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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 A Moonlight Night's Dream [PV Rose]

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Edward White
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Edward White

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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeLun 12 Juin - 20:33

« Tu ne veux donc pas te tenir tranquille ? »

Un grondement sourd lui répondit, suivit d’un lourd frottement contre le sol de pierre. Les dalles griffées crissèrent un peu, arrachant un soupir à l’obscurité.

« Je sais que c’est douloureux, mais j’irai plus vite si tu cessais de t’agiter. »

Encore un mouvement de protestation, puis une respiration presque étouffée. Il y eut un bruit de tissus froissé et une faible lueur dorée laissa deviner les barreaux d’une cage. L’obscurité revint, mais des prunelles habituées pouvaient à présent distinguer un faible rougeoiement le long des interstices et des fissures des murs. L’éclat était poisseux, presque mouvant et rappelait le ciel vicié qui avait dévoré toutes les étoiles lors de leur cavalcade entre les îles des souvenirs. Personne pour les scruter et aucun ricanement malsain, mais un glouglou ténu et gluant nettement audible dans le silence qui s’était installé.
Dans la petite cellule sans lumière, une masse énorme se redressa. Elle s’étira, puis se s’ébroua énergiquement, rejetant toute l’eau amassée dans sa fourrure. Il trempa sans pitié tous les environs., déclenchant un nouvel élan de protestation :

« Devais tu forcément faire ça maintenant… Lycan ? »

Un grognement presque taquin lui répondit. Même sans pouvoir le voir, on devinait le roulement des yeux du propriétaire de cette voix gamine et pourtant si sage qui s’élevait dans le noir. Le bruit d’un tissus qu’on essor, des petit bottes qui s’éloignent sur le sol et le son net d’un dos qui glisse contre le mur.

« Je t’ai libéré pour me faire pardonner. Je reconnais avoir baissé ma garde, mais jamais je n’aurais cru que le Mat et le Bateleur en arriveraient à de telles extrémités. À présent, il est sans doute trop tard, car ils ont dû arriver à leur fin. Tu devrais donc apprendre la patience et t’installer confortablement dans cette prison qu’est la nôtre. »

Bang !

« …Ou tu peux essayer d’en détruire la porte, mais je te préviens, les geôles de la Destinée sont inviola- »

Un grincement métallique, sec et puissant interrompit brusquement sa phrase. On l’entendît se relever entre deux projections bestiales dans la grille d’acier. Il s’approcha, soudain sans voix et fasciné. On devina sa petite main se refermer autour de l’un des barreaux pliés. Il l’ôta juste à temps.

BANG !!

Les gonds explosèrent et la porte toute entière traversa l’allée jusqu’à heurter le mur en face. Elle retomba dans sur le sol, mais son fracas fut atténué par le marrasses poisseux qui s’étirait en quelques flaques le long du corridor.
Une torche s’illumina. Sa lumière turquoise, presque phosphorescente n’avait rien de rassurante, mais elle découpa distinctement la silhouette massive du grand loup blanc.
Edward franchit la porte, retrouvant toute son humanité et fut suivi de près par la petite silhouette de l’Ermite dont le regard écarquillé fixait les restes de leur cellule.

« Mais… comment…
On doit retrouver Rose !
Tu n’aurais pas dû… Le destin est immuable, le tien était scellé, tout comme le mien… mais tu…
Aaah ! C’est quoi ce truc visqueux ! J’en ai plein les pieds !
Serait-il possible que tu sois…
Hé ! Il y a des escaliers là !
C’est forcément ça. Lycan, j’ai changé d’avis à ton sujet ! Je crois qu’Elle fait une erreur en t’écartant de la Gardienne. Je dois absolument lui en parler et… Lycan ?
Super je reviens à mon point de départ. Personne n’a eu la bonne idée de mettre une carte ?
Lycan !
Quoi ?!
Tu es nu.
…Oui bon… Tu n’en faisais pas des caisses quand j’étais plein de poils.
Certes, mais tu ne peux pas te présenter ainsi à la Gardienne. Cela la décontenancerait.
Ah oui ? Tu crois ?
Laisse moi t’habiller.
Hé doucement ! Le Bateleur s’y est essayé et je n’ai pas trop aimé le résultat alors…
Ne t’inquiète pas, je sais exactement ce qui te convient. »

Il claqua des doigts et le couloir sombre et gluant s’éclaira d’un vif éclat bleuté.


* * *


« Rose !! »

Franchissant l’arche de pierre, entra un souverain. Le roi des loups.
Sur ses épaules, une pelisse blanche, épaisse, qui rappelait sa forme animal. Assez courte pour ne pas entraver ses mouvements, elle était couverte de quelques colliers primitifs aux pendentifs grossièrement taillés de pierres semi-précieuses qui sursautaient sur son torse balafré tout en muscle. Une ceinture de cuir ceignait sa taille anguleuse sur laquelle tombait un pantalon blanc souple qui disparaissaient dans des des molletières tannés laissant ses pieds à nus. Sa peau pâle était marquée de sceaux et runes bleutés qui s’étendaient jusqu’à son visage. Une tiare d’argent, simple et sans fioriture, ceignait son front et disparaissait sous ses cheveux noirs et détachés. Son regard unique, dépareillé, se braqua sans une hésitation vers la fine silhouette qui lui faisait face.
Mais malgré leur retrouvaille, le roi et la princesse demeurèrent séparés. Proches et lointains à la fois, il se tenaient sur deux étroites plateformes entre lesquelles se trouvait un gouffre énorme, poisseux et nauséabond, rempli de cet amas visqueux rougeoyant.

« Styléééé ! » S’exclama le lapin dans un double pouce qui fit sourire Edward.

La peluche avait réussi. Le loup blanc aurait donné cher pour rejoindre la belle anglaise à cet instant précis, mais l’Ermite, essoufflé, les rejoignit à son tour.
Privé de son bâton par les entourloupes du Bateleur et du Mat, sa puissance et son endurance avaient nettement diminuées. Mains sur les genoux, il releva la tête. Son visage semblait un peu plus âgé et quelques mèches grises étaient visibles dans sa tignasse décoiffée. Il prit une grande inspiration et s’exclama d’une voix forte suintant la peur :

« Gardienne ! Vous devez vous en aller !
On est venu récupérer le gros poilu, on partira pas sans lui ! Coupa le lapin.
Je sais mais… S’il vous plaît écoutez moi ! Vous ne devez pas rester-là ! C’est le gouffre des Préjugés. Si vous saviez comme Elle en a souffert ! Elle a dû les enfermer mais votre présence va- »

Un craquement glauque. Comme des os cédant dans la chaire. Edward sentit l’Ermite tressaillir et lui agripper le bras d’une main tremblante. Un frisson lui remonta l’échine.
Malgré l’aversion et la crainte, il fit un pas vers le précipice. Au fond du gouffre, quelques bulles molles s’élevèrent à travers le liquide gluant qui s’éventra soudainement. Un iris jaune énorme, injecté de sang, roula chaotiquement dans son orbite immense et noire. Il se figea brusquement, braqué sur Rose. Puis glissa, lentement, sur le lapin et sur l’ermite.

Deux lianes noires et dégoulinantes jaillirent des abîmes dans un cri strident.



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMer 14 Juin - 18:18

S’enroulant autour de la cheville de Rose, le tentacule dévoila une mâchoire fournie en dents acérées qui s’enfoncèrent dans sa chair. Un mouvement de recul, mais l’étau se resserra douloureusement autour de son articulation. Les yeux de la contrebandière roulèrent dans leurs orbites, sa tête bascula en arrière et sa bouche s’ouvrit dans un cri muet.

Noir complet.

Tribunal populaire.

Jugements de l’audience.

***

… Habillée comme ça, c’est sûr que tu aguiches les hommes. Porter des pantalons, on n’a pas idée. Et ces cigarettes toujours dans ta bouche, ça attire le regard, c’est presque une invitation. Non, on ne me la fait pas à moi, pas la peine de pleurnicher, tu l’as surement cherché. Tu attires constamment l’attention, pas étonnant qu’ils s’y méprennent. Non, quelqu’un comme toi ne cherche que ça

ALLUMEUSE

… Vu l’endroit d’où tu viens je ne serais pas trop exigeante. Tu n’as aucune éducation, aucun savoir vivre. C’est un miracle que quelqu’un ait réussi à mettre un peu de bon sens dans ta cervelle de moineau. Franchement, cesse de gigoter, reste assise sagement. Tu crois que tu pourras te faire accepter avec tes genoux écorchés et tes bleus ? Ce genre de comportement repousserait n’importe qui. Attache tes cheveux, on dirait que tu vis dans les bois…

SAUVAGEONE

… Tu le fais exprès. Tous ces morts, tous ces gens qui succombent autour de toi. C’est de ta faute, tu as la gâchette facile. Non, non, ne fait pas comme si tu n’avais pas le choix, on a toujours le choix. Attends, attends, tu n’espères pas qu’on te pardonne quand même ? C’est la meilleure. Tu as perdu ce droit là dès la première fois ….

TUEUSE.

…Un seul homme ne te suffisait pas, il t’en fallait un autre. C’est sûr que l’autre n’était pas roi. Celui-ci pourra t’apporter plus peut être ? Ou alors tu l’utilises pour rendre le premier jaloux ? Je suis curieuse de savoir ce que tu vas réussir à lui extorquer.  De l’argent, un trône peut être. Il me semble qu’il existe un mot pour qualifier ce que tu es…

VÉNALE.

***

Lumière.

Les voix se turent, interrompues par un cri sauvage.

Refus du verdict.

- « Ce n’est pas vrai ! » hurla Rose, ses pupilles dilatées fixées de l’autre côté du gouffre. « Et je vais le prouver. »

Le lapin regarda avec horreur le tentacule relâcher la jeune femme dans un bruit de succion écœurant, retournant s’abimer dans le gouffre qui les séparait.  Il s’approcha pour l’aider mais sa protégée ne sembla même pas remarquer le sang qui coulait abondamment de sa cheville, et encore moins sa présence. Son regard brillant d’un éclat anormal se détacha lentement du roi pour fixer un point à l’extrémité de la corniche qu’elle seule voyait. Un frisson parcouru la fourrure du petit léporidé.

Pas le temps de réfléchir, à la fin du promontoire la roche gronda, trembla et se réarrangea, offrant au duo une marche taillée qui avançait au-dessus de l’abîme. Le petit guide comprit mais n’eut pas le temps de partager sa théorie. La voix paniquée de l’Ermite couvrit le gargouillement du monstre des abysses.

- « Lapin ! Q-que fait la Gardienne ?! »
- « Si j’le savais j’te le dirais champion ! »

Rose s’était dressée sur la pointe des pieds comme pour  se saisir un objet invisible suspendu sur le précipice. Eux ne pouvait pas le voir, mais elle, elle le voyait. L’immense pommier qui grandissait entre les tentacules du monstre, s’élevant par-delà l’abîme, offrant ses fruits à ceux qui osaient s’en saisir.
Mais sur ses branches point de pommes. Juste un masque.
Ses mains s’en saisirent et elle le fit tourner entre ses doigts. Il était fait d’os polis, coloré de cette poudre d’or qui le rendait aussi brillant et lumineux que le soleil. Sa forme était celle d’une tête de loup.
Lentement, la contrebandière l’approcha de son visage et la matière épousa sa peau, ses traits, se fondit sur elle comme une seconde figure.

Alors elle entendit derrière elle un grognement. Rose se retourna et fit face au loup beige qui lui montrait les crocs. Le lapin sût qu’il se passait quelque chose, voulu l’empêcher, mais un tentacule s’abattit entre lui et la gardienne lorsqu’il voulut la rejoindre. Il fut condamné à regarder impuissant, la métamorphose.

Rose tendit la main vers le canidé qui retroussa d’autant plus ses babines, poils hérissés en signe d’hostilité. Mais elle ne recula pas, au contraire. Ses doigts touchèrent la fourrure épaisse de la bête et l’attira contre elle. L’animal voulu se dégager, enfonça ses crocs dans la chair de son épaule, sans pour autant réussir à ses libérer.

Un éclair aveuglant déchira l’espace.

- «  U-un loup ! »
- «  Il a dévoré la gardienne ! »

Le lapin recula vivement, ses petites pattes duveteuses plaquées contre son museau. Mais le canidé n’avait pas l’air agressif, il avait même l’air plutôt perdu. Il se regardait fixement dans une flaque d’eau, admirant son pelage beige aux reflets dorés, sa queue battant faiblement l’air, comme pour montrer sa bonne foi. Lorsqu’il leva son regard bleuté vers lui, le guide comprit.

- « Princesse furie ! »
- «  C’est impossible ! Elle n’avait pas… »

La queue s’agita avec plus d’ardeur pour confirmer tandis que les oreilles de la louve se dressaient, attentives. De l’autre côté de la caverne, l’Ermite dû s’adosser contre la paroi pour s’empêcher de défaillir.

- « Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’elle… » répétait-il sans jamais achever sa phrase, au bord de la syncope.

La louve trotta jusqu’à son comparse et frotta affectueusement sa tête contre lui.

- «  Okay, okay… Eh, Beau-Gosse, j’espère qu’t’as rien contre les princesses poilues ! Ehhhh ! Pas la peine de me grogner d’sus, j’plaisantais ! »

On voyait sans doute aucun que ce corps était étranger à la bête ou plutôt, à l’esprit qui l’habitait. Ses pattes manquaient de s’emmêler entre elles ;  elle sursautait au moindre bruit, soudainement trop sensible aux sons et aux odeurs qui lui faisaient froncer la truffe dans une grimace comique.

Pourtant il se dégageait une détermination et une aisance naturelle dans la manière de se mouvoir de la louve. Quelque chose de l’ordre de l’instinct. Une parcelle de son âme enfin en accord avec sa forme charnelle.

La louve redressa la tête et adressa au roi des loups un regard empli de fierté. Elle aurait énergiquement remué la queue si un nouveau tentacule ne s’était pas dressé, prêt à frapper. La louve grogna sourdement, poils hérissés, crocs dévoilés, oreilles abaissées vers l’arrière. La liane frappa et le canidé esquiva juste à temps, peu habituée à ces nouveaux réflexes et à ce corps puissant. Le lapin glapit en voyant qu’un second bras s’élevait des ténèbres en contrebas.

- « C’est p’tet temps pour un repli stratégique. »
- « Partez devant, on vous rattrapera ! » approuva l’Ermite, le visage encore pâle.
- «  Pas d’problèm- eeeeeeeeaaaaaaaaaah ! »

La louve en avait décidé autrement. Ayant fait au mieux pour attraper entre ses dents la peau délicate du cou du petit mammifère, elle avait pris du recul, les griffes de ses pattes s’était enfoncées dans le sol rocailleux alors qu’elle prenait son élan, s’élançant sur les marches à peine battis, sautant au-dessus du gouffre qui la séparait du souverain.

Instant suspendu.

Le corps de la louve heurta violemment le sol de l’autre côté de l’abime, roulant jusqu’aux pieds d’Edward qui arrêtèrent sa course. L’animal agita faiblement la queue et se redressa péniblement, s’ébrouant pour se débarrasser de la poussière prise dans sa fourrure. Même comme cela elle paraissait petite par rapport au lycanthrope.

Le lapin râla en s’époussetant, le cœur encore tout palpitant de frayeur.

- « J’vais rendre mon tablier ! J’vous l’dit moi ! »
- « C-c’est impossible. Pas comme ça… Elle la voulait plus forte, elle ne la voulait pas… »
- « Qu’est-ce qu’tu marmonne toi ? »
- « La Gardienne ne devait pas devenir un loup ! »
- « Noooon ! Pas possible ! » répliqua-le lapin, sarcastique.

Pendant ce temps, la louve beige reniflait sans aucune gêne le roi des loups, pressant sa truffe dans ses mains. Puis, elle sembla voir quelque chose, ses oreilles se dressèrent et elle tira sur son pantalon avec insistance.

- « Eh beau-gosse. J’crois qu’la princesse veut qu’on la suive.»
- « Elle va me destituer » se lamentait l’Ermite. « "Ermite, donne-lui la puissance d’un lycanthrope". Ahaha, surprise grande prêtresse… »
- « Shhh ! Dépêche-toi de suivre ou on te laisse ici. »

La queue de Rose disparu au détour de la cavité, laissant derrière eux le gouffre des préjugés grandement insatisfait.
Spoiler:
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeSam 17 Juin - 12:10

Deux mille à l’heure.
Les battements de son cœur.

Edward sentait que sa réaction était déplacée. Tout comme le lapin et l’Ermite, il aurait dû être atterré, effrayé, alarmé par la transformation soudaine de Rose en louve, mais aucun de ces sentiments ne l’effleura. Un pas en avant. Impossible de dire ce qui le retint d’en faire dix, vingt, cinquante, de quitter sa peau d’homme et de s’élancer dans un bond irréaliste pour la rejoindre. L’impression de vivre un rêve, de recevoir un présent inespéré.
C’était vil, d’une sournoiserie atroce et il le savait, mais il s’en fichait. Tout était dans leur tête, rien n’était vrai, mais c’était tout comme. Qui pour le blâmer ? Loup condamné à la solitude par les siens, désespéré de trouver une meute où il aurait sa place, voilà que celle pour laquelle son cœur inclinait se parait de tous les atours de sa race. Résister contre une telle chance ne lui vint même pas à l’esprit.
Quand Rose s’éloigna, quand la louve détala en direction d’un abri, elle trouva immédiatement dans son sillage l’immense silhouette de son homologue immaculé. Comme un jeu qui débutait, enfin.

« C’est une catastrophe ! S’exclama l’Ermite, engagé en toute hâte à la suite des deux canidés.
Honnêtement, ils ont d’jà fait bien pire que ça, nota le lapin qui gambadait à ses côtés.
Tu ne comprends pas ! Tout cela n’était pas censé arriver ! Le roi des loups pourrait involontairement changer la destinée de la Gardienne !
Sauf ton respect, c’est pas possible de changer la destinée. Y z’arrêtaient d’nous l’rabacher pendant la formation !
Détrompe toi lapin. Je crois… je crois qu’il existe une exception.
Je sens que j’vais adorer…
Une légende dit qu’une carte supplémentaire a été écartée jadis du tarot de la destinée car elle se refusait à obéir selon les règles données.
Génial ! T’es gentil tu m’détailles ça après ? On arrive à la sorti là et si t’accélère un poil, on d’vrait enfin pouvoir les rattraper.
Je… Je ne suis pas… fait pour tant d’activité… »

Tous deux quittèrent la galerie, mais l’Ermite fut contraint de s’arrêter pour reprendre son souffle. Mains sur les genoux, sa large capuche tombant sur son visage rougi par l’effort. Il ne la releva qu’en entendant le murmure ébahi de son acolyte poilu et se redressant non sans difficulté, il découvrit avec émotion d’la superbe oasis qui s’étendait sous leurs pieds.
La nuit était tombée, le ciel était clair, pailleté d’étoiles et percé d’une pâle lune à demi-pleine qui caressait la végétation luxuriante de ses rayons d’argent. Loin devant eux, les deux loups marchaient au bord d’une étendue d’eau dont la surface était délicatement effleurée par le vent. Le plus grand et le plus blanc des deux était aussi le plus agité. Il tournait, virait, chahutant joyeusement avec la louve qu’il était incapable de quitter des yeux. S’approchant d’un bond, reculant de la même façon, il finit par oser une franche et soudaine proximité qu’il ponctua d’un bon coup de langue sur la joue de Rose. Coup d’œil fripon. Sans lui laisser le temps de répliquer il disparut dans les buissons. La louve suivit, l’Ermite soupira.

« C’est terrible, c’est affreux.
Quoi ?
Et ils se moquent de tout !
Eh…
L’amour s’amène et nous pauvre pouilleux, ils nous jettent tous les deux.
Mais pourquoi tu chantes ?
Sous les diamants des étoiles. Quel magique univers, mais ! Dans cette romantique atmosphère, ça sent mauvais dans l’aiiiiir !
Faut t’faire soigner. »

Entre les feuilles et les fleurs caressées par le vent, quelques ombres dansaient. On devina un mouvement.
Un museau blanc glissa entre ses branches, puis deux yeux désaccordés brillèrent sous des oreilles joyeusement dressées. Le loup jouait. Il cherchait à surprendre sa camarade, tout en évitant d’être remarqué. Malgré lui, sa queue qui balayait faiblement l’air et les plantes à proximité, trahissant du même coup son excitation et sa position.
Il avança doucement, discrètement, louveteau heureux dans un corps de grand. Puis le vent lui porta l’odeur de fleurs des champs. Joie gamine. Prédateur enfant. Il suivit sa piste tout en prenant garde de ne pas être vu, car il avait à cœur de sortir victorieux de ce petit amusement.
Sa silhouette apparut au bord de l’eau et il manqua de se trahir. Si jolie, si réelle. Un instant il oublia la partie qui se déroulait et tout fébrile sur ses hautes et puissantes pattes, il eut envie de s’approcher, de se blottir contre elle, l’effleurant de sa tête, se glissant sous son cou, d’approcher sa truffe de la sienne et de plonger avidement dans ses beaux yeux bleus.
Elle bougea et il craignit d’être pris, mais il avait le vent de face et rien parmi les ombres ne l’avait trahi. Alors qu’il lui semblait qu’elle hésitait, il jaillit. Il courut à toute vitesse, bondit juste à côté d’elle, agrippa une liane entre ses crocs, mais elle rompit et il tomba à l’eau. Éclaboussures phénoménales. Il la trempa elle, ainsi que ce qui se trouvait autour et remonta à la surface. Juste une truffe souriante, qui laissa rapidement place à une grosse boule de poils dégoulinante, mais ravie. À peine au sec, il se para d’une fausse innocence et s’avança doucement vers elle. Une seconde de plus et il aurait effleuré son museau du bout du sien, mais quelque chose le stoppa net.

« Il faut qu’elle redevienne humaine ! »

Edward souffla avec aigreur sur la main de l’Ermite, s’écartera que d’un pas et comprenant, l’enfant s’exclama :

« Non Lycan ! »

Mais le roi des loups s’ébroua et pour la seconde fois, le petit sage finit trempé. À la crispation de ses lèvres, il était désormais clair que son sang-froid ancestral avait trouvé un sérieux adversaire. Il inspira, essora encore son long manteau et jeta un coup d’œil au lapin qui tournicotait autour des pattes de Rose.

« Je vois plus du tout d’trace du masque hein. T’es sur qu’on va pouvoir la ramener.
Il le faut. Cet état ne doit être que transitionnel. Gardienne… Si vous m’entendez, je vous en conjure, essayez de retrouver forme humaine. Vous exacerbez un seul pan de votre âme, rester ainsi trop longtemps est dangereux ! »

Edward gronda dans son dos.

« Cela n’a rien à voir ! Vous êtes un lycanthrope, votre âme est habituée à pareille métamorphose, mais ce n’est pas le cas de la Gardienne, informa l’Ermite avant de se tourner vers Rose. Je vous en prie, vous avez fait un énorme pas en avant en affrontant les préjugés, mais ne choisissez pas la solution de facilité.
Et pourquoi pas ? »

Il y eut un frémissement commun et tout le petit groupe leva la tête. Assis en hauteur, se balançant sur la courbe d’une liane, le Bateleur les fixait en souriant. A ses côtés, le Mat, installé sur une grosse branche les deux mains repliées sous son menton, observait d’un regard pétillant les deux gros loups qu’il rêvait de papouiller.
L’Ermite s’étrangla. Il était toujours parvenu à conserver son calme, mais la vue de ces petits magouilleurs lui fut insupportable :

« Vous osez vous montrer ? Après nous avoir tous trahi et mis tout leur voyage en péril ?!
On a fait ce qu’on jugeait être le mieux pour Elle, tout comme toi.
Tricher et travestir la réalité n’a jamais été dans mes intentions.
Ça va… Tes méthodes archaïques prennent trop de temps !
C’est un temps nécessaire ! Voulez vous qu’on perde la gardienne ? Encore ?
Ça ne craint rien ! Soupira la Mat en s’affaissant sur sa branche. En plus c’est grâce à nous qu’elle a progressé.
Dans vos rêves les deux fêlés. Princesse furie est arrivée là toute seule et elle s’débrouille parfaitement sans vos tronches de débiles à proximité. Alors dégagez.
Désolé lapin, mais ça ne va pas être possible, intervint le Bateleur. On doit s’assurer que vous n’allez pas tout gâcher.
Ah ! Essayez donc ! S’emporta l’Ermite. On va tout de suite se rendre à Babel, que vous le vouliez ou non ! »

Deux sourires acérés s’étirèrent dans l’ombre des arbres. Les guides partagèrent la même sensation désagréable, mais d’un commun accord, ils se mirent en route en enjoignant les deux loups de les suivre. La marche qui s’installa le long de l’oasis fut aussi déterminée que brève. Trois pas et ils furent stoppés nets.

Bong !!

Sonné, l’Ermite tomba sur ses fesses. Le lapin s’avança, circonspect et tapota de la patte une grande paroi vitrée. Le décor par delà le mur crépita et se figea brusquement révélant que l’obstacle était peint d’un immense trompe l’œil. Deux gloussements s’effacèrent dans la nuit. L’enfant frotta son nez rougi par le choc et se redressa en titubant un peu. Edward glissa sa grosse tête sous son bras, lui servant d’appuis, tandis qu’il redressait levait les yeux vers le ciel.
Au-dessus d’eux, la lune avait légèrement changée. Toujours à moitié pleine, on distinguait plus nettement les reliquats d’un profil dessiné sur sa face blanche. L’Ermite se crispa.

« L’arcane de la Lune… Le monde des faux semblants.
Exactement c’que j’allais dire !
Gardienne, lycan, tenez vous prêts. Les mensonges vont nous rattraper, mais qui qu’il arrive, ne vous détournez pas de la vérité. »

Et quelque chose bougea dans l’obscurité.
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeLun 19 Juin - 14:47

Un grondement s’éleva, et apparut à la place de la louve, une Rose, à genoux sur le sable de l’oasis.
Alors que l’Ermite se précipitait pour couvrir son corps nu, elle leva deux prunelles brulantes et féroces vers lui. Les mèches éparses et trempées de sa crinière cachaient ses traits, mais n’importe qui pouvait discerner la colère qui couvait dans sa voix :

- « Vous ne me laisserez donc jamais rien avoir ? »

Pleine de rancœur, elle se releva, serrant la cape de l’Ermite autour d’elle. Elle tenait toujours du bout des doigts le masque de loup que les deux guides fixaient comme s’ils craignaient qu’elle ne le remette à tout moment. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Mais malgré toute son amertume, elle sentait qu’il y avait du vrai dans les paroles de l’Ermite. Rester trop longtemps sous cette forme pourrait la condamner à rester louve. Mais quel mal y avait-il à cela si Edward était à ses côtés ?

Un nouveau bruissement dans l’obscurité, et deux silhouettes émergèrent de la jungle. La lune tourna sur elle-même, révélant sur sa face pleine un sourire grimaçant. Un gloussement aigu.

