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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 [Évent] Chasse au trésor - 1891

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Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeDim 24 Juil - 18:34

Splotch. Splotch.

Edward passa une tête dans le couloir des salles privées. Il appela et avec force, puis patienta quelques secondes avant de s’en détourner en grommelant.

Splotch, splotch, splotch.

De l’eau jusqu’au dessous des genoux, son pas pressé l’entraina en direction de la salle de spectacle. Sur sa route, il ramassa un tapis dérivant à la surface de l’étendue noirâtre qui grignotait petit à petit les belles tapisseries de son établissement. Après l’Heure Pourpre et le procès, le sort semblait s’acharner, mais il faudrait plus qu’un peu d’eau pour l’arrêter.

« Bricks, avez-vous vu Jakob ? »

Perché sur le bar, le nain orchestrait en braillant le ballet des artistes et des employés qui tentaient de sauver ce qui pouvait encore l’être. Les allers-retours vers les étages s’étaient multipliés dès le petit matin, vidant en priorité les coulisses et la scène. Le petit bonhomme avait d’abord prêté main forte à ses camarades de galère, mais le niveau ne cessant de monter, Celenna l’avait subtilement cloué à une place surélevée craignant qu’il se noie, car tous seraient trop occupés pour le remarquer.
Depuis Bricks donnait de la voix, même si tout le monde ne l’écoutait pas. Il beugla à Sully de faire attention avec les outils avant de tourner son nez rond et sa grosse barbe trempée vers son patron.

« L’est pas encore arrivé. Avec Paris sous la flotte, ça doit pas être simple de rallier l’cabaret, mais j’ai envoyé la p’tite Ponita l’chercher.
Ponita ?
La rouquine qu’à la queue de poiscaille. »

Épona.
Le regard d’Edward glissa jusqu’à l’arche du hall où le rideau de velours pendait sans souplesse, alourdi par son tissu imbibé d’eau. Il espérait voir le mage le repousser d’un instant à l’autre, mais il demeura désespérément immobile.
Le loup déposa le tapis trempé sur le comptoir, ses pensées tournées vers les bulles qui avait vu remonter par l’escalier menant aux sous-sols. L’état de la cave l’inquiétait. Submergée depuis des heures, ce n’était pas l’image des bouteilles de vins valsant entre le linge et les flacons de l’infirmerie qui l’alarmait, mais l’état de la machinerie magique. Celenna et Sully lui avaient assuré qu’il était inutile de s’inquiéter, mais une dizaine de minutes plus tôt l’éclairage du Lost Paradise avait faibli et son gérant s’était aussitôt mit à imaginer le pire.
Une seconde Heure Pourpre. L’emballement des enchantements, une montée en puissance du moteur ensorcelé, l’énergie qui s’accumule et…

Bam !

Edward sursauta puissamment. Livide, il chercha le regard de Bricks, mais ce dernier lui tournait le dos, observant les portes des cuisines. Un nouveau son sourd s’en échappa, suivit d’une pluie de jurons anglais.
Soupir de soulagement. Le sang glacé du loup blanc recommença à circuler. Il quitta la proximité du chef machiniste pour rejoindre le territoire de Ginger, croisant Pidipince qui fuyait la tempête à bord d’une boîte à sucre vide. Les fesses dans l’eau, trempée jusqu’à l’os, la cheffe cuisinière battait rageusement la surface boueuse de ses poings nus. Autour d’elle flottaient les casseroles et coulaient les couverts. Edward lui tendit la main.

« Il fallait me le dire si vous souhaitiez prendre un bain.
Oh God ! N’en rajoutez pas, pesta-t-elle en écartant son aide. »

Elle se leva, gonflant ses joues rouges de frustration. Elle dégagea d’un geste les mèches trempées qui lui collaient au visage, puis remit sans grand succès un peu d’ordre dans une robe qu’elle avait remontée au-dessus de ses genoux par un nœud habile.
Edward commença à ramasser ce qui voguait entre ses jambes, remarquant après coup leur quantité formidable. Son attention se reporta vers les placards et les tiroirs vides.

« Vous vouliez tout monter toute seule ?
J’en suis tout à fait capable ! J’ai ensorcelé tout ce qui se trouvait dans les tiroirs et sur les étagères. Tout aurait été mis en sécurité si ma robe ne s’était pas prise dans la poignée de ce fichu meuble ! »

Elle l’éclaboussa d’un large mouvement de pied et faillit chuter, glissant sur l’une des cuillères ou fourchettes tombées à l’eau. Edward la rattrapa par le bras et l’aida à retrouver son équilibre. Elle se dégagea, mais sans force cette fois, le visage tourné vers sa cuisine inondée. Le loup blanc perçut de l’inquiétude dans ses doigts crispés et un sourire passa outre l’enfer de ce début de journée.

« Alors comme ça, vous avez besoin de magie pour transporter tout ça ?
Si ce n’est pas votre cas c’est uniquement parce que vous êtes grand, musclé et moitié loup Mister White.
On ne peut rien vous cacher.
Mais puisque vous semblez apprécier les démonstrations de force, vous allez m’aider ! »

Edward avait tout fait pour et tendit les bras avec une mine faussement agacée qui ne trompa que Ginger. Mais au moment d’accueillir la large bassine à confiture ramassée au fond de l’eau, une voix grave l’appela depuis la salle de spectacle. Jakob était arrivé. Le loup blanc n’eut d’autre choix que de s’excuser auprès de la cuisinière, mais il demanda à Bricks de lui envoyer des renforts.
À peine arrivé, le chef de salle avait retroussé ses manches. Tables et chaises furent clouées au plafond, dégageant la voie aux employés affairés. Edward le rejoignit d’un pas aussi rapide que possible, gêné par l’eau et les nombreux obstacles à sa surface. Le mage l’interrogea dès qu’il le vit approcher :

« Y a-t-il des blessés ?
Aucun, le rassura Edward. Votre appartement ?
Je n’ai jamais été aussi content de vivre au cinquième étage.
Écoutez, la cave est complètement inondée et la salle des machines…
Elle est bien au sec grâce à un sortilège, le rassura le mage. Elle tournera au ralenti tant que la situation ne sera pas revenue à la normale. »

Les épaules d’Edward s’affaissèrent de soulagement. Il passa une main sur son visage, puis se reprenant :

« Dans quel état est Paris ?
Ça pourrait être pire, mais ce qui m’inquiète c’est que des Légendaires semblent impliqués.
Dans cette crue ?
Oui. En venant, Épona m’a fait remarquer la présence d’un étrange bateau accosté à la Place du souvenir. Outre qu’il luisait, ce qui est déjà peu commun, c’était un trois mats de belle envergure qui n’aurait jamais pu remonter la Seine sans un peu d’aide.
Je vois.
Vous devriez aller jeter un œil.
Je préfère rester et…
Je sais, coupa très calmement Jakob. Mais votre voix portera plus qu’une autre s’ils ont besoin d’aide. »

Edward soupira. Il acquiesça, remercia Jakob et quitta le cabaret à contre cœur après avoir enfilé une veste.

Non loin, l’Église Saint-Séverin sonna huit heures et demie du matin. Le ciel était blanc, sans être menaçant. Une pluie aurait été pire que tout dans ces rues déjà gorgées d’eau où les parisiens s’affairaient activement malgré la jeunesse du jour. Système D, solidarité et débrouillardise étaient à pied d’œuvre pour écoper ce qui pouvait l’être et venir en aide aux personnes fragiles bloquées dans leurs habitations.
En remontant la rue des Grands-Augustin, Edward remarqua une échelle plaquée contre un mur au sommet de laquelle une fenêtre était ouverte. Au croisement suivant, un groupe de marchands venus sauver sa marchandise, fit une place sur leur charrette à quelques parisiens et à leurs valises tout juste bouclées. Ici un pont de chaises avait été installé, là des planches clouées permettaient de passer d’un point A à un point B tout en restant au sec.
Edward emprunta l’un d’eux pour rejoindre le Pont Neuf dont la courbe s’extirpait fièrement hors d’une Seine boueuse où voguait de rares chanceux propriétaires d’une embarcation. Il se fraya un chemin entre les nombreux curieux agglutinés d’un même côté du parapet, pointant du doigt l’imposant voilier installé au bout de l’île. Son allure décrépie alarmait autant que l’aura étrange qu’il dégageait.
Edward ne s’arrêta guère pour contempler le navire et s’engagea rapidement dans les rues de l’Île de la Cité. Par chance, la surélévation naturelle du lieu l’avait en grande partie épargné de la montée des eaux. La marche pénible et prudente put se changer en une course inquiète et moins de cinq minutes lui furent nécessaires pour arriver à proximité de la préoccupante embarcation.
Jakob avait raison. Son allure cauchemardesque ne laissait aucun doute quant à l’implication de Légendaires.
Le loup blanc s’approcha, reconnaissant ça et là quelques visages familiers. La majorité scrutait le pont d’abordage déployé entre le navire et la place. Sur ses planches mitées rongées par les algues et les coquillages se trouvait ce qui devait être le capitaine. L’homme d’imposante stature discutait énergiquement avec une demoiselle dont Edward reconnut immédiatement le parfum félin.
Elli Loukas avait fait vite. Elle remonta ses lunettes, se tenant droite, froide et stoïque devant le mousquet que son interlocuteur agitait sous son nez. Il beugla et son corps de taureau fit prodigieusement résonner sa voix.

« J’vous dis qu’on partira dès qu’on aura notre trésor ! Vous avez l’serment du Hollandais Volant !
Très bien, soupira-t-elle. Laissez trois de vos hommes m’accompagner et nous vous le rapporteront.
Bien tenté, mais c’est un vaisseau maudit ma jolie. On n’peut pas descendre à terre.
Dans ce cas dites moi où il est. Je n’aurais aucun mal à le trouver.
Haha ! Ça, c’est pas à toi d’décider. C’est à elle. »

Un sourire édenté scia sa barbe broussailleuse, tandis qu’il levait la main au ciel. Quelque chose brilla au cœur de son énorme paume, mais la mauvaise vue d’Edward l’empêcha de savoir quoi. Il s’approcha, au risque de bousculer un peu le premier rang. Il y eut un silence, puis la voix d’Elli se fit de nouveau entendre. Elle se voulait calme et sereine, mais un brin d’excitation perla dans les deux mots qu’elle prononça.

« Une boussole ?
Une boussole magique, ma mignonne. C’est la seule qui sait où c’est qu’est l’trésor. Et c’est aussi elle qui va décider qui s’ra son gardien le temps d’le dégoter. Pigé.
Inutile. Donnez la moi et… »

Elle n’eut pas le temps d’achever sa phrase. La boussole s’éclaira d’un puissant halo bleuté qui surprit la sphynge et la fit reculer. Le capitaine éclata d’un gros rire et couvant l’objet entre ses doigts secs, il l’approcha de son nez busqué, au-dessus duquel se rapprocha deux sourcils aussi noirs et épais que sa barbe.
Dans son dos, les marins fantomatiques s’amoncelèrent en pagaille, attendant patiemment l’heure de vérité. Lorsque l’éclat se dissipa, ils poussèrent le même long « oh » pétri d’impatience. Leur capitaine se redressa. Son regard balaya les quelques courageux amoncelés sur la place et enfoncés dans son crâne, ses deux yeux d’un bleu comme seul l’océan en connait se fixèrent brusquement dans la foule.
Son rire explosa, plus fou et puissant que la première fois. D’un large et théâtral mouvement de bras, il pointa fermement du doigt l’heureux élu.
Edward sursauta. Lui ?
Non. Quelqu’un d’autre, juste dans son dos. Un inexplicable frisson le secoua.
Il se retourna. Son cœur cessa de battre.

Andréa.





Chasse au trésorParis contre vents et marées

Sortez vos palmes, masque et tuba, car Paris fait trempette. Le capitaine du Hollandais Volant est déterminé à ne pas quitter la place sans son trésor, hélas, ni lui, ni ses hommes ne peuvent quitter le bord. Il revient donc à une poignée de parisiens de se serrer les coudes autour de l’heureux élu qui va devoir les guider dans cette tâche compliquée.

Guidé par une boussole magique, c’est sur ce malchanceux que repose le retour à la normale de la capitale. Un petit coup de main ne serait pas de refus !


- - - - - - ⚓⚓⚓︎ - - - - - -


Déroulement de l’événement

Cet évent débute aujourd’hui ! Le déroulement est très simple. Vous postez tous à la suite de ce message, autant de fois que vous le souhaitez et sans ordre particulier. Pas de manche, pas de dés et pas d'interventions de MJ pour cet évent, on part sur du pur RP.


1 - Général

Cet événement compte comme n’importe quel RP et s’ajoute à vos nombreuses péripéties parisiennes. C’est le moment de retrouver vos connaissances passées ou de vous en faire de nouvelles !

Pas de limite minimale de mots. Nous n'imposons pas de limite maximale non plus. Faites selon vos envies et votre inspiration !

2 - Déroulement de l’évent

Actuellement seule Elli Loukas (#fcb9b8) est présente et visible sur cet évent. Son rôle exact n’est pas figé et dépendra des prochains posts. Vous êtes également libres de piocher dans la banque de PNJs si vous souhaitez faire participer d’autres personnages.

Comme indiqué, cette évent ne comporte aucune manche et évoluera en fonction des posts de chacun. Andréa aura un rôle clé qui permettra de ne pas perdre le fil du récit, mais vous êtes libres d’improviser et de vous faire plaisir dans ce Paris aquatique.

3 – Contexte

Cet événement se déroule donc plus de 6 mois après l’Heure Pourpre.

Toutes les rues et boulevards longeant la Seine sont inondés. Le niveau d’eau fluctue, allant des chevilles jusqu’au milieu du buste dans les lieux les plus touchés. L’Île Saint-Louis et l’Île de la Cité ont échappé au pire. La majorité des ponts sont toujours praticables. Les parisiens ont mis en place quelques passerelles en bois pour franchir certains lieux les plus inondés.

Le bateau a accosté sur la Place du Souvenir (ancienne Place Dauphine). C’est là que débute la chasse au Trésor. Vous n’êtes pas obligés de vous y trouver dès le début de l’aventure. À vous de voir comment participer au mieux à tout ça.

Il est presque 9 h du matin lorsque la chasse au trésor débute. Le ciel est gris, mais pour l’instant aucune pluie à l’horizon.

Vous êtes libres d’interagir avec le capitaine qui parle en #a7cf3b. Sachez seulement que lui-même ignore ce qu’est réellement le trésor qu’il convoite.


⚓


Pas de date limite pour poster !
Voyons voir où cette aventure nous mènera !

N'hésitez pas à demander si vous ne pouvez pas poster et que vous avez besoin d'un délai supplémentaire.

Vous pouvez toujours contacter le staff s'il reste des zones d'ombres ou si vous hésitez sur votre post. Il ne faut pas avoir peur de participer et si vous avez le moindre doute, n'hésitez pas à nous contacter. Nous répondrons à toutes vos questions !

Hissez haut matelots !

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeLun 25 Juil - 20:58

7h du matin. Troisième étage. Appartement d’Aldrick dans le 4e arrondissement.

Une odeur de chocolat chaud emplit toute la cuisine. Le loup noir, debout depuis plus d’une heure s’y affairait au mieux pour éviter que le lait ne déborde.

- Dis Aly…
- Hum ?
- Tu as fait exprès d’installer cette fenêtre vitrée au-dessus de ton lit ?

Coup d'œil discret de la brunette dans la chambre où elle avait dormi avec son frère. On y discernait aisément au plafond l’ébauche d’une mezzanine encore en travaux d’un côté de la pièce. Le futur espace, pouvait à peine accueillir une personne voûtée, mais donnait un point de vue sympathique sur une partie du ciel et de la ville parisienne. Le brun était tombé d’accord avec Emilie, sa voisine, pour poursuivre cette étendue chez elle aussi, depuis l’Heure Pourpre et laisser un passage entre leurs appartements. Une trappe discrète qu’ils masqueraient ou non quand tout serait fini, ils n’avaient pas encore décidé, mais ça déboucherait dans l’appartement voisin, sous les combles. Il y consacrait une partie de son temps libre, même s’il n’était pas le plus doué dans ce domaine. Ce qui expliquait qu’une partie de sa bibliothèque se soit vue pourvue de nombreux ouvrages sur la construction.

- Oui. En voyant la verrière chez Archimède et Cigne, j’ai eu envie de quelque chose de similaire.
- Oooh.
- Ça ne te plaît pas ?
- Si, ça agrandit, je trouve. J’ai hâte de voir comment ce sera, une fois fini !
- Moi aussi.
- Ça doit rajouter du froid en hiver. Fit remarquer une vieille dame aux airs de mamie gâteaux.
- Eh bien… Je ne suis pas très sensible au fr-
- Mais ça me rappelle la nuit de la comète. Le coupa t-elle, sans une once de remords, pour la énième fois depuis qu’elle avait trouvé refuge chez lui.
- Oh. Vous y étiez ?
- Oui, c’était nos 60 ans de mariage avec mon chez Hubert, n’est-ce pas, Hubert ? L’octogénaire  s'agrippa amoureusement au bras de son époux.
- Qui est dans le cirage ? Questionna un petit homme voûté, en dirigeant vers eux son cornet acoustique d’une main toujours tremblante, sans avoir tout compris.
- Il reste du chocolat ?
- Dans le tiroir à gauche, Tim. Aldrick servit M.Pichon, complétant son café noir et déposa une casserole chaude sur la table, pour leur petit fils.
- Je m'assois où ? Y a plus de placeee.
- Viens à côté de moi, si tu veux.
- C’est vrai ? Je peux ? Youpiiii !

Eléna partagea bien volontiers la moitié de sa chaise avec le petit roux, une fois qu’il eut posé la boite de chocolat en poudre et Chamallow se fit un devoir d’empêcher l’un où l’autre de tomber en s’allongeant sur eux deux.

- Hihi ! Tu me chatouilles ! Glissa Tim en repoussant doucement la queue qui s’était glissée sous son nez, comme pour lui faire une moustache.
- Qui a la trouille ? Questionna le vieil homme, en arrachant malgré lui un sourire au commissaire.
- Personne M. Pichon. Son regard doré coula sur la femme. J'irai chercher les affaires dont vous m’avez parlé tout à l’heure et je vous laisserais les clefs. Ce n’est pas très grand ici, mais si un autre locataire de l’immeuble a besoin d’aide, n’hésitez pas à le faire entrer. Faites comme chez vous, il y aura sûrement fort à faire partout dans Paris aujourd’hui.
- Je viens avec toi !
- Non, si tu tombes malade toi aussi, je vais en entendre parler pendant des lustres. Je te rappelle que sans ça tu serais avec Sabrina chez vous. Il vaut mieux que t-
- Je veux savoir comment va Andréa !

L’affirmation était sincère, franche et venait si puissamment du cœur, qu’Aldrick l’observa avec surprise ; alors que Chamallow se réfugiait sur Tim, pour ne pas finir par terre. Une lueur puissante naquit au fond des iris émeraudes d’Eléna. Pas une seconde, elle ne fléchirait sur ce point. Le loup noir ne put que soupirer doucement face à tant de détermination.

- D’accord.

Il ébouriffa doucement la tête brune de sa sœur, non sans une certaine fierté malgré tout et la pria d’être prête dès que possible, en choisissant des vêtements les plus adaptés qu’elle puisse trouver. Alors qu’elle disparaissait, il eut tout juste le temps de s’accorder avec Mme Pichon de plusieurs recommandations rudimentaires que l’aîné des Menard, les autres locataires du rez de chaussée, s’extirpait de la salle d’eau avec son petit frère hurlant, littéralement accroché à la jambe, manquant de réveiller leurs parents. Seul un imperceptible soupir de lassitude échappa à l’agent qui s’empressa d'étouffer son besoin de râler en son fort intérieur. Encore un jour de congé qui tombait à l’eau.

* * *

9h10 - Place du Souvenir

- Tu le vois ?

Juchée sur les épaules de son frère, Eléna, exceptionnellement vêtue d’un pantalon que lui avait prêté un des garçons accueillis pour la nuit, scrutait la foule du mieux qu’elle pouvait, analysant le paysage modifié, surprise par tant de présents, elle avait l’impression de chercher une aiguille dans une botte de foin trempée. Elle secoua négativement la tête dans un soupir inquiet, déjà qu’ils l’avaient manqué en se rendant rue de Montorgueil et avaient parcouru une partie de la ville semblable un parcours du combattant... Que feraient-ils s'il avait des soucis ? Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé…

- Il est forcément ici. Ronchonna le loup sans parvenir à calmer son cœur affolé.

Une poignée de minutes auparavant, un intense frisson avait secoué l’imposante carrure d’Aldrick. L’appel de détresse inconscient de son mordu, avait alarmé l’agent, au point de lui faire saisir le poignet d’Eléna sans ménagement, pour la guider au mieux à travers la foule des badauds jusqu’au Hollandais Volant. Mais depuis, le marasme puissant d’odeurs salines qui émanait du navire, mêlé aux différents parfums présents, l’empêchaient de définir avec certitude l’emplacement du louveteau. Un instant, il sembla au commissaire qu’une chevelure rousse qu’il connaissait bien s’était glissé entre deux gentilshommes, mais à peine eut-il ouvert la bouche que la brunette hurla de toutes ses forces :

- ANDRÉA !!!

