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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 [Évent] Paris fête la musique ! [1889]

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Narcisse Williams
Dragon on the wire
Narcisse Williams

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMer 1 Juil - 1:50

Alors que les lèvres d’Élise s'appuyaient contre les siennes et que Narcisse formait la parfaite imitation d'un poulpe mort, à cela près qu'il était complètement tendu, il se demanda brièvement comment il en était arrivé là. Il fallait cependant croire que son esprit était plus concentré sur la langue qui dansait contre la sienne que sur ses souvenirs, et le garçon crut un instant qu'il allait littéralement trépasser d'embarras. S'il s'agissait là d'une mort des plus risibles de la part d'un dragon, il argumenterait sans peine qu'un tel baiser n'avait pas lieu d'être entre collègues. D'autant que le pauvre acrobate n'avait rien fait de plus que livrer une simple lettre, et même l'état d'ébriété apparent de la muse ne pouvait justifier une telle action ! Non, vraiment, il ne comprenait pas. De plus, il se trouvait qu’Élise était très douée en apnée, une faculté dont ne pouvait se vanter le garçon. Le manque d'oxygène n'aidait absolument pas son cerveau à réfléchir, surtout pour ce qui lui semblait bien moins intéressant que le corps qui se pressait tout contre lui. Narcisse avait désormais envie de mourir de honte. Prenant une profonde inspiration par le nez, le jeune homme tenta de parler...

« El-hmmm... Sto-lmpf... »


… en vain. Le pire était sans doute que le baiser n'était pas désagréable. Alors le dragon jeta définitivement l'éponge, attendant patiemment que la jolie muse ne se lasse d'abuser de ses lèvres, ce qui prit bien trop longtemps à son goût. À ce niveau, le jeune homme avait de toute façon comprit que le destin avait une dent contre lui. En ce qui le concernait, c'était sans doute plus une mâchoire entière. Si les théories venues d'Inde sur le karma que lui racontaient Ashton étaient réelles, alors le sien était définitivement corrompu. Lorsque enfin Élise le lâcha, l'esprit de Narcisse était semblable à un vague nuage blanc. Il voyait flou, et il était complètement perdu. Il cligna plusieurs fois des paupières et seulement, lentement, son esprit sembla fonctionner de nouveau. Ah oui, il y avait eu le commissaire, le blond énervé, et pour les connecter, un poing savamment asséné au milieu du visage du musicien. D'ailleurs, ce dernier lui faisait actuellement face avec un air meurtrier. Il y avait quelque chose dans la posture de son vis-à-vis qui, en réalité, ne lui disait rien qui vaille. L'acrobate esquissa un mouvement de recul, désireux de fuir loin de toute violence, et peut-être un peu d’Élise, aussi. L'homme, un dénommé James, avança d'un pas menaçant qui lui noua l'estomac. Narcisse n'était absolument pas doué pour se battre, il ne l'avait jamais été, il était d'ailleurs bien trop frêle pour cela. Il papillonna des paupières, prêt s'il le fallait à jeter le peu de dignité qu'il lui restait pour ne pas devenir le centre d'une attention qu'il estimait malsaine. Mais Élise intervint et, avant même de percevoir l'absolu ridicule d'être défendu par une demoiselle aussi chétive que la muse, il ne put retenir un soupir de soulagement. Bientôt, elle embrassa de nouveau le musicien et le laissa partir, tout penaud, loin d'eux. À vrai dire Narcisse commençait à sérieusement questionner les pratiques sexuelles de la demoiselle, mais il n'était pas là pour juger, d'autant qu'elle venait de le sauver de quelques coups.

C'est alors qu’Élise saisit sa main au creux de la sienne et entreprit de l'entraîner avec elle à la recherche d'un pirate. Le dragon n'avait vraisemblablement rien à dire – comme depuis le début de cette mascarade, en fait – dans cette affaire. Il devait se contenter d'être un gentil pantin que la muse traînerait partout, une tâche dont il n'était pas certain de s'accommoder. Pire encore, trouver un équipage pirate était à des lieues d'être dans sa liste de choses à faire. Non, vraiment, Narcisse n'avait pas envie d'être là. Et dire que cet après-midi avait si bien commencé...

Du coin de l’œil, le jeune homme aperçut quelque chose de brillant qui se refléta joliment dans son regard améthyste. Il tourna la tête, curieux et émerveillé de la beauté du bijou que lui offrait un présentoir. Ses yeux furent comme envoûtés par la pierre précieuse, et il ne prêta plus aucune attention au chemin qu'il prenait, faisant confiance à Élise pour ne pas le mener dans un endroit trop étrange. Bien mal lui en prit. Brusquement, le garçon rentra en collision avec une véritable armoire à glace. Il papillonna de nouveau des paupières tandis qu'il offrait un visage horrifié à la personne dans laquelle il était rentré.

« Bah alors, mon chou, il faut regarder où on marche, hm ? »

La voix était grave – beaucoup trop grave, lui souffla une partie de son esprit –, rendue rocailleuse par la cigarette que cet... individu portait du bout de ses doigts gantés. Tout de rose vêtue, la... femme, homme, il ne savait plus trop, affichait un maquillage surchargé et des boucles si dessinées qu'on eut dit un dessin. Et si elle était un dessin, ce devait être une caricature. Mais Narcisse n'avait pas de chance, ou du moins plus maintenant, et le destin semblait s'en amuser de manière résolument diabolique.

« Euh, c'est-à-dire que je- »
« Allons mon chou, calme-toi. Oh, tu es si beau... Tu serais parfait pour notre spectacle... Mais j'oublie de me présenter. Carmen, pour te servir. »

L'acrobate n'avait pas envie d'être servi par Carmen. Il secoua frénétiquement la tête pour signifier sa désapprobation, mais cela ne sembla pas percuter auprès de la charmante jeune transexuelle, qui entreprit de le traîner jusqu'à son stand. Là, quelques musiciens l'attendaient, tous habillés de vêtements si roses que Narcisse crut un instant faire une crise de foi.

« Oh ma féline, tu nous a ramené du beau poisson, dis-moi... »
, annonça un homme.
« Oui, hein ? Je le trouve... chou. »

Oui, cela, le garçon l'avait compris. Il se pinça l'arrête du nez, priant pour qu’Élise soit toujours derrière lui, ne se reprenant que lorsqu'on le traînait sur scène.

« Non, non non non, merci, ça va aller ! »
, tenta-t-il.

Ses cris de désespoir passèrent à côté de leur public, et Carmen le tira sur les planches sans aucune merci. Là, tandis qu'il se demandait où était la police pour ce genre de situations, le groupe se mit à produire une musique qui, si elle était agréable, n'en était pas moins loufoque qu'eux.



En cet instant, Narcisse détestait sa vie. Restait à prier pour que personne ne le voit collé à Carmen alors qu'elle se dandinait.


Dernière édition par Narcisse Williams le Jeu 2 Juil - 0:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMer 1 Juil - 13:50

Le Champs de Mars était inondé du flot incessant de badauds venus pour profiter des divers passe-temps qu'offrait une telle attraction. A la chaleur estivale se mêlaient clameurs enjouées et applaudissements, la musique omniprésente faisait taper du pied et des mains tous les parisiens et une ambiance de fête régnait sur le vaste champ. La chaleur avait fini d'achever Silja, qui était à deux doigts de succomber de déshydratation. Fort heureusement, c'est à ce moment précis que Khan proposa ce qui allait être la meilleure idée qu'il ait eue de la journée :

"- Bon, qu'est-ce que tu dirais de trouver une buvette ? Mes oreilles commencent à siffler, je ne dirais pas non à un bon rhum ! Et on va tacher de te trouver quelque chose de frais !"

Silja hocha la tête avec le peu d'énergie qui lui restait à l'entente de la dernière phrase. Khan sourit.

"- Allons-y!"

Le jeune homme souleva Silja au-dessus de sa tête pour la percher sur ses épaules et lui demanda un cap, sortit une grande feuille et une petite poignée de tabac de son manteau et entreprit de se rouler une cigarette. La jeune goule se concentra et écouta attentivement la foule, éliminant peu à peu la musique et les claquements de bottes pour se concentrer sur les tintements de verre, les onomatopées caractéristiques des hommes un peu trop éméchés et l'odeur de l'alcool chaud sur le bois. Puis, tapotant l'immense chapeau de Khan alors que celui-ci allumait sa cigarette, elle pointa son doigt dans la direction de la buvette la plus proche.

"- Tu sais, ma belle, tu aurais fait une excellente vigie ! Ed' t'aurait apprécié, j'en suis certain !"

Khan se mit en marche. La plume qui ornait l'imposant chapeau du jeune homme venait chatouiller le nez de Silja à mesure qu'ils avançaient au cœur de la foule ; foule qui, la fillette le devinait, se retournait de surprise à la vue d'un tel duo. Il faut dire qu'ils ne passaient pas inaperçus. Tout excité à l'annonce de cette fête de la musique que lui avait mentionné Aldrick, Khan avait profité de l'occasion pour ressortir ses atours de pirate. Le jeune homme s'était glissé dans son manteau de capitaine, tenue à la fois élégante de simplicité et offrant une grande liberté de mouvement. Le cuir et le tissu, noirs, se mêlaient parfaitement et quelques notes d'un rouge solaire venait confier à l'ensemble une prestance humble. Un immense chapeau orné d'une plume, rouge elle aussi, venait se déposer sur le bandana de Khan et, additionné aux nombreuses bagues qui ornaient ses doigts, ajoutait une aura des plus excentriques à l'ensemble. Silja, elle, n'avait pas fait autant d'efforts. Elle portait sa robe habituelle, préférant légèreté et aération à la fournaise qui devait habiter le jeune homme. Elle avait cependant troqué son bonnet pour une couronne de fleurs blanches, qui commençaient elles aussi à défaillir après les heures passées sous le soleil de plomb.
Les deux compagnons arrivèrent enfin à destination et Silja retrouva la terre ferme tandis que Khan passait commande auprès du serveur. Il revint rapidement un verre de rhum à la main et offrit à la petite goule un air désolé que cette dernière avait anticipé :

"- Désolé Sil', ils n'avaient pas de jus de framboises... Mais je t'ai trouvé de l'eau !"

La jeune goule accepta la boisson de bon cœur et vida son verre, s'étonnant de la fraîcheur du breuvage et profitant de la musique. C'était exactement le genre de musique qui plaisait à Khan ; le groupe de trois hommes, apparemment nommé les Pink Panthers, était probablement irlandais et chaque musicien avait probablement lui aussi quelques verres dans le gosier. De son côté, Khan était accoudé au bar et tapait du pied en rythme. Il en était déjà à son troisième rhum quand il aperçut deux visages familiers non loin.

"- Hey, Sil' ! Ça serait pas Tala, là-bas, avec Ewen ?"

Silja fronça les sourcils d'étonnement et se concentra sur les conversations aux alentours. Elle reconnut avec peine la voix de son amie dans le brouhaha général et confirma à Khan, un sourire naissant naturellement sur ses lèvres à l'idée de croiser Tala dans ce genre de rassemblement. Khan les appela, sans succès, puis dévisagea la jeune femme avec surprise.

"- Woaw, apparemment Tala s'est mise sur son trente et un. Elle est magnifique ! Je me demande qui est le chanceux pour qui elle s'est faite si belle.
- Ce n'est pas le genre de Tala, en général elle préfère éviter de se faire remarquer..."

Khan décida d'en avoir le cœur net et agita les bras pour attirer leur attention, oubliant complètement qu'il avait un verre à la main. Verre qui vint se renverser non pas sur le premier badaud venu, qui était mince comme un clou, mais sur le deuxième, qui était grand, musclé, excessivement soul et accompagné de trois compères. Silja resta de marbre et assista avec détachement au déroulement de la scène . Le grand gaillard attrapa Khan par l'épaule et lui aboya au visage :

"- Eeeeh oh dis donc..! T- Tu te prends pour qui espèce d'abrutiii !
"- Oh, excuse-moi l'ami, je n'ai pas fais attention.", répondit Khan avec un air innocent et candide, avant de se retourner pour commander un autre rhum.
"- Me tourne pas l'dos quand j'te parle, ordure ! Jim n'aime pas qu'on lui tourne le dos quand il parle."
"- Vous feriez mieux d'aller vous asseoir, monsieur Jim.", intervint Silja.
"- Dégage, toi !"

La brute écarta violemment la petite goule de son chemin et agrippa l'épaule de Khan. Dans un mouvement impressionnant de rapidité, ce dernier se retourna et saisit le poignet de l'ivrogne.

"- Excuse-toi tout de suite à la demoiselle.", lui intima-t-il en accentuant la pression.
"- Vas crever !"

L'armoire à glace ponctua sa réplique d'un crachas sur la botte du pirate. Khan regarda cette dernière avec un sourire amusé, attrapa son chapeau de sa main libre et le déposa sur le comptoir. Il plaça son pouce en-dessous de l'index de Jim, sous le regard méfiant de ses trois compagnons encore indécis, puis le regarda droit dans les yeux avec un air confiant et amusé. Lorsque ses mots sortirent de sa bouche, ils étaient cependant adressés à sa goule favorite.

"- Silja... Je crois que ces jeunes gens veulent danser."
"- Compris."

A la seconde même où Silja lui répondait, Khan brisa l'index de la brute, attrappa le verre de rhum vide de son autre main et le lança en direction du premier des sbires. Silja entendit le verre éclater au contact du visage du pauvre mécréant, tirant les Pink Panthers de leur torpeur et les incitant à jouer de plus belle.



