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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }

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Rose Walkson
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Rose Walkson

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MessageSujet: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeMar 7 Nov - 21:44

Rose regarda sa montre et soupira profondément : cette fois pas de doute, Edward était bel et bien en retard. Cette simple constatation assombrit aussitôt son visage et une moue agacée froissa sa jolie bouche. Le petit instrument doré disparût dans la poche de sa jupe pour la troisième fois en quelques minutes.
Elle ne l’aurait avoué pour rien au monde, mais ce rendez-vous la plongeait dans un état d’agitation sans précédent. Depuis la veille, son esprit s’épuisait à essayer des tournures de phrases, à tenter de corriger ses manières trop brusques, à imaginer mille et un scénarios improbables, envisageant toute éventualité. Ses mains triturèrent nerveusement le tissu du châle enveloppant ses épaules, le froissant impitoyablement entre des doigts crispés.

Quelques jours auparavant, le loup blanc lui avait proposé de rencontrer Andréa, son précieux neveu. Il n’avait pas tari d’éloges à son égard, plein d’affection pour le jeune homme, tant et si bien que Rose était certaine d’avoir surpris une pointe d’adoration dans son intonation. Son cœur en avait été tout gonflé d’une jalousie mal placée. Il n’en avait pas fallu plus pour piquer sa curiosité.

- « C’est pas vrai ! Qu’est-ce qu’il peut bien fabriquer ? … »

Le murmure impatient lui avait échappé.  Pour la quatrième fois, elle regarda l’heure. Si on lui faisait encore endurer cette attente interminable, elle allait imploser d’anticipation. Elle mourrait d’impatience de rencontrer Andréa ; le jeune homme était sans conteste important pour Edward et de fait, il l’était aussi pour elle. Elle voulait absolument faire bonne impression auprès du jeune loup.

Pour la dixième fois, Rose replaça fébrilement une mèche de cheveux doré derrière son oreille. Tic nerveux. Cette entrevue l’impressionnait. Jamais Aldrick ne lui avait proposé de rencontrer ses proches, bien au contraire. Il l’avait soigneusement tenue à l’écart.
Elle interprétait la proposition du loup comme une réelle marque de confiance et un désir de l’inclure dans sa vie. Plus que tout, elle voulait s’en montrer digne. Rose sentit une chaleur agréable se diffuser dans sa poitrine, mais elle se rembrunit bien vite.

Bon.
Cet idiot se faisait désirer.
Nouveau soupir, nouveau coup d’œil à sa montre.  Toujours pas de loup blanc à l’horizon.

Comme elle n’avait pas d’autre choix que de patienter, Rose reporta son attention sur l’imposant bâtiment qui s’élevait devant elle.
La force de l’habitude lui fit sortir une cigarette, qui demeura éteinte. La blonde se ravisa de justesse ; elle essayait tant bien que mal d’arrêter de fumer, plus encore lorsqu’elle rencontrait des loups à l’odorat sensible. Même cette distraction lui était refusée.
Machinalement, elle jeta le bâton de nicotine et alors, à sa grande horreur, son sac se mit à remuer. Priant pour que ce ne soit pas ce à quoi elle pensait, elle en écarta délicatement les battants.

- « Nono !
- J’y crois pas ! T’allais voir le poilu sans moi ! »

Confortablement installé, pattes croisées, le petit mammifère lui adressa une œillade accusatrice, le museau frétillant.

- « Je vais rencontrer son neveu ! Son neveu !
- Et pourquoi j’aurais pas l’droit de l’voir moi ? »

Rose poussa un grondement exaspéré et céda de mauvaise grâce.

- « Si tu bouges, je te renvoie dans ta carte, pigé ?
- Reçu haut et clair ! »

Et sa paire de moustaches disparue à l’intérieur de sa cachette. La contrebandière souffla, raffermissant sa poigne autour des anses de cuir.
Elle leva le nez. Toujours personne. Coup d’œil aux alentours.

Étonnamment, ce jour-là, peu de  badauds semblaient tentés par une visite au muséum. Quelques promeneurs vaquaient dans le parc non loin. Seule Rose et une grande silhouette filiforme patientaient près de l’édifice. La possibilité que ce soit Andréa l’effleura, et fatiguée d’attendre, elle s’approcha doucement du jeune homme brun.
De près, il avait l’air encore plus immense que ce qu’elle n’avait anticipé, plus juvénile aussi. Bientôt, elle se retrouva à devoir pencher la tête en arrière rien que pour pouvoir le regarder.

Elle hésita une seconde, replaça une nouvelle fois ses longs cheveux dans son dos, hésita encore, puis, l’interrogea plus vivement qu’elle ne s’y attendait.

- « Andréa … ? »

Ses grands yeux détaillèrent le jeune homme de haut en bas, décidant qu’il correspondait au portrait peint par son oncle. Pas beaucoup plus jeune qu’elle, il avait un air doux qui la rassura instantanément, ôtant un peu de pression de ses épaules.

- « Rose, se présenta-t-elle en pointant un index ganté vers son visage. Puis, réalisant la rudesse d’une telle introduction elle balbutia : Ton oncle est en retard. »

Si elle avait pu, la contrebandière se serait donné des gifles. On ne pouvait pas faire pire comme première prise de contact. Elle avait même oublié de préciser les liens qui la liaient audit oncle.
Immédiatement, le rouge lui empourpra les joues et elle tritura maladroitement une mèche rebelle pour se donner contenance.  

Un vent froid profita de son malaise pour les étreindre d’une bourrasque glaciale, faisant grimacer la jeune femme qui resserra son châle autour de ses épaules. Inspirant profondément, calmant ses nerfs maltraités, elle croisa les prunelles du loup, ordonnant plus que suggérant :

- « On devrait rentrer le temps de l’attendre. On sera mieux au chaud. »

Sans lui laisser le temps d’objecter, elle l’invita d’un geste à lui emboiter le pas vers l’entrée du musée. En leur ouvrant la porte, le gardien en uniforme lui jeta un drôle de coup d’œil, mais trop occupée à regagner son calme, Rose ne le remarqua pas.
Lorsque les deux jeunes gens eurent été avalés par la large bâtisse, l’homme adressa un signal à un autre individu en complet noir dissimulé derrière un journal. Il se leva, et à son tour suivi le mouvement.
Spoiler:
Andréa Eyssard
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MessageSujet: Re: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeSam 11 Nov - 12:14

Léger sursaut.

« Bonjour Mademoiselle Rose. »

Sous sa caquette irlandaise, Andréa avait rougi. Un rouge plein de chaleur et d’un peu de timidité qu’il devait au fait d’avoir oublié le nom de famille de la demoiselle qui se tenait devant lui. Son prénom, lui, était resté et apparaissait comme une évidence. Lorsqu’Edward le lui avait donné, son neveu l’avait tout de suite aimé, lui dont les trois petites sœurs — toutes perdues de vu depuis la fin de son humanité — portaient également des noms de fleur.
Son cœur s’emballa. Aussi ravi qu’anxieux de ce tête à tête non prévu, il remonta du bout de ses longs doigts la hanse du sac qui venait de glisser de son épaule. Malgré les couches de vêtements, on le devinait plus maigre que mince et l’absence de brassard pourpre tendait à le faire passer pour un banal humain. Ce choix n’était pas vraiment le sien, c’était son oncle qui avait insisté pour qu’il attende sa majorité avant de décider, ou non, de le porter.
Le retard d’Edward l’inquiéta un peu, mais pas assez pour effacer la bonté naturelle qui émanait de lui et voyant que Rose avait froid, il s’empressa d’accepter de l’accompagner à l’intérieur du musée.
La porte se referma derrière eux et une douce chaleur les enveloppa. Ils avaient pénétré un petit patio au sol carrelé de noir et blanc qui donnait sur le guichet. Assis juste derrière, un homme releva deux perles d’acier profondément enfoncée dans ses orbites. Il avait la peau si parcheminée, qu’Andréa se demanda un instant s’il ne faisait pas parti de l’exposition. Ses lèvres crevassées demeurèrent scellées lorsqu’il leur tendit sa main osseuse, visiblement dans l’attente des billets. Edward les avait payés d’avance, donc cela ne posait pas problème, mais comme il n’était toujours pas arrivé, Andréa trouva déplacer de commencer sans lui. Un coup d’œil à Rose. Il reporta son attention sur le guichetier, il expliqua doucement :

« On… On attend quelqu’un. On voulait s’abriter du vent et…
Tickets, s’il vous plait. »

La voix sortit de ce corps décharné avec une lenteur et une froideur d’outre tombe. Les poils du louveteau se dressèrent sur sa nuque, le dissuadant d’objecter. Il glissa à Rose qu’ils pourraient toujours patienter à l’entrée de la première galerie et tirant de la poche de sa veste le sésame confié par son oncle, il le tendit à l’employé du musée. Ce dernier découpa le talon au ralenti, comme s’il se délectait de chaque déchirure du papier. Il rendit son bien à Andréa et réserva le même traitement au ticket de Rose. Une fois les billets validés, l’onde d’un sourire crispé repoussa chacune de ses rides.

« Bonne visite…
M-Merci… »

Le jeune loup renfonça nerveusement sa casquette et invita Rose à le précéder, pas mécontent de quitter la petit patio. Derrière eux, un visiteur pourtant visiblement pressé marqua un bref temps d’arrêt, puis se décida à prendre son billet. Andréa compatissait.
Il se détendit en gagnant la première salle d’exposition, impressionnante par ses dimensions quoi qu’elle soit la plus petite du musée. Le garçon était déjà venu une fois, peu après son arrivée à Paris, mais après plus de cinq ans, il avait oublié à quel point c’était impressionnant.
Un élan ouvrait le bal des squelettes. On se demandait comment sa tête avait pu soutenir des bois si disproportionnés. Il était entouré de deux autres cervidés, un chevreuil et un chamois que le louveteau aux origines montagnardes reconnu tout de suite.

