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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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  Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête

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La foule [PNJ]
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MessageSujet: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeDim 10 Mar - 20:11

Une semaine que les affiches avaient envahi Paris. Impossible de les rater. Collées sur les façades de toutes les rues passantes, leurs vives couleurs attiraient l'œil même du plus distrait. En arabesques noires se détachaient le titre aguicheur suivant : « Bal Mystère ». Il s'annonçait ouvert à tous, à l'unique condition de porter un déguisement précis. Peu d'informations sur ce dernier, on le promettait pratique et élégant. Il serait envoyé gratuitement à certains membres influents de la société parisienne, ainsi qu'aux soixante premières personnes qui en feraient la demande en bureaux de poste. En deux jours, tout fut plié.
Une seconde salve d'affiches furent apposées dans la nuit, annonçant le bal complet. On priait les heureux propriétaires d'un déguisement de se rendre, le dimanche au soir, sur la place Saint-Michel aux alentours de vingt heures. Il leur était promis une soirée inoubliable qui ferait date dans l'histoire. Le mot était faible.

Tout est-il prêt ma chérie ?
Presque !

La place était méconnaissable. Bouclée depuis plus de deux heures, des mains expertes l'avaient arrachée à Paris, pour la plonger, des siècles plus tôt, au cœur d'une antique ville aztèque. De grandes peintures en trompe l'œil s'étendaient sur tout son périmètre, percées, ça et là, d'entrée brutes et géométriques prêtes à accueillir les invités. Des plantes exotiques aux pots habillement travaillés structuraient les espaces. La fontaine et sa statue de l'Archange avaient disparu, remplacés par un impressionnant mandala aux couleurs hallucinantes. En contrebas, des musiciens vérifiaient leurs instruments.
Une femme ronde s'avança jusqu'à leur estrade au rythme de ses talons et du froufrou de sa robe de satin. Elle semblait venir d'un autre siècle tant son allure détonnait avec le reste du décor. Les joues rouges d'excitation, elle avisa la troupe et attira leur attention d'un vif et répétitif petit coup d'éventail sur la pierre.

Nous allons ouvrir aux invités ! Mettez vos costumes !

Échange de regards interdits.

Stéphaaaaane !
Oui Madame ?
Où sont les costumes de ces jeunes gens.
Ils viennent d'arriver Madame.

Il lui tendit une valise qu'elle s'empressa de récupérer. Elle la déposa sur l'estrade et l'ouvrit. Ses mains plongèrent dans une cascade de tissus dont elle sortit l'une des pièces maîtresse. C'était un long manteau d'homme coupé dans un tissu coloré, majoritairement turquoise, au motif en écailles. L'habituel col à revers avait été remplacé par un collier de plumes d'un bleu éclatant qui remontait jusque dans le dos où il disparaissait sous une ample capuche. On retrouvait ces même rémiges au bout des manches, longues et amples, à la couture accentuée d'un biais d'or. Le bas du vêtement se démarquait par une large bande rouge aux motifs géométriques, tout en fils dorés qui achevait d'encrer l'habit entre deux temps.

Magnifique ! Superbe ! Quel chef d'œuvre !

Stéphane le récupéra, tandis que sa maîtresse s'extasiait sur une autre partie du costume. Le pantalon. Plus sobre, dans un tissu satiné couleur crème, sa seule exubérance consistait en deux bandes, du même tissu turquoise que le manteau, le long de la couture extérieure des jambes.

Splendide ! Fantastique !

Dernière pièce à être ôtée de la valise, un masque. Turquoise également, à l'exception de quelques pièces de mosaïque tantôt rouge ou or. Ces lignes rappelaient sans hésitation celles du serpent. Plus imposant qu'un simple loup, une fois porté, il dissimulait le front de son propriétaire, jusqu'à sa lèvre supérieure et ne laissait à nue que le galbe de sa mâchoire.

C'est parfait ! Ces costumes de Quetzalcoatl sont parfaits !
Oui madame.
Stéphane aidez les à se préparer.
Bien madame.
Oh ! Et vous aussi, trouvez-vous un costume mon petit !
Mais madame…
Mon chéri ! Nous pouvons aller nous changer !

Ainsi débuta le « Bal Mystère ».

À vingt heures, les musiciens costumés entamèrent leur premier morceau et l'on ouvrit enfin aux invités. Tous, sans exception, portaient les mêmes vêtements que la troupe d'artistes et tous, sans exception étaient masqués. Les dames, plus sublimes encore, arboraient une déclinaison du vêtement sous forme de robe, par-dessus laquelle elles avaient enfilé une longue cape de plumes multicolores, dont la large capuche dissimulait leur chevelure.
La petite centaine de Quetzalcoatl embrasa le lieu de leurs teintes merveilleuses. Tous anonymes, tous identiques, ils se disséminèrent le long des buffets et de la piste de danse, désormais illuminée par de nombreux lampions aux motifs aztèques.

Parmi eux, Stéphane, attendait au pied d'un petit escalier de théâtre redécoré pour l'occasion. Il patienta jusqu'à la fin du premier morceau, puis reprit son rôle de majordome. Discours en main, il s'exclama d'une voix forte :

Mesdames et messieurs, vous ne regretterez pas votre déplacement. Cette soirée est unique en son genre. Elle gomme les classes, les noms et remet au goût du jour une valeur, celle de l'égalité. Vous avez jusqu'à minuit, heure où sonnera le clou du spectacle, pour profiter de votre anonymat et…
Abrégez Stéphane… Lui souffla une voix.
Je vous avez bien dit, mon ami, que votre discours était beaucoup trop long.

Bref malaise. L'orateur s'agita d'un pied sur l'autre à la recherche de la fin de cet interminable texte. Troisième page. Il respira, heureux d'y distinguer les dernières lignes.

Sans plus attendre voici les mystérieux organisateurs de cette soirée exceptionnelle !

Lumières au sommet de l'escalier. Deux taches de couleurs s'avancèrent, explosant les rétines les plus délicates. Costumes à part, évidemment. Les immenses coiffes à plumes étaient vraiment de trop.

Mesdames et messieurs, Monsieur et Madame De Montalant !
- - - - - - - ∆V∆ - - - ∆V∆ - - - ∆V∆ - - - - - - -



Échos antiques



Ils vous avaient manqué ?

Edmond et Adélaïde De Montalant ont préparé une grande fête sur la Place Saint-Michel, transformée pour l'occasion en une superbe ville aztèque. Buffet et musique sont à la disposition d'invités de toutes les classes sociales.
Ils n'ont révélés leur identité qu'au début de la soirée, de crainte que la mauvaise réputation qui leur colle à la peau depuis la soirée dans leur cabinet de curiosité sabote tous leurs efforts pour se faire pardonner.

Vous arrivez sur les lieux aux alentours de 20 h.

Comme tous les autres convives, vous êtes costumés et masqués sous les traits du dieu Quetzalcoatl. Il est impossible de vous reconnaître à moins que vous donniez votre nom ou que vous vous démasquiez. De la même façon, impossible pour vous de savoir à qui vous parlez si cette personne ne se présente pas. Les seuls à être clairement distinguables sont les maîtres de soirée qui se feront un plaisir de déambuler parmi vous pour échanger.

À vous de profiter comme vous le souhaitez de cet anonymat !








Évent | Trouble-fête


Une fête bien mystérieuse a pris vie au cœur de la capitale. Réservée aux plus chanceux, elle veut bousculer les codes et l'étiquette en vous transportant dans un autre temps. Mais êtes vous prêts à vivre cette expérience inédite ?

Explcations intrigue : chapitre 3

Ce rassemblement se déroulera sur un peu plus d'un mois et commence dès aujourd'hui. À un rythme régulier, une intervention sera faite pour relancer le RP lors duquel beaucoup de surprises vous sont réservées. Vous pourrez à chaque fois, poster raisonnablement autant de fois que vous le voulez et sans ordre précis. Amusez-vous /o/

1 – Général
  • Ces postes correspondent à la suite de l'intrigue ! Ils ne sont donc pas considérés comme du Hors RP et rejoignent vos nombreuses péripéties parisiennes. Ils compteront donc comme n’importe quel RP durant lequel vous pouvez retrouver des connaissances ou vous en faire de nouvelles.

2 – Déroulement de l’évent
  • Cette intrigue se déroule dans un lieu précis au sein duquel vous pouvez devenir complètement anonyme. Un compte commun a été mis en place sous le nom de Quetzalcoatl. Vous êtes libre de l'utiliser pour poster vos réponses. Les accès à ce compte sont cachés dans la section Capharnaüm du Flood.

  • Si vous postez avec Quetzalcoatl, veillez à n'utiliser aucune couleur pour vos dialogues, à l'exception de ceux des deux seuls PNJs identifiés, soit Monsieur et Madame De Montalant. Le but étant de garder le mystère sur qui écrit quoi, faîtes également attention à ne pas vous trahir en glissant, par réflexe, le nom de votre personnage au sein du post.

  • IMPORTANT : Lorsque vous postez avec Quetzalcoatl, nous vous demandons de nous envoyer un MP (à Aldrick ou Edward) nous indiquant les premières lignes de votre post. C'est uniquement par sécurité pour que l'on puisse assurer le suivi de l’évent. Essayez d'y penser s'il vous plaît !

  • Comme vous ne postez pas avec votre compte, vous ne recevrez pas d'alerte pour vous dire que quelqu'un a répondu au sujet. Pour pallier à ça, vous pouvez surveiller le topic avec votre compte habituel en cliquant sur ce lien.

  • Vous êtes libres de ne pas poster avec Quetzalcoalt et de garder votre compte habituel, auquel cas votre personnage sera considéré comme identifiable par les autres convives présents à la fête. Il pourra être abordé sous sa véritable identité, même s'il est déguisé.

  • Méfiance, des PNJs mystères sont suceptibles d'utiliser le compte de Quetzalcoatl pour participer à l'évènement et se fondre ainsi parmi les rôlistes.

  • Comme vous l'avez constaté, le post d'introduction est suivi des « Échos antiques » (qui s'apparentent à une information de maître du jeu). Ils pourront concerner plusieurs personnes, ou être individuels, le tout étant de les respecter au mieux. Ils viseront à mettre un peu de piquant dans toute cette aventure riche en rebondissements et à vous guider afin d'y participer pleinement.

3 – Contexte du RP
  • La fête commence à 20 h sur la Place Saint-Michel.

  • Vous ne pouvez entrer que si vous portez le costume et le masque envoyés par les De Montalant. Il ne doit pas avoir été modifié. Il n'existe qu'une déclinaison homme ou femme du vêtement. Le costume est décrit dans le post d'introduction.

  • Les De Montalant ont fait expédier un exemplaire du costume à tous ceux venus à leur première soirée au sein de leur cabinet de curiosité. Pour les autres, on vous avez pu le demander en bureau de poste, un ami devant se désister vous l'aura léguer, etc.

  • Pour rappel, seules deux personnes sont actuellement identifiables suite au RP d'introduction, voici les informations qui les concernent :

    Liste des personnes présentes:


Vous posterez donc à la suite de ce message, sans ordre particulier et vous avez jusqu'au samedi 23 mars (au soir) pour participer à la première partie o/
Si vous ne pouvez pas poster et que vous avez besoin d'un délai supplémentaire, il faudra nous prévenir par MP. Sans demande de votre part l'intrigue suivra son court.


N'hésitez pas à contacter le staff s'il reste une zone d'ombre ou si vous hésitez sur votre post. Il ne faut pas avoir peur de participer et si vous avez le moindre doute, n'hésitez pas à nous contacter. Nous répondrons à toutes vos questions !

Tenterez vous l'aventure ?
https://lostparadise.forumgratuit.org/
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeLun 11 Mar - 1:15

Aura de mystère et démarche souple, la haute silhouette s'avance, couverte de sa capuche turquoise. Les yeux parcourent la place, appréciateurs, curieux, cherchant les détails partout dissimulés, un fin sourire se perdant derrière l'imposant masque qu'il arbore, comme tous les autres. Mandalas et fresques, arborescence de couleurs, effervescence. Le corps frissonne d'un plaisir pétillant d'excitation tandis qu'il arpente les alentours en quête de découverte. Il ne regrette pas d'être venu. Il ne regrette pas de son impulsivité, lorsqu'au hasard des rues il est tombé sur la grande affiche enveloppée de mystère, préférant arriver en retard au travail plutôt que de louper cette occasion de s'amuser. Paris est méconnaissable. Paris, ce soir, se déguise elle aussi aux couleurs de l'Amérique du Sud.

Ils sont des dizaines, comme lui, à arborer des costumes colorés. Tous les mêmes. Égaux, prétend le majordome. Incertain de la décision, il est toutefois sûr qu'on peut en apprécier l'esthétisme. Des dizaines d'humains arborant des déguisements similaires, les coloris chatoyants s'entremêlant à mesure que la foule se densifie, les silhouettes fusionnant pour n'en dessiner qu'une, unique, chimérique, presque divine. Un sourire amusé interrompt sa démarche. De longs doigts gantés viennent cueillir un verre et l'apporter aux lèvres pleines. La gorgée est pétillante, de même que le rire qui reste coincé dans sa poitrine, seul un fredonnement appréciateur parvenant à faire gronder ses cordes vocales. C'est qu'il est divertissant d'observer ceux qui se signent devant l'hôtel arborer des costumes à l'effigie d'un dieu qui n'est pas le leur.

Laissant l'interminable discours frôler son oreille sans jamais vraiment la toucher, il s'autorise à se distraire, détaillant inlassablement la foule dans l'espoir d'y reconnaître des visages. Aucun ne parvient toutefois à attirer son regard. Parfait. L'excitation n'en est que renouvelée. Il est ravi. Ses doigts dansent contre le verre qu'il a subtilisé, et un sourire grandissant bourgeonne sur ses traits masqués.

« Sans plus attendre voici les mystérieux organisateurs de cette soirée exceptionnelle ! »

Il n'y avait aucunement besoin d'être un fin observateur pour le deviner. Au delà même des lumières qui se braquent sur le duo entrant, les costumes criards et les coiffes rocambolesques se chargent aisément de hurler au monde la spécificité des énergumènes. Un petit rire grave lui échappe, dissimulé derrière une main malicieuse.

« Mesdames et messieurs, Monsieur et Madame De Montalant ! »

Le sourire s'effrite un peu. L'amusement se fissure. Montalant. Le nom ne résonne pas de manière positive, évoque au contraire de bien tristes souvenirs qu'il ne désire pas reproduire. Un juron échappe à sa vigilence, il s'attire un regard plissé derrière un masque similaire au sien, offre un faciès aimable en réponse.

Montalant.

Ils ont du culot, songe-t-il, de reproduire l'expérience de la soirée après l'échec cuisant de leur cabinet de curiosités. Bonne idée ou catastrophe en devenir, il l'ignore, n'est pas certain de plus de vouloir l'apprendre si tôt d'ailleurs. Connaissant les deux phénomènes qui venaient de débarquer sur scène, il y avait de fortes chances que la petite centaine de convives présents ici soient enfermés, pour le meilleur comme pour le pire.

Surtout pour le pire, ne peut-il s'empêcher de commenter.
Surtout pour le pire.
Quetzalcoatl
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeSam 16 Mar - 20:46

Évidemment. Cela ne pouvait être qu'eux.

Il grommela. Ces foutues plumes le chatouillaient. D'un geste de la main il ajusta son col pour s'en débarrasser, mais le moindre mouvement les rapprochait de son cou dans une caresse pénible qui le surprenait à chaque fois. Et puis ce masque ! On n'y voyait strictement rien là-dessous. Du bout des doigts, il le remit en place pour la troisième fois en dix minutes, avant d'écouler sa frustration sur le buffet.
Les oiseaux de mauvaises augures disparurent de leur perchoir et finirent happés par les reste des convives. Ils s'étaient égarés du côté de la fontaine, lui se tenait à l'opposé. Il savait que s'il ne voulait pas les voir, il n'aurait qu'à les éviter. Il avala son énième feuilleté, quand une voix à ses côtés lui fit tourner la tête.

– Ils sont bons ?

Il avala, puis se tourna pour s'assurer que c'était bien à lui que l'on parlait. C'était une femme. Impossible de dire son âge, mais il ne la pensait pas très âgée. Il crut distinguer quelques mèches noires, mais n'en fut pas certain, l'ombre de sa capuche sur son visage aurait pu le tromper. Comme elle l'avait pris en flagrant délit, il ne put qu'avouer :

– Ils se défendent.
– C'est au poisson c'est ça ?
– Crevette je crois.
– Oh. Je vais me laisser tenter dans ce cas.

Il y avait quelque chose de très doux et de très naturel dans ses gestes. Elle se pencha sur la table, hésita un instant car tous les entremets n'étaient pas de même taille et opta finalement pour l'un des plus petits. Elle le porta à ses lèvres, glissa sa main libre en aplomb de sa bouche pour rattraper d'éventuelles petites miettes, mais l'avala d'une traite.

– Vous avez bon goût. Ils sont délicieux.

Toujours ce flottement. Il n'était plus habitué à ce qu'on lui parle si simplement. Quelques plumes passèrent dans son champs de vision. Il releva la tête et comprit. Ici, il n'était plus personne. Délivrance.

– Vous avez goûté les rouges ?
– Non pas encore.
– Essayez-en un avec moi.

Il acquiesça. Elle attrapa ce qui ressemblait à une petite tartine et la déposa dans sa main, puis s'en servit une seconde pour elle.

– Vous pensez que c'est à la tomate ?
– Je pense que c'est plus épicé que ça.
– Du poivron peut-être.

