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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé

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Jade Perez
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MessageSujet: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeMer 5 Avr - 14:21

« Edward ! Edward ? ... Loup y es-tu ... ? Louloup ... Youhouuuu ... Échoooo-oooo ... »

Après avoir tambouriné comme cela pendant quelques minutes sur la porte menant au bureau du big boss pour lui faire part d'une affaire absolument ur-gente, avant de s'amuser toute seule de la résonance particulière qu'offrait ce couloir, Jade dut se rendre à l'évidence. Il n'y avait personne. Pourtant, il était tard, enfin pas aux petites heures du matin non plus, la dryade savait se tenir un minimum après tout, mais tout de même, en théorie, aucune affaire ne devrait requérir la présence de monsieur White en dehors du cabaret maintenant que le spectacle s'achevait. Elle le savait parce qu'elle avait jeté un coup d'œil discret et parfaitement innocent à son emploi du temps à très exactement 17h30. Il n'aurait tout de même pas eu l'audace de le changer depuis ! Non ! Il n'oserait pas ! Un pareil gentleman ? Oh le rustre ... Il cachait bien son jeu !

Incertaine de ce qu'elle devrait bien faire à présent, entre attendre et abandonner l'affaire, Jade posa son front contre la porte, déprimée comme jamais de voir son plan mis en échec par un détail aussi insignifiant ... Prise soudain d'un doute, ou guidée par le regard bienveillant d'Hermès, ses doigts fins firent tourner la poignée. Dans un clic qui l'a laissa bouche bée, la voilà dans l'antre de la bête. Le regard brillant, sans plus attendre, elle referma doucement la porte derrière elle et s'installa dans l'une des chaises qui reposait dans la pièce, observant ce qui l'entourait. Elle n'avait jamais trop fait attention au décor de cette pièce, pour s'y être retrouvée peu de fois. Elle se demandait si Edward avait choisi chaque détail méticuleusement, ou s'il avait plutôt demandé conseil à un décorateur farfelu. N'empêche, quiconque était le responsable, il avait bon goût, bien qu'il soit un peu triste de voir que les arbres ne servaient bien souvent plus qu'à autre chose qu'être transformés en objets insolites, s'ils ne se retrouvaient pas dans une zone désignée à leur protection.

Sauf que voilà, l'immobilité, ce n'était pas trop son truc, surtout lorsqu'elle avait une idée derrière la tête. La mélancolie non plus. Bien vite morte d'ennui, elle s'assit sur le meuble imposant, laissant ses jambes flottant dans le vide, soufflant sur les quelques papiers qui y traînaient jusqu'à ce qu'ils tombent par terre afin de pouvoir prendre place. Quelle importance, puisqu'il n'avait pas pris la peine de les ranger ! Combien de temps comptait-il encore la faire attendre ? ... D'accord, tout cela aurait été plus productif si elle avait prévenu de sa visite, mais ce serait mal connaître Jade ! Elle était guidée par ses émotions et ses impulsions. Et puis, les surprises, c'était toujours plutôt chouette, non ? Dans un soupir, elle s'étala de tout son long sur le bureau. Aussi bien dormir ici, si Edward ne revenait pas. Il la chasserait au petit matin, et elle tenterait de lui expliquer ce qu'elle faisait là, mais elle doutait qu'il lui prêterait vraiment attention. Pire, une pareille occasion ne risquait pas de se représenter de sitôt ... Dommage qu'il soit son patron, on ne mélange pas affaires et plaisir ! Elle avait retenu la leçon, pour s'être prise au jeu une fois, et y perdre gros.

La porte grinça alors, la sortant de son humeur morose. Oh joie, oh bonheur ! Quelqu'un pour lui tenir compagnie ! Sans regarder s'il s'agissait bel et bien du patron, qui d'autre aurait l'audace de se pointer ici d'une telle manière après tout, ou même s'il était seul, elle lança dans un éclat de rire, index levé vers le plafond, fière de sa découverte, avant qu'il n'ait pu dire quoique ce soit :

« Ce qui manque, en fait, c'est une secrétaire sexy ! »

Non pas qu'elle se proposait pour le poste. Elle avait déjà amplement de quoi s'occuper les mains ... Se relevant gracieusement, elle offrit un sourire guilleret à celui qui lui faisait face, comme si tout cela était parfaitement naturel.

« Franchement, quel étourdi tu fais parfois ... Laisser la porte de ton bureau déverrouillée, c'est inviter le premier voleur à s'emparer de toutes ces informations que tu laisses traîner. »

Son sourire s'étira davantage sur ses lèvres roses, toute l'ironie de sa remarque ne lui échappant pas, bien au contraire, puisque le parallèle était entièrement voulu. Et ses remontrances pour son retard inexpliqué ? Disparues, pour le moment, accaparée par toute autre chose. Elle était assez curieuse de savoir ce qui lui avait fait oublier de fermer à clé. Peut-être Andréa, ou un autre employé qui causait des problèmes !? Ou bien les jolis yeux d'une demoiselle ... Huhuhu ...
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 9 Avr - 21:35

Le pas agacé d'Edward martela une à une les marches qui le rapprochaient de ses appartements. Sa main gauche courrait le long de la rambarde, la droite s'acharnait à effacer une belle marque rouge qui décorait sa joue. Le dessin de deux lèvres sanguines s'étalait un peu plus à chaque passage de ses doigts et même sa manche, pourtant fermement appliquée, ne parvint qu'à répandre davantage le rouge à lèvres. Il pesta et serra les dents. Le pallier du troisième étage franchi, deux foulées furieuses suffirent à le conduire jusqu'à son bureau. La poignée hurla sous ses doigts crispés.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

Edward est assis à son bureau. Il s'occupe de la paperasse qu'il a accumulé ces dernières semaines. Entre un serveur, essoufflé.

SERVEUR – Monsieur White ! Monsieur White !
EDWARD – J'ai demandé à ne pas être dérangé.
SERVEUR – Pardon monsieur.
EDWARD – Et bien quoi ? Ne restez pas là la bouche ouverte. Que se passe-t-il ?
SERVEUR – On vous demande.
EDWARD – Qui ?
SERVEUR – Une femme… Elle menace de retourner tout le cabaret si vous ne descendez pas…

Tous deux quittent la scène, Edward en premier. La porte du bureau est fermée, mais pas verrouillée.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

Le loup blanc s'était figé. Sa respiration vive s'écrasa sur le battant de bois près duquel il venait de percevoir une odeur anormale. Elle était fraîche et boisée avec en note de fond, un arôme de baies tout juste cueillies. Ce parfum il le connaissait. À sa nervosité palpable s'ajouta une soudaine méfiance et ce fut du du bout du pied qu'il fit pivoter sa porte. Jade était étendue sur son bureau. Elle l'accueillit d'un éclat de rire qu'elle ponctua d'une de ces remarques dont elle avait le secret. Edward leva les yeux au ciel et referma la porte derrière lui. La mâchoire serrée, il parvint à articuler :

J'ai dévoré de fatigue toutes celles qui ont occupé le poste. Que faites vo-

Elle se redressa et reprit la parole. Il croisa son regard et par réflexe, il chercha à nouveau à débarrasser sa joue de la trace écarlate. Comme il n'y parvint pas, il sentit son visage chauffer soudainement et finit par détourner les yeux. Edward entreprit alors de ramasser les papiers éparpillés au sol et gagna son fauteuil. D'un geste nerveux il essaya d'aligner les feuilles entre ses doigts en les tapotant contre le bois de la table tout en abandonnant, faussement concentré :

Il y a eu un… imprévu.

L'une des pages refusa de rentrer dans le rang. Bien mal lui en prit. Agacé par cette rébellion le loup frappa d'un coup sec les documents sur le plan de travail et tous, sans exception, prirent un mauvais pli. Ses lèvres se pincèrent pour contenir à grand peine un magnifique juron. Alors d'un geste brusque Edward plaqua les feuilles sur son bureau de sa paume large et puissante avant d'interroger sèchement :

Que faites-vous ici Jade ?

Il releva la tête. Cette fois-ci son regard ne se déroba pas et il reprit rapidement, en croisant les bras sur son buste solide :

Après être entrée sans autorisation, j'imagine que cela doit être de la plus haute importance. Je l'espère même.

L'un des papiers rebiqua. Edward lui jeta un regard noir avant d'appuyer à nouveau sa main à sa surface. La seconde vint en renfort pour essayer de le défroisser. Plusieurs essais infructueux eurent raison de sa patience et après l'avoir en parti déchiré, le loup blanc tenta malhabilement de cacher sa maladresse en le recouvrant de son presse-papier. Il soupira, à moitié satisfait, puis glissa dans un coup d'œil pour la Dryade :

Et descendez de mon bureau.

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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 24 Sep - 2:14

Au lieu d'Edward, elle avait l'impression que c'était le tonnerre qui était entré dans le petit bureau. Son visage, ses mouvements, tout laissait transparaître une couche d'agitation irritée juste sous la surface. Elle avait mal choisi son soir. Oups ! Pourtant, ce n'était la faute de la lune, elle en était à peu près certaine, sinon quelqu'un l'aurait arrêté en cours de route pardi. Mais alors quelle mouche l'avait piqué ... ? Jade resta muette un moment, tentant de se faire petite, confuse. Les réprimandes n'étaient pas sans raison, soit. Mais elle n'avait rien fait qui méritait un pareil comportement, cette fois ! La porte était ouverte, monsieur n'était pas au milieu d'un rendez-vous important et elle n'avait pas trop mis le bordel, vu l'état dans lequel le bureau était déjà à son arrivée. Mais alors, soudain, il cessa de tourner autour de la pièce et, même si de son aveu trop vague, Edward lui offrait bien peu d'explications, la marque rouge sur son visage laissait deviner une partie de l'histoire, tout comme ses tentatives de la faire disparaitre.

« Je vois ça ... »

Sa voix n'aurait pas dû se faire narquoise, son large sourire devenant bien plus moqueur. Ça n'allait franchement pas améliorer toute cette affreuse situation. Mais elle n'y pouvait rien ! Il fallait bien avouer que la situation était comique ! En public, et plus encore le soir d'une représentation, Edward était toujours tellement poli, trop droit, se répandait en courbettes, sourires et mots cordiaux pour épater la galerie. Et avouez qu'avec ses yeux vairons, sa voix qui laisse parfois tomber un mot d'une langue étrangère, il a un certain charme exotique ! Pas étonnant que les demoiselles rêvent de tomber dans l'œil d'un tel homme, ou plutôt dans son cœur. Eh bien, c'était un juste retour de bâton ! Enfin, elle allait éviter de lui dire, elle tenait à sa peau, et elle doutait qu'il apprécie cette blague, vu qu'il était déjà de mauvais poil. OH ! Il avait une sale humeur de chien, oui, voilà ! Retenant un éclat de rire mal venu, elle tapota plutôt la surface froide à côté d'elle avant de se lever enfin, quoique c'en était très peu pour son ordre bien sec.

« Viens là, mon lapin, que je sauve ton honneur. »

Il ne fallait pas tenter de comprendre les surnoms que Jade pouvait bien attribuer aux membres de son entourage. Il y avait toujours une logique derrière, mais parfois, il valait mieux ne pas savoir. Ne pas poser de questions était tellement plus simple, de toute façon ! Pourquoi se prendre la tête lorsqu'on pouvait tout simplement profiter des petits plaisirs de la vie ? Une chose qu'Edward ne semblait pas bien comprendre, eh bien, il avait de la chance qu'elle soit tombée sur lui ce soir !

