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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Une calme matinée [PV Morgan]

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MessageSujet: Une calme matinée [PV Morgan]   Une calme matinée [PV Morgan] I_icon_minitimeSam 21 Juil - 21:41

La veille au soir, j'avais reçu un télégramme de mon frère m'annonçant que mon beau-père était à Paris et qu'il serait peut être de bon ton que je vienne le saluer. Je m'étais senti comme envahit par les glaces et j'avais quitté ma journée de travail en annonçant que je serais absent le lendemain. Il n'était pas envisageable pour moi que cet homme débarque au commissariat et demande à me voir. Si Aldrick tolérait le chaos ambiant dans lequel je travaillais, lui n'hésiterait pas à m’humilier devant tout mon service. J'avais donc fuit.

J'avais tellement fuit que j'avais fini dans le marais à boire verre sur verre dans ce qu'on appelait une maison de sociabilité et qui n'était rien d'autre qu'un bordel déguisé en bar. Mais pas n'importe que bordel. Quand j'étais si misérable, ce n'était pas dans les bras d'une femme que je courrais me réfugier…

Il devait être 5h du matin quand j'avais quitté les lieux. Toujours saoul mais apaisé par les plaisirs de la chair et la bourse vide. Renonçant à rentrer chez moi, où je risquais de tomber sur l'intrus, je errais un moment dans les rues de Paris sans me rendre compte que mes pas me guidaient inconsciemment vers les bords de Seine. Je trouvais un point d'herbes quai des Celestins entre le pont Louis Philippe et le pont Marie et je m'y installais.

Il faisait encore nuit et je laissais mon regard errer devant moi. Quelques péniches passaient mais je savais que je n'étais pas du bon côté pour en voir beaucoup. J'avais en face de moi l'île Saint Louis et de l'autre côté de celle-ci, sur l'autre rive, se trouvait le quai de la Tournelle et le Port de Paris. Depuis deux ans que j'étais à Paris, j'avais tout fait pour éviter ce lieu. Et il était fort probable que c'était là que se trouvait mon beau-père, hébergé dans les locaux de son entreprise.

Et encore une fois, j'avais pris la fuite. Je n'étais pas rentré chez moi de la nuit et je n'étais même pas certain de le faire dans la journée, j'avais fuit mon travail… Je ne voulais pas me retrouver en face de lui, être plongé dans cette ambiance horrible de mon enfance, être jugé, être rabaissé, devoir devenir un autre que moi-même… J'aimais ma vie à Paris et j'en oubliais ces temps à Rouen. Bien sûr je m'inquiétais pour mes jeunes frères et sœurs, mais que pouvais-je faire face à cet homme ? J'avais beau être un officier supérieur de police, Commandant d'un Commissariat parisien, quand son regard se posait sur moi, je n'étais plus rien.

Je soupirais. Penser à tout ça me faisait dessaouler un peu trop vite à mon goût et les effets de ma nuit blanche commençaient à se faire sentir. Je m'installais confortablement dans l'herbe, roulant ma veste sous ma tête pour m'en faire un oreiller et j'observais les étoiles… du moins ce qu'on pouvait en voir depuis le centre de Paris. Il restait peut être une heure de nuit avant le lever du soleil, déjà le ciel s'éclaircissait légèrement. Par chance, il ne faisait pas trop froid et je sentais que mes yeux n'arrivaient plus à faire le point. J'étais épuisé et l'alcool commençait à envahir mon esprit de déprime et de nostalgie, ce n'était pas vraiment mon genre.

Je tentais de réfléchir à ce que j'allais faire de ma journée. Peut être irais-je voir mon ami peintre s'il avait besoin de moi. Ou bien irais-je faire des courses, j'avais besoin d'un nouveau manteau. A moins que je n'aille dépenser ma solde pour une folie, j'avais entendu dire qu'il y avait une exposition impressionniste en ville… Ou bien… ou bien… mon esprit cessa de fonctionner.

Je m'endormis.

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Morgan Lenoir
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MessageSujet: Re: Une calme matinée [PV Morgan]   Une calme matinée [PV Morgan] I_icon_minitimeJeu 2 Aoû - 2:04

Sans conteste, Morgan Lenoir n’était pas du matin.

