L'homme est un loup pour l'Homme

Aussi loin que remonte ses souvenirs, les conflits ont toujours  parsemés sa vie : que ça soit entre sa famille et  les Wolkoff, au sein de son propre clan, ou encore entre la bête et lui, il y a constamment eu une rixe ou une autre dans son existence. Mais pour Edward c’était différent. Sa haine envers lui ne date pas d’hier.  Aldrick ne lui en veut pas seulement d’avoir nombre de qualités qui le rendent si populaire,  d’avoir pris la succession qui lui revenait de droit mais surtout d’avoir réussi -tout jeunot qu’il était- à vaincre son père, lui arrachant le cœur sans qu’il puisse empêcher la tragédie de se produire, figer par l’irréalisme que provoquait en lui cette situation. Il était une chose que de savoir le chemin approximatif qu’il lui restait à parcourir avant de pouvoir destituer son père de son trône, il en était une autre de voir un louveteau d’à peine un an son aîné le dépecer sans difficultés apparentes, face au reste de la meute. Ce jour-là, le monde ne fut plus jamais le même, pour lui autant que pour l’ensemble des lycanthropes. Face à sa propre impuissance, face à la mort de son père, face à tout ce qui pour lui avait eu un jour de la valeur à ses yeux, face à ce monde qui avait était balayé par Edward, Aldrick avait perdu une partie de lui-même. Ce jour-là, ce qui avait pu l’inciter à la pitié pour ses congénères et pour leurs crimes s’était dangereusement rapproché d’un point de non-retour dans l’esprit du brun. Dès lors le garçon avait nourrit une haine sans aucune mesure pour Edward et s’était promis qu’il empêcherait autant que possible que d’autres connaissent le même sort sous la folie de cet individu.  

C’est pourquoi il a suivi le chef de la meute lorsqu’il a migré pour la capitale française, afin de l’empêcher de continuer à sévir par le biais de son cabaret. Reproduire sans aucun remord le même schéma, ne représente rien pour celui que l’on nomme désormais « Monsieur White » et cela il ne peut le lui pardonner ! Depuis l’ouverture de l’établissement les disparitions augmentent et il est prêt à parier qu’il ne s’agit pas d’une simple coïncidence !  Rien que d’y penser…il a des envies de meurtre concernant Edward.  Chaque jour, un peu plus, une colère sourde, sans nom, comme un écho à ses ressentis accumulés au cours des années, augmente, lentement mais sûrement.

Alors, après avoir enfin obtenu le grade nécessaire,  Aldrick mène l’enquête de temps à autre sur place, récoltant des infos ci et là, ou grâce à « Tom Pouce »,  son joker, un blondinet taquin qui a un don pour lui en faire voir de toutes les couleurs. Paradoxalement, l’officier ne se prive pas non plus le concernant et lorsqu’ils « discutent », toute personne étrangère à leur équipe ne se sent pas très à l’aise, comme prise entre deux feux ; chacun tentant avec un entêtement commun d’avoir l’argument final qui fera mouche. De cet étrange combat, une certaine complicité est née, et Baptiste Soran –de son vrai nom- est finalement l’une des rares personnes qui se permette de l’appeler Aly, et qui n’ait pas peur de lui tenir tête.

A contrario, sa dernière visite dans l’antre de l’ennemi lui a confirmé qu’un jeune homme qu’il a reconnu au bar –Andréa Eyssard- serait sans conteste des plus aptes à lui obéir, voire à lui fournir certaines informations puisqu’il l’a mordu autrefois. Ni le chef, ni le concerné ne s’en doute, et cet atout supplémentaire n’est pas pour lui déplaire.
Quoiqu’il en soit, pour le commissaire, le seul moyen de retrouver son honneur, de venger l’affront de la mort de son père et de mettre fin à toutes les disparitions qui désengorgent la ville lumière est désormais de prouver la corrélation entre ces affaires et Edward White, afin de l’arrêter. C’est la promesse qu’il s’est faite, et s’il y a bien une chose qu’on ne peut ôter aux Voelsungen, c’est leur entêtement !