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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 De fil en aiguille [ft Reilly]

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Ashton Lyn
☽-I am the Captain of my Pain-☾
Ashton Lyn

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Localisation : Le Lost, un vieux bar défraîchi...

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MessageSujet: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeVen 26 Juin - 20:44

Les derniers rayons du soleil se perdaient lascivement sur la voie lactée parisienne. L'air était sombre et lourd, pesant cille d'épais sacs de grain sur les épaules trop minces des passants. La ville toute entière semblait envahie d'une torpeur moite, alourdie par les températures excessives de ce mois de juin. Sortant de sa douche sans prendre la peine de se sécher, Ashton laissa son corps nu poser des empreintes mouillées sur le parquet de son appartement tandis qu'il s'avançait à pas de velours vers la fenêtre la plus proche. Il s'y pencha pour observer le crépuscule, appréciant la caresse de la brise nocturne qui se levait doucement sur son torse exposé. Ses cheveux noirs ondulaient contre son cou et faisaient perler de fines gouttes d'eau sur leurs pointes. Il passa une main distraite dans cette crinière sombre et se décida à rentrer une fois le soleil pleinement disparu. Un délicieux mélange d'appréhension et d'adrénaline s'élevait en son cœur, comme toujours, comme chaque soir. La Bête s'éveillait doucement au creux de son ventre et il la sentait s'agiter sans la prendre en compte. Alors, de la même manière qu'il le faisait chaque nuit, il la repousserait au plus profond de son esprit et la vaincrait encore un peu plus. Ce qui l'inquiétait cependant, un risque calculé tous les jours indépendamment des autres, c'était le risque d'orage qu'impliquait l'air rendu lourd par l'été caniculaire. Le ciel restait toutefois dégagé, et ce n'était vraisemblablement pas le moment de s'en faire pour la météo. Un léger sourire aux lèvres, le canidé décida donc de se préparer. Car dans son esprit de vagabond, la chaleur délicieuse de la belle saison n'attendait que lui pour se glisser dans une danse paresseuse. Il enfila un ample pantalon de toile clair, un maillot blanc et, toujours, sa vieille blouse dont il tâtonna la poche fermée à la recherche de son plus vieux souvenir. Il était là, tout allait bien. Tandis que le Monstre remuait doucement dans ses entrailles, il saisit ses clefs du bout des doigts, prit quelques sous et claqua tranquillement la porte derrière lui.

La nuit venant, l'atmosphère du dehors s'était faite plus agréable, respirable du moins. Une délicate brise soufflait, légère et fraîche, sur ce Paris nocturne, apaisant le brasier qui consumait les vieilles pierres de la ville. Il faisait toujours chaud, mais cette chaleur était délicate et se lovait au creux des poitrines en communicant une immuable envie de sortir. Les chaussures élimées d'Ashton claquaient souplement contre les pavés. Ses cheveux trempés s'agitaient au rythme régulier de ses pas et s'échappaient dans les airs en de grotesques ondulations. Il eut une brève pensée pour Élise, à qui cette fantaisie eut beaucoup plu, avant de les attacher en un chignon maladroit. Un cab passa et il se glissa aisément dedans, tendant quelques pièces au chauffeur avec un sourire.

« Bonsoir, comment allez-vous ? J'aimerais me rendre au Lost Paradise, s'il vous plaît. C'est au 52 Rue Saint André des Arts. »

L'homme hocha silencieusement de la tête, ne prenant pas en compte la première partie de sa phrase. Le canidé comprit sans mal et s'enfonça dans son siège en perdant son regard vers les rues piétonnes, sans jamais se départir de son sourire.

« Vous avez passé une bonne journée, demanda-t-il, malgré toute cette chaleur ? »

Il devina le regard surpris de son interlocuteur alors que celui-ci répondait doucement:

« Hé bien... Les temps sont durs, je suppose, mais on s'y fait, monsieur. »
« Pitié, señor, pas de monsieur avec moi... Je m'appelle Ashton Lyn, appelez moi comme vous voulez. »
« Monsieur Lyn ? », rit l'homme.

Ashton se laissa aller à l'hilarité de son chauffeur. Nul doute que celui-ci devait le penser excentrique, et en soi il n'avait pas tort, lui qui semblait si décalé de ce Paris de fin de siècle. Il envoya un regard malicieux à l'homme au travers de la fine vitre:

« Je devrai m'en contenter, n'est-ce pas ? »
« Sans doute, monsieur Lyn. »

Le ton du gaillard était rieur, empreint d'une joie communicative qui eut tôt fait d'emplir le cœur d'Ashton. Ce fut donc d'une excellente humeur qu'il termina le trajet en discutant avec ce drôle de personnage.

Le Lost Paradise illuminait la rue d'une lumière chaleureuse qui invitait à entrer, et Ashton ne se fit pas prier pour le faire. Ce lieu était son ancre à Paris, un refuge amusant où il pouvait rencontrer des personnes qui, comme lui, n'étaient normaux nul part d'autre que dans leurs cœurs. Un large sourire guida ses pas vers le comptoir dont les odeurs variées l'attiraient. Les auras des consommateurs étaient colorées et belles, ravivant la flamme de la Bête qui grondait en lui. Il n'y fit nullement attention et prit place aux côtés d'un être singulier. Face à lui, une silhouette mince et de courts cheveux d'une pâleur semblable à celle de la peau trop fine, un regard clair et brillant, une face d'enfant et un air d'adulte. Ce garçon avait l'air à la fois terriblement décalé et parfaitement dans son élément lorsqu'on le voyait dans cet environnement. Visiblement petit, Ashton ne lui eut en effet pas donné plus de douze ans s'il n'avait été aidé de ce que la nature lui avait aimablement conféré. L'aura pastel du gamin – car il ne devait tout de même pas être très vieux – flottait ainsi autour de lui comme les rayons de la Lune et le jeune homme eut peine à ne pas tendre la main pour espérer la toucher du bout des doigts. Avant Paris, il n'avait jamais eu à faire face à de telles créatures et même depuis, il n'avait jamais eu l'occasion d'échanger avec elles. D'ailleurs, il ne savait même pas ce qu'"elles" étaient réellement, si ce n'est qu'elles n'étaient pas humaines.

Puis Ash réalisa que son regard sur le petit s'était sans doute fait trop intense et que celui-ci devait probablement être gêné par tant d'insistance. C'était parfaitement compréhensible, sans doute, pour quiconque ne voyait pas le monde de la même palette que lui. Il adressa un sourire désolé au garçon, n'abandonnant cependant pas son idée de découverte, et se pencha sur le comptoir.

« Bonsoir, comment allez-vous ? Hmm... Un whisky s'il vous plaît. Un doigt, c'est tout. Merci ! »

Il offrit une mine avenante au barman puis se tourna vers l'enfant adulte avec un regard pétillant. Cet être si particulier attisait sa curiosité et la Bête, une attraction qu'il pouvait difficilement renier quand il était en accord avec son démon intérieur. Une mèche tomba sur le côté de son visage tandis qu'il posait celui-ci au creux de sa main, envoyant un regard curieux et ô combien intense au petit. De nouveau, il sourit.

« Bonsoir... Je suis désolé de vous regarder ainsi depuis tout à l'heure, ce doit être gênant je suppose. Je suis intrigué, à vrai dire. »

Il pencha de nouveau la tête, puis tendit la main :
« Mais je suis terriblement impoli ! Mon nom est Ashton Lyn, enchanté de faire votre connaissance... »

La voix de velours s'éleva délicatement dans les airs tandis qu'on lui servait finalement son verre d'alcool. Il n'avait pas détaché ses yeux du gamin et de son aura vaporeuse de toute la conversation, désireux de mémoriser chaque petit détail de ce visage félin et féerique. Son sourire s'agrandit alors qu'il songeait à ce que la soirée lui promettait. Une rencontre des plus atypiques avait déjà croisé son chemin, il avait hâte de découvrir la suite...
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeSam 27 Juin - 20:48

Dans sa petite chambre du premier étage du Lost, Reilly venait tout juste d’ouvrir les yeux. Se réveillant d’une courte sieste bien méritée, il se redressa sur son lit et bailla légèrement avant de s’étirer gracieusement. Il se leva, fixa ses petits pieds quelques secondes, sentant le poids de l’air moite sur ses épaules, puis releva la tête. Il fait lourd… Le lorialet tout juste éveillé se glissa donc jusqu’à la fenêtre entrouverte de sa chambre afin d’y prendre l’air, tout en scrutant la rue. Les badauds battaient encore les pavés de leurs chausses de cuir, certains se dirigeant expressément vers l’entrée du cabaret. Reilly sourit. Il y allait y avoir du monde, ce soir ! Et le lorialet se plu alors à observer les Parisiens, les Parisiennes qui entraient dans le cabaret, leurs coiffures et leurs tenues. En temps que couturier du Lost Pardise, il mettait un point d’honneur à allier contemporain, classe, onirique et…original. Car, depuis qu’il avait commencé à coudre et à confectionner des vêtements, on lui avait toujours fait la réflexion suivante : « c’est joli, hein, très travaillé et bien conçu mais…peut-être un peu trop…détonnant ? Un peu…futuriste ? »
Au Lost, sa façon de faire plaisait. Il ne faisait pas comme tout le monde, certes, mais cela collait bien avec l’endroit. Un endroit plein de surprises toutes plus agréables les unes que les autres. Un endroit charmant et charmeur. Et Reilly s’y sentait chez lui, tout simplement. Il rit légèrement, accoudé à sa fenêtre, menton sur ses bras, le regard pétillant, observant méticuleusement le moindre passant qui s’approchait du cabaret en y jetant un coup d’œil rapide, intéressé. En fait, Reilly se le disait souvent : une fois qu’on y met les pieds, on ne peut plus s’en passer.

Alors que le petit lorialet inspectait les nombreux chemisiers des Parisiens –le chemisier étant un nouveau vêtement très à la mode depuis quelques saisons- et leurs blouses plus ou moins usées par le temps, le soleil caressait doucement le ciel de ses derniers rayons, laissant sa sœur, la lune, prendre sa place. Ainsi, la chaleur humide et pesante de la fin de journée laissa place à la légère bise nocturne et, même s’il faisait toujours chaud, l’air se faisait plus agréable, plus doux. En ce moi de juin, les nuages n’étaient de sortie que les soirs d’orages, ce qui déplaisait forcément au lorialet pour deux raisons, la deuxième étant que le bruit carnassier du tonnerre n’était pas du tout à son goût et faisait trembler son petit corps jusqu’à la pointe de ses cheveux. Mais heureusement pour lui, ce soir n’était pas orageux et la lune brillait, bien ronde, sublime, là, dans un coin du ciel. Reilly leva les yeux vers elle et un sourire enchanté étira ses lèvres roses. Ce soir, il avait comme un pressentiment. Ce soir, il allait se passer quelque chose d’intéressant.

Après quelques minutes de plus à analyser la mode parisienne populaire, Reilly se décida donc à abandonner sa fenêtre. Il avait envie d’un verre, en bas, au bar. La suite de sa soirée serait une surprise, mais elle commencerait par un verre, il l’avait décidé. Ce fut donc tout naturellement que le lorialet enfila son pantalon de coton noir favoris, qui tranchait à merveille avec sa chemise blanche habituelle, avant d’attraper quelques sous qu’il avait laissé traîner par terre au pied de son lit, pour finalement quitter sa chambre. Il descendit le couloir du premier étage, perdu dans ses pensées, se coiffant au passage d’un geste de la main, avouons-le, négligé, et ce ne fut qu’en posant le pied sur la première marche de l’escalier qu’il nota une absence de matière entre ses doigts et le sol. Ah. Il avait oublié de mettre ses chaussures. Encore. Oh dear and so absent-minded  me… Il hésita quelques secondes, puis reprit sa descente en haussant les épaules. De toute façon, il les oubliait tout le temps. Et puis, en fait, il ne les mettait que quand le patron l’exigeait. Sorry, boss, grimaça-t-il en ayant une pensée pleine de tendresse et de culpabilité envers Edward White.

Ce fut donc sur ses petits pieds nus immaculés que Reilly traversa le Lost afin d’atteindre le comptoir du bar. Qu’est-ce qu’il aimait y passer du temps ! Soit accompagné des amis qu’il s’était fait depuis son arrivée à Paris, à papoter tranquillement autour d’un verre de grenadine ou d’eau, soit seul, en tête à tête avec un bon Whisky, à observer les clients, l’ambiance y étant à la fois accueillante et relaxante, pleine de vie, des rires joyeux y éclatant, ça et là. En bref, un bon endroit pour passer un bon moment. Le petit lorialet s’assit donc au comptoir et se pencha légèrement dessus pour se faire entendre du barman.

« Bonsoir ! Ca va aujourd’hui ? Mmm…est-ce que je pourrais avoir un Whisky, please ? »

Il sourit chaleureusement au barman qui le lui rendit avec plaisir, avant de poser un verre de Whisky « baby » devant lui. 2 centilitres seulement. Reilly fit la moue, puisqu’à chaque fois qu’il commandait un verre on ne lui donnait pas plus, sans doute à cause de son apparence trop enfantine à son goût. Il but alors une toute petite gorgée de son breuvage, très précautionneusement, avant de faire tourner lentement le Whisky dans son cocon de verre. Il cala ensuite son coude sur le bois du bar, sa joue reposant délicatement dans sa main, et il se mit à observer. Ses grands yeux bleus inspectaient la salle de long en large pour se divertir, et il ne pensait pas à quoi que ce soit.
C’est alors que, contre toute attente, une voix s’éleva, juste à côté de lui.

