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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 A Moonlight Night's Dream [PV Rose]

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Edward White
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Edward White

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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeMar 8 Aoû - 21:06

« Suivons les. Après ce qu’on a traversé, je ne suis plus à un ou deux clown près. »

Sa main dans celle de Rose, talonné par leur petit guide, ils s’engagèrent à la suite des deux nouveaux venus sur une plateforme liserée d’un éclat écarlate. W fermait la marche. Son image crépitait avec irrégularité, trahissant son stress. Un état d’inquiétude que l’Amoureux prit plaisir à accentuer, lâchant tout en posant son coude sur l’épaule de l’angoissé :

« Détends toi ! Elle ne va pas te manger ! Ce n’est pas encore l’heure du dîner après tout !
Alors c’est vrai ? S’étrangla le rouquin. Les rumeurs à son sujet disaient que…
Mademoiselle, messieurs et laporidé, coupa d’un ton amorphe le Pendu. Merci de garder vos bras le long du corps et de ne pas vous approcher du bord pendant le trajet. »

Il frappa mollement du poing une longue plaque d’acier dans le mur qui pivota dans un grincement sec. Apparut une série de boutons circulaires, allant de un à six-cent soixante-cinq, dont une partie était grisée. Tout en haut se trouvait un ultime bouton, brillant d’une lueur écarlate. Il était orné du dernier nombre de cette interminable série : « 666 ». Le Pendu l’actionna d’un doigt mou et sans entrain.
Aussitôt, des grilles de ronces et de fer forgé s’élevèrent du sol et se verrouillèrent entre elles. Il y eut un faible tremblement, puis leur plateforme fut brusquement propulsée en l’air.
L’élan fut si violent que le cœur d’Edward lui remonta dans la gorge. Il serra Rose contre lui et le lapin se blottit contre leurs jambes. Même W parut souffrir de cette brusque montée en altitude, qui ne troubla pourtant pas le placide Pendu et moins encore son camarade, qui dansait une valse improvisée au rythme d’un fredonnement étrangement proche de la marche nuptiale.
Sur le panneau d’affichage, les boutons s’affolaient. L’éclairage passait de l’un à l’autre à toute vitesse pour enfin atteindre le sommet. L’ascenseur freina brutalement. Le mécanisme se rétracta, et la grille s’ouvrit.
Un soupir las et le Pendu annonça :

« Dernier étage. Essuyez vous les pieds avant d’entrer. »

Un vent frais les accueillit. Devant eux s’étendait une vaste allée dallée de pierres blanches. De part et d’autre, des haies de verdures, faites de glycines et de rosiers, les guidaient entre les échafaudages, échelles, planches et poulies oubliées. Ça et là, traînaient encore des outils, à croire que les ouvriers venaient de se volatiliser. Au-dessus d’eux, quelques cirrus s’effilochaient dans un ciel d’azur.

« Chelou, nota le lapin en se grattant l’oreille du bout de la patte. On est attendu pour boire le thé ou quoi ?
Pas tout à fait, gloussa l’Amoureux en sautillant.
Par ici s’il vous plait… »

Leur chemin se poursuivit sous les arches fleuries et déboucha sur un escalier raide, dévoré par la végétation. Tous se figèrent. Une cascade écarlate coulait le long des marches.

« C’quoi ça ?! Hoqueta en lapin en secouant ses pattes, teintes en rose par le liquide.
F-Foll avait raison alors… bredouilla W. Sa dette sang c’était parce que…
Un autel sacrificiel, exactement ! S’amusa l’Amoureux en tournant sur lui même. Mais vous allez a-do-rer, vous verrez !
‘spèce de…
Vous ne devriez pas trop l’écouter, soupira le Pendu.
Bah quoi ? C’est un petit peu vrai ! sourit son camarade en papillonnant des paupières.
Si vous croyez qu’on va vous suivre aveuglément ! S’emporta le lapin en les éclaboussants. Venez ! Pas question d’jouer encore à-
C’est du vin, coupa Edward, lui-même surpris.
Q-Quoi ?!
Et du meilleur ! Se gaussa l’Amoureux en se servant une petite coupe apparue entre ses d’un claquement de doigt. Mais je vous conseille d’attendre un peu avant d’en profiter, ce serait bête que vous n’ayez plus les idées claires au moment de la rencontrer ! »

Il poursuivit sa route en fredonnant, suivi du pas lent et las du pendu. Un temps d’hésitation, puis tous suivirent, atteignant rapidement le sommet des marches. Elle donnait sur une belle place, dont les pavés blancs étaient cernés par un regard où s’écoulait le vin. La boisson débordait sans discontinuer d’une grande coupe en or posée sur un autel central, au-dessus duquel s’élevait une coupole de rosiers grimpant abondamment fleuris. Au moindre coup de vent, une plus de pétales se déversait sur la piste.
Edward et Rose posèrent ensemble le pied sur la place, déclenchant immédiatement deux éclats de voix dans leurs dos. En se retournant, le loup blanc se retrouva face aux mines ébahies du lapin et du rouquin. Le doute. Son regard glissa jusqu’à la contrebandière et il comprit.
Divine, elle était divine. Et plus encore, la rendant inexprimablement belle. Ses joues rouges et ses oreilles en feu parlèrent pour lui, incapable qu’il était de cesser de la contempler. Cette robe blanche lui allait à ravir. Élégante, un brin outrageuse par ses épaules dénuées, mais tout aussi innocente grâce aux fleurs immaculée, piquée avec adresse le long de sa taille joliment marquée. Une tiare de reine ornait ses cheveux dorés, achevant ce tableau d’exception.
Il tendit la main, pour effleuré ses traits et sortit de ce songe délicieux en découvrant, que sa tenue avait également changé. Le loup blanc n’avait jamais aussi bien porté son nom. Un costume simple et distinguait, tout en camaïeu immaculé, habillait sa silhouette d’athlète.
Quelques secondes s’écoulèrent et un frisson le saisit.
Marier. On allait les marier.
Et quelque chose l’inquiéta, dans cette coutume humaine, à laquelle il n’avait jamais souscrit, lui qui jugeait ne pas avoir besoin de signer un morceau de papier pour aimer maintenant et à jamais.
Un pas en arrière, mais l’Amoureux l’arrêta.

« A-Attendez, à quoi vous jouez au juste ?
Elle adooooore les fêtes ! Et quoi de mieux qu’un mariage pour la faire sortir de sa cachette ? »

Il frappa des mains et toute la place s’anima. Des rangées de chaises apparurent, vite occupées de silhouettes connues. Idées noires, Oubliés, loups-garous ratés, même l’amant écailleux de Jeanne, tous purent s’installer. Leurs familles étaient invitées, mais les sièges demeurèrent inoccupés. Sur une petite estrade, l’Ermite, le Mat et le Bateleur formaient un groupe de jazz improvisé et assurait l’ambiance. Buffet convivial à droite, cadeau de mariage et pièce montée à gauche, l’autel central et son inépuisable coupe de vin n’attendait plus qu’eux.
L’Amoureux les poussa vers l’estrade avec plus de force que son corps filiforme laissait supposer. Le lapin voulut les accompagner, mais l’énergumène le saisit au vol et l’installa sur une chaise, aux côtés du Pendu dont l’applaudissement était à son image, mou et dépité. Dans un état second, W les rejoignit. Il s’assit près du guide, le regard perdu dans le vide. Il tressautait toujours et de plus en plus fréquemment, mais ne s’en souciait plus.
À son tour, l’Amoureux prit place. Il ôta ses lunettes et retira un mouchoir bariolé de sa poche pour éponger ses yeux humides de larmes. Un soupir lourd d’émotion souleva ses épaules, puis il se laissa tomber contre son acolyte. Il se moucha bruyamment et l’autre lui tapota vaguement la tête.

« C’est TELLEMENT émouvant ! »

Décontenancé, Edward regarda Rose et resserra ses doigts sur les siens. Il voulut parler, échanger au moins quelque mots sur ce qui était en train de se passer, mais accompagné de tonitruantes trompettes, un tonnerre de tambours s’éleva et couvrit sa voix. Un vent chaud et chargé des pétales de rose balaya l’assemblée. Tous se levèrent. Tous ou presque. Parmi ces regards curieux, adressés loins sous l’arche fleurie à laquelle faisait face les amoureux, deux convives demeuraient la tête basse.
Hagard, comme déconnecté, W ne cessait plus de crépiter.
Inquiet, le lapin, tenta de le secouer.

« Hé champion, tu nous fais quoi là ? Ça va ? Youhou ! Y a quelqu’un là de- Who ! Wowowo ! Tu clignotes bizarre là et j’aime pas trop trop ce rouge, tu…
Mi-mi-mission Sssssss-tart. Seal and steal. »



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 12 Aoû - 23:25

- « Arrêtez ! »

Le silence s’abattit sur les convives, chacun retenait sa respiration alors que même le vent n’osait plus agiter les coiffes de son souffle. Lentement, Rose ôta sa tiare, la considéra un instant entre ses doigts tremblants, puis, la déposa précautionneusement sur l’autel. Son regard balaya cette assemblée qui les dévisageaient, stoppés net dans leur élan, pour s’arrêter finalement dans les beaux yeux d’Edward .

- « Ce n’est pas ce que je veux. Pas comme ça.
- Mais, protesta l’Amoureux qui s’était avancé, c’est un mariage de rêve...
- Pas le mien. »

D’un air las, elle passa une main sur son visage puis dans sa longue chevelure blonde. Pour la première fois depuis le début de la soirée, sa voix avait perdu de sa superbe et son maintien vacillant trahissait un épuisement larvé.

- « Rien de tout ça ne me ressemble.
- Je peux faire des changements si-
- Tu n’as même pas pris en compte le mouvement de recul d’Edward, le coupa-t-elle. »

Un soupir échappa à ses lèvres fatiguées. Elle avait lâché la main du loup blanc et tordait nerveusement ses doigts, perdue dans ses pensées. L’albinos avait rechaussé ses lunettes, fronçant les sourcils, visiblement incapable de comprendre ce qui clochait dans tout ce décorum.

La vérité, c’était que dans un recoin secret de son cœur, Rose avait toujours désiré se marier. Un mariage d’amour, comme dans les contes, où la personne qu’elle épouserait lui jurerait de l’aimer inconditionnellement jusqu’à ce que la mort les sépare. Ce n’était pas l’acte institutionnel qu’elle souhaitait voir accompli si ardemment, plutôt la certitude qui accompagnait ce rite, qu’elle ne serait plus jamais seule.
Encore aujourd’hui attendait dans sa table de chevet l’illustration donnée par Charlotte, précieusement conservée depuis qu’elles l’avaient subtilisée jadis dans le livre d’histoires de leur institutrice. L’image montrait une jeune femme pieds-nus dans les champs, la chevelure ornée d’une couronne de fleurs sauvages. Sa robe crème d’une simplicité magnifique resplendissait contre le torse de l’homme qui l’enserrait entre ses bras.

- « Je… commença-t-elle en se tournant vers le lycan.
- 'ttention ! »

Un carreau d’arbalète vint se ficher dans le mur juste derrière eux, les manquant de peu.
Un frisson d’affolement s’empara des présents, alors que deux hautes silhouettes encapuchonnées redressaient leur tête, fixant le couple d’un regard fou. L’un arma à nouveau son outil, tandis que l’autre se mettait psalmodier, et Rose entraina sans réfléchir le loup derrière l’autel. Accroupis, elle les croyait momentanément à l’abris du danger, lorsque qu’un grésillement désagréable résonna tout près. W venait d’apparaître devant eux, le visage vide de toute expression, ses yeux devenus d’un rouge inquiétant luisaient faiblement contre l’acier de la lame qu’il tenait à hauteur de poitrine.
Avant que Rose n’ait pu tenter de le raisonner, il plongea sur eux, arme en avant.
Son instinct pris le pas sur tout le reste ; saisissant la main d’Edward, elle l’entraina à sa suite vers les escaliers. Un de deux intrus fit mine de s’élancer à leur suite, mais d’un geste de la main, Rose avait fait exploser la coupe, aveuglant tous les présents d’une gerbe de vin. Ce fut le chaos : chaises renversées, fleurs piétinées, cris de détresse s’élevant au-dessus de la musique qui cessa brusquement. Sans se préoccuper de la panique, ils dévalèrent les escaliers, le lapin dans leurs pas, jusqu’à débouler aux jardins qu’ils avaient traversés à leur sortie de l’ascenseur.

- « Qu’est-c’que c’était qu’ces fadas ?!
- Je sais pas mais on ferait mieux de filer. »

Mais la plateforme par laquelle ils étaient montés avait disparue.
Coincés. Ils étaient coincés.

Changement de plan. Rose guida Edward à travers les hautes haies, sans même ralentir. Puis, sans crier gare, elle l’attira au cœur d’un massif d’arbustes, dont les feuilles offraient un abri aux regards. Agenouillée sous le toit de verdure, elle voulut parler, mais un bruit de pas se fit entendre dans les allées. Sa paume de main vint immédiatement couvrir la bouche du loup, tandis que de l’autre elle enserrait toujours la sienne. Ses yeux lui intimaient de se taire.
L’assaillant passa près d’eux sans se douter que les fugitifs étaient cachés à quelques centimètres de lui.

Lorsqu’il fut certain qu’il s’était éloigné, le lapin sautilla jusqu’à eux depuis sa propre cachette, son petit nez froncé de frayeur.

- « Qu’est-ce que- Princesse ! »

La main de Rose avait glissé doucement des lèvres du loup jusqu’au creux de sa gorge. Ses grands yeux bleus écarquillés de stupeur tombèrent sur son abdomen et une quinte de toux secoua sa poitrine. Une tache écarlate marqua le côté droit de son flanc : en son centre perçait la pointe d’une lame.
Dans son dos, W se tenait raide comme la justice, ses yeux rouges toujours aussi vides. Elle voulut parler, la frayeur se lut sur son visage, ses doigts cherchèrent désespérément les siens alors qu’elle s’affaissait de douleur. Il eut un crépitement vif : Rose et W disparurent aussi subitement que le rouquin était arrivé, laissant au lapin et au loup, rien d’autre que quelques taches de sang rouge sur le pavé blanc.


***

Le souffle coupé, Rose releva la tête. Dans son flanc, la plaie l’élançait sans répit, mais étrangement, W s’était figé dans son dos, comme pris dans un filet, incapable de bouger.
Devant elle, s’étendait un immense bassin creusé à même la pierre. L’eau translucide miroitait d’un éclat minéral sous les rayons du soleil. Un promontoire s’élevait au milieu de l’étendue, où, bien au sec, on avait déposé un divan enseveli sous les coussins colorés. Posée sur le sol, une coupe richement sertie débordait de fruits exotiques qu’une main délicate picorait sans réel appétit.
Alanguie entre les étoffes Elle la regardait avec curiosité. Sa peau était aussi dorée que celle de Rose était pâle, ses cheveux aussi noirs que ceux de Rose étaient blonds et ses yeux si sombres, qu’ils semblaient contenir quelque secret sur la création de l’univers lui-même. Avec grâce, elle se redressa, inclinant légèrement sa tête dans un cliquètement de chaines et de bracelets. Sa gorge ceinte par un collier en or monumental avait des pampilles qui descendaient jusqu’à sa poitrine, dont un sein nu était exposé nonchalamment. Un grand sourire illumina ses traits et ses yeux ourlés de cils immenses pétillèrent de ravissement.

- « Nous nous rencontrons enfin, Rose Walkson ! »


***


Essoufflé, les joues rougies par l’effort l’Amoureux rejoignit Edward. Dans son sillage, le Pendu trainait le corps inconscient d’un des adeptes de Foll tandis que l’Ermite, le Mat et le Bateleur s’y était pris à trois pour tirer la seconde silhouette encapuchonnée jusqu’au loup blanc. Maintenant, Mat et Bateleur s’étaient assis sur le torse de leur prisonnier pour l’immobiliser tandis que l’Ermite le menaçait du bout de son bâton.
L’Amoureux avisa les taches de sang encore fraîches, pinça ses lèvres dans une moue contrariée, relevant finalement ses lunettes colorées vers le roi des loups.

- « Je crois savoir où est la Gardienne. Et où Elle se trouve. Suivez-moi si vous voulez que la fille vive. »
Spoiler:
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeLun 14 Aoû - 19:42

« Mais tu es blessée ? Prends donc ma place et laisse moi regarder. »

Elle se leva et invita Rose à s’installer sur sa couche sans lui laisser le temps de protester. Le divan était molletonné, couvert d’un beau velours transpirant un confort qui invitait à bien des formes de détente. L’hôtesse s’éloigna d’un pas chaloupé, faisant tinter les papilles d’or qui ornaient ses hanches toutes en rondeurs. Ses gestes étaient lents et gracieux, emprunt d’une langueur dont la justesse témoignait de ses mille et une vies passées.
Elle caressa les fleurs de ce jardin hors du commun. Plantes du monde connu et inconnu, toute la végétation se courba à l’approche de cette peau mordorée et suivit docilement son avancée. Les vrilles des vignes caressèrent ses chevilles et ses poignets, tandis qu’elle s’inclinait, ci et là, sélectionnant feuilles et pétales d’une main avisée.

« Tu ne crains rien ici. Le Monde nous protège. »

Sa voix avait la profondeur caressante des rayons du coucher de soleil. Elle leva la tête sur l’immense verrière en demi-cercle qui les abritait. Sa façade, toute en vitraux colorés, offrait à la pièce une incroyable clarté dont les reflets dansaient sur la grande table en verre posée près du divan.
Des cartes de tarot étaient soigneusement alignées à sa surface. Plusieurs étaient encore masquées, mais d’autres étaient aisées à reconnaitre. Positionnés en croix, l’Ermite, le Bateleur, le Mat, la Lune, la Tour et le Pendu, encadraient la figure de l’Amoureux. Au-dessus, siégeaient deux autres cartes, l’Impératrice, positionnée au plus haut de la table et le Monde, incliné à l’horizontal, juste sous le trône de la souveraine de papier.
Elle revint sur ses pas, décrocha une des étoffes entourant sa taille et la déposa dans un petit bol rempli d’eau, où elle ajouta sa cueillette. S’asseyant ensuite aux côtés de Rose, elle lui prit la main et la porta contre ses lèvres. Une marque bleue et luisante s’imprima sur la peau de la contrebandière. Son regard dans le sien, elle murmura en entremêlant leurs doigts :

« Alors l’Amoureux n’a pas su te combler. Ma sœur, ma fille, belle enfant, laisse la Mère de toutes les Indomptables te rassurer. À mes côtés, tu n’auras plus de solitude à porter. »

Elle caressa la joue de Rose et l’embrassa.


* * *


Le sang encore frais de Rose goutant de ses mains, Edward courait. Il courait si vite, qu’il devançait chacune des cartes censées le guider. Seul le lapin parvenait à suivre son rythme effréné. Sans doute la moins affectée de toutes les Arcanes, le Pendu se trouvait une dizaine de mètre en arrière et soutenait l’Amoureux, échevelé, les lunettes tombantes au bout de son nez, qui tentait vainement de reprendre son souffle. Entre deux grandes inspirations, il hurla au loup blanc de prendre à droite.
Edward bifurqua. Il affronta tête baissée une épaisse haie d’aubépine qui lui lacéra la peau et déchira ses vêtements. Il déboucha rageusement sur une vaste étendue ouatée. Des nuages à perte de vue.
Le souffle court, l’hésitation entrava un instant son avancée, jusqu’à ce qu'un reflet doré dépassant d’une masse cotonneuse attire son attention. Un premier pas le rassura sur la solidité du chemin et une foulée rapide lui succéda, l’emportant jusqu’à l’objet.
En l’ôtant des nuages, il vit apparaitre un superbe chandelier tout en or. Des bougies entièrement consumées étaient encore accrochées, couvrant en grande partie le merveilleux travail de l’orfèvre. À deux mètres de lui, le lapin fit une autre découverte. Cette fois ce fut un oreiller, également doré, qu’il ôta du nimbus avec une pluie de plumes. Ici une chaise renversée, là un plat, encore à moitié garni de mignardises semblait avoir été planté dans les blanches volutes. Ce champ d’objets s’étendait à perte de vue. Edward continua d’avancer en compagnie du petit guide, mais après plusieurs mètres, le brouillard les égara. Lorsqu’enfin, il se leva, tous deux étaient de retour au point de départ, cette fois également rejoint par les Arcanes.
Submergé par l’angoisse de ne pas retrouver Rose, Edward s'emporta. Alors que l’Amoureux avait enfin retrouvé un semblant de respiration, le loup le saisit par la gorge et aboya :

« Où est Rose ?!
Je… Hh…
Ne perd pas ton calme maintenant Lycan ! s’exclama l’Ermite.
Hé Don Juan, écoute le mioche. Tape dans les genoux quand t’es énervé, mais pas la gorge ! Sinon y peux plus parler !
Ce n’est pas ce que j’ai dit !
Ça va, souffla le Mat.
Un genoux sur deux c’est pas si cher payé ! Renchérit le Bateleur.
Mais vous allez arrêter ! S’agaça le garçon. Lycan ! Lâche le ! Maintenant ! »

Il frappa les doigts d’Edward du bout de son bâton. Le lycanthrope lâcha prise, moins à cause de la douleur qu’après avoir vu les lèvres de l’Amoureux passer au bleu. S’affaissant sur le Pendu, l’Arcane avala de grosses bouffées d’air, tandis que son camarade expliquait placidement :

« C’est la Lande des fêtes esseulées. Nous sommes presque arrivés.
Des fêtes ? Grimaça le lapin. C’est pas bien gai pour une petite sauterie. Y sont où les invités ?
P-Pa… Par là… lâcha péniblement l’Amoureux en se massant la gorge. Ils l’attendent. »

Il indiqua un tapis aux biais d’or, à peine visible, qui serpentait au milieu des arabesques de coton. Edward s’y engagea au pas de course, mais fut contraint à plusieurs surprises de ralentir de rythme pour ne pas perdre à nouveau la route.
Les rares minutes qui s’écoulèrent lui parurent une éternité, mais enfin, après avoir slalomé entre divans renversés, décorations égarées, vaisselle et cotillons éparpillés, il atteignit le parvis d’un immense palais, dôme de verre dressé au beau milieu des nuages.
Tout autour, se trouvaient une foule dense, serrée, tournée vers la coupole. Edward ne reconnut aucun des visages, mais d’un convive à l’autre, les tenues changeaient d’époque. Une belle du Moyen-Âge tenait le bras d’un antique égyptien, un groupe d’ami du Moyen-Orient se mêlait à des nobliaux de la cours de Louis XVI… Et tous murmuraient.

« Je veux lui demander si mon époux est fidèle.
— J’espère qu’elle me dira combien j’aurais d’enfant.
— Je voudrais savoir si je dois acheter la terre près de la rivière.
— Il faut qu’elle me dise quelle tenue porter !
— Je voudrais…
— J’aimerais…
— Je veux…
— Je veux…
— Je veux…
 »

Des mots familiers aux oreilles d’Edward, qui s’était longtemps plié, arqué, gondolé, pour répondre aux souhaits des cupides et espérer, qu’à terme, ils le remercieraient. Mais il est des monstres qui ne sont jamais rassasiés et lorsqu’il leva les yeux sur la grande verrière, il n’y vit plus du tout l’ombre d’un palais.

C’était une prison.
Une prison dorée et Rose y était enfermée.

Le lapin s’était glissé dans ses pieds. Lui aussi sentait que malgré la beauté des lieux, quelque chose clochait, mais tout comme Edward, il n’envisageait pas un instant de reculer.