Ils goûtèrent. Malgré leur masque, ils firent exactement la même grimace. Elle tira la langue, l'éventa du plat de sa main, lui se jeta sur un pauvre serveur, également déguisé, pour lui arracher deux verrines à la crème. Il vida la première cul sec, tendit l'autre à sa compagne d'infortune qui ne lui réserva pas un meilleur sort. Elle se pinça les lèvres avant d'y plaquer sa main, murmurant entre ses doigts :

– Du piment !

Sous son masque, il essuya les larmes qui lui étaient montées aux yeux et inspira profondément. La brûlure se calma. Une nouvelle fournée de feuilletés aux crevettes acheva d'éteindre l'incendie. Il s'enquit alors :

– Vous allez bien ?
– Je ne sais pas. Est-ce que j'ai toujours ma langue ?

Elle la tira et cela le fit rire.

– Toujours. Mais elle est bleue.
– Bleue ?

Il sourit de plus belle. Elle comprit qu'il se moquait, rougit sous son masque et le bouscula à peine de sa main délicate.

– Vous m'avez fait peur !

Elle devina l'air innocent qu'il prenait et secoua gentiment la tête. Son regard fut alors attiré par une petit papier blanc, resté sur la table. Elle le souleva. Une moue fâchée plissa son menton.

– Le papier était tombé…

Elle le tendit. Il le récupéra et remarqua qu'on y avait dessiné un point d'exclamation, ainsi qu'un piment pour mettre en garde les plus gourmands. L'écriteau avait simplement chuté.

– Mais qu'est-ce que vous faîtes ?
– Disons… que j'ajoute un peu de piment ?

Et le papier disparut dans la poche de son costume. Elle éclata de rire. Ils convinrent de s'éloigner de la scène de leur délit, mais il ne put s'empêcher de faire une petite halte. Un inconnu hésitait sur le petit four à grignoter. Grand prince, il indiqua avant de se fondre dans la masse :

– Prenez les rouges.
Quetzalcoatl
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Quetzalcoatl

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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeSam 16 Mar - 23:57

« Sic fugit irreparabile tempus…
– Tiens, Duval, tu as fini ta version pour Lemesse ?
– Je suis un partisan de la dernière heure.
– Prends garde, c’est un sévère…
– Lemesse peut embrasser mes fesses. »

Ils éclatèrent tous d’un même rire. C’est qu’ils étaient marrants, les étudiants de la Sorbonne. Ils étaient aussi excités qu’il se sentait lui-même, mais ils parvenaient à le rester tout en parlant philosophie, politique et sessions d’examens. Pour sa part, il se sentait malhabile, sous son costume trop large et son masque un peu moite, mais il devait avouer qu’ils formaient un joli tableau, tous les cinq, à parader sur le trottoir qui menait à la place Saint-Michel. Les passants, en tout cas, ne restaient pas de marbre. Pour un peu ils auraient rameuté les flics, s’ils n’avaient pas déjà vu passer d’autres énergumènes pareillement accoutrés, qui tous affluaient vers le même mystérieux endroit.

« Eh bien, ils se sont surpassés !
– Par ma barbe… !
– T’as pas de barbe, Morel.
– Mais qu’en sais-tu, malheureux ? Qui donc te dit que je suis celui que tu crois !
– Oh la ferme, on t’reconnaitrait à dix pâtés de rues. Tu pues, Morel.
– C’est les costumes qui puent. En plus ils grattent.
– Hé, regardez ça ! »

Tous les masques se tournèrent de concert vers l’impressionnant mandala, qui recouvrait l’emplacement habituel de la fontaine.

« Ma foi, ça reste spirituel…
– On peut pas en dire autant d’toi.
– Moi je préfère quand c’est spiritueux.
– Si y’a que ça pour te faire plaisir… Garçon ! Un verre chacun ! »

Le plateau fut vidé, les verres également. Ils prirent tous de chaudes couleurs, qui ne détonnaient pas outre mesure avec leur mise générale. Un seul, peut-être, semblait plus rouge que les autres, mais pour une raison différente : le discours venait de se clôturer, et il ne portait pas les organisateurs dans son cœur. Ou plutôt si. Mais du mauvais côté.

C’était un hasard, qui l’avait mené là avec le reste de la troupe, comme souvent. Les Sorbonnards étaient des habitués du cabaret, eux aussi, et ce n’était pas chose rare de les voir disputer de temps à autre une partie de cartes, ou discutailler autour de la même table, après quelques pintes de bière. Tant qu’ils ne se mettaient pas à parler latin, il pouvait suivre. Le reste du temps, la soirée s’achevait de toute façon dans le langage universel de la vomissure : pour être érudits, on ne pouvait pas non plus dire que les gaillards étaient du genre à se modérer. Mais c’était justement ce qui les rendait sympathiques. Ils avaient plus d’une fois pris part ensemble à d’autres évènements, généralement mémorables. Il espérait simplement que cette fois-ci ne ferait pas exception, et, pour se ressaisir, il secoua la tête.

Soucieux de lui redonner du baume au cœur, l’un de ses compagnons, qui partageait son sentiment, lui proposa plutôt d’employer son énergie à contenter leurs estomacs respectifs. Comme ils hésitaient devant l’abondance du choix, un inconnu, sans s’arrêter, lâcha : « Prenez les rouges. ».
Il haussa les épaules, indécis. L’autre l’encouragea :

« Ça peut pas être pire qu’les sandwiches de l’autre fois…
– Ah, ça ! commenta-t-il dans un sourire. Bon bah… Va pour les rouges. »

Ils en prirent un chacun. Se regardèrent. Et d’un même geste, portèrent le biscuit à leur bouche, plongeant généreusement les dents dedans. La mastication ne posa pas problème. Avaler non plus. Mais ensuite…

Deux pigeons, qui picoraient au pied de la table, prirent leur envol, paniqués.
« Voilà des jeunes gens bien grossiers », commenta une dame bourgeoise.
Un serveur, en se retournant, renversa sur le costume d’un convive quelques doigts de mousseux.
Et non loin de là, trois étudiants, déjà passablement pompettes car ils s’étaient resservis, hurlaient de rire, les larmes aux yeux, charmés à la fois par le spectacle, et par l’originalité de ce langage fleuri.

Ah ils étaient marrants, les étudiants de la Sorbonne. Ils vous invitaient à des soirées amusantes, mais quand on crachait ses tripes, y’en avait pas un pour venir vous aider à trouver une serviette, ou vous taper dans le dos, pendant que les autres se poilaient.



Dernière édition par Quetzalcoatl le Dim 7 Avr - 4:16, édité 1 fois
Quetzalcoatl
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeDim 17 Mar - 18:17

Elle dansait avec ravissement. Légère au milieu de la piste, elle se laissait aller d'un partenaire à un autre, tous semblables et pourtant tous différents. L'un d'eux la fit tournoyer, un second, plus audacieux, enserra sa taille, puis elle s'envola pour d'autres mains et d'autres sourires, jusqu'à ce que le morceau se termine. Tout le monde salua. Elle quitta la place d'un pas superbe, le temps de reprendre son souffle.
Elle trouva un petit coin tranquille où elle s'arrêta. Son regard parcourut calmement la foule avant d'être happé par un plateau qui passait par là. Elle en retira un verre et le porta à ses lèvres assoiffées. Une gorgée suffit à rafraichir son teint et son esprit.

« Vas-y Morel, elle est toute seule.
– J'ai vu, c'est bon. Laissez moi me préparer.
– Préparer quoi ? Tu vas pas lui faire un exposé, juste l'inviter à danser.
– Vous ne pouvez pas comprendre, c'est un truc de gentleman.
– L'autre. Ça a du sang anglais au troisième degré alors ça se dit gentleman.
– Fermez la, elle regarde par ici. »

Gloussement général. Morel tenta de se donner un air viril en avalant, cul sec, un verre déjà vide. Ses comparses rirent de plus belle, elle sourit de sa maladresse.

« Elle vient, elle vient. De quoi j'ai l'air ?
– D'un gros poussin.
– D'un pigeon sous opium.
– Vous m'aidez vachement.
– Bonsoir ? »

Elle s'était glissée dans leurs dos, écoutant la conversation. Morel prit la pose. Main sur la hanche, verre tenu négligemment, sourire séducteur et un suave :

« Bonsoir mademoiselle. »

On pouffa dans son dos. Il les aurait étranglé. Elle sourit. Ils l'amusaient.

« Je n'ai pas de cavalier pour la prochaine danse. Je me demandai si l'un de vous était libre ?
– Et bien, nous le sommes tous, mais mes camarades sont de très mauvais danseurs.
– Vraiment ? Demanda-t-elle en se penchant pour les observer.
– Ma pauvre vous n'avez pas idée. Le destin nous a affublé de pieds carrés.
– Mais c'est terrible ! S'inquiéta-t-elle faussement.
– Nous sommes à jamais privés du délicieux plaisir de la danse.
– Heureusement que nous partageons avec ce brave Morel, celui de la boisson ! »

Leurs verres teintèrent joyeusement. Elle posa sa main devant sa bouche, mais ses épaules trahirent un joli rire.

« Un belle passion pour une belle amitié. Ça se fête en chanson, non ?
– Duval, tu lis dans mes pensées. Ils sont où les deux autres d'ailleurs ?
– Depuis qu'ils ont craché leur repas tu veux dire ? »

Ricanement commun qui annonçait une conversation inadapté à une demoiselle. Morel opta pour la fuite. Il proposa son bras, elle s'en saisit avec douceur et le suivit jusqu'à la piste de danse. Ils s'élancèrent dans un valse folle.
Elle le laissa guider les premiers temps, amusée de le voir si fier, alors que l'alcool l'avait rendu pataud. Très vite lasse, elle finit par s'emparer de leur danse et s'assura de lui faire perdre la tête. Leur cadence dépassa délicieusement celle du morceau. Elle bousculait, gênait, se moquant des autres amoureux de bals. Elle le repoussait sans avoir besoin de force, le dominait de toute son élégance et de toute son adresse. Morel, poupée de chiffon, se trainait à sa suite, essoufflé et rouge. Son sourire de reine devint celui d'une prédatrice. Elle s'amusa de cet orgueil qui le poussait à ne pas abandonner, alors qu'il avait déjà perdu pied. Elle l'acheva, sur la note finale de leur morceau. Il posa un genou à terre, vaincu.

« Merci ! C'était très agréable ! »

Elle était redevenue douce et tendre.

« Serait-ce abusé si je vous en demandais une autre ? »

Elle lu la peur dans son regard et son cœur se gonfla de joie. Morel se releva, ramassa ce qui restait de sa fierté et refusa. Il avait faim tout à coup, ou soif, il ne savait plus trop. Il détala joliment, pas très droit, puis perdit l'équilibre et chuta sur un inconnu.

Oh, comme cela la fit rire !
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeDim 17 Mar - 18:40

Les applaudissements remplirent la place Saint-Michel lorsque le nom des deux organisateurs de la soirée costumée fut révélé. Les siens furent à peine audibles, tant les souvenirs qu'il gardait de leur précédente invitation lui étaient déplaisants. Ses craintes balayées par un simple haussement des épaules, il décida finalement de se diriger vers le buffet, car c'était sans doute par là-bas qu'il allait passer la majorité de la soirée. Ses premiers pas furent cependant aussitôt interrompus lorsqu'il bouscula par mégarde un invité.

- Oh ! … Hm, pardon.

Sa voix profondément grave n'arriva cependant pas à l'oreille de la personne en question qui avait déjà disparue au cœur de la foule bigarrée. Sa main portée au niveau de sa bouche, il se racla la gorge puis repartit en direction des longues tables du buffet. Le menton carré de notre homme se décrispa lorsqu'il pu finalement mettre la main sur un premier hors d'œuvre, aussitôt englouti. Crevette, pas trop mal. Et à quoi pouvaient être ceux de couleur rouge posés à côté ?

- Excusez-moi Monsieur. Je crois que vos plumes sont de travers.
- Ah, vous voilà.

À sa gauche venait d'apparaître un autre homme à la silhouette plus fine et moins trapue. Ses longs doigts s'avancèrent furtivement vers un petit pain garni, qu'ils lâchèrent maladroitement lorsque l'autre homme lui tapa dans le dos, satisfait de la réussite de son plan.

- Je suis content !

Arborant un large sourire, l'homme aux larges épaules tapa de nouveau dans le dos de son ami puis se pencha vers une petite tartine rouge, qui malheureusement lui échappa, une grande dame charnue ayant été plus rapide que lui. La déception pouvait se lire sous son masque. Le second individu, lui, ajusta le sien, visiblement trop grand. Il inspira profondément puis se mit à parler lentement.

- Vous avez entendu le nom des organisateurs ?
- Oui. Tout ira bien.

Deux jeunes femmes gloussèrent en regardant l'homme trapu à la voix grave, puis semblèrent rougir sous leur masque lorsqu'il se tourna vers elles. Il se pencha de nouveau, cette fois-ci bien décidé à saisir le petit apéritif rouge, mais un serveur saisit l'assiette et la déposa à l'autre bout de la table avant de s'éloigner. L'homme soupira puis proposa à son camarade d'avancer également, tapant involontairement la table avec son coude en se tournant. Après avoir arrangé les hors d'œuvres déplacés par le choc, il rejoignit rapidement son ami qui s'était déjà éloigné.

- J'ai du mal à bouger avec ce costume.
- Vous avez pourtant insisté pour le porter.

L'homme se gratta la nuque, bien obligé d'admettre qu'il n'avait pas tort. L'idée de porter un costume l'avait séduit aussitôt, et il avait convenu son camarade de venir avec lui. C'était ce dernier qui avança l'idée de la phrase à utiliser afin de se reconnaître, et ils s'accordèrent finalement sur des retrouvailles au niveau du buffet, ce qui fonctionna à merveilles. À vrai dire, aucun des deux ne pensait que cela marcherait vraiment. Mais ils s'étaient bien gardés de se le dire.
Toujours était-il qu'il avait encore du mal à se mouvoir dans son costume. Peut-être était-ce à cause du masque ? Ou du costume ? Il faut dire qu'il n'en portait que rarement.

- Vous en voulez un ?
- Oui, un rouge.

Les deux hommes avaient enfin réussi à s'approcher des tartines fugitives, et le plus mince s'empara de l'une d'elle et l'offrit à son compère, qui s'était déjà perdu dans l'observation des nombreux décors aztèques disséminés sur l'ensemble de la place. Mais alors qu'il parcourait du regard l'ensemble de la zone, ses yeux se posèrent sur une petite silhouette à quatre pattes par terre, en train de tâter le sol avec ses mains. Curieux, il se pencha légèrement dans sa direction, mais sa vision fut aussitôt obstruée par une couleur rouge vif, qui le fit sortir de sa réflexion. Son camarade tendait le petit hors d'œuvre devant les trous du masque de son ami trapu qui l'attrapa et le mit dans sa bouche.

- Hm, je ne la vois plus.
- Ils sont bons ?
- Oui plutôt.

Curieux de cet avis, habitué aux papilles stériles de son ami, le plus fin des deux hommes attrapa un autre petit toast et le mit à son tour dans sa bouche.

- Dites, je crois que… Oh ? Tout va bien ? Vous êtes tout rouge.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeDim 17 Mar - 19:05

– Vous aussi vous êtes en chasse ?
– En chasse ?

Il avait répondu comme un écho, trop surpris qu'on lui adresse la parole pour comprendre le sens de la phrase. L'homme à ses côtés bomba le torse, le visage transformé par un sourire malicieux. Il suivi son regard fixé sur une inconnue qui buvait une coupe dans un coin. Bizarre. Il fit tourner entre ses mains un verre auquel il n'avait pas encore osé goûter. Il n'aimait pas l'odeur.

– Et bien oui ! En chasse ! Vous avez l'air seul, vous n'êtes certainement pas venu sans une petite idée derrière la tête !

On ne pouvait rien lui cacher.

– Toutes ces jolies biches n'attendent que la flèche d'un homme pour percer leur cœur.

Il remonta son masque et chercha, sur les décors, l'ombre d'une biche. Il trouva un oiseau au bec énorme et coloré dont il ignorait le nom, des singes, des papillons, un gros chat, mais rien qui ressembla, de près ou de loin, à un élégant cervidé.

– Je ne les vois pas.
– Parce que vous regardez mal !

Il lui frappa le dos dans un éclat de rire qu'il voulait amical, mais qui lui fit grincer des dents. Il se crispa. Il serait parti, mais l'autre le retint, agrippant son bras.

– Ah vous avez de la chance d'être tombé sur moi. Vous m'êtes sympathique, alors je vais tout vous expliquer.

Il parlait trop fort, il n'entendait plus la musique. C'était agaçant.

– Vous ne buvez pas ?
– Non.

Il lui avait même coupé l'appétit. L'autre ne se gêna pas pour le délester de son verre et l'avaler d'une traite. Il s'essuya la bouche d'un revers de main, il lui en restait un peu sur la joue. Écœurant. Il fallait qu'il parte. Il se dégagea doucement de sa poigne et tenta un premier éloignement, mais il dut se rendre à l'évidence, il venait de tomber sur un sacré pot de colle.

– Pas par là, malheureux. Elles sont toutes mariées.
– Mariées ?
– Tenez, regardez plutôt celle-là. Elle est seule et n'a pas quitté le buffet depuis tout à l'heure. Elle a l'air de vouloir danser, mais elle n'ose pas.

Il chercha, remarqua une demoiselle qui se balançait doucement, les yeux clos, au rythme de la mélodie jouée par les musiciens. Elle avait l'air gentille, mais ce n'était pas une bi…

– Oh.

Une honte soudaine embrasa son visage. Jamais il ne fut plus heureux de porter un masque. Il se pinça les lèvres et serra les poings, tendu comme un arc.

– C'est une proie facile. Elle se laissera approcher.
– Qu…
– Sinon vous avez les deux amies là-bas. Elles seront plus difficiles à séparer, mais ça reste deux cibles de choix.
– A-Attendez…
– Je ne dirais pas non à celle qui danse près du mandala. Une vraie bête sauvage !
– Mais vous parlez de femmes !
– Bah oui ? De quoi d'autre ?

