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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 La chasse est ouverte [PV Aldrick]

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Edward White
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Edward White

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MessageSujet: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeSam 14 Jan - 13:25

« Je rangeuh, je rangeuh ! Ce très grand sous-soleuh. Quand j’aurais assez rangé, il faudra frotter, touteuh la saleté. Regardez-moi bien aligner ces malleuh et regardez-les maintenant vidées, de tous leurs objets ! Un, deux, trois, petites boîtes en bois ! Quatre, cinq, six, gros paquets d’épices !
Pitié… Qu’on me laisse l’étrangler… »

Le murmure s’acheva sur un soupir gémissant. Accroupi sur un dallage poussiéreux, Edward laissa sa tête tomber sur la grosse caisse qu’il venait de déposer au sol. De longues mèches noires coulèrent sur sa joue et masquèrent un temps ses traits au supplice. Il souffla pour les écarter, soulevant un nuage de poussière qui le fit aussitôt éternuer. Une fois, deux fois, à la troisième il se redressa, renifla et s’essuya la truffe dans le mouchoir en tissus tiré de la poche de son pantalon.
Bref silence. La comédie musicale qui leur était offerte depuis trop longtemps déjà, s’était interrompue le temps d’attendre un nouvel éternuement qui ne vint pas. Alors le prolixe chanteur reprit sur un nouvelle air guilleret qu’il entama par la formule de politesse appropriée avant d’enchainer sur une rime de son cru.
Derrières ses cheveux épars, le regard d’Edward se fit plus menaçant. Braqué sur l’asticot en douteux costume liberty qui s’agitait les fesses en l’air face à sa malle, il se demanda si le cou céderait à une accidentelle chute de couvercle. Un rictus inquiétant souleva sa lèvre supérieure, lui donnant l’air d’un pur prédateur. Ce qu’il était, quoi qu’en dise la société.
Heureusement le très brave Jean-Kévin était à des années lumières de deviner quelles sombres envies animait l’un de ses partenaires de corvée. Il était même certain que tous appréciaient son grain de voix. Et Jean-Kévin n’était pas si loin de la vérité, car il chantait très juste et très bien. Jamais son timbre ne lui serait reproché par le patron d’un cabaret qui avait déjà entendu bien pire. Non, mais… Jean-Kévin avait beau être de petit cousin par alliance de Mme Dip, femme de goût forte habile avec les mots, il demeurait un exécrable parolier. Et à force de chanter tout le temps, n’importe quoi, son joli grain de voix s’était mis à sonner comme la marche funèbre de la chanson française et aux oreilles sensibles d’Edward.
Ça, c’était la cause officielle de l’air ronchon qu’il affichait depuis leur arrivée dans la remise du grand magasin parisien Dip & Jones.
La raison officieuse et ne lui en déplaise, bien plus crédible, c’était que Monsieur le Roi des Loups-garou ne digérait pas de s’être mépris à ce point sur les besoin de Madame Dip, co-gérante donc, de l’établissement du même nom, dont il arpentait les entrailles obstruées. Allez savoir pourquoi, quand elle lui a dit avoir un besoin vital de bras musclés, il avait très naïvement supposé devoir donner un coup de main à la sécurité. Le fait de déménager un débarras faisant au moins deux fois sa cave ne lui était pas venu à l’esprit et encore moins le fond sonore qui pliait des serviettes sur l’air de « À la claire fontaine. »
Edward soupira.

« Ce n’était vraiment pas ce que j’avais imaginé pour notre tête à tête. »

Ses iris dépareillés ne s’aventurèrent pas jusqu’à ceux d’Aldrick. Ils dévièrent au dernier moment, tombant sur ses chaussures lustrées, puis remontèrent jusqu’à une pile de tissus qu’ils devaient encore dégager.

« Je voyais plutôt des chandelles et un tapis de pétales de roses nous conduisant à un bon steak. »

L’humour pour masquer la gêne. Une habitude chez lui.
Depuis leurs retrouvailles sur le perron de Dip & Jones, Edward mettait tout en œuvre pour dissimulait le malaise hérissait chaque poils de sa nuque. Cette invitation, c’était pourtant son idée, mais à présent qu’ils y étaient, les questions se bousculaient, sans aucun mot pour les formuler. Vraiment… Il détestait cette manie des humains à tout verbaliser.
Machinalement, il ôta le bouquet de tringles à rideau du passage. « Un peu de gingembre vermoulu ! » L’esprit ailleurs, le loup blanc s’était naturellement mis à tourner mentalement autour de sa proie et cherchait le meilleur angle d’attaque pour s’en prendre à ce mouton à la toison foisonnante d’interrogations.
Il fit rouler un fût vide sur la droite et le repoussa contre la mur, ouvrant la voie vers le tas d’étoffes qu’il leur faudrait trier et ranger. « En potage c’est trop bon ! » S’avançant, il fronça les sourcils, certain qu’il devait exister une petite phrase anodine qui les entrainerait si naturellement vers le bon sujet, qu’Edward n’aurait pas le temps d’esquiver.
« Comment va Élise ? » Non. Trop risqué. Aldrick semblait s’être apaisé, mais la veuve d’Yvan rêvait toujours de le faire empailler. Le sujet serait trop crispant. Mieux valait essayer quelque chose de plus général. « Tu as lu les comptes rendu du procès ? » Il y avait mentionné son enfance et son adolescence, ce troupeaux de souvenirs devenus lointains et brumeux sur lequel il ne parvenait pas à planter ses crocs. Mais la question était sans doute trop vague pour que le commissaire perçoive à quoi son homologue faisait allusion. « Mais faut pas trop en mettre non plus… » Ça n’irait pas.
Edward souleva la pile de draps, de nappes et de rideaux. Le mouvement décolla un peu de saleté qui lui fit froncer le nez, mais ne le chatouilla pas suffisamment pour le faire éternuer. « Car sinon ! Car sinon ! » Il enjamba une caisse enregistreuse rouillé de son pas de géant et baissa la tête pour passer sous l’une des ampoules qui pendait à l’un des fils décroché. Ting ! L’éclairage s’intensifia mystérieusement à la seconde où la lumière se fit dans son esprit. Mais oui ! Le cœur soudain battant d’impatience, il se tourna vivement vers Aldrick :

« Tu te souviens si-
Y’a l’feu dans mon pantalon ! »

Cour-circuit. L’ampoule grésilla, puis se rétablit, mais il n’en fut pas de même pour Edward. Déstabilisé par cette envolée lyrique inattendue, le loup blanc s’emmêla les pieds. Un pas de deux loupé précéda une foulée exagérée qui lui permit de se rattraper. Mais l’équilibre de la montagne de tissus avait été fragilisé. Edward tendit les bras, espérant compenser le séisme qui la secouait, mais glacier de dentelles et crêtes de drapés s’effondrèrent en toute légèreté.
Au milieux de cette chute vaporeuse, résonna un bruit métallique. Cling ! Cling !
Entre les reliefs des soieries et velours éparpillés rebondit un objet. Deux sauts, puis il roula jusqu’à Jean-Kévin, butta contre son pied et s’arrêta.
En découvrant l’expansion du désordre, les épaules d’Edward s’affaissèrent et il soupira. Puis son attention se reporta sur leur troubadour attitré alors qu’il ramassait le bout d’acier. Il le porta à la lumière et tout comme lui, le loup-garou eut pour le disque une attention piquée de curiosité.

« Qu’est-ce que c’est ?
Un bijoux on dirait, répondit-il miraculeusement sans chanter. Ça ressemble à un très gros pendentif tout doré. Il y a une jolie pierre au milieu, mais je ne sais pas trop ce que c’est.

— Vous n’avez qu’à le mettre sur l’étagère, on s’en occupera quand on aura fini de ran… Qu’est-ce que vous faites ?
Je passe un cordon dans le petit anneau. Et tadaaaam ! J’ai un nouveau collier. Ça va bien avec mon costume ? Qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est atroce.
Oh… Il y a quelque chose d’écrit. »

Le flash de la boussole du Hollandais Volant s’imprima si violemment dans l’esprit d’Edward qu’il aboya, la nuque parcourue de frissons glacés :

« Ne lisez pas !
Mais non ! Je voudrais juste le nettoyer pour… »

POW !

Un nuage de fumée à l’intense odeur de fauteuil de mémé envahit la pièce. Edward toussa. Spontanément, il se protégea le nez de la paume de sa main, puis balaya l’air vicié de deux ou trois coup du seul tissus qu’il était parvenu à conserver. Les volutes dansèrent, ondulèrent puis s’étiolèrent doucement, rendant à l’éclairage un peu de son intensité.
De nouveau, ils purent respirer, pourtant Edward s’en abstint. Son sourcil droit s’éleva lentement.

« Jean-Kévin ? »

Le mélomane s’était volatilisé. À sa place, se tenait un très mignon petit canapé.
Au départ, Edward pensa qu’il avait échangé sa place avec l’un des nombreux produits du magasin. Ce genre de sortilège existait et permettait de se déplacer de manière efficace lorsque l’on inversait sa place contre un objet prévu à cet effet.
Et puis en s’approchant, le loup blanc se mit à douter. Les coussins et l’assise du divan affichaient le motif trop familier de centaines de petites fleurs. Du liberty. Identique à celui du costume de Jean-Kévin. Ajouter à ça le pendentif qui miroitait sur son assise et il devenait évident que leur comparse chanteur avait enfin trouvé une vraie utilité.
Soupir soulagé. Edward haussa les épaules :

« Je ne suis pas contre un peu de tranquillité. »

Tournant le dos au meuble, il s’accroupit et entreprit de ramasser la pile de linges éparpillés.

« Finissons de ranger. On s’en occupera après, de toute façon, il ne va pas s’envoler. »

Quiétude : 1. Inquiétude : 0.
Le loup blanc se redressa. Il tendit à Aldrick un coin d’un draps afin qu’il l’aide à le plier, mais au moment de se retourner, pour voir jusqu’où il pouvait reculer, il se figea.

« Eh ? »

Jean-Kévin ne pouvait certes pas voler, mais il semblerait que sa forme de canapé lui ait donné la capacité de se téléporter.


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Dernière édition par Edward White le Mar 7 Fév - 9:29, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeLun 30 Jan - 22:02

Le cerveau d’Aldrick grilla.

Pendant un quart de secondes de trop, il envisagea qu’Edward était sérieux avec cette histoire de rendez-vous galant. Le reste de ses gestes ne fut plus qu’une série de mécanismes digne d’un automate. Son dialecte se résuma en un grognement incompréhensible. Il réfléchissait à toute allure, sans savoir par où commencer pour rétorquer quoi que ce soit de probant. Depuis l’aventure du Hollandais Volant, où il avait été inconscient des suites du choc, seul lui restait une légère cicatrice dans le cou et une myriade de questions aussi diverses que variées, qu’il ne savait comment aborder avec le patron du cabaret. Il fallut la disparition de Jean-Kévin pour qu’il retrouve ses esprits et qu’un semblant de logique se fasse dans son esprit.

Est-ce que… Ce canapé c’est lui ?

Aldrick haussa un sourcil circonspect en récupérant machinalement l'extrémité du drap que lui tendait Edward, troublé par le sang-froid du loup blanc.

Euh… Attends, on peut pas l-…

Il n'acheva pas. Le canapé manquait à l'appel. La surprise, puis la perplexité mangèrent ses traits. Se rapprochant tout de même, jusqu’à s'accroupir, l’agent observa le sol, puis grimaça. Pas de trace de mini-four… mini-canapé dans les parages.

Hum. On dirait bien qu'il a disparu.

Anticipant toute remarque cynique sur ses talents d'observateur et de détective, il poursuivit :

Finalement, je crois que la prochaine fois, un steak, non deux ! … Seraient plus appréciables ! Tu pourras garder les roses et les chandelles, rassures-toi.

Le ton était léger et plutôt amical, mais le brun conclut tout de même par un bref sourire, pour signifier qu'il plaisantait. Pas tout à fait sûr que le message soit compris autrement, ni qu'il soit approprié pour l'heure. Mais c’était l’occasion de lui rendre la pareille.
Sa main de libre passa dans sa nuque. Il questionna, embêté :

Qu'est-ce qu'on fait ? On part à sa recherche ? Si quelqu'un d'autre utilise ce médaillon, ça va causer des problèmes et Miss Dip risque de t'en voul- BIM !