« Bonsoir, comment allez-vous ? Hmm... Un whisky s'il vous plaît. Un doigt, c'est tout. Merci ! »

Reilly releva immédiatement la tête, sa curiosité le lui hurlant de toutes ses forces. Là, en face de lui, un jeune homme. Sa voix était suave et enchanteresse, grave et chaleureuse, et même sans le voir Reilly avait entendu un sourire se dessiner sur les lèvres du nouvel objet de sa curiosité, alors qu’il commandait la même boisson que lui. Reilly cligna des yeux et sourit. Cet homme à bon goût ! Il cligna encore des yeux, ne pouvant s’empêcher de le détailler. La première chose qui le frappa, chez cet inconnu, c’était quelque chose…d’indescriptible, comme une sorte…d’aura. Quelque chose qui piquait son intérêt de plus belle, et qui l’attirait indéniablement. Reilly sourit à nouveau. S’il sentait chez ce jeune homme une telle aura, ce n’était pas pour rien : son instinct s’agitait, il voulait en savoir plus sur ce nouveau compagnon de Whisky à la voix si délicieuse. Ses yeux pétillaient de joie, de plus en plus, à mesure qu’il scrutait discrètement l’inconnu. Déjà, il était grand, très grand même, beaucoup plus grand que lui. On ne le voyait pas, à travers ses vêtements, mais Reilly devinait un corps musclé, certainement forgé par le travail, ou le voyage. Le voyage était plus probable, songea-t-il, en observant sa vieille blouse qui semblait usée par…la mer ? Il portait également un pantalon ample, en toile claire, et un maillot blanc qui lui allait à ravir. Reilly plissa légèrement les yeux en discernant…quelque chose, dont on ne voyait que le bout, dessiné sur sa poitrine. Ah ! Tattoo ? se demanda Reilly, son sourire s’élargissant encore. Des tatouages, il en avait déjà vu, sur nuls autres que son matelot d’oncle et ses compagnons de mer. Reilly adorait ça, il était fasciné par la beauté et la précision des traits, et ce qui lui plaisait, surtout, c’était qu’il y avait toujours une histoire derrière un tatouage, une petite part de l’être qui le possédait. Décidemment, cet inconnu marquait de plus en plus de points ! Le petit lorialet leva ses yeux illuminés d’excitation sur le cou du jeune homme, et ses sourcils se froncèrent alors qu’il tentait de lire l’inscription qui s’y trouvait. Inutile, c’était dans une langue qu’il ne connaissait pas. Enfin, Reilly osa poser son regard sur le visage de celui qui l’intriguait tant, et ses joues se teintèrent d’un très léger rose. Il était beau. Tout simplement et indiscutablement beau. Et ses lèvres étaient tordues dans un sourire semblable à sa voix : suave, mais très naturel. A sa lèvre inférieure, il y avait une sorte de bague. Le lorialet réfléchit quelques secondes en regardant sur le coté. Son oncle le lui avait appris, quel nom cela portait…Piercing ?

Reilly sourit de toutes ses dents, victorieux, et se tourna à nouveau vers l’inconnu pour… tomber nez à nez avec ses yeux. Leurs regards se fixèrent droit l’un dans l’autre, celui du lorialet d’un bleu si particulier et pétillant de curiosité et d’une pointe d’embarras, celui du jeune homme d’une couleur sang si étonnante et intrigante, curieux également, et terriblement intense. Reilly rougit de tout ce qu’il pouvait, honteux de l’avoir scruté et analysé de la sorte. Cela avait certainement rendu cet inconnu très, très mal à l’aise. Reilly se traita donc mentalement d’idiot bien trop curieux, sans cependant pouvoir détacher son regard de celui du jeune homme, répondant à son intensité par de l’intérêt plus immense encore, maintenant qu’il avait vu ses yeux. Et l’inconnu lui sourit.

« Bonsoir... Je suis désolé de vous regarder ainsi depuis tout à l'heure, ce doit être gênant je suppose. Je suis intrigué, à vrai dire. »

Reilly cligna des yeux à une vitesse folle. Quoi ? C’était lui qui dévisageait  sans aucune gêne ce beau jeune homme depuis un bon moment, et c’était ledit beau jeune homme qui s’excusait de le regarder ? …Il l’avait regardé ??? Reilly se mordit la lèvre en souriant en retour, gêné au possible de n’avoir pas remarqué quoi que ce soit. « Je suis intrigué » avait-il dit, en plus ? Le petit lorialet battit des cils plusieurs fois, très rapidement, complètement…surpris, flatté, et on ne peut plus réjouit.

« Mais je suis terriblement impoli ! Mon nom est Ashton Lyn, enchanté de faire votre connaissance... »

Reilly reprit ses esprits et sourit, ravi, en serrant chaleureusement la main qu’Ashton, lui tendait. C’était sûr, il n’en doutait pas : c’était vers lui que son instinct l’avait poussé, plus tôt, dans sa chambre. Les pieds du petit lorialet se balançaient joyeusement sous son siège, puisqu’il était trop petit pour que ses jambes atteignent le sol, et il répondit à Ashton se sa petite voix claire, ponctuée d’un léger accent irlandais très charmant.

« Reilly, Reilly O’Brian, enchanté, Ashton Lyn ! Et…je me dois aussi de vous présentez des excuses, je vous ai observé c’est…vous m’intriguez aussi, à vrai dire. Votre style me plaît beaucoup ! On ne croise pas souvent des gens comme vous, ici, et je suis très curieux donc… »

Il laissa la fin de sa phrase tomber dans le vide, embarrassé, mais terriblement ravi qu’Ashton lui ait parlé le premier. En fait, il n’aurait peut-être pas eu le courage de lui adresser la parole, s’il ne l’avait pas fait. D’ailleurs, qu’il le vouvoie l’avait bien surpris.

« Tu- heu vous pouvez me tutoyer, Mr Lyn, ça ne me gêne pas, tout le monde le fait, même si j’ai dix-huit ans, à cause de… »

Là encore, il ne termina pas sa phrase mais lui pointa son visage pour lui faire comprendre. Et puis, ça lui aurait fait plaisir, qu’il le tutoie, ce jeune homme si atypique. Reilly but quelques gorgées de son verre et releva ses yeux dans ceux d’Ashton pour lui sourire à nouveau et contempler son visage et ses yeux, qui semblaient à la fois sauvages et chaleureux, doux et indomptables. Il lui tendit son verre pour trinquer, déjà très heureux de la tournure intéressante que prenait sa soirée.
Ashton Lyn
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeMer 1 Juil - 22:37

Les émotions du petit passaient sur son visage comme une caresse, le rendant vulnérable au monde qui l'entourait et ô combien adorable. Le joli minois du garçon s'agitait sous la pression de son regard, se mouvait délicatement sous le poids délicat de ses sentiments, pour le plus grand bonheur d'un observateur attentif. Ashton regardait avec soin et amusement, soudain conscient de l'attirance qu'éprouvait visiblement son cadet envers lui. Il passa de nouveau sa main dans ses cheveux humides et sombres, puis accorda un regard pétillant de malice au dénommé Reilly.

« O'Brian ? Hé bien, si ce n'est pas un irlandais que je vois... »

Sa voix de velours prit des intonations joyeuses et il s'avança sur le comptoir dans un geste involontairement langoureux. Désormais, il était captivé. Ce curieux personnage l'intriguait par bien des aspects, un fait qui n'était nullement apaisé par l'aura voluptueuse et pâle qui se dégageait de lui. Il se sentait proche de cet être, d'une certaine manière, lui qui ne venait pas de ce grand Paris et dont le physique tendait à donner une fausse image de sa personnalité. S'il jouait sur cet aspect de son caractère, ce n'était peut-être pas le cas de Reilly, et il pouvait sans peine comprendre que paraître infiniment plus jeune soit un handicap quotidien. Surtout quand on tenait un whisky du bout de sa main chétive. Un verre se posa devant lui, coupant l'élan du canidé. Il le saisit de ses longs doigts et adressa un visage avenant au barman.

« Je vous remercie. »

Un sourire se dressa sur ses lèvres pleines, poli et jovial. Ashton était de ces personnes qui aiment accorder leur attention à tout un chacun. Une fois son interlocuteur retourné à son travail, il se tourna de nouveau vers son compagnon et porta son verre à ses lèvres. Ses jambes se croisèrent doucement et, tandis que la douce brûlure de l'alcool se répandait dans sa gorge, son regard brun dériva pleinement vers celui de Reilly. Quand ce dernier mentionna son attrait pour son style, son style au delà de toute autre chose, il afficha une expression surprise. Un agréable étonnement réchauffa sa poitrine et agrandit son sourire.

« Vous aimez ? Vous m'en voyez ravi, c'est rare que je provoque des réactions positives sur ce point. »

Son visage, à mesure qu'il parlait, se fit plus avenant encore, plus jovial. Il était heureux de discuter, et ce bonheur se communiquait sans peine dans ses yeux noisette :

« Puisque nous sommes tous deux curieux, je suppose que vous serez d'accord pour discuter ? »

La Bête le poussait, du creux de ses entrailles, à aller plus loin, plus fort, à se montrer plus vif là où il tenait seulement à être au calme. La nuit s'était désormais pleinement levée, réveillant en lui le monstre grouillant qui souhaitait de la chaire fraîche et des âmes juteuses. Cette soif passagère était devenue habituelle au jeune homme, qui la considérait comme une vieille compagne d'aventure. Il était cette créature et ne ressentait pas le besoin de le nier, seulement de freiner cette part de lui qui se réveillait avec la Lune pour chasser. Les moments calmes comme celui-ci ne laissaient pas de place aux déchus qui s'agitaient dans son corps, et c'était tant mieux. Il revint lentement à sa place avec un clin d’œil complice puis, reprenant une léchée de whisky, sourit à son jeune interlocuteur. Ashton était loin d'être prude, des codes aussi, surtout lorsqu'ils étaient sociaux plutôt que légaux. Il n'avait jamais compris l'intérêt de se cadenasser de règles quand elles n'avaient aucune espèce d'importance. Pour lui, le vouvoiement entre amis gageait plutôt de la froideur que du respect, et il comprenait tout à fait les difficultés du petit irlandais à s'imprimer dans les préceptes de rigueur, d'autant qu'il ne se pratiquait pas dans sa langue.

« Seulement si tu me tutoies en retour. Et c'est Ashton pour toi, kid. Je suis trop jeune pour être un monsieur. »

Il termina sa phrase par un clin d’œil malicieux et une légère gorgée de whisky. Il posa ensuite son verre sur le comptoir et, plaçant son menton dans la paume de sa main, se tourna de nouveau vers Reilly. Déjà, des questions par dizaines fourmillaient dans son esprit. La première, la plus importante, ne pouvait être énoncée dans un tel endroit, bien que la renonciation lui en coûta. Il en restait toutefois tant qu'il ne sentit la déception que quelques secondes. En apprendre sur ce charmant jeune homme serait une activité ô combien passionnante, et Ashton avait d'ores et déjà décidé qu'elle occuperait sa soirée ainsi que, avec un peu de chance, son futur. Alors son sourire s'élargit et, les yeux pétillants, il se décida.

« Tu viens donc d'Irlande ? Tu es en France depuis combien de temps ? »

Son esprit de marin, de voyageur, d'aventurier pointait le bout de son nez pour son plus grand plaisir. Déjà, la Bête se trouvait recalée par la curiosité et la joie. Oui, il sentait que cette rencontre allait le mener loin.
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeMer 8 Juil - 22:50

Les petites lèvres pleines de Reilly se courbaient en un sourire délicat, alors que ses yeux clignaient, touts embarrassés et impatients qu’ils étaient. Il se sentait observé, scruté par Ashton, et ça ne le dérangeait pas. Il était bien trop curieux, et bien trop attiré par ce jeune homme pour refuser qu’il fasse de lui son objet d’étude. Et puis, lui faisait pareil, alors bon… Là, le petit lorialet avait juste envie de tout savoir de cet Ashton Lyn ! Enfin, tout ce qu’il pouvait en apprendre, en tous cas. Is it alright ? Il cligna des yeux à nouveau, cette fois-ci en penchant légèrement la tête sur le côté, soutenant le regard d’Ashton tout naturellement de ses yeux d’enfant curieux. Un air de gamin et une âme plus adulte qu’elle n’aurait dû l’être. Seulement, la plupart des gens qui connaissait Reilly s’arrêtait à son côté adorable et ne considérait jamais l’adulte. Ce qui, au fond, ne le dérangeait pas du tout. Mais cette fois-ci, il était peut-être tombé sur un grand curieux. Certainement, même. Reilly le voyait, et il le sentait.

Et sentant qu’Ashton le dévisageait avec soin, le petit lorialet vit ses joues reprendre leur couleur rosée si inhabituelle, sur son visage pâle. Ses yeux fuyaient légèrement ceux du jeune homme, puis ils cherchaient à s’ancrer dans son regard, ses lèvres se tordaient dans un sens, gênées, puis dans l’autre, conquises, ses cils battaient gracieusement pendant que ses pommettes rougissaient… God…I must look like an idiot…Pour rajouter à l’embarras intérieur du petit irlandais, voilà qu’Ashton passait sa main dans ses cheveux humides. Reilly sourit en coin, amusé cette fois-ci, et se dit que cet Ashton Lyn était bien trop…charmeur ? Non, non ce n’était pas ça… Mais il y avait chez lui ce quelque chose qui donnait énormément de charme à quiconque le possédait. Ce quelque chose qui, également, rendait un simple passage de main dans les cheveux…attirant. Oui, oui. Reilly aurait voulu savoir faire ça…

Ce qu’il savait faire, par contre, c’était répondre avec joie à un regard aussi malicieux que le sien. Et, alors qu’Ashton émettait une hypothèse sur ses origines, Reilly ne put contenir un rire très léger, enchanté. Il aurait pu relever son accent, il aurait pu relever son français hésitant, mais il avait déduit ses origines de son nom. Et en plus, en l’entendant, Reilly nota une réjouissance qui lui fit chaud au cœur. Alors comme ça, il aimait l’Irlande ? More good points for you, Ashton Lyn !
Il ouvrit la bouche, prêt à répondre, mais ne le fit pas. Ashton venait de s’avancer vers lui, et son geste avait été plein d’une volupté qui perturba le petit lorialet au plus haut point. Why… ? Reilly leva un sourcil, cligna deux fois des yeux avant de sourire en les plissant légèrement, amusé. Il fit tourner les quelques gouttes qui restaient dans son verre de whisky et rit intérieurement. La qualité langoureuse de ses gestes faisait donc partie intégrante d’Ashton, il ne semblait pas le faire exprès. Il était vraiment spécial, cet Ashton Lyn ! Et il le fixait toujours, d’ailleurs, comme s’il ne pouvait pas détacher ses yeux de lui.
Reilly oublia complètement de lui répondre et il lui adressa un sourire des plus immenses, qui redonna à son visage un air enfantin, sans toutefois effacer complètement l’adulte. Beaucoup trouvaient ce mélange étonnant, improbable, agaçant même, et d’autres le considéraient comme un don du ciel, un mélange rare et fascinant. Reilly, lui, considérait cette particularité comme une arme à double tranchant. Mais bon, il ne pouvait pas y faire grand-chose, et puis Ashton semblait plus intrigué par lui que dégoûté. D’ailleurs, quel âge avait-il ? A vue d’œil, il lui donnait la vingtaine. Mais le petit lorialet savait mieux que quiconque que les apparences sont trompeuses, fourbes même. Can I ask him ?

Mais le barman revenait servir son interlocuteur, coupant complètement l’élan du petit irlandais.