« Quoi. »

Il s'étrangla de rage. Il lui aurait rincé la bouche avec du verre pilé.

– Mince. Voilà l'hôtesse. C'est une bavarde, le genre à vous gâcher la fête.

Il réagit instinctivement.

– Madame !
– Qu'est-ce que vous faîtes ? Malheureux, ne l'attirez pas par là.

Cette fois-ci, ce fut lui qui le retint. Hélée si justement, Madame De Montalant ne résista pas à s'approcher. Elle irradiait dans son costume et fut si prompte à les rejoindre qu'elle faillit éborgner un ou deux convives de sa superbe coiffe.

Est-ce que notre petite fête vous plaît ?
– Beaucoup madame.
Vraiment ? C'est adooooorable.
– Et justement, ce monsieur me disait qu'il n'avait jamais vu de fête aussi extraordinaire.
Ah oui ? Charmeur !
– Il n'ose pas vous le demander, mais il voudrait, disons… connaitre vos secrets pour avoir quelque chose d'aussi réussi.
Mais avec plaisir ! Garçon ! Trois coupes s'il vous plaît.
– Juste deux.
Oh, vous ne restez pas ?
– Non je dois… retrouver quelqu'un.

Il songea tardivement que l'excuse n'était pas la plus adaptée à une soirée comme celle-ci, mais Madame De Montalant n'y prêta pas la moindre attention, déjà entièrement dévouée à l'admirateur de son travail.

Il s'éloigna discrètement et retrouva, le cœur léger, les notes entêtantes d'un nouveau morceau.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeLun 18 Mar - 2:53

Pourquoi il n’était pas surpris de revoir les De Montalant. En y réfléchissant mieux, il aurait dû deviner. Tout ce mystère derrière ce bal et cette incroyable transformation. Il n’y avait que ce couple d’aristocrates excentriques pour réaliser un tel exploit. Il se souvenait trop bien de leur dernière soirée. Elle avait été hallucinante dans tous les sens du terme, et pourtant il n’en gardait pas un mauvais souvenir.

Mais cette fois-ci, que leur réservaient-ils ? Ce n’était pas un simple bal costumé, il en était convaincu. Ils leur gardaient des surprises. Il tourna sur lui-même, son regard ne sachant pas sur quel détail s’arrêter. Le thème était évident. Les civilisations précolombiennes. Mais que représentait leur costume ? Et le serpent sur leur masque? Allaient-ils invoquer un ancien dieu, effectuer un rituel sanglant ? Rien ne l’étonnerait et tout était possible avec eux et leur folie.

Installé entre deux imposantes plantes près d’une entrée, il observait les convives d’un air distrait et ennuyé. Plusieurs dansaient à cœur joie tandis que les autres étaient attroupés autour du buffet. Il vit sans mal quelques-uns grimacer à cause des canapés. Mais rien de très captivant ne s’était encore produit. Finalement, il aperçut celle qu’il attendait. Elle passa d’un pas rapide devant lui, sans le voir, mais s’arrêta presque aussitôt. La nouvelle apparence éphémère de la Place Saint-Michel lui coupa le souffle. Muette de stupeur, elle regardait partout avec de grands yeux émerveillés. Elle avait subitement l’impression d’avoir voyager dans le temps et l’espace. Subjuguée devant le décor, elle mit machinalement son masque et dissimula sa longue chevelure rousse sous sa capuche.

- Tu es en retard, ma chère ! S’adressa l’homme en s’approchant derrière elle.

Surprise, elle sursauta avant de se retourner.

- Qui… Qui êtes-vous ?
- Tu me déçois. Tu ne me reconnais pas ?

Aussitôt, il reconnut cette voix familière et ce sourire.

- Ne me dis pas que c’est toi ?
- Qui d’autre veux-tu que ça soit ?

Elle regarda l’homme et plus particulièrement son costume. Amusée par l’apparence de son compagnon, elle éclata de rire.

- Elle te va à ravir.

Il tourna rapidement sur lui-même faisant virevolter le pan de sa robe.

- Tu trouves, toi aussi.
- Mais pourquoi portes-tu ça ? L’as-tu volé ?
- Allons, ne m’insulte pas, ma chère ! C’est ce qu’on m’a envoyé. Probablement une erreur. Ou une mauvaise plaisanterie.
- Ou ils pensent peut-être que tu es une femme.
- Ne dis pas n’importe quoi. C’est absurde. Tu es juste jalouse parce qu’elle me va mieux qu’à toi.
- Oh, mais comment as-tu deviné ?

Les deux partirent de concert à rire.

- Est-ce que j’ai manqué quelque chose ?
- Rien de captivant. Il y a le buffet qui offre un certain divertissement. Certains hors-d’œuvre semblent… déstabilisants. En voilà un autre qui s’essaie, justement… Et non, pas de chance, il a pris le pimenté.
- Le pauvre, va-t-il survivre ?
-  Probablement… Aussi, les organisateurs se sont présentés. Il s’agit des De Montalant.
- Aaah, alors on ne devrait pas s’ennuyer.
- Sûrement pas, en effet.
- Devrions-nous nous mêler aux autres convives maintenant ?
- Certainement, je commençais à m’enraciner à t’attendre. Qu’est-ce qui t’a autant retardé ?
- On a eu des problèmes avec un client récalcitrant. Rien de grave. Il ne devrait plus recommencer.
- Te connaissant, j’en suis convaincu.

Il lui offrit son bras, elle l’accepta volontiers et le duo se mélangea aux invités. Ils en saluèrent quelques-uns de la tête, puis allèrent danser.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeVen 22 Mar - 23:02

Les couleurs se muaient en une danse incroyable, cet instant de joie gonfla son cœur d’un sentiment étrange. Malgré son ressenti pour les De Montalant, rien ne semblait pouvoir entacher la curiosité qui s’était immiscée au fond de son âme. Dans son immense costume, l’imposante silhouette se faufila parmi ses semblables.
Se moquant d’un certain Morel, une femme éclata de rire non loin de lui. Du moins, c’était ce qu’il supposait compte tenu de sa voix. Leurs regards se croisèrent et d’un timbre enjoué, elle questionna :

- Vous aussi vous m’invitez ?

Il observa à sa droite. Personne. À sa gauche, un couple. Haussement de sourcils. Index posé sur son buste et questionnement muet. Sa vis-à-vis acquiesça. Il n'était pas sûr de comprendre.

-  Où ça ?

Rire clair.

- Je parlais de danser !
- Oh.

Silence et rougeurs gênées derrière le masque.

- Navré mais je ne suis pas doué pour ça.
- Ça ira c’est certain !
- Je vous assure que n…

Trop tard. Elle l’entraîna sur la piste.

Il guida au mieux. Pas longtemps. La patience de la danseuse, moins présente que lors de sa précédente danse, voulu lui infliger le même sort qu’à son premier partenaire. Elle augmenta sa poigne. Attitude féminine subitement féroce. Surprise et orgueil. Il ne se laissa pas faire. Frictions. Échange de forces. Sourires forcés. Pas un mot pour l’adversaire. La valse se mua en combat étrange. Les notes cessèrent, marquant la fin d’une égalité.

- Vous ne vous défendez pas trop mal, admit-elle après un interminable échange les yeux dans les yeux, sans ciller.

Ton vexé. Il n’insista pas. C’était pourtant lui qui avait détourné le regard d’abord.

- Je vous retourne le compliment.

Elle plissa les yeux et saisit finalement son bras en guise de punition. Il en fut aussi décontenancé qu’essoufflé.

-  Vous vous vengez ?
- Moiiii ? Quelle idée !

Ironie masquée derrière des gestes d’apparence doux.

- Vous m’offrez à boire ?
- J’ai le choix ? Tenta-t-il, incertain.

Nouveau rire. Manifestement non.

- C’est ça ou une nouvelle danse.

La poigne se resserra significativement sur son avant-bras. Piégé. Il se résigna, soulignant dans un soupir :

- La prochaine fois, je vous inviterai pour un bras de fer.

Scintillements nouveaux au fond des saphirs de la concernée. Sourire moqueur et pose triomphale.

- Je ne serai pas aussi tendre alors.
- Je n’en doute pas une seule seconde.

Échange amusé. Naissance d’une complicité.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeSam 23 Mar - 11:09

- …dame ? Vous …tendez ?

Sa première sensation fut de sentir une main posée sur la sienne. Rapidement, la silhouette floue qui lui faisait face devint nette, tout comme la musique et les voix de la foule qui parvinrent enfin à ses oreilles. Confuse, la femme prit encore quelques secondes pour reprendre ses esprits, puis posa à son tour sa main sur celle de la personne qui lui faisait face et acquiesça silencieusement. Son interlocutrice lâcha un soupire de soulagement, avant qu'une nouvelle voix ne vienne les interrompre.

- Tout va bien ?

Derrière elle venait d'apparaître l'organisateur de l'événement, reconnaissable grâce à son costume et son immense coiffe bariolée. Un sourire courtois remplaça rapidement l'expression de surprise des deux femmes.

- Oui, merci. Cette personne faisait un malaise donc je l'ai éloignée de la foule pour qu'elle reprenne ses esprits.
- Pardonnez-moi, je ne suis pas habituée à ce genre d'événements, ajouta la femme en question en s'éventant légèrement le visage avec sa main.
- Oh comme je vous comprends ! N'importe qui pourrait se sentir subjugué par une telle mise en scène, n'est-ce pas ? Toutes ces couleurs, et ce décor !

L'homme se tourna vers le centre de la place, les bras écartés. Une vague d'applaudissements inonda en même temps la foule tandis que des invités venaient de quitter la piste de danse pour être aussitôt remplacés par de nouveaux. Ravi par l'ambiance de sa soirée, Monsieur de Montalant se tourna de nouveau vers les deux femmes en attrapant au vol deux flûtes à champagne sur le plateau d'un serveur qui passait par là. Il les tendit à ses invitées.

- Vous n'êtes pas tentées par une petite danse ?
- Je comptais justement m'y rendre avant de venir en aide à cette personne, répondit l'une des deux femmes en saisissant le verre.
- Merci encore pour votre aide… Je vais d'abord aller reprendre des forces au buffet et je verrai si quelqu'un m'invite à danser. Pardon, pouvez-vous m'aider à arranger les plumes de mon costume ?

Monsieur de Montalant s'apprêta à venir en aide à son invitée mais la deuxième femme fut plus rapide que lui et vint coiffer les quelques plumes récalcitrantes du bout des doigts, les autres encore occupés par la flûte de champagne.

- Voilà, plus rien ne dépasse.
- Je vous remercie, fit la femme en penchant la tête.
- Voulez-vous que je vous conduise vers le buffet ? J'y aperçois ma tendre épouse, elle saura vous faire la conversation. Elle est passionnante, vous verrez.
- Oui merci, je vous suis. Merci encore pour votre aide madame.

La seconde femme se contenta d'un geste discret de la main et d'un léger sourire puis finit par s'éclipser en direction de la piste de danse. Monsieur de Montalant offrit son bras à la seconde femme qui après un geste indécis s'y accrocha, en s'assurant à nouveau que son costume soit correctement arrangé.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeSam 23 Mar - 19:02

L’anonymat. Quelle notion ennuyeuse pensa la jeune femme. Le sien n'aurait duré que quelques minutes.

- « Q-Qu’est-ce que tu fais ?! »
- « J’en ai ma claque de cet accoutrement ridicule. En plus il fait une chaleur là-dessous ! »

D’un geste, Rose ôta son masque, avant de passer une main sur son visage. Elle agita l’accessoire sous le nez de son partenaire d’infortune, avant d’abaisser la capuche qui lui cachait partiellement la figure, laissant s’en échapper une cascade de cheveux blonds. Il y avait deux raisons pour lesquelles elle agissait ainsi. Premièrement, pour embêter Julius. Le voir s’agacer tout seul était toujours divertissant. Deuxièmement, parce qu’il n’y avait rien qui lui faisait plus plaisir que d’enfreindre quelques règles. Et comment déroger aux règles d’un bal masqué d’une meilleure manière qu’en ôtant son masque ? Son partenaire s’étrangla.

- « Madre mia ! Rose ! Remet ça ! Alexandre a demandé de la discrétion. » Il jeta un coup d’œil aux alentours. Quelques personnes s’étaient retournées sur eux, curieux. «  Les gens te regardent ! Le principe d’un bal masqué, c’est de rester masqué. Joue par les règles pour une fois ! »
- «  C’est bon, c’est bon, j’ai compris Julius, respire. » Elle rajusta le masque sur son minois, mais détacha la cape qu’elle lui laissa tomber entre les bras «  Par contre, tu portes ça. Cette espèce de plumeau est insupportable. »

Son regard se porta sur l’assemblée de gens costumés autour d’eux. Quelle corvée ! Alexandre s’était bien gardé de mentionner ces déguisements quand il lui avait demandé de se rendre à sa place à cette mascarade.

Elle observa Madame de Montalant qui discutait avec un homme un peu plus loin. Elle la désigna d’un signe de tête à Julius.

- « Elle est déjà venue chez Alexandre celle-là.» la contrebandière alluma une cigarette, en tira une bouffée. «  Je crois que la dernière soirée qu’elle a organisé avec son mari a mal tourné. Ça à fait la une des journaux un moment. » Elle marqua une pause. «  Tu sais ce qui aurait été drôle ? Que tu portes la robe et moi le costume. On aurait été impossibles à reconnaitre. »

Un silence excédé lui répondit. Un peu plus loin, la blonde observa un groupe de jeune gens s’étouffer avec la nourriture du buffet. Note à elle-même : ne pas s’en approcher. En revanche, elle n’aurait rien contre un verre. Du regard, elle chercha un serveur. Elle se sentait mal à l’aise dans cet endroit ou personne n’était reconnaissable. Ce troupeau de faces anonymes et colorées avait de quoi faire hurler d’angoisse.

La jeune femme souleva sa lourde chevelure pour laisser le petit air frais du soir rafraichir sa nuque. Elle allait proposer à Julius de s’avancer vers la fontaine lorsqu’une prise se referma sur son épaule. D’instinct, la jeune femme pivota, levant une main au niveau de son visage, prête à se défendre. Mais elle se retrouva face à la carrure frêle d’un homme qui eût un mouvement de recul face à son geste agressif.

- «  Mademoiselle, je euh… Je ne voulais pas vous effrayer. C’est juste que… Je vous ai vu sans votre masque et je… euh… » il entremêlât ses doigts, gêné. « Voudriez-vous m’accorder une danse ? »

Rose regarda le prétendant, interloquée. Elle devinait la rougeur de ses joues sous son masque. Julius à côté d’elle, lui lança un regard signifiant clairement « débrouille toi, je t’avais bien dit de te tenir à carreau. »
En face d’eux le jeune homme paraissait littéralement sur le point de se liquéfier de honte. Rose décida de mettre gracieusement fin à ses souffrances.

- «  Oh. Et bien, je suis désolée… J’allais justement prendre un rafraîchissement. Peut-être pouvez-vous tenir compagnie à mon fiancé le temps que je revienne ? » lâcha-t-elle, mutine, en désignant Julius dont elle pouvait deviner les yeux rouler sous son masque.

Et elle les planta là tous les deux sans autre forme de procès, disparaissant dans la foule. Lorsqu’elle eut atteint l’autre côté de la place, elle réalisa qu’elle avait laissé sa cape à son comparse et que ses cheveux blonds, attiraient toujours autant l’attention.

Elle haussa les épaules, finissant de fumer sa cigarette. Elle s’accordait encore quelques minutes avant de rejoindre Julius. En espérant qu’il se serait débarrassé de l’importun. Elle n’aimait pas les bals et les mondanités, mais cette extravagance dépassait ses cauchemars les plus délirants. Un serveur passa tout près. Elle se saisit d’un verre de champagne qu’elle vida d’une traite. La contrebandière soupira. Faire bonne figure, éviter toute conversation inutile, rester à l’écart de la piste de danse. Si elle suivait ces principes, tout se passeraient bien. Enfin, ça, c’est ce qu’elle espérait.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeDim 24 Mar - 15:42

Tous identiques et tous anonymes, c’était le mot d’ordre de la soirée. Cela pourtant, n’était que des mots aux yeux de notre invitée. Dès les premières minutes l’identité des organisateurs avaient été révélée. Tu parles d’un anonymat ! Quels organisateurs de surcroit ! Les De Montalant ! Certains s’en réjouissaient, d’autres grimaçaient ouvertement, comme la jeune femme. Non contents de leur scandale au Cabinet, voilà qu’ils remettaient ça. Rien ne les arrêtaient ces deux bourgeois là ! Mais que pouvaient-ils mijotés cette fois encore ? Depuis l’annonce, elle était de plus en plus intriguée.

Une coupe à la main, posée près d’une plante, elle observait les convives. Machinalement, son talon tapotait les pavés au rythme de la musique. Toutes ses plumes et ses couleurs, ça faisait un sacré tableau ! Elle imaginait déjà la tête de certains s’ils en faisaient une peinture !
Poussé par la curiosité, elle flâna entre les convives et se dirigea vers l’organisatrice. Elle pourrait peut-être obtenir des indices sur la suite de la soirée ? Elle ne voulait pas se laisser surprendre comme la dernière fois ! Son regard néanmoins se perdait dans la foule. L’anonymat donnait de l’audace aux plus timides et tout le monde se parlait librement. Cela la fit sourire. Les invités étaient un spectacle à eux seuls. Cet anonymat avait tout de même ces bons côtés. Pour elle aussi. Tous accoutrés pareils, tous cachés ainsi, tant qu’elle ne se trahissait pas, nul ne la reconnaitrait. Elle éviterait des remarques, et peut-être aussi de ces gens qui la mettaient mal à l’aise. Pour l’instant, elle n’avait reconnu personne. Elle avait quelques idées… malgré les costumes, les voix et les parfums de certains restaient très distinctifs ! Mais pour l’instant rien n’était sûr.