La petite goule se fia à son ouïe et passa entre Khan et son agresseur au moment où le jeune pirate le tirait vers lui pour lui asséner un coup de coude dans la gorge. Elle anticipa le recul du grand Jim et parvint à saisir son bras pendant qu'il était déséquilibré, puis le projeta comme un sac de patates sur son allié encore sonné par le verre qu'il avait reçu en plein visage. Les deux hommes s'écrasèrent avec le moins de grâce du monde sur une petite table en bois qui se déchira littéralement sous leur poids. Silja se jeta entre les jambes du troisième badaud tandis que lui et son compagnon décidaient enfin de se jeter dans la bataille et lui asséna un coup de talon derrière le genou. Elle entendit Khan profiter du déséquilibre de son adversaire pour lui donner un coup de poing en plein visage, ses bagues s'occupant d'entailler l'arcade du pauvre bougre qui laissa échapper un cri de douleur assez pathétique avant de s'effondrer lourdement au sol. Le quatrième et dernier ivrogne parvint à saisir la jeune goule, la serrant entre ses bras, mais elle était trop agile pour qu'il espère sortir vainqueur de cet affrontement. Elle prit appuis sur les jambes de l'homme et se propulsa par dessus sa tête avant de placer ses pieds dans son dos et de le propulser vers l'avant, où Khan l'attendait de pied ferme. L'homme, dans un sursaut de sobriété, utilisa cet élan pour balancer un coup de poing aussi lent que maladroit au jeune pirate, qui l'esquiva sans peine avant de lui asséner un coup de genou dans le foie, suivi d'un coup de poing bien placé dans les côtes.
Les musiciens cessèrent de jouer alors que le dernier des ivrognes tombait au sol et la foule de badauds, apparemment bien trop soûls ou bien trop captivés par la musique pour se rendre compte de la scène surréaliste à laquelle ils avaient assisté, se mit à applaudir le duo avec entrain. Le concert repris de plus belle, les rires du public et la clameur ambiante reprenant peu à peu le dessus sur la rixe qui venait d'avoir lieu. Deux jeunes femmes étaient venues aborder Khan, qui, fort de ses exploits, les avait prise par la taille et conduites droit jusqu'au comptoir pour commander une nouvelle tournée de rhum. Silja secoua la tête avec désintérêt tandis que le rire du jeune pirate s'élevait au-dessus de la foule. Elle tenta de retrouver la trace de Tala, sans succès. Cependant, en se concentrant sur les bruits de pas, elle reconnut la démarche pressée et caractéristique du Commissaire. Ni une ni deux, elle alla trouver Khan et le tira par la manche.

"- Hey, Sil', qu'est-ce qui te prend ?
- Aldrick arrive.
- Ah, c'est bien ma veine !"

Puis, se retournant vers les deux ravissantes jeunes femmes :

"- Désolé, my ladies, le devoir m'appelle !"

Khan vida son verre d'une traite et commença courir dans les pas de la jeune goule. Silja accéléra et les deux compagnons se retrouvèrent rapidement hors de portée du grand méchant loup. Elle attrapa un poivron et croqua dedans avec malice.

"- La prochaine fois, tu te débrouilles tout seul.
- Ne dis pas ça, Sil'. Toi et moi on est une équipe, sans toi je suis quoi ?
- Sans moi ? Tu serais déjà mort au moins sept fois."

La fillette sourit avant de saisir la main de son pirate préféré.

"- On pourrait profiter de la musique, maintenant ?"
Andréa Eyssard
l Un monstre dans la peau l
Andréa Eyssard

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMer 1 Juil - 23:45

Une chose était certaine… Andréa n'oublierait jamais le sacrifice que son oncle venait d'opérer pour lui. Dieu seul savait si Edward s'en était sorti indemne ou si la cruelle comtesse Brown l'avait forcé à reprendre son poste, mais si le louveteau avait survécu à l'aristocrate c'était assurément grâce à son aîné. Il eut une pensée pour lui, espérant qu'au moins, sa souffrance serait écourtée, et reprenant son souffle, il profita de l'ombre d'un des anciens bâtiments de l'exposition universelle pour reprendre des forces. Il essuya son visage d'un bout de sa chemise, attendant de retrouver une respiration normale pour affronter à nouveau le soleil estival.
Si la chance voulut qu'il trouve un endroit isolé du bruit et de la foule, ce fut la soif qui l'obligea à délaisser cette quiétude. Son regard s'était posé à plusieurs mètres de là, sur une salvatrice petite fontaine Wallace assiégée par les enfants. Faisant fit des nombreux passants et artistes alentours, il rejoignit le point d'eau d'un pas pressé, tenant à peine compte du bouton poussoir brûlant qu'il fallait affronter pour se rendre maître de l'eau. Il but abondamment, ne se privant pas pour s'éclabousser le visage et humidifier abondamment sa gavroche qu'il replaça ensuite sur sa tête. Les gouttes qui lui glissèrent dans la nuque lui arrachèrent un agréable frisson, avant qu'une voix ne l'interpelle.


N.D.A : Cette musique n'est pas à deviner, c'est celle que j'avais prévue au départ, mais elle n'a pas de version instrumentale digne de ce nom… Mais comme c'est la chanson d'Andy je n'ai pas résisté ~

« Hey Andy ? Hé, Andy ! »

Il se retourna, peu habitué à ce qu'on emploie son surnom, et tomba nez à nez avec une jolie brune qu'il n'avait jamais vu. Il recula sous la surprise, bousculant un garçonnet qui s'était mis en tête de l'imiter en passant son béret sous l'eau, tandis que la belle avançait encore.

« C'est une copine à moi qui m'a dit que tu t'appelais Andy ! »

Le regard de l'inconnue se fit plus charmeur. Elle lui adressa un sourire envoutant, faisant preuve d'une assurance déroutante pour son interlocuteur qui cherchait visiblement à la garder à distance. Mais cela ne dérangea pas la belle. Elle prit un air de fausse ingénue que ses vêtements à la simplicité populaire rendait étrangement crédible, attendit une seconde, et reprit d'une voix douce :

« Andy… Ça fait un moment que je te suis, Andy. »

Le mouvement de recul du louveteau fut plus marqué cette fois. Il chercha rapidement un échappatoire, mais la suite des paroles de la demoiselle le clouèrent sur place :

« Hé, tu viens chez moi ? Ou alors on va chez toi. Allez, Andy, quoi ! Oh dis-moi oui. »

D'un pas gracile mais décidé, la petite brune se retrouva presque dans ses bras, alors que non loin d'eux, un groupe de musiciens bariolés débutait un air trop synchronisé pour être dû au hasard. Une main se glissa sur sa joue. Il sursauta, oubliant la mélopée et rougit copieusement lorsqu'il s'entendit appeler :

« Chou ! Andy… Dis moi oui ! Chéri ! »

Elle avança vers lui les bras tendus, mais lorsqu'il voulu esquiver elle se laissa tomber sur le côté, l'obligeant à la rattraper de justesse dans une pose proche de celle de ces danseurs latinos. Son visage bien trop près du sien, il la redressa rapidement, et n'attendit pas pour s'éloigner de quelques pas. Gêné par ces avances auxquelles les passants semblait désormais accorder beaucoup d'attention, il se gratta le coin du sourcil sans savoir quoi répondre.
Un regard pour la belle à laquelle il accorda un sourire poli. Méfiant, il préférait éviter les ennuis. Aussi s'inclina-t-il légèrement avant de se hâter de quitter les lieux au rythme étrange des musiciens. Leur tromboniste semblait d'ailleurs pris d'une inspiration soudaine, s'époumonant dans son cuivre tout en s'agitant d'une manière désorganisée.  

La mélodie se fit lentement de plus en plus lointaine, et Andréa ne fut pas mécontent de constater que la demoiselle ne l'avait pas suivi.  

Il déambula un moment entre artistes et passants, s'arrêtant plus souvent qu'il ne lui semblait devant les violonistes talentueux, fuyant ceux qui martyrisaient leurs pauvres instruments. Étrangement, ce fut un vieil homme au poignet fatigué qui retint le plus son attention. Il n'était visiblement plus en mesure de tirer la totalité de la gamme de son instrument, mais chaque note était d'une pureté sans nom. La mélodie douce qui prit vie sous ses doigts gonfla le cœur d'Andréa d'admiration, son unique regret étant qu'il n'y avait personne pour partager ce moment de grâce avec lui.
Le morceau terminé, il hésita un peu avant de rejoindre le musicien qu'il remercia. Il ne fut en mesure que de lui offrir un sourire radieux avant qu'une voix, connue cette fois, ne l'interpelle.

« Andréa ! »

Un enchainement magique. Après cette ivresse mélodieuse, le louveteau se retrouva face à la famille Voelsungen, le frère et les sœurs. Il les salua avec plaisir, rougissant un peu lorsqu'il croisa le regard si parlant d'Éléna, avant de s'enquérir de leur santé respective. La discussion alla bon train, le petit groupe trouvant refuge près du halo frais d'un glacier. Andréa put à loisir détailler les traits de la jolie brune dont les cheveux d'ébène avaient été admirablement tressés, tant et si bien qu'il eut besoin de quelques secondes avant de comprendre qu'elle s'adressait à lui :

« Pardon ?
Je demandais si ton oncle était là aussi ?
Ah ! Oui mais on s'est… Perdus du vue. »

Il passa une main gênée sur sa nuque, adressant un sourire timide à la belle sans oser lui expliquer qu'ils s'étaient alliés pour fuir les responsabilités de l'aîné. Un papillon se décida alors à s’immiscer entre eux, hésitant quelques minutes sous le regard interdit du jeune loup avant de se poser sur la joue d'Éléna. Andréa eut grand peine à retenir un rire charmé, tant il la trouvait plus ravissante encore. Ce papillon avait indéniablement du goût. Il songea à lui faire part du fond de sa pensée lorsqu'une mélodie s'éleva juste derrière eux.
Il s'éloigna aussitôt de la fille aînée des Vivaldi, par simple réflexe, avant d'observer avec méfiance une chorale toute de blanc vêtu entamer un air printanier.



« Qu'est-ce que… »

Étrange scène que celle d'adorables petits moineaux s'élevant gracieusement au dessus des chanteurs pour y dérouler une banderole où le nom du groupe d'artiste était inscrit en lettre rose : Idylle.
Andréa ouvrit la bouche, la referma, avant de rougir copieusement, faisant signe à la demoiselle qu'il n'était absolument pour rien dans cette intervention. La mélodie se poursuivit pourtant, toujours aussi joyeuse. La chorale s'était séparée pour former une ronde guillerette autour des deux jeunes gens, lançant à intervalle réguliers, pétales de fleurs rouges ou blanches. Puis se prenant chacun par la main, ils esquissèrent quelques pas de danse en duo, leurs mains jointes formant qu'un cœur que leurs regards destinaient directement à Andréa et Éléna.
Le louveteau ne savait plus où se mettre, rouge jusqu'aux oreilles, quand une adorable mésange fint se percher sur l'épaule de la jolie brune pour accompagner, d'un sifflement mélodieux, la chansonnette des choristes.
Ces derniers avaient reformés leurs rondes, tenant chacun une étoffe de soie tantôt rose, tantôt blanche, qui s'entourèrent très innocemment autour du louveteau et de la fille Vivaldi, les rapprochant aussi tranquillement qu'ils les liaient entre eux. Tout l'ordre des animaux pelucheux semblait s'être rassemblé pour eux. Les lapins se pressaient contre leurs jambes, les forçant à se faire face et à diminuer encore un peu la distance qui les séparait.  Le gazouillis des oiseaux offrait un rendu des plus bucoliques, tandis qu'une fois Andréa et Éléna les yeux dans les yeux, deux des choristes vinrent déposer sur leurs têtes des couronnes de fleurs blanches. Il s'éloignèrent tout aussi délicatement, abandonnant derrière eux les derniers pétales colorés, et une réprimande pour un retardataire :

« Michel ! Dépêche ! »

Le cerveau en feu, le cœur au bord de l'explosion, Andréa ne parvenait pas à détacher son regard de sa vis-à-vis. Sa poitrine lui semblait au bord de l'explosion, et tant de compliments se pressaient derrière ses lèvres qu'il ne savait par où commencer. Devait-il lui parler de ses traits si doux, de sa voix qu'il aimait tant ? Ou peut-être avouer le plus simplement du monde qu'elle était d'une fraicheur sans nom. Il inspira profondément, hésitant à peine avant de formuler :

« Gsmfidfoetkguifdnfza. »

Oh… Mon… Dieu.

Pourquoi avait-il dit ça !! Andréa sentit son visage le cuire sans restriction, et il savait pertinemment que la chaleur n'y était pour rien. Il porta sa main à son visage, tournant la tête pour ne pas avoir à assumer le son informe qui venait de quitter ses lèvres.

Les rubans qui les ficelaient été retombés au sol, les libérant de leurs mouvements. Le jeune homme renonça à s'expliquer, le sourire amusé de la belle lui arrachant plus de couleur encore. Il se demanda si le glacier serait d'accord pour qu'il colle son visage bouillant contre la vitre, au risque de la faire fondre, elle et sa marchandise.
                                 
Et comme si cela ne suffisait pas, Andréa assista ensuite au spectacle le plus déroutant, et peut-être le plus choquant de son existence.  

