La nuit tous les chats sont gris... Bref. Non c'était juste une petite phrase d'introduction pour dire que j'avais passé la journée à attendre le moment où, enfin, nous devrions aller nous coucher, pour... eh bien, ne pas faire la même chose que tout le monde. En fait, j'étais déguisée en garçon, j'avais compressé au maximum ma poitrine avec des bandages, franchement je ne vois le conseille pas mais c'est un moyen plutôt efficace pour se faire passer pour un homme. Ensuite j'avais enfilé un pantalon, une chemise blanche avec des froufrous, des chaussures de ville. Je devais aussi me coiffer en une queue de cheval basse pour passer pour un véritable gentilhomme. Un petit chapeau et hop hop hop, j'étais fin prête. Armée de mon calepin et de mon nécessaire pour écrire, je pouvais partir ou du moins essayer. Je longeais le couloir de l'étage pour éviter de faire trop de bruits avec le planché craquant puis je dévalais l'escalier sur la rambarde. Puis rapide, plus silencieux. Je sortais de la maison, puis parcourus le jardin avant d'ouvrir le portail en fer forgé qui garde la demeure.

J'étais enfin dehors ! Et avec toute l'inspiration que je comptais prendre ce soir ce serait une bonne sortie. J'avais envie d'aller dans les jardins la nuit, c'était pour l'une de mes prochaines nouvelles lyriques. Deux amants vont se retrouver dans les jardins publics pour s'avouer leur amour, qui bien sûr est non accepté par la famille des deux personnages, sinon ce n'est pas drôle... Voyons ! Pour aller là-bas il me fallait généralement une bonne heure allé, une bonne heure pour le retour, il faudrait que je fasse attention à l'heure, pour rentrer sans me faire remarquer ou alors inventer un mensonge digne de ce nom.

J'étais parfaitement contente et fière de ma petite sortie. Liam de Norsey allait encore tout déchirer !
Bref. Je me dirigeais vers mon premier lieu de la soirée, et lorsque j'y suis enfin arrivée, je m'asseyais sur un petit banc, regardant la Lune magnifique cette nuit.

« Miss Marie attendait impatiemment son amant. Elle était à la fois excitée par le danger de cette rencontre nocturne, et effrayée par les ombres de la nuit, lorsque... »

Lorsqu'un punaise de bruit me fit sursauter. Je regardais de partout, à gauche, à droite ainsi que derrière moi. Je ne voyais pas grand chose à la lumière des lampadaires.

« Edward quant à lui était sur le point de rejoindre son amour. Il avait prit le temps d'aller lui chercher un rose d'un rouge velours rien que pour sa demoiselle. Lorsqu'ils furent enfin ensemble, ils s'embrassèrent, se prenant l'un l'autre dans les bras.... »

Je fus parcourue d'un frisson. Je n'arrivais qu'à écrire quelques brides d'histoire. Je ne savais pas pourquoi mais je me sentais observée... Je devrais plutôt écrire cette scène autre part...
C'est alors que deux hommes visiblement ivres se dirigèrent vers moi. Ils me faisaient un peu peur, je dois avouer que les hommes ivres n'étaient franchement pas ma tasse de thé. Ils pouvaient être odieux, violent aussi. Je n'aime pas ce genre d'hommes qui sortent jusqu'à tard le soir, à boire, à fumer pendant que leur femme se font un sang d'encre à la maison, avec les enfants.

Cela me mettais hors de moi, mais je ne pouvais pas faire grand chose, j'espérais qu'ils passent leur chemin sans vraiment faire attention à moi, lorsqu'ils se mirent à se battre entre-eux, avec moi en plein milieu. Je ne savais pas trop quoi faire, alors j'avais décidé de faire le plus de bruit possible donc je me baissais pour éviter de me prendre un mauvais coup puis je criais.
Bien entendu je cris comme une fille, ça perce les tympans, c'est assez bruyant. D'ailleurs les deux hommes ivres me regardèrent bizarre avant de rire. Ouais je dois dire que ça m'a fait beaucoup d'effet, j'étais plutôt effrayée, espérant que quelqu'un m'aurait entendue. Sinon, bah...cours Emilie, cours...Enfin Liam les auraient sans doute dérouillé, mais il a l'air de s'être absenté, alors...

Une fille habillée en homme. Le costume parfait pour ne pas se faire ennuyer le soir lorsque je sortais faire mes petites recherches nocturnes. Des recherches de sentiments, de sensations, se mettre à la place des personnages que l'on invente. Expérimenter pour mieux en parler, pour qu'à la lecture, les personnes se sentent plus proches des personnages comme si c'était eux. Qu'ils puissent vivre une idylle même le temps d'une lecture. Sauf, que ce coup-ci j'étais vraiment embêtée et je ne savais pas quoi faire, ne pouvant pas non plus m'empêcher de crier pour alerter quelqu'un de plus compétant que moi. Je n'avais encore jamais essayé de crier comme un garçon, d'ailleurs je ne sait même pas comment ils feraient dans cette situation. Plusieurs choix possible, le premier étant d'essayer de s'interposer et de ce prendre un coup comme tous les héros d'âme je dirai. Ou alors, se battre, ou encore tout simplement passer sa route. Sympathique... J'avais besoin d'un héros et d'un héros fort qui ne se prendrait pas un coup, un mauvais.