- C’est beaucoup de travail vous savez ! La nourriture, les décors, les costumes…
- Mais que voulez-vous, nous sommes des passionnés ! Quand nous avons découvert tout cela, nous n’avons pas résisté !
- Oui ! Il fallait que nous le partagions !
- Ces architectures ! Ces couleurs !
- N’est-ce pas fascinant ?
- Remercions les espagnols, sans eux nous en sauront rien.
- Il faut leur accorder ceci…

Elle resta un moment à les écouter… mais se lassa de leur amabilité exagérée et finit par s’éloigner. Ces blablas interminables, elle les supportait au travail, pas en dehors. Elle regarda de loin le buffet. Les réactions des gourmets étaient trop hétéroclites pour qu’elle s’y laisse tenter. C’était comme les gâteaux de la grand-mère Lanister. Un coup elle avait trouvé le pot de sucre et c’était un délice. Un coup, elle l’avait confondu avec le sel, et… rares étaient ceux qui osaient le lui dire de peur de vexer cette adorable mamie gâteaux !
Elle haussa les épaules et prit une autre direction, tout en évitant la piste de danse. Des murmures s’élevèrent près d’elle et elle s’arrêta. Elle tourna la tête pour en connaitre l’origine. Une seule femme avait osé se dévoiler et tout près d’elle. Certains s’attendaient à une annonce de sa part, mais rien ne vint. Notre convive la fixa quelques secondes, et sourit. Il y avait chez cette blonde quelque chose qui l’attirait. Elle s’approcha et dit dans un sourire.

- Votre audace vous va à ravir. Mais on risque de vous prendre pour la prochaine attraction de la soirée…
Elle lui tendit une nouvelle coupe pleine, pour remplacer la vide.
- ça ne vous effraie pas ?
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeDim 24 Mar - 20:18

Ni Edmond, ni Adélaïde De Montalant ne remarquèrent la lente et inévitable liquéfaction de l'invité qu'on leur avait livré en pâture. Trois fois qu'il essayait de se défiler, trois fois que Monsieur le retenait pour lui détailler avec passion les glyphes du décor. Son épouse l'appuyait avec joie, le reprenant de temps en temps, échangeant avec lui des traits d'esprits incompréhensibles pour qui n'est pas expert dans le règne de Nezahualcoyotl. Le malheureux noyait son amertume dans la boisson, espérant qu'elle libère vite son esprit de sa prison corporelle.

Edmond ! Je reviens !

Regard étonné du concerné, retour de l'espoir pour son captif. Le premier reprend aussitôt son allocution détaillée sur les quatre-vingts instruments à grelots utilisés par les Aztèques. Cette fois-ci, plus de doute, mourir intérieurement était bel et bien possible.
Pendant ce temps, Adélaïde De Montalant avançait parmi la foule. Son œil vif venait de repérer sur le sol un morceau de papier qui faisait désordre. Il était piétiné et sali, mais elle se pencha tout de même pour le ramasser. Par curiosité, elle le retourna.

Mais qu'est-ce…

Recto. Verso. Recto encore. Voilà qui était bien étrange. Elle allait appeler son mari, lorsqu'elle en remarqua un second, un peu plus loin. Peut-être une coïncidence ? Elle s'avança,  salua les inconnus qui l'abordaient sans s'attarder et posa son petit pied charnu sur une nouvelle feuille. Elle la souleva également et lu, puis la compara avec la première. Une moue fâchée retroussa ses lèvres. Le texte était différent, mais le message restait proche. Un troisième prospectus vint se coller à sa cheville. Elle le récupéra. Autre message, même mise en forme.
Adélaïde releva le nez et hoqueta d'effroi. Partout, des papiers. Tantôt écrasés, tantôt volants suite à la valse d'une cape ou d'une jupe, ils jonchaient le sol de la place. Elle s'empourpra de colère. On essayait de gâcher leur fête. Elle ne se laisserait pas faire !

Rebrousser chemin.

Sa petite main rose se posa sur le bras de son époux, toujours en grande conversation. Elle sourit, faussement, et s'excusa auprès de leur invité à qui elle devait ôter un interlocuteur si remarquable. Jamais homme ne connut plus profond et vif soulagement.
Madame De Montalant entraîna son mari à l'écart. Il la suivit perplexe, jusqu'à ce qu'elle lui mette les feuillets sous les nez.

Le premier : fond blanc, imprimé en rouge d'une bête difforme et cornue écrasant un vieillard sous lequel explosaient des lettres capitales. « Nous sommes en danger. »
Le second : mêmes couleurs, gravure d'un dandy dont l'ombre énorme, infernale, était transpercée d'une phrase. « Les monstres sont parmi nous. »
Le dernier : idem, un masque d'homme beau et élégant, brisé sur la moitié qui dévoilait une figure hideuse, folle, presque animale. Elle surplombait un texte agressif. « Les démasquer ensemble. »

Edmond frémit sans comprendre.

Adélaïde, mais que sont ces horreurs ?!
Il y en a partout Edmond. Partout !

Il essuya son front pâle. Elle reprit :

Il y a ici quelqu'un qui veut nuire à notre fête !
Mon dieu. Mais que faire ? Contacter la police ?
Non ! Ce serait mettre prématurément fin à la soirée.
Mais tout le monde est masqué, impossible de reconnaître un ennemi !
C'est pour cela qu'il faut mener l'enquête Edmond.
Oh.
Je serais votre Sherlock Holmes.
Ooooh !
Vous serez mon Watson.
Ooooooooh !
Et nous mettrons la main sur la crapule qui cherche à nous faire tomber.
Ma mie, vous m'irradiez de votre audace.
Je sais.

Elle se drapa dans son costume d'un geste ample. Sa coiffe glissa sur son front. Elle la remit en place du bout de ses petits doigts potelés avant de convenir avec lui d'un stratagème. Chacun irait de son côté. Ils se retrouveraient dans trente minutes près du mandala pour partager leurs pistes.

Pendard, jamais ta fin ne fut si proche !

- - - - - - - ∆V∆ - - - ∆V∆ - - - ∆V∆ - - - - - - -


Échos antiques



Madame De Montalant a raison, ces papiers sont vraiment partout. Beaucoup sont tombés par terre, mais quelques uns se sont retrouvés sur les tables des buffets et près de la piste de danse. Ils existent en trois versions, toutes imprimées de rouge sur un papier blanc. Pour ceux qui ont vécu le chaos du Strano, ils ne seront pas sans vous rappeler les feuillets distribués contre la femme-serpent. Les avez-vous remarqués ?

Adélaïde et Edmond sont, de leurs côtés, bien décidés à ne laisser rien ni personne gâcher la fête. Ils se sont séparés et vont faire le tour les invités afin de vous poser quelques questions à la manière des fins limiers. Vous allez leur être confrontés.

Pour votre prochain post, chaque participant va rencontrer l'un des époux De Montalant qui lui posera au minimum une question pour son enquête.
La liste des questions est présentée ci-dessous, vous êtes libres d'en choisir au moins une dans la liste (essayez de ne pas reprendre celle des rôlistes précédents si vous le pouvez). Edmond ou Adélaïde peuvent poser d'autres questions que vous rédigerez à la condition qu'elles collent avec la liste que l'on vous donne. Vous allez vite comprendre pourquoi.

Liste des questions possibles :
  1. Vous sentez-vous en danger ?
  2. Que pensez-vous de la couleur rouge ?
  3. Comment épelez-vous « démasquer » ?
  4. Pensez-vous que nous sommes seuls ?
  5. Ressentez-vous le besoin irrépressible de démasquer des convives ?
  6. Si je vous dis « cornu », à quoi pensez-vous ?
  7. Aimez-vous les vieilles personnes ?
  8. Est-ce bien de jeter des papiers par terre ?
  9. Avez-vous peur des ombres ?
  10. Quelle est votre préférence en matière d'homme ?
  11. Voulez-vous casser votre masque ?
  12. Que ressentez vous face aux gens moches ?
  13. Vous écrivez toujours en lettres majuscules ?

Pour rappel, les De Montalant s'expriment en couleur dans tous les posts.

Pour cette manche, vous pouvez rester masqués et donc conserver le compte anonyme, ou révéler votre identité pour une raison qui vous est propre.






Vous posterez à la suite ce message, sans ordre particulier et vous avez jusqu'au samedi 6 avril (au soir) pour participer à cette deuxième partie !


Vous pouvez toujours nous joindre par MP, pour nous signaler que vous avez posté à l'intrigue, ainsi que pour la moindre question ! Nous répondrons au plus vite, comme d'habitude.

Retardataires ? Vous êtes les bienvenus tant que vous prenez en compte les éléments précédents.
Pour les autres, un grand merci pour votre participation !
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeMar 26 Mar - 11:30

- Comment pouvais-je savoir qu'ils étaient au piment !
- Vous… Vous en avez mangé un !

Dos au buffet, les deux hommes se disputaient discrètement, recroquevillés et chuchotant pour qu'on ne les entende pas. Le plus trapu tapotait toujours le dos de son camarade, encore en train de tousser, le feu ayant pris dans sa gorge peinant à s'éteindre. Voyant que certains regards se dirigeaient vers eux, il finit par retirer sa main et la porta à sa bouche pour s'éclaircir la voix avant de déclarer, le torse bombé « Prenez un peu de champagne, mon ami ! », d'une voix forte et virile. Quelques minutes plus tard, le plus fin des deux hommes reprenait son souffle, un verre d'eau claire à la main, pendant que son ami scrutait la foule bariolée, sans un mot. Plusieurs personnes avaient déjà fait tomber le masque, volontairement ou non, mais la majorité des convives semblait encore vouloir profiter de leur costume à plumes.

- Connaissez-vous le nom de divinités aztèques ?

Le deuxième homme retira son verre d'eau de sa bouche et se tourna, apercevant une femme et deux hommes discuter entre eux, chacun un petit four à la main. La dame était très grande et fine, son menton pointu comme une flèche semblait indiquer le sol tant il était souligné par les courbes du masques. C'est elle qui venait de poser la question. Un premier lui répondit.

- Je dois avouer que non, à l'exception de ce Quetza… quelque chose.

L'autre interlocuteur, rondouillard, se contenta d'acquiescer tandis qu'il gobait un énième apéritif alors qu'il n'avait pas fini de mâcher le précédent.

- Figurez-vous que j'en connais quelques uns ! Mon père connaissait à merveilles la culture mésoaméricaine. Je me souviens de Tlahui…zcalpan…te hm… tecuhtli ! Tlahuizcalpantecuhtli ! Oui c'est bien ça !

Les trois individus éclatèrent de rire et tentèrent d'épeler le nom du dieu tour à tour, luttant contre les vapeurs de l'alcool qui gênait leur prononciation, tandis que notre homme reposa son verre d'eau et se tourna vers son camarade aux larges épaules qui, il le savait, avait lui aussi entendu la conversation. Ce dernier resta immobile, la mine sérieuse, mais les tremblements de sa mâchoire le trahissaient, tant il était évident qu'il mourrait d'envie de se joindre lui aussi à la discussion sur les noms aztèques. Son ami soupira et s'apprêta à lui proposer de se rapprocher de l'orchestre pour lui changer les idées, mais son talon glissa alors sur une feuille de papier dont il n'avait pas remarqué la présence. Son expression se figea lorsqu'il découvrit ce qui y était inscrit.

- On dirait…
- Ceux distribués au cirque, oui.

La voix de l'homme, d'habitude si grave, avait étrangement perdu en force, tout comme sa silhouette qui pendant un instant sembla légèrement moins trapue que d'ordinaire. Il récupéra à son tour un autre papier, imprimé d'un autre dessin, mais au message similaire que celui trouvé par son camarade. Sa mâchoire carrée se serra.

- Cela ne me dit rien de bon…

Bientôt la majorité des invités avaient mis la main sur un petit papier qui traînait au sol. Le bouche à oreille se répandit comme une traînée de poudre. On se demanda si cela faisait partie de la soirée, d'autres l'ignorèrent en ricanant, et certains encore réclamèrent aux serveurs de ramasser ce qui traînait au sol. Au milieu de cette étrange confusion, deux silhouettes aux couleurs différentes de celles que portaient les invités serpentaient avec énergie, jusqu'à ce que l'une d'elle finisse par rejoindre notre duo. Madame de Montalent les salua cordialement, son inquiétude maladroitement dissimulée derrière ses manières d'aristocrate.

- La soirée vous plaît Messieurs ?
- Je…

Le plus fin des deux hommes ne sut quoi dire et baissa les yeux vers son papier qu'il tenait du bout des doigts, mais aussitôt l'hôtesse de la soirée le lui retira d'un geste furtif, et fit de même avec celui que tenait son camarade. Elle continua de sourire, attrapant au vol une assiette de petits feuilletés placée au bord du buffet.

- Des publicités. N'y prêtez pas attention, voulez-vous ? Ceux-ci sont excellents, ils sont à la courge.
- M… Merci.
- Leur forme est très intéressante n'est-ce pas ? On dirait des petits diablotins cornus !

Elle retira alors l'assiette et s'approcha des deux hommes, le regard inquisiteur.

- Si je vous dis « cornu », à quoi pensez-vous ?

Le plus fin ne sut quoi dire face à l'expression déstabilisante de l'hôtesse, et se tourna vers son camarade, qui étrangement marqua une détresse à peine dissimulée. Appuyé contre la table du buffet, il soufflait fort, sa mâchoire prise de tremblements vifs, comme si les muscles s'efforçaient de la tenir fermée pour l'empêcher de laisser s'échapper des paroles regrettables. Madame de Montalent s'étonna d'une telle réaction et pensa flairer une piste, mais aussitôt le deuxième homme intervint et inspira profondément avant de prononcer sa phrase d'une seule traite.

- C'est un traumatisme, mon ami a été attaqué par un bouquetin dans sa jeunesse et depuis la mention de cornes lui cause ce type de réaction.

La femme fit un pas en arrière, prise dans sa réflexion, puis elle plaça ses doigts devant sa bouche pincée, l'air gêné.

- C'est terrible, je comprends tout à fait… Tenez, prenez ces feuilletés, cela vous fera du bien ! J'ai un cousin éloigné qui souffre d'un mal similaire, il est tombé dans un étang petit et depuis il a horreur des crapauds.

Adélaïde réprima un rire étouffé puis aperçut du coin des yeux un autre groupe d'invités discutant du mystérieux papier. Elle s'y précipita aussitôt après avoir salué cordialement les deux hommes. Ceux-ci restèrent muets quelques secondes, avant que le plus trapus reprenne son souffle.

- Encore un peu plus et je répondais à sa question…
- Nous savons tous les deux qu'elle vous aurait reconnu aussitôt…

L'homme acquiesça, satisfait du sauvetage de son ami.

- Tout de même… Un bouquetin ?
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeJeu 28 Mar - 12:16

Les amuses-bouches rouges faisaient victime après victime. Il observa d'un œil amusé les visages se teinter de vermeille et les larmes glisser sous les masques turquoises, un rire lové dans sa gorge. Lui-même savourait le sien. Les saveurs épicées brûlaient tendrement sa langue, courbant ses lèvres sous un bref assaut de nostalgie. Piment. Pas étonnant que les bouches novices se consument...

Une main réconfortante posée sur le dos d'un convive replié sur lui-même, il laissa ses épaules se secouer sous un court accès d'hilarité, son regard parcourant l'assemblée en quête d'un divertissement plus exotique. Oh, les faces pourpres des invités surpris étaient incroyablement drôle, mais cela faisait quelques minutes déjà qu'il arpentait le buffet – et se gavait de feuilletés – et il commençait à avoir fait le tour des différentes expressions que pouvait arborer un français surpris aux papilles.

C'est là qu'une silhouette vola son attention toute entière. Un geste fin, précis, ôta masque et capuche, dévoilant de courtes boucles blondes et un visage charmant. La révélation ne dura que quelques instants furtifs au cours desquels il fut loin d'être l'unique malheureux à observer les traits harmonieux de l'impétueuse demoiselle. Celle-ci, disputée sans doute par l'homme qui l'accompagnait, revêtit rapidement son masque mais se débarrassa du même coup de l'imposante cape imposée par le costume.

Rire. Il l'observa de loin, dérobant un nouveau feuilleté rouge au buffet que tout le monde évitait désormais. Il allait finir par tous les dévorer mais qu'y pouvait-il ? S'il s'avérait que cette action pouvait sauver les papilles gustatives de quelques curieux, il se sacrifiait volontiers. Son regard accompagna pour sa part les gestes rapides et précis de la jeune femme qui avait attiré sa curiosité, son sourire se teintant d'amusement lorsque celle-ci refoula un prétendant bien penaud. La suite de la scène acheva de le convaincre. Trop curieux. Il devait la rejoindre.

D'un mouvement souple, il s'éloigna du buffet en suivant de loin les boucles blondes. Ses grandes foulées lui permirent de couvrir la distance à une vitesse convenable, sans lui donner pour autant l'air de courir après du gibier. Rien de plus rustre après tout que de donner l'impression à une dame qu'elle n'était qu'un bout de viande à chasser... Les jeunes gens qui se pavanaient en groupe depuis le début eurent bien fait de retenir cette leçon.

Il observa le verre de champagne descendre et disparaître, promptement avalé par la mystérieuse blonde. Celle-ci fut rejointe rapidement par une seconde dame, celle-ci mystérieuse, celle-ci anonyme. Peu importait, le mystère ne l'avait jamais dérangé. Ses longs doigts dérobèrent deux verres au passage d'un serveur. Dans le même élan il s'avança finalement, tendant les deux à ses compagne de l'instant.

