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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 [Évent] Chasse au trésor - 1891

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Ouadji Oursou
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Ouadji Oursou

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 - Page 2 I_icon_minitimeSam 8 Oct - 5:23

Maintenant que les embarcations étaient enfin proches l’une de l’autre. Il était temps d’agir.

Les bras tendus, le fessier légèrement surélevé, le regard un peu fou, Ouadji donnait l’impression d’être à deux doigts de vouloir étrangler son patron. Mais ce n’était qu’une simple impression. En fait, un observateur attentif remarquerait que sa concentration n’était pas dirigée sur l’homme, mais plutôt sur la petite bête sur son épaule.
Son cœur avait sauté un battement lorsque l’aviron avait percuté le mur. Il n’était pas question de faire revivre une autre épreuve de ce genre à son ami poilu. Il devait donc le récupérer. Maintenant ! Évidemment, le plus simple aurait été de tout simplement demander à Edward de le lui remettre, mais pourquoi faire ça simple quand on peut se casser le bicycle pour absolument rien. Il faut dire aussi que l’idée de lui parler et d’imaginer son intense regard sur sa petite personne l’intimidait trop. Il gardait donc cette optique comme dernière et ultime reconnue. Il aurait aussi pu demander aux autres personnes dans l’aviron, mais comme je disais, pourquoi faire simple quand on se peut se compliquer la vie.

Et il y était presque. Il avait réussi à faire tournoyer la barque afin d’être au côté de sa cible, donnant l’impression qu’il s’agissait d’un mouvement naturel. White ne semblait pas avoir remarqué la manœuvre, ni qui que ce soit, d'ailleurs. Il pouvait donc se lancer. Quand soudain les larges épaules s’agitèrent.

*Quoi !?*

Désemparé et figé par la panique, il hésita. Devait-il annuler l’opération ? Et puis zut, il se lança. D’un geste rapide, il ramassa le rat qui lâcha un petit cri de surprise et se rassit innocemment. La barque tangua. Elli lui jeta un coup d’œil désapprobateur avant de se replonger dans ses réflexions. Il lui répondit par un petit désolé à peine audible tandis que le loup blanc plongeait dans les eaux sombres du magasin.

Ensuite, les secondes passèrent. Elles se transformèrent en minute. Leur barque commença à prendre l’eau. Ratus sur les genoux, le jeune sphinx observa l’inconnue, la rousse, les dirigés. Il mit même la main à la pâte avec son bol à chien, mais voyant que ce n’était pas suffisant, il voulut contribuer autrement. Son attention dériva vers le fond de la barque. Il chercha une fissure ou un trou.
À quatre pattes tandis qu’Elli continuait à écoper comme une désespérée, il tâta chaque centimètre de l’embarcation quand soudain...

- Oups…

La bonne nouvelle, il avait trouvé le problème. Sa paume venait de passer au travers de la coque. La mauvaise, il avait en quelque sorte aggravé leur cas. L’eau pénétrait de plus en plus. Gardant son sang-froid malgré la situation, il fit aller ses méninges. Il devait absolument trouver une solution, sinon il sentait que la sphinge allait s’assurer de le trucider avant de se noyer. Et ce fut à ce moment que son regard accrocha son rat. Celui-ci se grattait le ventre, assis sur le banc, entre le journaliste du Dandy et l’autre rousse.

- Monsieur D’Aragon, fait le beau.

Aussitôt, le rat se tint debout et attendit une gâterie… qui ne vint jamais. Au lieu de cela, le sphinx l’attrapa et installa son postérieur dans la brèche. Le blondinet se releva, s’assit sur ses genoux et regarda à tour de rôle ses compagnons d’aventure.

- Puis-je ? Demanda-t-il à la femme tenant un foulard dans les mains. Il ajouta d’un sourire timide. J’y ferai attention.

Il lui prit le bout de tissus et l’enroula autour du rat, là où disparaissait le bas du corps, soit un peu en haut des hanches.

- Désolé, Monsieur D’Aragon, mais tes grosses fesses vont nous empêcher de couler.

Ce qui n’était pas faux, l’eau s’infiltrait maintenant en très petite quantité. Il déplaça l’écharpe ici et là, l’enfonça un peu plus avec délicatesse, colmatant ce que les plis de gras de l’animal n’arrivaient pas à boucher complètement.

- Dis-toi que c’est ta punition pour avoir volé la boussole.

Malgré son air boudeur et ses petits cris de désapprobation, l’animal ne tenta pas de se déloger. Ce n’était peut-être pas une solution parfaite, mais Ouadji savait que ça ferait l’affaire pour l’instant, le temps de trouver mieux. Maintenant, il ne restait plus qu’à vider l’embarcation.

- Ce ne sera plus nécessaire, M.Shaala, lâcha-t-il en reprenant sa place au côté de la fonctionnaire. Mais si quelqu’un trouve une petite peluche ou un jouet rempli de billes, n’importe quoi qui a un corps flasque et léger, on pourra le mettre à la place de Monsieur D’Aragon. Autrement, ça devrait nous donner un peu de temps.

Sans dire un mot de plus, il ramassa son bol et écopa à nouveau, enlevant ce qui restait d’eau. Puis, un détail lui revint en mémoire.

- Monsieur White !?

Il n’était toujours pas de retour. Inquiet, ses iris orangés glissèrent jusqu’à la corde. Elle bougeait. Mais était-ce bon signe ?

H.R.P:


Dernière édition par Ouadji Oursou le Ven 21 Oct - 22:47, édité 1 fois
Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 - Page 2 I_icon_minitimeVen 14 Oct - 21:15

Une main s’extirpa soudainement d’un nuage de bulles. Elle se referma avec force sur le bord de la barque, inclinant dangereusement l’embarcation sur la droite dans angoissant craquement. De l’écume noire émergea presque aussitôt le visage méconnaissable d’Edward. La figure zébrée de ses longs cheveux de jais, il ouvrit grand la bouche, pressé d’avaler une colossale bouffée d’air. Mais c’était sans compter l’empressement d’Elli à écoper leur navire approximativement réparé par le postérieur d’un rongeur. L’ultime gamelle d’eau qu’elle en tira lui fut malencontreusement vidée sur la tête. Oups !
Le loup blanc but la tasse, toussa, cracha un liquide trouble au goût indéfinissable et décolla les cheveux de sa figure, révélant une grimace furieuse. L’injure salée qui lui échappa fut heureusement étouffée par une nouvelle quinte.
Elli oublia de s’excuser. Surveillant le niveau d’eau dans la barque et l’agitation de Ratus, elle n’osa qu’un bref coup d’oeil vers celui qui avait bravé ces obscures abysses pour un trésor de pirates, à qui elle demanda :

« L’avez-vous ?
Je crois. Et Fokke risque d’être très déçu. »

Au tour de son bras gauche de s’extraire au liquide ténébreux. La corde à laquelle il était toujours attaché avait été grossièrement entortillée autour du petit coffret de bois brut que le lycanthrope n’avait surtout pas voulu perdre au cours de sa remontée. Vite démêlé, l’objet termina entre les doigts de la Sphinge. Elle le fit lentement pivoter, le soumettant à une inspection minutieuse.
Compte tenu de son poids, il était creux, pourtant Elli ne distingua aucun trou, aucune interstice ou bride de mécanisme laissant supposer qu’il puisse être ouvert. Quelques symboles qui lui étaient totalement inconnus, mais ressemblant beaucoup à ceux de la boussole, se distinguaient difficilement, ça et là, dans les reliefs du bois. Aucune organisation particulière, aucune cohérence apparente dans leur disposition. Si de la magie se cachait sous ce coffret, elle ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait étudié. Le secouant près de son oreille, elle crut percevoir un étrange bruit, mais son étude fut interrompue par un nouveau mouvement de la barque. La pâleur mangea son visage tandis qu’elle s’agrippait au rebord.