D’instinct, le loup noir s’était mis en position de garde. Mais il eut beau parcourir la pièce du regard, rien ne lui parut capable d’avoir produit pareil bruit. De la poussière lui tomba sur la truffe, alors seulement il observa le plafond. Un cri de pucelle effarouchée retentit au-dessus d’eux. Échange de regards. Sans réfléchir, Aldrick se précipita en direction des escaliers, les monta quatre à quatre et déboucha sur le hall central.

La salle était immense, claire, baignée d’une luminosité chaleureuse qui lui fit pourtant plisser les yeux tant elle dénotait avec l'atmosphère des sous-sols. De nombreux vêtements étaient présentés sur des vitrines ou des mannequins. Certains si élégants qu’ils auraient fait pâlir d’envie les plus riches aristocrates des pays voisins. Véritable temple de la mode, tout était impeccable rangé, aligné, soigneusement plié, tandis que les clients étaient laissés aux bons soins de vendeurs aguerris et chiquement vêtus. En son centre, un immense escalier double en marbre surplombant la pièce, sa rampe de bois sombre et vernis, offrait un accès idyllique aux étages supérieurs. Non loin d’une commode, une demoiselle, vêtue d’une robe champagne aux airs de meringue, balbutiait :

M-Mon Fi-fi…

Aldrick se rapprocha, observant la direction qu’elle indiquait du doigt face à elle, mais il n’y contempla rien de plus qu’un vide sidéral.

Qu’y a-t-il, miss ? Que s’est-il passé ?
Ils’estvolatilisé ! Articula soudain la demoiselle d’une traite.
Il avisa Edward sans mot dire. Manifestement le collier avait déjà fait des siennes.
Votre… Fiancé ?
Mon chien ! Fifi est le plus adorable de tous les chiots du monde ! C’est un lévrier pur race, voyons !
Comment est-il ?
Adorable, je viens de vous le dire !

D’un air outré, elle agita un morceau de tissu qu’elle venait de sortir de son décolleté pour s’essuyer les yeux. Aldrick retint un soupir, rectifiant plus sèchement qu’il n’aurait dû :

Physiquement.
Il a un exceptionnel pelage clair ! Avec une tâche blanche adorable en forme de goutte sur l'oreille gauche ! C’est comme ça qu’il a gagné le grand prix ! C’est un…

Il n’écoutait plus, trop occupé à réfléchir, la voix de la belle ne lui parvenait plus. Observant son homologue, il le questionna silencieusement du regard, espérant qu’il aurait une piste au sujet de Jean-Kévin. Après tout, de tous les lycanthropes, Edward était sans nul doute celui à  l’odorat le plus aiguisé. Mais il ne parut pas comprendre. Aldrick se rapprocha, ouvrit la bouche, mais tiqua, attiré par un élément du décor en fond. D’un mouvement de la tête, il désigna une chaise mauve, à plusieurs mètres derrière eux, sur laquelle trônait une poupée dans une superbe robe bleue nuit rehaussée d’un large chapeau blanc..

... Dès que je l’ai eu je lui ai appris à rapporter, voyez-vous ?... Poursuivit-elle, nostalgique en s’éloignant d’un pas, perdue dans ses souvenirs.
Ça ne te rappelle rien ? La demoiselle qui nous a accueilli avait une tenue semblable, non ?
… Il m’avait d’ailleurs rapporté un fort joli pendentif…
M’est avis que cette poupée était plus qu’humaine il y a peu. Glissa t-il plus bas juste pour Edward Il poursuivit sur le même ton, teinté malgré lui d’un professionnalisme policier. Si ce bijou transforme les gens en objets, j’espère qu’il y a ici quelqu’un capable de rompre un tel enchantement.
Levant la tête, il détailla les étages grandioses, analysant les odeurs, cherchant une solution qui ne vint pas. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.
… Ce drôle de gentilhomme s’est assis et là…
J’ai bien peur que quelqu’un l’ait déjà récupéré.
Voilà vous savez tout !

Cette fois, la belle avait parlé avec plus de coffre, si bien que le commissaire se tut, presque étonné de sa présence.

Eh bien ? Que faites-vous encore planté là ? Retrouvez-le donc ! Je suis sûre qu’il est terrorisé sans moi ! Tout seul dans cette immense boutique ! Mon pauvre Fifi !

Les mains sur les hanches, plantée face à eux, la diva était à deux doigts de s’indigner quand tout son visage se mua sous la surprise avant qu’elle n’indique le haut de l’escalier.

Là, le voilà !


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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeMar 7 Fév - 18:56

Tous levèrent la tête. Timing parfait. Un vieil homme s’était installé dans un coin afin de tester l’un des instruments de musique en vente. Penché sur une superbe contrebasse, il commença à jouer une mélodie intense, sentimentale et pleine de liesse. Au même moment, une cliente essayait un tout nouveau modèle de « lampe de poche ». Aussi petite que puissante, la lanterne projeta son faisceau doré en haut de l’escalier. Un coup d’archer marqua l’instant d’une note grave et solennelle. Murmures dans l’assemblée.
Là ! La tête haute, les oreilles droites et des yeux de chiots trop grands pour la tête si fine propre à sa race ; là, disais-je, se tenait fièrement Fifi. La lumière mettait en valeur sa robe claire et la tache blanche sur son oreille, ainsi que son port naturellement altier de champion de beauté canine. La queue agitée par l’excitation et par toute l’attention qui convergeait vers sa noble personne, le chien s’élança dans les escalier à la seconde où sa maitresse se précipita pour l’étreindre.
Ivresse de la contrebasse, émotion du public devant ces retrouvailles au ralenti où se mêla une pluie de pétales de rose dû à la maladresse d’un fleuriste du second étage. Fifi bondit, sa maitresse le réceptionna et tous deux tournoyèrent ensemble sur une dernière envolée musicale pleine d’allégresse. Les larmes émues furent effacées du visage de la jeune femme par la langue pleine d’amour de sa boule de poils et tous deux purent enfin goûter à la joie d’un bonheur presque oublié après ces dix minutes de séparation.
Et l’enchantement prit fin sur la voix douce, mais sévère d’une employée.

« Madame Pimpante, je vous en prie. Fiburce ne doit pas être laissé en liberté dans le magasin. »

Robe bleue nuit et chapeau blanc.

Edward se tint les côtes. Deux grosses larmes coulèrent sur ses joues et n’y tenant plus, il éclata de rire. Un rire généreux, sincère, sans méchanceté, mais envahissant et incontrôlable. Sa mémoire lui renvoyait l’image si concernée d’Aldrick et ses déductions inquiètes, si injustement balayées par la conclusion de ces retrouvailles à l’intensité absurde.
Il inspira, cherchant à reprendre contenance. Essuyant son visage, il renifla, toussa pour étouffer un nouvel hoquet amusé et fit de son mieux pour se redresser. Incapable de perdre son sourire, son regard débordait de gratitude lorsqu’il parvint enfin à s’excuser pour ce soudain laisser aller. Il se racla la gorge et adressa une tape compatissante sur l’épaule du pauvre commissaire.

« Allé, viens. »

La poupée n’était qu’un des nombreux modèles vendus par le magasin. Appliquant une technique de vente redoutable, Dip & Jones avait pour habitude de disperser quelques jouets ça et là dans les étages afin de pousser sa plus jeune clientèle à convaincre leurs parents de céder à un achat supplémentaire. Diabolique, mais efficace, Edward et Aldrick croisèrent deux autres poupées en gagnant l’étage suivant, dont l’une venait d’être emportée par une mère et son enfant.
Le loup blanc s’arrêta sur le palier. Il n’avait pas la moindre idée d’où pouvait se trouver Jean-Kévin, mais il s’était dit qu’un peu de hauteur les aiderait. Appuyé contre la rambarde, il se fia à son ouïe et à son odorat pour détecter la moindre anomalie, mais sans succès.

« Quand on a installé la chaudière magique au cabaret, je descendais voir toutes les vingt minutes si elle n’allait pas exploser. Un bruit bizarre et Jakob me voyait débouler. Il parait que j’étais usant. »

Une réaction excessive qu’il avait, depuis, appris à contrôler. Edward n’avait jamais aimé la magie, mais il la côtoyait depuis longtemps et à présent qu’elle était installée au cabaret, il avait compris que sa présence ne rendait pas tout suspicieux. C’était une science un peu poussée, mais elle demeurait régie par des règles strictes auxquelles Jean-Kévin devait également être confronté. Pour l’instant ils ignoraient lesquelles ce qui, il fallait l’avouer, rendait tout plus compliqué.
Le loup blanc se sentit un peu bête lorsqu’il se demanda à lui-même ce pouvait bien désirer un canapé, mais cela lui donna une autre idée :

« En imaginant que Jean-Kévin reste conscient. Il s’est peut-être déplacer dans un endroit qui lui plait ? Il n’arrêtait pas de chanter… Il n’y a pas une boutique qui vend des disques ? Tu sais, ceux qu’on met dans les gramophones. »

Jean-Kévin était peut-être féru de jardinage ou de mécanique, mais Edward ayant cessé de l’écouter après « Bonjour », il n’aurait su le dire. Avec un peu de chance, Aldrick avait été plus civilisé et complèterait cette maigre piste avec d’avantage d’informations, mais pas tout de suite.
Le loup blanc avait noté un fourmillement soudain à leur étage. Cela venait d’une petite papeterie, ouverte très récemment. À peu près certain que Jean-Kévin n’en était pas l’auteur, Edward redressa tout de même la tête, afin de voir ce qui s’y tramait et flaira aussitôt une familière fragrance. Une note fraiche et douce de pêche pour la tête, l’acidité du citron pour le fond. Frisson. Saisissant le bras d’ Aldrick, il l’entraina dans ses pas, devançant l’approche de la propriétaire du parfum, de sa robe couture et de son chignon cendré.
Conformément à ses habitudes, Madame Dip visitait quelques uns des rayonnages de son empire, suivie de près par sa cours d’assistants et de secrétaires. Un coup d’œil suffisait à ce que l’un ajuste une plante, l’autre redresse une décoration, pendant qu’un dernier prenait note des achats à planifier. La cinquantenaire régnait entre ses murs comme un dragon sur son trésor. Sage, mais intransigeante, troubler son antre promettait les plus terribles des maux. Edward ne comptait donc nullement croiser sa route, car cela les aurait obligé soit à mentir — très mauvaise idée — soit à dire la vérité — guère mieux.
Sans laisser le temps à Aldrick de protester, il le repoussa avec insistance jusqu’à une petite échoppe discrète positionnée sous les escaliers menant à l’étage supérieur. Un rideau de dentelles noires habillait l’arche de l’entrée au-dessus de laquelle on lisait en lettres gothiques : « La Panthère noire ».
Le seuil à peine franchi, la truffe du loup-garou fut chatouillée par un relent de gingembre auquel il ne fit pas attention. Aux aguets, observant à travers un petit espace dans la voilure, il suivait la lente progression du cortège d’employés. Claquement de langue frustré :

« Tsk… Et ils s’arrêtent devant évidemment… »

Il laissa retomber le rideau, résolu à patienter. Anticipant une éventuelle remarque, il haussa les épaules et abandonna :

« Moque toi si tu veux, mais je te sauve la vie là. »

Reportant son intérêt sur leur cachette, il haussa lentement un sourcil au fur et à mesure que son regard bigarré détaillait les lieux.
Une jolie lumière tamisée les avait accueilli. L’ambiance feutrée de la pièce était accentuée par sa forme presque circulaire. Il était facile d’en apprécier le volume, car l’endroit était essentiellement meublé de commodes basses à tiroirs, ce qui dégageait les murs. Quelques lampes éclairaient ces derniers, en plus de toiles murement choisies, toutes représentant de nus de la Renaissance.
Edward ne perçut aucun danger, mais l’endroit le déstabilisa un peu car il lui rappelait le cabaret tout en apportant un quelque chose de différent qu’il ne parvenait pas à nommer. Il n’eut pas le temps d’interroger Aldrick à ce sujet, car tous deux venaient d’être rejoints par une femme d’apparence très calme, mais dont les prunelles pétillaient du feu ardent de la curiosité. Un sourire commercial dévoila ses dents blanches, puis tirant une bouffée de son porte cigarette, elle souffla un rond de fumée avant de demander d’une voix trainante et presque murmurée :

« C’est pour offrir… Ou pour essayer ? »

Edward était courageux, mais pas suicidaire. Il donna un coup d’épaule à Aldrick pour le faire avancer, puis très lâchement, il glissa :

« C’est lui qui est intéressé. »



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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeVen 10 Mar - 17:56

La sidération avait d'abord entièrement mangé le visage du commissaire. Si on lui avait dit que la scène se dénouerait ainsi, jamais il ne l'aurait pas cru ! Mais ce fut le rire franc et enfantin d'Edward qui l'étonna le plus. Un rire qu'il n'avait jamais entendu. Son visage joyeux, ses traits si détendus, ce son si pur, ce ton si doux, exact opposé de ses souvenirs les plus détestables, firent voler en éclats tout sentiment négatif chez Aldrick. En une fraction de secondes, les rougeurs de honte qui lui étaient venues disparurent même. Le loup noir voulu parler, mais la tape et les mots de son homologue achevèrent de le l'enfermer dans un mutisme estomaqué. Jusqu'à ce qu'ils soient « en sécurité ».

