteau sentit qu'il était dans son intérêt de reprendre rapidement le service.
Aldrick parti, le jeune homme s'éloigna à son tour après un dernier mot :

Je vous apporte votre commande dès qu'elle est prête.

Il fit un détour par la table douze qu'il débarrassa, rapporta le tout en cuisine et revint avec les entrées commandées par la table quinze. Quatre assiettes, pour quatre hommes occupés à commenter le spectacle. Andréa y jeta un coup d'œil avant de déposer les plats. Épona était sur scène et dansait avec sa grâce habituelle. Elle réussit un pas sur lequel le louveteau l'avait vu longtemps travailler et il en fut si ravi pour elle, qu'un sourire se glissa sur ses lèvres fines. Après avoir déposé les deux salades ainsi que la soupe froide, il était en train de servir le feuilleté au saumon, quand l'un des gentilshommes l'interpela :

Dîtes moi jeune homme, est-ce bien la délicieuse Lily qui est assise au bar ?

Il insista sur le mot « délicieuse » aussi férocement que s'il s'apprêtait à dévorer une pâtisserie. Andréa en éprouva une vive réticence, mais poli, il se redressa tout de même. C'était bien June installée au bar. Persuadé qu'elle clôturait la représentation de ce soir, le louveteau en fut très étonné et tarda à répondre. L'autre en profita pour se vanter :

C'est mon jour de chance les amis. Je vais enfin avoir ce tête à tête avec–
Ce n'est pas elle.
Pardon ? Vous êtes sûr ? Pourtant elle lu–
Ce n'est pas Lily, insista fermement Andréa. Je ne suis pas certain qu'elle soit là ce soir.
Hum… Bon très bien. Merci.

Les trois comparses du dandy le chambraient avec plaisir lorsqu'Andréa quitta la table. Il en débarrassa une autre en cours de route, mais au lieu de retourner directement en cuisine, il fit un crochet par le bar.
Il resta quelques minutes à faire le poireau à un mètre du comptoir, craignant d'interrompre la discussion entre Aldrick et la belle artiste. Il y serait encore si Celenna ne l'avait pas remarqué. Elle lui fit signe d'approcher et Andréa avala la distance qui lui restait d'un pas nerveux, puis articula, le regard rivé à ses chaussures :

Pardon Mademoiselle June mais… En fait, il y a un homme qui cherche à parler à Lily à la table quinze. Il n'a pas l'air très agréable alors, hm, faîtes attention.
Qu'il approche de mon bar, répliqua Celenna. Si c'est pour embêter June, je lui servirai un cocktail de mon cru et il s'en souviendra.
Le même que celui du banquier grossier ?
Un pire !

Andréa écarquilla les yeux. Cela fit rire Celenna qui reprit l'instant suivant :

Allé, fais moi passer ton bazar. Je vais te donner le vin à servir à ton cobaye.
J'avais presque réussi à prendre sa commande tu sais.
Oui je sais. Tiens. Et essaie de ne pas le lui en renverser dessus.
Je vais éviter. Jakob me tuerait.
Tu cours plus vite que lui.
Vrai, répondit le petit loup dans un sourire complice. Merci.

Elle lui déposa un plateau avec deux petites coupelles d'olives, des noires et des vertes, puis lui tendit la bouteille et le torchon à employer. Andréa les récupéra et s'engagea d'un bon pas en direction de la table du rouquin, mais se figea en cours de route.

Il ne restait plus que trois hommes à la table quinze.


H.R.P:

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeMer 22 Aoû - 12:56

Le serveur avait été rude avec le jeune brun et je sentais qu'il était difficile pour lui de garder contenance et de trouver où se placer dans cette situation. Ma compassion à son égard semblait même ajouter à sa gène, j'en étais désolé pour lui. J'aurai eu plaisir à discuter d'avantage avec lui pour le mettre à l'aise mais non seulement il était évident qu'il ne pouvait se permettre un tel éccard, on le gardait à l’œil, mais en plus, nous fûmes interrompus.

Je n'avais pas vu Aldrick entrer dans la salle, je fus donc pris par surprise par son intervention. Mais j'étais clairement moins surpris que le jeune serveur qui failli tomber à terre. Pour ma part, je manquais d'éclater de nouveau de rire mais je me retins par égard pour le pauvre garçon. Visiblement, mon chef, collègue et ami était plutôt détendu. Il me gratifia d'une boutade et d'une grimace. Je pris la remarque au premier degré :

« Ah, tu ne crois pas si bien dire, pour une fois, j'ai envisagé de ranger… enfin, de l'idée à l'action, il y a un pas, tu t'en doutes… que je n'ai pas franchi. »

Complice, je répondis à son sourire.
J'étais assis à ma table, entouré de ces deux grands bruns, je commençais à me sentir un peu petit, moi qui ne le suis pourtant pas, j'hésitais entre me lever et inviter Aldrick à ma table quand celui-ci prit congé.

Dans un coin de mon esprit je notais que mon chef et le dénommé Andréa semblaient assez proches malgré l'ombre de l'oncle du jeune homme que je savais détesté par mon ami. J'ignorais quels étaient les vrais liens entre ces personnages mais je devinais qu'il ne s'agissait pas de quelque chose d'anodin ni même de banal. J'étais pourtant incapable de justifier cette impression. Si mon intuition était pratique d'un point de vue professionnel, elle me torturait parfois l'esprit en hypothèses et déductions partielles quand j'étais de repos et c'était parfois pénible. Certains parlent de déformation professionnelle… je préférerais m'en passer, pour ma part…

Quoi qu'il en soit, Aldrick s'éloigna, Andréa fit de même et le spectacle sur la scène continua. Je suivi un instant le jeune homme du regard. Il semblait avoir repris le contrôle de lui même. Quoi qu'il en soit, il ne renversa rien et ne cassa rien. Je remarquais, qu'au bar, Aldrick était en conversation avec l'une des artistes du cabaret puis je reportais mon attention sur le numéro en cours.

Soudain, mon regard fut attiré par un mouvement dans le coin de mon champ de vision. Je tournais la tête juste à temps pour voir un homme bousculer mon jeune serveur assez brusquement. Le contenu du plateau qu'il tenait se répandit par terre avec fracas et je reconnus mon vin et mes olives. Pauvre gosse, il allait encore se faire réprimander. Mais l'altercation n'était pas terminée, car c'en était une. L'homme saisit Andréa par le col et lui grogna quelque chose au visage. Je n'en saisi qu'une bribe :

« … moqué de moi… Lily… minable... »

Lily, c'était la jeune artiste au bar, maintenant que j'entendais son nom, je m'en souvenais. Elle était toujours en compagnie d'Aldrick. Je ne pris pas le temps de chercher à analyser d'avantage la situation, je me levais d'un bond et comblais la distance entre eux et moi en quelques enjambées. Je jetais un rapide regard à mon collègue et décidais qu'il n'était pas pertinent du tout de jouer la carte professionnelle. Le cabaret avait ses videurs, l'homme serait probablement mis dehors et j'avais une bonne excuse pour intervenir. Je saisis donc l'importun à l'épaule afin de l'écarter du jeune serveur et pointais le sol avec une colère légèrement surjouée :

« Dites donc, c'est ma commande que vous venez de jeter par terre, Monsieur ! Et ça n'est pas en molestant mon serveur que vous allez me dédommager. »

Alors que des rires fusaient de la table voisine et que j'entendais l'homme moqué par d'autres qui semblaient le connaître, je le vis changer de couleur plusieurs fois, oscillant entre la honte, la rage et la gêne. Je vis les gros-bras arriver derrière lui et je décidais de l'ignorer ouvertement pour me tourner vers le serveur afin de m'assurer qu'il n'était pas blessé. Mon geste acheva de décider le fâcheux à choisir la colère et son bras se leva, poing serré, dans ma direction. C'est son grognement qu'il attira mon attention et je l'évitais de justesse. Il manqua mon visage mais toucha mon épaule assez durement, me projetant sur Andréa.

Il avait vraiment la poisse ce gosse !
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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeSam 1 Sep - 15:34

Comment était-il possible d'avoir une malchance pareille ? Voilà ce que June se demandait devant la scène qui se déroulait sous ses yeux et ceux de tous les autres qui pouvaient être intéressés par ces éclats de voix. C'était avant qu'un autre homme entre en scène. Le commissaire ... Aldrick ! De loin, elle ne saisit pas tous les détails, mais la situation semblait moins tendue à présent. Un sourire doux vint flotter sur ses lèvres, rassurée, avant qu'elle ne les trempe dans son breuvage à la robe sombre, bien décidée à le terminer avant que quiconque ne vienne l'aborder.

Manque de chance, une grande ombre tomba à ses côtés comme pour rire au nez de ses souhaits silencieux. Elle ne dit rien, espérant presque que son voisin ne la remarque pas. Il serait terriblement déçu qu'elle ne chante pas ce soir. Il ne serait pas le seul d'ailleurs. Autre raison pour laquelle June n'avait pas commandé un simple jus de framboise ; elle ne devrait pas être aussi faible, aussi émotive. Elle esquissa un mouvement pour se relever, persuadée à présent qu'elle n'aurait pas du venir. Le regard mordoré coulant vers sa silhouette l'en empêcha finalement. À quoi pensait-elle ? Elle était une artiste du cabaret. Elle devait au moins saluer les clients, écouter leurs requêtes et leur offrir un sourire. Même si le cœur n'y était pas ...

Tiens donc. Pourquoi rougissait-il avant même de lui avoir adressé la parole ? Elle se remémora les paroles de Dolores tandis qu'il posait sa question. Oui ... Il était inquiet. Sa carte était rangée dans un tiroir, presque oubliée, vu les circonstances. Puisque la docteure exagérait toujours et parlait avec trois fois plus d'enthousiasme qu'une personne normale, elle décida de ne pas faire de cas de tout ceci. Une question serait déplacée, de toute façon, en échange de sa gentillesse. Il était clair qu'il n'était franchement pas à l'aise, pourtant, il lui offrait de l'écouter et cette simplicité la touchait. Les mots passèrent ses lèvres, doucement, presque en un murmure.

« Chaque fois que je ferme les yeux, les images tournent en boucle dans ma tête. C'est comme si j'avais du sang sur les mains. »

Inutile de préciser de quoi elle parlait n'est-ce pas ? Il était présent ce jour là. Tout comme Edward. Elle n'avait pas eu le courage de l'interroger. Elle n'était pas complètement idiote. La Curia avait débarqué, alors ... Se doutait-il de ce qui allait se tramer ? Pourquoi n'avaient-ils pas tenté d'empêcher ce bain de sang ? June ne voulait pas douter ainsi mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. On la laissait dans l'ignorance à propos de tant de choses ... En fin de compte, elle n'avait pas sa place ni dans le monde des humains, ni dans celui des Légendaires. Pourquoi était-elle si différente ? Sans réponses, un désespoir profond hantait ses jours et ses nuits. C'était égoïste. Mais son esprit avait toujours été fragile, au bord du gouffre. June ferma les yeux et compta jusqu'à dix. Tranquillement, tout son visage se referma. Ce n'était pas contre le commissaire. Mais il ne savait rien. Pour lui ... Elle était la cantatrice, l'ange du Lost. Elle ne pouvait pas être une femme ordinaire, bien moins que parfaite.

« Je ne peux pas en parler. »

Pas ici. Et pour dire quoi, de toute façon ? Que la Lamia était bien réelle ? Qu'elle voyait déjà la mort partout ? Non. L'histoire se répéterait. Il la croirait folle. Alors inutile de poursuivre cette conversation ! Les yeux lui brûlaient. Pourquoi avait-elle envie de pleurer tout à coup ? Tous ces secrets ... Heureusement, Andréa fit son apparition, coupant court à cette atmosphère de malaise. Elle détourna les yeux, honteuse, terminant son verre d'une traite. Elle aurait dû aller se réfugier dans les salles privées. Le mot Attention lui fit toutefois tourner la tête en direction de la table mentionnée. Devait-elle vraiment s'inquiéter ? Oh. Cet homme, elle l'avait souvent aperçu dans la salle, sans vraiment lui prêter attention. Une certitude s'imposa à son esprit. Aucun endroit n'était sur. Elle serra des mains tremblantes sur l'ourlet de sa jupe. Non, non ... Ce n'était pas le moment de flancher. Celenna venait de dire qu'elle ne le laisserait pas approcher et elle n'était certainement pas la seule. Après tout, si le neveu d'Edward était venu seul au bar, c'était sans doute pour une raison. Elle lui adressa donc un petit sourire d'encouragement avant qu'il ne reparte.

« Ah ... Vous le connaissez ? Le client d'Andréa. »

Puisqu'elle ne croyait pas pouvoir se confier à propos de ce qui la tracassait vraiment, elle pouvait au moins relancer une conversation à peu près normale pour se faire pardonner son moment de faiblesse et lui montrer qu'elle ne refusait pas de lui parler. Peut-être réussirait-elle mieux à dissimuler son trouble, cette fois. Tout à coup, un grand bruit de fracas se fit entendre, couvrant partiellement la réponse d'Aldrick et la faisant sursauter. Le plateau avec le vin et les olives était tombé. Il y avait de la bagarre et ... C'était l'homme de la table quinze qui y était mêlé. Lorsque le client aux cheveux roux reçut un coup de poing, sans aucune hésitation, June se précipita entre les tables. Personne n'avait vraiment besoin de son aide, certes, mais elle avait l'impression qu'elle était responsable de tout ceci. Elle ne laisserait personne interrompre le spectacle par sa faute. Pas une seconde elle ne s'inquiéta de sa sécurité.

« Arrêtez, arrêtez, par pitié ! »

« Enfin ... Je ... Lily ... » bredouilla-le coupable.

