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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 En piste [PV Rose |1891][Terminé]

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Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

Messages : 2449
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] - Page 3 I_icon_minitimeSam 29 Avr - 12:58

Victoire par KO.

Rose et le divan l’avaient emporté haut la main. À deux contre un, le match n’avait pas été très équitable, mais Edward n’avait plus la force ni de protester, ni de se lever. Il dormirait là, aussi inconfortables que soient ces meubles miniatures pour sa taille absurde et sans se soucier de probables courbatures. Peu importait. À présent que le gros édredon de Rose couvrait en partie ses jambes, sa chaleur se diffusait dans tout son corps, l’autorisant officiellement à rejoindre Morphée.
Il sentait que cette nuit serait sans cauchemar et sans rêve, qu’il s’endormirait comme une masse contre cette adorable meringue liberty qui le regardait de ses grands yeux bleus devenus soudain si doux et tendres. Dissimulées par la couette, des lèvres qu’Edward savait aussi roses que les pêches murmurèrent son vrai prénom avec une douceur à laquelle il n’était pas habitué. Un chatouillement pour son cœur. Dire qu’il ne pensait plus jamais avoir l’occasion de l’entendre prononcé ainsi.
Puis elle gazouilla encore au milieu de ces bourrelets de plumes duveteuse qui l’engloutissaient. Dépourvu d’aigreur, son anglais chantait aux oreilles avec un charme mignon ponctué de sensualité.  Edward se surprit à vouloir l’entendre à nouveau.
Il avait passé trop peu de temps en Angleterre pour connaitre toute la subtilité de cette langue, mais il aurait aimé que Rose la lui enseigne. Qu’il puisse prononcer les « th » comme elle, avec ce petit bout de langue qui se glissait entre ses dents blanches et ces « r » coulant qu’il se sentait incapable de refaire. Et s’il y arrivait, peut-être pourrait-il lire son livre préféré dans sa langue à elle ? Il sourit.

« Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu mon prénom prononcé si gentiment. D’habitude on le crie ou on le crache. Je ne me rappelais pas qu’il était si doux à l’oreille. »

Il parlait bas, se doutant qu’elle ne dormait pas, mais n’ayant guère envie de troubler la quiétude du petit salon à l’éclairage tamisé par une lampe à huile sur le déclin. Le regard perdu au loin, ses pensées vagabondèrent d’une idée à l’autre, jusqu’à ce que l’une d’elle lui échappe à voix haute.

« Je ne me souvenais pas de Mihai non plus… Je me demande pourquoi il m’est revenu. J’imagine qu’il a dû être important à un moment de ma vie. Quelqu’un du clan, c’est sûr, mais qui ? »

Quel était le nom de famille déjà ? Il ferma fort les yeux, essayant de se rappeler les mots qu’il avait lu, mais ce fut la voix forte et accusatrice d’Oz qui lui revint en tête. Lupei. Mihai Lupei. L’ensemble lui paraissait familier, mais pas comme une vieille connaissance qu’on aurait oubliée, plutôt comme une personne qui aurait partagé longtemps une vie, puis qui s’en serait volatilisée, tout simplement. Un frisson le secoua. Ses doigts se resserrèrent sur l’édredon et il rouvrit les yeux, sourcils froncés.

« Non. Je suis sûr que je ne lui ai rien fait. S’il est mort, ce n’est pas à cause de moi, j’en suis certain. »

Vraiment ?
Pourtant il était dans la liste.
Liste où se trouvait également le nom d’Yvan Voelsungen et lui…

Edward secoua la tête. Il était tard, il était fatigué, pour ne pas dire totalement exténué et si, déjà éveillé et alerte, se remémorer les traits de sa mère lui était devenu totalement impossible, alors son état laissait peu d’espoir sur la possibilité de se rappeler le sort d’un inconnu sur la base seule de son nom. Un soupir fit ployer ses épaules et sa tête s’abaissa.

« Je demanderai à mon frère… »

Il grimaça en se souvenant qu’il lui avait raccroché au nez lors de son dernier appel.

« Ou j’essaierai en tout cas. »

Un bâillement le surprit, mais il le contint. Ses muscles réclamèrent un peu de confort, alors il analysa l’endroit en quête d’une position à adopter, mais renonça presqu’aussitôt à se caler de l’autre côté du divan. Dossier trop bas et manque de place évident. Un idée lui vint en se redressant.
Évitant de trop bouger pour ne pas perdre le contact qu’il sentait contre sa cuisse, Edward se pencha et après un petit effort de souplesse, il parvint à glisser ses doigts sous le plateau de la table basse. Il l’attira vers le divan. Elle glissa sans difficulté dans un bruit de raclement étouffé par le tapis qui garda quatre creux en souvenir de son précédent emplacement.
Une fois que la distance lui parut bonne, Edward leva ses longues jambes et les déposa, sans un bruit, sur le bois. Un soupir de soulagement lui échappa. Il laissa sa tête tomber en arrière, mais le dossier modestement sculpté accueillit son crâne dans un faible, mais sec « poc ». Aïe. Il ouvrit un œil ; le bleu. Puis l’autre ; le rouge. Et son regard si particulier louvoya doucement jusqu’au visage détendu de Rose.
Oui Rose.
Vivante, entière et intacte ou presque.