« Je vous remercie. »

Reilly sourit et frissonna en l’entendant parler au barman. Cette voix...cette voix caressante correspondait à merveille au personnage. Enfin, plus à son essence qu’à son apparence. Le petit lorialet en profita pour commander un nouveau verre au barman, avant de se concentrer à nouveau sur Ashton. En fait, il était un peu comme lui : son look détonnait complètement dans la foule Parisienne, il était à part, mais dans le bon sens du terme. Il se dit que pour lui aussi, les gens devaient se tromper ; ils devaient sûrement le dévisager, tout perturbés qu’ils étaient, ils devaient se dire qu’Ashton était louche, peut-être même impressionnant. Mais, de ce qu’il avait vu jusque là, Ashton Lyn était un jeune homme tout à fait poli, charmant, avec une sorte…d’aura, tout autour de lui, quelque chose de très intrigant et d’attirant.
Les jambes du jeune homme qui se croisaient à nouveau tirèrent le petit lorialet de sa réflexion, et ce fut un petit rire qui s’échappa de sa bouche quand il avisa la surprise, dans son état le plus pur, envahir le visage de son camarade de boisson, alors qu’il parlait de son style.

« Vous aimez ? Vous m'en voyez ravi, c'est rare que je provoque des réactions positives sur ce point. »
« Evidemment que j’aime, sinon je l’aurai pas dit ! C’est original, dans le bon sens, dans le sens qui me plaît, ça veut dire que vous êtes pas invisible dans la foule, c’est comme…comment dire ? Pardon, j’ai encore du mal avec le français… »

Stupid brain… Même si Reilly apprenait les nouvelles choses très vite, le français restait une langue compliquée, et bien qu’il y mettait tous les efforts du monde, son accent était clairement audible. Ca, ajoutée à sa petite voix, ça n’aidait pas du tout Reilly à développer sa confiance en lui. Il manquait encore de vocabulaire dans certains domaines. James…enfin le cousin de James était français, et il lui avait appris beaucoup de mots, mais pas des mots qu’il pouvait employer dans cette situation… Alors, là, il devait faire avec ceux qu’il avait appris depuis son arrivée à Paris.
Ce fut donc patiemment et légèrement embarrassé de son manque de vocabulaire que Reilly expliqua à Ashton ce qu’il voulait dire, sa bouille de chaton adorable faisant son apparition, à son grand dam. Donc, ce qu’il voulait exprimer, c’était que le style d’Ashton lui seyait à merveille. Le verbe « seoir » étant un des verbes les plus récemment appris par le petit irlandais, il était tout fier de pouvoir l’employer convenablement. Le reste de son exposé sur l’allure d’Ashton était ponctué de « heeuu… » et d’hésitations toutes plus aimables les unes que les autres, mais le propos restait sérieux et honnête, enthousiaste. Il lui confia que ses tatouages avaient déjà gagnés son cœur, son piercing aussi, et que sa blouse faisait toute la réussite de sa tenue. Il rajouta, en riant, qu’Ashton ne devrait jamais la jeter, et que si l’envie lui prenait il faudrait qu’il la lui apporte, parce qu’il saurait quoi en faire. En plus, selon lui, la blouse était un vrai passe-partout vestimentaire, indémodable qui plus est. Et, après un sourire heureux pour répondre à celui de son camarade de whisky, le petit lorialet décida de lui confier quelque chose qui lui tenait vraiment à cœur :

« Un jour, je voudrai me faire un tatouage aussi, parce que je pense que les tatouages sont comme la fin d’une histoire, enfin ils sont le résultat d’une histoire, et j’aime cette idée. »

Il marqua une petite pose afin d’adresser un sourire complice à Ashton, les yeux brillants d’allégresse. Le barman lui offrit son verre, et cette fois-ci Reilly ne releva même pas qu’il s’agissait d’un baby. Non, là il était trop enjoué pour se vexer. Il suffisait de poser ses yeux sur lui pour remarquer son contentement. Discuter avec Ashton lui plaisait beaucoup, il se sentait à l’aise avec lui, et il espérait bien faire durer leur échange jusqu’à aussi tard que possible !
Ce fut donc avec ses yeux bleus pétillants de dizaines d’étoiles qu’il accepta sa proposition de discuter. Là, il le suivrait n’importe où pour parler. Sa curiosité grandissait et l’y poussait, son côté irlandais s’agitait aussi, ravi d’avoir trouvé un nouveau compagnon loin d’être banal, et la lune ronde et brillante dans la ciel rendait son côté lorialet plus jovial que jamais. Il avait envie de danser, de rire et de boire avec Ashton, d’en apprendre autant que possible sur celui qui piquait sa curiosité autant que son intérêt. Ses petites jambes se balançaient sous son siège tandis qu’il plaçait confortablement son menton dans le creux de sa main minuscule, un sourire plein de félicité se dessinant sur ses lèvres et se reflétant jusque dans ses yeux. Reilly tentait de paraître aussi calme que possible à l’extérieur, puisqu’à l’intérieur c’était l’ébullition. Tonight begins sweetly !
Bizarrement, il se sentait proche d’Ashton, quelque chose le lui soufflait : ils étaient proches, sur certains points. Lesquels ? Le sourire du petit lorialet s’agrandissait encore, alors qu’il se demandait comment le découvrir.
Le clin d’œil d’Ashton étira ses lèvres plus encore, et il rit même, un peu. How does he do this ? Voilà autre chose qui l’impressionnait : lui ne savait pas faire de clin d’œil, et quand il essayait…ça faisait fuir toutes les personnes autour de lui. Oui, oui. Fuir d’horreur, même ! Donc pas question de tenter le clin d’œil. Ils étaient tous les deux à l’aise, autant ne pas jeter un froid gênant à cause d’un clin d’œil raté. Il bu une petite gorgée de whisky, sans lâcher Ashton des yeux et poussa un soupir de soulagement comique quand ledit Ashton lui proposa de le tutoyer. Vouvoyer, c’était dur pour lui, en anglais le vouvoiement n’existait pas, après tout. Et puis quel intérêt de vouvoyer quelqu’un avec qui on s’entend bien ?

« ‘Kay then, je te tutoierai, Ashton ! Et je suis pas un enfant, je suis adulte depuis longtemps, moi ! »

Il riait encore et souriait de tout son cœur. Reilly n’était plus vraiment un enfant, et il criait sur tous les toits être adulte. Il l’était, ça oui ! Mais, très secrètement, quelque part tout au fond de lui, ça lui plaisait, ce surnom.

« Et alors, tu as quel âge Ashton, si tu es trop jeune pour que je t’appelle monsieur ? »

Ses yeux pétillaient encore plus qu’avant, remplis d’une curiosité qui paraissait insatiable au petit irlandais. Comment allait-il pouvoir poser toutes les questions qui trottaient dans sa tête en une seule soirée ? Il reprit une gorgée de whisky, planta ses yeux bleus si particuliers dans ceux, bruns captivants, d’Ashton, et il esquissa un sourire ravissant, presque ensorcelant. Il décida d’attendre sa question, puisque le jeune homme semblait en avoir à la pelle lui aussi. Le petit lorialet répondit donc à la question d’Ashton sur un ton enthousiaste et réjouit, de sa petite voix pleine d’assurance.

« Je viens d’Irlande oui, d’un village portuaire qui est en dessous d’Arklow, tu vois où c’est ? Sur le côté est, c’est un petit village, le mien, mais pas trop petit non plus. Il est mignon, les gens sont sympathiques- enfin presque tous, mais ça c’est comme partout, en tous cas tout le monde est accueillant ! Et ça fait heu…quelques semaines maintenant oui, que je suis en France, trois ou quatre je sais pas exactement, je suis arrivé à Paris directement. Donc ça fait pas beaucoup longtemps, et quand je suis arrivé je savais à peine parler français, mais maintenant ça va, même si je fais des fautes encore, parce que j’aime beaucoup apprendre. Ah, et je travaille ici, au Lost Paradise, je suis couturier, du coup c’est ma maison. »


Reilly était tout fier. Après tout, venir habiter à Paris était un rêve qu’il avait partagé avec son oncle et sa mère, avant leur disparition. Ils auraient été si fiers ! De le voir là, vivre de la couture, travailler dans un cabaret fascinant, et surtout : faire la connaissance de gens intéressants. Le petit lorialet rit discrètement à cette pensée, en baissant légèrement la tête. Ah ça, Sean O’Brian n’avait donc pas perdu son temps à le forcer à se sociabiliser quand il était petit ! Reilly sourit. Cette pensée lui faisait chaud au cœur. Ses petits pieds nus recommencèrent à se balancer doucement et il releva la tête pour raccrocher son regard à celui d’Ashton, impatient d’en savoir plus sur lui. Let’s talk until morning !

« Et toi, alors ? Combien de temps depuis ton arrivée ici ? Et tu as beaucoup voyagé, non ? »
Ashton Lyn
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeVen 10 Juil - 1:22

Ashton se perdait avec délice dans la contemplation de son vis-à-vis, de la créature mystérieuse et délicate qui lui faisait face, du petit être que lui offrait cette soirée. Reilly O'Brian était... fascinant. Seul, il était une dualité. Jeune, il était vieux. Enfant, il était adulte. Les émotions sur le visage poupin, transparentes, vulnérables, ouvertes à lui comme s'il pouvait les cueillir en tendant les doigts. Le joli minois se tortillait, s'agitait sous l'innocence d'une sensibilité accrue qui le rendait plus curieux encore. D'où provenait donc cette merveille de la Nature ? Et son aura, son aura si particulière, si pâle, si blanche et pourtant teintée de quelque chose, quelque chose qu'il ne comprenait pas encore et qui ne faisait qu'ajouter au charme, enfantin dans sa maturité, du garçon. Autant de détails savoureux qui expliquaient l'insistance du regard canin sur le corps chétif de son interlocuteur. Il voulait savoir, il voulait connaître, il voulait apprendre. Son attention toute entière était concentrée sur cette âme fébrile et exquise qui le captivait. Plus délectable encore, il était certain de la réciprocité de cet intérêt.

Reilly était de ces personnes fragiles et délicates dont il était visiblement possible de comprendre les émotions par une simple observation, du moins une bonne partie et, s'il en croyait les rougeurs pastelles sur les joues blafardes du garçon, son charme ne lui était pas vain. Le sourire d'Ashton s'agrandit tandis que sa curiosité grandissait peu à peu à l'intention de son vis-à-vis. Un si jeune homme conscient de son homosexualité en ce Paris cadenassé ? Voilà qui ne pouvait que le surprendre. Plus encore, un garçon qui semblait apprécier sa différence, ses différences, sa singularité... Oserait-il le dire ? Ash était charmé. C'était une attirance innocente et purement amicale mais, quand bien même, il ne pouvait nier cette soudaine attraction qui semblait le lier au petit. Il battit lentement des paupières, parvenant à rendre jusqu'à ce simple geste alléchant de langueur, encourageant son interlocuteur à parler, continuer, se livrer plus encore à lui.

« Un jour, je voudrai me faire un tatouage aussi, parce que je pense que les tatouages sont comme la fin d’une histoire, enfin ils sont le résultat d’une histoire, et j’aime cette idée. »

Un instant, il fut possible de lire la surprise sur le visage du canidé, puis son sourire s'élargit plus encore. Ce petit lui plaisait de plus en plus. Son regard noisette coula sur les dessins dentelés qui parcouraient ses mains et il songea aux dires de Reilly tandis que sa propre définition du tatouage lui revenait à l'esprit. Il portait la Mort sur son corps. Le sang avait pris une teinte noire pour se creuser dans les sillons délicats de l'aiguille et mettre fin au cercle vicieux de la culpabilité qui eut eu raison de lui autrement. Les paroles du garçon le firent sourire, une mimique joyeuse et presque touchée alors qu'il pensait à combien il avait raison. Un tatouage, c'était une histoire. Les siens étaient la Vie, les vies qu'il volait à chaque passage du Chien, son acceptation et sa promesse de résistance. Ashton se délectait de la vie pour toutes ces personnes à qui il l'avait dérobée et leur rendait hommage en transformant son corps en témoignage. Il esquissa une expression mystérieuse tandis que sa réponse s'envolait dans l'atmosphère chaleureuse du comptoir:

« Je suis d'accord. »

Il ne s'attarda pas, n'approfondit pas et n'en ressentit nul besoin. C'était un sujet désormais clos, et il désirait plus que tout en apprendre plus sur les origines de cet être spécial et enivrant. Il reprit donc sensuellement son observation silencieuse, écoutant un à un les mots qui s'échappaient maladroitement de la bouche de Reilly pour venir à lui, souriant souvent, poliment, désireux de lui dévoiler toute l'attention qu'il lui portait. Déjà, les questions démangeaient Ash, des interrogations diverses qu'il voyait toutefois se refléter au creux des prunelles de Reilly. Alors, patiemment, il attendit que vienne son tour, dévorant chaque mot un à un et écoutant, captivé, les paroles délicates de son interlocuteur. Ses longs doigts portèrent son verre à ses lèvres et il but quelques légères gorgées, sans jamais lâcher des yeux le regard bleuté de son vis-à-vis. Ashton était curieux et désireux de le faire sentir.

« Et alors, tu as quel âge Ashton, si tu es trop jeune pour que je t’appelle monsieur ? »

L'intéressé lui adressa un sourire mystérieux mais seul le silence fit écho à l'interrogation du jeune homme. Il se présenterait entièrement dans quelques minutes, quand Reilly aurait lui-même répondu à ses questions, quand il serait rassasié de savoir quelque chose sur l'être pastel qui avait croisé sa route. Qu'était-il ? Voilà ce qu'il brûlait de savoir, ce qui hantait ses pensées depuis sa rencontre. Vraiment, il devait apprendre. Mais pas ici, pas maintenant. L'heure était pour le moment à la découverte, un passage obligatoire qu'Ashton faisait passer avec délice et sensualité. Il se faisait un plaisir de tâtonner aveuglément vers une créature dont il ignorait tout, de la palper pour la reconnaître et, enfin, enfin, de se livrer à elle. Les longs cils ébènes papillonnaient doucement tandis qu'il écoutait son interlocuteur.