« Alors, chéri ? Qu'est-ce que tu attends ? Il n'y a pas de non qui tienne. Tu n'en mourras pas ! Ce n'est pas comme si je te demandais de te déshabiller pour me prouver qu'il n'y a pas d'autres traces de cet horrible rouge ailleurs, même si je doute que ta veste pourra être sauvée maintenant. Je te préviens, Edward White. Je ne partirai pas avant d'avoir fait amende honorable. »

Le sérieux devait être contagieux. Même si, pour être honnête, elle ne l'était qu'à moitié. Quant à la véritable raison de sa présence ici, question soigneusement évitée, eh bien cela viendrait plus tard. Chaque chose en son temps ! Il lui en devrait bien une, après tout cela. Elle n'avait pas son matériel sous la main, après tout ce n'est pas ainsi qu'elle prévoyait leur rencontre tardive, mais elle arriverait bien à le débarbouiller, va. N'était-elle pas, après tout, la maquilleuse favorite de leurs artistes ?! Ah non, c'est vrai. Son humour était trop déstabilisant, apparemment ...

Tout de même, Jade préférerait qu'il se calme vraiment, avant d'entrer dans le vif du sujet. Enfin ... Si elle était honnête, elle était sans doute un peu inquiète aussi. Elle avait beau aimer le taquiner, il y avait certaines limites à ne pas transgresser. Simple question de respect. Quelle était la dernière fois que le patron s'était mis dans une colère pareille ... ?
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeSam 30 Sep - 18:26

Edward devait se calmer, il le savait. Mais dans son cas, la chose n'avait jamais été aisée et elle frôlait l'impossible lorsqu'une nymphe pénétrait son antre sans autorisation et s'aventurait à le surnommer « mon lapin ».
Après un coup d'œil réprobateur pour son employée, le loup blanc se laissa tomber dans son fauteuil pour s'intéresser de plus près à sa paperasse. Il n'en avait que faire en réalité, si bien qu'à la première distraction offerte par Jade, il en oublia jusqu'à l’existence. Les déclarations de la jeune femme lui firent d'abord hausser un sourcil, avant de le renfrogner tout à fait. Instinctivement, il passa sa main sur sa joue marquée, l'essuya sans espoir, puis laissa glisser ses doigts sous son col anormalement serré par sa cravate. Geste anodin qui lui colora pourtant brusquement les joues, car il venait de se trahir.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

Edward est en compagnie d'une femme dans une salle privée. Elle tient l'un de ses poignets avec une force colossale et se rapproche toujours un peu plus tout en s'amusant avec sa cravate.

INCONNUE – Ne faites pas l'enfant ce n'est qu'un baiser !
EDWARD – Un de trop déjà !
INCONNUE – Sur la joue ! C'est un signe d'amitié. Mais je peux vous offrir plus !
EDWARD – Sans façon ! Je vous ai accordé ce que vous vouliez, maintenant partez !
INCONNUE – Après m'avoir si vilainement accueilli ? Je demande une compensation ~
EDWARD – Hors de question !
INCONNUE – Mais, je ne vous demande pas votre avis !

L'altercation prend fin sur un baiser supplémentaire de la femme adroitement déposé dans le cou de son vis-à-vis.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

Pendant un bref instant, le loup blanc fut perdu. Il savait que Jade était loin d'être stupide, mais l'idée même d'admettre qu'il avait été incapable de se protéger de choses aussi stupides que des baisers lui retournait le cœur. Silencieux, ses mains nerveuses trouvèrent à s'occuper en maltraitant un crayon de papier que le malheur avait mis sur leur route. Le bois craqua à plusieurs reprises sous sa poigne avant qu'il ne réussisse à rassembler tout son talent d'acteur pour poursuivre la conversation avec le plus d'aplomb possible :

Votre sens du sacrifice est honorable Jade, mais inutile. Vous n'avez rien à vous faire pardonner.

En fait si. Plusieurs choses. Être entré sans autorisation, s'être allongée sur son plan de travail et l'avoir, par deux fois, affublé d'un surnom de son cru. Toutefois, il y avait des concessions nécessaires à la préservation d'une fierté lupine et ne pas blâmer une habile et intelligente maquilleuse en faisait partie. Comme pour s'assurer de son silence, il trouva judicieux d'ajouter, la mâchoire crispée d'une aigreur qui n'était destinée qu'à lui-même :

De plus cette affaire idiote ne vous concerne pas.

Le crayon se brisa brusquement entre ses doigts, dans un claquement sec qui surprit Edward. Il fit discrètement disparaître les preuves de sa nervosité dans son tiroir avant de lever les yeux vers la Nymphe. Il lui fallut des trésor d'audace et d'entêtement pour parvenir à la regarder en face sans qu'une honte colossale ne vienne s'immiscer entre eux. Pourtant, le loup blanc tint bon et enchaîna d'un ton volontairement accusateur qui avait comme uniquement but de détourner définitivement la conversation de lui :

Et répondez aux questions qu'on vous pose. Qu'est-ce que vous faites là ?

Il lui fallut rapidement retrouver une occupation. Son choix se porta sur un morceau usé de buvard qu'il commença à méticuleusement dépecer. Le bout de ses doigts prit légèrement la couleur de l'encre, tandis qu'il ajoutait d'un même ton fâché après que ses iris se soient posés sur l'une des rares plantes d'intérieur qui ornait la pièce :

Si c'est pour vous occuper des fleurs, je vous ai déjà dit que je n'y voyais aucun inconvénient. Vous pouvez même les emporter.

Le papier se déchira à nouveau dans sa main. Un geste anxieux de plus le poussa à repasser une mèche de ses cheveux derrière son oreille et il laissa, à cette occasion, une marque bleue rejoindre la trace rouge décorant sa joue.

Peut-être allait-il finir par lancer un style après tout ?

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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 15 Oct - 10:53

C'était tout de même assez amusant de voir à quel point Edward pouvait être mauvais menteur, parfois. Toute sa gestuelle transpirait la nervosité, et le fait qu'il se refuse à croiser son regard suffisait à en dire long sur toute cette affaire. Jade avait probablement vu juste, ou alors, elle n'était pas bien loin de la vérité. Par contre, elle n'aurait jamais cru  le loup si prude ! Cela devait être la marque de rouge à lèvres qui l'embarrassait autant. Une preuve indélébile, pour le moment, qu'il était loin d'être aussi parfait qu'il voulait bien le laisser croire.

Alors Jade le laissa parler, parler, un peu absente, puisqu'il ne voulait pas aborder le vif du sujet qui l'intéressait vraiment. Et elle ne savait pas encore exactement comment aborder son propre problème. Grave erreur, sans doute. Son sourire disparut lorsqu'il mentionna les plantes. Jade se plaça instinctivement entre le loup et le pot le plus près, le défiant de faire un mouvement de plus d'un regard hautain. S'il voulait déverser sa colère sur quelque chose, qu'il ne s'attende pas à ce qu'elle reste les bras croisés. S'il croyait comme tant d'autres qu'elle était invivable avec sa nature enjouée ... Alors il n'avait encore rien vu. Même les dryades pouvaient se montrer cruelles, plus encore lorsqu'elles vivent trop longtemps dans le monde des hommes. Mais pour le moment, il ne méritait pas qu'elle risque de se casser les ongles, et puis s'il décidait de riposter, elle n'en mènerait pas large.

« Imbécile ! » Son index alla tambouriner contre le torse de ce grand homme qui avait bien besoin d'être remis à sa place. « Je te ferai remarquer que je n'ai rien d'une enfant ! Je n'ai pas besoin d'obtenir ta permission cent fois, et encore moins en ce qui concerne la nature ! » Si cela ne tenait qu'à elle, il n'aurait tout simplement pas à donner son avis sur la question. Surtout lorsqu'on ressentait le manque d'attention qu'il leur témoignait. Peut-être une autre raison qui la poussait à être aussi sur les nerfs. « Tu penses que je vais te juger, peut-être ? MOI ? Je m'en fiche de ce qui s'est vraiment passé ! Je ne sais pas ignorer une perche qui m'est tendue, c'est tout ! Tu devrais être bien plus inquiet de ce que les autres penseront lorsqu'ils te verront demain ! Ou alors, as-tu perdu la tête au point de refuser complètement de voir la réalité en face ?! Tu me déçois ! »

Elle détourna le regard, les épaules basses, consciente d'être allée trop loin. S'ils continuaient à crier ainsi, c'est le cabaret tout entier qu'ils rameuteraient autour du bureau, et ce serait elle qui ramasserait le blâme pour toute cette situation bizarre. Mais elle ne s'excuserait pas d'avoir été honnête. Malgré tout, sa voix était un peu plus faible lorsqu'elle reprit, toute trace de légèreté disparue. La pièce lui semblait tout à coup beaucoup trop petite, elle aurait préféré mettre plus de distance entre eux.

« Si tu veux tout savoir, je venais te demander un peu d'argent. Ne fais pas cette tête, je t'expliquerai. Mais il y a plus important pour le moment. Sois franc, cette fois ! Crois-tu vraiment que je ne t'offrirais pas mon aide lorsque je le peux ? »

Et pas seulement parce qu'elle lui était redevable, ou parce qu'elle voulait lui demander cette faveur. Elle ne méritait peut-être pas son respect, elle n'était peut-être pas aussi douée que les autres créatures peuplant ce cabaret, mais elle aurait aimé croire qu'il avait au moins appris cela. Peut-être croyait-il plutôt qu'elle répandrait cette histoire comme une mauvaise blague, mais elle voyait bien qu'il était perturbé par toute cette affaire. Était-elle tombée si bas dans son estime ? Et si c'était le cas ... Devait-elle ramasser ses affaires et partir au petit matin, disparaitre sans un mot de plus ? Elle pensait avoir trouvé sa place, ici. Un endroit où elle pouvait être utile et peut-être devenir quelqu'un de bien, malgré tous ses vices. Et ses amis lui manqueraient atrocement. Mais comment pourrait-elle travailler pour quelqu'un qui ne tente pas même de voir au-delà des apparences ? Enfin. Cela faisait beaucoup de si. Pour le moment, elle préférait encore attendre la réponse du loup-garou, les mains sur les hanches pour les empêcher de trembler. Elle ne flancherait pas.
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeMar 24 Oct - 20:42

Deux mains se levèrent face à la colère soudaine de Jade. Elles se levèrent lentement, en signe de paix et d'excuse afin de sauver le peu qui restait de cette détestable journée. Edward écouta en silence, soupira brièvement, acquiesça vaguement avant de poser son regard dépareillé sur la jeune fille. Mince. Il l'avait vraiment mise en rogne. Une légère grimace déforma ses traits. Il le savait pourtant, s'interposer entre une dryade et ses plantes c'était comme empêcher un lycan de mordre dans un bon steak, soit l'une des pires idées du siècle. Il n'avait pas réfléchi et voilà le résultat.