« Je les imaginais plus grands. »

Son pas en avant fut arrêté. Il tourna la tête vers le guichet, espérant y trouver son oncle, sans succès. Hésitant un peu, il finit par balayer une nouvelle fois la salle de ses grands yeux noisettes, repéra une femme vêtue d’un complet brun discret penchée sur un crâne de rapace, puis reportant son attention sur Rose, il lui glissa d’une voix pleine de douceur :

« Je suppose qu’on peut commencer à regarder. Il nous retrouvera vite si on reste à l’entrée. »

À dire vrai, il était certain que même s’ils s’enfonçaient jusqu’au bout du musée, Edward serait capable de les retrouver. Il avait un flair particulièrement fin et Andréa se doutait qu’il deviendrait un véritable radar sur pattes s’il devait rechercher son neveu et sa…
Un peu de rouge colora ses joues et son attention se reporta sur les sabots d’un grand cerfs. L’envie de questionner Rose le chatouillait, mais il n’avait jamais été très doué pour cela et ne sut pas vraiment par où commencer. Il ajusta son sac d’un mouvement d’épaule, puis glissant une main gênée sur sa nuque, il osa un timide coup d’œil vers la jeune femme.
Les conseils que Gigi et ses filles prodigués avant son départ lui revinrent en mémoire : « Si tu ne sais plus quoi dire, appuie toi sur ce qui se trouve autour de toi, ça t’aidera ! »
Andréa fixa une seconde le tibia de l’ongulé, inspira, puis glissa :

« Est-ce que vous… aimez les squelettes ? »

Il s’entendit, rougit jusqu’aux sommet du crâne et se corrigea en bafouillant :

« Pardon je ne voulais pas… Enfin vous pouvez aimer les squelettes, mais je… ce n’était pas… » Il tira sur le bretelle de son sac qui n’avait pourtant pas bougé d’un millimètre. « Je… Je pensais plutôt aux expositions… Edward aime beaucoup l’art et… Ah ! Attention ! »

Le louveteau réagit en une fraction de seconde. Un pas sur le côté. Sa main libre se referma sur le col du visiteur qu’ils avaient précédé. Pressé de quitter le guichet, l’homme s’était empêtré dans un cordon de sécurité. Il avait trébuché, manquant s’effondrer sur Rose.
Malgré sa carrure de cure-dent, Andréa arrêta sa chute comme s’il avait rattrapé une banale poupée de chiffon et ce fut avec douceur qu’il aida l’inconnu à se remettre sur ses pieds.

« Est-ce que ça va ?
Herbeeert ! Dieu du ciel tu es d’une maladresse ! »

Succédant à ce timbre de canari pincé, la femme aperçue plus tôt du côté des oiseaux se rapprocha brusquement. Elle attrapa son camarade par le bras comme un aigle fondant sur sa proie et voulant ajuster sa mise, elle lui enfonça son chapeau melon sur le visage. Il voulut parler, mais elle le devança :

« Veuillez l’excuser. Mon frère peut-être si tête en l’air quand il s’y met ! Merci de l’avoir aidé. Allons Herbert, ne les dérangeons pas d’avantage veux tu. »

Elle le tira sur le côté avec la force d’un épervier qui emporte sa proie. Le pauvre Herbert n’eut d’autre choix que de lui emboîter le pas, mais Andréa les arrêta. Il avait aperçu à leur pied un petit objet, tombé des poches du maladroit. Il le ramassa et les interpella une nouvelle fois :

« Attendez, vous avez fait tomber votre… couteau ?
Hahaha ! Un couteau ? Mais où allez vous chercher ça. C’est une cuillère ! Un nouveau modèle qui se replie sur elle même. Très pratique. Vous permettez ? Questionna-t-elle en lui arrachant littéralement l’ustensile des mains. Bonne journée ! »

Emportant Hebert dans ses serres, elle s’éloigna jusqu’à s’effacer par mis les squelettes. Perplexe, Andréa fixa une seconde sa main vide, puis reporta son attention sur Rose.

« Je me demande si ça fonctionne. Ça m’avait l’air quand même très plat pour servir de cuillère… »


* * *


« Tu veux tout gâcher ?
J’ai trébuché ! C’est ce type au guichet, il…
La ferme. Heureusement que j’ai rattrapé le coup avec la cuillère pliante.
Ouais, super idée d’ailleurs. Je me demande si on devrait pas la déposer.
Tu peux te concentrer ?
Ça va. Tu vois bien que les gars ont totalement exagéré. Son copain c’est rien de plus qu’un gringalet. On aura vite fait de leur régler leur compte.
Ne la sous-estime pas. C’est pas la première fois qu’elle nous file entre les doigts.
Ouais, mais là j’ai une idée.
Bonté divine… Il va neiger. »



H.R.P:
Rose Walkson
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MessageSujet: Re: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeMar 21 Nov - 21:46

Rose suivit du regard cette paire insolite jusqu’à ce qu’elle disparaisse hors de vue. Toujours tendue, elle rajusta ses gants pour la forme, mais s’abandonna enfin à sourire maladroitement à Andréa. Son regard se hissa jusqu’au sien, et elle souligna calmement :

- « Je ne suis pas une dame tu sais. Tu peux m’appeler Rose. Et me tutoyer. »

Elle s’avança vers un nouvel îlot d’ossements, et lâcha sans se retourner, d’un ton volontairement détaché:

- « Ça me donne l’impression d’être une vieille bourge autrement.»

Andréa et Rose étaient loin d’avoir achevé de visiter la vaste première salle qui ouvrait l’exposition. Haute de plafond, elle était seulement éclairée par des lampes suspendues qui illuminaient savamment les squelettes présentés, offrant aux visiteurs une luminosité tamisée. Il flottait dans l’air une vague odeur de renfermé, mélangée à l’effluve bon marché du visiteur qui venait de quitter la pièce précipitamment.

Faisant mine d’observer de plus près le museau carré d’un bouquetin, Rose se pencha en avant, fronçant les sourcils sans s’en rendre compte sous le coup d’une intense réflexion. Si Andréa se montrait naïf, ce n’était pas son cas, et elle pouvait affirmer sans doute aucun que la prétendue cuillère avait tout d’une arme blanche.  En soi, un homme qui transportait un couteau dans sa poche n’avait rien d’étonnant : beaucoup en avaient un ;  l’ustensile avait des dizaines de fonctions, dont la plus commune était de casser la croute lorsque l’on n’avait pas le temps de s’attabler. A priori donc, rien de suspect et pourtant l’individu s’était empressé de mentir éhontément.
Une ombre passa sur son visage, assombrissant un instant ses beaux yeux bleus. Non, vraiment, elle préférait patienter encore dans ce vaste hall, quitte à préférer un autre endroit lorsque le loup blanc les aurait enfin rejoints. Dans ces situations mieux valait prévenir que guérir, et aujourd’hui,  Rose ne voulait laisser aucune place au désordre.

Forte de sa résolution, elle releva le nez, et fit signe au jeune loup de se rapprocher, désignant les immenses cornes de l’animal, commentant aussitôt :

- « Je n’ai jamais vu une telle bête. Ses cornes sont plus larges et longues que mes deux bras ! Un réel étonnement émerveillé perçait dans sa voix. Sa propre candeur l’étonna et elle s’empressa de se justifier  : J’ai grandi et vécu à la ville. J’imagine que voir leurs squelettes est déjà un progrès.»

Ses joues s’empourprèrent un peu de cet aveu. Enfant des capitales, elle connaissait plus les recoins sordides des grandes métropoles que les villages tranquilles et leur nature environnante. Elle se décala légèrement pour faire face au petit squelette d’une marmotte, haussa un sourcil, observa l’illustration sur la vignette explicative, compara les deux avec attention et fini par décider que la petite bête était adorablement mignonne.

- « Vous êtes intéressée par les rongeurs ? »


***

- «  C’est ça ton plan de génie ?
- Bah quoi ? Ça a le mérite d’être écrasant de simplicité !
- Ose un nouveau jeu de mot et je connais autre chose qui va être écrasé.
- Roh ça va, ça va. Reconnais au moins que c’est ingénieux.
- J’avoue que je ne pensais pas que tu pourrais être assez subtil pour dérober les clé de la salle des machines.
- Merci, merci. Et maintenant, voyons un peu lequel de ces leviers est notre ticket gagnant. »


***


Rose avait sursauté. Surprise dans sa contemplation, elle n’avait pas entendu le vieil homme se glisser derrière elle.
C’était le guichetier qui avait vérifié leurs tickets à l’entrée de la visite. Il se tenait un peu voûté, son visage ridé à outrance plissé dans une grimace qui devait s’apparenter à un sourire amical.
Il ne répéta pas sa question, l’observant de biais, attendant une réponse qui ne vint pas. Alors, ses doigts osseux s’élevèrent jusqu’à désigner d’un index noueux un signe cerclé de rouge.

- « Les animaux sont interdits dans l’enceinte du musée.
- Les ani-… ? Rose regarda autour d’elle, interdite. Mais nous n’avons pas d’animaux.

Son sac remua en protestation, la contraignant à le ramener tout contre elle pour l’empêcher de bondir. Le vieux lui jeta un coup d’œil pénétrant, se tourna vers Andréa qu’il détailla de haut en bas, presque comme si il lisait sous sa peau d’homme pour y déceler le loup. Pour la première fois, son air maussade l’abandonna au profit d’une mimique malicieuse.

- Vous êtes sûrs ?
- Mais enfin, s’agaça Rose pour de bon. Puisqu’on vous dit qu’il n’y a que nous ici !
- Je vois… Juste un couple de jeunes gens.
- Nous ne sommes pas… Vous savez quoi, laissez tomber. »

Elle abdiqua, haussant les épaules et lui tourna le dos, prête à s’éloigner. Mais en un clin d’œil le guichetier se rapprocha d’Andréa avec plus d’agilité et d’aisance que son âge ne laissait présager. Il enfonça son coude maigre et décharné entre les côtes du jeune homme, adoptant une attitude de connivence forcée.

- « Pas facile votre bienaimée !
- Je ne suis pas sa … Vous n’avez pas un guichet à tenir ? »

Le vieux plissa ses yeux gris et son visage redevint aussi illisible et maussade qu’auparavant. Ses doigts tâchés d’encre se serrèrent dans sa poche sur un petit calepin rédigé dans un langue aux signes inconnus.