Pris sur le fait, il ne savait plus comment tourner la situation à son avantage pour obtenir ce qu'il désirait. Ridicule ! Tout le monde aux alentours en avait été témoin ! Ce serait sans doute le dernier spectacle auquel il pourrait assister. Heureusement que cela s'était passé entre deux numéros, une personne trop sensible aurait pu être déconcentrée ! Voire même se blesser ! Le visage de June pâlit davantage, entre peur et colère, et pendant que d'autres employés s'affairaient à sortir le trouble fête malgré ses faibles protestations, tout en s'assurant que ses bras soient immobiles cette fois-ci, elle s'effondra aux côtés d'Andréa et du chevalier roux. Même si on lui offrirait sûrement une compensation, cela commençait à faire beaucoup d'accidents ...

« Je suis désolée ! » s'écria-t-elle, le visage caché derrière ses mains.
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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeMar 11 Sep - 11:36

Il fut rarement donné à Aldrick d'être aussi reconnaissant d'être né avec l'ouïe fine des lycanthropes. Sans elle, probablement qu'aucun des mots murmurés par June ne lui seraient parvenus. Il grimaça néanmoins, sans trop savoir ce qu'il convenait ou non de répondre à pareil propos. Il lui fallut de longues secondes avant qu'il ne se décide enfin à répondre sur un ton apaisant, en posant une main sur celles de la jeune femme.

- Je crois surtout que votre compassion n'a d'égale que votre altruisme, June. Rien de ce qui est arrivé au Strano n'est de votre faute, et...
- Je ne peux pas en parler.
- Oh. Aldrick retira sa main. Je comprends.

* J'imagine qu'Edward serait un meilleur confident après tout *

Il allait parler, mais Andréa les rejoignit, ennuyé. Heureusement, Célénna vint à la rescousse et le commissaire ne put que sourire après pareille répartie. Avisant ensuite les troubles fêtes, il mit quelques secondes avant de comprendre que June lui parlait, honteux, il baragouina des excuses, alors que des éclats de voix fusaient. La rixe éclata. Célénna se retrouva seule au bar.

- Hey, ça va vous deux ? Rien de cassé ?

Machinalement, il agrippa le bras du louveteau pour le relever, espérant qu'il ne serait pas trop échaudé, avant d'aviser Billy, un peu inquiet, mais il n'eut pas le temps d'ajouter un mot que June semblait défaillir. Pourtant, le malotru était bien escorté par deux employés hors du cabaret. Si Aldrick ne comprit pas pourquoi elle s'excusait ainsi, son cœur se serra si violemment à cette vision que dans l'instant, il mit un genou à terre, avant de poser sa main sur son avant-bras, cette fois, sa voix était inébranlable.

- June regardez-moi. Tout va bien à présent. C'est fini. Tout va rentrer dans l'ordre.

* Elle est si pâle...*

A l'image frêle de June, se superposa celle de Sabrina.

~*~*~*~*~*~
La nuit de l'incident au Strano :

Dans la chambre, un cri. Violent et terrifié.
La lumière de la table de chevet s'allume progressivement. Face à Sabrina, Aldrick, accroupi près du lit, inquiet. Sa large main hésite, puis se pose sur son épaule. Le loup déclare doucement pour ne pas l'effrayer davantage :

- Hey, tout va bien. Tu as fait un cauchemar.

Il éloigne les quelques mèches trempées de sueur du front de la benjamine. Elle tremble comme une feuille.

- C'est à cause de la Lamia ? La femme-serpent.

La belle acquiesce et le brun semble plus triste. Les mots lui manquent.

- Elle va bien, n'est-ce pas ? Interroge finalement sa sœur après un temps, l'observant comme si cette simple réponse allait bouleverser l'avenir du monde.
- Oui, c'est sûr. La doctoresse que j'ai vue aujourd'hui a certifié que sa blessure se soignerait facilement.
- C'est vrai ?

Aldrick opine, la main de Sabrina s'agrippe à sa chemise.

- Tu crois qu'elle a peur toute seule là-bas ?

Il s'assoit près d'elle et laisse sa main parcourir son dos pour la réconforter.

- Je ne sais pas, mais je ne crois pas qu'elle soit toute seule. Les gens qui l'ont emmené sont sûrement près d'elle.
- Et c'est bien ?
- Peut-être mieux que d'être seule dans une vitrine ?

La blonde baisse la tête, encore inquiète.

- Mais tu sais, peut-être que comme toi, d'autres gens s'inquiètent et prient pour qu'elle aille bien. Du coup, si beaucoup de gens espèrent très fort que quelque chose de positif lui arrive, il y aura forcément quelque part une magie à l’œuvre pour que ça se réalise.
- Comme le Père Noël ?

Aldrick a un blanc, il arque un sourcil : celle-là, il ne l'a pas vu venir ; mais il se détend finalement et acquiesce.

- Voilà, c'est ça, comme le Père Noël.

Rassurée, la blonde l'étreint plus fort, alors qu'il glisse :

- Allé, il est tard, mais tu as de la chance ! Le marchand de sable m'a laissé du rab'.
- C'est le petit monsieur qui fabrique les rêves, c'est ça ?
- Oui, il a grandi dans un désert, alors il sait faire des sculptures enchantées comme personne !

Après un clin d’œil, piochant dans le vide, il fait mine de saupoudrer du sable au-dessus d'elle, bâille et glisse en se calant mieux sur le lit :

- Je reste avec toi, jusqu'à ce que tu t'endormes, d'accord ?

La belle sourit et ferme les yeux.
~*~*~*~*~*~

Les iris d'or d'Aldrick coulèrent sur les deux autres, s'enquérant auprès d'Andréa :

- Est-ce que tu peux aller chercher de l'eau ou une boisson chaude, s'il te plaît ? À moins que Dolores soit dans le coin ?

Il balaya la salle du regard, mais ne trouvant aucune trace de la doctoresse, il reporta son attention sur le louveteau et poursuivit :

- Si tu peux la trouver, ce serait vraiment bien.

Observant la belle, l'agent reprit en l'aidant à se relever davantage :

- Viens, prends une chaise. Voilà. Inspire un grand coup.

* Elle tremble encore ? *

Il se défit de sa veste et la passa autour des épaules de la demoiselle en continuant :

- Ferme les yeux. Pense à quelque chose de rassurant, quelque chose de joyeux.

Si elle se mettait à pleurer là, le loup serait bien en peine de l'apaiser. Alors il voulut lui proposer du chocolat, mais son manteau était resté au vestiaire, et avec lui le précieux remontant. À la place, il lui tendit un mouchoir, craignant que le pire n'arrive. Aldrick pesta mentalement avant d'observer son collègue, un peu paniqué, lui demandant en silence de l'aider d'un signe de tête. Il lui proposant par la même occasion, sans un mot, de l'imiter et de s'asseoir aussi. Après tout, il savait y faire avec les plus jeunes. Se penchant un peu vers Billy, il murmura pour lui seul :

- Pas trop amoché ? Tu connais ces types ? Ils sont encore tous à la même table ?

De là où il était, il ne pouvait se retourner pour voir sans être sûr d'inquiéter la jeune femme. Jamais elle ne lui avait paru si perdue.

* Elle a l'air choquée.*

Le loup noir attendit de croiser les iris émeraude de la blonde pour passer une main réconfortante dans son dos, sans réfléchir, comme il l'avait toujours fait avec sa sœur pour la calmer, se rapprochant même instinctivement. Il ajouta, dans l'espoir de la faire sourire :

- En tout cas, tu leur as fait forte impression Sabrina. Sans toi, Billy ici présent, aurait probablement dû vêtir son armure de chevalier pour défendre Andréa !

* Même si Andy n'a pas particulièrement besoin d'être défendu, mais bon... *

Il cligna des yeux. Sa vision se troubla un instant avant qu'il réalise. Ce dos fin, n'était pas celui auquel il était habitué, ce n'était pas celui de Sabrina. C'était celui de June. C'était elle qu'il traitait comme sa sœur et depuis trop longtemps sans doute. Il en rougit violemment, entrecroisa vivement ses doigts entre eux et baragouina gauchement :

- Tu... Vous... Les salles privées... Aller vous voulez ?

Aldrick baissa la tête, honteux, préférant ne pas savoir ce qu'il avait bien pu annoncer, certain que Billy ne le louperait pas de toutes façons. Ce fut tout juste s'il releva la truffe en entendant les gens applaudir pour un nouveau numéro. Il pria intérieurement pour qu'Andréa ne soit pas long et qu'il ait la bonne idée de ramener aussi un de ses saucissons qui embaumaient la pièce.


Spoiler:

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeSam 22 Sep - 20:46

En cuisine, Andréa versa de l'eau dans trois verres. Il tremblait. Son geste imprécis inonda le plateau qu'il préparait. Il reposa la carafe et saisit un torchon. Il voulut éponger, mais son geste trop nerveux encore renversa l'un des contenants qui se vida et roula lentement au milieu de l'eau. Le garçon étouffa un soupir et passa ses mains fébriles sur son visage. Il mouilla quelques unes de ses mèches brunes avant de laisser retomber ses bras. Il ferma les yeux, doucement et inspira profondément.

Calme toi…

Mais le loup ne se calma pas. Agité et furieux, il restait sur ses gardes aussi tendu que n'importe quel animal sauvage qu'on aurait pris par surprise. Les sens en alerte, le moindre bruit lui semblait un danger, la moindre odeur représentait un potentiel ennemi. Le monde n'était pour lui, plus qu'une terre hostile et inhospitalière dont il souhaitait s'échapper.

Andréa est-ce que ça va ?!

Le louveteau sursauta. Il fit un large écart sur le côté, son coude heurta le plateau qui dépassait légèrement la table. Son contenu s'envola. Jakob tendit le bras et d'un geste, il figea verre et eau. Un mouvement gracieux du poignet suffit pour que tout retrouve sa place, même le pichet fut à nouveau rempli.

Est-ce que tu veux aller te reposer un moment ? On se débrouillera pour le service.
C'est gentil Jakob, mais ça ira.
Tu es sûr ? Tu es bien pâle. Lûka ! Vous auriez un morceau de lard pour Andréa ?
Je vous assure que ça va. Et puis je dois apporter quelque chose au client qui s'est pris le coup et à June, je crois qu'elle va pleurer.
Je te prépare ça, mais par pitié assieds toi. Tiens, mange un bout.
Mais…
Mange.

Alors Andréa mangea. Assit sur une chaise, dans un coin de la cuisine où l'animation battait son plein, il grignota une petite assiette de charcuterie préparée rien que pour lui.

Lorsqu'il reparut dans la salle de réception, il ne tremblait plus. Son teint avait conservé sa pâleur, mais il était plus calme et loup aussi. Jakob l'avertit que tout attendait sur le comptoir du bar. Andréa récupéra le plateau.

Attends !

Il releva la truffe. Celenna passa ses doigts fins entre la vaisselle d'un support déjà trop chargé et y déposa une coupelle pleine à ras bord. Elle expliqua avec un sourire :

Les fruits préférés de June.
Oh… Merci !

Elle lui fit un clin d'œil, puis retourna à son poste. Andréa gagna le sien.

Pardon, j'ai été long.

Il déposa son fardeau sur la table et spécifia que tout était offert par la maison. Jakob n'y était pas allé de main morte et chacun y trouverait son compte. Il leur faudrait juste faire le service, car Andréa oublia de s'en occuper. Son regard noisette c'était arrêté sur June pour s'en détacher aussitôt. Le garçon entremêla nerveusement ses mains dans son dos, il passa d'un pied sur l'autre, les fixant avec hésitation. Finalement il se figea une seconde lorsqu'il trouva le courage de demander :

Ça va aller Mademoiselle June ?

Il n'eut pas l'occasion d'entendre sa réponse. Les sens encore aiguisés par l'altercation, le loup le prévint d'un danger. Les trois derniers clients de la table quinze venaient de régler leur note et avançaient dans leur direction. Les doigts de la main gauche d'Andréa se refermèrent sur le dossier de la chaise d'Aldrick. Le bois craqua légèrement, compressé par ses muscles tendus de prédateur. Le trio s'arrêta face à leur table. Un pas de trop et la bête sortait les crocs.

Excusez-nous de vous déranger Mademoiselle Lilly. On voulait s'excuser du comportement d'Eugène.
Vous savez, il n'a pas un mauvais fond. Il vous admire beaucoup d'ailleurs.
Mais quand il boit trop, il devient un peu idiot.
On l'aurait arrêté si on avait su, mais on pensait qu'il allait vous faire du charme, bégayer trois mots et revenir tout troublé à notre table.
Il n'est pas du genre bagarreur d'habitude, mais il n'a pas dû digérer qu'on lui mente.

Le cœur d'Andréa manqua un battement, le bois sous ses doigts se fendit. Le regard noir, le loup articula sèchement :

Si c'est une excuse que vous voulez…
Et désolé pour votre épaule aussi Monsieur, le coupa le plus grand du groupe. Mais vous avez de la chance, dans un sens, parce qu'Eugène ne fait de la boxe que depuis une semaine. Un mois plus tard, il ne vous aurait pas raté.
On devrait y aller maintenant, nota le dernier jeune homme resté en retrait.
C'est vrai qu'Eugène doit nous attendre.
Encore désolé Mademoiselle Lilly, j'espère que vous pardonnerez ce benêt. À bientôt.

Un signe de la main et il gagna le hall à la suite de ses amis. Le louveteau ne les quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'ils disparaissent derrière l'épais rideau rouge. Même là, sa poigne blanche ne se détacha que péniblement du dossier et ce fut lentement qu'il retrouva l'usage de ses doigts. Il porta discrètement sa main à son buste où son cœur battait encore la chamade. Le gorge serrée et les tempes battantes, il entrouvrit les lèvres sans savoir quels sons en sortiraient.

Ces rupins…

Le mot lui avait échappé, sec et plein d'amertume. Il s'en rendit compte trop tard et sentit ses joues chauffer lorsque son regard s'attarda sur June, puis sur les deux hommes attablés avec elle. Sa tension s'évapora, remplacée par sa timidité maladive. Il fixa ses manches qu'il s'était mises à tirer nerveusement et bredouilla une excuse. Personne ne l'entendit.
Une cacophonie métallique la couvrit. On se tourna vers les cuisines. Les portes s'ouvrirent, laissant passer à la hâte trois serveurs et un commis qui n'allèrent pas plus loin que l'entrée. Visiblement inquiets, ils s'étaient massés devant l'un des battants gardé entrebâillé. Andréa devina quel terrible danger ils évitaient.