« Tu me déçois. »

Là il tiqua. Pour des fleurs ? Sérieusement ? Ce n'était pourtant pas un mystère, Edward n'avait jamais compris l'intérêt de la végétation d'intérieure. La verdure n'était belle qu'à sa place, dehors, pas emprisonnée dans un pot trop petit dans un coin de bureau. Il aurait volontiers partagé sa façon de penser, si un doute soudain ne l'avait pas arrêté avant. Parlait-elle vraiment de ça ? La suite lui laissa entendre que non.

« De l'argent ? »

Sa surprise dut être visible, car Jade répliqua aussi sec. Le loup se renfrogna et s'acharna à détruire un nouveau bout de papier en des milliers de petits morceaux. La jeune fille reprit son discours et brusquement, le loup se figea. Stupéfait, Edward se tourna vers la maquilleuse, la scruta comme s'il la rencontrait pour la première fois et articula péniblement :

« Pardon ? »

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

La salle privée est plongée dans la pénombre. Edward est seul, adossé au mur, il n'a pas l'air bien. La porte s'ouvre, entre à peine un employé.

EMPLOYÉ – Monsieur, on m'a dit que vous pourriez avoir besoin d'aide pour déba…
EDWARD – Dehors !!

La porte se referme.

EDWARD murmurant – Je n'ai pas besoin d'aide…

Il reste seul.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------


Les mots résonnèrent clairement dans sa tête, pourtant le loup blanc eut l'impression de les avoir imaginé. Il ne les comprenait pas. Un long silence s'installa entre eux, uniquement rompu par le son grinçant du papier qu'Edward écrasait entre ses doigts. Il aurait pu le réduire en poussière tant sa poigne était féroce, mais à la place il le jeta brutalement sur son bureau et se redressa si violemment que le fauteuil faillit en perdre l'équilibre. Sa haute silhouette toisa un instant celle de Jade, mais aucun mot ne quitta ses lèvres pincées. Alors il repoussa la Dryade et s'éloigna d'un pas vif tout en s'exclamant :

« Et bien vous ne pouvez pas m'aider Jade. À moins que vous soyez soudainement en mesure de remonter le temps, non, vous ne le pouvez pas ! »

Il s'acharna sur la petite clef d'un meuble et grogna dans sa barbe toutes les insultes du monde lorsque, dans son emportement, la poignée du tiroir lui resta dans les mains. Il aurait tué pour moins que ça, mais ce léger incident eut l'avantage de faire prendre conscience au loup qu'il perdait tous ses moyens. Il fallait qu'il se calme et rapidement. Alors il se tut, s'appuya de ses deux paumes crispées sur le meuble, inspira et appliqua à la lettre les conseils de son frère cadet.

4532, 4531, 4530, 4529…

Il avait envie de hurler.

4528,  4527,  4526,  4525…

Comment avait-il pu se laisser humilier à ce point ?

4524,  4523,  4522,  4521…

Comment ?!

Ses poings se resserrèrent. Il ferma les yeux, se mordit les lèvres et s'arracha enfin à son immobilisme. Sa main s'engouffra dans le tiroir estropié et en retira une petite boîte métallique.
En deux pas, Edward avait rejoint son bureau où il déposa avec une force exagérée son butin. Son regard alla droit à Jade et ce fut d'un timbre froid et lointain qu'il lâcha :

« Et quand bien même vous le pourriez, pourquoi le feriez-vous ? Je ne suis que votre patron, alors ne soyez pas idiote et gardez votre grandeur d'âme pour les gens auxquels vous tenez. »

Le couvercle sauta sous les doigts tendus du roi des loups. Il retira de la boîte un petit paquet de billets qu'il conservait par sécurité et interrogea d'un ton sans timbre cette fois :

« Combien ? »

H.R.P:


Dernière édition par Edward White le Dim 13 Jan - 20:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeJeu 11 Jan - 5:29

Non mais il avait de la merde dans les yeux ou quoi ? Pourquoi les hommes étaient-ils incapables de ravaler leur foutue fierté ? Elle lui avait pourtant expliqué clairement. Non ? Elle lui avait dit qu'elle s'occuperait d'effacer la trace de rouge à lèvres. Elle avait insisté sur le fait que cela ferait jaser. Jade ne comprenait pas. Pensait-il que pleurer sur son oreiller suffirait ? Mouais, non, ça non plus, ça ne risquait pas d'arriver. Une ride menaçait d'apparaître sur son front, signe de sa contrariété et de sa confusion. Puis tout explosa.

Enfin, pas vraiment, hein ! C'était une simple expression !

Un grand crac se fit entendre. Vu l'endroit où se trouvait le boss, Jade pouvait plus ou moins deviner que le bureau venait de faire les frais de la colère du loup-garou. Ses traits restaient crispés, son regard furieux, et les mots qu'il lui crachait n'étaient pas très flatteurs. En deux pas silencieux, elle se rapprocha de la porte. Cette fois, c'est bon, elle commençait à être un peu effrayée. Mais qui croyait-elle tromper ? Elle n'aurait pas le temps de fuir. Elle n'aurait peut-être même pas le temps de hurler avant que la sentence ne soit tombée. Peut-être aurait-elle dû tenter sa chance devant le reste de la Curia alors ! Cela leur aurait évité de perdre du temps. Dans une autre vie, peut-être. Au lieu de cela, Jade attendit, sans bouger davantage, que l'agitation retombe. Puis elle se remit à bouger, contournant le bureau pour revenir à la hauteur d'Edward, retour au point de départ de cette soirée catastrophe, en somme. Elle soutint le regard vairon de son vis à vis, cherchant à juger ce qu'elle pouvait dire ou non, ses propres iris rosés tentant de cacher sa tristesse.

« Qui te dis que je ne tiens pas à toi un tant soit peu ? »

Tant pis si c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Elle posa ses mains frêles contre celles bien plus grandes d'Edward. Ces mains qui n'avaient cessé de s'agiter, depuis le moment où il était entré dans la pièce. Le chaud contre le froid. Il lui semblait alors bien plus vulnérable qu'il ne l'avouerait vraiment. Seul. C'était un bien triste tableau. Dans d'autres circonstances, elle lui aurait sans doute embrassé la joue. C'est comme cela, elle était tactile, tous ses mots devaient être ponctués de petits gestes qui venaient leur donner tout leur sens. Et cela lui aurait peut-être offert un peu de réconfort, même s'il répétait ne pas avoir besoin d'aide. Le monde ne s'arrêterait pas de tourner pour une bêtise. Mais c'était risquer qu'il lui prenne l'envie de lui tordre le cou. Elle préférait largement garder sa tête sur les épaules ! Elle soupira plutôt, fermant les paupières, choisissant de remettre un peu de légèreté dans la pièce. Retour au poste, patron ! Avec beaucoup de douceur, elle réussit à déserrer quelque peu la prise qu'il exerçait contre la boîte de métal, la laissant retomber sur le bois verni. Elle laissa passer quelques secondes ainsi, dans le silence, regardant ailleurs. Ils avaient tous deux besoin de se recentrer un peu, au bout du compte.

« Bon ... Tu es peut-être très sexy quand tu te mets en colère, Edward, mais cela devient vite lassant, alors puisque tu sais si bien comment te défaire tout seul de la ma-gni-fique marque violette que tu as sur la joue et les doigts avant d'en mettre un peu partout ... »

Elle se pencha sur la liasse de billets, faisant mine de compter les billets à son tour. Prenant grand soin de les faire tourner lentement entre ses doigts, pensive, avant de finalement prendre une décision. La petit pile disparut dans son soutif, le tout ponctué d'un clin d'œil presque coquin. Bah quoi ? Il n'avait tout de même pas raté toute la scène ? Peu importe. C'était tant pis pour lui, s'il ne pouvait plus profiter du charme des femmes. Il finirait dans un monastère, au pire, au lieu de mener un cabaret. Lieu de plaisir et de délices ...

« Je ne te rendrai le reste que si tu t'excuses. »

Ou bien il pouvait la tripoter et reprendre son butin par la force, mais ce n'était pas vraiment son genre. Encore moins après la mésaventure qu'il lui était arrivée. Oui, c'était un peu puéril. Mais il l'avait blessée. En échange, elle ne lui demandait pas même d'écouter son histoire. C'était le moins qu'il pouvait faire. Sinon, qu'il agisse en homme et fasse ce qu'il aurait dû faire depuis longtemps : la jeter hors de son bureau sans plus de cérémonie. Cela l'aiderait peut-être enfin à surmonter son complexe d'infériorité ! Au moins, elle n'avait pas parlé d'une prime de départ. Inutile de lui donner de belles idées, maintenant qu'elle était revenue sur ses menaces silencieuses ... De toute façon, il serait bien trop perdu, sans elle, oh !

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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeSam 20 Jan - 21:22

Les billets froissés dans ses mains, Edward attendait la réponse qui devait abréger ses tourments. Celle qu'il obtint les aggrava.

Qui te dis que je ne tiens pas à toi un tant soit peu ?

Il fronça les sourcils sans comprendre. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement, perlées d'interrogations que jamais il ne formula. Tenir à lui ? Pourquoi ? Comment ? Depuis longtemps ? L'incompréhension dévora ses traits et il se pinça les lèvres, recherchant activement dans ses souvenirs le geste ou le mot qui aurait pu entraîner pareil sentiment chez Jade. Ses fouilles furent minutieuses, mais infructueuses. Si bien que lorsque la main de la demoiselle se posa sur la sienne, il en oublia un mouvement ce recul qui l'avait toujours tenu hors de portée du reste du monde. Son cœur se serra au contact de leur peau et il voulut savoir. Il ouvrit la bouche pour la questionner, mais elle le coupa, le clouant sur place.

Il était lassant. Bientôt, elle ne tiendrait plus à lui.

Ce résultat, il le croyait inévitable, mais il souhaita le retarder. Il chercha les mots pour s'excuser, sans prendre garde à la honte qui lui colorait les joues. Il y réfléchit sérieusement, vraiment, mais il en avait si peu l'habitude que cela lui prit un temps monstrueux. Temps que Jade employa à se jouer de lui.

Chacune des dernières syllabes qui glissèrent de ces petites lèvres rosées furent aussi perçantes et douloureuses qu'un tisonnier brûlant. Edward en grimaça nettement et cette fois-ci, prit ses distances avec la jeune femme.


----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

Edward rejoint le hall où l'attend une femme visiblement impatiente. Il se crispe en la voyant, mais elle lui sourit.

INCONNUE – Chéri enfin vous voilà !
EDWARD – Vous ?!
INCONNUE – Oh tant d'ardeur ! Je vous ai manqué ?
EDWARD – Je croyais que nous avions convenu d'enterrer cette histoire.
INCONNUE (riant) – Vous êtes adorable !
EDWARD – Mais-
INCONNUE – T-t-t, je ne vous pardonnerai que si vous m'accordez un tête à tête ~

Edward serre les poings, puis l'invite à le suivre.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------


Ça vous amuse ?

Sa voix était plus forte et plus froide que jamais. Elle l'avait blessé, encore, comme l'autre. Elle lui avait presque fait courbé l'échine pour une tendresse qui n'existait même pas. Il était idiot, mais un idiot si avide d'un tant soit peu de reconnaissance qu'il se faisait inlassablement avoir par les mêmes ruses. Il se dégoutait.

On ne monnaye pas le pardon des gens auxquels on tient Jade.