***


- « Tu abaisses ce levier dès que tu entends mon signal.  
- Ça va, je suis pas stupide.
- … J’y vais. Tiens-toi prêt. »


***


Demi-tour guindé sur les dalles de marbre. Rose consulta sa montre et soupira.

- « Viens Andréa. Allons attendre ton oncle à l’entrée. »

Un pas en avant. Nouveau volte-face vers le jeune homme. D’un haussement de sourcil, elle l’enjoignit à le suivre lorsqu’un son strident résonna à travers la vaste salle, faisant frémir le lapin dans sa cachette, qui osa sortir le bout de ses moustaches.

Puis, aussitôt, un claquement métallique sec. Quelque chose qui cède.

Rose eu tout juste le temps de lever le nez, mais le lapin, plus rapide qu’elle s’écria, affolé:

- « ‘ttention ! »

Tombée depuis le plafonnier, une lourde lampe de métal aurait dû l’aplatir, la tuant sans même qu’elle ait eût le temps de ressentir la moindre de douleur.

Mais comme beaucoup de choses ce jour-là, tout ne se passa pas comme prévu.
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Andréa Eyssard
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MessageSujet: Re: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeSam 25 Nov - 13:19

Le cœur d’Andréa loupa le coche. Un mouvement esquissé instinctivement, devancé par plus rapide que lui. Ses lèvres s’écartèrent sur un silence, son cri resta coincé dans sa gorge. En un clin d’œil, le guichetier s’était élancé au secours de Rose. Il parvint à la couvrir de sa haute silhouette, offrant en rempart son corps maigre et usé. Le choc résonna en un bruit aussi affreux que formidable. Le métal de la lampe chanta en heurtant le vieillard dont les os craquèrent. Geste du bras. L’estomac d’Andrea lui tomba dans les talons. Aucun coude ne se pliait comme ça. Pourtant, durant une seconde qui parut durer des heures, le vieil homme repoussa du bout de ses longs doigts fripés l’énorme morceaux de métal, protégea Rose, mais surtout l’innocente marmotte. Le luminaire chuta sur le parquet, roula sur sa tranche, puis retomba à plat dans un faible tintement. Comme figé dans sa chute, le guichetier tressauta. Sa tête tourna en direction du squelette épargné et toutes ses rides s’adoucirent en constatant qu’il avait été préservé. Il ferma les yeux et s’écroula comme une branche qui casse.

« Monsieur ! »

Le louveteau s’arracha à son immobilisme. Rose, hors de danger, il se précipita au chevet du malheureux guichetier. L’angle de son bras droit donna un haut le cœur au garçon. Grande inspiration. Il appela l’inconscient une nouvelle fois, se pencha d’avantage, lui frappa doucement le visage du revers de la main, mais rien. La panique le gagna et quelques larmes d’affolement perlèrent au coin de ses yeux. Il essaya encore d’obtenir une réaction, mais se figea. Son buste… Son buste ne se soulevait pas. Il ne respirait pas ! Andréa se pencha, mais avant même d’avoir collé son oreille contre son poitrail, son ouïe de loup lui apprit le drame. Toutes ses couleurs s’évanouirent et il leva vers Rose un visage livide :

« Il… Il est… »


***


« Mort ?!
Je t’avais dit d’attendre mon signal !
Mais j’ai attendu ! Tu as fais de grands signes des bras !
Je chassais une mouche ! Tu ne sais pas faire la différence entre un signal et une mouche ?!
C’est trop tard pour me faire une scène ! On fait quoi maintenant que le vieux est clamsé ? On ferait mieux de décamper avant que la police arrive pour constater le décès.
Ne dis pas n’importe quoi. On parle de Rose Walkson je te rappelle. La Furie de Londres, la Nettoyeuse des bas fonds, elle prendra pas le risque d’être interrogée par les flics. Non… À tous les coups elle va juste planquer le corps et reprendre tranquillement sa visite.
Effrayant…
C’est exactement pour ça qu’on doit se débarrasser d’elle. Viens.


***


« Et oui je suis décédé. Cela fait 3236 ans maintenant. Enfin… approximativement. »

Le bond du jeune loup n’eut rien à envier à celui d’un chat épouvanté. En une fraction de seconde, il se hissa au sommet de ses deux pieds et se plaça devant Rose. Avec son épaisseur de fil de fer, il ne la protégeait pas de grand chose, mais le cœur y était.
Au sol, le guichetier se redressa et s’assit. Une moue fâchée fit cascader toutes les rides de son visage lorsqu’il découvrit son bras cassé. Le gauche, seul intact, s’empara de son jumeau abîmé auquel il fit faire un tour complet pour le remettre dans le bon axe. Andréa vacilla et se rattrapa au présentoir de plus proche, une main sur les lèvres.

« Misère, il va me falloir des semaines pour le rendre à nouveau fonctionnel. Enfin ! Cela en valait la peine. »

Ses rides ondulèrent, bousculées par un sourire. Perdue sous les replis de sa peau, ses prunelles d’acier semblaient fixer Rose, mais à bien y regarder, c’était à la petite marmotte que cet air tendre était adressé. L’homme se leva, tenant de sa main valide son bras brisé, comme s’il avait peur de le faire tomber. Ses genoux grincèrent un peu. Il tituba d’un petit pas et spontanément, Andréa s’avança pour l’aider. Le guichetier s’appuya sur lui, le scrutant d’un regard perçant mêlé d’une fascination étrange que le louveteau ne le remarqua pas. Plus inquiété par l’état du pauvre homme, il attendit qu’il se soit stabilisé pour lui demander :

« Vous n’avez pas trop mal ?
C’est plutôt embarrassant. Je ne trouve pas très élégant d’avoir à porter ses propres membres comme des pièces détachées.
Oh…
Mais ce qui me dérange le plus, c’est la raison pour laquelle cette lampe s’est détachée. Le simple fait qu’elle ait manqué de si peu cette pauvre Adélaïde est impardonnable.
Vous savez ce qui a pu se passer ? Interrogea le jeune loup, sans savoir s’il devait trouver mignon ou terrifiant le fait qu’un squelette de marmotte porte un prénom.
Je soupçonne des nuisibles. Pour la sécurité du musée, il est de mon devoir de m’en occuper. Et une fois cette affaire réglée, nous pourrons plus amplement discuter de ce que contient votre sac, mademoiselle. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser. »

Il s’inclina poliment et après un dernier coup d’œil insistant pour la besace de Rose, les quitta par l’une des portes de service.
La stupéfaction passée, Andréa s’inquiéta. Quoi qu’être légendaire visiblement immortel, laisser un vieillard blessé courir seul la chasse aux rats — et le louveteaux les craignait énormes ou très nombreux au vu des dégâts — ne lui apparaissait pas comme un excellent choix et un petit pincement au cœur l’agita. Son attention glissa avec espoir sur l’entrée, mais son oncle continua de se faire désirer et mentionner ses craintes à Rose lui paru complètement déplacé. Indécis, il tira nerveusement sur la bretelle de son sac, puis se figea en voyant celui de Rose remuer.
Nono sortit la tête, aspirant au passage une grande bouffée d’air.

« La vaaaache j’ai cru qu’il allait jamais se barrer ! J’commencais à étouffer moi ! Faut pas serrer comme ça Princesse ! »

Andréa cligna ses yeux. Un petit frisson d’enchantement lui chatouilla les épaules et glissa sur ses lèvres un sourire irrépressible. Un lapin. Un adorable lapin. Le fait qu’il parle ne l’effleura même pas, trop concentré qu’il était à contenir une envie soudaine de le caresser. Fils de fermier, Andréa adorait les animaux. Tout gonflé de joie, il ne réussit qu’à articuler un laborieux :

« Bonjour ! »

Nono leva la truffe, elle remua esquissant une grimace circonspecte qu’Andréa trouva adorable. Le lapin le toisa de haut en bas, se gratta l’oreille, puis se tourna vers Rose :

« T’es sûre c’est son n’veu ? Il a l’air… Ch’ai pas… Éduqué ? »

Il haussa ses petites épaules duveteuse et s’appuyant sur le bord du sac, il se pencha en direction de la sortie empruntée par le guichetier.

« Mouais… T’en dis quoi Princesse ? J’suis pas sûr qu’on d’vrait l’laisser faire.
Le guichetier ? Osa interrompre Andréa, saisissant là l’opportunité d’aider le vieux amoché. Je… Ça m’inquiète aussi. Il a le bras cassé, ce n’est pas… Très raisonnable de partir à la chasse aux rats dans son état… »

Quoi que dépourvu de sourcils, le lapin les haussa au plus haut de son crâne, sidéré d’un tel mélange de bonté et de naïveté. Mais, réellement alarmé par la santé du guichetier, Andréa osa insister :

« Est-ce que… Est-ce qu’on ne devrait pas l’aider ?
Pourquoi pas ? Proposa le lapin en levant la tête vers Rose. On a qu’à chasser ces « gros rats » ?


***


« Mais arrête de t’agiter !
T’es gentille, mais tu fais ton poids ! Aïeuh !
Désolée, mon pied a glissé.
T’as fini ?
C’est… Parfait ! Repose moi, allé.
C’est pas trop tôt, j’ai les épaules en bouillie. Mais aïeuh !
Quelle maladroite je fais.
Bon, rappelle-moi l’idée ?
On va attendre derrière ce pilier. Toute la salle est piégée d’un entremêlement de fils impossibles à distinguer. Quand Walkson et son amant entreront pour visiter, ils se prendront dans l’un d’eux et finiront sous un tas d’ossements et mourront lentement étouffés ! Ho ho ho ! …Hé ! C’est à ce moment là que tu ris normalement !
Ah oui… Désolé. J’ai cru voir… Hum non rien, j’ai dû rêver. »



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Rose Walkson
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MessageSujet: Re: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeJeu 30 Nov - 18:38

Rose fixa un moment la porte par laquelle le gardien venait de s’éclipser, détourna le regard vers l’entrée, baissa les yeux vers sa montre pour la énième fois, avant de revenir les poser sur Andréa. Son petit manège fut répété derechef ; nouveau coup d’œil vers la sortie de service, puis, une fois encore vers le vaste hall. De longues secondes s’écoulèrent sans que n’apparaisse celui qu’ils attendaient tous avec tant de ferveur
Alors, de guerre lasse, pliant sous le regard suppliant du louveteau, elle finit par rendre les armes.