C'est alors que quelqu'un débarqua, un homme assez grand avec un manteau longs. Il s'interposa entre les deux ivrognes leur demandant de se calmer avec... un flingue, un vrai de vrai. La maréchaussée ? Pas si sûre, mais, bon, je regardais la scène, sans dire le moindre mot, me mettant un peu à l'écart, me demandant si le dit revolver était chargé mais aussi si le « héros » l'utiliserai réellement contre une autre personne. C'était à la fois effrayant, mais en même temps j'étais soulagée, mais aussi un peu admirative. Un héros policier c'était toujours sympathique dans une histoire romantique ou non...

Plutôt intelligents, les hommes finirent par s'en aller. Un bon point pour eux car l'homme héroïque semblait être bien bâti, fort et entraîné. Il rangea ses armes puis il me demanda si j'allais bien. Je me regardais, enlevant la poussière sur mes vêtements. Puis je le regardais, il me détaillait aussi je crois.

"Que faites-vous donc ici à une heure pareille ? Ce n'est pas très sûr pour une jeune femme.", me dit-il en souriant...

Je le regardais légèrement surprise, mais finalement, je soupirais, il avait dû se rendre compte que j'étais une femme lorsque j'avais poussé mon cri... Tant pis.

« Merci beaucoup de m'avoir aidée. C'est...gentil... », lui répondis-je en souriant, me demandant comment je pouvais esquiver sa question sur ma raison de ma venue en ce lieu la nuit. Je fis marcher mes méninges, ne pouvant bien entendu pas lui dire la vérité...

« Je devais rencontrer quelqu'un, malheureusement la personne n'est pas venue. », lui dis-je en guise d'excuse, une excuse possible, malgré l'heure tardive, et puis, si je me mettais à la place de mon personnage de Marie, c'était aussi une issue possible de mon histoire. Je pouvais modifier un peu mon début d'histoire, si c'était pour me donner bonne conscience, juste un peu.

« Je manque à tous mes devoirs... Je me prénomme Émilie, enchantée, Monsieur... ? »

Et me revoilà repartie dans le jeu aux mille questions ! Je voulais connaître son prénom, savoir ce que lui, faisait ici, pourquoi il était armé pouvait être une très bonne question aussi alors, alors...
Maintenant que j'étais en sécurité, je pouvais bien rester en charmante compagnie d'un héros et donc, trouver en même temps pleins pleins d'idées de romans...
Je suis un génie ! Une pierre, trois coups...


On va enfin pouvoir un peu s'amuser ce soir et ce, tout en sécurité...

Spoiler:

Il avait été totalement inconcevable pour Nathanaël de passer son chemin alors que quelqu’un avait besoin d’aide. Certes, il était plutôt armé pour se battre contre les créatures du Mal, mais ça, ces idiots n’en savaient rien. Ils ignoraient que les balles de son arme ne pouvaient leur faire de mal. Il était tout simplement soulagé qu’ils soient partis sans faire d’histoires car il n’avait vraiment pas eu envie d’en venir aux mains. Certains humains étaient des ordures, c’était indéniable. Néanmoins, dans les yeux de Nathanaël, ils restaient des créatures de Dieu. Enfin, peu importe. Il devait s’assurer que la jeune femme allait bien, ce qui semblait être le cas, fort heureusement. C’était tout de même étrange qu’elle soit vêtue de la sorte, mais ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait une femme portant ce genre de vêtements. De toute façon, il n’allait pas le lui demander, ça ne le regardait en rien.

Il était toutefois curieux de savoir ce qu’elle faisait là à une heure pareille. Elle lui répondit tout simplement qu’elle attendait quelqu’un qui n’était pas venu. Nathanaël n’avait aucune raison de mettre sa parole en doute et puis, ces choses-là, ça arrivait tout le temps. Il hocha la tête, toujours un petit sourire aux lèvres. Elle se présenta alors sous le nom d’Emilie, c’était un prénom fort charmant. Il hocha la tête, toujours souriant. Il fallait dire que le sourire, c’était quelque chose d’inné chez lui.

« Enchanté, Emilie. Je suis Nathanaël. »

Il ne lui donna que son prénom, puisqu’elle en avait fait de même. Et puis, à cet instant, il n’endossait pas vraiment son rôle de prêtre.

« Si je puis me permettre, la personne qui vous a posé un lapin était fort inconsciente de vous faire attendre à une heure pareille. Tout le monde sait que les rues ne sont pas sûres une fois la nuit tombée. »

Décidément, il ne pouvait s’empêcher de se montrer un brin moralisateur à chaque fois. Mais il n’avait pas tort, loin de là. Cette ville devenait vraiment dangereuse lorsque la nuit tombait car la nuit était propice à toutes sortes de méfaits et surtout, les créatures sortaient de leur tanière à ce moment-là.

« Peut-être pourrais-je vous raccompagner chez vous ? Je ne serai pas tranquille si je vous sais seule… »

Une fois n’était pas coutume, il offrait son aide sans rien demander en retour. De toute façon, même si elle refusait, il la suivrait. Juste pour s’assurer qu’elle allait rentrer sans encombre. Oui, il pouvait se montrer très têtu et insistant lorsque la situation l’exigeait.