Elle avait menti. C'était évident. Il recula encore. Il voulait dresser un gouffre entre elle et lui, mais dû se contenter de son frêle bureau. Il se sentait fiévreux, furieux contre lui-même, répugné de s'être abandonné à une faiblesse qui lui avait valu un coup si bas et si douloureux. Ses jambes tendues ne l'autorisèrent à rester en place que lorsqu'il trouva le dossier de son fauteuil pour y enfoncer ses doigts tremblants. Pourquoi lui ? Pourquoi lui infligeait-elle ça ? Son regard, perdu entre un vide monstrueux et une colère pire encore, retrouva un semblant de vie lorsqu'il crut comprendre.

Vous vous vengez ? C'est à cause de ce qui est arrivé à Louna chez les De Montalent ?

Edward connaissait la relation fusionnelle de ses deux employées. Il savait aussi que, depuis cette soirée cauchemardesque, les sourires tendres de la petite Louna s'étaient teintés de peur et de tristesse. Il lui avait demandé pardon maintes fois, il s'en était voulu plus souvent encore, mais il ne pouvait pas changer le passé, alors :

Je comprends que vous m'en vouliez, mais soyez rassurée, je me sens suffisamment coupable. Vraiment ! Inutile de perdre votre temps à vous amuser avec mes nerfs.

Oui inutile. Les hurlements de l'armature de son fauteuil, broyée entre ses doigts, en témoignaient. Ce fut au prix d'un violent effort qu'Edward parvint à garder son calme, allant jusqu'à se mordre la langue au sang pour ne pas hurler son amertume. Le liquide cuivré glissa dans sa gorge et emporta avec lui de nombreux espoirs. Si bien que lorsqu'il reprit la parole, une profonde fatigue se mêlait à l'agacement qui y perlait :

Sortez.

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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 4 Fév - 1:34

« Quoi ? »

Bah oui, il allait falloir qu'il précise, parce que Jade avait un peu de mal à suivre. Un tas de choses l'amusait, mais elle doutait que cela l'intéresse vraiment. Que cherchait-il à savoir au juste ? Pourquoi s'énervait-il autant, encore une fois ? Oh. « On ne monnaye pas le pardon des gens auxquels on tient » hein ? Elle haussa les épaules, sa langue claquant contre son palais. Elle lui faisait déjà une faveur. Elle aurait très bien pu s'enfuir avec son butin sans demander son reste ! Il faisait encore une tête de poisson rouge, il n'y a pas quelques minutes de cela ! C'est ce qu'elle aurait fait, il y a quelques années à peine. Mais elle tentait d'apprendre. Ce que c'était, justement, d'avoir quelques personnes auxquelles on peut tenir, et comment agir avec ces personnes. La panthère rose n'avait jamais pu prétendre à rien de tout cela ! Edward connaissait très bien son passé, même si ce n'était pas dans tous les détails. Pourtant, il osait lui dire une chose aussi ... odieuse ?

Une blessure n'attendait pas l'autre. Voilà qu'Edward lui lançait d'autres accusations au visage, sans qu'elle puisse se défendre ou même hausser le ton à son tour. Se venger ? Et puis quoi encore ? Qu'avait-elle dit, de si terrible ? Elle ouvrit la bouche pour le questionner davantage à ce sujet, pour lui demander de s'expliquer. Au diable son rang et son nom, il n'avait pas le droit de la traiter de la sorte sans raison. Mais il mentionna le mot de trop. Louna. De brûlant, le sang de Jade devint gelé, et toute sa colère fut emportée en une poignée de secondes. Ne laissant derrière que des regrets et une profonde tristesse.

« Non ... Je ... »

Le reste de sa phrase mourut sur ses lèvres, regard fixé au sol. Edward pouvait au moins être fier de cela : il avait réussit à clouer le bec à sa petite employée un peu trop effrontée. Mais il avait touché un point sensible, et il avait touché juste. La soirée dans le cabinet morbide avait laissé ses marques. Jade se sentait tout aussi coupable qu'elle accusait le loup. Si elle avait su surmonter son malaise, si elle avait prêté plus attention ... Elle aurait dû faire quelque chose pour protéger sa meilleure amie, sa seule amie. Peut-être aurait-elle pu la calmer, la ramener à la raison. On ne le saurait jamais, maintenant.

L'ordre sonna, haut et lourd. Sortez. Impersonnel, glacial et sans appel. Elle n'avait plus rien à faire ici. N'était-ce pas exact ? Elle avait obtenu ce pour quoi elle était venue. Il ne voulait pas de son aide. Jade releva la tête, tenta un sourire incertain. Son regard n'avait plus rien de son étincelle habituelle, pleine de joie de vivre. Entre cris et silences, nombres de non dits de part et d'autre, quelque chose s'était brisé. Sa voix se fit plus feutrée :

« Ne t'inquiète pas. Je pars quelques jours. »

Sa main laissa retomber plusieurs billets froissés. Les excuses qu'elle ne savait pas lui offrir. De la part d'une voleuse, n'était-ce pas la preuve de quelque chose ? Jade avait l'impression que si elle continuait à parler, cela ne servirait à rien. Elle ne ferait que gâcher les choses un peu plus parce qu'elle ne comprenait pas. Elle n'avait pas besoin d'une si grosse fortune pour payer son billet de train, après tout. Les autres menues dépenses pourraient être couvertes par ses économies. Elle ne s'attendait pas moins à ce que ce montant soit récolté sur ses paies à venir. Elle n'aurait pas dû partir en laissant une situation aussi tendue derrière elle. Mais elle avait promis. Et peut-être que le temps saurait apaiser cette blessure. Sans un mot de plus, ni un dernier regard, sans lui laisser le temps de tenter peut-être des excuses, qu'elles soient sincères ou non, elle tourna les talons et referma doucement la porte derrière elle, sans prendre la peine de ramasser les plantes non plus. Cela pouvait attendre. Elle ne pouvait plus en supporter bien davantage.

Elle resta appuyée un instant dos contre la porte. Une barrière entre elle et le reste du monde. N'y était-elle pas habituée ? On récolte ce que l'on a semé. Elle le savait mieux que quiconque. Alors pourquoi cette brûlure en son cœur ? Des larmes se mirent à couler silencieusement sur ses joues. Elle les essuya du revers de la main, étouffant le reste de l'émotion qui menaçait de déborder en sanglots et autres reniflements. Il ne le méritait pas. Il était comme tous les hommes et ne voyait que ce qui pouvait bien lui plaire ...

De l'autre côté de la porte, les feuilles tombaient lentement, une après l'autre, comme pour faire écho à sa douleur, à chaque pas qui l'éloignait.
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeSam 10 Fév - 17:40

La porte claqua doucement, mais le bruit n'étouffa pas le malaise d'Edward. La petite silhouette de Jade disparut, mais son amertume n'en fut que plus grande. Il avait la tranquillité à laquelle il aspirait, mais il ne ressentait que de la solitude. Alors le colosse vacilla.
L'espace d'une seconde, son corps faiblit et l'obligea à se rattraper à son bureau. Il y apposa sa large main et passa l'autre sur son visage. Quelques mèches retrouvèrent leur place derrière son oreille avant qu'il essuie une nouvelle fois et toujours aussi nerveusement sa joue marquée. Une profonde inspiration et il passa à autre chose. Mettre de côté ses sentiments, rien de plus facile. Ce n'était pas la première fois, ce ne serait pas la dernière.
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La scène se passe quelques semaines plus tôt à la Curia. Sont présents : Edward, Olek et Peter, assis dans l'Agora.

EDWARD (se dressant sur ses pieds) – Hors de question.
OLEK – Ça ne me plait pas non plus, mais il faut reconnaître que c'est notre meilleure option.
PETER – Ne soyez pas plus stupide qu'à l'accoutumée Edward. Il s'agit, tout au plus, d'un peu de charme et de lui donner rendez-vous.
EDWARD – Et bien faîtes le si c'est si simple.
PETER – Mais c'est pour vous que l'ogresse a un faible.
EDWARD – Ce n'est pas réciproque et je refuse de jouer à ça.
OLEK – C'est peut-être notre seule chance de le coincer. Ils doivent partir aux États-Unis dans deux jours.
PETER – Pitié, ce n'est qu'un mensonge parmi tant d'autres pour vous ! Vous passez vos journées à jouer la comédie, ça ne changera pas de d'habitude.
EDWARD (tournant les talons) – Non !
OLEK (soupirant) – Sauf ton respect, t'es un exécrable diplomate Peter.
PETER (dubitatif) – Ma foi, si ce cabot ne craint pas d'avoir sur la conscience les larmes d'une autre ondine…
EDWARD (s'arrêtant, puis tapant nerveusement du pied avant de se retourner, son timbre est glacial) – Uniquement pour cette fois.

Il se rassoit et la discussion reprend sur l'expédition en préparation.

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Allé. Il n'avait qu'à s'installer à son bureau, se pencher sur quelques papiers et oublier. Bon plan. Enfin presque. Lorsqu'il se redressa son geste fit tomber l'un des billets rendus par la dryade, son cœur se serra. Le loup blanc se pencha et le ramassa, jetant malgré lui un coup d'œil vers l'entrée de la pièce. Il n'y vit qu'un battant de bois, froid est clos, à côté duquel fanait une azalée.

Quelle plaie !

Un violent coup dans la table la déplaça d'un bon mètre, quelques feuilles volèrent, plusieurs crayons tombèrent et sa lampe vacilla dangereusement. Deux balancements eurent raison de son équilibre. Elle chuta, mais Edward n'était déjà plus là pour le voir.

Jade, attendez !

Il la rattrapa juste avant qu'elle s'engage dans l'escalier, sans la toucher, s'arrêtant juste derrière elle. Il était à peine essoufflé, mais sa mise, aussi désordonnée que ses gestes, trahissait son malaise et son inhabileté à le résoudre. Ce n'était pourtant pas la volonté qui lui manquait, il ne savait tout simplement pas s'y prendre.

Écoutez…

Sa voix s'éteignit et une chape de plomb lui écrasa l'estomac. Elle avait pleuré. La panique lui fit détourner les yeux. Son regard se perdit tour à tour sur le vide, le mur, les tableaux ou la tapisserie, puis revint furtivement sur la dryade et se perdit à nouveau la seconde suivante. Il ne tenait pas en place, ou plutôt, il était encore plus agité qu'à son habitude.
Comment faire ? S'excuser ? Mais de quoi ? La rassurer peut-être ou la questionner sur son départ ?  Se montrer compatissant ? Bon sang c'était tout juste s'il savait ce que ce mot signifiait ! Quel enfer.

C'était d'autant plus complexe qu'Edward connaissait le passé de Jade. Il savait ce que ces billets rendus signifiaient pour elle, il savait les efforts qu'elle avait fourni et à quel point elle souhaitait changer. Comme lui.
Alors non. Définitivement, il ne pouvait pas lui refuser la main tendue à laquelle lui-même aspirait depuis si longtemps. Même si elle avait Louna et même s'il était le pire soutien qu'on puisse espérer. Fort de cette conviction, il retrouva un semblant de calme. Ses épaules se détendirent légèrement et après une brève inspiration, il abandonna pour la dryade :

Quoi que j'ai pu dire Jade, vous avez votre place au cabaret aussi longtemps que vous le souhaiterez.