Sous la surprise, Aldrick tressaillit violemment, glissant sur un des pavés inondés et entraîna en arrière, sa sœur avec lui dans sa chute. Ça allait faire mal !


Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Jeu 1 Sep - 19:54, édité 3 fois
Ouadji Oursou
Who is in control ?
Ouadji Oursou

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeJeu 28 Juil - 3:46

- Mais…

Sans lui jeter un regard, juché sur le bar, Brick lâcha d’un ton sans équivoque : « Allez, ouste ! »

- … d’accord. Répondit à contrecœur le sphinx.
- Et n’oublie pas…
- Je sais, Monsieur Brick.

Le jeune machiniste étira son bras à hauteur de l’eau. Au même moment, un rat couleur cannelle à bord d’une jonque, réplique miniature que gardait Kaito dans ses affaires, s’accosta. D’un geste habile, l’animal sauta sur le membre tendu et monta s’installer dans le cou de l’adolescent. Puis, il entreprit un brin de toilette.

Maintenant qu’il avait récupéré son ami moustachu, Ouadji pouvait partir... En fait, pas tout à fait encore. Il restait deux détails à vérifier avant. Il prit Ratus malgré ses protestations et le déposa dans sa main. Avec l’autre, il s’assura que son mini bonnet était solidement ancré sur sa petite tête. Puis, il examina sa veste de flottaison de fortune, un harnais dont deux bouchons de liège étaient attachés de chaque côté de ses flancs.

- Je sais que tu es bon nageur, Monsieur D’Aragon, mais mieux vaut prévenir que guérir.

Satisfait de son examen, il remit le rat sur son épaule et quitta le cabaret, plus nerveux encore en pensant à sa tâche. Mais à peine sorti, il s’arrêta. Il agrippa les deux cordes de son bonnet où pendouillait un pompon et enfonça un peu plus le tricot sur sa tête. Un long soupir de désespéré s’échappa ensuite d’entre ses lèvres. De tous les employés, pourquoi lui !? Cela faisait un an qu’il travaillait au Lost Paradise, et pourtant, il longeait encore les murs en sa présence. Même depuis la dissolution de la Curia, rien n’avait changé. Alors pourquoi Brick lui avait-il ordonné de le suivre au cas où il aurait besoin d’aide ? Il aurait pu demander cela à un autre, une personne qu’il appréciait sa compagnie. Par exemple, au Dre Keller, aux jumeaux  - Ah non, c’est vrai. Ils avaient quitté – à Celena, à n’importe qui ! Sauf à lui !

Il prit une grande inspiration, déjà résolu à faire une énorme crise d’anxiété avant la fin de la journée, et chercha du regard son patron. Il était parti cinq minutes avant lui, avec l’eau pour le ralentir, il ne devait pas être loin… Au pire, il connaissait sa destination. Il le rejoindrait là-bas. Cette idée le réconforta presque. S’il attendait encore… un peu plus… et non !
Malheureusement, il le repéra, à mi-chemin sur la rue des Grands Augustins.

- Agrippe-toi bien, Monsieur D’Aragon.

Il prit un pas de course, avec l’eau au-dessus des genoux, sa vitesse ressemblait plus à une marche rapide. Finalement, il diminua sa cadence rendu à deux mètres de sa cible. Hésitant à marcher côte à côte, il préféra le suivre à bonne distance. Mais deux mètres, était-ce suffisant pour ne pas être remarqué ? Peut-être que cinq, ce serait mieux ? Dix ? Dix, il risquait de le perdre de vue. Sept virgule cinq mètres, à mi-chemin entre cinq et dix ? Mais calculer sept virgule cinq, ce ne serait pas aisé…
Après un terrible combat intérieur, il décida, encore incertain de son choix, que ce serait cinq.

Il le suivit donc durant tout le trajet jusqu’à la Place du Souvenir. Plus d’une fois, il faillit le perdre, aidant par-ci, par-là des gens dans le besoin. Tantôt, c’était une mamie avec une boite pesante de souvenirs ; tantôt, c’était un homme tombé dans une bouche d’égout, celle-ci dégagée de sa plaque par le flux d’eau anormalement élevée et soudain. Mais il arriva à destination… huit minutes et vingt-trois secondes après White, soit au moment exact où le porteur de la boussole fut désigné.

En réponse au doigt impoli du capitaine et au halo de l’objet, le ciel s’ouvrit en cet instant. Un rayon de soleil transperça les nuages et illumina l’élu. Une voix angélique s’ajouta et s’éleva dans les airs. Elle poussa une note céleste, acclamant le porteur dans sa quête divine. Sans comprendre de quoi il s’agissait, le sphinx remarqua une petite foule agglutinée s’écarter légèrement d’une personne.

- Palsambleu, Deeken ! Arrête ça tout d’suite, rat d’cale sans cervelle ! Cracha le capitaine.

La voix se tut. Le faisceau lumineux disparut. Un rire étouffé les remplaça.

Perdu, Ouadji leva les yeux vers le navire, là où la foule pointait du doigt, et le vit. En haut du grand-mât, le dénommé Deeken se tenait dans une hune, une grosse lampe sourde dans les mains. Le sphinx s’en désintéressa rapidement, plus intrigué encore par l’identité mystérieuse de cet être spécial. Il se tourna à nouveau vers lui. De sa position, il n’arrivait toujours pas à le voir. Il se rapprocha, s’infiltra parmi l’amas de curieux. Le choc fut brutal lorsqu’il reconnut la grande silhouette filiforme de l’ancien homme à tout faire du cabaret. Le connaissant, il devait se sentir petit dans ses souliers avec toute cette attention sur lui.

« Aider le neveu du patron, c’est aider Monsieur White, non ? » Pensa-t-il. C’était peut-être un peu fourbe comme analogie, mais elle eut pour effet de diminuer la boule d’anxiété qui lui dévorait les entrailles. Et c’était suffisant pour égayer cette matinée grisâtre.

Il fit un pas pour le rejoindre, puis un autre. Quand quelqu’un cria « Andréa ! » Il s’arrêta, se retourna et c’est là qu’il la remarqua enfin. Cette femme. Pas celle qui venait d’interpeller le louveteau, mais celle de son honteux passé. Elle se tenait au côté du capitaine, aussi froide et austère que dans son souvenir. Et honnêtement, il aurait préféré ne jamais la revoir. Elle avait ses yeux d’un vert émeraude rivés sur l’élu.
Il sentit ses viscères se nouer à nouveau avec encore plus de force qu’auparavant. Malgré cela, il n’arrivait pas à la quitter du regard, figé par la crainte que le moindre de ses mouvements attire son attention. Il ne comprenait pas cette réaction envers sa propre race. Car il était là le problème. Ce n’était pas elle, mais plutôt ce qu’elle était qui le mettait dans cet état.

Pour la deuxième fois, elle eut un autre mouvement de recul, plus léger. Puis, un point d’interrogation s’afficha sur son visage. Intrigué, le regard du blondinet dévia vers le nouveau centre d’intérêt de la sphinge, le commandant du navire. L’homme agissait soudainement d’une étrange façon. Un rapide coup d’œil sur l’équipage fantomatique confirma son impression. Un évènement anormal se déroulait sur le Hollandais volant. Le capitaine semblait avoir une vive discussion avec quelqu’un… quelqu’un d’invisible. Un moment, il observait un point sur le pont bâbord ; le moment d’après, son regard portait vers le beaupré ; pour ensuite, se diriger vers la barre.

Le capitaine, avait-il lui aussi une force mystérieuse ? Contrairement à Ouadji, pouvait-il la voir et lui parler ? Si c’était le cas, elle semblait désagréable.


Dernière édition par Ouadji Oursou le Mar 2 Aoû - 16:01, édité 1 fois
Valentine Lefevre
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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeVen 29 Juil - 15:56

Assise sur les marches de l'escalier menant du rez de chaussé au premier étage, Valentine observait les hommes s'affairer un peu partout, la tête ailleurs. Alexander était le seul à râler, amusant légèrement la demoiselle. S'il était le seul étranger, il avait beaucoup gagné en "french touch" quand il s'agissait de faire ressortir son agacement. Mais elle ne s'en incommodait aucunement, au contraire, c'était signe qu'il était dans un endroit où il se sentait en confiance et se permettait de s'ouvrir un peu aux autres. Il traversa le hall en tenant un carton gondolé; Arnaud passa en traînant des pieds, tenant un panier surchargé de torchons humides. Puis ce fut au tour de Guillaume, bâillant tranquillement, tout en tenant une tasse de café, se moquant éperdument de la situation.

Au petit matin, ils avaient eu la surprise de découvrir Paris les pieds dans l'eau, tout comme eux lorsqu'ils voulurent voir ça de plus près et qu'ils eurent l'idiotie d'ouvrir la porte d'entrée. Si leur rue avait échappée aux grandes crues et que leur porte était légèrement surélevée grâce à deux marches joliment sculptées, cela n'avait pourtant pas empêché des petites embarcations de fortune de leur envoyer une petite vague qui s'infiltra chez eux. Plus de peur que de mal, aussi ne s'inquiétaient-ils pas plus que cela.
Enfin, sauf Alexander qui s'était agacé du flegme ambiant, craignant de voir le niveau de la Seine monter de nouveau et envahir leur immeuble. Sans compter sur la venue de patients qui allaient très certainement inonder le hall.

Cela faisait déjà plus d'une heure qu'il rouspétait dans son coin, adaptant l'entrée pour que les gens puissent venir sans que l'eau ne s'infiltre dans les autres pièces. Refusant de se servir de ses sortilèges, il s'était acharné sur des serviettes et autres torchons, les transformant en digues de fortune.

La rouquine soupira légèrement. Elle mourait d'envie d'aller découvrir la raison de cette inondation, qu'elle savait magique, mais aucun des hommes ne souhaitaient sortir pour l'instant. Si elle comprenait que les deux médecins voulaient se préparer pour leurs rendez vous du matin, elle en voulait un peu à son oncle de ne montrer si peu d'intérêt à tout cela, lui qui était aussi curieux qu'elle.
Elle le soupçonnait de chercher une excuse pour ne pas se trouver seule avec elle. Depuis la journée endiablée où ils avaient dansé et chanté, il se montrait un peu distant. Elle avait cru avoir rêvé, mais vu la réaction qu'il lui fit en la voyant le lendemain, elle comprit que cela s'était réellement passé. Et si elle avait promis d'attendre qu'il veuille bien tout lui avouer... elle bouillait d'impatience de comprendre !

Leur regard se croisa un bref instant avant qu'il ne détourne les yeux et file dans une des pièces. Bon sang de...
Valentine se redressa soudainement, agacée par l'ennui et remonta les marches en toute hâte vers sa chambre. Elle fouina dans sa garde robe et enfila sa tenue fétiche d'exploration. Elle n'aimait pas l'exposer de jour, mais tant pis, elle prétextera l'avoir emprunté à Alex.
Pantalon, chemise, veste et bottes enfilés, elle redescendit d'un pas rapide.


"Tu sors ?" lui lança Arnaud d'une voix paisible, l'air endormit.

"Je vais me renseigner sur ce qui se passe, je n'ai pas l'intention de rester toute la journée à attendre que ça sèche."


"Ne va pas te mettre en danger, ma chérie..."

La rouquine tourna la tête vers Alexander qui venait d'apparaître sur le seuil de l'une des pièces, bras croisés et sourcils légèrement froncés. Elle lui sourit et secoua la tête, le rassurant.

"Je ferais attention. Dernière chance pour m'accompagner ?" prononça-t-elle en jetant un coup d’œil vers l'ouverture où avait disparu Guillaume.

Mais aucune réponse n'en sortit, froissant un peu la jeune femme qui fit la moue. Elle ne partagea cependant pas ses tristes pensées à son fiancé et prit congé, s'élançant dans la rue inondée.

***

Finalement, il fut bien plus facile de circuler dans la ville, qu'elle ne l'aurait imaginé. Des petits ponts de fortune étaient posés de ça et là pour rejoindre sa destination.
Il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour entendre parler d'un navire étrange sur la place du souvenir. Aussi avait-elle rejoint l'endroit le plus rapidement possible, sautant sans hésiter dans les avenues humides, ses bottes et son pantalon l'aidant pour beaucoup à ne pas se tremper plus que de raison.

Quand elle arriva enfin sur place, elle fut fasciné par le trois mâts brillant. Le Hollandais volant ? Elle avait déjà entendu parler d'un conte de pirates le mentionnant, si elle avait sut qu'il existait réellement, elle aurait emmené son appareil photo.
La jeune femme slaloma entre les badauds venus se renseigner et s'approcha de plus en plus, apercevant une silhouette imposante devant être le capitaine. Au moment où elle s'arrêtait pour tenter de mieux voir, entendant parler d'un élu, un effet lumineux se fit dans sa grosse main et il pointa vers la foule, vers sa direction. Cependant, ce n'était pas elle qui était désignée, mais un individu juste à sa gauche. Tournant la tête vers lui, non sans se dire que ça aurait drôle d'être désignée avec sa dégaine de poulbot, elle resta interdite un petit moment, puis afficha un sourire en reconnaissant le garçon.
Andréa, neveu du patron du cabaret. Elle croisa les bras et ne put s'empêcher de lâcher un petit rire.


"Je crois qu'on va s'amuser, j'adore les chasses aux trésors."

Qu'ils le veuillent ou non, elle avait bien l'intention de participer et allait montrer de quel bois elle se chauffait !
Son regard capta alors, de l'autre côté du jeune homme un visage familier. Elle resta médusée un instant. Loki ?!
Mais avant qu'elle ne puisse l'appeler, une voix cria le nom d'Andréa, la déstabilisant suffisamment pour le perdre de vu. Flûte, les choses se compliquaient un peu, elle espérait qu'il ne soit là qu'en simple civil et non comme journaliste. Elle ne voulait en aucun cas croiser d'anciens collègues...
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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeSam 30 Juil - 5:50

H.R.P:


Le capitaine n’en revenait pas que Deeken avait encore osé faire le coup de la manifestation divine. Avoir su qu’il aurait à les supporter pour l’éternité, il aurait choisi différemment ses hommes.

- En effet, t’aurais dû le jeter à la mer avant d’être maudit, mon vieux.

Surpris par cette voix étrangère, l’imposant commandant fit volte-face. Un jeune rouquin d’une vingtaine d’année l’observait, assis sur un vieux baril à moitié pourri. Des taches de rousseur colonisaient chaque millimètre de son visage à la peau d’un blanc presque cadavérique. Deux iris noisette qui reflétaient une arrogante intelligence étaient braqués dans ceux du capitaine. Son sourire étirait ses minces lèvres, accentuant son air de jeune fendant 1. On pourrait même dire qu’il avait une face à fesser dedans 2.
Il se balançait nonchalant sur un rythme régulier, d’avant en arrière, faisant continuellement cogner ses longues jambes sur le métal du baril. Malgré son frêle gabarit, le maître du navire ne comprenait pas comment son assise tenait encore le coup. Mais surtout, il ne comprenait pas comment il avait embarqué sans qu’aucun de ses hommes ne le remarqua.

- Q… Où est-il ?

Une seconde, il se tenait là ; la seconde d’après, il avait disparu. Un sifflement le héla. D’un virement de tête, il le retrouva, assis cette fois sur le mât de beaupré, ses jambes balayant le vide.

- Attra-
- Ouuuh, t’en as attiré du monde !

Le rouquin se leva avec agilité. Debout, il écarta les bras en signe de croix. Le torse bombé, il laissa la douce brise fouetter ses courts cheveux. Puis, il tomba sur le côté. Agrippant d’une main une amure, les pieds toujours sur le mât, il se vira. Incliné à 45°, il regarda à nouveau le capitaine avec moquerie. Si celui-ci commençait à avoir la moutarde qui lui montait au nez, le jeune l’ignora superbement… ou peut-être s’en amusait-il ?

- Tu serais capable de leur faire le coup du tsunami ?
- Ne me défie pas ! Proféra l’imposant homme, ne répondant pas à la question, mais plutôt à son attitude.
- Oh, quoi !? T’es arrivé jusqu’ici en élevant le niveau d’l’eau de la Seine. Ça serait rien de balayer la Place d’une p’tite vague de… mmh, disons cinq mètres ? On s’amuserait tellement, les voir courir en panique comme de p’tites fourmis !

Le cordage glissa entre les doigts du jeune passager clandestin et tomba, disparaissant de la vue du capitaine… un bref moment. Malheureusement, il réapparut dans son dos.  

- Oh, non ! Mieux ! Et si tu faisais apparaître le légendaire Kraken. Avec ses longs bras, il imita les tentacules du céphalopode attaquant la Place du Souvenir. Ah non, y paraît qu’c’est qu’un mythe. Dommage.

Il s’éclipsa pour une troisième fois et surgit derrière la barre. Il la fit tourner dans un sens, puis dans l’autre, mais il s’en désintéressa rapidement.

- Pour du monde emprisonné sur leur navire. Commença-t-il, se déplaçant vers le Second. Vous l’avez très mal entretenu, tu sais. Ne me sors pas l’excuse que vous ne pouvez pas mettre pied à terre. Avec tous les bateaux que vous avez fait couler, récupérer une planche par-ci, par-là aurait été facile.

Il s’arrêta au côté du Second, lui vola son chapeau sans même qu’il ne bronche et le mit sur sa rousse chevelure. Puis, il se pencha et colla son visage très près du marin, l’examinant sous toutes les coutures.

- Il est surprenant, vous n’avez pas de concombres de mer qui vous poussent sur le corps ou de coraux. Le trois-mâts en est infesté, mais pas son équipage. Devrait-on !? Demanda le rouquin en regardant soudainement l’homme au tricorne, tout excité à l’idée. Sans y laisser le temps, il reprit. Oh oui ! Allez !

Aussitôt, l’apparence fantomatique des marins changea. Ils se transformèrent en jardin de coraux vivants. Il offrit pour son commandant une touche toute spéciale. Ses cheveux tombèrent pour ne laisser qu’un crâne dégarni sous son chapeau. Sa peau vira au rose, presque translucide et gélatineuse. Ses yeux rétrécirent, devenant de minuscules billes noires. Ses lèvres et sa grosse barbe noire disparurent, remplacées par des tentacules buccaux rosâtres qui bougeaient continuellement.

-Tant qu’à être maudit, faites-le comme il faut !

Un bruit sourd explosa tout près. Il résonna sur une longue distance et surprit plusieurs visiteurs sur la Place. Une petite volute de fumée sortit du mousquet que tenait toujours le capitaine, fulminant de rage.

- Oh, mais vous m’avez tiré dessus ! Répliqua le rouquin faussement choqué en passant un doigt dans sa plaie. Quel vilain garnement ! Puis, il fixa son regard dans l’homme cochon de mer et ses lèvres s’étirèrent en un sourire joueur. Mais êtes-vous sûr de m’avoir vraiment touché ? Oups !

Et il disparut.
******

Pendant tout ce temps, pas si loin du trois-mâts, pour ne pas dire tout juste à côté, flottait paisiblement une bouée canard. À son bord, les fesses dans le trou de beigne du volatile, on trouvait confortablement installé le responsable de la morgue. Ses jambes dans l’eau, elles manœuvraient son embarcation afin de rester près du navire.
Où avait-il déniché cette chose flottante aux couleurs d’un jaune criard ? Lui seul connaissait la réponse. Peut-être d’une étrange connaissance ? Mais il aurait pu prendre la version en noire. Au moins, il aurait été sur le vilain petit canard. Plus digne de lui… Aurait-il aussi été préférable « d’emprunter » le pédalo licorne, Sunstar, du parc des Buttes-Chaumont ? Il faut dire qu’il y avait pensé. Par contre, l’idée de pédaler à travers ses kilomètres de canaux et d’écluses juste pour rejoindre le fleuve l’avait découragé.

Mais revenons à nos moutons. Que faisait Ryden à cet endroit précisément ? Il jouait avec l’esprit du capitaine, bien sûr ! Ou plutôt, jouait dans son esprit. Et avec une facilité déconcertante. Il avait cru qu’il lui offrirait une meilleure résistance. Même qu’au départ, il n’avait pas été certain d’y arriver. Mais pourquoi il était là, sur sa bouée, au lieu d’être parmi les curieux ? Parce que c’est un crétin ! Ou peut-être qu’il avait une raison. Pas facile de le savoir avec lui.

