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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Les prodiges de Magius [Alexander]

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Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: Les prodiges de Magius [Alexander]   Les prodiges de Magius [Alexander] I_icon_minitimeDim 19 Déc - 19:14

Matinée maussade à Paris. Un temps gris persistait depuis plusieurs jours, couvrant la capitale d’une fraicheur hors saison. Une météo inhabituelle qui profitait à quelques pamphlets sans scrupules, trop contents de pouvoir mettre une nouvelle étrangeté sur le dos des Légendaires.
Quand Edward descendit du cab boulevard Sébastopol, un gamin d’une dizaine d’année, probablement illettré, beuglait à tue-tête que le temps était bouleversé par sortilège fictif, lancé par un vile inconnu bientôt démasqué par les valeureux « Anti ».
Brassard pourpre au bras, fédora incliné sur son regard dépareillé, le loup blanc s’avança vers le garçon. L’enfant eut un premier geste de répulsion, mais son dégoût d’évapora à la vue d’une dizaine de beaux billets. La transaction fut vite conclue. Les mains vides, le mioche détala, ravi. Sans un coup d’œil pour la une mensongère, Edward déchira la pile de journaux et en jeta les lambeaux dans la première poubelle venue. Un « merci » brilla dans le regard d’une vieille fleuriste dont les étales retrouvèrent aussitôt toutes leurs couleurs. Sourire discret du loup avant de poursuivre sa route.
Il remonta le reste boulevard, l’esprit occupé à une toute autre histoire. Récemment, ses clients échangeaient souvent au sujet d’une rumeur alimentée par le cancan des ruelles. Il était question d’un être fabuleux qui promettait de régler n’importe quel problème à une poignet d’heureux élus et tout ça, sans la moindre contrepartie. Un escroc ? Certainement. Mais l’apparente générosité de ce bienfaiteur avait poussé Edward à s’intéresser de plus près à l’affaire. Et il n’était pas le seul.
Les torchons dont il venait de se débarrasser commençaient, eux aussi, à accorder du crédit à cette bizarrerie. Un petit article en page sept s’interrogeait sans discernement sur la vérité cachée derrière « Les Prodiges de Magius ».

Bah alors l’inhumain, on s’est paumé ?

Un accueil presque courtois à la Cours des Miracles.
Le loup blanc s’était glissé entre deux ombres jusqu’à la placette entourée d’un véritable labyrinthe immobilier. Depuis l’Heure Pourpre, mendiants, arnaqueurs, voleurs et bandits de tous calibres s’étaient appropriés les lieux. Malgré plusieurs interventions des forces de l’ordre, jamais ils n’avait été possible de purifier totalement l’endroit où les malandrins se multipliaient plus vite que des lapins.
Inutile de s’attarder sur le cloporte qui lui avait adressé la parole. Edward nota qu’il était armé, mais un couteau de boucher ne valait rien entre les doigts d’un ivrogne. Il poursuivit son chemin sans se retourner, même après s’être fait insulter. Un trio de dames au généreux décolleté envisagèrent à leur tour de l’arrêter, mais insensible à leur charme, il les prit de court en les interrogeant le premier :

Savez-vous où je dois me présenter pour profiter de ce ticket ?

Il tira de sa poche un papier épais, magnifiquement imprimé. Ce bon luxueux était le Graal indispensable pour profiter des « Prodiges de Magius ». Edward se l’était approprié auprès de l’Alliance, en échange d’informations concernant un de leur dossier.

Bah ça ! Ricana l’une d’elle. Un costaud comme toi sait pas résoudre tout seul ses problèmes ?
Moi j’suis sûre qu’si, ajouta la seconde péronnelle. Du coup, tu d’vrais plutôt nous l’laisser ton beau billet et p’is t’en retourner. On en f’ra bon usage, promis.
J’étais prêt à vous dédommager, mais si vous ne voulez pas m’aider… lâcha Edward qui s’apprêtait à ranger son bien.
Oh allé ! Elles blaguaient !S’exclama la dernière en lui attrapant le bras. Refais voir ton papier.
Pourquoi faire ? Demanda-t-il, suspicieux.
C’est que ton Magius là, il change d’coin tous les mois. Il met toujours l’indication exacte sur le bord gauche. Là, tu vois ? Ce p’tit dessin sur fond bleu, tu trouveras le même sur une porte au deuxième étage de c’bâtiment.
Merci.

Il rangea le ticket dans son portefeuille dont il tira à nouveau plusieurs billets. Il en distribua trois à chaque demoiselles dont les prunelles pétillèrent devant la valse des zéro. Le loup blanc s’éloigna sans attendre mais une petite main aux ongles rongés et salis l’arrêta à nouveau :

Écoute, ici personne a jamais vu Magius, mais le cafard qui lui sert de larbin, c’est une aut’histoire. T’es pas obligé d’m’écouter mais… Méfie toi d’lui.

Edward acquiesça. Il dépassa le porche esquinté qui menait à une petite coursive et pénétra dans l’immeuble. Regards de bais et messes-basses peu discrètes saluèrent son entrée au milieu des murs humides aux loques de papier peint. Escalier sur sa droite. Il l’emprunta sans hésitation, gravissant deux à deux ses marches grinçantes de ses gigantesques foulées. À mesure qu’il montait, la désagréable odeur de crasse s’étiola pour finir en un faible remugle. Arrivé au second étage, le parfum intense du bois de santal dominait. Le loup blanc éternua, gêné par la puissance du fumet.
Il s’avança dans un couloir étrangement désert, attiré par l’éclat d’un battant bleu. Aucun doute, le dessin était le même que celui sur son billet. Edward tira l’huis sans toquer. Elle donnait directement sur un épais rideau rouge, qu’il fut contraint de franchir à l’aveugle. Il sentit la porte se refermer sur lui et le tissus retomba dans son dos.

Soyez le bienvenu. Mon maitre Magius vous attendait. Je suis Gernélus, pour vous servir.

Pas très originale comme introduction.
Debout au milieu d’une pièce à l’éclairage tamisé se tenait un petit homme au teint de parchemin. Une peau fripée par les années ondulait sous deux yeux légèrement plissés, entre lesquels jaillissait un nez énorme. Un sourire de convenance étira lentement deux lèvres absentes sur des dents blanches et étrangement aiguisée. L’homme tendit doucement une main gantée et interrogea d’une voix toujours trainante :

Puis-je prendre votre ticket ?

Edward lui tendit le bon. Un remerciement précéda une grimace faible, mais perceptible à qui savait observer. Son hôte avait-il deviné qu’il n’était pas l’élu prévu au programme ?

Je vous invite à patienter. Mon maître Magius, viendra très bientôt vous chercher.