« Commissaire ! Y'a du grabuge vers l'entrée est ! Apparemment c'est une bagarre qui a éclatée ! »

Billy Langevin, Andréa le reconnu sans mal. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'un policier parle d'intervenir sur le lieu d'un incident, ce que le louveteau comprenait moins, c'était son accoutrement. Lui et ses comparses portaient pour tous vêtements une longue jupe en feuille de bananiers. Le jeune homme cligna des yeux, songeant aux lointaines paroles de Dolores qui avait un jour qualifié un homme de loi de : « truc s'approchant très vaguement et du bout du gros orteil de   Sherlock Holmes, le tout de loin, de dos, les yeux fermés, par une nuit de forte tempête… ». Il devait y avoir d'autres termes, mais avec un débit de paroles tel que celui de la doctoresse, il aurait proche du divin de pouvoir tout retenir.
Le louveteau adressa un regard perdu aux sœur d'Aldrick, espérant pour lui que ce n'était pas là le nouvel uniforme réglementaire des agents, mais les paroles amusées de Sabrina le rassurèrent… un peu :

« C'est parce qu'ils ont un stand de musique des îles. C'est une idée de Billy pour financer l'achat de nouveau matériel pour le commissariat ~ »
H.R.P:
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMer 1 Juil - 23:59

Ce fut au troisième roulement de hanches que Rita comprit qu’elle ne serait jamais danseuse. Après avoir résisté à la gravité une bonne dizaine de fois, durant trois longues minutes, la banshee eut à peine le temps de reprendre son souffle et à recueillir la sueur glacée qui dégoulinait de son front, que Tina lui attrapa brusquement le bras. Tirant hors de scène la pauvre fille, jusque là soulagée que la musique infernale se stoppe enfin l’américaine cherchait des yeux leur seul moyen de fuite. La peau de cette dernière brillait autant que sa robe argentée, l’excitation et l’angoisse se mêlant dans sa tête. Dans celle de Rita, par contre, résidait une seule chose : quand allait-elle pouvoir ôter ces chaussures du diable ?!
Tina se faufilait entre les nombreux admirateurs et curieux, trainant une naine épuisée comme boulet, lorsqu’elle les vit : les deux blonds baraqués, l’un à l’oeil crevé, caché par un cache-oeil assorti avec la fête. C’est-à dire plein de couleurs tartes et tellement pétantes, qu’à force les fixer, on en deviendrait aveugle. Elle l’avait toujours cru un peu fleur bleu, au moins aussi niais que son comparse était brute. Et Dieu étaient-ils laids, l’un bossu et l’autre renfloué jusqu’en bas de l’embonpoint. Les os du dos ressortaient d’une manière immonde sur le crâne du premier, formant comme les pattes d’un insecte ignoble sur sa nuque tordue en escalier, frottée en permanence par des mains marqués de veines en permanence bouchées ou éclatées. Le deuxième, lui, était tellement rempli d’air que ses chevilles avaient disparues sous sa peau plissée et que ses bras reposaient sur sa bedaine flasque.
Elle crut devoir leur faire face, jouant entre ses maigres compétences en lutte et le corps à moitié mort du bon coup qu’elle croyait s’être dégotée en bonne et due forme. Peut-être accepterait-elle quand même un verre après cette mésaventure. Aussi rehaussait-elle les manches de sa robe, moyennement déterminée à en découdre, lorsqu’enfin le son de la délivrance parvint à ses oreilles : la fanfare commençait !


Le son agréable des tambours et des trompettes détonnait entre les nombreuses tentes, rendant bientôt la foule totalement hilare et déraisonnée ! Une masse de gens sortirent sous le soleil de plomb pour admirer les magnifiques uniformes rouge écarlate, tout droit sorti d’un prêt à porter, et hurler encore plus fort que les clairons à quel point ce jour était merveilleux. Il l’était assez pour Tina en tout cas, ce bruit soudain détourna l’intention des deux compères, qui cessèrent immédiatement de scruter l’intérieur de la tente, tel des vautours. Aussitôt constaté, Tina lança un signe à son équipe, qui le lui rendit avec un sourire, puis profita de la foule pour se mêler au défilé, entre deux trombones. Ces derniers se semblaient pas s’en offusquer, profitant de la tenue légère des deux jeunes femmes pour profiter au mieux que leurs femmes respectives ne pouvaient les différencier entre tous les fanfarons. Quel jour merveilleux en effet !
Moins en tout cas pour Rita, car aussi fut elle transporté de sous les projecteurs avec des machines de tortures sur ses pieds minuscules, fragiles et délicats, à une pagaille incroyable et insupportable de gaieté, en plein soleil, sur un pavé comme réchauffé par un grill et sur lequel Rita venait y cuire les pieds sus nommés, au prix le plus étonnant qu’on ait entendu sur le marché ! … Où en étions-nous déjà?

«  J’veux des saucisses grillées… »

Rita aurait pu renier toutes ses croyances et se dédier à la vie ecclésiastique si seulement, seulement, ô Dieu en qui elle ne croyait que pour recevoir une dinde gratuite au jour saint de ton fils bien aimé, cette brunasse de cowboy féminin et monté sur échasses pétillantes voulait bien arrêter de sourire d’une fierté exaspérante. Serait-elle devenue nonne si seulement cette danseuse démoniaque avait même juste l’idée folle de se retourner vers elle, juste pour lui dire qu’enfin elle pourrait arrêter de fondre sur la place publique, entouré de gens hilares face à son exécution divine d’avoir volé au seigneur ses volailles les plus grasses et sûrement les plus pieuses, mais par pitié, QUE QUELQU’UN ARRÊTE CETTE ANDOUILLE SADIQ-
Tina, emportée par le soulagement et la liesse générale, se retourna sur l’une des choses les plus pathétiques qui lui avait été donné de voir : une misérable jeune fille à qui on lui avait visiblement volé ses chaussures, trempant dans sa propre transpiration et une robe étincelante, renforçant la médiocrité de cette image. L’américaine eut peine de ne pas laisser là sa conquête de la journée, tout en se rappelant que l’état de cette dernière n’était que le fruit de son propre désastre. Elle prit alors la cantatrice par la main, soulevant hors de terre ce légume déjà à moitié faisandé, et lui lança ce sourire qu’elle savait irrésistible.

« You’re from the « I do both » kind, aren’t you? Allez, sweetie, sortons de là. je t’offrirai des saucisses. N’empêche, ça vaut le coup pour un flirt avec toi ! »

Quel jour merveilleux c’était, en effet, en effet.

Et c’est ainsi que les deux femmes en robe courte se glissèrent dans une joyeuse petite ruelle bien sombre et bien dissimulée du public, et que la dénommée Tina prit un malin petit plaisir à glisser sa main si délicate sous la tenue légère de la dénommé Rita, l’une étant bien trop soulagée pour protester aux avances bien charismatiques de la première. Un petit coin de lèvres par ci, un levé de jambes réservé par là, et vous avez la recette parfaite pour une bonne marmelade de consolation après potentielle conflagration.
Huhuhu, quel adorable duo de petites cuisinières coquines ! (Recette à ne pas reproduire chez vous les enfants. Surtout avec vos peluches, elles n’aiment pas la salive)
Bref, la compote une fois finie, nos deux comparses se mirent à courir comme des arriérées, main dans la main et un sourire sot sur leur visage dégoulinant, vers d’autres tentes à l’atmosphère plus ordonnée. Les gens de bonne famille détaillaient avec dégoût ce couple plus qu’indécent, préférant se concentrer sur les différents ballons de couleur que l’on détachait au loin, précédant la course de la parade en folie. Les deux jeunes femmes finirent par tomber comme des sacs sur un banc, vidant leur poumons de toute l’allégresse délirante de ces quelques intensités.

Enfin remise de cette séance de cuisine impromptue, ce fut Rita qui brisa en première les respirations essoufflées :

« Je dois avouer, cela fait partie des choses qui ne me sont, pour ainsi dire, jamais arrivées »

Tina rit doucement, balançant sa tête en arrière et les bras sur le dossier en métal du banc. « Say, tu es plutôt contente que ce soit moi qui t’ai baptisée alors ! »

Rita se recroquevilla, ses pieds brulés ne se plaignant pas le moins du monde de quitter le sol, beaucoup trop odieux avec eux. Elle eut une pensée pour cette humaine, qui ne se doutait absolument pas de la nature de sa compagne cuisinière, se retenant de lui rire au nez. Après tout, ce jour merveilleux serait terminé le lendemain.
Toutefois, Rita fut vite rappelée à l’ordre de par son essence même, lorsque ses yeux émeraudes croisèrent la lumière bleutée d’un lorialet. Perdant tout interêt pour l’américaine, la banshee se releva d’un seul coup et courut vers l’éclat, ignorant tout ce que sa vue avait à lui offrir d’autre. Dès qu’elle put la saisir de ses doigts blancs, la créature s’y accrocha de toutes ses forces, agrippant brusquement un jeune garçon aux cheveux opalins. Le souffle court, elle eut peine de lui adresser quelques mots, priant que sa prise ne s’échappe pas de son étreinte, ou que l’humain à ses côtés ne décide pas de les détacher égoïstement.

«  Je- Attendez, je vous en prie… Reilly.»
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 2 Juil - 0:21

Il était gigantesque. Il était impressionnant. Il était majestueux. Et d'un seul regard, il était parvenu à conquérir le cœur de la muse. Il était merveilleux. Il était sensationnel. Il était fantastique. Et d'un simple pas, Elise avait l'impression qu'il franchissait des kilomètres. L'éléphant leva sa lourde patte et l'écrasa sur les pavés bouillants des Champs de Mars. La muse retint un cri émerveillé alors qu'elle pressait l'allure, désireuse d'approcher celui qui, plus encore que n'importe qui, captivait la demoiselle par sa simple apparence. Narcisse et son regard améthyste n'avaient qu'à bien se tenir ! Car devant la jeune femme se jouait un spectacle auquel elle aurait assisté à n'importe quel prix. Témoin privilégié d'un monde de mélodies colorées, Elise leva les yeux vers le pirate qui chevauchait l'animal sans une once de peur. Sa couleur, un rouge victorieux, se mêlait aux ébauches de celles de l'éléphant qui, bien que puissant géant de la savane, possédait une musique plus légère, moins forte que n'importe quel humain. Mais c'était cette absence d'intensité, cette apparente faiblesse qui rendait les manifestations de son âme plus grandioses encore. Les notes semblaient désireuses de s'imposer dans un monde impitoyable avec tout l'espoir dont elles étaient capables et pour ce faire, elles avaient revêtu toutes les couleurs existantes. Du rouge, du bleu, du vert, du jaune, du orange, du violet, toutes les teintes possibles, toutes les nuances imaginables, toutes ces flagrances exceptionnelles que la muse découvrait aujourd'hui, étaient réunies dans l'âme de l'éléphant qui les diffusait dans le monde avant qu'elles n'explosent en une myriade d'étincelles. C'était un véritable feu d'artifice, un spectacle absolument inoubliable qui s'inscrivit dans le cœur de la muse à tout jamais. Et, plus encore que tout le reste, Elise eut envie d'approcher l'animal afin de le caresser. La jeune femme pressa de nouveau le pas, courant presque entre les passants afin d'atteindre aussi rapidement que possible l'être gigantesque qui l'appelait de tous ses vœux. La muse se le promit : un jour, elle irait dans l'un de ces pays où vivent les éléphants. Un jour, elle s'abandonnerait à leur monde pour profiter de leur tendre mélodie remplie de cet espoir si magnifique. Mais pour l'heure, elle devrait se contenter de suivre ce spécimen et pour ce faire il était nécessaire qu'elle l'atteigne. Cependant, alors que l'animal se dessinait plus distinctement et qu'Elise avait presque l'impression qu'elle pouvait le toucher en tendant le bras, quelque chose la retint brutalement ou plutôt, retint celui qui l'accompagnait. Son petit dragon lui fut enlevé et elle tomba durement sur le sol à cause du choc. Lorsqu'elle se retourna, ce fut pour apercevoir une femme l'emporter au loin. Elle se releva donc, l'air un peu inquiète, et suivit la mélodie très raffinée de celle qui avait enlevé son ami et donc les effluves de couleur restaient longtemps derrière elle. Mais celle-ci marchait vite et, bientôt, la petite muse se retrouva perdue dans la foule. Qu'à cela ne tienne, elle n'avait pas du tout l'intention d'abandonner Narcisse ! Au contraire, justement ! Elle ferma les yeux pour se concentrer à la recherche de la mélodie propre au dragon mais fut bientôt déconcentrée par les clameurs de la foule entourant une scène surélevée. Son instinct lui murmura que Narcisse devait être par là, aussi s'y rendit-elle d'un pas rapide, persuadée de retrouver son jeune ami. Elle ne fut pas déçue : ce dernier se donnait en spectacle aux côtés de la femme qui l'avait enlevé et qui, Elise s'en rendait compte maintenant, n'en était pas tout à fait une... Un grand sourire s'inscrivit sur les lèvres de la muse qui se mit à applaudir, visiblement ravie de voir le dragon danser. C'était tellement rare qu'il ose s'amuser... ! Il fallait fêter ça. Elise se mit alors en tête d'exprimer sa joie à voix haute.

« Allez Narcisse ! Tu es le meilleur ! Ce que tu danses bien !! Continuuuue ! »

Un éclat de rire lui parvint depuis sa droite, la poussant à tourner la tête. Lorsque ce fut fait, la muse croisa le regard d'un autre homme vêtu comme une femme et trouva ça génial. Elle adressa un merveilleux sourire à son voisin -ou sa voisine?- et trottina jusqu'à elle. Car si l'homme se vêtissait comme une femme, c'était sûrement qu'il voulait qu'on le voit ainsi.

« J'aime vraiment votre tenue madame ! »

Dit-elle du ton le plus naturel du monde à sa vis-à-vis. Celle-ci -Elise avait définitivement opté pour le féminin- sembla agréablement surprise par la réaction de la muse et lui adressa un sourire.