Edward était rentré.


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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeLun 24 Sep - 22:05

Tout finissait plutôt bien. Le jeune serveur n'était pas blessé, la belle chanteuse était à mon chevet et le malotru était éjecté de la salle. Mon épaule engourdie était un moindre mal. Mais voilà que la jeune fille semblait au plus mal. Aldrick en bon sauveur arriva a point pour protéger les faibles. J'eus un sourire pour moi en me relevant. Je massais mon épaule un instant, rien de cassé, tout allait bien. Alors que mon ami gérait la proximité (envoyer Andréa en cuisine, asseoir le demoiselle sur une table…), je regardais autours de moi pour juger de la situation. L'expulsion du bellâtre avait fait perdre tout intérêt à la rixe et le public se tournait de nouveau vers la scène où un numéro allait commencer.

Aldrick était incroyablement maître de la situation, je l'avais déjà vu perdre ses moyens face à une jeune fille pour moins que ça. En plus, celle-ci n'était pas n'importe quelle jeune fille, il me semblait que mon supérieur n'était pas insensible au charme de Lily. Il ne l’appelait d'ailleurs pas par son nom de scène, me semblait-il. Mais voilà que son regard croisait le mien et j'y vu tout autre chose que la maîtrise dont il semblait faire preuve. Après un dernier regard sur la salle et avec un sourire entendu, je vins m'installer près de la demoiselle non sans m'être d'abord penché vers mon collègue pour lui murmurer quelques mots que je savais qu'il capterait, aussi incroyable que cela puisse paraître avec ce brouhaha.

« Je vais bien. Ils sont toujours là, je les ai à l’œil. »

Et je pris la chaise de l'autre côté de Lily, m'installant de manière à pouvoir capter son regard sans perdre les autres hommes des yeux. Sentant la demoiselle encore troublée, je m'abstins de la toucher mais je me présentais pour la rassurer :

« Tout va bien, mademoiselle, je suis un collègue d'Aldrick, je m'appelle Billy. »

Mais voilà que mon ami appela la jeune femme par un nouveau nom. Un nom que j'avais déjà entendu et qu'il me fallu un instant pour resituer : celui de sa sœur. Zut alors, pensais-je. Il ne maîtrisait rien du tout, en fait. J'étais en train de le détailler quand je le vis réaliser ce qu'il venait de dire. Il rougit comme jamais et se mit à bégayer. Je ne pus retenir mon sourie et je réussi à ne pas exploser de rire, il m'en aurait tenu rigueur. Surtout devant la demoiselle.

J'allais détourner l'attention de la jeune femme en reprenant la parole quand Andréa refis son apparition. Juste à temps. Je détaillais le jeune homme, il y avait quelque chose de changé. Bien que toujours très intimidé, il semblait plus alerte. C'était un drôle de mélange mais c'était un drôle de jeune homme. Je me penchais vers le plateau pour remplir les verres et en tendit un à la chanteuse et un à mon amis qui en avait probablement bien besoin… Au moins pour se donner une contenance. Ils avaient pensé à tout et je trouvais même des biscuits au chocolat pour mon collègue. Je lui en déposais un près de lui sans un mot, pas besoin de commentaire. Et je pris la parole, m'adressant à Lily presque en même temps que le jeune serveur :

« Vous souhaitez manger quelque chose ? »

Mais un mouvement dans mon champs de vision détourna mon attention. Andréa semblait lui aussi sur le qui-vive et mon regard se posa sur les trois hommes qui approchaient. Instinctivement, je me redressais. Pas besoin de dire quoi que ce soit à Aldrick, je supposais que, quelque soit son état, il remarquerait ce changement d'attitude chez moi. Les hommes prirent la parole et je me levais, j'étais mal à l'aise, assis face à eux trois. Je les détaillais alors qu'ils parlaient. Je fus surpris par la hargne dans le ton du jeune serveur mais je n'eus pas le temps d'y réagir que le dandy s'adressa à moi. Ainsi le bellâtre ne faisait de la boxe que depuis une semaine, je ris de la remarque avant d'y répondre :

« J'ose espérer que dans un mois il aura appris que la boxe sert à se défendre et non à agresser les gens… aucun entraîneur ne cautionnerait son attitude de ce soir. »

J'allais ajouter quelque chose quand le plus discret des trois évoqua l'idée de partir. Ca me semblait une bonne décision et les deux autres l'approuvèrent. Je décidais de leur rajouter une petite dose de peur puisqu'ils  semblaient trouver l'acte anodin et justifiaient leur ami. J'attrapais le plus calme par la manche avant qu'il ne s'éloigne et lui glissait à l'oreille :

« Pensez bien à préciser à votre ami qu'il s'en est pris à un policier, ce soir… même en ayant trop bu, il y réfléchira peut être à deux fois, la prochaine fois... »

J'eus la satisfaction de voir l'homme pâlir quand je le lâchais et croisais son regard. Je lui souris, quelque peu menaçant et je ne le quittais pas des yeux tant qu'ils n'eurent pas passé le rideau. C'est seulement à ce moment là que je me rendis compte que, comme moi, le jeune serveur avait porté toute sa concentration à suivre leur disparition. Il était vraiment plein de surprise. Souriant, je repris place près de la jeune femme.

« Les voilà tous partis. Voulez vous que nous vous accompagnons ailleurs ? Les salles privées me semblent une bonne idée pour vous remettre. A moins que vous ne préfériez être raccompagnée dans les loges ? »

Je lançais un regard à Andréa, le seul parmi nous pouvant l'accompagner en coulisse, il était tellement tendu et mal à l'aise, je n'étais pas certain que lui laisser la responsabilité de la demoiselle était la meilleure idée possible. J'échangeais un regard avec Aldrick quand un bruit attira mon attention vers les cuisines. Encore du grabuge ?

Quatre hommes étaient sortis en trombe de la cuisine et regardaient, inquiets, ce qu'il se passait à l'intérieur. Lentement, je me levais et observais. Les quatre hommes ne faisaient mine ni d'entrer ni de fuir. Les serveurs les plus proches semblaient avoir remarqué l'agitation mais personne ne se dirigeait vers les cuisines. La jeune femme au bar ne semblait pas plus rassurée que les autres, elle jetait des regards vers les portes entrebâillées et gardait ses distances. Quant à notre jeune serveur, son regard était fixé vers les portes et il m'était impossible de lire son expression tellement elle était complexe. Etait-il en colère, inquiet ou soulagé ?

Personne ne bougeant, je réprimais mon envie première de me précipiter en cuisine pour savoir ce qu'il se passait. Non seulement je n'étais pas en fonction mais en plus je n'étais pas responsable. Personne n'intervenait mais personne ne criait non plus. L'événement devait avoir un sens pour les salariés et il n'était pas censé déranger les clients. Je m'étais assez fait remarquer pour la soirée. Il valait mieux, vu l'état de la demoiselle, nous éloigner de cette nouvelle agitation. Je baissais les yeux vers la table :

« Aldrick, allons vers les salles privées. Mademoiselle... » Je tendis la main vers elle en m'inclinant légèrement pour l'aider à se relever, comme un parfait galant homme que je savais être quand c'était nécessaire.

Je ne connaissais pas assez les lieux pour avoir déjà visité les salles privées. Mais il me semblait en avoir déjà vu l'accès et c'était dans la bonne direction : loin de la cuisine. Aldrick avait-il assez repris ses moyens pour nous guider ? Le jeune serveur nous suivrait-il ? Prendrait-il le plateau avec lui ? Ca n'était pas forcément le plus important, d'ailleurs… Je jetais un bref regard à Aldrick pour savoir s'il décidait de nous accompagner ou non mais je ne pensais pas qu'il me laisserait sans réagir lui enlever sa belle puis je m'engageais entre les tables vers se qui me semblait être la bonne direction. Quand je me rendis compte que l'accès à ces arrières salles ne serait peut-être pas aussi aisé que d'encaisser un coup de poing… Je me penchais vers ma cavalière, artiste des lieux, elle devait en savoir davantage sur le fonctionnement :

« Mademoiselle June, vous pensez que nous pourrons avoir une salle ? »
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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeMar 2 Oct - 19:58

Devant le trouble qui envahit soudainement son admirateur-pas-si-secret qui venait de réaliser son erreur, June se saisit de la main qu'il retirait déjà de son dos. Elle n'avait pas trouvé d'autre moyen pour le remercier, ne pouvant pas encore ouvrir la bouche sans craindre de relâcher tout un tourbillon d'émotions. Soit, elle avait été un peu confuse, entre le tutoiement et le mauvais prénom. Chose dont elle n'avait pas besoin en ce moment, dans son état. Mais si la cantatrice lui faisait penser à quelqu'un d'autre, quelqu'un de bien, et que c'était ce qui le poussait à être toujours si gentil envers elle, alors cela devait être une bonne chose.

Penser à quelque chose de réconfortant. Sur le coup, la jolie blonde avait hésité entre éclater de rire ou de sanglots devant ce conseil. Mais une fois assise, la chaleur du vêtement posé sur ses épaules, le calme qui avait repris son cours dans la pièce, les voix rassurantes, tout cela l'avait aidé à éviter le pire. Succomber à une crise de panique en plein milieu de la salle ... Elle ne voulait même pas y penser. Sa vie d'artiste était son seul réconfort. Elle n'avait nulle part ailleurs où aller. En remontant tout doucement le fil de ses souvenirs, elle s'était donc concentrée sur une mélodie, une vieille berceuse qu'on lui chantait avant que sa vie soit transformée en véritable tragédie. Lorsqu'Andréa revint, les mains pleines, sa frayeur s'était quelque peu atténuée.

Était-ce une bonne idée de porter un verre à ses lèvres ? Si ses mains se remettaient à trembler violemment, elle l’échapperait sûrement. Entre le briser et salir sa tenue ou même celle des autres ... Par contre, le plateau avait attiré son attention. Le saucisson, le fromage, les raisins, tout cela lui donnait envie. Sa pâleur avait une explication très simple : elle dormait mal, elle mangeait peu, n'importe quelle humaine finirait par succomber à la pression. Normal que l'on s'inquiète à son sujet ... Mais avant même que June puisse en profiter ou remercier Andréa, une sorte de tension s’installa autour de leur table. En relevant la tête, son regard tomba sur un groupe d’hommes. Sous la surprise, June relâcha la main du commissaire. Lorsqu’ils furent suffisamment près, elle leur adressa un faible sourire, qui n’atteint pas le reste de son visage, plus par politesse qu’autre chose. Ces hommes ressemblaient-ils à leur ami ? Elle écouta ce qu’ils avaient à dire, fixant ses mains plaquées contre ses genoux, les poings serrés, ne trouvant rien à répondre, encore un peu bouleversée. Ce n’était pas à elle de s’excuser. Tout de même, elle arriva à trouver un côté un peu rigolo à la situation ; son amie Lily lui avait déjà fait remarquer qu’elle avait un don pour s’attirer les chevaliers servants et force était de constater qu’elle avait peut-être raison, finalement.

Un grand fracas empêcha malheureusement ses pensées de rester aussi légères, peu de temps après que le groupe se soit éloigné. June ne put s’empêcher de couler un regard rapide vers les cuisines. Que se passait-il ? Même lorsque Lûka n’était pas satisfait d’un plat, le chef ne créait jamais autant d’agitation. Cela ne pouvait dire qu’une seule chose : Edward. Tout le corps de l’artiste se tendit d’un coup. Il allait certainement apprendre ce qui était arrivé. Ne lui créait-elle pas déjà assez de soucis ? Elle préféra se concentrer sur autre chose et on lui présenta la distraction idéale. En bonne artiste qui devait offrir une compagnie agréable aux clients, June prit la main du collègue d'Aldrick, jetant tout de même un coup d'œil perdu derrière elle avant de le suivre, pas exactement comme un appel au secours, mais elle se sentirait tout de même plus à l'aise s'il restait une personne qu'elle connaissait à ses côtés. Enfin, peut-être avaient-ils à faire, maintenant qu'Edward était rentré. Au moins, le jeune homme qui l'accompagnait était charmant. Aurait-elle dû en douter, puisqu'il semblait proche du commissaire ? Il ne l'assommait pas de questions et il l'avait même appelée par son prénom. C'était plutôt rare. Alors, lorsque son tour vint de le rassurer, elle s'empressa de le faire.

« Oui. Vous êtes avec moi. » répondit-elle comme une évidence.

Il y avait toujours beaucoup de personnes qui s'amassaient près des portes pour rencontrer leur star préférée. Cela pouvait sembler assez impressionnant sur le coup mais les gérants savaient faire preuve d'ingéniosité pour que tout le monde puisse être à l'aise. Cela prendrait peut-être juste quelques minutes. Elle devait rester forte. Il ne restait qu'à espérer que personne d'autre ne viendrait l'aborder trop directement. Il y avait tout de même moins de risques que cela se produise maintenant qu'elle était clairement accompagnée ... Devait-elle tenter de faire la conversation ? Mais elle ne tenait pas particulièrement à revenir encore et encore sur ce qui s'était passé tout à l'heure ... Malgré tout, peut-être était-ce une bonne idée de s'expliquer un tant soit peu.

« Je suis navrée si votre soirée a été gâchée par tout ceci. Oh ... Avouez, en fait, vous espérez obtenir un concert privé ! »

Un sourire éclaira son visage, montrant bien qu'elle plaisantait doucement. Elle n'était pas encore tout à fait prête à rire. En attendant, ils pouvaient toujours écouter les musiciens qui étaient remontés sur la scène. Un peu de silence était agréable, aussi, parfois.
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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeMer 21 Nov - 23:08

Au simple contact de la peau de June sur la sienne, le monde disparut. Purement et simplement. Envolé. Mais ce qu'il vit ne le rassura que très peu et chassa même sa gêne initiale en une poignée de secondes. Certes, il ne connaissait pas bien la belle, mais cet air troublé qu'elle affichait ressemblait beaucoup à celui qu'arborait Sabrina après l'évènement du Strano. Cela l'attrista. June était encore loin d'être sereine.