H.R.P:
Andréa Eyssard
l Un monstre dans la peau l
Andréa Eyssard

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeDim 31 Juil - 17:13

« Vous êtes sures que ça va aller ?
Très bien ! Ne t’en fais pas pour nous petit loup ! »

Gigi passa son pouce sur le bout de sa langue, puis approcha sa main du visage d’Andréa. D’un geste tendre, elle essuya les miettes de croissant constellant sa joue, puis réajusta consciencieusement le col de sa chemise. Habitué, le louveteau fit peu cas de ces petites attentions, sa concentration étant appelée ailleurs. Ses yeux noisette tournés vers le bas des escaliers, il suivait avec un brin d’inquiétude l’ondoiement d’un châle de soie entre les îlots du mobilier submergé. Il s’échoua lentement contre le dossier tapissé de la méridienne où il prenait habituellement son petit déjeuner.
Le jeune homme s’était réveillé les pieds dans l’eau, avec une belle frayeur qui l’avait, pour une fois, sortit du lit sans tarder. Mais plus de peur que de mal, car Gigi et les filles dormaient toutes au premier étage. Il avait réveillé la maquerelle avec la plus grande timidité, osant à peine frapper à sa porte. Sortie dans un peignoir de satin et plus fraiche que la rosée matinale, la louve s’était plus alarmé de l’état de stress de son petit protéger que de celui de son rez-de-chaussée. Le drame de l’inondation avait été balayé d’un rire charmant et de la soudaine certitude que ses meubles devaient tous être changés.
Malgré tout, l’inquiétude n’avait pas quitté Andréa qui soupira.

« Je devrais peut-être rester… Si l’eau redescend vous aurez besoin d’aide pour tout débarrasser.
Ne dis pas de bêtises mon chou, le gronda gentiment Gigi. Tu ne t’absentes qu’un moment, le temps de t’assurer que tout va bien au cabaret. J’aurais volontiers appelé ton oncle, mais toutes les lignes sont coupées, alors tu vas devoir y aller à pieds. Et puis tu vois bien qu’on est en sécurité ici. Pas vrai les filles ? »

Une volée de colombes s’anima dans son dos. Debout sur le seuil de leur chambre, les oiselles encore drapées de leur blanche tenues de nuit piaillèrent de joyeux encouragements. Gigi leur adressa un regard amusé, puis de tournant vers Andréa, ses iris émeraude appuyèrent le silencieux « Tu vois » qui bordait ses lèvres. Le cœur du louveteau se réchauffa, ses joues avec, rehaussées par le réveil d’un grand et beau sourire.

« Merci ! »

Il enfila sa gavroche de toile et dévala l’escalier quatre à quatre. Aucune hésitation à mettre les pieds dans l’eau, quoi qu’il fit attention à ne pas éclabousser ce qui était encore au sec. Un, deux, trois pas. Andréa trébucha.
Prenant garde aux rides que le temps essayait de creuser sur sa peau blanche, la louve ne fronça qu’imperceptiblement les sourcils.
Non… Elle n’avait aucune raison de s’inquiéter. Pas vrai ?


* * *


« Andréa ! »

BANG !

La puissance de la détonation n’égala en rien le silence qui suivit.
Les yeux clos, le cœur en vrac, l’image du mousquet braqué sur lui imprimée dans sa rétine, Andréa vacilla. Une poigne solide et familière le rattrapa et le maintint sur pieds. Une autre, plus vague et plus incertaine, entoura son bras maigrelet. Des voix s’élevèrent, mais la terreur qui inondait encore l’esprit du jeune homme envoya chaque mot se fracasser contre les récifs de l’incompréhension.
Puis lui revint le souvenir de son prénom crié d’une voix qu’il n’était plus sûr de connaitre. L’appel fut aussitôt recouvert par le son sa propre respiration. Bruyante et erratique, elle l’alarma. Il ouvrit les yeux. À l’obscurité succédèrent des formes floues et colorées à l’exception de son propre corps. Ses mains palpèrent frénétiquement la moindre parcelle de son buste fin, puis remontèrent, tremblantes, dans son champs de vision troublé. Paume et doigts immaculés.
L’absence de douleur le frappa enfin et péniblement, l’esprit d’Andréa s’arracha à la torpeur protectrice dans laquelle il avait sombré.

« Oups.
Rangez toute de suite cette arme ! »

Le louveteau leva la tête en direction des éclats de voix. Toujours rapide, son souffle commençait à retrouver assez de régularité pour apporter à son organisme l’oxygène nécessaire à sa lucidité. Il vit distinctement les doigts de la demoiselle traverser le mousquet que le capitaine avait levé devant son large nez.
Le colosse fantomatique fixa le canon encore fumant avec une intense perplexité. Ses paupières sèches et ridées se plissèrent, transformant ses profondes orbites en deux fentes suspicieuses. Sans tenir compte de la froide tempête rousse qui soufflait à proximité, il fureta à droite, puis à gauche, à la recherche d’une chose qu’il ne sembla pas trouver. Coup d’œil pour ses hommes qui le scrutaient avec embarras, puis plongé dans ses pensées, l’immatériel pirate passa sa main cadavérique dans la noirceur de sa barbe.
Ses soucis disparurent en même temps que ses sourcils froncés. Un grand sourire revint sur son visage parcheminé et il rit de bon cœur en frappant son énorme poitrail :

« Haha ! Je préfère ça ! Les capitaines poulpes, c’est beaucoup trop clichés !
De quoi est-ce que vous parlez Capitaine Fokke, s’impatienta son interlocutrice.
Rien qui soit vos oignons ma mignonne, répondit-il en rangeant enfin son arme à feu. Bon ! Elle ramène ses miches ici la grande ficelle ? »

Andréa sentit le loup se blottir au fond de son cœur et il sut immédiatement que ses jambes refuseraient d’avancer. Il déglutit et eut l’impression d’avaler du verre pilé.

« Pas question, interrompit la jeune femme. Ce garçon est encore plus livide que vous. Vous l’avez terrifié en lui tirant dessus. Donnez-moi la boussole et je la lui remettrais.
Moooh ! C’était qu’un p’tit coup d’feu d’rien du tout !
La boussole, capitaine. »

L’impatience aride de la demoiselle fit grommeler le forban et glousser tout son équipage. Mais il dut convenir qu’il n’était pas dans leur intérêt de traumatiser davantage celui qui avait été désigné pour leur rapporter le gros lot, car il finit par céder.
D’un geste brusque, il déposa le petit coffret dans la mains tendue par son interlocutrice.

« De toute façon, c’est l’seul qui pourra l’utiliser, alors pensez même pas à la piquer ! »

La demoiselle roula des yeux et haussa les épaules. Ramassant le sobre drapé de sa longue jupe vert-d’eau, elle tourna les talons et quitta la passerelle du Hollandais Volant sans un regard en arrière.
En la voyant approcher, Andréa se sentit d’abord soulagé, mais la poigne forte et rassurante demeurée sur son épaule s’effaça et s’éloigna, lui laissant au cœur l’amertume d’un profond regret. Le garçon n’osa pas remercier son oncle, ni le regarder. Le brassard pourpre qu’Edward portait au bras lui avait rappelé qu’ils n’étaient pas censés se côtoyer.
L’habituelle chaleur de son sourire l’avait quitté lorsque l’inconnue se présenta. Elli Loukas, haute fonctionnaire en charge de la réinsertion des Légendaires. Quelques remarques désagréables fusèrent, mais toutes rebondirent sur la jeune femme aussi surement que si elle avait été faite de glace.
Andréa la dépassait d’une bonne tête. Elle lava ses yeux d’un vert très clair vers les siens et sembla instantanément chercher à le sonder tout entier ; puis levant la main :

« Tenez. »

Une petite boîte sombre termina au creux de sa grande et fine paume.
Malgré quelques entailles, le bois d’ébène patiné par les années n’avait rien perdu de sa superbe. Aucune gravure, ni aucun signe distinctif ne laissait deviner l’origine du boitier verrouiller par un banal petit loquet. Andréa le fit sauter et ouvrit le coffret.
Elli remonta ses lunettes et se pencha près de lui avec le plus grand intérêt. Son regard et celui du louveteau s’écarquillèrent, mais si le second débordait d’étonnement, celui de la fonctionnaire suintait d’une formidable curiosité. Elle tendit la main, avant de se raviser. Andréa ne remarqua pas le regard qu’elle lui lança, complètement décontenancé par l’artefact qu’on venait de lui confier.
Scellée à un confortable petit socle de velours bleuté, une petite flèche d’argent flottait aléatoirement dans une demi-sphère remplie d’une eau phosphorescente. Aucune trace de l’habituelle rose des vents et aucun cap clair ne leur était donné. Le pointe métallique se contentait de dériver en rythme avec la houle provoquée par les tremblements du louveteau.
Il balbutia avec angoisse :

« Ça… Ça n’a pas l’air de fonctionner…
Concentrez-vous, conseilla Elli. Tout Paris compte sur vous. »

Un coup de poignard en plein cœur l’aurait davantage aidé. Andréa vit ses épaules s’affaisser sous le poids d’une responsabilité non désirée. Il commença à sérieusement s’inquiéter de ce qui leur arriverait s’il ne parvenait pas à faire fonctionner la boussole. Combien de générations faudrait-il avant que tous ne développent des capacités amphibies ?
Un claquement de doigt près de son oreille le ramena à la réalité. Il sentit ses joues encore blanches se réchauffer lorsqu’il aperçut en coin le regard réprobateur de la fonctionnaire. Le louveteau porta une fois de plus son attention sur le cadran.
Il devait impérativement trouver comment libérer Paris.
Tandis qu’il fixait l’aiguille qui voguait, un picotement commença à lui chatouiller le bout des doigts. La sensation remonta jusqu’à sa nuque sur laquelle il crut un instant sentir des griffes se refermer, mais sa concentration s’était perdue sur l’ondoiement de la flèche argentée et l’esprit à la dérive, Andréa se mit à marmonner :

« Écoutez l’histoire du plus rapide des trois-mats. Celui qui, se moquant d’une tempête, un beau jour sombra.
Qu’avez-vous dit ? Questionna Elli. »

Le jeune homme cligna des yeux.

« J’ai parlé ?
Vous venez de marmonner quelque chose.
Je… Mais son attention ayant glissé sur la boussole, Andréa s’étonna. Regardez, l’aiguille s’est figée. »

Elli hésita, puis remontant ses lunettes, elle s’intéressa de plus près à la direction indiquée. Ses traits pensifs laissèrent clairement deviner les multiples possibilités qu’elle analysait. Finalement, elle indiqua :

« D’après ce que je vois, il va falloir traverser la Seine en direction du premier arrondissement. Avec un peu de chance, ce qu’on cherche se trouvera à la Samaritaine.
Le grand magasin ? »

Un évident « Quoi d’autre ? » brilla au fond des prunelles de la rouquine. D’abord honteux, Andréa fut prit d’une inhabituelle colère qu’il eut du mal à refouler. Ses doigts se crispèrent sur le boitiers et ses sourcils se froncèrent, le jeune loup ne pipa mot. Il secoua la tête pour chasser ces désagréables pensées.

« Partez devant, lui annonça Elli. C’est à vous de me guider.
M-Mais… Et les autres ? »

Elle observa avec désapprobation les curieux qui les entouraient. Visiblement quelques parisiens étaient déterminés à les aider. Il était évident que cela lui déplaisait, mais Elli préféra l’action au temps perdu en pourparler. Elle haussa les épaules et Andréa fut grandement rassuré de savoir qu’il ne traverserait pas la capitale en tête à tête avec elle.
Bon gré, mal gré, il tourna le dos au Hollandais Volant sur le pont duquel les marins leur faisaient de petits « au revoir » en agitant leurs mouchoirs crottés.
Le louveteau remonta d’un pas mal assuré jusqu’à la sortie du Pont Neuf où les attendait de nouveau boulevards et rues inondés. Une embarcation ne serait pas du luxe pour arriver à destination en sécurité, mais toutes avaient l’air avidement convoitées. Certaines au mépris même de la loi.
Du côté du quai du Louvre, un vieux pêcheur en faisait les frais. Venu s’assurer que sa barque ne risquait pas de dériver, il s’était fait alpaguer par un groupe de marins d’eau douce entassés sur un bateau d’aviron. L’un de ces pirates improvisés avait clairement la nausée et se tenait au bord de leur embarcation avec l’angoisse de voir remonter son petit déjeuner, mais ses comparses demeuraient déterminés à mener à bien l’abordage et la conquête d’un moyen de locomotion dont ils tireraient un excellent prix.
Comprenant ce qui se passait, Andréa dévia de la direction indiquée par la boussole pour venir en aide à l’inconnu, mais Elli l’arrêta aussitôt.

« Vous restez-là. S’il vous arrive quoi que ce soit à vous ou à la boussole, on ne pourra pas réparer les dégâts.
Mais… »

Quelque chose lui souffla qu’elle avait raison. Après tout, cette situation ne le concernait en rien et il avait déjà fort à faire avec la libération de la capitale. Il était l’élu et ce n’était plus à lui de s’occuper de ce genre de trivialité.
Un frisson saisit le louveteau. Il secoua la tête et balaya avec dégout cette égoïste pensée. Si seulement il trouvait un moyen de convaincre Elli…

« Eh vous ! S-s’il vous plait ! Venez m’aider ! Je vous conduirez où vous…
Tch… Grouillez-vous, il va rameuter tout le quartier.
Non ! Cette rame est à moi, ne la touchez p- »

BAM !

Le bout de bois ripa des doigts de l’ancien qui se prit son plat de plein fouet. Sonné, il bascula, tomba à l’eau et disparut sous sa surface. Le niveau ne devait pas dépasser la hauteur des genoux, mais elle était si trouble qu’on ne vit rapidement plus le corps du malheureux.

« Bon sang, tu l’as tué ! S’exclama le nauséeux.
C-C’est sa faute… Il…
Tirons nous les gars ! »

De nouveau Andréa chercha à faire un pas, mais Elli l’en empêcha en empoignant fermement son bras. Se dégager aurait été une formalité, mais le louveteau craignit de lui casser tous les doigts. Il voulut protester, mais elle le coupa.

« Vous et vous, sortez ce pauvre homme de l’eau. Vous empêchez les embarcations de dériver et rapprochez les d’ici. Et vous deux, ne laissez pas filer cette bande d’idiots. »

Elle se tut une seconde, puis remontant ses lunettes.

« S’il vous plait. »


* * *


Pendant ce temps, non loin de là, un pigeon mâle un brin préoccupé décida de s’élancer afin de se débarrasser d’un potentiel rival. Il se posa sur la grosse tête jaune et molle de ce dernier, sans qu’il paraisse s’en alarmer. Parfait. L’effet de surprise lui permettrait de l’emporter avec efficacité. Un coup de bec bien placé et ce fier concurrent se mit à pousser un long cri d’agonie.

« Pschiiiiiiiiiiiiiiiiiit… »


H.R.P:
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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeJeu 4 Aoû - 21:04

Aider un vieil homme, amarrer des embarcations ou courir après des crapules, le choix ne fut guère difficile pour le jeune sphinx. En fait, il avait décidé bien avant que ces options ne lui soient imposées. Dès qu’il entendit les appels à l’aide, il s’élança. Telle une gazelle traversant une rivière, il courut le plus vite que le niveau de l’eau lui permit, éclaboussant au maximum tout ce qui l’entourait, lui y compris… surtout lui.  
Mais lorsqu’il rejoignit la dernière position connue du vieux pécheur, il avait coulé. Booster à l’adrénaline, toutes ses pensées furent dirigées sur l’homme en détresse. Il oublia son patron, qui, il le savait, n’était pas très loin, la sphinge qui ne semblait pas vouloir quitter l’élu, ainsi que tout le reste.
Il s’immobilisa, balayant du regard la surface de l’eau trouble. Sa respiration était courte et rapide. Ses iris orangés ne s’arrêtaient que brièvement pour repartir aussitôt. Il cherchait des bulles, une tignasse grisâtre, un indice quelconque de sa présence. N’importe quoi. Mais il ne voyait rien. Absolument rien. Ce qui était mauvais signe.
Il sentit soudain une présence dans son dos. Sans se retourner, il laissa Ratus lui indiquer s’il s’agissait d’une menace ou pas. Son ami moustachu fit face au nouvel arrivant. Debout sur ses pattes postérieures, la boule de poil huma l’air. Ses petits yeux noirs, braqués dans ceux du nouveau, l’analysaient, le défiant presque d’un air protecteur. Puis, il se remit sur ses quatre membres, s’installa sur l’autre épaule et enroula sa queue autour du cou de l’adolescent. Rassuré par son comportement, le blondinet enfonça ses mains dans l’eau. Si ses yeux ne lui étaient d’aucune aide, peut-être ses mains réussiraient là où le reste avait échoué jusqu’à présent.

Finalement, elles touchèrent quelque chose.

- Aidez-moi ! Je crois que je l’ai.

Une tête sortit. C’était bien le pécheur, toujours inconscient. Maintenant, il ne restait plus qu’à le mettre hors de l’eau et à lui prodiguer les premiers soins.
Edward White
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Edward White

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeSam 6 Aoû - 22:45

Edward n’aimait pas ça.
Il n’aimait pas ces pirates, il n’aimait pas cette boussole et par dessus-tout, il détestait que son neveu se retrouve au milieu de ce panier de crabes. De tous les parisiens présents, il avait fallu que ça tombe sur le louveteau. Pourquoi ? « Pour le bien de l’intrigue », lui répondrait un narrateur averti, mais ronchon, le loup blanc n’en aurait eu que faire.
Trainant des pieds à l’arrière, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon, le lycanthrope suivait le mouvement en rongeant silencieusement son frein. Jamais son brassard pourpre ne l’avait dérangé, mais à présent il lui sciait littéralement le bras. Rester loin, se faire discret. Tout lui, quoi.
Heureusement, le Point Neuf fut rapidement dépassé et la Samaritaine approchait. Si Mademoiselle Loukas avait vu juste, un peu de lèche vitrine les débarrasserait du Hollandais Volant et de son maudit équipage.
Edward voulut presser le pas, mais un appel à l’aide interrompit prématurément leur course. Andréa chercha à intervenir, mais Elli le retint. Une petite tête blonde fila alors en direction de l’altercation, devançant les injonctions de la Sphinge. Le loup blanc reconnut immédiatement son employé dont l’odeur lui avait été masqué par le vent qui soufflait dans leur dos. Qu’est-ce qu’il fichait hors du cabaret ? Impossible de le lui demander. Sans hésiter, l’adolescent s’élança dans l’eau et levant au mieux ses courtes jambes, il gagna le point de chute du pêcheur. Edward lui emboîta immédiatement le pas.
Il atteignit Ouadji à l’instant où le jeune homme parvenait à ramener le vieil homme inconscient à la surface.

« Tiens le bien ! » Recommanda Edward en prenant le machiniste sous son bras.

De sa main libre le loup blanc agrippa le bout de la barque que le trio tentait de remorquer. La retenir fut un jeu d’enfant, mais le plus amusant restait à venir.
Geste large et puissant. Edward tira de toutes ses forces l’embarcation et l’attelage complet fit brusquement marche arrière. S’il retint le navire de pêche, l’aviron des escrocs n’eut pas cette chance. Emportés par leur formidable élan, ils heurtèrent si violemment le mur submergé de la berge que le bateau se souleva vers l’avant. Installé à la place du barreur, le nauséeux effectua un superbe vol plané qui s’acheva par un plat magistral. Personne ne le vit émerger, mais ses acolytes oublièrent de s’en inquiéter.
Encore déboussolés, hurlant l’un contre l’autre sans s’écouter, tous deux se mirent à ramer sans se coordonner. Dans une désorganisation totale, ils éclaboussèrent tout ce qui se trouvait à proximité.
Edward se prit une brassée de flotte qui le fit tousser. Les mains prises, il renonça à les étrangler et s’occupa d’une autre priorité. La barque stabilisée, il la lâcha et réajusta aussitôt son étreinte autour du buste de Ouadji. De l’autre main il attrapa le veston du gros poisson tenu par le sphinx.

« Accrochez-vous tous les trois. »

Oui trois. Il ne voulait pas perdre Ratus d’Aragon dans la manœuvre.
Abusant de sa haute taille et de sa force herculéenne, Edward hissa le jeune homme et sa prise hors de l’eau. Il les déposa au sec, dans la barque, à laquelle il donna une légère impulsion. Le valeureux navire fendit la surface sombre de la Seine et glissa docilement en direction des quais. Le lycan espérait qu’une âme charitable récupèrerait Ouadji et l’aiderait à s’occuper du blesser.

Il les rejoindrait dès qu’il saurait dans quoi son pied gauche venait de s’empêtrer.


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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeDim 7 Aoû - 6:00

- Et ça se considère un vieux loup de mer ! Il ratisse les bas-fonds des océans depuis une petite éternité et il ne fait pas la différence entre un poulpe et un scotoplane. Je savais, j’aurais dû lui rajouter dix gros podions ainsi que quatre papilles dorsales. Hmm… il aurait peut-être aussi fallu le faire respirer par son anus.

En grande réflexion existentielle, Ryden flottait toujours près du navire quand un pigeon atterrit sur la tête de son embarcation. Persuadé qu’il s’en irait rapidement, le démon lui jeta à peine un regard… jusqu’à ce qu’il entende le fameux « Pschiiiiiiiiiiiiiiiiiit… »

- Ah, dégage stupide pigeon !

Il aurait très bien pu obliger l’oiseau à coincer son bec dans le trou afin de colmater la brèche, mais la dernière fois qu’il avait pénétré l’esprit d’un volatile, il avait passé une semaine à avoir des envies des graines. Depuis, il préférait éviter.

