"T'es obligé de mettre de l'alcool partout ?" "Bah ça n'a pas de goût sinon D8"

La journée se déroulait sans heurt, comme d'habitude.
La boutique était fraiche et pas un bruit n'en sortait... hormis les innombrables tic tac incessants des horloges bien sûr. Il y en avait partout, sur les murs, de toutes tailles et de toutes formes. Au final cela aurait pu rendre fou n'importe qui.
Mais pas lui, pas Charles Antoine. Depuis le temps qu'il y travaillait, il ne les entendait même plus... Ce qui ne l'empêchait pourtant pas d'être toujours pointilleux dessus. Il pouvait soudain se lever et se diriger vers l'un des coucou afin de le remonter, le réparer ou l'ausculter. Il connaissait par cœur chaque objet et il pouvait ainsi savoir immédiatement lequel avait un dysfonctionnement ou un retard rien qu'à l'oreille.
Ce maniaques des pendules était surement un des plus méticuleux de la ville, faisant toujours son travail avec minutie et donnant des résultats très satisfaisants.
Et dire que dès qu'il mettait le pied hors de son antre réglé à la seconde près, il changeait du tout au tout.
Ici, il était dans son élément. Pas qu'il en était passionné mais il avait toujours était dans ce monde. Son père était horloger avant lui et lui avait apprit toutes les ficelles de cette profession. Charlie avait toujours été quelqu'un d'extrêmement maladroit et avait longtemps buté contre des choses qui l'empêcher de découvrir de nouvelles carrière. Sa maladresse et sa timidité lui avait pourri l'existence. Il n'arrivait à rien... et pourtant jamais il n'avait cassé de montres... Jamais. Il avait un don indiscutable pour l'horlogerie et malgré ses réticences, il finit par accepter de prendre la relève de son paternel quand celui-ci prit sa retraite.
Après tout, son fils n'avait pas su dire non... ou plutôt, n'avait pu.

Car si Charlie était quelqu'un qui n'arrivait à rien dans sa vie professionnelle, il parvint, sans comprendre comment, à satisfaire sa vie personnelle... Même si cela fut à double tranchant.
Il fit la rencontre de Marcelline quand il avait 16 ans. Elle était belle comme tout avec son visage d'ange, ses beaux cheveux blond et son petit air curieux. Elle était entré dans l'horlogerie de son père qu'il aidait.
Malgré sa timidité, Charlie sympathisa très rapidement avec elle et avant qu'ils ne le réalisent, ils se retrouvèrent en couple. Cela dura un an. Une année d'insouciance jusqu'à ce qu'ils osent franchir une étape cruciale.
S'ils avaient sut. Mais il était déjà trop tard quand quelques semaines plus tard, elle vint lui annoncer qu'elle était enceinte.
Ce fut la panique pour ce jeune homme à peine sortie de l'adolescence. Surtout que la première chose qu'il dû faire, ce fut de l'épouser. La famille de Marcelline ne voyait pas d'un bon oeil la naissance d'un enfant illégitime. Pour dissimuler cela, ils surprirent tout le monde en annonçant qu'ils allaient se marier, comme ça, rapidement, sans chichi.

Heureusement, cela se passa sans trop de soucis et ils purent s'installer ensemble jusqu'à l'accouchement. Mais il arriva tôt et ils furent surprit de découvrir non pas un enfant, mais trois. Ils venaient d'avoir des triplets pour leur plus grand bonheur... et malheur. Comment allaient ils faire vivre leur petite famille encore immature dans ce monde compliqué et sans projets à venir ?
Voilà pourquoi Charlie ne discuta pas la succession de l'horlogerie lorsque son père le lui confia. Il avait besoin de faire vivre sa famille, surtout que sa douce et tendre ne pouvait pas chercher de travail, son temps étant complétement prit par leurs trois fils.

Qui aurait pu savoir que ces trois petits bout de chou allaient s'avérer être de vrais petits diablotins une fois plus mûr ?
Des petits teignes qui faisaient les sages devant leur mère, mais devenaient des furies quand ils étaient seuls avec leur père. Il n'avait pas une once d'autorité dessus, cela le désolait. Au point de le déprimer réellement.
Il n'avait plus envie de rentrer à la maison le soir, sachant en plus que sa chère Marcelline était du genre maman poule qui fermait les yeux sur les méfaits.

Ce fut à ce moment là qu'il découvrit le cabaret. Il ne voulait que noyer son chagrin dans l'alcool, oublier ses tracas pour une fois. Il fut surprit de constater que l'ambiance en ce lieu lui faisait le plus grand bien... surtout accompagné de quelques verres. Il se surprit même à être encore plus joyeux quand il buvait.
Oh, il se prit des réprimandes auprès de sa femme quand elle le voyait revenir soûl, mais elle finit par abdiquer, car s'il empestait l'alcool à son retour, il dévoilait un visage plus détendu et joyeux que d'ordinaire.

Il ne s'en était jamais rendu compte, et maintenant encore il l'ignore, mais cela fit sincèrement réfléchir ses fils qui réalisèrent que son état était de leur faute. Très intelligent pour leur jeune âge, ils s'améliorèrent pour rendre la vie de leur père plus douce. Il déprime bien moins, mais cela ne l'empêche pas de boire.
Mais bien sûr il n'est pas rare que l'un des garçons fasse une petite blague à Charlie, juste par principe. Il s’énerve très facilement et, maladroit comme pas deux, finit par créer une situation comique qui fait rire toute la maisonnée.

Aujourd'hui vous pourrez lui demander ce qu'il pense de sa vie de famille, il déprimera aussitôt ou grommellera dans sa barbe. Pourtant pour rien au monde il ne voudrait la changer. C'est qu'il l'aime, sa petite famille...

Tout en terminant l'engrenage d'une montre à Gousset, Charlie redressa la tête et observa l'heure. Ah, il était temps de fermer boutique et d'aller s'enfiler un petit derrière la cravate !