« La vôtre n'est pas mal non plus... Je suis Roberta, enchantée de rencontrer une aussi délicieuse jeune femme.
- Et moi je m'appelle Elise ! Le plaisir est partagé ! Par contre, si je puis me permettre, je vous conseille plutôt ces chaussures, elles s'accordent davantage avec votre regard. »

Roberta lança un regard intéressé en direction de la paire indiquée par la muse et s'en empara bientôt. Lorsqu'elle l'enfila, il apparut bien vite que son interlocutrice avait vu juste, comme le lui fit remarquer Martine.

« Et bien Roberta, tu es magnifique aujourd'hui ! »

La concernée éclata d'un rire ravi alors qu'Elise se présentait à la nouvelle venue.

« Bonjour madame !
- Mademoiselle, ma jolie, je n'ai pas encore trouvé chaussure à mon pied...
- Oh ? Excusez-moi mademoiselle ! Si ça peut vous rassurer, moi non plus !
- Ah, ce que les hommes peuvent être compliqués...
- Oh, parfois c'est nous qui le sommes... Enfin dans mon cas, c'est surtout ça ! Mais je m'égare, vous avez quelqu'un en vue, peut-être ?
- Oh oui, un gentleman comme il y en a peu ! Vraiment très mignon bien que son style soit un peu... particulier. »


Martine se rapprocha de la muse et poursuivit sur le ton de la confidence.


« Je l'ai rencontré au commissariat, en fait... Il était couvert de tatouages et de piercings, il portait une blouse de marin et avait un de ces regards... ! Et son sourire... ! Oh chérie, si tu avais pu le voir comme je l'ai vu, tu comprendrais très certainement ! »

Une nouvelle fois, Elise tomba des nues. Celui qu'elle décrivait n'était autre que...

« Mais je le connais ! C'est Ashton, c'est mon frère ! »

Martine écarquilla les yeux. Cette petite devait tomber du ciel.

« Vraiment ?
- Oui, oui ! Je vous le présenterai si vous voulez ! »

La femme adressa un sourire à la muse. Ce fut à cet instant précis qu'elle l'adopta définitivement.

« Vous croyez qu'il me remarquera... ?
- Oh oui, Ashton remarque tout le monde ! C'est l'homme le plus gentil que je connaisse !
- Alors j'accepte avec plaisir... M-mais ma tenue actuelle ne lui plaira pas, je ne suis pas assez soignée, je-...
- Je peux vous aider, si vous voulez, je suis certaine de pouvoir vous dénicher la tenue idéale dans toutes celles que vous avez ici !
- Vous feriez ça pour moi ?
- Oui, je vous le propose ! »

La muse adressa un gigantesque sourire à Martine et s'engouffra dans les vêtements, choisissant la tenue idéale pour la concernée. C'était aussi une forme d'art, après tout, et si d'ordinaire cette dernière n'attirait que peu la muse, pour aider sa nouvelle amie Elise était prête à faire une exception. Lorsque celle-ci l'enfila, il s'avéra que la jeune femme avait encore vu juste. Martine la prit dans ses bras avec plaisir et la remercia chaleureusement. Les autres femmes du groupe avisèrent leurs deux amies et entourèrent bientôt la muse qui prodigua joyeusement tous les conseils du monde. Toutes, sans exception, adoptèrent cette curieuse demoiselle. Puis les yeux de celle-ci tombèrent sur une robe d'un magnifique tissu vert pomme. L'émerveillement qu'on put y lire fit sourire toute l'assemblée. Roberta s'avança d'un pas et passa un bras autour des épaules de la muse.

« Elle te plaît ?
- Oh oui, elle est vraiment magnifique... ! »

L'amie d'Elise observa la robe avec un air un peu contrarié.

« Il va falloir la retravailler, si tu veux la porter... »

Mais contrairement à ce qu'elle avait cru, la jeune femme sembla profondément surprise et secoua la tête.

« Oh mais je ne pensais pas à moi en disant ça ! Je pensais qu'elle irait vraiment bien à Narcisse, en fait. Avec cette pierre, aussi, elle rappellera son regard...
- Eh... mais c'est que tu dis vrai... ! Tu crois qu'il serait d'accord ? »

Elise lança un regard plein de malice à Roberta et le sourire qu'elle lui fit ne laissa planer aucun doute sur la réponse qu'elle allait lui apporter.

« Pourquoi lui laisser le choix... ? »

Comme pour répondre à ses paroles, ce fut à cet instant précis que la prestation de Narcisse et de Carmen se termina et qu'ils redescendirent de scène. La muse se dirigea d'un pas dansant vers son ami et lui prit très joyeusement le bras.

« Pardon Narcisse, je n'ai pas vu tout ton numéro mais de ce que je sais, c'était vraiment très bien ! »

Le ton de la demoiselle était le plus innocent du monde et ne permit certainement pas au dragon de se douter de quoique ce soit. Durant ce temps, Roberta mit tout le monde au courant, dont Carmen. Celle-ci, seule à ne pas connaître Elise mais à avoir fréquenté Narcisse, s'approcha du duo et passa les bras autour des hanches du jeune homme.

« Ils ont raison mon chou, tu as vraiment les mensurations idéales pour te joindre à nous... »

Désormais, le concerné pouvait se rendre compte du traquenard dans lequel il était tombé autant qu'il le voudrait : c'était déjà trop tard. Carmen attira de force Narcisse derrière l'un des paravents de la troupe et lui retira le haut de ses vêtements, dévoilant son torse imberbe. Elle passa une main sur celui-ci et laissa échapper un léger rire.

« Je te préviens chaton, le corset qu'on va te mettre pour affiner encore un peu ta taille va te faire mal... »

Et, alors que Roberta et Martine se joignaient à Carmen pour immobiliser Narcisse, débuta une musique fort à propos qui fit éclater de rire Elise.



Cette dernière sautilla jusqu'à la robe qu'elle détacha doucement. Elle se rendit ensuite vers des bijoux de perles qu'elle récupéra avec plaisir, notant la merveilleuse améthyste qui irait si bien au dragon. Lorsqu'elle revint jusqu'au petit groupe, Narcisse n'était plus qu'en sous-vêtements.

« Wow, Narcisse, tu as vraiment un très joli corps... ! Je peux toucher ? »

Et comme Roberta hocha la tête Elise ne se fit pas prier pour caresser le corps de sa pauvre victime.

« Tu n'aurais presque pas besoin de corset...
- Oui, mais nous voulons que tout soit parfait, tu comprends ?
- Hm, hm ! Je vous laisse faire alors ! Courage Narcisse, moi aussi j'en ai un, regarde !
- Et puis tu verras... ça fait mal au début, mais ça devient presque agréable, après... Allez on y va chaton ! Sois courageux, tu vas a – do – rer ça. »

Sans laisser le temps à Narcisse de répliquer quoique ce soit, on enserra sa taille du terrible instrument de torture qu'était le corset.

« Bon mon lapin, il va être temps de t'habiller. Tu préfères que ce soit moi ou ton amie qui le fasse ? »

Narcisse répondit à côté de la plaque et Carmen réitéra donc.

« Tu n'y échapperas pas mon agneau, mais... si c'est moi... je ne peux pas garantir que tes sous-vêtements ne vont pas malencontreusement disparaître dans la foulée... »

Elise s'avança donc joyeusement vers son ami qu'elle embrassa au passage sur la joue.

« Oh, merci Narcisse ! Tu vas voir, je vais être très très douce et tout ira bien ! Je sais déjà comment je vais te coiffer et comment je vais te maquiller et quelles chaussures te faire porter ! Ça ira tellement bien avec les flammes bleues qui t'entourent... ! Oh Narcisse, si seulement tu pouvais les voir ! »

Les trois femmes lâchèrent Narcisse et Elise s'approcha un peu plus de lui. Alors le véritable calvaire du dragon commença. Quelque part dans son dos, la muse put entendre Roberta murmurer à Martine.

« Oh si seulement mon voisin Totoro pouvait voir ça... ! »
Narcisse Williams
Dragon on the wire
Narcisse Williams

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Date d'inscription : 03/08/2013

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 2 Juil - 14:59

Parfois, Narcisse s'amusait à s'imaginer comme une âme maudite que le Destin, en bon cynique, prenait un malin plaisir à torturer. Désormais cela n'avait plus rien d'un jeu. Alors que le corps de Carmen se frottait langoureusement contre le sien sur scène, le jeune dragon hésitait entre fondre en larmes, éclater d'un long rire nerveux et simplement s'évanouir. C'en était trop pour lui. Tout ce qu'il voulait, c'était passer un après-midi calme où il aurait pu profiter paisiblement des stands divers et colorés que lui offrait cette fête. Mais non, avait ri la Fortune, bien sûr que non ! Il aurait dû s'en douter, savoir et, surtout, ne jamais mettre les pieds dehors. C'eut été tellement, tellement plus simple. La main de Carmen s'égara dans le bas de son dos sur scène, lui arrachant un hoquet de surprise et d'horreur tandis qu'il tentait tant bien que mal de s'extirper de son étreinte. Le pire dans tout cela était sans aucun doute le fait que le public, hilare, prenait cela pour un jeu, quelque chose de drôle auquel il aurait consenti. Narcisse ne voulait pas et n'avait jamais voulu prendre part à un tel spectacle, encore moins quand il se trouvait molesté sur les planches. Pour la première fois de sa vie, l'acrobate se sentait l'âme de crier haut et fort qu'il détestait une scène. Quand Élise lui cria ses faveurs, il eut une brusque envie de pleurer. Au lieu de ça, il cacha prestement son visage derrière ses longs doigts, espérant que Carmen ne le remarquerait pas, trop occupée à psalmodier sa mélodie loufoque. Cependant, une fois de plus, le destin décida de se jouer de lui. Car quoi de mieux qu'une musique interminable pour mieux le faire rester sur le plateau de la honte ? Le mot ostinato n'avait jamais aussi bien illustré une chanson. Narcisse ferma obstinément ses paupières, tenta de faire abstraction de la main qui frottait toujours trop sensuellement le bas de son dos, et imagina qu'il était loin, ailleurs, sur les planches délicates du cabaret et pas au milieu d'une rue où il s'humiliait en public. Respirer profondément et visualiser. Voilà. Voir les projecteurs et sentir leur chaleur délicate contre sa peau, imaginer le tissus de son costume de scène contre son corps. Parfait. Après quelques minutes de calvaire, l'acrobate commençait enfin à se détendre un peu. C'est à cet instant que la mélodie décida subitement de s'arrêter, tirant un long soupir de soulagement de sa fine bouche.

Ha, ha, ha, sembla lui souffler la providence. Élise accourut vers lui et, un instant, il crut avec effroi qu'elle allait recommencer son manège de quelques minutes auparavant. En fait, ce fut pire. Car lorsque les mains de Carmen se perdirent sur ses hanches, le garçon comprit immédiatement qu'il se passait quelque chose de louche. Soupçon savamment confirmé par les paroles qui suivirent. L'acrobate leva un regard horrifié à la muse.

« Pardon ? »

Trop tard. L'incrédulité avait empêché le jeune homme de réaliser la présence des trois acolytes de Carmen, une grossière erreur pour laquelle il se damnerait pour le restant de son existence. Il fut prestement saisi par les bras, et on entreprit de le traîner jusqu'à la petite hutte que formaient les coulisses. Ce fut à cet instant, et seulement à cet instant, que Narcisse percuta avec horreur les intentions moins qu'honorables de ses compagnes/ons.

« N-non mais vous n'allez pas... N-non ! »

Les regards pétillants de malice des transsexuels furent sa seule réponse. Alors le jeune homme entreprit de se débattre, de toute ses forces, priant pour qu'une âme charitable remarque sa détresse et lui vienne en aide. Toutefois, il était trop éloigné de la foule pour qu'une oreille aux aguets entende ses cris et, pire encore, il était seul contre cinq. Un déséquilibre peu vertueux qui enragea le dragon. Impuissant. Il était impuissant face aux furies dont il était victime.

« Au secou-Hmpf ! »

Une main se posa fermement sur sa bouche et le dragon hésita un instant à la mordre. Songeant qu'il s'agissait tout de même là d'une attitude ô combien immature, le jeune homme se résigna à hurler contre la paroi de chaire. Trop occupé à se démener contre l'étreinte criminelle dont il était la cible, il ne remarqua pas le regard lourd de sens qu'échangèrent les dénommé(e)s Martine et Roberta. Deux pieds se glissèrent soudain derrière les siens et balayèrent d'un simple geste son équilibre. Il chuta, rattrapé seulement par les bras qui le restreignaient et qui le déposèrent doucement au sol. Désormais, il était plaqué contre le parterre poussiéreux, incapable d'esquisser le moindre mouvement tandis que Carmen le détaillait de ses yeux trop intéressés pour être innocent. De nouveau, Narcisse se débattit. En vain. Un grognement sourd s'échappa de sa gorge tandis qu'on le déshabillait, les doigts qui le bâillonnaient ayant trouvé meilleure occupation, et il pria de toutes ses forces pour qu'on lui laisse au moins son pantalon. Pour l'instant, cela semblait être le cas. Il poussa un soupir de soulagement qui se transforma en hoquet d'horreur quand la main de Carmen parcourut son torse.

« Qu'est-ce que vous fai- »
« Je te préviens chaton, le corset qu'on va te mettre pour affiner encore un peu ta taille va te faire mal... »

Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent et il y eut un moment de flottement pendant lequel il ne comprit pas. Non, c'était impossible... Ils ne pouvaient pas avoir pour intention de... Pas comme ça ! Désespéré, il tenta de libérer ses bras, en vain. La poigne de Roberta et Martine n'avait rien de féminine et Narcisse commença à pester mentalement contre ses bourreaux. Il ne voulait pas porter de corset. Oui, il était androgyne, oui il en avait conscience, mais il ne serait pas une femme. Pas même pour cette journée. Hors de question.