« Mais qu’est-ce que vous faites ?
Je me mets au sec, grommela Edward, contraint à prendre appuis sur l’un des meubles immergés afin de se hisser dans le navire de fortune.
Vous êtes bien trop lourd, White ! Vous risquez de nous couler !
Impossible ! Intervient Shaala. Il faut d’abord passer à la caisse ! »

D’un premier claquement de doigt, l’ifrit rendit toute sa liberté au postérieur de Ratus d’Aragon sans prendre la peine de colmater la barque, puis d’un second, il fit serpenter la corde dénouée entre les deux bateaux et les lia solidement l’un derrière l’autre. Avec élégance, il s’installa ensuite en tailleurs en tête du cortège, sur la poupe de l’aviron, repliant sa silhouette filiforme comme un diable à ressort qui rentrerait dans sa boîte. Les traits fendus par son indéfectible sourire, il annonça avec une pointe d’amusement dans la voix :

« Vous devriez vous accrocher, ça risque de secouer. »

Edward n’eut pas le temps de protester et encore moins celui de s’inquiéter pour son neveu. Les vannes lâchèrent, littéralement.
Recentrant son énergie sur la protection des embarcations, Shaala permit à toute l’eau maintenue en retrait de reprendre sa place. Furieux d’avoir été écartés, les flots submergèrent voracement tout l’espace. Champagne ! De la pression accumulée naquit une vague puissante et son armée d’écume. La salle fut envahit de toute part avec une force colossale qui n’avait qu’un seul but : chasser l’étranger. Le bruit assourdissant de l’assaut couvrit tous les cris. Les troupes chaotiques brassèrent et balayèrent tout ce qui croisa son chemin, puis elles unirent leurs efforts dans l’ultime charge qui repoussa le duo de navires hors de son territoire.
Lancés à pleine vitesse dans les couloirs tourmentés du grand magasin, les marins d’un jour ne furent pas épargnés par cette formidable tempête. Les éléments déchaînés arrachèrent le gouvernait des doigts tétanisés d’Elli, laissant le tumulte décider de la direction de la barque. L’aviron ne fut pas plus chanceux, deux de ses rames ayant été avalées par les remous. Ballotés à droite, ils heurtèrent un mur, à gauche, un meuble les percuta. Shaala leur évita le naufrage, les accompagnant avec amusement dans cette remontée apocalyptique.
Un faible éclat annonça enfin la proximité de la surface. Les marches de l’escalier emprunté un peu plus tôt furent survolées et toutes les eaux du bâtiments s’unirent pour violemment les recracher. Vol plané. La barque et l’aviron décollèrent et traversèrent, dans une pluie de fines gouttelettes, le faste du hall de la Samaritaine. La chute se fit dans une éclaboussure superbe qui ne les freina pas. Approchèrent alors les portes cochères du grand magasin.
Pris de court par cet élan insoupçonné, Shaala fut aussitôt sur pied. Debout sur la pointe de l’aviron, l’ifrit garda l’entrée grande ouverte d’une main, quand de l’autre, il ajustait leur trajectoire. Les navires quittèrent la boutique avec une vélocité apte à vexer un espadon et furent précipités dans la rue de la Monnaie où une bien mauvaise surprise les attendait.
Garé en double file, le Hollandais Volant avait profité de la montée des eaux pour se rapprocher de la Samaritaine, (moins pour cueillir les chasseurs de trésor que pour espérer bénéficier d’un petit rabais sur le dernier bestiaire marin dont la librairie de l’échoppe disproportionnée se t’arguait d’avoir fait l’acquisition). Toujours était-il que l’immense trois mâts gênait, obstruant l’allée de sa coque gigantesque.
Le choc parut inévitable, mais en bon commercial, Shaala ne s’en laissa pas conter. Gonflant les eaux dans leur dos, il rendit toute sa vigueur à leur élan et les envoya droit sur un amoncellement de planches, désormais tremplin parfaitement incliné. Ils s’envolèrent en direction du pont du Hollandais.
L’atterrissage aurait dû être doux et maîtrisé, mais pour une raison inconnue les pouvoirs de l’ifrit se détraquèrent une fois le périmètre du vaisseau franchi. Privé de sa protection, l’équipage roula-boula, en vrac, sur les planches du violier. La barque et l’aviron ne furent plus bons qu’à allumer un feu.

Aïe.

Bien sonné, Edward mit deux bonnes minutes à tenter de se redresser. La douleur dans son épaule droite le fit moins grimacer que le goût métallique qui lui emplit la bouche. Il s’était mordu la langue.
Coup d’œil pour les alentours. Il vit Ouadji tout près et fit aussitôt un effort pour se remettre sur pieds. Un seul pas, un peu précaire, le rapprocha du petit sphinx auquel le loup blanc rendit son bonnet tout en s’assurant qu’il allait bien. Un museau aux moustaches recourbées s’extirpa des replis de la laine et bientôt les grands yeux noirs du valeureux Ratus d’Aragon se posèrent sur son protéger.
Son équilibre définitivement retrouvé, Edward se redressa, inquiet pour le reste des passagers. Il aperçut Logan auprès de Valentine, puis Shaala penché sur Elli. La sphinge le houspilla, mais sa cheville gauche refusant de la soutenir, elle n’eut d’autre choix que d’accepter l’aide de l’habile vendeur. Trois personnes manquaient encore à l’appel, mais le lycanthrope crut apercevoir le commissaire. Il l’appela et voulut faire un pas, mais l’ombre d’Andréa coupa net son élan.
Le jeune homme se situait à une dizaine de mètres et s’éloignait d’eux. Il avait l’arcade ouverte. Une ligne rouge fendait la douceur de ses traits, mais il ne parut pas le remarquer. Le regard vide, ses longues et maigres jambes allongeaient une foulée pressée qui n’était pas la sienne. Edward vit ses lèvres remuer, mais il ne parlait pas assez fort pour que son ouïe développée perçoive ce qu’il marmonnait. En revanche, Edward nota la main de son neveu crispée autour de la boussole. Un filet lumineux violet s’échappait nettement du boîtier. La crainte couvrit ses tempes d’une sueur froide.

« Andréa ! »

Peine perdue. Le louveteau n’était pas en état de l’entendre. S’élancer, le rattraper, arracher de ses doigts cet objet maudit et… Edward cessa de respirer.
L’ambiance venait de changer, se chargeant de quelque chose de désagréable. Une purée de pois tirant avala lentement tout Paris, masquant par sa densité jusqu’à l’enseigne de la Samaritaine, pourtant toute proche.
Retentit alors un son grave, de fond de gorge, de ce que produit une bouche close sur une mélodie fredonnée. Loin de la comptine insouciante, l’air qui s’élevait de partout à la fois se révéla lent, sombre et oppressant.
Alors qu’il cherchait à en identifier la cause, quelque chose heurta l’épaule d’Edward. Peu habitué à ne pas percevoir le danger, son instinct le poussa à se mettre en garde après un vif pas de côté. Le regard vide d’un visage émacié passa sur lui sans le voir. Le matelot du Hollandais poursuivit son chemin et contenant un hoquet inquiet, le loup blanc se rappela que les morts n’ont pas d’odeur.
Et les morts les encerclaient. C’était leur voix d’outre-tombe que l’on entendait. Une à une, les silhouettes luisantes des spectres se découpèrent dans les volutes de brouillard. Toutes avançaient du même pas, dans la même direction, celle d’Andréa. Avec effroi, Edward le vit ramasser la boîte qu’il avait accepté de rapporter.

« Hé dîtes, qu’est-ce que la grande ficelle fiche avec ma boussole et mon trésor au juste ? »

Nouvelle frayeur.