- Miss Dip effraierait-elle le grand Edward White ? Se moqua-t-il gentiment, tout en arquant un sourcil, dans un murmure pour lui seul.

Mal lui en prit : la réponse ne tarda pas et il se retrouva face à la vendeuse, sans avoir la moindre idée de répartie. Reprenant contenance, il se racla la gorge, redressa son col d'un air détaché et jeta un regard entendu au loup blanc.

*Ah tu veux jouer à ça ? Très bien.* Songea-t-il.

- Voyons mon loup, il insista sur le surnom d'un ton faussement affectif et poursuivit afin d'éviter toute esclandre, tu sais bien que je ne peux pas choisir sans toi ! C'est pour Andréa après tout. ~

Son regard doré accrocha celui de la vendeuse, dont le corps entier se para avec délice d'une aura commerciale. Son badge, lui-même, parut luire pour mettre en avant ses lettres gravées, Cynthia ordonna :

- Suivez-moi.

Un nouveau rond de fumée, ovale cette fois, s'échappa de ses lèvres charnues et grossit jusqu'à se disloquer à leur contact. Aldrick ne remarqua pas que sa forme avait changé pour se muer en celle d'un cœur.

La belle les entraîna plus en avant dans la boutique, slalomant avec la grâce et l'aisance hypnotiques d'un serpent entre les différentes tables. Elle s'arrêta près d'un immense miroir. Grandiose, l'objet tout d'une pièce, s'étendait sur toute la hauteur de la salle. Ses moulures sobres mais élégantes appelaient à un contact charnel certain. Claquement de doigts sec. Aussitôt, de nombreuses volutes de fumée opaques, comme animées, apparurent sur les tables alentours. Toutes magiques à n'en point douter.

Surpris, le loup noir sursauta, puis détailla avec méfiance l'auteure de tout ceci. Sur ses gardes, il se pencha pour lui parler, mais ses mots moururent lorsqu'il réalisa qu'aucun de leurs colossaux reflets ne s'imprimait dans le miroir face à eux.

- Concentrez-vous, messieurs. Silence lourd de sens. Remplissez votre esprit d'images d'Andréa.

Le prénom seul suffit à faire naître dans l'imaginaire du commissaire la représentation filiforme du jeune homme. Aussitôt, celle-ci apparut sur le miroir. La volute la plus proche d'Aldrick se distordit, se contorsionna, se révulsa et se stabilisa en un rectangle de la taille d'une photo où paraissait se grouper une famille. Mais brusquement, elle se métamorphosa finalement en une fraction de seconde, pour donner corps à un archer de violon tout en fumée.

-  Êtes-vous certain que c'est ce qui lui convient ?

Aussi déstabilisé qu'impressionné, Aldrick lança un regard inquiet à Edward, mais ses iris dorés se stoppèrent sur le nouveau portrait qu'affichait le miroir.

-  C'est impossible... Andréa ?

Statufié, son cœur chuta lourdement au fond de sa poitrine. Jamais il ne lui avait vu et air si... Machiavélique.

*Est-ce qu'il ressemblait à ça quand il a été possédé par le Kraken ?*

Malgré lui, il avait agrippé l'avant-bras de son homologue, tandis qu'une nouvelle volute s'animait près du loup blanc. Il n'y porta pas attention, captivé. Instinctivement, son autre main frôla la glace froide.

- N'y touchez pas !

Le loup noir se figea.

Oups.


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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeMer 15 Mar - 20:08

La mine d’Edward s’était assombrie. Avait-il vraiment besoin d’évoquer Andréa ? Il était suffisamment difficile comme ça pour le loup blanc de faire comme si son neveu n’existait pas, mais à quoi bon tous ces efforts si même ses connaissances les plus proches ne l’aidaient pas ? Il soupira. Sans doute s’inquiétait-il pour rien. Cette vendeuse devait avoir que faire de ses relations familiales, mais les voir épingler haut et clair l’avait tout de même rembruni. Il joua le jeu car la sortie était toujours bouclée et que sa curiosité avait été un peu piquée.
Debout devant le miroir, il suivit sans grande conviction les demandes de leur hôtesse, tressaillit en voyant paraitre les formes d’une famille qui n’était pas la sienne, puis déchanta en apercevant le violon.
Tseuh.

« Il est cassé votre bibelot. Ça, il l’a déjà. »

En vérité, il en avait même deux à présent, mais le louveteau avait tu l’existence du second instrument. Edward ignorait tout du pouvoir dont il était doté, ainsi que de l’identité celui qui le lui avait offert. Son neveu avait jugé préférable de ne pas lui en parler, non pour ne pas l’inquiéter, mais car il espérait secrètement être un jour en mesure de lui faire le plus belle surprise qui soit. Et venant d’Andréa, autant dire qu’il tenait du miracle qu’il n’ait pas encore vendu la mèche.
La vendeuse ouvrit un œil, puis le referma. L’image changea à nouveau et cette fois-ci le loup blanc s’agaça. Il se défit de l’étreinte d’Aldrick d’un mouvement sec et cracha aussi glacial que l’arctique :

« Écoutez, je ne sais pas à quoi vous jouez, mais de toute évidence, ça ne fonctionne pas. Et j’ai autre chose à faire de ma journée, alors si vous voulez bien m’excuser. »

Il tourna les talons. Affronter Madame Dip était encore préférable à voir son neveux insulter de la sorte. Proche de mettre la main sur la poignée, la voix suave de la commerçante l’arrêta :

« Vous cherchez autre chose, n’est-ce pas ?
Que vous nous lâchiez la grappe, grogna Edward.
Non, non. Vous cherchez vraiment quelque chose. Hum… Attendez… Oui ça y est. Je crois que c’est… »

Silence circonspect. La bouche entrouverte, elle ne semblait pas croire à sa propre divination. Sans doute s’attendait-elle à un peu de croustillant, car elle termina sa phrase d’un ton tout à fait dépité :

« Un canapé. »

Edward referma la porte qu’il venait d’entrebâiller. Yeux plissés, il resta un temps indécis, pas certain de vouloir faire confiance à ce requin de la vente. Mais le loup blanc devait admettre qu’elle avait vu juste pour Jean-Kévin et qu’elle était, de toute façon, leur unique piste pour le retrouver au plus vite.
Renonçant à quitter l’échoppe, il revint auprès du miroir, mains dans les poches.

« Je veux savoir où on peut le trouver. C’est faisable ?
Mais tout à fait ! S’enthousiasma-t-elle de son sourire le plus faux. Pour la localité, c’est 10 francs.
Six. Vu le tour précédent, je n’ai aucune certitude que ça fonctionne.
Hum… Très bien, je vous fais une promotion à huit, parce que vous m’êtes sympathiques. Mais c’est absolument exceptionnel ! »

Edward leva les yeux au ciel. Les charlatans de son espèce lui hérissaient le poil. Il agita la main, signe que ça lui convenait et tira son porte-feuille de sa veste afin de payer. Les yeux de Cynthia s’illuminèrent devant les billets qu’elle rangea, pour aussitôt retrouver son immense sourire crispé.

« Bien, alors concentrez-vous messieurs. Pensez très fort à ce confortable canapé dont vous rêvez.
On peut abréger ?
Comme vous y serez bien installés, l’un contre l’autre, pendant une froide nuit d’hiver.
Sortez-vous ça tout de suite de la tête !
Ah ! Ça y est ! Je le vois qui se dessine. »

La mine renfrognée, Edward suivit les aléa des ondes dans le miroir. Il s’y découpa bel et bien un canapé dont le motif liberty fit légèrement grincer des dents leur vendeuse. Le loup blanc ne sut si elle étouffait un rire ou une onomatopée dégoutée, toujours était-il qu’ils étaient bel et bien face à Jean-Kévin sous les yeux, restait à deviner où il se situait.
Placé contre un mur devant une tapisserie bleue des plus banales, l’image leur laissa d’abord peu d’indice sur sa position exacte, jusqu’à ce qu’une paire de jambes nues, pudiquement drapée d’un châle de soie, vienne s’y installer. Edward resta coi.
Dans le miroir, la demoiselle, s’allongea, regard levé en direction d’une personne hors champs. Elle semblait attentivement l’écouter, car elle ne cessait d’ajuster sa posture, dévoilant bientôt une poitrine dénudée qui fit copieusement rougir le loup blanc.
Une seconde personne entra dans l’image. Pantalon large, usé, maintenu par des bretelles et au-dessus duquel tombait un grand tablier tâché de couleur. L’homme modifia très légèrement l’inclinaison de la tête de la jeune fille et quitta à nouveau le visuel. Un peintre et son modèle.

« Mais quel espèce de… »

Demi-tour. Cynthia salua leur départ avec un trop plein de politesse et la porte claqua derrière eux. Madame Dip et sa cours n’étaient plus là. Cela leur donna l’occasion de consulter le plan qui leur indiqua que l’atelier se trouvait à l’étage du dessus.
Edward monta les marches quatre à quatre, cherchant déjà l’excuse idéale pour débouler au milieu d’artistes en vue d’un rapt de canapé. Il cracha entre ses dents :

« Infecté de morpions, ça devrait vite les décider. »

Une fois arrivé, il prit à gauche. De sa foulée animale, il slaloma sans difficulté entre les passants, avant de brusquement piler. Il avait faillit percuter une petite fille.
L’enfant leva ses grands yeux bleus vers lui et aussitôt, ils s’embuèrent de larmes. Edward sentit son cœur se serrer et s’accroupit rapidement, craignant de l’avoir effrayée.

« D-Désolé. Est-ce que ça va ?
Je trouve pu maman… snif…
Ah ? Vraiment ? questionna-t-il un peu soulagé. Tu l’as perdu il y a longtemps ?
Je sais pas…
Hm… Elle est comment ta maman ?
C’est la plus belle.
Je vois… »

Edward se redressa. La petite blonde de trois ou quatre ans tenait une grosse peluche d’ours blanc et portait une adorable petite robe rose. Bonne famille. Il émanait d’elle un parfum de lavande et de biscuit au chocolat. Il essaya de repérer une odeur similaire, mais rien de tel ne lui chatouilla la truffe. Les doigts de l’enfant se refermèrent sur son pantalon. Elle venait d’apercevoir Aldrick et l’observait avec la plus intense des émotions. Le loup blanc en fut un peu étonné, mais il finit par se pencher et souleva la petite dans ses bras.

« Tu as un prénom ?
Hui ! Je m’appelle Coline Alexandrine de Craenembbrouck. »

Ah oui. Quand même.