- « On vous avait manqué ? »

Elvira. Et à ses côtés, une grande silhouette qu’elle connaissait bien.  

- « Promis cette fois, on n’y est pour rien. »
- « Juré, craché ! » renchérit le Mat en rejoignant le petit groupe.

Prédatrice, la chasseuse s’avança vers Edward, sa veste délaissée dans son sillage, dévoilant sa gorge, sa tresse détachée libérant une cascade brune dans son dos. Rose regretta très sincèrement sa décision antérieure et fit un pas pour y remédier immédiatement, mais une main se referma sur son poignet. Aldrick lui souriait d’un air tendre, et le son d’un saxophone s’éleva dans les airs alors qu’il la retenait contre lui. Sans la voir, Rose entendit la voix d’Elvira s’élever, ensorcelante :  

- « Aime moi ou quitte moi, » chanta la chasseuse tout contre Edward « Fais ton choix, mais crois moi, je t’aime ! »
- «  Vraiment, vraiment, vraiment ! » répondit le Mat en chorus.
- « T’es dans quel camp toi ? »

Le Mat haussa les épaules. Il ne refusait jamais une bonne chanson, et puis ce n’était pas comme si il avait le choix. La carte de la Lune avait une forte influence sur tous les guides. Et comme pour approuver ses dires, Bateleur et Ermite joignirent leurs mains et se lancèrent dans une valse endiablée, leur expression trahissant toute leur détresse. Mais ils ne pouvaient résister.

- « Je ne peux pas le cacher. Tu ne le vois pas ? » Une main glissa le long du torse du lycanthrope, caressante « Tu ne le sens pas ? » Un sourire de satisfaction éclaira ses traits alors que ses doigts s’arrêtèrent à ses hanches. « Je t’aime. Pas toi ? »
- «  Elle t’aime, elle t’aime, elle t’aime ! »
- « Pourquoi tout l’monde chante ? »
- « L’arcane de la Lune a… un certain sens de l’humour. »
- « J’aurais dû m’en douter tout à l’heure quand t’as commencé à pousser la chansonnette. »


Reflexe de sa brève forme lupine, Rose grogna sourdement, dévoilant des canines blanches et pointues. Elle tenta de se dégager, mais mais le commissaire la fit tourner entre ses bras pour qu’elle ne puisse voir que lui. Dans un élégant pas de deux, il l‘entraina sur la piste, la retenant d’une poigne ferme, l’empêchant même de tourner la tête vers l’autre couple.

Pendant ce temps, plus charmante que jamais, Elvira continuait de chanter, de tourner autour de sa proie, ses mains parcourant la moindre parcelle du corps de son ancien amant. Son port de tête haut et sa démarche assurée ne laissait aucun doute sur l’issue de son petit jeu de séduction.

- « Oh ! Je me suis rappelée de mon passé solitaire, comment tout a changé lorsque je t’ai rencontré. » minauda-t-elle, ses lèvres s’approchant des siennes. « Alors, allons-y, ressayons ! Je t’aime, je ne peux plus le nier. » Ses doigts s’entremêlèrent aux siens « Oh, s’il te plait, pas de ressentiment entre toi et moi… Je t’aime, et si je ne peux le nier, c’est parce que c’est vrai. Alors… fais ton choix. »

Rose n’eut pas le temps de voir ce qu’Edward  lui répondait, ni même si cette peste était arrivée à ses fins. Déjà, une nouvelle mélodie résonnait dans l’air, et le commissaire maintenait son menton entre ses doigts. Trop occupée à ronger son frein, elle ne s’était même pas aperçue qu’un enchantement l’avait vêtu du même accoutrement qu’avant mais doré cette fois. Assortis aux yeux de son vis-à-vis. En miroir de son pendant féminin, il entonna :

- « Je n’étais pas jaloux avant notre rencontre. Et maintenant, chaque homme que je vois est une menace potentielle. » Un regard vers Edward mais avant que Rose n’ait pu apercevoir le roi, il changea de position pour mieux la maintenir contre son torse. Si proche, qu’elle entendait les battements de son cœur. « Tu m’as déjà entendu dire que fumer était mon seul vice, mais maintenant ce n’est plus vrai. Maintenant tout est nouveau, tout ce que j’ai appris a changé. Je t’en supplie… »

Cette fois ci, à sa plus grande honte, ce fut au lapin d’entamer le chorus aux côtés du Mat. Il tenta de plaquer ses petites pattes autour de son museau mais son corps ne lui obéissait plus.

- « Ne va pas disperser tes émotioooons ! Donne lui tout ton amour ! »

Les mains d’Aldrick glissèrent jusqu’à sa taille. Rose savait que rien n’était vrai dans ce monde de faux-semblants. Pourtant, son corps ne pût s’empêcher de frissonner, un rappel de ce qui avait été.

- « C’était tirer sur une cible facile pour toi. Un mot, un sourire et mon cœur était conquis. Je ne sais pas ce que tu m’as fait, mais un homme ne devrait pas succomber si facilement… Je laisse de côté ma fierté et je t’en supplie… »
- « Ne va pas disperser tes émotions, donne lui tout ton amour ! Ne va pas partager ton ardeur, donne lui tout ton amour ! »
- « Je… » protesta Rose, contorsionnée pour mettre de la distance entre elle et son cavalier.
- « J’ai eu quelques aventures amoureuses, elles n’ont pas duré bien longtemps, et elles ont été plutôt rares mais je pensais qu’elles avaient un sens… » souffla-t-il chaudement. Ses mains agrippèrent ses cuisses et il la souleva contre lui, haussant son visage à la hauteur du sien. « C’est ce qui rend la vérité encore plus incompréhensible. Car avec toi, tout est nouveau, et tu es tout, tout ce que j’ai appris a changé, alors je t’en supplie… »

Ses lèvres frôlèrent les siennes et tout le corps de Rose se tendit d’anticipation pourtant… Pourtant rien n’était réel. Tout ça n’était que mensonges. Sa main se plaqua contre le visage du lycanthrope, le stoppant net et la musique s’interrompit avant que le Mat et son comparse n’entonnent le refrain. Le lapin laissa échapper un soupir de soulagement, tout comme l’Ermite, qui put enfin relâcher son cavalier dans un mouvement de dégoût dédaigneux.

Aldrick la laissa glisser à terre, un air étonné imprimé sur son visage. Rose sourit. Il était peut-être plus fidèle à l’original que ce qu’elle ne pensait ;

- « J’ai quelque chose à dire ! »
- « Il faut le dire en chantant Gardienne ! »
- « Oh noooon ! Pas encore ! »

La contrebandière haussa un sourcil et déglutit péniblement. De là où elle se tenait, Elvira la toisa de haut en bas, la mettant au défi de chanter une seule note avec la même sensualité qu’elle. Ce fût la première fois que Rose regretta franchement de chanter aussi faux. Pourtant, prenant son courage à deux mains, elle se racla la gorge, demandant à la lune :

- « Musique ? »

Il y eu un blanc, et enfin, piano, guitare et percutions se mirent à jouer. Les guides reprirent leur place de choristes pour la plus grande joie du Mat qui tapait des mains avec enthousiasme. Face au regard noir de ses compagnons, il murmura :

- « Quoi ? Autant profiter du spectacle non ? »

Elle avança vers Edward, ignorant superbement Elvira. À sa grande surprise, lorsque sa voix raisonna dans l’oasis, elle sonnait étonnamment juste. Cadeau de la carte de la lune.

- « Donne-moi ma chance. »
- « Donne-lui sa chance, c’est tout ce qu’elle demande ! » cria le Mat suspendu au bras d’un Aldrick délaissé.

Rose se tenait à une distance raisonnable du roi des loups. Le seul conseil que sa mère ne lui ait jamais donné était de ne jamais courir après un homme, quel qu’il soit. Elle l’avait appliqué à la lettre jusqu’alors, mais pour celui-ci...

- « Tu voudrais que j’abandonne ? » interrogea-t-elle en rejetant d’un geste de tête la possibilité. Elle chassa la vue d’Elvira d’un geste de main. « Je pense que tu sais que je ne laisserais pas tomber. Laisse-moi te dire que mon amour est fait pour durer. »
- « Donne-lui sa chance, c’est tout ce qu’elle demande ! »

Mat, Lapin, mais aussi l’Ermite -et même le Bateleur avec une certaine mauvaise grâce- avaient repris le chorus en cœur.
La musique cessa, et un rire satisfait se fit entendre.  L’arcane de la Lune était visiblement satisfaite du spectacle qui lui avait été offert. Le mur en trompe l’œil s’effaça, laissant apparaître un chemin qui s’enfonçait dans le désert. Rose l’ignora, toujours bien droite, à quelques pas d’Edward. Elle avait cessé de chanter et le fixait avec intensité, le masque de loup posé sur le haut de sa tête.

- « Je veux être comme toi. Est-ce que tu penses pouvoir m’aider avec ça ? »

L’Ermite émit un cri étouffé entre ses doigts.

- « Le destin ! Le destin est en train de changer ! Oh non, non, non, non ! »

Et la lumière s’en fut. Une éclipse lune. Plongé dans le noir, le lapin s’informa :  

- « Dis, Ermite, c’te carte légendaire dont tu causais, ce s’rait pas… ? »
- «  Le Chaos. »
- « Ah. Bah, ça va comme un gant à ces deux-là. »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMer 21 Juin - 19:49

Ses yeux de louve braqués sur lui.
Elvira envolée.
L’obscurité.

La lumière s’invita soudainement, faisceau tombé du ciel. Il séparait leurs deux êtres d’une barrière immatérielle, mais d’un rouge intense et de mauvais augure. Malgré cet éclat, malgré ses yeux habitués aux ténèbres, Edward ne la voyait pas, il ne la distinguait même pas. Mais il sentait son odeur, entendait son souffle. Il n’avait qu’à tendre le bras pour la toucher et il le fit.
En entrant dans la lueur, sa main changea de couleur. Du sang commença à goutter de ses doigts, de sa paume, puis de tout son bras. L’image nette de son corps tressauta. Main d’humain, doigts griffus, patte de loup. Son apparence déraillait, instable, indécise car toute entière posée sur un passé morcelé. Le sang cristallisa, donnant à sa peau la face miroitante du grenat.
Un souffle. Voix épuisée et perdue.

« J’ai confiance en toi Rose… C’est en moi que je ne crois plus. »

Il ferma le poing et la pierre se fendit. La cicatrice lui lacéra le bras. Elle s’éparpilla en une multitude de crevasses qui craquèrent comme du verre et tout son corps se disloqua. Edward redevint ce qu’il avait toujours été ; un tas de miettes.

« Eh bah voilà. On en est débarrassé comme ça ! » Se félicita le Bateleur.

L’Ermite et le lapin avaient beau ne pas se voir, ils échangèrent tout de même un regard dans l’obscurité. L’un comme l’autre était certain que rien de tout ça s’était terminé.

Ting !

Sous leurs pieds s’étendit une brèche écarlate. Elle se répandit rapidement, contaminant le sol d’une peste craquelante qui s’étendit à l’infini, gagna les murs, le plafond qu’elle couvrit de larges et profonds sillons. Instant de flottement. Puis le Mat agrippa le Bateleur qui, surpris, fit un pas en arrière. L’équilibre rompu, tout se brisa autour d’eux et ils chutèrent.
Le lapin appela Rose. Il voulut la rejoindre, mais partout flottaient des morceaux noirs et acérés de l’univers qu’ils venaient de briser. Leur surface reflétaient des visages, des paysages, tous incolores et dépourvus de netteté. Le Mat et le Bateleur s’était agrippés à l’Ermite qui tenta de s’en débarrasser, mais tandis qu’il enfonçait ses mains d’enfant dans leur visage paniqué, un grondement leur fit tous baisser la tête. Le Mat resserra son étreinte et gémit :

« Mais qu’est-ce qu’il y a en bas ?
Tu veux vraiment le savoir ? Répliqua son comparse.
Euh… Maintenant que tu le dis… Je ne suis plus très sûr…
Je crois qu’t’auras pas l’choix mon gars.
Gardienne ! Tenez vous p- »

Mais l’Ermite n’acheva pas. Le souffle coupé, son regard s’écarquilla en voyant jaillir une tête immense, loup colossal à la fourrure de flammes blanches qui semblait chercher à s’arracher des abîmes gluantes. Ses iris brûlaient. La pluie de verre fumé ruissela sur lui, entaillant sa peau épaisse de milliers d’écorchures douloureuses. Sa colère amplifia, remonta dans sa gorge et explosa à la seconde où il ouvrit grand la gueule. Ses crocs de grenat étincelèrent, annonçant qu’il était trop tard. Sa mâchoire claqua. Il les dévora tous.

Le noir, encore.
Des voix dans les ténèbres.

« Il est bizarre… Pourquoi il ne parle pas ?… Anormal… Il grogne comme un animal… Effrayant… Comme il regarde sa mère… Bête sauvage… Je préférai quand on le croyait mort… Imposteur… Comment en est on arrivé là ?… Monstre… Il fallait mieux écouter Magda… »

Un tintement dans les ténèbres. Un faible éclat rougeoyant se mit à éclairer une petite silhouette voutée à la face maigre et ridée. Sur ses traits burinés tombaient des breloques de pierres semi-précieuses, fleurs séchées et autres confections mystiques. Soutenue par une canne noueuse, elle avançait d’un pas lent, craquant sur ce qui devait être de la neige. Son regard sage et froid jeté loin au devant d’elle, elle dépassa les guides et s’arrêta près de Rose sans jeter à aucun d’eux le moindre coup d’œil. Elle s’inclina avec respect dans un silence factice, où l’on devinait de multiples respirations retenues.
Les pleurs d’un nourrisson s’élevèrent. La vieille femme se redressa, droite et l’éclat rougeoyant s’intensifia. Son corps maigre, habillé de rubans et de grigris prit un air de prophétesse apocalyptique. Glacée par les années, sa voix rêche raisonna avec la force des pythies des temps passé :

« Voyez seigneur ! Voyez votre fils ! Regardez ses yeux ! L’un est celui d’un ange, mais l’autre… Ô l’autre ! Il vous a été volé par la lune ! »

Elle écarta les bras et tomba en poussière.
Derrière elle s’éleva une lune ronde et pleine, couleur de sang, à la surface de laquelle se découpa un sinistre théâtre. Taillées en ombres chinoises, on distinguait sur le sol les reliefs de corps inertes. Bras crispés par la mort, têtes sans visage, les cadavres s’amoncelaient dans des bruits sourds, jetés en vrac par une marionnette. Descendus du ciel, des fils épais serraient les chevilles, les poignets d’un d’homme, menaçant à chaque instant de l’étrangler. On voyait qu’il se débattait et cherchait à s’en libérer, mais chaque fois qu’un câble cassait, un autre le remplaçait et continuait de contraindre ses mouvements.
Une nuque céda sous ses doigts dans un bruit atroce. La tête désarticulée d’une ombre se pencha en direction de l’assemblée. Ses iris dorés se posèrent sur Rose, puis s’éteignirent brusquement. Il tomba aux pieds du prisonnier qui, désormais sans adversaire, se tourna vers le ciel. La lune s’enflamma, le mettant au défi, mais il ne recula pas et soudain devenu loup, son ombre énorme arracha tous les fils qui l’étreignaient. Le théâtre fut écourté et un rideau de ténèbres couvrit la scène.

« Bon ça commence à bien faire… Grommela le Bateleur. Quelqu’un peu rallumer la lumière ? »

Il fut exécuté sur le champs. Les prémices d’un carrelage se tracèrent sur le sol et brusquement, toute la salle s’éclaira. Lumière tamisée perdu entre bleus et violets, douce, tendre, mais nimbée de profonde mélancolie.
Sur une dalle immaculée, debout devant Rose, Edward la fixait. Il ne portait qu’une bouse blanche et lâche, ainsi qu’un pantalon noir des plus classiques, mais ses bras, ses jambes, son buste et sa gorge étaient tous cerclés de filins rouges cascadant jusqu’au sol. Comme des lacets défaits, ils menaçaient, à chaque instant, de se prendre dans ses pieds.
Un sourire glissa sur ses lèvres. Il lui prit la main et l’attira contre lui. Elle si petite, mais si forte, il l’étreignit avec envie, le cœur battant, appliquant sur son dos une pression qui trahissait tout ce qu’il était incapable de formuler. Se penchant tout contre elle, il effleura son cou de son souffle, remonta jusqu’à ses joues, puis se perdit dans son regard. Deux mots lui brûlaient les lèvres.
Brusquement sur pieds, l’Ermite intervint, paniqué :

« Réfléchis à ce que tu fais Lycan ! Si tu modifies son destin, il n’y aura aucun retour en arrière possible !
Je sais… »

Edward caressa la joue de Rose, puis pencha la tête. Il remarqua les fils écarlates qui s’étaient emmêlés à ses boucles blondes, effleurant ses poignets et sa gorge de craie. La tristesse assombrit son regard et il s’écarta à regret, mais sans lui lâcher la main.

« Tu vois de quoi je suis fait… En restant à mes côtés, toi aussi tu y seras empêtrée. »

Plongeant ses yeux dans les siens, il abandonna d’une voix pleine de lucidité.

« Et qu’importe mes choix, tu finiras pas être blessée. »

Inspiration profonde. Bombant le torse, une flamme s’alluma dans son regard dépareillé. Il tira à nouveau Rose contre lui, la pressa contre son buste sous lequel battait son cœur affolé. Ses grandes mains se fermèrent dans ses cheveux et dans le creux de ses reins. Il la serrait comme s’il souhaitait lui octroyer sa force, sa détermination et tout ce qu’il pouvait avoir de bon en lui. Il l’étreignait comme s’il avait eu à polir un diamant brut.
Un murmure tendre et amoureux, lui fut soufflé au creux de l’oreille.

« Je ne te demande rien, sinon de me laisser t’aider à atteindre les sommets. »

Alors, sans la lâcher, il martela le sol d’un coup de talon formidable. La dalle se brisa et l’onde de chaos se répercuta à toute la pièce. Une brèche s’élança droit devant eux. Une creusasse profonde éventra le carrelage et contraignit les quatre guide à s’écarter en toute hâte. La fissure remonta à la verticale, fendant de vide qui commença à se disloquer. Des pans entiers s’effritèrent ou s’effondrèrent, traçant l’arche d’une porte sans battant, à l’allure anarchique.
Elle donnait sur l’extérieur. Le vent s’engouffra et les caressa de sa fraicheur. Dehors, la nuit prédominait, mais elle était si clair qu’ils pouvaient voir distinctement les contours d’une haute tour jamais achevée. Babel les attendait.

Edward relâcha Rose. Il avait les joues rouges et un sourire timide étirait ses traits.

« Le Chaos… Murmura l’Ermite. Il…
Ouaip.
Sa… Sa destinée… Elle…
Franchement, j’sais pas pourquoi tu t’inquiétais. »



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeVen 23 Juin - 11:51

- « Non. »

Rose releva le menton avec défi. Ses doigts se resserrèrent autour de ceux du roi et elle l’entraina à sa suite au travers de l’arche tout juste apparut, dévalant les escaliers aux marches irrégulières sans se retourner. Chaque nouvelle foulée faisait tinter les bracelets de ses chevilles, sa frustration ne faisant qu’accroitre à mesure qu’ils descendaient. N’y tenant plus, elle s’arrêta brusquement tandis qu’un vent de révolte soulevait son cœur et rosissait ses joues sous son audace.

- « Tout ça c’est n’importe quoi. Ces prophéties ça vaut pas un clou ! » s’emporta-t-elle dans un volte-face qui manqua de la faire de tomber à la renverse. « Quelqu’un s’est servi de toi tout ce temps. J’en mets ma main à couper ! »

Derrière eux l’Ermite freina des quatre fers, obligeant Bateleur et Mat à faire de même, mais ils furent trop lents ; ils percutèrent son maigre dos dans un éclat de protestations et d’entrechoquement de breloques.

- « Gardienne ! Vous ne pouvez pas dire ça ! »

L’enfant ascète semblait avoir perdu son calme. Il sauta deux marches à la volée pour faire face au duo. Le Lycan avait un destin déjà tracé, tout comme la Gardienne avait le sien, et rien ne devait les compromettre.

- « Allons, allons… » tempéra le lapin à leurs pieds.
- « Je vais m’gêner ! »  
- « Si le Lycan… »
- « Plus un mot ! Plus un mot vous m’entendez ?! » éructa la blonde, ponctuant son ordre d’un vigoureux et menaçant mouvement de bras.

Comme en écho à sa propre colère, une bourrasque souffla violemment sur eux, soulevant les filins encore attachés au corps d’Edward. Rose comprit. Elle saisit sa chance, plongea toute entière dans cette voie interdite. Avant que n’importe qui ne puisse l’arrêter, elle attrapa le fil qui pendait au poignet du lycanthrope et l’enroula autour du sien, serrant solidement l’attache entre ses dents. Contre leur peau, le lien se mit à luire faiblement. Ce que sa volonté avait lié ne pourrait plus être défait.

L’Ermite laissa échapper un cri agonisant en se laissant tomber à genoux comme si on l’avait frappé. Le Bateleur et le Mat, bien moins paniqués en revanche, avaient l’air franchement intrigués et curieux d’assister à la suite des évènements.

- « Bon bah voilà, ça c’est fait. » commenta sobrement le lapin.
- « Leurs Destins… Elle…Le Chaos… »
- « Ah bah oui, là mon pote, c’est plus séparable. Deux pour l'prix d'un !  »

Rose les ignora superbement, tournant les talons en direction de Babel. Sa main enserrant toujours celle d’Edward, elle lâcha sans se retourner, les joues rougies d’un mélange de sentiments dont le plus puissant était sans conteste l’amour.

- « C’est rester à tes côtés qui m’intéresse. Rien d’autre. »

Peu importait le reste. Peu importait les hypothétiques sommets, les hypothétiques blessures. La contrebandière se préférait les pieds bien ancrés dans le sol et elle savait sa peau aussi dure que l’acier.  

Ils franchirent la dernière marche et la petite troupe se retrouva sur un chemin de terre rouge, sinueux et poussiéreux. La plaine aride s’étendait tout devant, et en arrière-plan, encore toute entourée d’échafaudages branlants, leur destination.

La Tour s’élevait à quelques centaines de mètres d’eux, immense, imposante, toute entière couverte de lianes et de mousse luminescente. Elle sortait de terre, géante dressée jusqu’à la voute nocturne, si haute qu’elle en côtoyait presque les étoiles. Son architecture était totalement anarchique, issue de l’esprit de concepteurs délirants : ici des escaliers qui ne menaient qu’au vide ;  là un bassin qui se déversait le long de ses murailles, tombant dans les abysses ;  là-bas des jardins suspendus laissés à l’abandon, véritable jungle intérieure. À son extrémité la plus élevée, à son dernier étage, brillait une lumière éclatante, comme un phare dans la nuit.

Alors qu’ils progressaient en silence, Rose remarqua que les liens qui enserraient Edward avaient disparu, à l’exception de celui dont elle avait lié leurs poignets. Sous la corde, à même leur peau, la même ligne rouge avait été imprimé dans leur chair, signe indélébile du choix qu’elle avait fait.

- « Est-ce qu’Elle peut connaître le passé ? »
- « Elle a beaucoup de pouvoir, Gardienne, plus que vous ne l’imaginez, » grommela l’Ermite, toujours très fâché.  « Si vous êtes dans ses bonnes grâces, Elle pourra vous faire une faveur. »

La contrebandière haussa un sourcil, jugeant bon de rappeler aux présents qui avait la main dans ce petit jeu auquel tous s’adonnaient.

- « C’est Elle qui a besoin de moi, pas l’inverse. »
- « De vous maintenant, » corrigea le lapin.

L’Ermite laissa échapper un soupir bruyant et agacé, mais la contrebandière avait obtenu l’information qui l’intéressait. Si cela n’avait tenu qu’à elle, elle aurait laissé tomber cette quête immédiatement pour profiter dans le monde réel de son gros oreiller poilu. Mais l’ombre noire du lycanthrope suspendu telle une marionnette la hantait. Elle avait l’intime conviction que quelque chose ne tournait pas rond dans toute cette histoire. Rose avait cette envie irrépressible de prouver à son partenaire qu’il n’était pas le monstre que tout le monde voulait qu’il soit. Et si Elle pouvait lui en apporter confirmation, elle monterait jusqu’à elle.

- « Je vais profiter de ce temps de répit pour vous préparer, » grommela l’enfant, retrouvant un semblant de professionnalisme dans son dépit. «  Vous entrerez seuls dans la Tour avec le guide officiel. Nous ne pouvons pas vous accompagner, cela fausserait l’évaluation. »
- « Comment ça une évaluation ? »
- « La Gardienne et le Lycan seront évalués à travers une série d’épreuves visant à déterminer si ils sont dignes de La rencontrer ou pas. »
- « T’veux dire qu’on pourrait avoir fait tout c’chemin pour rien ?! »

Le petit mammifère roula des yeux, sautillant autour de son homologue avec vigueur.

- « C’est la Justice qui donnera l’avis final. »
- « Faites gaffe, elle est pas commode » souffla le Mat, sincèrement compatissant.
- « Mais vous passerez par d’autres Juges avant d’arriver à elle bien sûr ! »
- « Je peux finir d’expliquer ? » l’interrompit l’Ermite, lui jetant un regard noir. Puis, lorsque le calme fut revenu, il reprit : « Merci. Bien. Donc, comme à présent vous êtes… liés, vous devrez réussir toutes les épreuves ensembles. Cette condition doit être respectée à tout prix. »

Il insista tout particulièrement sur sa dernière phrase, l’appuyant d’un coup d’œil lourd de sens. Tout en parlant, ils s’étaient rapprochés de la grande bâtisse qui  se trouvait à présent si proche qu’ils en distinguaient l’entrée.

- « Et ça consiste en quoi exactement ces épreuves ? »
- « Oh ! Et bien des choses de force, d’agilité, de réflexion, et aussi des choses concernant votre passé et votre futu-… Aïeuh ! »
- « Si tu leur dis, tout sera faussé ! »
- « Roh, ça va, on fait qu’aider ! »

L’enfant jeta un regard noir aux deux pitres qui lui servaient de collègues. La porte de Babel s’ouvrit dans un grincement sinistre. De l’intérieur, on n’apercevait qu’une petite salle vide et sombre au centre de laquelle tombait un rayon de lumière blanche. Il n’y avait plus de temps pour les explications, la Tour réclamait ceux qui s’offraient à son jugement.

- « Z’êtes sûrs qu’y a pas une porte arrière quelqu’ part ? »

Une voix rauque s’éleva depuis les entrailles de l’édifice, coupant court à toute délibération.