« Fokke ? Souffla Edward, une main sur son cœur malmené. Vous n’êtes pas… Pourquoi vos matelots…
C’est bien c’que j’voudrais savoir ! Ça a jamais été des lumières, mais là même un banc d’plancton s’rait plus efficace !
C’est quoi ce trésor au juste ?
J’sais pas ! J’ai laissé mes gars décider cette fois. Deecken m’a dit qu’a d’vait les conduire vers ce dont ils rêvaient.
Richesse et célébrité ?
Nan… Vers la liberté. »

Ce qui n’était pas une franche réussite, même Fokke l’admettait. Il ne se l’expliquait pas pour autant et n’eut guère le temps de prolonger son intense réflexion, car tonna un assourdissant silence. L’équipage s’était tu et à leur complainte gutturale ne succéda que le sifflement furieux du vent.
Les voiles claquèrent, secouées par d’intenses bourrasques. Les cordages fouettaient l’air, le bois grinçait, tout le navire semblait prêt à se disloquer, mais Fokke le savait, il en fallait bien plus pour venir à bout du Hollandais Volant. Alors Deecken écarta ses lèvres sèches et ouvrit faiblement sa bouche édentés. Un seul mot fut prononcé, coulant et suintant,  un mot qui enfla très vite, porté par la voix de tout l’équipage :

« Léviathan… »

Un gargouillis chatouilla la coque. Les eaux froides de la Seine se mirent à bouillonner.

Alors éclata un rire qu’Edward n’oublierait jamais. Immobile au milieu du pont, le coffret fissuré entre ses main et protégé par la cohorte de revenants, Andréa exultait comme un possédé. Ce timbre n’était pas le sien. Comment aurait-il pu l’être ? Il n’avait rien d’humain. Ce rire datait d’une époque que tous avaient oublié, il était sombre, abyssale et profondément malsain. C’était celui du mal dans ce qu’il avait de plus bestial et de plus brut. Une cruauté primitive, antédiluvienne, scellée en des temps reculés. Mais enfin, il revenait.

« Léviathan… »

Edward était livide et plus tremblant qu’une feuille d’automne. Ses yeux rouges, mais vide de larmes, restaient figé sur la silhouette de l’être adoré pour lequel il se mit à craindre au-delà du pire. Il aurait dû s’élancer, courir par delà les morts pour tenter quelque chose, n’importe quoi, mais fasse à la magie que pouvait-il faire ? Son impuissance le tétanisa.
Puis le Capitaine Fokke hurla. Il n’avait pas eu besoin d’un bestiaire pour comprendre ce qui les attendait. Il allait prendre la meilleure décision de sa mort.

« Que ceux qui en ont le courage me suivent ! Les autres tiendront le canot près à quitter le navire. C’t’affaire se finira entre le Hollandais et la vieille crevette ! »

Un choc et tout le navire s’ébranla. Elli et Shaala avaient rejoint Ouadji. La sphinge appela Edward, mais il ne l’entendit pas. L’ifrit pressa ses deux camarades d’accélérer le pas en direction des canots à l’instant où explosa un grondement guttural.
Alors une main osseuse tomba sur l’épaule d’Edward qui sursauta. Son regard dépareillé croisa celui  désormais brillant de Fokke. Le capitaine avait retrouvé tout le charisme de sa prime jeunesse. Il passa une main épaisse, pleine de chaire, dans sa barbe drue et un sourire blanc s’étira sous la jungle de sa moustache.

« J’vais vous aider à récupérer la grande ficelle. Et après ça, le Hollandais Volant mettra un point finale à sa légende. »



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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 - Page 2 I_icon_minitimeSam 12 Nov - 14:36

L'eau continuait de s'infiltrer dans leur barque et Valentine ne savait toujours pas comment colmater la brèche. Mais alors qu'elle regardait autour d'elle et que Loki s'apprêtait à se mettre à l'eau, le jeune garçon au bonnet s'activa et eu une idée pour le moins surprenante. S'emparant de son rat, mais également de l'écharpe fétiche de l'homme canin, il reboucha le trou, suffisamment pour que l'eau stop son avancée.
Valentine écarquilla les yeux, trouvant cette méthode pour le moins inédite, avant de remarquer le visage dépité de son ami, son regard fixé sur son bien. Elle eu un petit pincement au coeur en se rappelant à quel point il aimait ce morceau de tissu et tenta de la réconforter du mieux qu'elle le pu.


"Ne t'en fais pas, dès qu'on sort d'ici, je te promet de laver ton écharpe et de te la rendre encore plus propre que d'ordinaire. C'est pour une bonne cause !"

Loki soupira et lâcha une moue dégoutée. Il avait tendance à cacher son odorat aiguisé avec cet accessoire, protection indispensable lors des agressions olfactives du monde environnant. Et le voir autour d'un rat... Il frissonna et resta silencieux.
Fort heureusement, l'apparition soudaine d'Edward, détourna son attention et rassura enfin l'assemblée, sonnant la fin de la traque à l'objet rare.
Valentine se sentit un peu déçu en voyant l'objet mais haussa les épaules. S'ils avaient enfin ce que le Hollandais volant convoitait, l'eau allait pouvoir repartir avec le navire très bientôt. Vu la montée de la Seine, elle craignait que le hall de son immeuble soit immergé et imaginé sans mal la consternation des trois hommes laissés là-bas.

La réflexion ne fut pourtant que de courte durée. Alors qu'Edward montait dans leur barque pour se mettre au sec, avec l'aide de Loki, qui préférait qu'il ne les fasse pas chavirer en mettant trop de temps pour se hisser, Shaala s'anima et leur fit comprendre qu'il allait les faire sortir d'ici rapidement.
Sentant venir le danger, la jeune femme s’assit rapidement. Grand bien lui fit quand elle vit le rat et l'écharpe être retirés du trou. Elle put ainsi récupérer le bout de tissu avant même qu'ils ne commencèrent à avancer.

Loki manqua de tomber mais parvint à se remettre à sa place, regardant avec dépit les rames se volatiliser définitivement dans le remous.
Ils furent secouer violemment dans la chute de l'eau et le trajet tumultueux vers la sortie. Mais quelle idée avait eu ce vendeur d'agir de la sorte ?! Souhaitait il les achever ?!
Mais malgré le danger, la rouquine ne put retenir une pointe d'amusement l'envahir. Comme tout cela était effrayant mais divertissant ! L'excitation l'envahissait et bientôt elle dû faire un effort monstre pour ne pas rire. Le bouquet final, le tremplin droit vers le navire garait à la sortie du magasin, effraya grandement la jeune femme, mais cela ne l'empêcha pas, après un atterrissage fracassant, de glousser.
Si la douleur de la réception se répercutait dans tout son corps, l'adrénaline coulait toujours dans ses veines et elle ne put s'empêcher de faire un grand sourire amusé.


"On recommence ?! Par contre la fin demande à être revue..."

"Idiote..."

Reprenant ses esprits, elle réalisa que ses blessures étaient minimes, tout simplement car son ancien compagnon à quatre pattes avait encore eu le réflexe de se jeter sur elle pour la protéger. Allongée sur le dos, elle aperçu Loki, penché au dessus d'elle, regardant si elle allait bien. Le rassurant, elle se redressa en position assise et observa autour d'eux. Entourés de débris de bateaux, tous les autres passagers se relevaient péniblement, n'ayant pas appréciés comme elle le petit tour de manège.

"Tu saignes, Valentine, est-ce que ça va ?"

Reposant son regard sur son ami, il indiquait son front du doigt. Surprise, elle leva la main pour le toucher. Elle sentit alors un liquide chaud et une pique de douleur au dessus de son arcade sourcilière droit. C'était cependant parfaitement supportable et, mais à part quelques contusions et hématomes probables sur le corps, elle se sentait plutôt bien.
Mais elle n'aurait pas pu dire la même chose de Loki. Se focalisant sur lui, elle réalisa qu'il cherchait à dissimuler sa jambe. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour découvrir une blessure qui lui donna des frissons.


"Et tu t'inquiète pour moi ?! Montre moi ça que je t'apporte les premiers soins, idiot !"

Il voulu riposter, mais il ne menait pas large avec un morceau de bois planté dans la cuisse, lui arrachant une grimace de douleur à chaque mouvement. Le forçant à rester immobile, la jeune femme fouilla dans sa besace et sorti sa trousse de premier secours. Finalement reconnaissante de vivre en compagnie de deux médecins, elle analysa rapidement la situation et comprit vite qu'elle ne devait absolument pas retirer le corps étranger. Elle préféra bander soigneusement autour pour le maintenir, mais aussi pour faire un garrot.