« Non, non, non ! »

Mais le peu qu'il restait de son espoir vola en éclat quand il sentit de longs doigts manucurés se poser sur sa ceinture. Une sourde panique grimpa dans sa gorge et la noua. Il se débattit plus encore, sa fougue alimentée par la détresse qui volait son cœur tandis qu'on lui retirait son pantalon.

« S'il vous plaît, non ! Je ne veux pas, je vous en prie, je... »
« Chhhhh, lui souffla Martine d'un peu trop près, ça va aller mon roudoudou. »

Narcisse ne voulait surtout pas être le roudoudou de Martine. Il s'éloigna d'elle comme il put, oubliant que dans son dos se trouvait Roberta, qui prit un malin plaisir à expirer tout contre son cou, lui arrachant un long frisson d'horreur. Femmes ou pas, il était trop peu habitué aux contacts physiques pour rester détendu face à de tels gestes. Il adressa un regard empli de peur aux deux demoiselles – à force, il avait fini par se résigner à les appeler ainsi, puisque c'était ce qu'elles semblaient être –, espérant ainsi s'attirer leur pitié à défaut d'attirer leur générosité. Au lieu de cela, elles lui adressèrent un sourire plein de sous-entendus qu'il ne voulait pas connaître. Il déglutit péniblement.

C'est alors qu’Élise lui proposa ô combien aimablement de toucher son "joli corps". L'acrobate poussa un grognement résigné et posa sa tête contre le sol, ne se sentant même plus la force de la relever pour adresser son regard plein de frustration à la muse qui s'amusait tant à parcourir sa peau du bout des doigts. Le jeune homme se sentait humilié, terriblement gêné et surtout passablement énervé. Un soupir de mécontentement s'échappa de ses lèvres et il endura patiemment, tentant de se convaincre que son calvaire serait bientôt terminé.

« -Tu n'aurais presque pas besoin de corset...
  -Oui, mais nous voulons que tout soit parfait, tu comprends ?
  - Hm, hm ! Je vous laisse faire alors ! Courage Narcisse, moi aussi j'en ai un, regarde !
  - Et puis tu verras... ça fait mal au début, mais ça devient presque agréable, après... Allez on y va chaton ! Sois courageux, tu vas a – do – rer ça. »

Premièrement, Narcisse eut fortement apprécié qu'on ne commente pas son corps comme étant suffisamment efféminé pour ne pas avoir besoin de corset – bien qu'il n'en voulût pas le moins du monde. Deuxièmement, il se fichait éperdument du fait qu’Élise porte un corset, il n'était pas une femme et n'en éprouvait pas le besoin. Enfin, il était à peu près certain qu'il n'allait pas  "a-do-rer ça". Le regard qu'il tourna vers Carmen était courroucé et froid.

« Je ne suis pas une femme. »
« Pour l'instant ! », crut bon de répondre Roberta.

Ses yeux s'écarquillèrent de nouveau et se posèrent avec effroi sur le visage anguleux de la jeune femme. Il n'était pas certain de vouloir savoir ce qu'elle sous-entendait. Il n'eut cependant pas le temps d'y réfléchir que la position des mains de ses deux geôlières changeaient sur ses bras et qu'il se retrouvait à plat ventre par terre avec un tissus autour du buste. Ce qui se produisit après fut d'une rareté étonnante : Narcisse jura, et il jura fort. Ainsi passèrent les dernières paroles du garçon, qui se retrouva bientôt à expirer tout l'air de ses poumons tandis qu'on appuyait partout autour de sa taille et qu'on l'enserrait mortellement.

« Arrêtez !, s'étrangla-t-il d'une toute petite voix. Je vous en prie ! »

Il s'étouffa de nouveau et toussota. Son corps prenait très mal cette constriction mortelle et, un instant, le dragon crut que cette bande de furies allait avoir raison de lui.  Le corset était une invention des plus ignobles. Il ne parvenait plus à respirer correctement, et si sa taille était désormais bien trop féminine à son goût, le prix à payer pour obtenir pareil résultat était élevé. Beaucoup trop élevé. On le laissa enfin se redresser, bien que les mains de Roberta et Martine restassent sagement sur ses épaules, et il prit de profondes inspirations pour s'habituer à la morsure impitoyable de l'instrument de torture que les femmes se plaisaient à porter. Qui, sur cette planète, avait bien pu avoir une idée aussi saugrenue ?! Mais la blague délicieuse du destin ne s'arrêta pas là. Carmen se pencha sur lui avec un air terriblement coupable et Narcisse déglutit de nouveau, la gorge serrée.

« Bon mon lapin, il va être temps de t'habiller. Tu préfères que ce soit moi ou ton amie qui le fasse ? »

À vrai dire l'acrobate préférait ne pas être habillé du tout si c'était par l'une des deux jeunes femmes, qui l'observaient avec un intérêt grandissant. Il cligna désespérément des paupières et avisa ses bourreaux avec une expression plaintive.

« …. Non, s'il vous plaît, tout mais pas ça. Je vais partir, je ne le dirai à personne, mais ne me faites pas ça, je vous en prie... »

Que nenni. Ces personnes étaient monstrueuses. Il n'y eut pas même une once de compassion dans leurs regards de prédateurs, bien au contraire. Carmen se rapprocha de lui avec un sourire carnassier à la face et le jeune homme sentit qu'il n'allait pas aimer la suite des événements.

« Tu n'y échapperas pas mon agneau, mais... si c'est moi... je ne peux pas garantir que tes sous-vêtements ne vont pas malencontreusement disparaître dans la foulée... »

Horreur. Narcisse retint à peine un hoquet de terreur aux mots de son interlocutrice. Il fut saisi d'un impressionnant mouvement de recul. Son corset appuya sur son ventre et il toussota de nouveau, incapable de s'habituer à la pression effroyable qu'exerçait cette... cette chose sur son pauvre corps. Ses yeux papillonnèrent, il se sentit paniquer et s'apprêtait même à ne pas répondre. Mais il ne pouvait prendre le risque de laisser les menaces de Carmen être exécutées. Alors, d'une minuscule voix qui était tout juste la sienne, il murmura :

« … Élise... ? »

Les mains qui le tenaient en place le lâchèrent doucement et le jeune acrobate saisit désespérément son occasion de fuir. C'était sans compter sur le cauchemar qui enserrait son buste et qui lui procurait une capacité de souffle égale à celle d'un nouveau-né. Il manqua de tomber et ne fut rattrapé que par les bras aimant de Roberta, qui lui adressa un regard chaleureux auquel il répondit par une moue renfrogné. Le dragon n'était pas content. La charmante demoiselle le guida vers Élise en le tenant par les épaules et, résigné, il se laissa mollement faire. Ses yeux étaient d'une froideur qui trahissait son énervement et il eut une soudaine envie de se transformer pour transformer cet endroit en gigantesque feu de joie. Il dut cependant se refréner, à son grand dam, et répondre à l'enthousiasme de la muse par un mine pincée. Quand on lui présenta la large robe vert pomme, fluide et d'une ampleur telle que son corset en devenait péniblement inutile, il lança un regard courroucé à l'assemblée tandis qu’Élise s'amusait.

Très vite, trop vite, il se trouva affublé de ladite robe, ainsi que de perles et d'une coiffe. Ses cheveux attachés dans un chignon, son visage en était d'autant plus mis en valeur et cela le crispait. Il ne se reconnaissait même pas, avec tout ce maquillage. Un soupir dépité s'échappa de ses lèvres alors que Carmen l'enveloppait dans une étreinte à laquelle il ne répondit pas le moins du monde.

« Narciiiiisse, tu es une si jolie femme ! »

Le regard qu'il lui adressa alors était à deux doigts d'être meurtrier. Celui-ci se dirigea sur la muse lorsque celle-ci lui désigna une paire de talons qui allaient sans aucun doute transformer ses pieds en masses endolories et bleutées. Il en avait déjà marre. En désespoir de cause, il afficha une expression pitoyable au reste de ses bourreaux, mais ceux-ci se contentèrent de lui envoyer un sourire bien trop carnassier à son goût. Son visage se crispa et il s'appuya comme il put pour enfiler ces chaussures de malheur. Son instinct d'acrobate l'aida à tenir sur ses jambes quelques secondes avant qu'il ne perde son équilibre. Roberta le rattrapa une fois de plus et il se défit de son étreinte d'un mouvement sec. Non mais. Cette fois-ci, énervement aidant, il parvint à parcourir les quelques mètres qui le séparaient du loup blanc qu'il posa sur son visage avant d'attraper la main d’Élise. Sans un mot, sans un au revoir, sans une salutation, il courut jusqu'au dehors et traîna la muse dans la foule, fuyant désespérément cet endroit cauchemardesque.

Les regards se tournaient vers lui, les mots se soufflaient dans les oreilles à son propos et Narcisse craignit soudain qu'on ne remarque son véritable genre. Il était assez humilié comme cela, il n'avait pas besoin de l'être plus encore. Il resserra son étreinte sur la main de la muse et prit une profonde respiration, se résignant à détruire le peu de dignité qu'il lui restait. Pour le moment, il devait se comporter comme une femme, et ce jusqu'à pouvoir rentrer au Lost, quelque chose qu'il comptait commencer dès à présent. Il s'agissait là d'une mission d'infiltration qu'il devait à tout prix mener à bien. Il épousseta sa robe, se redressa, remit une perle en place et, meurtri par son obligation de s'afficher ainsi en public, avança en faisant fi des passants. Une musique débuta sur le côté, comme accompagnant ses intentions.



Toutefois, même les élans plaisants de la mélodie ne suffirent pas à apaiser son humeur désormais massacrante. Oh, et il était certain que le destin lui réservait encore plein de surprises ô combien délicates.
Dolores Keller
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 2 Juil - 19:08

- NUOOOOOHOHOHO ! Maintenant Adam je sais tooooooout sur votre enfance ! Je vais pouvoir asseoir ma superbe autorité encore plus que je ne le fais déjà !

Les bras levés, Dolores poussait un rire triomphal, tandis que Lisette, gênée, se contentait de rougir un peu, n'ayant pas vraiment pris l'ampleur de ce quelle venait de faire. Adam, qui lui avait bien compris à quel point sa vie était fichue, était au bord de la syncope, le visage caché contre ses jambes, complètement plié en deux sur le banc. Pourquoi Lisette avait tout raconté ? C'était une question dont Adam aurait bien voulu la réponse. Peut-être était-ce par entraide féminine, ou par volonté de porter la culotte dans leur couple (ce qui, soit dit en passant, ne serait pas chose compliquée). Quoi qu'il en soit, la chose était désormais belle et bien faite et il était trop tard pour faire marche arrière, à moins qu'un bon coup de bâton derrière le crâne de la doctoresse puisse lui faire perdre la mémoire, mais vu la solidité de sa peau, c'était peu probable…

- À présent, chère Lisette, je souhaiterai faire plus ample connaissance avec vous ! Je veux être certaine que mon assistant ne s'est pas fait piéger par une petite harpie malicieuse à l'amour baladeur, si vous voyiez ce que je veux dire.
- Mais, et Adam, il…
- Oh laissez-le, il aime bien prendre cette position de temps en temps.

Les deux jeunes femmes se levèrent ensemble et s'éloignèrent du banc, non sans regards en arrière de la part de Lisette qui, quelque peu inquiète, était gênée à l'idée d'abandonner son fiancé lors d'une sortie qu'ils avaient prévu de passer ensemble. Mais l'étreinte, étonnamment solide, du bras de Dolores sur l'épaule de la pauvre demoiselle, l'empêchait de faire quoi que ce soit, si ce n'est écouter les divagations spirituelles de l'homonculus à lunettes.

De son côté, Adam n'avait pas bougé, encore pétrifié par toutes les infos que Lisette avait dévoilé à Dolores le concernant. Il l'imaginait déjà lui dire « Oh assistant ! Voudriez-vous bien tenir la mâchoire de ce dragon pendant que je lui soigne sa carie ? Comment ça non ? Je vous rappelle qu'à vos quatorze ans, lorsque vous avez rencontré Lisette par un soir de pluie, vous avez mis votre veste sur une flaque pour ne pas qu'elle se mouille les pieds, et en vous baissant vous avez glissé et éclaboussé toute sa robe en soie rose ! Et le comble, c'est qu'elle en a tout simplement fait le tour ! Haaaaahahaha ! Rigolez avec moi monsieur le dragon ! Haaaaaaahahahahah ! »

- JE NE LA VOYAIS PAS SI PETITE !!… Ha…

Alors qu'il venait de se rendre compte qu'il avait dit ça à haute-voix, Adam soupira, gêné par les regards étonnés de la foule, avant de se recroquevillé à nouveau. Et dans sa dépression la plus profonde, une lueur d'espoir vint se poser doucement sur sa tête. Encore perturbé par son violent atterrissage de tout à l'heure, Manfred roucoula quelques secondes, la tête penchée, en se dandinant au rythme de la musique environnante. Le coup de grâce…

- Pauvre garçon que voilà, en proie à cette diabolique Dolores.
- Pourquoi ai-je accepté de travailler pour elle…
- Parce que sinon on s'ennuierait ferme au cabinet.
- Ça c'est pourquoi elle m'a embauché !