Il lui indiqua un divan qui, Edward en était certain, n’était pas là une seconde auparavant, puis s’en alla derrière un autre rideau, bleu cette fois et couverts de signes qui se voulaient mystiques. Même si cela avait réellement été le cas, le lycanthrope aurait bien été en peine de les reconnaitre.
Après une longue hésitation, Edward s’assit. Éclairé par plusieurs chandeliers aux flammes étouffées par des abats-jours, il ne résista pas plus de deux minutes avant de consulter sa montre. La patience n’avait jamais été son fort.
À la demi-heure passée, le loup se leva, décidé à bousculer un peu l’emploi du temps de ce « Magius ». Il appela à plusieurs reprises son serviteur, mais n’obtenant aucune réponse, il choisit de lui emboîter le pas et franchit, à son tour, le tissu d’azur.
Derrière s’étendait un bref couloir orné de nombreuses toiles au sujet très variés. Il donnait sur une salle d’un tout autre genre, qu’Edward rapporta aussitôt aux estampes japonaises. Au milieu d’un sol en tatami, une table basse et quelques coussins. Un thé fumant l’attendait. Des shôjis, inimitables portes coulissantes en papier, délimitaient l’accès aux autres pièces. Attiré par le seul lampion doré de l'endroit, le lycanthrope franchit celui de droite.
Aussitôt un vent frais et une forte odeur iodée lui chatouillèrent le nez. Les pieds encré sur un sol immaculé, quelques minutes lui furent nécessaires pour comprendre la provenance de ce zef. En levant la tête, il remarqua loin au-dessus de lui, l’étendue mouvante d’un océan agité. Un bateau semblait rouler entre les vagues déchainées, mais impossible de lui venir en aide.
La surprise se peignit sur ses traits, mais en garçon censé, Edward fit aussitôt marche arrière. Il ouvrit la porte dans son dos, dépassa son seuil et sursauta lorsque sa chaussure s’enfonça dans le moelleux d’un tapis. Une salle étroite et toute en longueur s’étendait loin devant lui. Son sol était habillée d’un chemin de velours bordé d’or. Au fond il distinguait le métal d’une statue gigantesque, dont seul un renflement indéterminé se laissait deviner.
L’inquiétude commença à monter. Avec précaution, le lycanthrope s’avança et emprunta la première sortie qui se présenta.

Ce petit jeu se poursuivit sur une dizaine de pièces toutes vides, mais toutes différentes les unes des autres. Une piscine, un laboratoire puis un bar et une remise, une salle totalement blanche, puis une autre tapissée du ciel étoilé. Aucune logique dans cette succession abracadabrante foulant des deux pieds les lois de la physique.
Une nouvelle porte poussée et enfin, Edward la retrouva. Rien n’avait bougé. Les tatamis l’attendaient, le thé fumant aussi. Impossible de savoir par où il était arrivé la première fois et de toute façon, ce chemin aussi avait dû été altéré. Soupir. Il massa une seconde ses traits fermés, puis se rapprocha du meuble pour l’inspecter.

Un bruit dans son dos.

Edward se redressa et son cœur accéléra. Jusqu’à présent la solitude avait été garante de sa sureté, aussi l’idée d’un visiteur ne l’enchantait pas le moins du monde. Sur ses gardes, il se colla au mur, tout près du shôji qu’on agitait. Le battant coulissa d’un coup.

Charge du loup.


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Alexander Wenhams
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MessageSujet: Re: Les prodiges de Magius [Alexander]   Les prodiges de Magius [Alexander] I_icon_minitimeVen 21 Jan - 21:17

C'était déjà le cinquième...
Voilà déjà un mois qu'un problème majeur aux yeux du médecin occupait ses pensées. Son patient venait tout juste de sortir de chez lui, après avoir passé trois jours entiers en observation. Dans un état extrême de fatigue et dévoilant d'étranges symptômes que seuls des Légendaires comme lui pouvaient avoir. Un simple mortel aurait fini dans un hospice, un cirque ou simplement une morgue avec de pareilles maux.

Alexander ne comprenait pas. Bien évidemment, chacun lui avait conté ses déboires et la dernière chose qu'ils avaient eu la bêtise de faire. Oui, bêtise était bien le mot.
Depuis l'Heure Pourpre et l'ascension du groupe des Anti-Légendaires, beaucoup de créatures non humaines tentaient tant bien que mal de se montrer discret et de ne jamais exposer leurs tracas aux yeux de tous. Hélas pour eux, faire cela était souvent synonyme d'ennuis.

Prenons l'exemple de la première patiente. Cette jeune harpie avaient quelques soucis au niveau de ses plumes dorsales qui la démangeaient désagréablement en raison de sa mue d'adulte. Si elle avait rejoint immédiatement la clinique du docteur Wenhams ou tout autre institut soignant les gens comme eux, elle aurait eu une pommade pour soulager sa peau en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
Or voilà, elle avait honte de sortir de chez elle et traverser les grandes rues de Paris avec des plumes sortant légèrement de son col. Elle avait alors suivit les conseils d'idiots qui avaient entendu parlé d'un charlatan -car Alex n'imaginait pas qu'il s'agisse d'autre chose- qui pouvait lui prodiguer conseil et aide en toute discrétion. Armée d'une invitation, elle s'y était rendue et avait rencontrée cette personne. Étrangement, elle avait du mal à se souvenir de tout, mais une chose était certaine, le soir même en rentrant chez elle, elle se retrouva avec le dos ensanglanté, de nouvelles plumes fines et aiguisées apparaissant, déchirant ses habits quand elle tentait de les dissimuler.
Ce fut en larmes et avec une cape d'une épaisseur telle que le médecin y reconnu une grosse couverture de lit, qu'elle demanda son aide en plein milieu de la nuit.
Il eu beaucoup de difficulté à la soigner, devant faire une chose impensable pour une harpie. Il lui retira toutes les plumes de son dos. Et si cela parvint enfin à la soulager, elle fut humiliée et inconsolable durant la semaine où elle resta à l'abri au cabinet.

Si seulement c'était encore qu'un cas isolé, mais d'autres arrivèrent, se plaignant de douleurs encore plus vivent et des symptômes encore plus aigües que lors de leur apparition. Et à chaque fois la même histoire de cet inconnu qui les invitait pour les soigner en toute discrétion...
Même si en temps normal cela ne le regardait pas, se moquant éperdument de ce que les gens pouvaient trafiquer en dehors de son cabinet, ce sujet l'agaçait grandement. Il détestait qu'on lui expose des cas qu'il n'avait jamais eu à soigner de toute sa carrière et qui souvent ne pouvait être réglé qu'en employant des méthodes brutales et un peu cruelles.

Depuis son arrivée en France, pas une seule fois il ne s'était laissé tenté par l'appel de la mort qui l'avait si souvent aiguillé à Londres. Il n'avait que trop tué et torturé pour la science, c'était derrière lui. Et pourtant ses interventions ne le lui rappelait que trop souvent, sentant son sang bouillir et ses vieilles pulsions le hanter.
A l'époque, il aurait prit ces cas avec plaisir pour la découverte et le côté morbide, mais plus maintenant. Il ne supportait plus de voir souffrir ses patients de la sorte...
Ironique, n'est-ce pas ?


***

Les yeux plongés dans le vague, il s'était laissé choir sur une des chaises du salon. Une tasse de café fumante attendait patiemment qu'il veuille bien s’intéresser à elle. Il n'entendit même pas les bruits de pas s'approcher et s'arrêter à ses côtés. Ce ne fut que lorsqu'il entendit son prénom qu'il réalisa enfin qu'on l'observait. Redressant la tête, il croisa le regard de sa compagne, semblant inquiète. A ses côtés, il remarqua la stature imposante de son oncle qui était apparemment arrivé en même temps qu'elle.

"Alex, tout va bien ? C'est encore cette histoire de charlatan qui te travaille ?"

Il soupira et haussa légèrement les épaules, se focalisant enfin sur son café. L'attrapant doucement, il le porta à ses lèvres et but une gorgée, ne se souciant même pas de sa langue se brûlant au contact du liquide. Il grimaça néanmoins avant de boire à nouveau.

"C'est tout de même amusant de constater que cette histoire parvienne à vous déstabiliser de la sorte, je vous aurais cru plus insensible."