- « C’est d’accord, soupira-t-elle en rechignant. Mais je passe devant. »

Le petit lapin sauta aussitôt de son sac et s’ébroua des pieds à la tête pour dégauchir ses pattes engourdies. Sa queue pompon frétillait d’anticipation.

- « Bah c’est pas trop tôt ! Enfin un peu d’action !
- Garde un œil sur Andréa au lieu de dire n’importe quoi. »

Nono leva les yeux au ciel et sauta de mauvaise grâce dans les bras du jeune homme. Se hissant jusque sur son épaule, il approcha sa petite truffe rose de son visage, le scruta avec attention, puis demanda d’un ton sérieux :

- « Dis l’neveu. T’as pas des infos croustillantes sur ton oncle à m’refiler ?
- Nono, gronda Rose alors qu’elle s’approchait de la porte. Fiche-lui la paix !
- Promis juré j’en f’rais bon usage, souffla-t-il plus bas, pour s’épargner les remontrances. Il désigna au loup la contrebandière d’un geste du menton : T’sais qu’sans moi, ton oncle et la princesse ils en s’rait encore à la première base hein ?
- NONO !
- Si t’as b’soin d’conseils amoureux, hésites pas ! »

La jeune femme s’était retournée d’un bloc, main figée sur la poignée, le fusillant d’un regard plein de mortelles promesses. Le minuscule léporidé dressa bien haut ses coussinets rosés en signe de reddition, subitement absorbé par les pieds de son porteur.

- « Andréa, surtout, tu restes derrière moi, compris ? »

Et sans attendre de protestations ou même de réponse, elle abaissa la poignée et poussa le battant. La porte s’ouvrit dans un grincement sinistre, dévoilant un réduit de ténèbres. Sur le seuil, Rose hésita un instant avant d’avancer dans l’ouverture, plissant les yeux pour tenter de déceler un interrupteur. La tentative fût vaine. Alors, elle tendit l’oreille, guettant les bruits du vieux guichetier ou des mystérieux importuns, mais là encore, rien d’autre que le silence ne se fit connaître.
Ses traits s’assombrirent, et elle se résolu à lever la paume de sa main, de laquelle émergea doucement une lueur bleutée. Bien vite, un orbe luminescent éclaira le cagibi étroit d’une faible lumière, flottant au-dessus de leurs têtes.

La forme d’un escalier leur apparut, grimpant vers des étages encore plus sombres. Rose fronça les sourcils, et s’engagea dans l’ascension en première. Elle murmura un avertissement à l’attention de ses compagnons :

- « Shhh. Pas de bruit. »


***


- « Comment ça elle a disparue ?!
- Je ne sais pas, un instant, j’attendais pour déclencher le piège et puis pouf !  Plus rien.
- Et tu n’as rien trouvé de mieux que de rappliquer ici ventre à terre ?!
- Ben qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ?
- La chercher imbécile ! Bon… Essayons autrement. Va me chercher la boite à outils.  »


***


Bien qu’étant pourtant diablement légère, les marches gémirent et grincèrent sous le poids de la nouvelle venue. Rose se figea, grimaça, tendit l’oreille, mais là encore, rien. Sa moue perplexe s’accentua, et elle se mit à douter grandement de la nécessité de l’entreprise. Si elle mettait le précieux neveux d’Edward en danger, elle ne se le pardonnerait jamais.

- « Tu es sûr que tu ne veux pas aller attendre ton oncle dehors, insista-t-elle, la main sur la rampe, barrant le passage de ses frêles épaules.
- Le poilu avait qu’à être à l’heure s’il voulait participer aux activités, répliqua le lapin toujours perché sur l’épaule d’Andréa. »

Rose hésita, mais repris sa montée de mauvaise grâce. Arrivée sur le pallier, elle s’arrêta. Le feu-follet fit de même, volant en vol stationnaire près de leurs visages.
Deux chemins, deux couloirs étroits et obscurs s’offraient à eux, obstrués par de lourdes tentures dévorées par le temps et les mites. Au centre, l’escalier continuait de s’élever dans les étages, toujours aussi vertigineux. L’endroit sentait l’humidité et le renfermé, partout la peinture s’effritait, et derrière la blancheur des murs pointait la brique rouge et les larges poutres de bois. Que de véritables rats surgissent tout d’un coup n’aurait vraisemblablement surpris personne vu l’état des lieux.

- « Bah dis donc. Ça m’étonnerait pas qu’on croise des bestioles chelous vu la tête de c’t’endroit ! Loupiot, t’veux pas renifler un coup les alentours ?
- Ne nous porte pas l’œil, répliqua Rose dans un claquement de langue nerveux.
- Quoi ? Le vieux était pas net du tout ! »

Et aussitôt, le lapin sauta des bras d’Andréa, attrapa quelque chose tombé sur le sol poussiéreux, soulevant un nuage de particules qui lui fit se frotter énergiquement la truffe avant de finir par succomber à un éternuement adorable. Un nouveau bond lui permit de reprendre sa place en sécurité dans le giron du louveteau. Il déplia sa trouvaille qu’il approcha de son nez, éloigna en tendant les bras, tourna, retourna, avant de l’abaisser.

- «  C’est quoi c’truc ?
- Donne pour voir. »

Rose arracha le bout de papier de ses menottes duveteuses et le rapprocha à son tour de son visage. Plissant les yeux, elle tenta de déchiffrer les symboles illisibles qui recouvraient entièrement la feuille froissée. Sa drôle de couleur et la teinte de l’encre laissaient penser que cette chose était une véritable relique. Mauvais pressentiment.
Dans l’ombre du couloir, quelque chose craqua sourdement et un relent nauséabond envahi l’espace.
Rose attrapa vivement le poignet du louveteau et le tira derrière elle.

- « On descend. Maintenant ! »


***


- « Crie pas comme ça ! J’ai failli faire une crise cardiaque !
- Mais t’as vu la taille de ce cafard !
- Tssss… Passe moi la scie.
- Tiens, fait att- Ahhhh !
- Quoi ?! Qu’est-ce qui se passe encore ?
- L-le-le-le v-v-vieux derrière l-le r-rideau ! »


***


Volte-face électrique.
Mais derrière eux, l’escalier avait mystérieusement disparu. Un hurlement strident déchira l'air dans les étages.  
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MessageSujet: Re: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeSam 9 Déc - 13:16

« Très drôle. On est en mission je te rappelle, alors garde tes blagues à deux sous pour plus tard, tu veux ?
M-Mais il était là ! Je l’ai vu, j’tassure !
C’était un autre visiteur.
Pourtant il était vieux et sec, exactement comme…
Oh bon sang Herbert ! Nous sommes dans un musée ! Presque l’intégralité de ce qui se trouve ici est vieux et sec ! Maintenant tais toi et aide moi à tordre ça.
Qu’est-ce que c’est ?
Une baguette de sourcier.
Hein ? »

***

« Ça vient des escaliers ! S’exclama Nono. Faut pas rester là !
Attendez ! »

Andréa avait agrippé le bras de Rose avec plus de force qu’il ne l’aurait souhaité, l’empêchant de s’élancer. Son cœur avait beau pulser jusque dans ses tempes, il n’avait pas ressenti de danger. L’instinct, exacerbé chez Edward depuis sa plus tendre enfance, avait été une chose nouvelle à appréhender pour le louveteau. Ce sentiment irrationnel l’avait longuement effrayé et perturbé, mais depuis l’Heure Pourpre, il lui accordait une confiance grandissante qui, jusqu’alors, ne l’avait jamais trompé. Tremblant, mais campé sur ses longues jambes en fil de fer, il accusa le tapotement pelucheux des pattes de Nono contre sa joue tandis que le lapin lui hurlait :

« T’as perdu la boule ? T’entends pas ce truc brailler ?!
Il ne braille pas. Je crois que… Je crois qu’il… chante. »

Un instant Nono songea à inspecter minutieusement le crâne du garçon, certain qu’avec son mètre quatre-vingt passé, il s’était violemment heurté contre une encoignure de porte. Mais, oreilles dressée, il remarqua que le hurlement strident était nuancé de variations toutes aussi fausses, mais alignées sur un rythme qui se voulait mélodieux. Il grimaça et se penchant vers Rose :

« Niveau casserole… Ce truc te bat à plat de couture Princesse.
Vous croyez qu’il pourrait nous aider à sortir ? Proposa doucement Andréa.
C’est pas parce qu’il chante faux qu’il est gentil !
Ou méchant ?
T’dois facilement t’attirer des ennuis toi, non ?
B-Bah je… Bredouilla Andréa en rougissant.
Dans l’doute, j’crois qu’on d’vrait s’déb-
GnuugnugngugnuuuUUuuUUUUUuuUUUUUUUU !! »

C’était, littéralement, une voix de crécerelle. Le timbre était affreux et profondément insupportable, il envahit tout l’espace avec un entrain redoublé comme tous ces chanteurs de douche qui se croient soudain à Broadway. Nono plaqua ses oreilles contre sa tête et Andréa boucha les siennes. Depuis qu’il travaillait au conservatoire, il s’était habitué aux fausses notes, mais celles-ci étaient clairement aptes à réveiller un mort. La mélodie infernale reprit pour la troisième fois un refrain endiablé et l’interprète de cette horreur déboula soudainement des escaliers en se dandinant.
Il n’était pas plus haut qu’un enfant de dix ans. On ne distinguait de lui que ses jambes à la peau tannée et ses pied nus qui valsaient sur les marches en rythme avec ses envolés lyriques. Un drap blanc couvraient le reste de son corps, jusqu’à ses genoux. Ses yeux, comme tracés au khôl à même le tissu, demeurèrent clos, laissant encore au chanteur le temps de savourer l’ovation d’un public en délire qui n’existait que dans sa tête.
Il s’avança dans le corridor d’un pas chaloupé, se déhancha souplement sur un énième « GnuGnu ! » rock’n roll, puis se figea, un pied en l’air. Le regard exorbité, il fixait les trois témoins de sa prestation passionnée.
Personne ne bougea. Lentement, l’artiste reposa le pied au sol avec l’espoir de tenter une retraite assez rapide pour que ce trio pense avoir rêvé. Il enclencha la marche arrière, mais s’immobilisa, le regard accroché à Andréa.
Le louveteau le remarqua. Il réajusta nerveusement son sac et l’étrange fantôme frissonna. Avec timidité, le garçon tenta :

« P-Pardon… On est perdu. Vous sauriez où… »

Le draps poussa un grincement horrifié. Le tissus qui le couvrait sembla se hérisser d’effroi et il décampa à toute jambe dans le corridor. Andréa eut à peine le temps de tendre la main pour le retenir.