« On ne pourra pas vous accompagner, expliqua l’Amoureux. L’univers extérieur au dôme doit y rester, sinon cela créerait un paradoxe cataclysmique !
Pour une fois, il n’exagère pas, avoua le Pendu.
Mais on peut vous aider à entrer ! s’enthousiasma le Mat.
Un petit déguisement… commença le Bateleur qui se tut devant l’air menaçant d’Edward.
Lycan, Guide, trancha l’Ermite. Soyez prudents. Et surtout ramenez Princesse Fu- Je veux dire… Ramenez la Gardienne saine et sauve. »

Le lapin et le loup blanc échangèrent un regard et acquiescèrent. La boule de poil renchérit en interrogeant :

« Alors Prince Charmant ? Prêt à sauver ta Princesse ?
Plus que jamais. »

Et Edward s’élança, talonné par le lapin. Le premier coup de pouce vint de l’Ermite. Un saut devint bond prodigieux et les éleva tous deux loin au-dessus d’une foule rageuse de se voir devancer. Le loup blanc retomba sous sa forme animale et aidé du Mat et du Bateleur, il rebondit sur une suite d’immenses chapeaux coiffant et aveuglant soudainement plusieurs invités. Un dernier rebond sous forme humaine et une corde lui saisit le pied. Guidée par le pendu, elle lui permit d’éviter plusieurs rangés de convives furieux et excédés. Des dizaines se jetèrent sur le lien afin de ramener le malotru au sol, mais la ficelle lâcha et l’Amoureux prit la suite. Un déhanché plein de paillettes s’acheva sur une pose aux bras arqués en forme de cœur et le pouvoir de l’amour donna l’ultime souffle nécessaire pour projeter Edward et le lapin jusqu’à la porte d’entrée.
Le loup blanc atterrit dans un dérapage nébuleux et fit voler le battant d’un coup de pied. Aussitôt refermé, il suivit le lapin et tous deux s’engouffrèrent à la hâte au travers des haies et bosquets d’un fabuleux jardin. Le cœur dans la gorge, la truffe en alerte, il appela de toutes ses forces :

« Rose ! Où tu es ?! Réponds moi ! »

Derrière eux, un tonnerre de mains et de pieds percuta la porte de verre et d’acier, qui demeura close. Un concert de cris frustrés s’éleva brièvement, puis tout sembla se calmer.
Presque tout.
Bien haut sur la coupole, le verre bleu d’un vitrail se fissura en une multitude de morceaux parfaitement carrés. Alors qu’ils auraient dû tomber, ils s’élevèrent, opposés à la gravité et un à un, tous disparurent dans un faible crépitement.




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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeJeu 17 Aoû - 15:47

Le joli nez de son hôtesse se plissa de mécontentement lorsqu’elle réalisa qu’un nouveau vitrail coloré s’était volatilisé tout en haut de la coupole. Sous la lueur bleutée de sa main, les chairs meurtries de Rose étaient redevenues parfaitement lisses. Alors, Elle se redressa, prenant appui sur ses genoux, sans se préoccuper des joues de sa protégée, rougies par ce baiser passionné, déclarant gravement :

- «  Il va falloir que je m’en occupe. »

Naïvement, Rose pensa qu’il était question de W, mystérieusement volatilisé depuis leur arrivée dans ce palais de verre. Alors que son hôtesse s’éloignait, troublant à peine de ses pieds la surface lisse du bassin, elle se redressa vivement, s’avançant jusqu’au bord du promontoire.

- «  A-attendez ! Il faut que je retrouve Edward.
- N’aies crainte ma fille, tout arrive en temps voulu. »

Un claquement de doigts vindicatif fit pivoter une porte dérobée dont le battant de marbre noir s’ouvrit en crissant. Une énorme patte griffue s’offrit d’abord à leur vue, suivie par une crinière ocre ainsi qu’une gueule où étincelaient des crocs acérés comme des lames de rasoir. Un lion immense s’avança dans la pièce, trainant à ses côtés une minuscule petite fille aux cheveux fauve. Ses yeux d’un vert pétillant surplombaient un nez retroussé, constellé de taches de rousseur et une bouche rieuse exposant continuellement un sourire marqué par les dents du bonheur. Son corps maigre et gracile était vêtu d’une salopette trop grande pour elle, qu’elle portait nonchalamment, les poings dans les poches.
En la voyant entrer, Elle lui sourit simplement.

- « Tempérance, Léon, veuillez prendre grand soin de notre invitée en mon absence.
- Bien sûr, Maîtresse, répondit la fillette en s’inclinant respectueusement en dépit de son air malicieux.
- Rose, soit patiente.
- Eh ! A-… »

Mais Elle avait déjà disparu au creux de la végétation, feuilles et lianes s’étaient refermées derrière chacun de ses pas, empêchant Rose de la suivre, s’hérissant même d’une nuée d’épines décourageantes. Le lion vint frotter sa grosse tête contre ses hanches, la repoussant gentiment vers un autre divan, ignorant ses vives protestations.

- « On dirait que Léon t’aime bien !
- Euh…, hésita la blonde, grattant le cou de l’animal qui en ronronnait presque de plaisir. Tu saurais pas comment on sort d’ici à tout hasard ?
- Faut attendre la Maîtresse.
- Je sais, je sais mais… écoute. Il y a quelqu’un que je dois retrouver en dehors, d’accord ?
- Ton amoureux ? Interrogea la gamine, subitement très intéressée.
- Oui. Tu veux bien m’aider ? »

S’en suivit un intense échange de regards et de grognements entre le grand fauve et la petite, qui s’acheva par un pépiement d’enfant satisfaite.

- « Gardienne, suis-nous. »

La Tempérance déplaça sans effort une rocher massif qui dissimulait un passage entre deux dalles de pierre. L’ouverture était sombre et étroite, si bien que le lion du ramper pour y pénétrer. Mais une fois une volée d’escaliers descendus à l’intérieur de la crevasse, la voute s’élevait, faiblement éclairée par les mousses luminescentes qui constellaient les parois. Sautillant gaiement, la gamine ouvrait la marche, secondée par l’immense félin qui humait l’air du dédale de galeries.

- «  Personne utilise plus ces passages depuis Jeanne, expliqua la petite. Puis, le fil de sa pensée dévia sans autre précision, comme cela arrive souvent aux enfants les plus jeunes. Comment il est ton amoureux ?
- Tu le verras quand on l’aura trouvé, répliqua Rose pour la pousser à avancer plus vite.
- Rooooh alleeeeeez !
- Comme un prince, mais en mieux. Ça te va ?
- C’est cliché. Léon demande si il sent le chien ?
- Le… ? Le loup, oui.
- Léon dit que c’est pareil. Ton prince, il est dans le château. »

Dans le dos de la gamine, les pas se stoppèrent brusquement. Elle tourna la tête vers la demoiselle blonde qui s’était figée, lèvres entrouvertes, la mise encore affreuse avec ses cheveux emmêlés et sa robe tâchée dont le sang virait au brun. Un poing sur la hanche, elle l’apostropha assez sèchement, irritée que sa compagne soit si lente d’esprit :

- «  Si tu restes planté là, on le trouvera jamais à temps, et j’aurais désobéi pour rien.
- Comment ça ?
- La Maîtresse aime pas trop les hommes au cas où t’aurais pas remarqué. Ça doit être lui qu’elle est partie chercher. Viens. »

***


Elle commença par observer sa proie au travers des feuillages ; il était pareil à ce qui lui avait montré les cartes, animal et impatient sous une épaisse dose de bonnes manières. Oser venir ici, troubler sa quiétude sans y être invité… Voilà qui méritait punition.
Malheureusement pour le prédateur, il n’y avait pas de bruits, pas d’odeurs pour la trahir, ici, au centre du monde, où elle seule décidait des règles. Alors, lorsque le moment fut le plus opportun, des racines s’élevèrent de la terre, des lianes tombèrent du plafond, et toutes ensembles, elles emprisonnèrent le loup blanc et son compagnon à quatre pattes.
Seulement là, Elle sortit de sa tanière, le menton haut, le port altier, son pas chaloupé la mena droit sur son prisonnier, juste à portée de sa main, le narguant effrontément.

- « Eduard Wolkoff. Guide. Je pensais que vous étiez une espèce disparue.
- Eh c’pèce de vieille peau, c’toi qui va dev’nir une espèce disparue si tu mphff- ! »

Un mouvement de la main bâillonna le lapin qui fut condamné à ne jeter que des regards brulants de rancœur. Son attention repassa sur le loup, à qui elle demanda durement :

- « Ainsi, donc, vous osez venir ici, sans y être invités. Que pensiez-vous pouvoir faire contre Moi, dans mon propre royaume ? »

Sa main se posa sur la joue d’Edward, caressante. Un observateur extérieur aurait pu trouver le geste doux, si il n’avait pas vu ses yeux. Deux yeux terrifiants d’une colère froide.

- « Tu viens chercher la Gardienne, pensant qu’elle te revient de droit, parce tu l’aimes ? Oh, mon pauvre… tu penses vraiment être à la hauteur ? »

Un rire glacé s’éleva d’entre ses lèvres rouges, secouant faiblement ses épaules, faisant sauter les boucles d’ébène dans son dos. Sa langue glissa le long de ses dents blanches, dévoilant un sourire carnassier.

- « Laisse-moi te dire une chose, Lycan. Jamais, tu ne le seras. Avec toi, elle sera condamnée à la solitude, parce que tu ne sais pas aimer. Tu penses que tu sais, mais c’est une chimère de plus. Une pause, et l’ongle de son index s’enfonça dans la chair de sa joue, décrivant la course d’une larme imaginaire. Comment le pourrais-tu, alors que tu n’as jamais connu de véritable amour ? Ni ta mère, ni Elvira, ni même Rose. »

Ignorant les  protestations étouffées du lapin, Elle se pencha doucement jusqu’à son oreille, sifflant entre ses dents.

- « Cherche dans tes souvenirs, tente de démentir. Oh ! J’oubliais ! Tu ne peux pas. Fais confiance à la Mère qui voit tout, qui sait tout. Tu es fait pour détruire, rien de plus. »

Clic.

Le canon du revolver contre sa tempe, la sécurité ôtée, Rose soupira bruyamment, dans l’embrasure dorée d’une arche de verre. Elle et Rose échangèrent un regard que Dieu seul pût comprendre, mais qui fit reculer la Mère d’un pas.

CRAC.

Au-dessus de leur tête, un  nouveau vitrail se brisa, annonçant que le pire restait à venir.
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeDim 20 Aoû - 19:50

« Je vois… Les cartes m’avaient annoncé que tu étais un peu… indisciplinée, mais je ne pensais pas que c’était à ce point.
Rose ! »

Edward tira sur les lianes, les branches et les ronces qui le retenaient, mais tout ce que sa force exceptionnelle parvenait à arracher était immédiatement remplacé. Il se débattit, encore et encore, jusqu’à ce qu’un collier d’épines s’enroule autour de sa gorge et l’oblige à retenir une exclamation douloureuse. Cramponné à ce réseau tiges acérées, sa main droite parvint à éviter qu’elles ne l’étouffe et lacère sa chaire, mais ainsi garroté, il se résigna à abandonner un instant la lutte.
La Mère n’eut pour lui qu’un regard de pitié dédaigneuse, de ceux qu’on les tyrans pour les cloportes. Tapotant ses lèvres du bout de ses doigts, son attention se tourna rapidement sur Rose. Elle toisa son arme de ses iris sombres, sourit et écarta lentement les bras.

« Eh bien ? Tu ne tires pas ? Demanda-t-elle à la belle anglaise. Tu vois bien que ton amant est à ma merci. Pourquoi attendre Rose, pourquoi hésiter ? Serai-je parce qu’au fond, tu continues de douter ? »

Elle gloussa joliment et s’approche de Rose, superbe, hypnotisante même, faisant tinter la cascade de bijoux qui ruisselaient sur sa peau d’or.
Un claquement de doigt. Une tenture se déroula depuis le plafonnier. C’était une splendide tapisserie que l’anglaise reconnaîtrait sans mal. On y voyait un homme solide, grand et très beau, serrer sur son cœur une demoiselle à la longue chevelure blonde au milieu des fleurs. Il lui glissait, au creux de l’oreille, la promesse d’un amour éternel.
Elle caressa l’image immense du bout de ses ongles, effleurant le buste du valeureux chevalier.

« Tu crois l’avoir trouvé n’est-ce pas ? Cette moitié qui te manquait, cette être capable de t’aimer comme tu es, mais regarde Rose, regarde vraiment, qui est ton preux chevalier ! »

D’un geste furieux, elle déchira le tissu et mit en pièce la représentation du noble guerrier. Par cette brèche béante, Rose put voir Edward écorché, fatigué, passer désespérément de sa forme humaine à sa forme animale pour tenter de se libérer. Ses transformations étaient si rapides et si chaotiques qu’aucune n’aboutissait tout à fait. Il était un loup raté, un homme imparfait.
Elle glissa doucement bras autour du cou de Rose, griffant sa peau qu’elle imprégna d’un venin éphémère, mais puissant, capable de l’immobiliser temporairement. Se penchant sur elle, la Mère souffla contre son oreille :

« Tu n’es pas comme lui Rose et tu le sais. C’est pour cela qu’il a reculé, qu’il n’a pas voulu t’épouser. Et c’est pour ça que tu n’as pas tiré. Écoute la Mère qui, comme toi, connaît la vérité. Il t’abandonnera car il ne sait pas aimer.
La ferme !! Hurla Edward. »

A force de se débattre, il était parvenu à se libérer, mais pas sans séquelles. Perdu entre ses deux formes, il avait conservé ses cheveux blancs, ses oreilles et ses crocs de loup. Il ne portait plus que des loques sur sa peau parsemée ça et là de touffes immaculées. La queue hérissée, il darda un regard féroce sur Elle. Son œil bleu était toujours celui d’un homme, mais le rouge était ourlé de noir, comme ceux des canidés.
Trois lianes s’extirpèrent de l’amas de végétation et s’enroulèrent autour de sa cheville. Il les arracha d’un geste aussi puissant que furieux. Sa colère explosa, marquée de cet accent lointain et rude qu’il avait passé sa vie à étouffer :

« J’en ai assez que le monde entier sache mieux que moi ce que je vaux ! Je suis maladroit, mauvais même pour m’exprimer avec des mots qui ne correspondent jamais à ce que j’ai dans le crâne ! Mais s’il y a bien une seule chose que je sais faire, c’est aimer ! »

Un filet de lierres s’arracha du jardin infernal et s’enroula autour de lui. Edward prit sa forme animale, referma sa gélule sur les plantes et tira comme un dément. Une partie de la verdure se rompit et le reste fut arraché du sol. Emporté par cet élan, le lapin roula sur le sol, au milieu de la pluie de terre et de morceaux de plantes.
Le loup blanc retrouva un semblant d’humanité, mais son apparence était de plus en plus troublée, rendue instable par les transformations successives. Les mains rouges de son sang, il essuya son visage morcelé par sa nature, le couvrant de tâche écarlates.

« Tu m’aurais vu comme la dernière des distraction, ça n’aurait rien changé Rose. Je ne peux pas te laisser. C’est trop tard. »

Il se redressa, inspira, tandis que tout le jardin semblait en ébullition à ses pieds.

« Parce que je t’aime à en crever !!
Voilà qui peut s’arranger, siffla méchamment la maîtresse des lieux. »

Un tressage de liane tomba brusquement du plafond et s’enroula autour de la gorge d’Edward et remonta aussitôt de plusieurs mètres. Agrippé à cette corde végétale, le loup blanc épuisait ses dernières forces dans une tentative désespérée pour ne pas finir pendu.
Au sol, près de Rose, la Mère esquissa un signe ferme et deux fougères s’enroulèrent autour des poignets d’Edward, cherchant à briser sa prise salutaire. Ses lèvres charnues crachèrent sa colère :

« Quand bien même un être tel que toi saurait aimer, jamais elle ne te reviendra ! Tu ne la mérites pas !
Rose… n’appartient à personne !! Rétorqua rageusement le loup, à demi-étouffé. »

Latence. Durant une seconde le fabuleux jardin sembla retrouver toute sa quiétude. Edward ne chercha pas à en comprendre la raison et se hissant à la force de ses bras, il enserra de ses doigts griffues la liane qui menaçait de le tuer et sans hésiter, la trancha.
La chute. Le loup tomba parmi les lianes, les branches, les fougères et les fleurs. Il disparut avalé par cette envahissante verdure.

Elle s’était reprise. Un nuage de colère passa sur ses traits délicats, mais il fut balayé d’un sourire. Cette fin lui convenait. Cet soit disant amoureux avait eu le sort qu’il méritait, abandonnant bel et bien Rose à la solitude qu’elle redoutait.
Ou presque.
Tandis qu’Edward attirait les foudres de la Mère, le lapin s’était glissé jusqu’à Rose. Il s’assura en un coup d’œil qu’elle n’était plus blessée, puis chercha avec inquiétude des traces de W. Son absence lui causa plus de tracas encore, mais il n’en toucha pas mot à la contrebandière, croyant qu’il y avait plus pressant :

« Écoute Princesse, je crois avoir en partie pigé c’qu’on fait là. La mégère se fourvoie. Les siècles passés ici lui ont retourné la tête, elle s’souvient plus qu’c’est elle la prisonnière.
Mais c’est pas une prison, objecta la Tempérance, installée sur Léon. C’est là qu’elle reste pour se protéger. Parce que dehors c’est mauvais ! C’est ce qu’elle a dit !
Elle fuit la vérité, trancha le lapin tout en reculant à la vue du lion ; puis se tournant vers Rose. J’crois qu’les autres Arcanes ont commencé à l’deviner. Y comptent sur toi pour l’aider !
Y a d’autres Arcanes ? s’étonna la petite en se redressant d’un bloc. Elles sont où ?
Elles pouvaient pas rentrer. Y a rien qui doit… »

Crac, crac, crac.
Crac, crac.
CRAC !

Le dernier verre brisé s’était évaporé et le craquement s’était produit beaucoup, beaucoup plus près. Le plafond avait déjà des airs de passoire, mais cette fois le son provenait de leur droite.
La végétation n’obstruait pas totalement la vue. On ne distinguait que légèrement l’arche de la porte, mais le trou laissé par la disparition du verre était très visible, découpant comme une tache blanche et lumineuse, à travers laquelle on ne distinguait presque rien.
Puis il y eut un son sourd et bref, et la silhouette d’une main s’imprima contre le vitrail voisin. Une seconde, une troisième, puis avec une lenteur inquiétante, la brèche laissa apercevoir l’ombre d’une tête. Un murmure de foule faiblement articulé vola jusqu’à eux.

« Je veux… »

Les poils du lapin de hérissèrent et même le lion fit un pas en arrière.
La Mère ne semblait pas s’en soucier. De nouveau alanguie sur son transat, elle laissait à ses plantes le soin de leur servir le thé. Après sa dernière victoire contre ce maudit lycan, sa puissance ne faisait aucun doute dans son esprit et le danger qui les menaçait ne l’effleura même pas. Elle leva ses yeux noirs vers Rose et demanda en détachant délicatement un bout de sa grappe de raisin :

« Nature ou sucré ? »

Derrière eux un autre morceau de verre venait de céder.



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeMar 22 Aoû - 19:25

PAN !

Sans peine aucune la balle traversa l’épais mur de verre, y imprimant des centaines de minuscules craquelures bleutées qui se diffusèrent du centre de l’impact à la totalité du vitrage. Un grincement agonisant empli l’espace, et avec fracas, un panneau entier s’écroula, laissant un trou béant ou se tenait auparavant un inébranlable rempart.

Aussitôt, une foule d’affamés s’engouffra dans l’ouverture, leurs cris voraces résonnant sous tout le dôme. Ils s’abattirent sur la Mère avec la violence du ressac, la submergeant sous leurs appétits, leurs espoirs, leur convoitise.

« Je veux…»

Malgré ces deux yeux noirs pleins d’incompréhension et de détresse qui l’appelaient à l’aide, Rose tourna les talons, laissant la Mère aux mains de ces miséreux du désir.

Sans hésiter, elle pénétra la végétation épaisse du jardin, le lapin dans son sillage. Les cris de rage de la Mère dans leur dos n’y changèrent rien, les plantes s’écartaient sur son passage, comme par peur d’être brulées par l’aura menaçante qui irradiait la contrebandière.
Dans cette véritable forêt vierge, si dense qu’elle ne voyait pas le ciel, elle se laissa guider par le fil rouge qui luisait vigoureusement autour de son poignet. Au bout, elle en était certaine, elle trouverait Edward. Alors, Rose suivit le fil, Ariane moderne, l’enroulant contre son torse à mesure qu’elle progressait, n’écoutant rien d’autre que les battements irréguliers de son cœur.

Enfin elle le vit.Elle ne réfléchit pas. Lâchant tout, laissant tout tomber, ses pieds touchaient à peine le sol, elle enjamba un parterre de fougères, sauta par-dessus un buisson d’hortensia, et se jeta littéralement sur le loup. Ils tombèrent à la renverse, assis dans la mousse -elle, à califourchon sur ses jambes-, et Rose l’étreignit de toute ses forces, enfouissant son visage dans le creux de son cou. Elle n’arrivait pas à parler tant l’émotion la submergeait et quand enfin, elle retrouva un peu de calme, ses mains parcoururent avidement son visage puis son torse.

- « Tu n’as rien de cassé ? Tu as mal quelque part ? Est-ce que tu peux marcher ?!
- Princesse, j’crois qu’tu l’étouffes…»

N’attendant pas la réponse, ignorant le lapin, elle replongeant immédiatement contre lui, soupirant de soulagement de l’avoir entier entre ses bras. Elle marmonnait la tête toujours enfouie contre son buste, ses mains fermement accrochées à son dos.

- « Je suis désolée. God ! Je t’aime tellement. Tu entends ? Moi aussi je t’aime à en crever. »

Toujours accrochée au loup, les jambes autour de sa taille, elle renifla bruyamment contre son épaule pour dissimuler les larmes de soulagement qu’elle sentait monter.

- « Hé, beau gosse, « aimer à en crever », c’est une expression, hein ! Pas b’soin d’le prendre au pied d’la lettre la prochaine fois !
- C’est ça un prince ? »

La Tempérance les lorgnait, ses petites lèvres retroussées dans une moue déçue. Elle tendit la main, paume vers le haut, désignant le lycanthrope d’un mouvement désabusé :

- « Il a des crocs de chien. Beurk. »

Autour d’eux, la végétation s’était écartée, créant un nid douillet de fleurs et de feuillages. Le lapin leva les yeux au ciel, une patte posée sur son museau blanc et fini par sautiller jusqu’aux amants ; il fallait dire le Guide commençait à très bien connaître ses protégés. Quand Rose laissait courir ses doigts comme ça, avec ce regard brulant, il n’y avait rien d’autre que la douche froide pour la stopper.

- « On doit aider la mégère maintenant, coupa-t-il pourtant en s’interposant. J’sais qu’t’es en colère contre elle, mais c’est une victime aussi. »

La blonde grogna, leva le nez vers la boule de poils sans s’écarter du loup, resserrant même son étreinte, mais l’air de la petite finit par la convaincre. La Tempérance avait l’air sincèrement inquiète pour sa chère Maîtresse, ce malgré les années qu’elle avait passé à l’isoler du monde.

- « Soit, finit-elle par concéder de mauvaise grâce. Mais c’est tout c’que je ferai pour elle. »

Elle se redressa, tendant la main à Edward pour l’aider à se lever, profitant de l’occasion pour corriger sa précédente assertion, l’air désinvolte, mais le visage en feu :

- « You’re wrong. I’m all and only yours. »



***


Lorsque le petit groupe émergea de  la jungle, Elle avait été totalement encerclée. Luttant à corps perdu contre ses assaillants, elle, haletait, les joues rougies par l’effort, n’en laissant aucun approcher. Mais son pouvoir faiblissait à mesure que croissait son épuisement, et lentement mais surement, les mains étaient toujours plus près de la saisir. Elle était superbe dans son acharnement, impériale même, et Rose comprit à cet instant pourquoi elle était la Mère de toute les Indomptables, laissant échapper un sifflement admiratif.

Toutes les têtes se tournèrent vers elle d’un même mouvement, le silence saisissant tout d’un coup la foule.

« Je veux… »

- « Allez attendre dehors ! On doit causer avec la Reine Mère.
- Euh j’suis pas sûr que… »

PAN !