Louise posa sa main spectrale sur le dos du jeune homme, par esprit de compassion (et aussi vexée que Dolores soit partie sans elle), avant de lui proposer de retrouver sa fiancée, prise au piège par la terrible Docteur Keller qui faisait sans doute, en ce moment même, un petit interrogatoire à Lisette pour connaître cette fois-ci tout sur sa vie, à elle. C'était comme ça, elle ne pouvait pas côtoyer des personnes dont elle ne connaissait rien, encore plus s'il s'agissait d'une proche d'Adam, à qui, au final, elle tenait beaucoup (c'est vrai quoi, qui jouerait le rôle de cobaye à sa place !). Le jeune assistant se leva donc, même si dans son piteux état psychologique il ne s'attendait pas un miracle. En ce même moment, Manfred s'envola un peu plus loin, surprit de voir un perchoir poilu bouger sans raison (non il n'avait pas compris que c'était Adam), et après un vol gracieux de quelques minutes vint s'écraser dans un des gâteaux qui trônait sur la table du buffet central dressé pour l'occasion.

Après de nombreux cris de paniques de la part des passants suite à l'entrée impromptue de Manfred, le pigeon sortit sa tête du gâteau, la tête redressée, et s'aventura quelques minutes au milieu de la table, admirant bêtement certaines pâtisseries, dont un petit gâteau rose dans lequel il planta sa tête (sans doute un réflexe idiot, il ne faut pas chercher à comprendre avec Manfred, jamais). Maintenant pigeon à tête de gâteau, l'oiseau continua sa petite quête, se cognant un peu partout sans pour autant s'arrêter, jusqu'à finalement arriver au bout de la table et en tomber violemment. Reprenant ses esprits, l'oiseau dressa la tête (encore recouverte de génoise et de pâte, bien que le gâteau ce soit écrasé lors de la chute) et se prit un violent coup de bec sur le crâne venant de droite. À ses côtés se tenait en effet une belle colombe immaculée, au regard de braise et à la patte manquante. Oh… Serait-ce le coup du destin ?

- Rouh ? Fit passionnément le pigeon.
- Rooouh ~ rétorqua-t-elle, gênée.
- Rourouh roooouh ? Fit-il non sans curiosité.
- Rouh rouh ! Répondit la colombe, amusée.
- Rouh ! Fit Manfred en s'envolant.
* pour la traduction, voir plus bas.

L'oiseau effectua à nouveau un looping pour séduire sa belle et cette fois termina sa course dans la chevelure perlée d'une drôle de dame dont la carrure solide rappelait à Manfred celle du dragon qui venait de temps en temps au cabinet (on peut être débile et avoir de la mémoire ! Si si!). L'oiseau s'agita frénétiquement, décoiffant furieusement son perchoir, avant de lui arrache une perle qui traînait sous son bec pour s'envoler à nouveau, non sans se prendre, sur sa course, un petit lampadaire qui passait par là. Après avoir retrouvé sa belle, l'oiseau lui tendit la perle qu'il avait dérobé. La colombe rétorqua un « rouh ! » délicat avant de becter avec amour le crâne de Manfred. Manfred répondit à son tour par un puissant (mais passionné!) coup de bec sur le crâne de la colombe qui, sous le charme répondit à son tour. Un véritable pugilat de coups de bec s'engagea alors, jusqu'à l'intervention d'un petit garçon qui avait trouvé amusant de briser un amour si beau en courant droit sur les volatiles qui s'envolèrent chacun de leur côté. Il était évident que la colombe était trop émoustillée pour vouloir suivre Manfred et son sex-appeal légendaire, mais laissons la plèbe croire qu'il ne s'agissait que d'un combat de pigeon. Ah Manfred, un vrai séducteur…

Pendant ce temps, Dolores et Lisette marchaient à l'ombre un peu plus loin, la plus célibataire harcelant de questions la plus fiancée des deux. Étonnamment, leur personnalité s'accordait à merveilles, soit par admiration de l'une envers l'autre, ou bien par similarité d'esprit face à la réalité. En clair, toutes les deux passaient leur temps à avoir des réflexions particulières, sur des choses particulières, à des fins tout autant particulières, si bien que personne n'arrive à les comprendre…

- …C'est pourquoi je me suis toujours demandée pourquoi le genre humain avait uniquement deux bras, alors qu'avec quatre on pourrait faire beaucoup plus de choses ! Comme ouvrir et les fenêtres tout en tirant les rideaux, ou alors manger et tenir le journal ! Et pourquoi ne pourrions-nous pas avoir deux têtes ?
- Oh oui ! Mais cela impliquerait d'avoir deux cerveaux… Ou une tête qui pense pour deux ! Mais à ce compte là, de quoi serait remplie la seconde tête… Ou bien les deux têtes seraient jointes, comme… Euhm… Des cerises ! Par un petit tuyau comme une veine ou une artère… Mais est-ce qu'ils auraient deux cœurs du coup ? Et peut on parler de ils au pluriel ? Et si jamais ils ne se mettent pas d'accord !?
- Nous pourrions entrer en guerre avec notre deuxième moitié…
- Oooooh…

Un silence s'imposa entre les deux jeunes femmes. Chacune laissa libre court à son imagination, l'une imaginant un homme à deux têtes se donner des claques, et l'autre se demandant si quand on tirait la langue d'une tête, celle de l'autre reculait au fond de la gorge…

- Vous savez quoi, ma petite Lisette ? Vous me plaisez bien, je vous autorise à être amoureuse de mon assistant !
- Disons qu'on est déjà fiancé alors…
- Hm oui, ma permission est quelque peu en retard. Dans ce cas, je vous autorise à être amoureuse avec mon consentement !
- Vraiment ?
- En fait non.
- Eeeh ?!
- J'aimerai que vous répondiez à une question avant.

Une demi-heure plus tard, Adam retrouva enfin sa patronne, qui, heureusement, était toujours accompagnée par Lisette. Cette dernière paraissait encore saine d'esprit, signe que le Docteur Keller ne l'avait pas encore corrompue avec ses idées tordues. Le garçon, essoufflé, rejoignit le duo qui l'accueillit chaleureusement. Dolores posa sa main sur l'épaule de son assistant, de félicitant de « son choix hormonal », tandis que ladite « choisie » prit les mains de son fiancé et lui adressa son sourire le plus sincère.

L'après-midi commençait à toucher à sa fin, mais alors que le petit groupe songeait à quitter le Champ de Mars, on entendit une musique particulière se mettre en marche, jouée par une bande de joyeux lurons dont l'apparence étonnante les démarquait des autres musiciens. On pouvait y voir une grande dame, armée de son tambourin, accompagnée de son probable mari qui lui était ridiculement petit. À leurs côtés, une violoniste au strabisme prononcé et un joueur de contrebasse attirèrent tout autant l'attention. La musique une fois débutée, Dolores sentit une drôle de sensation au niveau de ses épaules et de son bassin. Elle eut une envie folle de les bouger en rythme avec la drôle de musique (dont les paroles était trop longues et parfaitement atroces, soit dit en passant), sans comprendre d'où ce sentiment pouvait bien venir.



- Oh Adam ! Vite allons danser, avec mon ombrelle je vais pouvoir mimer la chorégraphie de cette dame là bas !
- M… Mais Lisette c'est un peu gênant tout de même…

Tandis que Dolores dandinait son corps avec une expression d'une neutralité surprenante, les deux jeunes amoureux rejoignirent la piste de danse où de nombreux passants secouaient furieusement leur corps.

- Louise ?
- Hm ? Euh… Dolores qu'est-ce que tu fais ?
- Je ne sais pas, c'est la première fois.
- Laisse-moi deviner, la musique te plaît ?
- Oh ! C'est peut-être ça ! C'est très étrange comme sensation !
- Tu peux au moins sourire au lieu d'afficher cette mine perplexe, on dirait Manfred là… D'ailleurs il est où ce maudit piaf ? Ah bah tiens, il est sur la scène. Pourquoi il a une plume blanche dans le bec ? Dolores ?

Tandis que Louise regardait avec incompréhension le pigeon domestique de la doctoresse, qui avait   encore des traces de sa rencontre passionnée au bout du bec, Dolores s'était laissée embarquer sur la piste de danse, curieuse de savoir quels sentiments cela pouvait procurer de s'agiter en rythme avec d'autres personnes. L'expression étonnée, la jeune femme attrapa une ombrelle qui traînait par là et imita, non sans un certain talent, la chorégraphie de la danseuse principale. Se prenant peu à peu au jeu, Dolores finit par prendre possession de la piste de danse, la mine progressivement assurée, comme si son raisonnement scientifique était arrivé à son terme. Pendant ce temps, Adam, épuisé, était revenu près de Louise qui elle avait suffisamment dansé pour la journée. Le jeune homme regarda sa fiancée, qui s'amusait gaiement avec Dolores qui était toujours aussi ridiculement talentueuse pour la chorégraphie.

- Alors ? Qu'est-ce qu'elle a ta petite chérie ?
- … Comment ça ?
- Rooh Adam, pas de ça avec moi, je l'ai tout de suite compris en la voyant, et Dolores lui a sans doute déjà posé la question.

Le sourire d'Adam se serra quelques secondes. Il n'aimait pas en parler, cela sautait aux yeux, mais Louise comme Dolores était trop curieuses pour en faire abstraction. La doctoresse avait eu le tact de poser la question directement à Lisette, sachant pertinemment que c'était beaucoup plus douloureux pour Adam d'en parler que pour elle. Louise n'avait pas cette possibilité, la jeune fiancée ne pouvant la voir ni l'entendre, elle devait poser la question au jeune homme.

- Les docteurs n'ont pas trouvé de nom, mais c'est une forme d'hystérie. Cela lui arrive rarement, mais ses crises sont très violentes, comme si une autre personne prenait possession d'elle. J'ai assisté à quelques unes d'entre elle, et c'est pour Lisette que j'ai choisi de devenir infirmier, pour trouver une solution à sa maladie.
- Et pourquoi Dolores ?
- C'est Lisette qui m'a demandé de changer d'horizon.
- Hm ! Douce ironie. Retourne donc danser, elle te fait signe.

Adam ravala rapidement le goût amer qui accompagnait ses paroles et rejoignit sa chère moitié, qui en moins de deux fit disparaître toutes ses idées noires.



Et dans la douce chaleur de la fin d'après-midi, les deux amoureux reprirent leur danse, accompagnés par un magnifique oiseau… gris et difforme qui prend soudainement beaucoup de place… Manfred…

- Rouh !
- Waah ! Rah oiseau de malheur ! Tu gâches vraiment tout !

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 2 Juil - 23:25

« Je- Attendez, je vous en prie… Reilly.»

Reilly se retourna vivement à l’entente de la voix de son amie. Il était justement en train de chercher désespérément des gens qu’il connaissait, accompagné d’Aliessandre, et celui-ci adressa un regard plus qu’interloqué à la jeune femme qui venait de littéralement agripper la manche de son nouveau protégé.

« Heu…qui es-tu ?
- RITAAAAAAA !!!!!! »

Le petit lorialet ne perdit pas une seconde pour se défaire de la main du jeune homme et se jeter dans les bras de son amie. ENFIIIIIN !!!!! Enfin il trouvait quelqu’un ! Il embrassa joyeusement la joue de la belle Rita et lui offrit un sourire radieux, suivi d’un clignement de yeux intensif quand il remarqua la sueur abondante sur le visage de la jeune femme.

« Qu’est-ce qui t’es arrivé ? »

Il eut cependant un léger sourire en coin, se doutant partiellement de la réponse. Quelque chose lui disait que Rita s’était bien amusée, à cette fête de la musique. Et qu’est-ce qu’il était soulagé, là, qu’elle l’ait trouvé ! C’était comme si toute la pression que contenait son petit corps s’était évaporée, et il se sentait d’une légèreté fraîche et on ne peut plus agréable. Maintenant, il allait pouvoir profiter dignement de l’animation des Champs de Mars. Il allait ouvrir la bouche à nouveau, quand Aliessandre s’interposa.

« Bon, vous pouvez m’expliquer, tous les deux ? »

Le petit lorialet leva un sourcil curieux en remarquant son air…jaloux ? Très protecteur ? Quelque chose semblait le déranger, en tous cas, quand il fixait la banshee. Peut-être était-ce parce qu’il avait perdu l’intérêt que Reilly lui portait ? Mmh…Reilly haussa les épaules ; ce n’était pas important. Il reprit la main du jeune homme dans la sienne, tout en restant accroché à Rita, et commença les présentations.

« C’est une de mes amies, elle s’appelle Rita, Rita Upset. Elle est artiste au Lost Paradise, là où je travaille. Je la connais, donc détends-toi, ‘kay ? »

Il lui offrit un sourire rassurant, tout comme Aliessandre l’avait fait avec lui des dizaines de minutes auparavant, et le jeune homme sembla se détendre. Reilly soupira intérieurement. Ouf ! ‘Manquait plus que son nouveau protecteur pique une crise de jalousie !
Aliessandre dévisagea la nouvelle venue de haut en bas avec un air septique avant de hausser les épaules. Il déclara ensuite qu’effectivement elle avait une allure d’artiste, et il détourna bien rapidement les yeux pour se concentrer sur les nuages, tout en ramenant son petit protégé contre lui. Reilly lança un regard confus à Rita. Bon…comment faire pour qu’Aliessandre l’apprécie? Parce que, vraisemblablement, il ne laisserait pas Reilly partir à moins qu’il ne juge la jeune femme apte à s’occuper de lui. Et, comme pour appuyer sa réflexion interne, le jeune horloger se remit en marche avec eux, l’air décidé, tout en parlant :

« Eh bien, Rita Upset, Reilly était TOUT SEUL jusqu’à maintenant. Il s’est perdu et a fait une crise de panique. Heureusement mon père l’a vu et m’a dit d’aller le chercher, c’est ce que j’ai fait et je tiens maintenant à ce qu’il reste entre de bonnes mains. Donc je ne vais pas te laisser l’emmener, tu risquerais de l’égarer à nouveau. »

Reilly eut une mine dubitative. Il ne savait pas exactement comment réagir à la façon dont Aliessandre parlait de lui, à savoir comme d’un chaton égaré (ce qui n’était pas totalement faux, cela dit). Le petit lorialet opta donc pour un rire, mi-nerveux, mi-amusé, et haussa les épaules en glissant ses petits doigts entre ceux du jeune homme et ceux de Rita. Il avait deux mains, il pouvait très bien faire plaisir à deux personnes en même temps. Et puis, une fois Aliessandre rassuré, il profiterait de la fête avec Rita ! En y réfléchissant…ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion de faire une sortie, tous les deux…c’était donc l’occasion rêvée ! Et puis il était bien trop curieux : il voulait absolument savoir pourquoi la belle jeune femme avait l’air si ravie et exténuée.