« Je lui ai fait peur…
Sans vouloir t’vexer Loupiot, t’as le potentiel d’épouvante d’un marshmallow. Non, à tous les coups c’est Furie qui l’a traumatisé sans faire exprès, juste en le regardant d’bi… Eh ! V’là qu’y a des fuites maintenant ? »

Nono se secoua. L’instinct d’Andréa lui saisit le cœur comme un shot d’adrénaline. Du bout des doigts fébriles, il attrapa le poignet de Rose. Il ne lui adressa qu’un regard, mais ce qu’on y lisait dépassait de loin la simple angoisse. Leur vie était en danger. Il inspira. Une bouffée d’air minuscule qui parvint à se frayer un chemin dans sa gorge serrée. Son étreinte se resserra.

« Baissez-vous ! »

Nono s’agrippa à la dernière minute à son épaule, chutant de l’équivalent de trois étage au vu de sa petite taille. Un bruit sec. Encore une goutte. Le lapin redressa la tête juste à temps pour voir la gueule d’un énorme serpent se rouvrir juste au-dessus d’eux. Sa taille était demeurée, au point qu’il aurait pu les engloutir tous les trois sans trop avoir à se forcer. Sa langue bifide humecta l’air dans un sifflement furieux et ses prunelles fixes, d’une rouge de très mauvais augure, s’attacha sur eux.
Gain de trois étages. Andréa s’était redressé. Il avait poussé Rose en avant, saisissant ce qui lui tombait sous la main. Un porte-manteau d’acier fut lancé avec toute la force dont le jeune loup était capable droit sur l’énorme reptile et rebondit contre ses écailles. La bête riposta, détendit son corps comme un ressort, mais ses crochets se refermèrent à nouveau dans le vide. Bloqué par l’interstice par lequel il s’était faufilé, la longueur lui manqua pour les dévorer. Il se démena et autour de lui, le bois commença à craquer.

« On décampe ! Go ! Go ! Go ! »

D’un même élan, tous s’élancèrent dans le corridor. Derrière eux, le plafond céda et rapidement, un raclement sinistre s’élança à leur suite, arrachant tout ce qui se trouvait sur sa route. Les virages étaient leur meilleure chance de le semer. À chaque intersection, ils optaient pour l’angle le plus sec et entendaient, peu de temps après, la masse monstrueuse du serpent se cogner et rebondir contre les murs.
Ils courraient trop vite pour remarquer, qu’à mesure qu’ils s’enfonçaient dans ce dédale, les lieux vieillissaient et s’empoussiéraient de sable fin. Plus de trace de peinture. Les briques rouges et le bois avaient été remplacé par du calcaire gravé et richement décoré de nombreux dessins. Tourner à droite, puis à gauche. Les sifflements et frottements s’atténuèrent, jusqu’à s’évanouir complètement. Nono repéra une porte sur le côté. Il appela Rose, avant de s’agripper aux cheveux d’Andréa pour la lui indiquer. Le louveteau pila dans un dérapage quelque peu incontrôlé et glissa aussitôt ses longs doigts dans l’interstice séparant deux grosses pierres gravées. En forçant, il parvint à suffisamment les écarter pour que tous puissent se faufiler dans la pièce attenante. Les lourds battants se refermèrent juste derrière eux.
Mains sur les genoux, Andréa s’accorda une seconde pour reprendre son souffle. Une grande inspiration et il se redressa, perturbé par une douce odeur d’encens et de propreté. Parfum de savon et de fleurs. Il cligna des yeux en parfaite synchronisation avec Nono, pour une fois à court de mot.
Des bougies brulaient un peu partout dans la pièce, dispersant sur ses murs une couleur chaude et rassurante. La salle était parfaitement carrée. On trouvait dans ses quatre coins de grandes colonnes décorées, mais le plus étonnant était le bassin creusé en son centre. Sa surface immaculée, perlée de pétales de rose, laissait supposer qu’il s’agissait d’un bain de lait.

« Gnugnu ?!! »

Surprise alors qu’elle se prélassait, la tête au drap s’offusqua, comme si on venait de la surprendre dans son plus simple appareil. Elle s’enfonça dans le liquide blanc jusqu’à ne plus laisser deviner que ses yeux ourlés de noir, pestant en de belles bulles furieuses d’être si peu poliment dérangée.
Andréa rougit jusqu’aux oreilles. Il colla une main sur ses yeux et tourna la tête.

« D-Désolé ! On ne savait pas que c’était privé ! »

Nono posa sa patte sur sa joue, ignorant s’il devait être attendrit ou dépité. Un coup d’œil pour Rose, puis il sauta d’un bond sur le sol rocheux. Son attention s’accrocha un instant aux bas reliefs qui décoraient la pièce. Tous ce qui s’y trouvait était dessiné de profils, des hommes à tête d’oiseau, de chacal ou autres bêtes et un gros serpent à l’œil rouge cloisonné dans un coin de la pièce.
Il soupira. L’Égypte antique n’avait jamais été son dada. Papattes sur les hanches, son regard se reporta sur l’être immergé :

« Sors de là, tronche d’abat-jour, on a une ou deux questions à t’poser. »

* * *

« Ta baguette idiote nous a perdu !
Pas du tout.
Depuis qu’on avons franchi la porte de service, on s’enfonce dans des couloirs de plus en plus bizarres. Qu’est-ce que Walkson viendrait faire là ?
Elle nous tend un piège c’est évident.
Tu penses ?
À la réflexion, je suis certaine qu’elle n’a pas cru à la cuillère pliante.
Pas possible !
Elle est plus maligne qu’il n’y parait. Tiens, écoute.
Un sifflement ?
Elle doit être en train de préparer un mauvais coup. Avançons prudent. Hum ? Herbert ?
L-l-l-l-l-l…
Mais quoi encore ?! Bordel de Dieu ! Le vieux !! »


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MessageSujet: Re: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeJeu 18 Jan - 17:41

Confronté au mutisme obstiné du torchon humide qui les fusillait de ses yeux noirs de khôl, Nono perdit patience. D’un bond leste, il vint se percher sur le rebord de la baignoire, mais la diatribe acerbe qu’il s’apprêtait à déclamer fut interrompue par l’arrivée fracassante d’un tas de bandelettes essoufflé.

- « M-maître ! C’est terrible ! C’est affreux !
- Bah v’là pas qu’après la nappe, on s’retrouve avec la trousse à pharmacie ! »

L’individu leur jeta un regard confus qui navigua deux ou trois fois entre leur petit groupe et le tas de linge qui macérait dans la baignoire.

- « M-maître ?
- Gnugnuuu ! »

Le fantôme s’était redressé dans son bain, son drap blanc mystérieusement sec à nouveau. Il émit une série de sons qui firent pâlir le serviteur bandé sous le tissu jauni de son habit.

- « C-c’est que…  Ce sont Antef et Iâh… I-Ils… »

Ce semblant d’explication ne fit qu’amplifier les grincements  stridents de l’homme-linge.
Rose se crispa complètement, luttant pour ne pas noyer cette chose dans son jus. Préférant le repli stratégique au meurtre prémédité –elle espérait toujours se présenter à Andréa sous son meilleur jour– elle se saisit du louveteau et du lapin, les entrainant sans ménagement vers la sortie.

Mais bien sûr, le couloir par lequel ils étaient arrivés avait disparu. La contrebandière lutta de toutes ses forces pour garder l’air affable, et c’est avec la lenteur et le sourire figé d’un prédateur qu’elle se retourna. Elle pencha la tête, maintint sa mimique, espérant sembler aimable, mais n’en devenant que plus effrayante.

- « Nous ne voudrions pas vous déranger plus longtemps.
- Gnugnuuuuu ! Gnu ! »

Le serviteur se tordit les mains avec nervosité, hésitant à transmettre les paroles de son supérieur. Il ouvrit la bouche, eut un hoquet qui laissa échapper un papillon de nuit aux ailes ternes. Seulement alors, Rose réalisa que sous les bandes de tissus, ses orbites creuses étaient vides.

- « L-Le maître dit qu’il vous laissera partir si vous lui rendez un service. »

Puis, voyant le sourire de son interlocutrice se crisper dans un dangereux rictus, la momie ajouta précipitamment :

- «  C-c’est un grand honneur de servir un dieu ! Le maître vous en sera toujours reconnaissant !
- C’te vieille serpillère ? Un dieu ? Pfff !
- Le maître a beaucoup de fidèles !
- Ouais, y a genre, deux milles ans ? »

Laissant le lapin et la fidèle momie s’enguirlander mutuellement, Rose se tourna vers Andréa. Elle passa une main sous les mèches blondes de sa frange, frottant ses tempes endolories par le brouhaha ambiant et fini par soupirer, résignée :  

- « Je suppose qu’on a pas vraiment le choix. »

Tuer un dieu ne semblait pas vraiment être une option viable, même pour elle. La contrebandière posa les mains sur ses hanches et demanda :

- «  De quoi est-ce qu’il s’agit alors ?
- Oooh vous acceptez ! s’enthousiasma l’embaumé, détournant son attention du lapin qui s’était empêtré dans une bande de tissus jaunâtre, dont il se dépêtrait avec dégoût. Ce n’est pas grand-chose, il suffit de régler un petit problème de couple.
- Sérieusement ? Vous allez demander à la Gardienne de s’occuper d’une scène de ménage ? »

La momie les contempla tous les trois dans une grimace gênée qui ne laissait présager rien de bon. D’un geste de la main, il invita le trio à sa suite et ils laissèrent le dieu rideau à son bain régénérant.