Sentant son canard dégonflé à vue d’œil, il repéra un petit interstice dans la cale du vaisseau fantôme. En indigne capitaine, il abandonna son navire pneumatique et entra dans la légendaire épave. À l’intérieur, il se faufila, montant les étages, les uns après les autres, jusqu’à atteindre le pont. Mais avant d’accéder au pont principal, il sortit lentement la tête à l’air libre et chercha l’équipage.
Heureusement, ils étaient pratiquement tous au niveau du gaillard avant, dos à lui, occupés à brandir leur mouchoir en signe d’au revoir. Ryden profita de cette petite distraction pour continuer sa route. Il se dirigea vers le hauban tribord du grand-mât et y grippa. Il dépassa la grande voile, puis les grands huniers et s’arrêta à la hune du grand perroquet, un petit arrêt obligatoire avant d’atteindre son but.

Inconscient de qui se trouvait sous ses pieds, Deeken observait le porteur de la boussole s’éloigner avec l’espoir de tous les marins du Hollandais Volant. Il chantonnait une complainte, La complainte du Hollandais.

"Ange du ciel, messager d’espérance,
Qui du salut m’a montré le chemin,
En m’annonçant un jour de délivrance,
T’es-tu raillé de mon cruel destin ?"

- Monsieur Deeken.

Dès qu’il entendit son nom, la vigie se figea. Avalant de travers en reconnaissant la voix du capitaine, il alla au bord de sa hune, hésitant, et se pencha légèrement. Les deux hommes s’observèrent un bref instant. Le matelot sut en voyant le sourire édenté de Fokke qu’il n’allait guère aimer la suite.

- La cale aurait besoin d’un bon nettoyage et tâcher de bien frotter. Intérieur et extérieur.
- Oui, Capitaine.

Il se redressa et lâcha un « Merde » ainsi qu’un ou deux jurons dignes des gens de la mer. Puis, il descendit de son poste d’observation. Il passa devant le démon. Leurs regards se rencontrèrent sans que celui-ci ne le vit réellement et continua sa descente jusqu’à disparaître dans les étages inférieurs.

Maintenant qu’il s’était débarrassé de la vigie, Ryden prit l’apparence du marin ainsi que sa place. De sa hauteur, il avait une vue impressionnante de la ville. D’un côté, il voyait la Dame au dos courbé ; de l’autre, la fière et imposante Notre-Dame de Paris qui appelait ses ouailles à trouver refuge et réconfort en son sein. Il se tourna encore, le sanctuaire des arts et de l’Histoire, autel du Roi de la danse, apparut. Puis, son regard dévia un peu plus sur la droite. La petite troupe d’aventuriers à la conquête de la ville inondée frappa sa rétine. Ils avaient traversé le pont et restaient immobiles. Ils avaient l’air de fourmis indécises. Soit leur « meneur » ignorait comment utiliser une boussole, soit quelque chose interférait dans leur quête. Mais soyons honnête, est-ce que Ryden s’intéressa à eux ? Absolument pas. Enfin, un peu, mais ils auraient tous pu être frappés par un raz-de-marée qu’il n’aurait pas dénié leur offrir plus d’attention.
Au lieu de cela, il s’assit sur le bord de la plateforme, les jambes dans le vide, et attendit son heure.

Une minute passa, et une autre. Plusieurs marins vaguèrent à leur occupation, quelques-uns continuèrent à suivre le louveteau, mais celui qui l’intéressait était leur chef.

- Monsieur Theat, le pont est à vous, dit-il à son Second avant de disparaître dans sa cabine.
- Oui, Capitaine.

Enfin, c’était le moment ! Ryden fit craquer ses doigts, impatient de mettre à exécution son plan plus qu’improvisé.

La porte de la cabine s’ouvrit de nouveau, le Second, n’ayant pas fait deux pas, se retourna. Son commandant,un grand sourire sur le visage, lui dit :

- Ah et tirez leur dessus. Avec les canons.
- Quoi ?! Hoqueta Theat.
- Nous avons peut-être l’éternité devant nous, mais faisons leur comprendre que notre patience à des limites. Voyant son subalterne figé, il rajouta d’un ton ferme. Maintenant !
- Tr-très bien, Capitaine...

Fokke retourna dans sa cabine. Il fallut deux-trois secondes au Second pour reprendre ses esprits. Leur chef était un homme capricieux avec parfois d’étranges demandes, mais cette fois-ci, il avait atteint le summum. Mais les ordres étant les ordres, il fit face aux marins et parla d’une voix forte.

- Vous avez compris le Capitaine. Tout le monde aux postes de combat.

Les hommes se retournèrent, surpris. Plusieurs échangèrent des regards interrogatifs. Quelques-uns froncèrent leurs sourcils d’incompréhension, d’autres murmurèrent leur questionnement. Finalement, un mousse posa la question que tous avaient sur le bout des lèvres.

- Quelle est la cible, Monsieur ?
- Eux. Répondit le Second, en pointant du doigt leurs chasseurs de trésors.

Tous les visages suivirent le doigt fantomatique. Si l’incompréhension régnait auparavant, elle était maintenant remplacée par l’incertitude. Personne n’osa bouger. On pouvait lire sur leur expression la même phrase « C’est quoi se délire !? » Finalement, le quartier-maître sortit de sa torpeur. Ils n’étaient pas là pour questionner les ordres, mais pour les suivre.

- Vous avez tous entendu ! Aux postes de combat ! Immédiatement ! Si le Capitaine exige qu’on les canarde, c’est qu’il a ses raisons de le faire.

De sa tour d’observation, Ryden vit les marins s’activer. Certains préparaient les canons sur les gaillards tandis que d’autres transportaient les munitions. Souriant devant leur préparation, il ne lui restait plus qu’à distraire l’homme dans sa cabine. Ce serait le comble s’il venait saboter son merveilleux plan, en entendant les tirs de canon.

****
Occupé à écrire dans son journal de bord, Fokke lâcha sa plume lorsque sa main se transforma en podia d’un rose presque translucide. Surpris, il constata d’autres excroissances tubulaires sur son imposant corps. Comprenant ce qui se passait, il laissa échapper un grognement. Puis il se leva d’un bond, renversant sa chaise, et frappa d’un puissant coup son bureau. Le bois à moitié pourri du meuble craqua, mais résista au choc. Levant le regard, le légendaire pirate le vit. Le rouquin l’observait, nonchalant, dans un coin avec son arrogant sourire.

- Attention, vous allez briser votre précieux mobilier.

Furieux, le capitaine s’élança vers l’indésirable parasite. Mais celui-ci disparut juste au moment où il l’atteignit. L’homme tentaculaire se retourna. Il retrouva le jeune insolent, penché, derrière le bureau, à lire les papiers qui trônaient dessus. Il leva à peine le regard lorsqu'il reprit la parole.

- Tu sais, tu m'as déçu. Un poulpe ! Ne connaissez-vous pas vos concombres de mer ?

Il marqua un silence, déplaça des papiers, puis reprit d’un air sérieux :

- Est-ce vrai que tu as pactisé avec le diable ?
- En quoi ça vous concerne ?

Le rouquin abandonna sa lecture et le regarda cette fois-ci dans le blanc des yeux.

- Il parait que Satan est un très grand fan du Roi de la danse, un certain… en fait, on s’en fout de son nom. L’important est, il se trouve que je connais justement quelqu’un qui détient son autographe. Le Diable tuerait pour l’avoir ! Dans votre cas, il vous offrirait certainement votre liberté…
- Comment le savez-vous ?

La voix de la grande perche derrière le bureau devint plus caverneuse, plus menaçante. Même les ombres semblèrent soudainement plus oppressantes.

- Ooooh, ne m’insulte pas, en plus de m’avoir déçu ! Tous les démons sont au courant de ce fait.

L’air devint moins étouffant. La tignasse rousse retrouva son ton de jeune fendant. Son sourire étira encore plus ses minces lèvres.

- Oublie ta boussole. N’as-tu pas compris depuis le temps qu’elle ne fait que te mener en bateau ? Ma connaissance serait prête à échanger son inestimable trésor contre un petit quelque chose de votre part…

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeLun 8 Aoû - 22:51

Il semblait que la folle aventure allait commencer pour un petit comité qui s'était mit en tête de suivre le pauvre Andréa. Évidemment, Valentine en faisait parti et, après un remue ménage et une étrange prophétie lâchée par mégarde pour le jeune homme, ils s'éloignèrent de la place.
Avant de leur emboiter le pas, la jeune femme tourna la tête vers l'assemblée, cherchant un visage familier, mais avant même de le repérer, une autre tête s'afficha dans son champ de vision et croisa son regard, la faisant grimacer.

Un ancien collègue du Dandy se trouvait bel et bien sur place, pour son plus grand malheur. Il la reconnu et, au lieu de l'ignorer comme ils faisaient d'ordinaire dans la rue quand ils la croisaient, lui fonça presque dessus, un sourire malsain sur les lèvres.


"Mais ne serait-ce pas cette chère Lefevre ?! On peut dire que ta présence ici n'est pas une surprise compte tenu de ton amour inconditionnel pour les choses étranges et aussi sordides que tes petits amis du musée des horreurs. Mais dis moi, il parait que tu n'es toujours pas mariée avec le monstre qui te sers de fiancé ? Tu regrettes déjà d'avoir souillé ton âme et dit oui ?"

"... Toujours aussi insupportable, Cordier. Qui te dit que la date n'est pas déjà fixé mais qu'on a l'intention d'organiser ça loin des gens toxiques comme toi ? Si tu crois que je n'ai pas vu votre petit manège, tu en sais beaucoup trop pour que cela soit sans arrière pensée. Va donc enquiquiner quelqu'un d'autres et si possible, noies-toi en route. Un détritus de plus ou de moins dans la Seine, ce n'est pas ça qui va choquer la foule."

"Ah ah ah ! Toujours aussi charmante que mordante. Mais vois-tu, je suis persuadé qu'en te collants aux basques, j'obtiendrais mille fois plus d'informations gênantes sur "vous" qu'en restant ici."

"Vraiment ?" Elle jeta un œil vers les personnes s'éloignant avec Andréa et son regard s'arrêta sur la grande silhouette du directeur du cabaret. "Personnellement, si j'étais un anti-légendaire, j'y réfléchirais à deux fois avant de "coller aux basques" d'un loup-garou, qui a l'air méchamment sur les nerfs.

En réalité, elle ignorait si Edward était de bonne ou de mauvaise humeur, elle jouait beaucoup sur le bluff en espérant que sa simple présence ne dissuade l'andouille. Et cela eut l'air de fonctionner. Il suivit le même chemin qu'elle et se figea en le reconnaissant. Il fit une grimace d'agacement, sa fierté de coq fondant dans l'idée d'être réellement au contact d'un légendaire, encore plus un connu dont la force n'était plus à prouver.
Elle croisa les bras et laissa échapper un sourire sardonique, le défiant. Évidemment, il prit la mouche et se mit à pester, commençant à énoncer l'idée de la retenir ou de se servir d'elle comme bouclier. L'idée que ce crétin ne s'approche d'elle l’énerva, se sentant prête à le faire tomber dans la flotte, quand une personne s'approcha et interrompit son numéro de grincheux.


"Je vais y aller, Cordier. Je n'ai pas peur de les côtoyer. Tu pourras interroger les personnes présentes ici en attendant."

"Ah te voilà enfin, toi ! Et dire que j'ai faillit me laisser convaincre de m'approcher de ces choses ! Tu as intérêt à récupérer le plus d'informations compromettantes possible !

"Bien entendu." répondit l'homme en soupirant légèrement.

"Lo... gan..." Laissa échapper la jeune femme entre ses lèvres.

Valentine eut un pincement au cœur en reconnaissant le visage impassible de son ancien compagnon de toute heure. Sous son apparence humaine, Loki se faisait passer pour un humain normal et avait dû prendre ses distances avec elle. Elle avait du mal à l'imaginer seul au Dandy, entouré de tous ces personnes malsaines, mais c'était son souhait. Son compagnon canin lui manquait tellement, aussi eut-elle un mal fou à contenir sa surprise et sa joie en le voyant. Elle fit mine de tousser pour se ressaisir et haussa faussement les épaules.

"Bah fais donc ce que tu veux, faut dire que tu as de l'entrainement de quand tu m'assister... Mais c'est du passé, aussi, ne te met pas dans mes pattes."

Sans attendre d'avantage, elle tourna les talons et se hâta de rejoindre le groupe d'Andréa, n'arrivant tout juste que pour assister à une scène d'agression sur vieux pépé. Heureusement, un jeune homme et Edward intervinrent assez rapidement pour l'aider et punir les idiots. Elle s'approcha également, voulant voir si elle pouvait apporter son aide, mais finalement, elle focalisa son attention sur l'homme malade qui avait chaviré mais n'était pas remonté. Elle se dirigea vers lui et le ressorti de l'eau, veillant à ce que sa tête soit à la surface. Il toussa, recrachant de l'eau.


"Si j'étais vous, j'arrêterais les sports nautiques, cela ne vous réussi pas... De même, changez d'amis ou vous finirez au fond du fleuve."

Il balbutia quelques excuses et remerciements, trempé jusqu'aux os, mais n'ayant plus à souffrir du mal de mer. Valentine le lâcha, s'assura qu'il n'allait pas couler et retourna vers le groupe, apercevant de nouveaux visages familiers. Si elle retrouva Loki, toujours dans son rôle de journaliste humain impassible, elle y vit aussi Aldrick. Si elle en fut ravie, elle se demanda s'il allait réagir à la présence du chien non déclaré.

"Bonjour, mister chocolat."

Elle lui fit un sourire plein de douceur, mais avant de ne dire quoi que se soit d'autres ou de saluer d'autres personnes présentes, un bruit peu rassurant se fit du côté du navire fantôme.
Tournant la tête dans sa direction, elle aperçu les matelots s'affairer sur le pont, plus particulièrement autour des canons tournés dans leur direction. Si elle n'en fut pas sûre au début, quelques secondes supplémentaires d'observation, lui apprit qu'elle ne rêvait pas.


"Désolée de vous interrompre, messieurs dames, mais je crois que le Hollandais volant va nous tirer des boulets de canon dessus..."

Elle se sentit pâlir en s'imaginant prendre une de ces boules énormes dans le ventre. Mais enfin, qu'est-ce qui leur prenait ?! On n'encourageait pas ses sauveurs de la sorte !!

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeMar 9 Aoû - 21:14

« Mais non bigorneau ! J’te d’mande comment tu sais pour les concombres de mer ! »

Cette question taraudait Fokke depuis que ce malandrin lui avait avoué avoir été déçu de sa méconnaissance de la faune marine. Un drame pour ce capitaine qui se vantait depuis toujours auprès de ses marins de ses excellentes connaissances dans le domaine. La réalité, c’était qu’il confondait phoque et dauphin et différencier un requin d’une baleine relevait d’un coup de poker. Mais plein de ressources, le bougre était parvenu à donner le change pendant des siècles, il était donc hors de question que ce foutriquet à poil roux trahisse son secret.
Coup de vent. La porte de sa cabine claqua violemment dans le dos du maître du navire. Le verrou tomba et à son cliquetis, répondit en écho celui du chien de son mousquet. Canon braqué entre les yeux de l’intrus.

« J’sais pas d’où tu sors face de potiron, mais toi et moi on va faire un brin d’causette. Alors assied toi. »

Le rouquin n’eut guère le choix, car le siège du capitaine s’avança brusquement, heurtant d’un coup sec l’arrière de ses genoux. Fokke profita de la surprise. Il colla ses doigts, tentacules, il ne savait plus trop à ce stade, sur sa face gamine et le repoussa au fond de l’assise avant d’appuyer son mousquet sur son nez constellé de tâches de rousseurs.
Faire feu le chatouilla. Même si ce sacripant se jouait de lui comme la première fois, l’idée de voir l’illusion de son sourire s’éparpiller avec les restes de son crâne ne manquait pas d’intérêt. Mais ce serait perdre du temps et le couard en profiterait pour filer. Alors Fokke opta pour une manière plus radicale.
Il tira le poignard au manche gravé d’une araignée qui ne quittait jamais sa taille et l’abattit d’un geste. La lame traversa la paume et l’accoudoir sur lequel elle se trouvait. Pas de sang versé, mais quelle que soit la nature exact de l’olibrius, il était prit dans des filets dont seul le maitre du Hollandais pouvait à présent le libérer.
Le sourire édenté du capitaine s’étira.

« Tu aimes ? C’est une des trouvailles que j’dois à not’chère boussole justement. Pas trop mal, pour une breloque censée me m’ner en bateau, hein ? »

Son gros rire explosa dans la cabine. Il rangea son mousquet, puis remonta le large ceinturon rongé de coquillages qui tombait sur ses hanches aussi étroites que son buste était large. Un coup d’œil amusé pour son prisonnier et il s’éloigna sur sa droite en direction d’étagères rongées par l’eau de mer.
En hôte accompli, le capitaine fit avec plaisir la conversation.

« Tu dois pas être bien futé pour un démon. J’veux dire… Un pacte avec le diable ? Pfahaha ! La dernière fois qu’j’ai entendu ça c’était dans la bouche de ces espagnols, just’avant not’dernier départ. De beaux racontars pour nous discréditer. On n’a jamais eu b’soin d’une tête de bouc pour être les plus doués. »

Mains dans le dos, basculant tantôt sur ses talons ou la pointe de ses pieds, il parcourut les différents rayonnages avec assiduité.

« J’sais pas quelle force s’est vexée quand, au plus fort d’la tempête qui nous a coulé, j’l’ai traitée d’pet mouillé d’ragondin, mais vindiou ! Quel cadeau elle nous a fait ! La postérité mon gars. L’opportunité d’faire flipper les marins du monde entier et d’inscrire à jamais le nom du Hollandais Volant dans la légende. »

Un soupir fier précéda une exclamation victorieuse. Fokke se pencha, tira quelque chose des ténèbres du meuble décrépit, puis s’en retourna à son bureau. Il lâcha sur le bois un énorme pavé durcit par le sel et s’installa d’une fesse sur le bord de la table qui protesta par un grincement énergique.
Le capitaine ne s’en soucia pas. Yeux dans les yeux avec son prisonnier, il reprit, un fin sourire dessiné dans les brumes de sa barbe :

« Du coup ton autotruc là, tu peux t’le carrer là où la lumière va jamais et j’parle pas t’a caboche. Par contre, j’dis pas non à un marché. T’as l’air d’t’intéresser à quelqu’chose qu’on a et moi j’m’intéresse à un truc que tu pourrais m’rapporter. Tu vois ça ? »

Du bout de son index encore gélatineux, il tapota l’épaisse couche iodée agglutinée sur ce qui s’avérait être la couverture d’un livre. Les pages étaient gonflées d’humidité et des algues pendaient ça et là, véritables marques-pages avariés.
Fokke ouvrit l’ouvrage que seule la malédiction parvenait à sauvegarder de l’auto-destruction. Les pages étaient presque indéchiffrables, écrites dans un néerlandais daté, mais chacune était accompagnée de gravures fortes originales.

« À l’époque, c’était c’qui s’faisait d’mieux en bestiaire marin, mais honnêtement, l’gars qu’a fait les dessins était une vraie tanche. Tous la même tronche. Certains on même des pieds, grommela-t-il en repoussant le bouquin. Mais tout ça a bien changé pas vrai ? Sinon t’aurais pas fait tout un foin d’ton concombre de mer. »

Il tira son mousquet. Bien assez près pour ne pas avoir à soigneusement viser, il se contenta de le braquer vers la tête du rouquin, puis posant son menton sur son poing :

« Rapporte moi le dernier bestiaire marin qu’vot’siècle a édité. Édition augmentée, luxe et tout l’tintouin. On verra c’que j’peux t’offrir en échange. »

Où le trouver ? Fokke n’en avait aucune idée et ce n’était pas son problème.
Prêt à sceller le marché, le capitaine du Hollandais fut coupé dans son élan. On venait de toquer à sa lourde porte. Quittant son bureau qui cessa de gémir, il aboya :

« Quoi ?! »

Le verrou fut ôté et la porte légèrement entrebâillée. Le visage aux joues creuses de Deeken se glissa dans l’embrasure de la porte, illuminée par son propre éclat d’ectoplasme.

« Je… C’est pour vous dire qu’ai fini d’récurer la cave et qu…
Qu’est-ce que vos miches foutaient dans la… Hein ? C’est quoi cette canonnade ?! »

Coup d’œil réprobateur au rouquin. Préférant que ce cancrelat débarrasse le plancher, le capitaine récupéra son poignard et quitta au pas de charge sa cabine. Deeken lui emboîta le pas, essayant d’apaiser la fureur qui couvait sous son immense tricorne.
Fokke se hissa sur le pont où il découvrit ses hommes en trains de canarder l’un des quais. La mèche d’un canon finit de s’embraser. Le coup partit, résonnant puissamment dans tout Paris. On s’apprêtait à recharger quand il beugla avec tout le coffre que lui permettait son buste disproportionné :

« À quoi vous jouez ! »

Sursaut général. On se rangea au pas de course derrière Theat qui balbutia tant qu’il se mit à écumer. Fokke roula des yeux, puis s’intéressa à ce qu’ils ciblaient. Longue vue à l’œil, il repéra rapidement la grande ficelle, élu de sa chère boussole, la rouquine aussi glaciale que la banquise et d’illustres inconnus dont il n’avait que faire.
Tous allaient bien, évidemment, puisqu’aucun n’avait été touché, évidemment aussi.