L’un des grands plaisirs de sa vie, avec le poisson frit et les blagues de Fred, était de rester enchevêtré dans ses couvertures aussi longtemps que le lui permettaient son estomac et sa vessie. Il avait gardé de son passé de créature à sang froid l’habitude de ne pas quitter son lit avant que le soleil n’ait atteint son zénith, si bien que, dans son jargon, la « nuit » ne finissait jamais avant dix heures du matin, grand minimum. Les horaires tardifs du cabaret n’avaient par la suite rien arrangé : l’hydre était de ceux à qui l’avenir, décidément, n’appartenait guère, et qui s’en satisfaisaient.

C’est pourquoi d’aucun aurait été quelque peu surpris de découvrir le garçon étendu dans l’obscurité, immobile et légèrement en sueur, l’œil fixé sur le plafond noir.

Il s’était réveillé ainsi alors que la nuit était encore profonde, et avait passé de longues heures à espérer que le sommeil daignât le reprendre. À écouter la respiration de Frédéric, qui semblait désépaissir un peu la densité inquiétante des ténèbres. À se tourner et se retourner, sans vraiment saisir pourquoi les battements de son cœur fébrile résonnaient de la sorte dans les tréfonds de son matelas. Il ne se sentait ni particulièrement angoissé, ni particulièrement anxieux ; mais il s’était levé en lui comme une impression de malaise, d'étrangeté à soi, qui l’enferraient malgré lui dans cette veille forcée.

Cela aussi lui arrivait, de temps à autres.

C’était l’un de ces sentiments pour lesquels il n’avait pas encore trouvé de mot.

Alors, quand l’encre de la voûte céleste avait viré au violacé, Morgan s’était laissé glisser du bord de son lit pour atterrir dans une paire de pantalons qu’il supposait à lui, et qu’il avait enfilé à tâtons. Il avait également attrapé une chemise, boutonnée au hasard, ses chaussures, qu’il ne devait mettre qu’une fois sorti de la chambre, et s’était faufilé en douce par la porte, pour ne pas courir le risque de réveiller Frédéric. Les gonds et le plancher avaient eu l’obligeance de ne pas trop grincer dans la manœuvre. Et c’est ainsi qu’il s’était retrouvé, sans chaussettes et sans but, sur le perron du cabaret, dans la pénombre quasi déserte de ce petit matin naissant.

Il avait d’abord erré au hasard, traversant le pont Saint-Michel et l’île de la Cité pour s’arrêter dans les environs d’un square vers Châtelet. Il avait remonté les quais jusqu’à Saint-Louis, perdu dans ses pensées sous la lueur pâlissante des réverbères. Il avait mis le pied par mégarde dans du purin, généreusement déposé sur la chaussée par les coursiers d’un cab. Sur le quai des Célestins, il avait finalement interrompu sa marche, les jambes suspendues au-dessus de l’eau, au pied d’un des escaliers en pierre.

Il lui coûtait toujours de s’éloigner de son frère de la sorte, quoique la chose ne fût pas fréquente. Avec les années, leur tolérance à la distance s’était très nettement accrue, au regard de ce qu’elle avait pu être dans les premiers temps. Physiquement, l’intervalle qui les séparait en cette heure n’était qu’une broutille, trop infime pour avoir sur l’un ou sur l’autre des effets concrets.
Mais il lui pesait d’avoir éprouvé le besoin de filer ainsi comme un voleur.
Il peinait à concilier au fond de son âme sa volonté d’être toujours à proximité du mage, et celle de se retrouver parfois seul. Il se sentait en contradiction avec lui-même, et cette forme de dissociation lui déplaisait. C’est qu’il devinait, là-dessous, une incohérence larvée entre sa nature d’hydre et sa nature humaine ; elle l’incommodait. Et, contrairement à Fred, il ne se donnait pas la peine de juguler ses émotions, depuis qu’il en avait.

Il soupira.
Il se faisait décidément bien du mouron, pour de pareilles vétilles.
Il ne lui réussissait jamais de penser trop.