"Je vais t'emmener voir Alexander et Arnaud, dès que possible, et pas d'objection ! Ta blessure peut s'aggraver et ce sont les meilleurs médecins que je connaisse."

Avec chance, leur escapade les avait rapproché du cabinet, ne leur donnant alors moins de distance à parcourir. Avec même un peu d'espoir, elle pourrait demander à ce qu'on les dépose en barque juste à côté. Enfin pour cela il fallait que l'eau ne se retire pas de suite et qu'il y ait un...
Jetant un coup d’œil, elle se rassura en voyant qu'il y avait bien un canot de sauvetage. En revanche, elle remarqua également l'animation autour d'eau et bien vite, elle comprit que quelque chose n'allait pas.
Les matelots semblaient soudain très étrange et se dirigeaient vers quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Quand elle reconnu le jeune Andréa, un frisson la parcouru, comprenant qu'il n'était à nouveau plus lui-même. Cette histoire sentait mauvais et il fallait quitter ce navire au plus vite.
Son instinct de survie éveillé à son paroxysme, elle se redressa rapidement et aida son ami à se redresser, servant de support pour qu'il n'appuie le moins possible la jambe sur le sol.

Ils rejoignirent péniblement les autres, déjà prêt à fuir. Mais Valentine tiqua légèrement, voyant Edward et le Capitaine prêt à en découdre. Elle souhaitait sincèrement les aider mais ne savait comment faire. Peut-être pouvait-elle profiter de sa petite taille comparée aux deux hommes, pour se glisser rapidement vers Andréa. Mais allait-elle réussir, les matelots semblaient déterminés à ne laisser personne intervenir. Quand au garçon, il était clairement en transe et vu la crise qu'elle avait déjà vu sur la barque, elle se ferait balayer en un revers de main. Mais peut-être devait-elle quand même prendre le risque ?

Elle n'avait encore amorcé aucun mouvement que la prise de Loki se resserra sur elle, l'empêchant de se dégager. Lorsqu'elle tourna la tête vers le blessé, la jeune femme croisa son regard sévère. Les dents serrés par la douleur et surement par la colère, il laissa échapper quelques mots sur un ton qui ne laissait aucun contestation.


"N'y pense même pas !"

"Ils ont besoin d'aide et je suis parfaitement capable de me débrouiller."

"Je suis réellement heureux que tu reprennes du poils de la bête, mais même avec cet optimisme, c'est TROP dangereux pour toi, pour beaucoup de personne en réalité. Il y a des choses que même la plus grande des motivations ne suffira pas. Fuyons d'ici."

La déclaration de Loki sonna juste aux oreilles de Valentine, même si cela lui faisait mal de l'avouer. Elle prise une profonde inspiration et abdiqua, hochant la tête avant de le conduire au canot, l'aidant à monter dedans. Jetant un dernier regard désolé vers les deux hommes, elle espéra du fond du cœur qu'ils parviennent à stopper tout cela avant qu'un drame ne se produise.


hrp:
Ryden Haesmar
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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 - Page 2 I_icon_minitimeLun 14 Nov - 4:21

- I believe I can flyyyyy. I believe I can touch the skyyyyy. Chanta le marin fantomatique, la main tendue vers le ciel alors qu’il passait au travers d’une des fenêtres du deuxième étage du magasin.

Son envolé plus ou moins consentit le propulsa directement dans les voiles du Hollandais Volant. Il glissa, impuissant, le long des tissus. Sa main libre essaya d’agripper une manœuvre ou une vergue, n’importe quoi, en fait. N’importe quoi qui puisse ralentir sa chute tandis que son autre bras serrait précieusement son butin. Puis vint le moment où la toile cessa de lui filer entre les doigts, remplacé par du vide absolu, et la seconde après, l’instant tant redouté, l’atterrissage. Malgré sa condition fantomatique, elle ne fut pas sans douleur.
Lorsqu’il réussit à bouger de nouveau, il se leva lentement. Non pas dû à ses membres endoloris (en fait, oui, un peu), mais parce que son regard, balayant l’étendu du pont, prenait conscience de la gravité de la situation. Un mot revenait sans cesse dans la bouche des matelots. Un mot qui fit frissonner le démon en lui. D’excitation ou d’horreur, il n’aurait trop su dire.

Alors survint un nouveau choc qui ébranla le navire. Quelque chose râpa la coque. La Seine frémit avec encore plus de force. Puis, une tête sortit des profondeurs des eaux obscures. Elle s’éleva, monstrueuse, terrifiante, gigantesque. Recouverte d’écailles ancestrales, de la sauvagerie à l’état brute dans ses yeux intelligents et abyssales, une puissante mâchoire renfermant des dents aussi longues que le plus grand des hommes sur le trois-mâts, elle était toutes les descriptions faites à son sujet et rien en même temps. Le mousse comprenait maintenant pourquoi personne n’avait jamais réussi à la décrire. Une telle beauté était tout simplement indescriptible. Et il aurait sans hésiter vendu son âme, s’il en avait eu une, pour pouvoir la dompter.

Subjugué par l’antique bête, ses pas le menèrent au côté de Fokke et de son nouvel acolyte.

- Cap’taine, si vous avez une relique pour contrôler le Léviathan, il serait temps de la sortir.

Sa voix se modifia. Elle prit une teinte plus nasillarde, plus amusée et arrogante. Le mousse disparut. À sa place se trouvait maintenant la grande brindille rousse aux taches de rousseur.

- Je vous l’échange contre ceci.

Il brandissait dans sa main un gros bouquin richement décoré de filages dorés.

- Le bestiaire tel que demandé, mais vous devriez commencer avec celui-ci avant.

D’un mouvement de doigt, il décolla un ouvrage plus petit, dissimulé derrière le premier, intitulé : « À la découverte des créatures marines avec Diego l’Explorateur. » Sur sa couverture, on apercevait un écolier, les chaussettes montés jusqu’aux genoux, entouré de mammifères marins. Il s’agissait d’un livre clairement dédié à un très jeune public.

Voyant l’irritation monter en flèche sur le visage du barbu et sa main se diriger vers son mousquet, la tignasse rousse lui lança un grand sourire.

- Oups. Disparu ! Dit-il au marin au moment où ses doigts agrippaient du vide.

Maintenant, la rapidité était de mise. Chaque seconde comptait. Alors, le rouquin s’élança. Il balança les livres sur Fokke. D’un geste, il attrapa le poignard gravé d’une araignée, tournoya en se penchant et planta la lame dans le pied de White. Puis, se relevant, il saisit le capitaine par la taille, le collant contre lui, pour un tour de danse. Le bras tendu, il le fit pivoter de 180o avant de le repousser et tira, visant le cœur du colosse avec son mousquet, celui volé plus tôt alors qu’il le distrayait avec les bouquins.

Il s’arrêta une seconde, curieux concernant deux points. Cette fois-ci, la balle ne serait pas sans effet. Alors, que ferait le projectile maudit sur un corps tout aussi maudit ou, dans ce cas-ci, plusieurs si la balle traversait le premier obstacle ? Traverserait-elle la chair fantomatique sans encombre ? Et le Léviathan, comment réagirait-il si le jeune élu était menacé ?
Il observa l’endroit de pénétration, puis se pencha sur le côté afin de voir le banc de morts derrière.

- Ah.

La tache de rousseur ambulante se redressa semi-déçu, semi-satisfait de ses réponses. Puis comme pour contredire ses déductions, ou peut-être n’était-ce qu’une coïncidence, s’éleva un rugissement qui fit claquer les voiles. La surface de l’eau vibra sous la puissance du hurlement. Une pluie de salive s’abattit sur les occupants du pont. Le Léviathan entrait enfin dans le jeu. Un tentacule/queue/appendice/podia – le rouquin n’aurait trop su dire et ne prit pas le temps d’élucider ce mystère – sortit de nulle part. Il resta dans les airs, se tortilla durant une fraction de seconde avant de foncer sur le jeune arrogant. Le navire s’ébranla sous le choc. Le pont craqua, mais la carotte filiforme évita l’attaque de justesse. Surexcité par l’adrénaline, le garçon exécuta une roulade sur le côté, esquivant une autre menace, visa sa seconde cible et appuya sur la gâchette. Appuya sur la gâchette ! Pourquoi rien ne se produisit !? Il observa son arme. Et merde, elle était vide.