Alex tiqua à cette remarque et lança un regard sombre à Guillaume. Il s’aperçut alors que celui-ci lui faisait un petit sourire moqueur. Depuis que cet homme était arrivé chez eux, Alex ne parvenait toujours pas à savoir s'il l'appréciait ou le détestait. Venait-il de dire cela pour le provoquer ou était-ce un compliment détourné ? Posant sa tasse il prit une profonde respiration et ouvrit enfin la bouche.

"Ce qui me dérange dans cette histoire, c'est que je ne comprends pas si cette personne cherche à les aider ou à s'en prendre à eux. J'ignore combien de crédules sont allés le voir et si ces cinq patients ne sont qu'une exception... Pour de pareilles résultats, il faudrait que se soit un magicien ou un sorcier... ou même un chasseur ou un exorciste. Quelqu'un connaissant ce milieu et sachant comment perturber la santé d'un légendaire. Aucun de ceux que j'ai soigné n'étaient de la même "race". Donc abruti fini ou comploteur, j'aimerais bien savoir ce qui se cache derrière."

Valentine leva l'une de ses mains vers son menton, semblant réfléchir sincèrement au problème. Si elle n'était plus une baroudeuse comme lorsqu'elle était encore journaliste, elle avait gardé sa soif de curiosité. Malheureusement, elle n'était plus réellement au fait de certains évènements et il sentait bien sa frustration.

"De ce que nos patients nous ont dit, ils ont tous été invités à le rencontrer grâce à une invitation. Mais aucun n'a été capable de nous renseigner sur comment ils l'ont eu. Une lettre sous leur porte, un homme étrange le leur tendant avant de disparaître. Et à chaque fois dans un endroit différent. Quand j'entends ça, je me dis qu'ils ont vraiment été idiots d'y aller sans réfléchir."

"Certain sont désespérés et préfèrent tenter le tout pour le tout dans l'ombre des ruelles plutôt que d'exposer leur brassard et leurs soucis de santé aux yeux de tous. Je pense comprendre, mais ma raison m'empêche de les prendre en pitié. Ils ont été stupides, c'est indéniable, mais le mal est fait. Au lieu de leur faire la leçon, je préfère soigner le mal par la racine."

"Inutile de leur faire la leçon de toute façon, je pense qu'ils s'en souviendront longtemps avant de refaire confiance à ce genre de magouille. Ils n'étaient vraiment pas beau à voir, héhé..."

Valentine soupira et secoua légèrement la tête en regardant son oncle. C'était là son petit plaisir d'aller rendre visite aux patients présents dans la clinique, pour leur tenir compagnie. Si au départ, ils avaient vu ça d'un mauvais œil, ils s'étaient vite rendu compte qu'il parvenait souvent à calmer les malades. Il les écoutait ou leur racontait ses propres aventures. Bizarrement et jusqu'à présent, aucun d'entre eux ne s'étaient plaints de sa présence.
Il rit un instant puis, après un moment de silence, il reprit la parole, mais cette fois-ci sur un ton plus sérieux et énigmatique qui fit tourner immédiatement l'attention d'Alex sur lui.


"Cela m'attriste de vous voir dans un tel état de confusion, les enfants. Aussi je pense que ceci pourrait résoudre bien des mystères et enfin vous permettre de passer à autre chose..."

Il glissa l'une de ses mains dans la poche intérieure de son veston et sorti un bout de papier du bout des doigts. D'un geste élégant, il le tendit au médecin. Bien entendu, il laissa échapper un sourire étrange dont il avait le secret.

"Un rendez-vous exclusif avec ce "charlatan" te plairait-il ?"

"C'est... une invitation ?!"

Alexander s'en empara et observa le ticket, plus que surprit par ce présent. Il y avait pourtant bel et bien écrit que la personne possédant le billet était invité à une séance. Enfin un nom, "Magius" le renseigna sur l'identité de l'inconnu, si c'était bien son véritable nom. Un endroit, une date, une présentation alléchante, tout y était. Il fronça cependant les sourcils, tandis que sa fiancée se mettait à rouspéter contre Guillaume.

"J'espère que tu ne t'ai pas mit dans des histoires louches pour l'avoir ?!"

"Allons, ai confiance en ton vieil oncle !"

"Comment vous êtes vous procuré cela ?"

Un grand sourire malicieux apparut sur les lèvres de l'homme et, avant même qu'il ne réponde, Alex devina qu'il allait sortir à nouveau une de ses répliques fétiches qu'il aimait tant sortir à chaque fois qu'il dénichait une information ou des objets introuvables de façon officielle. Sauf qu'il ne terminait jamais la phrase de la même manière, petite fantaisie de l'énergumène.

"Les portes de Paris s'ouvrent pour ceux qui savent les crocheter, mon garçon."

Le sous-entendu était trop évident pour ne pas comprendre qu'il avait fourré son nez dans des histoires peu recommandables, et l'anglais espérait que cela ne se retourne pas un jour contre eux. Cependant il ne fit aucun commentaire, contrairement à sa compagne qui partageait les mêmes angoisses.

"Tu ne devrais pas t'aventurer dans ce genre de magouille, tu vas un jour finir inconscient dans le caniveau, si ce n'est pire, mon oncle."

"AH, quel malheur que j'entends !"

"Évidemment que c'est dang..."

"Comme cela est d'un formelle ! 'Mon oncle' ?! J'entends encore les "Tonton Memet" dans nos folles jeunesses, comment oublier ces moments d'innocence et sans cette barrière de bonnes manières cruellement froides !"

"Qu... Je n'étais qu'une enfant à l'époque, enfin ! Et ne détourne pas le sujet !"

Tandis que tous les deux partaient dans un débat sans ni queue ni tête, Alexander avait focalisé toute son attention sur le billet, comme fasciné par celui-ci. Il allait enfin pouvoir obtenir les informations qui lui manquaient. Peut-être allait-il même empêcher de nouveaux patients d'accourir chez lui, tous plus mal en point les uns que les autres. Mais s'il était dangereux ? Devrait-il lui régler son compte ?
Quoi qu'il arrive, il devrait se préparer sérieusement avant de lui rendre visite.


"Ah... Il semblerait que l'heure tombe au même moment que notre rendez-vous de demain..."

Valentine s'arrêta et le regarda avec surprise. Il était rare qu'ils puissent s'accorder du temps, rien que tous les deux, et le lendemain était enfin l'occasion de se balader. Hélas, le mystère était plus fort et Alex ne devait pas passer cette occasion en or.

"Me pardonneras-tu de te faire faux bond ?"

Elle ne protesta pas, semblant hésitante, puis secoua la tête avant de lui répondre.

"Va, si tu penses que c'est la meilleure chose à faire pour régler cette histoire. Mais promets moi que tu ne feras aucune folie et surtout que tu reviendras en un seul morceau. Je ne te pardonnerais jamais s'il t'arrive malheur."

Elle lui sourit tendrement, visiblement inquiète, mais également intriguée. Son oncle croisa les bras et lâcha un petit rire.

"Ne t'en fais pas, je vais passer la journée avec toi pour que tu ne te sentes pas seule !"

"Quelle joie, mon Oncle..."

Il prit cette réplique lassée avec humour, continuant à rire sous le regard des jeunes, cherchant à comprendre ce qui pouvait bien se passer dans sa tête.