L'hésitation s'imprima sur ses traits, rapidement remplacée par un sourire crispé. Cette fois-ci ses iris dépareillés ne se détournèrent pas de ceux, encore humides, de Jade et il ajouta doucement :

Et que vous me supporterez.

Le reste releva d'un effort colossal. Edward n'était pas de ceux qui allaient naturellement vers les autres. Il les tenait à bonne distance, toujours, bridant sa méfiance uniquement pour jouer le rôle de l'avenant patron de cabaret. Le reste du temps il était seul, il se débrouillait seul, ne demandant de l'aide qu'en cas d'ultime recours et encore. Il ne voulait plus être redevable, son ardoise était suffisamment longue comme ça. Mais il fit une exception. Une exception timide et mal-assurée, mais où on l'entendait hisser haut et fort le drapeau blanc :

Et… Je suis preneur si vous avez un conseil pour disons… effacer du rouge à lèvres ?


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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeMer 18 Juil - 21:11

Son pied avait à peine eut le temps de se poser sur la première marche menant au premier étage que la voix d'Edward éclata dans son dos, la poussant à s'arrêter tel qu'il le demandait. Pourquoi ? Pourquoi l'avait-il pourchassé ? Pourquoi hésitait-elle ? Si c'était pour encore se faire crier dessus, Jade aurait préféré qu'il la laisse tranquille. Mais non, alors qu'elle se retournait, il lui devenait évident que quelque chose était différent, dans sa posture, dans sa voix hésitante, elle n'en était pas sure. Alors la voleuse repentie qu'elle était se contenta d'écouter, en silence. Cela prit quelques minutes de malaise, mais finalement, quelques mots lui furent offerts.

Était-ce des excuses qu'Edward était en train de lui présenter ? Alors qu'un peu plus tôt, il s'y refusait catégoriquement ... La dryade le fixa, toujours sans rien dire, le regard presque acéré comme le ferait un fauve blessé, tentant de juger ses intentions. Cherchait-il à se moquer d'elle à son tour ? Ou bien était-ce seulement parce qu'elle avait encore les yeux rougis et bordés de larmes ? Elle ne voulait pas de sa pitié. Elle valait mieux que cela.

D'un geste rapide, Jade essuya ses paupières. Elle devait avoir une mine affreuse ! Elle releva pourtant la tête, prête à faire comprendre à ce vieux loup qu'il ne fallait pas la prendre à la légère, mais elle se ravisa par un seul regard. Qui était cet homme devant elle ? Jade avait du mal à reconnaître son patron. Son physique avait beau être identique à tout à l'heure, jusqu'à la tache de rouge à lèvres, elle n'avait jamais vu sa tenue aussi désordonnée et son regard fuyant manquer d'assurance. Il avait ravalé sa fierté, juste parce qu'elle avait pleuré ? Peu importe. Puisqu'il faisait des efforts, elle pouvait en faire de même. Bon. Commençons par remettre un peu d'ordre. Ce serait sa façon de le remercier.

« Tu remettrais mes talents en doute ? Suis-moi. » dit-elle en lui ébouriffant les cheveux comme on le ferait à un gosse pris en faute. Il en avait toute l'apparence alors pourquoi pas ?

Oui, après tout, ils avaient déjà mis le petit bureau à l'envers, enfin Edward surtout même si c'était parce que Jade avait mis de l'huile sur le feu, mieux valait ne pas y retourner. En plus cela leur rappèlerait leur dispute encore trop fraîche. Elle se retourna une dernière fois, esquissant un petit sourire. Une pale ombre comparé à ceux qui marquaient habituellement son visage, mais il ne fallait pas trop lui en demander. Elle lui était reconnaissante, mais elle préférait le charrier ... Et peut-être le rassurer un peu.

« Ne prends pas trop la grosse tête Edward. Si je pars ... C'est pour Martha, pas pour tes beaux yeux. »

Le nom qu'il ne fallait jamais prononcer devant elle. Le sujet délicat. Son plus grand échec. Mais elle n'avait jamais pu rien lui refuser, alors ... Elle écouterait ce qu'elle avait à lui dire, même si cela devait lui briser le cœur une nouvelle fois. S'il avait des questions à lui poser, cela devrait attendre qu'ils soient derrière la porte du petit atelier. C'était son tour d'avoir le regard un peu fuyant, joant avec ses doigts. Il faut croire que c'était contagieux l'embarras !

Elle lui désigna finalement un siège où s'asseoir, attendant une réaction quelconque.

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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 5 Aoû - 14:04

Une main dans ses cheveux.

L’action fut brève, une seconde peut-être, mais elle suffit à effaroucher le loup. Il eut un regard envieux vers son antre tout juste quittée. Il n’avait que quelques mètres à avaler, pousser le battant, le refermer et il retrouverait sa tranquillité. Sa solitude aussi. Mais à présent, elle lui semblait plus douce, plus sûre aussi. Sans risque de faire couler des larmes.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

La scène se passe dans un jardin à l’abri des regards. Olek est en retrait, Edward fait face à une femme. Elle le gifle.

INCONNUE - Vous avez osé !
EDWARD (silencieux)
INCONNUE – Vous avez utilisé mes sentiments pour vous comme s’il ne valaient rien ! Vous m’avez trompée, manipulée !
EDWARD (toujours silencieux)
INCONNUE (pleurant) – Jamais je n'ai été aussi humiliée ! Je ne vous le pardonnerai pas !
OLEK (se rapprochant) – Monsieur White était contre l’idée, mais n–
INCONNUE (repoussant Olek avant de s’éloigner) – Vous me le paierez Edward !

Elle sort.

OLEK – Tout va bien White ?
EDWARD (la tête basse) – Oui.

Olek passe son bras dans le dos d’Edward et l’entraîne plus loin. Ils quittent la scène.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

Martha. Le nom résonna familièrement à l’oreille de l’animal et attira de nouveau son attention. Il observa Jade dévaler doucement les escaliers. Il savait qu’il devait l’accompagner, mais il ne lui emboîta pas le pas toute de suite. Il attendit qu’elle disparaisse au pallier suivant, puis descendit à son tour quelques marches, prudent. Il la suivit ainsi jusqu’à ce qu’elle atteigne le rez-de-chaussée, se laissant la possibilité de rebrousser chemin à tout moment. Il y pensa à plusieurs reprises. Deux fois même, il tourna les talons, mais le souvenir des yeux rougis de la dryade et l’aide qu’elle était venu trouver auprès de lui, le convainquirent d’avancer un peu plus à chaque fois.
Mètres après mètres, il traversa la salle de spectacle, vide maintenant, se glissa dans l’obscurité apaisante des coulisses, ne croisa que deux âmes en grande discussion, puis tourna à gauche et gagna la petite porte entrebâillée de l’atelier de maquillage. Il pila net.

Un homme lui faisait face. Un homme débraillé, échevelé, au regard farouche et à la joue marquée d’un reste de baiser. Il fallut une minute à Edward pour comprendre que cet homme, c’était lui, ou plutôt, son reflet.

Tout ceci était une très mauvaise idée.

Écoutez Jade…

Elle lui indiqua le siège installé en face du miroir et le loup blanc sentit son courage vaciller. S’asseoir, faire face à son orgueil blessé, échanger en fixant cette figure dont il détestait chaque trait, si c’était ça le prix à payer pour se débarrasser d’une pauvre trace de rouge à lèvres, alors il préférait encore se passer la joue au grattoir jusqu’à en arracher la peau. Il soupira. Allé. Encore un effort.
D’un geste lent, presque éteint, il retira sa veste. Il pénétra la petite pièce en une foulée courageuse et dissimula la glace de son vêtement. Il se laissa ensuite tomber dans le siège et observa, avec une attention trop prononcée pour être naturelle, les nombreux produits qui s’étendaient sur le plan de travail.
Il en prit un, au hasard, dans ses grandes mains malhabiles. Pour s’occuper sans doute, et dissimuler son malaise. La petite boîte noire tourna entre ses doigts jusqu’à ce que son index trouve le mécanisme d’ouverture. Le clapet pivota brusquement et s’envola avec lui un peu de fard à joue. La poudre légère voleta jusqu’à la truffe du loup qui fut pris d’une belle crise d’éternuements. Il rejeta la boîte au fond de la table d’un geste brusque, puis se masqua le visage pour contenir une troisième et dernière exclamations avant de s’offusquer :

Mais c’est quoi ce truc !?

Ses iris croisèrent ceux de Jade. Il prit conscience de son propre emportement et les détourna aussitôt en marmonnant une excuse. Deux secondes ne furent pas écoulées qu’il tenait à nouveau, entre ses mains, une toute petite brosse bien étrange dont l’utilité lui échappa. Il s’amusa avec, la martyrisant sans en avoir conscience, le temps de trouver le courage de demander :

Est-ce qu’elle vous en veut toujours ?

Il commença à aligner les pinceaux à sa disposition par taille le long du plan de travail et ajouta après un bref silence :

Martha.

Il ne tenait pas en place. Son regard se posa sur une bouteille. Edward se pencha et la saisit afin d’en lire l’étiquette, mais elle était à moitié effacée. Il la déboucha par curiosité, mais l’éloigna sur l’instant dans une grimace marquée. La refermant précipitamment, il la reposa au hasard sur une étagère en interrogeant :

J’espère que ce n’est pas ce que je dois utiliser pour enlever cette trace, je tiens à mon odorat.

Peut-être découvrirait-il plus tard que ce n’était qu’un parfum.


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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 7 Oct - 22:13

Jade avait été surprise par la réaction de son patron, clairement tendu. Fierté ou pas, d'habitude, les animaux aiment les caresses non ? Certes on n'approche pas un loup comme un chiot mais la dryade avait cet avantage qu'elle représentait l'essence même de la nature et puis c'était déjà plus facile s'ils avaient forme humaine. En plus, il n'y avait personne d'autre dans les couloirs ! Au moins, il ne reprit pas le mors aux dents pour retirer son offre et retourner dans son bureau de mauvais poil. Bonne chance pour effacer la preuve de son échec cuisant contre la gente féminine sinon !

La dryade se sentit tout de suite plus sereine en entrant dans l'atelier. Il y régnait une atmosphère paisible et ses fleurs préférées embaumaient l'air d'un parfum léger. C'était une pièce qui lui appartenait. Sa chambre aussi, mais ceci était un peu plus important pour elle, comme un symbole : elle avait déployé beaucoup d'efforts pour pouvoir travailler ici et les artistes avaient beau la trouver un peu étrange parfois, ils lui faisaient confiance.

Son patron, par contre, n'avait pas l'air de ressentir la même sérénité. Avant même qu'il s'assoit, les regards qu'il jetait aux quatre coins montraient bien qu'il n'était toujours pas bien à l'aise. Ou alors il était peut-être juste curieux ? Difficile à deviner. Tant qu'il ne tourne pas de l'œil ... Une mauvaise idée ? Vraiment ? C'était SON idée pourtant. Inflexible, elle lui désigna le siège où s'installer. Enfin avant cela, peut-être devrait-il se mettre un peu plus à l'aise.