L’embout du canon encore fumant, elle rengaina l’arme, alors que les silhouettes disparates tentaient de mettre de l’ordre dans leurs rangs. Rose avait tiré à bout portant sur le solliciteur le plus proche, un homme gras et bien vêtu, désirant connaître si sa femme avait commis quelque indiscrétion.
Le pauvre manant s’était dispersé en un essaim de papillons noirs aussitôt que la balle avait rencontré sa chair immatérielle. À nouveau, Rose prit soin d’articuler clairement à destination de la foule horrifiée :

- « J’ai pas été claire ? Bougez !
- Le Don... »

Elle, échevelée, regarda Edward et Rose avec un air de béatitude complétement déplacé, tandis que lentement, la multitude des demandeurs refluaient vers la sortie. La Mère fit un pas vers Edward, comme hypnotisée, mais immédiatement, Rose s’interposa, l’attitude farouche ;

- « N’y pensez même pas.
- Lycan, l’apostropha-t-elle quand même. Connais-tu les prophéties de ton pays ? »



***


- « ReBo0t syStem bEGins : SaAfe M0de triGGered. »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 26 Aoû - 22:35

« J’en connais certaines, mais…
Celle de la Iele d’or et de la flamme qui ne doit… qui ne… »

La mère fronça les sourcils. Accrochée aux loques d’Edward, son regard balayait le vide trahissant une quête vaine dans les tréfonds de ses pensées. Elle se redressa d’un bloc, sa belle figure troublée par une incompréhension furieuse. Sans lâcher le loup blanc, elle s’exclama en se tournant vers la Tempérance et son lion :

« Je ne me souviens pas ! C’est impossible, je devrai me rappeler ! Les indomptables sont toutes mes filles, aucune n’a de secret pour moi !
Ce n’est rien Maîtresse, répondit docilement la petite fille. Je suis sure que cela va vous reveni-
Parle ! Coupa-t-elle en plaquant ses mains de chaque côté du visage d’Edward. Toi qui te crois lié à elle, dis moi les mots que le destin lui a écrit ?! »

Farouche, Edward la repoussa, grondant et le poil hérissé. Hors de question pour lui de livrer Rose à la fatalité.
Révoltée par cette résistance, la Mère dégaina de sa ceinture un poignard à lame courbe. Le geste précis, félin, s’arrêta à fleur de la trachée du loup, figé dans l’air par un vacarme soudain. Tous levèrent la tête.
Un jet de vapeur s’échappa du sommet de la coupole du dôme de verre. Sorti de ses gonds, le cercle d’acier pivota d’un quart de tour et se rétracta, déclenchant un autre mécanisme. Sur tout son pourtour, une vague de plaques métalliques se déployèrent et obstruèrent rapidement toute la verrière. Les brèches furent obstruées, coupant tout ce qui dépassait. Dans la mêlée de fans, une main, une tête, s’évaporèrent en deux nuées de sombres papillons. Clang. Toute la pièce fut plongée dans le noir. Mais l’obscurité ne dura pas, car quantité de glyphes, pentacles et autres sigils apparurent sur les parois, illuminés d’un puissant éclat émeraude. Baignés de cet lumière irréel, le jardin se rabougrit jusqu’à devenir la banale plantation d’une quelconque ménagère.
La Mère observa ses mains impuissantes à faire obéir la moindre plante et comprenant que ses pouvoirs avaient été anesthésiés, elle se rua sur Edward, poignard au poing.

« Tout ça c’est à cause de toi !! »

Sur ses gardes, le loup blanc ne se laissa pas approcher. Il écarta son bras armé et la repoussa d’un coup de pied en plein ventre. Le poignard glissa au sol. La Mère vola et retomba lourdement sur le canapé qui bascula en arrière. Agrippée à l’assise, elle se redressa, échevelée, mais superbe, fusillant Edward du regard avant de toiser Rose de son air le plus hautain :

« Fais le sortir !! Il n’a rien à faire là, il n’a rien à faire auprès de toi ! Tu es une indomptable Rose, tu te fourvoie en t’abaissant à aimer ce qui n’est ni un homme, ni une bête !
C’est vous qui vous plantez ! La brava le lapin en s’avançant d’un bond. Le poilu n’y est pour rien, c’est autre chose qui vous gangrène ! Vous vous croyez super badass, mais vous êtes coincée ici, comme nous !
Tu oses t’opposer ta créatrice misérable cloporte !
Créatrice ? Bah tiens ! Vous rêvez là ! C’est sûrement pas vous la farfelue qui croit qu’un lapin peut la guider.
Tu vas payer ton insolence misérable ! Argua la Mère en se levant.
Maîtresse ! »

La Tempérance s’interposa. Son corps et celui de Léon s’émiettaient en bouts de peaux et de poils dispersés par le vent.

« S’il vous plait écoutez les. Je… Je crois qu’ils ont raison. Quelque chose a été rejeté, au point d’en être oublié. Vous n’êtes plus celle que vous étiez du temps de la Thea Philopatris ou de la Pucelle.
Je vois que ton caractère conciliant te rend crédule alors même que tu cours à ta perte.
Non, je vous assure Maîtresse, je…
Alors dites nous pourquoi aimer vous écœure à ce point ? »

Edward s’était rapproché de Rose, dont il étreignit la main. Son apparence était toujours bancale, mais l’élan d’amour et les mots tendres de la belle anglaise au milieu du jardin étaient parvenus à lui rendre une certaine stabilité. Il la garda près de lui, craignant qu’une nouvelle catastrophe ne la lui arrache.
Les mots de la Mère avaient réveillé en sa mémoire le lointain souvenir d’un livre usé jusqu’à la moelle trouvé dans la bibliothèque de Madame Jó. Un livre qu’il avait lu et relu, crépit de phrases incompréhensibles aux accents majoritairement sinistres. La Iele d’or était mentionnée deux fois. C’était deux de trop.
Elle le toisa, droite, forte, ardente, détournant de la Tempérance une attention passive et dédaigneuse. Aimer. Ce mot la révulsait. Elle se savait la seule, l’unique, capable de cet acte véritable pour ses diablesses indomptables dont elle se voulait la protectrice. Elle en était persuadée. Cet être informe, cet homme raté, jamais il ne pourrait aimer. Aucun ne le pouvait. Ils étaient tous comme lui, comme… Comme…

Jamais les mots plein de fiels ne quittèrent ses lèvres. Secouée d’un violent soubresaut, elle se cambra. Une douleur immense au cœur, la poussa à serrer ses mains sur son sein nu. Autour d’eux, les murs se mirent à crépiter. Un éclair émeraude zébra, foudroyant un pied de vigne qui s’embrasa sous le choc d’un feu vert. La Mère ne le vit pas. Elle hurla. Recroquevillée sur elle-même, les mains plaquées contre ses tempes, ses iris d’obsidiennes fixaient le vide, tremblants et hagards. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa peau dorée, elle tira sur ses cheveux, cria encore et vacilla, peinant désormais à tenir sur ses pieds. À moitié émiettés, la Tempérance chercha à s’approcher, mais Léon la retint. La foudre s’abattit encore, une fois, deux fois, trois fois…
La Mère continuait de combattre rageusement une force qu’ils ne voyaient pas. Malgré la douleur, elle se redressa, transpirant à grosses gouttes. Son regard trouble se posa sur Rose. Elle articula, mais aucun son ne quitta ses lèvres. Secouée d’un violent spasme, elle perdit connaissance et déchargea, à travers toute la salle, une onde de choc si puissante qu’elle projeta tous ceux qui l’entouraient aux quatre coins de la pièce.
Léon et la Tempérance heurtèrent un muret et la chute du lapin fut amortie par un bosquet de buis. Envoyés au bout de la placette, Edward lâcha Rose en percutant le sol et roula, quelques mètres derrière elle. Il se redressa aussitôt, prêt à la rejoindre, mais se figea lorsque son regard tomba sur la scène au centre de la verrière.
La Mère, évanouie, lévitait. Elle flottait à quelques centimètres du sol, enveloppée d’un quantité d’électricité statique telle que le loup blanc en eut la chaire de poule. W se trouvait devant elle. Son corps luisait de symboles similaires à ceux imprimés sur les parois autour d’eux. Dans un geste mécanique, dépourvu de toute humanité, il leva la main et la plaqua sur le visage de la Maîtresse des lieux. Une voix sordide, rayée, artificielle, quitta ses lèvres entrouverte sans qu’il ait à les bouger :

« TArgEt l0Cked. StaRt keY AcqUIsitI0n. »

Lentement, il tourna la tête vers Rose. Danger. Au moment où W leva la main, Edward bondit. Deux folles foulées et il était sur elle. Sans réfléchir, il l’écarta et prit sa place dans la ligne de mire du rouquin. Touché en pleine poitrine, Edward s’immobilisa. Un sigil apparut sous ses pieds. Plusieurs fils s’en échappèrent, s’introduisant directement sous sa peau.  Le cœur au bord de l’explosion, l’esprit en ébullition, il sentit avec effroi son corps se déchirer en deux.
W inclina la tête à droite, à gauche, toujours ce même mouvement mécanique. Il la redressa enfin et ses lèvres immobiles émirent un nouveau grésillement infâme :

« E-E-Err0r. C0rruptEd DaTA. StaRt DebUg. DeLEt AND RelAuNcH. »

Edward hurla et à sa voix d’homme se mêla le cri de détresse du loup.


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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeLun 28 Aoû - 17:28

***

À l’extérieur la nuit est déjà tombée et seule la lumière de la pièce à vivre éclaire sa noirceur, appelle à rentrer dans la tiédeur de la maison. Las d’une journée à ferrer les chevaux, le corps fourbu, l’homme n’attend que le repos. Pourtant, lorsqu’il ouvre la porte sur sa femme et son nouveau né, c’est le chaos qui l’attend. Son épouse, recroquevillée sur le berceau de leur petite fille, marmonne avec empressement dans leur dialecte natal des phrases incompréhensibles, teintées d’horreur et de mysticisme. Fleurs écrasées, crins et crânes d’animaux, encens, bougies dont la cire s’est rependue, multiples petits autels, amulettes, chapelet et grigris de fortunes : une vague de croyances ancestrales avait submergé la pièce. Elle ne s’était même pas retournée lorsqu’il avait pénétré la chambre.
La fureur le prend alors à la gorge. D’un geste brusque, il force la jeune mère à se retourner, et découvre avec effroi le visage de sa femme déformé par les pleurs et la terreur pure. Ses longs cheveux noirs désordonnés, collés à ses joues par la sueur, ses pupilles rétractées, elle fixe son mari comme si il était un inconnu.

- « Ce n’est pas mon enfant… »

L’homme a un geste instinctif de recul, il veut s’éloigner, mais son épouse lui saisit le poignet avec une force qu’il ne lui soupçonnait pas. Il remarque la terre sous ses ongles noircis.

- « Ava, qu’est-ce que tu as fait ?!
- Quelque chose ne va pas ! Laisse là Henry. Henry ! Henry !! »

Mais il s’est déjà rué dans l’obscurité, trébuchant dans la terre humide, il court, il sait où sa femme a déposé l’enfant. À la sortie de leur petit village, il ralenti, coupe à travers champs, et fini par atteindre le cimetière. À la lueur des feu follets bleus, terrifié, il la voit. Sa fille. Posée sur le sol dur et froid, elle le regarde de ses grands yeux bleus. Elle ne pleure pas, elle se contente de le fixer simplement. Lorsqu’il la soulève entre ses bras, il s’attend à la trouver froide, gelée. Mais l’enfant est brulante, malgré le froid polaire de cette nuit d’hiver. Il ne peut empêcher le frisson de sueur glacée de couler le long de son dos. Dans les yeux de l’enfant, il le jure, il y a quelque chose qui brille, quelque chose d’anormal.

Lorsqu’il pousse à nouveau la porte de leur maisonnette, frigorifié, l’enfant fermement serré contre son torse, sa femme l’attend. Elle a devant elle un jeu de tarot, dont elle a tiré les cartes. Sur la dernière, un squelette grimaçant semble le narguer, sa faux à la main. Henry ne lui laisse pas le temps d’ouvrir la bouche, il sait ce qu’elle va dire, toujours la même rengaine depuis six mois. Le chaos, la mort, le fil rouge du destin et cette bête blanche qu’elle voit sans cesse dans ses rêves.

- « On part pour la ville. Demain.
- Je-…
- Tais-toi, éructa le jeune homme, le visage déformé par la colère. J’en ai plus qu’assez de tes conneries de tzigane ! Tais-toi ! »

Elle baisse la tête, ses ongles raclent le bois de la table lorsque ses mains se referment, crispées. Elle craint son mari, et pourtant, elle trouve la force de murmurer pour elle-même, un avertissement, une menace.

- « Jamais personne ne l’aimera. »



***

Ces souvenirs, ces sentiments qui n’étaient pas les siens l’avaient submergé mais le hurlement d’Edward rendit à Rose toute sa lucidité, la laissant pantelante, le souffle court et les genoux tremblants sous son propre poids. Sous le dôme, le chaos régnait : chaque détail de la structure pulsait erratiquement d’une lumière verte, la plus vive lueur émanant de W, dont les yeux roulaient frénétiquement dans leurs orbites. Toujours à quelques centimètres du sol, le corps de la Mère avait vieilli à une vitesse ahurissante, ridant son visage, ses mains, tissant ses cheveux de mèches grises et blanches.

Mais Rose s’en fichait. À l’intérieur d’elle, quelque chose brulait. Quelque chose qui n’était pas là avant, quelque chose qui la dévorait, et tout ce à quoi elle pensait, c’était rejoindre Edward.
Mécaniquement, elle fit un pas, puis deux, puis trois, et finalement, étreignit ce corps meurtri entre ses bras. Immédiatement, les tentacules lumineux se détachèrent de leur première proie pour venir se glisser sous sa propre peau. Un éclair de douleur la saisit, elle serra les dents pour ne pas hurler, alors le lapin le fit pour elle, terrifié. Il vit les fils s’infiltrer sous sa peau, remonter, chercher la chose qui pulsait au creux de son être et lorsqu’ils l’atteignirent…

Une déflagration d’énergie déchira l’espace.

Le lapin, projeté à l’autre bout de la pièce, ouvrit les yeux, et crût un instant qu’il s’était frappé la tête si fort qu’il en était mort. Puis, il se rappela que les Guides ne pouvaient mourir, et fut contraint d’accepter la réalité.

Rose gisait, effondrée sur le corps d’Edward, et autour d’eux, un cercle qui crépitait encore de flammes bleutées les protégeaient.
Au centre de la pièce, W était étendu, inconscient, une partie de son corps sévèrement brulé, et il se dégageait de son être une odeur désagréable de plastique carbonisé. La décharge d’énergie semblait avoir complétement grillé son système et de faibles crépitements s’élevaient encore d’entre ses lèvres entrouvertes.
Le dôme, bien que encore plongé dans l’obscurité, luisait à présent d’un éclat bleuté familier, et le jardin de la Mère avait été remplacé par un champ de fleurs sauvages.
En deux bonds, le petit animal fût sur Elle, qui reprenait lentement connaissance, soutenue par la Tempérance. Elle avait à nouveau rajeuni, mais des mèches de cheveux blanches restaient parsemées dans sa longue chevelure.  

- « Elle a volé… Mes pouvoirs… articula-t-elle péniblement.
- Elle nous a sauvé les miches vous voulez dire ! »

Le lapin sincèrement fier de sa protégée, bomba le torse avant de se précipiter vers elle, la Mère sur les talons. Mais seul le petit animal fut capable de pénétrer le cercle, et la maîtresse des lieux fut contrainte d’attendre rageusement de l’autre côté après de vaines tentatives pour rappeler à elle sa puissance.

- « Princesse, debout ! appela la boule de poils en tapotant ses joues du bout de ses pattes. Y a une vieille bique pas contente !
- Comment oses-tu !
- Maîtresse, calmez-vous…»

La Mère, superbe dans sa colère, fusilla le loup du regard et lui adressa un mouvement de menton dédaigneux.

- « Tout ça, c’est de sa faute ! Regardez là ! Utiliser MES pouvoirs pour soigner une bête comme lui... Un-Un mâle qui…. »

Impuissante, Elle regardait les étincelles bleutées passer du corps inanimé de la contrebandière à celui du lycanthrope. Le regard vide, elle marmonnait vivement entre ses dents.

- « Maîtresse…
- Il va pouvoir les utiliser aussi… Un homme… Non… Un homme ? Il faut que je me souvienne….
- Maîtresse ! »

La Mère sursauta au ton vindicatif de la petite. Jamais elle n’avait osé lui parler comme ça, et pourtant, trop occupée par ses pensées, elle ignora sa déclaration.

- « La Gardienne est réveillée.
- Une clé… Il faut une clé…Un homme… »

Rose avait ouvert deux grands yeux entièrement bleus qui irradiant d’énergie magique. Son corps lui semblait peser une tonne, sans bouger, elle se contentait de  fixer Edward avec un sourire faible, mais malicieux.

- « Je croyais que c’était mon job de te sauver. »

Dans leur dos, le rire d’un homme éclata dans toutes les hauteurs de la voûte. Son timbre était grave, chaud, avec un accent d’un autre temps.  La Mère se figea de terreur en faisant volte-face alors que l’inconnu l’interrogeait :

- « Et toi, qui te sauvera ? »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 2 Sep - 20:58

« Essayez même pas d’la toucher sale pervers à moustache ! »

Bondissant comme un boxeur, les pattes avant dressées devant sa truffe, le guide pelucheux s’était placé devant Rose, prêt à en découdre. Sa véhémence provoqua un autre rire glaçant chez le nouveau venu.

« Attendrissant !
Sortez d’ici ! Hurla la Mère, tiraillée entre une fureur absolue et une peur irrationnelle. Vous êtes dans mon domaine, dans ma demeure et je ne tolère aucun être tel que vous !
Vraiment ? Sourit l’homme en s’approchant d’elle. J’ai souvenir que tu étais d’un tout autre avis autrefois.
Mensonge ! Pour quelle raison aurai-je tenu à supporter une telle abjection ?!
Mais… Parce que tu m’aimais. »

La Mère se pétrifia. Un masque d’horreur s’imprima sur ses traits si délicats et elle recula, mais déjà l’inconnu lui saisissait le bras. Il l’attira contre lui, plaqua une main dans son dos, caressa de l’autre sa joue, ses lèvres et profitant qu’elle soit encore trop stupéfaite pour réagir, il l’embrassa.
Un haut le cœur souleva la poitrine de la Mère qui le repoussa et le gifla avec tant de rage qu’elle lui griffa la joue. Appuyée de Léon, la Tempérance, presque effacée, se précipita pour protéger sa maîtresse. Celle-ci cracha de dégoût et fusilla son agresseur de ses prunelles noires.
Il avait à peine bougé. Lentement, il massa sa mâchoire endolorie, essuya le sang qui perlait sur sa peau et sa blonde moustache fut rehaussée par son sourire.

« Mon piège a fonctionné on dirait. Te voici aussi inoffensive qu’une petite chatte. Enfin la Mère des Indomptables a été domptée ! »

Et il gloussa, savourant son propre trait d’humour. Déstabilisée, la Mère le regarda s’éloigner sans oser s’interposer. Son incompréhension était telle, qu’elle ne parvint à articuler que quelque mots étranglés :

« Alors c’est vous qui…
Oh ne m’accuse pas. Si tu avais accepté ta défaite la première fois, je n’aurais pas eu à en arriver là. J’aurai pu te dépouiller de ta puissance comme je l’avais prévu, mais il a fallu que tu te cloître dans ce bunker imprenable. Tu es même allée jusqu’à fausser tes propres souvenirs pour m’en interdire l’accès. Ce que tu peux être dramatique ! »

La Mère écarquilla les yeux, elle fouilla dans ses pensées, chercha à se rappeler, mais ni le visage, ni la voix de cet odieux personnage ne lui étaient familier. Pourtant, une chose la gênait. Elle se souvenait parfaitement de l’époque où elle avait élevée et guidée la grande Cléopatre, de celle où Jeanne s’était éveillée, mais après… Après…
Son regard se hissa jusqu’aux cartes de tarots et un frisson la foudroya. Comment avait-elle pu le manquer ? Ce verso, ce n’était pas le bon.

« Eh bien, tu auras mis du temps avant de remarquer que ton jeu était truqué, nota l’inconnu en enjambant les restes de W. C’est l’inconvénient quand on se force à oublier ! Une anomalie passe beaucoup plus facilement inaperçue. »

Elle se précipita vers la table basse, renversant une coupe de fruit sur on chemin. Le raisin tomba à terre, ses grains s’éparpillèrent, mais rien ne l’arrêta et enfin, elle referma ses doigts sur le papier. Il lui suffisait de rebattre le paquet et…
Le trouble-fête claque des doigts et toutes les cartes reparurent dans sa main. Il les déploya comme un éventail, dévoilant chacune des figures dessinées. Toutes se transformaient. Les noms étaient modifiés, les chiffres s’effaçaient. Piochant celle de la Tempérance, il observa avec plaisir la fillette apeurée se volatiliser à la seconde où son image fut perdue.
Agenouillée près de sa table, la Mère le fixait, hagarde, échevelée, bouche entrouverte.
Il n’eut pour elle qu’un coup d’œil dédaigneux et sans intérêt, puis reporta son attention sur Rose, dont il s’était rapprochée. Toujours allongée, il la savait immobilisée par la quantité de magie absorbée. S’accroupissant près d’elle, il lui tendit la carte qu’il tenait encore entre ses doigts et inclina lentement la tête :

« Tu la reconnais n’est-ce pas. Vous êtes croisés il y a peu, l’Illusion et toi.
Foll !!
Tiens, on m’appelle je crois ! Surtout, ne bouge pas, je suis à toi tout de suite. »

La Mère s’était redressée. Les yeux remplis de larmes, le corps tremblant de chagrin et de rage, elle toisait avec une rancoeur colossale ce cruel menteur qui lui avait brisé le cœur en se jouant d’elle. Avançant lentement, elle récupéra son poignard qui gisait au sol, avant de siffler entre ses dents blanches :

« Cette fille est ma protégée. Je te trancherai la gorge si tu oses la toucher !
Ma douce, pour cela il faudrait encore que tu sois capable de bouger. »

D’une main, il rabattit toutes ses cartes, puis en extirpa une seule. Le cauchemar s’activa. Deux filets de miasmes noirs s’en échappèrent et s’enroulèrent autour de la Mère comme une essaim de guêpes. Elle hurla, se débâtit. Mais l’intégralité de flux enténébré s’infiltra en elle par ses yeux, sa bouche et ses oreilles, la jetant à terre dans un état cataleptique.
Terrifié par cette vison, le lapin bondit avec insistance autour d’Edward et Rose. Le premier, vivant mais toujours inconscient, ne réagit pas à ses appels, alors il insista auprès de là contrebandière :

« Allé, allé ! Debout Princesse, faut pas rester là ! Essaie au moins de léviter ou un truc comme ça ! S’te plaît c’est vraiment pas l’moment d’lambiner !
Et voilà ! Je suis tout à toi mon petit réservoir adoré ! »

De retour près d’eux, Foll s’assit tranquillement en tailleurs. Il déboutonna ses manches et commença à les remonter méthodiquement, dévoilant ses avant-bras tatoués des mêmes sceaux que ceux déclenchés par W.
Il profita de cet instant de calme pour continuer de bavarder :

« Vois tu mon poussin… Je peux t’appeler poussin, hein ? Eh bien vois tu, la Mère ayant supprimée mon existence de son inconscient, il m’était devenu impossible de l’atteindre. J’ai donc dû m’armer de patience et de ruse pour arriver jusqu’ici. L’esprit crédule de mon assistant m’a été fort utile, je dois l’avouer, mais c’est à toi que je dois d’être enfin arrivé à bon port ! »

Il attrapa Rose par le poignet et la tira sans ménagement, l’allongeant à côté d’Edward.