« Bien le bonjour mesdames... J'ai cru voir que vous étiez d'humeur assoiffée, alors... »

Il sortit une belle boîte de bois de la poche de son manteau et, l'ouvrant, y préleva une cigarette. Son regard brun pénétra celui de son interlocutrice, plus petite finalement qu'il ne l'avait pensé de loin. Sans doute le charisme qui émanait d'elle donnait-il l'impression qu'elle était de plus haute stature... Il offrit un signe de tête charmeur et aimable à l'autre femme, lui adressant un sourire chaleureux.

« Quelqu'un souhaite-t-il une cigarette ? »

Ses doigts se courbèrent autour du bâton, allumé en un court geste du poignet, et il offrit un sourire à la demoiselle.

« Ne vous en faîtes pas, je ne compte pas vous tenir inutilement la jam... »

Son regard avait accroché une feuille, calquée contre son mollet par le vent. Il se baissa pour la rattraper d'un mouvement machinal, une moue curieuse au visage. Était-ce là le premier signe de l'extravagance de leurs hôtes ?

« Les monstres sont parmi nous. »

Ecriture rouge, papier blanc. Une apparence violemment similaire à celle, tout droit sortie de ses souvenirs, tout droit sortie de ses cauchemars. Une ombre passa sur son visage et il froissa le papier dans un poing agacé, le fourrant dans sa poche pour mieux rattraper sa cigarette.

« Excusez-moi, je me suis montré fort impoli. »

Il tira sur le bâton blanc, se délectant de l'amertume qui descendit ainsi dans ses poumons, puis souffla la fumée qui embrassa l'atmosphère. Son sourire revint comme il était partit, chaleureux et suave.

« Je me demandais donc comment une dame telle que vous s'était trouvée coincée ici, alors qu'elle n'est clairement pas très emballée par l'ambiance...
- Bonsoiiiir ! »

Surprise. Il tourna vers la nouvelle venu un sourcil surpris avant de la saluer, moins enthousiaste peut-être que la réciproque n'était vraie. Madame de Montalant réajusta son masque sur son visage potelé, cherchant sans doute à se faire plus présentable et, sans s'excuser de l'interruption qu'elle faisait dans la conversation, s'empressa de poursuivre :

« Dites-moi... Que pensez-vous de la couleur rouge ? »

Un instant de suspend. Il se demanda où elle voulait en venir avant de décider qu'il s'agissait sans doute là d'un grotesque plan pour accomplir il-ne-savait-trop-quoi. Fort heureusement, il avait plus d'un tour dans son sac. Affichant un beau sourire, il se tourna vers elle et esquissa une courbette.

« Je trouve qu'elle sublime les lèvres des femmes, Madame. »

Des rougeurs enthousiastes s'emparèrent des joues d'Adélaïde De Montalant, et elle plaça devant sa bouche une main charmée tandis que l'autre allait rejoindre les abords de son visage. Il embrassa chastement ses doigts avant de se redresser.

« Bien... Bien ! Je vois. Très bonne réponse, monsieur... »

Une feuille virevolta non loin d'eux. Elle la piétina avec une telle violence qu'il manqua de se crisper, surpris par la promptitude de sa rage.

« Ne prêtez pas attention aux papiers, voulez-vous ? Des tracts. Rien de plus... Inutile de les lire d'ailleurs ! »
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeSam 30 Mar - 17:42

– Vous avez vu quelque chose ?

Il ne l'entendait plus. Lentement, il tendit la main vers la table. Elle passa au-dessus des amuses-bouche colorés, dépassa les verres oubliés et se posa, sauvagement, sur une feuille volante. Les doigts se refermèrent. Froissé, maltraité, le papier hurla.
Lorsqu'il desserra le poing, le prospectus se déplia doucement sous ses yeux. Un dessin hideux et un message en lettres de sang. C'était la première fois qu'il le voyait, pourtant il en émanait quelque chose de désagréablement familier. Son cœur lui remonta dans la gorge. Le Strano.

Une rage sourde ravagea ses traits.

– Tout va bien ?

Elle étreignit doucement son bras. Il s'écarta aussitôt. Elle ne bougea pas. Ses iris sombres et profonds, cherchèrent les siens, mais il les détourna. Il tira sur son costume, en arracha quelques unes de ces plumes qui l'excédaient. Son regard balaya avidement la foule à la recherche d'un indice, d'une piste. Explosions de couleurs. Masques. Inconnus. Il se mordit les lèvres pour ne pas hurler.
Une caresse douce enveloppa sa main comprimée jusqu'au sang. Il l'éloigna, mais elle le rattrapa. Déstabilisé, il recula et renversa la table. On se tourna vers eux. Angoisse.

– Ce n'est rien.

Le timbre était calme, rassurant. Une chaleur lointaine, presque oubliée, apaisa faiblement ses nerfs.

Mais quel est donc ce bazar !

Il se crispa. Monsieur De Montalant, s'invita jusqu'au champs de bataille. Bras croisés, le pied martelant frénétiquement le sol, il avisa les présents de son œil perçant :

Qui a fait ça ?

Sa fureur revint. Instantanément. Deux pas et il agrippait le col surchargé d'Edmond. L'homme poussa un petit cri et rentra la tête dans ses épaules, louchant sur le papier chiffonné qu'on lui collait sous le nez.

– Qui a fait ça ?!
Oh… Je posais exactement la même question ! C'est amusant !
– Répondez !
M-Mais enfin ! Qu'est-ce qui vous prend ? P-Pensez-vous que nous sommes seuls ?
– Vous ne savez pas ?
N-Non…

Les perles du vêtement éclatèrent sous sa poigne. Il tremblait, serra les dents et le relâcha. Monsieur De Montalant tituba légèrement. Il était pâle, mais il se reprit rapidement et bomba le torse de toute sa superbe. On s'était rassemblé autour d'eux, il ne pouvait pas perdre la face. En recherche d'autorité, il alpagua le premier serveur qui passait par là et le chargea de nettoyer le buffet renversé. Il poussa le vice jusqu'à interpeler son agresseur.

J'aurais une ou deux petites questions à vous poser !
– Vraiment ?

Le ton glaçant pétrifia son petit cœur d'homme du monde. Il dansa d'un pied sur l'autre, hésitant. Pitoyable. Il partit. Dans son dos les murmures s'élevèrent :

– C'est quoi son problème ?
– Vous n'avez rien Edmond ?
– Vous voulez qu'on aille chercher un agent de police ?
– C'était qui ce type ?

Corniauds.

Besoin de souffler. Ses pas l'entraînèrent naturellement vers un espace délaissé par la foule. Une plante exotique lui tenait compagnie, le vent agita doucement un lampion au-dessus de sa tête. Respirer.

– Vous êtes encore là ?

Une ombre et un sourire. Elle s'adossa à ses côtés.

– Je voulais m'assurer que vous alliez bien.
– Je vais bien.
– Ce n'est pas ce que je vois.
– Et bien ne regardez pas.

Elle baissa la tête et se tut. Sa capuche masquait complètement son visage. Aucun regret ? Il inspira :

– Vous n'êtes pas intervenue.
– Je n'en avais pas besoin.
– Pourquoi ?
– Je savais que vous ne lui feriez rien.

Il fronça les sourcils, il ne comprenait pas. Elle se redressa, fit quelques pas.

– Si l'on se recroise, invitez-moi à danser.

Et elle s'éloigna. La foule la transforma en une inconnue parmi tant d'autres. Soupir. Des regards curieux le renfrognèrent :

– Quoi ?

Il quitta son refuge enfonçant ses mains dans ses poches. Elles y retrouvèrent le tract. Il en fit des miettes et l'abandonna au vent.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeSam 30 Mar - 21:24

Elle devait rester calme. Si elle restait calme, tout resterait sous contrôle. Il fallait juste attendre que ce mauvais moment passe, fasse son chemin, puis disparaisse. Cela n'était l'affaire que de quelques minutes, tout au plus. Elle inspira, tandis que l'homme face à elle se moucha dans un petit mouchoir en soie avant d'éponger les quelques larmes qui ruisselaient sur ses joues rondes.

- Il m'a crié dessuuuus ! Ooh j'ai eu si peur vous savez !

De toutes les épaules multicolores de la soirée, il fallut qu'il choisisse la sienne. Et vraisemblablement son épouse était trop occupée à mener sa petite enquête pour venir le réconforter. Cachée derrière son hochement de tête mécanique, notre pauvre dame se répétait intérieurement qu'elle aurait dû quitter le buffet tant qu'il en était encore temps. L'autre homme, au bord de l'anévrisme après sa discussion avec Adélaïde de Montalent, n'avait pas attendu une seconde et s'était immédiatement enfui, la laissant seule à la table qu'elle venait à peine de rejoindre au bras d'Edmond, qui s'était lui aussi volatilisé peu après pour rejoindre son épouse, alarmée par l'apparition impromptue de papiers non invités à la fête.

Ses yeux glissèrent vers le morceau de papier déchiré posé sous son verre. Elle avait immédiatement fait le rapprochement avec les tracts distribués ce jour là, au cirque. Il se préparait quelque chose, mais difficile de savoir quoi avec tous ces costumes bariolés en mouvement permanent. Cela pourrait être n'importe qui. Elle ferait peut-être mieux de se diriger vers les musiciens.

Enfin, si on lui laissait le champ libre.

- Regardez l'état de mon costume… Quelle brute alors ! dit-il entre deux reniflements.
- Ne lui en tenez pas rigueur, peut-être était-il sous l'emprise de l'alcool ?

Elle se pencha et ajusta le col du pauvre homme, encore en train de hoqueter.
Quiconque soit cet homme qui lui ait hurlé dessus, qu'il soit maudit.

- Non il sentait plutôt le piment…
- Le piment échauffe le corps comme l'esprit m'a-t-on dit.
- Vraiment ?

Il renifla et inspira, semblant reprendre confiance en lui. Son interlocutrice afficha un sourire réconfortant et saisit le petit papier qu'elle avait gardé sous son verre de champagne à présent vide. Elle l'examina quelques secondes en balançant sa tête, puis voyant que Monsieur de Montalent était trop occupé à trouver comment plier son mouchoir en soie, fit en sorte de briser le silence dans une interrogation à grossièrement surjouée.

- Je me demande ce que sont ces papiers…
- Oh, vous ne devez pas vous en préoccuper, ma femme et moi-même nous nous en chargeons !
- Je n'ai donc d'autre choix que de m'en remettre à vous ?

Il acquiesça. La situation n'était donc pas prête de s'arranger.

- Ce sont sans doute des malfrats cherchant à faire régner le désordre ou que sais-je ! Mais vous n'avez rien à craindre, et si vous voyez quelque chose, venez immédiatement m'en faire part !

Elle voulut lui rappeler que quelques minutes auparavant c'était sur son épaule qu'il pleurait à chaudes larmes en se plaignant d'avoir été disputé par quelqu'un d'autre que sa femme, mais se finalement garda d'intervenir. Elle commença à perdre patience, jetant de temps à autres des regards en direction de la piste de danse.

- Madame, vos mains tremblent ! Auriez-vous peur ? Vous sentez-vous en danger ?

Non elles avaient simplement envie de faire signe à l'homme qui avait mangé trop de piment de revenir terminer sa discussion avec l'hôte de la soirée. Mais fort heureusement elles n'en eurent pas besoin car quelques autres invités qui semblaient connaître Edmond personnellement l'interpellèrent pour s'assurer qu'il allait bien. Celui-ci répondit avec une confiance pleine et une voix forte, si bien que l'on entendit à peine son soupir saccadé à la fin de sa phrase, signe qu'il n'avait pas encore complètement avalé son sanglot.

Notre amie quant à elle profita de l'ouverture et s'éclipsa sans dire un mot, remerciant ces inconnus qui lui permirent de ne pas commettre une erreur qu'elle aurait pu regretter. Elle remercia également son costume de dissimuler aussi bien la grande majorité des véritables émotions qu'elle pouvait ressentir depuis son arrivée à la soirée. Elle ajusta sa capuche de plume et traversa la foule pour rejoindre les alentours de la piste de danse. Au même moment, une jeune femme s'était réfugiée à côté d'elle, feuilletant avec maladresse un petit calepin qu'elle tenait du bout des pouces, un exemplaire de chaque petit tract tenu pincé entre l'indexe et le majeur de sa main gauche.

Leur regard se croisa au travers du masque, et alors que l'une reconnut la large paire de lunettes glissée sous celui de l'autre, celle-ci hoqueta de surprise :

- Oh ! Pardon mais, je crois que nous nous sommes déjà rencontrées. Non ? Ah ! Zut c'est un bal costumé, je n'aurais pas dû le dire…

Non, elle n'aurait pas dû.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeDim 31 Mar - 4:10

Oui, vraiment, cette fête donnait de l’audace à n’importe qui ! Alors que notre demoiselle venait de prendre son courage pour aborder quelqu’un, il n’avait pas fallut plus de cinq secondes avant qu’un malotru vienne s’incruster. Elle saisit la coupe de champagne qu’on lui tendait, sans trop envie de la boire tout d’abord. Elle venait juste de terminer la sienne. Elle n’était pas là pour se saouler non plus. Elle avisa l’inconnu et réprima une grimace. Il la mettait instantanément mal à l’aise. Pourquoi ? C’était encore à déterminer. « Cigarette ? » dit-il, elle déclina d’un signe de tête et descendit une partie de la coupe. Quelque chose la dérangeait chez cet homme, définitivement. Était-ce la fumée de cigarette ou autre chose, elle le trouvait... brumeux ? Elle éternua.

- Vous fumez souvent sous le nez des gens ?

Le ton était peu amical, sans être encore agressif.
Avec l’arrivée d’Adélaïde parmi eux, elle dut néanmoins lui reconnaitre une chose. Il avait la répartie adéquate avec ces gens là. Elle en profita pour s’éclipser en silence.

La foule commençait à s’agiter. À quelques mètres devant elle, un grand homme renversa même une table. Elle se ravisa, changea sa direction de fuite. On la bouscula, son masque tomba en partie sur ses yeux. Elle chancela sur quelques pas, cherchant à remettre ses yeux en face des trous.
Son pied glissa alors sur un papier et elle bouscula quelqu’un à son tour :

- Pardonnez-moi…

La bousculée se retourna vers elle, et lui demanda dans un sourire de convenance, en avisant ses mains sur son masque :
- Eh bien madame ! Voulez-vous casser votre masque ?

Adelaïde… retour à la case départ, merveille ! Elle rétorqua un brin agacée :

- Et vous, pourquoi gardez-vous le votre alors tout le monde c’est qui vous êtes ?
- Mais parce que ça fait partie de la fête ma chère !
Elle lui mit un plateau sous le nez :
- Vous me semblez chamboulée, prenez donc un petit four, ils adoucissent les papilles !

Notre invitée avisa le plateau. Elle hésitait grandement au vu des réactions controversées qu’elle avait déjà observé chez les autres convives. Mais l’organisatrice insistait toujours plus. Incapable de refuser sur l’instant, elle en prit un verdâtre (pour éviter les rouges…). L’amertume de celui-ci la fit violemment grimacer. Elle se retint de ne pas simplement le recracher à la figure de madame de Montalant. Elle se couvrit la bouche, alors qu’une main caressa alors gentiment son dos, en tintant comme une petite cloche.
Elle se retourna vers cette main amicale.
La silhouette, plus petite encore que la sienne, se distinguait à peine sous l’épais costume, mais résonnait comme un grelot à chaque pas. Tiens donc ! Comme si le costume arc-en-ciel et les plumes ne suffisaient pas, en voilà une qui s’amusait même à rajouter des accessoires !
De l’autre main la petite inconnue lui tendait un autre amuse-bouche rempli de crème. Une seconde de doute et notre demoiselle le récupéra vivement. Si ça pouvait faire passer le goût du précédent, elle ne demandait pas mieux ! La crème et le sucre chassèrent l’amertume...

- Merci.
Un silence lui répondit et le ton inquisiteur de madame de Montalant s’éleva de nouveau.
- Ressentez-vous le besoin irrépressible de démasquer des convives ?
- Cela ne fait-il pas aussi partie de la fête ?
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeDim 31 Mar - 19:16

Adélaïde de Montalant pouffa, sa petite main potelée posée sur ses lèvres.

C'est vrai que c'est terriblement tentant. Mais qui par exemple auriez-vous envie de démasquer ?

Elle plissa ses petits yeux trop maquillés, même sous un masque, et fouilla la foule de son regard acéré. Non, trop vieux. Hum… Trop barbu. Trop petite ! Oh. Oooooh ! Elle sautilla sur place, attrapa le bras de son interlocutrice et pointa du doigt une silhouette devant eux.

Que pensez-vous de lui ? Il a l'air un peu perdu. Essayons de savoir de qui il s'agit !

Elle prit sa plus belle et plus puissante voix et s'exclama d'un timbre presque chantant :

Jeune hooooooooomme !

Il ne réagit qu'au troisième appel, lorsqu'elle aboya avec plus d'autorité :

Vous là ! Le papier à la main !

Sursaut. Il quitta le tract des yeux, pour les tourner vers Madame De Montalant et sa nouvelle bonne amie. Son instinct lui conseilla la fuite, mais elle lui fit de si grands signes pour l'inviter à s'approcher, qu'il y renonça. Inspirer. Tout se passerait bien. Il s'avança timidement et remonta son masque du bout de ses doigts. Elle parla la première.

Bonsoiiiir très cher ! Comment allez-vous ?
– Euh… Bien. Merci.

Elle ne le reconnaissait pas ?

Oh j'en suis ravie. Ravie ! Voulez-vous boire quelque chose ? Serveur !!
– Non, ça ira. C'est gentil.
Vraiment ? Laissez-moi quand même vous débarrasser.