​« Tu devrais enlever ta veste et ta cravate mon coco, on va en avoir encore pour un petit moment toi et moi. »

Jade ne put s'empêcher de sourire bêtement devant sa mine déconfite. Il se rendait peut-être enfin compte de l'étendue des dégâts. Ses vêtements avaient été tâchés dans ses gestes maladroits et pas juste son visage. Elle le laissa seul un moment pendant qu'elle cherchait des épingles dans une commode, attachant ses cheveux afin qu'ils ne nuisent pas à son travail. Elle releva ses manches en chantonnant tout doucement pour tenter d'alléger l'atmosphère. Ils en avaient tous les deux besoin. Après tout, travailler pour son patron, ce n'était pas tout à fait pareil. Et puis ... Elle avait failli l'admettre tout à l'heure, mais elle admirait beaucoup ce qu'il faisait ici.

Peut-être était-ce pour cela qu'elle ne dit rien en le voyant farfouiller dans les effets déposés devant lui. Normalement, elle lui aurait dit de rester tranquille. Mais bon. C'était de bonne guerre. Elle avait mis le bazar dans son bureau. Elle lui laisserait donc encore quelques minutes. Parce que tout de même, s'il n'arrêtait pas de gigoter, ça allait devenir difficile de l'aider. Et tout à coup, Edward posa une question qui la laissa plutôt embêtée, presque mal à l'aise à son tour. Elle ne répondit pas à la sienne, tentant de reprendre la boîte avant qu'il décide peut-être d'en renverser tout le contenu. Il en avait déjà assez fait avec son fard à paupières. Il pensait que c'était gratuit peut-être ? Lorsqu'il la devança, elle resta silencieuse encore quelques secondes, perdue dans ses pensées.

​« Je ne sais pas. Mais elle souhaite me parler, en personne. C'est un début non ? »

Elle n'avait pas à lui répondre mais peut-être que réfléchir à autre chose lui permettrait de se calmer. Sans doute sa réponse paraîtrait-elle un peu naïve. Elle pouvait très bien se faire de faux espoirs sur la situation. Elle aurait pu lui montrer la lettre, conservée avec toutes les autres, pour lui demander son avis. Mais c'était son trésor. Et puis elle n'était pas une enfant.

​« Nous avons toutes les deux perdu une sœur après tout. »

Elle lui tourna le dos, s'affairant pour trouver de quoi retirer la tâche violette, mais le miroir l'empêchait de cacher entièrement son visage, entre la ride qui lui barrait le front et ses yeux un peu tristes, contrariée. D'autres auraient cru que cela les aurait rapprochées, au lieu de creuser un fossé entre elles ... Mais tout cela appartenait au passé. Jade ferma les paupières, puis lorsqu'elle les rouvrit, elle reprit d'un ton plus joyeux :

​« Elle habite en Espagne maintenant ! Elle va m'attendre à la gare, encore heureux, je risque de ne rien comprendre et d'être complètement perdue sinon. Je n'ai jamais voyagé, c'est assez excitant ! Même si je m'inquiète un peu pour Louna ... Oh ! Tu sais, tu devrais lui demander des conseils pour redresser cette coupe à l'arrache pendant mon absence ! Ça lui ferait vraiment plaisir, en plus. »

Elle s'était retournée au milieu de ses paroles, un linge humide entre les doigts, l'approchant du visage du loup-garou sans faire de gestes brusques. Il fallait bien commencer par la base. Elle suspendit néanmoins son geste, sa main retombant le long de son corps, pensive. D'habitude, elle donnait toujours l'impression d'être confiante, mais une inquiétude venait de lui prendre soudainement le cœur.

​« Attends. J'avoue que je ne me suis pas posée la question mais ... Je peux quitter la ville quand même ? Je ne suis plus une cambrioleuse depuis longtemps maintenant et puis ... Tu as d'autres maquilleuses pour prendre le relais ... »

Cela pouvait être vu comme une simple question d'employée. Ce n'était pas comme si ce serait la première fois qu'elle lui demandait des conseils, même si d'habitude elle y allait de façon plus détournée. En vérité, elle se questionnait davantage du point de vue de la Curia, même si elle hésitait à y aller de but en blanc. En général, elle aimait mieux ne pas trop mettre son nez là-dedans. Elle connaissait les règles dans les grandes lignes et cela lui suffisait. Moins de risques comme cela qu'on vienne lui demander des comptes pour ses mauvaises années. Le karma était déjà venu réclamer son dû. Mais là ... Une précision était assez importante. Son beau rêve pouvait voler en éclats. Après, il lui resterait encore à échapper à la surveillance des policiers mais elle en avait l'habitude.

Bien sûr, si Edward comprenait tout cela, il pouvait la questionner en retour pour avoir quelques détails sur la manière dont elle avait appris ces informations, mais elle préférerait qu'il lui offre au moins une réponse avant de remplir sa part du marché. Qu'importe si cela ne lui faisait pas plaisir.
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeSam 19 Jan - 11:15

En y réfléchissant bien, l'enfer devait ressembler à s'y méprendre à une loge de maquillage. Des miroirs partout, une lumière feutrée à l'exception de quelques spots criards, aveuglant les pauvres êtres immobilisés sur leur chaise et à qui l'on barbouille la face de substances douteuses. Milles odeurs se dégageaient de milles produits, imprégnant ce lieu trop exigu qu'Edward aurait bien percé d'une énorme fenêtre. Le proximité de sa geôlière, aussi charmante soit-elle, n'y changeait rien et il aurait vendu son âme sans sourciller pour retrouver sa liberté.

Il inspira et toussa aussitôt, s'étranglant de fierté.

Pardon ?

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

Il fait nuit, le fiacre sursaute légèrement sur le pavé de la rue.

PETER (croisant les bras) – Franchement White, vous auriez pu faire un effort.
EDWARD – Ça n'a aucune importance.
PETER – Bien sûr que si. Vous n'êtes pas crédible.
EDWARD – Vous auriez préféré que je me mette sur mon trente-et-un pour un faux rendez-vous galant ?
PETER – Évidemment.
EDWARD – Allez au diable Peter.
PETER – Si vous pouviez au moins nouer correctement vos cheveux…
EDWARD – Si je défais ce cordon, je vous étouffe avec.
PETER (balayant l'air de la main) – Comme vous voudrez.

Le fiacre s'arrête, la porte s'ouvre.

OLEK – Nous sommes arrivés messieurs.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------


Le rouge lui monta aux joues et d'une main nerveuse il passa une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de récupérer sa queue de cheval qu'il laissa retomber sur son épaule. Malheureusement pour lui, à cet instant, seul un bon coup de peigne aurait pu sauver sa « coupe à l'arrache ». Il murmura, davantage pour lui-même qu'en réponse à Jade :

C'est très bien comme ça.

Le lycanthrope aperçut du coin de l'œil le linge tenu par la jeune fille et s'écarta par réflexe lorsqu'elle l'approcha de lui. Les mots franchirent ses lèvres sans qu'il réfléchisse.

Je vais le fa…

Jade de l'entendit pas. Perdue dans ses pensées, elle se ranima après quelques secondes, l'esprit et la bouche débordant d'interrogations. Edward l'écouta, rivé dans l'angle opposé du siège, guettant le moindre mouvement suspicieux de la jeune femme et de sa serviette. Il ne releva les yeux que lorsque la voix délicate de son interlocutrice s'arrêta en suspens. Il attendit une suite qui ne vint pas et, hésitant, le loup finit par interroger au hasard de ses déductions :

C'est la réaction de la Curia qui vous inquiète ?

Il essuya une nouvelle fois la marque sur sa joue, l'étirant davantage, rougissant un peu plus sa paume.

Vous êtes libres au regard de ses lois. Vous pouvez vous rendre où bon vous semble Jade.

Il s'accouda à son siège, sa main libre torturant dangereusement l'un des boutons de sa chemise. Ses iris dépareillés ne quittèrent pas le visage de la dryade lorsqu'il ajouta d'un ton pensif :

Et je ne pense pas qu'elle vous recherche.

Il leva les yeux au plafond et fronça légèrement le nez en essayant de se remémorer un éventuel dossier la concernant. Rien ne lui vint. Rien, excepté une idée. Le loup se redressa légèrement, plus confiant. Il prit un air nonchalant et lança d'un ton aussi neutre et naturel que possible :

Cela dit, je vous avertirez si je vois ou entends quelque chose vous concernant.

Premier pion posé. Il joua le second dans la foulée. Sa grande main récupéra d'un geste rapide le linge tenu par Jade et s'y agrippa fermement tandis qu'il ajoutait :

Un service contre un autre. En échange, expliquez-moi comment enlever ces maudites marques.

Les derniers mots, prononcés avec une colère difficilement contenue, précédèrent une nouvelle phrase dont les syllabes furent volontairement exagérée et appuyée. C'était sa dernière chance.

Sans démonstration.

Le regard fixé sur Jade, le loup blanc espérait faire d'une pierre deux coups. Esquiver tout contact et retrouver rapidement sa liberté.

Ensuite, je me débrouillerai.


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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeJeu 25 Juil - 20:00

Jade n’était pas tout à fait convaincue que toute cette histoire soit si simple. On ne la lui faisait pas, à elle ! Si la police n’arrivait pas à avaler la pilule sur le fait que la Panthère Rose ait prit sa retraite avant de se retrouver derrière les barreaux, alors pourquoi en serait-il différent pour la Curia ? Sûrement qu’ils avaient de plus gros poissons dans leurs lignes de mire pour se soucier de quelques vols insignifiants. Jade avait appris des meilleurs et la première règle de tout bon cambrioleur était de prendre seulement ce qui ne manquerait à personne. Bien sûr, le vol était signalé, les riches faisaient tout leur cinéma … Mais quelques jours plus tard, leur chagrin s’envolait et ils s’achetaient une nouvelle babiole pour remplacer l’ancienne.

La réaction d’autrui n’aurait pas dû l’inquiéter outre mesure. Techniquement, elle n’avait de comptes à rendre à personne, à part aux lois de la nature elle-même qui l’avait vu naître. Mais avec ce maudit contrat, on pouvait sûrement rajouter le Roi des lycanthropes à la liste. En soi, c’était juste un bout de papier insignifiant, même pas magique, mais c’était tellement … plus. On l’avait aidée alors qu’elle n’avait plus rien ni nulle part où aller. Bien sûr, Edward y gagnait aussi au change en récoltant de nouveaux employés, mais pour une fille qui avait grandi dans la rue, qui n'avait pu compter que sur elle-même pendant de trop longues années, ça lui faisait du bien.

Évidemment, encore une fois, le loup blanc se montrait être un redoutable adversaire. Il acceptait de tendre l'oreille aux sujets de potentiels ennuis, mais ce ne serait pas gratuit. Rien ne l'était plus en ce bas monde ... Pourtant, sa demande fit rire Jade. Sérieux ? Il aurait pu lui demander n'importe quoi et tout ce qu'il voulait, c'était faire disparaître cette marque de rouge à lèvres ? Ce qu'elle lui avait déjà promis soit dit en passant. Sacré fierté masculine. Il voulait faire tout seul, comme un grand garçon ? Soit. Cela prendrait un peu plus de temps. Si c'était ce qu'il voulait c'était son problème, c'est lui qui payait les heures de travail !