« Fausse manip !! » Leur beugla-t-il, ses mains en porte-voix.

D’une dizaine de canons, certes. Mais ils n’allaient pas rebrousser chemin pour vérifier.
Retour à son équipage.

« Dites moi, Theat. Vous vous souvn'ez qu’on est mort ?
O-Oui capitaine.
Bien. Vous vous souvn'ez aussi qu’on est maudit ?
O-Oh ça oui capitaine.
Parfait. Et Vous vous souvn'ez qu’parce qu’on est mort et maudit on peut rien toucher hors de c’rafiot.
O-Oui capitaine. Sinon… Sinon vous auriez pas tiré sur l’élu, pas vrai ? »

Fokke s’étouffa dans les poils de sa barbe. C’était pour ça que le grand échalas n’était pas mort, oui, mais la raison de son tir était toute autre. Il préféra toutefois la version de son second et opina. Agité, Theat tenta tout de même de se dédouaner :

« Mais c’est Deeken qui…
Hé ! Je récurais la cale, moi ! Sur ordre du capitaine !
Fermez la tous les deux et Theat, arrêtez de gaspiller des munitions.
Mais elles sont illimités Capit-
Qu’est-ce que j’ai dit ? »

Silence parfait. Fokke renvoya tout le monde à son poste, puis dégaina son mousquet.
Impossible de toucher ce qui se situait hors du Hollandais, mais une fois à bord, la donne changeait.
Si elle ne voulait pas terminer en passoire, la tronche de courge avait intérêt à avoir décampé.


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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeMar 16 Aoû - 20:45

« Ils ont la situation en main, avançons. »

Mais Andréa n’écoutait pas. L’étreinte d’Elli eut beau s’accentuer sur sur son bras, le jeune homme ne bougea pas ; c’était comme regarder un papillon tenter de soulever du granit. À ce rythme, la sphinge finirait par douter de son humanité, mais le louveteau n’en avait que faire. Les yeux rivés sur le sauvetage, il bouillait d’être contraint et forcé à l’immobilisme quand il savait pouvoir aider.
Ouadji, puis Edward intervinrent les premiers. Poussée par le loup blanc, la barque contenant le jeune machiniste et sa pèche glissa lentement jusqu’au quai. Mademoiselle Lefèvre s’occupa du malfrat tombé à l’eau et abandonné par ses compères. Les deux mécréants restant ayant enfin accordés leurs rames, ils tentèrent de s’éloigner des berges inondées, inquiets du sort qui leur serait réservé s’ils étaient arrêtés.
La voie était libre pour réceptionner le blessé.
Les grands yeux noisette d’Andréa quittèrent les bords de Seine. Dépourvus de timidité, ils brûlaient de détermination lorsqu’ils se posèrent dans ceux glacés de la fonctionnaire. Elle fronça les sourcils. Le jeune homme pressentit les reproches qu’annonçaient cet air fâché et se déroba aussitôt à son étreinte par un geste aussi doux que ferme. Un pas en arrière. Andréa s’excusa, puis devançant toute remarque :

« Je vais aider Ouadji, je ne m’approcherai pas des autres, promis. »

Il fila sans lui laisser le temps de protester. Enfonçant la boussole au fond de sa poche, le jeune homme avala rapidement les mètres qui le séparaient du navire de fortune où avait embarqué le petit sphinx. De l’eau jusqu’à mi-mollet, il en agrippa le bord et tira l’embarcation jusqu’à ce que son fond racle sourdement les pavés de la ville. Un dernier effort. La barque s’échoua, coupée d’une nouvelle dérive.
Andréa était prêt à se pencher par-dessus le montant en bois quand la voix de Mademoiselle Lefèvre dévia son attention vers le pont du Hollandais Volant. Elle les mit en garde contre le tir des forbans. Menace à peine prononcée fut immédiatement exécutée.
Un intense halo phosphorescent rayonna du côté de l’Île de la Cité, précédant de peu un formidable « bang ».  Début de la canonnade. Enveloppé d’une aura bleuté, le premier boulet fendit les airs dans leur direction. Il fila droit vers l’aviron et ses deux pilotes qui se pétrifièrent à son approche.
Le cœur d’Andréa se figea. Il tourna la tête et ferma très fort ses yeux, les mains crispées sur ses oreilles pour se préserver des hurlements d’agonie des malfrats. Quelques secondes à retenir son souffle, puis un détail le frappa. Pas d’éclaboussure, ni même un peu de houle pour secouer la barque appuyée contre ses jambes.
Il releva juste à temps la tête pour voir un nouveau boulet survoler les quais et exploser contre la façade de La Samaritaine. Aucun dégâts, mais une pluie d’étincelles fantomatiques qui retomba gentiment dans l’eau, puis s’effaça. Le Hollandais Volant continua de les canarder, créant un véritable feu d’artifice d’ectoplasme fluorescent le long de la berge. C’était aussi bruyant qu’éblouissant.
Andréa se demanda si c’était une façon maladroite de les encourager, mais une toux rauque l’arracha à ses pensées. Au fond de la barque, le pêcheur s’était réveillé et crachait les quelques tasses qu’il avait bues.

« Est-ce que ça va ? » Demanda Andréa en l’aidant à s’asseoir.

Bref soulagement dans son cœur, vite balayé par déferlante de sombre amertume.
Quelle plaie qu’il ait émergé ! Tout aurait été beaucoup plus simple s’il avait claqué ! La faute à ce blondinet qui jouait les héros au grand cœur. Tu parles. C’était certainement prémédité. Une diversion pour les ralentir et être le premier à s’emparer du trésor. Le vieux aussi devait être dans le coup. Mais ça ne marcherait pas. Il n’était pas si dupe que ça et il leur ferait payé leurs manigances.
Le regard d’Andréa se braqua soudainement sur Ouadji, vide douceur et emplis d’une noirceur flirtant avec la folie. Sa main droite toujours agrippée à la barque se crispa et sous sa force, le bois craqua sordidement. La gauche avait déjà quitté l’embarcation. Un dixième de seconde. Plus prompt que les crocs d’un prédateur, elle se referma sur le col du sphinx qu’elle tira sans retenue. Trainé sur le banc de nage, le jeune machiniste fut brièvement soulevé de son siège.
Une timbre lugubre serpenta jusqu’à son oreille :

« Condamnés par orgueil à errer sur les flots, leur capitaine vit là un cadeau. Les jours, puis les années se sont écoulées, donnant naissance à la légende du Hollandais. Et puis ils m’ont trouvé. »

Luttant contre les ténèbres, le loup gronda furieusement au fond de lui et l’obscurité se dissipa.
La poigne d’Andréa se desserra. Le tissus glissa entre ses doigts sans que le jeune homme semble le remarquer. Désorienté, son regard passa du sphinx au pêcheur dont les yeux s’étaient écarquillés au milieu d’une figure inquiète. Le louveteau paniqua. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Les mots se bousculèrent jusqu’à ses lèvres, mais aucun ne les quitta. Il nota tardivement le bois abîmé sous sa paume et le feu aux joues, il s’excusa.
Une présence dans son dos. Un parfum félin précéda l’entrée dans son champs de vision d’une sauvage chevelure rousse.

« Elli Loukas, déléguée au ministère de l’insertion des Légendaires. Nous allons avoir besoin de votre barque.
De ma… Euh… Je…
En nous la prêtant vous participerez activement au sauvetage de la capitale.
Ah… Ah bon ?
Oui. Et on n’a pas toute la journée. Pouvez-vous vous décider rapidement ?
Euh… eh bien, si ça peut aider, je suppose…
Parfait. Vous serez dédommagé s’il lui arrive quoi que ce soit. Andréa, aidez-le à descendre.
Quoi ? A-Attendez, c’est qu’j’y tiens quand même à ma barque moi. »

Elle balaya ses paroles d’un geste impatient de la main.
Andréa n’appréciait pas son attitude, mais encore bouleversé par sa brève perte de lucidité, il ne se sentit pas le droit de faire la moindre remarque. Aussi doucement que possible, il proposa son bras au vieil homme qui le refusa. Grommelant un peu, ce dernier s’extirpa de sa propre embarcation après avoir remercié Ouadji. Il eut pour seule consolation d’apprendre qu’au moins deux de ses agresseurs étaient hors course et que s’il le souhaitait, il pourrait les emmener lui-même au commissariat sans qu’ils opposent la moindre résistance.

« Que dis la boussole ? Interrogea Elli une fois le pêcheur à bonne distance.
Je crois que vous aviez raison, répondit doucement Andréa. Elle pointe toujours La Samaritaine.
Bien. Il me semble que la seule entrée encore accessible se trouve rue de la Monnaie. Que ceux qui souhaitent nous aider embarquent rapidement. Sauf vous. Le Dandy et sa partialité ne sont pas les bienvenus à bord.
De la censure ! S’exclama victorieusement le plus petit des deux hommes désignés. Rien d’étonnant à ce  qu’une anomalie telle que vous ignore que la France est le pays de la libre expression ! En aucun cas votre espèce n’est en droit de nous interdire l’accès à-
Laissez à d’autres vos grands airs. Si vous tenez tant à nous accompagner, déplacez-vous à pieds. »

Son timbre souffla plus froid que le blizzard et coupa la chique au journaliste en ébullition. Il fit de grands gestes en directions de son comparse et fut royalement ignoré par Elli qui grimpa dans la barque avec l’aide d’Andréa. Elle s’installa volontairement aux côtés de Ouadji, lui glissant un regard en coin appuyé qui dériva rapidement sur les environs.
Son froncement de sourcils inquiéta le louveteau. Avait-elle compris que quelque chose clochait chez lui ? Par crainte de se mettre à trembler, sa poigne se resserra sur la boussole. Il chercha son oncle des yeux, mais Elli ne sembla pas s’en soucier. Remontant ses lunettes, la demoiselle abandonna en se tournant vers eux :

« Hâtons-nous, l’eau est en train de monter. »

Et la barque jusqu’alors échouée commença à tanguer.


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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeMer 17 Aoû - 23:21

Magistral déploiement de force et sauvetage réussi pour le loup blanc. S’il n’y avait eu ce passif entre eux, Aldrick aurait sifflé d’admiration devant tant d’efficacité. Envieux de la performance de son homologue, le loup noir ne s’entendit même pas murmurer : « jolie prise » que déjà l’énorme boulet de canon grossissait à vue d’oeil pour les frôler sans rien abimer. Penché par réflexe au-dessus d’Éléna, tandis qu'il lui semblait que Logan, à qui il venait de la présenter, s’était rué sur Valentine. Le loup noir avait mis une bonne poignée de secondes avant de réaliser, devant l'éclatante pluie d’étincelles bleutées d’un autre tir, qu’aucun d’eux ne risquait quoi que ce soit. Aldrick se sentit rougir et se redressa aussitôt, avant d’aider sa sœur à faire de même. La chute qu’il avait subie plus tôt l’avait-elle retournée à ce point ? Ce, malgré ce gentilhomme qui les avait aidés à se remettre sur pied et leur avait expliqué la situation avant de partir ?
Le loup n’aurait su le dire, seule restait la fascination. Devant ce feu d’artifice en plein jour, il avait cinq ans. Les couleurs l’émerveillaient au point de lui faire oublier le monde dans son intégralité.

- Waaah. Souffla-t-il sans y prendre garde. Que c’est beau !
- Tu devrais en profiter.

Plus d’une minute lui fut nécessaire pour comprendre ce qu’attendait Éléna, qui lui avait collé entre les mains les restes d’une corde à linge, avant de désigner le duo de mécréants d’un signe de tête.

- À toi de jouer, non ? Commissaire.

Le titre le fit frémir désagréablement, réveillant le souvenir de Sabrina le prononçant avec amertume. Il n’en laissa rien paraître, surtout lorsqu’elle insista :

- Maintenant, ce serait bien.

Haussement de sourcils entendu et par automatisme professionnel, l’agent gagna la barque, une fois son arme passée autour de sa taille, pour se placer face aux deux gaillards. Le premier était désorienté, tandis que le second tout près de son acolyte, l'attrapa par le col en bégayant, paniqué.

- Qu’est-ce que… C’était que ce… Truc ?
- Un boulet de canon. Il n’était pas assez visible à votre goût ?

Sourire cynique de l’agent qui en profita pour étendre les mains de chaque côté de leurs têtes avant de les cogner l’une contre l’autre. Ils chutèrent dans le fond de l’embarcation évanouis.

- Tiens j’aurai cru que ça aurait sonné plus creux.

Il haussa les épaules et se hissa sur la barque qui tangua grandement. Enfin, il aida les plus proches à monter après avoir ligoté les bandits.

- Quelqu’un sait comment faire avancer cette barque ?
- Eux savaient. On aurait pu leur demander.
- C’est toi qui m’a dit d’agir.
- Je pensais que tu allais les immobiliser…
- C’est le cas !
- … Pas les assommer ! Grommela- t-elle en passant une main sur son visage. Qu’est-ce qu’on fait d’eux ?
- On les déposera dès que possible.
- Avant ou après qu’on ait manqué de couler ?
- Avant de préférence.
- C’est pas gagné si c’est toi qui…
- Oh ! Coupa-t-il. Puisque tu es si maligne, tu n’as qu’à essayer de naviguer !

Sans autre forme de procès, il lui confia une rame. La belle se vexa, gonflant ses joues rouges dans un air adorable.

- Très bien !
- Merveilleux !

Comme pour mettre fin à leur dispute, l’eau monta d’un coup au point de les faire dévier sur plusieurs mètres. Ils cognèrent contre un arbre avant de dévier de nouveau, pour finalement se rapprocher d’Edward. Sans réfléchir, Aldrick lui tendit la main.

- Qu’est-ce que tu fiches ? Tu viens ?

Sans attendre de réponse, il lui agrippa l’avant-bras et le tira, à priori, de toutes ses forces pour le faire monter. Étouffant un juron, après le mouvement brusque de la barque, Aldrick espéra de tout cœur qu’ils n’auraient pas besoin de se guider en fonçant dans tous les arbres. Mais avant même qu’il ne l’ait réalisé, l’eau emportait la barque en direction du grand magasin, sans lui laisser voir où se dirigeait celle dans laquelle était Andréa. Étonnement, les portes d’entrée de la Samaritaine paraissaient toutes proches. Cependant, comme si un magnétisme plus puissant encore les guidait, l’embarcation dépassa à peine le bâtiment,  tournoya sur elle-même et se figea enfin quelques instants en direction de la Comédie Française. Du moins, c’était ce que ce tour de manège forcé avait inspiré au commissaire jusqu’à ce que retentisse un son étonnant.

- C'était quoi ça ?

Quoi que ce fut, le loup noir n’était pas pressé de le savoir.


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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeMar 23 Aoû - 14:10

Petits éclaircissements Hrp:

Au moment même où elle évoquait la possible attaque imminente des pirates, un boulet fut tiré vers eux, prenant Valentine de court, n'ayant pas réfléchit à un plan d'échappatoire. Dépitée et impuissante, elle vît l'objet destructeur foncer vers les deux fuyards. Mais alors qu'elle s'attendait à un massacre dans les règles, un effet spectral éclata près des hommes.
Quelque peu surprise, elle resta figée, oubliant que d'autres pouvaient survenir. Ce fut d'ailleurs ce qui se passa. Une pétarade la réveilla d'un coup, mais avant de voir qui était visé, elle fut percutée.
Manquant de tomber, elle réalisa que quelqu'un s'était précipité sur elle pour l'éloigner de la deuxième zone de collision, juste à côté d'elle. Mais là encore, ce ne fut pas une explosion, mais de la lumière d'outre-tombe qui jaillit. Elle entre-aperçu Cordier tombant sur les fesses sous la surprise du boulet, ainsi il avait suivit en douce...


"Valentine, tout va bien ?!"

Clignant des yeux pour décoller son regard du spectacle étrange, elle les tourna vers son sauveur, dont le visage inquiet la rendit nostalgique. Affichant un léger sourire, elle hocha la tête et lui répondit en murmurant pour que lui seul ne l'entende.


"Merci, Loki. Je vois que je peux toujours compter sur toi. Cependant, tu n'aurais peut-être pas dû..."

"... mes vieux réflexes ont la vie dure."

Elle recula d'un pas en lui tapotant le bras et aborda un changement de comportement, légèrement taquin, reprenant d'une voix plus haute.

"Alors, on a pitié de son ex-binôme ? Si tu crois gagner mon pardon pour oser continuer à travailler pour ce journal de pacotille, c'est loupé ! Et puis, finalement ces attaques ne nous font aucun mal."

Elle jeta un coup d’œil vers le navire, ne comprenant pas où ils voulaient en venir avec leur attaque étrange. Qu'est-ce qui se tramait là-bas ?
L'ancienne journaliste se perdit quelques secondes dans ses pensées, puis s'intéressa aux autres, regardant rapidement ce qu'ils étaient en train de faire et aperçu Andréa penché vers le jeune garçon, ne comprenant pas ce qu'il fabriquait avec lui. Il semblait nerveux. Mais avant qu'elle ne s'approche, il se redressa et parut parfaitement normal. La rouquine avait surement mal vu.
Souhaitant cependant embarquer dans le bateau, elle les rejoignit, montant rapidement dedans.
Mais alors que Loki s'approchait également, il fut repoussé par la femme qui les pressait depuis le début. Elle remarqua alors que Cordier avait suivit le mouvement, malgré ses râleries, pour son plus grand désespoir.


"Mon but est d'aider avant toute chose. Mais cela ne fait rien, je peux nager. "

D'un ton qui ne voulait aucune contestation, Loki enleva sa besace et la plaça dans les mains de son collègue, lui demandant de repartir sur la place et l'y attendre. Cordier recommença son numéro, ce qui convainc la jeune femme d'intervenir.

"Une minute... Le plus pénible n'a rien faire ici, il peut aller se noyer que cela ne me ferait même pas sourciller, au contraire, j'en danserais de joie.
Cependant, je pense que nous aurons besoin du second. On ignore ce qui nous attends. Si d'autres évènements comme celui-ci se fait, ce jeune homme à la boussole, perdra encore plus de temps à vouloir aider."
Elle tourna la tête vers Andréa, lui lâchant un léger sourire, avant de reposer son attention sur la dame qui lui était quelque peu antipathique. "J'ose espérer que vous vous souvenez qu'il est celui qui a été désigné pour nous guider, et non vous. Vous seriez un minimum aimable en évitant de considérer l'aide que nous vous apportons comme une gêne. De même, ignorer des personnes en danger de mort est un crime. Que ce soit pour le propriétaire de la barque, comme pour cet homme qui est prêt à sauter à l'eau pour nous suivre. Il est hors de question que je le laisse faire une pareille idiotie et pourtant croyez moi, je sais qu'il va le faire."

Elle toisa l'autre rousse d'un air sombre, bras croisé, ne l'appréciant pas du tout. Elle avait bien remarqué ses réactions désagréables et sa façon de leur parler comme s'ils n'étaient qu'une perte de temps. A se demander si elle compter bien donner le trésor aux pirates, une fois déniché.
Après un instant pesant, elle fit signe à Loki de vite grimper sur l'embarcation et, avec un sourire glacial, haussa les épaules en donnant le signal de départ pour partir.
Cordier était toujours là à les regarder en râlant, mais son regard avait légèrement changé, jetant des coups d’œil vers Loki.
Espérant qu'il ne commençait pas à douter de lui, Valentine soupira, observant la route qu'ils prenaient et espérant qu'ils allaient trouver rapidement le trésor.
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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeMer 24 Aoû - 23:24

L'eau montait, montait et montait encore.

L'étrange bruit ne parvenait plus aux oreilles du loup noir. Pas parce qu'il s'était peut-être arrêté mais parce que le palpitant du commissaire résonnait si fort à ses tempes qu'il masquait tout autre son alentours.

Ainsi, il avait vu, comme au ralenti, une silhouette plus haut sur les immeubles près d'eux, aider quelqu'un d'autre à gagner le toit. L'action aurait pu paraitre banale si l'effort fourni n'avait pas été si intense. Quand la deuxième personne était apparue, la première avait reculé de plusieurs pas sous l'impulsion. Tant et si bien qu'elle avait buté contre un échafaudage derrière elle. L'édifice, déjà malmené par le courant en contrebas, avait cédé, se disloquant au fil de sa chute pour finalement laisser choir une à une, plusieurs poutres de bois et de métal. Lorsqu'elles se fracassèrent dans l'eau, l'impact fut tel que plusieurs gerbes aqueuses s'élevèrent dans les airs, avant de retomber aussitôt bruyamment. Ce ballet surréaliste, créa une série de vagues, d'un bon mètre chacune au minimum, qui fondit sur eux. Ceux qui n'étaient pas dans les barques eurent tout juste le temps de s'accrocher au mobilier urbain le plus proche pour les plus chanceux ; quant aux plus aguerris, ils ne purent que plonger pour les éviter en retenant leurs souffles.