« Eh bien Coline. Je compte sur toi pour me dire si tu vois ta maman.
Hui ! »

L’enfant balança des pieds dans le vide tout en regardant autour d’elle, puis croisant les yeux ambrés d’Aldrick, elle se blottit tout contre Edward. Remontant sa peluche contre son nez, elle questionna avec une fausse timidité en pointant le commissaire du doigt :

« Y s’appelle comment ?
Tu devrais lui demander. »

Elle secoua vigoureusement la tête. Edward arqua un sourcil et comme il n’avait pas renoncé à récupérer Jean-Kévin, il reprit sa route en direction de l’atelier tout en lui glissant :

« Aldrick.
Ooooh… Et… Et tu crois il a une amoureuse ? »

Cette fois un grand sourire se glissa sur les lèvres du loup blanc. Il adressa un regard moqueur à son homologue et répondit tranquillement :

« Il en a eu une en tout cas. Elle te ressemble un peu d’ailleurs. Petite, blonde et très jolie. La différence, c’est qu’elle parle anglais et sait tirer au pistolet. »



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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeVen 24 Mar - 20:04

- Edward, attends ! J-

La porte lui claqua au nez. Il soupira, s'excusa auprès de la vendeuse, sortit et se lança à sa poursuite. Il avait bien senti que le miroir l'avait repoussé sous l’influence de la belle. Qui sait où ils auraient atterri en le traversant ? Mais il n'avait pas eu le loisir d’en faire part à Edward.
Ses pas dans les siens, malgré l'avance du loup blanc, il n'avait aucun mal à le suivre. Après la première volée de marche, il avait même la grisante sensation de retrouver la joie de parcourir une distance avec un autre loup. Dommage que le paysage soit loin d’être aussi sensationnel que les montagnes de Carpates de leur enfance. Mais le ton glacial de son homologue lui revint en mémoire. Plusieurs fois, il tenta de l'appeler. En vain. Le brun n'écoutait pas. Seul le mot "morpions" lui répondit, faisant naître l'incompréhension chez le commissaire. Particulièrement lorsqu'Ed en croisa un.
Aldrick ralentit, ne sachant trop si tout allait bien ou non. Aussi lorsque Coline pointa dans sa direction, bêtement, il se retourna mais ne vit rien, ni personne qui lui parut important. Arquant un sourcil perplexe, il les rejoignit, juste à temps pour entendre la fin de leur échange et assister au sourire moqueur du loup. Plusieurs secondes lui furent nécessaires avant d'intégrer totalement le sujet de la conversation.

Quoi ?
QUOIIIII ?

Ses pensées explosèrent en une myriade de feux d'artifice.
Il parlait bien de Rose, là ? Évidemment ! Après une telle description…
De tous les lycans au monde pourquoi fallait-il que ce soit lui qui soit au courant pour eux ? Alors même que sa famille ignorait tout d’elle… Pourquoi LUIIII ?!
Sa dispute avec la contrebandière lui revint en mémoire. Ce lycan qui lui avait appris pour la Curia, c’était Edward ? Weidmann ne se serait pas donné cette peine, Andréa et elle ne se connaissaient à priori pas. Pas assez pour ça dans tous les cas. S’il y avait d’autres lycanthropes dans la capitale, nul doute que le sourire moqueur du bigarré en disait long sur leurs confidences communes. Qui d’autre lui aurait avoué ça sans aucune crainte ? Sur ce point au moins, il l’enviait ! Combien de fois avait-il crevé d’envie de tout lui avouer ? Et lui !  Lui… ! Un imbroglio incompréhensible de sons lui échappa, si bien que Colline demanda tout bas s’il était cassé.
Le loup noir se sentit comme un prétendant de longue date évincé par son meilleur ami, qui tentait sa chance par jeu depuis des mois, auprès de sa fiancée, concrétisant le tout la veille du mariage. Tout un panel de sentiments disparates passa sur le visage d’Aldrick, au fur à mesure de ses réflexions, sans qu’il ne le remarque. L’incompréhension fusionna avec la surprise.

- Que… Je… Comment est-ce que tu…?

Non.
La surprise laissa place à l’embarras.

- Tu lui as parl-…?

Il s'interrompit.
Non, ce n'était pas ce qui importait.
Nouvelle vague de sentiments. Il serra les poings.
Dire qu’il avait cru qu’il comptait pour elle ! Quel imbécile !
L’embarras laissa place à une colère sourde.

- Pourquoi ?! Pourquoi est-ce à toi qu’elle…

Il ravala ses propos.
Non, ce n'était pas ce qu'il voulait savoir. Il déglutit.
La colère s'effaça face à l’amour.
Il lui saisit le poignet avec force. Le désespoir dévorant ses traits. Ravalant toute sa fierté, Aldrick questionna comme si le monde allait s'arrêter :

- Est-ce qu'elle... Va bien ?

Le cœur au bord des lèvres, il attendit sa réponse avec des nœuds dans l'estomac. Sans réaliser même que cela équivalait à un aveu en bonne et due forme. Mais il avait entendu parler de ce médecin personnel que Rose avait engagé. Et Rose n'était pas femme à se coltiner un poids mort. Encore moins un médecin. Comme eux, elle était de ceux qui détestaient devoir avouer même la plus petite faiblesse. Prête à endurer le pire seule, envers et contre tous, à se dresser face au monde entier, au détriment d'elle-même. Tout, plutôt que de d'admettre qu'il lui fallait de l'aide. Alors cette doctoresse à ses côtés...

Aldrick sursauta. Relâchant Edward par réflexe, il avisa sans le voir d’abord, l’ours blanc qui venait de lui chatouiller la joue.

- Bisou magiqueuh ! Pleure pas ! On est là, nous ! Glissa Coline en les désignant tous trois, ours en peluche inclus.

Aldrick se sentit bête, mais un rire sidéré lui échappa. Se passant une main sur le visage pour masquer son trouble, il acquiesça sans oser les regarder. Blessé dans son orgueil en réalisant qu'une enfant inconnue l'avait percé à jour.

- Oui. Tu as raison, merci.

Brisée. Sa voix l'avait trahie. Craquant sur le dernier mot. Probablement parce qu'il sonnait faux. Il était pathétique. Qu'espérait-il au juste ? Ils ne s'étaient pas parlés depuis des mois avec Rose et il en était réduit à quémander des informations à Edward. À Edward ! Alors qu'il n’avait même pas pu s’excuser convenablement pour l’incident de la boutique. Il n’en avait pourtant plus la moindre envie.

- Si tu veux, je te passe M.Ours. Quand tu es triste tu le serres trèèèès fort, comme ça, Coline ouvrit les bras aussi grand qu'elle le put avant de les refermer pour faire à sa peluche un câlin si dantesque qu'Aldrick se demanda s'il ne s'agissait pas plutôt d'une prise de catch, et toute la tristesse s'en va ! Fiouuuu ! Partie !

L'innocence de la belle arracha cette fois un rire étouffé au commissaire qui acquiesça en posant une main sur sa tête blonde pour l’ébouriffer à peine. Avec ce contact, il se calma partiellement.
Lentement, il remit mentalement son invisible masque de bonne humeur, sans tenir compte de la large fissure qui l'entaillait, ni des morceaux épars de son cœur. Priant simplement pour que personne ne l’ait entendu se briser. Encore.
Le loup noir tâcha de se comporter aussi dignement qu'il le pouvait. Feintant une sérénité qu'il ne possédait aucunement, pour ne pas juste tourner les talons et rentrer chez lui, il inspira profondément et ajouta :

- Merci mais je… Vais bien. Mentit-il avec le même sourire qu’il esquissait au quotidien en prétendant ne pas être un Légendaire. Un sourire qui le tuait de l’intérieur.
- Pour de vraiiii ?
- Ne t’inquiète pas. Moi, j’ai M. Loup, ici présent, il indiqua Edward d’un signe de tête, sur qui compter quand ça va mal.
- Oooh. Tu es fort môôsieur Loup ?

Aldrick acquiesça. Contre toute attente, il était sincère.

- Il faut vite retrouver maman alors ! Elle tombe tout plein et se fait beaucoup mal !

Le commissaire arqua un sourcil circonspect, mais ne jeta pas un regard aux alentours.

- Quoi ? Me regarde pas comme ça, déclara-t-il en avisant Edward, vu comme j’ai été efficace avec Fiburce, je… Jean-Kévin !

Pointant du doigt derrière le loup blanc, il désigna le canapé, visible depuis une grande verrière, un étage au dessus, alors que deux gaillards costauds le déplacaient sous les indications d’un homme. Ce dernier était si mince, qu’il était légitime de se demander s’il avait mangé ces trois dernières années. Pourtant, c’était avec aisance qu’il déplaçait un appareil photo volumineux pour profiter d’un angle différent. Cela ne dura qu’une poignée de secondes et le petit groupe disparut aussitôt derrière d’épais rideaux ivoire.  

- Ils ne vont quand même pas l’amener sur le toit ? S’étrangla le loup en repérant une porte plus loin vers laquelle ils se dirigeaient.


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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeMer 29 Mar - 21:49

Edward eut du mal à ne pas s’arracher immédiatement à l’étreinte d’Aldrick, mais il prit sur lui, craignant qu’un geste brusque effraie la petite. De toute façon, il avait la réponse qu’il souhaitait.
Donc cette relation avait été on ne peut plus sérieuse et des deux côtés, voilà qui n’était pas banal. Il eut très envie de demander au commissaire après combien de temps il avait compris que la jolie Rose lui faisait du rentre dedans, mais l’émotion qui s’était saisie du policier l’en dissuada. Le loup blanc n’avait pas vraiment envie de remuer le couteau dans la plaie, alors il se contenta de lui répondre que la contrebandière se portait bien et Colline se chargea de coller un gros pansement sur son cœur d’amoureux délaissé. Il faudrait attendre une autre occasion pour en discuter.
Haussement de sourcil. Évidemment qu’il était fort ! Aldrick confirma d’un signe de tête et comme Edward n’était au fond qu’un grand gamin, il bomba le torse en espérant une note émerveillée de l’enfant qui ne vint pas. Pfeuh.
Sa déclaration concernant sa mère réveilla une pointe d’inquiétude chez le loup blanc qui n’eut pas le temps d’en savoir plus. Jean-Kévin reparut dans leur giron, prenant la direction des toits. Plutôt logique, la vue devait y être sympathique.

« On se sépare, lâcha Edward. Tu t’occupe de Jean-Kévin et j-
Noooooooon !! Non ! Non ! Non ! Noooooon ! »

Edward écarta l’enfant à bout de bras, certain d’avoir perdu la moitié de son tympan droit. Nom d’un chien, comment un si petit être pouvait pousser autant de décibels ? Maintenue dans les airs, Colline continua de crier, battant des jambes dans le vide, secouant son nounours comme une dératée tandis que de grosses larmes de crocodiles coulaient sur ses joues. Le bruit vrilla les nerfs d’Edward, qui aboya :

« Mais quoi à la fin !? »

Son exclamation furieuse coupa la chique à la petite qui, cette fois-ci, pleura pour de vrai, effrayée. Le loup blanc s’en mordit aussitôt les doigts. Ils étaient en train d’attirer toute l’attention, aussi il opta pour une retraite stratégique derrière une haie de bambous, où il assit la fillette sur un banc. Accroupit à ses pieds, il n’osait même plus la toucher.

« E-Excuse moi, je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur. A-Arrête de pleurer. S’il te plait Colline, arrête… »

Mais ce son térébrant… Cette note aiguë, rayée, s’enfonça dans son crâne, hérissant tout son être d’un puissant besoin de la faire taire. Ce qu’Edward entendait, c’était le bruit de sa culpabilité. Cette angoisse sourde qui l’avait toujours rongé venait de l’attaquer en traitre, l’étreignant tout entier d’une incontrôlable angoisse.

Je ne suis pas lui. Je ne suis pas lui.
Je. Ne. Suis. Pas. LUI.


Inspiration.