Un sourire amusé lui échappa : c’était bien là des manières d’humain. Plutôt que de se ronger les sangs, il chambrerait Frédéric à ce propos à la prochaine occasion, et on n’en parlerait plus. Mais pour le moment, il resterait seul, et tâcherait de se changer les idées à sa façon.
Il regarda à droite et à gauche. Le quai, naturellement, était désert. Sans prendre la peine de se déshabiller, ni même d’ôter ses chaussures, il se laissa glisser sans prévenir dans le flot noir, entre deux péniches amarrées. Il retrouva avec bonheur la force du courant d’un fleuve, qui aurait menacé de l’emporter s’il n’avait pas été bon nageur. Les fleuves avaient en eux cette autorité puissante avec laquelle ne pouvait rivaliser le cours tranquille des rivières ; moins encore l’eau stagnante des fontaines. Il profita de ce qu’il pouvait le sentir couler contre lui, tandis qu’il se retenait d’une main à la coque de l’un des bateaux.
Il ferma les yeux, paisible, et ses muscles se détendirent.
Ainsi immergé à demi, il lui semblait enfin reprendre son souffle, au sortir d'une longue apnée.


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MessageSujet: Re: Une calme matinée [PV Morgan]   Une calme matinée [PV Morgan] I_icon_minitimeMer 29 Aoû - 10:41

Un changement subtil se fit dans l'air ambiant. Une légère brise se leva, les oiseaux se mirent à chanter, l'humidité se répandit sur les herbes, le ciel s'éclaira doucement… L'aube arrivait. Et cela me réveillât.

Il me fallu quelques minutes pour m'en rendre compte. L'inconfort du sol en terre se fit sentir, la fraîcheur s'empara de moi. Mon esprit était toujours embrumé quand je grognais de ces désagréments. Puis mes yeux s'ouvrirent. Pendant encore un bon moment, je restais interdit devant ce que je voyais : les feuilles des arbres au dessus de moi. Je me demandais où j'étais et ce que je faisais là. Le mal de tête qui s'emparait lentement mais surement de moi ne m'aidait pas à y voir plus clair.

J'avais à la fois l'envie pressante de me lever de ce sol dur et inconfortable et je m'en sentais tout autant incapable tellement j'étais encore engourdi.

Un oiseau se posa près de moi et me regarda un instant avant de s'envoler de nouveau vers les hauteurs dans un pépiement qui me vrilla les tympans. J'étais bon pour une bonne migraine. J'avais donc un premier indice sur ma situation : gueule de bois. J'avais trop bu et je m'étais endormi en pleine nature…

Puis tout me revint.

Le message de mon frère, ma fuite du commissariat, ma soirée commencée à boire et poursuivie dans les bras d'un homme, mon errance dans les rues de Paris et le final sur les bords de Seine.
Mon esprit se faisait plus clair et, finalement, l'oubli était nettement plus enviable. Je grognais de nouveau, avec plus de force, car le mal de tête se faisait plus présent. Puis, résigné, je soupirais.

Il me fallait boire et je ne savais pas où trouver de l'eau claire. Je n'étais pas assez fou pour ingérer l'eau de la Seine mais je pouvais au moins m'en asperger le visage pour retrouver un semblant d'énergit.

Tel était le défi que je me donnais donc : me lever, marcher jusqu'au bord de l'eau, ne pas y tomber, et m'en mettre un peu sur le visage. Et pour cela, il me fallait bouger. Mon corps semblait comme détaché de moi, incapable de répondre à mes ordres… très peu coopérant.

Pourtant il bougeât. Et chaque mouvement se répercuta dans mon crâne comme un coup de masse.

Je roulais doucement sur le côté et me détachait encore plus lentement du sol jusqu'à me retrouver assis. Mon regard se posa alors sur le fleuve et les péniches amarrées au quai. Il devait y avoir 10 mètres entre le bord de l'eau et moi mais il ne me semblait pas décent de les faire à quatre-pattes même si je ne voyais pas âme qui vive aux alentours. J'allais devoir me lever.

En me relevant, je jurais sans retenue comme si cela pouvait endiguer la douleur. Puis, d'une démarche qu'aucun ivrogne ne m'aurait enviée, je m'approchais du bord de l'eau et me laissais tomber à genoux sur la berge.

Ne pas tomber.
Ne pas vomir.

Je plongeais une main mal assurée dans le liquide sombre et remontais quelques gouttes jusqu'à mon visage. C'était froid. Cela m'arracha un frisson et je sentis que mon esprit redevenait plus vivace. Presque avidement, je recommençais, à deux mains cette fois, et m'éclaboussais généreusement la face. Un râle entre la douleur et le soulagement m'échappa quand je sentis la migraine refluer légèrement. Je devais boire… mais pas de cette eau là, j'allais devoir me relever et trouver une fontaine publique.