Une ville portuaire, un jeune irlandais tout fraichement arrivé, voilà qui plaisait au jeune canidé et nourrissait d'autant plus sa curiosité. Il laissa glisser une nouvelle lampée de whisky contre sa gorge avant de s'appuyer contre le comptoir d'un geste lascif. Un sourire mélancolique et joueur s'épanouit sur son fin visage tandis qu'il songeait à ses propres difficultés à apprendre le français à ses premières heures. Quelques étoiles trouvèrent même leur chemin dans les iris noisette qu'il s'imposait, et la voix de velours de nouveau s'envolait:

« Je ne connais l'Irlande que par ses marins, mais il me semble que c'est un splendide pays. J'espère que la vie à Paris te plaît en tout cas ! Et te plaira d'autant plus à l'avenir... Les parisiens sont des gens prudes mais quand on leur parle il se sensibilisent un peu, tu t'y feras sans doute vite. »

Il s'approcha doucement de lui et lui adressa un nouveau clin d'oeil pétillant de malice:

« Je me ferai un plaisir d'être ton professeur, si besoin. Je suis ici depuis quelques temps déjà, six ans si je me souviens bien, je devrais pouvoir t'aider ! »

Le jeune homme avait noté, non sans tendresse, les maladresses linguistiques de Reilly, ce qui n'était pas sans rajouter à son charme. Il passa de nouveau une main dans ses cheveux, constatant avec frustration qu'ils ne séchaient pas le moins du monde, puis croisa des chevilles. Il posa ses mains entre ses jambes pour s'accrocher au tabouret et renvoya d'un geste de la tête ses mèches brunes en arrière. Son sourire se fit audacieux, confiant, séducteur. Reilly avait remarqué l'un des points essentiels de sa personnalité et cela lui plaisait infiniment.

« En effet, je suis un marin à mes heures perdues, même si cela fait un moment que je ne suis pas reparti en mer. J'ai fait une bonne partie de la carte, je dois dire. »

La liste des pays divers lui vint à l'esprit mais il n'en dit rien, désireux de maintenir mystère et force dans l'aura qu'il dégageait encore. Il voulait maintenir ce jeu délicieux de découverte lente et agréable, s'amuser de nouveau à tâter les détails insignifiants d'un être aussi complexe que ce que semblait être Reilly O'Brian. Les mots de ce dernier lui revinrent en mémoire et son regard coula vers ses longs doigts de pianiste, dont émanait son aura blanchâtre ésotérique. Il ne pouvait soudain plus se retenir une seconde de plus: son bras se tendit doucement pour aller chercher la main du garçon et la détailler, toute à la lumière, avec l'attention d'un homme dont le métier était d'analyser. Toucher, palper, prouver. Lorsqu'il le palpait, Reilly était matériel, Reilly était vivant, Reilly était intéressant. Il lui adressa un faciès malicieux:

« Ton métier semble pourtant bien plus intéressant que le mien et, pour travailler ici, tu dois être un virtuose, je me trompe ? »
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeLun 13 Juil - 2:16

Reilly sentait qu’Ashton lui portait de plus en plus d’intérêt, à mesure qu’il parlait et l’observait, et ce n’était pas pour lui déplaire. A cet instant, cela lui semblait presque vital, que leur intérêt grandisse encore, qu’ils s’explorent de la sorte. Quelques questions, une réponse sincère mais survolée, cela semblait presque comme un jeu, en fait. Le petit lorialet ne pouvait pas s’empêcher d’observer plus encore, à la recherche d’informations supplémentaires sur cet homme si intrigant. Ashton semblait vouloir en savoir plus sur lui, sans en dévoiler trop de son côté pour autant. Le sourire de Reilly était maintenant immense. Cet Ashton Lyn était vraiment fascinant. Plein de mystères qui appelaient à la découverte. Reilly avait toujours eu une âme d’aventurier.

Ses petits pieds se balançaient toujours sous son tabouret et son menton se cachait toujours dans la paume de sa main, alors qu’il affrontait le regard de son interlocuteur avec plus d’espièglerie. Ce jeu de découverte lui plaisait beaucoup, presque tout autant qu’Ashton lui-même, à vrai dire. But… Le regard insistant du jeune homme aux cheveux d’ébène le faisait toujours rougir, et Reilly n’en avait pas l’habitude. Normalement, il ne rougissait pas aussi longtemps. Il posa machinalement ses deux mains minuscules sur ses joues pour constater leur chaleur. A croire qu’elles avaient tout bonnement décidé que le rouge leur seyait à merveille ! Le petit irlandais soupira discrètement et releva les yeux vers celui qui était la cause de ses rougeurs. Ca, c’était parce qu’il était irrémédiablement beau. Et à cause de son charisme. Maudit charisme…
Do I have charisma ? Reilly fronça légèrement les sourcils. D’un côté, il se disait que oui, dans des situations particulières il pouvait faire preuve d’un charisme étonnant, voluptueux, alléchant, mais ce n’était pas du tout ce genre de situation-là. Non, à ce moment précis Reilly ne faisait rien pour être charismatique ou pour charmer. Pourtant, quelque chose chez lui semblait captiver Ashton. Mais quoi ? Il n’avait rien fait de spécial… Ses paroles ? Il cligna des yeux, pris par le vide l’espace d’une microseconde, sans cependant laisser quoi que ce soit transparaître à son vis-à-vis.
Le sourire enjoué du petit lorialet s’adouci délicatement. Il était touché, de voir qu’Ashton s’intéressait vraiment à ce qu’il disait. Son instinct avait vraiment bien fait de le pousser jusqu’à lui. Mais…non, ça ne pouvait pas être juste ça, quelque chose avait obligatoirement poussé Ashton vers lui aussi, c’était certain. Enfin, sûrement…

Un battement de cil langoureux dudit Ashton ramena Reilly à la réalité. Il rit encore intérieurement et poursuivit la conversation, rangeant sa réflexion dans un petit coin de sa tête pour plus tard.
Il se livrait avec plaisir à son camarade de whisky, et, oserait-il le dire ? La conversation était aussi agréable pour l’un que pour l’autre. Bien que le petit lorialet s’impatientait, avide d’informations, il lui sembla judicieux de faire durer le plaisir comme Ashton le faisait, de rentrer totalement dans son jeu. Et ce ne fut qu’avec plus de ravissement encore que Reilly remarqua l’étonnement sur le visage de son camarade de jeu, et le sourire qui suivit cet étonnement fit écho au sien.

« Je suis d'accord. »

More good points~ Reilly était comblé. Ashton le comprenait, et il était d’accord. Les tatouages ne se font pas au hasard. Pour lui, ils étaient le symbole de quelque chose de fort, de marquant. Le petit lorialet esquissa un autre sourire, cette fois plus complice et radieux, à l’attention du Ashton à nouveau mystérieux qu’il avait devant lui. Il voulait lui demander, d’où venaient ses tatouages, à lui, mais Ashton réservait sûrement ce détail important pour plus tard. Décidemment… Just a little more and I’ll fall for him ! Reilly rit un peu intérieurement. Bon, il n’était pas en train de tomber amoureux d’Ashton hein, mais il était de plus en plus et indéniablement attiré par lui. Ashton savait donc très bien donner des indices, des petits détails, et faire languir pour avoir l’histoire en entier.
Les quelques gouttes restantes de son whisky baby descendaient lentement le long de la gorge du petit irlandais tandis qu’il se perdait à nouveau avec délice dans les yeux du jeune homme. Un vrai coup de foudre de curiosité ! Reilly rougit à nouveau et il reposa son verre vide sur le comptoir. Non, vraiment, impossible de regarder ailleurs. Il avait beau essayer, c’était comme si Ashton avait happé toute son attention. Il la possédait entièrement, à présent. Le petit lorialet cligna des yeux. Il était face à un dilemme. Se laisser entièrement faire ou continuer de jouer ?
Son sourire immense se renforça de malice et ses yeux se mirent à briller plus encore, touts plein d’une friponnerie exceptionnelle qui se reflétait sur son visage de porcelaine. A l’intérieur, l’ébullition s’était transformée en effervescence prononcée, presque nerveuse. Jusqu’au plus profond de ses entrailles il le sentait, oui. Ashton et lui étaient faits pour s’entendre. Et il ne céderait pas, du moins pas maintenant. Ce jeu de découverte mutuelle délicieux reprit donc, pour le plus grand plaisir du petit irlandais, et qu’Ashton lui montre qu’il était curieux le combla encore plus.

« Je ne connais l'Irlande que par ses marins, mais il me semble que c'est un splendide pays. J'espère que la vie à Paris te plaît en tout cas ! Et te plaira d'autant plus à l'avenir... Les parisiens sont des gens prudes mais quand on leur parle il se sensibilisent un peu, tu t'y feras sans doute vite. »

Ah ça, Ashton avait raison ! Pour être prudes, les Parisiens l’étaient ! Reilly s’autorisa donc un léger rire et il lui répondit non sans un regard complice.

« Justement, mon oncle était marin ! Il s’appelait Sean, Sean O’Brian. Et Paris me plaît oui, c’est juste les règles qui sont pas pareilles comme celles de chez moi, enfin…dans mon village on en avait plus moins, en fait. Et puis pour ce qui est des Parisiens, je ne sors pas trop alors pour le moment ça ne me fait pas de soucis »

Ses petites joues s’empourprèrent à nouveau quand Ashton s’avança plus vers lui, et il lâcha même un hoquet de surprise discret, suivi d’un petit frisson.

« Je me ferai un plaisir d'être ton professeur, si besoin. Je suis ici depuis quelques temps déjà, six ans si je me souviens bien, je devrais pouvoir t'aider ! »

Reilly sourit comme jamais, et son bonheur transparaissait totalement sur son visage de poupée.

« ‘Kay, ya’ ! J-Je veux bien oui, d’accord. Sois mon professeur de Paris, et en plus comme ça on va se voir à nouveau ! »

Il n’aurait pas rêvé mieux ! Cette proposition, c’était d’abord une attention très aimable, de la part de ce jeune homme si charmant et bienveillant qu’était Ashton, et c’était aussi, pour Reilly, une très bonne excuse. Ses yeux bleus pétillaient de plus belle, et son sourire et ses pommettes relevées chantaient l’allégresse. Oui, oui et oui ! Il allait peut-être donc bien revoir Ashton Lyn, en dehors de ce bar, n’importe où, celui qui attisait tant sa curiosité venait lui-même de le proposer. Ah ! S’il avait osé, Reilly aurait déposé un baiser plein de gratitude sur la joue d’Ashton. Mais la timidité, ou les conventions sociales qu’il tâchait d’appliquer, non sans regrets, l’en empêchaient. Alors il fit passer toute sa gratitude dans son regard, puisque ses yeux avaient cette qualité si expressive.

Le sourire séducteur et plein d’audace du Ashton en question fit hausser un sourcil satisfait au petit lorialet. Ah, il avait donc deviné : le jeune homme aux yeux noisette avait bien voyagé. Après tout, ça se voyait, dans son physique, sa façon d’être. Ashton Lyn semblait être le fruit de ses voyages, tant physiquement que mentalement. Reilly cligna des yeux et lui sourit en l’écoutant parler. Il posa ses coudes sur ses genoux, en se penchant en avant pour se rapprocher de lui, et déposa à nouveau son menton dans ses mains, attentif comme le plus studieux des élèves. Ashton était un homme d’expérience, il pouvait le voir. Le petit lorialet se mordit la lèvre. Il avait tellement envie de le faire approfondir sur ce sujet ! Une bonne partie de la carte ? When ? How ? Why ? Toutes ces questions restaient en suspend dans l’esprit du petit irlandais, alors que son vis-à-vis dégageait plus de mystère encore.

Et ce fut un Reilly rougissant qui laissa ce voyageur d’Ashton Lyn attraper délicatement ses doigts, puis sa main. Le cœur du petit lorialet se figea quelques secondes, puis il réalisa qu’il n’avait rien à craindre. Ashton était bienveillant, sa curiosité l’avait donc simplement poussée à s’intéresser à ses doigts, tout simplement. Good…
Une fois rassuré, Reilly retrouva un sourire conquis aux pointes de malice et de contentement. Il le laissa observer en détail sa petite main et ses petits doigts fins, faisant totalement fi de son embarras habituel quand à la pâleur de sa peau. Car, effectivement, sa peau était si fine et si pâle que ses veines transparaissaient, tout en douceur, comme un joli dessin tout en détails, et leur couleur bleutée et violette courraient jusqu’au bout des doigts de Reilly. Ce n’était pas écoeurant, ce n’était pas si déstabilisant, c’était juste…particulier, oui. Mais Ashton semblait être intéressé, lui.

« Ton métier semble pourtant bien plus intéressant que le mien et, pour travailler ici, tu dois être un virtuose, je me trompe ? »

Eh bien ! Reilly lâcha un petit rire tout léger. Ashton savait parfaitement comment le mettre dans l’embarras !

« Je sais pas si tu peux dire que je suis un virtuose, Ash, mais c’est très gentil ! Moi, je sais juste que ce que je fais plaît, ici, et que je suis fier de mon travail. Et puis j’adore beaucoup coudre, c’est ma mère qui m’a appris y’a longtemps. Et puis aussi, j’ai toujours rêvé de travailler dans un cabaret, et celui-là est tout comme il faut pour moi, c’est tout un univers, tu sais ? »

Reilly souriait encore, et il ne faisait même plus attention à la façon dont il s’exprimait. Ce qu’il voulait dire, c’était que le Lost était parfait, à ses yeux, il ne pouvait pas travailler autre part qu’au Lost. Il expliqua donc à Ashton, avec autant d’application que possible, qu’il était tout bonnement heureux, de pouvoir habiter au Lost et d’y travailler, et que sa plus grande fierté c’était quand il voyait les artistes sur scène, dans les costumes qu’il avait faits, et que les costumes mettaient en valeur les artistes. Là, les spectateurs pouvaient rêver, le temps d’un numéro, et oublier tout le reste. Et ça, ça le rendait drôlement fier, le petit lorialet ! Par contre, il insistait bien sur le fait qu’il fallait travailler dur pour arriver à un tel résultat, que ce n’était en aucune façon une question de « virtuose ».

« Tu comprends ? C’est juste que j’aime ça, j’y mets tout mon cœur dedans et je m’applique le plus possible, je veux que tout soit parfait ! Alors je crois pas que je suis un virtuose, en fait… »

Son enthousiasme et son innocence faisaient littéralement resplendir Reilly. Son visage tout entier s’illuminait, se mouvait sous ce sentiment agréable d’être reconnu pour son talent. Décidemment, Ashton réussissait à le toucher, certainement plus qu’il ne le pensait. Alors le petit irlandais envoya un regard plein de gratitude à son interlocuteur. Il osa, même, proposer quelque chose qui lui semblait un peu fou :

« Je pourrai te coudre quelque chose, si tu veux, tu seras très beau encore plus ! »

Ce n’était pas souvent que le petit lorialet était plein d’assurance. Mais là, alors que sa petite main reposait encore dans la grande main d’Ashton, il avait envie de lui faire plaisir, comme lui venait de le faire. Et quoi de mieux qu’une nouvelle tenue, pour ça ? Reilly se mordit la lèvre et serra doucement ses doigts tous fins contre ceux d’Ashton. Et si en fait il ne voulait pas ? Et si sa question avait été totalement stupide ? Mince ! Là, il ne voulait surtout pas perdre l’intérêt qu’Ashton lui portait, surtout pas ! Il lui restait tellement de choses à découvrir, tellement de questions à poser ! Peut-être était-il trop sûr de lui, alors qu’ils venaient tout juste de se rencontrer ? Ah ça, son côté irlandais paillard ne manquait pas une occasion pour essayer de se rapprocher d’Ashton !
Bon. Reilly releva ses yeux dans ceux du jeune homme. Tout espoir n’était pas perdu, non, le moment délicieux de cette découverte mutuelle ne faisait que commencer, en fait. Les yeux bleus du petit lorialet se tintèrent donc de plus de malice encore, d’espièglerie à l’état pur, et il adressa un sourire taquin à son vis-à-vis, sans retirer sa main de la sienne.