Mais ses questions attendraient, puisque le jeune Courrel les tirait vers un petit regroupement de badauds. Reilly soupira, ses yeux soudain vivifiés par une lueur d’appréhension. Encore. Du monde. Why Ali, whyyy ??? Il serra donc plus fort la main de Rita, cherchant son regard pour se rassurer. En effet, il avait remarqué que les yeux de la jeune femme étaient pareils à sa voix : d’une beauté incroyable, envoûtants. Reilly n’était pas attiré par les femmes, pas le moins du monde, mais cela ne l’empêchait pas de remarquer leurs qualités. Il se détendit doucement.
Un cri de joie déchirant émana du groupe de personnes vers lequel ils se dirigeaient, le faisant sursauter. Qui diable était responsable de ce cri pouvant rivaliser avec ceux des banshee ? Si Reilly cherchait furieusement le crieur, ou plutôt la crieuse, Aliessandre, lui, éclatait de rire.

« Eh bien ! On dirait que c’est finalement au tour de Mary de jouer !
- Mary ?
- Popins, Mary Popins, c’est une de mes amies. Elle est musicienne. Allons-y ! Reilly je veux te faire danser ! »

Le sourire d’Aliessandre battait des records d’immensité. Reilly clignait furieusement des yeux. Lui ? Dancing ? Da- no way. Nope. Never. I’d rather repeat Supercalifragilistisexpialidocious a hundred times while eating melted chocolate with peppers than dance in front of strangers ! Il avait déjà dansé et- enfin non, pas dansé, plutôt : il s’était balancé comme sur un bateau, comme s’il avait le mal de mer et était prêt à dégobiller ses entrailles. Et même pas en rythme. Plutôt ironique pour un Irlandais, non ? Reilly s’accrocha plus désespérément encore à la main de Rita, bien décidé à ne pas la lâcher, mais il était trop tard. Le nouveau morceau commençait, et la force d’Aliessandre surpassait largement la sienne, aussi fut-il contraint de lâcher la jeune femme.

« Rita reste là pitié ! »

Il avait tout juste eu le temps de crier sa supplication à la cantatrice qu’Aliessandre le retournait face à lui.



Mon dieu. Reilly ferma vivement les yeux en se mordant la lèvre. Non mais, déjà qu’il était nul en danse, il fallait qu’il danse sur ça ? C’était quoi, d’abord, comme style ?
Aliessandre le ramena tout contre lui, sans attendre qu’il soit prêt mentalement, et posa ses deux mains sur ses petites hanches toutes fines en lui offrant un sourire pour le moins…enjôleur. Ah. Oookay. Les joues de Reilly se teintaient d’une rougeur indescriptible, et ses yeux clignaient aussi vite que s’il avait vu le diable en personne. Non pas que son nouvel ami eut été le diable, hein, mais- oh mon dieu, mais où s’était-il laissé embarqué ?

« Détends-toi, Reilly, laisse-moi faire je vais te guider »

Well, that’s convenient.
La voix d’Aliessandre était toujours aussi rassurante, seulement elle laissait transparaître un intérêt que Reilly n’avait pas imaginé. Le jeune homme attrapa doucement ses petites mains d’une ses siennes et les lui fit poser sur son torse. Bon. Tandis que les joues du petit lorialet passaient à l’écrevisse et que sa bouche se tordait dans une grimace peu sûre, ses yeux cherchaient le soutient de Rita, à distance. Même si Aliessandre le collait de plus en plus à lui, et que ses pieds s’emmêlaient décidemment beaucoup avec ceux du jeune homme, Reilly tâchait de profiter et d’apprendre, un peu, à bouger en rythme.

« C’est très bien, laisse-toi aller tu t’en sors bien Rei’ ! »

Le jeune Courrel lui adressait à présent un sourire plus que satisfait et charmeur. Il se penchait même sur lui pour lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Si personne n’avait jamais dit ces mots à Reilly auparavant, il aurait rougit de plus belle. Mais, contrairement aux apparences, le lorialet n’était pas si petit que ça. Il alla même jusqu’à répondre aux paroles du jeune horloger par un sourire provocateur. Aliessandre haussa un sourcil, charmé, lâcha un petit rire et se fit plus passionné dans la danse déjà pleine de volupté. Mais Reilly ne savait toujours pas danser, et il avait du mal à suivre. Son petit sourire en coin sensuel parti aux oubliettes quand il réalisa qu’il bougeait avec autant de grâce qu’un ballot de foin sous la tempête. Mince ! Il tourna des yeux embarrassés vers Rita. Il ne savait pas du tout quoi faire pour rattraper ça, peut-être elle le saurait !
En plus, visiblement, Aliessandre tenait vraiment à le faire danser. N’importe quel professeur aurait abandonné, mais lui insistait. Reilly se concentra à nouveau sur lui. Ca ne devait pas être si compliqué que ça, quand même, de danser. Et puis, pourquoi avait-il un blocage avec ça, d’abord ? La danse, ça faisait partie de sa culture, non mais ! Alors pourquoi- mince ! Avec toute cette frustration, il délaissait complètement son partenaire ! Reilly soupira et se traita d’idiot pour la énième fois de la journée. Et c’est pile ce moment-là que choisit Aliessandre pour embrasser son cou. Un frisson léger et plus qu’agréable descendit le long de la colonne vertébrale du lorialet qui s’empressa de relever la tête vers la cause de ce plaisir soudain. Les lèvres du jeune Courrel dessinaient un sourire comblé. Ah…il devait avoir remarqué que Reilly avait frissonné. Et le petit Irlandais ne savait pas si c’était une bonne chose ou non. Même pas le temps de décider qu’un autre baiser réchauffa son cou pâle, suivi immédiatement d’un troisième. Ca faisait beaucoup de frissons. Un autre murmure au creux de l’oreille, et ce fut un frémissement qui assaillit le lorialet. Il voulait bien répondre à ses jeux, mais Aliessandre ne lui en laissait pas le temps. Il faisait courir ses lèvres sur sa peau de manière aussi rapide que discrète et délicate, et Reilly s’empourprait de plus en plus. W-W-What ??! Normalement, il menait ce genre de jeu de manière plus qu’aisée, là il n’avait le temps de rien. Et…ce n’était… pas… pour lui déplaire. Après tout, jouer de temps en temps, ça ne faisait pas de mal, si ? Alors, il ferma les yeux en souriant légèrement en coin, et décida de s’abandonner à cette danse qu’Aliessandre menait avec brio. C’était la fête de la musique, et Reilly n’était pas sérieux, alors…

Mais à peine eut-il savouré ces quelques secondes de délice pur ponctuées de chuchotements osés que les musiciens reposaient leurs instruments. Le petit lorialet retrouva son sourire de chaton habituel et il rouvrit les yeux. Cependant, son partenaire semblait avoir décidé que la danse n’était pas finie, et il enroulait ses bras robustes autour de la taille extra fine de Reilly. Le petit Irlandais rit un peu, amusé, presque attendri de l’élan d’affection de et gaminerie de son aîné, et il fit signe à Rita qu’il arrivait.

« Tu as quel âge, Ali ?
- Mmh ? J’ai 24 ans, pourquoi ?
- Tu es plus vieux que moi alors ne fais pas l’enfant et lâche moi, on dansera encore ensembles, mais pas maintenant. Là je voudrais me balader avec mon amie.
- Tu viendras, à la boutique ?
- Bien sûr ! Les boîtes à musique je trouve ça très intéressant, je voudrai montrer ça à mes amis aussi, je pourrai les emmener ? »

La réponse était sûrement oui, puisque Aliessandre lui souriait grandement. Il détacha ses bras de sa taille et lui fit un baisemain formel avant de lui offrir un clin d’œil. Reilly lui sourit en retour, avant de se faire ébouriffer les cheveux par la main bienveillante du jeune homme. Celui-ci lui offrit un dernier regard impatient avant de tourner les talons pour disparaître parmi les Parisiens.

Eh bien ! Le fait qu’Aliessandre ait apprécié leur danse fit drôlement chaud au cœur du petit Irlandais. Il était nul, certes, mais il lui avait fait passer un bon moment, et c’était le plus important, pour Reilly : faire passer de bons moments aux autres. Bien !
Le lorialet tout réjoui se retourna vers Rita et lui adressa un sourire immense avant de sautiller joyeusement vers elle pour la reprendre dans ses bras. Maintenant, il allait vraiment pouvoir profiter avec elle ! Il lui prit la main et se remit en marche, ravi de pouvoir passer un peu de temps avec elle.

« Merci d’être restée… alors, tu t’amuses bien ? »
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeVen 3 Juil - 15:25

Félicien attendait depuis des semaines le jour où la musique retentirait partout en ville. Il trépignait d'excitation, devenant particulièrement hyperactif et plus insupportable que d'habitude. Heureusement pour toutes les personnes qu'il avait pu croiser ses derniers jours, l'évènement tant attendu arrivait enfin. Le félin allait enfin pouvoir jeter tous ses nerfs et son énergie dans la danse.

Félix tournoyait de partenaire en partenaire au rythme de trompette et de violon endiablée. Il enchaînait les pas, les partenaires. Après une demi-journée passée au Champs de mars, il avait dansé avec une multitude de personne, homme femme enfant, vieillard, dans des gavottes, valse, danse bretonne en file ou flamenco endiablé. La dernière fois qu'il s'était trouvé dans un tel état d'euphorie incontrôlable remontait au carnaval à la Nouvelle Orléans. Dieu qu'il s'était amusé ce jour-là ! A Paris depuis peu, il ne s'était guère intéressé aux grands évènements de la ville. Félicien comptait bien épuiser jusqu'à la dernière goutte de son énergie.

Il trouvait cependant l'ambiance assez prude. Les gens défilaient devant les groupes de musiques, s'arrêtaient pour écouter puis repartait. Il manquait à la fête un grain de folie à tout cela.

Félicien, à cause de la chaleur, avait retroussé les pattes de son pantalon en ourlet, dévoilant ses mollets et en avait de même avec sa chemise, il ressemblait à un vrai gars du bayou. Un vrai petit cajun. Il avait même finit par se débarrasser de ses chaussures, trop encombrante pour gigoter dans tous les sens. Le sol était sal, poussiéreux, mais il appréciait de sentir les vibrations des contrebasses et des tambours directement dans ses pieds. La plante de sespieds était douloureuse, brûlée à force de déraper sur le sol sableux du champ de mars. Mais Félicien n'en tenait guère comte et continuait à rire danser boire avec de parfaits inconnus. Félicien n'était pas sûr, il avait cru reconnaître Rita dans une robe pailleté extrêmement courte et haut perchée sur des escarpins d'une rare hauteur au stand de musique américaine. Il resta pantois un moment puis finit par s'éloigner, par peur de représailles de la jeune femme. S'étant trémoussé sur à peu près tous les stands il avait fini par aller boire un verre accoudé à un tonneau avec un groupe de cat people qui déversait calembours sur tous les convives. Un événement déclencha l'hilarité générale plus que les autres.

« Eh ! Regardez ! Y a l'patron du lost qui se fait poursuivre par une bonne femme ! »

Félicien avait entendu parler maintes fois de l'établissement il chercha des yeux le fameux personnage mais ne vit que rapidement un grand homme brun filant à travers la foule. S'il s'agissait de lui. Il esquissa un sourire mesquin. Depuis quand les loups fuyait-il devant les aristocrates ?

Une fille s'écrasa devant lui, une magnifique chute soldée d'un vol d'escarpins. Cela pouvait paraître étrange, mais Félicien parfois semblait s'obliger à imposer sa bonne humeur aux personnes les plus renfrognées ou ayant le moins envie d'adresser la parole à quelqu'un de joyeux. Un brin de taquinerie mêlée à son entêtement. Un minois rabat-joie réclamait à corps et à cris son aide. Félicien, en bon samaritain et sauveur qu'il se croyait être tendit la main à la jeune fille en robe rouge qui pestait dans la poussière. Il lui adressa un sourire poli.

« Vous dansez ? »

La jeune fille sembla invoquer un tas d'excuses, mais le chat lancé dans son œuvre ne tenu absolument pas compte de son point de vue. Il avait décidé de faire danser cette fille, elle allait swinger comme jamais auparavant !