- « Premier défi. Commencez ! »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeSam 24 Juin - 12:33

Edward attendit. Il sentait ses joues toujours rouges et son cœur lui meurtrissait les côtes. La main sur son poignet, il peinait à croire que Rose se soit sciemment attachée à lui. Manque d’habitude. Il avait beau essayé de ne pas trop le montrer, il en était ravi et même un peu bouleversé. Il avait envie de lui dire mille choses, mais ignorait par où commencer et comme il craignait d’être interrompu par le défi qu’on allait leur soumettre, il se contenta de chercher les doigts de la belle anglaise tout en se pinçant les lèvres.
Mais rien. La porte d’entrée était refermée depuis un moment à présent et depuis l’annonce gutturale, tous trois demeuraient dans la lumière, sans que rien ne bouge autour d’eux. Deux, trois minutes s’écoulèrent et Edward ayant autant de patience qu’un garnement de sept ans, il finit par souffler :

« Ils sont en train de le préparer ou quoi ?
J’sais pas, admit le lapin. Peut-être qu’y faut poireauter pour gagner ?
Alors on a perdu d’avance, ricana Edward. Franchement, quitte à patienter, je préfèrerai faire ça autour d’un bon repas près d’un feu de camps.
Huhu, bah alors l’poilu, c’ta version du dîner aux chandelles ?
Non… Enfin… Peut-être, avoua-t-il en haussant les épaules et jetant un coup d’œil discret pour Rose.
En tout cas j’vous jure qu’vous m’aurez pas dans vos pattes si la pièce s’transforme en lit douillet !
Hé.
Bah quoi ? J’respecte l’intimité !
…Ok, mais c’est aussi valable pour le feu de camps. »

Le lapin dressa les oreilles et leva le nez. Il était bien trop bas pour deviner la teinte écarlate du visage d’Edward, mais frétilla d’avance à l’idée de découvrir la réaction de Rose. Il tourna la tête, goguenard, mais se fit cueillir par une violente bourrasque glacée. Pestant dans les poils de ses moustaches, il se réfugia entre les pieds de ses deux protégés. Le vent s’amplifia et se chargea de gros flocons de neige. Un véritable blizzard s’abattit dans toute la pièce.
Sous forme animale, le loup blanc se lova autour de Rose pour la protéger de la tempête. Aussi brève qu’intense, elle se déversa sans pitié sur eux et les recouvrit d’un épais manteau blanc, puis son souffle se calma. Edward se secoua doucement et reprit forme humaine. La vapeur de son souffle se raréfia lorsqu’il découvrit que toute la salle avait été métamorphosée en paysage arctique.
Partout, de la neige. Les fresques des murs en étaient maculées, des stalactites de glace immenses pendaient du plafond et des statues qui les entouraient. Un froid mordant accompagnait se paysage ahurissant. Il se frictionna les épaules et aussitôt, leur guide s’exclama :

« J’m’en occupe ! »

Loupé. Edward et Rose se retrouvèrent d’abord affublés d’un sexy costume bunny, puis d’une complet pompeux d’aristocrate. La troisième fut la bonne et les vêtit de manteaux épais, bottes fourrées, gants bien chaud et grosse capuche customisée de deux longues oreilles de léporidé. La marque de la maison, d’après le concerné.
Bizarrement, le loup blanc n’avait pas si froid que ça. L’image de la jolie blonde et sa queue pompon avait suffi à le réchauffer tout entier. Grande inspiration. L’air frais lui brûla les poumons et le ramena à la fraiche réalité. Il fit un pas et s’enfonça jusqu’au genoux dans une poudreuse sablée d’une extraordinaire légèreté. Lui qui adorait la neige trop rare à Paris peina à se retenir d’y plonger truffe la première. Avançant encore, il finit par se tourner vers Rose et le lapin, incertain de la marche à suivre. Deux voix s’élevèrent alors depuis les quatre coins de la pièces, comme des murmures amplifiés :

« J’avais raison c’était bien le levier bleu.
— Oui bon… J’avais oublié la sécurité. Ça arrive !
— Et ça pourquoi c’est vert ?
— Mince ! Le Transporte-voix est resté enclenché !
— Quoi ?! Mais c’est pas vrai, éteins le vite avant qu’ils sachent qu’on envoie les– »

Un grésillement aiguë obligea Edward à se boucher les oreilles. Il les découvrit juste à temps pour percevoir plusieurs sons sourds provenant de sous la neige. Marche arrière. À la surface de l’étendue immaculée s’éleva soudainement des dizaines ailerons de glace. Hauts et effilés, ils tournaient et viraient comme une horde de requin affamés, se rapprochant inexorablement d’eux.

« Des Gelkeurs ! s’exclama le lapin en bondissant sur place. Gare à leur dard ! Y donnent un cœur de glace à tout c’qu’il touche ! »

L’une des créature bondit hors du manteau blanc, dévoilant son corps plat de raie manta hérissés de piquants. Une longue queue la terminait avec, à son extrémité, un effrayant aiguillon d’une trentaine de centimètres. Il replongea aussitôt à l’abris sous la neige, bifurqua dans la foulée et fonça droit sur eux.
Un clac. À la droite d’Edward s’éleva du sol un tout petit promontoire qui déploya plusieurs tiroirs. Des armes leur tendait les bras. Épée, arc, masse… Ils avaient l’embarras du choix et en bonus, ils bénéficiaient de tout un panel de projectiles atypiques ; de petits champignons colorés.

« Meh ? Y veulent qu’on fassent une omelette ou quoi ?
Attention ! »

Le loup blanc s’empara de ce qui lui tomba sous la main. Arrachée avec violence à son fourreau, l’épée vomit une gerbe d’étincelles et se hissa en sifflant dans les airs. Le Gelkeur fusa dans une vague de poudreuse, mais le temps lui manqua pour ouvrir sa bouche pleines de dents. Le plat de la lame le frappa violemment en plein ventre. Home run. La force exceptionnelle du roi des loups fit voler le monstre à travers toute la salle. Il percuta de plein fouet une cascade de glace qui se brisa sous le choc.
Le bruit et la pluie de gravats excitèrent les créatures restantes. Plus rapides, elles s’organisèrent en banc, préparant à un assaut auquel ils leur serait complexe d’échapper. Chance. Au fond de la salle, derrière le mur brisé, Edward devina le début d’un escalier. Mais comment l’atteindre ?
Envoyé en éclaireur, un Gelkeur solitaire tenta un nouvel assaut. Le vol maladroit fut facilement évité, mais il percuta d’un bout de nageoire leur petit promontoire et renversa une poignée de champignons violacés. En tombant au sol, ils expulsèrent une faible fumée que le lapin respira par mégarde. Il éternua, pesta un peu, puis sans crier gare son comportement changea du tout au tout.
Il se mit à tourner sur lui-même, bondir de partout et saisi d’une excitation furieuse, il s’élança soudainement droit vers leurs opposant.
Un cri rageusement mignon s’arracha de son petit corps pelucheux tandis qu’il se jetait droit au devant du danger. Edward n’eut pas le temps de le retenir. La boule de poils évita un premier dard, roula sur le dos d’un Gelkeur qui se cambra et l’envoya en l’air. La neige amortit heureusement sa chute, mais deux des monstres venaient de prendre sa direction. Effrayé à l’idée de le perdre, le loup blanc se tourna vers Rose.

« Dis moi que tu es aussi douée à l’arc qu’au révolver. »

Dans leur petits bac, des champignons rouges crépitèrent.

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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeDim 25 Juin - 17:50

La vérité, c’était que Rose n’avait jamais touché à un arc de sa vie.

Une inspiration.
Le premier essai fut infructueux ; la corde ne fut pas assez tendue et la première flèche piqua tout droit dans la neige à quelques mètres d’eux.

Doigts crispés sur le manche de l’arme, mâchoire serrée par la concentration.
Le second ne fut pas bien meilleur ; sa visée n’était pas assez ajustée, et le projectile rata sa cible.

Expirer longuement. Un instant pour se recentrer. Viser.
La troisième fut la bonne ; le trait se ficha dans le dos du gelkeur fonçant sur le guide, le déroutant dans un furieux cri d’agonie. Le lapin poussa un hurlement de jubilation guerrière.

Mais pas le temps de fêter cette petite victoire, déjà, un nouvel assaillant se présentait, et Rose encocha une nouvelle pointe. Elle toucha une des bêtes qui s’approchait, puis une autre, en encore une autre. Enfin, l’arc s’abaissa, plus aucun aileron n’apparaissant à la surface de cette mer glaciale et immaculée.

Au-devant d’eux, leur guide poussait toujours des beuglements victorieux, secouant ses faibles bras duveteux, en proie aux effets du mystérieux champignon ; mais toujours aucun agresseur ne se montra. Ce calme soudain parut suspect à la contrebandière qui sonda la pièce d’un rapide coup d’œil, la tension toujours pressante sur ses épaules.  

Un craquement résonna dans toute la salle. La boule de poil dressa une oreille. Le son se répéta ; la seconde oreille se joignit à la première.

CRAC

Un ver immense fendit la fine couche de glace et de neige pour s’élever bien au-dessus de leur petit groupe. Culminante, la bête leur offrit un sourire composé de plusieurs rangées de dents acérées, sa tête sans yeux les fixant avidement. Ce fût un électrochoc pour le petit mammifère qui rebroussa chemin vers leur plateforme en hurlant :

- « Un Perseneiiiiiiige aaaaaaaah ! »

Il sauta dans ce qu’il pensait être un lieu sûr -les bras d’Edward-, mais tout était relatif quand une créature de plusieurs mètres de haut avait envie de faire de vous son encas. Rose déglutit alors qu’un rugissement pestilentiel les balayait, couvrant au passage leurs visages d’une bave gluante.

- « Il ne réagit qu’aux sons… » souffla le léporidé doucement.

Le monstre braqua immédiatement son attention vers lui et la contrebandière lui lança un regard mi-dépitée, mi-agacée par sa stupidité. Un pas en arrière, son talon heurta un champignon rouge qui dégagea une fumée sucrée ;  mais trop tard, la bête fondit vers eux aussi rapide que létale. Rose eu juste le temps de tirer en arrière le lycanthrope et le lapin avant de lever les bras devant son visage, vaine protection contre ce qui les attendait. Par réflexe, elle ferma les yeux.

Pourtant, aucune douleur ne vint lui lacérer l’esprit. Pas de dents pointues plantées dans sa chair, pas de sang, pas de membres arrachés sauvagement.

Rose se risqua à ouvrir un œil, et découvrit ce qu’il en était. Leur adversaire s’était figé en pleine action, tendu vers eux, à quelques centimètres de son visage. Un souffle chaud s’échappait de sa gueule alors qu’il demeurait incompréhensiblement immobile, statue parmi les statues.  

- « T-tu l’as figé ! Ça c’est notre Princesse Furie ! Wouhou !  »
- « Ouais, ben dépêchons nous de filer. J’ai aucune idée de combien de temps ça va durer. »

Sans attendre, elle sauta de leur plateforme, s’enfonçant dans la neige jusqu’à mi-mollet.
Est-ce qu’utiliser la magie comptait comme de la triche ? Elle n’en avait aucune idée, et de toute manière, elle n’avait pas fait exprès. Si les juges avaient quelque chose à y redire, ils trouveraient bien un moyen de le leur signifier.

Le lapin poussa un soupir de soulagement lorsqu’ils se furent tous trois hissés sans encombre sur les escaliers découverts un peu plus tôt. Leur progression dans la neige avait laissé Rose essoufflée et les joues rouges, peu habituée à devoir marcher sur une matière aussi traître. Un instant, elle s’appuya contre Edward, laissa reposer sa tête contre son bras sans rien dire, savourant ces quelques secondes volées.

Le lapin coupa court à ce moment de quiétude avec son tact et sa délicatesse habituelle :

- «  Hé. Oh. Y’a pas d’feu d’camps là, donc on continue. »
- « Tu peux pas nous lâcher la grappe deux minutes ? » grommela Rose en enfouissant encore plus son visage dans la manche de son comparse, ses bras entourant son buste. « On vient presque de se faire bouffer par ta faute ! »
- « Ouais bah j’y peux rien, j’sais pas c’que c’était ces champignons ! Heureusement qu’on y a plus touché on sait jamais ! »

Deux petits sauts et il s’était engagé sur un pallier un peu plus haut. Gardienne et Lycan n’eurent plus qu’à lui emboiter le pas et engager leur ascension. Ils montèrent marche après marche jusqu’à faire face à une large porte. Pas le choix, une impulsion du plat de la main, et le battant tourna sur ses gonds révélant une large pièce au contenu surprenant.

- « Boule de poils, t’avais pas dit qu’tu t’éclipserais dans ce cas-là ? »
- « Ouais bah… Tu m’excuses mais y’a plus d’escaliers. »

Rose leva les yeux au ciel et franchit le seuil. Partout autour d’eux gisaient une tonne de coussins, d’étoffes et de couvertures moelleuses ; velours rouge, soie rosée, coton blanc, lin écru. Partout des bougies allumées posées à même le sol dont la cire coulait lentement le long des chandeliers. Aux murs, des tableaux illustrant des poses plus que suggestives.
Rose fronça les sourcils, penchant la tête sur le côté, incertaine sur ce qu’on attendait d’eux.
Un parfum de scandale flottait dans l’air.

Dans leur dos, la porte se referma dans un claquement sec et la forme de son arche s’effaça progressivement jusqu’à disparaître ; Ils étaient coincés.

- « Bon, soupira, Rose en posant les mains sur ses hanches, je suppose qu’on ferait mieux de découvrir ce qu’on nous veut. »

Elle avança au centre de la pièce, la balayant circulairement de ses prunelles bleutées. Elle commençait à avoir chaud dans cet accoutrement. Sans qu’elle le sache, les vapeurs du champignon rouge inhalées pas mégarde commençaient à l’affecter et leurs effets seraient conséquents.

Rose hésita, puis, fini par enlever son lourd manteau et ses chaussures fourrées. Mais sous l’épais vêtement, à sa grande surprise, se trouvait toujours le costume bunny, plus sexy que jamais. Le pantalon tomba à son tour dévoila la petite queue pompon cousue au creux de ses reins. Chaque courbe de son corps était soulignée, exposée sans vergogne. De rougissante, elle passa immédiatement à écarlate.  

- « Boule de poils ! » protesta-t-elle vivement.
- «  Eh ! C’est en accord avec la pièce hein ! »
- «  Fine ! Mais j’espère pour l’égalité des sexes qu’Edward à le même sous sa veste  ! »

Un grésillement leur vrilla les oreilles, résonnant démesurément fort entre ces murs molletonnés.

- « … Ah ! Ça y est ! Tu vois il suffisait d’appuyer sur le bouton ! »
- « Ils t’entendent… »
- « Oh… Vous m’entendez ? Non, ne répondez pas, je le vois à vos têtes ! Bon. Pour ce défi vous devez…. Retrouver un petit pois ! »
- « … C’est une idée débile… »
- « Pas plus débile que de les jeter dans une arène avec un Perseneige et des Gelkeurs ! » Un blanc suivit  d’une discussion étouffée « Bon, ignorez-le. Ohhhh je sens qu’on va bien s’amuser ! Je vais vous donner un indice. Pour trouver ce que vous cherchez, vous devez l’ouvrir. »
- « Ouvrir quoi ? »
- « Enfin, ça c’est si vous arrivez à résister au reste hihi. Vous avez une heure ! »

Nouveau grésillement et puis, le silence. À l’autre bout de la pièce, un mécanisme fit apparaître un sablier renversé.

Une heure. Ça leur laissait largement le temps. Non ?
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMar 27 Juin - 18:47

Edward grimaça. Il n’aimait pas les petits pois.
Tirant sur le col de sa lourde veste, son regard balaya la pièce et sa décoration suggestive. En plus de la lumière tamisée, il planait un douce odeur de caramel qui couvrait tout le reste. Il se pensait à l’abri de la faim dans cette projection de leur pensé, mais fut vite détrompé. Ses iris s’arrêtèrent sur Rose, debout près d’une pile d’oreiller. Elle se débarrassait tout juste de son pantalon molletonné.
Ses jambes dénudées, son corps finement sculpté, sa longue chevelure blonde et sa petite queue duveteuse réveillèrent la gourmandise du loup, qui eut aussitôt envie de la croquer. Non. Oui. Peut-être… Mais une heure c’était trop peu !
Il rougit, se secoua et se renfrognant, il retira sans réfléchir son lourd et chaud manteau. Arrête net à mi-course. Le tissus retomba sur ses épaules, il tourna le dos au lapin et à Rose, le souleva à nouveau, mais plus discrètement, jeta un coup d’œil, tira sur sa ceinture et hoqueta en découvrant ce qui habillait ses jambes. Il entendit derrière lui la peluche baragouiner que ses tours de passe-passe ne semblait plus fonctionner et qu’il ne pouvait par permettre à Rose de se changer. Le loup blanc soupira. Ses épaules s’abaissèrent, il passa ses deux mains sur son visage défait et se résigna à choisir entre mourir de chaud, ou de honte.

Lorsqu’Edward se pencha tout près de Rose, pour l’aider à déplacer un tableau trop haut pour elle, il portait exactement les mêmes vêtements qu’elle, mais adaptés à sa masse musculaire. À la fois ridicule et séduisant, il s’était décidé à porter aussi fièrement que possible une tenue dont la belle anglaise n’avait certainement pas à rougir. Son bras affleura le sien, son torse caressa son dos et à l’instant où ses doigts approchèrent le cadre, un éclat de rire explosa dans la salle.

« D-Désolé ! J’ai vraiment essayé de me retenir mais… Pffwahaha ! Tu l’portes trop bien ! »

Le lapin se jeta tête la première dans un coussin pour étouffer un nouveau gloussement incontrôlable. Edward sentit ses joues s’embraser jusqu’à ses oreilles, mais il fit de son mieux pour n’apparaitre en aucune façon gêné par cette remarque. Lui qui n’avait jamais été pudique, ne se sentait toutefois pas très à l’aise dans ce vêtement qui mettait merveilleusement en valeur ses épaules carrées, ses jambes musclées et son fessier athlétique.
Il se racla la gorge, évita à tout prix le regard de Rose et retira enfin le tableau derrière lequel il n’y avait rien. Reprenant aussitôt les recherches, il bougonna en vérifiant les étagères :

« Maintenant que tu t’es bien marré, on peut se concentrer sur le petit pois ?
Ou-Ouais ouais ! C’est bon… Allé ! Un peu de sérieux ! Faut trouver un truc à ouvrir autre que les boutons qui menacent de péter sur ton dos aux muscles d’acier.
Ça va oui ?! Rougit encore Edward.
Allé quoi ! C’est pas tous les jours qu’un loup-garou s’habille en lapinou ! Pfrt !
J’aurai dû te dévorer bien avant qu’on en arrive là.
C’est bonnn ! Façon, ça doit pas être bien compliqué. Faut mettre la main sur une boîte je suppose, ou un coffre… Hm… Essayons sous c’gros tas de d’coussins pour voir !
Non att- »

Le lapin se jeta dans une grosse pile d’oreillers sans voir qu’elle supportait tout un tas de poteries colorées. En farfouillant dans les replis douillets, la boule de poils déséquilibra l’ensemble qui bascula sur Rose.
Le loup blanc se jeta sur elle pour l’écarter, se prit les pieds dans un tapis et chuta, l’entrainant dans les édredons et couvertures de soies. Il se rattrapa de justesse pour ne pas l’écraser tandis que toute la vaisselle basculait, embarquant une partie du reste de la décoration au passage. Le tout dégringola dans un son étouffé par le sol moelleux.
De toute façon Edward n’entendit rien. Il n’aurait pas entendu un éléphant entrer ou une bombe exploser à trois centimètre d’eux. Son regard dépareillé planté dans celui de Rose, il prit soudainement conscience de son buste effleurant le sien et de leurs jambes nues entremêlées. Il aurait dû lui demander si tout allait bien, si elle n’était pas blessée, mais aucun mot ne sorti de ses lèvres.
Une étoffe de soie se décrocha, jetant un voile pudique sur leurs deux silhouettes. Il inspira. Toujours cette odeur de fleur des champs et un petit quelque chose d’un peu plus piquant, plus envoutant. Il fit un geste pour se relever, mais sa main dévia de la trajectoire voulue. Elle se posa sur la taille de la jeune femme, la pressa doucement et tout en s’approchant, remonta sa paume le long de sa cuisse.
Son cœur battait, il avait des papillons plein la tête, plein le ventre, rêvait de la toucher encore et de se perdre dans ses bras en oubliant tout ce qui existait. Il murmura son prénom sans en avoir conscience, s’avança un peu, effleurant son menton de son souffle, remontant jusqu’à ses lèvres. Sa main s’affermit sur sa cuisse et il ferma les yeux, prêt à la dévorer tout entière, mais… elle lui parut étonnement poilue.

« On peut pas vous laisser cinq minutes hein ! »

Edward se redressa, déchirant involontairement le draps de soie et grimaça devant les pattes croisée de leur guide dont il avait failli embrassé le ventre. Le lapin descendit du buste de Rose et les toisa tous deux en tapotant vivement du pied.

« J’comprends mieux ce à quoi vous allez d’voir résister, mais c’est pas l’moment des galipettes ! On a moins d’une heure pour retrouver un petit pois j’vous rappelle et maintenant la pièce est sans dessus dessous !
La faute à qui, grogna Edward en se levant.
C’pas la question ! Alors vous allez m’faire l’plaisir d’vous séparer. Chacun à un bout d’la pièce, et vos mains sont réservées à la r’cherche.
Non. »

Une lueur sauvage étincela au fond du regard du lycanthrope. Le lapin fit un pas en arrière, sur ses gardes, mais le loup se contenta de se pencher, d’attraper le poignet de Rose et de la hisser dans ses bras. Il la reposa tout prêt, gardant ses doigts autour de sa taille .

« L’Ermite a dit qu’on devait travailler ensemble, tu as déjà oublié ?
Ouais, bah quelqu’chose me dit qu’il avait certainement pas prévu l’épreuve Mui Caliente s’tu veux mon avis Don Juan.
Ça va l’faire, assura-t-il en laissant échapper son accent tranchant. »

Le lapin dressa les oreilles et plissa les yeux. Il n’aima pas du tout le sourire affamé du canidé.

« D’ailleurs, on va commencer par minutieusement inspecter le lit. »

Il souleva Rose, savoura d’un baiser mordant de creux de sa gorge, puis sans crier gare, la jeta sur le les draps doré.

Woush !
Absorbée.

La contrebandière disparut, avalée par la couche.

« Euh… Tu l’as jetée trop fort, ou il est vachement mou ce lit ? »

Edward cligna des yeux. L’odeur de fleur des champs pimentée envolée, il reprit violemment conscience de la réalité. L’absence de Rose l’effraya. Il leur restait encore du temps, ce n’était pas juste ! Il se précipita entre les piliers du baldaquin, voulut prendre appuis sur le matelas, mais l’ensemble se mit à bouger et à lentement se replier sur lui-même, ingurgitant couette et oreiller.
Il recula, imité par le lapin qui avait, lui aussi, remarqué la forme familière qui commençait à s’étirer. Un gros vers. Aussi imposant que l’épreuve précédente. À l’exception de sa dentition acérée faite de ressorts et de bois, il était fait en patchwork de toile ce qui lui donnait l’air d’un énorme polochon affamé.
Il tourna vers eux sa gueule dégoulinante de fils et de rembourrage jaunâtre, gronda, expectorant les restes d’un ours en peluche.

« Fige le ! Fige le !
Je ne suis pas Rose !
T’es comme sa moitié maintenant ! Concentre toi ! Ça va passer ! »

Gros doute. Mais le monstre attaqua et instinctivement, Edward reproduisit la gestuelle de Rose. Boum ! Au lieu de le figer, il fit exploser le pilier gauche du lit en baldaquin. La détonation et les nombreuses projections obligèrent le vers à fondre sous les coussins.
Edward regarda ses mains, effaré et fuyant une vague mouvante d’oreillers, le lapin s’exclama :

« Ne le fige pas ! Ne le fige pas ! »

Alors Edward s’empara d’un débris de bois.



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMer 28 Juin - 14:42

Le terme « dépité » n’arrivait pas à retranscrire fidèlement le sentiment violent qui s’était emparé de Rose à l’instant précis où elle avait été avalée par le lit, l’arrachant subitement aux promesses de volupté qui brillaient dans le regard d’Edward.

Ravalant son mécontentement et ses désirs inassouvis, la contrebandière se décida à s’intéresser à l’endroit où elle avait atterri. Il faisait sombre, mais elle distinguait sans problème le plafond bas, très bas, si bien qu’elle ne pouvait s’y tenir qu’en restant allongée. Autour d’elle, des coussins éventrés, des draps déchirés, des boutons multicolores de toutes tailles, des ressors sans propriétaires et quelque chose de blanc qui craqua sinistrement sous ses avant-bras. Des os. C’était des os.

Un frisson lui remonta le long de l’échine. Sortir de là, vite. Entre deux polochons perçait une lumière vive et sans hésiter, elle rampa dans sa direction. Elle allait l’atteindre quand un objet à l’éclat lumineux attira son attention. Elle s’en saisi et le fit tourner entre ses doigts : Rose avait trouvé une clé. Pour ouvrir quoi, mystère, mais elle devait bien avoir son utilité. Alors, avec prudence, elle s’extirpa hors de la tanière du monstre.

À peine eut-elle mis le nez hors de sous le lit qu’elle aperçut Edward armé d’une colonne du baldaquin, prêt à en découdre avec leur assaillant. Elle voulut se faire discrète le temps de réfléchir à une stratégie, mais trop tard. Elle senti la douceur d’une étoffe s’enrouler autour de sa cheville et brusquement, fut suspendue tête en bas, à un mètre du sol. Un petit cri aigu lui échappa malgré elle lorsque la créature la souleva au niveau de sa gueule béante. La bête sembla s’interroger un instant sur son sort et opta finalement pour envoyer sa prisonnière droit sur le loup blanc.

Strike.

Rose heurta durement Edward dont le corps arrêta son vol plané et tous deux roulèrent au milieu des édredons et des couvertures dans un méli-mélo de jambes et de bras, leur course stoppée nette par le mur molletonné. La contrebandière poussa un gémissement plaintif, se redressa comme elle le pouvait ; mais se rendit compte tardivement que sa main avait pris appui à un bien mauvais endroit.

- « P-pardon, bafouilla-t-elle, virant cramoisie. »
- « C’est pas l’moment, on va s’faire bouffer ! »
- « Comme si c’était ma faute ! »

Un geste vague et empressé et le monstre se changea en statue de draps. Soupir de soulagement général. Leur guide se laissa tomber entre deux coussins.

- « Tu vois l’poilu, c’est comme ça qu’on fait ! » approuva le lapin en hochant la tête.

Pas de réponse. Froncement de museau immédiat et mauvais présentiment. Son attention tomba sur la figure de sa protégée, et la lueur qu’il décela dans ses prunelles le fit frémir. Mauvais signe. Très très mauvais signe. Un bond, et il était à nouveau sur ses pattes.