***

Il partit pour le rendez-vous en sortant par une porte dérobée de son logement. Il n'avait aucune envie d'être repéré et surtout, il avait prit la décision de ne pas afficher son affiliation aux légendaires. Son brassard rangé dans une poche de sa longue veste, il remonta son col afin de dissimuler son visage. Un chapeau, prêté par Valentine, vissé sur la tête, les lunettes laissés à la maison et les cheveux laissés volontairement détachés. Il ne risquait pas d'être reconnu par un éventuel client, habitué à le voir vêtu plus soigneusement et professionnellement. Bien plus proche du style qu'il avait toujours eu lors de ses chasses, il n'avait pourtant pas l'intention de traquer et tuer une proie. Quoi que...

Il n'avait pu s'empêcher de prendre ses petits "outils" en cas de problèmes. S'il n'avait plus le tracas d'avoir à dissimuler sa magie, il aimait malgré tout garder ses habitudes "humaines". Et pour couronner le tout, Guillaume lui avait offert un pistolet afin de se faciliter la tâche en cas de véritable soucis. Il n'était pas certain de savoir s'en servir correctement, mais il n'avait pas su refuser le présent.

Suivant l'itinéraire indiqué et après avoir fouillé un peu partout, il arriva dans les bas quartiers où devait se dérouler la séance. On ne lui causa aucun problème, sa dégaine nonchalante convainquant facilement les badauds du coin qu'il n'était pas de ceux à chercher querelle. Finalement, il trouva enfin l'endroit et entra à l'intérieur du bâtiment. Il grimpa les marches jusqu'à destination et sembla hésitant. Les sens aux aguets, il préféra finalement opter pour la méthode fourbe et entra dans la pièce sans se manifester.

Mais il fut déçu. Après avoir passé des rideaux rouges, il tomba sur... rien en réalité. Pas âme qui vive. Il ne détectait aucune présence humaine ou inhumaine à proximité. S'était-il trompé d'endroit ?
Il ne se manifesta cependant pas et observa en détails l'endroit avant de se diriger vers un rideau bleu, qui semblait dissimuler une ouverture. Toujours discrètement, il s'avança silencieusement dans une étrange salle de type asiatique. Le contraste avec la vie parisienne le déstabilisa légèrement mais il se reprit très vite.
A pas de velours, le médecin en chasse, s'approcha d'une porte à sa gauche et la fit glisser doucement pour jeter un œil à l'intérieur. Il y faisait un noir épais, mais il lui semblait entendre quelque chose goutter dans le fond. Il entra à l'intérieur, se guidant au son. Assuré qu'il n'y avait personne, il sortit son briquet et l'alluma afin de découvrir enfin l'endroit.

Après une longue observation, il comprit alors qu'il était dans ce qui semblait être une cave en très vieille pierres, celle d'un château ? Cela n'avait aucun sens ! Le bruit d'eau venant d'une fuite laissée là depuis beaucoup trop longtemps. Curieux, il chercha une sortie, un escalier le remontant à la surface. Certes il aurait pu revenir en arrière, mais son instinct lui dictait qu'il n'allait pas retrouver la salle qu'il avait laissé, détectant une fourberie magique derrière tout ça. Dénichant une alcôve où était dissimulée une grosse porte en bois, il la poussa et découvrit un nouveau décor, tout aussi inattendu. Une sorte de salle remplis de coucous et horloges en tout genre. Il continua sa route, allant même jusqu'à tomber sur un paysage alpin très joli, mais ne lui expliquant pas du tout ce qui se passait ici. Était il victime d'un sortilège d'illusion ? Il ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour sa compagne et son oncle qui auraient très probablement adorés fouiller l'endroit et tout explorer.

Alors qu'il franchissait une nouvelle ouverture, l'esprit plongé dans une profonde réflexion, il ne se rendit pas tout de suite compte qu'il était revenu dans la salle japonaise du début. Au moment même où il le réalisa, il détecta quelque chose à côté de lui, se déplaçant très vite dans sa direction. De surprise, il n'eut le temps de contrer et parvint qu'à esquiver juste à temps pour ne pas se prendre une violente attaque. Il perdit cependant l'équilibre et tenta le plus agilement et rapidement possible de se redresser, cherchant dans sa poche une arme. Le pistolet peut-être ? Non l'assaillant était trop près... Un de ses poignards dans ce cas. A moins qu'il ne parvienne à attraper une seringue rempli d'un anesthésiant de son crû.

Mais alors qu'il était sur le point de passer à son tour à l'offensive, ses sens se réveillèrent et l'avertirent qu'il n'était pas face à un humain, compliquant les choses. Tentant le tout pour le tout, il ouvrit enfin la bouche et l'interpela.


"Hey toi ! C'est ainsi qu'on traite les clients par ici ?! J'aurais des questions à vous poser alors range tes griffes..."

Il choisit de se reculer rapidement, toujours prêt à attaquer au cas où le dialogue ne s'enclencherait pas. Il ne quittait pas du regard la silhouette assez grande et de toute évidence, puissante. Alex n'était pas en reste, mais il doutait de pouvoir tenir sur la longueur, restant dans la catégorie "humain".
Son cœur sembla avoir un tressautement quand il remarqua les traits du visage de l'homme. Il semblait le connaître, mais d'où ?
Il chercha dans ses souvenirs et le revit lors d'une soirée en train de discuter avec son amie, dans le cabaret où elle allait si souvent. En photo dans un journal aussi...
Mais bien sûr, comment ne l'avait-il pas reconnu de suite.


"... Edward White ?"

Il savait qu'il avait vu juste. Il ignorait s'il allait être amical à son égard en le reconnaissant, mais il tenta. Il savait que sa compagne avait beaucoup d'estime pour lui et il ne voulait pas se mettre à dos un allié potentiel. Retirant son couvre-chef, il dévoila un peu mieux son visage, tentant de prendre un ton plus calme.

"Je suis le fiancé de Valentine Lefèvre, le Docteur Alexander Wenhams. Nous nous sommes déjà croisé au Lost Paradise, il me semble. Permettez cette observation, je pense que vous n'attaquez pas la bonne personne."

Restant sur la défensive, le sorcier analysa le comportement du loup-garou, se demandant ce qu'il pouvait bien faire ici, lui aussi. Souffrait-il d'un mal honteux qui l'avait amené voir le charlatan, qui ne semblait plus si factice que cela finalement. Il ne comprenait toujours pas dans quoi il avait débarqué et espérait qu'il puisse lui en dire plus de son côté.

"Vous avez été invité, n'est-ce pas ? Je ne saurais que trop vous suggérer, si vous avez des problèmes de santé, de consulter un vrai médecin spécialisé dans les Légendaires, comme moi. Je ne préfère pas vous détailler les supplices des patients qui sont venus implorer mon aide après avoir été tentés par ce Magius..."

Il ignorait si cela allait le convaincre de sa bonne foi, mais il n'avait que sa parole en gage de sincérité. Peut-être son invitation, toujours présente dans sa poche ? Dans le pire des cas, il avait toujours sa seringue et ses armes, même s'il préférait s'en servir sur la source de leurs tracas communs, du moins l'espérait-il.


hrp:
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MessageSujet: Re: Les prodiges de Magius [Alexander]   Les prodiges de Magius [Alexander] I_icon_minitimeSam 29 Jan - 11:20

… Edward White ?