« Ça serait déjà plus facile si tu arrêtais de mettre ton nez partout ! »

Si ça continuait comme cela, il allait finir par réveiller ses plantes. Il y en avait une qui se ferait un plaisir de lui croquer le bout des doigts mais alors Edward risquait de se montrer beaucoup moins magnanime envers les idioties de la nymphe ! Jade lui remit le chiffon en levant les yeux au ciel. Il pouvait commencer par ouvrir un peu les pores de sa peau ! Monsieur travaillait tellement qu'il ne prenait sûrement pas assez soin de lui ! Pendant que le patron s'activait, elle essaya de remettre un peu d'ordre parmi le fouillis qu'il avait créé parce que sinon elle ne trouverait jamais son démaquillant. Quoi, il pensait peut-être qu'un peu d'eau, ça suffirait ? Si c'était le cas, il aurait déjà réussi dans ses efforts ridicules. À force de frotter la peau, il allait vraiment garder une marque rouge bien plus désagréable.

« Applique ça sur ton visage et ta main, puis il te restera juste à passer un peu d'eau dessus, normalement ça devrait suffire vu que ça a l'air un peu bon marché. Sinon tu recommences. Oui, je sais que ça sent mauvais, ne rouspète pas ! »

Jade planta son regard dans le sien, les mains sur les hanches, elle ne plaisantait pas du tout cette fois. Il lui avait demandé de l'aide, alors il allait l'écouter, oui ou non ? Il pouvait toujours ramper vers un autre maquilleur, mais c'était risquer que sa mésaventure se répandrait par les rumeurs. En soupirant un peu, elle se laissa tomber sur un petit tabouret prêt d'Edward, comme cela elle pourrait lui donner un coup de main s'il en avait besoin malgré ce qu'il avait dit. Seuls les idiots ne peuvent pas changer d'avis !

« Satisfait ? Tu es prêt à faire chavirer de nouveau le cœur de ces dames. »

Comme si ce qui lui était arrivé allait lui servir de leçon ... Mais elle était mal placée pour lui donner des leçons sur ce terrain, après tout.
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 28 Juil - 20:40

Mais ça…

Jade lui interdit d'en dire plus. Elle avait accepté son marché, mais refusait qu'il se plaigne de l'odeur, pourtant infecte, du produit qu'elle lui tendait. Edward se renfrogna, marmonna la fin de sa phrase sans prendre la peine d'articuler et récupéra d'un geste décidé le démaquillant. Tant pis pour sa truffe.
Après avoir ôté sa veste de la glace, il suivit les indications de la dryade avec une réticence visible. Il imbiba un coton, se rapprocha du miroir pour compenser sa myopie et appliqua rageusement le tout sur sa joue. Pour sa plus grande joie, le rouge passa de son visage, à la ouate. Une application avait suffi à retirer une grande partie cette trace honteuse. Une seconde et ce mauvais souvenir serait derrière lui. Il s'y attela aussitôt et avec énergie. Un coup de serviette, un coton propre. Il aller y verser le liquide miraculeux, mais les dernières paroles la maquilleuse le déstabilisèrent. Il en renversa sur sa chemise.

Ce n'est pas…

Il contempla le carnage et soupira. Cette journée serait donc sans fin ? Il tira sur son haut, le décolla de sa peau et grimaça. Au moins, ce truc n'avait pas l'air de tâcher. Restait l'abondant effluve, trop abondant. Mal au crâne. Il ferma les yeux. Cette pièce manquait vraiment d'aération. Il expira lentement, pour se calmer. Ses doigts crispés sur la bouteille se desserrèrent, il reprit là où il s'était arrêté.

Ce n'est pas ce que vous croyez.


----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

Fin d'un soirée mondaine. Les invités quittent par petit groupe la maison de leur hôte. Sur le perron :

INCONNUE – Ce fut une soirée délicieuse. Merci pour tout.
EDWARD – J'ai pourtant le sentiment d'avoir été d'horrible compagnie.
INCONNUE – Vous êtes trop dur avec vous même. Vous êtes resté un parfait gentleman, comme toujours. C'est ce que j'apprécie le plus chez vous.
EDWARD – Vous exagérez…
INCONNUE – Je vous assure que vous êtes un des plus galants hommes que je connaisse !
EDWARD – Alors peut-être n'en connaissez vous pas assez ?
INCONNUE (riant) – Oh ce que vous êtes drôle. Et modeste. Encore deux grandes qualités.
EDWARD – Écoutez…
INCONNUE – Voilà mon cab, je ne dois pas le faire attendre. (Lui prenant les mains) J'ai hâte de vous revoir. Passez une très bonne soirée Edward.

Elle quitte la scène.

EDWARD – Et moi donc…

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------


La trace sur sa joue disparut complètement. Il jeta le morceau de coton avec le précédent.

Et puis j'ai cru comprendre qu'à défaut de bijoux, vous voliez toujours les cœurs, non ?

Tentative maladroite et risquée pour détourner l'attention. La fatigue lui faisait dire n'importe quoi et ce relent chimique omniprésent ne l'aidait pas à avoir l'esprit très clair. Le retour de bâton n'était pas loin. Après tout, la vie de Jade ne le concernait pas. Elle aurait raison de l'envoyer sur les roses – pas littéralement, espérons-le – mais autant s'éviter cette peine.

Désolé.

Bref murmure. Il enchaîna rapidement, le regard rivé sur son reflet.

Vous pouvez aller vous coucher. J'éviterai de tout laisser en pagaille en partant.

C'était mal partie, mais Edward comptait réellement ranger. À sa façon. Avant cela, il dénoua sa cravate d'un geste habitué, la fit glisser de son col et laissa le bout de tissu en boule sur le petit meuble. Il s'avança légèrement sur son siège, ouvrit les premiers boutons de sa chemise et dévoila la seconde marque que Jade avait, de toute façon, déjà devinée. Il allait lui réserver le même sort qu'à la première, lorsque ses iris glissèrent jusqu'aux cicatrices qui rongeaient son buste et remontaient dans son cou. Il arrêta le coton avant qu'il les frôle et rabattit de sa main libre le tissu sur sa peau abîmée.
Il ne s'en était pourtant jamais caché. Chaque fois qu'il relevait ses manches pour aider ses employés, tous pouvaient voir l'état lamentable de ses bras. Mais ils ignoraient que le désastre ne s'arrêtait pas là. C'était très bien comme cela.
Après une seconde d'hésitation, Edward reprit son geste où il l'avait laissé, mais avec plus de précaution. Il écarta le tissu de sa peau. Quelques centimètres seulement suffirent. Il appliqua la ouate sur le baiser et l'effaça calmement. Sans un regard pour la dryade, il abandonna :

Merci Jade.

H.R.P.:


Dernière édition par Edward White le Dim 11 Aoû - 16:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeVen 9 Aoû - 8:56

Franchement, Jade ne savait pas ce que le patron avait avalé au déjeuner, mais il vaudrait peut-être mieux éviter de garder le plat au menu, si ça le mettait dans une humeur pareille. C'était la deuxième fois qu'il s'excusait. Il devrait pourtant savoir que Jade n'était jamais très sérieuse et qu'elle saisissait juste la première perche tendue ... Elle avait cru que dédramatiser la situation effacerait peut-être au moins son air renfrogné, s'il n'arrivait pas à rire. Ce n'était quand même pas juste cette histoire qui le mettait dans tous ses états ? Franchement cette femme mystérieuse n'en valait pas la peine si elle n'était pas capable de s'acheter du parfum et du maquillage digne de ce nom ... La nymphe haussa un sourcil. Aller dormir ? Le laisser seul ? Et puis quoi encore ? Elle aurait raté ses remerciements, si elle l'avait écouté. Et Jade savait à quel point tout ces mots étaient rares dans la bouche de son supérieur. Quelle mouche l'avait piqué ? Peut-être devrait-elle se rapprocher discrètement derrière lui, poser une main froide sur son front et vérifier qu'il n'était pas malade. Mais elle n'était pas un membre de sa famille pour se permettre une telle familiarité, ni même infirmière. Elle n'aurait probablement pas atterri ici, si c'était le cas. Mais il y avait encore une chose qu'elle pouvait faire.

« C'était une invitation ? »

S'attendait-il vraiment à ce que ses accusations la choquent ? Il n'avait fait que dire la vérité. La démarche féline, elle déposa presque innocemment sa main sur la joue propre d'Edward qui avait déboutonné sa chemise tachée, la laissant glisser dans une caresse délicate et habile le long de sa mâchoire, retournant le visage pâle vers elle, un sourire mutin aux lèvres avant de récupérer son précieux flacon. Qu'est-ce qu'elle était en train de faire ? N'était-ce pas évident ? Il ne devait pas oublier qu'il était face à une prédatrice, même s'ils n'avaient pas exactement le même genre de terrain de chasse. Une femme sait toujours ce qu'elle veut. Qu'en était-il de lui ? Edward devrait faire bien plus attention aux mots qu'il choisissait, lui qui pourtant semblait toujours soucieux des apparences.

« Chéri, je peux très bien te faire oublier ta mésaventure entre mes cuisses délicieuses si tu insistes ... »

La voluptueuse créature ne s'en plaindrait pas s'il avait soudainement envie qu'elle réchauffe sa couche. Elle s'était toujours demandé s'il avait beaucoup ... d'expérience. Mais elle se doutait bien qu'Edward n'avait pas vraiment besoin de son aide pour retomber sur ses pattes. Sa voix chaude remplissait l'espace pour lui présenter un million de possibilités. Il n'avait qu'à prendre son dû. Quelques mèches de cheveux roses chatouillant sa peau semblaient vouloir lui offrir un aperçu, une simple promesse de douceur et de tendresse. Avec elle, pas besoin de se poser de questions. On pouvait jouer sans risquer de se brûler les doigts.

« Mais si tu pleurniches chaque fois que les choses ne se déroulent pas comme prévu, on n'est pas sorti du bois ... Le karma est juste une vieille salope et ses filles ne sont pas bien mieux tu sais ? Alors il faut parfois juste savoir profiter de la vie sans se prendre la tête ou prendre sa propre vie en main. Tu as fait une erreur ? Eh bien, retrouve ta fierté agaçante et prouve au monde entier que rien ne peut te toucher. »

Jade soupira doucement sans perdre la moindre goutte de gaieté pourtant. Elle n'était pas dure, juste très réaliste. Il était un loup, non ? Il n'avait pas à ramper devant qui que ce soit. Remarque, même s'il aurait été un chat de gouttière ou une petite souris ridicule, Jade aurait probablement gardé le même discours. Il fallait qu'il se secoue un peu ! Et elle avait le remède idéal pour ça, pour tous les chagrins du monde. Sans attendre – il ne lui répondrait peut-être pas de toute façon, pas tout de suite – la chasseuse de trésors se remit à fouiller parmi ses placards avant de pousser une exclamation victorieuse. Elle avait trouvé la bouteille ! Monsieur White ne pouvait pas décemment refuser de prendre un verre avec une employée qui prendrait des vacances. D'accord elle n'était pas supposé cacher des boissons fortes dans ses quartiers, mais depuis quand la Panthère Rose écoutait-elle les règles ? Puis c'était un cadeau, s'il voulait tout savoir. Alex lui avait lancé un défi débile. La jolie voleuse se doutait un peu qu'il l'avait laissée gagner pour lui faire plaisir mais ce n'était pas grave. Elle remplit un verre et le tendit à Edward avant de se servir elle-même. Ils allaient trinquer et passer le temps jusqu'aux petites heures du matin, jusqu'à ce qu'il aille mieux ! C'était son cadeau d'adieu. La ville s'ennuierait bien sans les services de la redoutable Jade Perez. Mais ce n'était que pour quelques jours, après tout. Partie remise.