- « Ehhhhh ! Attends qu’est c’tu fais ?! Non ! Non, Non, N- »

Figé. Le lapin avait été arrêté en plein élan et seuls ses yeux les fusillaient encore d’éclairs de consternation, mais il ne pouvait plus protester.

Agenouillée entre les jambes d’Edward, Rose le fixait intensément, pupilles dilatées de désir. Se saisissant du drap le plus proche elle l’étendit au-dessus de leurs têtes, les protégeant des regards indiscrets. Même dans une tenue si légère, son corps n’était que chaleur. Ses doigts glissèrent dans son décolleté – ce genre de costumes avait ses avantages, mais certainement pas de poches- et elle en sorti la petite clé dorée, qu’elle tendit au lycanthrope.

- « J’ai trouvé ça sous le lit. »

Pas d’autres commentaires, elle avait autre chose en tête tant qu’ils avaient la paix. Sa main droite remonta le long de son bras, peau contre peau, tandis que la gauche prenait appui sur la cuisse du lycan, ses doigts s’enfonçant dans sa chair. Son buste s’inclina, ses lèvres s’approchèrent de son visage mais dévièrent au dernier moment pour lui souffler au creux de l’oreille alors que ses boucles blondes caressaient son cou :

- « Le sol à l’air stable ici… »

Rose savait qu’ils n’avaient pas le temps, mais cela ne l’empêcha pas de poser sa paume sur le torse du brun, le plaquant fermement dos contre le mur, complétement à sa merci. Sa poitrine se soulevait au rythme chaotique de son cœur. Avec une lenteur calculée sa bouche trouva son épaule, remonta lentement jusqu’à sa gorge en le couvrant de baisers avides. Là, elle s’arrêta, le cœur battant jusque dans ses tympans, ses prunelles rivées sur ses lèvres, leurs corps s’effleurant sans réellement se toucher. Elle se sentait bruler, elle n’y tenait plus. Ses mains saisirent celles d’Edward avec un empressement affamé et elle les plaça dans son dos, juste sur la fermeture de son costume ; puis ses bras s’enroulèrent autour de son cou, ses doigts s’emmêlèrent à ses cheveux alors qu’elle le dévorait des yeux. Des paroles prononcées doucement, d’un ton presque suppliant :

- « Déshab-… Woooow ! »
- « J’suis vraiment, mais vraiment pas aidé avec vous ! Sérieusement ça vous travaille à c’point ? C’est supposé amplifier le désir, mais là, c’pas l’sort hein. Z’avez passé l’âge de l’adolescence quand même ! »
- « Je pensais que ça durerait plus longtemps… » grommela Rose en se redressant, dégageant le drap de leurs têtes pour lui faire face.
- « Sur le lombric pt ’être mais j’suis un guide, j’suis un peu immunisé contre ce genre d’tours Princesse. »

Il lui jeta un regard victorieux, satisfait d’avoir enfoncé ses pattes arrières entre ses omoplates pour calmer ses ardeurs quelques secondes plus tôt. Il avisa le lycanthrope à qui il jeta un coup d’œil désapprobateur, récupéra la petite clé à leurs pieds avant de remarquer que quelque chose clignotait faiblement juste à côté de sa tête.

- « Eh. Don Juan. C’quoi ça ? »
- « J’ai appuyé dessus quand t’as tenté de me tuer.  Je l’ai enfoncé en me rattrapant. »
- « Tu m’remercieras plus tard. Regardez la ligne de lumière. »

La blonde leva le nez. La ligne qui partait du panneau enfoncé dans le mur mena son regard jusqu’au plafond dont à l’extrémité luisait une minuscule serrure. Problème : l’orifice était beaucoup trop haut pour elle, et même Edward aurait du mal à l’atteindre seul. Le lapin inspira profondément.

- « Okay les idiots. Toi, tu vas la prendre sur tes épaules et garder tes mains là où elles doivent être, » ordonna le guide en désignant le loup blanc d’une patte duveteuse. «  Et toi, tu vas monter sur ses épaules en contrôlant tes hormones. Pigé ? »

Rose leva les yeux au ciel mais s’avança, prête à obtempérer. Ce fût ce moment que choisi le ver pour reprendre vie. Le lapin poussa un cri strident.

- « Ahhhhhh ! Re-fige le ! Viiiite !  »
- « J’essaye mais j’peux pas ! »
- « Okay, okay, capitula le lapin en reculant prudemment. Faites un truc tous les deux. »
- « Tous les deux ?! »
- « Z’êtes Pince-mi et Pince-moi maintenant ! Travaillez en duo ! »
- « Mais comment on fait ça ? »

La créature tangua dangereusement, dévoilant à nouveau ses crocs.

- « Aucune idée ! »

Et elle plongea sur eux.
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeSam 1 Juil - 11:17

Edward ne réfléchit pas.
Guidé par le puissant mélange d’instinct et de passion, il agrippa Rose par le poignet et l’attira contre lui. Arqué au-dessus d’elle, une main perdue dans ses boucles dorée, il lui accorda le plus ardent des baisers.
Il n’entendit pas le cri effrayé du lapin se transformer en une exclamation de joie. Il ne vit pas le vers repoussé par le mur protecteur scintillant qui s’était dressé autour deux. Son courroux ne l’atteignit pas et il ne se soucia même pas de son nouvel assaut.
Avec une tendresse sauvage, il souleva Rose. Il la hissa dans ses bras, juste à sa hauteur, la guidant  d’une caresse pour qu’elle passe ses jambes autour de sa taille. La retenant sans peine d’une main lovée au creux de ses reins, juste au-dessus de sa petite queue pompon, l’autre s’en alla s’égarer dans son dos. Le temps de reprendre son souffle, court et fiévreux, de croiser un instant ses grands et beaux yeux bleus, puis il se jeta à nouveau sur ses lèvres. Il l’embrassa avidement, follement, épris de sa chaleur, de ses caresses, de sa peau brûlante qu’il pétrissait de ses doigts.
Résister ? Il le faisait depuis trop longtemps déjà. Ils étaient le chaos, le désordre, bafouer les règles du jeu était le fondement même de leur existence. Qu’importait. Si aucun chemin ne leur était tracé, ils le paveraient eux-même.
Inspiration. Un sourire gourmand et animal s’étira sur ses lèvres. Il avait faim d’elle. Retenant sa nuque, il se pencha au creux de sa gorge, ses cheveux noirs la chatouillèrent le temps d’un baiser mordant, puis sa langue courut de son cou, jusqu’à son oreille où un soupir enflammé lui échappa.
Un crépitement. Comme un petit feu d’artifice, partout à la surface de leur bouclier frémissant. Le vers crut qu’il allait céder et le lapin également. Il voulut les avertir mais le lombric fut plus rapide. Gueule grande ouverte, il se jeta sur la paroi tremblante et fut accueilli par le feu. Devenue incandescente, la protection l’embrasa comme un fétu de paille.
Son corps de toile se disloqua, rongé par l’incendie, jetant le vers colossale au sol dans un ultime tressaillement d’agonie. Il ne resta bientôt que qu’un tas de cendres et quelques braises rougeoyantes pour rappeler sa présence.
Le lapin cligna des yeux.

« Ooook… J’suppose qu’c’est c’qui s’appelle déclarer sa flamme. »

Levant la truffe, l’existence du sablier se rappela à sa mémoire. Le temps était presque écoulé et au rythme où allaient les chose, ses deux protégés n’en auraient certainement pas terminé avant le temps imparti.

« Hé ! Faut vous décoller maintenant ça commence à urger ! On a toujours pas l’petit pois ! »

Mais la droite main d’Edward remonta le long de la cuisse de Rose, glissant sous la lisière de son vêtement, tandis que de l’autre, il délassait son corsage.

« Bon ! Vous m’laissez pas l’choix ! »

La peluche frappa de la patte arrière et le tonnerre gronda dans la pièce. Un déluge d’eau glacée se déversa sur eux, inondant toute la pièce. En s’abattant sur leur bouclier de feu, l’eau s’évaporait, créant un épais nuage de vapeur qui s’atténua à mesure que les gouttes parvenaient à le pénétrer. Edward et Rose furent trempés, glacés par le torrent qui se déversait et les derniers volutes pimentés furent enfin totalement effacés.
Edward émergea comme dans un rêve, écartant doucement ses lèvres de celles de Rose. Son regard disparate se perdit dans le sien, pleinement conscient de tout ce qui s’était passé et peinant pourtant à y croire. Il ne voulait pas la lâcher, mais à leurs pieds, le lapin se fit insistant.

« Tic, tac, tic, tac ! C’quand vous voulez hein ! »

Edward inspira profondément. Il se glissa jusqu’à l’oreille de la belle anglaise et lui murmura doucement :

« Attends un peu qu’on soit rentré. »

Il lui grignota un bout de peau, puis la souleva plus haut. Enroulant ses bras autour de ses genoux, il éternua au contact de sa queue pompon contre son nez, puis réajustant sa prise, il parvint à lui faire gagner à nouveau quelques centimètres.
La vue était magnifique, mais très peu pratique pour se placer pile sous la serrure dorée. Le lapin les guida, tantôt à droite, puis à gauche, l’autre gauche évidemment, avant de constater qu’ils étaient encore trop bas. Pattes sur les hanches, il pesta :

« Faudrait voir à manger un peu d’soupe Princesse !
Va l’aider au lieu de dire n’importe quoi…
Euh… J’suis pas sûr que… Whaaah ! »

Dans un équilibre compliqué, Edward parvint à se pencher assez pour attraper la boule de poils par le col. Il la souleva sans ménagement et un peu par vengeance, la jeta en l’air. Le pauvre animal hurla et se rattrapa comme il put au vêtement de Rose, allongeant son décolleté tandis qu’il pédalait des pattes arrières dans le vide. Essoufflé et tremblant, il se blottit contre la contrebandière, tandis qu’Edward lui retournait sa remarque :

« Tic tac tic tac.
Ok ! C’est bon j’ai compris, tu l’as mal pris.
Je ne vois pas ce qui te fait dire ça.
Entre toi et moi Princesse, y prend un poil vite la mouche ton loup. »

Bon gré, mal gré, ce fut équipé de la petite clé que le lapin fut hissé au plus près de la serrure. Avec toute l’adresse dont étaient capables ses deux pattes dépourvues de pouces, il parvint à glisser le bout de métal dans l’encoche prévue à cet effet, fit pivoter le tout, provoquant un claquement sec et un ronflement mécanique.
Au plafond, la ligne dorée se sépara en deux pans, ouvrant une brèche dans l’obscurité. Sous leurs pieds, un bref nuage de vapeur précéda la mise en branle d’un petit ascenseur. Déséquilibré par ce brusque soubresaut, le lapin tomba dans les bras de Rose, qu’Edward s’empressa de ramener au sol.
La pièce cosy, pleine de draps et d’oreillers, fut vite effacée et ils débouchèrent dans une nouvelle salle pleine d’un brouillard bleuté à la forte odeur d’huile et d’acier. Impossible de voir à plus de quelques mètres, mais le ronronnement d’une énorme mécanique était clairement audible.
Les doigts d’Edward se refermèrent sur ceux de Rose, mais sans rencontrer sa peau. Surpris, il baissa la tête et s’aperçut qu’ils avaient tous deux quittés leurs vêtements de petits lapins pour des combinaisons intégrales aux lignes phosphorescentes, équipés de gants, de grosses lunettes leur pendait autour du cou. Le loup blanc grimaça.

« C’est…
Futuriste, concéda le lapin qui remonta son petit casque fluorescent au travers duquel passait ses oreilles. Mais pas de moi, promis.
J’allais dire moulant, mais ça marche aussi. »

Un grésillement s’éleva, leur faisant lever la tête.

« T’avais pas appuyé sur le bouton cette fois.
— T’es en train de me dire que j’ai fait toutes mes explications dans le vide là ?
— Ouaip. Plus qu’à recommencer.
— Oh non la flemme… Ils ont qu’à se débrouiller. »

Une onde de choc traversa toute la pièce, sans provoquer le moindre dégât. Edward posa ses mains sur son torse, ses hanches, vérifiant que tout était en ordre, tout en se sentant très différent. Il mit quelques secondes à comprendre.

« Dites, vous ne vous sentez pas plus léger ?
Hééé, maintenant qu’tu l’dis ! »

La boule de poils chercha à s’avancer, mais au premier bond, il décolla sur plusieurs mètres. Il pataugea dans les airs, manquant de peu de se retourner, mais finit par retomber sur ses quatre pattes et un faible son métallique ponctua son atterrissage tout en légèreté. Son casque se distinguait nettement dans le brouillard, indiquant facilement sa position.

« Hé ! V’nez voir ! J’crois qu’c’est par là, il y a une plateforme qui brille juste au-dessus. »

Derrière Edward et Rose, un son sec résonna. Le loup blanc tourna juste à temps à tête pour voir un pan de la structure qui les accueillait céder et disparaitre dans le brouillard. Bouger. Maintenant.

« Woooh ok ok. C’est p’t’être pas par là finalement. Y a des picots bien acérés, de ceux qui font de belles brochettes, vous voyez ? »




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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeLun 3 Juil - 16:38

Papillons dans le ventre, feu aux joues, cœur en branle et tête dans les nuages : Rose était totalement et irrémédiablement mordue.

Même l’effritement de la structure derrière eux ne suffit pas à l’arracher à ses rêvasseries.
Elle sentait encore la chaleur des mains d’Edward sur sa peau, son souffle contre sa gorge et le goût de sa bouche sur la sienne. Malgré la dissolution des effets du champignon, malgré l’averse glacée, elle brulait de le toucher, de glisser ses jambes autour de sa taille, de couvrir son corps de caresses et de baisers exaltés.
Il lui fallut mobiliser toute sa volonté pour ne pas immédiatement récupérer ses lèvres ; se persuader avec certitude que si ils s’arrêtaient, si ils revenaient à la réalité, ils seraient coincés dans leurs corps de loup et d’humaine jusqu’à la fin de la nuit.

Machinalement, elle chaussa la paire de lunettes qui pendait à son cou, serrant toujours fermement les doigts du lycan entre les siens.

Si seulement… Le souvenir de sa grande paume pressée contre sa cuisse, glissant sous le revers de son vêtement. Sa voix pleine de promesses permises uniquement lorsqu’ils en auraient terminé ici. Frisson de plaisir. Son corps s’embrasa sans crier gare, aussi violent qu’un feu de forêt.

Rose Walkson. Humaine. Combinaison 2. Anomalie détectée : rythme cardiaque élevé. Raison : inconnue.

Un sursaut et elle lâcha sans le vouloir son partenaire, cherchant la provenance de cette voix désincarnée aux accents métaliques.  

- « Tu as entendu ça ? » demanda-t-elle, soudain sur ses gardes.
- «  Non ‘tant pour moi, tout autour c’est qu’des sacrées piques. J’sais pas par où… » hurlait le lapin depuis quelque part à l’avant, sa voix finissant par se perdre dans la brume.

Activation du système de guidage. Initialisation… Mise en route des logiciels…

Devant ses yeux se dressa un quadrillage lumineux découpant la pièce en autant de petits morceaux. Une plateforme brillait plus que les autres juste à la droite du petit lapin.
Rose regarda un instant par-dessus ses lunettes. Plus rien ne lui apparaissait. Prudemment, elle les rechaussa sur le bout de son nez : le quadrillage et la plateforme en surbrillance réapparurent aussi subitement qu’ils s’étaient effacés.

- « Edward, met tes lunettes. »

Initialisation complète. Veuillez rejoindre l’objectif. Activation des chaussures et des gants.

- « Hein ? Attend-… Wow ! »

La gravité était revenue, ses chaussures fermement plaquées contre le sol. Elle tenta un pas en avant, mais ses pieds lui semblaient peser une tonne.

Veuillez rejoindre l’objectif.

- « On pourrait pas alléger les chau-… »

Équipement désactivé.

À peine la voix métallique avait-elle achevé sa phrase que Rose sentit ses semelles décoller du sol. Surprise, elle perdit brusquement l’équilibre, tenta de se rattraper comme elle pouvait, mais ses mouvements chaotiques l’avaient totalement déstabilisée. Elle sentit son corps basculer en avant, et d’un coup, se retrouva tête en bas, cambrée dans une position improbable et inconfortable. Voyant le sol se rapprocher, elle battit des bras, tenta un mouvement de bassin pour se redresser avant de réussir à se poser sur la terre ferme.

Inspiration.
Ses yeux se posèrent sur le loup blanc. Tiens ? Elle n’avait pas remarqué le drôle de dessin qui luisait  sur leurs combinaisons. Et si … ?
Ding !
La lumière se fit dans son esprit.

- « Les combinaisons sont complémentaires. »

Un pas hésitant et elle se rattrapa au torse d’Edward pour ne pas basculer une nouvelle fois.

- « Ne bouge pas. »

Ses mains coururent le long de son corps à la recherche de quelque chose qu’elle finit par trouver au creux de son poignet. Un petit cercle noir au centre transparent, quasiment invisible et insensible au toucher y était logé. Vérification ; Rose ne possédait pas le même. Le bout de son index l’effleura.

Armement activé. Visée enclenchée. Passage en prise en main manuelle.

Oups. Un filin blanc jaillit, disparaissant dans la brume.

- « Ahhh ! Qu’est c’que c’est qu’ça encore ? » râla le lapin depuis le cœur du brouillard. « Ça pègue et ahhhhh-… ! »

Rose s’était mise à tirer sur le bout toujours rattaché à la combinaison du loup. Quelques secondes et le lapin apparut à leur vue, englué dans une toile blanche.
Ding, Ding !
Nouvelle illumination.

- « Boule de poils, tu vois quoi dans ton casque ? »
- «  Purée, faut pas faire peur aux gens comme ça ! »
- « Tic, tac, tic, tac. »
- « … Toi aussi ? » s’indigna le lapin en levant les yeux au ciel. «  J’vois un point rouge. »

Ding, Ding, Ding !
Pigé.
Alors, rapidement, elle dressa une explication schématique de ses déductions pour ses compagnons.
C’était une épreuve de coopération et de communication.
Le lapin leur indiquait sur quelle plateforme se hisser grâce à la lumière rouge qui était vraisemblablement une boussole.
Edward devait se servir de ses câbles pour les en approcher.
Quant à elle, elle s’assurait que tout le monde puisse s’y hisser en se fixant sur la plateforme à l’aide de ses gants et de ses chaussures.
Les lunettes leur servaient à voir à travers l’épaisse purée de pois qui envahissait les lieux.

À peine avait-elle achevé son exposé qu’à leur droite, une nouvelle plateforme se mit à trembler, avant de s’abîmer à son tour dans les abysses avec un bruit d’entrechoquements métalliques.
Très bien, cette fois, ils devaient vraiment bouger.
Mais avant…

Rose donna une petite impulsion et son corps s’éleva de plusieurs centimètres. Enfin à la hauteur de son visage, ses bras glissèrent autour du cou d’Edward d’un geste doux, caressant sa nuque. Ses grands yeux se perdirent un instant dans les siens avant de déposer un baiser furtif mais tendre sur ses lèvres. C’était une déclaration et un aveu, simple mais emplie de sincérité. Parmi toutes les choses qu’elle voulait lui dire, une seule sortie de sa bouche.

- « J’ai hâte de rentrer. »

Veuillez rejoindre l’objectif.
Veuillez rejoindre l’objectif.
Veuillez rejoindre l’objectif.

- «  V’ voyez ! Z’arrivez même à faire perdre patience à la voix du néant ! Rah, j’vous jure ! Bougez-vous avant qu’on finisse tous en brochettes ! »

***

Pendant ce temps, dans la salle de contrôle :

- « Raaaaah ! Ce baiser, cette tension !  C'était siiiii romantique ! »
- « ... Tu peux te concentrer s'il te plaît ? »
- « Tu te souviens quand la passion nous étreignait nous aussi ? Alala... C'était le bon temps ! »
- « ... »
- « Okay, okay, quel rabat-joie ! Ça va, j'y vais, j’y vais ! J’vais préparer la prochaine épreuve. »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMer 5 Juil - 23:09

Un baiser, quelques mots brûlants et un fichu carré bleu.
Le truc clignotait, hystérique, cherchant sans cesse à se stabiliser sur le visage de Rose. Chaque fois qu’il la reconnaissait, le nom, le prénom, l’âge et l’état de santé de la contrebandière s’affichait sur le côté, disparaissait dès que le contact était rompu et revenait la seconde suivante au son d’un bip discret, mais très agaçant.
Edward ferma fortement les yeux, peinant à se familiariser avec cette vision artificielle qui déstabilisait ses sens. Une seconde. Il voulut masser ses paupières, mais à peine ses doigts passèrent sous ses lunettes que tout le système s’emballa, beuglant à ses oreilles « Test compromis, test compromis ! » Il retira immédiatement sa main, se redressa et rouvrit brusquement les yeux. Un filet glacé coula dans son dos.
Il ne l’avait pas tout de suite remarqué, mais à présent que la vision numérique était activée, le brouillard ne dissimulait plus rien du vide qui les entourait. Petit pas de côté. Il se rapprocha de Rose et se mit en quête de sa main avec tant d’empressement, qu’il ne parvint pas à la trouver. Edward sentit ses jambes flageller et son souffle s’accéléra.

Eduard Wolkoff. Combinaison 1. Anomalie détectée : rythme cardiaque élevé.

« Sérieusement ? Soupira le lapin. C’est pas l’moment les tourtereaux ! On doit aller juste ici, alors vous calmez vos ardeurs, le poilu, tu fais ton truc gluant là, puis on avance avant que c’te foutue voix décide de nous transformer en carpaccio. Vu ? »

Raison : peur.

Le petit guide se dressa sur ses pattes arrière, tourna une oreille dans sa direction, puis toute la tête. Edward sentit sa perplexité, mais il ne s’aventura pas à baisser les yeux pour s’en assurer. Il luttait pour regarder droit devant lui et oublier l’abîme vertigineux qui s’étendait au-dessous d’eux. Sa voix s’éleva, troublée par son accent de l’est auquel se mêlait une certaine amertume :

« Oui, bon… J’ai le vertige. »

Veuillez rejoindre l’objectif.

« Manquait plus que ça ! » S’exclama le lapin.

Veuillez rejoindre l’objectif dans 3…

« Bon écoute, t’appuies sur le bouton, ça se colle et tu sautes. Tu réfléchis pas ! Ça te changera pas trop comme ça !
Et si on essayait de trouver un levier pour… faire apparaitre… des escaliers ?
Et un aut’ pour appeler l’room service. Ouais c’pas une mauvaise idée.
Je savais que ça te plairait. »

2…

« Non, non ! Allé Don Juan, fini les blagues. Y faut se bouger. T’as qu’à t’imaginer en homme de la jungle, à t’balancer d’liane en liane ou…
Tu me prends pour un singe ?
Bah des fois… »

1…

« Ok laisse tomber ! J’vais l’faire pour toi !
Wow wow wow ! Descends là, pas question qu… »

0…

Plus de plateforme sous leurs pieds. La chute. Une chute bizarre, lente et rapide à la fois. Une chute presque amusante dans cette faible gravité, à condition d’omettre la grille de lasers qui les découperait en rondelles s’ils continuaient de dégringoler.
La visée d’Edward s’affolait. Devenu rouge, l’écran accumulait les messages d’erreurs, l’empêchant de voir quoi que ce soit. Il se fia à l’odeur. Le cœur dans la gorge, l’estomac dans les talons, il parvint miraculeusement à se décaler et agrippa Rose. Dans le même temps, le lapin battit des pattes, effectua quelques brasses et réussit à s’enrouler autour du poignet du loup blanc. D’un coup de museau, il activa, au pif, le lanceur et un filin argenté fusa en direction du plafond.
Pas une seconde ne s’écoula avant que tous trois ne soient brutalement freinés. Le câble s’était arrimé loin au-dessus d’eux, les emportant dans d’un mouvement de balancier. Pendu au bout du fils, ils effectuèrent un large arc de cercle qui s’acheva par un roulé-boulé sur une structure d’acier. Le fil se rétracta, Edward resta allongé au sol, le souffle court, écoutant avec aigreur le système se réinitialiser.

Trajectoire modifiée.
Prise en compte des nouveaux paramètres.
Calcul en cours.
Prochain objectif défini.
Veuillez rejoindre l’objectif.


« Ok je le vois ! C’est pas loin cette fois ! » s’exclama le lapin.

Le loup blanc émit un faible grommellement et se redressa. Ses lunettes affichaient de nouveau nettement le labyrinthe de plateformes qui les entourait et un petit peu de joie se glissa dans son cœur lorsqu’il devina la présence d’escaliers. Vite sur ses pieds, il s’assura auprès de Rose que tout allait bien, puis emboîta le pas au lapin qui s’élança le long des marches d’aciers.
Leurs foulées rapides résonnèrent et les hissèrent de quelques mètres, jusqu’à cul de sac. Leur guide indiqua la prochaine structure à atteindre, cette fois à l’autre bout de la pièce. Un bond même de lycanthrope, ne suffirait pas à la rejoindre, d’autant qu’un mur d’électricité crépitait méchamment sur la route.

« La manette pour l’éteindre est juste au-dessus. Princesse, désactive tes bobottes, ça va être à toi d’jouer.
Et regarde quand même s’il n’y a pas moyen d’ajouter des escaliers…
T’as fini oui ? Allé, jette la en l’air au lieu d’dire des âneries. »

Edward attendit que la boule de poils lui tourne le dos pour lui faire une grimace dépourvue de toute maturité. Inspiration. Détendant ses épaules crispées, il leva la tête en direction de l’arche métallique qui devrait réceptionner Rose. Ses grandes mains se posèrent sur sa fine taille, l’étreignirent d’abord avec envie, puis avec davantage d’inquiétude. Un murmure à son oreille.

« Prête ? »

Il la hissa en l’air comme s’il avait soulevé un sac de plumes. Dans la faible gravité qui les entourait, la belle anglaise fut facilement envoyée à plus de quinze mètre de haut. Edward se tint prêt à la réceptionner, au cas où, mais il lui sembla qu’elle était parvenue à s’accrocher et le lapin la guida rapidement sur la direction à prendre.
Plus qu’à attendre. Le loup blanc s’avança, doucement, d’un petit pas, puis d’un second, essayant de refouler cette crainte absurde qui lui nouait les tripes. L’animal en lui freinait des quatre fers. L’eau ne l’avait jamais dérangé, mais se prendre pour un oiseau était complètement contre nature. Il inspira, essaya de jeter un coup d’œil en bas, mais se ravisa aussitôt et recula.

Clang.

Le plateau sur lequel ils étaient installés s’inclina de deux petits degrés.