Entendre son nom le déstabilisa. Un pas en arrière. Dix secondes lui suffirent pour jauger le nouvel arrivant. Armé ? Il l’était. Edward avait vu le reflet d’une crosse de pistolet lorsque son manteau s’était écarté. Mais l’inconnu avait eu l’intelligence — l’expérience peut-être — de ne pas faire feu à bout portant. Il cherchait autre chose. Une arme blanche sans doute. Edward remonta sa garde par sécurité, protégeant ses points vitaux. Quitte à prendre un coup, il répliquerait aussitôt en lui brisant les bras.
Rien. L’homme s’écarta à son tour et se décoiffa. Une tignasse blonde tomba sur ses épaules, encadrant un visage agréable, au regard perçant. Edward ne le reconnut pas tout de suite, mais son odeur lui était familière. Un parfum identique lui avait déjà chatouillé la truffe à plusieurs reprises, pourtant quelque chose semblait clocher entre ses vagues souvenirs et cette mise de malfrat.
L’inconnu l’éclaira. Haussement de sourcils perplexe.

Wenhams ?

Le lycanthrope ne se relâcha qu’à demi. Jakob lui avait glissé quelques mots à son sujet. Un sorcier et un doué. Une seconde, le soupçon s’insinua dans les pensées du loup blanc, mais il fut aussitôt balayé. Impossible que le fiancé de Valentine soit mêlé de près ou de loin à cette histoire. Depuis le temps, Edward savait que la jeune journaliste était une femme intègre et bien assez maligne pour ne pas laisser son futur époux lui mentir sur un tel sujet.
Son hostilité s’estompa, mais ses sens demeurèrent en alerte. Ce bourbier inextricable l’agaçait et l’arrivée d’Alexander n’aidait en rien à le démêler. Toutefois, lorsque dernier l’interrogea, il glissa quelques informations qui augmentèrent l’attention du lycanthrope. « Patients ? » « Supplices ? » Ces mots lui parlaient, mais d’où ? Fronçant les sourcils, il continua d’y réfléchir sans en oublier la politesse, aussi il répondit :

Je me suis invité. Le bon que j’ai utilisé ne m’était pas destiné.

La lueur du lustre de papier vacilla. L’ombre du fédora d’Edward ondula sur son regard dépareillé. Tout en parlant, il avait pris soin de détailler le mystérieux médecin. Il nota sa mise volontairement négligée, puis s’arrêta quelques secondes sur un pli de son manteau. Derrière se cachait son pistolet ; ustensile vraiment peu courant chez les disciples d’Hippocrate.

Vous comptez administrer un traitement de choc à notre hôte ?

La question était dénuée de jugement et n’attendait pas de réelle réponse. Edward jugea que, tout comme lui, Alexander était déterminé de sortir d’ici en vie. Des informations supplémentaires l’avaient peut-être poussé à prendre quelques précautions, mais ça, c’était au loup blanc de s’en assurer.
Quittant sa place pour rejoindre l’unique meuble de la pièce, Edward poursuivit :

Qu’est-ce que vos patients viennent faire là-dedans ? La rumeur veut que Magius résolve les problèmes gracieusement. Ce serait contre productif qu’il maltraite ses clients, non ?

Bref coup d’œil pour Wenhams. Son esprit cherchait toujours en vain le lien avec ce que le médecin lui avait dit, plus de détails seraient les bienvenus. L’écoutant d’une oreille, l’attention du lycanthrope retourna à la table basse où fumait toujours une théière. Fait notable, deux tasses avaient été ajoutées. Elles n’étaient pas là lors de sa première visite, il l’aurait parié. Alors quoi ? Ils seraient surveillés ?
Edward plissa les yeux. Il s’accroupit et de ses mains gantées retourna l’une des tasses. Froncement de sourcils. La seconde subit le même sort, mais cette fois un air circonspect détendit ses traits.

J’ai la lune ici, mais il y a le signe du carreau sous celle-là. Ça vous parle ?

Elle retrouva sa place. Les grandes mains du loup s’approchèrent de la théière, mais se figèrent sans l’effleurer. Il inclina la tête. C’était infime et pourtant. Tout en retirant son chapeau à la hâte, il arracha l’un de ses gants en l’agrippant entre ses dents, puis se pencha de façon à presque coller sa joue contre le bois du meuble. Ses doigts nus parcoururent lentement la surface, s’immobilisant de temps à autre, surpris de découvrir d’étranges reliefs.

Je crois que quelque chose est gravé à la surface. C’est très léger, mais on le sent bien au touché.

Près du bord, une encoche plus marquée l’invita à se redresser. Myope comme il était, il dut se rapprocher pour en discerner tous les contours et pensa tout de suite à un mécanisme caché. Tiroir secret ? Peut-être. Edward chercha aussitôt à l’actionner. Plusieurs essais, puis la victoire. En tirant l’encoche de bois, le loup blanc dégagea une minuscule manivelle. Plutôt fier de lui, il apprécia le claquement sec produit, mais beaucoup moins le léger gargouillis qui suivit.
Coup d’œil pour la théière. Son couvercle vibra, puis tout l’argile tressaillit sous une pression folle. Un sifflement intense précéda de peu le torrent d’eau bouillante qui jaillit de son bec. Le loup blanc eut à peine le temps de l’éviter. Il se leva et s’écarta vivement, laissant le déluge s’abattre sur le meuble dans un flot infini. À son contact, chacune des interstices de la table s’embrasa d’une intense lumière dorée. Rapidement, la totalité d’un sceau complexe rayonna en son centre.

Oups.

Rappelez mois de ne plus rien toucher… Grommela-t-il pour Wenhams.

Sur l’instant, pulvériser la table d’un bon coup de pied lui parut une bonne idée. Toutefois, il retarda l’exécution de son plan en remarquant un détail inquiétant dans la disposition de la salle.
Dix minutes plus tôt, Edward se tenait bien droit, fedora vissé sur la tête, mais à présent c’était le dos un peu voûté qu’il arpentait la pièce. Trop habitué aux espaces étriqués, il ne l’avait pas remarqué tout de suite, mais en posant sa main sur l’une des poutres, il la sentit clairement se rapprocher.
Le plafond descendait.

Définitivement, Edward détestait la magie.

Wenhams faisait presque sa taille, aussi cette broutille ne lui avait sans doute pas échappé, mais le loup blanc ne chercha pas à s’en assurer. Sans pincette, il poussa le sorcier vers la table inondée.

Bien ! J’évite qu’on finisse broyés, pendant que vous réparez. Ça vous va ?

Comme s’il avait le choix.
Ajustant ses appuis, le loup blanc leva les bras et appliqua ses paumes contre les poutres. Un faible craquement retentit sous sa force, mais il sentit clairement l’étau ralentir sa progression. Facile ! Il n’aurait aucun mal à tenir des heures face à un sortilège d’une telle intensité.
Ou un peu moins.
Car les murs aussi, commencèrent à se rapprocher.

H.R.P.:


Dernière édition par Edward White le Lun 14 Mar - 18:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les prodiges de Magius [Alexander]   Les prodiges de Magius [Alexander] I_icon_minitimeJeu 10 Fév - 18:46

Finalement sa tentative de communication paya. Le loup, bien que toujours sur ses gardes, ne semblait plus enclin à lui briser les os, s'il s'approchait trop près de lui. C'était un bon début.
Il soupira et rangea son couvre chef dans une de ses poches de veste, ne cherchant plus à dissimuler son identité. Quand enfin Edward lui répondit, se fut sur son invitation, faisant réaliser à Alex que lui non plus n'était pas réellement attendu ce jour là.
Jetant un coup d’œil autour d'eux pour s'assurer qu'aucune personne ne les surveillait, il se détendit légèrement, restant malgré tout sur ses gardes.


 "Le ticket et l'arme à feu m'ont été confiés par la même personne. Je suppose qu'elle a jugé que l'un n'allait peut-être pas sans l'autre..."