Mais, alors que je passais mes mains humides dans mes cheveux ébouriffés pour les chasser de mon visage, je remarquais une ombre entre les coques. Aucun doute possible, c'était un corps. Mais j'étais bien incapable, à cette distance de deviner s'il était mort ou vif. Il me semblait voir un reflet dans ses iris mais cela ne prouvait rien, un mort pouvait avoir les yeux ouverts et ça pouvait tout aussi bien être une blague de mon imagination.

D'une voix pâteuse et pitoyable, je lançais sans conviction :

« Hey ! Vous ! Sortez de l'eau ! » puis, moins fort encore « Je ne suis vraiment pas en état de venir vous chercher... »
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MessageSujet: Re: Une calme matinée [PV Morgan]   Une calme matinée [PV Morgan] I_icon_minitimeDim 23 Sep - 13:23

Il avait entendu de loin le pas mal assuré se rapprocher de l’eau, et s’était aussitôt tapi derrière la proue de la péniche. Il avait épié l’homme, prêt à plonger à la moindre alerte, le visage à demi immergé dans l’eau. Il l’avait vu qui se penchait périlleusement au-dessus du fleuve, pour y tremper les mains et se rafraîchir le visage. Soirée trop arrosée, de toute évidence.

Sa tignasse rousse lui disait quelque chose. Client du cabaret, c’était à peu près sûr, mais impossible de le replacer. Dans tous les cas, Morgan aimait autant que les présentations, s’il devait y en avoir, aient lieu dans d’autres circonstances : un jour qu’il ne serait pas en pleine baignade illicite dans la Seine, et que son vis-à-vis empesterait un peu moins l’alcool. Quoique, dans cet état, il lui faisait presque pitié. Il allait avoir du mal à rentrer chez lui, le pauv’ gars…

Son sang ne fit qu’un tour lorsque leurs regards se croisèrent. Il avait bêtement baissé sa garde. La solution la plus simple aurait été de disparaître sous les flots, mais, étrangement, il n’osa pas. Il y avait dans l’intonation du type assez d’autorité pour l’intimider un peu ; mais bien trop de précarité pour le faire se sentir réellement dans la panade. Si Freddy avait été là, évidemment… Mais, tout seul, l’acrobate se montrait parfois moins audacieux.

Il rejoignit la berge sans peine, s’y accrocha à deux mains et se tira de l’onde avec un air penaud. Ainsi assis sur le rebord, il s’ébroua les cheveux, en marmonnant sans conviction qu’il avait glissé. Il n’avait jamais été bon menteur, de toute façon. C’était plus une question de principe.
Un ange passa.
Puis il releva les yeux tandis qu’il retirait l’une de ses chaussures pour la vider, et darda un bref regard vers l’homme à la gueule de bois.

« J’veux pas dire mais z’avez pas l’air frais-frais, quant à vous, sans offense. P’têt bien qu’piquer une tête vous f’rait pas d’mal. »

Il força un petit rire nerveux pour tenter de se mettre à l’aise, toussota, puis se reprit.

« Enfin, j’dis ça comme ça hein, non qu’ce serait-t-à faire, c’est pas permis… »

Il remit sa deuxième chaussure et se redressa pour essorer sa chemise, avisant les reflets du lever de soleil sur l’eau calme. Les vaguelettes clapotaient contre le quai, faisant danser les quelques débris de bois qui stagnaient le long des bords. Sous le ciel timidement rosacé, les travailleurs les plus matinaux commençaient à quitter leurs logis, et la rue recevait pudiquement les premières confidences que chantaient leurs souliers à ses trottoirs. Il ne faisait déjà plus nuit… Il était grand temps de rentrer.

« Bon, ben sur ce, j’vous dis à l’occasion… Ça va, vous allez arriver à r’trouver vot’ chemin, vous pensez ? »

Il se pencha une dernière fois vers l’homme pour s’assurer qu’il n’allait pas trop mal, et s’apprêta à reprendre la route du cabaret. C’est alors qu’en balayant discrètement la chaussée des yeux, il aperçut du coin de l’œil les silhouettes de deux individus qui émergeaient de sous le pont Marie. Ils ne semblaient pas les avoir encore remarqués, apparemment trop absorbés par leur discussion, mais l’uniforme qu’ils portaient ne laissait pas de doute.