*Que faire pour qu'elle se détende davantage ? La faire rire ? Comment ?*

Le brun voulut parler, mais si tôt que la blonde le libéra, le monde réapparut avec une violence inouïe, étouffant, bruyant, agressif, aussi tendu qu'Andréa et menaçant que Billy faisant la morale à un inconnu.

Ce fut la seule chose qu'il entendit de la conversation en réalité. Quand le groupe s'éloigna, il croisa le regard interrogatif de Billy, mais ne comprit pas à quoi il faisait référence, aussi, il se contenta de sourire aussi calmement que possible. Espérant qu'ils pourraient enfin se détendre, il voulut rapprocher les fruits de June, mais déjà Billy l'entraînait ailleurs.

Muette, la belle sembla pourtant lui demander de les accompagner et le brun s'y plia volontiers. Machinalement, Aldrick remit tout ce qu'ils avaient sorti du plateau à l'intérieur de celui-ci, voulu le prendre, mais se souvint de l'emploi temporaire du plus jeune. Gêné, il passa une main sur sa nuque, en questionnant :

- Tu veux bien nous accompagner aussi Andréa, je te prie ?

L'information ne semblant pas trouver d'écho dans l'esprit du concerné, Aldrick finit par se rapprocher et posa une main sur son épaule. Si toute l'agitation interne du louveteau sembla se déverser en lui tel un poison, le brun s'entendit pourtant clairement argumenter d'un timbre amical et apaisant, pour lui seul :

- Hey, détends-toi. Tout va bien à présent. Tout le monde est en sécurité. Il n'y a pas de raison de s'énerver davantage.

Avec une douceur rare, le loup noir lui ébouriffa les cheveux et réitéra sa demande en le libérant.

Il ne fallut que quelques minutes ensuite pour qu'ils accèdent à une salle privée.

Un seul coup d’œil suffit à Aldrick pour discerner un mobilier plus récent d'un autre plus ancien, ainsi que les nouveaux carreaux à la fenêtre, plus clairs que les précédents.

Se figeant sur le seuil, il eut la nette impression que la pluie allait marteler de nouveau les vitres et qu'un éclair raturerait l'obscurité de l'extérieur en un rien de temps. Mais rien de tout cela ne se produisit et malgré son agitation, il dut se résoudre à entrer. Plus mal à l'aise qu'il ne l'aurait cru, le brun détailla encore la pièce, revoyant Edward ensanglanté hurler face à lui, lever le poing prêt à en découdre. Un grognement rauque et sourd lui échappa. Tel un animal prêt à mordre, le loup noir se renfrogna jusqu'à ce que le tintement discret d'une horloge n'annonce la demie près de lui. Alors semblant émergé d'un nouveau rêve éveillé, revenant pour de bon à la réalité, il avisa les présents comme s'il les découvrait. Il se sentit rougir, maugréa des excuses à peine audibles, s'avança vers la fenêtre et soupira en apercevant véritablement le loup blanc par l'embrasure de la porte, qui filait à travers le couloir, dans un juron de leur langue natale plus que coloré :

- Décidément il n'en loupe pas une.

Levant les yeux au ciel tout en secouant la tête, Aldrick consentit à s'asseoir sur l'accoudoir d'un large fauteuil, avant que son regard ne repasse sur les réparations de la pièce. Pourquoi, parmi toutes les salles privées, fallait-il qu'ils aient écopé de celle-ci ? Il entendait encore la voix agacée d'Edward et son « Jamais »  lorsqu'il avait proposé de payer sa part des dégâts. Un nouveau soupir lui échappa, tandis qu'il entrecroisait nerveusement ses doigts entre eux, plusieurs fois de suite. Mais subitement, quelque chose fit tiquer le commissaire, qui se tourna vers le benjamin :

- Ah, j'ai failli oublier ! Tu as le bonjour d’Éléna et de Sabrina, Andréa.

Songeant un peu tard que ce n'était peut-être pas le moment opportun et que les autres ne devaient pas comprendre grand-chose, il spécifia maladroitement :

- Ce sont mes petites sœurs. Je les avais emmené au Strano... Sa voix baissa tandis qu'il se souvenait que June ne voulait pas en parler, aussi, il reprit à la hâte en direction du louveteau : ...À cause de... Ça, elles n'ont pas pu te voir, elles en étaient désolées.

Craignant d'attrister la demoiselle d'avantage, il ajouta pour le roux sans réfléchir, après avoir capté son regard :

- Je crois qu'elles sont de la même année que tes deux derniers frères d'ailleurs Billy. Peut-être qu'ils s'entendraient bien tous ?

Dans la foulée, le brun s'enquit :

- Vous avez des frères et sœurs vous aussi June ?

À peine eut-il fini sa phrase qu'Aldrick sut, qu'une fois encore, il aurait mieux fait de la fermer.


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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeSam 26 Jan - 12:16

Edward.

La marche mécanique d'Andréa le conduisit lentement au travers des couloirs jusqu'à l'une des salles privées restées libres. La porte, laissée ouverte, avala sa maigre silhouette et l'arracha définitivement à l'agitation de la salle de réception.

Était.

La table basse l'appela, comme un réflexe. Son bois impeccable, lustré, la dentelle fine qui servait de napperon n'attendaient que lui. Il plia ses longues jambes et y déposa le plateau d'argent, toujours débordant, au son d'un léger choc. Puis, il se releva et resta là, perdu.

Rentré.

Une foulée vive, féroce troubla l'air derrière lui. Le louveteau tressaillit et se retourna vivement. Envolée. C'était son oncle, il le savait. Ses iris restèrent fixés sur l'embrasure de la porte, mais ses pensées s’échappèrent de la pièce. Il s'imagina repousser violemment le battant, s'engouffrer dans l'allée et la battre à grandes enjambées jusqu'à l'escalier. Il en avalait les marches quatre à quatre, dépassait le premier, puis le second étage, pour jaillir, essoufflé, dans le bureau de son oncle. Cette fois, il n'hésitait pas, sans faillir il…

Ah ! J'ai failli oublier !

Le timbre familier l'arracha à sa rêverie. Il sursauta. Les joues rouges d'embarras, Andréa redécouvrit la pièce et ses occupants. Aldrick et son collègue, puis June qui souriait. Le commissaire, installé sur le coin du fauteuil, s'adressa à lui. Éléna. Le prénom de la jeune fille suffit à réchauffer jusqu'à ses oreilles. Le pauvre enfant bredouilla un mot que lui-même ne comprit pas, avant de s'enfermer dans un mutisme honteux.
Il aurait dû servir les clients, mais ses doigts n'étaient bons qu'à s'entremêler nerveusement, alors il écouta. Il écouta jusqu'à un nom : le Strano.

**

C'était bien le cirque ?
Pas maintenant Andréa !


**

C'était tout ce qu'il savait de l'événement. Ça et les cernes toujours plus profondes sous les yeux de son oncle. Il s'était passé quelque chose. Quelque chose d'important, de grave peut-être, qui avait aussi touché Sabrina et… Éléna. Son cœur se serra. L'amoureux qu'il était ne pouvait pas rester sans savoir.
La conversation changea sans que le louveteau n'en ait conscience. Il attendit simplement un silence pour faire entendre le son de sa voix.

Est-ce que Sabrina et Éléna vont bien ?

Il croisa rapidement les bras sur son buste grêle et rentra faiblement la tête dans les épaules. Son regard passa du parquet au mur, sans savoir où s'arrêter. Il pensa, trop tard, qu'il aurait dû attendre qu'Aldrick soit seul. Il allait déranger tout le monde avec ses questions. Il regretta. Il s'excusa maladroitement en se justifiant dans une phrase hachée de doute :

C'est juste que… Je ne sais pas ce qu'il s'est passé là-bas. On ne m'a pas expliqué. J'ai essayé de lire le journal, mais il y avait plein de mots compliqués et je n'ai pas tout compris.

Il se sentit rougir de cet aveu pourtant des plus innocents. Dans cette pièce, tous étaient lettrés, intelligents. De quoi allait-il avoir l'air ?
Tiraillé entre le besoin de savoir et la sensation d'être le dernier des nigauds, le jeune garçon passa d'un pied sur l'autre, mal à l'aise. Il chercha inconsciemment un peu de réconfort après d'Aldrick, dont il se rapprocha. Il termina à mi-voix, balayant l'air de sa main moite, comme si toute cette histoire n'était, finalement, pas importante.

Ils parlaient juste d'un forcené… quelque chose comme ça…

Il grimaça. Le nom sonnait mal à son oreille, il n'était pas certain que ce soit le bon. Tant pis. Il en avait déjà trop dit.

Pardon. Ce n'est pas le bon moment.

Il se redressa, toujours aussi tendu. Ses fracs de serveur lui semblèrent une bonne excuse pour un repli stratégique.

Est-ce que vous voulez que j'aille vous chercher autre chose à boire ?

Il haussa légèrement les épaules, embêté :

Ou… des cacahuètes ?


H.R.P:

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeMar 14 Mai - 7:37

June réalisa vaguement qu'on s'adressait à elle. Des frères et des soeurs ? Aldrick n'avait probablement pas pensé à mal avec cette question, elle commençait à le connaître suffisamment pour le savoir, mais ... Le sujet restait délicat. Elle baissa le regard sans répondre, ses mains se resserrant un peu plus contre le tissu qui enveloppait ses épaules dans un geste très auto-protecteur. Elle songea un peu distraitement au fait qu'elle devrait probablement lui rendre sa veste, avant qu'il rentre. Mais elle voulait s'y accrocher encore un peu. Plus que le simple geste, le bout de tissu avait quelque chose de réconfortant, même si elle avait du mal à mettre le doigt sur la raison exacte. Derrière l'odeur d'homme et de cigarette qui lui faisait un peu tourner la tête, il y avait une odeur ... de chocolat ? C'est vrai qu'il semblait aimer cela ... Lorsqu'elle pleurait, toute petite, Adam était toujours là pour lui offrir un morceau de chocolat. D'après lui, c'était le meilleur remède au monde, et elle l'avait cru, bien sûr qu'elle l'avait cru. Un jour, il serait le plus grand médecin de la France ! C'était son grand frère, tout simplement ...

Avant que sa vie ne soit brisée.
Avant que la naïveté de June ne le tue.

Quelque chose en elle s'était brisé, ce soir là, au cirque, et depuis une grande fissure ne cessait de devenir de plus en plus profonde en son cœur. Le souvenir, violent, la réalisation plutôt, la fit glisser un peu plus entre les griffes des ténèbres au lieu de la rasséréner et ce furent les questions bien trop innocentes d'Andréa qui eurent raison de sa raison. De toute façon, l'estomac noué, elle n'aurait rien pu avaler. Adieu, la tentative un peu ratée pour lancer une conversation tranquille ... Elle aurait dû se taire, mais elle en était incapable. Depuis le début, depuis qu'elle était sortie de sa chambre, elle ne cherchait que cela sans vraiment y parvenir : un moyen de se défaire de son fardeau. À moins que ce soit un effet secondaire des baumes que lui faisait avaler le grand docteur Keller pour la faire dormir. Mais cela n'avait finalement pas beaucoup d'importance. Elle s'était tue trop longtemps, un comble pour une chanteuse d'opérette.

« Toujours la même question ... Vous voulez vraiment savoir ce qui s'est passé au Strano ? Très bien. »

Elle se releva, un rictus crispé aux lèvres, presque mauvais. Le manteau glissa contre le dossier de la chaise, laissant le champ libre au froid glacial qui s'étendait dans son cœur. De ses doigts pâles et tremblants, elle tendit un bout de papier à Andréa, froissé et poisseux. Elle avait gardé ce maudit tract et son message venimeux. Pourquoi les aurait-on fouillés après tout ? Ils avaient arrêté la tentative d'assassinat. Ils avaient le coupable et l'arme du crime. Surtout, avec son malaise, on l'avait vite laissée tranquille, entre les mains des professionnels qui l'accompagnait.

« Voilà pourquoi ce forcené a tiré et par deux fois sur une jeune femme sans défense. La femme-serpent était dans une putain de cage, Andréa ! Que ça fasse partie du spectacle, je n'en ai rien à foutre. Bon sang. J'étais assise juste derrière ce ... Cet homme ! Tu comprends ? N'importe qui. Aurait. Pu. Mourir. »

Elle appuya sur chacun de ses mots, pour expulser toute sa colère et son venin alors qu'il ne le méritait pas. C'était tellement rare qu'elle se montre vulgaire, et il était juste un gosse. Mais elle aussi n'était qu'une enfant quand les morts avaient commencé à lui parler. Peut-être était-il temps qu'il grandisse un peu.

« Peut-être qu'il n'était pas seul. Peut-être qu'un complice est passé entre les mailles du filet dans la panique générale, ne vous en déplaise, messieurs. Peut-être qu'ils vont tenter d'éliminer tous ceux qui étaient là-bas. »

Les témoins gênants, et les ... « monstres ». Un rire nerveux menaçait de s'échapper de ses lèvres. Tout ceci n'était pas un comportement qu'il était digne de montrer devant des clients mais il était trop tard pour faire marche arrière. Chacune de ses peurs était mise à nu. Était-elle donc la seule qui soit encore lucide dans toute cette affaire ? Rien ne restait jamais impuni ou sans conséquence. Ce n'était qu'une question de temps. Leur secret à tous serait mis à mal. Il suffisait parfois d'une poignée de secondes pour que tout bascule.