« C’était quoi ça ?
Une façon pas très polie d’nous dire d’nous bouger.
Mais on doit attendre que Rose… Wow !
Ok, là ça sent mauvais, s’alarma le lapin qui bondit dans les bras du loup. Allé mon grand, va falloir sauter.
Sans façon.
Hé ! Princesse Furie est en train de s’décarcasser pour nous tracer la route, alors t’as pas l’droit de d’débiner.
…Je déteste quand tu as raison. »

Edward n’avança que de quelques centimètres, mais la progression lui parut phénoménale. Ses iris rivés droit devant lui, il ajustait continuellement son équilibre sur cette planche inclinée, rêvant d’y loger ses griffes. Doucement, il tendit le bras droit en direction d’un anneau pointé par le lapin. Retenant son souffle, il actionna le bouton à son poignet et le filin fondit comme une flèche, visant automatiquement ce cercle d’acier auquel il s’englua solidement.
Le plancher pencha encore, atteignant les douze degrés. Edward glissa et bascula aussitôt son poids en arrière pour contrebalancer. Immobile, pétrifié, il assimilait avec difficulté la prochaine étape qui consistait à se jeter dans le vide.

« Allé champion, le plus dur est fait.
Je ne crois pas non…
Tu veux pas impressionner ta belle ? Lui montrer qu’t’en a dans l’pantalon ?
Mais tu vis à quelle époque ?
Bon ok. Mais tu sais qu’elle croit en toi, pas vrai ? Elle t’aurait pas laissé si elle avait douté. T’vas y arriver. »

Quoi qu’un peu simpliste, cette idée insuffla le courage qui manquait au cœur du loup blanc. Il bomba le torse en prenant une profonde inspiration. Un pas de plus. Encore tremblantes, ses mains se refermèrent sur le filin tendu loin devant lui. Avancer. Ses jambes avaient la solidité de fétus de paille, mais il progressa, le regard rivé sur l’anneau, puis ferma les yeux. Mentalement, il compta jusqu’à trois. Puis les lèvres serrées, il le jeta dans le vide.
Nausée. L’estomac lui remonta dans la gorge, un poids lui écrasa les poumons, lui coupant le souffle. Oublier de crier. Le lapin s’en occupa pour lui.

« Attrape la barre ! »

Edward rouvrit brusquement les yeux. Il prit une grande bouffée d’air et tendit au hasard la main, sans savoir à quoi il savait s’agripper. Ses doigts effleurèrent l’acier et il le vit s’éloigner. Marche arrière. Sa course manquant d’élan, elle avait été complètement déviée, l’écartant du mur électrique.
Son cœur lui fracassait les côtes. Il se recroquevilla au bout de son câble, fermant de nouveau les yeux tandis qu’il débutait un lent et continu mouvement de balancier. Le lapin lui hurla de s’agiter, de redonner un peu de force à cette courbure, mais Edward secoua vivement la tête. L’énergie se dissipa et finit par les figer tous deux, au bout du fil, au-dessus de l’abîme.
Le loup blanc rouvrit doucement les yeux. Il n’osa pas battre des pieds, sentant qu’ils ne trouveraient rien pour les déposer et leva la tête vers l’anneau qui les surplombait.

« Tu sens d’te hisser ? » Questionna le lapin.

Il acquiesça. Tant qu’il ne regarderait pas en bas, ça devrait aller. À la force de ses bras, il gagna un premier mètre, puis un second. Il s’arrêta au cinquième, surpris par la proximité d’une petite luciole dorée juste devant son nez. Il voulut la chasser, mais à peine l’eut-il effleurée, qu’elle le piqua d’une méchante décharge électrique.
Cri de douleur et de surprise mêlées. Edward lâcha prise et dégringola si vite au bout de son câble, qu’il manqua de temps pour s’en effrayé. À peine remis, il se figea, le lapin blottit dans ses bras.

« Hé Princesse ! T’as appuyé sur quoi au juste !? »

Partout autour d’eux voletaient une nuée de petites boules dorées.


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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeVen 7 Juil - 10:10

- «  EDWARD ! »

Anomalie détectée. Rythme cardiaque élevé. Raison …

- « La ferme ! » aboya Rose en se hissant sur le haut de l’arche.

Progressant à quatre pattes sur l’arc de la structure, elle regardait avec angoisse ses compagnons suspendus au-dessus du vide. Non seulement le levier abaissé n’avait pas désactivé leur obstacle, mais il avait en plus libéré des dizaines de petites bestioles à la proximité électrisante.
Rose ferma les yeux si fort que des points lumineux se mirent à danser sous l’obscurité de ses paupières. Le sang pulsait à ses tempes, annihilant tout autre son. Trouver une solution. Vite. Une profonde inspiration.

- « Besoin d’aide ? »

Un brusque sursaut la secoua et elle ouvrit les yeux, se redressant vivement sur ses genoux.
Un homme d’une vingtaine de centimètres aux contours incertains et vacillants lui adressa un signe de la main en guise de salut, flottant à un mètre de la plateforme. Ses cheveux d’un roux vif, son fedora et son complet trois pièces juraient totalement avec le décorum de la pièce. Un haussement de sourcil étira ses traits en réponse à la bouche muette et arrondie par la stupéfaction de son interlocutrice.

- « Alors ? »
- « Vous pouvez les aider ? »
- « Bien sûr ma jolie. Commence par avancer jusqu’au milieu de la courbe. »

Rose préféra ne pas relever le sobriquet douteux et s’exécuta sans discuter. Pas vraiment le temps de poser de questions ; son esprit totalement focalisé sur le loup et le lapin passa son corps en pilotage automatique.

- « Super. Okay, ouvre la trappe juste là. Voilà. »
- « Vous êtes qui au juste ? »
- « Appuie sur le bouton vert, ça devrait afficher le tableau de commande. Mmmh… Déconnecte le fil bleu. Non, l’autre. » L’homme plissa les yeux, le temps de lire ce qui était inscrit sur l’écran qui venait d’apparaître. « Je suis une intelligence artificielle dissidente. »
- « Une quoi ? »
- « Laisse tomber. Appelle moi W. Tu peux cliquer sur… Ouaip, je vois… »
- « On pourrait trouver des escaliers ? » demanda Rose sans lever le nez, les mains toujours farfouillant dans le panneau électrique.
- « Bonne idée. On va enclencher le mode d’évacuation d’urgence. Déconnecte ce fil-là et met celui-ci à la place… Une suite de chiffres devrait apparaître. Maintenant, laisse-moi réfléchir une seconde… Eh ! Tu fais quoi ?! »

Les doigts de Rose courraient sur le clavier de l’ordinateur tandis que ses yeux parcourraient l’écran à une vitesse ahurissante, mémorisant les séquences chiffrées et leur logique avec une rapidité impressionnante. Sourcils légèrement froncés, langue dépassant légèrement entre ses dents serrées par la concentration, elle entra sans hésiter une suite de numéros qui fit écarquiller les yeux de l’hologramme. Il laissa échapper un sifflement admiratif tandis que l’écran holographique s’éclairait de vert, indiquant en lettres majuscules ACCÈS AUTORISÉ.

- « Wooow. T’as combien de Q.I blondinette ? »
- « De quoi ? »
- « Rien, oublie. On dirait que t’as trouvé le bon code, regarde. »

Plusieurs craquements métalliques et des cliquètements des rouages se mettant en branle résonnèrent dans l’espace. Rose se pencha tellement pour apercevoir le loup qu’elle manqua de glisser, retenue de justesse par ses chaussures aimantées. Bien en dessous d’eux, les plateformes entamèrent un ballet chorégraphié au millimètre. Elles glissèrent, s’inclinèrent, basculèrent, bougeant pour venir former un escalier vertigineux dont la première marche se positionna juste sous les pieds du lycanthrope. Tout au bout de cette gigantesque ascension, au point le plus haut de la salle, luisait faiblement le cadre d’une porte ; le surplombant, un signe vert indiquant en grosse lettres rondes SORTIE.
En vol stationnaire, les lucioles semblèrent hésiter. Elles demeurèrent statiques, puis, comme mue par une force invisible, se regroupèrent d’un mouvement commun en un essaim compact avant de plonger pour disparaître dans les ténèbres.

Rose laissa échapper un soupir profondément soulagé, reculant sur son perchoir pour poser un instant son front transpirant sur ses genoux. Son cœur battait encore à tout rompre contre ses côtes. Pendant une poignée de secondes, elle avait cru le perdre et cette pensée avait suffi à la terroriser.

- « Ton Jules, ce n’est pas le plus courageux, » fit remarquer le roux alors qu’il observait le loup descendre précautionneusement de son perchoir.
- «  Tu n’as aucune idée de c’que tu dis. »

L’hologramme lui coula un regard surpris en réponse à son ton tranchant mais ne répliqua rien lorsqu’il découvrit la mine chiffonnée de la jeune femme qui ne quittait pas des yeux son partenaire. Il se brouilla un instant, émit une série de sons distordus avant d’annoncer :

- « Il faut bouger, tout va s’effondrer dès qu’il aura atteint la porte. »

Rose acquiesça en silence, prit appui sur ses genoux pour se redresser, se mit debout, solidement ancrée sur ses deux jambes. Inspiration. Un pied en arrière, une impulsion, et elle courut droit devant, prenant son élan ; Rose se jeta dans le vide et son corps décolla de l’arche avec la légèreté d’une plume.
Dans ses lunettes, les capteurs s’affolèrent, diffusant un bruit strident ponctué de flashs rouges. Comme tout à l’heure, son corps se gonfla d’adrénaline, irriguant chaque veine, se déversant dans chaque membre avec violence. Rien au monde ne l’électrisait autant que ce sentiment de chute libre, rien au monde ne faisait battre son cœur avec autant d’intensité. Ses doigts agrippèrent au dernier moment le rebord de l’escalier sur lequel elle se hissa à la force de ses bras.

Non, rien à part…

- « Edward ! »

Rose bondit sur ses pieds et grimpa l’escalier quatre à quatre. Elle ne s’arrêta pas pour saisir la main du loup qu’elle attrapa au passage, l’entrainant dans son sillage jusqu’à la porte. Là, sans s’attarder, elle la poussa et s’engouffra à l’intérieur, lapin et loup sur les talons.
Derrière eux, la porte se referma avec un grincement avant de se clore définitivement.
Clac.

- « Pourquoi fait tout noir encore dans c’truc ? »
- « Attend un peu la bestiole, ça va venir. »
- « Eh ! T’es qui toi ? Non oublie, t’sais quoi, j’m’en fiche. » le coupa-t-il avant de s’exclamer : « Princesse, t’avais un job ! »
- « Ben elle l’a fait. Ce n’est pas de sa faute si ton protégé est nul en escalade. »

Le lapin lui répondit un commentaire salé. Mais la princesse ne les écoutait pas du tout, elle enlaçait fermement Edward, la tête enfouie dans son torse.

- « Ne me fais pas peur comme ça, » grommela-t-elle d’un ton faussement fâché qui dissimulait mal son soulagement, resserrant un peu plus son étreinte.

La lumière se fit progressivement, d’abord éblouissante puis radieuse ; un parfum de fleurs embauma l’air et Rose leva la tête, découvrant un ciel d’un bleu irréel.
Ils se trouvaient dans une sorte de vaste jardin à moitié sauvage, aux herbes hautes et indisciplinées, laissant fleurs et insectes s’épanouir tandis qu’en son centre  une marre laissait grenouilles et poissons barbotter.
Un peu plus loin, la lisière d’une forêt d’où s’élevait la fumée d’une maison, dissimulée par les arbres denses et touffus.
Disparues les combinaisons futuristes, ils étaient retournés à leurs vêtements du quotidien. S’écartant un peu, Rose voulut s’avancer pour découvrir le lieu, mais quelque chose retint sa jupe. Elle baissa les yeux lentement en entendant quelque chose gazouiller à ses pieds. Un enfant inconnu avait refermé sa petite main potelée dans le tissu sombre, et l’observait du haut de ses quatre ou cinq avec une grande curiosité.
À côté des grandes jambes d’Edward, un autre marmot le fixait avec une certaine fascination ; une petite fille aux jupons blancs et aux grands yeux bleus. Elle ne devait pas être beaucoup plus âgée que le garçon.

Le lapin traduisit parfaitement la pensée de tous :

- « Qu’est c’que c’est encore qu’ce binz ? »

Aucune réponse. Pas d'instructions.
Aux pieds de Rose l’enfant émit un nouveau pépiement ; la blonde le souleva doucement, le hissant dans ses bras, passant ses bras sous ses petites jambes. Les mains du garçonnet s’emmêlèrent dans ses longues mèches blondes en riant et elle nettoya un peu fruit rouge étalé sur sa joue du bout du pouce. L'enfant battit l'air de ses jambes, enroulant ses bras autour de son cou pour se blottir contre elle, ravi.
Le regard de Rose croisa celui d’Edward brièvement, incertaine.
À côté du lycanthrope, la gamine s’écria enfin, enserrant ses genoux avec une tendresse enfantine.

- « Papa ! »

Tous les regards se tournèrent vers le loup.
Rose eu un blanc, avant de réaliser.
Quoi ?!

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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMar 11 Juil - 19:20

C’est bizarre l’instinct.
Ça se glisse dans le corps, l’esprit, ça imprègne chaque parcelle des muscles et des nerfs, guidant un être selon des règles si subtiles et intangibles, qu’il est le seul capable de les percevoir. Sa puissance est sans égale, pourtant il est si simple de passer à côté, de ne pas écouter cette toute petite voix du lointain qui accompagne au quotidien.

Mais Edward l’entendit. Elle explosa dans son crâne comme un cri, un cri du cœur, un cri d’amour, une affection inconditionnelle pour une enfant qu’il venait à peine de rencontrer. Elle avait ses cheveux noirs, coupés au carré et noués en deux petites couettes de chaque côté de sa tête. Ses yeux bleus le fixaient, clairs, limpides et emplis d’une malice qui débordaient jusqu’à ses petites lèvres ourlées d’une mimique qu’il connaissait par cœur pour l’avoir aimée sur une autre bouche.
Il s’accroupit, tremblant et tendit la mains vers l’enfant avec la crainte de la voir s’évaporer s’il la touchait. La petite pencha la tête, elle leva les yeux vers Rose, pleine de questions, puis croyant à un nouveau jeu, elle claqua avec un entrain joyeux la paume immense du loup blanc et s’éloigna en éclatant de rire.
Edward appela, par réflexe, par instinct :

« Juliette ! »

L’enfant se figea, surprise et tourna sur elle même, faisant voler ses jupons au milieu des fleurs des champs. De nouveau, son regard coula vers la contrebandière, dont elle semblait chercher l’avis, puis elle posa ses petits poings sur ses hanches et gonfla ses joues.

« Mais tu dois m’attraper ! C’est toi le loup ! Hein maman, que c’est Papa le loup vu que j’ai tapé ? »

Edward s’était redressé. Une main plaqué contre ses lèvres, il ne parvenait pas à masquer l’immense sourire qui lui remontait jusqu’aux oreilles. Un instant de flottement, puis son attention se reporta intensément sur Rose et l’enfant qu’il scruta, rayonnant et comblé. C’était idiot, il le savait, mais ce rêve paraissait bien trop proche de la réalité.

« Bah ça ! D’abord l’autre chelou qui disparait et maintenant… Lâcha le lapin en se grattant le crâne. Maintenant vl’à u’vous avez deux mômes ?
Trois… souffla Edward en s’approchant de la belle anglaise. »

Il ne l’avait pas remarqué tout de suite, mais à présent il était certain que le ventre de Rose s’était arrondi. Impossible à expliquer, il ignorait s’il devait être ravis ou s’excuser. Envie de la toucher, de l’étreindre, de la remercier, mais il osa seulement la frôler du bout des doigts. Toujours perché dans ses bras, le petit garçon se redressa lorsque le loup blanc fut tout près, il tendit le bras, l’agita, mais indécis, garda l’autre accroché au chemisier de Rose.
Edward glissa son index juste sous sa petite main et la saisissant, l’enfant se mit à gazouiller. Dans le même temps, une étreinte se referma sur son pantalon. Il baissa la tête et trouva Juliette cachée contre ses jambes.

« P-Papa… Y parle le Pinpin.
Wowowo, y a pas de Pinpin ici Mini Princesse. Même pour toi c’est Monsieur Lapin, minimum !
Je peux lui faire un calin ?
Eh ?
Oui vas y, s’amusa Edward.
Eeeeeh ! A-Attends un peu, j’suis pas une peluche ! Nooooop ! Non ! Haha ! Tu m’as rat-Urmf…
Oooooh ! Tu es tout doux Monsieur Lapin !
Mouaiiiis… Bon. Ça ira pour cette fois. »

La main d’Edward quitta à regret celle du bout de chou dans les bras de Rose et il s’accroupit auprès de sa fille. Réaliser lui était encore si difficile, qu’il la détailla quelques secondes et avec tant d’ardeur qu’on aurait dit qu’il contemplait le plus beau trésor du monde.
Puis leur réalité lui revint, leur course dans ces étages, l’épreuve qui se dessinait dans ces deux minois qu’il aimait déjà de trop et une triste mélancolie se posa sur son sourire.

« Dis Juliette, tu sais ce qu’on fait là ?
Bah vi ! Vous vous occupez de nous !
On devait faire quelque chose ensemble ? Tu te souviens ?
Hum… Je sais pas trop…
Dans la maison peut-être ? »

La petite se crispa. Entre ses bras, le lapin étendu sur le dos, les quatre pattes en l’air ouvrit un œil. Elle secoua la tête, mais ne répondit pas. Ses lèvres étaient tenues fermement serrées et elle transpirait de peur. Edward lui caressa la joue du bout des doigts.

« Il y a quelque chose dans la maison ? »

Cette fois, elle acquiesça. De grosses larmes inondèrent ses grands yeux bleus et elle hoqueta. Le loup blanc la souleva. Elle étreignait toujours le lapin, qui se laissa faire et lui apporta un peu de réconfort en se blottissant contre elle. Juliette renifla, essaya d’étouffer son chagrin, mais il contamina son petit frère, qui se mit à pleurer pour deux.
Edward crut sentir son cœur saigner à travers sa poitrine. Il serra doucement la petite, embrassa son front, mais insista, plus que tout désireux de les protéger de tout danger.

« Dis nous ma puce. Qu’est-ce qu’il y a dans la maison ?
I-Il y a… Toi… »

Le ciel s’assombrit. Le vent se leva, il souffla les fleurs des champs, emportant leurs pétales, arrachant leurs couleurs et annonça l’orage qui menaçait. Il éclata à l’ouverture fracassante de la porte de la maisonnette.
Rêve devenu cauchemar ; Edward comprit.
Lui qui rêvait d’une grande famille, se l’était toujours interdit. L’ombre de son propre père planait sur lui et ancrée au fond de sa tête, une idée noire lui répétait sans cesse qu’il répèterait les erreurs de cet être violent et strict, qui ne l’avait jamais compris.
Ce fut son reflet qui traversa le champ, droit, fier, royal, mais puant d’un idéal d’obéissance absolue qui lui était forcément due. Il avait les cheveux lâches et une barbe fine lui mangeait le visage, faisant de lui le portrait craché de son père. Son regard et celui d’Edward se croisèrent.
Le loup blanc se hérissa d’une haine si viscérale que ses canines s’accentuèrent en crocs, ses ongles en griffe et ses cheveux commencèrent à blanchir. Puis un hoquet et le corps tremblant de Juliette contre son torse le ramena brutalement à tout ce qui importait. Il se tourna vers Rose.

« Ça ne va pas te plaire, mais tu dois emmener les enfants en sécurité.
Hé ! Vous devez affronter les problème à deux j’te rappelle, nota le lapin.
Pas celui là, s’il te plait Rose, je… »

Mais le vent leur porta une forte odeur d’alcool et de tabac. Edward tourna la tête en direction de la maison et frissonna. Il attira Rose contre lui, dans un geste protecteur, ne reconnaissant que tardivement la contrebandière qui leur faisait face. Elle était méconnaissable. Ses beaux cheveux blonds étaient devenus filasses, son teint était pâle, cireux, à l’exception de son nez et de ses pommettes rougeaudes. Cigarette aux lèvres, enceinte elle aussi, elle se racla la gorge et cracha sans élégance au milieu des herbes hautes. Puis se penchant en arrière, la main plaquée sur ses reins, elle tira une bouffée de sa cigarette. Un sourire s’étira sur des dents abîmées et elle lâcha avec âpreté :

« À quoi vous vous attendiez ? Le passé finit toujours par vous rattraper. Pas vrai honey ?
Et si. Alors abandonnez et rendez-nous les enfants. Maintenant. »  




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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 13 Juil - 11:07

Tenant la petite main de Juliette fermement serrée dans la sienne, son fils dans les bras, Rose s’était élancée sans hésiter vers la forêt, le lapin sur les talons.
Dans leur dos, elle n’entendait que les éclats de voix enragés de leurs doubles tandis qu’Edward les retenaient. L’angoisse lui tenaillait le ventre. La peur de tout perdre après avoir été si proche de tout ce dont elle rêvait.

Lorsqu’ils furent hors de vue, la contrebandière ralenti, essoufflée par le poids des deux petits êtres qu’elle transportait. Le garçonnet se laissa doucement glisser à terre d’entre ses bras, ses grands yeux bleus la fixant avec inquiétude.

- « Maman… », balbutia-t-il, posant ses petits doigts sur la joue de Rose qui avait pris appui sur ses genoux.
- « Ça va Mihai. Ne t’inquiète pas. »

C’était une sensation étrange et réconfortante. Quelques minutes auparavant, ils n’existaient pas. Et à présent ils étaient là ; ses enfants. Elle connaissait leurs prénoms, chacun des traits de leurs visages, leur manière de rire et de pleurer et tant d’autres choses qu’elle ne pensait jamais connaître un jour. Comme si ils avaient toujours été là. Ses enfants. Leurs enfants.
Dans son ventre arrondi, elle pouvait sentir celui qui naîtrait dans quelques mois. Ses doigts caressèrent avec tendresse ce renflement nouveau et elle sentit à cet instant quelque chose changer en elle. Un sourire illumina son visage, Juliette et Mihai la détaillaient avec curiosité, sans rien dire, mais le lapin s’agita vivement à leurs pieds :

- «  Princesse, faut filer ! »

Rose hocha la tête et saisissant une main de chacun de ses enfants, elle les entraîna vers un grand châtaignier. Elle savait que caché derrière les fougères, au creux de l’arbre, il y avait une cachette dans laquelle Juliette venait bouder lorsqu’elle était réprimandée. Écartant les plantes, elle plaça les enfants à l’intérieur, et déposa un baiser sur chacun de leurs fronts. Puis, elle les regarda d’un air sérieux, et immédiatement, l’aînée se redressa, à l’écoute de sa mère, tandis que le benjamin, sentant ce qui allait venir, retenait difficilement mais courageusement ses larmes.

- « On a besoin que vous restiez ici, avec Papa. Monsieur Lapin veillera sur vous jusqu’à ce qu’un de nous revienne vous chercher. Ne sortez sous aucun prétexte. C’est compris ? »
- «  Mais les méchantes personnes… »
- « Ne vous ferrons pas de mal. Je vous le promets. »
- « Mais… Celui qui ressemble à Papa… Il peut tricher aussi… ? »
- « Tricher ? »
- « Bah oui ! On sait que Papa il triche quand on joue à cache-cache. »
- « Avec le nez, » expliqua Mihai, pour éclaircir les dires de son aînée.

Le Lapin et Rose échangèrent un regard inquiet. Ils n’avaient pas pensé à ça. Il leur fallait brouiller les pistes.

- « Juliette donne-moi tes rubans. Mihai, tes chaussettes. »

Les deux marmots s’exécutèrent sans protester, plutôt ravis de se débarrasser de ces contraintes imposées par leurs parents. Rose leur jeta un dernier regard plein d’amour avant de rebrousser chemin, les laissant à la garde du petit Guide qui à l’instant, faisait office de peluche réconfortante pour Mihai qui tentait de contenir son chagrin. Juliette tourna la tête avec une moue pincée, pour que sa mère ne voit pas ses lèvres trembler d’angoisse et d’appréhension.

En remontant leur piste, Rose fit tour et détour, dissémina les objets des deux enfants à deux autres endroits, espérant altérer leurs odeurs et dissimuler leur cachette.

Enfin, elle réapparut au milieu de la clairière idyllique. L’orage s’était intensifié, grondant, menaçant au-dessus d’Edward aux prises avec les Autres. Un éclair illumina les visages des opposants ; ils étaient déformés par la haine, enivrés par la crainte qu’ils inspiraient.
À la vue de son reflet ravagé par l’alcool et le tabac, la jeune femme grimaça, son estomac se serra malgré elle. Comme elle ressemblait à sa mère ainsi. L’air aussi mauvaise, aussi violente et destructrice. Prête à écraser ses rêves entre ses mains tachées.
Rose voulait en finir, vite, ne plus avoir à y penser, ne plus la voir dans ce visage supposé être le sien. Échapper à ce qu’elle pouvait devenir au moindre faux pas.
Un geste de la main, elle tenta de figer cette vision terrifiante, mais autour de son cou, le pendentif demeura inerte. Son double fit volte-face et un sourire cruel étira ses lèvres en la voyant, dévoilant ses dents jaunies par la nicotine. Elle s’approcha d’elle, soutenant son ventre d’une main, la cigarette dans l’autre.

- « Tu ne pensais pas échapper aux tares de ta famille, pas vrai ? » Elle balaya cette idée saugrenue d’un geste de la main. « Ça, c’est ce qui t’attends. Et tu ne pourras pas le fuir. C’est dans notre sang. »
- « Je ne suis pas comme toi. »
- « C’est ce que tu crois. Mais au fond de toi tu sais… Tu sais qu’un rien pourrait te faire basculer. Allé Rose, assez rêvé. Tu sais que tu finiras par les détruire tous, ton lycan compris. Rends-nous les enfants maintenant ou tu t’en mordras les doigts. Mieux vaut se résigner que de s’entêter à souffrir. »

Rose aurait voulu que sa voix sonne plus ferme, plus sure. Mais ces paroles étaient si proches de ce qu’elle avait longtemps cru, de ce qu’elle s’était souvent répété. Que comme ses parents, elle ne ferait que détruire, qu’elle pourrirait lentement mais inévitablement de l’intérieur, juste comme eux, contaminant tout ce qu’elle toucherait. Mieux valait garder une distance entre elle et le monde, mieux valait rester sur ses gardes.
Et pourtant…
Inconsciemment, ses doigts s’étaient crispés autour de son ventre, retenant sa respiration et elle réalisa. C’était si simple. Et pourtant, jusqu’à présent, elle n’avait pas compris. Elle ne serait jamais comme eux. Son regard chercha Edward et lorsqu’elle le vit, elle expira enfin, soulagée. L’Autre pris cela pour une reddition et s’avança, mais fut accueilli par une gifle assourdissante qui la fit tomber à la renverse. Elle hoqueta de surprise, alors que Rose la surplombait.