« Aïe. V’là les flics… »

Entre sa mise encore dégoulinante et celle passablement éméchée de son compère, ils étaient sans doute bons pour une petite interpellation aux aurores… Autant dire que la perspective ne l’enthousiasmait guère. Bien sûr, rien ne l’empêchait de filer tout seul sans demander son reste, en abandonnant l’inconnu à son sort – mais, ce matin-ci, l’hydre se sentait une grande âme.

« Allez, v’nez. Faut pas rester là. »

Et, soucieux de leur salut commun, il attrapa un peu brusquement le poivrot par le bras pour le relever et l’entraîner vers la rue. Pour l’atteindre, il fallait remonter un escalier, en s’aidant éventuellement d’une grosse chaîne en métal qui faisait office de rampe. L’exercice s’annonçait périlleux mais pas impossible, à condition de laisser à l’homme le loisir de s’appuyer sur lui si nécessaire.

« Quand faut y aller… »

Il posa précautionneusement le pied sur une première marche.

Hem hem...:


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MessageSujet: Re: Une calme matinée [PV Morgan]   Une calme matinée [PV Morgan] I_icon_minitimeJeu 27 Sep - 14:12

Le corps se mit à bouger. Non seulement il était vivant, ce qui était une bonne chose, mais en plus il m’obéissait et sortait de l'eau par lui même, ce qui était aussi une bonne chose puisque je n'aurais pas été capable de le forcer à le faire. Je m'assis sur le rebord de l'eau, mais pas trop près pour ne pas tomber, et inspirait profondément l'air frais de la matinée en essayant de reprendre mes esprits. Je le détaillais quand il prit la parole. Il avait une manière de parler assez particulière qui me renvoya à mes souvenirs d'enfance au milieu des dockers. C'est probablement pour ça et avec l'influence de ma nuit courte que je lui répondis avec le même genre d'accent :

« J'suis loin d'êt'e aussi agile que toi, mon gars... »

Et puis franchement, avec tout ce qu'on trouvait dans ces eaux, ça ne me faisait pas vraiment envie. Il évoqua d'ailleurs l'interdiction de baignade mais cela me semblait surtout relever du bon sens, les eaux de la Seine étaient des dépotoirs… et des charniers.

Alors que le jeune homme se redressait pour essorer sa chemise, je pris le temps de l'observer. J'avais l'impression de le connaître, ou du moins de l'avoir déjà vu mais si j'essayais de retrouver où et quand mon mal de tête se faisait ressentir, je laissais donc tomber. Il ne semblait pas me connaître plus que ça lui non plus, c'était peut être juste une impression.

C'est alors qu'il me fit part de son intention de s'éclipser. Je n'avais pas très envie de rester seul sur ce quai mais je ne pouvais pas non plus lui imposer de rester avec un pochtron comme moi. Bien que ma tenue soit plus que correcte, elle ne devait pas faire grande impression fripée et humide de ma sieste dans l'herbe. Et même si je n'avais pas encore rendu mon dîner, je ne devais pas avoir une haleine des plus agréable.

« Attends, aide-moi à me r'lever, tu veux bien ? »

Ma voix n'était pas bien ferme, ma bouche était toujours pâteuse, j'ajoutais pour moi même :

« Faut vraiment que je boive un truc… »

« Aïe. V'là les flics... »

Je suivis son regard et reconnu l'uniforme des collègues.

« Les flics… une bonne chose, non ? »

Mais ça n'était apparemment pas une bonne chose à ses yeux puisqu'il me redressa brusquement et m'entraîna, me portant presque, dans la direction opposée. Je jetais un regard en arrière alors que nous montions péniblement les premières marches vers la rue. Je ne comprenais pas, dans un premier temps, l'empressement de mon compagnon à partir. Puis, dans un éclair de lucidité inattendu, je me rendis compte du tableau que nous offrions : un homme trempé et un homme visiblement éméché… Effectivement, si je n'avais pas été un collègue des deux hommes approchants, j'aurais probablement pris mes distances aussi.

Qu'aurait dit Ashton s'il m'avait croisé en cellule de dégrisement ? Oublieux de la situation, je partis dans un fou rire que j'étais incapable de contrôler. Sans surprise, le bruit que je faisais attira l'attention des deux agents qui, probablement à mes cheveux – comme tout le monde – me reconnurent. Instantanément, ils se mirent à courir vers nous. Bien entendu, tout à mon délire, je ne me rendis compte de rien avant d'être arraché des bras de mon compagnon. Je me retrouvais soutenu par l'agent Morel qui me questionnait pour s'assurer que j'allais bien et m’auscultait presque. Pensait-il donc que le jeune inconnu m'avait blessé ? Ou (et je ris de plus belle) enlevé ?