Elle lui arracha la feuille des mains, la roula en boule et l'aurait probablement dévorée tant son sourire était énorme. Elle se contenta de la jeter au loin. Il observa sa main vide. Il n'avait pas eu le temps de lire. Relever la tête. Les deux femmes lui faisaient face. Il tira nerveusement sur ses manches.

– Vous vouliez me parler ?
Ouiiiii ! Figurez-vous que nous vous trouvons charmant ! N'est-ce pas mademoiselle ?

Elle secoua légèrement le bras à la jeune fille. Il avait rougit à « charmant ». Elle reprit, sans les laisser répondre :

Dîtes moi, quel est votre nom ?

Il ouvrit la bouche, fronça les sourcils, la referma. Ni le masque, ni le costume ne masquèrent l'incertitude violente qui venait de le saisir. Il se pinça les lèvres, ses iris perdus quelque part dans la place, il étreignit sa nuque avec gêne, puis :

– Il ne faut pas rester anonyme ?
Oooooh ! C'est vrai, comme vous avez raison !

Elle se pencha vers sa camarade, murmura, mais il entendit :

Nous y étions presque ! Quel dommage…

Malaise. On s'amusait de lui et cela lui perça le cœur.

– Si c'est pour vous moquer…
Oh grand dieu, non ! D'où vous vient cette idée ?

Soupir. Envie de rentrer.

– Je vous ai entendu.

Réaction immédiate. Adélaïde posa ses deux mains à plat sur son cœur. Ses lèvres formèrent un « O » parfait qui s'agrandit en une expression exagérée de surprise et d'excuse mêlées. Petite moue attristée. Elle franchit en trois pas étroits les deux mètres qui les séparaient et prit sa main entre les siennes, la tapota gentiment. Frisson. Sa figure ronde se leva vers lui avec abnégation :

Je vous assure que tout cela n'a rien d'un jeu ! Comme je suis peinée de vous voir si mal à l'aise à cause de nous !
– Ah… Ah oui ?
Oui ! C'est la maladresse d'une femme séduite qui a parlé. Nous pardonnerez-vous jamais ?

Revers de la main sur le front et pose tragique, le regard dans le vague. Il était décontenancé, mais il ne voulut pas leur faire de la peine, alors il acquiesça vivement.

Vous êtes un amour.

Elle le relâcha et retrouva aussitôt son aplomb d'aristocrate.

Vous savez, en tant que femme il y a beaucoup de choses que les convenances nous empêchent de demander.

Terrain glissant.

– Écoutez, je…
Par exemple. Je ne devrais pas vous demander quelle est votre préférence en matière d'homme ?

Il s'étrangla.

– D'homme ?
Oui ! En matière de femme ça n'a aucun intérêt. C'est beaucoup plus instructif de savoir quel genre d'homme vous plaît.
– Je… Jamais… posé la question…
Alors c'est l'occasion !
– Mais je…
Plutôt grand ? Petit ?

Le feu consuma son visage.

– G-Grand.
Oh moi aussi ! Cela nous fait un point commun ! Barbu ou glabre ?
– Je… Je ne sais pas.
C'est vrai que certains ne portent pas bien la barbe. Musclé ?
– B…
Oui des biceps d'acier, ça vous change un homme !

Liquéfaction.

Brun, blond, roux ?
– Hh…
Brun. C'est vrai qu'ils ont un côté plus, mystérieux.

Silence. Enfin. Adélaïde s'était figée. Il eut besoin de deux bonnes secondes pour se rappeler comment respirer.

Oh le petit sacripant ! S'il croit pense pouvoir voler impunément nos petits fours !

Elle fendit la foule et disparut. Il resta là, hagard, incertain des minutes qui venaient de s'écouler. Qu'avait-il répondu au juste ? Et puis il la vit, elle qui n'avait pas bougé. Panique et gêne lui firent perdre de vue qu'il n'était qu'un anonyme parmi tant d'autres.

– Vous pourriez… oublier ce qui vient de se passer ?

Il tira à nouveau sur ses manches, mais si nerveusement cette fois que la couture craqua faiblement.

– S'il vous plaît ?
Rose Walkson
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeLun 1 Avr - 0:30

Rose accepta volontiers la coupe que l’inconnue lui tendait, la vidant tout aussi rapidement que la première. Son interlocutrice ne lui avait pas l’air spécialement hostile, plutôt amicale même, et de toute manière, la blonde avait du temps à perdre, alors autant en profiter. Cependant, sa remarque avait eu pour effet d’étirer les lèvres de la contrebandière d’une étrange grimace : la dernière des choses qu’elle souhaitait était d’être affiliée d’une manière ou d’une autre à cette affreuse fête.

- «  Non pas du tout je… »

Elle n’acheva pas. Un homme venait de faire son apparition, lui offrant un nouveau verre d’alcool et une cigarette. Elle accepta cette nouvelle offrande un brin dubitative. Il semblait en effet qu’elle soit devenue la nouvelle curiosité de la soirée. Ça lui apprendrait à faire l’intéressante tient.

Malheureusement, leur petit attroupement avait attirée Madame de Montalant. L’homme répondit avec une certaine adresse à l’intrusion de l’extravagante. Force était de reconnaitre qu’il était doué avec les mots et la flatterie. Pendant ce temps, la demoiselle qui l’avait abordée en premier lieu s’était éclipsée, sans se rendre compte qu’elle était suivie de près par l’hôtesse de la soirée qui avait disparue aussitôt son petit interrogatoire achevé.

Rose leva les yeux vers l’homme, le détaillant. Impossible de l’identifier bien sûr, le masque et le costume rendaient la tâche impossible, mais elle se doutait qu’il n’était certainement pas bien vieux. Son attitude lui laissait penser qu’il était également un séducteur assez chevronné. Il savait comment parler aux femmes et se montrer assez  rusé pour ne pas les faire fuir. La blonde bu une gorgée de son breuvage et fini par lâcher dans un sourire :


- «  Merci d’avoir pris en main les étrangetés de Madame de Montalant. » elle plissa les yeux sous son masque, amusée « On voit que vous avez l’habitude des dames et de ce genre de … » elle fit un geste pour désigner l’entièreté de la place autour d’eux «  divertissement ? »


Après, tout l’homme avait l’air avenant et pas de Julius à l’horizon, alors, autant se divertir par un peu de conversation.

- « Ce bal était un guet-apens, expliqua-t-elle. La personne qui m’a proposé de m’y rendre avait oublié de mentionner que l’endroit serait empli de bourgeois en manque de folie et de fantaisie. »  Le masque glissa pour la énième fois. Excédée, elle l’ôta pour de bon, révélant son visage et sa frange en bataille aux yeux des convives «  Je crains de ne guère apprécier l’anonymat. Je m’appelle Rose. Rose Walkson. »

Elle détourna les yeux quelques instant, avisant un homme qui renversait une table. Elle retint un rire : il commençait à y avoir du chaos, peut-être ce bal allait-il finalement devenir divertissant.  Alors quelle formulait pareille pensée, son regard fut happé par les papiers sur le sol qui avaient troublé son interlocuteur quelques minutes plus tôt. La typographie inquiétante et le dessin menaçant lui firent froncer les sourcils. Elle allait l’interroger quand une nouvelle main s’abattit sur son épaule.

Rose se retourna, agacée. C’est que ça commençait à bien faire de la toucher sans son autorisation ! Elle se saisit de la main de l’importun et la tordit violemment pour se rendre compte -un peu tard- qu’il s’agissait de Monsieur de Montalant. Chassez-en un, et l’autre apparaissait.
L’hôte de la soirée laissa échapper un cri de surprise et de douleur mêlées. Il regarda la jeune femme et son visage découvert d’un air désapprobateur. Rose lui trouva la mine froissée, presque comme si il avait pleuré.  

- «  Vous m’avez fait mal ! N’aimez-vous donc pas les veilles personnes pour leur tordre ainsi les poignets ? »
- «  Je vous demande pardon ? Vous n’aviez pas qu’a surgir comme une ombre de derrière moi ! » rétorqua la jeune femme, excédée par sa posture de victime et l’emphase qu’il avait mis sur le terme de « vieilles personnes. » Il n’était pas si âgé que diable !
- «  Vous avez donc peur des ombres ? »
- «  Hein ? »

Rose le dévisagea comme si elle avait  affaire à un illuminé. Elle ouvrit bêtement la bouche quelques secondes avant de finir par questionner :

- «  Qu’est-ce que vous avez bu Monsieur de Montalant ? »
- «  Moi ? Rien que du champagne. Mais répondez donc à ma question très chère et vous serez pardonnée pour cette agression sur ma personne. »

Indécise, la blonde scruta les pupilles de son interlocuteur à la recherche d’un quelconque signe qu’il avait consommé des substances illicites, mais elles semblaient étrangement normales. Jetant un coup d’œil furtif au contenu de son propre verre, elle déclara, fronçant les sourcils.

- «  Non, je n’ai pas peur des ombres. »
- «  Parfait, parfait » se félicita Monsieur de Montalant en prenant congé sans autre forme de procès, se tenant le poignet avec le peu de dignité qu’il lui restait.


Excédée, Rose roula des yeux et échangea son masque contre un nouvelle coupe de champagne sur le plateau du serveur le plus proche. Elle en avait fini avec toute cette mascarade. Elle avisa l’homme qui lui tenait compagnie et commenta avec humeur, l’air boudeur :

- «  J’espère que vous appréciez la soirée plus que moi en tout cas… »

De toute manière, ainsi démasquée, Julius ne tarderait pas à la retrouver et ils pourraient probablement s’éclipser de cet enfer coloré sans trop faire de vagues.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeMer 3 Avr - 10:24

Pour sûr, l'impétueuse blonde n'était pas la seule à avoir du caractère. Réprimant un sourire diverti, il recula d'un pas et se décala, plaçant sa cigarette sur le côté afin de ne pas plus déranger les narines délicates de sa compagne.

« Mes excuses Madame, je ne savais pas que cela vous incommoderait... »

C'était bien le cas pourtant, car la demoiselle profita de son altercation avec Adélaïde pour s'éloigner. Il la regarda faire en penchant la tête sur le côté, interrogateur.

« Me suis-je donc montré à ce point impoli ? »

Il lui avait semblé être agréable pourtant, mais sans doute lui manquait-il une donnée afin de répondre à ses interrogations. Il n'aurait probablement jamais de solution, donc. Le sentiment de frustration en était tout à fait désagréable et il tourna la tête, scruptant les alentours en quête de distraction. La fête, pour le moment, semblait tristement calme ; un comble à n'en pas douter pour le redouté couple De Montalant.

Les dires de sa compagne l'arrachèrent à sa contemplation en un rire grave. Il se tourna de nouveau vers elle, la scrupta de derrière son masque, laissa l'hilarité se muer en sourire. Ses épaules se haussèrent.

« Les dames, je ne le nierai point, quoique j'ai semble-t-il fait fuir notre amie, mais figurez-vous que je suis profondément étranger à ce type de soirée... Disons que je tiens davantage du vagabond que du gentilhomme. »

Il amena sa cigarette à ses lèvres en un geste machinal, ses doigts s'agitant doucement sous l'épaisseur de ses gants.

« Si vous cherchez du divertissement, je vous invite à regarder côté buffet, les amuses-bouches au piment font le bonheur des convives... ou plutôt de ceux qui les regarde ! »

Mouvement souple. Il désigna silencieusement le lieu en question, inconscient alors qu'une table adjacente serait renversée quelques minutes plus tard. Pour l'heure, il se concentrait uniquement sur la jeune femme qui s'adressait à lui. L'idée d'un get-apens lui arracha un rire, qu'il étouffa en dégustant une gorgée de son breuvage. Son regard quant à lui parcourait le visage harmonieux qui lui était cette fois-ci révélé de près, traits poupins et expression fière.

Rose, donc... Il tendit la main en un sourire, scruptant sous un nouveau jour la demoiselle qui se dévoilait à lui. Rose Walkson. Un peu de sang britannique sans doute, ou peut-être américain. Une aura de mystère. Une vigueur bienvenue.

« Enchanté, Rose Walkson, qui n'aime pas l'anonymat. Je vous promets de révéler mon identité à la fin de cette charmante soirée – ou du moins de cette mascarade qui ne me semble pas destinée à durer... »

Comme pour approuver ses dires, un homme empoigna au loin de Duc De Montalant qui, bien loin de son orgueil naturel, s'agitait vainement contre la force de son adversaire-interlocuteur. Un mauvais instinct l'avait sans doute mené à aborder le gaillard, dont il émanait une angoisse sourde, presque tangible. Les regards convergeaient vers la scène, entre outrage et crainte. Il se tourna vers son interlocutrice en un sourire équivoque. Aucune crainte n'avait trouvé son chemin sur les traits de la demoiselle, bien au contraire et, si elle ne riait pas, il semblait toutefois qu'elle se délectait des événements alentours. Son propre sourire grandit.

« Hé bien il semblerait que les bourgeois et les nobles n'apprécient pas toujours les folies qui leur sont proposées, n'est-ce pas ? »

Il leva son verre, glissant un clin d'oeil à sa compagne avant d'en dérober une gorgée. Le goût du breuvage était digne des meilleures soirées il devait bien l'admettre et, cherchant à le signifier, il ferma un instant ses paupières. Lorsqu'il les rouvrit, ce fut pour découvrir Edmond De Montalant replié en une drôle de position, sa main tordue dans une poigne d'acier qui n'appartenait autre qu'à Rose.

Il haussa un sourcil surpris tout en décidant de ne pas intervenir – la demoiselle semblait après tout parfaitement contrôler la situation – et écouta en silence le dialogue surréaliste qui s'opéra. Le couple interrogeait-il chacun des invités ? Cela avait-il un lien avec les papiers qui envahissaient progressivement la fête ? Sans aucun doute.

Lorsque, quelques instants plus tard, le noble accepta de s'en aller, il le suivit longuement du regard, scruptant sa silhouette pataude en quête de réponse. Les tracts demeuraient en son esprit comme des ombres, faisant planer les ténèbres sur ses pensées. Malgré les apparences, il avait bien du mal à se détendre.

«  J’espère que vous appréciez la soirée plus que moi en tout cas… » 

Les intonations boudeuses de sa compagne lui arrachèrent un petit rire. Il se tourna vers elle, attrapant à son tour un verre dont il entreprit de voler une gorgée.

« Hé bien disons en tout cas que je suis moins importuné que vous. Je dois avouer toutefois que nos hôtes ne me disent rien qui vaille... »

Derrière son masque, ses yeux s'agitaient, fouillaient la foule à la recherche des personnages responsables de la répartition des papiers. Rien. Rien qu'un amas de masques et de tenues semblables qui commençaient à le rendre claustrophobe. Il hésita à ôter les siens, mais se ravisa. Sa compagne attirait bien assez l'attention pour qu'il n'en rajoute... Cela dérangerait sans doute la demoiselle en plus du reste.

« Vous savez quoi ? Faisons autre chose. »

La coupe d'alcool fut achevée en quelques secondes, affaire de trois gorgées voraces, et il la posa sur un plateau vagabond. Un sourire, une main, un besoin de changer de sujet, de changer d'idées.

« Savez-vous danser, Mademoiselle Walkson ? En avez-vous envie ? Je vous préviens, je ne sais faire que la valse. »

L'expression goguenarde qu'il lui adressa voulait tout dire. Certes, ils allaient sans doute par ce manque de pudeur attirer davantage de regards, mais mieux valait que cela soit par cette activité plutôt que par leur apparence.

« Et puis disons qu'au moins les importuns ne viendront pas gêner ce moment... Espérons-le du moins. »
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeSam 6 Avr - 3:33

- Oh, quelqu’un a décidé que l’anonymat n’était pas son truc, on dirait.

Curieux, l’homme fouille la place du regard. Finalement, il trouve la coupable. Un sourire éclaire son visage en partie dissimulé.

- Mais je reconnais ce joli petit minois. Je la comprends totalement. Si ça n’était pas de notre pari, j’aurais fait de même depuis longtemps.

Mais son attention est aussitôt attirée sur un serveur lorsque celui-ci passe devant eux. Le démon attrape les deux derniers verres sur le plateau.

- Tiens, ça devrait aider à atténuer la douleur.

Il tend une coupe à sa compagne. Celle-ci est assise sur le rebord d’un pot d’une des nombreuses plantes. Elle masse sa cheville foulée.

- Je n’ai pas besoin d’alcool, mais de glace. En plus, du champagne. Eurk ! N’ont-ils rien de plus corsé ?

Malgré ses paroles, elle accepte le précieux liquide et l’engloutit d’une traite. Sans lui jeter un coup d’œil, l’homme, debout à ses côtés, lui tend le deuxième verre. Il se vide aussi vite que le premier.

- Tes talents de danseuse, Serra, ne se sont toujours pas améliorés.
- On ne peut pas tous être parfait.
- C’est un fait.

Une bourrasque de vent se lève soudainement. Profitant momentanément de cette petite fraicheur, l’homme tourne son visage dans la direction de la brise. Un objet non identifié se colle aussitôt sur son masque. Puis, un deuxième. Aveuglé, il les enlève. Sitôt fait, sitôt il le regrette.


- Bonsoir mesdames.

Un homme à la coiffe de plume impressionnante et aux couleurs vives surgit près, trop près de lui. Surpris par cette soudaine apparition, il recule, mais se heurte contre une plante. Il perd pied et tombe à la renverse apportant avec lui le végétal. Perdu dans un entremêlement de feuilles, de plumes et de tissus, il se débat quelques instants, jurant à deux-trois reprises.

- Mon Dieu ! Pardonnez-moi ! Je ne voulais pas vous faire peur !