Pour une raison qu’il n’aurait su clairement identifier, un doute l’assaillit. Est-ce qu’elle était bien là ? Question absurde pour un esprit bien réveillé et dont la soirée n’avait pas été aussi mouvementée, ce qui était loin d’être son cas.
Et s’ils ne s’étaient jamais réveillés ? Si, à cet instant précis, tous deux dormaient encore au bord de la source, sans que personne ne soit en mesure de les réveiller ? Si, prisonniers de l’artefact, celui-ci leur mentait afin de… Afin de quoi au juste ? Edward ne sut que répondre. Mais il sut aussi qu’il ne dormirait pas sans être certain qu’elle était bien là. Alors au diable les pruderies et le reste.
Il bougea un peu et l’obligea à décaler ses pieds délicats sur le côté afin de se frayer une petit place. Il s’installa sur le côté, tenant son bras gauche contre lui tandis qu’il se laissait, en partie, délicatement tomber sur la montagne rembourrée sous laquelle se trouvait Rose. Le tissu les séparait toujours. Edward avait sa tête au niveau du ventre de la demoiselle, son bras droit étendu en travers d’elle, comme si, inconsciemment, il avait souhaité l’empêcher de partir. Repliant à demi ses jambes, toujours soutenu par la table basse, il les entremêla un peu à celles de Rose, tout en prenant garde de ne pas trop peser sur elles.
Edward avait cette particularité curieuse d’être capable d’une douceur monstrueuse et sauvage, à la fois pleine d’empressement et de délicatesse. Il bâilla en s’étirant un peu, puis se recroquevilla, déjà gagné par le sommeil.

« Pouss’moi si j’gêne. »

Son accent de l’est s’était glissé dans ces quelques mots baragouiné, puis alors que le silence revenait, il entendit ce qu’il voulait.

Bobom. Bobom.

Doux étaient à son oreille les battements régulier de ce cœur. Il aurait sans doute pu s’endormir avec si un gargouillement discret, mais pas assez pour son ouïe fine, ne l’avait surpris. Il étouffa trop tard un rire qui éclata d’une note clair du salon, avant de disparaitre dans l’édredon.
Lorsqu’il releva la tête, seuls ses yeux vairons dépassaient. Ils se hissèrent jusqu’à ceux de Rose, tout brillant dans cette faible obscurité. Il avait l’air d’un fripon avec ses cheveux décoiffés et le sourire qu’il cachait dans les draps. Pourtant ce fut sans un mot qu’il se réinstalla, attendant d’être calé pour la taquiner tout bas :

« Tu fais les gargouillis les plus mignons qui soient. »

Il inspira et ferma les yeux.
Elle sentait bon le savon et les fleurs sauvage, même à travers l’édredon.
Alors Edward sentit le sommeil remonter sur lui, sournois et rampant, gagnant un à un ses muscles qu’il dénouait méticuleusement. Les doigts de sa main droite se détendirent doucement. Sa respiration s’allégea et devint plus régulière. Ses épaules s’affaissèrent et quelques mèches de cheveux tombèrent sur un visage qui semblait plus jeune, soudain débarrassé du poids de l’éveil.
Un tressaillement l’agita faiblement. Il referma sa paume et son bras droit s’enroula un peu plus autour de Rose. Un murmure somnolant lui échappa :

« Hm…Paris j’m’endors… Il bâilla à s’en décrocher la mâchoire. …’vant toi… »

Mais pas dit que ce ne soit pas un ex aequo cette fois.

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Rose Walkson
♔ Contrebandière épineuse ♔
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] - Page 3 I_icon_minitimeDim 30 Avr - 17:04

Douillettement installée sous l’édredon, entre la chaleur des plumes  et celle d’Edward, Rose n’eut même pas la force de répliquer à la taquinerie. Le visage à moitié enfoui sous le tissu imprimé, elle se contenta d’un petit grognement en signe de protestation.

Profitant de la quiétude de ce moment, elle s’enfonça plus encore sous les draps, se décalant légèrement pour faire de la place au grand corps collé contre le sien. Les doigts de sa main gauche sortirent de leur refuge pour se mêler aux longues mèches brunes qui coulaient le long du dos du lycanthrope. D’un geste tendre, ils se mêlèrent à elles, montant et remontant le long de sa nuque.

Son cœur s’était serré lorsqu’elle avait réalisé qu’Edward était terriblement seul.
Jusqu’alors, elle s’était imaginée qu’un homme de sa stature, patron d’un cabaret, roi d’une puissante race, ancien Juge de la Curia était bien entouré. L’entendre dire que son propre prénom n’avait pas été prononcé avec douceur depuis un bout de temps avait suffi à lui serrer la gorge. Elle eut envie de répéter encore son prénom, maintenant et plus tard aussi, à de nombreuses reprises. Juste pour qu’il se souvienne que c’était comme cela qu’il devait être dit.