« S’il te plait Colline, ne pleure pas. »

Edward avait pris une grosse voix ronde et se cachait derrière l’ours blanc. On aurait presque pu le croire détendu s’il n’y avait pas eu ses doigts tremblants et crispés dans la chaire duveteuse de la peluche.
Le cri cessa, remplacé par un reniflement et de petits hoquets sanglotants. Edward laissa son front tomber contre la tête du doudou, soulagé. Il releva la tête, sentit tardivement la présence d’Aldrick à proximité, mais ne fut pas en mesure de lui jeter le moindre coup d’œil. Encore fébrile, il posa son regard disparate sur l’enfant qui tendit les bras pour récupérer Monsieur Ours. Le loup blanc le lui rendit volontiers, puis questionna :

« Pourquoi tu as hurlé comme ça ? Tu m’as fait peur. »

Ce n’était pas tout à fait vrai, mais il ne se voyait pas lui dire qu’il avait été pris d’une violente envie de l’étouffer. Elle renifla, essuya ses yeux de sa petite main, puis bredouilla :

« Si vous vous séparez, je retrouverai pas Maman.
Mais je serai resté avec toi, on l’aurait retrouvé tous les deux. »

Elle secoua la tête. Reniflant une nouvelle fois, elle se rapprocha du bord du banc, puis se leva d’un petit saut qui gonfla sa robe à jupons. Trois pas la guidèrent jusqu’à Aldrick dont elle prit la main. Elle l’entraina derrière elle, fit marche arrière, puis saisit les doigts d’Edward qui eut tout le mal du monde à ne pas fuir l’étreinte.
Sourcils froncés et joues gonflées, elle tapa du talon contre le carrelage, assénant avec la plus grande autorité :

« Tous les trois. »

Edward entrouvrit les lèvres, puis les referma. Craignant une autre crise de larme, il renonça à toute objection et se levant, la main de Colline toujours dans la sienne, il glissa en daignant enfin regarder Aldrick :

« J’imagine qu’on aura plus vite fait de la retrouver ensemble.
Ouiiiiii ! s’enthousiasma la petite en un grand rire. »

Elle se balança, être minuscule aux bras de deux géants. Edward s’intéressa aux environs, cherchant un parfum ou un son qui lui rappellerait leur jeune protégée, mais sans succès. Se remémorant ses paroles, il lui demanda tout en continuant de fureter :

« Pourquoi tu as dis que ta maman tombait ?
Parce que c’est vrai. Maman m’a dit que c’est parce que c’est une maladie. Ça la fait faire dodo, pouf ! Comme ça ! Alors que moi je fais la sieste même pas tout le temps tu sais !
Ah oui ? répondit machinalement le loup blanc sans écouter.
Hui ! Même moins que Paulin !
Hmhm…
Paulin il dit que c’est pas vrai, mais c’est rien que pour… Oh ! Là ! C’est le chapeau de Maman ! »

Elle avait brusquement lâché les deux loups pour se précipiter contre la rambarde. Son bras fin n’eut aucun mal à se glisser entre les barreaux et elle pointa du doigt l’étage du dessous, où déambulait une dame coiffée d’un élégant chapeau égayé de plumes blanches.
Folle de joie, la fillette fila entre leurs jambes et s’élança dans les escaliers. Edward aurait dû être heureux d’en être enfin débarrassé, mais quelque chose le tarauda ; la démarche de l’inconnue lui était apparu désagréablement familière.

« Suivons la, j’ai peur qu’elle se soit trompée. »

La rattraper fut facile car la foule était plus dense à cet étage, et obligeant la demoiselle à ralentir devant ce mur de pantalons et de robes de coton. Edward l’appela. Il faillit lui mettre le grappin dessus, mais une brèche se forma et Colline lui échappa à nouveau. Elle termina sa course dans les jupes de l’inconnue contre lesquelles elle enfonça son visage encore un peu morveux.
Edward s’était figé et sentit une goutte de sueur glacée couler dans sa nuque. Il déglutit, tandis que la femme se retournait lentement. Elle baissa la tête et son regard d’acier croisa celui de Colline. La joie s’évanouit de ses traits juvéniles.

« Tu es pas ma maman… »

Marche arrière toute. S’abritant derrière les jambes d’Aldrick, elle n’osa jeter qu’un timide coup d’œil à la dame qui l’avait si inexplicablement trompée. Et comme Edward la comprenait, lui aussi aurait apprécié pouvoir se dissimuler derrière le policier.
Le regard acéré de Madame Dip se détacha très calmement de la petite. Avec une précision chirurgicale, elle toisa tour à tour les deux hommes lui faisaient face, puis en chercha un troisième qu’elle ne trouva pas. Elle pinça brièvement ses lèvres, les transformant en une fine fente blanche d’où suintait le reproche.

« Je peux vous expliquer, » assura Edward.

Mais Madame Dip secoua la tête. Elle n’était pas sans savoir que le loup blanc pouvait être un excellent menteur et d’un geste millimétré, elle leva le menton en direction d’Aldrick.

« Pas vous. Lui. »


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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeMer 12 Avr - 13:22

Et merde.

Il avisa Edward – qui manifestement partageait son point de vue  – alors que tous deux se voyaient obligés de jouer les babysitteurs sous peine d'une nouvelle crise en moins de deux minutes. Joie.

Retenant à grand peine un soupir, il écouta la belle sans bouger.

*Narcoleptique ? Ça ne devrait pas passer inaperçu si elle fait une crise. Qu'avait dit Sani à ce sujet déjà ?*

Mais Coline continuait son monologue, sans s'interrompre. Lorsqu'il demanda qui était Paulin, la petite s'éclipsa avec l'agilité d'une lapine joueuse. Lapine qui recula face à la dragonne. Car la personne qui leur faisait face devait au moins être une dragonne coincée dans un corps de femme pour que même Edward n'en mène pas large en sa présence. Quelque chose chez elle lui rappela inexplicablement Gaudrefroy mais il se contenta de la saluer en s'inclinant légèrement, se présentant malgré tout un peu sèchement.

- Aldrick Voelsungen, enchanté. Miss Dip, je présume ?
Elle acquiesça, le détaillant d'un air froid qui paraissait sonder l'âme.
- Angelina Dip oui. Que se passe-t-il ici ?

Aldrick sourit. Il en était certain : définitivement, elle se serait bien entendu avec Ice.

- La petite Coline a perdu sa mère. Nous l'aidons à la retrouver. En voyant votre chapeau elle a cru qu-
- N'étiez-vous pas censé ranger le sous-sols ? Coupa-t-elle, interdite, après avoir détaillé la demie-portion. Coline serra avec force le tissu de son pantalon.
- Si.
- Est-ce terminé ?
- Pas encore mais...
- Je vois.

Elle claqua sa langue contre son palet et se rapprocha avec l'aura d'une prédatrice prête à engloutir sa proie.

- Et vous avez laissé Jean-Kévin ranger le reste tout seul ?
- Non. Un silence. L'incompréhension gagna la voix du commissaire. Froncement de sourcils. Pourquoi aurait-on fait ça ?

Là, ce fut à Mme Dip de tiquer. Bref coup d’œil méfiant vers Edward, elle ouvrit la bouche, la referma et se ravisant, questionna tout de même :

- Dans ce cas, où est-il ?
- Quelque part dans le magasin je présume. Il haussa les épaules. Nous avons été séparés. Anticipant toute question sur le sujet, Aldrick la devança : Il est plus urgent de retrouver la mère de la petite. Voyez comme elle a l'air apeuré.

La reine des glaces les jaugea tous les trois ; puis, après d'interminables secondes, concéda :

- Bien. On doit avoir un porte-voix dans la salle des employés. Essayons de l'appeler. Un soupir lourd de sens lui échappa. J'espère qu'elle se présentera...  Elle se reprit, tendant la main vers la benjamine. Venez mademoiselle.
- Noooon ! S'indigna Coline en se cachant un peu plus derrière Aldrick. J'veux pas ! Tu dis des choses méchantes ! Maman elle est toujours polie ! Elle dit bonjour à chaque fois d'abord !

Il fallut de longues secondes au loup noir pour comprendre comment la petite avait pu interpréter le mot "présenter" et aboutir à une telle conclusion.

- Puis avec Môôsieur Loup, on a dit qu'on la retrouverait tous les trois !

Sortant de sa cachette, elle tendit la main pour se saisir du pantalon d'Edward et les retenant tous deux elle, insista en levant son regard vers les loups.

- Hein que c'est vrai ?

Aldrick acquiesça avant de se pencher vers l’enfant, récupérant au passage la peluche sous le coude de la belle, tout en réfléchissant à comment lui expliquer au mieux.

- C'est vrai. M. Ours aussi en est témoin. Il sourit calmement en rapprochant la peluche de son cou, pour y apposer un baiser invisible de l'ursidé. Tu sais Coline, Miss Dip aussi veut retrouver ta maman. Elle s'inquiète c'est tout. Mais elle connaît beaucoup de gens ici. Presque tout le monde en fait, alors si elle nous aide, on la retrouvera vite. Ce serait bien, non ?

Penchant la tête sur le côté, observant sa réaction comme le lait sur le feu, il ajouta comme s'il s'agissait là d'un argument décisif :

- Mais d'abord il faut te débarbouiller. Il sortit un mouchoir de sa poche et le mit sur le nez de la petite. Vas-y souffle.

Comme elle ne réagissait pas, il reporta le mouchoir sur son propre nez en exagérant ses gestes.

- C'est facile, regarde.

Appuyant à peine, il émit un son qui ressemblait davantage à la corne de brume d’un navire plutôt qu’à un éternuement. Silence, puis il réitéra l’action par deux fois, sans pause, pour créer un début de musique. Éloignant enfin le mouchoir, il lui sourit, tourna le tissu vers une partie prétendument plus propre et le reposa sur le nez de la petite.

- Vas-y, à toi.

Colline s’exécuta et cette fois se moucha convenablement, mais si fort qu’il n’entendit pas l’échange qu’eurent les deux autres. La félicitant, il rangea le mouchoir et la souleva sans prévenir, lui arrachant un cri aigu. Fière d’être désormais plus haute, Coline en oublia toute précaution et ne mit pas plus d’un quart de secondes à tirer la langue à la dragonne. La co-propriétaire tiqua, se retenant manifestement à grande peine d’être désagréable. Elle eut une moue désapprobatrice, murmurant glaciale, en le fixant :

- Apeurée, vraiment ?

Aldrick eut un sourire gêné tandis qu’Angelina faisait appel à tout son professionnalisme pour prendre sur elle et ordonner :

- Assez trainer. Suivez-moi.

Le trajet ne fut pour Aldrick qu’un mélange déroutant d’odeurs et de couleurs diverses, ponctué ci et là par une série de questions existentielles de Coline, comme celles de tous les enfants, à l’âge merveilleux du “pourquoiiiii ?”. Tant et si bien qu’il ne fut pas certain qu’aucun des deux autres adultes n'ait compris sa question lorsqu’il s’enquit du comment de leur rencontre. Un soupir lourd de sens lui échappa lorsqu’enfin la porte salvatrice du vestiaire s’ouvrit dans un craquement libérateur. Les yeux clos, il pouvait presque entendre la divine musique des Cieux réservée aux portes du Paradis. Bien sûr, il n’en fut rien. Mais enjoué, il avisa enfin la pièce.

Un capharnaüm sans nom y régnait.


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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeVen 14 Avr - 10:49

« C’est toi ou moi qui lui dit qu’utiliser un porte-voix pour appeler une narcoleptique c’est pas forcément la solution la plus efficace ? »

Edward avait chuchoté ces mots à Aldrick, profitant des cris de joies de la petite Colline à la vue de cette caverne d’Alibaba pour couvrir son murmure. Il haussa sourcils et épaules, d’un air qui appuyait sa totale innocence dans le désastre qui se profilait. Parcourir les allées de Dip&Jones ne l’enchantait déjà guère, mais si c’était pour en plus s’époumoner à claironner le nom d’une femme confortablement installée dans les bras de Morphée, autant dire qu’il y était carrément récalcitrant.
Il admettait toutefois que le loup noir s’était plutôt bien débrouiller face à Angelina Dip. Il n’avait pas menti, seulement omis quelques détails, n’éveillant qu’à moitié les soupçons de la grande patronne. C’était très pragmatique et un peu moins aventureux qu’un mensonge bien enrobé, mais il fallait admettre que c’était passé.

« Saturnin !! » appela la gérante d’une voix qui résonna comme le tonnerre dans la pièce.