***


- « Oh ! Excusez-moi. Je vous ai fait peur ?
- L-l-l-le vieux ! Fais quelque chose !
- Enfin... !  Il ne faut pas s’effrayer pour si peu ! Ahhhh les jeunes, de nos jours….  Des petites souris comme vous ne sont pas ma priorité pour l’instant. »

Le vieil homme contemplait calmement les deux acolytes acculés contre un mur, paralysés de terreur. Il leur adressa un sourire qu’il voulut réconfortant.

- « Si vous m’aidez à capturer les gros rats qui se cachent dans les coursives, je vous pardonnerais peut-être d’avoir attenté à la vie d’Adelaïde. »

Sans bouger d’un iota, Herbert murmura nerveusement à l’adresse de sa complice.

- Qu’est-ce qu’il raconte le vioque ?! Il débloque totalement !
- Shhhhh ! Joue le jeu. Il peut peut-être nous aider à retrouver Walkson. On le zigouillera le moment venu !
- Roh ! Malin ! »

Les deux compères se redressèrent et approuvèrent la requête du gardien par de vigoureux hochements de tête. Aussitôt un éclat joyeux éclaira son visage ridé et il leur tourna le dos, s’éloignant à petits pas mesurés.

- « Suivez-moi. Je vous préviens, ces nuisibles-là sont coriaces. Ils ont plusieurs siècles d’existence. Il me faut absolument les remettre en cage avant l’arrivée du public. Alalala, mes pauvres reins… Commençons pas aller chercher le matériel adéquat, voulez-vous ?  »

***

Avec dépit, Rose frotta une nouvelle fois la trace noire qui était apparue sur son chemisier blanc. Tenace, celle-ci resta bien visible et même pire : elle s’étala un peu plus. Elle soupira, et ôta sans s’affoler une toile d’araignée gluante de sa chevelure. Sur son épaule, Nono éternua bruyamment :

- « Ils connaissent pas l’ménage à c’t’époque ? D’ailleurs princesse, loin d’moi d’douter de tes capacités mais d’puis quand t’y connais quelqu’chose en thérapie d’couple ?
- T’occupes. J’ai des ressources insoupçonnées. »

Nono croisa les pattes sur son torse duveteux, pas vraiment convaincu mais ne répliqua pas. Il tourna ses moustaches vers Andréa et lui désigna d’un geste de la patte les deux reliefs muraux qu’ils devaient réconcilier. Antef et Iâh, découpé en deux dimensions sur un mur millénaire se disputaient de manière ininterrompue depuis cinq bonnes minutes et ce malgré les pitoyables tentatives d’intervention du serviteur bandelettes.

- « S-s’il vous plait. Le Seigneur Medjed vous envoie ses humbles conseillers pour vous réconcilier. S-s’il vous plait écoutez moi…
- Fermez-là ! coupa Rose plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu »

Son exclamation ricocha en écho contre le haut plafond de la pièce, et elle ne put s’empêcher de rougir, sans oser glisser un regard vers Andréa. Depuis le mur, Iâh la toisa de haut en bas, orientant son profil vers elle, puis déclara d’un timbre de voix mélodieux.

- « Pas celle-là. Je veux les conseils du garçon. Approche. »

Attendant que le louveteau s’avance, elle observa ses ongles sous l’œil consterné de son époux. Rose haussa un sourcil circonspect. Lorsque celui-ci fut tout près, elle susurra d’une voix qui hérissa la contrebandière jusqu’à la racine des cheveux.

- Apprends-moi à séduire. »

Rose s’étouffa.
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MessageSujet: Re: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeDim 28 Jan - 14:49

Séduire. Il n’existe pas de ponctuation appropriée pour indiquer de quelle façon ce mot résonna dans l’esprit d’Andréa. Étonnement, effroi et gêne furent emportés dans une tornade de panique. Il sentit ses oreilles chauffer, ses joues s’embraser et eut la sensation soudaine qu’il était en train de se consumer sur place. Tant mieux, cela lui éviterait de se ridiculiser. Il devait avoir autant de connaissance en séduction qu’en vente à la criée de fruit de mer. Savoir que cela existait lui suffisait amplement.
Après un coup d’œil à Rose, Nono s’approcha en deux bonds, alerté pas l’insistance maladive qu’Andréa mettait à essuyer ses paumes de mains moites sur son pantalon. Se dressant sur ses pattes arrières, il lui tapota le tibia, glissant à l’assemblée qui les fixaient :

« ’scusez-nous une minute. »

Le jeune loup suivit le leporidé avec l’espoir d’éviter un naufrage et sur un signe, s’accroupit à ses côtés. Son regard était celui d’une bête acculée qui croyait être sauvée.
Nono posa ses pattes sur ses joues et le fixa droit dans les yeux :

« C’est quoi l’problème ? T’as pas entendu la dame ?
S-si, balbutia Andréa. M-Mais je…
À ton âge, draguer c’est comme respirer. M’dit pas qu’y a pas une fille qui t’plait ? »

Ses pensées se tournèrent vers Elena et il sentit ses jambes se liquéfier. Quelques bulles de mots quittèrent ses lèvres, éclatant sans possibilité de former la moindre phrase.
Nono plissa ses petits yeux noirs et remua le nez. Ses pattes duveteuses appuyèrent un peu plus sur les joues écarlates du garçon.

« C’est un début. Allé réfléchi maintenant. Qu’est-ce tu lui dit pour la charmer ?
J… Je sais pas je…
Imagine, tu l’aperçois dans la rue. Qu’est-ce qui te vient ?
B-Bonjour ? grimaça-t-il, sentant que la réponse n’était pas appropriée. »

Nono redressa les oreilles, posa une pattes sur sa truffe et secoua la tête. Derrière eux, le tas de sparadraps commençait à s’impatienter, passant d’un pied sur l’autre sans quitter des yeux le couple lancé dans une dispute de haut vol. Le lapin fit signe à Rose qu’il gérait. Il avait juste besoin d’un peu de temps.
À nouveau, il se tourna vers Andréa, pattes sur les hanches.

« Ok. T’es du genre choupinou. Tu fais craquer sans même le remarquer. J’connais ça.
Désolé… Murmura le jeune homme, qui ne croyait pas un mot de la boule de poils, mais refusait de le contredire.
T’inquiète. Suffit d’changer d’tactique. Bon, dis toi plutôt qu’t’as un ami qui t’demande conseil. Tu lui dirais quoi ? »

Andréa s’apaisa. Il n’était pas à l’aise pour parler de lui, mais son altruisme et sa sensibilité en faisaient un excellent conseiller. Il se remémora les recommandations de Gigi et des filles qu’il écoutait toujours sans jamais être capable de les appliquer.
Nono se hissa sur son épaule et le décoiffa d’un mouvement de pattes.

« T’as pigé, maintenant au boulot ! »

Le louveteau se redressa, rasséréné. Il ne tira qu’une seule fois sur la lanière de son sac, avant de tenter de s’immiscer dans l’étripage du couple. Antef lassé, coupa un reproche de Iâh avec un tact qui aurait mérité un bon coup de pioche en pleine :

« Tu as terminé ? Question pour un Pharaon a commencé et je suis en train de tout rater.
Non ! Tu étais d’accord pour la thérapie de couple. Alors fais un effort !
Écoutez…
Je n’ai pas besoin de conseils en séduction. Je suis toujours très séduisant, toi-même tu dis que c’est mon meilleur profil !
Ça ne suffit pas à faire oublier que tu pètes au lit.
C’est la nature ! Ce truc que tu essaie de cacher en passant des siècles dans la salle de bain.
Je pense que…
Je me fais belle pour toi ! Tous les parchemins le disent. Pour qu’un couple dure il faut entretenir la flamme.
Bla, bla, bla…
Bon fermez la !! »

La voix si tenue d’Andréa avait explosé contre les parois avec une force qui l’étonna. Le couple sursauta, mais moins que Nono qui se rattrapa de justesse à son épaule. Le garçon rougit, s’excusa à mi-voix, mais ne recula pas lorsque l’attention fut sur lui. Une grande inspiration souleva son maigre poitrail.

« Regardez-vous dans les… débuta-t-il sans savoir comment compter les yeux de deux profils. Regardez-vous ! Un regard franc, c’est important. »

Il y eut des grommellements de protestation, mais les sculptures obtempérèrent. Encouragé par cette bonne volonté, Andréa montra à Rose un air presque confiant avant de poursuivre.

« Vous savez les petites attentions comptent beaucoup dans la séduction. Si vous commenciez par vous dire des choses agréable je suis sûr que…
Il n’y a rien d’agréable à se faire sermonner par un gamin qui n’a même pas de poil au menton. Ton idée était nulle Iâh !
Moi au moins j’essaie ! Souffrit la jeune femme en levant ses bras de grès au ciel.
Bon… soupira le louveteau. Je vais commencer. Antef j’aime bien votre bijoux de bras.
A-Ah oui ? Euh… Merci.
Et moi j’aime quand tu portes le vert, marmonna Iâh en détournant le regard. Il te va bien au teint.
Oh… Pas autant que ta robe bleue. Tu ferais tomber n’importe quel bas-relief quand tu la portes.
Ah oui ? 
Et je suis fier de tes tapisseries, tes tissages sont les plus beaux de tout le pays.
C’est vraiment gentil. Mais tu sais, moi aussi j’adore te lire et te regarder écrire. Tu es un scribe exceptionnel. »

Les scuptures se figèrent, troublés et un peu gênés. Une petite larme d’émotion coula de l’orbite noir du guide emmailloté. Un silence ému s’éternisa puis, il se sautèrent dans les bras l’un de l’autre :

« Mon cailloullou excuse moi !
Briquounette, je suis désolé !
Mon petit scarabée…
Mon lotus…
Wow… WOW !! Hé oh ! Y a un mineur ici ! »

Andréa ne vit rien d’autre que deux pattes pelucheuses lui fermer les yeux, mais il entendit. Aux exclamations envolées succéda heureusement rapidement le son rauque d’une pierre qui pivotait. Antef et Iâh s’étant accordé un peu d’intimité, le passage qu’ils gardaient fut enfin ouvert.
Le tas de bandelettes n’eut pas le temps de les remercier que son maître s’avança entre eux en chantonnant et franchit le seuil de la pièce attenante. Le serviteur s’inclina poliment, leur faisant signe.