« Allons, le plus dur est passé. Je n’ai plus qu’à récupérer toute la magie stockée et tu seras enfin tranquille, aussi vide qu’une poupée. Tout ça en passant du bon temps, mais dis moi, tu es gâtée.
Woh woh woh ! Vous foutez quoi là !! La touchez pas ! »

Le lapin s’était jeté sur Rose, repoussant les mains prédatrices de Foll, alors passées sous sa robe. L’ignoble personnage pesta sous sa moustache, chercha à plusieurs reprises à éloigner la boule de poils, mais même en l’expédiant au bout de la salle, il rappliquait aussi vite que possible, le martelait de ses pattes, allant jusqu’à planter ses saillantes incisives dans sa peau. Impatient, Foll l’écarta toujours plus violemment, puis tira immédiatement une carte.

« Tu m’ennuies rongeur ! C’est une fille de rien, elle n’est bonne qu’à ça ! »

La magie de la terre s’activa et une vague de roches engloutit le pauvre guide. Il se débattit de toutes ses forces, parvint à se libérer jusqu’aux épaules, mais déjà l’immonde Foll mettait à nue la poitrine blanche de Rose.

« Pourriture ! Violeur ! » Hurla le lapin en larmes.

Les doigts du monstre caressèrent sa peau, un peu de l’éclat bleu qui pulsait dans le corps de sa proie remonta le long de ses tatouages.
Il se pencha, effleura ses seins, hésitant sur le morceau de peau dont il allait profiter en premier. Il s’avança encore, mais alors qu’il s’apprêtait a la souiller de son infamie, une  goutte de sang tomba sur le tissu blanc qui la couvrait encore.
Plantés dans sa gorge, les crocs du loup blanc s’enfoncèrent plus profondément. Un flot écarlate gicla, colorant le poil immaculé d’Edward. Foll, noyé dans son sang, gargouilla un mot inaudible.

Il aurait dû mourir, là, le cou tranché par celui qui s’était promis de ne plus jamais tuer, mais les monstres, les vrais, périssent rarement du premier coup.
À l’instant même où il s’était senti perdu, il avait utilisé une carte. Le jardin s’effaça, le monde se tordit, se contracta et tous basculèrent dans les limbes.

***

« Debout toi, Ô filleule des Iele, par delà la mort nous voici à tes côtés !
Ça va Cléo, pas b’soin d’être aussi solennelle.
En tout cas c’est une vraie guerrière ! Je sens le feu qui brûle en elle !
Tu trouves Boadicée ? Elle m’parrait un peu faiblarde moi…
Tu t’es bien regardée Jeanne ?
Un peu de calme vous deux. Notre sœur se réveille. »

Un froissement de tissu et une quatrième voix s’éleva tout prêt de Rose, douce, mais imprégnée d’une incroyable droiture.

« Tout va bien Rose. Nous sommes tes alliées. C’est le passeur blanc qui nous a conduit jusqu’à toi. Je suis Lady Godiva et voici tes sœurs indomptables, nous sommes là pour t’aider. »





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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeMar 5 Sep - 17:24

Si elle était tout à fait honnête, Jeanne aurait avoué qu’elle ressentait une pointe de jalousie envers la nouvelle venue. Car, il fallait bien l’admettre, ses seins étaient parfaits : fermes, ronds, blancs et divinement bien proportionnés ; ils étaient complétement exposés alors que Rose se redressait, et même elle, Jeanne la Pucelle, n’arrivait pas à en détourner le regard. Elle n’avait même pas prit la peine de les couvrir, à peine cachés par ses longs cheveux soyeux. Crâneuse d’anglaise.

La jeune femme tâta sombrement sa propre poitrine, et n’y rencontra que l’habituelle platitude de son torse. Sa mine s’aggrava, et elle ne prêta alors qu’une oreille discrète à ce qu’expliquaient ses sœurs avec beaucoup d’agitation.

- « Jeanne ? Jeanne ?! Bon sang, tu nous écoutes ?! »

Lady Godiva la dévisageait, une main posée sur sa hanche, attendant son attention. Jeanne pencha la tête sur le côté, se gratta l’arrière du crâne, considérant encore la jeune femme blonde et l’animal blanc qui l’accompagnait. Elle avait pudiquement couvert sa poitrine, l’enserrant d’un bras, tandis que de l’autre, elle caressait la tête de la bête, faisant attention à la garder tout près. Elle était encore secouée par l’agression de ce type répugnant, le désarroi se lisait sur son visage quand bien même elle essayait de garder la tête haute.
Tant de bonne volonté avait le don d’exaspérer Jeanne dont les doigts se crispèrent sur le pommeau de son épée.  

- «  Tsss...
- J’expliquais à Rose que Boadicée et toi resteraient à ses côtés. Cléo et moi partons chercher la Mère et le Guide avant que Foll ne les trouve. »

La française lui accorda un signe dédaigneux de la main en guise d’approbation, et les deux femmes disparurent entre les brumes des limbes. Boadicée déposa avec douceur un châle sur les épaules de la fragile anglaise, mais le contact du tissu contre sa peau ne fit que la faire frissonner un peu plus. Malgré tout, elle la vit resserrer l’étoffe autour de ses épaules et enfouir sa tête dans la fourrure immaculée de l’animal. Lorsqu’elle la redressa, rassénérée par ce contact, ses yeux avaient changés. Une profonde colère s’y lisait, sauvage et brulante. Jeanne tiqua face à ce changement soudain et à ce calme trop effrayant pour être naturel :

- « Calme toi la bleusaille, tu peux à peine bouger !  
- On doit passer à l’offensive avant lui.
- Tssht, désapprouva-t-elle. Pense à ton corniaud un peu. »

Un silence se coucha entre elles. Jeanne cru avoir obtenu gain de cause, mais l’autre se redressa, sourcils froncés, la main toujours posée sur son fauve à la gueule sanglante.

- « Et toi, tu penses parfois à ton dragon ?
- Hmpf !?
- De quel dragon parle-t-elle ? demanda Boadicée, dont la curiosité avait été piquée.
- D’un qui a eu ses faveurs !
- Menteuse !
- Ohhh ! Mais tu nous avais caché ton cœur si tendre chère sœur ! Quand Cléo saura ça ohohoh !  »

Jeanne rougit de toutes ses forces, mais la brume s’épaissit subitement et toutes d’un même mouvement, se tinrent sur leurs gardes, oubliant leur querelle. Lentement, des voix s’élevèrent, et dans le lointain, une clairière entourée de bois se dessina. Rose voulu s’élancer, mais Boadicée la retint.

- « Attends. Écoute. »


***


La scène à l’intérieur d’une roulotte richement décorée, stationnée au milieu des bois. Accroché à un sapin, un cheval est au repos. Au centre de la clairière, brûle un feu de camps au-dessus duquel on fait cuire un lièvre. Un énorme chien noir dort à côté, dressant une oreille attentive lorsque les éclats de voix s’élèvent un peu trop bruyamment depuis l’intérieur de l’habitacle. Ava Walkson est assise devant une tasse de thé fumant. Une autre femme lui fait face, le visage fermé.

INCONNUE - (gravement) : Tu as fait tout ce chemin pour rien Ava, je ne peux rien pour toi.
AVA - (fermant les yeux, faisant mine de ne pas comprendre) : Mais…
INCONNUE : C’est une fille de la lune noire. Tu le savais, les anciens t’avaient prévenue. Cette enfant appartient à ceux du monde d’en bas. Agis avant qu’il ne soit trop tard.
AVA - (avec véhémence, se redressant brusquement ) : Ma fille est d’une lignée pure ! Comment-oses-tu…
INCONNUE : Ta lignée est maudite... Elle est leur fille avant d’être la tienne, tu l’as senti aussi.
AVA - (effrayée à présent) : Je… Je m’en débarrasserai !
INCONNUE : Non !! Tu attirerais leur courroux sur toi ! Brise sa volonté, fais-en un être guidé par la peur, éloigne là des forêts et des étendues sauvages ! Mets la en cage si il le faut.
AVA – (murmurant pour elle-même) : Mère avait raison, je n’aurais jamais dû…
INCONNUE - (abattant sur la table un parchemin dont les spectateurs ne discernent pas le contenu) : Il est trop tard pour regretter.

Elles continuent à parler, leurs lèvres s’agitent, mais plus aucun son n’en sort. Petit à petit, la nuit tombe sur la scène, effaçant les silhouettes jusqu’à les faire complétement disparaître.


***


Le brouillard se lève, les voix se taisent. Un rire dément s’élève d’entre les limbes. Rose s’est levée, elle se tient droite, fière, inébranlable mais discrètement ses mains cherchent le contact d’Edward.
Elle se tourne vers ses sœurs, fronce les sourcils, elle hésite, elle ne sait pas ce qu’est la chose à laquelle elle vient d’assister. Son inflexion est incertaine, fragile.

Ploc.

- « Je ne comprends pas.
- Tu peux utiliser la puissance de la Mère dans sa totalité.
- Mais pourquoi…
- Mon chaton ! Quelle bonne surprise !  Tu as plus de ressources que ce que je pensais ! Tu permets que je t’appelle mon chaton plutôt hein ? Ça te convient mieux, car il semblerait que tu aies des griffes aussi.  »

Foll émerge de la brume comme une ombre, glisse depuis les ténèbres jusque dans la lumière. À son cou une gerbe d’étincelles bleues crépite à l’endroit où se trouvait sa blessure. Il toise le loup blanc et dans sa voix glaçante perce une pointe de moquerie.

- « Ou plutôt… un bon chien de garde ! »

Boadicée n’a pas le temps de s’avancer. La lance à la main, elle lui fait face, esquisse un geste pour pourfendre son ennemi, mais l’homme est plus rapide. Il lui oppose une carte, un sourire suffisant aux lèvres, et la gauloise s’embrase. Son corps est si rapidement consumé par les flammes que Jeanne n’a même pas le temps de hurler. Bientôt, il ne reste plus d’elle qu’un tas de cendre.

Ploc.

Inconsciemment, Rose retient Edward. Elle fixe son agresseur, ongles solidement plantés dans sa paume. Les manches toujours retroussées, les glyphes luisants plus puissamment que jamais, il passe une main dans ses cheveux longs, et déclare dans un claquement de langue dépité :

- « Vraiment… C’est du gâchis de ne pas profiter d’un si beau corps.
- Qu’avez-vous osé faire !
- Mais ce cabot… Je vais m’en débarrasser en premier. Ensuite toi et moi, on prendra du plaisir. »

Ploc.  


Dans sa tête, une voix familière mais lointaine lui souffle quelques mots. Malgré elle, Rose commence à s’habituer au surnaturel, elle ne sursaute même pas, sait qu’elle peut lui faire confiance. Sa main s’élève au niveau de son visage, et elle ferme les yeux, inspire profondément. Le sang de sa paume goutte sur le sol miroitant d’ombres.

- «  Reconnaissez mon sang ! Répondez à mon appel et levez-vous par-delà la mort pour me servir ! »

D’abord rien. Puis, Jeanne éternua. Une fois, deux fois, trois fois. C’est là qu’elle la vit : la poussière blanche qui s’élevait du sol, s’accumulait devant eux. Bientôt, la poussière prit forme, s’étira jusqu’à former des cubitus, des tibias, des côtes et des vertèbres qui s’assemblaient entre eux dans des claquements secs.
Foll avait l’air aux anges. Ses joues avaient pris une teinte rosée sous le coup de l’excitation en dépit du tarissement du flot de la magie qu’il avait dérobé. Rose eut un violent haut le cœur.

- « Tu sais les faire venir depuis le Shéol ?
- Commande-les, ordonna-t-elle à Jeanne, ignorant le magicien. Il leur faut un chef de guerre. »

Lorsque le cliquètement cessa, c’était une véritable armée de squelettes qui se dressait devant eux, alimenté par la pulsation d’une flamme bleue logée au creux de leurs cages thoraciques.
Jeanne s’avança, et aussitôt un cheval d’os trotta jusqu’à elle, abaissant son encolure pour l’enjoindre à grimper ; ce qu’elle fit d’un saut leste, sans même y penser.

Rose et Edward quant à eux, avaient été protégés au centre de la carcasse immense d’un dragon. L’anglaise tendit un bras nervuré par le flot de magie vers le loup blanc. Son corps à lui seul avait du mal à encaisser un si puissant déferlement de pouvoir. Mais si ils pouvaient le partager, si ils pouvaient faire subir au monstre la même chose qu’au lombric de tissus…

- « Aide-moi. »

Jeanne lança la charge.
Et Foll l’attendait, un rictus suffisant aux lèvres, les mains chargés d’une énergie d’un vert vibrant, le corps illuminé de glyphes. Il avait les yeux rivés sur Rose.

- « Jouons au loup mon chaton ! »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 9 Sep - 10:51

Edward reprit forme humaine.
Il était encore secoué, hanté même par l’image de cet être putride abusant de l’immobilisme forcé de celle qu’il aimait. Son sang répugnant envahissait sa bouche, coulait au fond de sa gorge, retournant son cœur et ses tripes d’un dégoût sans précédent. Envie de vomir. Envie d’hurler. Besoin de déchiqueter le cœur de cette ordure qui méritait de payer.
Quand Rose lui demanda son aide, il n’hésita pas. Visage fermé, affichant la dureté des plus farouches guerriers, il essuya d’un revers de main le coin de ses lèvres encore écarlate, puis il lui prit la main.

Il aurait dû savoir.
Mais il avait oublié.
Et tapi dans l’ombre, la pire des bêtes attendait.

Une onde de chaleur l’envahi. D’abord agréable, mais rapidement aussi cuisante qu’un incendie. Il serra les dents, lutta contre ce brasier qui le consumait de l’intérieur et resserra son étreinte sur la main de celle qu’il soutenait. La magie de la Mère continua à se partager entre leurs deux êtres, entre leurs deux âmes, abusant de toute l’endurance inhumaine que ce nouveau réceptacle apportait. L’œil bleu d’Edward se mit à luire avec la même intensité que ceux de Rose, mais le rouge, lui, s’assombrit.
Le corps d’Edward tint bon, mais pas son esprit.
Une eau glacée l’emporta.
Un éclair noir étincela parmi les autres éclats bleutés.

« Dire que tous t'ont pris pour le dernier des parias.
Je te connais ? »

Les yeux de Foll s’étrécirent en deux croissants amusés. La cage thoracique de dragon l’avait un peu impressionné, il fallait bien l’avouer, mais ce dont il avait surtout hâte c’était de se débarrasser de cette fillette sans intérêt.
Sous les ordres de Jeanne, l’armée des morts était parvenue à l’encercler, mais le magicien joua une carte supplémentaire et son corps s’envola. Soudain doté d’une incroyable légèreté, un bond avait suffi à le propulser à plusieurs mètres de haut. Il retomba aussi crânement que souplement sur le casque d’un squelette, lui fit perdre la tête en esquivant un coup d’épée et s’éleva à nouveau au-dessus du champs de bataille.

« Rater une bénédiction comme celle là…
De quoi tu parles ? Qui es tu ? »

Jeanne resserra son étreinte sur les rênes de son destrier. Boadicée devait être vengée. Rose devait être protégée. Son cheval se cambra et pointant sa lance vers les cieux, elle hurla :

« Archers !! Tirez ! »

Le bataillon se hérissa d’arcs et de flèches. Toutes les mains osseuses mirent en joue d’un même geste et ce fut un essaim acéré qui s’éleva en direction de Foll. Impossible d’esquiver. La cible fut touchée. Perforée à la jambe, à l’épaule, au flanc, le magicien bascula en arrière et débuta une lente et interminable chute.
Jeanne donna de l’étrier et sa monture partit au triple galop. Elle réceptionnerait ce bougre infâme au bout de sa lance et l’embrocherait comme un vulgaire morceau de viande. Sa chevelure blonde et courte laissée au vent, ses soldats s’écartèrent sur le passage de cette farouche guerrière. Ne sous estimant pas l’ennemi, elle ordonna à ses hommes de l’achever d’une nouvelle salve, alors qu’elle fonçait droit sur lui.
Une vague de flèches déferla dans le ciel brumeux des limbes, mais aucune ne fit mouche. Au dernier moment, Foll avait accéléré se chute. Jeanne, presque à son aplombs, pila en tirant fermement sur ses rênes, mais son immonde adversaire avait devancé son geste. Il s’abattit, à pied joints, sur la tête de sa monture et la fracassa contre le sol poussiéreux. La cambrure violente de l’animal envoya Jeanne droit dans les griffes de Foll qui l’enserra à la gorge. Elle si vaillante, mais si petite, ne touchait plus de sol. Étranglée, étouffée par cet être au sourire répugnant, elle se débâtit rageusement.

« Visible comme le nez au milieu de la figure. Littéralement.
Comme… Mon œil droit ? Je ne comprends pas ! »

Foll gloussa :

« Quelle fougue ! C’est dommage, je manque de temps, j’aurais adoré m’amuser avec toi. Ton corps manque d’intérêt, mais je suis curieux, ce surnom… C’est mérité ? »

Par un ultime effort, Jeanne parvint à lui transpercer le poignet de la pointe de sa lance. Il lâcha prise, elle tomba au sol et bondit aussitôt en arrière, ramassant l’épée encore serrée par le bras détaché de l’un de ses soldats. Passant une main sur sa gorge, elle toussa, cracha, ravala autant d’air qu’elle le put, tangua un peu, mais sa main ne trembla pas lorsqu’elle leva la lame en direction de Foll.
Il la fusilla d’un regard crépitant de vert. Il brûlait de colère. La lance fut arrachée de la plaie, sans même un tressaillement de douleur. Il s’avança, montrant les dents comme un chien enragé, prêt à la foudroyer sur place, mais abandonna presqu’immédiatement l’idée. Dire que ce menu fretin avait failli lui faire perdre un peu plus de ce temps si précieux.
La carte du vent propulsa Jeanne si loin, qu’elle renversa plusieurs de ses soldats, comme un vulgaire jeu de quilles. Foll s’en désintéressa, il activa un autre de ses atouts et la lance de la Pucelle se mit à luire entre ses doigts. Tout en chantonnant, il s’avança entre les guerriers déstabilisé par l’absence de leur cheffe. Il en réduisit un en miette d’un violent coup de pied et lui vola son arc. Toujours palpitante d’un éclat émeraude, la lance fut déposée sur le porte-flèche et il banda la corde.

« Mais la lune noire m’ira bien mieux au teint, crois moi.
La… Non… Non ! Tu es… »

Foll arqua vaguement un sourcil en voyant la cage thoracique du dragon s’animer, plus dérouté par les éclats de lumières sombres qu’il voyait s’élever que par le réveil du squelette colossal.

« Vise le cœur de cette petite trainée. »

Ses mots firent écho à la carte de la trajectoire utilisée et la lance pourfendit les cieux. Elle s’éleva bien au-dessus des soldats, des chevaux et de tous ces êtres dont il serait bientôt le maître, puis plongea droit sur Rose. Son sourire s’élargit, l’excitation l’envahit, mais alors qu’il se croyait vainqueur la Mère s’arracha des ténèbres et protégea Rose au péril de sa vie. L’arme lui perfora le sein. Elle tomba à genoux. Foll hurla de rage :

« Sale chienne, tu… »

Deux lames appliquées sur sa trachée, un khepesh et un poignard, l’empêchèrent de continuer. Cléopatre et Lady Godiva le firent se mettre à genoux, les mains en évidence. Menaçant de lui trancher la tête, l’égyptienne lui ordonna :

« Dis nous comment rendre ses pouvoirs à la Mère, où tu subiras pires tourments que ceux que te réservent Ammout la Dévoreuse.
Volontiers, se moqua-t-il. Je suis toujours partant pour des confidences sur l’oreiller.
Engeance de Seth ! Je te tuerai de mes mains si… »

« Bientôt, tu seras à moi !
Tu es le premier.
Et enfin, je redeviendrai roi.
Lycaon. »

Tous levèrent la tête. Presque entièrement sorti du sol, le puissant dragon était devenu instable. Sous sa cage thoracique, la quantité des foudres noires avait augmenté. Toujours debout, Edward appuyait sa main sur son iris écarlate. Il la retira pour se griffer l’arcade, la joue, grimaçant de douleur et dévoilant un œil totalement noir.

« C’est quoi c’bordel ? Hurla Jeanne en rejoignant ces sœurs.
Je ne sais pas… murmura Lady Godiva. La Magie de notre Mère semble contaminée par quelque chose…
Exactement ce que je voulais éviter, soupira Foll.
Tu sais ce qui se passe ? Siffla Cléopatre en appuyant plus fort son khepesh. Parle ! Ou je t’écorche !
C’est ce qui arrive quand on ouvre la porte des morts. Il y a toujours des invités surprises ! »

Le lapin avait rejoint la Mère aux pieds de Rose. Il voulut appeler la contrebandière à lâcher prise, mais la Babylone la Grande l’arrêta. Recroquevillée sur elle-même, haletante et transpirante, elle souffla entre deux quintes de toux ensanglantés.

« Je… me souviens… Blanche et noire… Choyée par deux lunes… La Iele d’or…
Nonononononon ! Fini ta phrase Mamie ! Hé !! »


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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeMer 13 Sep - 18:46

Soudain, Zeus se leva, le visage déformé de colère et embrassa d’un large geste les convives attablés autour de lui pour qu’ils lui soient témoins. Le souverain, stoïque, ne lui accorda même pas un regard, continuant de ronger un petit os qu’il venait de tirer de son assiette, ignorant l’émoi de ses sujets.

- « Voyez, dit-il en repoussant sa vaisselle violemment. Voyez ce qu’ose servir Lycaon, roi d’Arcadie à ses invités ! »

Et il attrapa dans l’un des plats, un morceau de viande rôtie bien singulier, car celui-ci possédait des doigts humains.
Des cris d’horreur s’élevèrent parmi les présents. Certains fuirent la table, d’autres défaillirent. D’autres encore restèrent assis, les bras ballants, ne sachant qui prier pour se faire pardonner l’horrible péché qu’ils venaient de commettre.
Précautionneusement, Lycaon s’essuya le coin de la bouche, posant l’os de la phalange qu’il venait de si patiemment dépiauter. Il lorgna Zeus et sa colère d’un œil dédaigneux puis calmement, il défia les dieux :

- « Toi, Zeus, tu oses venir ici me donner des leçons de conduite. Mais rappelle-toi, ici-bas, c’est mon royaume. Le tient est par-delà les cieux. Abstiens toi de me juger, toi qui viens de te délecter de la chair de mes enfants.
- Monstre ! Tu mérites ton châtiment !
- Peut-être. Mais vous autres dieux, n’êtes pas mieux que moi, je viens de te le prouver.»

Alors, Zeus jeta vers lui un éclair de lumière aveuglant. Lorsque tous retrouvèrent enfin la vue, à la place du roi, se tenait un immense loup à la gueule béante.
Zeus, encore brulant de colère s’adressa aux présents :

- « Soyez témoins. Pour des siècles et des siècles ses enfants seront condamnés à vivre dans la violence et le sang. La souffrance et la peur seront leur quotidien. Et que quiconque devienne leur chef ne trouve jamais plus le repos car il ne sera rien d’autre qu’une bête traquée. Ceci sera leur malédiction. »


***


Une décharge d’énergie sombre remonta de la main d’Edward le long du bras de Rose, dévorant tout son corps d’un mal lancinant. Pourtant, elle refusait obstinément de lâcher prise. Pire encore, malgré les cris du lapin, elle attira le loup vers elle et de sa main libre, lui saisit la nuque, forçant un baiser douloureusement électrique.

Elle sentit la fumée âcre quitter la bouche du loup, se déverser dans la sienne, glisser dans sa gorge, envahir ses poumons.
Vivement elle recula, rompant le contact entre leurs deux corps, les mains serrées sur son torse, toussant, crachant pour tenter de se défaire de cette nouvelle âme.

Mais ce fût sans succès.
De bleus lumineux, ses yeux s’assombrirent, s’éteignirent et finalement devinrent noirs.


- «  Qui es-tu ?
- Lycaon.
- Je sais ce que tu as fait. Je connais ton histoire.
- Toutes les histoires ont plusieurs versions, petite, méfie-toi. »

Foll hurla. Rose le regardait de ses prunelles vides, un sourire cruel aux lèvres, alors que les cartes du magicien brulaient à l’intérieur de sa poche, les flammes noires léchant son costume.

