Cimetière Saint-Vincent : Paco Senfut retrouvé.

Un attroupement peu banal a secoué hier matin le petit cimetière Saint-Vincent et ses alentours. Le sanctuaire, habituellement connu pour sa tranquillité, s'est vu envahir d'agents de police avant qu'un ballet de voitures ne s'organise devant son entrée barricadée.

La cause de cette agitation ? Une étrange découverte faite le matin même par M. Alphonse Jobert, gardien des lieux depuis plus d'une quinzaine d'années.

Lors de sa ronde quotidienne, l'homme s'est retrouvé face à une sépulture qu'il n'avait encore jamais vu. Simple oubli ou légère inattention ? Toujours est-il que cela piqua la curiosité de l'employé qui s’intéressa davantage à cette anomalie. Légèrement dissimulée par les feuillages, la tombe de fortune avait visiblement été récemment creusée. La terre fraichement retournée contrastait fortement avec le parterre de graviers environnant, tandis qu'une croix de fortune faite de deux morceaux de bois sec, s'élevait du petit monticule. « Ce n'était pas normal » nous confia M. Jobert, « le cimetière est fermé depuis plus de trente ans maintenant, on ne voit plus de nouvelles tombes depuis des années et celle-là… Elle avait comme poussé dans la nuit ! ».


– Dessin du lieu de la découverte après exumation de la victime. –

Le gardien s'est empressé de prévenir le bureau de police de plus proche. Et si ses déclarations ne furent pas tout de suite prise au sérieux, la précision de l'employé finit de convaincre les hommes de loi de se déplacer.

Un petit groupe fut envoyé sur place en compagnie du Commissaire Voelsungen. Après une rapide inspection des lieux, il fut décidé de creuser. Trois hommes furent mis à contribution et en à peine une trentaine de minutes, la première pelle heurta un objet dur qui se révéla être le couvercle d'un cercueil. Enterré à environ un mètre cinquante, l'objet fut dégagé et remonté à la surface. Non verrouillé, il fut ouvert sans difficulté, dévoilant aux yeux de tous une scène des plus sordides. Souvenez-vous, nous vous avions signalé son absence dans notre précédent numéro, et bien Paco Senfut, couturier porté disparu depuis plusieurs jours, a finalement été retrouvé mort asphyxié.

Axel Roméan, médecin légiste de la capitale, a été dépêché en catastrophe sur place pour les premières constatations. La mort remonterait approximativement entre une et deux heures du matin. Malgré son air endormi, le diagnostic semble ne faire aucun doute. Les lèvres légèrement bleues et gonflées trahissent le manque d'oxygène ayant eu raison de l'homme, tandis que la bosse retrouvée derrière son crâne paraît tout à fait superficielle. Plus inquiétant, des traces de griffures parsemées de sang ont été notées à l'intérieur du couvercle, traces qui correspondent aux blessures retrouvées sur les doigts de la victime. M. Roméan a également soulevé la présence diverses substances psychotropes, pouvant être assimilées à de l'opium ou du laudanum, sans précisions possible.

La police n'a encore souhaité donner aucune information sur les pistes envisagées. On notera cependant quelques détails étranges, dont le soin apporté à la victime, couchée sur un oreiller fait d'un tissu grossier plein de bourre (reste de foin et de paille), ainsi que la présence d'une boucle d'oreille très abimée dans la main gauche du défunt. Le bijou appartenant de toute évidence à une femme et aurait servi à s'attaquer au couvercle, d'où sa déformation.

Impossible pour l'instant de dire si cette découverte à un lien quelconque avec le décès de Julie Dewis ou celui d'Émile Bale, quelques jours plus tôt. Un appel à témoin est lancé, toute personne ayant une information au sujet de M. Paco Senfut est invitée à se rendre au plus vite au commissariat pour y faire une déposition.

Le Dandy vous tiendra informé de toutes nouvelles informations.