« Si vous voulez bien nous accompagner. »

***

« Vous savez, ma mémé est increvable aussi, nota pensivement Herbert.
Tu vas vraiment nous raconter ta vie maintenant ?
Quoi ? J’ai bien le droit de faire la conversation !
Cela ne me dérange pas, assura le vieil homme dont le visage parcheminé s’était entièrement courbé en un sourire.
Tu vois ! Lança joyeusement l’homme de main. Donc je disais… Cent deux ans qu’elle a. C’est une vraie garce et assise sur un sacré pactole qui plus est. On attend tous qu’elle passe l’arme à gauche, mais elle veut rien lâcher.
Achevez-moi… Soupira sa collègue.
La dernière fois mon neveu — un vrai p’tit caïd, on en est fier dans la famille, — il l’a poussée dans les escaliers. Bah tenez vous bien, elle s’est direct relevée pour aller sortir son rôti du four. Faut pas gâcher qu’elle disait.
Une brave femme, nota le guichetier en soulevant les rides de son œil droit pour laisser deviner son regard d’acier. »

Un sifflement dans leur dos fit faire volte face à la comparse d’Herbert. Trois fois que le vioc lui disait qu’elle avait rêvé, mais cette fois, elle était sûre d’avoir entendu quelque chose. À tous les coups, l’ancêtre était sourd comme un pot.
Laissant Herbert continuer de narrer les exploits de sa grand-mère immortelle, son acolyte revint en arrière avec une précaution qui caractérisait les assassins professionnels.
Arrivée à l’angle du couloir, elle se figea. Le son était de plus en plus marqué, mais elle ne parvenait pas à l’associer un élément concret de sa réalité. Peut-être un robinet. Oui. Dans le fond, cela ressemblait une canalisation où l’eau s’écoulerait en continue.
Retrouver un semblant de modernité, balaya ses craintes. Elle se tourna, ouvrit la bouche, prêt à appeler Herbert, sans distinguer l’ombre qui se découpa brusquement derrière elle. Pas un son ne quitta ses lèvres. Le vide sous ses pieds. L’obscurité l’avala tout rond.

***

« Est-ce qu’il peut arrêter ça ?! »

Toujours perché sur l’épaule d’Andréa, Nono observait, désabusé, la nappe sur pieds poursuivre tranquillement sa séance de yoga.
La pièce déverrouillée n’était pas la sortie espérée, juste la salle de sport de cet insupportable dieu. Il devenait ingérable si, après un bon bain, il ne pouvait pas enchaîner l’intégralité de la salutation au soleil. Son serviteur le savait et fort heureusement pour lui, leurs invités lui avaient évité une bien longue journée.

« Il est super souple, commenta spontanément Andréa, certain d’être incapable de se plier en deux à ce point.
Ne l’encourage pas toi ! Grommela Nono en lui assénant une tape sur la tête. Princesse aide moi ! Je suis à court de solution là.
Il faut qu’on attende qu’il ait terminé pour pouvoir sortir ? Demanda le louveteau au guide en papier toilettes.
Pas du tout.
Essaie pas d’nous arnaquer ! Un marché est un marché ! Pesta le lapin aux poils hérissés.
Oui, oui. Mais le maître ne vous dira rien, tant que vous ne serez pas au complet.
Hein ? Au comp… »

À l’exception du dieu et de son serviteur, tous levèrent la tête. Un cri résonnait loin au-dessus deux, approchant à toute vitesse.
Nono bondit dans les bras de Rose, hurlant au louveteau de reculer, mais la plainte dégageait un tel effroi qu’Andréa eut comme seul réflexe de tendre les bras.
Le choc.
Sa force fut mise à rude épreuve, mais il tint bon, ne réalisant pas tout de suite ce qu’il avait attrapé. L’odeur lui était familière, mais moins que ce piaillement de canari pincé qui s’échappa de son gosier dès qu’elle aperçut Rose :

« Vous ! »

***

« Bah… Où est Meredith ?
On dirait qu’elle vous a abandonné.
Vous croyez ? Merry a son caractère, mais on travaille ensemble depuis des années. C’est pas son genre.
Cela vous affecte on dirait ?
C’est que… Je sais que j’suis moins malin qu’elle, mais…
Herbert vous vous trompez. Cette femme n’a jamais reconnu votre valeur, mais moi… Je sais.
C’est vrai qu’elle arrête pas de me critiquer.
Vous voyez ? Mais nous savons tous deux que vous n’êtes pas un rat Herbert, n’est-ce pas ?
Ah ça non ! Petit j’voulais être un bouledogue vous savez ? Puis après un alligator. J’adore les alligators.
Parfait… Je crois qu’il est temps de nous associer de manière plus officielle. »

Le guichetier écarta les bras. Dans son dos, le sifflement s’accentua au point de dévorer les lieux. Une langue bifide se coula dans la lumière et Herbert écarquilla les yeux.
La peau plissé du guichetier était en temps de craqueler. Lentement, il muait.


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Rose Walkson
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MessageSujet: Re: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeSam 23 Mar - 14:46

Le serviteur emmailloté considéra un instant la nouvelle venue, dubitatif. Il l’observait intensément, plissant ses orbites vides, mais saisi d’un doute, il sortit d’un repli de ses bandelettes un morceau de parchemin qu’il s’empressa de parcourir, marmonnant pour lui-même :

- « C’est étrange. Il y a bien la magicienne et le paladin mais…

Il s’interrompit, releva les yeux vers Meredith toujours fermement agrippée à la chemise d’Andréa, tiraillée entre crainte et vexation.

- Vous n’êtes pas un roi barbare.
- Nooon ! Sans blague mon pote !

Imperturbable face au sarcasme du petit guide dont les yeux roulaient d’agacement, la momie continua son décompte :

- Nous avons le familier… Il ne nous manque que le voleur.
- Le vol- ? »

À nouveau la trappe du plafond s’ouvrit, et un cri qui parut vaguement familier à la contrebandière résonna entre les murs. Attrapant Andréa par la manche, Rose le tira en arrière, permettant au nouvel arrivant de se réceptionner sans mal avec une agilité féline.
Lorsqu’elle reconnut la silhouette élancée qui venait d’apparaitre, elle s’exclama brusquement :

- « Evan !
- Patronne, vous ici ! Quelle coïncidence formidable ! »

Bouche bée, Rose mit quelques secondes à sortir de sa stupeur, laissant le temps au jeune homme de se redresser. Il épousseta ses vêtements sombres, rabattit sa capuche, dégainant un sourire qui aurait fait fondre les neiges éternelles. Mais il en fallait plus pour charmer l’implacable contrebandière. Rapidement, l’étonnement s’effaça sur ses traits, laissant place à une exaspération grandissante.

- « Tu me suis ?!
- C’est Sima ! s’empressa-t-il de cafter, mains en l’air. Vous savez comment elle est avec White…
- Je vais lui toucher deux mots en rentrant… »  

Evan haussa les épaules, passa une main dans ses longues mèches chocolat, désabusé. Un instant, Rose songea à l’étriper sur place, mais l’intervention du serviteur dévia sa frustration juste à temps.

- « Vous êtes presque au complet. Ça devrait fonctionner.
- Non. Non, non, non. Je ne sais pas à quoi vous pensez, mais c’est non !»

La momie recula, jeta un coup d’œil à son maitre mais son appel à l’aide resta vain, le dieu étant toujours absorbé par ses exercices de souplesse.
L’atmosphère de la pièce dégénérait lentement en un joyeux bazar.
Meredith, enfin descendue des bras d’Andréa, se tenait raide comme la justice, poings levés en position défensive, prête à se défendre contre son impitoyable et redoutable adversaire. Celle-là même qui, l’ignorant superbement, s’était avancée vers le serviteur, pointant vers lui un  doigt menaçant. Nono appuyait chacune des menaces de sa protégée par de vigoureux mouvement d’approbation de sa minuscule tête.

Dans leurs dos, Evan en avait  profité pour jeter son dévolu sur Andréa ; envahissant son espace vital, ses yeux en amande dévoraient le louveteau sans aucune pudeur. De la main droite il empoigna le menton du louveteau, tandis que la gauche se glissait dans son dos, lui coupant toute retraite.

- « Tu n’es pas White toi. T’es mignon. On pourrait faire connaissance ? »

Un clin d’œil appuyé suivi de près par un silence lourd de sens à faire se pâmer les ménagères et rougir les austères vieilles filles.

Pendant ce temps, oublieuse de ce qui se déroulait dans son dos, Rose avait empoigné sans ménage le dieu linge et menaçait de le faire rétrécir au lavage, insensible aux supplications de son serviteur qui agitait vainement son corps maigrelet. Meredith, une main plaquée sur sa bouche pincée murmurait des prières horrifiées pour qu’une force supérieure la protège dans ce chaos généralisé.

- « SILENCE ! »

La voix sortie des ténèbres avait tonné dans la pièce, interrompant à mi-chemin le geste de Rose qui tentait d’étouffer le dieu avec le bas de son propre drap.

- « Ô-ô grand Seth, se prosterna immédiatement le serviteur, front contre terre. Veuillez excuser ces impertinents humains ils ne savent pas ce qu’ils f-
- T’es qui toi ? le coupa immédiatement Rose. On veut sortir d’ici fissa, pigé ?
- Tu sais à qui tu t’adresses mortelle ?
- J’sais pas, j’m’en fiche. La sortie ? »

Elle avait reposé le petit dieu sans pour autant le relâcher. D’un sursaut, celui-ci se libéra dans une série de hurlements contrariés et s’abrita derrière la momie toujours aplatie au sol.