Une porte s’ouvrit au fond à gauche, il en sortit à toute allure un homme pas très grand en redingote verte, aux épaules tombantes sur lesquelles s’élevait un long cou cerclé d’un haut col anglais et une petite tête ronde. Deux yeux écartés et des lèvres légèrement avancées, lui donnait une extraordinaire ressemblance avec un canard colvert. Il cancana en s’arrêtant pile devant Angelina Dip :

« Qu’est qu’y a M’dam ? »

Il avait une voix de fond de gorge, légèrement grinçante, qui fit beaucoup rire Colline. Elle l’imita spontanément tout en se hissant maladroitement sur une chaise qu’elle avait préalablement débarrassé de tout un fatras, sans grande précaution.
Alors qu’elle se mettait debout, Edward la souleva et la reposa les pieds sur terre, évitant de justesse que l’ensemble bascule. La petite avait eu suffisamment de temps pour dégoter un objet curieux qui lui avait fait de l’œil. Elle le tendit au loup blanc en lui demandant s’il s’agissait d’un « poteuva ». Le lycanthrope comprit qu’il s’agissait d’une longue pipe sculptée et l’ôta précipitamment des mains de la fillettes avant qu’elle ne porte l’un des embouts à ses lèvres. Elle éclata de rire et il dut la retenir d’un doigt par le col pour qu’elle ne file par farfouiller à la recherche d’un autre trésor.
D’une oreille, il rattrapa en cours de route la conversation entre Saturnin et Madame Dip, le premier semblant bien embêté par la demande de sa supérieure. Fixant une étagère, il se gratta l’arrière de la tête, ses lèvres plus avancées encore par sa moue circonspecte.

« V’la t’y pas qu’c’est pas croyab’ ! J’tais sûr d’l’avoir laissé là.
De toute évidence, il n’y est pas, siffla Madame Dip en consultant sa montre.
Non, c’est vrai qu’y est pas.
Est-ce que vous l’auriez posé ailleurs ? Insista-t-elle, son talon martelant le sol.
Sûr qu’non M’dam Dip. J’suis d’genre organisé, v’voyez ?
Moyennement, répondit-elle avec un regard appuyé pour le bazar de la pièce. »

Une petite lumière sembla jaillir dans l’esprit de Saturnin qui redressa brusquement son long cou et tapa du côté du poing dans la paume de sa main.

« Albert ! »

Comme il tardait à s’expliquer, madame Dip relança ses méninges d’un sec :

« Quoi Albert ?
Eh bah c’lui qui l’a ! Pour vend’ses p’tites galettes là. V’savez bien ! Y parle d’dans pour ameuter l’chaland comme ça y dit qu’y s’casse pas la voix. L’est malin le Albert !
Est-ce que vous savez où il est installé aujourd’hui ? Intervint Edward.
Oh y bouge pas mal, mais vu l’heure j’dirais qu’y doit être au dernier étage ! Toutes ces marches, ça creuse qu’y dit ! »

Edward le remercia, finissant par soulever Colline afin d’éviter qu’elle mette la main sur une cane épée, sans doute oubliée là par un client très distrait et stockée là en attendant qu’il se manifeste. Madame Dip signala à Saturnin qu’il pouvait disposer, ce qu’il fit d’un pas dandinant. Elle se tourna ensuite vers les lycanthropes, comme une automate bien huilée et fit claquer le couvercle de sa montre à gousset.

« Des obligations m’attendent. Vous savez où chercher Albert et compte tenu du flair de Monsieur White, je doute que vous ayez du mal à le trouver.
Aucun problème, glissa Edward avec une pointe de soulagement.
Mais je m’assurerai que la petite ait retrouvé sa mère et que vous… Vous ayez retrouvé Jean-Kévin. »

Elle quitta la pièce d’un pas toujours si strict qu’il semblait planter un clou d’un coup de talon à chaque foulée. Les épaules d’Edward se détendirent en la voyant s’éloigner.

« Elle a promu la marque Inhominis comme personne, mais échanger avec elle me donne la sensation d’être découpé au scalpel. Cordélia paraîtrait presque aimable à côté… »

Il avait prononcé la dernière phrase tout haut, sans y penser. Il était vrai que les deux femmes partageaient un petit quelque chose par cette apparence froide et des émotions bien peu perceptibles. C’était certainement la raison pour laquelle Madame Dip le mettait particulièrement mal à l’aise, mais Edward ne paraissait pas en avoir conscience. Il inspira, tourna la tête vers Aldrick, tandis que la petite Colline s’amusait avec ses cheveux.

« Je doute que le porte-voix nous serve, mais on devrait tout de même y aller. »

Ils quittèrent les vestiaires. Le loup blanc conserva l’enfant dans ses bras, certains qu’elle leur échapperait encore si ce n’était pas le cas. L’étonnant trio attira quelques regards, notamment celui de mamans dont certaines donnèrent un sacré coup de coude à leur époux, histoire qu’ils prennent exemple.
Marche après marche, ils avalèrent les étages, jusqu’au cinquième. Il était de loin le plus respirable et le plus lumineux, bénéficiant directement de la clarté de l’immense verrière qui les surplombait. On y trouvait de nombreuses boutiques se voulant exotiques, ponctuées d’échoppes proposant tout le nécessaire pour partir en voyage ; malin.
Mais Edward ne se fit pas avoir par le lèche vitrine. Le pallier à peine à atteint, une odeur de friture lui chatouilla la truffe et son cœur loupa le coche. Il s’arrêta net. Une fraction de seconde seulement, il perçut une image fugace, une ombre penchée sur un vieux fourneaux et une voix clair d’enfant. Ce n’était pas la sienne, il en était certain, mais les mots restèrent trop flou dans sa tête pour qu’il espère en tirer quoi que ce soit.
Colline l’arracha involontairement à sa rêverie. Se hissant sur son épaule comme un suricate, elle avala une grande bouffée d’air.

« Ça sent trop trop bon ! »

Alors on beugla non loin, d’un ton grave aux accents de l’est qu’amplifiait un porte-voix.

« Langos ! Gouttez les langos d’Père Albert ! Tout chaud avec d’la bonne crème ! Spécialité hongroise ! »

Edward s’approcha, mais son pas avait changé. Là où il avait gravi les escalier avec une assurance naturelle, sa foulée s’était soudain faite plus timide et plus hésitante, de celles qu’ont les enfants lorsqu’ils souhaitent quelque chose, mais n’osent pas demander.
D’une main experte, Albert tira une galette dorée de sa grande casserole pleine d’une huile frémissante et la déposa sur un plat gardé au chaud sur une casserole remplie d’eau bouillante. C’était un homme costaud, la quarantaine largement passée, avec de grosses moustaches noires qui s’enroulaient sur elles-même de chaque côté de ses lèvres. Il s’apprêtait à lancer une nouvelle cuisson en sifflotant lorsqu’Edward s’entendit bafouiller :

« Euh… E-Excusez-moi ? »

Concentré comme il l’était, le loup blanc ne se douta pas du danger qui approchait. Il eut tout juste le temps de voir les yeux d’Albert s’écarquiller et se prit un coup d’ombrelle sur la tête. Son réflexe premier fut de protéger Colline tandis qu’il s’écartait. Le second coup fut évité, mais le loup termina avec la pointe effilée de l’objet braquée sur sa truffe. À l’autre bout se tenait une jeune femme au chignon en désordre, mais dont la mine s’essayait à être autoritaire et menaçante ; ce qui n’était pas une franche réussite. Sa main se fit tremblante lorsque ses yeux, encore gonflés de sommeil, passèrent du brassard pourpre d’Edward à ses iris dépareillés.

« R-Rendez-moi ma fille ! E…Espèce de… v-vilain… être… !
Maman ! S’exclama joyeusement Colline en s’agitant de plus belle.
T-Tout va bien ma chérie ! Maman ne laissera pas le grand ogre te manger.
Un ogre ?! »

L’objection vive et brusque surprit la jeune mère qui fit un pas en arrière et déploya d’un coup son ombrelle. L’une des baleine heurta la structure de la baraque d’Albert, déséquilibrant la malheureuse. Chute inévitable en arrière. Les coins aiguës d’un pot de fleur la cueilleraient au vol, à moins que…

« Aldrick ! »



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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeVen 28 Avr - 19:14

Lorsque la main d'Aldrick se referma sur le poignet de le jeune femme, il fut étonné de trouver au poignet opposé un homme d'une bonne trentaine d'années, chargé de paquets. La surprise passée, ils hissèrent la belle d'un même élan. Elle était indemne. Ils s'entre-regardèrent et se saluèrent d'un signe de tête.

Paulin, je présume ?
Oui. Euh... On s'est déjà rencontrés Monsieur... ?
Non, mais Coline nous a parlé de vous.

La surprise gagna le roux, dévisageant l'enfant, il ouvrit la bouche pour parler mais la matriarche le devança en les remerciant. Le loup noir n'eut qu'un bref sourire forcé pour elle et aurait aussitôt reporté son attention sur son homologue, si son visage poupin n'avait pris une teinte plus rougie.

Tout va bien, miss ?
Non ça ne va pas ! Cet... ogre a ma fille !
Vous voulez dire, ce loup-garou.
Voilà ! Exactement ce... Quoiii ? S'étrangla-t-elle en fixant Edward avec effroi. Oh mon Dieu !
C'est M. Loup maman ! Il est fooort comme ça ! S'enjoua Coline en ouvrant en grands ses bras pour en donner la plus exacte mesure ; le tout, sans le lâcher, ni son ours en peluche.
Et même plus encore. S'amusa Aldrick face à l'enthousiasme de la plus jeune.

Sous son chapeau, la belle afficha un air outré.

Félicie, respirez, n'oubliez pas qu-
R-Rendez-moi... ma fille ! S'offusqua t-elle. Coline, ne t'inqu-
Félicie !

Paulin, tel un prince charmant émérite, réceptionna la belle au bois dormant d'un geste expert avant même qu'elle ait clos totalement les yeux. Les épaules du trentenaire s'affaissèrent dans un soupir entendu. Entre ses bras, Félicie s'était assoupie et rien ne laissait entendre qu'elle avait pu être si en colère quelques secondes plus tôt tant elle était paisible.

Impressionnant. Souffla Aldrick, autant pour la maladie qu'il n'avait encore jamais vu à l’œuvre, que pour les réflexes du garçon.
Oh, elle s'est encore endormie. Nota la petite un peu déçue, sans avoir compris toute la situation. Puis elle se tourna vers Edward et posa un doigt sur sa propre bouche avant de réitérer le geste pour les autres, sans aucune discrétion et beaucoup plus fort qu'elle n'aurait dû. Chuuuut ! Faut pas la réveiller ! Après elle est pas contente sinon. Chuuuut !

Le brun avisa son homologue en haussant un sourcil et à peine plus bas, déclara pour Paulin, en indiquant un objet plus loin d'un signe de tête :

Asseyons-la sur le banc là-bas. Je vais vous aider.
Mer-ci...

Mais Paulin ne bougea pas, analysant Edward sans une once de discrétion.

Ne vous en faites pas. Coline l'a apprivoisé en un temps record, il sera son meilleur garde du corps et vous êtes trop chargé pour la déplacer seul.
C'est quoi un garde du coorps ? Est-ce que ça veut dire que je suis punie ?

Le roux était trop occupé à peser le pour et le contre pour lui répondre, mais Félicie s’avachit davantage dans ses bras, sans se réveiller. Après avoir jugé la distance qui les séparait du banc il acquiesça.

Ed, tu veux bien prévenir un employé s'il te plaît ? Je crois qu'il vaut mieux qu'ils commandent un cab.
Oh j'ai des sels dans une de mes poches, ça devrait l'aider à se réveiller.
Vous êtes prévoyant.
Infirmier surtout.
Oh.
Ça ne fonctionne pas toujours mais bon... Il haussa du mieux qu'il put les épaules en guise de conclusion.

Aldrick avisa le loup blanc, d'un air de lui dire : « il vaut peut-être mieux dire au revoir maintenant », mais n'ajouta rien.

Quelques minutes plus tard, une fois madame de Craenembbrouck étendue à quelques mètres du stand d'Albert, ils saluèrent Coline une dernière fois, non sans avoir chacun écopé d'un baiser.

Aldrick attendit qu'ils soient assez loin pour donner un coup de coude à Edward.