- Fokke ! Vous devriez tenir votre armement à jour ! Il y a plus efficace de nos jours que ce vieux mousquet ! Dit-il en balançant l’arme par-dessus son épaule, irrité par cet imprévu.

Changeant un peu son plan, il effectua un triplet en tournant, puis un cambré, évitant le fauchage du Léviathan, termina sa petite dance par un développé qui fouetta le poignet de Deeken. Celui-ci lâcha son coutelas. Dans un grand jeté, le rouquin attrapa l’arme au vol, pivota autour du Second, saisit le pistolet à sa ceinture, puis s’élança sur le garde-corps. Il s’arrêta le temps de repérer ses cibles. Il vit le loup noir à quelques mètres de lui, à découvert. Il n’aurait pu espérer mieux. L’autre, la ficelle possédée, était toujours encerclée de son harem de croque-morts, mais il y avait une petite ouverture. Ce ne serait pas facile, mais pas impossible de le mettre à terre… et avec un peu de chance, tous ses alliés, s’ils étaient tous liés ensembles. Prenant une grande respiration, il dirigea son tir vers l’artère fémorale de l’élu et BAANG ! Sans perdre une seconde, de son autre main, il lança le long poignard vers le commissaire, plus précisément, vers son poumon droit. Pourquoi l’attaquait-il ? Si le rouquin était en mesure de vous répondre, il dirait avec désinvolture : « Pourquoi pas ? » Puis, il rajouterait : « Une envie de longue date. » Mais il ne l’était pas donc vous n’aurez jamais sa réponse.

Il tira ensuite sa révérence. Il se laissa tomber de l’autre côté de la rambarde, mais ne disparut que brièvement. Atterrissant sur le corps de la gigantesque créature, il entreprit aussitôt son ascension. Exercice qui s’avéra pire qu’un rodéo. Tout le long, il évita de nombreuses attaques, et plus d’une fois, il entendit le terrifiant claquement de dents près de ses oreilles, mais atteignit tout de même le sommet. Il s’installa près d’un des orifices auditifs.

Deviendra-t-il le prochain démon qui murmure à l’oreille des créatures bibliques/démoniaque/à provenance inconnues ? Il y avait peu de chances, mais sait-on jamais…

*****

Pendant ce temps, de l’autre côté du Hollandais volant, un jeune sphinx se démenait pour réparer un canot en mauvais état sous les ordres un peu trop autoritaires d’une congénère qui le pressait de se dépêcher. Une tâche qui, contrairement à ce qu’on pourrait penser, n’était pas si évidente surtout avec des équipements aussi mal entretenus, sans parler du chaos qui régnait sur le pont. Heureusement, Shaala lui filait un coup de main.

Alors qu’ils mettaient la barque à l’eau, des pas approchèrent. Il se retourna et vit le couple, qui selon leur dire n’en était pas un. Constatant la blessure de l’homme, le blondinet s’élança et aida la femme. À deux, ils le descendirent, l’assistant avec l’échelle de corde et l’installèrent dans le canot, puis ce fut au tour d’Eli. Shaala déjà à bord maintenait l’embarcation accostée au Hollandais. Il ne manquait plus que quatre personnes. Ouadji se tourna vers eux. Impossible de les abandonner ! Il resterait tant et aussi longtemps qu’un de ses compagnons seraient encore sur le navire… même si, pour l’instant, le sphinx ignorait comment les aider.

HRP:
Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 - Page 2 I_icon_minitimeMar 29 Nov - 19:26

BANG !

Edward hurla. Il ne garda aucun souvenir des mots qu’il prononça, mais chaque syllabe tonna avec la force de l’effroi. Il distingua la balle qui fendit les airs, emportant dans son sillage un peu de la brume morbide dans laquelle tous se débattaient.
La trajectoire sembla parfaite ; le cri d’Andréa le confirma. Touché à la cuisse, son corps maigre se cambra en arrière surpris par la douleur, puis pris d’un frisson, il se recroquevilla en posant un genoux à terre. À son tour, le Léviathan flancha. Jusqu’alors suspendu dans les airs près, l’un de ses bras ruisselant s’écroula sans contrôle. Il happa la hune du grand mât, frôla les canots, puis disparut, avalés par les ténèbres du fleuve, provocant un remous colossale.
Le Hollandais Volant tangua violemment. Toujours privés volonté propre, plusieurs membres de l’équipage chutèrent pris de cours par le roulis. Des canons s’arrachèrent des rangées de tribord et roulèrent au centre du pont, se heurtant les uns les autres dans un concert métallique assourdissant.

Immobile, prisonnier du rôle insupportable de simple spectateur, Edward se sentit submergé par une colère animale. Il luttait furieusement contre la magie qui le clouait sur place. Chaque échec avaient la violence d’une gifle et transformait le feu qui le consumait en un brasier vengeur.
Ses yeux vairons cherchaient avidement une solution. Ils s’égarèrent sur le corps inanimé de Fokke, allongé à quelques mètres à peine, puis se reportèrent sur son neveu. L’effroi s’ajouta alors à la colère du loup blanc.
Andréa peinait à se redresser. Vraiment. Une chose le poussait pourtant à se remettre sur pied, mais il était visible sur son corps, sur ses traits, qu’il ne combattait pas uniquement contre la blessure qui venait de lui déchirer la jambe.
Comme un reflet déformé, le Léviathan s’agita à son tour. Lui aussi paraissait se débattre, mais encore groggy de ses années d’enfermement, ses mouvements demeuraient chaotiques. Un tressaillement repoussa son corps contre le bâtiment voisin dont il arracha une partie des balcons et une pluie de débris accompagna le géant qui se laissa sombrer à l’abris des eaux noires du fleuve. Protégeant sa retraite, le brouillard s’épaissit à son tour.
La brume engloutit une moitié du navire et Edward perdit son neveu de vue, mais pas le corps de Fokke qu’il vit frémir du coin de l’œil. Le dernier souffle d’un trépassé ? Certainement pas. Le capitaine bougea ses doigts et hors de lui, Edward aboya :

« Fokke ! Debout vieux corniaud ! J’ai besoin de vous ! »

Le capitaine du Hollandais Volant se souleva d’un bloc, comme arraché d’un mauvais rêve. Son visage blême s’empourpra de colère à mesure qu’il palpait énergiquement son buste, où le trou fumant causé par le diable roux finissait de se résorber. Ses larges épaules s’affaissèrent dans un soupire de soulagement. Quelle chance d’être déjà mort !
Un saut carpé le hissa en un rien de temps sur ses jambes courtaudes. Il s’empressa de rejoindre Edward qui bouillonnait d’une impatience sauvage. Consciencieux, le capitaine s’enquit de ce qu’il avait manqué, mais il n’obtint aucune réponse, car à la seconde où il récupéra son poignard, Fokke libéra la fureur du roi des loups.

Perçant la brume, Edward se jeta dans la mêlée comme un taureau dans un jeu de quille. Tout détruire. De nouveau lucide, le pauvre Deeken fut le premier à en pâtir. Mauvais endroit, mauvais moment. La main d’Edward se referma sur son visage décrépit, éclatant ce qui lui restait de cartilage sur le nez. L’élan donné, il souleva le malheureux comme une vulgaire poupée de tissus et écrasa son corps abîmé sur le plancher du navire. Le bois craqua et se brisa sous la force de l’impact, bloquant le second dans les mailles des débris.
Essoufflé, Fokke réussit tout juste à les rattraper. Aidant Deeken, le capitaine appela à l’élaboration d’un plan, mais même lui n’avait jamais réussi à raisonner un ouragan.
Edward n’avait qu’un but et balaya tout ce qui s’interposa. Il fracassa deux matelots l’un contre l’autre, un troisième le blessa à l’épaule et perdit aussitôt son avant bras. Sa face émaciée termina sous le pieds nu du loup-garou qui poursuivit son chemin.