« Edward ne t'as rien dit ? Ton oncle était là pourtant et il n'a rien pu faire. Personne n'a rien pu faire ! J'aurais mieux fait de me jeter devant ce fou furieux ! »

Cela aurait été tellement plus simple que ce cauchemar. Les rires avaient été remplacés par les larmes. Son corps brisé et sans vie n'aurait manqué à son public que pour un temps et elle ... Elle aurait été délivrée de cette folie qui lui rongeait petit à petit l'esprit et les os. Elle était épuisée de lutter contre son sort, elle avait volé assez de temps en sursis ainsi, tout ce temps, juste parce qu'Edward avait eu pitié d'elle et qu'elle savait bien chanter ... Voilà à quoi se résumait son héros aujourd'hui. Toutes les promesses sonnaient creuses à ses oreilles et c'était ce qui lui faisait le plus peur. La Curia, le Lost ... Du vent que tout cela ! Il n'y avait personne pour les protéger. June serra les poings, impitoyable, puis se retourna avec un regard chargé d'éclairs adressé aux deux policiers. Elle n'avait pas terminé.

« Vous étiez là vous aussi Aldrick ! Étiez-vous au courant ? »

Elle s'en fichait un peu de le mettre à mal devant Andréa et son collègue qui n'était peut-être pas au courant de tous les détails. Il avait l'air gentil, vraiment. Mais elle ne le lui pardonnerait jamais, si Aldrick avait menti, lui aussi. Quelque chose trembla au fond de ses grands yeux verts, derrière la colère. June recula d'un pas, manquant de peu de se cogner contre un meuble, levant juste une main pour interdire qu'on l'approche, qu'on la touche. Elle se sentait sale, trahie, humiliée. Deux larmes coulèrent en silence sur ses joues. Le stress accumulé l'avait rattrapée. Elle s'était retenue tant de jours, toute la soirée, mais ici, il n'y avait personne pour la juger et la pointer du doigt. Elle pouvait jouer les victimes. Non ! Elle avait été une victime, merde ! Comme tous ceux qui avaient eu à assister à la scène, même ceux qui ne s'en souvenaient pas ! Où était la justice dans tout cela ? June n'avait qu'une envie, claquer la porte et retourner dans sa chambre comme une enfant meurtrie, ou courir jusqu'au toit pour hurler sa détresse à la lune. Même si ce n'était sûrement pas en plein cœur de la nuit noire qu'elle trouverait son réconfort.

Mais avant, elle voulait, non, elle devait entendre une réponse. Son cœur menaçait d'éclater. Plus de mensonges, pitié. Comment tout ceci avait-il pu arriver ? N'avait-elle pas suffisamment prouvé sa loyauté ? Que devait-elle faire de plus ?

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeJeu 6 Juin - 7:56

Si la remarque de la jeune chanteuse m’avait fait rire au moment où nous quittions la salle principale du cabaret, quand nous entrâmes dans la salle privée, je sentis comme un changement dans l’air ambiant.
Aldrick avait l’air ailleurs, il jetait des regards vides sur ce qui nous entourait comme s’il voyait autre chose que ces meubles flambant neufs. Le ton de sa voix était empressé, il passait d’un sujet à l’autre comme s’il cherchait à donner le change. Il était rare que j’arrive à lire aussi clairement en lui, j’étais surpris de la situation.
Il évoqua rapidement ses sœurs dont il me semblait connaître l’existance mais nous parlions généralement assez peu de sa famille et il n’avait jamais évoqué leur proximité d’âge avec mes cadets. Je le notais dans un coin de ma tête, ça ne semblait pas vraiment être le moment de badiner bien qu’il semblait s’obstiner à tenter de le faire.
Ne sentait-il pas que la jeune femme à mon bras était tendue ? Ne voyait-il pas que le jeune Andréa semblait perdre pied ? Non, lui même était troublé. Etais-je le seul à être en possession de mes moyens ce soir ? Le seul sans secret et sans tourments ? Peut être bien.

Soudain, la demoiselle avait lâché mon bras. Son souffle avait changé, son expression aussi. Comme si quelque chose avait cédé. Et soudain tout fut plus clair pour moi. Cette demoiselle n’était pas juste une jeune fille fragile émue par une altercation dont elle était probablement la cause. Oh non, elle avait une blessure, une tristesse qu’elle retenait enfermée en elle et qui ne demandait qu’à sortir. Et cela sortit. Ses mots étaient colère, ses mots criaient l’injustice, ses mots cachaient mal sa peur, ses mots exprimaient si peu de sa peine. Quand elle se tourna vers Aldrick, je perçu mieux son regard. Ses mots accusaient mais pas ses yeux. Ses yeux… Ses yeux appelaient à l’aide.

Et voilà qu’elle reculait, leur faisant signe de la laisser seule alors que tout son être réclamait le contraire. S’en rendait-elle seulement compte ?

Ah ! Il m’était impossible de rester de marbre. Je ne tire aucune fierté de mon surnom de Chevalier Roux mais je l’assume. Je sais d’où il me vient, je sais pourquoi il me correspond et je sais comment je l’ai mérité. Alors je l’assume. Et je reste moi-même.

Alors sans un mot, sans une explication, je franchis la distance qui me séparait d’elle et je la pris dans mes bras. Qu’elle se débatte, peu importait, je savais qu’elle ne pourrait s’extraire de mon étreinte avant de réaliser que je lui offrais ce qu’elle réclamait. Le jeune serveur me semblait trop sonné par les mots de la jeune femme pour risquer de s’interposer et j’étais convaincu qu’Aldrick me connaissait et me faisait assez confiance pour ne pas intervenir.

Alors, doucement, juste pour elle, je murmurai :

« Oubliez un instant que vous êtes et qui je suis. Je ne suis pas un policier, vous n’êtes pas une artiste, je ne suis pas un client. Je suis juste un homme, non, un humain. Un humain avec des bras pour vous enserrer comme un bouclier contre le monde. Un humain avec une épaule pour accueillir tout ce qui est enfouis en vous et ne demande qu’à sortir. Nous sommes hors du temps, vous dans l’écrin de mes bras, moi les bras rassurant et soutenant. Pleurez, hurlez, tapez. Quand j’ouvrirai mes bras ça sera terminé, secret, ça n’aura aucun impact sur notre réalité. Pleurez, hurlez, tapez. Vous en avez le droit… Vous en avez le droit. »

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeDim 30 Juin - 9:50

June fut tellement surprise par cette étreinte forcée qu'elle ne réagit pas tout de suite. Mais ... Qu'est-ce qu'il faisait ? Cet homme ne la connaissait même pas ! Après, à bien y réfléchir, elle pensait l'avoir déjà aperçu dans la salle, aux côtés du commissaire, avec leurs autres collègues ou même seul, alors il devait être un régulier ... Une nouvelle vague de honte déferla en elle. Ils n'allaient jamais vouloir remettre les pieds ici, si ça se trouve.

Les mots du chevalier roux tranchèrent ces incertitudes et ses pensées empoisonnées, comme une épée qui pourfendait les ténèbres. La chaleur humaine ... L'ironie de la chose faillit la faire sourire. Elle avait presque oublié ce que c'était ... Presque. Notre jeune médium n'était plus complètement toute seule. Ester lui apportait un peu de réconfort, même si elles ne se voyaient sûrement pas aussi souvent que la blonde l'aurait espéré.

Et puis, il lui donna tout simplement la permission de s'abandonner à son chagrin et June se remit presque tout de suite à pleurer. Comme si elle avait eu besoin qu'on lui dise que c'était normal d'être triste ou en colère. Que c'était normal d'avoir été effrayée par la situation. Elle essayait constamment de se battre contre le fait qu'elle était une femme brisée, mais elle restait fragile à certains égards.

« L-Lâchez-moi ... Je ne mérite pas ... P-Pourquoi ... Pourquoi ? Toujours ... ! »

Ses mots étaient décousus et ne faisaient aucun sens, incompréhensible entre ses hoquets très moches, mais il fallait juste que ça sorte. Non, ce n'était pas le premier drame dont elle était témoin. C'était très loin du compte. June frappa un peu dans le dos de cette nouvelle connaissance, mais ses poings menus n'avaient plus de force, presque plus de colère. Finalement, elle s'accrocha juste à sa chemise jusqu'à ce que les tremblements s'apaisent un peu. N'était-elle pas supposé se dire qu'elle avait été chanceuse ? Personne qu'elle ne connaissait n'avait été blessé. Pourtant, ce n'était pas suffisant.

La crise passée, elle tenta d'essuyer ses yeux, puis abandonna jusqu'à ce qu'elle trouve un mouchoir dans ses poches. Elle releva finalement la tête après un dernier reniflement pas tout à fait discret. Elle était bien plus timide à présent. Elle avait eu bien besoin de cet élan pur et simple de gentillesse.

« Hm ... Billy ... C'est bien cela ? Merci ... Je crois que parler de tout ça m'a fait un peu de bien ... Même si je l'ai fait de façon un peu maladroite ... »

Bien sûr, le chemin qui lui permettrait de se remettre complètement de ces événements restait long et ardu mais ... C'était un premier pas. Il fallait qu'elle s'en convainque elle-même. Pour tout ce que cela pourrait lui avoir coûté. Les rumeurs allaient sans doute courir bon train, au moins à propos de cette bagarre d'hommes rien que pour ses beaux yeux. Les gens avaient tendance à exagérer après tout ... Elle était un peu plus inquiète des conséquences de ses mots qui étaient sortis sans filtre.

« Je n'aurais probablement pas dû être aussi dure, ni envers toi, ni envers ... lui. Pardon, Andréa. Mes mots ont dépassé ma pensée. »

Elle soupira doucement, peinée. Les employés qui la côtoyaient souvent étaient habitués à son humeur changeante, mais cela ne l'excusait pas pour autant. Elle ne serait pas bien surprise que le garçon souhaite l'éviter pendant quelques temps. Quant à Aldrick ... Ses mots revinrent la frapper de plein fouet, tout à coup, comme une douche froide, glaciale, même. - Assez ! Ça suffit ! Andréa n'y est pour rien ! Sous la colère, elle n’avait pas prêté attention à quoique ce soit : tout ce qu’elle retenait sous silence était sorti d’un coup. Mais maintenant, son visage dur, agressif et déformé par la colère ne laissait aucun doute. Il la méprisait. Il avait eu un aperçu de ce qu’elle s’efforçait de cacher au plus profond de son âme. Et il donnait raison à tous ses doutes. Tous ses démons. Il balayait du revers de la main tous les bons moments qu’ils avaient partagés. Pourtant elle avait cru ... Elle avait cru qu’il était différent. Les larmes menaçaient de remonter une nouvelle fois et de souiller son visage. On ne l’accepterait jamais telle qu’elle était. Edward lui avait donné espoir. Et les voir voler en éclat n’était que plus douloureux. Elle fit un tout petit pas en sa direction mais il montrait presque les crocs et ça la stoppa net.

« Je suis désolée Aldrick ... Je ne mérite probablement pas votre admiration sans faille mais ... »
- Vous avez raison : il semblerait que je me sois trompé sur vous. Nous n'avons plus rien à nous dire.
« Je ... Je suis désolée ... Je ne le contrôle pas ... »

Ce n'était pas de sa faute non plus, pourquoi la condamnait-il juste parce qu'elle s'était laissé emportée ? Alors qu'il l'avait protégée et consolée ? Cela signifiait-il qu'il y avait une part de vérité dans ses accusations ? Non ... Sans doute en avait-il assez. Sa voix était chevrotante, elle le suppliait de ne pas lui tourner le dos, elle voulait pouvoir lui expliquer, même si elle devait tomber à genoux devant lui, mais le visage fermé et froid du commissaire était sans appel. Les mots restèrent coincés dans sa gorge. Pourquoi gaspiller sa salive ? Il n’aurait pas voulu l’écouter. Elle n’aurait pas trouvé les bons mots pour s’excuser, de toute façon. Elle en était incapable, alors qu’il avait raison. June avait l’impression que la pièce était devenue plus sombre. Ou qu’elle tanguait dangereusement. Sa vision était trouble et elle avait de la difficulté à respirer. En fait, Aldrick ne voudrait peut-être même pas retoucher à sa veste à la simple pensée qu’il l’avait offerte à la cantatrice. Elle aurait pourtant aimé lui parler davantage, comme il le lui avait proposé tout à l'heure. Elle aurait eu beaucoup de questions à lui poser, juste pour son expertise de policier, peut-être pouvait-il l'aider ... Bien qu'elle aurait pu les poser à n'importe qui d'autre. Mais maintenant, elle doutait seulement qu’il souhaite la revoir. Ses parents avaient eu raison, en fin de compte. Elle était folle. Dans le regard d’Aldrick ... Le monstre, c’était elle.

Si les trois hommes échangèrent d’autres paroles, ils n’atteignirent pas son esprit. Une seule pensée tournait en rond. Il fallait qu’elle sorte d’ici. Sans trouver les mots à dire pour prendre congé, elle se dirigea vers le plateau de fruits qui avait été préparé spécialement pour elle dans un état second, comme un automate. Billy avait réussi à lui redonner un peu de courage, donc elle avait prévu au départ de manger au moins quelques raisins avant de dormir pour reprendre des forces, mais ses efforts avaient été réduits à néant. Elle se cherchait juste une excuse. Le sol s'était ouvert sous ses pieds. Elle avait l'impression étrange d'avoir la tête sous l'eau ou de flotter hors du temps, un relent amer de déception sur sa langue.

« Si tu retournes aux tables Andréa ... Remercie encore Celenna de ma part, s'il te plait ... »

Simple politesse instillée dans chaque fibre de son être. Sa propre voix lui semblait distante et distordue. Cassée. Les yeux rouges et bouffis, elle était loin, la chanteuse élégante au sourire timide, mais toujours joyeux. Il y avait un trou béant dans sa poitrine, à la place de son cœur. Titubante, elle s'éloignait en direction de la porte mais se laissa choir sur le canapé avant de s'évanouir, tombant plutôt dans un état de prostration profonde. Elle n'aurait jamais pu monter le grand escalier jusqu'à sa chambre. D'habitude, regarder les étoiles et profiter de l'air frais l'aidait à se calmer. June pouvait au moins se consoler en se disant que son ami le loup blanc les regardait peut-être lui aussi quelque part. Mais aujourd'hui, cela n'était plus suffisant. Il l'avait abandonnée, lui aussi ... Et de sa chambre, elle verrait toujours la lumière venant des salles privées. Le malaise n'aurait pas pu la quitter et la soirée aurait pu prendre une tournure bien plus tragique, alors que tout le monde était encore bien trop occupé dans la salle pour entendre un soulier qui tombe du second étage, et pour la ramener à l'intérieur à temps. Elle s'était souvent demandé en toute innocence ce que ressentaient leurs acrobates, lorsqu'ils sautaient dans le vide ...