Mais soudain, un éclat de voix attira mon attention. L'agent Pierron avait pris mon sauveur par le col et le secouait sans ménagement et le menaçant de je-ne-sais-quoi pour s'en être pris à moi. Hey oh ! Pensais-je, j'ai besoin de lui, faut pas l'abîmer ! Me ressaisissant, je me redressais en prenant fermement appui sur le bras de Morel et j’interpellais Pierron :

« Pierron ! Arrêtez ça tout de suite ! Ce jeune homme m'aidait juste à remonter vers la rue. Si vous réfléchissiez avant d'agir, vous auriez remarqué à quel point j'ai besoin de son aide pour marcher... »

Il n'y avait aucune gloire à me vanter d'être bourré mais je n'allais pas laisser les choses dégénérer à la défaveur de mon comparse du moment. Il avait essayé de me sauver des flics, c'était à moi de lui rendre la pareille.

« Mais commandant... »

« Pierron, lâchez le ! S'il décide de porter plainte pour abus de pouvoir, je vous jure que je témoignerai en sa faveur ! »

Comment pouvais-je être crédible ? Je l'ignore. Je crois que certaines personnes n'arrivent pas à percevoir que leurs supérieurs puissent avoir des défauts et se contentent simplement de les occulter. Mais Morel, à quelques centimètres de moi, ne pouvais s'empêcher de grimacer face à mon haleine.

« Laisse tomber, Pierron, le commandant a raison, nous avons tiré des conclusions trop rapides… Si nous devions arrêter quelqu'un, ça serait plutôt lui... »

Il me lança un regard gêné mais j'avais conscience qu'il avait tout à fait raison. Je lui souris donc, plus curieux de la situation et de la décision qu'il allait prendre que du risque (assez relatif, cela dit) que je prenais. Bien sûr, j'aurai été bien embêté de me retrouver en cellule de dégrisement alors que j'étais censé être en repos. J'imaginais déjà les remarques d'Aldrick… Mais Morel n'osa pas. Alors que Pierron s'éloignait de mon sauveur, penaud, il conclut son raisonnement :

« Nous allons donc passer notre route et reprendre notre ronde... »

Mais alors qu'il s'éloignait, je le retins un instant :

« Tu n'aurais pas de l'eau, par hasard ? »

Il me détailla un instant, dubitatif, avant de me répondre :

« Il y a une de ces fontaines publiques allée des Justes, Commandant, ça n'est pas très loin... »

Puis, ostensiblement, il se détourna de moi et redescendit les marches vers le quai suivi de son binôme. Je laissais échapper un profond soupir et regardais le haut des marches en direction de la rue. La journée avait commencé et le quai était animé. Les fiacres, en particulier, déboulaient d'un bout à l'autre à une vitesse folle. Je n'étais absolument pas en état de traverser cette rue sans me mettre en danger… Il fallait que je rallie mon sauveur à ma cause mais ça n'était pas gagné, je le soupçonnais de n'avoir qu'une envie après ce qu'il venait de se passer : partir loin de moi. Je tentais donc de plaider ma cause :

« Je suis désolé de leur attitude, vraiment… c'est ma faute s'ils s'en sont pris à toi… tout ça m'a un peu dégrisé, on dirait… Tu voudrais bien… heu… juste m'aider à traverser le quai, s'il te plait ? »

J'en avais perdu mon accent du port et retrouvé mes manières. Je redevenais le Commandant Langevin et ça n'était pas forcément un bon point pour moi. M'accrochant à la chaîne de métal, je repris lentement la montée avant de me tourner de nouveau vers lui :

« Mmm… Je suis pas en fonction, là, je suis un civil comme un autre, ok ? Enfin… un peu plus mal en point, peut être… Je m'appelle Billy. »

Et mon visage se fendit de mon éternel sourire… enfin, quelques secondes seulement car une nausée monstrueuse s'empara de moi, me pliant en deux. Par chance je ne vomis pas, mais c'était pas loin… et un juron m'échappa. Encore.

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