Répondant à cette menace, l’eau de la Seine entra en ébullition. Attendant de récupérer la totalité de ses forces, le Léviathan resta tapis sous la sombre surface dont il extirpa seulement trois de ses membres. Deux transpercèrent la coque du Hollandais Volant, bousculant ses canots. Le navire émit un craquement d’agonie, mais tint bon tandis qu’il était entraîné par le fond.
Le troisième membre chercha à protéger son gardien. Souple et luisant, le bras longea le château arrière, puis serpenta parmi l’équipage, les poussant à s’amonceler devant lui en un ultime rempart.
Coups d’épaule, de coude, esquives et crochets tentèrent de se frayer un chemin dans ce formidable récif. Des dents volèrent, des os se brisèrent, mais tenaces, les morts parvinrent à freiner la progression de l’animal. Hurlement de rage et tintement de l’acier.
Edward sursauta. Dans son dos, Fokke repoussa la lame qui s’apprêtait à lui trancher la nuque. Coup d’estoc. Le capitaine embrocha son matelot en s’excusant, puis il s’adressa au lycanthrope :

« Vous n’y arriverez jamais comme ça !
Je sais ! Cracha Edward. Mais je dois essayer !
Pour la grande ficelle, hein ? »

Le loup gronda et arracha un crâne de ses vertèbres. Le capitaine du Hollandais Volant en profita pour retourner sa lame contre la bête sauvage. Elle se figea à la seconde où le couperet lui caressa la gorge. La menace d’une mort atroce embrasa ses iris dépareillés, mais Fokke avait l’attention qu’il désirait. L’arme qui le tenait en respect n’était pas son sabre, mais le poignard à l’araignée. Rapidement, il le fit pivoter, lui présentant sa garde.

« Prenez de la hauteur. Deeken et moi on s’occupe de l’équipage. »

Un coup d’œil malicieux suffit. Edward comprit. Il se débarrassa du mousse qui s’agrippait à son bras, puis il fonça, tête baissée, droit dans ce mur de mort-vivant. Le loup blanc réussit à y faire une percée. Alors il s’élança sans hésiter, gagnant de sa plus puissante foulée l’un des canons qui avait dérivé jusqu’au milieu du pont. Pointé vers le ciel, il formait le tremplin parfait.
Vif et agile, un premier pas le hissa sur le cylindre de fer, un second l’éleva à son sommet et un dernier le fit s’envoler. Sa détente démesurée lui permit de survoler cette étendue sans vie sur plusieurs mètres, puis la gravité se rappela à lui. Mais déterminer à ne rien lui céder, Edward atterrit les deux pieds sur une tête et continua d’avancer. Courant sur la foule, il piétina visages et épaules et épuisa jusqu’au dernier souffle de son élan. Alors déséquilibré, il sentit plusieurs paires de mains s’agripper à ses mollets. Cette mer de morts allait l’emporter, mais il évita la noyade et expulsé par ces flots empoisonnés, il s’échoua, enfin, aux pieds de l’élu.
L’odeur du sang le prit aussitôt à la gorge. Edward toussa, chercha à se hisser sur ses bras blessés, puis releva péniblement la tête. Une tâche sombre maculait la jambe d’Andréa et auréolait de rouge le membre du Léviathan lové contre lui. La créature obligea le garçon à reculer en boitant et un même frisson de douleur parcouru leur deux corps.

« Va t’en. »

Deux mots murmurés d’une voix claire et douce. Edward retrouva les prunelles noisettes qu’il connaissait si bien, mais les découvrir pleines de larmes et de peur lui porta un rude coup au cœur. Décharge d’adrénaline. Le courant traversa ses muscles fatigués, leur rendant l’énergie nécessaire pour le remettre sur pied. Trop vite. Il tangua un peu, puis réussit à affirmer ses appuis.
Andréa aperçut alors le poignard qu’il tenait et ses doigts fins se crispèrent sur la boîte. À son tour, le bras du Léviathan se resserra en une étreinte protectrice.
L’estomac d’Edward se révulsa et toute sa rancœur et sa colère explosèrent sur trois mots :

« Lâche cette boîte !
Il veut que je reste…
Ne l’écoute pas !
Mais il… Avant il y en avait deux comme lui. Il veut juste qu’on lui rende son ami.
Il se moque de toi !
C’était normal qu’il soit en colère !
Andréa !
Mais ils l’ont emprisonnés sans chercher à comprendre !
Il te ment !
Non !
Tu lui sers de passerelle ! Dès qu’il aura repris assez de force, il se débarrassera de toi !
NON ! »

Au timbre clair se superposa un grondement guttural. Pris d’un violent soubresaut, Andréa se cambra en arrière. Ses yeux se révulsèrent lorsque surgirent des eaux deux autres membres tentaculaires. Un premier s’abattit, arracha ce qui restait de la grand-voile et balaya une partie du pont droit dans leur direction. Prêt à faucher Edward, jamais il ne l’atteignit.
L’équipage du Hollandais s’interposa. Fokke et Deeken étaient parvenus à rendre leur lucidité  aux marins et ensemble, ils parvinrent à couper la course du monstre. Qu’à cela ne tienne. La coque crissa sordidement et se fissura par pans entiers. L’eau s’engouffra dans les brèches et le navire s’enfonça de plusieurs mètres dans la Seine. Heurtant le flanc du bateau, les canots toujours arrimés se rapprochèrent malgré eux du fleuve et de la bête qu’il abritait.
Alors frappa le second bras. Il s’enroula autour de ce qui restait du grand mât et l’arracha du pont comme un vulgaire cure-dent. Aux gerbes d’eaux s’ajoutèrent une pluie de débris de bois. L’arme gigantesque s’éleva dans les airs.
À l’avant, Fokke beugla, à l’arrière Edward se jeta sur son neveu. Le bras protecteur du Léviathan n’eut pas le temps de raffermir son étreinte. Tirant partie de la puissance de ses deux mains, Edward transperça la chaire du monstre et l’épingla rageusement au mât d’artimon. Immédiatement, l’adolescent se tétanisa, tout comme le Léviathan dont les bras se figèrent, dressés dans les brumes. Un gargouillis précéda un tressaillement puissant. Il luttait, rageusement, intensément, ne leur laissant que peu de temps.
Edward agit par instinct. Profitant d’un soubresaut de la créature, il lui arracha son neveu. Un râle furieux remonta des tréfonds de la gorge du jeune homme, mais toujours immobilisé, ce fut sans violence qu’il se laissa déposséder de la boussole, puis de la boîte. Jetées au sol, toutes deux roulèrent sur le plancher. Alors le corps fiévreux d’Andréa se refroidit. Un hoquet souleva son maigre torse, puis tout son corps retomba, comme privé de vie.
Instant d’horreur. Puis un souffle gonfla doucement ce buste frêle. Moment de grâce.
Refoulant des larmes soulagées, Edward serra son neveu contre lui et le hissa dans ses bras. La jeune tête aux joues rondes mais pâles s’affaissa contre l’épaule de son oncle.

Le regard du loup blanc croisa celui du capitaine. Accord silencieux. Point d’hésitation, ni de questionnement héroïque, Edward avait tout ce qui comptait à ses yeux, il était temps de quitter le navire. Par chance, Ouadji et d’autres les attendait. On parvint à mettre le canot à l’eau et à s’éloigner. Un sombre silence accueillit la fin de leur épopée.


* * *


Le Hollandais Volant poussa une sinistre complainte, mais son capitaine ne l’entendit pas. Son regard océan restait fixé sur la boîte qui renfermait le Léviathan. Pas tout à fait libre, pas tout à fait scellé, sans son gardien, le monstre se retrouvait coincé entre deux mondes, un tiraillement qui lui faisait perdre tout contrôle.
Mais Fokke savait. Tant qu’il ne se saisissait pas de la boîte, la créature ne pourrait finir de s’en échapper. Mais s’il la ramassait, pas longtemps, mais juste assez, peut-être chanterait-on ses louanges par delà les sept mers pour l’éternité. Éternelle postérité à celui qui déchaina le mal sur terre et mer. Il se pinça les lèvres et tout son visage fondit d’envie.
Alors trois petits pas le rapprochèrent discrètement de l’objet. Bien sûr, il faisait mine de ne pas s’y intéresser ! Mais doucement, furtivement, il finit par se pencher, d’abord pour récupérer son poignard dont le Léviathan était parvenu à se libérer, mais ses doigts dévièrent de leur course.