Aldrick n'en vit pas plus : l'intégralité de leurs embarcations fut secouée sans ménagement, emportée dans le sillage puissant des vagues, tout comme nombre de débris proches, partiellement ou totalement ensevelis par les flots.
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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeSam 27 Aoû - 3:10

Une fois dans la barque, Ouadji reprit lentement une respiration normale. En fait, pour être plus exacte, il recommença enfin à respirer. Être près de White était une chose, mais être collé à lui, soutenu par lui, était une tout autre histoire. Dès qu’il avait senti son bras autour de son petit torse, le sphinx s’était figé. L’air avait cessé d’entrer dans son poumon. Son cerveau s’était éteint… ou presque. Une seule pensée lui avait incessamment traversé l’esprit : « Ne fais pas de bêtise, Ouadji ! » C’est pourquoi, il avait agrippé de toutes ses forces le vieil homme. Pas question de laisser filer sa prise.

Maintenant dans la barque, s’éloignant tranquillement de sa source d’anxiété, l’air s’infiltra à nouveau dans ses bronches, puis dans ses bronchioles. Son cerveau oxygéné repartit les machines. Son regard glissa vers l’homme, toujours inconscient. Et l’éclair de lucidité le frappa, le ramena à la réalité. Le pécheur, il devait faire quelque chose pour le réanimer, mais quoi !? Une gifle le réveillerait-il ? Peut-être un poing dans l’estomac ? Insuffler de l’air dans ses poumons ? Désemparé, il releva le regard. Andréa approchait. Il saurait sûrement. Enfin une bonne nouvelle… qui dura peu de temps.

Dès qu’ils accostèrent, une nouvelle menace profilait déjà sur eux. Sans réfléchir, il s’écrasa sur l’inconscient, utilisant son petit corps comme bouclier contre le boulet de canon. Geste totalement inutile. Principalement parce qu’aucun ne les visa directement, mais aussi parce qu’ils étaient aussi immatériels que le reste du navire. Pour finir, même s’ils avaient été vrais, son corps n’aurait nullement arrêté le projectile. Ralentis, probablement, mais pas arrêter. Ils auraient fini en bouillie tous les trois. Car il ne fallait pas oublier Ratus D’Aragon qui s’était caché sous le bonnet d’Ouadji.

Mais rien de tout cela n’arriva. Réalisant que la menace n’en était pas une. Le sphinx se releva. Au même moment, le rat glissa de sous le tricot, et telle une bombe, tomba lourdement sur l’abdomen du vieux. Le choc eut pour effet de réveiller l’inconscient, lui faisant recracher l’eau accumulée dans ses poumons. D’un grand sourire tout fier, le blondinet ramassa son ami moustachu sur le ventre du monsieur, le félicitant pour son exploit. Alors qu’il le remettait sur son épaule, il se sentit soudain observer. Il tourna la tête et dans un hoquet de surprise ses yeux s’agrandirent. Le regard braqué sur lui, lui glaça autant le sang qu’il le paralysa. Que lui avait-il fait pour mériter une telle froideur ? Incapable de parler, il chercha une réponse dans la profonde noirceur de ses yeux noisette. Lorsque le jeune loup l’attrapa par le col, il ne résista pas. Sous l’emprise de l’incompréhension, il connaissait suffisamment Andréa pour savoir qu’il n’agirait pas sans raison. Alors, s’il réagissait ainsi, c’était qu’il le méritait sûrement.
Mais Ratus n’était pas du même avis. Le poil hérissé, la queue battant l’épaule, le rat ne quittait pas le louveteau. Prêt à protéger son bipède, il découvrit ses dents et feula, lui donnant un dernier avertissement. Heureusement, il n’eut pas à attaquer.

La poigne se desserra, puis Ouadji retomba mollement sur le banc. Toujours surpris par la froide réaction du brunet, le sphinx essayait encore de comprendre la situation. Évitant le regard de tous, les mots prononcés par le jeune loup commencèrent à entrer dans son cerveau avec une lenteur accablante. S’il savait qu’ils ne lui étaient pas adressés, les paroles n’expliquaient pas son attitude.
Il sortit de ses réflexions, lorsqu’il sentit quelqu’un s’asseoir près de lui. Il releva légèrement le regard. Ses iris orangés accrochèrent un instant ceux du louveteau. Il lui offrit un timide petit sourire avant de glisser son regard vers la rousse chevelure de la fonctionnaire. À ce moment, s’il avait pu se dissoudre dans la planche faisant office d’assise, il l’aurait fait. À défaut, il se fit le plus petit possible. Tout pour qu’on oublie sa présence. Puis l’eau monta. Était-il trop tard pour débarquer de la barque et laisser sa place aux autres ?
Oui.

Le journaliste eut tout juste le temps d’embarquer que leur petit navire se mit soudain à avancer, emporté par le courant devenu plus fort par la montée des eaux. Ils suivirent bien malgré eux l’autre embarcation qui les avait devancés en tournoyant. Impuissants, ils passèrent devant les portes de la Samaritaine. Puis, ils finirent par se cogner contre la barque dans laquelle était son patron et deux autres personnes. C’est alors qu’un son plus qu’inquiétant se fit entendre. D’un bond, le sphinx se tourna vers la source du bruit. Voyant le bâtiment s’effondrer, il chercha une prise afin de ne pas être dévié encore de leur destination. Mais soudain, il sentit son rongeur sauté de son épaule.

Avant même qu’il puisse réagir, il le vit bondir et rejoindre Andréa. Il tenta de l’attraper, mais plus rapide, le rat mordit les doigts du porteur de la boussole. L’animal agrippa avec ses dents le verrou du boitier d’ébène et s’éloigna. Il évita avec une agilité incroyable toutes les mains qui essayèrent de l’arrêter puis sauta à l’eau. Devant l’étrange réaction de son ami moustachu, le jeune blondinet se leva d’un bond, faisant tanguer l’embarcation. Paniqué à l’idée de le perdre, il chercha sa petite boule de poils détentrice de la précieuse boussole dans l’étendu d’eau. Finalement, il le vit refaire surface, flottant grâce à sa veste de flottaison, et nager vers l’autre barque. Alors qu’il s’apprêtait à le rejoindre, les embarcations furent rudement secouées, puis des vagues causés par les débris de l’édifice les emportèrent. Le puissant courant s’empara des petits navires et les sépara, les dirigeant dans deux directions différentes.

- Monsieur D’Aragon ! Cria Ouadji, priant de toutes ses forces que quelqu’un avait pu attraper Ratus avant qu’il ne soit transporté au loin par les flots.


Dernière édition par Ouadji Oursou le Ven 16 Sep - 23:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeMar 30 Aoû - 10:45

« C’est pas compliqué ! Tu mets tes mains sur les rames, là ! »

L’eau montait, la barque avec son neveu s’éloignait et Edward avait perdu une chaussure. Accroupi dans l’aviron, gêné par son immense silhouette totalement disproportionnée vis-à-vis de la place disponible dans l’embarcation, il s’était penché sur Aldrick, agrippant ses mains pour les placer au bon endroit sur chaque rame. Sa queue de cheval chatouilla le cou du loup noir lorsqu’il retomba lourdement sur la sellette.
Son stress avait réveillé son accent des Carpates. Il n’y prit pas garde, de même qu’il n’eut qu’un coup d’œil furtif pour Elena installée à la place du barreur, seul espace encore disponible pour son petit gabarit. Elle avait l’air bien accrochée. Tant mieux.
Edward donna un puissant coup de rame, manquant de désaxer son assise de ses rails. L’aviron s’élança, porté par la montée des eaux, en direction de la barque menée par Elli.
Derrière eux s’estompa la silhouette d’un lampadaire auquel pendait les deux inconscients, épinglés en hauteur comme deux vestes à un porte manteau. Devant eux, les vitrines de la Samaritaine s’étiraient sur une bonne partie de la rue de la Monnaie. Véritable Charybde, l’entrée grande ouverte avalait goulument l’eau sombre et brassée de déchets sans jamais paraître rassasiée. Tout disparaissait dans une inquiétante pénombre. Le grand magasin comblait l’absence de client en absorbant tout ce qui passait à proximité.

Dans un premier temps, la barque échappa à son insatiable appétit. Le courant l’emporta trop loin, tandis qu’à son bord Elli luttait avec un gouvernail bloqué et qu’Andréa et Logan, délégués aux rames, peinaient à maintenir l’embarcation éloignée d’un récif créé par l’amoncellement de pots de fleurs. L’eau les poussait vers le nord, mais tous les matelots cherchaient à redescendre au sud, suivant les indications de la boussole.

Le problème de l’aviron, c’est qu’on rame à reculons. C’est au barreur de vous donner le rythme et de vous indiquer lorsqu’il faut rectifier la trajectoire. Sur de grands fleuves calmes où ce sport se pratique habituellement, les obstacles sont moindres et l’exercice sans risques, mais dans un Paris submergé et propulsé par la puissance monstrueuse d’un oncle paniqué, c’est la pire embarcation qui soit.

« Attention au… »

Un tonneau les percuta. Eléna rentra la tête dans les épaules et s’accrocha au peu de prise à disposition. Edward pesta de tout son soul. Il écarta la barrique d’un coup de pied, réajustant de bout de sa rame gauche l’équilibre de leur navire en l’appuyant contre un étalage.

« Prévenez-nous avant la prochaine fois !
Je fais ce que je peux ! Protesta Eléna. Vous allez beaucoup trop vite ![/color]
Oh pardon, j’ignorais que vous vouliez admirer le paysage.
Ce n’est pas ce que… »

Un grand fracas les coupa. Sur leur gauche, un échafaudage se disloqua. L’assemblage de métal et de bois s’effondra dans une dissonance totale à laquelle s’ajouta le gargouillis d’une eau secouée par une horde de vagues.
Edward eut tout juste le temps de se retourner. Ouadji était debout dans la barque. Elli lui ordonnait de se rasseoir, au moment où ils furent frappés par les flots. Andréa l’agrippa et le tira en arrière, évitant au jeune homme de passer par-dessus bord lorsque l’impact les précipita vers la gueule béante de la Samaritaine. La barque disparut dans les ténèbres.

L’aviron ne fut pas épargné par les remous. Un combat s’organisa pour écarter la ferraille et le bois projetés contre la coque par le courant. Ils tendaient à s’éloigner, mais c’était mal connaître le loup blanc.

« Aldrick, à trois, donne tout ce que tu as ! »

D’instinct, Elena s’agrippa de toutes ses forces. Elle ferma les yeux lorsque débuta le décompte puis :

« Trois ! »

Les rames plongèrent dans l’eau noire et balayèrent tout obstacle. Puissantes, intraitables, elles donnèrent à l’aviron un élan qu’il ne connaitrait sans doute plus jamais. Une force animale l’arracha à la Seine et à son courant tourmenté.
À ce bref instant, le Hollandais volant fit pitié à côté de cette coque fuselée menée par un équipage d’abord déterminés, puis inquiets de ce que leur atterrissage leur réserverait.

* * *


Ratus d’Aragon aussi, se le demandait. Alors qu’il activait ses petites pattes non palmées, gardant son panache naturel même trempé, l’aviron qu’il avait pris pour cible s’était brusquement emballé créant une vague qui parut colossale au regard du rongeur. Il s’agrippa à la boussole dérobée. Maintenu hors de l’eau par son petit gilet et par le bois de la boîte, il se confronta vaillamment au colosse aqueux et, transporté par sa puissance, lui aussi s’envola.
Malgré toute sa prestance, il laissa échapper un petit « squiiiick » fort inquiet, hésitant sur la conduite à tenir.
Et puis, il l’avait vu flotter. Longue, noire, ce bout de fourrure, il le connaissait.
Alors Ratus d’Aragon se délesta de son chapardage et bondissant avec élégance, il attrapa de toutes ses forces cette mèche salutaire. Il retomba, sauvé, contre un dos bien plus musclé que celui auquel il était habitué.


* * *


« Aïe ! »

Un poids au bout de sa queue de cheval. Edward pencha la tête en arrière et sentit une masse se déplacer à toute vitesse le long de la couture de sa veste. Puis un museau aux moustaches courbées dépassa de son épaule, précédant un corps rond et pelucheux vêtu d’un adorable petit gilet.
Craignant de ne pas être présentable, Monsieur d’Aragon entreprit immédiatement un brin de toilette.
Le loup blanc haussa les sourcils. Il releva bien vite la tête, cherchant le propriétaire du petit rongeur, mais ce fut le faste des lieux qui accapara toute son attention.
Décors travaillés, labyrinthe d’escaliers, empilement d’étages foisonnant, l’intérieur de la Samaritaine représentait à merveille la disproportion de ses ambitions.
Quoi que totalement inondé, même son rez-de-chaussée conservait cette opulence absurde. Ici baignaient des tissus luxueux, là ondulaient robes et vestes destinées à toutes sortes de bourses. Des jouets, des objets décos, quelques livres et de la papeterie formaient des îlots aux quatre coins de ce vaste hall, invitant à ce mode de consommation irraisonné qui renverserait bientôt le monde.
Hélas pour Andréa, Elli se montra bien peu encline à une sortie shopping. Son cri étranglé rebondit en écho dans tout le magasin.

« Vous avez perdu la boussole ?!
Je suis désolée, e-elle m’a échappé des mains quand…
C’est à cause de ce rat.
Non, j’aurais dû mieux tenir… »

Elli lui fit signe de se taire. Après un regard noir pour Ouadji et fort peu de compassion pour la perte de Monsieur d’Aragon, la sphinge avait besoin de réfléchir.
Rongeant son frein, le loup blanc les rapprocha d’un coup de rame. Ils arrivaient à portée de voix, lorsque l’on s’avança dans leur direction. Une silhouette en uniforme marchait à la surface de l’eau. Elle s’arrêta face à la barque. Un parfum brûlant et épicé chatouilla la truffe du loup. Un djinn ou un ifrit probablement et déclaré compte tenu de la tâche pourpre que le loup blanc distinguait à son bras.
L’inconnu au visage visage long et androgyne s’inclina, puis se redressa, ses lèvres fines ouvertes en sur sourire apte à faire pâlir le plus féroce des requins.

« Bonjour et bienvenue à La Samaritaine. Je suis Shaala. En quoi puis-je vous aider ? »

Il se joignit lentement ses mains gantées. Un geste en apparence anodin, mais qu’Edward n’eut aucun mal à interpréter. Ce type n’allait pas les lâcher.


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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeMer 31 Aoû - 23:52

Si Aldrick avait frissonné quand la chevelure d'Edward lui avait chatouillé le cou plus tôt, ce n'était rien en comparaison avec le soubresaut qui le secoua entièrement lorsque l'aimable vendeur apparut face à eux. Il avait été si concentré sur le fait de se synchroniser avec Edward - et cela avait été si efficace - qu'il doutait à présent que la réalité fut bien celle qu'il contemplait.

- Euh, eh bien...
- Là ! S'écria Eléna en pointant du doigt une des vitrines boisées du magasin.
- Mademoiselle est connaisseuse. Souffla le nouveau venu avant de disparaître purement et simplement, pour réapparaître près du meuble ciblé, marchant toujours sur l'eau. Vous avez ici tout ce qui se fait de mieux en matière de gants et de dentelle. Toute matière confondue. Souhaitez-vous-en essayer une paire ? Je vous conseille la teinte crème, particulièrement en vogue cet été.

Un instant, la brunette papillonna des yeux, sidérée. Essayant autant d'assimiler à quel Légendaire elle avait à faire, que les mots de ce dernier. Pourtant, ce fut d'une voix blanche, qu'elle articula lentement :

- Non, je voulais dire... La boussole est là.

De connivence avec un ample geste de la main, ses iris se braquèrent au bas de la vitrine, là où l'objet flottait. Ou pas. Ouvrant la bouche dans un "o" adorable, elle observa chaque parcelle du bois qui lui fut donnée de contempler depuis son perchoir de fortune. Tant qu'il fallut qu'Aldrick la tire par un bout de son pantalon pour qu'elle ne se penche pas davantage. Aucune trace de l'objet. Abasourdie, elle reprit sa place initiale.

- J'aurais pourtant juré qu-...
- Je regrette, la coupa le vendeur, mais nous n'avons pas cet objet en boutique. Néanmoins, nos accessoires sportifs sont à l'étage. Si vous voulez bien me suivre.

Le plus naturellement du monde, il leur emboîta le pas. Comme s'il était tout à fait normal qu'il se déplace ainsi sur l'eau et qu'aucun obstacle que ce soit, ne se trouva en travers de leur route maritime. Ce qui n'était absolument pas le cas. Il insista même en indiquant d'un geste de la main, un chemin imaginaire - probablement englouti à l'heure actuelle - qui les conduirait à l'escalier le plus proche.

- Par ici, je vous prie.

Se tournant vers les deux autres passagers de l'embarcation, Aldrick braqua sur eux un regard qui signifiait clairement "ce type est louche". Il grimaça à peine avant de demander, l'air de rien :

- Shaala, c'est ça ?
Il acquiesça.
- J'imagine qu'un employé tel que vous, assurant son travail quel que soient les difficultés rencontrées... Il indiqua le décor chaotique, avant de lui sourire imperceptiblement, doit savoir sur le bout des doigts, avec une exactitude irréprochable quel est le contenu précis du magasin, n'est-ce pas ?
Le concerné voulut répondre, mais le commissaire poursuivit.
- Êtes-vous sûr qu'aucune boussole n'est en ce moment dans le bâtiment ?
- Je ne puis rien contempler de tel.
- Vous pensez... Qu'elle aurait pu couler ? Questionna Eléna à la suite de ses pensées sans réelle volonté de partager son tracas, tout en se penchant de nouveau pour observer l'eau trouble.

Aldrick jaugea les présents, des fois que l'un d'eux ait une suggestion, car il ne doutait pas des talents d'oratrice de Valentine dans ce genre de cas, ni de l'efficacité  du flair d'Edward. A moins qu'Andréa soit subitement réceptif d'une manière ou d'une autre au sort de l'objet ? Mais sa sœur reprit sur le même ton, après un soupir.

- Si c'est ça... Elle serait invisible, que ce ne serait pas plus simple !

Le loup l'observa puis vira son regard sur le Djinn, subitement suspicieux. Il n'aurait tout de même pas... ?
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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeJeu 8 Sep - 23:12

La main sur la poignée de sa cabine, Fokke sentit celle-ci tourner. Il la lâcha. Au même moment, la porte s’ouvrit.

- Capitaine, salua le mousse.

Les yeux écarquillés, l’imposant homme était pourtant convaincu d’avoir aperçu le jeune marin, une caisse de munitions dans les mains, près d’un canon. Il se tourna, balaya du regard le pont et ses matelots. Il était cependant visible nulle part. Il devait s’être trompé.

- Que faisiez-vous dans ma cabine ?
- Monsieur Theat m’a d’mandé d’nettoyer. Elle en avait besoin. J’y ai vu l’plus gros cafard d’ma vie, et le plus bête. Y s’est cheté par-d’ssus bord et a calé comme une roche.

Sans plus, le capitaine congédia le mousse et entra dans ses quartiers, persuadé d’avoir un petit moment tranquille avec lui-même. Mais à peine la porte fermée, son irritation revint en force. Sa main tentaculaire serra la poigne de son mousquet à s’en blanchir les jointures, s’il y avait encore du sang dans ses veines… et une main avec des doigts.

Assis, ses longues jambes rachitiques croisées sur le bureau, le rouquin lui lança son éternel et insupportable sourire. Que faisait-il encore là ? Désirait-il vraiment finir avec sa sale tronche de citrouille éparpillée partout sur les murs ?

- Pensais-tu m’avoir avec ton «  on verra c’que j’peux t’offrir en échange » ? Je ne suis pas un puceau comme toi dans le domaine du marché. J’en faisais bien avant que tu tètes les seins de ton père. Si je trouve ton livre, en échange, je veux ça !

Il pointa soudainement une direction de son index. Lentement, le regard du Fokke glissa le long du bras du rouquin, dépassa ses doigts et s’arrêta vers sa vieille bibliothèque dévorée par les algues et les coraux. Il fit un pas pour mieux apercevoir l’objet en question. Coincé entre deux livres imbibés d’humidité se trouvait une étrange petite boîte carrée. Épargnées par la malédiction, les symboles gravés dans son bois étaient aussi lisibles qu’au jour de sa création. Différentes fentes, petites pièces et roulettes apparaissaient sur chacune de ses surfaces, mais aucune ne laissait prédire son ouverture. Les secrets cachés en son sein semblaient ainsi inaccessibles, sauf pour celui qui connaissait ses mécanismes. Ce que le maître des lieux n’avait encore jamais réussi.

Il prit tout de même quelques secondes pour y réfléchir. Il l’avait trouvé plusieurs décennies plus tôt dans la cale d’une épave byzantine. Depuis, il avait maintes fois tenté de percer ses mystères, sans succès, et avec le temps, il s’en était lassé. Alors…

- D’accord.
- Parfait ! Voici ton bestiaire !