Il avait haussé les épaules en lâchant cela d'un ton qui n'invitait aucunement à en demander plus. Tout en focalisant son regard, aux couleurs glaciales, vers son interlocuteur, le médecin pencha légèrement la tête sur le côté, attentif à ses déplacements. Il avait rejoint la table centrale, trônant toujours fièrement, sa théière fumant sans répits, comme si une flamme invisible la maintenait à bonne température. Il trouva d'ailleurs cela assez surprenant, maintenant qu'il avait passé la phase de la surprise et de l'incompréhension sur les lieux qu'il avait visité.
Le patron de cabaret croisa son regard, tout aussi intrigué par l'individu qui les avait amené ici. Imperturbable, il décida qu'il valait mieux jouer cartes sur table et lui expliqua sa situation.


 "Il y a un mois de cela j'ai reçu une patiente Légendaire dans mon cabinet, dans un état que je définirais de lamentable. Et si elle avait été la seule... J'ai recueilli et soigné cinq patients, tous non humains, qui avaient eu l'erreur de se rendre à un rendez vous de ce Magius."

Il croisa les bras, le visage imperturbable et professionnel d'un homme se contentant de faire le bilan de la situation.

 "Trois d'entre eux n'étaient pas déclarés et les deux autres avaient honte de leur brassard. Ça, je ne peux pas leur jeter la pierre, je comprends la raison de leur décision de dissimuler leur pathologie aux yeux des humains... Cependant ils ont préféré accepté l'invitation de ce charlatan inconnu, et cela leur a coûté cher. Pour faire simple, ils sont venus en espérant soigner un soucis lié à leurs races, ils en sont ressortis en se pensant guérit. Mais durant la nuit qui suivit, tous ont vu leurs problèmes s'aggraver et de nouveaux symptômes s'ajouter. Eux qui voulaient être discrets, ils ont été contraint d'afficher leur "monstruosité" devant tout le monde."

Il ferma les yeux, se posant un instant dans sa réflexion. Finalement, il reprit en secouant légèrement la tête et posant de nouveau son regard sur le lycanthrope.

 "J'ignore si cet homme cherche réellement à les aider. Au départ je pensais qu'il devait avoir quelques basses notions de magie et faisait mal son travail, mais quand je vois cet endroit, j'en doute... Peut-être qu'il se trouve dans l'un des partis qui font tant parler d'eux en ce moment. En revanche dans lequel...
Il pourrait faire exprès de dévoiler aux yeux de tous, que les Légendaires sont bien plus nombreux qu'ils ne veuillent bien le montrer et ça... je n'approuve pas. Pas en s'en prenant à des personnes en détresse. S'il est un allié, j'ai bien l'intention de lui faire la leçon pour qu'il retienne bien son erreur. Et si c'est un opposant... On verra bien."


Il préféra taire ses intentions. Bien sûr, il avait promit de ne plus tuer, mais selon la situation et si c'était en légitime défense, peut-être que... Non il ne préférait pas y penser... Il improviserait, très probablement. Il avait toujours sa seringue au cas où, après tout.

Alexander se demanda pourquoi Edward était venu, si cela n'avait rien à voir avec des soucis de santé. Ce Magius avait d'autres griefs sur le coin du nez ? Mais avant qu'il ne lui pose la question, un commentaire sur les tasses le fit tressaillir. Pour la première fois depuis son arrivée, il se sentit réellement déstabilisé. Il s'approcha de la table à son tour et attrapa l'objet, jetant un regard au motif dessiné dessus. Comment savaient-ils ?! Son regard devint sombre et une envie brutale de jeter la tasse au sol, pour qu'elle se brise, lui vint. Il ne le fit cependant pas, ne voulant pas montrer que cette découverte l'avait touché bien plus qu'il ne devrait l'être. Il la reposa, observant White s'amuser avec la table.

 "Peut-être ne devriez pas y toucher..."

Trop tard.
Un claquement se fit et une manivelle apparut sur le côté. L'avait-il enclenché ? Alex n'en avait pas la certitude car quelque chose d'autre, de bien plus inquiétant, apparut du côté de la théière. Par précaution, il recula aussitôt, juste à temps pour voir le contenu sortir soudainement en geyser.
Aussitôt, une lumière inonda la table, dévoilant un sceau magique qui fit tiquer le sorcier. Non, il n'avait vraiment pas à faire à un novice.
Edward grommela près de lui, et il aurait trouvé la situation amusante, compte tenu qu'il l'avait justement prévenu, si le plafond n'avait pas décidé de se faire remarquer.


 "Voilà qui est fâcheux..."

Poussé vers la table, même si cela n'était pas réellement utile, ayant déjà amorcé le mouvement d'avancer à nouveau vers elle, il laissa l'homme à la force herculéenne le plaisir de montrer sa force.
Il analysa d'un œil curieux la gravure illuminée, plongé dans une profonde réflexion.


 "Voyons voir... Magie ou Sorcellerie... ?"

Après avoir regardé les écritures, il fouilla dans sa mémoire pour les comparer à ses acquis. Des symboles alchimiques. Il prit la décision de repousser les tasses et d'un geste vif, il attrapa la théière, le liquide brûlant lui touchant la peau, et la souleva. Ce mouvement eu pour effet de cesser le jaillissement d'eau. Étrangement, elle semblait légère, comme vide de tout contenu. Avec surprise, il observa l'objet, ouvrant le socle et confirmant ses suppositions. En la retournant, il vit graver de nouvelles formes magiques. Il décida de ne pas s'attarder sur d'éventuels tests et focalisa son attention sur la table, enfin libre.

 "Intéressant. C'est la première fois que je croise ce genre de sceau. Mais ce n'est généralement pas difficile à stopper. Une ligne dessinée à la craie peut être soufflée, une faite en flamme peut être éteinte... Quand à une ligne gravée..."

Il plongea sa main libre dans une poche secrète et sortit un couteau aiguisé. D'un geste rapide et puissant, il frappa la surface du bois de la pointe de sa lame, l'enfonçant de quelques centimètre et, avec une force inavouée, marqua d'une entaille profonde le sceau magique. Il existait certes, bien des méthodes pour interrompre ce genre de chose. Mais il avait jugé que le temps ne lui permettait pas d'employer une façon plus académique. Fort heureusement, il avait retenu l'image de la gravure dans un coin de sa tête. Il se pencha et, avec le bout de son couteau, gratta un symbole pour le modifier. La lumière en disparu et, grâce à son action grossière, le reste suivi, rendant à la table son apparence normale.

Il se redressa avec satisfaction, mais sa tête cogna le plafond, l'empêchant de se réjouir pleinement de sa victoire. Le blond se tourna vers Edward, un peu surprit. Il réalisa qu'il n'avait pas fait attention au danger imminent et qu'à présent, ils étaient coincés dans un cube de trois mètre carré à peine. Les portes de sortie avaient disparu et il s'inquiéta de les découvrir coincés et sans sortie.


 "Ah... de toute évidence, j'aurais dû agir plus vite. La bonne nouvelle, c'est que la table est toujours intacte et qu'elle détient suffisamment d'informations pour nous faire sortir d'ici."

Il sentait que sa déclaration ne serait surement très peu crédible, aussi, il se tourna à nouveau vers elle et indiqua la manivelle, puis le sol.

 "Voyez avec attention. La table est solidement attachée au sol. Je suppose qu'en découvrant la manivelle, vous avez déclenché une sorte de protection pour éviter quiconque d'aller plus loin dans sa recherche."