- « Tu vois, je suis de ton côté.
- Tu voulais le corps d’Edward.
- Peut-être, mais à cause de toi, ça semble compromis… Tu veux coopérer ? »

La jeune femme tourna la tête vers le loup blanc, sembla hésiter, puis, fit un pas en avant. Plus elle avançait vers le sorcier, plus son corps semblait se consumer. Par tous les pores de sa peau s’échappaient des éclairs sombres faisant danser ses boucles blondes autour de son visage, comme une centaine de serpents affamés. Dans un craquement anormal, ses doigts s’allongèrent, s’étirèrent, laissant place à des mains démesurées et griffues, déformées même, dont les ongles avaient une teinte violacée.

- « Toi et moi, on n’est pas si différents.
- Tais-toi.
- Mmmh… Je te prête ma force et c’est comme ça que tu me remercies ? »

Foll voulu reculer, mais malgré tout l’effroi que Rose leur inspirait, Lady Godiva et Cléopâtre le retinrent fermement. La jeune femme posa ses yeux de nuit sur le prisonnier, dévoila des canines blanches et pointues dans un rictus effrayant. Sans mot dire, sa main griffue s’avança vers le torse du magicien.

- « A-attend ! Tu n’es pas de leur côté pas vrai ? Toi et moi on peut négocier, je peux t'offrir…. Aaaaaah ! »

Le cri de douleur transperça l’espace, et les deux indomptables reculèrent aussitôt dans un mouvement aussi incontrôlable qu'horrifié. Le corps qu’elles maintenaient à l’instant s’effondra lourdement, visage déformé de douleur et heurta le sol dans un son sourd et poisseux.

- « I-I-il… balbutia le lapin.
-         Isis, aies pitié de nous... »

Rose se retourna, le cœur de sa victime encore chaud et palpitant entre ses griffes. Ses doigts se refermèrent dessus, pressant la chair, faisant gouter le sang le long de son bras.


- « SORS DE MON CORPS !! »

Sa tête bascula en arrière, bouche ouverte, prise dans une lutte intérieure qu’aucun des présents ne comprenaient. Un cri muet s’échappa d’entre ses dents serrées, et enfin, une fumée opaque s’échappa de ses yeux, de son nez, de sa bouche, ses oreilles, se rassemblant au-dessus de son corps tordu, meurtri, mais vainqueur.

Le nuage resta statique une demie seconde avant de filer à toute vitesse vers le corps encore chaud du défunt. Il s’infiltra entre ses lèvres laissées entrouvertes par la mort, et d’un coup, le cadavre se releva, comme tiré par des fils invisibles.

Au même moment, Rose s’effondra, consciente mais tremblant de tous ses membres, la lueur bleutée de ses yeux vacillante. Ses dents claquaient, incontrôlables, son âme et son corps en état de choc après cette intrusion contre-nature.

Le mort lui sourit, passa un main sur son visage qui se métamorphosa pour apparaitre sous les traits de cette nouvelle âme qui occupait sa chair.
La surplombant de toute sa hauteur, Lycaon gardait tout de même une distance respectable avec cette fille dont le corps épuisé continuait de produire une si formidable quantité d’énergie magique.

- «  Mon fils, appela-t-il en tendant une main Edward. Viens me rejoindre.
- Ne… Pensez… haleta-t-elle, sans parvenir à achever sa phrase. »

Autour de Rose, la quantité d’éclairs azurés avaient augmenté, électrisant l’air de milliers d’étincelles.
Le souverain leva ses larges mains tatouées en signe d’apaisement :

- « Du calme, petite. Comme je te l’ai dit on peut s’entraider. Je suis sûr que je pourrais répondre à deux ou trois petites questions pour ton copain. Après tout, je suis le premier. Pas vrai ? »

N’ayant pas la force de répondre, la jeune femme questionna Edward silencieusement du regard.

Toujours allongée, aux portes de l’inconscience, rejointe par ses fidèles filles, la Mère délirait.
Trempée de sueur, elle répétait sans cesse les mêmes paroles incohérentes.

- « Quand la lune rouge… rejoindra… lune noire… lune blanche… alors… alors… »

Spoiler:
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 16 Sep - 12:50

Mon fils…

Deux mots prononcés sans peur, sans colère et surtout, sans dégout.
Tête basse, ses longs cheveux redevenus noirs masquant ses traits, Edward haletait. Un miracle semblait le maintenir sur pied. Il exhalait la fatigue comme une cocotte empeste un parfum bon marché. Ses épaules se soulevaient rapidement au rythme d’une respiration erratique qu’il peinait à calmer. Rose avait beau l’avoir lâché, la magie continuait de crépité autour d’elle, autour d’eux et surtout en lui, au point que ses poils étaient restés hérissés par l’accumulation d’électricité statique.
Un pas, puis un second. Fixant le sol, Edward avançait. Il dépassa Rose dont il entendit la vaine tentative de protestation. L’envie lui vint de l’étreindre, de l’embrasser, de caresser ses cheveux d’or en s’assurant qu’elle n’était pas blessé, mais une autre force l’empêcha de s’arrêter et il continua sa route sans même la regarder.

« À quoi tu joues l’poilu ! Beugla le lapin, toujours près de la Mère et de ses filles. Princesse furie a besoin d’toi ! On a besoin d’toi !
Il ne nous entends pas ? Interrogea Cléopatre, à genoux près de la blessée.
J’vais l’arrêter moi ! Cracha Jeanne en bondissant sur ses pieds. Un bon coup dans les p…
Ne fais pas ça ! L’arrêta Lady Godiva en la saisissant par le poignet. C’est Rose notre priorité. En tant qu’indomptable, nous résistons mieux à la magie de la Mère. Va l’aider.
A-Attendez, bredouilla la boule de poil. Y sont autant important l’un que l’autre. Vous pouvez pas l’laisser tomber !
Hélas… Il est trop tard. »

Edward tomba à genoux aux pieds de Lycaon.
Un sourire bienveillant apparut sur son visage anguleux, à la mâchoire couverte d’une épaisse barbe noir et dont le nez droit se distinguait par une arrête très dessinée typique des grecs. Il dégageait un charisme oppressant, si puissant, qu’il occultait jusqu’au trou béant de ce corps emprunté. Se penchant lentement, il posa une main sur l’épaule d’Edward et de l’autre, l’invita à se relever. Docile et silencieux, le loup obéit. Le grand roi d’Arcadie le prit dans ses bras, l’étreignit avec une ardeur toute paternelle, avant de s’écarter d’un pas pour mieux le contempler.
Il chercha à lui faire redresser la tête, mais Edward se déroba. Le sourire du souverain se transformèrent en un rictus et il referma ses puissantes mains sur les bras de celui qui lui faisait face. Inclinant la tête, il déposa son front contre le sien.

« Là… C’est terminé. »

Sa voix d’un doux-amer assumé, soufflait autant l’amour que la haine. C’était le timbre des dominateurs et des tyrans, celui des êtres qui terrorisent pour mieux feindre l’affection et s’érigent en dompteur de couards et de brutes. Ses doigts remontèrent jusqu’à la gorge d’Edward, marquée d’une longue cicatrice dont le loup blanc ignorait la terrible histoire. Lycaon l’effleura du bout des ses ongles.

« Tu en as assez n’est-ce pas ? Après tout ce que tu as fait, les tiens ne veulent toujours pas de toi. Ils ne te comprennent pas, mais moi… Moi je peux t’aider. »

Les bras tatoués de Foll se mirent à crépiter. De sombres éclairs les parcouraient, déchirant le brouillard des limbes qui s’obscurcissait. Le iris de Lycaon commencèrent à s’assombrir et à s’étendre et ce corps, qu’il ne maitrisait pas encore, commença à craquer et à se tordre.
Edward n’avait pas bougé. Le souverain tenait toujours entre ses mains désormais griffues qu’il enfonça sans remord dans sa chaire. Ses gens blanches s’effilèrent, s’allongèrent et sa gueule au sourire difforme exhala l’odeur infâme de chaire humaine. Plus gutturale, plus froide, sa voix s’éleva à nouveau, dévorant l’espace :

« Je les détesterai pour toi, je les vomirai pour toi, je les soumettrai pour toi. Mon fils… Toi que ce rôle de roi répugne et oppresse, remercie moi. Je vais, enfin, te retirer ce poids. »

La face de Lycaon se gondola, changea. Ses yeux d’un noir d’encre brûlaient d’un feu mauvais. Ses lèvres tordues se retroussèrent sur deux rangées de crocs écarlates. Ils délivrèrent la même fumée noire que celle qui s’était extraite d’Edward, puis de Rose et s’écartèrent prêts à se refermer sur la gorge d’Edward, toujours inerte.
Le lapin hurla, mais il fut couvert par un cri. Redressée, transpirante, la Mère fixait la brume avec l’ardeur des folles. Elle hoqueta, articula dans le vide, manquant de souffle, puis une grande inspiration la saisit et la jeta dans une transe digne de la Pythie. Cambrée, possédée, elle s’épuisa en une exclamation exaltée :

« Folle est la lune qui croit pouvoir
Voler la larme rouge de l’espoir
Craint le tourment toi, peste noire,
Le grenat brisé réveillera l’ivoire.
 »

Et les sombres limbes furent inondées d’argent. Perçant à travers la brouillard, une immense lune, ronde et blanche, les enveloppa de ses blancs rayons. La Mère retomba dans les bras se ses filles, inconsciente, mais la plaie traversant son sein était guérie. Une douce étreinte enveloppa Rose, lui rendant supportable toute cette magie.
Lycaon s’était figé.
Edward le regardait. Sur sa joue droite coulait une larme écarlate et il le fixait à présent de deux yeux blancs. Une flamme immaculée s’éleva des plaies du loup, remontant sur les bras nimbés d’éclairs ténébreux de l’infâme tyran. Immédiatement, Lycaon le lâcha et recula. Sur ses gardes, bavant sa haine, il cracha :

« Impossible… La source primitive a été coupée par Zeus quand… »

Le mouvement fut infime, mais suffisant. En un battement de cils, Edward était sur lui. Lycaon eut la présence d’esprit de parer, mais le coup porté fut si puissant, qu’il lui brisa le bras droit et l’expédia à plusieurs mètres. Il n’avait pas encore atteint le sol, lorsque le loup blanc lui perfora le mollet de ses crocs. Le roi d’Arcadie poussa un hurlement de rage et de douleur mêlée. Il chercha à se séparer de ce corps pour mieux fuir, mais avant même son premier essai, il fut violemment projeté contre le sol et rebondit au milieu des os. Une étreinte, d’homme cette fois, se referma sur sa gorge. Lycaon se sut perdu.

« Est-ce que c’est vrai ? »

Le roi ouvrit un œil toujours habité de noirceur. Edward le fixait, les lèvres pincées et le visage tourmenté par un chagrin mêlé d’une colère qu’il avait tu pendant des années.
Le roi d’Arcadie s’engouffra dans la brèche :

« Qu’est-ce que tu veux savoir, hein ? Le menu de la soirée ? S’il y avait des enfants en hors d’œuvre ? Ou c’est le goût qui t’intéresse ? L’assaisonnement peut-être ?
Arrête…
Oh c’est vrai ! Tu l’as appris très tard, toi, le pauvre idiot qui savait à peine s’exprimer ! Ça a dû te faire un choc de découvrir que cette race qui faisait ta fierté descend d’un meurtrier.
Tu mens !
Ce n'est pas bon le déni, tu sais… fiston.
La ferme !! »

Il se dégagea du loup blanc, une formidable quantité d’énergie. Ses cicatrices se mirent à luire d’un éclat argenté et sous ses doigts, la peau de Lycaon commença à se fissurer. Une brèche traversa de sa gorge jusqu’à son bras brisé et horrifié, le roi d’Arcadie vit les doigts de sa main droite s’émietter. Edward aussi les vit. Il relâcha immédiatement sa proie et recula.
Lycaon fit un pas dans sa direction, mais sa jambe se délita et il tomba genoux à terre. Sa figure si rayonnante de supériorité affichait à présent un effroi indescriptible. Au comble de la terreur, il tendit la main vers Edward et implora, supplia, d’un timbre faible et enrayé :

« A-Attends… Ne fais pas ça ! Je… Je suis l’un des tiens, pas vrai ? Tu ne peux pas… Tu ne veux pas être comme moi… S’il te plait ! Arrête ça ! »

Edward sentit une douleur à l’œil droit. Il ne comprenait rien, tout le dépassait et de très loin, mais inconsciemment il sut que le pouvoir, l’énergie, cette chose qui s’était éveillée, allait à nouveau être scellée.
Il avait beau désirer que que tout s’arrête, Lycaon continuait de tomber en morceaux devant lui. Un pas. Abandonner l’un des siens, était au-dessus de ses forces.
Passant un bras sous celui du roi d’Arcadie, Edward essaya vainement de le remettre sur pieds. L’épaule du souverain se délita et se brisa, sa jambe se fragmenta, un bout de son flanc tomba. De sa seule main valide, Lycaon s’agrippa au loup blanc, mais l’ombre de la mort était déjà imprimée sur sa figure crevassée :

« C’est vrai ! Hoqueta-t-il, tandis qu’une partie de son crâne se décrochait. Le repas, la malédiction, tout est vrai ! Je te dirai tout, mais ne m’envoie pas au néant ! Pitié !
J’essaie, mais je…
Zeus a maudit notre race à cause de moi ! Mais nous existions déjà ! Ce n’est pas moi, tu entends ? Sauve moi ! Sauve… moi ! Ce n’est pas… moi ! Je… ne suis pas… le premier ! »

Lycaon se figea. Tout son corps bascula et en voulant le rattraper, Edward le fit exploser en poussières. Tremblant, le cœur battant, il regarda ses mains couvertes de cendres et de miettes. À ses pieds, un papier dépassait du tas sombre formé par les restes du tyran d’Arcadie. Edward le ramassa et reconnut une carte de Foll.
Il n’eut pas vraiment le temps de s’en soucier, car son instinct se mit immédiatement en alerte. Le temps de se relever, il tourna la tête, remarqua les filles autour de la Mère et s’empressa de rejoindre le lapin, désormais près de Rose. Affolement, empressement, l’endroit empestait l’approche d’un danger.
Le loup prit le relais, reléguant à plus tard les tergiversations de l’homme. Edward se précipita vers Rose et la prit dans ses bras. Il l’interrogea du regard, notant à peine l’absence soudaine de magie. Une main glissa dans son dos, mais il eut à peine le temps de lui murmurer quelques mots que leur guide s’emmêla d’un grand coup de pied dans le tibias :

« Plus tard les câlins ! Faut s’activer !
Qu’est-ce qu’il se passe ?
T’es bigleux ou quoi ? On est en train d’s’effacer !
De… Commença-t-il, remarquant tardivement qu’il voyait à travers Rose.
La carte des limbes a été détruite à cause de ton pote ! On doit sortir d’ici fissa si on veut pas y passer !
Emmenez la, somma Lady Godiva en soutenant la Mère.
Où ça ? Pesta le lapin. On sait même pas où on va !
Ils sauront, assura Cléopatre. Le passeur blanc et celle qui commande au Sheol… Vous trouverez la voie qui vous ramènera. Mais vous devez sauver notre Mère. S’il vous plait… »



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeMer 20 Sep - 18:36

Je te vois tu sais.
Je t’observe, je te jauge, je t’examine sous toutes les coutures, sous tous les angles.
Je connais chaque centimètre de ton corps comme si c’était le mien, mieux surement, car mon enveloppe à moi n’est pas aussi plaisante, j’ai toujours préféré la tienne.
Pourtant, toi, tu n’imagines pas que je puisse être là.
Je ne te blâme pas, ce n’est la faute de personne de toute façon. Enfin, peut-être bien que si, mais dans ce cas, je ne saurais pas qui accuser. Alors, je dois accepter. J’accepte.
Ce n’est pas grave. Je suis résilient. Toi aussi d’ailleurs. Depuis que tu es enfant tu t’adaptes, tu te transformes, tu sais plier quand il le faut, résister lorsque c’est nécessaire.

Loup et Humaine.
Humaine et Loup.
Tous les deux, vous résistez à la tempête, vous engendrez le chaos, vous bouleversez les lunes.
Noire, Blanche, Rouge.
Rouge, Blanche, Noire.
La vie, la mort.
La Mort, la Vie.
Et tout ce qu’il y a entre les deux.

J’entends le frottement de ses grandes mains contre la peau de ton dos.
Ta respiration saccadée et douloureuse.
J’écoute.
J’attends.
Tu le prends dans tes bras, et je ne sais pas ce que je ressens, car je ne suis pas comme vous.

Je crois que j’ai de l’affection pour toi tu sais. Depuis tout ce temps. Ma sœur aussi. Il n’y a pas que toi que l’on surveille, tu sais. Non, surveiller, ce n’est pas le mot que je voulais employer. On veille sur vous. Oui, c’est ça. Sur lui aussi. Sur tous les deux.

Après tout, nous avons goûté votre rancœur, votre détresse,  votre peine immense. Votre solitude. Ce désespoir de ne jamais être compris, de ne jamais trouver sa place. Étranger parmi les siens. N'être à sa place que lorsque l’on n’est personne. Et quand on est personne, on est seul.
Quel paradoxe que d’être façonné par la haine que vous avez reçue des autres, qui vous a modelé entre ses mains cruelles, et d’en sortir si beaux.

Tu bouges.
J’écoute, je vois.

Tu te remets debout rapidement, tu enjoins le Loup à faire de même, je le vois à tes gestes brusques et pressants. Tu paniques. Il vous faut sortir d’ici. Vous vous effacez déjà. Ce monde vous rejette aussi.

Tu lui dis de se presser, de porter la Mère. Tu devrais le toucher, c’est ce que tu as l’habitude de faire, je le sais maintenant. Pourtant tu ne le fais pas. Pourquoi ? Est-ce que c’est parce qu’il a failli t’abandonner ? Se laisser mourir aux mains du tyran sans même te regarder ? Je ne peux pas le dire, je ne comprends pas les sentiments humains. Peut-être que lui non plus.

J’attends.

La minuscule créature blanche est prise de panique. Elle saute frénétiquement, ne décide pas d’une direction à suivre.
Agaçante petite chose.
Inutile petite chose.
J’ai envie de la manger. Je me retiens. Ça te ferait de la peine. Au loup aussi. Ma sœur préfère le loup, surement à cause de ses crocs.

Les filles ont déjà disparu, vous ont laissé derrière elles.
Vous êtes seuls, encore.

Mais je suis là, moi.
Tous mes yeux sont grands ouverts, mes mains à votre disposition.

Regardez.
Suivez la lumière que nous tirons pour vous des ténèbres.

Tu la vois. Tu me fais une confiance aveugle même sans savoir qui je suis. Je suis joyeux. Cette émotion, je la connais parce que je l’ai apprise en t’observant.

Tu attrapes le Loup par le bras, la chose blanche lovée dans le creux de ton coude.
Je comprends. J’avais mal interprété. Tu n’étais pas fâchée contre lui. Tu as eu peur. Peur de le perdre, peur d’être seule. Tu es effrayée. Cette émotion là je la connais bien. Je sais la reconnaître à son odeur.

Mais ce n’est pas le moment. Suivez le chemin que j’ai tracé pour vous vers la sortie.
Pour vous, je dresse mes bras hors de la nuit.
Marchez sur ces mains qui s’extirpent du néant, qui vous empêchent de sombrer dans ce sol qui vous englue, se dérobe sous vos pieds.
Voilà, Rose, comme ça. Ta main libre guidant le loup, la peau de tes orteils contre la paume de mes mains.

Heureux. Je suis si heureux.
Vous me faites confiance.
Je veille sur vous de mes multiples yeux.
Je dévorerai pour vous de ma gueule béante ceux qui se mettrons sur votre chemin.
J’élèverai mes bras toujours plus hauts pour vous tenir hors du marasme.

Ma sœur, ma sœur !
Continue d’illuminer la porte !



***



L’instinct.
On lui avait répété toute sa vie:  « tu as de l’instinct. »
Et Rose s’était toujours demandé si cette terrible impulsion n’était pas plutôt pure folie. Alors, une fois encore, elle se posa la question lorsque ses petits pieds s’étaient posés sans hésiter sur ces mains griffues sorties de l’obscurité du sol et qu’elle avait entraîné Edward derrière elle.

Lorsque le chemin de membres s’arrêta, elle crut distinguer une porte, ou quelque chose qui en avait la forme, dont la lumière perçait à travers le bois du battant, à travers l’interstice des pierres et par le trou de la serrure.
Une large rune tracée dans une matière rouge encore gluante était apposée sur la porte. La contrebandière voulu questionner la Mère, mais celle-ci gisait encore inanimée dans les bras du loup blanc.

- « Est-ce que tu penses que… ? »
- « R-r’gardez !! »

L’exclamation affolée du lapin lui fit tourner la tête dans un lent demi-tour. Et là, elle la vit. La créature immense, maigre, noire, griffue, à la gueule béante et aux crocs acérés. Elle avait un corps presque humain, mais une tête de canidé au museau horriblement allongé, ornée de cornes, aux yeux multiples, rouges qui s’étendaient jusqu’à son torse et ses bras. La créature se tenait voutée, un bras osseux tendu en avant. Le mouvement le fit bouger légèrement, dévoilant un dos dont les os de sa colonne pointaient comme des piques, s’achevant sur une queue squelettique. Sa gueule s’étira en un rictus terrifiant, dont deux dents de sabres s’échappaient et Rose compris qu’il leur souriait.

Un son étrange, grinçant et dérangeant glissa hors de sa gueule. Pourtant, Rose le compris aussi clairement que si il s’était adressé à elle en français.
Lentement, sa main se posa contre celle de la créature, paume contre paume, et elle souffla doucement à Edward, ne sachant si lui aussi l’avait comprise.