Sortant d’on ne sait d’où, un gros livre apparut dans la main du jeune homme. Il le déposa avec rudesse sur le bois de l’antique bureau moisi. Le choc créa une nouvelle fissure dans le meuble, mais aucun des deux ne sembla le remarquer. Le vieux loup de mer s’avança, incertain s’il rêvait ou pas.

- Voilà la plus récente et la meilleure édition sur le marché. Il n’existe pas plus précis et plus à jour que celle-ci. Vois par toi-même !

Devant ses petits yeux noirs à peine plus gros qu’une bille, l’homme déposa son mousquet sur le bureau et prit le bestiaire dans ses podions. Sur sa couverture rigide d’un bleu océan, une créature marine, un calmar géant doré, était gravée dessus, nageant à travers divers motifs et dorures. Il parcourra les pages d’un regard émerveillé. Les images à l’intérieur étaient si nettes et justes, le capitaine avait l’impression que les animaux allaient sortir du papier. Il se surprit même à glisser son tentacule à la surface pour vérifier.

- Un autre client satisfait, lâcha la tignasse rousse en s’éclipsant pour apparaître face au marin. Oh ! Une dernière question avant de te quitter, ça m’intrigue trop pour te laisser sans le savoir. Ça fait quoi de respirer par son cloaque ? As-tu l’impression de respirer ta merde ?

Fokke abandonna son bouquin pour braquer un regard noir au jeune fendant. D’un rapide geste, il récupéra son arme et visa l’insupportable vermine rousse. Le coup résonna en écho dans la pièce. La porte de la cabine s’ouvrit avec grand fracas.

- Capitaine !

Son équipage, les armes à la main, était dans l’ouverture, prêt à défendre leur chef. Plusieurs paires d’yeux cherchèrent l’ennemi, mais aucun ne le trouva. Le capitaine était seul dans sa cabine.

- N’as-tu toujours pas compris que nos sympathiques conversations se déroulaient dans ta tête d’écrevisse ? Nargua la voix du rouquin.

Un grognement s’échappa de Fokke. Si rien de tout cela n’avait été réel, alors… Son regard alla à sa bibliothèque. Impossible, la boîte à secret avait disparu ! Son indispensable bestiaire ? Disparu ! À la place, une feuille trônait sur le bureau. La montagne de muscle le prit et l’observa. Un nouveau grognement explosa dans le fond de sa gorge. Le papier finit écrasé dans son imposante main. Dessus, il y avait un dessin, pour ne pas dire un gribouillis, représentant Fokke en cochon de mer tenant dans ses tentacules un gros livre avec un calmar géant sur sa page couverture. On pouvait aussi lire dessus dans une écriture presque illisible : « le dernier bestiaire marin qu’vot’siècle a édité. Édition augmentée, luxe et tout l’tintouin. »

- Un marché est un marché ! Tu as eu ce que tu voulais.

La voix disparut dans un éclat de rire. Le capitaine se tourna vers son équipage, rouge de colère.

- Attrapez-moi cet’morue d’eau douce ! Il doit être quek’part sur l’navire !

Si seulement, c’était vrai…

****

Quelques minutes plus tard, dans un certain grand magasin.

- Ne soyez pas aussi pessimiste, jeune demoiselle, résonna une voix d’outre-tombe.

Sortant d’on ne sait d’où, un mousse à allure ectoplasmique apparut sur son navire de fortune. Étendu sur le ventre, les jambes balayant l’air dans une posture décontractée, il glissait lentement sur la surface de l’eau sur un vieux matelas. Il n’avait d’yeux que pour une petite boîte en bois coincée entre ses fines mains.
Les secondes passèrent. Le silence s’étira. Le jeune n’ajouta rien, ni ne fit quoique ce soit d’autre. La seule preuve qu’il y avait encore une quelconque activité cérébrale dans ce corps fantomatique était ses doigts qui parcouraient les dispositifs sur ce qui ressemblait à un jouet. On en vint presque à oublier sa présence inutile jusqu’à…
Finalement, son embarcation passa près de l’aviron.

- La voilà, votre boussole.

Sa main lâcha quelque secondes son cube et ramassa l’objet désiré à l’abri entre ses bras. Sans leur jeter un regard, il la balança avec désinvolture, ne se souciant guère de sa destination finale. Mais en l’absence de « plouf », le jeune marin déduisit qu’elle avait atterri dans les mains de quelqu’un.
Un petit feulement se fit soudain entendre.

- Oh, il semblerait que votre bestiole n’apprécie pas la boussole. Vous devriez peut-être l’écouter… Le mousse marqua un silence, occupé avec l’objet dans ses mains, puis reprit. N’avez-vous pas remarqué un changement depuis que l’élu l’a en sa possession ? Il fit une autre pause. Il tourna la boîte dans un sen, roula une roulette. Il la retourna à nouveau un autre sens, déplaça un de ses mécanismes. Eh merde, j’étais sûr de l’avoir, cette fois-ci ! Puis, comme s’il se souvenait des autres, il leva enfin le regard et ajouta. Vous ne devriez peut-être pas faire confiance aux paroles d’un vieux pirate manipulé par une boussole magique.

Continuant à s’éloigner tranquillement des chasseurs de trésor et du vendeur, ses yeux retournèrent à son énigme, laissant planer le doute autour d’eux.
Andréa Eyssard
l Un monstre dans la peau l
Andréa Eyssard

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeSam 10 Sep - 18:48

« Veuillez m’excusez. »

Shaala s’inclina respectueusement devant sa clientèle et se volatilisa dans une légère brume rougeoyante. Pouf ! Pof ! Le même nuage annonça son retour à quelques mètres à peine et s’évapora autour d’une silhouette d’une toute autre ampleur. Toujours grand, toujours maigre, mais un visage noir, calciné, dépassait à présent de l’uniforme écarlate de La Samaritaine. Percé de deux yeux flamboyants, un rictus infernal s’ouvrit sur une fournaise.
L’ifrit tendit un bras long et sec, dont les mains désormais charbonneuses étaient devenues disproportionnées. D’interminables doigts aiguisés glissèrent d’un geste sec entre ceux du marin trépassé et en arrachèrent sans difficulté l’étrange petite boîte. Un sombre éclat l’enveloppa et elle disparut.
La voix de l’ifrit, chaude comme un feu de bois, crépita en une gerbe d’étincelle.

« Ce genre d’objet n’est pas le bien venu dans notre établissement. Je vous le confisque. »

Toute objection serait rejetée et il était clair que Shaala ne s’en laisserait pas compter car cet établissement, il l’aimait et il comptait bien le protéger.
Cela faisait des siècles qu’il arnaquait le chaland, mais ce grand magasin avait hissé le commerce à une tout autre niveau. Entrer pour s’acheter une paire de moufle et ressortir avec deux costumes, une commode, un petit canard en bois et sans les gants, évidemment. Obligé de revenir de lendemain. Le miracle de la centralisation. Addict à la vente, accroc de la négociation, le puissant ifrit avait trouvé en ces terres parisiennes un tout nouveau terrain de jeu.
Et puis l’Heure Pourpre était arrivée. Un instant de doute et la crainte qu’on l’écarte de ce monstre de tentations étalées sur plusieurs étages, pourtant il s’était déclaré, conscient que ses capacités pousseraient plus loin encore le challenge et sa force de vente. Comme il avait bien fait ! L’avidité de son patron accueillit joyeusement cette nouvelle curiosité que bon nombre s’empressèrent de venir dévisager. Même ses collègues s’habituèrent à son inhumanité. Impossible de rêver mieux.

Pouf ! Pof !

Son apparence humaine retrouvée, Shaala coula un regard méfiant sur le matelot qu’il savait bien plus menaçant qu’il n’y paraissait. Puis frappant dans ses mains, son attention se reporta sur la barque et tout son visage se plissa un chaleureux sourire.

« Vous cherchez une chose en particulier ? Une bague de fiançailles pour mademoiselle peut-être ? »


* * *


S’il avait été attentif, Andréa aurait rougit jusqu’aux oreilles quand bien même la demande ne lui était pas adressée. Valentine et Logan étaient l’heureux « couple » visé, mais de ça aussi, le louveteau n’en fut pas informé. Perdu, le regard fixé sur l’aviron dont les rames troublaient à peine l’eau noire dans laquelle elles étaient plongées, il avait fui l’aura hostile d’Elli en se laissant noyer par ses propres pensées.
La boussole venait de leur être rendue. Il ne l’avait pas vraiment vu, mais plutôt sentie. D’abord par une sorte de liesse, une douleur agréable et nécessaire, comme le massage de deux épaules crispées à l’excès par les stress. La sensation s’était installée avec l’arrivée de l’étrange fantôme sur son matelas, pour s’effacer à l’instant où il s’était débarrassé de l’objet. Impatience et frustration avait alors envahi le garçon dont les doigts s’étaient violemment crispées sur sa rame.
Anormal, mais implacable, Andréa perçut une bouffée de fureur gonfler en lui et s’enflammant bien plus vite qu’un feu de paille. Ses muscles se contractèrent et ses traits encore graciles se crispèrent dans une expression de pur tourment. Au fond de lui, une lutte s’engagea, hurlant l’absurdité de ce besoin viscérale qui était en train de le consumer, mais la bataille le déborda, réveillant une noirceur et une haine qu’il pensait à jamais éteintes.
C’était SA boussole. Elle l’avait choisi, lui et qu’un autre pose les mains sur elle le révulsait de tout son être. Même si c’était ses mains à elle. Même si c’était les mains d’Éléna.

« Donne la moi ! Hurla-t-il en bondissant sur ses pieds au beau milieu de la barque. C’est moi qui doit vous guider ! C’est moi qu’elle a choisi !
Asseyez-vous ! S’exclama Elli. Vous allez nous faire chavirer ! »

Ils tanguèrent dangereusement. Andréa serait passé à l’eau si la sphinge n’avait pas agrippé sa taille dans l’espoir de le ramener au fond de la barque. Elle tira de toute ses forces, mais la puissance du loup-garou transpirait de tout son corps et le maintint debout. Il tendit le bras et sa conscience sembla remarquer avec un temps de retard qu’il était bien trop loin pour espérer saisir l’aviron. Il lui aurait suffi de se jeter à l’eau, mais un bon sens ténu le retint. Alors agités, ses iris se mirent à balayer frénétiquement toute la pièce. S’emparant de l’une des rames et chercha à l’appuyer contre une caisse pour repousser leur barque en direction de l’autre groupe. Il transpirait, haletait aussi vite que s’il avait enchainé trois marathons.

« Aidez moi à la récupérer, dépêchez-vous !
Andréa calme toi ! Hurla Edward, blanc comme un linge.
Tais toi ! On est tout près ! Le trésor est là ! Elle a besoin de moi pour l’atteindre ! Je dois les réunir !
Pas si je réduis cette chose en miettes ! Cracha le loup blanc.
Ne le laissez pas faire Mademoiselle ! Intervint Elli. On a aucune idée de l’influence que cela aura sur ce garçon !
Elena donne moi tout de suite… »

La rame se brisa entre les doigts d’Andréa. Soudainement beaucoup plus calme, le louveteau se mit à rire, assis sur le banc de nage. Un rire sec et sans douceur, auquel succéda quelques mots, chantonnés comme une comptine :

« À bord de la Mary Céleste j’ai embarqué et c’est son naufrage que j’ai causé. Ils n’étaient pas assez puissants, j’ai dû me rabattre sur des revenants. »

Encore un gloussement, puis Andréa se déplia violemment. Se penchant sur le bord de la barque, il jeta de toutes ses forces les restes de sa rame en direction de l’aviron. Le premier ricocha contre le bord du bateau et s’envola pour piquer droit sur le marin et son matelas, mais le second fila comme une flèche, passant à quelques centimètres de la figure d’Éléna.
Appuyé sur le bord de l’embarcation, le jeune homme ouvrit grand la bouche prêt à hurler, le visage déformé par un mélange indéchiffrable d’émotions, mais un violent tressaillement lui coupa brutalement le souffle. Soudain vide d’énergie, il vacilla dangereusement. Un dernier éclair de lucidité le ramena au fond du bateau, puis il s’écroula, fiévreux et inconscient, contre l’épaule de Valentine.

« Je vois… Murmura doucement Shaala dont le regard s’était d’abord écarquillé devant la scène avant de s’étrécir en deux fentes suspectes. Je pense que je peux vous aider. Suivez-moi. »

Et tel Moïse fendant les eaux, la Seine se retira en partie sur le passage de l’ifrit, ouvrant un passage vers les étages inondés. Les embarcations pouvaient toujours naviguer, serpentant entre deux murs d’eaux. Aux travers ces parois aqueuses on distinguait le bal des poissons et des robes vide de toutes propriétaires.
Elli inspira profondément et s’adressant aux deux hommes encore en état de ramer :

« Vous allez réussir à nous diriger ? Il faut qu’on sache ce qu’il a à nous proposer. »


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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeLun 12 Sep - 15:47

Tout cela n'avait plus aucun sens pour Valentine.
Après avoir esquivé une vague menaçante, causée par la chute d'un échafaudage, et avoir fait un peu de rafting contrôlé très maladroitement, le petit groupe était parvenu dans le grand magasin sans même avoir quitté la barque.
Fort heureusement, son équilibre légendaire, gagné par des années de vadrouille, lui permis de rester à l'aise dans l'embarcation... Tout le contraire de son compère canin qui avait finit par s'agripper au rebord, le visage blême.
Elle le soupçonna d'avoir le mal de mer, et afficha un grand sourire amusé lorsqu'il tourna la tête vers elle.


"Si jamais tu es pris de nausée, c'est de l'autre côté qu'il faut tourner la tête."

"Ce n'est pas amusant, Val..."

"Un peu quand même. Je ne me souvenais pas que tu avais des difficultés avec les remous."

"Les autres fois j'étais encore un... disons que j'avais meilleur équilibre. Et qui te dis que je n'étais pas déjà souffrant ?"

Réalisant qu'il avait faillit dévoiler une information qui se devait rester secrète, il changea de sujet et observa l'intérieur du grand magasin, puis fronça les sourcils en reniflant une étrange odeur. Mais avant même qu'il eut le temps de prévenir, un Djinn apparu non loin, un peu plus proche de la deuxième barque.

le binôme l'observa un long moment en silence, essayant de comprendre s'il allait les aider ou les enquiquiner, mais finalement, il ne sembla aucunement malintentionné. Il récupéra même la boussole, rassurant la plupart des personnes présentes, et tenta de vendre une bague de fiançailles à Valentine qui cligna des yeux un instant, réalisant qu'il s'adressait à elle et à Loki, puis pouffa et montra sa main gauche avec un petit sourire.


"Une offre fort tardive, j'en possède déjà une."

Alors qu'elle ne se concentrait plus sur les autres personnes, même si elle devinait un léger soupire de la part de son ancien protecteur canin qui avait encore un peu de mal à assimiler qu'un autre avait endosser son rôle, elle n’aperçut pas que quelque chose se passait dans le regard de l'élu de la relique.

Se redressant avec rage, Andréa vrilla littéralement, criant qu'on lui la rende.
Ne s'attendant pas à une réaction de sa part, Valentine se tétanisa sous le coup de la surprise. Mais que lui arrivait-il à la fin ? Elle n'avait donc pas rêvé tout à l'heure ?!
Loki se redressa et tenta de venir en aide à la rouquine qui le maintenait difficilement dans la barque. Tout tanguait dangereusement et même ses réflexes n'auraient pas réussi à la tenir à l'intérieur s'ils chaviraient.


"Mais enfin mon ami, calmez vous ! Ils vont vous la rendre, vous montrer violent ne vous aidera à rien !" Tenta Loki, même s'il doutait qu'il ne l'entende à travers son hystérie.

Au moment où il envisageait de l'assommer avec l'une des rames, il vit le jeune homme briser celle qu'il tenait entre ses mains. Il écarquilla les yeux, sentant la panique l'envahir. Andréa, tout comme lui, étaient des non-déclarés, s'il venait à user de sa force, alors il serait amené à faire de même, ce qui serait fort regrettable.
Le jeune loup lança violemment les morceaux de bois, manquant de peu la jeune femme présente dans l'autre embarcation. Il se montrait hargneux envers Edward et Loki n'en comprenait pas la raison. Au moment où il allait se décider pour lui asséner un coup, il le vit tituber et s'écrouler de lui-même, Valentine le réceptionnant maladroitement, ayant tout juste récupérer l'usage de son corps.


"Il est possédé ?!" lâcha-t-elle, rassemblant ses idées pour comprendre la situation dans laquelle ils étaient.

Il ne se comportait jamais ainsi, en tout cas, pas dans les quelques cas où elle avait été amené à le côtoyer. Involontairement, elle jeta un coup d’œil vers Edward, comme si cela allait lui donner une explication, puis se focalisa sur le jeune homme qui ne semblait pas en grande forme. En touchant son front, elle sentit une violente brûlure lui attaquer la main.
Elle lui aurait volontiers mit un tissu humide sur le visage, mais la seule eau disponible venait de la Seine et elle avait de sérieux doute sur la propreté de celle-ci. Se promettant de quérir un peu d'eau potable si leur trajet les emmenait près d'une source valide, elle le positionna de façon plus confortable contre elle et le maintint pour qu'il ne s'écroule pas.

Lorsque le Djinn créa un passage pour eux, Loki s'empara d'une rame et hocha la tête vers Ellie, commençant à déplacer l'embarcation à la suite du légendaire. Il fronça légèrement le nez, trouvant que l'endroit commençait à sentir le poisson et la marée.
Il les dirigea prudemment, s'inquiétant malgré tout à l'idée qu'il ne puisse refermer le passage sur eux, les condamnant à une noyade certaine.

La jeune femme observait les magasins plongés dans l'eau, se désolant en apercevant des peluches submergées, ainsi que quelques poupées qui, curieusement flottaient, surement à cause de leur intérieur vide. Elle frissonna en les voyant virevolter paresseusement telles des danseuses étoiles, trouvant que ce spectacle avait un côté plutôt lugubre.
Tout en s'enfonçant dans la partie émergée, la lumière et la température baissèrent, la mettant en alerte.

L'individu finit par s'arrêter devant une porte, mais elle ne parvint pas à lire l'enseigne, ses yeux ne s'étant pas encore adaptés à la pénombre. Elle ne détecta pas non plus le sourire aux dents visibles du Djinn, figé dans une volonté d'être un professionnel à toute épreuve, même si cela devait coller des sueurs froides à ceux qui pouvait le voir.


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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeVen 16 Sep - 23:05

- Heeyyy, mon jouet !

Ce furent les seuls mots prononcés par le marin lorsque le vendeur lui vola sa boîte des mains. Il lui lança bien un regard noir pour la forme, mais s’abstint de toute autre réaction. Peut-être avait-il compris qu’il n’était pas de force à rivaliser contre l’ifrit. Ou peut-être avait-il une autre ruse dans sa poche pour la récupérer. Lui seul le savait, mais une chose était évidente. Sa nonchalance avait disparu, remplacée par une bouderie presque enfantine.

De son côté, Ouadji l’observa de biais, se demandant comment un fantôme du Hollandais Volant avait-il pu quitter le navire et surtout que faisait-il là ? Il était convaincu de l’avoir aperçu plus tôt avec les autres membres de l’équipage. Alors s’ils pouvaient aller où bon leur semblait, pourquoi avoir envoyé Andréa chercher leur trésor ? Mais avant même d’avoir pu trouver un début de réponse, la situation se corsa à bord de leur barque.

Son attention se détourna vers le neveu du patron. À la fois fasciné et dérouté par la violente réaction du louveteau, il le regarda agir, se questionnant s’il ressemblait à cela quand sa mystérieuse force le possédait. Il voulut à plusieurs occasions le calmer, mais les autres intervenaient avant lui. Il faut dire que son esprit était divisé entre aider Andy et son inquiétude pour Ratus. Il lui jetait frénétiquement des coups d’œil, le voyant s’accrocher au mieux sur la large épaule inquiète de White. Le jeune sphinx avait bien tenté plus tôt de le récupérer quand l’aviron s’était rapproché. Il avait tendu discrètement le bras vers son ami poilu, mais la distance s’élargissant à nouveau entre les embarcations, avait empêché le rat de sauter.

Réalisant un calme soudain dans la barque, Ouadji délaissa momentanément monsieur D’Aragon. Voyant Andréa inconscient sur l’épaule de l’inconnue, il eut un petit moment d’angoisse.

- Est-ce qu’il va bien ? Demanda-t-il à la rousse en s’étirant pour ne pas se faire trop remarquer par l’autre rouquine.

Puis, le vendeur leur offrir une aide possible. Il voulut ramasser une rame afin de participer, mais se souvint qu’elle avait fini en morceaux. Constatant une planche flottant près de la barque, il la prit et joint le mouvement avec celui de l’homme.

Arrivé à destination, il resta surpris devant la boutique. Ce devait forcément être une erreur. Malgré la pénombre, il pouvait aisément lire l’enseigne.

- Vous ne voulez tout de même pas qu’on l’attache avec une laisse ou qu’on lui mette une muselière ?

