Armand arriva à Paris quelques mois après s’être engagé dans l’armée. La guerre Franco-Prussienne touchait déjà la capitale et il fut envoyé sur l’un de ses fronts.

Armand perdit un ami proche dans l’affrontement. Il le découvrit de nuit, dans une ruelle, mais au moment de s’approcher, il remarqua un soldat ennemi au visage couvert de sang penché sur le corps. L’homme s’enfuit et Armand ramena le défunt à son bastion pour qu’il soit enterré. Le malheureux avait prit deux balles et portait une plaie étrange au cou.

La compagnie d’Armand resta sur sa position le temps de trouver comment percer les positions prussiennes. À cette occasion, le jeune soldat retourna sur la tombe de son ami et découvrit que la terre avait été retournée. Persuadé d’avoir affaire à un pilleur de tombe, il décida de lui tendre une embuscade.

Le soir même, Armand attendit, tapi dans l’ombre. Mais en place du voleur, il découvrit son ami déambulant hagard dans le cimetière. Delcambre alla à sa rencontre, mais son compagnon d’armes, affamé, ne le reconnut pas et se jeta sur sa gorge. Armand en réchappa de justesse. Il alerta les autres soldats, mais ses déclarations furent mises sur le compte de divagations. Aussi Armand revint seul le lendemain, bien décidé à supprimer ce qui s’était emparé du corps de son camarade. Le jeune vampire périt dans les flammes.

La guerre s’acheva quelques mois plus tard. Armand resta à l’armée, mais débuta des recherches au sein de ses archives, certain qu’elle connaissait la chose qu’il avait affronté cette nuit-là. Il découvrit quelques dossiers vraiment étranges, mais lorsqu’il demanda des explications, on lui recommanda fortement d’oublier cette histoire.

Armand insista, mais les menaces devinrent plus concrètes, jusqu’à faire peser sur son dossier un envoi en asile. Il quitta l’armée et vécut ensuite de petits boulots à la capitale, tout en poursuivant son enquête. Celle-ci le mena sur la piste d’un vieil anthropologue, renié par pairs des années auparavant. En le cherchant, il fit la connaissance de Jules, son petit-fils. Ce dernier lui apporta de nouvelles preuves sur l’existence de forces qui les dépassaient. Ils se lièrent d’amitié, puis leurs routes divergèrent.

Dans le secret, Armand utilisa Jules et son réseau pour rencontrer d’autres témoins d'événements surnaturels. Ensemble, ils décidèrent de faire éclater la vérité en dévoilant la menace qui planait sur les Humains. Jules refusa de les rejoindre et leur amitié fut définitivement rompue.

Le jour de l’Heure Pourpre, Armand et son groupe s’étaient présentés sur la place Dauphine pour dénoncer le cabaret du Lost Paradise qui, d’après eux, n’était qu’un repère à « monstres ». Le désastre qui survint leur donna raison et leur accorda du crédit auprès de la population et du gouvernement.

Aujourd’hui, Armand est le visage des Anti-Légendaires et veut gagner en influence auprès de l’État. Il a une vision assez radicale du sort qui devrait être réservé aux créatures fantastiques et cherche notamment à faire tomber le Lost Paradise.

Gaspard rejoignit le monde de la presse par hasard. Fils de bonne famille, il se destinait à reprendre l’imprimerie familiale quand le destin s’en mêla. Par un concours de circonstance, il se retrouva à rédiger un article manquant à imprimer d’urgence pour un numéro du journal du Dandy.

L’exemplaire produit se vendit comme du petit pain grâce à la plume et aux idées nouvelles du jeune imprimeur. Il n'en fallut pas plus pour qu’il soit recruté par le journal et en devint l’un des journalistes les plus lus de la capitale. Montant les échelons, il finit par en prendre la tête et en fit fructifier l’affaire. Préférant les bons placements aux œuvres de charité, Gaspard se révéla petit à petit plus intéressé par les chiffres de ventes que par le contenu de son journal. Les parisiens souhaitaient du croustillant ? Il leur en servait volontiers, même si cela devait s'accommoder de quelques approximations, voire de mensonge.

L’homme ne se fit pas que des amis au sein de la société, mais la notoriété de son journal lui ouvrit de nombreuses portes où il rencontra bon nombres d’importantes personnalités. Il put également se targuer d’avoir fait connaître quelques jeunes écrivains talentueux et élargit sans cesse son réseaux d’information, en faisant l’un des plus importants de la ville.

Sa nouvelle humble, mais confortable fortune, lui permit de mettre ses parents à l’abri du besoin en rachetant leur imprimerie. L’atelier fut alors entièrement mis au service de son journal.

Une seule chose manque dans le vie de Gaspard, le grand amour. Volage et charmeur, l’homme passe de femme en femme avec la simplicité que lui permet son statut. Il ne semble pas décidé à restreindre ses libertés au sein d’une vie de couple stable.

La découverte de l’existence des Légendaires a été un sacré coup pour l’orgueil de journaliste de Gaspard. Il avait toujours vu les publications ésotériques ou spirites de son journal comme de vastes blagues et a mis du temps à accepter son erreur. D’autant que la presse a subi un véritable tremblement de terre après l'événement. Les parisiens ont commencé à se méfier des journaux, pensant qu’ils avaient participé à masquer l’existence des Légendaires. Les ventes ont chuté drastiquement et Gaspard s’est retrouvé au bord de la faillite.