Pire, son épreuve n'était pas terminée. Edward allait probablement vouloir la réprimander dès qu'on lui parlerait de cette soirée horrible, que ce soit pour l'incident ou juste parce qu'elle n'était pas montée sur scène en fin de compte. Elle aurait préféré que cela se passe loin du regard des autres et que personne ne la voit dans cet état. Mais au Diable ses souhaits ; il avait suffit de quelques mots pour la détruire. Et pourtant ... Si seulement elle avait pris son courage à deux mains pour parler à Edward, si elle avait insisté pour qu'il l'écoute ... Toute cette situation aurait peut-être pu être évitée ... Maintenant il ne lui restait plus de larmes, juste une prison de tourments sans fin ... Alors elle allait juste attendre qu'ils partent. Il fallait qu'elle conserve le peu de fierté qu'il lui restait.

Son regard vide était perdu dans le vague, comme si elle s'était retirée de cette réalité trop dure. Il n'y avait plus qu'un épais brouillard dans sa tête, ne laissant passer que ce qu'elle voulait bien entendre. La musique au fond de son être s'était tue.

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeSam 10 Aoû - 14:11

Malaise.

Ces minutes n'avaient été qu'une suite profondément désagréable de malaises. Andréa le savait, il aurait dû se taire. Ses paroles maladroites avaient glacé l'ambiance, creusant une brèche profonde autour de la pauvre June. Il ne se souvenait même plus des excuses qu'il avait bredouillé. La jeune fille avait littéralement explosé, sans qu'il en comprenne la raison. Sa voix s'était asséchée, salie par des insultes, elle s'était lancée dans une explication virulente et accusatrice, sans que le jeune garçon comprenne réellement de quoi elle parlait. Ses pensées essayaient de raccrocher les exclamations perçantes de l'artiste aux souvenirs branlants de l'article qui détaillait l'affaire du Strano. Le stress croissant du louveteau rendit la construction fragile, pile de porcelaine qui s'effondra lorsqu'Aldrick hurla à son tour.

Coup d'œil envieux de l'animal vers l'unique porte de sortie, mais le garçon était incapable de bouger.

Les cris cessèrent, mais l'air n'en devint que plus irrespirable. Andréa tira sur le col de sa chemise, les lèvres sèches, le regard humide. Alors Willy… Non. Billy s'avança et tout devint plus étrange encore. À la nervosité du garçon se mêla une gêne pénible, il fixa ses pieds le temps d'une étreinte à laquelle il sentait ne pas devoir être le témoin. Les minutes s'égrainèrent avec une lenteur atroce. Des mots furent échangés, les larmes de June coulèrent sans grâce et l'embrassade cessa.

Pardon, Andréa. Mes mots ont dépassé ma pensée.

Dans un monde parfait, il aurait fait face avec le calme des princes de conte de fée : un sourire et la promesse que ce n'était rien. Mais la réalité était rugueuse, imprévisible et Andréa ne fut pas capable d'autre chose que d'emmêler nerveusement ses longs doigts. Ses ongles sillonnèrent sa peau pâle, y cherchant désespérément la force de se débarrasser des mots qui meurtrissaient sa gorge si sévèrement, qu'il avait l'impression d'avoir avalé du gravier.
La vue de June jetant son corps chétif sur le divan n'arrangea rien. Sa silhouette transpirait le triste parfum de la détresse. Un effluve lourd, poisseux, une de ces odeurs qui, respirée, s'accrochait et se répandait. Elle envahissait les poumons, la bouche, puis glissait jusqu'au cœur des plus sensibles, l'écrasant sous le sentiment d'impuissance.

Désolé.

Sa propre voix l'effraya. Un son éraillé, raté, une fausse note pour son ouïe fine de musicien. Il ne savait pas quoi faire. Un geste inconscient lui fit porter son regard noisette sur ce visage laiteux, aux yeux rougis par les larmes, aux joues rondes sur lesquelles tombaient quelques mèches blondes. Vide. Plus aucune expression ne l'habitait. La culpabilité assomma le louveteau qui s'avança sans savoir ce qu'il faisait :

C'est moi qui… Je vous assure que je ne voulais pas… Je ne savais pas que…

BANG !

Sursaut. Andréa se tourna vers la fenêtre. Une ombre s'en détacha et disparut aussitôt sur la gauche. Le verre ne reflétait plus que la lueur timide d'un lointain réverbère. Pourtant, il n'avait pas rêvé. On venait bien de frapper contre les carreaux avec force.
La bouche entrouverte, le louveteau adressa un regard perdu à son homologue. Son malêtre étouffé par ce bref moment de peur, il réussit à formuler une phrase complète :

Vous avez-vu qui c'était ?

Ses iris se reportèrent sur la vitre, mais rien ne revint la troubler. Alors pourquoi son cœur ne se calmait pas ? Pourquoi cette sueur froide le long de sa nuque ? Murmure.

L'homme à la hache…

Son sang se glaça. Il avait entendu cette histoire au hasard d'une conversation entre deux employés du cabaret, quelques jours plus tôt. Sur l'instant, il avait pensé à une farce et comme beaucoup d'autres choses, elle lui était sortie de l'esprit. Mais ce choc contre la fenêtre, cette ombre… Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Soudain plus agité, le louveteau regarda tour à tour Billy, Aldrick, puis June. Mince. June. Il en avait probablement déjà trop dit, mais préférant épargner plus d'émotions à la demoiselle, ce fut assez bas qu'il expliqua aux deux hommes :

C'est… J'ai entendu des collègues en parler. Ce serait un vagabond qui ferait le tour des rues de la capitale. Il frapperait violemment aux fenêtres aux rez-de-chaussée pour vérifier si elles sont bien fermées et… et quand elles ne le sont pas, il entre dans les maisons et tue les propriétaires.
Andréa ?!

Bruits de pas dans le couloir, la tête de Jakob passa dans l'embrasure de la porte. L'inquiétude creusa un peu plus son visage lorsqu'il avisa l'assemblée. Il entrouvrit les lèvres, puis sembla se raviser et ne s'adressa plus qu'au jeune homme :

Est-ce que tu peux rejoindre le hall s'il te plaît ? On a un problème.
Euh… Oui. Tout de suite.

Le garçon s'excusa et rejoignit Jakob. Ce dernier lui fit signe de partir devant, Andréa obéit. Ses longues foulées l'emportèrent au travers du couloir. Il passa devant plusieurs pièces fermées, puis s'arrêta brusquement. Un courant d'air balaya faiblement son épaisse chevelure noire, tout son corps se crispa. Il tourna péniblement la tête. À sa droite, la porte de l'une des salles était entrouverte. Il n'eut pas besoin de la pousser pour en discerner la fenêtre. Grande ouverte.

Ah te voilà ! Dépêche toi, ils ont besoin de toi à l'entrée.

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeSam 26 Oct - 15:02

Combien de fois avait-il discuté avec June ? Combien de fois l'avait-il accompagné ailleurs pour lui changer les idées ? Combien de fois l'avait-il cherché, le cœur affolé, en craignant de l'avoir blessée ? Combien de fois avait-il proposé de l'écouter ? De l'aider ? N'avait-il pas été assez présent ? Pas assez insistant ? Aurait-il dû la forcer à tout lui dire sur le Strano au bar plus tôt ? Ne le croyait-elle pas capable d'être une oreille attentive alors même qu'il avait déjà consolé plusieurs personnes présentes là-bas ? N'avait-il pas toujours réagi comme un ami fidèle avec elle ? Sans même exiger jamais davantage, malgré son inclination la concernant ? N'y avait-il que lui pour croire qu'ils étaient proches ?

Manifestement, il s'était leurré sur tout ça.

Sinon comment expliquer qu'elle se jette dans les bras d'un parfait inconnu pour épancher sa peine ? Pire encore ! Dans ceux de son collègue et ami, Billy ! Le seul avec lequel il était inutile de parler pour qu'ils se comprennent ! Le tout après avoir méthodiquement fait payer les pots cassés à des innocents ? À Andréa de surcroit ! À son homologue, à son mordu, à cet enfant qui n'avait chercher qu'à la soutenir ! Non ! Ça, il ne pouvait ni le tolérer, ni le supporter !

Les excuses de June lui parvinrent tel un écho, lointaines, incompréhensibles, aussitôt balayées par cet ouragan de colère sourde et froide qui déferlait en lui. La mâchoire contractée à l'extrême, il n'entendit pas l'intervention du louveteau, pas plus qu'il ne vit les larmes de la belle. Il n'aspirait plus qu'à dépecé quiconque imprimerait à nouveau pareille expression sur le visage d'Andréa. Cette crainte féroce de l'adolescent, il ne l'avait vu qu'une seule fois : le soir où il l'avait mordu. Inoubliable cauchemar, qui hantait encore ses nuits les plus sombres. Son corps entier se crispa, le poil hérissé, tremblant de rage, les poings serrés jusqu'au sang, prêt à défendre son homologue, sa famille jusqu'à la mort. Parent dressé en rempart, Aldrick toisa June et Billy  de toute la puissance de sa race. Après cet échange incongru entre eux deux, quelque chose s'était brisé en lui. Définitivement.
Colosse stoïque contenant sa colère, seul sa figure trahissait l'amertume qui lui saignait le cœur. Une grimace fugace, féroce, plus proche de la bête que de l'homme lui déforma les lèvres.

* Si c'est ce qu'elle attends « d'un homme ou d'un ami », alors, c'est impossible ! Jamais je ne pourrais le lui offrir. Si c'est ce qu'elle espère d'un Humain... Je préfère encore être un monstre ! *

Un brusque fracas le fit sursauter, remplaçant partiellement la colère par la surprise. D'un bloc, les sens aux aguets, il scruta la vitre sans rien discerner d'anormal, jusqu'à ce que le monde lui réapparaisse dans son intégralité. La cantatrice en état de choc, près du violoniste dont le récit d'horreur semblait tout droit sorti d'une pièce de théâtre.
Il arqua un sourcil, dubitatif et s'enquit presque à contrecœur, sans parvenir à masquer sa colère encore largement présente, ni échanger un regard avec son collègue :

- Ça ne me dit rien. Tu as entendu parler de ça, Langevin ?

Un bref silence se coucha entre eux, avant qu'il ne s'enquiert :

- Il les tue pour les dépouiller ?

Mais il n'eut rien le temps d'ajouter que déjà Jakob réquisitionnait l'apprenti serveur. À peine Andréa eut-il disparu de son champ de vision que déjà le nouveau venu s’inquiétait :

- June, est-ce que tout va bien ? Vous êtes pâle comme un linge ! Que s'est-il passé ?

Entrant dans la pièce, il les questionna tous du regard. Aldrick ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sorti. Jakob arqua un sourcil, attendant un récit qui ne vint pas. À la place, il finit par rejoindre la cantatrice au-dessus de laquelle il se pencha en insistant :

- June ? Vous m'entendez ?

Il lui tapota la joue par à-coups, sans succès. D'un geste vif, il ôta la carafe de la table, de fines gouttelettes s'écrasèrent sur la figure opaline de la chanteuse. En désespoir de cause, Jakob lui infligea une claque plus vive que les précédentes, tout en surveillant sa réaction comme le lait sur le feu.

- Ça n'a pas l'air de fonctionner... Peut-être faudrait-il aller chercher Dol... Monsieur ? Tout va bien ?

Dans l'embrasure, un petit homme venait d'apparaitre, le visage blême aussi cadavérique qu'un fantôme, tremblant de toutes parts, il chercha à fixer son regard en s'agrippant désespérément à l'encadrement de la porte, restée entrouverte. D'une voix chevrotante, il articula péniblement :

- Il... Il a une... Ar...


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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeVen 11 Déc - 4:26

Crac.

Le bruit contre la vitre lui avait donné un sursaut de lucidité, mais il fut balayé bien vite, effrayée par les paroles d'Andréa. Elle en avail déjà bien assez sur les épaules sans avoir à s'inquiéter d'un meurtrier qui roderait autour de leur petit nid. June ne voulait faire qu'une chose, c'était fermer les yeux et oublier tout ce qui venait de se passer. Ce n'était qu'un mauvais rêve. Un affreux cauchemar de plus parmi tant d'autres. La tempête finissait toujours par passer.

Hélas, on ne semblait pas l'entendre de la même oreille de l'autre côté du brouillard qui l'avait happée. Elle devait faire face à la musique. De l'eau coula sur sa peau et ses cheveux. Une gifle résonna sur sa joue. Elle y porta la main avec une bouche entrouverte sous le choc et sembla enfin reconnaître le visage de Jakob, toujours penché sur elle. Quelques rides sur son nez s'effacèrent, visiblement soulagé d'obtenir enfin une réaction. June laissa échapper une petite grimace : les questions allaient pleuvoir, maintenant, et on l'obligerait probablement quand même à aller déranger Dolores une fois de plus.

Mais avant que quiconque puisse prendre la parole, l'accalmie ne dura pas. Un homme titubant et terrorisé se fraya un chemin jusqu'à la salle privée. Une arme ? Était-ce le même problème dont parlait le mage à son arrivée ? Ils discutèrent tous brièvement, pour tenter de mieux saisir la situation, sans doute. June n'était pas vraiment attentive. Pour une autre raison que son vertige, cette fois.

« Vous n'entendez pas...? »

Les hommes ne lui prêtèrent pas attention, ou alors c'était simplement la confirmation que la cantatrice était la seule à pouvoir entendre des lamentations portées par le vent qui s'engouffrait par la fenêtre fissurée. Elle tourna et retourna ses mains l'une contre l'autre, hésitante, avant de se lever d'un bond et de se faufiler par la porte toujours entrouverte.