Fais pas cette tête, va. Tu la reverras sûrement. Il eut un sourire qui masquait difficilement son propre attachement. Il se retourna à demi juste le temps d'adresser un nouveau signe de la main à Coline et poursuivit la truffe levée vers la délicieuse odeur de nourriture : Allé, viens. Une fois n'est pas coutume : je t'invite. On ira chercher Jean-Kévin après.

Une fois une dizaine de lángos récupérés, ils se posèrent, un peu en retrait, près d'un escalier calme d'où ils pouvaient encore distinguer Paulin, s'affairant autour de Félicie et Coline. Mais une seule bouchée du pain suffit à détourner Aldrick du groupe, arrachant au loup noir un soupir prononcé d'aisance. Un sourire béa d'enfant satisfait illumina ses traits.

Hûûûûm ! Un régal ! C'est fou d'en trouver ici ! Il dévora une bouchée supplémentaire. Je ne sais même plus à quand remonte la dernière fois que j'en ai mangé et toi ?

Il lui jeta un coup d’œil de biais et tiqua en fixant la nourriture.

Hm < chrunch >. Manque un truc, non ? J'ai l'impression que ceux de Cordélia étaient meilleurs.

Cela ne l'empêcha pas pour autant de dévorer une autre grosse part de son pain avec une gourmandise assumée.

Quoi ? Ch'en ai sur la figure ? Il avala d'une traite. Ou tu envisages de mettre ça au menu du Lost ? Ça ferait un tabac à mon avis !

Engloutissant définitivement son lángos, sans nier son manque d'objectivité,  Aldrick s'essuya la bouche d'un revers de manche avant de farfouiller avidement dans le sac pour en prendre un autre.


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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeLun 1 Mai - 11:46

« Cordélia sait cuisiner ? »

Temps de latence. Quelque chose dans cette question sonna faux aux oreilles d’Edward qui fronça les sourcils. Il n’avait pas touché à ses langos, pas encore du moins. Il tenait sa galette dans un des carrés de vieux journaux qu’elle imprégnait petit à petit d’huile. La bonne odeur de friture lui emplissait la truffe d’un parfum horriblement familier et pourtant inaccessible à son esprit embrumé, mais ce n’était pas ce qui l’occupait.
Dans sa tête, la question tournait et retournait. Il la décortiquait minutieusement, essayant de comprendre ce qui clochait. Le fait que Cordélia cuisine était déjà une nouveauté, mais ce n’était clairement pas ça le problème. Il se pinça les lèvres. Penché en avant, accoudé sur ses genoux surélevé, il enfouit un instant son visage soucieux au creux de sa main libre.
Cette sensation l’exaspérait. Depuis qu’il s’était décidé à enquêter sur son passé, elle revenait sans cesse le torturer. C’était comme si une chaîne le retenait, l’arrêtant dans sa course à quelques centimètres d’une nouvelle vérité.
Cette fois, Edward tira plus sèchement sur le lien et du bout des doigts, il parvint à effleurer quelque chose. Un frisson le secoua. Il se redressa d’un bloc et ses yeux vairons se plantèrent dans ceux du commissaire.

« Minute. À quel moment est-ce que tu as mangé des langos préparé par Cordélia, toi ? »

Est-ce que Vladimir l’aurait convié chez eux sans le lui dire ? Ils étaient tellement en froid que cela ne l’aurait pas étonné, pourtant il avait l’espoir idiot qu’Anastasia lui en aurait parlé. Et puis pourquoi faire ? Pour lui demander de prendre soin d’Andréa en son absence, peut-être ? Oui. Sans doute.
Une onde de frustration le submergea. Ses épaules se crispèrent, en même temps que ses doigts sur le journal qui hurla en se faisant froisser. La galette frite en pâti, mais Edward ne le remarqua pas. Défiguré par l’agacement, il cracha avec une aigreur affirmée :

« Tu attendais quoi pour me dire qu’ils t’avaient invité ?! »

Il n’avait plus faim. Un poids s’était brusquement abattu au fond de son estomac, lui coupant l’appétit. Edward se sentait bafoué et trahi, mais le pire de tout, c’est que c’était à lui qu’il en voulait le plus.
Il s’était enfui. Il le savait. Il savait également qu’il était légitime que son frère ait cherché à assurer la sécurité et la bonne santé d’Andréa en son absence, mais à cet instant précis, Edward avait surtout l’impression qu’on avait voulu le remplacer.
Est-ce qu’il était si pathétique que ça ? Après toutes ces années passées à avancer contre vents et marées, contre les siens et pourtant pour eux, voilà qu’il trébuchait et c’était comme ça qu’on le remerciait ? Il en eut la nausée et ses mains se mirent à trembler.

Injuste.
C’était injuste.

« C’est une idée de Vladimir, à tous les coups. C’est tellement son genre. Il a dû te dire que c’était pour le bien de son fils j’imagine ? »

Et cette pensée en réveilla une autre, infime, mais suffisante pour apaiser un peu de cette aigreur qu’il ressentait.

« Andréa n’était pas là. Sinon il me l’aurait dit. Vous manigancez dans son dos et dans le mien ? Quel bel esprit. Alors dis, tu veux ma couronne tout de suite ou vous avez prévu une autre réunion de famille pour me l’arracher une fois que j’aurai tête tranchée ? »

Son accent de l’est hachait ses mots brûlants de rancœur et de colère. Fou. Dire qu’il avait eu l’espoir de se rapprocher d’Aldrick. À tous les coups, le loup noir n’était qu’une marionnette de plus dans sa vie, une dont tous les fils étaient tirés dans l’ombre par son frère.
Un frisson d’horreur le surprit.
Se pourrait-il… ? Se pourrait-il que tout n’ait été qu’une mascarade ? Un jeu de dupe pour se rapprocher de lui ? Et si c’était le cas, alors depuis combien de temps exactement durait ce petit numéro ? Depuis l’Heure Pourpre ou… avant ?

Edward se leva. Il avait l’air perdu dans une fureur à laquelle il peinait à croire. Sa respiration était rapide, aussi vive que s’il s’était redressé après un violent uppercut. Son cœur lui meurtrissait les côtes et le crâne. Il savait qu’il fallait qu’il se calme. Qu’il. Se. Calme. Maintenant.
Il descendit une marche. Toujours fermée sur la purée de langos, sa main cessa de trembler. Inspiration. Dans sa tête, il compta les coups de talons nerveux qui battait l’escalier et parvint à diminuer un peu la formidable pression qui l’habitait.
Une pensée venait sans doute de le sauver.
Aldrick était un horrible menteur.
Certes le loup noir aurait aussi pu simuler cette maladresse, mais Edward sentait le mensonge sur les gens les moins doués comme on perçoit une cocotte à la recherche d’un galant dans une pièce bondée. Son regard se braqua sur son homologue, plus calme, mais irradiant toujours d’une froide colère.

« Je ne sais pas ce que Vladimir a bien pu te raconter, mais il fallait que je parte. Et croyez le ou non, mais je comptais revenir ! Je n’aurais pas laissé Andréa ! Et je n’aurais pas non plus abandonné les miens, pas comme ça en tout cas. »

La dernière phrase avait été prononcée sur un ton plus neutre et surtout plus bas. Edward sentait qu’il avait attiré l’attention sur eux et ce constat lui rendit définitivement tout son sang-froid. Il ne pouvait pas mettre la couverture d’Aldrick en danger. Si homme il voulait être, alors homme il resterait. Un grand magasin comme Dip & Jones n’était pouvait être le théâtre de ce genre de règlement de compte.
Le bruit du journal froissé entre ses doigts lui fit pencher le tête. Il vit les petits bouts de galettes dépasser du papier écrasé et déplia doucement la main, la mine défaite. Edward détestait gâcher. C’était en partie pour cela qu’il n’aimait pas que l’on glisse des légumes dans ses plats, car même s’ils le répugnaient, il se sentait obliger de les terminer. À croire qu’il aurait pu en manquer.
Un soupir. Tant pis si ce n’était pas beau, tant que c’était bon. Il mordit dans un bout de galette écrasée, mâcha en fermant les yeux, afin de décortiquer chaque goût, sans savoir ce qu’il cherchait. Cette odeur, toujours cette odeur… Il avala. Lorsqu’il rouvrit les paupières, aucun éclat ne brillait dans ses prunelles, aucune nostalgie n’égayait ses traits. Déception.
Il releva la tête.

« Non… De ça non plus, je ne m’en rappelle pas. »

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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeMar 2 Mai - 15:46

Uppercut.

Aldrick aurait voulu coller un violent coup au loup blanc que ça n'aurait pas été plus efficace.

Wooh. Du calme, j- Tenta-t-il en vain au milieu de l’envolée d’Edward, mais son homologue poursuivit sans attendre tant il en avait gros sur la patate.

Ah oui quand même.

Sidéré, il le fixa la bouche vide et entrouverte, sans comprendre de quoi il en retournait et ce qui avait pu donner lieu à pareille réflexion. Après un temps, lorsqu'il lui sembla qu'Edward avait fini, ou du moins, qu'il était assez calme sinon pour discuter, au moins pour l'écouter, il redescendit lentement les mains et le sourcil qu'il avait arqué, passa une main dans ses boucles brunes et tenta précautionneusement :

Navré, mais... Je n'ai pas tout compris.

Redescendant sa main, il pencha la tête et déclara comme une évidence :

Par ailleurs, si quoi que ce soit doit être fait pour le bien d'Andréa, le monde entier sait que tu es le mieux placé pour ça. Moi le premier.

Durant une fraction de secondes, les yeux dans le vague, il sourit d'un air différent, presque triste, avant de se reprendre.

Il ne voudrait de personne d'autre et... Tu as largement prouvé à quel point il comptait pour toi.

Étouffant un léger rire, il poursuivit calmement en faisant osciller entre ses larges mains le langos qu'il avait à peine eu le temps de prendre avant qu'Edward ne s'emporte.

Personne ne pourrait te remplacer sur ce point et contrairement à ce que tu as l'air de croire, personne ne le souhaite. Tu es un monde à part entière pour lui.

Surveillant la réaction de son homologue comme le lait sur le feu, Aldrick tendit la main pour l'inviter à se rassoir, mais ne la laissa en suspens qu'une poignée de secondes, juste le temps d'être certain qu'Edward ait intégré que ce soit de l'ordre du possible, tout bêtement. Sans obligation aucune.

Tu sais... Il hésita, le langos oscillant plus rapidement entre ses doigts, avant qu'une franche inspiration ne le décide à plonger sans ciller son regard dans le sien. Je crois que tu te sous-estimes le concernant. Il est différent quand il est avec toi. Il suffit de vous regarder deux minutes pour en être certain. Tu le rends heureux Edward ! Ça crève les yeux et personne ne pourrait changer ça.

Le loup noir laissa un silence entendu se coucher entre eux. Autant pour que le bigarré ait le temps d'intégrer l'information que parce que s'il l'avait toujours pensé, depuis le jour où il avait revu Andréa lors de l'Exposition universelle, le dire à voix haute sonnait comme une conclusion à sa propre inefficacité sur le sujet.

Aussi honteux ou répréhensible que cela puisse paraître aux yeux de son entourage, il était des batailles qu'Aldrick n'avait plus ni l'envie, ni la force de mener et d'autres dans lesquelles dès le départ, il n'aurait jamais pu rivaliser, quels que soient les efforts fournis pour ça. Rendre heureux Andréa aussi efficacement que le faisait Edward était de celles-là.

Traite moi de fou si tu veux, mais je sais que j'ai raison. Je ne suis peut-être pas le plus doué pour exprimer tout ce qui touche aux sentiments, mais je sais reconnaître de l'amour quand j'en vois et quand il s'agit de toi... Andréa est intarissable ! Même s'il faisait de son mieux pour le cacher, ça déborderait encore !