Une tête finit par sortir du feuillage. Son masque est de travers et sa capuche ne dissimule plus sa longue chevelure brune. Il les replace, mais il sait, son anonymat n’est plus de rigueur. Quelques convives l’ont probablement déjà identifié.

Une main se tend devant lui, celle d’Edmond. Ryden l’ignore complètement, préférant se sortir de ce fouillis par lui-même. Il se relève, non sans peine, avec quelques plumes en moins. Pendant tout ce temps, sa compagne se tord de rire.


- Est-ce que vous allez bien ? Êtes-vous blessée ?
- Tout va bien, grommelle le démon. Seul mon amour-propre a souffert.
- Vous m’en voyez rassurer.

Occupé à essayer d’enlever  la terre et les feuilles qui tapissent à présent sa robe, Ryden tique en entendant les paroles de De Montalant. Il relève la tête et le dévisage. Le rire de la femme s’amplifie en voyant la tête de l’organisateur, comprenant son erreur.


- Euh… Je veux dire, vous n’êtes pas blessée, j’en suis ravi.

Puis, le démon se rend compte qu’il tient toujours quelque chose dans ses mains. Les feuillets qui se sont collés à son masque. Il les examine. Leur message est clair, mais qui les a distribués ? Il lève les yeux et observe autour de lui. Il n’est pas le seul à les avoir remarqués. Plusieurs invités en ont dans les mains. Il les montre à Serra. Son visage s’assombrit durant une fraction de seconde.

- … ressentez… gens moches ?
- Pardon, vous disiez ?
- Mesdames, que ressentez-vous face aux gens moches ?

Le duo se lance un regard dubitatif. Puis, une étincelle de complicité apparaît dans leurs yeux. Ils n’ont pas besoin de se parler, chacun sait ce que l’autre pense. Ils veulent le voir partir et ils savent quoi faire.

- Et vous, que ressentez-vous face aux gens moches ?
- Pourquoi ne répondez-vous pas ?
- Pourquoi ne répondez-vous pas à la mienne en premier ?
- Répondez-vous toujours par une question ?
- Pourquoi ? N’en ai-je pas le droit ?

Pendant que les deux hommes se faisaient face, la femme en avait profité pour se rapprocher de l’aristocrate. Mettant tous ses attributs féminins en valeur, elle s’accroche au bras de De Montalant. Surpris par le geste, l’homme vire son attention sur elle.

- Est-ce que vous nous trouvez laides, monsieur ? D’où votre étrange question, demande-t-elle faussement peinée.
- Quoi ?! Non ! Certainement pas !
- EDMOND ! Que faites-vous ?

L’homme interpelé se fige. Il reconnaît cette voix. Il la cherche et finit par voir la tête d’Adélaïde entouré de convives près du buffet. Elle lui lance un regard courroucé.

- Rien, ma mie ! Ce n’est pas ce que vous pensez !

Constatant que la séductrice est toujours collée à lui, il la repousse rapidement, embarrassé.


- Excusez-moi, on me demande ailleurs.

Il s’éclipse aussitôt, mais avant de disparaître dans la foule, il jette un dernier au coup d’œil suspect au duo. Ceux-ci le regardent, un grand sourire satisfait illumine leur visage.


- Et c’est ainsi qu’on fait fuir le bourgeois marié.
- Tu as remarqué, il pense toujours que tu es une femme.
- Ne m’en parle pas ! Il devrait investir dans des lunettes.
- Ah et tu as perdu ton pari.

En entendant ses mots, le sourire du démon disparaît instantanément.

- Quoi ? Je n’ai pas entendu ? Lâche-t-il en se volatilisant à son tour parmi les nombreux invités.
- Hé !

Mais trop tard, elle l’a déjà perdu dans la foule.

_________________
Je vous insulte en #330000

Comment décrire Ryden ?
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeDim 7 Avr - 4:13

Soutenu par un inconnu, un étudiant au menton glabre revenait vers un groupe de jeunes gens de plus en plus joyeux. Deux d’entre eux – les plus grands et les plus éméchés – ne quittaient plus le buffet, et l’accueillirent en ouvrant grand les bras d’un geste théâtral. Les deux autres lui tendirent un verre et une serviette pour s’éponger le front, tout sourires.

« Bah alors, Morel, tu tiens plus debout !
– T’as les gambettes en houpette ?
– T’as la gibole qu’est d’traviole ?
– Oh, la ferme...
– Allez, bois un coup, va. Tu t’en r’mettras. »

Ils trinquèrent de concert tandis que le danseur épuisé s’asseyait sur le trottoir. Son répit fut de courte durée : tendant le doigt vers le ciel, Duval fut pris d’une inspiration soudaine :

« Tel l’oiseau prenant son envol, timide et maladroit, Morel, dans une danse folle… Se fracassa ! »

Hilarité générale.

« Ouais, bah au moins moi j’ai dansé. Poivrots.
– Et sans conteste, c’est un spectacle peu commun, que tu nous as offert là, mon ami !
– La ferme, j’ai dit, de Freilly…
– À la bonne heure ! Je m’en retourne donc, solitaire, dans les bras de la Dive Bouteille, qui elle, au moins, ne manque pas de courtoisie… Tu devrais en prendre de la graine, Morel !… Hélas ! Vin enivrant, poison des dieux ! En ces temps douloureux, ton sein serait-il le dernier refuge des tendresses humaines ?
– Heu, les gars, l’en est à combien, là, le de Freilly ?
– Oh, j’ai cessé de compter, répondit nonchalamment Duval. De toute façon, même sobre, il est toujours comme ça. »

Quelques éclats de voix leur parvinrent, et les deux plus jeunes relevèrent en même temps la tête vers le lieu dont ils provenaient, l’oreille alerte. À quelques pas de là, deux imposantes coiffes circulaient parmi les groupes d’invités, et s’étaient dangereusement rapprochées de leur coin de buffet. Ils échangèrent un coup d’œil, prêts à filer si nécessaire – question d’habitude. Duval, qui s’était retourné vers eux, dut le percevoir, car aussitôt il reprit la parole. Il était perspicace, Duval, sous ses airs de béotien impertinent...

« Soyez sans crainte, les de Montalant sont de vieux amis de ma famille… Mon père les a si souvent compté au nombre de ses clients qu’ils ont fini par sympathiser. Ils avaient également insisté pour participer à l’organisation de ma fête d’anniversaire, le jour de mes dix ans… Disons que j’en garde… Un souvenir impérissable… »

Morel, depuis son bout de trottoir, hocha distraitement la tête : encore penaud, il n’avait écouté qu’à demi. Puis une pensée subite sembla brusquement le frapper, et il releva vivement les yeux.

« Mais dis-moi, il n’est pas avocat, ton père, Duval ?...
– Tout à fait. »

Les jeunes se lancèrent un regard. On comprenait mieux pourquoi les deux familles s’entendaient…

« Et de base, tu l’disais pour rassurer, ça, en fait ? »

Sourire entendu de Duval. Désespoir de De Freilly :

« Seigneur, entends mon coeur qui pleure pour ta clémence. Des clameurs de la foule j’entends une présence…
– Qu’est-ce qu’y baragouine encore ?
– Il dit qu’ils se rapprochent. »

Nouveau regard entre les plus jeunes, puis vers Morel sur son trottoir. La fuite était encore possible.

« Morel t’as pas l’air bien !
– On va t’emm’ner au frais.
– Ouais, loin des gens et euhm…
– Du bruit.
– C’est ça du bruit.
– Hein ? Mais j’me sens bien m--
– Viens là !
– Chers amis ! Il me semble -hic- déceler une tentative de fuite ! AU DEVANT DU DANGER, FUYARD, VA-T’EN SONGER // AU MALHEUR DE TES FRÈRES AINSI DÉSERTÉS !
– Hein ?!
– Quoi ?
– Mais non ! »

Agrippés par les costumes, deux âmes trahies furent poussées, sans ménagement aucun, devant le nez levé d’une Madame de Montalant à la recherche de proies faciles. L’une était outrée, l’autre liquéfiée. Les deux eurent le même mouvement de recul. Aussitôt ils furent repoussés d’un geste dans la mêlée - ou plutôt, directement dans les plumes de leur hôtesse.

« Ooooh, voici des jeunes gens bien empressés ! Ces costumes vous vont à RA-VIR ! s’exclama-t-elle en se glissant entre eux avec un coup d’œil défiant pour son mari, qu’elle venait tout juste d'interpeller, et au bras duquel une jeune femme semblait pendue.
– Ben on a tous les mêmes...
–  Je crois deviner que vous profitez également de la fête et de notre buffet ?
– Bah, c’t’à dire que là, c’est plutôt vot’ buffet qui nous a fait not’ fête, sauf vot’ respect…
– C’qu’y veut dire, c’est qu’on a pas la papille fine comm’ vous autres, pis du coup ça goûte bizarre.
– ’Fin, bizarre en bien, hein… Sauf les rouges.
– Oh, seriez-vous donc hostiles à la couleur rouge ?
– Nan, c’est pas ça… »

Nouveau mouvement de recul.

« Vous sentez-vous en danger ?
– Euh… Là, franch’ment un p--
– Ce que tentent de dire mes camarades, c’est que pour le salut de certains, un avertissement aurait pu s’avérer opportun devant quelques-uns des mets… intervint Duval avec un large sourire. En toutes lettres… Avec un sigle… Et en capitales. Mais nous aurions perdu là une plaisante distraction !
– En capitales ? Vous écrivez donc toujours en lettres majuscules, jeune homme ?
– Oh non, chère madame Adélaïde, mais vous êtes bien placée pour le savoir ! »

Madame de Montalant plissa les paupières, scrutant en détail le visage masqué. Duval la regardait droit dans les yeux, de son regard déluré et pétillant. Tout à coup, celui de l’aristocrate sembla frappé d’une illumination soudaine, et elle ouvrit grand les bras, avec force éclats de sa voix haut-perchée.

« Mon petit Camille ! Oh, mais tu es devenu un grand garçon ! s’exclama-t-elle, ravie, en lui pinçant la joue. Tu es venu avec tes amis ? Vous allez à la même école ? Oh, au temps pour moi, à l’université, bien sûr ! Ce que le temps passe vite ! Comment vont tes études ? Es-tu bien sage, au moins, dis-moi ? »

Duval, qui, compte tenu de son teint cramoisi, ne s’était vraisemblablement pas attendu à produire un tel effet, jeta au reste de la bande un coup d’œil désespéré, tandis qu’Adélaïde lui avait pris le coude pour l’entraîner on ne sait où. Il ne rencontra que des bouches hilares sous les masques turquoise, et déglutit. Par expérience, il sentait que le pire restait encore à venir.

« Ainsi s’en fut le prodige, emporté par son destin… Que le monde oublia, et dont il ne resta rien.
– F’sons lui un signe d’la main.
– Adieu, ami, j’t’aimais bien ! »

Quatre paires de mains s’agitèrent mélancoliquement, avant d’être interrompues dans leur balancement par des ricanements égoïstes. L’une d’elle, restée en l’air plus longtemps que les autres, attrapa l’un des nombreux prospectus qui jonchaient le sol jusque-là.

« Les monstres sont parmi nous ?
– Ouais, y croiv’ pas si bien dire. »

Oeillade complice entre les quatre compères survivants. Et quatre nouveaux éclats de rire dans le vent.

Quetzalcoatl
PNJ spécial - Intrigue ch. 4
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeMar 9 Avr - 16:04

Quittant la piste de danse pour laisser place à d’autres, le duo échangea un regard perplexe lorsque l’on les apostropha :

- Oh, vous tombez bien !

Haussement de sourcils synchronisé. Doutes. Aucun d’eux ne comprit pourquoi le sort les avait choisi pour supporter leur hôte. En prime, Edmond paraissait mal en point.

- Pardon ?
- Je suis ravi de voir qu’il existe encore des couples civilisés !
- Comment ?!

Timbre masculin étranglé, rire masqué de la jeune femme derrière sa main, en décelant les rougeurs de son comparse malgré le masque.

- Danser fait partie des activités les plus raffinées, cela va de soi !

Évidence improbable. L’homme s’entendit répondre :

- C’est pour ça que les Indiens sont bien meilleurs que les autres dans ce domaine alors ! Tout s’explique !

Vif froncement de sourcils de l’aristocrate. Visage fermé. Il ne se laissa pourtant pas démonter.

- Tout de même, la valse est un Art à nul autre pareil ! Seules les femmes de caractère peuvent le pratiquer avec élégance, à l’instar de ma chère Adélaïde ! N’est-ce pas, madame ?

Ton fort. Il essayait manifestement de se faire pardonner quelque chose. Étreinte vive sur son bras. Grimace visible du duo. Mais pas pour les mêmes raisons. Il fallait au moins reconnaître à leur interlocuteur un don hors norme pour embêter les autres. Un papier, parmi tant d’autres, vola devant eux, il le saisit et le lut, tandis qu’elle répondait, évasive.

- J’imagine que cela dépend du partenaire. Si vous voulez bien nous excuser… Le mien m’a d’ailleurs promis un verre.

Blanc. Esprit vide. Déferlante de brochures. Document froissé à l’extrême entre ses doigts. Imbroglio de sentiments opposés. Répétition de la dernière phrase par la demoiselle pour attirer son attention. Incompréhension de sa part.

- Promis ?

Violent coup de coude. Nouvelle grimace et cri de douleur étouffé. Retour désagréable à la réalité. Sourire de façade. Voix tremblante. Craintes. Colère. Peurs. Inquiétudes. Trop plein de sentiments déroutants qui l’assaillaient.

- Oui, en effet, je m’en souviens maintenant !
- Oh, naturellement, naturellement ! Ne faites pas attention à moi ! Pas plus qu’à ses papiers !

Courageux ou stupide, Edmond voulut récupérer le prospectus. L’écart risible de taille le mena à l’échec. Même David fut moins ridicule face à Goliath. L’hurluberlu bougonna. L’invité, peu serein, questionna en lui indiquant vivement le tract.

- Est-ce encore là une autre de vos frasques ? Vous trouvez ça drôle ?
- Mais non voyons !
- C’est une nouvelle « expérience » alors ?
- Comment ? Pas du tout ! Qu’est-ce qui vous… Oh ! Vous étiez là, lorsque…
- Oui.

Réponse sèche qui interdisait de poursuivre.
Edmond se dandina sur un pied, puis sur l’autre, mal à l’aise. Regard interrogateur de la demoiselle qu’ils feintèrent de ne pas voir. Sourire enjoué. Elle s’amusait de l’embarras du plus rachitique. Autant que de ce mystère.

- D’où viennent ces papiers ?
- Écrivez-vous toujours en majuscules ?

Synchronicité perturbante. Colère sourde contre désespoir. Échange de regards. Edmond perdit, mais elle répondit, tout en le relâchant, avec une mystérieuse sérénité.

- Ma réponse ne vous intéresse pas.
- Votre réponse ne m’intéresse pas.

Blanc. Perplexité. D’où venait cette subite lubie de perroquet ? L’original l’avisa avec un calme olympien.

- Et vous, monsieur ?

Haussement de sourcils du concerné. Silence trop long. Il ne comprenait pas. Toute l’attention fut sur lui. Papier déchiqueté dans sa main. Battements de cœur furibonds dans sa poitrine. Pires scénarios dans son esprit. Il chercha des réponses dans la foule. En vain. Pression sur son bras. Elle l’invita silencieusement à poursuivre. Grognements, mais réponse sincère.

- Oui, souvent. C’est…
- Haha ! Je le savais ! Je le savais !

Cri du cœur, nouvelle exubérance. Regard noir. Toussotements. Pseudo-retenue. Murmure nettement audible.

- Un individu aussi louche ! Naturellement ! Quel flair j’ai !

Il tomba des nues. Celle-là, on ne la lui avait encore jamais faite ! Rire féminin devant l’air stupéfait qu’il affichait sous le déguisement. Edmond enchanté, feinta la méfiance et tourna les talons, prêt à rejoindre son épouse. Un cri de douleur le retint. Autant que son épaule prise en étau sous la poigne de l’individu massif qu’il venait d’insulter. Ce dernier, persista :

- D’où viennent ces prospectus ?

Ton autoritaire. Sans appel. Tentative de fuite.

- Pas si vite !
- Aïe ! Vous me faites mal ! Lâchez-moi !
- D’où viennent-ils ?
- Du ciel ?
- Vous vous fichez de moi ?! C’est vous que je vais envoyer au ciel !

Grognement bestial. Glapissement terrifié. Corps entier exultant d’une rage difficilement contenue. Le bras craqua sous la pression. Il hurla de douleur et couina :

- Je ne mens pas ! Ils sont tombés du ciel comme ça ! Comme par magie !

Air suspicieux.

- Vous n’avez vu personne les distribuer ?
- N… Non ! Je le jure !

Superbe imitation de la feuille tremblante. Edmond aurait pu recevoir un prix. À contre cœur, son assaillant le relâcha sans tact, sous les remarques indignées des plus proches convives. L’aristocrate ne demanda pas son reste. Il se faufila parmi les invités. Les bousculant. Heurtant un homme dont la chevelure ébène dépassait de son masque. Il s’excusa et fila retrouver madame De Montalant. Elle aussi, ayant libéré l’étudiant qu’elle connaissait bien, tentait de rallier leur point de rendez-vous.

- J’ai bien cru que vous alliez le frapper. Confia sa cavalière, plutôt amusée.
- Ne me tentez pas…

Il était on ne peut plus sincère. Ça le démangeait. Ça la fit rire encore.

- Allons, la soirée n’est pas finie. ~
- Certes.

Il observa à nouveau la foule sans rien noter de plus anormal que les De Montalant et entreprit de se calmer.