« Elles m'appellent. »

Ce fut sa seule explication. De toute façon, on ne l'écouterait pas.

« June ! Vous n'y pensez pas, dans votre état, restez allongée ! »

Son pas était trop rapide pour qu'une main tombe sur son épaule pour la retenir, ou pour entendre le reste et que c'était dangereux. Cela soulagerait peut-être le commissaire si son problème était effacé de la sorte, remarque. Le visage pâle comme la mort, elle s'avança dans le hall. Sully n'était pas là. Elle était la seule qui pouvait entendre ces voix. Il fallait éviter qu'une de plus aille rejoindre cette cacophonie. Cela faillit faire tituber June, qui se retint tant bien que mal à la rambarde de l'escalier, avant de prendre conscience de l'étrange tableau qui se déroulait sous ses yeux. Plaquer les mains sur ses oreilles n'aurait servi à rien.

« Elles hurlent. Elle n'arrêtent pas de hurler. Je vous en prie. Cessez...cessez de les faire hurler. »

Des visages se détachaient dans l'air. Elles étaient toutes prisonnières, leur âme solidement enracinée autour de l'intrus. Ces spectres n'avaient plus la force de se faire entendre ou de prendre forme, mais leur souffrance résonnait au plus profond du coeur de la cantatrice. Elle avait cette envie irrépressible de leur tendre la main. Mais puisque ces femmes étaient intangibles, ce fut quelqu'un d'autre qui s'empara de sa paume, la tordant avec force pour l'entraîner à sa suite, et on resta sourd à sa prière.

« Ma bien-aimée... Je vous ai retrouvée. »

June avait compris trop tard pourquoi on l'appelait ainsi. Elle leur ressemblait. Si elle n'esquissa pas un mouvement de recul pour récupérer son bras, c'est bien parce qu'elle sentait que cela la condamnerait, plus vite, devant ce sourire presque dément. Et si quelqu'un était blessé en essayant de lui venir en aide ? Elle ignore tout de cet homme et de sa nature. Il y avait forcément une raison pour laquelle on ne l'avait pas déjà mis hors d'état de nuire, à moins que ce ne soit pour les témoins. Alors ... Elle sourit doucement et espère qu'ils pourront se diriger vers la sortie sans plus de casse, d'une pression légère contre le dos de cet homme qui la retient presque en otage, s'il ne croit pas dans son délire qu'on l'a retenue ici contre son gré. Les forces de l'ordre sont déjà sur place. Ils n'auront qu'à le cueillir. Si tout se passe bien. Enfin... Il restait encore à sauver ces âmes en peine. Le moyen le plus rapide aurait été d'offrir leur bourreau à la mort, mais cela ne marchait pas comme cela, dans le monde des vivants.

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeDim 21 Mar - 10:32

Où est Mademoiselle June ?

Le corps filiforme d’Andréa s’était figé dans l’encadrement de porte de la salle privée. Son regard tomba dans celui de Jakob dont les sourcils se hissèrent bien au-dessus de ses lunettes.

Je n’en sais rien, elle vient de partir en courant. Mais tu n’étais pas censé te rendre au hall, toi ? Andréa ?!

Demi-tour. Il l’aurait croisée s’il était passé par la salle, mais Andréa avait fait le tour par l’arrière de la scène évitant d’un même coup les regards indiscrets et le ballet de serveurs. Revenant sur ses pas, il s’excusa de s’interposer une seconde fois entre Lucy et sa cible, contourna le tête d’un dragon en papier mâché puis enjamba la boîte à outils de Bricks. Longeant les tapisseries, il rejoignit ensuite à la hâte le hall qu’il venait de quitter en repoussant d’un geste le rideau qui en marquait l’entrée. Ses talons claquèrent sur le carrelage. June était là, l’homme aussi. Le lustre projetait sur eux une mosaïque de couleurs chaudes en contraste avec l’ambiance lourde qui se dégageait du duo. Un relent de crainte précipita le louveteau sur eux :

Monsieur ! Monsieur, vous vous trompez !

Andréa écarta l’inconnu de l’artiste. Il se plaça spontanément devant June, face à l’homme. L’individu devait avoir la quarantaine. Il n’était ni très grand, ni très costaud, mais ses mains avaient l’épaisseur et la poigne d’un travailleur manuel. Sa mise révélait un effort vestimentaire auquel il n’était pas habitué. Il semblait gêné par son costume, sa cravate était mal nouée et son chapeau, trop petit pour sa tête, laissait apparaître d’épaisses broussailles grisonnantes sur ses tempes. Il s’était rasé récemment, car un pansement se décollait de son cou où l’on devinait une fine entaille. L'homme hissa vers Andréa un regard azur qui avait dû lui valoir nombre de conquêtes dans sa jeunesse. À cet instant, il était obscurcit par un brouillard opaque. Le jeune homme leva doucement les mains en signe d’apaisement.

Vous vous souvenez de moi ? Demanda-t-il d’un ton très calme. On s’est parlé il y a quelques minutes. Je vous ai dit que j’allais chercher quelqu’un pour vous aider.
Ma bien aimée ?
Non, non, abandonna Andréa avec douceur. Rappelez-vous ce que vous m’avez-dit. Vous savez où est votre épouse, n’est-ce pas ?

Il hésita un peu, puis il pointa June du bout de l’index, ou plutôt le vide juste derrière elle.

Ici…

La peine abaissa faiblement les épaules d’Andréa qui reprit avec bienveillance :

Vous savez que ce n’est pas possible, monsieur.
Je sais que ce n’est pas…

Le sang reflua violemment du visage du malheureux, donnant à sa face la teinte laiteuse des malades. Au même instant, un éclat perça les nuages dans le ciel de ses iris. L’homme vacilla et se retint péniblement à un petit meuble de l’entrée. Il bredouilla :

Ou-Oui c’est vrai. Je me suis trompé. Ce n’est pas possible. Cécile… Cécile se repose maintenant.

Il retira son chapeau et essuya son front blanc d’un mouchoir usé arraché à la poche de son pantalon. En une seconde, toute sa folie s’était transformée en un pesant chagrin. Il se vouta, ses traits s’effondrèrent sous le poids de la tristesse.

Pardon mademoiselle, murmura-t-il en fixant le sol. Je ne voulais pas vous faire peur. C’est que ces derniers temps, j’ai l’impression de perdre la tête. Depuis que Cécile est partie, j…
Andy ! C’est bon la salle privée est… Oh June. Tu as fais vite.

Celenna écarta l’épaisse étoffe  rouge qui la séparait du hall et les rejoignit. Elle s’arrêta près de la belle artiste, l’inspecta d’un œil professionnel, puis fronçant les sourcils, elle demanda :

Tu es sûre que ça ira ? Tu as l’air encore un peu secouée.
Je ne lui ai encore rien dit, avoua Andréa d’un petit bout de voix.
Mais qu’est-ce que tu attends ? Soupira Celenna. Bon, je te laisse t’en occuper, je vais prendre en charge notre invité. Monsieur ?
Bonnegens, répondit tardivement l’intéressé. Amédée Bonnegens. Mais j-
Voulez-vous bien m’accompagner M. Bonnegens ? Des rafraichissements vous attendent.
M-Mais je n’ai pas de quoi payer. Je ne sais même pas ce que je fais ici…
C’est la maison qui offre, appuya Celenna. Prenez mon bras.

Déboussolé, M. Bonnegens s’agrippa machinalement à Celenna et disparut avec elle dans la pièce voisine. Andréa regarda le velours du rideau retomber sur eux sans un bruit. Un sourire triste glissa sur ses lèvres. Il s’était déjà évaporé lorsqu’il se tourna vers June.

Vous allez bien Mademoiselle ? Je suis désolé, je ne pensais pas que vous arriveriez ici avant moi.

Un peu gêné, sa longue main se perdit dans ses mèches brunes, puis s’arrêta sur sa nuque. Ses iris noisette balayèrent une dernière fois le hall, puis retrouvèrent les courbes familières des joues de la jeune femme. Andréa rassembla ses idées pour être le plus clair possible, puis il se lança.
Il lui expliqua que M. Bonnegens était entré dans le hall furieux, certain d’avoir vu son épouse à la fenêtre. Le louveteau avait été appelé en renfort pour le mettre dehors, mais la détresse du pauvre homme lui avait sauté à la gorge et coupé dans son élan.

Vous l’avez sentie vous aussi ?

Il se frictionna les bras, comme étreint par un froid soudain. Toute son attention se reporta sur le rideau immobile, puis il poursuivit d’un ton désolé :

Celenna dit qu'il a été maudit. Elle voudrait l'aider, mais elle ne peut rien faire tant qu'elle n'en sait pas plus sur la malédiction. Et comme…Comme ça semble aussi avoir touché sa femme, on s'est dit que vous pourriez lui poser des questions vu qu'elle est…

Une bouffée d’espoir lui bomba le torse et releva ses épaules.

Vous voulez bien nous aider Mademoiselle June ?


H.R.P:

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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeDim 10 Avr - 8:23

Il s’en était passé des choses étranges entre les murs de ce cabaret, bien trop pour les compter. Et pourtant, l’absurdité de la situation en cours n’avait pas son égal. June resta silencieuse, le regard se détournant des hommes et sa main serrée contre son coude étant bien le seul signe de son trouble intérieur. On peut dire que le louveteau était arrivé à point nommé pour éviter plus de malentendus et surtout que les choses tournent mal. Cependant l’alternative qui lui était présentée était-elle bien meilleure ? La jeune médium n’était pas du tout dans un état convenable pour tenir une séance de spiritisme mais lui laissait-on vraiment le choix alors que tous les regards étaient tournés vers elle...

« Soit. Montrez-moi où nous pouvons nous installer. »

Sa langue claqua contre son palais avant de suivre Celenna, signe de son agacement. Elle n’acceptait que parce qu’elle était bien obligée, et parce qu’elle avait pitié de cet homme qui avait déjà fait les frais de cette malédiction. Si les choses tournaient mal, elle ne prendrait pas le blâme. Le reste des employés devrait être capable de gérer la situation. Et puis, elle avait déjà vidé son sac, alors une nouvelle crise ne devrait pas l’affliger. Voilà pourquoi elle était pressée de régler cette affaire : la fatigue allait finir par la rattraper. En cours de chemin, elle interpela le commissaire et son collègue. Aussi bien assurer ses arrières autant que possibie.

« Vous en avez mis du temps. Auriez-vous l’amabilité de vous occuper de cette arme et de garder monsieur Bonnegens au garde à vue pendant que nous tentons d’éclaircir la situation ? Je préférerais garder la tête sur les épaules, je vous en serai gré. »

June faisait sans doute preuve d’un peu de méchanceté gratuite avec ce ton tranchant, mais elle leur en voulait. Ils n’avaient pas réussi à arrêter le groupe de Siren et compagnie. Sans la Brume, les Légendaires auraient une bien mauvaise réputation aujourd’hui, et à son avis, ce n’était qu’une question de temps avant que cela ne se reproduise. Pas que personnellement, elle fasse beaucoup plus confiance à la Curia…

Elle s’attendait presque à ce que des objections éclatent de part et d’autre, mais après tout, ce lieu était sous la jurisdiction d’un seul maître : Edward White. Autres mœurs, autres lois. Ils pouvaient aller le quérir si ce rituel ne leur plaisait pas et qu’ils préféraient ramener le convive au poste. À moins qu’ils aient des affaires plus urgentes à régler. Ils pouvaient rester derrière la porte, à Andréa de gérer la situation, mais après tout, elle avait déjà vu monsieur Voelsungen errer dans les couloirs à sa guise, cela ne l’étonnerait pas qu’il soit mêlé au secret de ce monde d’une manière ou d’une autre. June alluma quelques bougies dans la pièce, tirant les rideaux, prêtant peu d’attention aux conversations potentielles. Le silence revenu, d’un geste de la main, elle invita Amédée à s’asseoir. Bien sûr, tout cela n’était pas vraiment nécessaire pour contacter un esprit, pas pour elle, qui les voyait depuis toute jeune. Cela faisait tout simplement partie du spectacle.

« Alors … Parlez-nous un peu de Madame Lucille Bonnegens. » commença-t-elle doucement en prenant les mains glacées du bourgeois entre les siennes, comme si elle pouvait lire la vérité sur les lignes de sa main et lui arracher si facilement sa douleur.

Cette image d’elle tranchait beaucoup avec celle de la femme brisée d’une heure plus tôt ou encore celle qui était plus cynique et acide. June était une femme complexe et délicate, mais pour le bien des autres, elle était capable de mettre en place un masque immuable et de puiser en elle la force d’affronter ses propres démons. Certains auraient pu alors se demander quel était son véritable visage. Elle écouta avec attention les moindres détails, avec un sourire affable et doux, rassurant.

« Je vous remercie de m’aider à mieux la connaître. Maintenant, je vais lui poser quelques questions pour comprendre comment vous débarrasser du mauvais sort. Gardez le silence, je vous prie. »

Ces instructions s’adressaient à l’ensemble du groupe. Le regard perdu dans le vague, des murmures échangés étaient la seule chose qui rompit le silence imposé. Ainsi donc, elle découvrit que le beau sexe avait été ciblé d’abord. Ce n’était pas compliqué : un bijou était au cœur de l’affaire. Une bague à l’onyx noir scintillant de rouge avait été offerte à ces âmes perdues et le couple ici présent avait eu la malchance de tomber dessus pour leurs fiançailles. Était-il bien étonnant dans ce cas que le veuf éploré l’ait conservé ?

Ce qui était plus mystérieux était le sort des autres compagnons potentielles de ces mariées cadavériques, mais il n’était pas impossible non plus qu’elles l’aient reçues en main propre du propriétaire du maléfice, jusqu’à ce que son intérêt se porte ailleurs… Et dans ce cas, la cantatrice était soulagée, car en effet, la ressemblance était troublante. Son âme était déjà suffisamment tourmentée sans ajouter ce genre de fan complètement dérangé dans son ombre. Elle préférerait donc croire cela, et que si ce n’était pas le cas, ce serait réglé en même temps que le cas de leur homme à la hache.