Si ses derniers mots pouvaient laisser croire qu'il se moquait gentiment tant il y avait d'éclats de rire dans sa voix, Aldrick n'en était pas moins d'une sincérité redoutable. Nonobstant, il aurait fallu une oreille bien attentive pour distinguer l'envie qui perlait malgré lui dans cette affirmation, en dépit du brouhaha alentours. Pliant machinalement le papier qui dépassait de son casse-croûte, le loup noir se redressa un peu, avisa la foule sans la voir et ajouta :

Après ton départ, il t'a cherché sans relâche. Rabâchant à qui en douterait, même la plus infime fraction de secondes, que tu reviendrais, que c'était sûr et certain. A ce moment-là et... encore aujourd'hui, je mettrais ma main à couper que si on lui avait dit « qu'il suffisait de remuer ciel et terre, deux fois, là tout de suite, pour que tu rentres », il ouvrit les bras en grand avant de les baisser mollement comme pour souligner l'évidence la plus élémentaire, il l'aurait fait avec le sourire, juste parce qu'il savait qu'il pourrait te revoir ensuite. Il secoua la tête de dépit. Je ne sais pas ce que t'a dit Vladimir ou ta famille, mais il n'a jamais été question que je fasse quoi que ce soit « pour le bien d'Andréa ».

Une fois assuré d'un regard que le loup blanc l'écoutait toujours, le commissaire étira ses jambes devant lui.

De plus, je doute que les Wolkoff envisagent de gérer l'avenir d'Andréa en m'incluant de quelque façon que ce soit. Nous n'avons aucun lien de parenté après tout. Il haussa les épaules. Non parce que cela l'indifférait, mais plus parce que ça lui paraissait plus logique ainsi pour l'heure. De toutes façons, ça n'aurait pas été nécessaire, puisque comme tu le disais : tu n'aurais pas laissé Andréa. Bref silence. Ni les nôtres. Conclut-il plus bas.

C'est pour ça que tu t'es disputé avec Vladimir ?

* Vu qu'il est persuadé qu'on a monté je ne sais quel coup fourré ensemble, ils ont bien dû se disputer dernièrement pour qu'il lui en tienne tant rigueur * Songea vaguement Aldrick.

Il croqua une bouchée de son pain et l'englouti en la savourant à peine, écoutant aussi attentivement que possible Edward, tout en essayant de se remémorer tout ce qu'avait pu dire. De l'extérieur, Aldrick pouvait donner l'impression d'être hermétique tant il était si curieusement calme. Intérieurement, il réfléchissait au mieux pour ne pas empirer la situation, plus que pour régler ce quiproquo.

Concernant Cordélia... Pour être franc, je ne suis pas totalement certain que ce soit elle qui ait cuisiné le langos dont je parlais.

Mal à l'aise, Aldrick détourna le regard, ne sachant trop par quel bout prendre la chose, puis tout aussi lassé de se torturer les méninges que conscient de l'urgence d'explications probantes, il soupira. Rapidement, le lycan combla la distance qui les séparait, sans pour autant se placer trop près et abandonna sans cérémonie, dans un murmure pour lui seul  :

C'est elle qui m'a fait les premiers points, ce jour-là, à la fin de la Grande Guerre.

Il posa une main sur son buste à l'endroit où figurait sous ses vêtements une immense cicatrice, vestige d'une blessure qui avait failli lui être fatale jadis. Blessure infligée par le roi des loups lui-même. Mais il ne s'attarda pas, préférant soutenir le langos qu'il avait à peine entamé.

Je me rappelle de ses doigts froids, des gens qui s'activaient autour en criant, de l'odeur de l'huile plus loin, de sa voix sèche et autoritaire, du regard perdu de Vladimir avant qu'elle ne lui aboie d'aller chercher de l'eau, mais aussi de la douleur... Il se tut, baissant les yeux avant de déglutir. Lorsque je me suis réveillé, il y avait un langos près de moi, je n'en ai jamais mangé d'aussi bon. Alors sans réfléchir, j'ai cru... Que c'était elle qui l'avait fait. Mais je n'ai aucune preuve. Ça aurait pu être n'importe qui au fond.  

Tout en parlant, le loup noir intégrait l'information, essayant en parallèle de rejeter tout ce que cela avait de bizarre de discuter de ça avec Edward. Il croqua de nouveau dans son pain, mâcha fort et avala bruyamment avant d'afficher un demi-sourire.

Peut-être que je voulais juste y croire. Il haussa les épaules. Inspira de nouveau et plongea son regard dans celui d'Edward, sans animosité aucune. Je n'y avais jamais pensé avant, désolé si ça t'a donné l'impression de... Il passa une main sur sa nuque, gêné. ... D'un complot ou je ne sais quoi. Son bras retomba le long de son propre corps. Il n'y a rien de tout ça, d'accord ?

Le brun l'interrogea silencieusement, ajoutant tout de même après un temps, pour tenter de détendre l'atmosphère :

Pas trop déçu ? Anticipant la question, il poursuivit : Pas de plan machiavélique à déjouer aujourd'hui. Juste des langos à partager et Jean-Kévin à retrouver. Tu survivras, tu crois ?

Lui adressant un sourire d'innocent aux mains pleines, il appuya sa tête au creux de sa main et la curiosité l'emporta.

À moins qu'il y ait d'autres scénarios catastrophes qui te tracassent ? Contre toute attente, c'était une vraie question, sans moquerie aucune. Tu veux en parler ?


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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [PV Aldrick]   La chasse est ouverte [PV Aldrick] I_icon_minitimeMar 9 Mai - 18:04

Edward s’était rassis. Bougon, il picorait du bout des doigts les restes écrasés de sa galette, écoutant Aldrick tout en tapant nerveusement du pied. À deux ou trois reprises, il leva les yeux au ciel. Ces paroles mielleuses avaient tendance à l’agacer, d’autant que le loup noir se fourvoyait. Pas à un seul instant, Edward n’avait douté d’Andréa. S’il existait bien une personne sur cette terre à laquelle il vouait une confiance aveugle et totale, c’était lui. Non. Celui dont il se méfiait, c’était de Vladimir.
Sous ses airs d’intello gentillets, se cachait un monstre de tactique et de sournoiserie. Edward savait qu’il aimait trop son fils adoptif pour s’en prendre directement à lui, en revanche, manipuler Aldrick lui paraissait tout à fait dans ses cordes. Quelques paroles bien formulées, un soupçon de souvenirs douloureux, pourquoi pas une pincée de mensonges ; juste de quoi réveiller assez de rancœur chez le fils d’Yvan Voelsungen pour voir s’il pouvait dérégler cette liaison qu’il jalousait entre son fils et son frère.

Parano ? À peine.
Mais les belles paroles d’Aldrick lui prouvèrent qu’il ne s’était pas encore assez frotté à la face sombre de son petit frère.

Le commissaire l’interrogea, mais Edward ne répondit pas. Il lui fit signe de poursuivre d’un signe de tête, décollant méticuleusement ce qui restait du pain sur son journal. La suite le soulagea enfin. Ses épaules se dénouèrent et il retrouva un peu de plaisir à mâcher les dernières miettes de son langos. Il se resservit même une fois son journal parfaitement nettoyé. Aldrick l’invita à se confier, mais le loup blanc commença par un mea-culpa gêné :

« Désolé. »

Il découpa un bout de sa galette et la glissa entre ses lèvres. Elle fut vite avalée, mais son regard demeura fixé sur son encas auquel il arracha un autre morceau.

« Je ne savais pas. Je veux dire… Je pensais que c’était l’un des vôtres qui s’était occupé de toi après que… »

Une grimace. Terminer sa phrase ne lui parut pas nécessaire. Il croisa ses jambes pour que la droite arrête de battre la mesure, avala un autre bout de langos avant d’en décoller une miette avec une patience à faire pâlir des orfèvres.

« Mes souvenirs les plus nettes remontent à quand Vladimir à commencé à me réapprendre à lire, à écrire et à m’exprimer. Tous les clans étaient déjà repartis à ce moment-là. Cordélia ne m’en a jamais parlé. J’imagine que c’est parce que je n’ai jamais demandé… »

Il eut enfin raison de son petit morceau et le mangea avec une autre bouchée. Ce n’était vraiment pas mauvais, mais il restait frustré que ce goût lui soit totalement étranger. S’il se rappelait l’odeur, il devait en avoir déjà mangé, non ? Mais quand ? Avec qui ? Est-ce que c’était sa mère qui cuisinait ? Nouvel essai. Un bon coup de dent en arracha presque la moitié, mais il ne ressentit toujours rien de particulier. Allé quoi… Ses souvenirs devaient bien être là.
Edward se lécha les lèvres, avant de les essuyer d’un revers de main. Puis il se rappela que les hommes du monde civilisé utilisaient des mouchoirs et tira celui plié au fond de sa poche en s’excusant mentalement auprès de Madame Jo. Lorsque le tissu disparut, il ne restait plus que deux galettes dans leur sac. Edward se resservit. Il prit la plus dorée, celle dont les bords avaient noircis. À son tour, il jugea bon d’expliquer la raison de son emportement à Aldrick. Le regard triste, perdu au loin, il murmura :

« Vladimir m’a dit que je détruirai Andréa comme j’ai détruit Paris. »

Il fit tourner le langos entre ses doigts. Il était à peine chaud, mais peu importait. Edward fixait ses doigts déplacer doucement le petit pain, sachant pertinemment tout le contrôle qu’il mettait dans chaque muscle de ses mains pour ne pas en faire de la charpie. Un rien aurait suffi pour qu’il l’écrase ou le déchire, sans même sans rendre compte. Il leva la tête dans un soupir. Les longues mèches noires glissèrent le long de ses joues, dégageant son visage aux traits vieillis par le soucis. Son regard se porta sur Aldrick :

« On s’est accrochés après le procès. Juste verbalement, mais violemment. Andréa n’était pas là et heureusement vu les horreurs qu’on s’est craché à la face. Vlad m’a laminé. On ne s’est pas reparlé depuis. J’ai essayé de recoller les morceaux quand je suis rentré, mais je n’ai pas réussi. »

Son regard se fit fuyant et il pencha la tête sur le côté, signe de gêne manifeste.

« C’est pour ça que j’ai cru… »

Le reste allait de soi, mais peut-être qu’Aldrick ne le croirait pas. C’était toute la force de Vladimir. Un visage doux, qui inspirait confiance. Des yeux légèrement en amande, aux iris d’un noir d’ancre, qui ne laissaient transparaitre qu’une pétillante intelligence toute irradiée de curiosité. Il avait toujours l’air calme, toujours l’air gentil, il élevait peu la voix si ce n’était pour s’agacer de rares broutilles. Il paraissait si délicat et bienveillant, surtout à côté de son frère aîné. Alors qui se serait douté ?
Mais Edward savait. Il savait également que malgré toute la noirceur dont Vladimir était capable, il aimait sincèrement Andréa et c’était sans aucun doute cela qui les sauvait. Jamais il ne lui serait venu à l’idée de manipuler son propre fils. Pour l’instant.
Une dame passa près d’eux, arrachant Edward au tumulte de ses pensées. Son froncement de sourcil s’adoucit et il abandonna dans un haussant les épaules résigné :

« La famille… »

La sienne surtout, mais n’ayant connu qu’elle, il ne pouvait se douter d’à quel point elle était viciée.
Il se consola en croquant enfin dans son langos, en plein sur la partie calcinée. La galette craqua sous ses crocs et cette fois, une intense chaleur lui enserra le cœur. Déconnexion.

À manger…
Pièce floue mais éclairée.
Bruits métalliques.
Bulles de friture.
Ses coudes osseux enfoncés dans la table.
Deux silhouettes le regardent.
Deux voix.
Chez moi.
« Désolée, je l’ai encore faite brûler.
— Je… crois qu’il s’en moque maman.
— Hm ? Oh Eduard, tu manges trop vite… »
Pas de cri.
Il sourit.


Il sourit.

Son cœur allait exploser. Il sentit ses joues se réchauffer tandis qu’il fixait, sans vraiment y croire, la moitié restante de son langos. Tsunami de fierté. C’était bref, infime, inutile et pourtant il eut l’impression d’avoir fait un pas immense. Il en était capable. Il pouvait se rappeler !
Un rire nerveux et excité le secoua. Il essaya de le contenir, mais le son plein de joie éclata malgré lui, fort et clair. Une main sur ses lèvres l’étouffa jusqu’à ce qu’il arrive à se calmer et sans se départir de son bonheur, il glissa en crânant un peu :

« Je crois que ma mère était une horrible cuisinière ! »


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