« Aux nouveaux départs. »

Une lueur pétillante bien familière se glissa dans son regard si particulier. Il allait finir par croire qu'elle avait vraiment une idée derrière la tête à chercher à le tenter de la sorte ... Mais leur relation n'avait-elle pas été toujours un peu ambiguë ? Jade aimait le taquiner et souffler le chaud et le froid juste pour voir ses réactions. Sous une touche de velours, elle était bien capable de mettre le monde à ses pieds ... À lui de décider ce qu'il désirait obtenir d'elle, ce dont il avait vraiment besoin. Il était bien assez vieux pour ça. Parfois ce n'était pas mal d'avoir un coup de pouce pour faire le tri et reléguer les démons au placard ... Ou juste pour se sentir moins seul, le temps de quelques instants. Ne devait-elle pas faire honneur à sa réputation de croqueuse d'hommes ?

Mais la soirée était encore jeune après tout ... Et les petits plaisirs se dégustent. Ils pouvaient encore discuter un peu, s'il avait juste besoin d'une oreille sans jugement, ou d'une épaule où pleurer ... Ouais non, ça non plus, ce ne serait pas trop le style de la maison !
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 11 Aoû - 22:28

Pardon ?

Interrogation calme et détachée. Le regard fixé sur son reflet épuisé, Edward n'avait pas entendu la première question de Jade. Il vérifiait soigneusement ne rien avoir oublié, quand une petite main entra dans son champs de vision. Il la surveilla sans bouger et indécis sur le comportement à adopter, il en suivit l'avancée jusqu'à sa peau. Cette fois-ci, le contact ne le surprit pas et la fatigue aidant, il se laissa faire. Aussi douce que ferme, la caresse lui fit tourner la tête vers la dryade. Son sourire avait la paresse et la dangerosité de ces plantes carnivores qui prennent le temps de se refermer sur leur proie. Un frisson réveilla le loup. Juste à temps pour qu'aucune des paroles brûlantes de la jeune femme ne lui échappe. Edward écarquilla les yeux. Celle-là, il ne l'avait pas vue venir.

Jade, je…

Un frisson l'interrompit. Joueuse, la chevelure de la nymphe était venue chatouiller son oreille. Le loup l'écarta rapidement et se redressa. Inutile de faire traîner les choses. Il voulut terminer sa phrase, mais son interlocutrice fut plus rapide. Plus agaçante aussi.

Sérieusement ? Une leçon ? Maintenant ?

Jade s'éloigna. La mine sombre, Edward se laissa couler au fond de son fauteuil avec le sentiment désagréable d'être face à une girouette. Un peu de charme avant une bonne gifle. Étrange comme technique d'approche. Envie de partir. La politesse le retint, au moins pour cinq minutes. Jade lui avait rendu service et elle avait l'air enchantée de pouvoir partager autre chose que sa couche avec lui. Il resterait le temps de savoir quoi.
Accoudé à son siège, il suivit distraitement les agissements de la jeune femme dans la glace. Ouvrir un placard ou deux, fouiller, en tirer glorieusement une bouteille d'alcool qui n'avait rien à y faire. Note pour demain : demander des comptes à Alexander. Elle avait même les verres.

Quelle prévoyance.

Elle lui tendit son verre, il fit pivoter le fauteuil pour le récupérer et lui faire face. D'un geste machinal, il le porta à sa truffe pour en vérifier le contenu. Cognac. Bon. Ce n'était pas ce qu'il préférait, mais c'était toujours mieux qu'un rosé ou un blanc. Elle porta un toast, il fut incapable d'étouffer un rire déçu.

Aux nouveaux départs ? Vraiment ?

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

INCONNUE : Mon frère avait raison. Vous êtes resté un monstre White.

----------«◊»-----------«◊»-----------«◊»-----------

Le liquide vermeil disparut entre ses lèvres. Edward reposa le verre vide sur le petit meuble. Il ne se resservirait pas. À la place, il récupéra sa veste, en boule sur le siège voisin et la replia sans grand soin sur ses genoux. Son regard croisa celui de la jeune fille, puis s'en détacha. Il déclara tout en récupérant sa cravate :

Vous êtes plus insaisissable qu'une sylphide, Jade. D'abord luxure, puis candide comme une enfant.

Il se leva. Vague geste de la main comme ultime salut.

Je vais me coucher.

Trois pas suffirent pour qu'il gagne la porte. Il s'arrêta sur son seuil. Un coup d'œil pour le couloir désert, le lointain « tic tac » de la pendule solitaire et cette sensation désagréable qui lui serrait l'estomac. Rien à voir avec l'alcool. C'était une colère lointaine, un sentiment de révolte qui avait germé en découvrant cette lueur dans les prunelles de la dryade. Quelque chose de taquin sans doute, mais Edward n'y avait vu qu'une naïveté si profonde qu'elle lui apparaissait idiote, presque dangereuse pour qui trainait derrière lui le boulet des années. Jade se plaisait à ne jamais être sérieuse. Une fille fantasque, pleine d'esprit, mais en retrouvant sa vieille amie, elle s'apprêtait à faire face à son plus grand échec. Autant qu'elle soit prévenue.

Ça n'existe pas, les nouveaux départs.

Le loup se tourna et revint lentement sur ses pas. Sa silhouette immense surplombait la jeune fille, effaçant ses couleurs de son ombre menaçante. Détailler son visage sans vraiment le voir. Il se remémora ce masque moqueur, souvent maudit pour ses taquineries et son entêtement, puis crut discerner la blessure qu'il tentait de cacher. Sa voix calme, triste et chaude comme un feu mourant, souffla doucement :

Quoi que vous fassiez Jade, votre passé vous hantera.

Il leva sa main libre et délicatement, il écarta les cheveux des traits délicats de la nymphe. Il effleura sa joue, sans y faire attention, puis glissa jusqu'à son cou pâle et si petit. Son pouce en suivit la ligne la plus marquée, percevant sans mal son pouls sous sa peau de pêche.

Il restera tapis dans l'ombre d'un bonheur feint et fabriqué, attendant un moment de faiblesse, une simple inattention, pour vous sauter à la gorge.

Et ses doigts se refermèrent, lentement. Juste assez pour imprimer cette sensation pénible qu'on pourrait la priver d'air, ou la briser d'un seul geste.

Alors il vous étouffera. Lentement. Avec délice. Vous le chasserez car vous vous croyez forte. Mais il reviendra. Il revient toujours.

Edward la relâcha et recula. Sa main retomba le long de son flanc. Il ne la quitta pas des yeux, abandonnant seulement :

Une fois chez Martha, restez sur vos gardes.

Demi-tour. Arrivé sur le seuil, il lui souhaita une bonne nuit sans se soucier d'être entendu, puis disparut dans le couloir.

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Jade Perez
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MessageSujet: Re: Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé   Ainsi tourne le monde [PV Edward][1890] - Terminé I_icon_minitimeDim 17 Nov - 16:53

Jade soupira. Combien de refus avait-elle dû essuyer de la sorte ? Son patron était un homme bien étrange. Pourquoi un verre ne pouvait-il pas être juste ça, un verre, en bonne compagnie, et rien d'autre que cela ? La dryade aurait presque pu croire qu'elle avait réussi à gêner ce grand homme devant elle. Il n'était visiblement pas insensible à son charme ! Pour autant, elle ne baissa pas le regard. Elle avait sa fierté. Même si elle avait sûrement l'air un peu idiote, avec ses deux verres à la main.

Il lui donna la réponse sans qu'elle eut même à ouvrir la bouche, froid et menaçant. Jade l'observa débattre tout seul, tout aussi glaciale. Qui parle de regrets ici ? Le passé, elle l'avait enterré avec sa soeur. Mais elle n'oubliait rien. Elle ne regrettait rien.

Elle est la Panthère Rose, nom de Zeus.

Le loup blanc croyait-il lui faire peur en resserrant sa main sur sa gorge ? Comme si c'était la première fois qu'on tentait de lui faire du mal. En temps normal, elle se serait défendue, pour le lui rendre au centuple, mais le regard terne du lycanthrope traduisait ce qui manquait dans sa force : il ne souhaitait pas la blesser. Sans doute estimait-il qu'il l'avait déjà suffisamment fait en réduisant son espoir en cendres ! Voulait-il vraiment savoir à quoi cela ressemblait, une Jade Perez complètement furieuse, qui cherche à blesser et à faire la leçon ? Il n'avait rien vu. Combien de temps n'avait-il pas goûté de sang sous sa langue ? Un rire sec secoua le petit corps de Jade. Pathétique ! C'était ça, qui était supposé leur servir de bouclier ? Un homme qui n'était même pas capable d'affronter la vérité ? Personne n'était parfait, mais au moins, la jeune femme pouvait se consoler sur ce point : elle ne s'était jamais voilé la face, elle.

Elle vivrait la mort, comme elle avait vécu la vie.

Non, son seul regret, était de ne pas avoir eu assez de force pour tendre la main à celle qui en avait besoin. Une erreur que Jade ne souhaitait pas répéter. Même si ça lui arrachait la gorge, parce qu'elle aurait eu tant de choses à dire mais que les mots et le temps lui manquaient, elle ne pouvait pas rester silencieuse plus longtemps. Elle ne connaissait presque rien d'Edward. Mais … Comment lui faire comprendre, qu'il avait raison, tout en ayant tort ? Les nouveaux départs n'existent pas. Tout ce qui peut changer, c'est notre vision des choses. Il avait aidé tant des leurs ! Peu importe la raison, au final. Alors qu'il lui tournait le dos en lui souhaitant bonne nuit, elle faillit courir jusqu'à lui, ne se retenant qu'au souvenir de sa réaction tout à l'heure, à un simple toucher pour lui retirer le maquillage. Elle avait suffisamment outrepassé sa place.

« Edward ! Attends. »

Sois maudit, White. Voilà, ce qu'elle aurait dû lui dire. Non. Hurler. Ou encore, Jade aurait dû lui dire que sa proposition tiendrait toujours, lorsqu'elle serait de retour. Peut-être même essayer de lui voler une bise avant qu'il referme la porte derrière lui. Comme cela, il aurait pensé à elle ! Ça aurait collé avec le personnage. Mais elle avait perdu de sa superbe, hésitante, le regard fuyant. Elle était fatiguée.

« Ce que j'essayais de te dire, c'est ... Merci. »

Merci de m'avoir écouté.
Merci pour tes conseils.
Merci pour le Lost Paradise.

Mais les mots ne quittèrent pas ses lèvres effrontées. La maquilleuse n'avait jamais été douée pour avouer ses faiblesses ou pour demander pardon. Lui non plus, d'ailleurs. Elle ne savait pas s'il l'avait entendu. Alors, elle se laissa glisser sous ses draps, l'oreiller entre ses bras pour étouffer le froid de la solitude. Demain, à l'aube, elle partirait, et bientôt … Bientôt, elle reverrait Martha.
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