June accepta les remerciements sans donner mot à ses préoccupations personnelles et laissa la barmaid raccompagner le pauvre homme vers la sortie. Lorsqu’il eut passé la porte, elle ferma les paupières et poussa un soupir de soulagement. Ses épaules retombèrent en même temps qu’elle s’adossa contre la chaise.

« Andréa, est-ce que tu peux aller me chercher un peu de lait chaud en cuisine, s’il te plaît ? »

Son regard fuyant n’osait pas vraiment lui faire face après lui avoir crié dessus plus tôt. Simplement, elle ne savait pas si ses jambes sauraient la porter jusque là-bas, et elle préférait ne pas avoir à croiser d’autres personnes dans son état. Elle remonta un peu plus son châle sur son menton pâle et s’approcha de la cheminée pour tenter de se réchauffer. C’était le prix à payer pour effacer la souffrance des autres. Il fallait la prendre sur ses propres épaules.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé]   Une soirée comme les autres - 1890 - [Libre][Terminé] I_icon_minitimeSam 30 Avr - 17:47

Trois jours plus tard.

Tu as besoin d’aide Andréa ?

Une tête brune s’extirpa difficilement de derrière un énorme bouquet de roses roses et un pétale s’accrocha à sa chevelure d’ébène. Quoique haute, la maigre silhouette du louveteau disparaissait facilement derrière le buisson de fleurs qu’accompagnaient encore deux autres compositions florales. Des dahlias allant du corail au bordeaux étaient bloquées sous son bras gauche et des hortensias aux camaïeux de violet tenaient miraculeusement en équilibre contre son épaule. Edward récupéra ce dernier bouquet et ouvrit la porte de la salle privée dont son neveu cherchait désespérément la poignée. Le jeune homme le remercia. Tous deux entrèrent et le maître des lieux interrogea :

Qui est l’heureuse destinataire ?
C’est Mademoiselle June, répondit le garçon en déposant délicatement son fardeau sur la table basse. Je voulais les lui monter, mais le livreur m’a dit de les mettre dans un vase pour qu’elles tiennent plus longtemps. Tu penses que je peux prendre celui-là ?
Pour les dahlias ça ira, mais prends le gros sur l’armoire pour les roses. Il y en a tellement. Et tout ça vient du même admirateur ?
Oui ! De Monsieur Bonnegens. C’est pour s’excuser et surtout la remercier.
À quel sujet ?
Celenna ne t’a pas raconté ?

Le doute se glissa dans l’esprit d’Edward. La barmaid était effectivement passée l’avant-veille à son bureau pour l’entretenir de quelque chose. Un appel les avait interrompu. En d’autres circonstances, le loup blanc aurait laissé l’appareil s’époumoner, mais il espérait tant avoir des nouvelles du mystérieux groupe de Légendaires intervenus au Strano qu’il avait immédiatement décroché. Celenna s’était retirée après avoir griffonné quelques lignes sur un papier : « Grâce à June, la situation d’hier a été réglée. » L’appel terminé, Edward était passé à autre chose et n’y avait plus songé. Penser à s’excuser.

Tu veux bien me donner les détails ?

Andréa acquiesça. Sur la pointe des pieds, il tira le gros vase de faïences bleues du sommet de l’armoire et le déposa près des roses. Tirant un mouchoir du tiroir de la commode, il commença à le dépoussiérer tout en narrant au mieux leur folle soirée. Assis sur l’un des fauteuils, Edward l’écoutait avec attention tout en dénouant le ruban emmêlé autour des tiges des dahlias.
Son neveu débuta par l’échange tendu qui avait eu lieu dans la salle privée. Il eut du mal à s’exprimer sur le sujet, chercha souvent ses mots, se reprit à de multiples de reprises par peur que ses paroles sonnent comme des critiques pour les protagonistes de son récit. Le Strano revint sur le devant de la scène et avec lui, toutes les inquiétudes et les terreurs qu’il avait généré.
La réaction de June n’étonna qu’à demi Edward. Le loup blanc aurait dû regretter de ne pas s’être entretenu plus tôt avec la chanteuse, pourtant il savait qu’il n’aurait pas été en état de l’écouter calmement, ni même de lui répondre sans cynisme. Elle, si sincère, en aurait probablement souffert et en un sens, il remercia Monsieur Langevin d’avoir trouvé des mots que jamais il n’aurait su prononcer.
Andréa aussi méritait des excuses. Comme à son habitude, le louveteau s’était inquiété pour ceux qu’il aimait avec une intensité égale à la taille de son cœur. Même le gigantesque bouquet de roses ne pouvait rivaliser. Il avait durement cherché à comprendre un évènement auquel il était totalement étranger et dont Edward l’avait volontairement écarté, croyant que le laisser dans l’ignorance équivalait à le préserver. Erreur minable, surtout quand on connaissait le garçon.
Mais fidèle à lui-même, concentré sur son récit, Andréa ne songea même pas à demander réparation pour avoir été si piètrement traité. Ses yeux noisettes fixés sur le col doré du vase, il en nettoyait mécaniquement chaque parcelle, tout en cherchant à rester le plus fidèle à ce qui s’était réellement passé.
Edward haussa les sourcils en entendant la suite.

L’homme à la hache ?
Hm… Moui… Mais il n’existe pas, pas vrai ?
Je crains que non, s’amusa le loup blanc. Qui t’a raconté des bêtises pareilles ?
J’ai entendu Rita en parler à Kaito.
Les banshees ont vraiment un goût particulier pour les récits d’épouvantes.
J’aurais préféré le savoir avant. Je n’étais vraiment pas rassuré quand j’ai rencontré Monsieur Bonnegens.

Le vase désormais impeccable, il s’attela à délier le bouquet de roses, mais Edward préféra s’en occuper, certain que son neveu finirait par se piquer. À la place, il lui confia l’effeuillage du bas des tiges des dahlias. Andréa s’en occupa tout en reprenant ses explications.
Il lui raconta l’état de stress et d’égarement dans lequel Monsieur Bonnegens s’était présenté dans le hall du cabaret. Comment, hors de lui, l’homme avait menacé les employés qui l’empêchaient de rejoindre la salle de spectacle, jurant de leur faire payer s’ils n’allaient pas immédiatement chercher sa femme, Cécile, aperçue par la fenêtre.
De taille et de corpulence modestes, son emportement disproportionné et la tempête de fureur qui l’animait poussèrent les employés à appeler Andréa afin de le mettre à la porte. Mais le louveteau n’avait pu s’y résigner. Quelque chose clochait.
Arrivée à la fin de l’altercation, Celenna confirma qu’un sortilège pesait sur les épaules du malheureux déjà en proie à un lourd chagrin. Aidé de la démone, Andréa put interroger Monsieur Bonnegens sous de meilleurs jours et apprit la triste réalité.
À partir de là tout s’était vite enchainé.

Une malédiction ?
C’est ce qu’à dit Celenna. Elle a pensé que ça concernait l’épouse de Monsieur Bonnegens dès qu’il nous a raconté les derniers mois de sa vie… Comment… Comment est-ce qu’on souhaite ça à quelqu’un ?

Il se pinça les lèvres. Ses fines mains se refermèrent autour des tiges du bouquet, mais la beauté des fleurs le dissuada de trop les serrer. Il en retira une d’un geste tendre et délicat, une excuse silencieuse au bout des doigts et le dahlia fut déposé dans le vase.
Edward ne répondit pas. Pour dire quoi ? L’évidence ? Il se piqua.

Aïe !
Ça va ? Sursauta Andréa.
C’est rien, assura-t-il en portant son pouce à ses lèvres pour en retirer la goutte de sang.
Il faut désinfecter, les épines de roses c’est plein de maladies.
Ce n’est qu’une fleur…
Donne.

Il s’était levé afin de récupérer la petite trousse à pharmacie que Dolores avait insisté pour placer dans chaque salle privée depuis que l’une d’elle avait été en partie détruite par deux lycanthropes mal léchés. Andréa tendit la main. Sourcils froncés et mâchoire crispée, il insistait.
Edward leva les yeux au ciel. Il retira son pouce de sa bouche, l’essuya rapidement sur son pantalon, puis tendit son doigt blessé à son neveu qui le remercia par un chaleureux sourire. Tout en se laissant dorloter, le loup blanc demanda :

Et Monsieur Bonnegens ?
On a pu l’aider grâce à June. Elle a réussi à parler à Lucille.
Lucille ? Mais sa femme ne s’appelait pas Cécile ?
Si, si. En fait Lucille était la mère de Monsieur Bonnegens, enfin… Si j’ai bien compris. D’ailleurs, il a été très surpris que June l’interroge à son sujet. Ensuite June l’a contactée et c’est elle qui lui a parlé d’un anneau ensorcelé qui lui appartenait à l’origine.
Elle l’avait légué à son fils ?
Apparemment, admit Andréa en libérant le doigt maladroitement bandé de son oncle. Quand Celenna a inspecté l’objet, elle s’est rendue compte que la malédiction était involontaire. Madame Bonnegens… Lucille je veux dire, était contre le mariage de son fils avec Cécile. Vraiment, vraiment contre. Horriblement contre. Celenna n’a pas voulu me dire pourquoi, mais ça avait un lien avec le métier de Cécile apparemment.
Je vois… Glissa Edward en réajustant le bandage.
La mère de Monsieur Bonnegens est morte avant leurs fiançailles. Son fils pensait lui rendre hommage en offrant sa bague à sa future femme, mais peu après leur mariage, Cécile est tombée malade et a commencé à perdre la tête. Ça ne s’est jamais arrangé. Monsieur Bonnegens a gardé la bague après son décès et c’était en train de le rendre fou, comme Cécile. Celenna pense que, comme sa mère et son épouse ne pouvaient pas briser la malédiction, elles l’ont attiré jusqu’ici pour qu’on l’aide.
C’est réussi. Et un peu grâce à toi si j’ai bien compris.

Le jeune homme rougit. Il balbutia un mot qui n’était ni un « oui », ni un « non », avant d’assurer que c’était bel et bien June et Celenna, les héroïnes de la soirée. D’ailleurs la barmaid aussi avait reçu un bouquet. Il avait été apporté le matin même et elle avait fait une drôle de tête en voyant Andréa le lui apporter. Pour une raison qui lui échappait, le louveteau l’avait sentie aussi déçue que rassurée lorsqu’il lui avait appris qui en était l’expéditeur.

Il n’y a qu’une seule chose que je n’ai pas compris, avoua-t-il finalement tandis qu’il terminait de remplir le vase de dahlias.
Laquelle ? Interrogea son oncle, qui s’occupait pour sa part de faire rentrer les dernières roses.
Quand j’ai accompagné June jusqu’à la salle où Monsieur Bonnegens attendait, on a croisé Aldrick et Monsieur Langevin. Aldrick tenait quelque chose entre les mains. Je crois que c’était un des hachettes de Lucy. En la voyant, June leur a demandé de se tenir prêt à mettre Monsieur Bonnegens en garde à vue quand elle aurait terminé. Mais je ne sais pas pourquoi et je crois que eux non plus.

Edward sourit. Il ajouta les hortensias dans le dernier vase, vida dans chacun un tiers de la carafe d’eau laissée dans la salle, puis se leva pour admirer le résultat.

Là c’est moi qui vais pouvoir t’éclairer, reprit-il en débarrassant la table des pétales tombés. Lucy m’a dit que Walter avait encore fait des siennes il y a trois jours. Il tenait absolument à utiliser ses hachettes pour son numéro.
Sur un client ?
Évidemment. Elle a envoyé le premier employé quelle avait sous la main chercher Jakob et c’est tombé sur ce pauvre Lloyd. Jakob m’a dit qu’il est arrivé tout essoufflé, complètement paniqué, en balbutiant « Il a une araignée au plafond ! Il a une araignée au plafond ! ».
Aldrick et Monsieur Langevin sont allés aidés Jakob alors ?
C’est ça. Enfin juste Aldrick. Il a trouvé une excuse pour écarter Billy, au cas où. C’est comme ça qu’il s’est retrouvé avec une des armes de Lucy.
Bon, ça d’accord, mais je ne vois pas le lien Monsieur Bonnegens…
June a dû penser que c’était l’homme à la hache de ton histoire et que les premiers employés qui l’avaient trouvé dans le hall l’avaient désarmé avant d’aller chercher un policier. Aldrick en somme.
Oh… fit-il en ouvrant de grands yeux, puis fronçant le nez. Je n’aurais vraiment pas dû raconter cette histoire.

Edward étouffa un rire et le décoiffa gentiment.

Allé, prends les roses. Je m’occupe des deux autres. Montons les poser dans la chambre de June.
Attends ! Je mets la carte de Monsieur Bonnegens avant, sinon je vais l’oublier.

Il déposa le carton au milieu des fleurs roses, puis souleva le vase. Un humain aurait dit qu’il pesait son poids, mais c’était définitivement le manque de visibilité qui gênait Andréa. En quittant la salle privée, son oncle lui recommanda d’être prudent dans les escaliers, ce que le louveteau fit. 
June n’était pas là. Les fleurs furent installées sur sa coiffeuse et son bureau, puis la porte soigneusement refermée. Les deux loups-garous rebroussèrent chemin. Ils regagnèrent le rez-de-chaussée et Andréa voulut reprendre son ménage, mais Edward lui jeta son manteau sur la truffe.

Viens avez moi, on va se promener.
Ah euh… 
Je veux te parler du Strano. 

Le jeune homme se figea une fraction de seconde, puis il enfila son par-dessus avec précipitation. Il avala d’un pas vif les quelques mètres qui le séparaient de son oncle et de la porte d’entrée, mais ce dernier l’arrêta. Le loup blanc sourit un peu et lui indiqua d’un geste du menton les coutures apparentes de son vêtement. Trompé. Le garçon rectifia vivement son erreur, avant d’abandonner :

C’est bon ! Je suis prêt.

Edward lui enfonça son béret sur la tête et appuya sur la poignée.



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