- « Tu n’as rien compris. »

L’autre voulu parler à nouveau mais elle ne lui en laissa pas le temps. Son poing s’abattit sur son visage avec un craquement d’os brisés. C’était étrangement libérateur.
La différence entre elle et cette version d’elle-même, c’était qu’elle savait aimer. Et ça, elle en était certaine. Charlotte, Oswald, Alexandre, Ange et Julius, et tous ceux qui avaient croisé sa route, brièvement ou non. Ceux qu’elle avait décidé d’aider au quotidien et qui le lui avaient rendu. Ceux qui par leur présence, l’avaient empêché de devenir ce qu’elle craignait le plus. Tous ces gens qu’elle avait chéri, qu’elle chérissait encore, et tous ceux qu’elle ne connaissait pas encore et qu’elle aimerait tout autant. Ceux avec qui elle espérait partager un avenir radieux. Edward. Leurs enfants.

Un sifflement juste à côté de sa tête et le cri de douleur de l’Autre Edward ; il venait de recevoir un projectile en plein dans son œil droit.

- « Touche pas à Papa ! T’as vu Maman ! Hein, t’as vu !? Je vise trop bien ! »

Un applaudissement enthousiaste, et Rose se retourna pour découvrir Mihai, qui frappait dans ses petites paumes, ravi. Juliette, une fronde à la main, avait le menton haut et l’air fier. À leurs pieds, le lapin avait la mine toute penaude. La peur se saisit de la contrebandière qui voulut se précipiter vers eux, mais les doigts de son double se refermèrent sur son poignet, l’attirant vers elle.

Alors, Mihai se mit à hurler. La tête basculée en arrière, il émit un son aigu, à la limite entre le hurlement du loup et le hululement de la chouette. Et de la forêt, émergea un énorme loup gris, qui vint s’enrouler autour des enfants, protecteur. Il fit claquer ses mâchoires en direction des usurpateurs, poils hérissés, crocs dévoilés. Mihai passa ses minuscules doigts dans sa fourrure, sembla parler au loup par une série de gazouillement, et l’animal se jeta en avant, droit sur l’Autre. Les crocs de la bête se refermèrent sur la gorge de sa victime qui se figea, le visage crispé avant de tomber en poussière.

Ébahie, Rose demanda :

- « Mihai, Juliette, qu’est-ce que… ? »
- «  Bah !  C’est Otto, » lui répondit Juliette en haussant les épaules, comme si cela relevait de l’évidence.
- « Grenouille ! » babilla Mihai, en sortant un batracien de sa poche, alors que le loup revenait se blottir contre lui, débarbouillant son visage d’un bon coup de langue.
- « C'bien vos gosses... »


La jeune femme haussa un sourcil. Aucun doute, c’était bien là leurs enfants. Alors qu’elle se retournait, prête à aider Edward, elle sentit une main griffue s’enrouler autour de son cou, au même moment où elle lue la terreur dans les yeux de sa fille.

- « Maman ! »

Dans son oreille, un souffle chaud qui pourtant, la secoua d’un frisson de sueur glacée.  

- « Puisque tu m’as pris ma compagne, je suppose que tu devras faire l’affaire. » Un regard pour Edward, un sourire affreux. « Sans rancune ? Allé les enfants… Il est temps de rentrer à la maison. »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeLun 17 Juil - 20:27

« Juliette, non ! »

Mais un dernier moulinet et la fronde lâcha son projectile. La pomme de pin siffla dans les airs et heurta pour la seconde fois l’œil du tortionnaire de Rose. La surprise plus que la douleur lui fit lâcher la contrebandière, tandis qu’il plaquait une main sur sa paupière rougie. Un rugissement de fureur explosa dans sa gorge et sans laisser le temps à l’anglaise de tenter quoi que ce soit, il la poussa violemment à terre et se jeta sur l’enfant, aboyant comme un enragé :

« Tu oses désobéir à ton père ?! »

Il leva le poing, déterminé à la mater comme une vulgaire bête. Tétanisée, Juliette ne pensa même pas à lever les bras pour ce protéger. Les yeux baignés de larmes, elle affronta avec courage la correction disproportionnée qui l’attendait. Mihai pleurait, le lapin s’était jeté aux pieds de la fillette pour tenter de l’écarter, mais au moment de frapper, l’attaque vengeresse fut déviée par un éclair immaculé.
Adoptant sa forme lupine, Edward avait bondi sur son double et refermant ses crocs sur son poignet, tous deux furent emportés par l’élan colossale du canidé. Très vite, l’autre prit également sa forme animale et les deux monstres blancs roulèrent ensemble dans les herbes hautes. Ils se redressèrent face à face, grondant, l’échine hérissée, les babines retroussées, prêts à lutter sans pitié.
Celui de droite s’élança le premier. Dans un grognement gutturale, il se jeta droit sur la gorge de l’autre lycan qui l’accueillit d’un violent coup de pattes. Bond en arrière. Le loup agressé percuta le flanc de son opposant, parvint à le renverser, mais les crocs acérés se refermèrent sur le haut de sa patte avant, l’empêchant d’enchainer. Un échange enragés les secoua, les jetant pêle-mêle dans une  poussière imprégnée par le premières gouttes de pluies. La foudre frappa tout près, le coup de tonnerre suivit, déchirant le ciel.
En trois sauts, le lapin s’était rapproché de Rose, suivi des enfants. Juliette passa les mains autour du bras de sa mère, essayant de l’aider à se relever avec le peu de forces de ses jeunes années. Couvrant le bruit de l’orage, le combat des loups se poursuivait avec une intensité bestiale. Affolé, le petit guide tapota de ses pattes le visage de l’anglaise :

« Debout Princesse ! Y faut aider ton loup charmant avant qu’il s’fasse tuer ! J’sais pas l’quel c’est l’bon, mais toi… Toi tu dois l’sentir, pas vrai ?
Nous aussi on sait ! S’exclama Juliette.
Papa !
C’est celui qui va gagner ! »

Edward retrouva forme humaine. Plaqué au sol, essoufflé et blessé, il faisait pour la première fois face à son incarnation la plus cruelle, celle qu’on lui collaient volontiers sur le dos. Horrible, hideux, cet être bavant de haine, aux crocs rouges de sang, lui apparaissait pourtant terriblement distant. On l’avait tant accusé de n’être qu’un monstre sanguinaire, que le loup blanc en s’en était laissé convaincre, mais à présent qu’il le voyait bien en face, que leurs regards disparates étaient plongés l’un dans l’autre, Edward était incapable de s’identifier à lui. Alors il sut. Jamais, il n’avait été cet être abjecte et jamais, il ne le deviendrait.
Le monstre gonfla de rage et de colère. Son corps animal semblait bouillir de l’intérieur, se cabossant et se déformant, tout en maintenant ses pattes fermement ancrées sur les épaules d’Edward. Il ouvrit grand sa gueule écarlate, puante de haine et fondit sur sa proie, lorsqu’une petite exclamation pleine d’encouragement et d’affection, s’éleva :

« Papa grenouille ! »

Blotti dans les jupons de sa sœur, Edward ne put apercevoir la mine résolument confiante de son fils, ce qu’il vit en revanche, ce fut une petite masse verte  et molle bondir sur l’œil blessé de son adversaire. Un faible mouvement de recul suffit à diminuer son emprise.
Rassemblant ses forces, Edward lui asséna un puissant coup de poing en pleine gueule. Le choc fit perdre l’équilibre à ce roi malade et vicié qui bascula sur le côté. Le loup blanc prit le dessus et se redressant, il écrasa sa trachée sous son pied nu. Désormais tous deux sous forme humaine, son reflet lui décocha un regard dégoulinant de fiel. Seuls les mots lui restaient, aussi les décocha-t-il de son air le plus mauvais :

« Tu te crois vraiment capable d’être un bon père ? Toi ?
Je ne sais pas, mais je ferai de mon mieux. »

Edward donna un grand coup de talon et le double partit en poussières.
L’orage gronda à nouveau, cette fois accompagné d’une pluie diluvienne. Edward s’empressa de rejoindre Rose. Il boitait un peu, demeurait essoufflé, mais quelque chose en lui semblait s’être réparé, lui rendant une bonne partie de ses forces ; l’étreinte de ses enfants se chargea du reste. Un baiser pour chaque front, une caresse pour Otto et la surprise de retrouver la grenouille accrochée à son pantalon. Ruisselant, mais comblé, il souleva Rose et toute la petite troupe se dirigea vers la maison pour s’abriter.
Les enfants passèrent en premier. Edward suivit, mais il se figea à peine le seuil franchi. La douleur et les blessures s’étaient effacées pourtant, il eut l’impression d’avoir pris un violent coup sur la tête.
La pièce était lumineuse, éclairée par une chaude lumière d’été. Il la reconnut sans peine, car c’était le salon de sa maison maternelle qu’il avait habité, un temps, à la fin de la guerre des lycanthropes.
La petite cuisine était à gauche, avec son grand vaisselier de bois et son poêle en fonte. Une grosse marmite gargouillait là, embaumant tout l’espace d’un délicieux fumet. À droite, une grande table était dressée, couverte d’une belle nappe bleue autour de laquelle on discutait déjà avec entrain. Edward sentit la présence de sa mère, de sa belle sœur et de ses géniteurs, mais fut plus troublé encore de voir les parents de Rose attablés avec les siens. Tous étaient bien habillés, joyeux, charmants, offrant un tableau d’une telle normalité qu’il en devenait effrayant.

« Encore à roucouler ? Et après tu dis d’Ani et moi hein ?
Vlad ? Mais qu’est-ce que… Commença Edward en déposant Rose. Où sont Juliette et Mihai ? »

Le jeune homme haussa les sourcils et remonta ses lunettes. Vladimir était l’opposé d’Edward. Un tête de moins, bien plus chétif, il avait les yeux noirs et en amande de sa mère et ne partageait que la couleur sombre de la chevelure de son aîné. Il avait l’air doux, calme et surtout, d’un humain parfaitement civilisé. Semblant percevoir que quelque chose troublait son frère, il répondit avec une précaution bienveillante :

« Je ne sais pas qui est Juliette, mais oncle Mihai ne va pas tarder, il est retourné chez grand-père pour voir s’il leur restait des myrtilles pour le dessert et… Euh… Ed ? Ça va ? »

Il n’en était plus très sûr. Son coup d’œil à Rose trahissait son envie de ne rapidement quitter les lieux, mais la porte fut ouverte dans leur dos et deux mains se posèrent sur chacune de leurs épaules. Des mains épaisses, puissantes, de celles qui brisent les os comme de vulgaires bouts de bois. Les mains de Marlock Wolkoff. Edward ne les avait pas senti approcher, pire encore, lui qui les avait toujours craintes ne les percevait même plus comme un danger.

« Tu daignes enfin nous présenter ta douce mon grand. Il était temps !
Mon… grand ? Balbutia Edward, pris de nausées.
Oh ! Ne fais pas de façon. Aussi costaud que tu sois, tu restes mon grand garçon. Et puis ne me tente pas, sinon je t’appelle par le petit surnom qu’utilise ta mère.
Qu… Quoi ?
Haha ! Te voilà bien gêné ! Allons Rose, venez. Vos parents nous ont déjà dressé un adorable portrait de vous, mais puisque vous allez devenir notre belle fille, nous avons hâte d’apprendre à vous connaître. »

Marlock l’entraina du côté de la table, sans qu’Edward ne puisse protester. Déboussolé par cette famille idyllique à laquelle il avait longtemps rêvé, il n’arrivait pas à savoir s’il devait les craindre ou les adorer.
Il sentait, pourtant, que rien n’allait. Trop de sourires et de joie étaient rassemblés sous ce toit qui avait autrefois connu tant de cris et de larmes. Et puis, quelque chose d’important manquait, mais il était incapable d’identifier quoi.
Réfléchir. La main de sa mère se posa sur son bras. Son cœur se serra. Il ne distinguait pas son visage derrière ses longs cheveux noirs, mais même aveugle, il aurait reconnu la façon qu’elle avait de le toucher.
Elle éclata de rire et au même instant quelque chose grésilla à son oreille. Il tourna la tête, pensant à un insecte et nota brusquement la disparition de la grosse marmite sur le poêle. Elle avait été remplacée par un trio de casseroles. Encore un grésillement. Cette fois, la nappe avait changé. Son pourtour était à présent brodée de tout l’alphabet en lettres noires. Edward en distingua cinq rouges, qui se détachaient.

E. F. U. Y. Z.

Débout dans la cuisine, la silhouette de son frère crépita et se matérialisa brusquement près des convives. Il tenait une soupière en main et annonça :

« Et voilà le civet de lapin ! »

Edward comprit ce qu’il manquait.
Il comprit aussi, le message qu’on leur avait laissé.

F. U. Y. E. Z.


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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMar 18 Juil - 18:34

Attablée à la droite de Marlock, aussi blanche que la craie, Rose était figée par la terreur. Pupilles rétractées, mains fermement agrippées à la nappe, corps complétement tendu, elle luttait de toute ses forces pour ne pas hurler.  
Se glissant dans l’espace libre à côté d’elle, Vladimir déposa le civet fumant au centre de la table avant de s’assoir à son tour, lui adressant un sourire encourageant alors qu’il remplissait son assiette. Un haut le cœur la secoua alors, et son futur beau-père, inquiet pour sa santé, posa sa grande main sur son avant-bras, dégoulinant de sollicitude.

- « Rose, vous vous sentez bien ? »
- « Oh je reconnais ces symptômes, pépia sa mère d’une voix enjouée que sa fille ne lui avait jamais entendue. Ne t’en fais pas ma chérie. J’avais les même lorsque j’étais enceinte de toi. »

La contrebandière crut défaillir ; mais ce n’était rien face à la violente nausée qui s’empara d’elle lorsque son père se leva, tapant doucement avec le bout de son couteau sur son verre : il demanda à ce que l’on porte un toast.

- «  Aux amoureux. Et à nos futurs petits enfants ! »

Un rire joyeux s’éleva parmi les convives et ils trinquèrent à cette perspective dans une bonne humeur collective. Rose chercha le regard d’Edward, terrorisée au point de ne pouvoir parler, avant de remarquer que tous les fixaient, attendant qu’ils boivent à leur tour. Le silence s’était couché dans la maisonnette, on n’entendait plus que le grincement des criquets à travers les fenêtres ouvertes.
Elle baissa les yeux vers son verre rempli à ras bord d’un liquide rouge et épais. Les doigts tremblants, elle souleva la coupe, la leva à hauteur de ses lèvres, mais quelque chose remonta à la surface.

Plop.
Un petit œil bleu.

La coupe lui tomba des mains dans une exclamation d’effroi, renversant le vin rouge sur la nappe sans que rien de suspect ne réapparaisse. Une seconde, tout fût silencieux. Le contour de la nappe trembla pour devenir blanche, donnant à cette tache de vin un aspect encore plus inquiétant.

- « Oh Rose, ma chérie, qu’est ce qui se passe ? »
- «  Peut-être devrait-on aller chercher un médecin ? » demanda Vladimir en épongeant les dégâts.

La chaise avait basculé en arrière lorsqu’elle s’était redressée vivement, et Rose restait pétrifiée, les mains levées au niveau de sa poitrine, tremblant d’une frayeur incontrôlable.
Son père et sa mère voulurent s’approcher mais elle s’empara du long couteau à pain qu’elle dressa entre elle et eux, toujours tellement affolée qu’elle aurait été bien en peine d’en faire quoi que ce soit.

- « Ne me touchez pas ! » hurla-t-elle alors qu’elle reculait lentement vers Edward, sans les quitter des yeux.

Mobilisant toute sa volonté, une main lâcha son arme pour se saisir de celle du lycan, qu’elle entraina à sa suite dans un minuscule couloir adjacent. La porte d’entrée avait subitement disparu lorsqu’elle s’était levée, tout comme les fenêtres, empêchant toute fuite de leur part.
Le passage mal éclairé menait à une porte que Rose s’empressa d’ouvrir puis de refermer derrière eux d’un tour de clé.

Alors, sa frayeur redoubla.
Ils étaient dans sa chambre d’enfant. Similaire jusqu’au carreau fendu de sa fenêtre, jusqu’aux draps sales de son lit, jusqu’aux murs gondolés par l’humidité, jusqu’à l’odeur rance de la sueur et de la peur.

La poignée de la porte descendit, remonta. Sursaut immédiat. Instinctif. Elle avait à nouveau huit ans. Tenter d’ouvrir la fenêtre frénétiquement, désespérément, en vain. La voix de son père éclata derrière le battant :

- « Rose soit raisonnable, ouvre-nous. »
- « C’est normal de se sentir nerveuse, » renchéri Marlock, compatissant.

Les grandes mains continuaient de taper contre la mince paroi de bois. Presque rien ne la séparait de ses tortionnaires, pas d’issues pour y échapper.
Rose sentit ses jambes se dérober sous elle, submergée par cette épouvante sortie tout droit de son enfance, qui la prenait aux tripes et lui faisait perdre toute raison.
Deux fois. Par deux fois déjà, elle les avait affrontés, et ils étaient toujours là, attendant le moindre moment de faiblesse pour revenir la tourmenter. C’était une malédiction et elle n’arriverait jamais à s’en défaire.
Désespoir. La blonde leva vers Edward ses longs cils ourlés de larmes qui ne tardèrent pas à se mettre à couler le long de ses joues.

- « N-ne les laisse p-pas me t-toucher… » supplia-t-elle, la voix entrecoupée de sanglots.

Un nouveau choc contre la porte. Les voix se firent plus menaçantes au milieu des politesses que leurs géniteurs s’échangeaient sur le délice de ce repas et la douceur de la journée.

- « Ouvrez ! »
- « Le repas va finir par être froid. »
- « Si vous n’ouvrez pas tout de suite…»

Instinctivement, les doigts de Rose se refermèrent sur ceux du loup qu’elle attira vers elle, enfouissant son visage dans le creux de son épaule. Une nouvelle salve de coups la fit sursauter, mais elle resserra d’autant plus ses mains dans le dos de son partenaire.
Le cœur d’Edward qu’elle sentait battre contre le sien.

Bom.
Bom.
Bom.

Respirer son odeur.

Un peu calmée, elle osa relever le nez et renifla bruyamment, s’essuyant le visage d’un revers de main en étouffant nouveau hoquet sanglotant.
La chambre autour d’eux avait changé, et elle ne la reconnaissait pas. Spartiate mais propre et bien tenue, elle sentait bon la campagne et les fleurs séchés. Un rayon de soleil passa par la fenêtre et se posa sur eux, faisant scintiller le bouclier qui les enveloppait.  

- « Encore en train de conter fleurette Ed’ ? On va bientôt passer au dessert. »

La silhouette crépitante de Vladimir leur apparut derrière les reflets du bouclier, arrivée là sans qu’ils sachent comment. Ses contours instables rendaient son sourire doux encore plus menaçant en contraste avec le tambourinement qui continuait par-delà le battant de bois. Il fit un pas vers eux, mais s’arrêta avant d’entrer en contact avec la barrière invisible.
Ce frère si parfait scruta intensément Rose de derrière ses lunettes, la laissant frissonnante et pleine d’un mauvais pressentiment.

Soudain autour d’eux, les murs ondulèrent, d’amples lettres rouges, fraiches et dégoulinantes, tout juste tracées apparurent sur le mur auquel il tournait le dos.
Derrière la porte, le silence se fit subitement et la voix distordue de Vladimir résonna dans la pièce.

- « On dirait qu’ils veulent vraiment te parler. Oh, Rose ! Il t’a tout raconté, n’est-ce pas ? »

En capitales, deux noms réécrits, répétés en boucle sur la moindre surface.

EVELINA WOLKOFF. YVAN VOELSUNGEN.
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 20 Juil - 10:35

« Tant que je serai là, ils ne t’approcheront pas. »

L’étreinte d’Edward se resserra autour du corps tremblant de Rose. Il la maintenait contre lui avec une force douce, mais ferme, digne d’une promesse absolue. Sa main passa dans ses boucles blondes et ce fut à peine s’il s’écarta lorsqu’apparut son frère. Toujours ce sourire tendre, compatissant, auquel il était si facile de donner toute sa confiance quand on ne le connaissait pas vraiment.
Si Edward avait hérité de la force et du courage familial, son cadet avait pour lui l’intelligence et la ruse. Briser d’un mot était sa spécialité. Le visage impassible et calme, il dégainait une phrase, une pique, qu’il tirait droit au cœur sans que le remord l’habite. Vladimir pouvait être méchant, mauvais et son frère aîné était sa cible préférée. Le loup blanc le savait et de tous ses adversaires, c’était son benjamin qu’il avait toujours le plus redouté.

Deux noms en lettres rouges.
Edward frissonna, son cœur accéléra. Dans sa tête tout se mélangea. Ses sensations passées, toutes ces histoires qu’on lui avait raconté… Rien ne collait. Il se sentit vaciller, mais agrippé à lui, la présence de Rose le maintinrent sur pieds.

Bom.
Bom.
Bom.

« Ouvrons leur, ce n’est pas très poli de les faire patiennnnnnnnnn-t-t-t… »

Plus de porte.
Une femme entra, belle, charismatique, un port altier, une cascade de cheveux noirs sur une figure de craie. Deux yeux en amende aux prunelles sombres, insondables et un sourire démesuré.
Edward toussa, pris d’une haut le cœur. Non. Ce n’était pas sa mère. Elle n’avait jamais eu ce visage là, c’était impossible. Dans ses souvenirs abîmés, cette figure aimante, toujours cachée par sa chevelure, tendait à se dévoiler, adoptant cette horrible grimace. Le loup blanc se mit à trembler. Il voulait à tout prix se convaincre qu’on lui mentait, mais l’esprit à horreur du vide et dès qu’il le peut, il se met à le combler.
La bouche en croissant de lune d’Evelina s’entrouvrit sur une voix caressante :

« Mon chéri… Viens dans mes bras. Viens oui. Je sais qu’ils t’ont manqué, toi qui m’a aimé bien plus qu’une simple mère.
N-Non… Je…
Vous-a-t-il dit Rose, que j’étais sa première ? 
C’est faux ! Ce sont des ragots ! On m’a mis sur le dos tous vos fantasmes atroces, jamais je…
Tu me fais de la peine… s’attrista-t-elle, inversant son hideux sourire. C’est parce qu’elle est ici que tu nies avoir apprécié le délice de mes caresses ? »

Une main blanche et fine, coupée au poignet, apparut contre la joue d’Edward. Elle effleura sa peau, ses lèvres avec tendresse et luxure, jusqu’à ce que le loup blanc s’en débarrasse dans un violent soubresaut. La chaire de poule lui remonta le long de l’échine ; envie de vomir.

« Je vois, se navra Evelina avec tant de déception dans la voix que son fils crut que son cœur allait s’arrêter. Vous voyez Yvan, finalement, il n’a pas changé. 
Je m’y attendais. Les bêtes sauvages ne sont jamais totalement apprivoisées. »

L’homme entra dans la lumière, s’arrêtant aux côtés de sa mère. Il ressemblait beaucoup à Aldrick, mais en plus âgé, des cheveux longs et un visage bien plus dur que celui de son fils. Ses iris ambrés se posèrent sur Rose qu’il toisa avec dédain.

« Tu brises donc le cœur le mon enfant pour lui préférer un meurtrier. Mais je m’y attendais, entre monstres, j’imagine que vous vous comprenez.
La ferme ! Aboya Edward, électrisé par cette agression injuste. C’était la guerre Yvan. Vous êtes mort, parce qu’il le fallait ! J’en ai assez de m’excuser pour avoir sauvé ma peau !
Tu crois çaaAAaaa-A-aa ? »

Sa voix s’était brusquement distordue, tombant dans un timbre grave et gras. Le cou d’Yvan cassa net, sa tête bascula sur son épaule dans un angle anormal et tout son visage se mit à ruisseler de sang. La pièce s’en gorgea, les murs devinrent écarlates. Edward eut beau reculer, il finit par mettre les pieds dans ce liquide poisseux.
À côté sa mère pleurait. Elle labourait son beau visage de ses doigts, s’épuisant en un incommensurable chagrin. Yvan fit un pas en avant et sa tête prit un angle plus épouvantable encore.

« Tu as tué ton père… Ta mère est morte de chagrin… Tu m’as assassiné alors que j’implorai la clémence des tiens…
C…C’est faux… Balbutia Edward. Je sais que c’est faux… J’ai tué Marlock, mais je…
Tu ne te souviens pas…
Ce sont des mensonges !
Tu ne sais pas qui tu es…
Je suis Edward W…
VYYYYYYREEEEEEEEESSSHHH ! »

Yvan explosa. Protégeant Rose, Edward se retrouva crépi de sang. Il en avait plein les mains, ses cheveux dégoulinaient et cet infâme substance coulait le long de son visage jusqu’entre ses lèvres. Il cracha, toussa, chercha à s’essuyer, mais ne fit qu’étaler davantage l’hémoglobine.
Il tangua, voulut se rattraper à Rose, mais découvrant ses doigts rouges, il arrêta son geste. Dans leur dos, sa mère pleurait toujours. Un bruit de pas et deux silhouettes s’ajoutèrent. Le père et la mère de Rose entrèrent, effarés du désastre. Ava Walkson se jeta dans les bras de son époux qui lui caressa le dos pour la réconforter. Il porta un regard dur sur sa fille, plein de déception et de colère. Les mots qui s’écharpèrent de ses lèvres avaient le tranchant de la guillotine.

« On a tout fait pour te sauver, pour t’aimer malgré ta violence innée, mais il a fallut que tu recommences. Rosie chérie, comment peux-tu nous faire ça… ? »

Un crépitement survint et la voix déformée Vladimir résonna à nouveau dans la pièce.

« Si seulement vous n’aviez jamais fait partie de nos existences.
On voulait vivre ! Objecta Edward en gardant Rose contre lui.
C’est le problème Ed. Vous n’avez pas compris que votre vie ne compte pour personne d’autre que vous.
Non… T-tu mens…
Tu crois ça ? »

Une lumière aveuglante précéda un souffle glacé. Lorsqu’Edward rouvrit les yeux, il était enfoncé jusqu’aux genoux dans un épais manteau de neige. Un puissant blizzard balayait un rideau de poudreuse et cristallisait, sur sa peau, les gouttes du sang d’un autre.
Associée à cette tempête, ce froid brutal fut comme une bouffée d’oxygène pour lui. Pour une raison qu’il n’avait jamais clairement identifiée, Edward s’était toujours senti en sécurité lorsque la météo se déchainait. Plus la pluie battait, plus la neige tombait, plus il se sentait vivant et libéré.
Il se pencha sur Rose. Les mots lui manquèrent, ses gestes parlèrent pour lui. Ses mains sales, pleines de flocons rougis de sang se posèrent sur ses joues, il embrassa ses lèvres, son front avant d’y apposer doucement le sien.