- « Je crois qu’il nous dit bonjour. Je crois qu’il veut nous aider. »

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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 23 Sep - 13:25

Elle est là, accroupie, patiente, petite fille aux longs cheveux noirs et à la peau dorée. Sous ses mèches en vracs, pleines de poussières et de saleté, ses grands yeux fixent l’obscurité d’une caverne de bric et de broc, faite des restes de charrettes, des pots cassés et de tout ce que les hommes ont jeté. À mi-chemin entre elle et ces ténèbres se trouve un morceau de pain à moitié croqué. Malgré la faim qui la tenaille, elle tient à le partager. Mais rien. L’impatience fronce ses sourcils, mais elle ne bouge pas malgré ce soleil qui la cuit. Un nuage passe. Présence est inespérée dans ce ciel d’un bleu limpide, il prend ses aises et s’installe devant l’astre brûlant.
Du bruit. Elle sursaute, mais plaque aussitôt ses mains sur ses lèvres pour ne pas se trahir. Muette et immobile, elle observe la chose étrange qui sort prudemment de sa tanière de fortune.
Elle fait sa taille. Noir, maigre, le dos courbé, des bras trop longs, des pieds trop court. Animal, mais pas tout à fait. Trop d’yeux sur cette face émaciée où un sourire affamé s’étire à la vue du bout de pain. La créature avance comme une ombre, saisit l’encas entre ses griffes et se met à saliver par gourmandise. Alors qu’il se retient de l’avaler tout entier, son ventre gargouille. Le bruit est formidable au regard de son maigre corps et prend de court la fillette, qui explose de rire.
Peur. La chose n’avait ni vu, ni sentit l’enfant et terrifiée, elle s’enfuit jusqu’à sa cachette. Le quignon de pain est perdu. Il roule dans le sable jusqu’aux pieds de la petite qui s’en veut d’avoir été si indiscrète. Doucement, elle l’époussette de ses mains loin d’être propres. Elle souffle dessus avec la plus grande attention et après une série de rapides petits pas, elle s’agenouille devant le repère. Sans crainte, elle avance sa main dans les ténèbres :

« C’est pour toi, tiens, prends le. »

Elle attend un peu, mais rien ne bouge. Alors elle se penche face au trou, jusqu’à coller sa tête dans le sable et pour espérer l’apercevoir.
Des dizaines d’yeux écarlates clignent dans l’obscurité.
L’enfant sait qu'elle devrait en avoir peur, mais elle en est incapable. Elle le sent, ils sont pareils. Lui aussi on le déteste parce qu’il n’est pas pareil.
Il est tout seul.
Elle est toute seule.
Pour elle c’est une évidence. Toujours avachie dans la poussière, sa main se resserre sur le bout de pain, elle murmure d’une voix altérée par un craintif espoir :

« On peut être ami si tu veux. »

Les yeux clignent, le nez se tend.
La surprise la fige, mais très vite elle se reprend et ouvre la main. Le contact la chatouille et elle a du mal à ne pas rire lorsqu’une langue étrangement lisse et douce passe entre ses doigts.
Le pain est avalé. Elle recule un peu et se redresse. Le nuage a disparu, mais à présent c’est son ombre à elle qui couvre l’entrée du petit refuge.
Le museau s’en extrait, bosselé de crocs et de petites cornes, puis la tête s’avance très lentement et deux grandes et fines oreilles s’extirpent de l’antre. Les yeux se lèvent, curieux, craintifs, mais bien vite ils se ferment succombant à la douceur d’une caresse.
L’enfant sourit. De la joie plein la gorge, elle s’enchante :

« Je t’appellerai… »


***


« Nero… »

La créature redressa ses longues oreilles en pointes et son sourire s’effaça. Tous ses yeux se portèrent sur le corps sans force de la Mère. Ses doigts tressaillirent et elle ouvrit péniblement les yeux. Le visage penché sur le côté, elle répéta le même nom et la créature recula.
La joie que Rose lui avait apporté en lui accordant sa confiance s’était dissipée, remplacée par une profonde tristesse. La queue basse, le regard fuyant, il se rapprocha en même temps de la porte et de la contrebandière, sans parvenir à masquer son envie de dévisager celle qui l’appelait sans cesse.
Le Mère s’était redressée. Elle reprenait lentement ses esprits et ne remarqua pas tout de suite le monde qui se dissolvait autour d’eux. Elle vit Edward, sentit sa peau contre la sienne et tressaillit. Un première mouvement de rejet la prit, mais le loup blanc ajusta son étreinte avec une force si rassurante, que la Mère se radoucit. Encore un peu hagards, ses iris s’arrêtèrent sur Rose, puis se refermèrent et elle s’accorda un instant pour reprendre ses forces.
Elle demanda à être déposée au sol et avec la plus grande précaution, Edward l’aida à se remettre sur pieds. Sans s’en rendre compte, elle conserva un appui sur son bras solide, assimilant petit à petit ce qui l’entourait.
Une suite de sons étranges interrompit ce court silence. Nero s’agitait, la main de Rose toujours dans la sienne. Il émit encore une fois cet étrange gargouillis, mais il semblait adressé à Edward cette fois. Le ton était encourageant, mais il s’en dégageait également quelque chose de pressant qui leur rappela à tous que les limbes se délitaient.

« Qu’est-ce qu’il lui prend au cure-dent-garou ? Interrogea le lapin qui s’était hissé dans les bras de Rose.
Il… Il veut vous réconcilier… Murmura la Mère.
Nous… Débuta Edward en jetant un coup d’œil à Rose. Mais ça va. Nous ne sommes pas fâchés.
Ce n’est pas d’une dispute qu’il est question, reprit-elle d’une voix toujours faible, mais plus posée. Vos cœurs ont tant soufferts, ils sont encore fragiles face au bonheur. Les derniers évènements vous ont fait peur et il le sait. »

Edward se pinça les lèvres.
Malgré tous ses efforts pour ne pas laisser la mort de Lycaon réveiller ses craintes, l’image de sa figure suppliante et morcelée ne l’avait pas quitté. Ce corps tombé en poussière entre ses doigts, victime d’un pouvoir qu’il ne connaissait pas, l’avait ramené à cette place de destructeur qui l’effrayait. L’idée tenace que tout ce qui l’entourait et en particulier ceux qu’il aimait, tombaient en miettes à son contact, avait de quoi le pousser à s’isoler.

« Rose, je… »

Un nouveau gargouillis. Nero s’était saisi de la main tendue du loup blanc et d’un geste emprunt d’un absolu soutient, il la glissa dans celle de Rose. Après une infime hésitation, les doigts d’Edward se resserrèrent et il tira la jeune femme jusqu’à lui. Il la prit dans ses bras et murmura une excuse au creux de son oreille, sans faire cas du lapin qui dût monter en vitesse sur les épaules de la demoiselle.
Nero les observait, paumes jointes, doigts entremêlés. Tous ses yeux brillaient d’une émotion intense et d’une joie que ses gargouillis transmirent avec une étonnante facilité.
Le lapin eut une moue circonspecte et toisant ce monstre fleur bleue, il abandonna d’un ton moqueur :

« Ah ouais… Il vous ship grave en fait. »

Quelques éclairs bleutés crépitèrent autour de leurs deux corps. La porte écarlate se mit à briller au point de les aveugler. Moins d’une seconde s’écoula. La luminosité revint à la normale, révélant qu’ils avaient été transportés dans un tout autre espace.
Edward le reconnut immédiatement, malgré les volutes bleues et brillants qui les entourait, mais ce fut au lapin de réagir le premier. Toujours sur l’épaule de Rose, il se redressa et appliqua ses deux pattes sur sa joue pour lui faire tourner la tête à droite :

« Heeep hep hep ! Regardes plutôt par là toi.
Oh Rose… C’est qu’il a une jolie paire de-
Ne terminez pas cette phrase ! coupa Edward, qui avait allègrement dépassé le stade rouge écrevisse. »

L’Arène de la Curia. Au sol se trouvaient leurs corps inconscients. Rose se tenait tout contre lui, mais le matin les avait surpris, laissant le loup-garou en tenue d’Adam. Edward avait beau ne pas être des plus pudiques, il y avait certaines limites et entendre une presqu’inconnue commenter ses avantages en faisait parti.
Gardant la main de Rose dans la sienne, il évita soigneusement son regard, tâchant de retrouver une certaine contenance malgré la chaleur qui consumait jusqu’au sommet de son crâne.
Nero, attendrit par cette innocente étreinte, poussa une nouvelle série de sons heureux. Edward s’en serait bien passé, mais son envie de le sermonner fut balayée par un brusque étonnement :

« Tu es rouge toi maintenant ?
C’est parce que nous sommes dans l’Ether, expliqua la Mère.
Dans… Quoi ?
C’est le miroir du monde réel, indiqua le lapin tout en surveillant Rose. C’est là que circule toute la magie. C’est tout ces machins bleutés qui volent et se collent à Princesse Furie et à la Vieille.
C’était le seul moyen de quitter les limbes, reprit la Reine des Indomptables en tiquant sur l’adjectif employé par la boule de poils. Nero est l’un des rares à pouvoir y accéder directement. Mais nous ne devons pas nous y attarder, ce serait dangereux pour vos psychés. Donnez moi la main. Je vais pouvoir nous ramener dans vos esprits en puisant un peu de l’énergie qui circule ici. »

Edward oublia d’hésiter, ravi de quitter un endroit qui en révélait un peu trop sur lui à son goût. Il tendit la main, mais elle se heurta à un mur de brume opaque. Un instant avait suffi. Autour d’eux, les volutes s’étaient obscurcis, changeant rapidement de teinte.
Vert. Vert glauque, oppressant et poisseux.
Deux émeraudes s’illuminèrent dans cette purée de pois et un rire odieux s’éleva. Il précéda une voix coulante comme du miel mixé à de l’acide :

« Oh allé… Je sais que je vous ai manqué ! »

Foll.


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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeDim 24 Sep - 23:08

Un violent haut le cœur submergea le corps de Rose.
Ses doigts se resserrèrent fermement sur ceux d’Edward ; toute son âme rejetait le souvenir de ces mains infâmes posées sur elle.

Lentement, la silhouette de Foll se dessina à travers la brume jusqu’à apparaître distinctement, un sourire moqueur étirant ses lèvres sous sa fine moustache. Sa tenue n’était pas différente de celle qu’il portait précédemment, si ce n’était que la plaie fatale de son torse s’était volatilisée laissant chemise et peau intactes.

- « Ben alors ? Personne pour me souhaiter un bon retour parmi les vivants ? Non ? Rooh allé ! »

Il soupira, faussement attristé et adressa un clin d’œil à la Mère qui le fixait, dents serrées. L’ignoble personnage se tenait entre eux et la sortie, leur barrant toute retraite.
La tension monta subitement d’un cran et Nero se hérissa en miroir : de son corps émacié s’éleva un son discordant mais puissant, proche du grognement d’avertissement.

- « Foll, laisse-nous passer.
- Allons, allons. Tu sais bien que je ne peux pas.
- ‘Spèce d’ordure ! Dégage de là ! »

Le regard froid du magicien descendit jusqu’au lapin ; son sourire s’élargit devant la panique du petit animal, dont les moustaches frémissaient de rancœur. Puis, ses prunelles se relevèrent jusqu’à celle du loup blanc, auquel il adressa un vague geste de la main plein de connivence masculine.

- « Si t’es sage, je te laisserai avoir ce qui restera d’elle quand j’en aurais fini. Je ne suis pas un monstre, je comprends qu’un homme puisse avoir des besoins. »

VOOSH

Le poing chargé d’énergie bleutée frôla son oreille de quelques millimètres ; Foll esquiva de justesse, et ses yeux croisèrent ceux animés d’une lueur folle de Rose. Reprenant ses appuis, elle se baissa, si rapide que son adversaire ne vit qu’un éclair blond, et le faucha aux jambes.
Cette fois, l’homme s’écroula, mais son affreux rictus ne l’avait pas quitté.

- « On t’as déjà dit que ton clébard avait une jolie paire de-
- LA FERME ! enragea Rose, très fâchée d’être la seule à n’avoir rien vu du tout. »

Elle frappa sans hésiter. La décharge de puissance atteignit sa cible de plein fouet, la faisant littéralement imploser dans un bruit de verre brisé.
Sous elle, à la place de Foll, ne se trouvaient que des éclats tranchants.

- « Que… ?
- Tu aimes mon petit tour de passe-passe chaton ?
- Un sort miroir… murmura la Mère, abasourdie.
- Bingo ! Raaaah si tu savais comme je suis heureux ! On va tellement s’amuser finalement ! »

Rose regarda sans le croire ses phalanges ensanglantées. Dans l’Ether, elle se sentait galvanisée : plus de douleur, elle était invincible ; complétement shootée, chaque particule de son organisme irradiait de magie.
Elle allait réduire en poussière cet être ignoble et…

Une déflagration.  

La chaleur balaya le visage de la jeune femme. Par réflexe, elle ferma les yeux, mais sentit distinctement des griffes se refermer sur le tissu de sa chemise. Le cri de surprise de la Mère éclata dans ses tympans.

- « Alba ! »

Rose leva avec précaution la tête vers la créature qui les surplombait.
Elle était immense, blanche, avec une gueule aussi démesurée que celle de Nero, bardée de crocs plus épais que des lames de rasoir. La créature avait étendu deux ailes nervurées, semblables à celles des chauves-souris, aux extrémités griffues ; comme son frère, son dos était hérissé d’os pointus qu’achevaient une queue d’écailles immaculées. C’est elle qui les avait protégés du feu grégeois de Foll, agrippant Rose entre ses serres pour la mettre à l’abri.
Mais au contraire de Nero, nul œil sur son visage, nulles oreilles de canidé ou de cornes. Seulement cette bouche affamée et démesurée, à présent bavant d’envie. Elle aurait bien fait du moustachu son quatre-heures, mais elle l’avait balayé d’un coup d’aile trop puissant. Dommage.

Alba – puisque c’était ainsi que la Mère l’avait appelé- poussa un sifflement mélodieux pour saluer sa maîtresse, et encore une fois, la contrebandière la compris, malgré l’absence de mots humains.

Elle trouvait Edward fort à son gout.

- « Eh ! protesta-t-elle. Il est à moi ! Puis croisant le regard moqueur du lapin et celui un peu dégouté de la Mère, elle bafouilla, les joues rouges : Je veux dire… Pas à moi, à moi, dans l’sens ou c’est un objet…  Mais… Sur le principe… Enfin…  Rah et puis zut à la fin ! »

Nero approuva vivement de la tête, émettant des gargouillements de soutient pour sa nouvelle amie. Alba, se retourna, toisa son frère de toute son immense stature, pour finalement avancer sa gueule entrouverte près du visage de Rose. Elle la frôla, souffla sur son visage, et des relents de viande putréfiée la saisirent à la gorge.

La contrebandière, loin d’être effrayée, posa une main sur sa hanche, l’autre sur la gueule de la créature.

Un flash.
Sa chambre d’enfant.
Nero roulé en boule sur son lit, sa chaleur réchauffant la couche.
Alba pliée en quatre sous les poutres de sa mansarde, la gueule rouge du sang des rats tout juste capturés.
Le sentiment soudain de quelque chose qui a été oublié.
Pourquoi ?
Comment ?
C’était impossible.

Pourtant….

- « Je … Vous connais…
- Touchantes retrouvailles. Vraiment. »

Foll applaudit mollement, baillant à s’en décrocher la mâchoire. Nonchalamment, il passa d’un pied sur l’autre, rentra ses mains dans ses poches, se massa la nuque.
Alba se retourna, son sourire s’élargissant, une bave poisseuse et gluante goutant de sa gueule. Nero plus protecteur qu’offensif se rapprocha de Rose, enroulant ses maigres bras autour de ses épaules, sa queue encerclant de ses chevilles dans un geste défensif .

La Mère avança résolument vers leur adversaire. Elle était royale, superbe malgré les revers et les coups du sort. En dépit de l’absence de ses pouvoirs, l’Ether lui rendait des forces, ses paumes s’illuminèrent faiblement. Elle était la première, et rien ne l’empêcherai de protéger ses filles chéries. Surtout celle-ci.  

- « Alba, Nero. Sortez Rose d’ici. Je vais le ralentir. Elle se tourna vers Edward, hésita un infime instant avant de demander  doucement : Prend soin d’elle, s’il te plait.
- Faut pas nous l’dire deux fois la Vieille ! Allé, on s’arrache d’i-
- Tut-tut-tut… »

Foll avait toujours cette même mimique déplaisante, cette attitude flegmatique qui colla immédiatement la chair de poule à la contrebandière.

Un claquement de doigts.

Ils étaient encerclés. Des centaines de reflets de Foll exactement identiques, bougeant dans un même mouvement les cernaient de toutes parts.

- « Comment savoir quel est le vrai ?
- Tire dans l’tas la Vieille ! Réfléchis-pas ! »

Ce que fit Alba sans hésiter dans un rugissement haut perché. Elle se chargea de l’aile droite tandis que la Mère s’occupait du flanc gauche. À mesure que les ennemis tombaient en miettes, le lapin s’enhardissait. Mais Nero, lui,  tournait autour d’Edward et Rose visiblement nerveux, ses hautes pattes grattant le sol avec inquiétude.
Soudain, la Mère se retourna, le visage déformé par une réalisation pleine de frayeur.

- « Atten- »

Trop tard.

Une main s’était dressée sous leurs pieds, et se saisit de la cheville de Rose, l’entrainant dans la brume verdâtre qui s’était délitée sous eux. Elle n’eut pas le temps de hurler que déjà, les mains de Foll se refermaient sur sa gorge. Elle se débattit, mais le magicien la poussa sans ménagement à terre, et une force inconnue la plaqua au sol.

Nero, désorienté par ce rapt, se rua vers la captive, mais encore, un mur invisible se dressa entre lui et l’immonde personnage.
Prisonnière, immobilisée malgré sa magie, Rose se débattait tant bien que mal, refusant de céder à la panique. La Mère combattait encore de toutes ses forces aux côtés des deux familiers et elle entendait les cris étouffés du petit guide qui refusait de baisser les bras.

Alors, lorsque Foll se pencha vers elle, une lueur malsaine dans le coin du regard, elle lui cracha au visage.
Sans s’émouvoir, le sorcier essuya sa joue, haussant un sourcil circonspect. Il avait une confiance en lui absolue. Mais d’abord, il allait se débarrasser du loup qui avait failli le décapiter une première fois. Juste pour voir le désespoir se peindre sur le visage de cette petite trainée.

- « Viens, l’appela-t-il dans un rire moqueur. Si tu veux en profiter tant qu’elle est encore en bon état. »

Trop occupé à narguer le loup blanc, il n’avait pas remarqué que doucement, les doigts de Rose avaient commencé à remuer.
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeVen 29 Sep - 19:15

« Attend ! »

Edward se figea sur sa lancée. Le lapin avait rejoint Nero et appuyait se truffe contre la paroi invisible. La scène aurait mérité un « Moooohw » attendrissant, si la boule de poils n’avait pas paru complètement affolée. Après un dernier coup d’œil pour la Mère, toujours aux prises des clones de Foll aux côtés d’Alba, il leva la tête vers d’Edward.
Le loup blanc bouillait de colère. Il en tremblait, les poings serrés avec tant de force qu’il faisait saigner ses paumes dans lesquelles ses ongles s’enfonçaient. Presque suspendu en l’air, une bise, même infime, aurait suffi à le projeter sur Foll avec plus de puissance qu’une tornade. Mâchoire serrée, il fusilla le lapin du regard et pour la première fois, ce dernier eut un aperçu de la vie d’une proie.
Il eut l’impression d’avaler une lampée de pierres, mais insista et tint tête à la bête :

« Tu f’ras pas l’poids ! Pas dans l’Ether !
Tu veux parier ?
Sois pas plus nigaud qu’tu l’es ! Ici le pourri ou Princesse sont quasiment invincibles !
Flatteur ! S’amusa Foll en balayant l’air de la main.
Poilu, ça m’déplait autant qu’à toi, mais fonce pas dans l’tas ! Tu vas y rester !
Quasiment… Siffla Edward en braquant ses iris sur Foll.
Genre 99,99999% ! S’étrangla le guide.
Ça m’suffit. »

Foll sourit. Le lapin émit un son paniqué, auquel Nero répondit avec un écho tout aussi épouvanté. Pourtant Edward s’élança sans sourciller. Tout ce qui lui importait, c’était d’arracher les deux bras de ce taré pour qu’il n’ait plus jamais l’opportunité de toucher Rose.
Premier coup porté dans un rugissement furieux, mais il fut esquivé. Le revers frôla sans toucher. Au troisième essai, il prit forme animale et sa gueule se referma sur le bras de l’odieux magicien, il tira dessus de toute sa rage destructrice, mais sa proie s’évapora dans un nuage de fumée pour reprendre contenance, juste à côté. Edward retrouva forme humaine pile à temps pour parer une simple pichenette qui l’expédia sur une vingtaine de mètres. Il heurta de plein fouet la barrière dressée par Foll, vacilla, mais tint bon. C’était juste un échauffement.

« Il va se tuer, s’alarma le lapin en baissant les oreilles. Il va se tuer et ensuite Princesse furie me fera la peau pour ne pas l’avoir empêché ! »

De nouveau loup, Edward bondit sur Foll. Le mage se dématérialisa encore pour revenir une fraction de seconde plus tard et tenter la même manœuvre, mais cette fois le coup ne porta pas. Edward retrouva figure humaine, esquivant l’assaut et contra par un coup de poing phénoménal qui eut pour seul mérite d’ébouriffer la moustache de son ennemi.
Un bond en arrière, forme animale, ses crocs se refermèrent une fois de plus dans une purée de pois. Foll reparut juste derrière lui et visiblement d’humeur à s’amuser, il se contenta de se débarrasser du loup blanc en l’envoyant valser contre le mur invisible d’un banal balayage de revers de main.
Le choc fut d’une violence inouï. La paroi s’étoila autour du corps d’Edward, mais immédiatement, la magie ambiante en referma toutes les fissures. Le lycanthrope retomba sur ses pieds, mais au moment d’avancer, il posa un genoux à terre et toussa une giclée de sang.

« Déjà fatigué ? S’enquit Foll. C’est fou ! Je pourrai faire ça toute la journée ! »

Mais Edward se redressa et oubliant d’hésiter, il se jeta à corps perdu dans l’affrontement sous le regard effaré du lapin et de Nero. Le guide appela Rose à plusieurs reprises, dans l’espoir qu’elle interrompe ce qui était tout sauf un combat équitable, mais la demoiselle ne semblait pas en mesure de réagir.
Edward vola, tomba, chuta, à mainte et mainte reprises, mais jamais il ne céda. Ce petit jeu commença à agacer Foll, car à mesure qu’ils se confrontaient le loup blanc parvenait à éviter de plus en plus de coup et à en porter davantage. Aucun n’était efficace, mais le caractère tyrannique du mage lui rendait cette insolence intolérable. Il rêvait de le voir au désespoir, à genoux, suppliant qu’on l’épargne. Frustré et aigri qu’on lui tienne ainsi tête, ses attaques se firent plus directes et plus sérieuses. Edward en parait la majorité, mais l’une d’elle le prit de court et il percuta le sol avec une telle force qu’il crut perdre connaissance.

« Reste couché… Murmura le lapin, qui sentait que la fin du loup approcher.
Où est Rose ? s’enquit la Mère essoufflée, visiblement victorieuse malgré des bras vilainement lacérés.
Là-dedans ! Faut les aider, Foll les a enfermé avec lui ! Et cet idiot est en train de chercher à se faire suicider ! »

Edward s’était relevé. Le visage en sang, le bras gauche tordu, il souriait. Ce fut la goutte d’eau pour Foll. Jusqu’à présent, il avait patiemment attendu les assauts sans s’éloigner de Rose, mais voir cette arrogance à son encontre le rendait malade. Il se précipita sur Edward, décidé à le réduire en miettes.

« Et il se marre ! Le poilu a pété un plomb !
Je ne crois pas, souffla la Mère. C’est même tout le contraire.
Mais ça va pas ? s’étrangla le lapin. Tu d’viens sénile mémé ?!
Non… Non j’ai l’impression que… Oh par tous les dieux ! Nero ! Alba ! »

Le frère et la sœur répondirent d’un même geste. Tous deux se précipitèrent sur le lapin et sur la Mère, les enveloppant l’un de ses bras, l’autre de ses ailes.
Pile à temps. Edward avait esquivé sans problème l’attaque de Foll.
En deux bonds lupins, il rejoignit Rose et se pencha sur elle.


* * *


« Vous êtes sûr qu’il n’y a aucun risque Jakob ?
Parfaitement patron.
Ré-expliquez moi encore une fois comment ça marche, concrètement.
Pour l’activer il faut être un émetteur de magie, c’est à dire un mage ou un sorcier, un démon éventuellement. Bref un Légendaire qui sait puiser l’énergie de l’Ether et l’utiliser.
Et donc, même si je suis un Légendaire, il n’y aucune chance pour que je le déclenche par erreur ?
Aucun. Vous n’êtes pas un émetteur. Les lycanthropes, sont uniquement des catalyseurs.
D’ac…cord…
…Reprenons du début. »


* * *


Des éclairs percèrent les volutes verts, percutant de plein fouet la barrière qui vola en éclat. Foll parvint à se protéger, mais il se brûla la main en repoussant la foudre. Hors de lui, il ne put qu’assister au déversement de puissance qui se produisait juste sous son nez.
Jamais Edward n’avait compté le vaincre. Il s’était contenté de lutter, cherchant les chocs, pour emmagasiner coup après coup, un peu de la puissance de Foll. Incapable d’utiliser la magie de lui-même, il avait abusé de son métabolisme phénoménal pour la stocker jusqu’à ce qu’elle soit prête à déborder.
Lui, le catalyseur, il ne lui restait plus qu’à tout transmettre à un émetteur.
Il s’approcha des lèvres de Rose, juste le temps de plonger son regard dans le sien. Un sourire aussi joueur que charmeur et puis il ne murmura que pour elle :

« Puisque y tiens, je suis à toi, Rose Walkson. »

Il l’embrassa et la magie s’affola.