Les mains toujours prises, il abandonna la théière sur le sol et rangea sa lame, la mettant cependant dans une poche plus accessible. Il s’aperçut que sa main était rouge vive à cause de la brûlure, mais ne s'en préoccupa pas plus que cela, la douleur étant minime pour lui. Il s'accroupit et observa le dessous de la table. Après quelques manipulations pour s'assurer qu'il n'y avait plus de pièges magiques, il actionna le mécanisme. La table se mise alors à grincer et dans une lumière surnaturelle, elle disparu, laissant à la place une ouverture dans le sol avec une échelle descendant dans les profondeurs.

Pour avoir grimpé les escaliers jusqu'à l'étage du rendez-vous, Alex savait qu'ils auraient dû apercevoir les voisins du dessous, or, ils n'avaient aucun salon sous leur yeux. Une salle d'une autre "dimension" se présentait encore à eux. Hélas, pour savoir où cela allait les mener, il fallait se lancer.

 "Avant toute chose..."

Attrapant une des tasses encore présentes sur le sol, le médecin leva la main au dessus de la trappe et lâcha la porcelaine dans le vide. Elle disparu en silence, puis un éclat retentit, lointain. Il y avait bien un fond solide, restait à savoir à présent s'ils allaient pouvoir y accéder sans danger. Bien sûr, il avait averti toute personne de leur présence en faisant cela, mais il s'en moquait éperdument. On leur avait clairement fait comprendre qu'on les connaissait et qu'ils n'étaient pas les bienvenus. C'était à son tour de jouer avec eux, s'il parvenait bien sûr, à mettre la main dessus.


 "Vous voulez passer en premier ? Compte tenu que j'ai alerté notre arrivée en contrebas, je veux bien m'y coller. Assurez moi juste de me suivre de près au cas où, j'ignore si la trappe va rester ouverte très longtemps."

Hochant la tête et affichant un étrange sourire, il s'élança et descendit l'échelle avec agilité. La descente ne fut pas bien compliquée et aucun soucis ne se fit de son côté. Lorsqu'il distingua enfin le sol, il freina l'allure, tendant l'oreille. Aucun bruit suspect n'était à détecter, du moins pas avec son ouïe. Il aurait volontiers demandé au loup, mais lui parler les dénoncerait encore plus. Sans attendre d'avantage, il sauta les dernières barres et se réceptionna sur un sol en pierres taillées, comme une sorte de vieux carrelage. Il remarqua également les débris de la tasse et repéra le motif de carreau fendu en son centre. Oups, c'était la sienne.
Un nouveau sourire passa rapidement sur ses lèvres avant de se reprendre.


Il se redressa et réalisa qu'ils semblaient être arrivés dans un vieux bureau poussiéreux. Peut-être que cette pièce avait un intérêt ? Le sorcier s'avança et chercha à repérer si d'autres pièges magiques les attendaient. Il ne ressentait rien de tel, si ce n'était quelques artefacts et gemmes utilisés pour de la magie... mais également de la sorcellerie et de l'alchimie. Il secoua la tête, prévint Edward de leur sécurité et observa une étagère, remplis d'ingrédients de toutes sortes.

 "C'est insensé. Il serait capable de se servir de trois types d'incantations différentes ? C'est humainement impossible... Si je sais contrecarrer de la magie, je ne sais pas la créer contrairement à un mage. De même qu'il ne pourrait créer de la sorcellerie..."

Il s'approcha du meuble et commença à faire l'inventaire des objets présents.
Alex cogita. Existait-il un être capable d'un tel "miracle" ? Un mage ayant pactisé  ? Même si cela semblait impossible, on ne pouvait rejeter cette hypothèse. Ou alors un démon s'amusant ? Il en avait côtoyé assez pour savoir que ce genre de choses les ennuyaient, ayant déjà des capacités hors normes sans à avoir à passer par cela. Y avait-il plus d'une seule personne derrière le nom de Magius ?
Le mystère s'épaississait dans l'esprit de l'anglais, mais curieusement, il trouvait cela très excitant également.


 "Au fait, vous ne m'avez pas dit pourquoi vous étiez venu ici. Si ce n'est pas à cause des mêmes tracas que les miens..."

Il attrapa un talisman occulte qu'il reconnu, faisant parti du set du parfait petit sorcier. Encore une preuve que tout ici, était mélangé. Il écouta sa réponse tout en analysant le contenu d'un petit pot défini par une étiquette aux écritures délavés. Il avait presque envie de se servir pour sa collection personnelle, trouvant quelques ingrédients assez difficile à obtenir. Finalement il ne put s'empêcher de se trouver quelques excuses pour agir ainsi et rempli une poche libre de quelques découvertes fortes utiles.

 "Vous trouvez quelque chose de votre côté, Mister White ?"

Il se tourna vers son camarade d'infortune, se demandant ce qu'il pouvait faire.
Mais alors qu'il jetait un coup d’œil vers lui, un son, très étouffé, arriva jusqu'à ses oreilles. Comme une musique passant sur un gramophone, étouffée, mais présente, quelque part. Il réalisa qu'il n'avait pas cherché s'il y avait une sortie et croisa à nouveau les bras, contrarié d'avoir baissé à nouveau sa garde, trop plongé dans ses pensées pour être vigilant.


hrp:
Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: Re: Les prodiges de Magius [Alexander]   Les prodiges de Magius [Alexander] I_icon_minitimeSam 9 Avr - 13:04

Après avoir félicité Alexander pour sa découverte, Edward lui emboita le pas et descendit à sa suite  jusqu’à l’étage inférieur. À peine eut-il posé un pied au sol que l’échelle se rétracta et un bruit sourd leur indiqua que la trappe empruntée venait de se refermer. Point d’obscurité cependant, car trois globes de verres s’illuminèrent d’une douce aura, les invitant à fureter dans une pièce bien plus cohérente que les précédentes.
Quoi que tristement privée de fenêtre, l’endroit avait tout du bureau de l’enchanteur confirmé. La bibliothèque débordait, un grand établi accueillait pêle-mêle toute la panoplie du petit chimiste et d’autres travaux fort obscures pour le loup blanc. Plusieurs meubles d’apothicaires longeaient des murs tantôt noircis de signes abscons tracés à la craie ou épinglés sur du papier, tantôt simplement masqués par des étagères pleines à ras-bord.
Un vrai paradis pour Wenhams à en juger avec quelle fascination il fourrait son nez d’anglais dans chaque centimètre carré à sa disposition. Edward était moins emballé. En partie parce qu’il ne comprenait pas le quart de ce qu’il voyait, mais surtout, parce que si ce bureau appartenait bien à leur hôte, alors ce dernier n’y avait pas mis les pieds depuis plus d’un mois. En témoignait la quantité de poussière amoncelée.
La remarque d’Alexander le fit sourire. Le sorcier avait beau être expérimenté, il n’avait pas dû fréquenter assez de Légendaires pour croire que le mot « impossible » pouvait encore leur être associé. Néanmoins ses précédentes explications avaient grandement aidées Edward, qui se résolut à lui renvoyer l’ascenseur :

À vrai dire, je pensais tomber sur un charlatan.

Ses doigts s’arrêtèrent sur la tranche d’un livre usé jusqu’à la moelle. Un seul mot se distinguait encore sur sa tranche de cuire fatigué, un mot qu’Edward connaissait bien. « Farkasok » ou « loups » en hongrois. Il le récupéra et la poussière le fit éternuer. Il renifla après s’être essuyé la truffe.