« Mais d’ailleurs, Ashton, toi qui a autant de charme et qui es très beau, tu dois avoir du succès ici, non ? »

Là, c’était purement du jeu. Reilly voulait tester, il voulait expérimenter. Ashton faisait preuve de tant de charme et ses gestes étaient si involontairement langoureux que Reilly ne pouvait pas s’en empêcher. Il fallait qu’il observe encore, dans le moindre détail. Et puis, s’il répondait à ses taquineries, ce serait sûr : ils seraient faits pour s’entendre.
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeMer 15 Juil - 15:21

Séduction, charme, désir. Attrait, fascination, curiosité. Amour, amitié, affection. En présence d'Ashton les frontières se brouillaient sans jamais se chevaucher, s'entremêlaient sans jamais s'effacer. Il était un affranchi des règles, un évadé des codes, un rescapé du système. Il était différent, inconsciemment, lucidement. Faire connaissance était chez lui un jeu d'apparat, un apprivoisement mutuel, un pas commun vers la même direction. Ce monde était rempli de personnes qui, chacune, possédaient leurs propres routes et il prenait plaisir à croiser celles de tous ceux qui l'intéressaient. On pouvait le qualifier de Don Juan, d'oppressant, d'impressionnant, la vérité était la suivante : Ashton Lyn n'était pas de ceux qui rentrent dans les cases. Il était un peu tout cela à la fois, et plus encore, ne cherchait pas même à se décrire et encore moins à placer une existence, fut-elle la sienne ou une autre, dans un moule. C'était à ses yeux une vision réfractaire et obscurantiste de la vie que de la trier dans un tableau scellé. Trop de fois, il avait rencontré des individus se complaisant dans leurs petites catégories, sagement rangés dans un tiroir que la société avait bien voulu leur accorder. Il trouvait cela terriblement monotone et s'éloignait le plus possible de ces âmes fades et insipides.

C'était aussi ce qui lui plaisait chez Reilly. Ce petit bonhomme au regard d'adulte le fascinait par ses mimiques enfantines, par son corps qui semblait agité de problèmes plus matures que lui, par le visage qu'il offrait au monde sans concession. Quoiqu'il fût, il était lui avant tout, et cela enchantait le canidé au plus haut point. Il était si rare de rencontrer des personnes telles que lui, si rare de pouvoir observer sans se priver les émotions voilées au travers des yeux de son interlocuteur que le jeune homme se prenait l'envie d'en profiter un maximum. Oh, il était ravi.

Tandis qu'une part de lui se concentrait sur les paroles et la voix délicate de son vis-à-vis, il se prit à le détailler plus encore. Son regard ne quitta pas un instant celui du gosse, qu'il se décrit inlassablement. Il remarqua sans peine une légère tâche claire dans son œil droit et l'observa longuement, fasciné par ce détail si particulier. Sa vision périphérique l'informa des légers balancements que subissait la chevelure blanche tandis que son propriétaire s'agitait sur le tabouret. Ashton autorisa son sourire à s'élargir délicatement, offrant à Reilly une mine séductrice et avenante qui trahissait son intérêt croissant pour lui. Ses doigts dentelés caressèrent avec douceur la peau souple et fine, si fine qui parcourait la main du couturier. Là, il sentait le sang battre régulièrement dans les veines bleutées qui cheminaient sous la mince couche de chair comme sur une vaste carte sur laquelle voyagerait la vie. À cette constatation la Bête s'agita brièvement et remua au creux de ses entrailles, un fait diablement courant auquel il ne prêta que peu d'attention. La créature qui lui faisait face était bien plus intéressante que le monstre qui demeurait en son sein. Soudain curieux, il prit les doigts graciles du bout des siens et les apporta à ses lèvres, qu'il pressa brièvement contre la peau pâle. C'était là l'une des principales raisons pour lesquelles Ashton avait la réputation d'un charmeur incorrigible, ces petits gestes volatiles qu'il s'autorisait sur un coup de tête simplement parce qu'une personne lui inspirait de l'affection. Car il ne s'agissait là de rien de plus, à ses yeux. Il touchait pour expérimenter, montrer, voir, et Reilly lui donnait envie d'explorer. Il laissa le silence planer un instant sur eux tandis qu'il souriait au garçon et baissait leurs mains jointes. Là, et seulement là prit-il le temps de répondre aux propos qui lui avaient été adressé :

« Ne sois pas si modeste, allons. Si ton travail te plaît et que tu es suffisamment doué pour exercer ici, cela fait forcément de toi un virtuose, non ? Plus encore si tu es perfectionniste, puisque cela signifie que tu ne fais jamais que des pièces impeccables. J'en suis d'avis du moins. »

Ashton ajouta le manque de confiance en soi à la liste de choses qu'il avait appris sur son interlocuteur depuis sa rencontre. Le petit était visiblement doué, il pouvait difficilement croire qu'il se rende si peu compte de son talent par simple objectivité. Croisant de nouveau les jambes contre le comptoir, le jeune homme entreprit de récapituler les informations dont il avait connaissance.

Reilly était un irlandais tout fraîchement arrivé à Paris dont l'oncle était un marin – un personnage qui l'intriguait déjà sur lequel il comptait poser quelques questions. Il était couturier au cabaret, sans doute homosexuel, d'une espèce qu'il n'avait jamais croisé qu'au Lost et dont il ne connaissait encore rien. Très expressif, il semblait ouvert aux autres de la même manière que lui-même et prompt à l'amusement. Son aura était captivante et, plus encore, il l'était.

La passion pour la couture qui agitait le corps tout entier de son cadet faisait plaisir à voir, à entendre. Elle faisait vibrer son cœur et cela se voyait sans peine sur son visage qui, désormais, brillait fièrement par sa peau ivoirienne, dans les reflets bleus de ses iris et dans le sourire resplendissant qu'il lui adressait.

« Je pourrai te coudre quelque chose, si tu veux, tu seras très beau encore plus ! »

Ashton, pris de cours, afficha d'abord un faciès surpris puis, écoutant plus attentivement les paroles de son interlocuteur, laissa un sourire sensuel parcourir la fine ligne qui séparait ses lèvres. Il se pencha sur lui en inclinant la tête sur le côté :

« Encore plus, hein ? »

On ne disait pas souvent au canidé qu'il était beau, et pour cause. Il était trop différent, trop atypique pour s'inscrire dans la définition que ce siècle avait de l'esthétique. Il était séduisant, il était suave, il était charmeur, mais il n'était pas "beau". Le compliment de Reilly, toutefois, le toucha sincèrement, et c'est avec un pétillement malicieux dans le regard qu'il lui offrit un clin d’œil. Il était curieux, à vrai dire. Désireux de savoir ce que lui réservait l'esprit créatif du couturier s'il se laissait aller entre ses mains expertes. Il n'eut cependant pas le temps de répondre que, agité sans doute par l'hésitation qui marquait son visage, le garçon reprenait :

« Mais d’ailleurs, Ashton, toi qui a autant de charme et qui es très beau, tu dois avoir du succès ici, non ? »

L'intéressé éclata d'un rire franc et joyeux à ces mots. Honnête, nota-t-il, très honnête. Il n'en fallut pas plus au jeune homme pour passer une main affectueuse dans la chevelure pâle de Reilly et la mettre en désordre. Ce gosse était à tomber, vraiment. Il profita d'une gorgée de whisky pour se  calmer un peu et adressa à sa connaissance un sourire espiègle.

« Merci du compliment, commença-t-il de sa voix grave. Je suppose qu'on peut dire que je me débrouille. »

Il ne perdit toutefois pas l'idée qu'avait avancée Reilly un peu plus tôt de l'esprit. Posant son verre sur le comptoir, il s'en éloigna un peu dans un mouvement ample et souple avant d'adresser sa pleine attention à son interlocuteur. Une boucle brune vint chatouiller sa joue, s'étant échappée de sa coiffure une fois de plus. Pas qu'Ashton était particulièrement attentionné avec ses cheveux, bien au contraire. Il brossa la mèche de ses longs doigts et la rabattit en arrière tandis qu'il offrait un regard plein d'intérêt à son cadet :

« Mais parle-moi donc de la tenue que tu me réserves, je suis curieux ! C'est la première fois qu'on me fait une telle proposition, je me demande bien ce qui m'attend. »

Et c'était vrai. Le canidé se sentait agité par les émotions qui nageaient entre leurs corps, toujours joints par la main qu'il n'eut su lâcher. Ashton était infiniment reconnaissant à cette soirée de lui avoir apporté une telle opportunité.

Pour la première fois, on lui offrait une tenue sur mesure !
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeMar 21 Juil - 23:52

Reilly cligna des yeux et sourit en captant le regard d’Ashton, qui était visiblement concentré sur la tâche azurin qui éclairait à elle seule son œil droit. Tout en continuant de parler, avec de plus en plus d’assurance, il laissa les souvenirs défiler dans sa tête. Cette petite pointe de bleu ultra clair… Le petit lorialet était né avec et elle avait attisé la curiosité de tous ceux qui croisaient sa route depuis sa plus tendre et innocente enfance. Une fois, on l’avait même dévisagé pendant au moins une heure entière ! Reilly tiqua légèrement à cette pensée. James, en bon médecin, s’était en effet beaucoup inquiété de connaître l’origine de ce pigment azurin. Il lui semblait si hors du commun qu’il s’était demandé s’il n’était pas dangereux, et il ne voulait certainement pas laisser son précieux lorialet souffrir de quelque mal que ce soit. So ironic… Mais aucune menace n’ayant été détectée, cette tâche si particulière d’un bleu si vif trônait toujours fièrement dans l’iris droit de Reilly, et lui en était ravi. Oui, quitte à être différent, autant l’être jusqu’au bout ! En fait, elle était comme lui tout entier : on l’aimait, on la détestait, ou bien on ne savait pas trop quoi en penser. En tous cas, lui en était fier. Il souriait donc un peu plus encore à Ashton, tout en continuant de parler.

Et pour Reilly, là, c’était presque compliqué de se concentrer sur ce qu’il racontait à son aîné, parce qu’une partie de son attention avait dérivée sur leurs mains jointes, et Ashton semblait étudier sa petite main avec précision et connaissance, en faisant glisser ses doigts dessus, à coup de caresses terriblement douces. Ca et- W-What ? Le petit lorialet retint un hoquet de surprise en constatant sa main s’élever, soulevée par celle de son aîné, jusqu’à atteindre…ses lèvres. Un baiser rapide, plein de joliesse, délicat. …Ah ? So you really are curious, aren’t you, Ash ? Reilly rougit à nouveau, et il lui offrit un sourire plus sublime encore. Parce que ce baiser, il en était sûr, était la marque d’une curiosité grandissante et, surtout, sincère. Il en était sûr. Et alors qu’Ashton baissait doucement leurs mains jointes, Reilly ne put s’empêcher de resserrer ses doigts contre les siens en répondant à son sourire. Sa main semblait minuscule dans celle de son vis-à-vis, c’était comme si la plus grande protégeait la plus petite. Le petit lorialet sourit à nouveau et tourna rapidement la tête vers les fenêtres du Lost pour repérer la lune, toute brillante et confortablement installée dans son cocon d’étoiles. Décidemment ! Elle le gâtait, ce soir ! Reilly en avait l’impression, en tous cas. Oui, ce soir était un très joli soir.

Et ce fut un Ashton Lyn décidé à lui faire avouer son talent qui tira le petit irlandais de sa contemplation. Ses paroles pénétrèrent son cœur avec rapidité et efficacité, tellement que ce fut comme un choc. Reilly ne savait pas quoi répondre à ses arguments, qui eux aussi semblaient plein d’objectivité, et il clignait furieusement des yeux, la bouche légèrement entrouverte. Là de suite, ça ne le dérangeait pas d’avoir l’air bête. Parce qu’il cherchait à contredire Ashton à tous prix. Non non et non, il n’avait pas de talent particulier…enfin…enfin…il n’était pas un virtu-…enfin…ce qu’il ne pouvait pas nier, c’était que chacune de ses pièces étaient impeccables, conçues et faites avec la plus grande précision et…avec passion. Ca non plus, le petit lorialet ne pouvait pas le nier : son travail lui plaisait énormément, il en était fier, et il était effectivement assez doué pour travailler au Lost Paradise, dont la réputation n’était plus à faire. Et il était perfectionniste, oh que oui. Il allait même jusqu’à tester les costumes quand il n’avait pas de mannequin pour ça, ou quand il n’était pas tout à fait sûr. Même les corsets et autres jupons lestes. Oui. Après tout, il avait déjà été habillé en fille, et pas qu’une fois. Et puis, si c’était pour s’assurer de la qualité d’une de ses créations, Reilly n’hésitait pas ! En plus, il fallait bien le dire : ça lui allait comme un gant. Le petit irlandais grimaça. Hors de question de se vanter de ça ; il était bien plus à l’aise avec ses vêtements de garçon.
Reilly soupira discrètement en plantant à nouveau ses yeux dans ceux de son vis-à-vis. Il ne trouvait rien pour le contredire, et même si sa confiance en lui-même était inexistante et qu’il ne s’avouerait peut-être jamais la vérité, il ne pouvait pas contredire les mots d’Ashton. Alors il haussa les épaules en se mordant la lèvre, tout embarrassé qu’il était, et répondit d’une voix plus timide encore :

« …Thanks... c’est gentil, ce que tu dis. Alors je vais dire que je suis un peu doué alors, enfin assez pour faire le travail ici…mais c’est encourageant ! Je continuerai encore plus beaucoup à faire tout du bon travail, donc ! »

Aussi gêné que ravi, Reilly était surtout reconnaissant envers Ashton. Vraiment, ce jeune homme ne devait pas se douter d’à quel point il l’avait touché, en seulement quelques phrases. Oh, ça ne se voyait certainement pas à l’extérieur, mais le petit lorialet venait d’ajouter une petite tâche de couleur à son monde, grâce à Ashton. Une petite tâche, aussi petite que celle de son œil droit, une petite tâche toute vive, aussi vive que celle de son œil droit. Alors, il reprit la conversation avec plus d’enthousiasme encore.