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeDim 8 Oct - 16:12


Cela s’annonça par une chaleur diffuse, faible mais cadencée, qui s’étirait, enflait et grossissait au creux de sa poitrine. Un picotement qui grimpa du bas de son échine, rampa le long de ses bras jusqu’au bout de ses doigts, pour fuir sur le bout de sa langue. Une impression de tout voir, de tout sentir, tout percevoir, de la moindre respiration à la plus petite cicatrice.

Tout commence par une étincelle.
Peau contre peau.
Une combustion totale.

Son sang s’échauffe, s’embrase, entre ses bras, elle se consume avec la facilité du fétu de paille.
Enfin, la magie déferle en elle, aussi la violente qu’un raz de marée, balayant tout sur son passage.

Subjuguée, Rose ferme les yeux et s’abandonne.
Elle en veut plus.
Sa prise s’affermit dans le dos du loup blanc, ses mains se referment sur ses vêtements, tous ses sens capturent la pulsation de ce cœur désormais sien.

À moi.

L’énergie s’agite, s’affole, s’emballe, s’élance et prend vie à la jonction de leurs deux corps alors que son esprit essaye de comprendre ce qu’impliquent ces deux mots.
L’air crépite autour d’eux, des éclairs azurés s’agitent, zébrent l’atmosphère de leurs flashs.  Les longs cheveux d’or de Rose dansent en corolle autour de sa tête, animés par la brusque accumulation d’électricité statique.

Lorsqu’elle ouvre à nouveau les yeux elle s’écarte un instant des lèvres d’Edward, le fixe intensément de ses pupilles luisantes bleutée et irréelles.
Elle se redresse lentement, reprend son souffle court, bouche entrouverte, sa langue glisse sur ses dents blanches.
Une respiration.

À moi.

Foll, hors de lui, enragé d’être ainsi ridiculisé, brandit vers eux un bras ou la magie verdâtre s’est accumulée. La haine se lit sur ses traits déformés par la rage. Il articule quelque chose que la blonde ne prend pas la peine d’écouter.
Elle s’en fiche, elle ne le distingue même plus.

À moi.

Sans hésiter, Rose se jette à nouveau sur la bouche du loup, avide, dévorante. Une main remonte le long de son dos, presse sa nuque, s’emmêle à ses cheveux, tandis que l’autre glisse le long de sa gorge, contre sa joue, toujours plus insistante.
Plus. Plus. Elle en veut plus.

La lueur verdâtre s’éteint au moment même où la Mère et le lapin poussent un cri : Foll s’effondre, frappé par la foudre bleutée.

Lascivement, Rose tourne un œil désintéressé vers le corps inerte du magicien, ivre, tremblante de cette puissance qui a déferlé en elle. Sa tête est engourdie, brumeuse, à l’exception d’une pensée obsédante qu’elle formule à voix haute, sans vraiment s’en rendre compte :

- « Tu en es sûr ? »

Elle  recule à quelques centimètres du visage du loup ; encore si proche qu’elle peut voir son reflet se refléter dans le miroir de ses yeux vairons.
Pour elle, le monde disparu, suspendu aux lèvres du loup blanc.

***

Au même instant, la Mère s’était précipitée vers le corps foudroyé, ignorant les amants, le lapin sur les talons. Elle s’accroupit à ses côtés, une main sur sa gorge, cherchant son pouls :

- «  Il respire encore, annonça-t-elle sombrement, mais le petit mammifère perçu dans sa voix un soupçon de soulagement. Ses moustaches frémirent :
- On doit s’en réjouir ?!
- On a besoin de lui vivant pour l’interroger, fit remarquer l’Indomptable dans un claquement de langue, coupant court à toute discussion.
- Pas faux. »

La mère posa précautionneusement la paume de ses mains contre ses tempes. Aussitôt, une fumée verte s’éleva de chaque orifice de son visage. Bouche, nez, oreilles, même ses yeux laissaient passer ces volutes intangibles, que la mère aspira entre ses lèvres légèrement entrouvertes. Une seconde, son visage afficha un air serein, la plénitude d’une fin que l’on obtient après de longues années de lutte. Elle souffla pour elle-même :

- « Enfin, je récupère ce qui est à moi.
- Attend, t’veux dire que c’toi qui a filé des pouvoirs à c’taré ?! interrogea le lapin, les oreilles subitement dressées.
- On fait tous des erreurs.
- Surtout quand on est amour- eh ! Ils sont passés ou les deux ?! »

La reine des Indomptables balaya l’Ether du regard et sa bouche s’étira d’une grimace contrariée :  

- « Guide, que connais-tu de la Magie ?
- Bah, les grandes lignes mais- …
- La Magie, expliqua-t-elle en le coupant, tandis qu’Alba maintenait leur prisonnier fermement entre ses griffes, est liée à nos émotions. D’autant plus lorsqu’on est comme Rose.
- T’veux dire qu’si Princesse Furie a vaincu si facilement l’autre taré c’parce que-
- Parce que le Loup a dû lui dire quelque chose qui a engendré une émotion très forte, en plus de la puissance qu’il lui a conféré. »

Le petit mammifère renifla autour d’eux, le nez en l’air, à la recherche de l’odeur de ses protégés, mais rien. Le néant.

- « Et donc là…
- Là, sa magie nous la dissimule, et je soupçonne que…
- Que ?
- Rien. Heureusement pour nous, Nero peut les trouver facilement. Elle se tourna vers le monstre noir et le congédia d’un geste délicat de la main. Va, mon ami, ramène-nous la gardienne et le Loup. »


***


- «  Même.... ? »

Agenouillée sur le sol de l’Ether, Rose n’avait pas bougé : succédant à l’euphorie, l’angoisse l’avait saisie brusquement à la gorge et ne la lâchait plus. Elle se sentait suffoquer, à l’étroit dans son propre corps, dans sa propre tête.

Cette idée l’avait heurtée de plein fouet, uppercut au milieu de son euphorie.
Si, une fois revenus dans le monde réel, tangible, Edward changeait d’avis. Si il avait honte d’elle, de ses manières brusques, de son mauvais caractère, de son rire trop fort et de sa voix trop haute. De ses cheveux indomptables, de ses taches de rousseur qui réapparaissaient dès que le soleil pointait le bout de son nez, de sa peau trop marquée par la violence.
Si il se ravisait une fois l’adrénaline retombée, les rêves effacés, les faux-enfants disparus, et l’avenir devant lui. Si il décidait qu’il pouvait trouver mieux, quelqu’un de sa stature, quelqu’un comme par exemple, disons… Elvira ?

Rose trouvait aisé d’exprimer son affection, ses sentiments, ses envies et ses désirs dans la chaleur du moment mais il lui était impossible d’exprimer ses peurs. Toujours, elles demeuraient coincées dans son sternum, écrasant ses poumons, l’empêchant de respirer.
D’une main rageuse, elle se frotta le visage : elle se trouvait pathétique. Qui est-ce qu’elle pensait être au juste ?  
Sans qu’elle s’en rende compte, les larmes lui montèrent aux yeux, brouillèrent sa vision jusqu’à ce qu’une perle salée roule le long de sa joue.

Elle voulait désespérément lui dire, mais les mots ne sortaient pas, ne sortaient plus.
De toutes ses peurs, celle-ci était la plus grande de toutes.

« S’il te plait.
Ne me laisse pas
. »


***


- « Regarde Mémé, il ouvre un œil !
- Ne m’appelle pas comme ça. »

Foll avait en effet ouvert un œil, et fixait la Mère et le petit Guide d’un regard mauvais. Il voulut bouger, se dégager mais un filet de bave gluant lui coula le long de la joue, et il leva les yeux pour découvrir la gueule salivante d’Alba le surplombant.

- « Pas tout de suite, Alba. Bien. Foll. Dis-nous en plus sur l’Ordre que tu sers. Et n'omets aucun détail. »

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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 14 Oct - 12:32

En voyant la larme couler, Edward paniqua… un peu.
La façon dont elle l’avait embrassé lui avait pourtant laissé entendre qu’il ne s’était pas trompé, mais en la voyant ainsi submergée, il se mit à douter. Le film repassa dans sa tête une, deux, trois fois en version accélérée, mais la raison de ses pleurs continuait de lui échappait.
Bête mal à l’aise, malhabile, il tendit la main, s’arrêta en chemin, tourna la tête, leva les yeux, réfléchit encore, crut trouver, la regarda à nouveau et paniqua plus encore. Le loup remplaça  un instant l’homme, approcha son long museau, l’éloigna, baissa, puis dressa les oreilles, fouetta une seconde l’éther de sa longue queue. Puis il se figea.
Quand Edward reprit son apparence humaine, il n’hésita pas et las de ses propres incertitudes, il attrapa brusquement Rose par le poignet et l’attira dans ses bras. Il l’a serra contre son cœur affolé et enfouit son nez au creux de son cou. En refermant ses mains sur cette belle fleur sauvage, son corps hurla dans un bruit.

À moi.


***


« Pardon ? S’étrangla Foll d’un ton outré. L’Ordre auquel j’appartiens ? À qui tu crois t’adresser exactement ?
À un méchant idiot, répondit le lapin.
Attends que je te transforme en porte-monnaie, peluche.
Vas y, viens ! J’vais t’montrer lequel de nous deux a quatre pattes portes bonheur face de gruaux. »

Mais une main aussi douce que ferme arrêta de la boule de poils, la soulevant pour l’installer au creux de ses bras.
Foll émit un petit ricanement victorieux qui fut étouffé par un nouveau coulis de bave. Il s’essuya d’un revers de bras et recula lorsqu’Alba s’approcha pour le renifler d’un peu plus prêt.
Un geste de la Mère et la créature accepta à nouveau de retarder son goûter. Sans hésiter, le regard assassin de l’Indomptable transperça celui de Foll et elle réitéra sa question :

« Tu es lié à l’Ordre, ne me mens pas.
Évidemment que je lui lié ! Pesta-t-il. C’est moi qui l’ait crée.
Quoi ?
Créé, fondé, construit ! Appelle ça comme tu veux.
Mais enfin pourquoi ?
Honnêtement ? Je m’ennuyais. Et monter un petit club de fanatiques et très distrayant. Tu devrais essayer. »

La Mère et le lapin échangèrent un regard. Le petit mammifère mettait en doute les dire de leur prisonnier, mais la grimace de son interlocutrice lui laissa entendre que Foll disait la vérité.
Même fait comme un rat, l’homme restait puant d’orgueil. Couvert de bave, son costume en parti calciné par le déploiement de magie de Rose, il s’accorda le luxe de se boucher distinctement le nez, visiblement dérangé par l’haleine d’Alba.

« Est-ce que quelqu’un pourrait déplacer cette… chose ?
Tu veux pas une boîte de chocolat non plus ?
Noirs uniquement.
Alba, couche toi, siffla la Mère. »

Elle obéit et Foll émit un son étouffé en la sentant s’affaler sur lui. Peu importait leur race, il détestait tous les animaux de compagnie.
La Mère s’avança et s’accroupit tout près de lui. Elle garda le lapin dans ses bras, comme pour ne pas oublier sa protégée, mais revoir Foll agitait quelque chose au fond de son estomac. Quand l’homme qu’elle aimait était-il devenu comme ça ?

« Puisque tu en es le créateur, parle nous de l’Ordre. Quel est son but ? Qui la dirige ?
Mais tu le sais tout ça, soupira Foll en agitant les bras. Tu l’as vu dans les souvenirs de ta petite traînée. »

Le lapin chercha à bondir, mais la Mère le retint. Elle raffermit sa prise, masquant ses mains tremblantes de colère.

« Dieu les dirige pour purifier le monde ? Tseuh ! Je ne suis pas assez sotte pour croire à ces fadaises là !
Ah bon ? Sourit Foll. Pourtant tu m’as cru quand je t’ai dit que je t’aimais.
Tais toi… siffla la Mère avec tant de rage qu’Alba crut qu’il était l’heure du dîner. »

Foll ricana.

« Tu as perdu tout sens de l’humour depuis que j’ai essayé de te tuer !
Arrête de bavasser ! S’écria le lapin. On y croit pas à ta secte divine. Crache le morceau ou dès qu’elle revient, on laisse Princesse Furie te faire payer pour ce que tu lui as fait.
Ça va, ça va, grogna Foll. Je vais vous expliquer. Dites-moi d’abord si cela vous parle, le nom de Jules Cesar ? [/color]»


***


L’Ether s’assouplit pour eux et lorsqu’Edward entraina Rose contre lui, tous deux tombèrent dans au creux d’un sol plus moelleux qu’il n’aurait dû. Le loup blanc ne lâcha pas la contrebandière, passant ses mains dans ses longues mèches dorées.
Les mots lui manquaient, mais les gestes, jamais. Doux, tendres, suffisamment maitrisés pour ne pas la blesser, mais pas assez pour qu’elle puisse lui échapper. Pas tout de suite.

« Rose… »

Sa voix l’étonna. Elle avait percé le silence avec pudeur et délicatesse, mais elle lui semblait de trop dans cet instant d’intimité. Il resserra ses bras autour de ses frêles épaules. La crainte de tout gâcher par un mot de travers lui noua la gorge, le poussant à se blottir un instant tout contre elle.
Comment lui expliquer ?
Au fil de cette folle épopée, Edward avait pris conscience qu’il s’était fourvoyé.
Amour ou amitié, quand il aimait, c’était totalement, profondément, mais trop souvent à son propre détriment. Être malmené, rejeté, récupéré, aimé beaucoup, puis à moitié, voire plus du tout, lui semblait normal et mérité. Presque toute sa vie avait été dirigée ainsi. Sa famille l’avait haï avant de le pousser sur un trône dont il n’avait jamais voulu. Son frère lui vouait un amour haineux et lui faisait payer chaque pas de côté avec une rage qu’Edward avait fini par accepter. Elvira l’avait détesté, supporté, puis aimé, avant de le rejeter par crainte d’être reniée par les siens.
Il lui avait fallut attendre la rencontre d’Andréa pour discerner, enfin, l’éclat lointain du véritable amour. Mais loup blessé, la peur d’être à nouveau meurtri l’avait convaincu que rien ne durerait et qu’il serait normal qu’à son tour, Andréa finisse par le repousser. La même ombre planait autour de Rose. Honoré qu’elle l’accepte à ses côtés, il l’avait tenu en retrait, voulant être prêt au choc lorsqu’elle en aurait eu assez.
Quelle erreur.
Elle l’avait tant étreint, tant sauvé, elle lui avait donné tant d’amour à lui, pauvre loup égaré, qu’elle était parvenu à ranimer l’espoir au fond de ce cœur brisé. Edward aimait et à présent plus que jamais, il voulait l’être en retour, totalement, profondément, sans poison pour l’abîmer. Et il voulait que Rose sache que c’était à elle qu’il le devait.

Il desserra doucement ses bras et s’écarta juste assez pour poser son front contre le sien.
Les yeux clos, il murmura les seuls mots qu’il trouva.

« S’il te plait… Aime moi… »

Et un gargouillis attendrit lui fit tourner la tête.


* * *


« T’es le dernier des fêlés !
Merci, j’apprécie le compliment.
Ton Ordre de zinzin est donc régit pas un bonhomme lobotomisé par les lauriers de César.
Exactement ! Un artefact directement imprégné par le grand Jules et qui, en plus de rendre le porteur mégalo, lui donne une aura telle que ceux qui l’entourent le voient comme un Dieu.
Tu nous mens encore ! S’emporta la Mère. L’Ordre existe depuis bien trop longtemps pour qu’un seul homme être soit à sa tête ! Il faudrait être immortel pour qu… »

Foll éclata de rire.

« C’est là le plus drôle ! Savez-vous comment ce bon Jules est mort ?
Poignardé par ses potes… marmonna le lapin. Mais j’vois pas ce que…
Il y a eu plusieurs chefs, hoqueta la Mère.
Ding ding ding ! S’amusa Foll. Et tous finissent trahis et assassinés par leur plus proches sous-fifres. Le laurier est ensuite transmis au chef suivant et ainsi de suite.
Mais c’est…
Très amusant, concéda Foll. Chaque petit dictateur apporte ses croyances à l’Ordre et se lance, au nom d’un but fabriqué de toute pièces, dans la vaine conquête du monde. Un vrai petit empire plein de conspiration et de tragédie ! Et dire que j’en suis l’instigateur, c’est émouvant ! »

Il se pâma, émerveillé par sa propre sournoiserie. Semer le désordre lui avait toujours plu et c’était, assurément, ce qui avait séduit la plus farouche des Indomptable. Un goût qu’elle semblait partager avec sa chère fille, quoi que celle-ci ait choisit un chaos que Foll jugeait beaucoup trop timoré et très peu digne d’intérêt.

« Sais-tu qui en est le chef à présent ? Interrogea sèchement la Mère.
Peut-être, répondit-il en souriant. Mais pourquoi ne pas en discuter autour d’un bon verre, ou mieux, après une folle nuit d’amour, très chère ? »

La Mère s’empourpra de honte et de colère. La magie crépita autour d’elle, hérissant Alba et alarmant le lapin qui s’agita après avoir pris une étincelle au bout du nez.

Par chance Nero, Edward et Rose arrivaient.


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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 21 Oct - 18:52

Enfin, un sourire timide vient éclairer le visage de Rose. Son front toujours posé contre celui d’Edward, elle lève les mains à hauteur de ses joues pour les enserrer doucement entre ses doigts.

Les yeux toujours clos, dans un murmure à peine audible, elle répond :  

- « C’est déjà le cas, idiot. »

Un léger rire secoue ses épaules, et Nero s’extasie encore en une série de sons surprenants.
Alors, elle ouvre les yeux, et une nouvelle fois, elle le regarde, lui, et lui seul.


***

Lorsque Rose vit Foll agenouillé et complètement à sa merci, son sang ne fit qu’un tour. Elle lâcha la main d’Edward, parcouru la distance qui les séparaient en deux enjambées. La satisfaction qu’elle éprouva lorsqu’elle écrasa son nez d’un violent coup de poing fût à la hauteur de ses attentes. L’appendice craqua dans un bruit sec puis un flot carmin s’en échappa, avant même que le magicien n’hurle de douleur.

- « Ça, c’est pour Edward, lui annonça-t-elle en secouant sa main meurtrie, alors qu’il beuglait comme un goret. Et ça, c’est pour te faire passer l’envie de tripoter les femmes sans leur accord ! »

Nouveau cri de souffrance, plus intense encore que le précédent. Rose avait écrasé son talon dans les parties intimes du goujat, qui a cet instant, regrettait tous ses choix de vie. Le souffle coupé par la douleur, il leva vers elle un regard plein de haine, de ceux qui veulent encore en découdre.

- « Quoi ? T’en veux encore ?
- Vazy Princesse ! Montre-lui qui c’est l’patron ! »

La Mère, secrètement ravie du sort réservé à son ancien amant, soupira longuement mais fini par s’interposer, retenant sa fille par l’épaule. Nero posa une grosse patte griffue sur le crâne du lapin bagarreur pour l’inciter à revenir au calme.

- « Nous avons encore besoin de lui pour répondre à nos interrogations. »

Et elle résuma pour Rose et Edward ce qui leur avait été révélé durant leur brève absence.  La contrebandière écoutait les explications, s’assombrissant au fur et à mesure qu’elles avançaient. Sa main revenue dans celle du loup blanc, elle s’était blottie d’autant plus contre lui, sourcils froncés.

- « Donc tout ça c’est de sa faute ?
- Plus ou moins. Je pense que ça fait longtemps qu’il ne contrôle plus rien dans l’Ordre. Ça le dépasse total-
- C’est ça ! coupa Foll qui avait cessé de gémir, le regard fou, du sang gouttant le long de son menton. Laissez-moi vous dire que j’ai personnellement donné à Hector Rochechouart les lauriers ! Vous pensez que quelqu’un qui n’a pas d’influence peut faire ça ? Ça vous en bouche un coin pas vrai ?! »

Foll comprit qu’il en avait trop dit, mais il était trop tard à présent. Les lèvres closes, il les toisait tous d’un air de défi malgré sa très mauvaise posture.  Un silence pesant s’abattit dans l’Éther durant quelques secondes avant que le petit guide ne se retourne vers la Mère et ses protégés, l’air presque déçu :

- « Euh, il est teubé ou bien… ?
- C’est une bonne question.  »

Dans l’effervescence générale, ce fût Nero qui remarqua le premier l’air préoccupé de Rose. Il poussa une série de gargouillements qui attirèrent l’attention de la Mère.

- « Rose … ?
- Je… J’ai déjà vu ce type.
- Bien sûr que tu l’as déjà vu, s’exalta le magicien, décidant visiblement de jouer le tout pour le tout. Je l’ai lancé sur ta trace dès que j’ai vu que quelqu’un avait utilisé mes cartes ! Il devait se charger du clébard chez les Tallebot mais visiblement, c’est partie remise. »

Un rire hystérique s’empara de lui et Alba dût s’asseoir sur sa tête pour le faire taire. Le rire continua un seconde avant d’être étouffé par le poids de la bête.
Aussitôt, la Mère se précipita vers la jeune femme, et l’arrachant au bras d’Edward, elle la secoua, enfonçant ses ongles jusque dans la chair de sa chère fille.

- « Rose, tu dois détruire ces cartes tu entends ?!  
- O-Oui, bégaya Rose, dont la tête s’était mise à tourner. A-aïe ! Vous me faites mal ! »

Un pas en arrière vacillant et elle se dégagea de son emprise. Nero avança son grand corps maigre entre elles, sans hostilité, mais imposant à la Mère de reculer. L’Indomptable se crispa, une main sur son front, sourcils froncés. Tout son corps hurlait sa détresse d’avoir été ainsi jouée par cet homme ignoble tandis celui de Rose tanguait d’incompréhension.

- « Pardon… Je… Tu dois me promettre de les détruire. C’est ce qui lui permet d’altérer notre lien et de blesser ton corps tangible, tu comprends ?
- Vous voulez dire que… ?
- Oui, c’est ce qui te blessait.
- Et ce s’ra plus simple pour nous de communiquer, ajouta le lapin. Pas d’brouilleur.»

Nero émit une nouvelle série de gargouillements encourageants, et les muscles de la blonde se détendirent un peu. Juste assez pour la laisser s’approcher d’Alba sans trembler de colère et de dégout face à Foll.
La créature tourna vers elle sa tête aveugle, ouvrit grand la gueule, dévoila ses dents, mais au contact de la main de Rose contre son museau, elle recula pour laisser émerger la tête écarlate du magicien.

- « Pourquoi nous ?
- Vous aimeriez bien le savoir hein ? Comme je le disais à la Mère, peut être que si une de vous accepte un moment de détente en ma compagnie… »

La gifle partie, résonna dans le silence de l’Éther. Elle posa genou à terre pour se maintenir à sa hauteur et demanda à nouveau d’un ton glacial :

- « Qu’est-ce qu’ils nous veulent ?
- Tu sais quoi espèce de petite trainée ? Toi et ton copain vous crèverez avant de le savoir. »

Et il cracha par terre pour appuyer ses propos pleins de rancoeur.

Une grande inspiration. Rose se redressa, épousseta ses cuisses et lui tourna le dos.
Il lui fallut faire preuve d’une immense maîtrise d’elle-même pour ne pas ordonner immédiatement à Alba d’en faire son quatre-heure.

La main de la Mère se posa sur son épaule, pleine d’un amour et d’un soutien inconditionnel. Elle regarda sa protégée, et lui assura en resserrant son étreinte :

- « Je vais m’occuper de lui. »

Un hochement de tête et la main retomba. Alors, Rose s’avança, enfouit son visage contre le torse du loup blanc, savoura un instant la chaleur de ce corps. Elle voulait rentrer chez eux, et profiter de cette chaleur dans toute sa réalité.