« Suis moi et surtout, ne te retourne pas. »

Il lui prit la main, entremêla ses doigts aux siens et l’entraina dans son sillage à travers l’épaisse couche de neige.
Pitié, qu’elle ne se retourne pas.
Qu’on lui épargne au moins, ce spectacle là.
Derrière eux, deux grands feus de joie. Leur fumée s’élevait dans ce ciel laiteux, le souillant de toute sa noirceur. Une silhouette était étendue sur chaque bûcher. L’une était grande, masculine et solidement charpentée, mais pleine de cicatrices, l’autre plus petite, fine et féminine, portait un W à la pliure de son bras rongé par les flammes. Autour de ces brasiers funéraires, dansaient et riaient tous ceux qui auraient dû pleurer leur perte. Et maintenant, qui était les véritables monstres de cette fête ?

Edward s’arrêta.

« Rose, regarde… »

Un peu d’espoir dans la neige immaculée.
Les traces presque effacées d’un lapin.




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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeDim 23 Juil - 0:01

Ce paysage immaculé était d’une douceur irréelle et pourtant, il ne masquait ni la vive couleur du sang, ni l’ écœurante odeur de chair brulée, ni même encore le gout salé des larmes.
Pire encore, il n’avait pas fait taire les voix vengeresses de ceux qui voulaient plus que tous les faire sombrer.
Dans l’immensité blanche, elles semblaient résonner plus fort encore. Malgré la main d’Edward qu’elle serrait avec force dans la sienne, fil d’Ariane qui la maintenait dans le réel, qui la poussait à avancer avec ardeur, Rose se sentait vacillante.

Comme Alice, suivre les pas du lapin blanc sans se retourner.
Surtout, ne pas regarder en arrière.  

Mais les paroles de son père vinrent tout changer, impossibles à entendre. Dans le cœur de Rose la terreur avait laissé place à une fureur sourde. La promesse d’Edward avait animé le charbon ardent de sa colère, qui s’était muée en flammes, puis en brasier dévorant tout sur son passage.
Tous autant qu’ils étaient, avaient agis en monstres. Ceux qui les accusaient les premiers. Qu’ils jugent, qu’ils médisent, elle n’en avait que faire.
La mort de ses parents, elle ne la regrettait pas. Elle ne regrettait pas ses mains tâchées, l’infamie du parricide, la supposée noirceur de son âme. Non. La seule chose qu’elle changerait, si tout était à refaire, serait de les regarder bien en face, au moment où ils avaient réalisé qu’elle avait gagné. Qu’ils s’époumonent à présent, ces géniteurs monstrueux. Jamais plus elle ne se retournerait vers eux.
Contre le vent furieux qui lui fouettait le visage, elle hurla toute cette rancœur et cette peur qui croupissait en elle depuis des années.

- « I deserved better ! »

Enfin, libre.
Les empreintes se firent plus marquées et la neige moins épaisse sous leurs pas. Soudain, l’odeur âcre de la fumée s’amenuisait. Petit à petit, la neige fondait, laissant deviner le printemps au bout du chemin.

Néanmoins, les voix continuaient de résonner autour d’eux, infatigables, singeant  une affection factice, un désespoir de façade. Elles lui étaient insupportables en comparaison de la douceur de cette grande main qui enveloppait la sienne. Alors, lorsque la voix d’Evelina s’éleva à nouveau, pleine d’un fiel dissimulé sous le miel enjôlant de ses promesses, Rose n’y tint plus. Elle s’arrêta brusquement, et sans se retourner, les yeux fermés de colère, elle aboya :

- « Taisez-vous ! C’est vous le monstre ! Si vous avez posé la main sur votre enfant, vous êtes la seule responsable ! »
- « Il me désirait comme il ne te désirera jamais. »
- « Mensonges. »

Un rire glacé s’éleva dans les airs.

- « Un monstre qui défend un monstre, » se moqua Yvan durement. « Mon fils… »
- « Votre fils vaut mieux que vous, » coupa Rose. « Ne prononcez pas son nom pour le salir. »

Les voix se turent, enfin. Un poids tomba de la poitrine de Rose et un profond soupir lui échappa. Son visage vint s’enfoncer dans le dos du lycanthrope dans une étreinte maladroite.

- « Comme c’est touchant. »

Devant eux, Vladimir s’était matérialisé. Ses contours instables lui donnaient un air fantomatique, presque macabre tant il semblait sur le point de disparaître. Il avait ce sourire doux toujours sur les lèvres. Une bourrasque de vent et de flocons le fit trembler et il s’adressa à son frère d’un air compatissant.

- « Tu es toujours aussi pathétique. Courbant l’échine pour des caresses et une affection qui n’existent pas.  »
- «  Roh, la ferme ! »

La silhouette frissonna et Rose perçu à travers la légère crispation de sa mâchoire, la fissure dans ce calme apparent.  Sans lâcher Edward, elle fit un pas, puis deux, jusqu’à poser un index sur le torse de Vladimir. Relevant fièrement son menton vers lui, elle fit attention à bien détacher chaque mot qu’elle prononçait :

- « Ça vous emmerde, pas vrai ? Qu’on puisse être heureux. »
- « J-j-j-jeeee…»

Le cadet clignotait littéralement sous leurs yeux. Il apparaissait et disparaissait successivement, tentait de prononcer des phrases entrecoupées, aux sons discordants.
La contrebandière l’ignora, et tourna la tête sur la droite, vers Edward.

- « Je serais à tes côtés quoi qu’il arrive. »  

Levant cette grande main ensanglantée au niveau de ses lèvres, elle y déposa un baiser tendre, dépourvu de dégout. En face d’eux, le double émit un cri enragé, puis, une bourrasque de vent le balaya et il s’évapora.  

Alors sans crier gare, la tempête se déchaîna à nouveau, soulevant des monceaux de poudreuse blanche et froide. Protégeant son visage d’une main, Rose se blottit tout contre le lycanthrope et ferma les yeux.
Lorsqu’elle les réouvrit, l’espace était métamorphosé.

Après l’hiver vient le printemps. En face d’eux, s’étendait un immense bassin d’eau turquoise aux carreaux blancs et verts, où flottaient des nénuphars multicolores. L’air était doux, la brise calme et chaude, presque caressante. Sous leurs pieds, de l’herbe verte, piquées de fleurs sauvages ou serpentait un mince sentier de sable doré sur lequel on distinguait encore de petites empreintes de coussinets. Plus de voix nulle part. Plus de gardiens. Plus de guide. Seuls, enfin.

Un sourire polisson étira les lèvres de Rose. Avant qu’Edward n’ait pu protester ou riposter, elle l’avait énergiquement poussé à l’eau, et sans hésiter s’était jetée à sa suite dans ce havre inespéré. Lorsqu’elle remonta à la surface, seuls ses yeux et son nez dépassaient hors de l’étendue aqueuse, mais son regard parlait pour elle. Il trahissait une joie gamine et un plaisir enfantin. En deux brasses, elle se rapprocha, enroula ses jambes autour de la taille d’Edward pour maintenir sa tête hors du bassin dont elle ne touchait pas le fond. Avec ses longs cheveux blonds flottant en corolle autour de ses épaules et ses prunelles assorties au bleu de l’eau, la contrebandière avait des airs de sirène apprivoisée. Ses doigts coururent dans les mèches brunes du lycan, le long de sa mâchoire, jusqu’à sa bouche qu’elle frôla de la sienne.

- « Du coup, on l’appelle comment le troisième ? »

Une question mi-taquine, mi-intéressée qui la poussa à plonger dans le regard si particulier du loup.

Rose était si absorbée par sa contemplation qu’elle ne vit pas apparaître derrière eux une porte identique à la première qu’ils avaient franchi. Incongrue dans cette nature chatoyante, ses runes bleutées et son encadrement luisaient faiblement, invitant les participants à la franchir. D’ailleurs, l’empreinte des coussinets d’un animal disparaissait derrière son battant, et à leurs côtés la trace d’une foulée humaine.
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMar 25 Juil - 10:47

Une eau froide et clair, la douce bise du printemps, le contact chaud de sa peau contre la sienne… Edward sourit. L’enfer blanc semblait déjà un si lointain souvenir lorsque Rose le regardait ainsi.
Il glissa ses bras dans son dos, la suréleva un peu, faisant émerger ses épaules sur lesquelles était collé le tissu de sa robe, rendu presque translucide ainsi trempé. Un baiser fut déposé au creux de sa gorge, un seconde sur la ligne de son menton, puis s’écartant à peine, il la fixa un instant, comme s’il se trouvait face au plus précieux trésor du monde.
Quelque chose avait changé. Edward le sentait. Le poids d’un interdit silencieux et totalement injustifié venait d’être levé. Il pouvait s’autoriser à rêver, peut-être même…

« Hope… Je crois que j’aimerai bien l’appeler Hope. »

Un peu de rouge colora ses joues, mais il le masqua en enfouissant son visage au creux du cou de Rose. Son étreinte se resserra, sous l’eau ses doigts se crispèrent sur l’étoffe qu’il jugeait de trop. Envie d’être égoïste, de la garder rien que pour lui le temps que cette folle nuit se finisse. Un baiser claqua contre sa peau de craie. Il releva la tête et ses iris disparates se plongèrent dans les prunelles de saphir de cet exceptionnel petit bout de femme qui venait de lui rendre l’entièreté de sa vie. À ses côtés, son passé s’était éclairci, son présent s’était illuminé et son futur avait, enfin, commencé à exister.
Il caressa sa joue, appuyant doucement sur sa taille pour que la chaleur de leur peau se mêle, rapprocha son visage du sien et effleura de son souffle ses lèvres. Des mots chatouillaient sa gorge, mais il les retint, désireux de les lui offrir lorsqu’ils s’éveilleraient côte à côte dans la poussiéreuse Curia. Alors il l’embrassa, plus vivement qu’il ne se l’était promis, avec plus de passion, plus d’envie, ne s’arrachant à sa bouche cerise qu’au prix d’un pénible effort. Le bout de son nez frôla la sien et reprenant sa respiration, il lui murmura tout bas :

« On s’entraîne pour le premier ? »

Un sourire fripon dévoila ses dents blanches. Il lui grignota tendrement la joue, remonta jusqu’à son oreille, mais s’arrêta brusquement en apercevant du coin de l’œil la porte sur leur droite. Il interrogea Rose du regard, puis revint au battant. Plissant les yeux avec suspicion, il murmura à la belle anglaise :

« Elle s’est rapprochée, non ? »

L’arche luisait tout au bord de l’eau. Des pulsations régulières illuminaient les runes qui la composait. Edward était bien incapable de les traduire, mais il y avait quelque chose d’oppressant dans cette grande structure immaculée qui les toisait de toute sa hauteur, jusque dans sa poignée ronde, percée d’une fine fente aux allures de petite voyeuse.

« Peut-être qu’on devrait… »

Un grincement et la porte bascula sur eux. Leur baignade improvisée ne leur laissait aucune chance de lui échapper. Edward resserra Rose contre lui, inspira et s’immergea avec elle pour éviter le choc.
L’immense plaque de bois s’abattît dans l’eau avec le son sec d’un plat magistral et éclaboussa les alentours. La poignée s’agita dans le vide. La porte s’ouvrît toute seule sur un rectangle vide.


* * *


Comme un aquarium qui éclate. Toute l’eau transportée avec eux se déversa sur le sol de marbre froid qui les entourait. Edward reprit son souffle, frissonna et se leva sur le champs. Il hissa Rose sur ses pieds, craignant qu’une de ces épreuves dont il commençait à se lasser leur tombe à nouveau sur le nez. Levant la tête, il analysa ce qui les entourait et haussa lentement les sourcils.
Partout, de la porcelaine. Des étagères entières de bibelot blancs finement taillés, représentant tout ce que la terre avait pu porter. Animaux, fleurs, personnes et même objets, la collection s’étendait à perte de vue dans des allées étroites, bordées d’échelles permettant d’accéder aux plus hauts rayons. Le loup blanc tendit la main et s’empara de la première sculpture qui passait par là. Il l’inspecta et la tendit à Rose :

« On dirait Oswald, non ? Et ça… ça c’est la chaise de mon bureau au cabaret.
— B-bb-raaaa-vo ! Neuvième ép- ! Retrouvez l-l-… champign… dansant…
V… me… recev… Haaall…
— souuuu-souvernirs ! Att-tt-… temps donné ! Réveiller… ppp-papi… draaaaaag- g-g… !
…marche p…
…minute !
— Huiiiitieme épreuve commmmmm- ! »

Un bruit sourd loin derrière eux. Quelque chose d’imposant, colossal, dont le poids venait de s’abattre sur le sol avec tant de force que l’intégralité des porcelaines avaient frémi en un même tintement d’angoisse. Edward se tourna, lentement. La pièce était trop vaste et trop encombrée pour que ses yeux ne distinguent quoi que ce soit, en revanche il perçut nettement l’odeur d’œuf pourri qui se déversa dans tout l’endroit. Il hoqueta, toussa, mais sa main saisit immédiatement celle de Rose, qu’il entraîna à sa suite en s’exclamant :

« C’est le gaz que produisent les dragons juste avant que… »

Un crépitement. Un geyser de flammes se déversa au-dessus de leur tête, noircissante une ligne entière d’étagères. Un fracas s’éleva dans leur dos, précédent un rugissement guttural qui explosa dans toute la salle avec la puissance des basses fréquences d’une assourdissante grosse caisse.
Edward se boucha les oreilles et se rattrapa à l’un des meubles. Désorienté par ce son trop violent pour son ouïes fine, tout son environnement s’était mis à tanguer. Il secoua la tête, se redressant avec peine lorsqu’il perçut de nouveaux un grésillement loin au-dessus d’eux.

« Alors ? J’vous ai manqué ?
Je t’ai dis de faire vite !
Ok ! Ok ! Les retrouvailles émouvantes attendront ! Écoutez-moi bien les tourtereaux ! Les ingénieurs ont disparu et le système part complètement en sucette. Les épreuves sont décousues, plus rien qui va. Vous devez sortir de là !
Dépêche toi, j’ai du mal à garder l…
Laissez tomber les règles ! Trouvez l’accès aux coulisses !
J… Je ne tiens pl…
Faites tout péter !! »

Clac.

Edward jeta un regard à Rose. Elle aussi avait entendu ? Ce timbre un brin cassé, agaçant à souhait. Fichue boule de poils. L’odeur âcre du sulfure se répandit de nouveaux dans la pièce.

Un faible rire secoua ses épaules.
Enfin une épreuve qui leur était parfaitement adaptée.



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMar 25 Juil - 23:38

Un nouveau souffle enflammé embrasa un rayon d’étagères voisines, parfaitement alignées. Elles crépitèrent d’un rouge ardent une fraction de seconde avant de s’effondrer sur elles-mêmes, emportant dans leur déroute les centaines de bibelots en porcelaine qu’elles supportaient.
Le fracas de leur chute fut si assourdissant que même Rose eu le réflexe de lever sa main libre vers ses tympans, tandis que de l’autre, elle maintenait Edward accroupi à ses côtés.

Sans attendre un nouvel assaut de la bête, elle entraina le loup vers l’extrémité la plus éloignée de la pièce. Ils entendaient la menace sans réussir à la voir. Le dragon, -que la contrebandière imaginait pourtant énorme-, demeurait invisible, et seules ses flammes trahissaient momentanément sa position. Le lapin avait eu vite fait de leur ordonner de tout détruire : avec un reptile qui voulait les transformer en brochettes, c’était plus facilement dit que fait. D’autant que cette pièce était immense ; les rangées de bibelots s’élevaient bien au-dessus de leurs têtes, semblant impossible à escalader. C’était un labyrinthe dont il leur fallait trouver une sortie mais dont ils ne connaissaient ni la forme, ni l’étendue. Alors, tout détruire, oui, mais une fois qu’ils auraient trouvé comment s’échapper de là en un seul morceau.
Rose se retourna vers Edward :

- « Une idée de comment… ? »

Mais elle resta bouche entrouverte, sourcils légèrement haussés sans achever sa phrase. Son regard venait de se poser sur une statue de porcelaine grandeur nature que l’on avait stocké juste derrière son interlocuteur. Elle se renfrogna un peu, contourna le loup et se planta devant l’œuvre d’art en grimaçant sans dissimuler son agacement.

Elvira. Encore.
La jeune femme était sculptée comme les autres dans une porcelaine immaculée, mais le choix de sa représentation sortait tout droit de la Grèce antique. Son corps athlétique était vêtu d’une longue toge blanche qui laissait deviner la courbe de ses hanches. Son dos musclé était ceint par un carquois rempli de flèches et sa longue tresse revenait courir le long de son cou jusqu’à un sein dénudé. La statue, plus haute que Rose, semblait la toiser de cet air supérieur qu’elle lui avait vu plus tôt, caractérisée par cette petite moue moqueuse insupportable. À côté de cette représentation de la chasseuse, la blonde ne put s’empêcher de se sentir quelconque, quasi inférieure avec ses cheveux en désordre tombant sur ses vêtements mouillés et informes.

Dans un mouvement de jalousie rageuse, aussi impulsif qu’irréfléchi, elle poussa la statue à la renverse. Elle éclata en une dizaine de morceaux avec autant d’éclats que si la foudre l’avait frappé.
Rose regretta immédiatement son geste, car il n’en fallut pas plus pour attirer le prédateur tout droit sur eux.
Entre les babioles en porcelaine, deux yeux jaunes et reptiliens la fixaient. Lentement, prudemment, elle recula jusqu’à Edward, mais plus elle fixait ces yeux inhumains, plus un sentiment de malaise l’envahissait.

- « Quelque chose cloche… »

Elle le sentait sans arriver à mettre précisément le doigt dessus. Le dragon lui répondit par un rugissement qui fit trembler les murs, les étagères jusqu’à son propre coeur. Alors, lentement, le reptile aux écailles d’un noir de jais émergea de sa cachette, dévoilant une gueule de crocs acérés, prête à les carboniser. Mais ses grandes ailes, anormalement repliées avaient l’air de le gêner, tout comme ce corps inadapté pour l’endroit, si bien qu’il avait du mal à manœuvrer entre les rangées d’étagères. Étrange. Essayer de rassembler les informations qu’elle avait sur ces créatures. Un moment de latence. Puis, soudain, la lumière se fit dans son esprit.

- « A-attend, » demanda-t-elle en levant les mains dans un geste apaisant. « On ne veut rien voler ici. »

La créature grogna sourdement en face d’elle pour toute réponse, les dents toujours dévoilées. L’odeur du souffre était à nouveau présente, mais l’animal semblait hésiter.

- « Tu es le gardien de cet endroit, non ? » La pupille du reptile se rétrécit, suspicieuse, passant sur le lycan, puis revenant se fixer sur elle. « On veut juste trouver la sortie. Pas vrai Edward ? »

Elle se tourna vers lui, lui fit les gros yeux pour l’encourager à hocher la tête, puis se retourna vers leur interlocuteur. Intérieurement, elle maudit le lapin. Si cela se trouvait, c’était lui qui avait déclenché la fureur du dragon en leur ordonnant de tout détruire ici. La bête, un peu calmée mais loin d’être apaisée les fixait toujours avec méfiance. Il se décala légèrement sur ses grandes pattes, mais ce mouvement le fit grogner de douleur, et dans la lumière, un éclat vif capta l’attention de Rose. La bête avait quelque chose entre les écailles, juste entre ses omoplates.

Elle inspira profondément, et aussi calmement que son cœur battant lui permettait, elle s’avança vers lui. Le dragon recula, dévoilant à nouveau ses dents, prêt à se défendre.

- « R-reste immobile s’il te plait. Je veux aider. »

Le regard doré du dragon se posa dans le sien, le sonda un instant, puis, il baissa la tête en signe de reddition. Précautionneusement, Rose se hissa sur le dos du reptile, et découvrit la source de ses souffrances. Entre deux écailles, une petite lame d’argent finement ciselée était plantée. Elle déglutit, compta mentalement jusqu’à trois et retira le poignard d’un coup sec. La bête rugit de douleur, se cabra, projetant malencontreusement Rose contre le sol qu’elle heurta dans avec bruit sourd.

- « Je l’ai, je l’ai ! Tout va bien ! »

Contre toute attente, l’animal se calma presque immédiatement, enfin soulagé, et dans la foulée, un flash d’une éblouissante blancheur les aveugla. Rose chercha la main d’Edward instinctivement.

Lorsque sa vision revint enfin, un homme à la peau et aux cheveux de jais se tenait devant eux. Il avait conservé de sa forme reptilienne ses yeux dorés qui les étudiaient avec un profond apaisement. Il fit deux pas dans leur direction, et la jeune femme fit tout son possible pour ne pas le fixer dans sa nudité dont il semblait, lui, nullement gêné. Sans prêter attention à Edward à ses côtés, il se pencha vers Rose, et sans crier gare posa ses lèvres sur les siennes. D’abord trop surprise pour réagir, Rose resta figée, mais lorsque la langue de l’inconnu força contre ses dents, un bruit étouffé de protestation lui échappa et elle recula vivement. La scène avait duré à peine une poignée de secondes.

Devant eux, le dragon pencha la tête sur le côté, plein d’incompréhension devant cette réaction inattendue. D’une voix douce et basse, il interrogea :  

- « J’avais compris que c’était ainsi que les humains se remerciaient. »
- « P-pas vraiment. C’est une pratique réservée… » répliqua Rose en serrant fermement la main d’Edward, juste au cas où il aurait tendance à une jalousie aussi vive que la sienne. Elle hésita, puis repris, le rouge aux joues ; tant pis pour la sémantique, ils pourraient toujours rectifier ça plus tard :  « Je suis… sa compagne. Lui seul peut faire ça. »
- « Oh ? » s’étonna le dragon, visiblement surpris. « Mes usages ne doivent plus être à jour. Je n’ai pas côtoyé d’humaine depuis Jeanne. »
- «  Jeanne ? D’arc ? »
- « Précisément. Vous vous connaissez ? »
- « Euh…»
- « C’est sa dague que vous avez ôté de mon dos. J’ai dû dire quelque chose qui lui a déplut… »

D’un coup, le dragon eu l’air abattu, perdu dans des souvenirs d’un autre temps. Rose leva la tête vers Edward : devaient-ils lui dire que la femme pour laquelle il avait visiblement le béguin était morte depuis plusieurs siècles ? Et… La pucelle d’Orléans n’était visiblement pas aussi prude que ce que l’église voulait bien leur faire croire.  

- « Est-ce que … Vous pourriez nous indiquer la sortie ? Un passage qui permet d’arriver tout en haut rapidement ? »

Un sursaut et le reptile fût ramené à la réalité. Il les détailla de la tête aux pieds, une fois, deux fois, puis soupira.

- « Je suppose… Mais ne touchez à rien, vous avez fait assez de dégâts comme ça. Je vais en avoir pour une éternité à tout remettre en ordre. »

Rose et Edward lui emboitèrent le pas en se gardant bien de mentionner que la moitié des dégâts étaient dû à ses flammes, et qu’il aurait aussi peut-être dû s’habiller.

Sur le chemin, ils croisèrent encore de nombreuses répliques en porcelaine d’objets leur appartenant ou non. L’endroit semblait gorgé de tout ce que l’humanité avait pût un jour imaginer, concevoir et créer. Tout était rassemblé ici, répliques de porcelaines posées sûr de fragiles présentoirs, que le dragon continuait d’amasser au fil des siècles. Son trésor.

Lorsque leur guide s’arrêta, il leur présenta une haute échelle dorée qui s’élevait bien au-dessus des rangées de meubles.

- « Montez et vous arriverez là où vous désirez. »

La blonde retint un soupir. Premièrement, l’ascension n’allait certainement pas plaire à Edward. Et deuxièmement… ce que le lycan avait suggéré un peu plus tôt ne serait pas pour tout de suite. Résignée à devoir jouer le jeu jusqu'au bout, elle haussa les épaules :

- « À toi l’honneur. »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeSam 29 Juil - 18:40

«  Oh pardon, quel maladroit je fais !
Non vraiment ! J’insiste, je vais me débrouiller. Prenez l’échelle, s’il vous plaît.
Vous êtes sûr ? Parce que ça ne nous gêne pas de vous aider à- Oups !  »

Les bras déjà chargés de porcelaine, le dragon se précipita pour rattraper une autre petite sculpture qu’Edward avait — malencontreusement — déséquilibrée. Sourcils froncés, le reptile souffla quelques flammèches par le nez, mais un coup d’œil à Rose le convainquit de faire, une fois de plus, preuve de patience. Il insista lourdement pour que tous deux quittent rapidement les lieux et le loup blanc jugeant s’être suffisamment vengé de ce tas d’écailles au baiser facile, finit par se plier à sa demande avec un mauvais gré totalement surjoué.
Soit disant prêt à affronter ses peurs, il s’engagea le premier sur l’échelle, quand il s’agissait, plus prosaïquement, de ne pas passer toute la montée tiraillé entre sa peur du vide et le galbe impeccable de la paire de hanche qui le précèderait.
Inspiration. Fixant le sommet, l’ascension fut plus rapide qu’il ne l’espérait et tous deux aboutirent juste à l’aplomb d’une trappe. Edward posa sa main sur la poignée, mais il s’immobilisa avant de la faire pivoter.

« Le lézard a bien dit qu’elle nous conduirait où on le voudrait ? Peut-être qu’on devrait souhaiter arriver au terminus ou… »

Ou dans cette petite maison de campagne où leurs enfants jouaient. Il se secoua. Non. Allé. Toute cette histoire n’aurait aucun sens si Rose continuait de s’abîmer la santé à chaque utilisation de l’artefact. Déterminé, Edward repoussa la trappe en se concentrant sur leur prochaine étape.
Le battant pivota dans un faible grincement et retomba sur le sol en soulevant une épaisse couche de poussières. Le loup blanc passa la tête et plissa les yeux, surpris par l’obscurité qui tranchait nettement avec la pièce précédente. Il se hissa à l’intérieur, aida Rose à monter et referma le passage en prenant soin de ne pas regarder en bas.
À peine le peu de lumière extérieure évanouie, toute la pièce s’illumina d’une douce clarté phosphorescente, dévoilant des murs tapissés d’une colossale mécanique faite d’engrenages, de pistons et de courroies aux mouvement contrariés par un foisonnement de champignons.
Petits ou immenses, plats ou bombés, c’étaient eux qui émettaient cette étrange clarté très colorée qui baignait tant l’espace que n’importe qui pouvait s’y déplacer sans danger.