« Capitaine ! »

Fokke se redressa. Mains dans le dos, sifflotant, il esquiva les prunelles charbonneuses de son second et sifflota. Se tenant bien droit, Deeken tenait la boussole dans ses mains roses de chaire. Lui aussi avait retrouvé la bonne mine des vivants, tout comme le reste de l’équipage. Alignés face à leur chef, leur figure était imprégnée de la même attente, du même espoir.
Autour d’eux, le Hollandais Volant partait en miettes au son des formidables fracas provoqués par les agissement désordonnés du Léviathan, mais personne n’avait peur.
Deeken leva la boussole. Sa voix calme et posée résonna avec une force si implacable qu’elle fit presque oublier le déchirement des voiles et l’explosion du bois.

« Vous aviez promis capitaine. »

Fokke eut une petite moue gamine, de celle que prennent les enfants quand ils savent qu’ils vont faire une bêtise, mais l’inquiétude profonde qui inonda le visage de ses hommes le dissuada de poursuivre la plaisanterie. Il soupira.

« C’est la fin du voyage, c’est ça ?
Et quel voyage mon capitaine.
Alors, il nous reste à partir en beauté ! N’est-ce pas Deeken ?
Et comment, mon capitaine !
Tout le monde à son poste ! S’exclama Fokke en brandissant son sabre. On a un calamar géant à emporter dans l’eau-delà ! Haha ! Eau-delà, vous l’avez Deeken ?
Elle est plus fine qu’à votre habitude mon capitaine, sourit le second, puis se tournant vers le reste de l’équipage. Vous avez entendu ? Le Hollandais Volant tire sa révérence ! Alors bourrez-moi ces canons qu’on reste fidèle à notre réputation, compris ? »

L’équipage répondit d’une seule voix.


* * *


Un gargouillis d’un autre temps s’éleva des eaux troubles jouxtant la Samaritaine. Émergea alors des ténèbres un cercle de récifs immaculés. À une première rangée, s’ajouta une seconde, puis une troisième et encore. Des rondes de crocs acérés qui se refermèrent sur la coque du Hollandais Volant.
Pour son ultime voyage, le vaisseau avait retrouvé sa beauté d’antan. Ses voiles blanches et pleines furent déchirées en même temps que tombèrent ses derniers mâts. La proue d’or se brisa, le château arrière se disloqua et lentement, le fabuleux navire s’émietta, victime de la folie destructrice du Léviathan.
Pourtant, depuis les restes de son pont, tonnaient encore les canons et les chants joyeux de Fokke et de ses hommes.

Lorsque le monstre les engloutit, il engloutit avec eux le seul objet auquel il était toujours lié et tel Ouroboros dévorant sa propre queue, en emportant le Hollandais Volant, le monstrueux Léviathan se dévora lui-même.
Les crocs se refermèrent et disparurent sous les flots. Le clapotis des vagues se joignit aux faibles chocs des débris remués par la houle. Puis un éclat bleuté perça la brume sous la surface du fleuve. Autour de lui, l’eau se délesta de toute souillure. La boue et la vase se dissipèrent, les déchets s’effacèrent et la lumière se répandit. Alors la Seine purifiée prit la teinte cristalline du plus sauvage des lagons. Parfaitement visibles, les poissons slalomèrent entre les murs et les parapet, glissant silencieusement sous les canots.
Un faible crépitement retentit. Près de La Samaritaine, l’eau sembla se cristalliser, puis craqua dans un bruit formidable, transpercée d’un immense geyser dont la teinte bleuté se mêla à celui du ciel soudain dégagé de Paris. Imprégnée de magie, l’onde de choc se propagea dans toute la capitale, remontant le cours d’eau jusqu’à s’épuiser à l’embouchure de ce dernier. Puis, comme une écho, elle revint à son point de départ, chargée d’une aveuglante luminosité.
Le calme et une étrange sérénité s’installèrent dans un Paris à nouveau métamorphosé. L’eau en surplus s’était volatilisée, découvrant le long d’une Seine azurée, de belles plages de sables fins.

Désormais bloqués sur la terre ferme, les canots du Hollandais Volant ressemblaient à des décorations dans cette capitale aux allures de bord de Méditerranée. Une carte postale idyllique dont tous ne pourraient pas profiter.

Il était grand temps de soigner les blessés.


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Andréa Eyssard
l Un monstre dans la peau l
Andréa Eyssard

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MessageSujet: Re: [Évent] Chasse au trésor - 1891   [Évent] Chasse au trésor - 1891 - Page 2 I_icon_minitimeMar 20 Déc - 19:15

Que la chaleur du soleil était douce pour sa peau de craie. Installé sur un banc, les yeux clos, Andréa somnolait. Impossible de s’assoupir quand il passait régulièrement tout près des groupes de parisiens excités. Un groupe d’amis d’abord, guidé par une demoiselle vantant un voyage passé au bord de la Méditerranée, une famille ensuite, ou deux peut-être car trois enfants le dépassèrent à toute allure, se courant après en poussant de grand cris de joie. Chacun espérait profiter de ce beau dimanche pour flâner le long des quais couverts de belles dunes d’un sable fin et doré.
La municipalité n’avait pas laissé filer cette unique opportunité de redorer son image tout en apportant un peu de joie à ses concitoyens. L’eau de la Seine à peine retirée, elle avait mis deux petits jours à lancer l’installation de quelques aménagements temporaires digne des plus coquettes station balnéaires du sud la France.
Côté Quai de Conti, transats et parasols permettaient de se prélasser tout en admirant les animations sportive organisées sur la berge d’en face. De temps à autre, éclats de rire et applaudissement encourageaient un joli coup et arrachaient faiblement le jeune loup à l’agréable torpeur dans laquelle il se laissait volontiers sombrer.
Puis une bise l’informa que son rendez-vous venait d’arriver et bousculant son demi-sommeil, Andréa s’empressa de se lever. Un tendre sourire inonda des traits encore fatigués qu’il essuya d’une seule main, l’autre étant prise. Il rayonnait sous ce beau soleil, offrant un contraste parfait à l’air grave et accablé qui s’était abattu brusquement sur la figure de son oncle.
Edward resta un instant immobile, ses yeux vairons ancrés sur la canne sur laquelle son neveu se reposait, puis pressant le pas, il le rejoignit avec la rapidité d’un dragon qui aurait laissé trop longtemps son trésor sans sécurité.

« Reste assis ! Dolores a dit que tu ne devais pas forcer.
Oui, je sais. Je suis même venu en cab alors que la maison de Gigi est juste à côté.
J’aurais pu me rendre chez elle tu sais. Ça ne me gênait pas et on aurait pris un thé.
J’avais envie de prendre l’air…
Tu as l’air encore très fatigué.
Autant que toi ? »

Touché. Edward tourna la tête, un brin vexé, confortant Andréa dans l’idée qu’il avait vu juste. Il baissa la tête.
Ses souvenirs du passage du Hollandais étaient très embrumés. Il se rappelait difficilement de ce qui s’était passé à bord du navire et plus du tout de ce qui avait suivi, mais il savait que son oncle, lui, n’avait rien oublié et qu’il avait utilisé ces derniers jours pour comprendre ce qui s’était passé.
Sans un mot, le garçon se laissa tomber contre lui. De douces minutes s’écoulèrent. Épaule contre épaule, ils observèrent le va-et-vient des parisiens entre les dormeurs des parasols et les éphémères château de sable. Les pensées d’Andréa se noyèrent dans cet étonnant paysage qu’il ne voyait pourtant plus. Puis hameçonné par la voix grave de son oncle, le jeune homme revint à la réalité. Fuyant son regard, Edward dit :