Face à eux se trouvait une boutique d’accessoires de luxes pour chiens et chats.

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeSam 17 Sep - 16:37

Il avait fallut que la rame explose en morceaux derrière elle pour qu'Elena prenne la pleine mesure de ce qui venait de se passer. Les mains crispées sur la boite, la boite serrée sur son coeur, son coeur plus efficace qu'un concert de fanfares pulsant dans sa poitrine, la brunette était pourtant livide. Tremblant de toutes parts, seul le prénom du louveteau avait franchi ses lèvres, avec une inquiétude telle qu'il était à présent évident pour chacun qu'elle tenait à lui. Elle avait d'abord fait un pas vers lui dans l'embarcation, tendant la main par réflexe, même en sachant qu'elle ne pourrait pas le toucher, avant de se tourner vers les deux loups, indécise, prostrée dans un silence qui lui murait le coeur d'angoisses folles depuis l'évanouissement apparent d'Andréa.

Sans réfléchir, elle avait considérablement réduit la distance entre eux, tendant la boite vers le patron du cabaret. À ses oreilles résonnaient avec violence les mots d'Andréa, ce ton colérique empli de haine qu'il n'avait encore jamais eu en sa présence, jamais eu pour quiconque et dont elle était la destinataire. Les larmes au bord des yeux, en état de choc, Éléna avait l'impression que chacun des mots d'Andréa s'était transformé en une flèche perçante et empoisonnée, que chacune avait atteint son coeur et y restait à présent logée. Peut-être pour toujours. Est-ce que ça lui ferait toujours aussi mal ?

La boite chuta dans la large paume du loup blanc.
Aussitôt la main d'Aldrick fit de même, se refermant autant sur l'objet que sur les doigts de son homologue.

- Eduard, non !

C'était sorti tout seul, sans même qu'il pense à retenir son vrai prénom. Le cri venait du coeur, intense, puissant, gorgé de l'inquiétude qu'on accorde à un proche auquel on tient, intensifié par l'accent transylvanie du loup.

- Ne fais pas ça !

Ses iris d'or se plantèrent dans ceux disparates de son vis-à-vis, l'observant durant quelques secondes avant d'ajouter avec un accent prononcé qu'on lui connaissait peu :

- Rien ne garantit qu'il ne reste pas ainsi pour toujours si la boussole disparait.

Il ne cilla pas et poursuivit, en regroupant tout le sang-froid dont il disposait.

- Il a besoin de toi. Ses doigts appuyèrent davantage sur ceux du loup blanc, comme une demande muette d'être entendu, ajoutant malgré toute l'impuissance qui lui étranglait le coeur. Maintenant plus que jamais.

* C'est de toi dont il a le plus besoin, pas de moi. *

Puis avec une lenteur calculé, il tendit sa main de libre vers Éléna, pour caresser avec une douceur fraternel sa joue et essuyer une larme qui y coulait silencieusement. Avec tendresse, il renchérit sincèrement.

- Et de toi aussi. Un sourire réconfortant étira ses lèvres.
La brunette eut un soubresaut de surprise, mais ne se déroba pas.
- Il me déteste maintenant. Abandonna-t-elle désespérément.
- Mais non. Il est peut-être possédé comme le dit Valentine. En tout cas, il n'est clairement pas lui-même.
- Tu crois ?
Il opina avec conviction.
- Sois forte, on va trouver une solution et tout va s'arranger, d'accord ?

La belle hoqueta en acquiesçant avant de fondre dans les bras de son ainé pour y enfouir son visage autant que l'amalgame étrange de sentiments qui l'assaillaient. Malgré la surprise, Aldrick la laissa faire, l'étreignant autant que le lui permettait sa posture.

Avisant la boite toujours coincée dans leurs mains, le commissaire reporta son attention sur le loup blanc, hésita et d'un léger signe de tête désigna le foulard pourpre qui ceinturait bras d'Edward, ajoutant pour eux seuls :

- Tu as décidé de construire plutôt que de détruire, maintenant, non ?

Un haussement de sourcils entendu ponctua le propos. Il retira sa main, le laissant décider de la suite.

Récupérant sa rame, il avisa avec stupéfaction l'échange entre Shaala et Ryden. Décidément ce djinn était loin d'être un amateur. Pourtant le concerné voulut manifestement les aider et après un soupir, Aldrick proposa à son ex-collègue de monter avec eux, vu qu'Eléna n'était plus vraiment en état de les guider. Une fois que Ryden se fut décidé (ou non), ils suivirent le djinn à leur tour. Ce dernier réagit à la remarque de Ouadji par un léger ricanement.

- Vous vous méprenez, nous devons simplement traverser cette pièce.

À l'intérieur de la salle, la lumière de l'extérieur pénétrait d'avantage, éclairant de milles couleurs troublantes une large panoplie d'objets liée au toilettage canin, brosses, ciseaux, produits nettoyants, tout flottait comme suspendu dans un monde parallèle. Cela aurait pu être magique et fascinant s'il y avait eu une once d'âme qui vive pour peupler les lieux, mais seules des représentations de cartons ondulés jadis à l'effigie d'animaux de compagnie s'y étiolaient. Vaguement, Aldrick se demanda si Loki avait déjà disposé d'un tel attirail par le passé avant de se transformer ; mais en jetant un coup d'oeil au concerné, il lui parut seulement très intéressé par une balle qui dérivait non loin.

- Où est-ce que vous nous amenez ?
- Un peu de patience, c'est tout proche.
- Est-ce que c'est... Un peu plus sec au moins ? Tenta-il en grimaçant devant un paquet de croquettes trempées qui ballotait sur sa gauche.
- Qui sait ? S'amusa le djinn avec le même sourire que celui qui les avait accueillis plus tôt.

Subitement, Ratus d'Aragon émit un petit cri vif, faisant des allers-retours sur les épaules de son nouveau perchoir. Il s'arrêta d'un bloc, le corps tendu, en montrant les dents vers un coin de la pièce submergé.

- Qu'est-ce qui lui arrive ?
- Je crois que... J'ai vu quelque chose bouger par là-bas. Souffla Éléna, en s'essuyant les yeux, pour tenter de reprendre du poil de la bête, avant de se rapprocher à son tour d'Edward pour tenter de discerner davantage le paysage englouti.


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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeDim 25 Sep - 22:03

Précédé par la barque, l’aviron s’enfonça dans les étages inférieurs de La Samaritaine, emporté avec docilité à travers des tunnels d’eau noire de la Seine.
Un faible virage et la boussole roula au fond de l’embarcation, heurta le pied du loup blanc, le narguant par son apparente innocence. Edward la fusilla du regard, avant de s’en détourner. Ses iris se fixèrent loin dans les ténèbres du couloir, mais impossible pour ses pensées de se détacher du misérable artéfact.
Aldrick n’y était pour rien s’il n’avait pas été détruit. Le loup blanc avait tout fait pour le transformer en allumettes, serrant l’objet jusqu'à s’en faire blanchir les jointures, mais malgré ses efforts, le bois n’avait pas émis le moindre petite craquement souffreteux. Ce n’était pas une histoire de solidité, non. L’objet lui avait sciemment résisté. Et alors qu’il le tenait encore en main, quelque chose  venant de lui l’avait brusquement effrayé.
Ce fut de l’ordre d’une fraction de seconde, de ces éclairs si furtifs qu’on se demande s’ils ont vraiment existé. Pourtant, Edward avait nettement senti ses cheveux se dresser sur sa nuque et une vive répulsion l’avait contraint à repousser l’étreinte d’Aldrick pour aussitôt lâcher prise, laissant la boussole tomber au fond de leur embarcation.
Le commissaire l’avait-il senti ? Edward ne pensa pas à l’interroger. Le triste état de son neveux le poussa à accepter sans discuter l’espoir donné par Shaala de mettre enfin la main sur le trésor réclamé par ces satanés pirates. Aussi, départ fut donné sans qu’il daigne ouvrir la bouche, étouffant dans son mutisme l’amertume furieuse provoquée par sa criante inutilité.

À nouveau, la boussole bringuebala, cette fois jusqu’à son autre pied. Droite, puis gauche. Edward eut l’idée qu’impatiente, elle faisait les cent pas, mais il se secoua pour chasser cette pensée dérangeante.
Alors qu’ils ralentissaient, Ratus s’agita, de même qu’Eléna qui se pencha vers lui, mais le loup blanc n’y prêta aucune attention. Rage et frustration engourdissant toujours ses bras, il déversa ses états d’âme dans un nouveau coup de rames.
L’aviron s’élança droit vers le mur sans laisser à son équipage le temps de s’exclamer. Ratus d’Aragon parvint à s’accrocher pour encaisser le choc, mais l’aînée des Vivaldi bascula en arrière. Son exclamation paniquée fut couverte par le raclement de la coque sur une surface dure et le craquement de la proue contre la tapisserie. Le choc les laissa immobiles et un peu sonnés, échoués sur une étagère, à la tête d’une embarcation au nez cassé.

« Mais à quoi vous jouez ? » s’étrangla Elli.

Avec les remous provoqués par leur accostage catastrophique, tout ce qui barbotait dans la pièce s’anima de plus belle et du coin sombre indiqué par Éléna serpenta lentement une corde fine, mais solidement tressée. Elle zigzagua gentiment entre les embarcations, traçant d’elle même la ligne de démarcation entre la sphinge et le loup qui semblaient prêts à s’étriper.

« Bien, coupa humblement Shaala en joignant les mains. Qui est votre meilleur nageur ? »

Sourire exagéré pour faire passer la pilule. Séparant ses paumes gantées, il s’inclina avec élégance et indiqua du plat de l’une d’elle le montant d’une porte. Sur un panneau indicatif à demi immergé, se laissait deviner un mot : « Réserve ».

« Normalement, les clients ne sont pas autorisés à s’y rendre, mais je pense que ce que vous cherchez n’a pas encore été mis en rayon. Voyez-vous, nous avons reçu avant-hier toute une cargaison d’objets à destination de l’espace décoration de notre magasin, dont un service à thé qui ferait un excellemment cadeau sur une liste de mariage, digressa-t-il avec un coup d’œil appuyé pour Valentine. Et j’ai noté que l’un d’eux portait des symboles très similaires à votre boussole.
Dans ce cas pourquoi ne pas nous le rapporter ? Interrogea Elli.
C’est qu’il est couvert d’une fine couche d’argent dont je préfère ne pas m’approcher. Je vous aurais bien ouvert un chemin pour vous y rendre, mais je risque de perdre le contrôle dans un espace restreint où s’amoncèle de l’argenterie et il n’est pas dans mes habitudes de noyer mes clients. »

L’élu toujours inconscient et les déboires s’accumulant, la sphinge commença à douter de sa capacité à gérer la situation. Jusqu’à présent, elle avait privilégié la résolution rapide du mystère à la santé et à la sécurité des innocents qui l’entouraient, mais l’idée que l’un d’eux ait à plonger dans ce marasme de ténèbres la troublait.  Car Elli ne pouvait se porter volontaire et elle le savait.
Ses fin sourcils se froncèrent et la main posée sur son menton, la demoiselle se perdit un instant dans les méandres de possibles autres solutions. Son esprit affuté analysait vite, mais pas assez et un bruit de plongeon l’arracha soudain à ses divagations.
Edward sortit la tête de l’eau. Sa patience épuisée, il aurait certainement plongé en étant le pire nageur que Paris ait porté, mais couplé à son passif d’aventurier, sa force naturelle faisait de lui l’homme de la situation. Il s’était débarrassé de sa veste et de ses chaussures, puis gagna en deux brasses l’entrée de la réserve.
Elli le fixa, bouche entrouverte, les yeux à fleur de tête, puis se secouant, elle protesta énergiquement :

« White, soyez raisonnable ! Vous n’êtes pas un triton !
Vous avez une meilleure solution ?
Laissez-moi du temps et…
Votre élu en manque cruellement. »

Elle se mordit les lèvres. Son regard coula sur chacun des présents emprunt d’une excuse qu’elle fut incapable de formuler. Elle passa un revers de main sur son front laiteux. Ses pensées s’activèrent, se remémorèrent le plan vu en passant, assemblèrent et séparèrent quantité d’informations à sa disposition, tandis que Shaala indiquait à Edward le chemin à suivre pour retrouver mystérieux objet.
Le loup blanc était prêt à plonger, lorsque la sphinge intervint à nouveau. Elle avait ramassé la corde qui flottait et lança l’un des bouts au lycanthrope.

« Prenez ça. Nous garderons l’autre côté. Au moindre problème, tirez deux fois et nous vous remonterons. »

L’instant de flottement ne dura pas. Edward noua la corde autour de son poignet, prit une grande bouffée d’air et plongea sans hésiter ; la corde commença à se dérouler. Quelques minutes s’écoulèrent, puis le fil cessa de bouger. Elli ne le remarqua pas tout de suite, car autre chose commençait à l’inquiéter.

« Dites… Vous…Vous n’avez pas les pieds mouillés ? »

Son teint naturellement pâle n’avait plus rien à envier à celui, fantomatique, de l’équipage du Hollandais Volant. Elle souleva ses bottines dégoulinantes et les reposa au fond de la barque. L’eau lui glaça le haut des pieds d’un frisson qui se propagea à tout son corps. Ses mains crispées sur la corde, la Sphinge peina à articuler :

« Je… Je dois vous avouer que je… Je ne sais pas nager.
— Une chance que notre magasin proposer également tout un tas d’outils ! Dommage que vous vous trouviez dans la boutique de jouets. »


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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeLun 3 Oct - 16:55

Une jolie petite balle flottait tranquillement au gré des remous des embarcations, sans but ni maître, elle errait et finirait probablement dans un tas de vase lorsque la cru partirait. En la prenant dans sa main, il était pourtant certain qu'elle devait couiner allégrement avec un petit goût de reviens-y.

Et si malgré tout cela, Loki ne lui avait jeté qu'un coup d’œil légèrement nostalgique, se reprenant aussitôt pour ne pas se laisser envahir par son côté canin, Valentine, elle, avait très envie de s'en emparer de la faire chanter entre ses doigts. Dans la situation actuelle, elle avait besoin de souffler et il n'y avait pas meilleur comme anti-stress... Encore plus si elle savait que ça allait faire tiquer quelques canidés qui l'entendraient.

Cependant elle ne lâcha pas Andréa, refusant qu'il ne tombe par mégarde, mais aussi qu'elle soupçonnait le djinn de lui demander paiement si elle venait à vouloir la garder.
Edward venait de plonger au fond de l'eau pour rejoindre la zone convoitée et elle se sentait fébrile. Bien sûr, il aurait été stupide de sa part de l'y suivre, elle était certes une bonne nageuse, mais les profondeurs aussi sombres que les abysses l'angoissaient quelque peu. Et elle n'oubliait pas la promesse qu'elle avait fait à son fiancé de ne pas prendre de risques inconsidérés. Y serait-il allait, lui ?

Ses digressions silencieuses furent interrompu par l'autre rouquine qui s'exclama qu'ils prenaient l'eau, paniquant et avouant qu'elle ne savait pas nager.
Tout en clignant des yeux pour sortir de ses pensées, elle jeta un coup d’œil vers ses pieds, constatant que ses bottes disparaissaient sous un fond d'eau sombre.
Loki sembla également un peu déstabilisé, cherchant des yeux de quoi réparer la barque.


"Si vous le permettez..." Dit-elle et faisant signe vers l'autre embarcation. "J'aimerais vous confier ce garçon, je pense qu'il serait plus judicieux de le mettre à l'abri, cela mettra moins de poids et j'aurais les mains libres."

Observant Elena avec un sourire doux, elle hocha la tête pour lui confier son rôle d'assistante, puis se tourna vers Aly et Loki, leur demandant de tenir le bord des flotteurs pour les maintenir solidement et de l'aider à passer Andréa sur l'autre barque, comptant également sur les deux autres passagers.
Leur équilibre était précaire, mais le jeune loup arriva à destination sans tomber, allant dans les bras d'Elena, bien plus désignée qu'elle pour le dorloter.
Enfin libre, elle se redressa et regarda autour d'elle, jetant un œil vers le Djinn qui les observait attentivement, puis repéra ce qu'elle cherchait.


"Attention, chers voyageurs, nous allons dévier légèrement vers la droite, merci de rester à l’intérieur et de ne pas trop remuer l'embarcation."

Prenant la dernière rame, elle les poussa vers le sommet d'une étagère immergée et les laissa la cogner en douceur, plongeant l'une de ses mains dans l'eau à la recherche de quelque chose. Forte heureusement, la pèche fut bonne et elle en sorti des gamelles gigantesques, réservées aux chiens de grands gabarit. Elle les secoua, les vidant de leur eau et en donna aux autres.


"Avant toute chose, pour ceux qui n'osent sauter à l'eau, il va falloir écoper rapidement. Je vous fais confiance ?"

Elle fit un grand sourire confiant et regarda à nouveau autour d'elle du mieux qu'elle le pouvait de ses yeux humains, traquant une solution de secours à défaut d'outils. Plus pour elle que pour les autres elle marmonna des idées lui traversant l'esprit.


"Hum... trop lourd... non ça va passer à travers... De la litière peut-être ?" Son regard s'arrêta sur le nom des rayons, hésitante, puis elle se tourna vers les autres, ainsi que ceux de l'autre barque. "Vous pensez qu'il existe de la nourriture assez pâteuse pour colmater un minimum le trou ? Du genre des céréales pour chevaux ?"

"Je n'ai pas la réponse, mais je peux me mettre à l'eau pour chercher ce qu'il faut si vous avez une solution." lança Loki, retirant déjà sa veste et son foulard porte bonheur pour les confier à son ancienne collègue.

"Je dois avouer que je sèche un peu, si vous me passez l'expression, compte tenu de notre situation." lâcha Valentine en ne pouvant s'empêcher de glousser à sa propre remarque. "Peut-être des matériaux utilisés pour la décoration des aquarium ?"

Elle se tourna vers les autres, les interrogeant du regard. Il fallait se décider et trouver rapidement, car même si écoper aider à ne pas s'enfoncer trop rapidement dans l'eau, ce n'était pas la solution à leur problème.
Peut-être qu'en cas de naufrage, au moins Aly pouvait-il confier sa place à la demoiselle en détresse, qui d'ailleurs envoyait furieusement l'eau envahissante par dessus bord avec une fougue surprenante.
Aldrick Voelsungen
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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 I_icon_minitimeMer 5 Oct - 22:30

- Oh vous êtes un génie alors ? S'étonna sincèrement Eléna sans une once de méchanceté, après avoir aidé à transbahuter Andréa tout près d'elle.
- Un ifrit. Souligna le concerné.

Devant l'air perplexe de la brunette, Shaala reprit en levant un index vers le ciel.

- J'ai été invoqué. Je ne suis lié à aucun obj-
- Écopez plus vite enfin ! Ordonna sèchement Elli à son homologue sphinx.

Elle était manifestement très proche d'un état d'hystérie poussé, quand Aldrick, à deux doigts de leur proposer d'échanger leur place, se tourna finalement vers leur hôte. Non sans avoir d'abord félicité d'un signe de tête entendu Valentine, pour sa vivacité d'esprit et d'action admirable.

- Hum. Si je ne m'abuse, donc, Shalaa, vous pourriez, en un claquement de doigts, retirer toute l'eau de la barque et faire en sorte qu'elle soit totalement réparée, pour ne plus prendre l'eau par la suite, non ?

Un silence se coucha entre eux et leur vis-à-vis fit claquer sa langue contre son palet avant de joindre ses mains dans son dos avec désinvolture. Un sourire étira ses lèvres.

- En effet.

Aldrick observa avec inquiétude la corde qui n'avait pour l'instant pas bougée, se demandant si Edward n'allait pas bientôt manquer d'air. Tardivement, il envisagea même que leur guide aurait potentiellement pu assécher toute, ou partie, de la pièce dans laquelle se trouvait la théière. Ce, malgré l'argent qu'elle contenait, mais peut-être présumait-il de la résistance du Légendaire face à ce minéral ? Ou l'objet aurait-il fini en miettes alors ?
Il jeta de brefs coups d'yeux à  la sphinge agitée, se demandant si elle ne serait pas suffisamment efficace pour vider l'embarcation à ce rythme.

- Vraiment ? C'est fabuleux ! S'enjoua Eléna.
- Absolument.

Le loup n'aurait su dire pourquoi mais il lui parut qu'un infime changement s'était opéré sur la mine stoïque de l'être de l'air. Était-ce de la surprise ou de la fierté ? Une pointe de prétention lui sembla plus probable. Comme la suite ne vint pas, il questionna :

- Mais... ?
- Qu'aurais-je à y gagner ?
- Vous laisseriez donc se noyer la moitié de votre clientèle ?

Imperceptiblement, le vendeur tiqua. Il haussa les épaules et accueillit la nouvelle avec un sourire carnassier.

- Eh bien… Nous vendons également...
- S'il vous plaît Shaala ! Pourriez-vous les sortir de là ?

La corde s'agita. Le sourire du djinn s'agrandit. Chaque mot compte pour un ifrit, surtout pour pareille demande.
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