Le plan c’était de l’effrayer avant que la rumeur ne prenne de l’ampleur, qu’il trouve un nouveau gagne pain et que tout ça soit étouffé dans l’œuf. Mais il semblerait que je me sois trompé et votre récit me laisse supposer que « Magius » a peut-être déjà sévi sans cette trouble identité.

Il tourna quelques pages jaunies par le temps. L’encre avait bavé par endroit, s’était effacée à d’autres. Peinant à lire une ligne complète, Edward se contenta de le feuilleter, sans conviction, mais une illustration l’arrêta. Il réprima un frisson et laissa glisser ses longs doigts sur un calendrier lunaire où ressortait une date. L’année était effacée, mais le jour… Le six janvier. Une pleine lune était prévue, la seule dessinée en rouge de toutes celles annoncées.
Le loup blanc se secoua. Il referma le livre et le rangea puis quitta les abords de la bibliothèque.

Le Docteur Keller m’a rapporté deux cas similaires aux vôtres, mais ils datent d’il y a au moins quatre mois. Moins virulents que ce que vous m’avez décrit, quoi que la perte de contrôle sur la nature du patient reste très proche. Aucun n’a mentionné Magius. Pas à ma connaissance en tout cas. Le premier pensait avoir déclenché une allergie après s’être régalé d’un gâteau offert aux halles, le second n’a rien évoqué de précis.

Alexander arriverait sans doute à la même conclusion que lui. Quelque chose avait poussé leur hôte à changer d’approche. Le manque de temps ou de client peut-être ? À moins qu’il n’ait eu besoin d’en cibler certains précisément ? Cela expliquerait les tickets et tout ce foin autour des miracles.
Quoi que toujours entier, le mystère se troublait de quelques lumières qui méritaient d’être approfondies, mais plus tard. Ils manquaient toujours de données et l’intérêt d’Edward venait d’être happée par une nouvelle étrangeté.

Une mélodie s’élevait depuis la pièce voisine. Le loup blanc n’était pas certain que l’endroit existait lors de leur arrivée, mais à présent une lueur se découpait finement sur l’un des murs, traçant nettement l’encadrement d’une porte entrebâillée.
Edward s’approcha et fit pivoter le battant qui obéit sans grincer. Il oublia de le refermer.
À peine entré, son regard se porta sur le gramophone qui trônait au centre d’une salle de bal encore vibrante de couleur et d’éclat. Seuls les pas des danseurs manquaient à ce sol couvert de confettis et de serpentins. Le gramophone, pourtant, s’évertuait à faire valser le vide.
La mélodie était heureuse, jeune, entrainante et inconcevablement familière. Elle célébrait une naissance, Edward en était certain. Il crut même se souvenir de quelques pas qu’une force mystérieuse le poussa à esquisser. Bien plus maladroit qu’il ne l’était en réalité, il se mis à danser. Le cœur en fête, il ferma les yeux, tournoyant au bras d’un fantôme du passé. De son passé.
Si prêt de se rappeler de cet heureux souvenir, il baissa sa garde et se laissa emporter. La mélodie l’enveloppa d’éclats de rire oubliés et de mots tendres inaudibles. L’odeur de l’herbe fraiche lui chatouilla la truffe, aussitôt rejointe par celle d’un copieux buffet. Le violon à pavillon s’époumonait de joie, encouragé par les percussions enchanté d’un doba.
Il n’était plus seul sur la piste, mais Edward sentait que c’était lui que les moins hardis guettaient depuis les tables bien garnies. Peu lui importait. Le monde entier pouvait s’écrouler tant qu’elle lui souriait.
Plus de rages étouffées entre ses lèvres pincées ou de grimaces réprimées. Elle rayonnait en sa compagnie, jusqu’au bout de sa bouche rose. Ses yeux encore, fuyaient sa mémoire. Bruns ou bleus ? Grands ou petits ? Il espérait qu’une note de plus en raviverait les moindres détails, mais quoi que lointain, un appel de la réalité l’arracha brusquement à son égarement.

Le disque passa au morceau suivant.
Edward ouvrit les yeux et sursauta. Le sol couvert de cotillons était devenu son plafond. Par réflexe, il s’accrocha au lustre d’acier, mais la pesanteur ne sembla pas décidée à le rappeler à lui. On pouvait désormais l’affirmer, cette interlude sonore l’avait mis sens dessus dessous.

Wenhams ? Auriez-vous une minute à m’accorder ?

En attendant le sorcier, Edward analysa les moulures sous ses pieds, puis balaya d’un regard le reste de la salle. Un grand vaisselier arrêta son attention. Il montait assez haut et le loup blanc se demanda s’il ne pourrait pas rejoindre la terre ferme en l’escaladant.
L’idée ne l’enchantait guère. Le meuble se trouvait au fond de la pièce et s’en rapprocher impliquait de s’éloigner du lustre. Si la gravité se souvenait de lui au cours de la traversée, il était bon pour se rompre le cou. Un risque dont le loup blanc se passerait, surtout si l’anglais avait une autre solution en stock, mais on ne lui laissa pas le temps de s’en assurer.

Quelque part, une porte claqua. Un bruit de pas lui succéda, aussi mignon que rapide.
S’évitant un torticolis, Edward profita d’un grand miroir bien orienté pour suivre, tête en bas, la course pressée d’une fillette. Pas plus de huit ans, une robe lilas brodées de dentelles et de rubans en soie, des souliers vernis et surtout une masse de boucles plus blondes qu’un champs de narcisses s’arrêta à son aplomb. Elle leva la tête dans sa direction. Une mèche dorée tombait sur la partie gauche de son visage, mais elle planta sans hésiter son iris visible dans ceux d’Edward. Le motif changeant de sa prunelle le surprit moins que l’air étonné de l’enfant. Poings sur les hanches, elle l’interpela :

Bah ! Qu’est-ce ce que vous faites là-haut ? Boubou et Madame Pouic nous attendent pour le déjeuner.
Si je savais comment descendre, ce serait déjà fait, répliqua calmement Edward après un bref coup d’œil au sorcier.
Hihi ! Ce n’est pas dur pourtant ! C’est comme pour monter, mais à l’envers.
Malheureusement j’ignore comment je suis arrivé là.
Oooh… Alors vous êtes coincé ?
Je le crains.
Mais comment on va faire ? Boubou et Madame Pouic seront tristes si vous ne venez pas…
Vous pourriez peut-être appeler quelqu’un ?
Ah non ! Après on ne pourra plus jouer et je vais encore m’ennuyer…
Dans ce cas, espérons que Boubou et Madame Pouic ne sont pas trop à cheval sur la ponctualité.

Elle gonfla ses joues déjà bien rondes, visiblement embêtée par ce contre-temps. Son attention dévia alors du loup blanc pour se reporter sur l’anglais. Elle n’hésita qu’un instant avant de courir jusqu’à lui. S’arrêtant à un mètre de sa personne, la demoiselle lui fit une révérence polie. Soudain bien plus timide, elle joignit ses mains dans son dos, puis sans oser le fixer, elle glissa gentiment :

Diiiiites… Est-ce que vous voulez bien m’aider ?

Passant d’un pied sur l’autre, elle finit par tourner le dos au sorcier et pointa Edward du doigt.

Moi je peux pas le décoincer, sinon je vais me faire gronder, mais vous êtes grand et fort et très beau, alors je suis sure que vous pouviez y arriver ! Je vais tout vous expliquer !

Elle inspira profondément et pivota à nouveau vers Alexander. Ses joues s’étaient légèrement empourprées, mais cette fois-ci, elle ne se laissa pas impressionner :

Pour commencer, il faut faire le poirier !

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