« Dotty m’a dit que tu seras totalement rétabli à la prochaine pleine lune.
Oui. Gigi va être triste. Elle n’arrête pas de me répéter que la canne me donne fière allure.
Pfeuh ! Comme si tu avais besoin de ça, s’offusqua faussement Edward avec, enfin, un peu de joie dans la voix. »

Le cœur d’Andréa s’allégea. Il sourit et posa sur ses genoux le morceau d’érable qui ne le quittait plus depuis cette dernière semaine. Sa main droite effleura le pommeau d’argent gravé du cycle de l’astre nocturne. Une fois de plus, le loup le remettrait sur pied.
Trop rêveur ou peut-être trop optimiste, le jeune homme n’avait pas conscience d’avoir frôlé la mort sur le pont du Hollandais Volant. Aussi ne put-il pas deviner que la tendre étreinte d’Edward sur ses épaules était un remerciement silencieux pour l’exceptionnel coup de chance qui l’avait sauvé.
Andréa crut plutôt que son oncle avait deviné que quelque chose le taraudait. On ne pouvait rien lui cacher. Il inspira, ses doigts se crispèrent faiblement sur le bois et il s’abandonna à ce qu’il pensait être une invitation à se confier :

« Je ne comprends pas pourquoi la boussole m’a choisi… Je sais que je suis un peu naïf, mais je ne suis pas si faible et manipulable que ça…
Parce que tu es gentil.
C-Comment ça ?
Si elle t’a choisi, c’est pour ton grand cœur. »

Il fronça adorablement le nez, essayant de saisir la portée des paroles d’Edward, mais plus visqueuse qu’une truite, elle s’échina à lui échapper. Edward sourit. Il le décoiffa doucement, puis sortit une feuille de papier soigneusement pliée de la poche intérieure de sa veste. Il la tendit à Andréa et lui expliqua :

« C’est tout ce que j’ai pu récupérer avec l’aide d’Olek.
Tu lui as demandé ?
Il me devait au moins ça, grommela le loup blanc. Si j’ai bien compris, la boussole aurait été fabriquée il y a un peu plus d’un millénaire par un groupe d’illuminés désireux de retrouver ce que la Bible qualifiait de « mal absolu ». On voit qu’il n’ont jamais rencontré ta grand-mère.
Arrête, s’amusa Andréa en étouffant un rire.
Apparemment, leur création n’était pas parfaitement au point et elle s’est retrouvée parasitée par le mauvais fond de ses différents utilisateurs. Elle les aurait tous mené à leur chute, puis on l’aurait perdu de vue. »

Andréa parcourut les notes de son oncle. Partant de la dernière catastrophe connue, l’incident du Mary Celeste, il était parvenu à retracer le voyage approximatif de la boussole au cours des dernières années.

« Fokke a eu de la chance de tomber dessus. Tant qu’il l’a eu entre les mains, l’artefact a été influencé par son avidité. Ce vieux pirate a été guidé jusqu’à de fabuleux trésors qui l’auraient tous conduit à une mort certaine s’il n’avait pas déjà été un pruneau sacrément desséché. Mais tout s’es compliqué quand la boussole est revenue à son équipage. En souhaitant leur liberté, leur demande a été réinterprétée pour coller à la fonction fondamentale de cette vilaine boîte : libérer le Léviathan. C’était l’occasion de faire d’une pierre deux coups. Le monstre de nouveau sur terre, le Hollandais Volant disparaitrait comme à peu près tout ce qui se trouve sous nos pieds.
Alors la boussole a un peu agi comme les génies des histoires ? En trichant sur les mots ?
C’est l’idée. Ensuite tu es arrivé, continua Edward en se tournant vers son neveu. D’après Olek, ton bon caractère et ta volonté d’aider ont accentuer la puissance de la boussole. Ton souhait est entré en résonance avec le sien et elle a pu trouver très vite ce qu’elle cherchait.
Je ne pouvais pas l’en empêcher ?
Je l’ignore. Mais même Elli, pourtant habituée à la magie et aux mystères n’a pas senti l’étendu du danger et le piège qu’il dissimulait. J’imagine que la nature même de la boussole était de tromper son monde. »

Andréa soupira, un brin soulagé, mais un peu frustré d’avoir été le dindon d’une farce trop salée à son goût. Ses épaules s’affaissèrent et sa tête retomba en arrière. Ses prunelles se perdirent un instant dans le bleu du ciel, laissant au soleil le soin de le consoler de sa chaude caresse.
Depuis l’incident, l’adolescent avait souvent repensé au Léviathan et systématiquement, il avait été troublé par le mélange de sentiments de solitude et de fureur que cela éveillait en lui. Ces émotions n’étaient pas les siennes, il en était persuadé, mais elles le taraudaient.
Secrètement, il avait mené ses propres recherches, notamment à la bibliothèque Richelieu, où il avait découvert que selon la Bible, le Léviathan avait bel et bien été créé en deux exemplaires avant que très arbitrairement, Dieu se ravise et supprime l’un d’eux, jugeant ce duo trop dangereux.
Une profonde injustice qui collait avec ce qu’Andréa pensait avoir ressenti, mais dont il était impossible de déterminer l’exacte vérité.
Il ferma les yeux. L’amertume coula jusqu’au bout de ses doigts qui s’entremêlèrent nerveusement. Puis une main se posa sur les siennes et les immobilisa. Andréa se redressa.
Edward ne lui adressa pas un mot, mais la reconnaissance qui étincelait au fond de son regard apaisa son neveu. Le jeune homme lui sourit et après une brève mais tendre étreinte de son oncle sur sa nuque, ce dernier se leva.

« Tu veux une glace ? M. Malloye est en train d’installer sa roulotte.
Si c’est toi qui offre. »

Andréa se hissa sur ses pieds, empoignant sa canne. Le loup blanc se cala sur sa foulée et ils prirent ensemble la direction du Pont Neuf où Wini Malloye venait d’ouvrir son échoppe. Ils passèrent devant un kiosque à journaux où les derniers évènements faisaient encore les gros titres, mais dont les articles s’étaient avérés moins tranchés qu’à l’accoutumée. Le sacrifice du Hollandais Volant et de son équipage pour sauver la capitale – et sans doute le monde – avait coupé l’herbe sous le pied des Anti-Légendaires, désormais très occupés à critiquer la gestion des objets magiques par le gouvernement.
Elli s’était assurée de verrouiller le plus possible l’affaire et Logan avait accepté de jouer le jeu. La présence de Valentine l’avait peut-être encouragé, toujours était-il qu’aucun nom n’avait été filtré et qu’Andréa n’avait pas été inquiété.

« Deux boules caramel s’il vous plait et…
Pistache, noisette, si vous avez. »

Évidemment, Wini avait. D’une main habile, il leur présenta deux cônes dont la dernière boule avait été dressée en forme de fleur. Impressionné, Andréa le remercia, puis s’éloigna en boitillant, sans savoir par où il attaquerait son goûter.
Son oncle à ses côtés, tous deux quittèrent le pont et s’engagèrent rue de la Monnaie. Fermée aux cabs, elle finissait d’être déblayée. Le regard d’Andréa s’égara sur le balcon qui avait été arraché de l’une des façades et chatouillé par un trait d’humour, il taquina son oncle :

« Maintenant on est deux à avoir détruit Paris. »

Surpris, Edward étouffa un rire. Il s’essuya les lèvres d’un revers de main et tandis qu’ils dépassaient la Samaritaine dont le sable, extrait des locaux, avait été réutiliser pour promouvoir leur nouvelle collection égyptienne, il répondit :

« Oui, mais moi j’ai réussi. »







Chasse au trésorOhé ! Ohé ! Capitaine abandonné !

Ainsi s'achève la chasse au trésor du Hollandais Volant. Paris a de nouveau les pieds au sec et bénéficie pendant quelques temps d'une eau de la Seine cristalline et de quais parés de sable dorés. Transats et parasols feront la joie des petits et des grands jusqu'au retour du béton et du quotidien.
Quand au Léviathan, au Capitaine Fokke et à ses hommes, qui sait par quelle étrange contrée ils voguent à présent.

⚓

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