…Pour regretter ses paroles tout aussitôt, en fait.

« Encore plus, hein ? »

Ah ! S’il avait osé, le petit irlandais aurait laissé son front s’écraser sur le bar en signe de repenti !

« Encore plus ya’ ! Je te trouve déjà très très beau beaucoup beaucoup, tu as une beauté qui sort du lot en plus so I think tu es beau, tout simplement… c’est mon avis en tous cas ! »

Reilly O’Brian, ou l’art et la manière de s’enfoncer avec, en plus, un français qui laissait carrément à désirer. Bon. Si ça n’avait pas été clair la première fois, là Ashton devait avoir bien enregistré la chose. Stupid stupid brain ! Le sourire sensuel de son aîné, accompagné d’un clin d’œil si pétillant de malice, à faire fondre sur place, lui indiqua toutefois qu’Ashton était plus flatté qu’autre chose.
Et le rire franc dudit Ashton, réponse à la tentative de jeu du petit lorialet, finit de le détendre. Mais à peine Reilly avait eu le temps de souffler que les doigts d’Ashton glissaient entre ses mèches blanches. Cette fois-ci, ce fut un brasier qui assaillit les joues du petit lorialet, alors que ses grands yeux s’écarquillaient, pétillants. God, Ash, you win ! La barrière physique était franchie, enfin ! Le regard plein d’envie de Reilly le trahissait allégrement, sans gêne : lui qui avait toujours été tactile, les papouilles étaient un moyen sûr de gagner son cœur. Papouilles adict ? Le petit irlandais en était un, oui, avec les personnes envers qui il avait confiance. Et sa bouille de gamin féru de câlins le montrait bien : Ashton pouvait recommencer son geste, autant de fois qu’il le voulait, quand il le voulait ! Oh, s’il avait osé écouter son cœur et sa tête, Reilly aurait sauté dans les bras de son vis-à-vis ! Pas pour le harceler de câlins, non, seulement parce qu’il était heureux. Après tout, pour n’importe quel O’Brian, les gestes valaient trois fois plus que les mots, et pour Reilly, les mots ne valaient plus grand-chose quand il s’agissait d’affection. Tout passait beaucoup mieux, pas la gestuelle, il comprenait beaucoup mieux. Alors, là, il était sûr qu’Ashton l’appréciait, au moins un peu. Et savoir ça, ça le mettait d’encore meilleure humeur ! Il serra un peu plus ses doigts contre les siens, rayonnant.

Plus attentif encore qu’avant, il observa Ashton rabattre la mèche ébène qui lui collait à la joue, avant de croiser son regard plein d’intérêt.

« Mais parle-moi donc de la tenue que tu me réserves, je suis curieux ! C'est la première fois qu'on me fait une telle proposition, je me demande bien ce qui m'attend. »

Ah ! Reilly cligna des yeux. Il avait presque oublié ! Sa mine se fit d’abord surprise : alors comme ça, personne n’avait proposé cela à Ashton jusqu’à maintenant ? Le petit irlandais s’étonnait, tout en candeur. Quel gâchis ! Comment ne pas être inspiré par une personne aussi spéciale que son aîné ? Il ne comprenait pas…lui avait un milliard de choses en tête ! Des tissus, des couleurs, des coupes, quoi utiliser, de quelle façon…il réfléchissait à une vitesse hallucinante. Les idées passaient dans un sens, repassaient dans un autre, habillées d’une petite précision, coiffées d’une éventuelle option.

« J’ai vraiment trop d’idées au-dedans de ma tête, tu sais ? C’est ta faute, Ash, tu es trop inspirant ! »

Reilly rit, enchanté. Vraiment, il ne savait pas quoi choisir à faire porter à cet homme si particulier. Il lui fallait quelque chose qui le sublime, rien qui le banalise, surtout pas ! It’s goin’ to be fun ! Le petit lorialet jubilait, et ça se voyait. Ses yeux étaient allumés d’une passion qui faisait écho aux idées qui envahissaient sa tête, ses petites lèvres roses et pleines s’étendaient dans un sourire toujours plus grand qu’il mordait, parfois, à cause d’une idée trop tentante, et son visage de poupée respirait, brillait d’une candeur malicieuse, étrangement séduisante, attirante. Reilly se mit à jouer machinalement avec les doigts de son futur modèle, perdu dans ses pensées. Il entremêlaient ses doigts graciles aux siens, les effleurait, les faisaient danser délicatement, tout en visualisant mentalement les possibles tenues. Too much ideas… Pour le pantalon, quelque chose d’un peu serré serait très bien. Le pantalon n’était pas le problème, non, le problème était le haut. Reilly releva ses yeux dans ceux d’Ashton pour l’interroger :

« Tu me donnes de la confiance ? Pour faire ce que je veux ? Parce que je peux faire des choses…how can I put that- ah ! Des choses peut-être en avance pour cette époque ? Sois rassuré, je ne vais pas faire bizarre, seulement…mon style »

Sa phrase se termina par un joli sourire de chaton. C’était vrai : parfois, ses idées étaient avant-gardistes, alors même s’il se disait qu’Ashton ne devrait sûrement pas avoir de problème par rapport à ça, il préférait lui demander. Please say yeeeees~ Les yeux du petit irlandais étaient remplis d’appréhension et d’espoir. Ah ! Peut-être que lui donner un aperçu verbal de ses idées l’aiderait à se décider ?

« Pour le bas, je vois quelque chose de près du corps mais pas trop non plus, donc tu peux être à l’aise partout avec et dans le même temps c’est joli et ça ira bien sur tes jambes. Pour le haut j’ai tout plein des idées, beaucoup beaucoup, alors je ne sais pas trop encore, mais je préfère que ce soit léger, surtout pour l’été vu qu’on y est, donc sûrement de la mousseline. Ah et il y aura un détail azurin aussi quelque part, parce que c’est comme mon œil, c’est ma marque de fabrique ! »

Reilly n’avait pas confiance en lui, mais ses paroles, elles, étaient pleines d’assurance. Même s’il ne savait pas bien expliquer et qu’il manquait de vocabulaire en français, l’image était très claire dans sa tête. La tenue qu’il allait confectionner à Ashton serait tout simplement mirifique. On pouvait lire la détermination sur le visage poupin du petit lorialet, et on pouvait aussi l’entendre dans sa petite voix.

« Oh une autre question, pardon, tu préfères le noir ou le blanc ? »
Ashton Lyn
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Ashton Lyn

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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeDim 2 Aoû - 5:19

Ashton tapotait son tabouret du bout du pied dans un signe flagrant d'impatience. Il avait hâte. Oh, comme il avait hâte! Voir les yeux brillants de Reilly s'agiter, non pas sur lui – car il se trouvait en soi fort inintéressant – mais sur l’œuvre d'art qui naîtrait du tissus finement choisi entre ses doigts d'expert et de son esprit unique et merveilleux. Voilà comment il voulait passer sa soirée, et peut-être même, non, sans doute plus encore. La charmante compagnie que constituait son jeune interlocuteur ne faisait d'ailleurs qu'ajouter à sa certitude. Toutefois, il y avait autre chose. Des demandes qui lui brûlaient la langue et des idées qui enflammaient son âme, des désirs inassouvis qui s'encraient au fer rouge en son sein. Lui montrer ce qu'il était, se défaire de cet ennuyeux apparat et se dévoiler pleinement à la vue innocente de cet être donc il connaissait si peu. En échange, demander à voir, lui aussi, à découvrir. Reilly O'Brian et Ashton Lyn, face à face, dans leur entièreté et leur intégrité, ensemble. Telle était l'image qui agitait le cœur du canidé d'une envie qui ne laissait aucune place à la raison. Pas que le jeune homme avait jamais été raisonnable de toute manière, à vrai dire. Il était un être d'émotions et d'impulsions, un individu des actions et des pensées. Il n'avait jamais été personne à réfléchir avant d'agir – il faisait ce qu'il avait à faire, ce qu'il voulait faire surtout, s'assurant de ne pas répandre un mal quelconque autour de lui, et s'excusant s'il ne parvenait pas à l'éviter. C'était une existence libérale et libertine qu'il était sans doute le seul à pouvoir mener de cette manière, et il se gardait bien de chercher à servir d'exemple. Car s'il était une chose qu'Ash ne pouvait se targuer d'être, c'était cela. Non, il était lui, tout simplement. Et dans cette entité de lui, il voulait ajouter un peu de Reilly.

« J’ai vraiment trop d’idées au-dedans de ma tête, tu sais ? C’est ta faute, Ash, tu es trop inspirant ! »

La maladresse linguistique de son cadet apporta un sourire à son visage. Il se pencha un peu plus sur sa main repliée, le fixant intensément d'un regard pétillant de malice et de plaisir. Oh, comme on le flattait ce soir ! L'innocence des compliments, sans doute, apportait plus de charme encore aux propos du garçon. La spontanéité du couturier était attirante et plaisante. Dans un jeu de séduction, Ashton se plaisait à sous-entendre ses louanges, et à les recevoir de la même manière, mais cette surprenante franchise l'amusait au moins tout autant. Et comme offrir sa couche à son interlocuteur ne l'intéressait pas le moins du monde, il se prenait à en profiter d'autant plus. Avec un clin d'oeil, il se pencha et souffla :

« Tu peux dire "dans", c'est plus correct je suppose. Bien que je trouve ton accent à croquer, pour tout te dire. Le garder ne posera pas soucis ! »

Il but la dernière gorgée de son whisky, savourant pour l'ultime brûlure, délicate caresse au creux de ses entrailles, puis se tourna de nouveau vers Reilly. Celui-ci, à sa grande surprise, à son grand plaisir aussi, répondait vivement à son étreinte. Une réciprocité qui répandait une chaleur délicieuse dans la poitrine du canidé, tant il était heureux de constater que pour une fois, son côté tactile ne poserait nullement soucis dans son interaction avec le petit irlandais.

Mais déjà, les idées fusaient dans les yeux bleus de ce dernier, offrant à un bon observateur le miroir de ses songes. L'expression d'Ashton se fit plus fascinée encore et il se pencha légèrement vers lui, attentif, captivé. Les pensées du couturier ne tardèrent pas à prendre forme et son, et ce fut avec animation que son corps frêle dessina ses envies au rythme des palpitations de ses lèvres rosées, de ses gestes passionnés, de leurs doigts entrelacés qui dansaient les uns contre les autres. Pas une fois il ne lâcha du regard cet individu magnifique qui exposait à lui des idées auxquelles il n'accordait que très peu d'importance. Il se fichait éperdument de la tenue que lui offrirait Reilly, pourvu que celle-ci soit confectionné de ses mains graciles et de son esprit tout en couleurs. Son sourire s'agrandit et il pencha sa tête sur le côté.

« Nul besoin de me demander, kid. Fais donc comme tu l'imagines, tu es l'expert, pas moi. »

Et c'était vrai. Il pouvait sans peine se dessiner les milles reliefs et fioritures que fabriquait déjà l'esprit splendide de cet artiste entier. Ce qu'il désirait serait le résultat non pas de son envie, mais de celle de cet enfant au cœur d'adulte, de cet adulte au corps d'enfant. Ashton étendit son bras libre pour se désigner tout entier, ajoutant à ce geste un clin d’œil lascif.

« Je suis tout à toi. »

Il croisa et décroisa ses jambes, offrant un spectacle involontairement langoureux à son interlocuteur. Il était intéressé, il était séducteur, il était volontaire. De nouveau, il sourit:

« Et c'est avec plaisir que je m'offre tout entier. »

Son ton allait bien plus loin que ses pensées, une fois de plus, mais il y avait sans doute là une part de conscience pleine, de parti pris. Ou peut-être avait-il tant pris l'habitude de paraître prêt à charmer qu'il en oubliait comment ne pas l'être. Ce n'était toutefois pas une question qu'il se posait, de toute manière. Non, ce qu'il se demandait, c'était comment l'intégralité de Reilly O'Brian fonctionnait, comment cette merveilleuse mécanique s'actionnait et comment cet être délicieux pouvait le gratifier de sa présence en ce monde. Il voulait savoir... tout. Et il était désormais temps de le demander:

« Puis-je te demander un service en retour ? Bien moindre je l'assure... Du moins je l'espère. »

Il sourit, il s'avança, s'approcha, planta son regard dans celui, brillant de bleu, de son interlocuteur, et souffla ses dernières paroles:

« Répondras-tu à mes questions ? »
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeMer 14 Oct - 12:52

« Tu peux dire "dans", c'est plus correct je suppose. Bien que je trouve ton accent à croquer, pour tout te dire. Le garder ne posera pas soucis ! »

Oups…
Reilly avait une grosse carence en grammaire. Parfois même, niveau français, il se pensait légèrement illettré. Ah…le vocabulaire français… C’était quand même très difficile, même pour lui, petit être lunaire constamment assoiffé de connaissances. Il baissa les yeux quelques instants, un nouveau petit sourire venant poindre au le bout de ses lèvres alors qu’un joli souvenir traversait son esprit. Quand James et Aedan avaient essayé de lui apprendre à dire « bonjour » en français… Ah ! Que ça avait été fastidieux ! Quelle lettre, ce « r » !  Quel son ! Il était vrai qu’en anglais, les sons étaient beaucoup plus…ronds. Ronds, comme des caresses, doux ; une langue chantante en tous points. Le français, lui, était plus sec, plus vif, mais tout aussi agréable à l’oreille, du moins pour Reilly. On disait souvent, en plus, que le français était la langue de la littérature. Enfin, sa mère le lui avait souvent dit. Pourquoi ? De ce qu’elle lui avait expliqué, c’était à cause de, ou plutôt grâce à tous les synonymes que comprenait la langue française. Aussi, un des plus gros avantage pour les écrivains et leurs confrères poètes, c’étaient les conjugaisons. Tant de conjugaisons… ça servait bien aux gens de la littérature, oui, pour créer tout plein de nuances possibles et inimaginables, plein de précisions.
Reilly avait toujours voulu lire un roman français. Pour le moment, avec son manque de vocabulaire, ce n’était pas possible. Seulement, là, alors qu’Ashton lui offrait un nouveau regard pétillant de malice et d’intérêt, il se promettait qu’une fois assez de vocabulaire engrangé dans sa mémoire, il passerait ses nuits à lire de grands romans. Peut-être même pourrait-il essayer d’écrire ?