Se sentant subitement de trop le lapin détourna les yeux, se racla la gorge et demanda les oreilles frémissantes :

- «  Et maintenant, quoi ? »
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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 28 Oct - 12:12

« Commençons par quitter l’Ether, annonça la Mère. Corps et esprit ne doivent jamais rester trop longtemps séparés. »

Elle leva les mains avec la grâce d’une lionne et le vent se mit à souffler. Il enveloppa les reliefs flous de l’arène, les balaya avec toute la force dont il était capable et retomba aussi brusquement qu’il s’était levé. Le brouillard bleuté avait disparu, remplacé par un décor terne, poussiéreux et jonché de débris.
En y regardant bien, on reconnaissait la verrière de la Reine des Indomptables, dont le plafond était à présent éventré. Le divan était toujours là, salé et taché. À ses pieds la table basse était renversée. Partout autour d’eux, la végétation luxuriante avait laissé place à de la mauvaise herbe et des plantes sèches et fripées.
La Mère soupira. Elle passa son doigt sur le dossier du divan et en retira une épaisse couche de crasse.
Juste derrière elle, le lapin s’avança en deux petits bonds et redressa précautionneusement une théière cabossée. Inquiet de l’état des lieux, qu’il savait lié à la Mère et à son escarboucle, il l’interrogea du bout du museau :

« C’est… C’est à cause de nous ça ?
Non, ne t’inquiète pas. Ce que vous avez vu tout à l’heure n’était qu’un mensonge fabriqué pour me protéger du chagrin causer par ce rustre. Enfin, la vérité est revenue dans mon propre cœur.
—  Mais euh… Ça va ? Vous savez si vous déprimez, vous pouvez toujours en parler hein ! J’suis pas trop nul comme guide y parait ! »

Elle fut secouée d’un rire léger et acquiesça.

« Je le sais, grâce à vous et à toi, si j’ai retrouvé l’espoir qu’il m’avait arraché. »

Elle poussa du bout du pied un morceau de bois et dévoila un joli parterre de violettes. Le lapin sembla rassuré, mais Foll exprima d’une grimace toute la nausée que ce moment de douceur lui inspirait :

« Pitié, si c’est pour des mièvreries pareilles achevez moi !
Je pourrais te prendre aux mots, siffla la Mère. Mais cette fin te serait beaucoup trop douce.
Est-ce que c’est vrai ? Interrompit Edward. »

Il avait resserré son étreinte autour de Rose. Son regard passa de la Reine des Indomptables à Foll, mais le doute se lisait dans ses yeux. Après tous ces mensonges, apprendre qu’il leur suffirait de détruire ces maudites cartes pour sauver la contrebandière lui paraissait trop beau pour être vrai. La Mère comprit, mais Foll aussi. Son sourire mauvais s’étire sur ses lèvres :

« À un détail près ! Il faut toutes les retrouver et toutes les détruites pour définitivement couper le lien entre l’escarboucle et moi. Et autant te le dire, ta traînée y sera passée bien avant que vous n’ayez réussi cet exploit.
Peut-être pas, lâcha fièrement la Mère, très heureuse de pouvoir prendre sa revanche sur cet homme odieux.
Voyez-vous ça ? Ne compte pas sur moi pour rompre le sortilège. Il n’y a pas plus délicieuse sensation que celle de sentir ton pouvoir m’être transmis à travers cette petite blonde bien faite. Ça me rappelle nos plus chaudes années ! »

La Mère roula des yeux et claque des doigts. Foll se retrouva bâillonné avec un gros ruban bleu. Il eut dans l’idée de s’en débarrasser, mais Nero posa ses longues pattes griffues sur ses épaules dans un geste aussi délicat que dissuasif.
La Reine se rapprocha d’Edward et de Rose. Elle demanda à la demoiselle l’autorisation de lui emprunter son aimé et une fois la blonde écartée, la brune se rapprocha du loup blanc avec cette souplesse féline et sauvage qui la caractérisait. Elle effleura son buste, son ventre, s’accroupit lentement, glissant ses doigts le long de ses hanches. Edward jeta à Rose un regard perdu entre l’excuse et l’appel au secours, mais la Mère s’arrêta après avoir glissé ses doigts dans sa poche.

« La voilà ! »

Elle retira la carte trouvée dans les restes de Lycaon qu’Edward avait complètement oubliée. La Reine l’observa attentivement et son état paru la satisfaire. Un sourire étira ses lèvres charnues et se redressant, elle invita d’un signe de tête Rose et le loup blanc à s’approcher de Foll. Ce dernier devait avoir comprit de quoi il retournait, car il s’était brusquement calmé et avait visiblement pâli. La Mère fit pivoter la carte entre ses doigts, dévoilant son pouvoir ; celui de cloner. Elle en fit un usage des plus modéré et glissant son pouce sur le dos de la feuille, elle en obtint un second exemplaire. Son regard de braise se posa alors sur les amoureux.

« Foll dit malheureusement vrai. Vous ne serez tranquilles que lorsque toutes ses cartes seront détruites. supprimer celles déjà en votre possession vous accordera un important sursis. Cela diminuera déjà grandement le contre-coût des l’utilisation de mon médaillon et ralentira tout autant les premiers signes de folie.
Quelle folie ? S’étrangla Edward. Je croyais que l’artefact altérait seulement sa santé.
Physique oui, abandonna calmement la Mère. »

Foll ricana derrière son bâillon et la Reine le resserra d’un geste du doigt.

« Mais mentale aussi… Je comprends maintenant pourquoi mes filles ont si mal finies.
M-Mais… Est-ce que… Balbutia Edward, qui perçut immédiatement l’ombre destructrice qui semblait le pourchasser.
Sois tranquille Loup blanc. Ce mal ne l’a pas encore atteinte et je vais vous donner de quoi vous assurer que cela n’arrive jamais. Pour cela, je vais avoir besoin de toi, brave petit guide. »

Resté en retrait aux côtés d’Alba, lovée autour de lui, le lapin dressa les oreilles. Deux petits sauts le rapprochèrent de la Mère et de ses protégés qu’il toisa d’un regard hautain, en contradiction totale avec sa petite queue qui frétillait :

«  J’savais bien qu’vous seriez perdus sans moi. Vas y Mère-Grand, dis moi comment j’peux leur filer un coup de main. »

La Mère haussa un sourcil, mais ne s’offusqua pas. Elle se contenta de prendre un petit air mystérieux tout en agitant doucement ses cartes :

« Tout comme Foll a truqué mon jeu, je vais ajouter ma petite touche au sien avec deux cartes de plus que vous pourrez utiliser sans crainte. »

Le dos des cartes passa du vert au bleu et le sigle de Foll disparu, remplacé par le sigil de la Mère. Elle retourna la première, sur laquelle se trouvait un adorable, mais non moins glorieux lapin.

« Toujours à vos côtés, votre protecteur vous guidera jusqu’aux cartes manquantes et… »

Sur l’autre verso se trouvait une étonnante figure de dindon. Sa face aussi ronchonne que furieuse, avait quelques chose de familière avec celle de Foll, toujours muet. À la différence de la précédente, cette carte était ornée de deux jauges. Celle de droite, bleue, était vide, celle de gauche, verte remplie au trois quart, mais agrémentée en plus du numéro zéro. La Mère expliqua :

« Cette carte vous servira de repère. La ligne bleue se remplira à chaque carte détruite. La verte symbolise l’impact de Foll sur toi, Rose. Pour l’instant, elle se remplit vite, mais la destruction des cartes déjà en ta possession ralentira sa progression.
Et le nombre ? C’est quoi ? Interrogea Edward.
C’est une échelle.
De folie ?
Oui, avoua-t-elle. Rose, ma fille, sache qu’il y a cinq échelons. Je pourrais te ramener si tu franchis le premier ou même le second, mais en aucun cas tu ne dois t’aventurer au delà du troisième.
Je l’aiderai, afirma Edward en resserrant sa main sur la sienne.
—  Et moi aussi ! Renchérît le lapin.
Et j’attendrais les bras grands ouverts, prêt à t’accueillir quand tu auras tout gâché ! Gloussa Foll.
—  Comment il s’est libéré lui ?! S’emporta le guide.
Laisse le se gausser, siffla la Mère. Il n’est plus qu’un pauvre prisonnier. »

Elle claqua des doigts et Alba se jeta sur le mage qui hurla, avant d’exploser en une myriade de confettis bleutés. Après s’être éparpillés, tous suivirent la même trajectoire et s’infiltrèrent dans la carte qui lui était dédiée. Elle brilla, puis l’image du magicien dindon s’anima, martelant en vain les parois de sa cellule de papier du bout du bec.
Debout à leurs pieds, le lapin recula. La Mère le remarqua et sourit.

« Ne crains rien, je ne te réserve pas le même sort. Tu es le guide de ma chère fille, elle pourra donc t’invoquer quand bon lui semblera.
Vous êtes sûre que Foll est inoffensif là-dedans ? Demanda Edward.
Certaine. La proximité de ses cartes pourrait de lui rendre la voix, mais tout ce que vous aurez alors à craindre sera sa désagréable compagnie. »

Le loup blanc acquiesça. Il n’était pas certain de percevoir l’impact des cadeaux de la Mère, mais pour l’instant la perspective d’un soin définitif de Rose lui suffisait. Comme son attention s’était reportée sur le lapin, qui négociait déjà les besoins liés à sa nouvelle vie de guide dans le monde matériel, il ne remarqua pas le regard scrutateur de la Reine qui s’arrêta sur la cicatrice marquée qui lui courait le long de la gorge.
Elle ne souffla mot et finit par se tourner vers Rose dont elle prit les mains, lui confiant ses cartes.

« Je serai à tes côtés désormais. Questionne moi, parle moi et je te répondrai d’une manière ou d’une autre. »

Elle caressa sa joue d’un geste maternel, puis anticipant une interrogation, elle tourna la tête en direction de Nero et d’Alba qui jouaient.

« Ils te sont liés et jamais ils ne t’ont quittés. Ne l’oublie pas. Ton passé demeure nimbé de mystère, mais ce n’est pas à moi de te les dévoiler. Je serai là pour te l’expliquer lorsque le moment sera venue.
—  Comment ça les lapins ont pas l’droit de vote ? S’offusqua le guide.
Et généralement ils ne parlent pas non plus, soupira Edward qui commençait à prendre mal au crâne à force d’écouter les doléances de leur peluche préférée.
—  Bon, y sont taiseux et après ? J’suis sûr y z’ont un jugement politique hyper aiguisé.
—  Ben voyons… »

La Mère adressa un clin d’œil complice à Rose. Elle se plaça à ses côtés, serra doucement son épaule et lui glissa d’un ton amusé :

« De nombreuses épreuves t’attendent Rose Walkson et je crains qu’elles ne débutent dès ton réveil, car ta protectrice chaperonne vous a retrouvé. »



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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeMer 1 Nov - 23:10

- «  Rose… Rose… ? Rose ? Rose !!
- Mmmmmh…
- Tu ne peux pas … Mais aidez-moi bon sang !
- Mademoiselle… Mademoiselle Rose ?
- ROSE ! »

Mais Rose se montrait réticente à émerger de son sommeil de plomb. Elle grogna à nouveau, et resserra d’autant plus son étreinte autour du corps nu endormi sous elle. Cette fois, c’en fût trop pour son frère qui l’arracha aux bras de morphée d’une violente secousse.

Ses traits délicats encore froissés par le sommeil, elle fronça les sourcils, agacée, et toisa d’une œillade mécontente les présents.
À présent bien réveillée, la jeune femme se redressa, ; elle croisa d’abord le regard indigné d’Alexandre, puis celui furieux de Sima penchée sur elle, avant de rencontrer enfin les prunelles pétillantes de malice de Lazare, le majordome de son aîné.

- «  Tes actions étaient particulièrement stupides, commenta froidement Sima, plus glaciale que jamais.

La doctoresse détourna la tête sans quitter sa position surplombante, les bras fermement croisés sous sa poitrine. Elle jaugea sèchement le corps dénudé du loup toujours inconscient et pudiquement recouvert d’une large couverture. Sa mâchoire se crispa et tout son corps se tendit dans un mouvement de rejet non dissimulé.

- Rentrons, décida-t-elle sans même consulter sa protégée. Je dois t’examiner.
- Je rentre avec Edward. »

Rose elle-même s’étonna tant sa voix était calme et posée. Elle réajusta la couverture autour du loup qu’elle sentait se réveiller à ses côtés. Elle eut pour lui un geste tendre, dégagea de son visage quelques mèches ébènes, ce qui fit sourire le majordome, mais frissonner d’effroi sa comparse.

- « Je vais bien, et je vous promets de tout vous raconter en temps voulu. Mais pas maintenant.
- Je me dois d’objecter, en tant que médecin...
- Je l’aime, coupa Rose. C’est si terrible que ça ? »

Un silence de plomb se coucha entre les deux femmes, chacune bien décidé à camper sur ses positions. Mais Rose avait la main haute dans cette décision et ses paroles avaient ébranlé la doctoresse. Sima se tourna alors vers ce frère qu’elle avait amené comme soutient, mais qui à présent, lui semblait trop complaisant face à sa petite sœur.

Lazare, en homme calme et serviable, avait profité de ces délibérations agitées pour se glisser jusqu’aux vêtements du loup, qu’il lui présenta avec un sourire rassurant. Derrière ses lunettes rondes, ses yeux clairs le scrutaient avec curiosité.

- « Monsieur,  commença-t-il en rajustant ses gants blancs, vous devriez vous vêtir. Je pense que la jeune maîtresse désire que vous partiez promptement. »


***


- «  Et si je sombre quand même ?
- Ça n’arrivera pas.
- Mais imaginez que ça arrive. »

La Mère posa une main rassurante sur celle de sa fille, et ce geste ne fit que tendre un peu plus le corps épuisé de la contrebandière. Derrière elles, le lapin continuait d’asticoter le loup à grands coups de requêtes impossibles, amusant Nero et Alba de ses bonds indigné à chaque nouveau refus.

- « Promettez-moi que vous ferez tout pour que je ne nuise à personne.

Le silence se fit, et la souveraine considéra avec sérieux la jeune femme qui observait du coin de l’œil le grand homme brun penché sur la petite boule de poils. Elle comprit, soupira, croisa les bras puis finit par acquiescer solennellement.

- Je te le promets, Gardienne.  »

À ces mots, un poids s’envola de la poitrine de Rose, et son regard revint soutenir celui de son interlocutrice.

- «  Vous savez quelque chose sur lui qu’il ignore, pas vrai ?
- Ce n’est pas à moi de répondre à vos interrogations.

Rose allait répliquer lorsqu’un vent glacial la traversa de part en part, la faisant frissonner de la tête aux pieds. La Mère lui prit les mains, et les serra tout contre son cœur. Une chaleur agréable la saisit, brusquement elle se sentit plus légère.

- Il est temps pour vous de rentrer. N’oublie pas ma fille, je ne suis jamais bien loin et mes arcanes non plus. Il te suffit de… »


***


- « Si le bébé à naître se nomme Tancrède, je veux bien donner ma bénédiction.
- Que… ? S’étrangla Sima dans un volte-face furieux. Mais il n’y a pas d’enfant pauvre d’andouille ! »

Jusqu’ici étrangement silencieux, Alexandre passa une main gantée de cuir sur son visage fatigué. Il s’avança vers la brune qui fulminait, massa ses tempes douloureuses et reprit sous le regard encourageant de son majordome.

- « Je ne pense pas qu’interdire quelque chose à Rose serve à grand-chose, si ce n’est l’encourager, se justifia le noble. Puis, désabusé, il fixa sa vis-à-vis, enfouissant ses mains dans ses poches et haussant les épaules : Et puis ce n’est pas comme si vous aviez réussi à la protéger jusqu’à présent. Je suggère de laisser à White le bénéfice du doute.
- C’est à cause de lui tout ça, éclata la brune, pointant un doigt accusateur vers l’ancien juge, son sang-froid envolé. Vous ne savez pas, vous, les choses que l’on racontait sur lui ici, à la Curia ! »

Cette fois, Alexandre perdit patience ; en deux enjambées, il fût sur elle, la dominant de toute sa hauteur. Il se saisit de son poignet sans ménagement, la forçant à le regarder dans les yeux.

- « Éclairez ma lanterne dans ce cas. Mais n’oubliez pas votre place.
- Assez ! »

Rose s’interposa fermement entre les deux adversaires qui avaient électrisé l’air de l’imposante arène. Le menton haut, ses mains repoussèrent Sima et Alexandre chacun de leur côté.

- « Écoutez-moi bien. Je vais rentrer avec Edward. On a une affaire inachevée qu’il m’a promis de terminer une fois rentrés.

Avec grâce, elle fit demi-tour pour chercher l’appui du lycan, et un sourire malicieux étira ses lèvres. Elle allait renchérir mais fût coupée par un voix qu’ils ne connaissaient que trop bien.

- Ohhhhhh ! J’vois à quoi tu réfères Princesse ! Du coup, ça vous dérange pas d’me filer une chambre bien isolée ? »

Tous les regards se tournèrent vers la petite boule de poils qui avait émergée de sous la veste de Rose, laissée négligemment au sol depuis le début de la soirée. Son museau et ses moustaches frémirent de contentement face à toute cette attention dont il était le centre. Sa queue frétilla et il demanda en sautillant vers Rose :

- « Bah quoi ? Z’avez jamais vu un lapin qui cause ? »

Sur le toit de la Curia, un énorme oiseau noir s’envola en croassant.


***


Avachi dans son siège, l’homme attendait. La main en coupe sous son menton, il regarda avec désintérêt l’imposant volatile noir rentrer par la fenêtre et venir se poser sur l’épaule de sa maîtresse. Il s’enfonça encore un peu plus dans son siège, jouant avec une cigarette pour tromper son ennui.

L’animal siffla quelques mots à l’oreille de la femme dont le visage s’éclaira d’un sourire béat. Rabattant sa capuche blanche, elle dévoila une cascade de cheveux blonds et ses yeux vides se tournèrent vers les présents. Tous, vêtus de blancs, la scrutaient dans l’attente de ses paroles. Avec emphase elle annonça, ouvrant grand les bras :

- « Oh maître Hector, réjouissez-vous, car gloire vous sera bientôt rendue ! »
Spoiler:
Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: Re: A Moonlight Night's Dream [PV Rose]   A Moonlight Night's Dream [PV Rose] - Page 3 I_icon_minitimeSam 4 Nov - 12:22

« Eduard… »

Une voix lointaine retint le loup blanc à l’aube de son réveil. Elle semblait peinée et affectée au point de prononcer son prénom avec une gêne palpable, qui transpirait de remords. Le souvenir fugace de deux yeux en amande qui se défilaient, puis d’un mot jeté au vent.

« Pardon. »


* * *


Edward était habituellement quelqu’un de matinal, mais les nuits de pleine lune le laissaient toujours un peu groggy. Encore vaseux, les cheveux en bataille et la couverture négligemment maintenue sur son intimité, il parut un instant perdu face à l’agitation qui l’entourait. Son regard passa de Alexandre à Sima, puis glissa jusqu’à Lazare qui lui tendait poliment ses vêtements. Petit blanc.
Une étrange chaleur réchauffa le cœur du loup blanc. Il comprenait soudainement qu’en acceptant Rose à ses côtés, il s’était également lié à tous ceux qui l’entouraient. Une famille bruyante, sans doute envahissante, mais qu’il voulait terriblement aimer.
Un peu de rose colora ses joues. Il remercia rapidement le majordome de Rose qui s’inclina et s’éloigna. À la hâte, le cœur battant, Edward s’habilla en négligeant quelques boutons. Il ramassa ses chaussures et sans les enfiler, rejoignit le reste du groupe en deux foulées. Un sourire illumina sa figure et il s’exclama n’ayant cure de couper les discussions entamées :

« On a trouvé. On sait comment faire pour que Rose puisse utiliser l’escarboucle sans danger. »

Alexandre se figea. Il haussa un sourcil, un pied du lapin enfoncé dan sa joue. Il relâcha le mammifère qui n’avait pas vraiment apprécié d’être traité de rongeur et reporta son attention sur sa cadette. Son regard se fit suspicieux, certain que cela ne se ferait pas sans incident, pourtant il se contenta de demander :

« Really ? »

Moins délicate, Sima croisa les bras et cracha dédaigneusement :

« À tous les coups ça se soldera par une autre catastrophe…
T’as l’air d’être une vraie bout en train toi, nota la guide en lissant ses poils. Pourtant que ça te plaise ou pas, le poilu dit vrai. Bon, jamais y s’en s’raient sortis sans moi, mais faut admettre qu’y se sont bien accrochés.
Tseuh ! Autant dire que c’est ma sœur qui a tout fait !
Whaou, donc en plus de pas connaître le règne animal, t’es complètement bouché. T’es sûr que vous êtes de la même famille ?
Hé ! C’est moi qui lui ait tout appris !
C’est c’qui m’semblait et elle a vite pigé qu’il fallait faire tout l’opposé. »

En deux bonds, il se glissa dans les jambes de Rose. Bougon et mauvais joueur, Alexandre se vengea en demandant à Lazare de mettre un civet pour le déjeuner. La boule de poils s’y opposa d’un superbe saut chassé entre les omoplates. Tous deux se disputèrent encore, tout en s’engageant le longs des marches de l’Arène ; aucun doute, ils s’entendraient à merveille.
Amusé, Edward secoua la tête. Désormais proche de Rose, son doux parfum lui chatouilla le nez. Il ressemblait énormément à celui dont son esprit s’était souvenu tout au long de leur périple, mais le savoir réel le rendait plus charmant encore.
Alors qu’ils atteignaient les escalier, le loup blanc retint une seconde la jeune femme en glissant ses doigts dans les siens. Le reste du groupe les devançaient, à l’exception de Lazare qui fermait la marche, mais à vrai dire cela lui importait peu.
Il se pencha sur elle, si petite, avec une tendresse sauvage. Sa main effleura le ligne de son visage dont il écarta quelques mèches blonde afin de se frayer un chemin jusqu’à son oreille. Son murmure ne fut que pour elle, tinté de cet accent de l’est qu’il oublia de masquer :

« Je t’aime… »

Il s’était promis d’être sage et ne songea qu’à grignoter sa joue, mais à peine en effleura-t-il la peau qu’une vive douleur l’obligea à se redresser d’un bloc. Une main posée sur son postérieur endolori, ses iris dépareillés gravirent une trentaine de marches de l’escalier.
Sima s’essuya le nez, seul acte passable de son horrible jeu d’actrice :

« Oups ! Quelle maladroite je fais. Avec toute cette poussière je n’arrête pas d’éternuer et la magie m’échappe. Alalalala ! Que je suis confuse. »

Edward la toisa d’abord sans broncher, puis saisissant Rose par la taille, il l’a renversa entre ses bras et lui décocha un ardent baiser. Le souffle court, les joues plus rouges qu’il ne l’aurait pensé, il la redressa délicatement et s’éloigne avant de vouloir la dévorer.
Un insolent sourire s’étira entre ses deux oreilles lorsqu’il nota la figure écarlate de Sima. Mortifiée d’horreur, sa mâchoire se comprima de rage lorsque le loup blanc déposa entre ses mains crispées un mouchoir soigneusement plié Il en profita pour lui souffler un victorieux :

« À vos souhaits. »

Trois marches de plus furent montées. Sima jeta un regard réprobateur à Rose, puis décida de lui emboîter le pas. Elle le rattrapa en martelant si fortement le sol des pieds, qu’il n’aurait pas été étonnant qu’elle parvienne à elle seule à détruire ce qui restait de la Curia. Toujours furieuse et totalement opposée à ce que sa « patiente » succombe à cet espèce de mâle porteur de poisse, elle ne se priva pas de le faire savoir, mais Edward ne l’écouta pas. Il avait rejoint Alexandre et un éclat de rire lui échappa lorsqu’il apprit que l’anglais cherchait un nom à donner à leur camarade pelucheux. Il n’avait pas été cherché très loin, certain que Tancrède serait parfaitement adapté, mais n’avait provoqué qu’un refus désabusé du concerné.
On se racla poliment la gorge dans le dos de Rose. S’avançant doucement, Lazare remonta ses lunettes rondes et lui adressa un coup d’œil complice :

« Je crains qu’un petit déjeuner vous attende une fois rentrée et qu’il diffère un peu de celui par lequel vous êtes tentée. » 


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