- Vous y croyiez vous ? À cette histoire de magie ? Hasarda-t-il, avec précaution.
- Pas vous ?
- Vous n’aimez pas les questions en fait.
- Et vous beaucoup trop.
- Hum. Un point pour vous.
- Ça vaut bien une seconde danse alors. ~

Sourire amusé. Soupir, il se résigna et renonçant au buffet, lui tendit sa main pour une nouvelle valse.
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeMar 9 Avr - 18:31

Les De Montalant se retrouvèrent, comme convenu, à la discrétion de l'imposant mandala qui surplombait la place. Tous deux avaient mené l'enquête avec un acharnement un professionnalisme tels que la police française n'en avait jamais vu. Et heureusement ! Il ne restait plus qu'à tirer les conclusions de cette minutieuse chasse aux indices.

Je vous assure, ma Mie, que je ne connais pas cette femme !

Mais avant, une petite querelle de ménage.

Et comment s'est-elle retrouvée pendue à votre bras ?
E-Elle a glissé, voilà tout. Et s'est rattrapée à moi par simple réflexe. Vous n'auriez tout de même pas souhaité qu'elle se brise la cheville en tombant ?
Je me le demande Edmond, je me le demande !

Choc pour l'époux. Troublé par son implacable compagne, il ouvrit des yeux et une bouche énormes. Ce visage indigné aurait rappelé Adélaïde à un peu plus de sérénité, si son âme de tragédienne ne l'avait pas emportée sur tout le reste. D'un pas, elle tomba dans les bras de son mari, la voix pleine de sanglots, le visage vide de larmes.

Oh Edmond !
Oh Adélaïde !

Par pudeur, il serait bon de s'éloigner un instant, mais ce serait sous-estimer l'adresse du couple De Montalant. Ainsi penchés l'un sur l'autre, on évita de les déranger et ce fut en toute discrétion qu'ils purent échanger leurs trouvailles.

Savez-vous que j'ai été agressé ? Par trois fois ?
Mon pauvre chéri !
Mais vous me connaissez, je ne suis pas homme à me laisser impressionner. Réunissant mon courage, j'ai même démasqué l'un de ces malandrins !
Comme vous êtes brave. Pensez-vous qu'ils puissent-être de ceux qui nous en veulent ?
Assurément.
Ah les bandits ! Ils doivent être de mèche avec cette fille. Elle souhaite démasquer tous nos convives. Elle voulait même casser son masque. D'une violence, Edmond !
Malheur.
Mais je l'ai laissée en tête à tête avec un jeune homme. L'amour entravera ses plans.
Je reconnais bien là votre esprit brillant ma douce !
À présent, réfléchissons à une contre-attaque.
Oui !

Hélas, pour Monsieur et Madame De Montalant, le destin ne laissa pas le temps à leurs intellects superbes de ficeler la plus parfaite des parades. On hurla.

– Mais lâchez moi !
– Alors que vous distribuez ces insanités ?!
– Vous me faîtes mal !

On fit cercle autour de deux personnes. Un homme tenait fermement le poignet d'une femme dont les doigts froissaient une petite dizaine de tracts assassins. De sa main libre, elle essaya de se libérer, mais l'autre tint bon. Alors elle le gifla.
Le geste surprit tout le monde. Sec, furieux. Il emporta le masque et fit tomber la capuche. Ainsi furent dévoilés les traits rougis de Jules Chevalier. Il resta droit, imperturbable et arracha à sa prisonnière les papiers qu'elle tenait encore fermement.

D'où tenez-vous ça ?!
– Laissez moi !

Les larmes étranglèrent sa voix. Des murmures s'élevèrent. On hésitait à intervenir. Jules insista :

Y en a-t-il d'autres ?!

Silence. Il lui secoua le bras si violemment qu'elle hoqueta d'effroi. Un homme fendit la foule et les rejoignit.

– Laissez la tranquille ?
De quoi vous mêlez-vous ?
– Je suis avec elle.
Vous validez ces absurdités ?! S'étrangla Jules.
– Oui ! Et tout le monde ici ferait bien de les prendre au sérieux !
Par pitié.
– Qu'est-ce que vous voulez dire ? Interrogea quelqu'un dans la foule.
– À votre avis ? Vous n'avez jamais rien remarqué d'étrange dans votre quotidien ?
– Je…
– Chez vos voisins ? Vos collègues ? Réfléchissez bien !

Quelques chuchotements :

– Il délire ?
– Non… Je crois que je comprends de quoi il parle.
– Vous êtes sérieux ?
– Il est bizarre, mais en y repensant…

Et l'autre, reprenant de plus belle :

– Tout ce que nous souhaitons, c'est avertir les gens.
Taisez vous !

Jules empoigna l'inconnu par le col et si violemment, qu'il renversa sa capuche. Elle dévoila des cheveux noirs et anima en lui un mouvement de doute, qui lui fit légèrement lâcher prise. L'homme en profita pour se démasquer d'un geste.

A-Armand ?
Lui-même.
M-Mais pourquoi…
Par bon sens Jules.

Le désarroi annihila la poigne du jeune antiquaire. Véritable allégorie de la surprise, il resta figé, blême, les bras ballants et la bouche grande ouverte. Armand Delcambre, son ami, se tenait face à lui et échangeait, avec la couarde, des paroles bienveillantes.

Armand, enfin… Vous avez…
Oui, Jules. Et si vous étiez moins aveugle, cela ferait longtemps que vous nous aideriez à les distribuer.
À les…
Alors c'est vous !

Retour des De Montalant. Si l'on fit place nette sur leur passage ce fut, non par respect, mais pour s'éviter d'être éventuellement éborgné par leur coiffe. Ils crurent le contraire, si bien que lorsqu'ils s'arrêtèrent à proximité du trio d'importuns, ils s'adressèrent à eux dans une pose grandiose. Adélaïde excellait particulièrement à ce genre d'exercice. Mains sur les hanches, menton relevé, elle lança d'une voix forte :

Ainsi vous souhaitez gâcher notre fête ?

Jules s'écarta, soudain honteux du spectacle qu'il venait de donner. Armand, lui, grimaça de dégoût. Madame De Montalant ne s'intéressa qu'à ce dernier et scanda en le pointant son index potelé :

Ce n'est pas la première fois que vous vous en prenez à nous !
Allons bon…
Vous avez déjà essayé de tuer mon mari !
C'est vrai !
C'est faux !
Vous lui avez tiré dessus !
À qui la faute ? Qui nous avait dro…
Mais cette jalousie ne saurait nous atteindre et, de notre grandeur d'âme, nous vous pardonnons.

L'insulte n'aurait pu être plus violente. Armand se décomposa. Incompréhension, colère, amertume, nausée. Tout se succéda sur son visage. Puis dans la foule, quelqu'un hurla :

– Oiseaux du pardon, votre félicité n… Mpf !

Murmure entre quelques convives.

– La ferme De Freilly…

Madame De Montalant réajusta la coiffe qui glissait sur son front et partagea, d'un geste ample qu'imita son époux, toute sa clémence :

Vous pouvez rester !
Oui, vous pouvez. Même si vous avez essayé de me tuer !
Mais ne jetez plus de petits papiers.
N'en jetez plus.
Cela salit.

Et sur ordres des magnanimes époux la fête reprit.

Ni Edmond, ni Adélaïde ne firent attention aux discussions nouvelles qui s'élevèrent dans la salle, ni aux quelques départs qui marquèrent leur soirée. L'altercation s'était propagée comme une trainée de poudre et réveilla les doutes endormis de la foule.
- - - - - - - ∆V∆ - - - ∆V∆ - - - ∆V∆ - - - - - - -


Échos antiques



Nouvel incident lors de la soirée. Cette-fois ci deux convives se sont ouvertement écharpés à cause des tracts. Et surprise, il est possible que vous les ayez déjà croisés. Il s'agit de Jules Chevalier et d'Armand Delcambre. Ils se trouvaient également au Strano, à la fête des De Montalant et Jules était aussi à bord de la Séquana lors de son naufrage.

Leur dispute a impacté les présents et alourdit l’atmosphère. Certains convives partent, ou hésitent à partir. C'est peut-être votre cas, mais si vous quittez les lieux vous ne pourrez pas revenir. Les autres s'interrogent et s'interpellent, avec parfois des avis très tranchés. Vos oreilles trainantes remarqueront forcément l'un de ces témoignages.

À vous d'en intégrer au moins un dans votre post, et d'y réagir ou de faire réagir les personnes autour de vous à cette déclaration.

  • Près du buffet, une femme maigre assure avoir déjà vu une jeune fille saisir une pomme d'une main laide et griffue. Elle est répugnée.

  • Proche d'une plante exotique, un homme trapu jure que son grand-père marin a été sauvé des eaux par une sirène. Il est enthousiaste.

  • Du côté des musiciens, une femme élancée affirme qu'elle a, une nuit, surpris un inconnu au-dessus de son lit et qu'il s'est volatilisé. Elle est effrayée.

  • Non loin d'une entrée, une femme maniérée dit qu'un sorcier l'a un jour soigné d'un mal qui la rongeait depuis des années. Elle est reconnaissante.

  • Assise sur l'un des bancs de pierre, une femme voutée est certaine qu'un tableau ensorcelé a causé le naufrage de la Séquana où exposait sa petite fille. Elle est furieuse.

  • Près du mandala, un gros homme déclare avoir entendu, une nuit de pleine lune, un loup hurler en plein Paris. Il est inquiet.

  • Adossé à un décor, un homme moustachu jure qu'il a déjà visité une maison hantée et que vraiment, tout cela ne sont que des fables. Il est perplexe.

  • Non loin de la piste de danse, une femme solide assure avoir entendu dire que les De Montalant cachent une pieuvre géante chez eux. Elle est choquée.

  • À côté des faux escaliers, un homme osseux se plaint qu'on accorde de l'intérêt à des tracts idiots, tout ça sent la publicité à plein nez. Il est agacé.

  • Du côté d'une statue en papier mâché, une homme arqué se souvient qu'enfant, un monstre sous son lit s'amusait à lui chatouiller les pieds. Il est bouleversé.

  • Proche d'un serveur, une femme musclée certifie que la prédiction d'une diseuse de bonne aventure lui a sauvé la vie. Elle est admirative.

  • Appuyé contre un faux pilier, un homme ventru jure qu'il a été maudit par une gitane. Il est condescendant.

  • Installé près d'un cactus, un homme petit se rappelle l'affaire de la fausse femme-serpent du cirque. Il est catégorique.

  • Debout auprès d'amis, une femme gracieuse assure avoir un jour, entendu un ange chanter. Elle est émue.


Pour rappel, les De Montalant s'expriment en couleur dans tous les posts. Il en est de même pour toutes les personnes démasquées. Si vous incarnez Quetzalcoatl, mais que vous reprenez le dialogue d'une personne démasquée, vous pouvez utiliser sa couleur dans vos dialogues. Il en est donc de même pour Jules (aquamarine) et Armand (teal).

Pour cette manche, vous pouvez rester masqués et donc conserver le compte anonyme, ou révéler votre identité pour une raison qui vous est propre.






Vous posterez à la suite ce message, sans ordre particulier et vous avez jusqu'au dimanche 21 avril (au soir) pour participer à cette troisième partie !


Vous pouvez toujours nous joindre par MP, pour nous signaler que vous avez posté à l'intrigue, ainsi que pour la moindre question ! Nous répondrons au plus vite, comme d'habitude.

Retardataires ? Vous êtes les bienvenus tant que vous prenez en compte les éléments précédents.
Pour les autres, un grand merci pour votre participation !
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Rose Walkson
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête     Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête I_icon_minitimeJeu 11 Avr - 16:02


La blonde avisa son interlocuteur, amusée par sa proposition. Une valse. Pourquoi pas après tout. Cela pouvait se révéler distrayant. D’autant que l’inconnu avait piqué sa curiosité. Elle avait envie de voir quel genre de visage se dissimulait sous ce masque qui protégeait l’anonymat des convives.

- « Je suppose que je peux danser la valse. Mais je préfère vous mettre en garde, mes talents de danseuse sont approximatifs. »

Un air malicieux. Un sourire. Le souvenir des quelques leçons de danse qu’elle avait pris lui revint en mémoire. La joie sur le visage du professeur quand elle avait finalement fini par clore une danse en épargnant les pieds de son partenaire. Elle aurait juré qu’il allait en pleurer de bonheur. Ce n’était pas tant qu’elle n’arrivait pas à retenir les pas. C’était plutôt que c’était un divertissement délicieux que de voir ce petit homme s’arracher les cheveux. En revanche, la moue contrariée d’Ange à l’époque lui avait signifié très clairement qu’il n’était pas dupe de son petit manège.

La jeune femme se tourna vers son partenaire, lui faisant un petit signe de la main.

- « Venez. »

Elle se fraya un passage à travers la foule vers la piste de danse quand une violente dispute éclata entre deux hommes à leur droite. La contrebandière se stoppa, observant l’animation qui s’était emparée de l’assemblée. Les esprits s’échauffaient. Elle ne saisit pas bien les causes de la dispute ni les mots que les hommes s’échangeaient mais cela semblait avoir un rapport avec les mystérieux tracts. Les Montalant calmèrent le jeu à leur manière, mais l’altercation avait semé le trouble dans les esprits.  Une petite voix à l’arrière de son crâne lui soufflait que tout ceci ne présageait rien de bon. Rose la fit taire en secouant la tête : ce n’était qu’un bal donné par des bourgeois exubérants, ce n’avait rien d 'étonnant qu’il y ai des originaux également parmi les convives. Pas de quoi fouetter un chat. Ses prunelles bleutées coulèrent tout de même machinalement sur la foule anonyme à la recherche d’un visage connu. Soudain son visage s’illumina. Elle désigna à son comparse deux hommes en grande conversation près d’une plante exotique. L’un de deux hommes s’était démasqué et son visage exprimait toute sa détresse  face à la conversation incessante de son interlocuteur. Le sourire de la contrebandière s’agrandit.

- « Attendez. Mon ami est là-bas. »

Comme elle se rapprochait, elle entendit de plus en plus distinctement les propos qui étaient échangés :

- « (…) Rendez-vous compte, une sirène ! C’pas croyable, hein, mon gars ! Mais j’vous jure sur la tête d’ma donzelle qu’c’est qu’la pure vérité. Parole de Breton ! »
- «  Euh… j’veux bien vous croire… »
- «  J’peux vous dire que quand il nous contait c’t’histoire à table le dimanche, nous les minots on la fermait.»
- « Ah, ben, euh… »

La main du bonhomme rencontra avec force le dos de Julius qui émit un bruit de surprise étouffée.  Un rire échappa à la jeune femme face à la mine déconfite de l’italien. Ce dernier se retourna et son visage exprima un tel soulagement que Rose dû se faire violence pour ne pas être prise d’une crise de fou rire. L’italien se rapprocha d’elle, délaissant momentanément son interlocuteur pour venir lui gémir à l’oreille :

- « Salvami » (Sauve-moi)
- «  Non lo sei… » (Je ne sais pas…)
- « Ti prego. Sto impazzendo. » (Je t’en prie. Je suis en train de devenir fou.)

Rose haussa les épaules, goguenarde :

- « Je crois que mon italien est un peu rouillé. » Elle se tourna vers l’homme, fit quelques pas pour se rapprocher de lui. «  Vous dites que vous avez vu une sirène Monsieur ? »

L’homme la regarda d’abord un peu perplexe. Elle sourit à nouveau, de ce sourire de cruche avenante qu’arborait les jeunes filles un peu sottes. Elle vit le visage du breton se détendre, s’adoucir pour finalement reprendre dans un enthousiasme contagieux :

- « Pas moi ma bonne dame ! Mon grand-père ! L’a été marin et l’a été sauvé des eaux par une de ces sublimes créatures. Pour vrai j’mens pas ! »
- «  Vraiment ? » elle battit des cils, fit mine de ne pas comprendre. « Mais vous voulez dire une véritable sirène ? »
- «  Eh, par dieu, bien sûr une véritable sirène ! Qu’voulez-vous qu’ce soit d’aut’ ? »

Julius s’était prudemment mis en retrait et contemplait la scène avec dépit. Enfin, il avisa l’homme qui accompagnait Rose d’un œil suspicieux.

- «  Z’êtes qui vous ? Vous lui voulez quoi à Rose ? »

Au bout de quelques minutes la contrebandière prit congé de l’homme trapu qui avait réussi à alpaguer une autre victime. Elle avisa Julius et l’inconnu masqué, commentant sobrement :

- «  Il y avait définitivement quelque chose dans le champagne. Ou dans les petits fours. Cet homme est en plein délire. »

Bien sûr, Rose avait eu l’occasion de constater que les humains n’étaient pas seuls. Mais avant cela, jamais elle ne se serait doutée que... Enfin, c'était insensé que subitement des gens se mettent par eux même à relater divers faits merveilleux, prenant même la peine de faire des tracts ! Généralement, les gens ne croyaient pas à ce genre de « sottises », elle la première, alors, que se passait-il ?

Rose porta une main à son front, pensive. Elle ne pouvait passer outre cette espèce de chape d’angoisse et de paranoïa qui s’était abattue sur la fête. Certains invités avaient pris l’initiative de se démasquer, d’autres carrément, quittaient la fête. Une ombre passa furtivement sur son visage. Son instinct lui hurlait de fuir aussi. Elle le fit taire. Son sourire revint. Son menton se souleva fièrement.

- « Allons danser, voulez-vous ? Je suis certaines que vous avez hâte de voir à quel point ma valse est … expérimentale. » puis, à son homme de main, « Julius, tu ferais bien de te trouver une cavalière si tu veux éviter de converser pendant des heures avec un autre illuminé. »

L’italien émit une série de sons incompréhensibles pour toute réponse, jetant un regard noir à l’inconnu avant d’emboiter le pas à sa patronne.  
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Intrigue : Acte I Scène IV | Trouble-fête

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