« Alors je garderai mon accent si tu l’aimes. Merci monsieur le professeur. »

Un autre petit « r » tout léger vint gratter délicatement le fond de son palais quand il prononça le « monsieur » qui désignait son très charmant interlocuteur, en même temps qu’il lui adressait un sourire gracieux et taquin. Oh, il le faisait sans arrière pensée, évidemment ! Ashton le mettait vraiment à l’aise et, puisqu’il voyait bien que rien d’autre que la tenue qu’il allait lui offrir l’intéressait, il se plaisait à jouer d’autant plus. Lui, il appelait ça le « jeu de la découverte ». D’un côté, il avait envie de se livrer à lui, mais de l’autre, il voulait faire durer ce moment le plus possible, celui où, pour Ashton, il était toujours cet inconnu, ce gamin au visage poupin et aux cheveux pâles, qui lui tenait la main alors qu’ils venaient à peine de se rencontrer. Ils devaient certainement s’attirer quelques regards inquisiteurs dans le bar, oui, puisqu’ils formaient un couple si étrange. Détonnants, par leurs carrures, par leur apparences, tellement différents l’un de l’autre, tellement différents des autres en général qu’au final, ils étaient pareils, tous les deux.

Mais quelque chose que Reilly O’Brian oubliait malheureusement constamment était la vivacité de ses yeux, et leur totale transparence ; il était facile, pour quiconque d’aussi particulier que lui, d’analyser ses pensées à travers son regard. Evidemment, son cerveau lui rappelait toujours ce fait au dernier moment. Quand, par exemple, il se mettait à penser qu’il avait vraiment beaucoup trop envie de se rapprocher de cet Ashton Lyn. Le bleu de ses grands yeux s’illuminait à la moindre pensée excitante, c’était aussi comme si la tache azurin dans son iris brillait plus encore qu’a son habitude. Et là, alors que le petit lorialet réalisait que ses yeux faisaient preuve d’une non-pudeur émotionnelle sans nom ni gêne, il se trahissait une nouvelle fois en rougissant. D’abord roses, puis d’un rouge doucereux, avant d’arborer un pourpre timide mais tout à fait charmant, ses joues collaboraient décidément trop bien avec ses yeux pour le mettre dans l’embarras.
Et voilà qu’en plus, alors qu’il lui déballait ses projets de couture, Ashton venait en rajouter.

« Nul besoin de me demander, kid. Fais donc comme tu l'imagines, tu es l'expert, pas moi. »


Avec un grand sourire, en plus. Un expert ? Non, non non non, il avait juste de l’inspiration, pas besoin de lui jeter des fleurs alors que son travail n’était même pas encore mentalement aboutit !
Mais le grand brun tatoué très charmant qui servait d’objet d’étude et de modèle au petit couturier ne s’arrêtait pas là. Reilly écarquilla légèrement les yeux alors qu’il le voyait écarter les bras et décroiser les jambes. Que diable faisait-il ? Dans ces moments de doute, Reilly se sentait vraiment démuni. Ou plutôt, il avait l’impression de se transformer en pré-adolescente innocente et facilement impressionnable, qui n’avait jamais rien connu d’autre que les caresses des mains de ses parents sur ses joues, qui rougissait à cause d’un clin d’oeil séducteur, lascif, d’un quasi-inconnu, à cause d’un spectacle involontairement langoureux.

« Je suis tout à toi. »

A cause d’une déclaration si soudaine, pourtant innocente.

« Et c’est avec plaisir que je m’offre tout entier. »

Ecrevisse. Les joues de Reilly étaient couleur écrevisse.
C’était la faute d’Ashton. Ah ! Tous ces compliments ! Oh, Reilly se doutait bien que son nouvel ami ne tenait en aucun cas à le séduire, son ton n’était certainement pas sérieux, en tous cas il ne devait pas avoir fait exprès d’avoir parlé sur un ton si…mais les compliments qu’il lui faisait ! Et en plus il s’offrait à lui, physiquement, pour lui servir de modèle ! Trop ! C’était tout juste trop pour lui ! Quelques minutes, c’était bien trop pour Reilly, pour se contenir, alors…

« Ash, sorry mais là je suis obligé de le faire… »

Sans le lâcher des yeux, son regard ancré dans le sien, le coeur battant plus vite qu’il n’avait battu jusque là, Reilly craqua.
Sans crier gare, il lâcha la main de celui qui attisait tant son intérêt, se leva de son tabouret, se hissa sur la pointe des pieds pour…lui offrir un câlin plein de reconnaissance. Ridicule, sûrement, sur la pointe des pieds, à enlacer le torse de son aîné de ses petits bras frêles et à coller sa petite joue contre lui, mais tellement bon, en même temps. Etrangement, dans cette étreinte, alors qu’ils se connaissaient à peine, son petit coeur de lorialet se sentait tout à fait à l’aise et apaisé, et son petit coeur d’irlandais se réjouissait plus que jamais de ce cocon que lui offraient les bras d’Ashton. Il se sentait en sécurité.

« Chez moi on dit merci avec des câlins. »

Les yeux fermés pendant les quelques secondes que dura le câlin, Reilly se sentait plus proche encore d’Ashton. Physiquement, évidemment, mais aussi par un autre chose qu’il ne pouvait pas définir. Pour lui, il y avait plusieurs sortes de câlins. Celui-là était plein de bonheur. Et d’amusement, aussi, puisqu’il lâcha un petit rire en défaisant son étreinte.

« Pardon si c’est bizarre, seulement c’est parce que je suis content. »

Ses petites lèvres tordues dans un mimique ravie, alors qu’il reprenait place en face d’Ashton, témoignaient effectivement de sa joie.
Vraiment, ça pouvait sembler rien, pour à peu près tout le monde, mais pour Reilly, pouvoir créer un vêtement pour quelqu’un qui le fascinait, plus encore une tenue…ça tenait quasiment du rêve. Son cerveau s’emballait tellement, ses idées fusaient tant qu’il ne savait même plus où donner de la tête. Les idées qui lui paraissaient bonnes faisaient leur chemin jusque dans sa mémoire à long terme dans le but d’être affinées, polies, et les autres tombaient dans un coin sombre de sa tête pour ressortir à une autre occasion.

Reilly reprit la main d’Ashton dans la sienne, doucement, timidement presque, au cas où son câlin l’ait trop déstabilisé et qu’il ne tienne donc plus à garder de contact physique avec lui, puis il lui offrit un sourire brillant de sincérité et d’innocence la plus pure. Déjà, mentalement, il commençait son travail d’orfèvre. Souvent, on pensait que la couture consistait à coudre des tissus les uns aux autres, avec plus ou moins de précision, plus ou moins de fantaisie, mais c’était bien plus que ça ! Un couturier devait d’abord, évidemment, concevoir le vêtement, l’imaginer sous toutes ses formes et sous toutes ses coutures, littéralement. Comment arriver à ceci, comment changer cela… tout, vraiment tout était à envisager, peut-être même fallait-il modifier certains détails sur le vif, au tout dernier moment, parce que ça n’allait pas ou parce que c’était, en fin de compte, inutile. Tant de travail invisible qui faisait passer un simple couturier au niveau d’artiste. Car, un artiste, pour Reilly, c’était une personne qui faisait passer des heures de labeur aux oubliettes quand le public constatait le résultat final. Les artistes du Lost, par exemple, possédaient tous cette qualité de magicien.

L’esprit du petit couturier était tellement pris par toutes ses idées que, l’espace d’un instant, il aurait presque pu oublier son modèle. Heureusement, et juste à temps, il reporta son entière attention sur lui, en resserrant légèrement ses doigts dans les siens.

"Puis-je te demander un service en retour ? Bien moindre je l'assure... Du moins je l'espère."

Un service ? Reilly fronça légèrement les yeux. Un service, hein…
En général, il n’avait pas de mal à accéder aux demandes des gens. Mais ça dépendait quand même des demandes. Mais bon, Ashton Lyn étant Ashton Lyn, Reilly se dit qu’il ne pourrait certainement pas lui refuser quoi que ce soit. Parce qu’Ashton avait cette présence, ce charisme qu’il sentait effleurer sa peau, une sorte d’aura invisible qui lui donnait un pouvoir de roi, par rapport à lui, sans qu’il en soit conscient.

"Répondras-tu à mes questions ?"

Reilly rit doucement et porta sa main libre à sa bouche pour cacher son sourire. Il pencha la tête sur le côté, amusé, et planta à nouveau ses yeux dans ceux de son aîné. Il avait soufflé, comme un secret, sa dernière question. Petite précision qui avait arraché un frisson discret au petit lorialet. Il ne voulait pas répondre à certaines questions, non, et il sentait qu’Ashton, s’il répondait, risquait d’approfondir sur certains sujets dont il n’avait pas envie de parler. S’y risquerait-il, toutefois ? Oui, aucun doute possible. Peut-être pas ce soir, non, mais dans le futur.
Ah ! Le choix était difficile !
Reilly se pencha légèrement en avant, miroir de son interlocuteur, et souffla tout bas, sur un ton joueur :

« Je ne sais pas. Peut-être ? »

Il avait envie de faire un peu de chantage, dans le seul but de protéger ses secrets. Reilly était parfois très doué en marchés. Très éloquent, même, quand il était à l’aise, ou pour se protéger. Là, il était à l’aise, mais il ne savait pas s’il devait se protéger ou pas. En vérité, il se sentait en sécurité avec Ashton. Pourquoi se protéger de lui, donc ? Parce qu’ils ne se connaissaient pas encore suffisamment pour qu’il l’autorise à poser ne serait-ce qu’un doigt sur des sujets plus privés que son travail ? Et puis, même, il n’était pas très intéressant, de toute façon, comme garçon. Un jeune homme à l’air de gamin, c’était bien moins intéressant qu’un homme qui respirait le voyage. Ashton, lui, avait l’air passionnant ! Reilly lui sourit un peu plus. Pour gagner un peu de temps et pouvoir réfléchir un peu  plus, il relança :

« Si tu es sage, Ash, je répondrai. »

Ajouté à sa condition, un air taquin fronça délicatement son petit nez.
Le petit lorialet avait pour habitude de jouer les garçons mystérieux, le soir, mais il se doutait bien qu’avec ce Monsieur Lyn ce n’était pas la peine. Lui l’était déjà, et, Reilly le savait, il ne voudrait pas se livrer non plus. Il le sentait aussi : tous deux étaient de vraies anguilles.
Il rapprocha son visage du sien, son sourire plus étendu encore, pour chuchoter :

« Que veux-tu savoir, Ashton Lyn ? Demande-moi, et je répondrai peut-être… »

Et, comme pour l’imiter, plus joueur encore, le petit lorialet se fendit d’un regard lascif tout à fait désirable, suivi de la requête qui lui tordait le ventre depuis qu’Ashton l’avait interpelé.

« Mais toi aussi, tu répondras à mes questions ? »
Ashton Lyn
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeVen 16 Oct - 18:50

Embarras, gêne et rougeurs, autant de réactions qu'Ashton se faisait un malin plaisir de provoquer. Il ne le faisait, en soi, pas toujours exprès, se délectant toutefois systématiquement de ces jolies fioritures qui parfois ornaient le visage de ses interlocuteurs. Plus encore, il se réjouissait de savoir qu'elles étaient causées par de la joie plutôt que de la peine. C'était le cas de Reilly. Le garçon ne savait vraisemblablement pas accepter les compliments, un fait qui n'eut su être qualifié d'autre qu'adorable. Son fin minois dévoilait désormais un rouge chatoyant de confusion, se plissait par endroits, se mouvait et se changeait sous les émotions brûlantes qui l'agitaient. Se rendait-il compte du charisme enfantin qu'il projetait ? Sans doute. Le sourire du canidé se fit plus malicieux encore.

« Ash, sorry mais là je suis obligé de le faire… »

L'intéressé n'eut pas le temps de pencher la tête en signe d'interrogation que deux petits bras s'enroulèrent autour de son corps. La fracture était affolante. D'une part lui, Ashton, chien des Enfers, Mort, Monstre, massif et robuste, et de l'autre Reilly, presque enfant, à l'âme à la fois innocente et épicée, frêle au point d'en être fragile. Le canidé avait l'impression qu'on eut pu briser son compagnon d'un soupir. Répondant sans vergogne à l'étreinte, il prit inconsciemment soin de ne pas serrer trop fort, de ne pas appuyer, de ne pas forcer. Le petit irlandais eut pu être une poupée de porcelaine qu'on eut tout juste fait la différence. Le pressant ainsi contre lui, l'être des Enfers prenait soudainement conscience de la précarité d'une telle vie, de cette folle instabilité dont semblait être constituée sa nouvelle connaissance. Éphémère et vulnérable, tellement vulnérable qu'il se demanda comment il pouvait survivre au monde. Était-ce en lien avec son espèce ? Si tel était le cas, Ash n'était pas certain de parvenir à l'identifier. C'était une sensation tristement incroyable, comme son cadet paraissait périssable entre ses doigts, vivant sous une épée de Damoclès plus tranchante encore que toutes les autres et proche, si proche de sa maigre stature. Un instant, le jeune homme se prit à resserrer son étreinte, par désir de le palper sans doute, de le rendre plus vivant sous son toucher, de saisir davantage à quel point, malgré tout cela, il demeurait fort et vif. Un étrange instinct le prit alors. Une envie de le protéger, un peu, de lui montrer le monde et de l'en préserver à la fois. Un éclat de rire amusé lui échappa. C'était ridicule. Il connaissait tout juste ce gosse, n'avait aucune idée de son passé, de son présent, ne savait de lui que quelques rares choses et n'en saurait peut-être jamais plus. Comment pouvait-il prétendre à pareil titre ? Depuis quand en avait-il seulement envie auprès d'inconnus en âge de s'occuper d'eux-mêmes ? Peut-être était-ce là le problème, au fond. Reilly prenait-il soin de lui ? À sentir la maigreur du corps pressé contre le sien, Ash n'en était pas certain.

« Chez moi on dit merci avec des câlins. »

Un sourire sur les lèvres percées, un regard brûlant d'amusement. Une chaleur agréable s'était répandue dans l'interstice de leurs deux statures, les enveloppant dans un cocon doucereux qui ne déplaisait pas au canidé. Il rendit à son interlocuteur une face aimable.