Une aide inespérée d’Armand Delcambre et de son groupe d’Anti-Légendaire a sauvé tout son business. En contrepartie, Gaspard a promis de favoriser la publications d’articles allant dans leur sens, certain qu’une fois les caisses renfloués, il retrouverait sa ligne éditoriale.

Mais les mois passant, les visites et les discussions avec les Anti-Légendaires se succédant, ont fait basculer les convictions du directeur. S’il reste modéré, Gaspard voit désormais d’un mauvais œil les libres déplacement de ces créatures menteuses et sournoises et le fait savoir. Son journal est redevenu un média de poids et surtout un vecteur important de la parole Anti-Légendaire.

Son concurrent « Le petit bouton », ne lui fait pour l’instant pas assez d’ombre pour l’inquiéter, il le traite avec beaucoup de mépris.

Laurence grandit en temps que fils unique d’Archibald Bancroft, avocat apprécié de la capitale et particulièrement de la bourgeoisie parisienne. Il ne connut jamais sa mère, décédée peu après sa naissance et fut élevé par sa nourrice et un père aussi absent que dépassé qui lui accordait tous ses caprices.

Son chemin tout tracé le conduisit sur les bancs de la Sorbonne, où il étudie aujourd’hui le droit pour reprendre le flambeau paternel. Garçon sérieux, il prit ses études à cœur et se révéla très doué pour user et abuser des failles laissées par la loi à son avantage, marchant ainsi droit dans les pas de son père. Il fut toutefois à l’origine de plusieurs esclandres, supportant très mal la défaite ou une médiocrité qu’il jugerait injustifiée.

Il fut très marqué par le témoignage de son père, envoyé à l'hôpital après un bal costumé où un individu lui aurait brisé le bras dans un acte totalement gratuit. Le fait que le coupable ait été laissé libre a redoublé sa volonté de faire appliquer la loi. Ce fut également à l’occasion de ce séjour en soins qu’ils firent la rencontre d’Armand Delcambre. Ce dernier fit preuve d’une telle force de persuasion qu’il réussit à les faire adhérer à leurs convictions. Convictions qui se révélèrent exactes un mois plus tard.

Laurence s’engagea pleinement au sein du groupe d’Anti-Légendaires et sa ferveur autant que son implication poussèrent Armand à le prendre sous son aile, en faisant la fierté de son père. Il apporte aujourd’hui une analyse juridique sur les agissements du groupe, mais aussi sur les actions des Légendaires et de ceux qui les défendent.

Les jumelles De Lespinasse grandirent dans un milieu très aisé. Filles d'aristocrates aux affaires florissantes, elles furent élevées dans le faste d’une belle maison et des meilleurs précepteurs. Elles s'intéressèrent très tôt aux sciences, encouragées par leur oncle, un éminent professeur d’université installé en France depuis des années.

Aînées de leur famille, les sœurs développèrent une complicité hors norme, au point d’utiliser leur propre langage composé de signes et de sons qu’elles seules comprenaient. Enfants brillantes, mais au fort caractère, elles vécurent très mal la naissance de leur petit frère, plus jeune de 6 ans, qui requit brusquement toute l’attention familiale.

Sous le nez de leurs parents et de leurs gouvernantes, elles firent vivre un véritable enfer au petit durant ses premières années. Elles se firent pincer le jour des cinq ans du garçon, lorsqu’elles dissimulèrent le chien de la famille auquel il était très attaché. Il fallut trois jours à ses proches pour les convaincre de révéler l’endroit où l’animal se trouvait. La punition sévère dont elles écopèrent leur firent changer de stratégie. Elles se décidèrent à devenir des sœurs exemplaires afin de pouvoir manipuler leur cadet comme elles le souhaiteraient.

Devenue adultes, les sœurs usèrent de milles astuces pour éviter ou faire fuir tous les prétendants qu’on leur présentait et conserver leur liberté. Elles se lancèrent dans les affaires, développant une marque de vêtements pour femmes et enfants appelée L&O dont le succès ne s’est pas démenti. Redoutables femmes d’affaires, elles font intelligemment fructifier l’argent familial.

Elles rencontrèrent les De Montalant en accompagnant leur oncle à l’une de leurs soirées. À leurs yeux, ils passèrent pour des clowns sans intérêt ne méritant pas leur attention. Leurs sentiments se changèrent en dédain profond lorsque le professeur leur rapporta comment le couple l’avait traité au cours de l’une de leurs soirées. Elles lancèrent les plus folles rumeurs pour les discréditer au sein de la haute société.

Restées très proches du professeur Summerlee, son décès, le jour de l’Heure Pourpre, fut très douloureux pour les jumelles. Elles remontèrent la pente en se raccrochant à l’espoir de le venger et prirent rapidement contact avec Armand Delcambre dans le but de soutenir financièrement son groupe. Elles participèrent notamment à l’acquisition d’un fond documentaire centré sur les points faibles de ces créatures et recherchent, au sein de l’aristocratie, d’autres personnes aptent à les rejoindre, quitte à devoir glisser quelques billets.