De fil en aiguille, son esprit dériva, s’interrogeant sur les personnes qui partageaient la vie du loup. Ce frère par exemple, ressemblait-il à Edward ? Avait-il le même ton de voix ? Partageaient-ils cette aisance naturelle à se mouvoir d’un pas souple ? Sans y prêter attention, elle murmura :

- « J’aimerai bien rencontrer ton frère... »

Entendre le son de sa voix dans la pièce l’étonna, lui faisant ouvrir deux prunelles bleues qui se posèrent sur les traits paisibles du loup. Il avait l’air si jeune comme ça. Est-ce qu’il lui arrivait de s’amuser parfois, malgré ses responsabilités ? Peut-être qu’il n’aimait pas faire la fête. Mais un cabaret était un lieu de plaisir, non ? La blonde se fit la promesse de lui proposer de venir avec elle à une de leurs réunions, dans un bar irlandais tenu par le cousin de Evan, quelque part dans les bas-fonds parisiens. Là-bas, Légendaires et Humains se mélangeaient sans crainte, et les divertissements ne manquaient pas. Ce serait moins élégant que ce à quoi il était habitué à coup sûr. Il faudrait que le roi accepte de troquer son costume trois pièces et sa cravate pour quelque chose de plus modeste. Toutefois, ils seraient en sécurité puisque la contrebandière connaissait presque toutes les personnes de ce petit recoin du monde « d’en bas ». Rose avait beau savoir qu’il faisait presque deux mètres et était doté d’une force inhumaine, elle ne pouvait s’empêcher de le voir comme un être à protéger. Quelque chose que l’on pouvait briser aussi facilement que de la porcelaine. Impossible de faire autrement quand il était capable de lui sourire comme il l’avait fait quelques minutes plus tôt.

Pourtant, tenace, la vision de son torse et de ses bras bardés de cicatrices lui vint à l’esprit. Elle les gardait en mémoire aussi nettement que s’ils avaient étés imprimés sur sa rétine, la rappelant à la réalité. Il n’avait pas besoin d’elle. Mais si le lycanthrope voulait lever le voile sur son passé, il n’était à présent plus le seul. Rose voulait savoir aussi. Peu importe ce qu’ils trouveraient. Elle savait déjà qu’elle serait incapable de partir. Elle ne le voudrait pas, c’était trop tard.

Ses doigts glissèrent sous le col de la large chemise, le long de sa colonne jusqu’entre ses omoplates. C’était aussi loin que son bras lui permettait d’aller.
Son index décrivit lentement la courbe de l’os, la pulpe de son doigt touchant à peine sa peau. Il poursuivit sa course jusqu’à rencontrer la dureté de son épaule, puis le creux de son cou, juste à la jonction entre la tête et le buste.
Là, sa main caressa la chair, dont elle savait la peau si douce et si fine.
Finalement, elle remonta enfin, s’emmêlant à nouveau à la longue chevelure brune, douce et enjôlante.

Dans la semi-obscurité de la pièce, la contrebandière bougea légèrement sous le corps à moitié endormi. Elle voulait rabattre une partie de l’édredon sur le lycanthrope, lui laisser plus de place et ce faisant, elle tira sur le tissu vichy pour en dégager une partie.

- « Couvre-toi. »

Sa voix n’était qu’un bruit léger, étouffé par les plumes de la couverture. Elle ne sut si Edward l’avait entendue mais il lui sembla qu’il avait glissé un peu plus profondément dans l’espace qu’elle avait libéré. Son autre bras s’extirpa à son tour de sous l’édredon pour étreindre le loup. Ils gisaient à présent dans un enchevêtrement de bras et de jambes, de mèches brunes et blondes, complétement entremêlés.

Rose lutta contre le sommeil. Elle voulait encore profiter de ce moment si calme et doux qu’il lui paraissait irréel. Peut-être qu’une éternité s’écoulerait avant qu’elle ne puisse gouter pareille quiétude. Son cœur tomba dans ses talons à cette pensée. Elle eut immédiatement envie de demander à Edward de venir ici tous les soirs en dépit de tout bon sens et de toute fierté. Cela faisait si longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi apaisée. Lorsqu’un filet de voix perturba le silence de la nuit, elle ne sut si c’était elle qui avait parlé, tant elle était épuisée :

- « Viens dormir… tous l’soirs… »

Pourtant c’était bien ses envies que cet accent exposait au grand jour. Est-ce que c’était aussi son cas ? Est-ce que lui aussi se sentait en sécurité avec elle ? Rose ne perçu pas de mouvements en réponse et supposa qu’il dormait. Elle ne savait pas si elle devait en être soulagée. En tout cas, il semblait avoir gagné son pari, une fois n’était pas coutume.

Elle sentit ses yeux se fermer malgré elle. Non, pas tout de suite. Elle les réouvrit, tenace. Juste un instant de plus.

Une fois.

Ses paupières furent douloureusement lourdes à ouvrir.  

Deux fois.

Ses cils battirent plus que de raison.

Trois fois.

Sa vision se troubla et ses grands yeux bleus fixèrent un instant le mur sans le voir.

Quatre fois.

Rose sombra dans un profond sommeil, enserrant toujours entre ses bras le grand corps qui reposait sur elle.
Spoiler:
 

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