« De rien... »

Le mot, soufflé, presque suggéré, au creux d'une oreille déjà rougie par le passé. Reilly semblait heureux. Mieux encore, il l'était. Ses yeux pétillants de malice, son visage de porcelaine tordu par le bonheur, sorti d'un masque dans lequel il eut aisément pu s'enfermer. C'était fou ce que quelques compliments pouvaient apporter à quelqu'un. Brusquement, Ashton se trouva à se demander si les petits bourgeois qui échangeaient leurs politesses ressentiraient jamais cette joie profonde. Sans doute pas. Revenant à la conversation, et tendant ses longs doigts dentelés jusqu'aux mèches pâles de son cadet, il l'ébouriffa tendrement.

« Ne t'excuse pas, kid. »

La suite des événements fut pour le moins... intéressante. À chacun de ses mots, chacune de ses actions, son vis-à-vis réagissait, son minois s'agitait, son petit corps frêle se mouvait. Méfiance, mystère, éloquence. Reilly jouait des mots et des attentions avec une dextérité nouvelle, comme revenant à des sources insoupçonnées de malice et de confiance. Loin du garçon timide et rougissant, celui-ci manipulait désormais la situation sans gêne aucune. Réflexe de protection, méfiance chronique ou simple divertissement, peu importait. Ash le laissa faire.

« Si tu es sage, Ash, je répondrai. »

Un éclat de rire amusé secoua les larges épaules de l'ancien marin. Le son, à la fois rauque et mélodieux, résonna dans les airs saturés d'odeurs. Il posa son coude sur le comptoir, plaça son menton dans la paume de sa main, un sourire brillant aux lèvres.

« Sage ? Oh, je crains que tu ne soies pas en train de parler à la bonne personne pour ce qui est d'être sage, Reilly ! »

Son regard pétillant de malice explora celui de son interlocuteur tandis qu'il jouait avec leurs doigts entrelacés, les mouvant souplement contre la peau de marbre. D'un mouvement de bassin, il rapprocha son tabouret. Lorsqu'il s'avança, son visage était tout près de celui du garçon.

« What shall I do to be good ? » (Que devrais-je faire pour être sage ?)

Étonnement, l'intéressé approcha à son tour sa face de la sienne, susurrant en son nom quelques paroles mystérieuses sous forme d'invitation à la curiosité. Le sourire d'Ashton dévora ses traits, enflamma l'atmosphère et l'érigea en feu de joie. Cette soirée s'était épicée à en obtenir une saveur unique et salvatrice. Il avait hâte, terriblement hâte de partager quelques informations avec son compagnon. Toutefois, la première question qui frôlait déjà ses lèvres n'était pas de celles qu'il pouvait énoncer en publique. Pour échanger correctement, pour lui dévoiler sa nature, il lui faudrait plus d'intimité. Alors, doucement, il se pencha plus encore, frôla presque l'oreille de Reilly tandis qu'il lui soufflait :

« Il est des choses que je ne peux te demander ici... »

Une brusque pulsion. Une envie, un soudain désir. Son visage, ravageur, son regard, invitation. Faisant fi des regards déroutés qui convergeaient vers eux, le canidé pressa leurs fronts ensembles. Il sentait là la chaleur, la vie, l'âme volubile du petit être chétif qui partageait sa soirée. L'odeur était sous-jacente, délicieuse. Et il voulait apprendre. Son regard, alors, n'avait d'humain que la couleur.

« Saurais-tu où nous rendre pour un peu de recul ? Il faudrait que nous soyons seuls... »

Plus que tout, il était provoquant. Séducteur, consciemment ou pas. Il invitait, il découvrait. Il partageait. Ce soir, ce serait avec Reilly. Reilly O'Brian, le garçon qui n'en était pas un, d'une fragile espèce qui semblait pouvoir se briser en deux. Il était fasciné et curieux, enchanté. Son sourire suave aux lèvres, il se recula, termina son whisky d'une gorgée.

« Je répondrai à tes questions, alors. Qu'en penses-tu ? »
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MessageSujet: Re: De fil en aiguille [ft Reilly]   De fil en aiguille [ft Reilly] I_icon_minitimeLun 25 Jan - 14:11

« Sage ? Oh, je crains que tu ne soies pas en train de parler à la bonne personne pour ce qui est d'être sage, Reilly ! »

Ah bon ? Reilly vit ses épaules se faire doucement secouer par un petit rire plein de sarcasme. Il n’aurait jamais au grand jamais pensé qu’Ashton n’était pas du style à rester en place s’il ne l’avait pas précisé, absolument pas ! Plus sérieusement, l’étonnante taquinerie maligne dont ce voyageur tempéré faisait preuve depuis le début de leur conversation était bien plus agréable à Reilly que n’importe quelle forme de sagesse morose dont beaucoup trop de personnes étaient dotées.

« What shall I do to be good ? » (Que devrais-je faire pour être sage ?)

Alors qu’il jouait encore et toujours avec les doigts matures et pourtant si doux de son compagnon, le petit lorialet ne se refusa pas une petite suggestion de plus :

« You shall please me in order to be considered good, my very dear. » (Tu dois me faire plaisir, mon cher, pour être considéré sage.)

Le « shall » employé conférait à Reilly une supériorité qu’habituellement il ne se serait jamais accordée, et certainement pas en se pensant sérieusement au-dessus de son vis-à-vis, mais il s’était dit que l’humour d’Ashton, si proche du sien de ce qu’il paraissait, saurait apprécier ce petit jeu linguistique intempestif. Après tout, voir un petit bout d’homme donner des ordres à quelqu’un de deux fois sa taille était très certainement risible. Et ça l’était réellement, pour lui en tous cas, tandis que de plus en plus de visages étonnés les regardaient plus ou moins discrètement depuis un peu partout dans le bar. Ah ça, ils devaient en créer, une ambiance particulière !

Surtout là, alors que Reilly remarquait les commissures des lèvres de son aîné grimper, encore et encore, le long de ses joues, comme pour atteindre le haut de ses pommettes charmantes et enjouées, tordues maintenant, tout comme les siennes, sous une joie nouvelle et terriblement impatiente. La curiosité était une bien belle créature, jugea Reilly en dévisageant son cher Ashton, capable de déformer un visage dans le moindre de ses traits, capable de tourmenter le coeur et l’estomac, de les tordre, de les secouer. C’était donc cela que tout le monde appelait « avoir des papillons dans l’estomac » ? La curiosité voyageait donc dans le petit corps du couturier, accompagnée de papillons aux ailes doucereuses, alors qu’Ashton reprenait la parole :

« Il est des choses que je ne peux te demander ici... »

Ah ! Qu’il avait envie de dire la même chose ! Qu’il avait envie de lui demander quelle était cette impression étrange qu’il avait ! A ses yeux, Ashton était bien trop curieux pour être humain. Enfin, il était bien trop exceptionnel pour être humain. Et s’il n’était pas un dieu, il devait bien être quelque chose d’autre, non ? Il le sentait, quelque chose n’était pas « normal » chez Ashton Lyn, et ce quelque chose s’amusait à lui retourner les tripes depuis qu’il avait posé ses yeux sur lui. Quelque chose les rapprochait plus que de simples points communs, et il avait vraiment envie de savoir ce que c’était. Quelque part, Ashton lui faisait penser à Llewyn, ou à Ziggy. Eux aussi étaient si spéciaux, pas humains, pas divins, mais particuliers. Sa soif de savoir lui arrachait la gorge.

Et cet être qui l’assoiffait pressa son front contre le sien, envoyant valser tous les codes de leur société trop bien organisée et monochrome, les rapprochant plus encore que seulement physiquement, peut-être sans le savoir, et il venait d’achever Reilly, peut-être sans le savoir non plus. Ah !Qu’il aurait aimé l’embrasser ! S’ils avaient été seuls, il l’aurait fait ! Non pas par amour, mais pour le remercier. Bien que particulière, cette manie habitait Reilly depuis son plus jeune âge. Ce petit couturier n’embrassait pas par amour, jamais, mais pour remercier. Et dieu qu’il avait envie de remercier Ashton de lui offrir la possibilité de l’étudier, de lui poser les mille questions qui fusaient dans tout son cerveau, aussi, de lui offrir une si belle soirée, loin de l’ennui et de la monotonie de sa solitude. Dans ces situations, Reilly envoyait complètement valser sa nature réservée de lorialet et il remerciait sa mère et son oncle du plus profond de son coeur de l’avoir forcé à sortir de son grenier quand il était encore tout marmot et timide.

« Saurais-tu où nous rendre pour un peu de recul ? Il faudrait que nous soyons seuls... »

Evidemment qu’il savait ! S’il avait bien fait quelque chose depuis son arrivée à Paris, à part des costumes de scène, c’était explorer les environs du Lost. Bon, en ligne droite seulement, puisque dès qu’un chemin impliquait de tourner à gauche ou à droite, il se perdait. Mais il connaissait un endroit calme et isolé du boucan de la ville, parfait pour se parler avec les idées au clair !

« Je répondrai à tes questions, alors. Qu'en penses-tu ? »

Que répondre d’autre à ce visage si charmeur et intéressant que oui ? Reilly se retint encore une fois de presser ses lèvres contre celles de son compagnon et il alla baiser son front avec une force aussi douce que lui paraissait poupin.

Sans prendre le temps de lui répondre, le petit lorialet sauta de son tabouret  tout en saisissant la main de son voyageur adoré et s’equipa de son meilleur accent français pour lui glisser :

« Par ici monsieur, c’est par là que commence notre histoire ! »

Ajoutez à cette indication quelques pièces pour le barman, un rire de gamin plus heureux que jamais, et vous obtenez un Reilly champion de marathon. Il traversa tout le bar en courant, ignorant les regards inquisiteurs et perturbés qui les dévisageaient, serrant plus fort les doigts d’Ashton dans les siens alors qu’ils sortaient de ce paradis qu’était le Lost pour affronter la chaleur agréable du soir.

C’était fou comment Reilly pouvait courir vite, malgré ses petites jambes et ses pieds nus. Il battait le pavé en tirant son aîné avec une hâte de plus en plus palpable, ruant entre les parisiens offusqués, forçant le passage quand il le fallait, habille de sa petite taille et de sa finesse. Il se faufilait partout, entre les basques des jupes de ses dames, entre les canes de ces messieurs, et quand il rencontra un fiacre tout aussi pressé que lui qui arrivait sur sa droite il décida, prudemment… d’accélérer sa course pour parvenir de l’autre côté de la rue avant de se faire écraser. Reilly était un petit irlandais plein de prudence et de raison. Et puis, pour lui, puisqu’Ashton était grand et fort, il devait certainement courir vite aussi.

Peut-être, cependant, était-il moins maladroit que lui ? Un pavé plus bas qu’un autre fit froncer les sourcils au couturier qui, déstabilisé mais bien décidé à ne pas tomber devant son ami, effectua une pirouette digne des plus beaux numéros de Narcisse, plus ou moins, avant de se rattraper sur un pied pour poser l’autre devant et continuer à foncer droit devant. Ce soir, rien ne pourrait se mettre entre Ashton et lui. Pas après qu’il lui ait proposé de répondre à ses questions. Là, il ne faisait plus attention à rien. Tout était flou autour de lui, même le petit chat qui miaulait au bas d’un hôtel particulier, même la vieille dame qui pestait après le chat, de l’autre côté de la rue. Tout ce qu’il voyait c’était son petit coin à lui, qui se rapprochait de plus en plus, et là lune, juste au-dessus de lui. Elle devait être contente pour lui, ce soir.

« On y est presque ! Tu suis ? »

C’était bien la peine de s’inquiéter de cela à à peine une minute de distance  de l’arrivée. Enfin, en resserrant un peu plus sa prise sur sa main, Reilly s’assurait qu’Ashton ne lui avait pas fait faux bond. Son sourire de poupée s’agrandit encore en le sentant toujours derrière lui. Juste à temps pour entrer dans ce parc dont Reilly ne connaissait pas le nom mais qu’il trouvait si mignon. Maintenant, ils n’avaient plus qu’à sauter entre quelques buissons et ils y seraient. D’abord, le petit irlandais s’assura que personne n’était au alentours, ensuite il sauta le premier buisson, enfin il s’arrêta devant un autre. Là seulement il se permit de haleter bruyamment.

« Ah… ça faisait longtemps que je n’ai pas couru comme ça ! »

Ignorant la concordance des temps et son accent qui ressortait pas mal beaucoup, il tourna gracieusement son visage d’enfant vers celui d’Ashton pour le prévenir.

« Allez hop ! Sur les quatre pattes et tu me suis, c’est derrière. »

Aussitôt dit aussitôt fait, le petit lorialet rapetissa encore en se mettant à quatre pattes pour écarter quelques branches de l’amas de verdure qu’il avait en face de lui. Heureusement, il avait mis un pantalon noir, ce soir. Son museau d’abord, il passa aisément entre les feuilles de la porte de son sanctuaire de tranquillité, et il tâcha de créer un passage suffisamment large pour y laisser entrer Ashton. Enfin ils y étaient !

Son petit coin de paradis à lui, isolé entre les buissons et les arbres, complètement caché du reste de la civilisation parfois trop envahissante à son goût. Seule une mince ouverture entre les branches des arbres, quand il relevait la tête, lui permettait d’apercevoir le ciel. Il faisait sombre, dans cette cachette, mais assez clair pour voir le moindre trait du visage de quelqu’un, une fois ses yeux habitués à la semi-pénombre. Et en plus, ce soir, la lune trônait pile sur la fenêtre de branches, offrant aux deux coureurs une visibilité parfaite.

Reilly s’écrasa sur le dos en étoile de mer, profitant de la fraîcheur de l’herbe moelleuse que l’ombre des murs de végétation avaient conservée depuis le matin, et il poussa un long soupir afin de se remettre de sa course, les yeux fermés. Sa poitrine se soulevait rapidement, ses lèvres entrouvertes aspiraient l’air aussi vite qu’elles le soupiraient. Sa chemise, qui avait perdu un bouton durant sa course, emporté par l’impatience à toute épreuve du lorialet, tombait légèrement sur son épaule et dévoilait la peau de son cou si fine et si pâle que ses veines, aussi fines que lui, paraissaient palpables, bien que floues. Même, on pouvait presque les voir grossir et s’affiner au fur et à mesure que le sang pulsait à l’intérieur. Reilly porta le dos d’une de ses mains à son front que l’effort avait humidifié et dégagea de ses yeux les mèches rebelles que ses cheveux lui avaient envoyées à la face. Ses cheveux immaculés d’ange reposaient, eux, tranquillement sur l’herbe tandis que ses yeux, plus bleus que jamais, s’ouvraient enfin pour se planter dans ceux d’Ashton. Ils clignèrent doucement, pleins de grâce et de douceur, et ses petite lèvres pleines offrirent un sourire plein de charme à son interlocuteur.

« Alors, Ashton Lyn, qu’est-ce que c’est que tu veux savoir depuis tout à l’heure ? »
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