« Et c’est maint’nant qu’on court tous les une vers les autres dans un ralenti hyper émouvant.
Hmmm… Bizzarre, j’entends comme une voix. Pas toi ? Sourit Edward en se tournant vers Rose.
J’sais pas c’qui m’retient de te péter un genoux.
Ta taille ? Ricana le loup blanc, admettant à sa façon qu’il était heureux de retrouver leur compagnon poilu. »

En quelques bonds, le lapin les rejoignit, terminant dans les bras de sa princesse furie préférée. Il leur expliqua comment, tout s’étant détraqué, une épreuve avait failli le transformer en civet et qu’il en avait réchappé de peu grâce à W.
Demeuré en retrait, le jeune homme s’approcha avec plus de réserve qu’à leur première rencontre. Il fixait Rose avec intensité, trahissant une curiosité brûlante qu’il n’osa pas formuler.
Edward le remarqua, mais il ne s’en formalisa pas tout de suite et se promettant simplement de garder un œil sur lui, il interrogea :

« Où on a atterri cette fois ?
Dans les coulisses. C’est tout c’bazar qui permet aux épreuves de fonctionner correctement, mais l’une d’elle devait être mal scellée et son contenu s’est répandu de partout, grippant la mécanique.
Dès qu’on a pu s’échapper on a cherché à vous aider, mais impossible de retrouver les deux hurluberlus en charge du test, alors on a improvisé.  »

Edward arqua un sourcil. La disparition des examinateurs lui apparaissait comme une excellente nouvelle et la promesse de voir leur test écourté, mais le manque d’engouement dans l’attitude de leur guide et de son acolyte, commencèrent à l’inquiéter.
Il adressa un coup d’œil à Rose, puis à cet l’intérieur parasité, avant de revenir à leur deux comparses. Un soupir, puis passant sa main sur son visage, il demanda :

« Crachez le morceau, c’est quoi l’embrouille ?
Tout d’suite ! S’offusqua le lapin. C’est genre un mini contre-temps, pas plus.
Les examinateurs sont les seuls à pouvoir vous ouvrir la dernière porte…
C’est clair que c’est à peine gênant , grommela Edward.
Tu vois !
J’aurais bien aimer pouvoir la pirater, mais ça a jamais fonctionné.
Comment ça « jamais » ? Tu es déjà arrivé au sommet ? S’enquit Edward.
Euh… Ben je… »

Un son de flûte, enjoué, entraînant, s’éleva de nulle part et partout à la fois. Edward redressa la tête. Coup d’œil à droite, à gauche, il leva la truffe avant qu’un mouvement n’attire son attention à raz du sol.
Les halos phosphorescents formaient, sur les planches, une sortie de rond de sorcière au milieu duquel se dandinaient une étrange silhouette. Un grand chapeau rouge abritait un corps laiteux et filiforme qui se déhanchait gracilement en rythme. Pas à droite, demi-tour sur la gauche, petit saut élégant suivi d’un audacieux glissé le long de la scène. Toujours la flûte pour l’accompagner et Edward, hypnotisé, le contemplait sans savoir ce qu’il regardait. La question quitta le bout de ses lèvres à peine murmurée :

« J’hallucine ou c’est…
Un champignon.
Il est TELLEMENT mig— Euh… Minuscule, j’allais dire minuscule. »

Lapin et loup avaient jeté un même regard circonspect au rouquin, qui s’était immédiatement repris. Il avait cessé de se trémousser, mais gardait, pour le petit danseur une attention si pleine d’émerveillement, qu’il se retint d’applaudir lorsque le champignon s’inclina sur une dernière note envolée de flûte.
Cet happening les laissa d’autant plus circonspects que l’artiste quitta son cercle pour sautiller jusque dans les jambes de Rose, qu’il poussa à avancer. Edward chercha aussitôt à la retenir, mais au moment d’attraper sa main, un son aussi strident qu’artificiel lui vrilla les tympans et il la manqua de peu. Une seule seconde s’écoula, mais elle suffit.
Toute la pièce s’anima et le dancefloor s’embrasa. Une pulsation musicale s’empara de la salle, s’emparant de l’intégralité des champignons. Bolets, morilles et amanites déferlèrent sur les planches en une nuée de véritables headbangers frénétiques. Lumières stroboscopiques, basses fréquences s’insinuant jusque dans les tripes, du sol au plafond, toute la pièce n’était plus qu’une rave party de champignons.
Edward vacilla, déboussolé par la violence du changement. Il se rattrapa à un piston bloqué par un amoncellement de grosses pleurotes déchaînées.

« Rose !!  »

Ce fut à peine s’il perçut sa propre voix. Se  protégeant au mieux de ces nuisances pour ses sens, il s’avança au milieux de ces étranges fêtards, inquiet de la disparition soudaine de la demoiselle. L’appelant de plus belle, il finit par retrouver leur ami à poils. Les oreilles plaquée contre sa tête, le lapin tenta de couvrir le tintamarre de sa voix :

« J’crois c’est l’épreuve qu’a débordé !! P’t’être que si on la résout…
Comment ?
J’sais pas… Mais l’rouquin là, il a dit qu’ c’était la chute la clé !
— La chute ? T’es sûr ?
Ou la lutte… Un truc en ute quoi ! »

Une note, une vraie note, se fit péniblement entendre dans ce capharnaüm de bruits.

La flûte.



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeLun 31 Juil - 0:40

- « La flûte, hurla W à quelques millimètres de son oreille. Tu dois jouer de la flûte ! »
- « Hein ?! »
- « La flûte… »
- « J’avais entendu, le coupa Rose, les mains sur les oreilles. Mais je ne sais pas en jouer. »
- « Il te suffit de lire la partition, tu peux simplement chanter la mélodie, la… »
- « J’te dis que j’sais pas faire ! »

La contrebandière se retourna vers le rouquin avec humeur ; autour d’eux, les champignons continuaient de s’agiter dans une ronde frénétique.

***

Presque dix ans auparavant. Alexandre et Rose sont face à face dans un grand salon richement décoré. En arrière-plan, un élégant piano à queue dont le siège est renversé. Sur le parquet, des dizaines de partitions éparpillées, dont certaines froissées ou déchirées. L’aîné à l’air dépité tandis que sa cadette lui oppose une moue catégorique et revêche. Dans un coin de la pièce, Adélaïde est assise devant une harpe. Elle a cessé de jouer.

ALEXANDRE : Rose, un peu de patience…
ROSE, rageuse : Pour quoi faire ?! Je t’ai dit que je ne voulais pas apprendre !
ALEXANDRE : Savoir jouer d’un instrument est un attribut des jeunes femmes de la bonne société…
ROSE, le coupant avec un geste brusque : J’m’en fout ! Ça m’intéresse pas ! Je s’rais pas une potiche de plus pour des types qui-
ALEXANDRE, perdant patience : L’art doit faire partie de ton éducation, que tu le veuilles ou non !
ROSE, avec un rire désabusé : Tu crois qu’on a ce luxe là en bas ? Ça m'servirais à quoi ?
ALEXANDRE, reste silencieux, et fini par rendre les armes.
ROSE, amère : C’est bien ce que je pensais.

Elle quitte la pièce, claque la porte derrière elle. Sa sœur se précipite à sa suite.
Alexandre reste seul au milieu du désordre.



***


- « Je pensais que… »
- « Tu pensais mal. »

Un ton plus sec qu’il n’aurait dû l’être. Rose se dirigea vers une des extrémités du rond de sorcière, déterminée à retrouver Edward malgré l’aveuglante pulsation des stroboscopes, la musique hypnotique et ces petits êtres au rythme déchaîné.

- « Att- »

Trop tard. Rose avait été violement repoussée par une enceinte d’énergie qui la maintenait prisonnière, pulsant depuis la ronde de champignons colorés.

- « Je t’avais dit t’attendre ! »

Dos contre le sol, elle grogna, tourna la tête, aperçu la flûte qui la narguait à quelques centimètres de son nez, échouée sur le carrelage aux motifs mouvants. Rose étira le bras jusqu’à l’instrument pour s’en saisir mais une douleur fulgurante lui coupa le souffle, arrêtant net son geste. Haletante, elle découvrit avec horreur que ses doigts, son poignet, toutes les veines de son bras pulsaient lumineusement en symbiose avec la musique. Quelque chose était en train de mal tourner. Horriblement mal.
Soudain, ses pupilles se dilatèrent, si bien que ses yeux paraissaient être devenus totalement noirs. W grimaça : tout le corps de la contrebandière rayonnait aussi vivement qu’une boule à facettes.

- « Écoute moi- »
- « Pas avant que tu m’aie dit qui tu étais vraiment », répliqua Rose en se dégageant. « Edward va-… »
- « Je suis l’ancien assistant de Foll. »

Ce nom résonna dans son esprit comme un écho. D’abord, il lui coupa le souffle, puis, il lui évoqua vaguement quelque chose et enfin, l’influence des champignons intoxiqua son système, l’empêchant de penser clairement, et elle oublia tout. Un rire dément s’empara d’elle et Rose se tordit au milieu du ballet des bolets, des cèpes et des girolles. De grosses larmes se mirent à rouler sur ses joues : elle trouvait hilarant que son frère ai put pour une fois, avoir raison. Pourtant à bout de souffle tellement elle riait, elle ne pouvait prononcer aucune parole.

W tentait tant bien que mal de l’aider à se redresser, mais Rose tanguait même en position assise. Le rouquin voulu poser sa main sur son front, y décoller quelques mèches trempées de sueur mais aussi rapidement qu’elle avait commencé à rire, le corps de la jeune femme fut secoué par un long sanglot déchirant. Bien vite, les larmes de joie muèrent en larmes de détresse, roulant sur ses joues. Elle pleurait à chaudes larmes, d’un chagrin incommensurable, ses mains frottant ses yeux rougis. Le lycan lui manquait.

- « E-Edwaaaaard… »
- « C-calme toi, je vais le chercher. »

Il avait décidé que le jeu n’en valait pas la chandelle. Tant pis si sa mission n’était pas remplie, la vie de la blondinette en dépendait. S’emparant de la flûte et de la partition, il disparut dans les airs, abandonnant la blonde à son chagrin, décidé à lui ramener son loup.

W se matérialisa juste au niveau du visage d’Edward qui avait presque aussi mauvaise mine que Rose au milieu de ce raffut. Sans préambule, il lui tendit la flûte et la partition : le temps pressait.

- « Tu dois jouer. »
- « Eh, attend un peu toi ! Elle est où princesse furie ? »
- « Mal en point. Joue. »

Le lapin laissa échapper une exclamation peu sympathique qui fût couverte par le vacarme ambiant. Évitant de justesse une amanite qui voulait l’entraîner avec elle, il demanda, les moustaches frétillantes de suspicion :

- « Pourquoi tu l’as laissé ?! »
- « Parce que c’est de ma faute, je croyais que si- »
- « Comment ça d’ta faute ?! » coupa le lapin en bondissant vers Edward. « T’entends ça ?! Pète-lui les genoux ! »
- « J-je peux tout expliquer. Mais il faut sauver la fille avant. »

Il leur avouerait tout. Le sabotage des épreuves pendant des siècles pour qu’Elle ne puisse pas mettre la main sur une nouvelle gardienne. Le projet fou de Foll et de ses cartes pour s’approprier ses pouvoirs. L’église, persuadée qu’Elle était dangereuse. Mais maintenant… maintenant, W commençait à en douter. Et cette fille ressemblait trop à sa petite sœur, laissé derrière lui depuis si longtemps. Tant d’années qu’il ne pouvait plus les compter.
Non, il ne pouvait définitivement pas la laisser mourir comme ça. Il les avait trompés, avait fait semblant de les aider pour mieux pouvoir les empêcher de réussir. Dans sa poche intérieure, l’engrenage dérobé le brulait, mais impossible de le remettre à sa place avec tous ces champignons. Il fallait vaincre dans les règles.

- « Dépêchez-vous ! Jouez ! »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeMar 1 Aoû - 20:14

* * *

« Elle rigole sur moi…
De moi, trésor, on dit de.
— Je sais que j’ai encore du difficile pour faire les phrases bonnes, mais elle dit rien comprendre !
— Il ne faut pas trop lui en vouloir, la haute société est une jungle à la violence sournoise et invisible. Tapie dans l’ombre, elle attend le premier faux-pas pour vous prendre à la gorge.
— Je mords le premier !
— Hoho, en voilà un gros loup déterminé ! Mais c’est une juste une façon de parler mon chou. Dites vous que si elle vous prenait au sérieux, alors ce serait à son tour d’être moquée.
— …Pourquoi ?
— Un cœur tendre et sincère comme le votre aurait bien du mal à le comprendre.
— Mais je veux lui parler !
— Bien, bien ! Imaginons que cela soit possible. Que lui diriez vous ? »

Un blanc. Avachi sur la table, Edward se redresse. Ses cheveux, déjà longs, laissés détachés, tombent sur ses épaules habillés d’une simple blouse de coton. Il fronce le nez, lève les yeux au ciel à la recherche des mots qu’il voudrait partager avec cette fille dont les beaux yeux verts attisent le feu de son cœur. Il réfléchit très fort, articule dans le vide, mais les syllabes se percutent et s’emmêlent dans sa tête. Toujours son horrible accent pour dénature même les plus jolies paroles. Rien ne ressemble à ce qu’il ressent. Un soupir. Il se laisse retomber sur la table, la tête entre les mains.

« Je ne sais pas… Les mots sont trop compliqués à dire, je n’aime pas. »

Il y a un petit rire. Derrière lui, un froissement de jupons et de soie se font entendre, puis des petits pas approchent. Une main gantée se pose un instant sur son épaule, puis s’éloigne. Il lève la truffe. Derrière ses cheveux noirs, son regard est encore baigné d’enfance malgré ses vingt ans passé. Il fixe le dos de son hôtesse. Derrière son éventail, Madame Jò lui fait un clin d’œil.

« Venez. J’ai une idée. »


* * *


Malgré le son térébrant, malgré les lumières aveuglantes, Edward l’entendit. Il entendit ses larmes, son chagrin, toute cette peine qui se mêlait à cette inaudible cacophonie. Son cœur se serra, l’envie de rejoindre Rose et de l’étreindre surpassa ses nausées et son équilibre brouillé, mais à peine un pas esquissé, le rouquin lui barra la route. Sourcils froncés, mâchoire crispée, il lui hissa la flute sous le nez avec une poignée de papiers emplis de notes.

« Dépêchez-vous ! Jouez !
Mais je ne sais pas…
Si ! Forcément ! Vous savez ! »

Bras tendus, il plaqua contre son torse la flûte et la partition. À ce contact, l’instrument s’illumina, puis explosa, propageant une onde dorée à travers toute la salle. Le temps parut s’arrêter. Les spots s’éteignirent et un silence assourdissant s’abattit. Poussé par une même vague, tous champignons tournèrent leur chapeau en direction d’Edward.
À ses pieds, un second rond de sorcière s’était illuminé. Avec celui de Rose, c’étaient les deux seules sources de lumière restantes dans toute la pièce. Il s’entendait respirer, il l’entendait l’appeler. À genoux au sol, elle grattait la lisière de sa prison en pleurant son nom. Dix, quinze mètres tout au plus les séparaient, mais elle avait l’air si désemparée, qu’il se crut mort à ses yeux.
Le papier gémit sous ses doigts crispés, lui rappelant la présence des partitions. Vite, jouer.  Un demi-tour.
Il pensait retrouver la flûte, mais il se trompait. L’instrument s’était adapté. Face à lui, un impressionnant piano à queue tout en verre trônait au centre de sa piste. Une onde glacée lui coula le long de la nuque. Il y avait longtemps qu’il n’avait plus joué, lui à qui l’on avait soufflé qu’un meurtrier était si peu légitime de créer. Mais Rose l’appelait et Edward se précipita, envoyant aux diables ces vieux démons. Il déposa les papiers, s’assit et souleva le rabat translucide. À peine une seconde d’hésitation et ses doigts retrouvèrent les notes qu’il avait tant aimé faire chanter autrefois.

Blanches et noires s’éclairèrent sous ses doigts. Interpréter une partition n’avait jamais été son fort, mais il fit de son mieux, s’appliqua, s’impliqua, au point que la mélodie s’éleva doucement du ventre du piano en de longs filins lumineux colorés. La musique était délicate, lente et tendre. Elle avait quelque chose de mystique et d’ancien malgré la mécanique si récente qui lui donnait corps.
Elle seule parvint à passer d’une prison à l’autre. Elle pénétra sans peine la paroi de la cellule de Rose et s’enroula, avec douceur, autour de sa silhouette épuisée.

« Ouf… ça fonctionne… Murmura le rouquin.
T’es sûr de toi ?
Ou-Oui. C’est juste un peu lent, mais c’est le bon morceau sinon… Non non non ! Ce n’est pas… Pourquoi ça ne la soigne pas ? Il ne joue pas comme il faut ! Hé le loup !! »

Edward martela le clavier avec frustration, causant une malstrom dissonant de notes. Avec un acharnement entêté, il reprit pour la dixième fois le même morceau. Autour d’eux, les champignons commençaient à se désintéresser de l’interlude promis. Les pulsations revenaient et doucement, les lumières psychédéliques aussi.
Affolé, W se matérialisa près de la prison de Rose, cherchant un moyen de la faire céder. Le lapin réfléchissait. Il martelait en rythme le plancher de la longue patte, alternant entre le retour en force du son artificiel et les hurlements du piano qui tentait de le couvrir.

« C’est pas ça… Souffla le petit guide en se pinçant la truffe. Les épreuves sont pétées… Cette musique là, c’est pas c’qu’il lui faut. Hé, Tronche de Potiron, t’es certain qu’c’est la bonne partition ?
Évidemment ! Je n’ai pas d’autre ! S’emporta W.
Toi non, mais p’t’être que… »

Tous deux se retournèrent. Le tabouret derrière le piano était tombé. Edward s’était levé. Son instinct le poussa à déchirer toutes les notes.

« Je suis là Rose ! Je serai toujours là, t’entends ?! »

Martelant à nouveau les touches, cette fois il enchaina.
Edward avait toujours été un interprète discutable, mais improviser était comme une seconde nature pour lui. Trilles envolées et arpèges endiablés, il déversa sur son clavier tout ce qu’il était incapable de formuler.
Une promesse, solennelle, intense, presque fusionnelle. Celle d’être là juste pour elle et de la faire danser peu importe ce qui leur arriverait.
Le piano s’embrasa de lumière. Les notes informelles et inattendues se heurtèrent aux parois de la prison d’Edward et s’y amoncelèrent jusqu’à la faire exploser. Vaillantes et déterminées, elles réservèrent le même sort à celle de Rose, balayant sur leur chemin, tous les champignons rencontrés.
S’enroulant autour de la jeune femme, elles prirent la forme d’un grand loup blanc qui se glissa sous son bras et la remit doucement sur pieds. Guidé par le musicien enfiévré, l’animal étincelant se leva sur ses pattes arrières et prit lentement une forme plus humaine, imitant à merveille la silhouette d’Edward. L’ombre pétillante d’accords la fit virevolter et la guida, intensément, vers la liberté. Un pas de deux, un roulement de hanche et la voilà loin de ce cercle infernal. Une arabesque, un rond de jambe et elle est déjà arrivée. La mélodie s’apaisa et les notes s’estompèrent.
Les doigts d’Edward quittèrent le piano pour se glisser autour de la taille de Rose, qu’il rattrapa dans ses bras. Il la serra contre lui, caressa ses joues, ses lèvres et dégagea ses cheveux dorés sur lesquels il déposa un baiser.


* * *

« Vous voyez. Il n’y a pas que les mots qui permettent de s’exprimer. »

* * *


« Comment…
Perso, j’ai arrêté d’chercher.
Mais les champignons…
Bah… J’imagine que l’épreuve est validée. Reste plus qu’à retrouver les deux gus. Mais avant !
Aïeuh !
Estime toi heureux, c’était moi, ou l’grand qui t’regarde comme s’il allait t’bouffer.
Je suis désolé ! J-Je peux tout vous expliquer… Je… »

Un bruit sourd précéda le sifflement d’un épais nuage de vapeur. Libérée de ses champignons, la mécanique tentait coute que coute de se remettre en route, sans succès. Une dernière pièce manquait.

« C’est normal ça ?
Pas… Trop… Mais je sais où on doit aller ! Venez !
Si tu nous enfumes encore, j’laisse le lycan t’avaler ! »



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Rose Walkson
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 2 I_icon_minitimeDim 6 Aoû - 11:34

Adossée contre un mur dans une attitude faussement désintéressée, Rose resserra ses doigts sur ceux d’Edward, angoissée par la simple idée qu’il puisse à nouveau disparaître de sa vue. Depuis qu’il l’avait libérée de cet assourdissant maléfice, elle ne l’avait pas lâché, mais continuait de chercher inlassablement les mots justes. Il lui semblait qu’ils avaient étés vidés de leur substance, que rien n’était plus assez puissant pour lui dire ce qu’elle ressentait, ce qu’il éveillait en elle, ce qu’il lui avait rendu, ce qu’elle avait envie de lui offrir. Elle dont les répliques étaient acérées et brutales, dont la langue ne faiblissait jamais, dont les exclamations éclataient haut et fort se retrouvait pour la première fois sans voix.

Elle avait repris connaissance à la chaleur du corps d’Edward, l’enserrant entre ses bras comme une naufragée se raccroche à sa bouée. Avant même de savoir ce qu’elle faisait, elle l’avait embrassé avec fougue ; d’une chaleur fervente, ses doigts avaient cherché sa peau, avaient trouvé les lignes de sa mâchoire, pressant ses lèvres contre les siennes jusqu’à manquer d’air. Elle voulait plus, elle voulait tellement plus ; haletante, le rouge aux joues, le cœur battant, sa bouche retrouva la sienne. Une caresse glissa sous la toile de la chemise du loup, tandis qu’une autre descendait sous la lisière du pantalon qui ceignait ses hanches. Reprendre son souffle, juste le temps de glisser entre deux baisers :

- « Joue encore pour moi. Demain et tous les autres jours. »

À ce souvenir, la moue adorable de ses lèvres s’intensifia encore, frustrée ; W et le lapin s’affairaient devant un immense dispositif aux multiples rouages compliqués, s’invectivant l’un l’autre à tour de rôle. Après que le lapin ai mis un frein glacé à ses ardeurs brulantes – à savoir, une nouvelle averse torrentielle-, son comparse les avait guidés à travers un dédale sombre d’allées tortueuses et de détours cachés, les menant jusqu’au centre de Babel. À présent, il surveillait chaque geste méticuleux du rouquin, marquant la mesure de sa patte arrière dans un rythme agacé.

- « C’pour aujourd’hui ou pour demain ? »
- « J’aimerai bien t’y voir », râla W sans prendre la peine de se retourner. « C’est facile de parler quand on fait qu’observer ! »
- « Fallait p’têt y réfléchir avant d’piquer un engrenage. »

L’autre fit une grimace qui passa inaperçue, car son visage demeurait plongé dans l’ombre de l’engin.

La pièce était haute sous plafond, et le dispositif crachait sa vapeur jusque sous ses arches. Là, une cheminée, là, un levier brillant, là-bas encore, un immense tableau de bords aux boutons multicolores, plus loin, des centaines de tuyaux et de fils tissaient une toile qui s’étendait de son ventre jusqu’à disparaître on ne savait trop où. Le ronflement régulier de l’outil évoquait celui d’un monstre endormi, dont l’œil unique avait décidé de rester résolument illuminé par le rouge du mauvais augure.

- « Et tu dis qu’ça fait plusieurs dizaines d’années qu’t’erres ici hein… » railla le lapin en soufflant bruyamment.
- « Si tu te taisais peut-être que- … »
- « Pas de panique, nous voici ! »

Un claquement de talons enthousiaste résonna sur les dalles de marbres, et les présents se retournèrent d’un commun sursaut. Ils firent face au duo le plus improbable de leur soirée, et de loin.
L’homme qui avait parlé les observait avec malice, une main sur la hanche, l’autre dans ses cheveux d’un blanc uniforme dans une pose savamment étudiée. La trentaine bien avancée, des pattes d’oie se dessinaient au coin de ses yeux noirs lorsqu’il dévoilait ses dents immaculées. Son corps filiforme disparaissait sous un complet rose, dont il portait la chemise largement ouverte sur son torse imberbe. Une paire de lunettes rondes aux verres teintés de la même couleur complétaient sa mise surprenante.
Son acolyte, juste derrière lui, était tout son contraire ; ses yeux vides et laiteux, sa peau terne, ses cheveux poivres et sel lui donnaient l’air malade malgré le fait qu’il ne soit pas beaucoup plus âgé. Vêtu d’un grand manteau noir presque petit pour sa carrure d’athlète, il se tenait vouté, retenant mollement l’autre homme d’une main immense aux ongles peint en noir.

- « Excusez-le. Je suis le Pendu, lui, c’est l’Amoureux. » Se présenta-t-il d’une voix trainante. « C’était nous que vous entendiez. »
- « Dans notre graaaaande mansuétude, on est venus vous donner un coup de main ! »

L’Amoureux s’attendait sûrement à un tonnerre d’applaudissement puisqu’il prit à nouveau la pose. Lorsque rien ne vint, il souffla dramatiquement, fit la moue, et vint se poster à côté de W qui n’avait pas bougé d’un iota, figé d’incertitude.

- « Bon, montre-moi ça toi. » Il arracha sans ménagement l’engrenage des mains de l’hologramme. « Forcément on peut pas y arriver si tu piques des trucs. »
- « Pour nous faire pardonner, on vous épargnera l’épreuve de la Justice. »
- « Pas besoin de réveiller cette vieille peau de sa sieste pour ça ! »

Deux trois fils tirés, un bouton appuyé, l’engrenage replacé et un bon coup de pied du bout de sa botte mauve firent repasser l’œil de la bête au vert, qui redémarra dans un vrombissement paresseux. L’albinos se frotta les mains crânement, satisfait de son travail. Le lapin, bien que méfiant envers les nouveaux arrivants, se fendit d’un commentaire réjoui :

- « Bah v’là ! Vaut mieux un qui sait que dix qui cherchent ! »

Il avait sautillé jusqu’à Edward et Rose, trouvé refuge entre leurs pieds, et restait sagement blottit contre eux, protégé par l’air revêche de la contrebandière qui demeurait toujours silencieuse. L’huluberlu à lunettes s’avança vers eux en frétillant, éleva une main jusqu’au loup qui fut stoppée nette par la contrebandière, devenue franchement hostile. Elle toisait l’envahisseur, lui barrant le passage de son corps gracile.

- « Ne le touchez pas. »
- «  Oooooh, elle montre les dents ! C’est adorable ! »
- « On a failli y passer. Pourquoi on devrait vous faire confiance ? »
- «  Parce qu’on vous amène tout droit jusqu’à Elle pardi ! Suis le mouvement le rouquin, c’est peut-être ta seule chance de la voir.  »

Un saut et il fit volte-face, leur faisant signe de le suivre. W et le lapin échangèrent un bref coup d’œil avant d’obtempérer, non sans une certaine mauvaise grâce.

- « Si c’est un autre test, j’jure qu’ça va barder ! »

Levant les yeux vers Edward, Rose l’interrogea, pas franchement convaincue :

- « Qu’est-ce qu’on fait ? »

Pendant ce temps, à l’avant, l’Amoureux avait discrètement claqué des doigts, faisant apparaitre dans leurs poches respectives deux écrins en velours. Le Pendu, avisant son rictus malicieux, le sermonna :

- «  Tu te mêles de ce qui ne te regarde pas… »
- «  Rooooh, ne soit pas rabat-joie ! C’est un petit coup de pouce ! »

Et il lui décocha un clin d’œil appuyé, promesse que les événements futurs ne manquerait pas de les intéresser.
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