- « C-c’est Seth, le dieu du c-chaos…

Silence dans la salle. Rose saisit Andréa d’une main, l’oreille d’Evan de l’autre et tourna les talons.
La voix se racla bruyamment la gorge, signifiant qu’il attendait une autre réaction à l’évocation de sa terrible identité. Rose soupira lourdement, et grogna, fixant le plafond à défaut de savoir se cachait leur divin interlocuteur.

- Et alors ? »

Contre toute attente, le dieu éclata d’un rire tonitruant, forçant Nono à couvrir ses oreilles sensibles. Lorsque le rire mourut enfin après plusieurs longues secondes, la voix marqua une pause, reprenant son souffle avant de tonner avec enthousiasme :

- «  Ah ! Je t’aime bien mortelle.
- Prend un ticket et fait la queue. »

Un nouveau rire, et, finalement, le terrible Seth reprit son sérieux pour ordonner :

- « Vous allez me libérer de la prison dans laquelle je croupi depuis des siècles. Sinon… »

Dans leurs dos, un nouveau fracas vint interrompre la joute verbale dans un nuage de fumée verte dont une forme informe s'extirpa en toussant.  
Spoiler:
Andréa Eyssard
l Un monstre dans la peau l
Andréa Eyssard

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MessageSujet: Re: Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }   Les secrets du Muséum { P.V. Andréa } I_icon_minitimeSam 6 Avr - 10:35

Une seconde momie sortit de la brume. Plus petite que le serviteur du dieu nappe, elle était également plus coquette et portait une partie de ses bandelettes regroupées en une jolie queue de cheval. Elle s’inclina poliment face au vide.

Tout est prêt Ô Votre Grand cataclysme.
Parfait…

Dressé sur l’épaule de Rose, Nono se retourna d’un bloc. Il s’agaçait de ne pas savoir à qui décocher son regard assassin de petite peluche, alors il balaya soigneusement toute la pièce.

Continuez d’avancer ! C’est qu’un autre tas de papier mâché ! J’vous cou-

Toute la pièce se changea en ténèbres. Il n’y avait plus ni haut, ni bas, ni droite ni gauche. Nono ne distinguait même plus Rose, sur laquelle il était pourtant perché. Heureusement sa truffe parvenait encore à discerner les odeurs de tous.
Il en fut de même pour Andréa, qui malgré l’obscurité soudaine, eut le réflexe de rester à proximité de Rose et d’attraper le bras de la nouvelle venue. Elle poussa un cri terrifié que le vide absorba. Le louveteau ne la lâcha pas, l’attira près de lui et un murmure sembla sinon la calmer, au moins l’empêcher de trop s’agiter.
La voix de Seth résonna à nouveau. L’ampleur était exceptionnelle, de ces gros tambours dont les vibrations vous secoue jusqu’aux entrailles. Le timbre était grave, toujours un brin amusé, mais assez tranché pour laisser deviner qu’il ne souffrirait aucune objection.

Si j’en juste son avancée, il vous reste deux heures pour me libérer. Défilez-vous et des innocents en paieront le prix à votre place.

Il explosa d’un rire guttural et toute la pièce se fissura. L’obscurité se brisa et tomba en miettes. La lumière revint, claire et douce, provenant des lustres et des immenses fenêtres.
Bonne nouvelle ! Ils étaient de retour au musée. Mauvaise nouvelle… Ils n’était pas vraiment de retour au musée.
Andréa baissa la tête et esquiva de peu l’ossature d’une immense baleine.
Sous l’immense dôme de la salle dédié à la faune marine, l’impressionnant mammifère dénué de peau et de muscle continua sa nage gracieuse dans le vide, chahutant au passage un groupe de ce qui avait tout l’air d’avoir été des phoque. L’un d’eux s’écarta par une veille magnifique, s’élançant droit vers une mère et sa fille. Andréa tendit le bras, mais il n’eut pas le temps de les avertir. Elles ne remarquèrent pas l’animal qui les traversa pourtant de part en part.

Génial, une dimension miroir, soupira Nono. Bon. Au moins personne verra vos fringues comme ça !
Quoi ?! Qu’est-ce qu’elles ont nos f- Holly shit !

Meredith croisa ses bras sur sa poitrine. Adieu sa superbe toilette londonienne, elle ne portait plus désormais que deux carrés de cuir bordés de fourrure et des bijoux fait d’os et de pierres semi-précieuses qui cliquetaient à chacun de ses mouvements désespérés pour retrouver un peu de dignité. Elle faillit s’effondrer lorsqu’elle croisa son reflet dans l’une des vitres. Défigurée d’un maquillage tribal écarlate, sa tignasse auburn était emmêlée à une moitié de crâne de gazelle. Elle fit beaucoup d’effort pour ne pas hurler.
Andréa se contenta de rougir copieusement. La tunique blanche qu’ils portait dévoilait ses genoux et l’une de ses épaules. La droite. Il remonta d’abord sa main pour masquer sa peau de craie et l’énorme cicatrice de morsure qui la dévorait, avant de remarquer l’étole turquoise qui lui ceignait la taille. Devant la détresse de la jeune femme, il la retira et la lui tendit. Meredith qui s’emmitoufla aussitôt dedans en oubliant de dire « merci ».
Près de Rose, Evan poussa un soupir conquis. Il croisa les bras, vêtu de l’attirail complet du voleur égyptien.

Bon parlons bien Rosinette. J’ai quelle marge de manœuvre avec le beau brun ? C’est chasse gardé ou…
Tout dépend si tu tiens à la vie, coupa Nono qui imaginait qu’Edward transformerait cet idiot en confettis s’il osait toucher à son neveu chéri.
Parfait ! J’adore les défis !
Dites, glissa Andréa en se tournant vers eux. Vous ne trouvez qu’il y a quelque chose de bizarre ?
Tu veux dire au-delà du ballet aérien de squelettes et du fait qu’vous êtes tous habillés comme au temps des égyptiens ? Interrogea le lapin en se grattant l’oreille.
Euh… Oui. Vous avez vu les gens.

Nono plissa les yeux. L’anomalie était si grosse qu’il lui fallut bien une seconde pour la remarquer. Un compte à rebours ? Chacun des visiteurs en avait un qui flottait juste au-dessus de sa tête. Le chiffre de cent quinze, venait de s’abaisser pour tous les présents. Cent quatorze. Il mit une dizaine de seconde à faire le rapprochement.

Deux heures. C’est le nombre de minutes qui nous reste pour libérer Môsieur Chaos.
Sinon quoi ? Grimaça Meredith. Il va nous affubler de vêtements encore plus moches ?
Sinon il vont tous crever.
Et al… Et mince… Herbert.

Ce fut l’instant que choisi le petit dieu des nappes pour refaire parler les lui. Son exclamation de joie envahit toute la pièce, poussant leur groupe à lever la tête. La divinité les survola, debout sur un dauphin squelette. Il surfa habillement parmi les orques, pingouins, lions de mer, slaloma entre les tortues et autres animaux marins, jusqu’à atteindre une trape au plafond, située tout au fond de la salle. Il secoua son popotin sur un rythme qu’il semblait le seul à entendre, leur fit à tous un clin d’œil et s’y engouffra.

Pas mal, admit Evan. Je peux le rattraper et vous le ramener si tu me donnes un peu d’élan beau brun.
Sinon il y a une porte, hein ? Oh et puis peu importe, par pas question que je reste une minute de plus avec la furie et sa peluche.
Tu veux voir ce qu’elle te dit la peluche, tronche de zèbre.
C’est Miss M pour toi, le civet.
Les enfants ne vous disputez pas ou maman Rose va se fâcher, s’amusa le voleur avec un coup d’œil appuyé pour la contrebandière.

Puis il se colla tout contre l’épaule d’Andréa et se penchant vers lui, il lui décocha son plus brûlant regard de braise.
Encore en proie à un nombre croissant d’informations à traiter, le louveteau ne fut pas en mesure de toutes les assimiler et celle-ci lui passa complètement à côté. Il se rappela seulement de la demande du jeune homme et lui proposa :

La courte échelle, ça vous irait ?
Tout ce que tu voudras, sourit Evan.
Euh attends mec, débuta Nono. Tu devrais savoir qu…

Trop tard. Mains croisées, Andréa s’était incliné.
Trois pas en arrière. Evan passa ses doigts dans ses cheveux pour appuyer l’instant d’une petite note charismatique, puis il s’élança.
Il visait le squelette d’un pingouin à quatre mètres de haut. Avec sa détente et la force même timide de ce bel adonis, l’atteindre serait une formalité.
En revanche, il n’avait pas vraiment prévu de le dépasser, ni lui, lui le bélouga, ni le narval, ni même le banc d’otaries qui s’amusaient à près de dix mètres du sol. Wow. Sa cible perdue de vue, il dut improviser. Un lustre était à portée, parfait pour un rattrapage d’urgence, malheureusement il n’eut pas même l’occasion de le frôler. Un squelette de cachalot de happa sur sa lancée. Evan se retrouva prisonnier entre ses dents.
Andréa pâlit. Il était pourtant certain d’avoir dosé sa force, mais dans le feu de l’action il s’était peut-être un peu emballé. Il n’aurait pas le temps de s’excuser.
La colonne vertébrale d’un colossal serpent de mer apparut soudainement sous leurs pieds et les souleva. Le squelette s’arrondit et ondula. À quelques mètres de la, son crâne s’arracha du sol suivit de toutes ses côtes.
Meredith faillit perdre l’équilibre et par réflexe, elle se jeta dans les bras de Rose.
Une seconde.
Elle la repoussa et passa aux bras d’Andréa auquel elle s’agrippa comme une ancre. Le jeune homme peina à conserver son équilibre.

Je ne suis clairement pas assez payée pour ça !! Hurla-t-elle.
Princesse ! Fais gaffe !!

Ennemis de toujours serpent marin et cachalot étaient déterminés à régler leur compte une bonne fois pour toute.
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