«  Tes chaussures… ? Tu n'en as pas besoin ! »

Son sourire s'agrandit, l'air de dire: Tes chaussures, mais que tu es bête ! On ne t'a donc rien appris à l'école. Ralala, les jeunes de nos jours. La fille n'eut le temps d'ajouter quelque chose, Félicien l'avait déjà soulevé du sol. Il s'empara de ses escarpins de l'autre main et l'entraîna dans la danse. La jeune fille s'avéra particulièrement récalcitrante, Félicien compris rapidement la rison de son caractère de feu en humant son parfum. Inviter de force une louve à danser n'était pas la chose la plus intelligente à faire. Si aujourd'hui toutes les classes sociales se mélangeaient pour prendre part à la fête alors pourquoi pas les légendaires ? La jeune fille avait de la force  et se mit à appeler à l'aide une flopée de nom, si bien que Félicien se demanda si elle allait faire tout son carnet d'adresse. Heureusement pour lui la musique était très forte, et le chanteur s'égosillait en « roxaaaaaane ». Un peu vexé par sa réaction, le chat lui dit d'un ton on peut plus sérieux :

« Nous sommes là pour nous amuser jeune fille. Je refuse de voir ton minois rabat-joie une seconde de plus, dit-il sur un ton catégorique. C'est une offense en ce jour sacré ! »

Il fit la moue, comme-ci la fête de la musique était sa fête d'anniversaire et que cette jeune fille était cet invité qui s'entêtait à bouder et gâcher la fête. Il avait dû danser avec plus d'une vingtaine de personnes, mais aucune ne lui avait opposé une résistance pareille. Personne ne l'avait autant. Heureusement personne ne semblait trop entendre les noms. Alors que la jeune fille tentait de fuir en s'écartant, Félicien la ramenait vers lui en tirant sur sa main et la faisait tourner sur elle-même. Sa partenaire lui donnait du fil à retordre, mais il arrivait toujours à transformer ses tentatives désespérées de fuite en pas de danse inédits voir acrobatiques pour certains.  Si bien que les badauds avaient fini par remarquer ce couple de danseur, et ceux qui s'étaient arrêtés poussait des « ooooh » et des « aaaaaaaah » lorsque Félicien faisait valser sa compagne en l'air, ou que cette dernière se mouvait avec une souplesse incontrôlée. Heureusement pour le chat, les cris désespérés de sa partenaire était couvert de la musique et la voix du chanteur chantant à tue-tête des « Roxaaaaaaaane »

« Tout le monde nous regarde. » souffla-t-il

Comme par magie la jeune fille se calma instantanément et devint plus muette qu'une tombe. Félicien soupira, cette fille était complètement hystérique. Ou lunatique. Le chat fut surpris de son mutisme, mais s'en accommoda très bien au final. Le groupe fut remplacé par un guitariste des plus concentrés, son nez était presque collé au manche de sa guitare.



Le chat inspiré par la musique changea le rythme de ses pas, en entamant un tango. Une danse très peu connue en Europe. Celle-ci s'accordait bien avec sa partenaire, qui avait une sacré poigne ! Félicien l'admettait, la force était puissante en elle. Têtu, il ne la laissa pas filer, bien décidé à comprendre.

« Je t'emmène pas à l'abattoir quand même ? Pourquoi es-tu venu ici si ce n'est pas pour profiter de la musique ? »

Il la regarda d'abord avec un regard lourd de sens puis il afficha une mine désolée. Non pas parce qu'il se démenait à faire danser sa compagne rebelle, mais parce qu'il s'attristait profondément que quelqu'un soit aussi hermétique aux joies de la musique et de la danse.
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeVen 3 Juil - 18:22

Une fête pour la musique ?

En voilà une bien étrange idée. D'habitude, les fêtes servaient à souligner un événement notoire dans l'histoire de notre cher pays, ou encore un personnage important. Qui fêter pour la musique ? Les musiciens talentueux étaient nombreux, qu'il soit question de Paris ou d'ailleurs. Et tous de styles variés. Vraiment, c'était une idée étrange. Et pourtant, cette idée me faisait sourire. Mieux encore, cela me rendait rêveuse. La musique était quelque chose de doux et de léger. Je désirais en apprendre plus à ce sujet. Et qui ne pensait pas aussitôt a dansé et festivités ? Hélas, pour l'heure, seuls les bruits lointains de la fête pouvaient m'atteindre, depuis le fiacre familial dont j'étais prisonnière en compagnie du garde du corps de la journée. Qui semblait avoir deviné mes désirs les plus profonds à mon regard qui ne voulait pas se détourner de la fenêtre. Ou peut-être à mon visage tordu de douleur.

« Mademoiselle, votre père a été très clair. »

Oui, je sais bien, inutile de me rafraîchir la mémoire. Ma dernière escapade m'avait coûté ma liberté pour un temps. Alors je devais rester accompagnée et tranquille. Barbant à en mourir, tout cela. Le programme de la journée n'était guère mieux. Prendre une tasse de thé en compagnie d'un prétendant quelconque choisi par père. Je ne me donnais pas l'effort de retenir les prénoms. Il était encore un peu trop tôt à mon avis pour penser à l'amour, et encore moins si c'était pour qu'on me le retire.

« Oh, je vous en prie, Claude, laissez-moi aller voir de plus près, rien que quelques minutes ! C'est une occasion unique... »

« Seulement si je vous accompagne. »

Je soupesai le pour et le contre avant d'acquiescer avec un soupir. Nous ne passerions pas inaperçus, mais il ne devrait pas être trop difficile de le semer parmi l'agitation. Comment profiter de tout autrement ? Il n'était pas approprié pour une dame de la haute société de danser sur la place publique. Surtout que la musique que l'on pouvait entendre venir du Champs de Mars avait, pour la plupart du temps, tout sauf des airs de classique. Quelques secondes suffirent pour que des instructions soient données au cocher et je pouvais enfin respirer un peu sans avoir à réfléchir sur la façon de me sortir de cette situation épineuse devant laquelle on me posait. Quoique. La chaleur était encore plus suffocante que tout à l'heure. Claude me tendit une ombrelle. Il avait pensé à tout décidément. Probablement à la possibilité que je tente de lui filer entre les doigts aussi. Il faudrait que mon plan soit de toute beauté alors.

En nous dirigeant entre quelques-uns des stands installés ça et là, un visage familier me tomba dans le coin de l'œil. Mortimer ! Je lui adressai un signe de tête en seule politesse, si seulement il m'avait aperçue également. Décidément c'était bien ma chance. Voilà une autre personne à éviter, sans quoi il me remettrait sans doute bien gentiment - façon de parler - à ma place. Mais la chance semblait être de mon côté. Les agitations ne se limitaient pas à la foule qui dansait allègrement, mais aussi de personnes aux mœurs étranges et de bagarre. Devant ce spectacle, sans surprise, l'événement n'était déjà plus jugé acceptable même pour les quelques minutes que j'avais négocié. Mais trop pressé à me préparer le passage, ce cher gardien ne remarqua pas tout de suite que je lui avais faussé compagnie.

« Aliiiiice ! Où est passée cette foutue gamine ... »

Mais il n'était pas question de rester dans les alentours pour entendre ces lamentations viriles ou encore pour se faire mettre la main au collet de sitôt. Qu'il voit ça avec les flics s'il y tenait, il n'y avait pas mort d'homme à ce que je sache, j'étais assez grande pour me débrouiller dans un endroit bondé ! Non, au lieu de cela, je me rapprochai de la scène pour admirer de plus près les musiciens. Comment faisaient-ils pour produire de telles notes ? C'était franchement toujours aussi magique à mes yeux. Je n'avais pas encore osé explorer en profondeur mon rêve, puisque j'avais d'abord à me faire pardonner mes écarts de conduite. Ce serait pour une autre fois. En attendant, j'allai m'acheter un verre de limonade fraîche. Des regards à gauche et à droite faisaient pétiller mon regard, tant de gens qui répondaient précisément à ce qu'on m'interdisait de fréquenter. Ce pauvre Claude n'en reviendrait pas, lorsqu'il me mettrait la main dessus. En attendant cela m'amusait bien de l'imaginer courir à gauche et à droite. Enfin à moins qu'il tente de sauver les apparences en rester calme. C'était un peu comme un champs de bataille. Approprié pour le champs de Mars non ? Mais pourtant, cela restait beau. Alors peut-être que l'on pourrait appeler cela ... La guerre des étoiles. Voilà qui n'était pas trop mal ! Je me pris à rire de cette idée saugrenue. Encore heureux que mes lèvres ce soient écartées de la paille. L'image fut suffisante pour me rendre plus hilare encore. Puisque je devais être folle, autant l'être jusqu'au bout ! De toute façon, mes éclats de rire devaient s'être perdus à travers les notes de jazz de la prochaine mélodie.



Aaah ... Si seulement elle avait su que si près se tenait son musicien préféré. Elle aurait trouvé mieux à faire que rester plantée là. Quant à trouver un professeur potentiel, c'était une autre paire de manche.
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeVen 3 Juil - 19:30

Aldrick fit la grimace, ne sachant ce qui l’inquiétait le plus entre le rapprochement si prononcé d'Andréa et d'Éléna, ou l'aspect global actuel de son équipe. Le brun les avisa de pied en cap. S'il était habitué aux tenues les plus extravagantes de la part de son second, il ne les cautionnait pas toutes pour autant. Un sourcil arqué, il ne put s'empêcher de plaindre intérieurement les collègues que le roux était parvenu à entrainer dans le sillage de son délire.

- Tu sais Billy, je vais finir par croire, qu'il y a quelque chose en toi qui ne tourne pas rond. J'ai vraiment du mal à croire que... Il désigna le roux par un mouvement des bras plutôt ample, ...Ça, c'est vraiment toi. Il laissa ses bras tomber le long de son corps en signe de reddition.
- Qu-quoi ? Mais non ! Puis quel rapport avec le reste ?
- Aucun.
- Alors pourquoi on est encore là à discuter ?
Aldrick ouvrit la bouche, la referma en levant son index vers le roux puis déclara finalement :
- Okay, un point pour toi, on verra ça plus tard.

Billy eut un air satisfait contrairement au reste de la troupe. Scindant la foule sur leur passage, les policiers arrivèrent enfin sur les lieux -déjà partiellement désertés- de la bagarre. Un homme aidait un autre à se relever, tandis qu'en procédant comme à l'accoutumée pour signaler sa présence, les forces de l'ordre ne récoltèrent qu'éclats de rire et sourires entendus. Les regards convergèrent vers Billy tandis qu'avec un aplomb sans faille, ce dernier parvint à se procurer en un temps record les grandes lignes de la dispute. Deux jeunes femmes plutôt séduisantes ayant trouvé judicieux d'encercler le concerné par jeu, pour tout mieux lui expliquer en détail.

- Tu fais une drôle de tête Allan, tout va bien ?
- Je réfléchissais à la légitimité du meurtre dans certains cas... Souffla-t-il en détaillant avec envie les demoiselles.
- Venez par-là monsieur. Reprit Axel en asseyant l'homme au visage empli de verre. On vous a pas loupé dis donc.
- Si je tenais ce ‡ېతØ¥۩Җ₮₪ꜞ⃰‼ de pirate !
- Ah je la connaissais pas celle-ci. Souffla Sabrina avec un sourire amusé, faisant ainsi sursauter son frère.
- Comment ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? S'étonna le lycanthrope.
- C'est toi qui es parti sans rien dire ! Bouda-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
Le concerné ne répondit rien, surprit lorsque Éléna souligna :
- Oh Axel n'est pas en vahiné, lui ?
Ses iris d'or détaillèrent le médecin et un soupir de soulagement léger s'échappa de ses lèvres lorsqu'il remarqua enfin que, pour toute parure, le docteur avait hérité d'un collier de fleurs sur son uniforme habituel. Le lycanthrope s’apprêtait à répondre quand le médecin lui fit signe de venir. Il n'avait pas deux pas que déjà les esprits s'échauffaient de plus belle :
- C'est l'autre là qui a commencé avec son godet qu'il m'a renversé ! Vous fichiez quoi à ce moment-là, hein ? Jamais là ! Comme toujours !
Le brun senti l'indignation le gagner, mais Jean reprit avec un calme qui tranchait si violemment avec sa tenue, que la scène paraissait irréaliste :
- Vous avez voulu répliquer alors ? C'est là qu'il vous a cassé le doigt ?
- Normal ! Vous vous seriez laissé faire vous ? Si j'le retrouve, je lui fais bouffer une bannière !
- Il n’avait pas l'air commode quand même votre assaillant. C'était un homme difficile à battre ?
- Je lui aurais expliqué ma façon de penser s’il ne s’était pas servi de cette gamine-là, avec ses cheveux mauves.
- Ils étaient violets.
- Non mauves.
- Violet, parce qu'on aurait dit une reine. Souffla son comparse admiratif
- Wooh ! C'est quoi ton problème ? Fit le gaillard en frappant du poing sur la table. Tu vois pas qu'il lui a mis du sang sur le visage, l'autre là ! Tu veux que je te remette à ta place ?
- Tu dis ça, mais t'as du sang et de la boue sur le visage aussi !
- Mais je vais te secouer toi !
L'assistance sentit venir une seconde bagarre, pourtant contre toutes attentes, on entendit au fond de la pièce le pianiste s'écrier comme s'il venait d'avoir une illumination, frappant le bord de son instrument, avant de lever les bras et donner le rythme. Un rythme que Billy fut le premier à reproduire et qui pourtant sembla se propager dans l'assistance, comme une trainée de poudre :  



Quand la dernière note s'acheva, Aldrick avait une idée bien trop précise des troubles fêtes pour que cela soit une coïncidence.
- Personne ne les as vu partir ?
- Si moi ! Ils ont filé en direction de la tour Eiffel ! Indiqua une charmante demoiselle en se rapprochant plus qu'il n'était nécessaire de Jean, pour lui faire part de tout, absolument tout, ce qu'elle avait vu, dans les moindres détails. Peut-être même plus si affinités.
- C'est à l'opposé... Soupira le brun.
- Allez-y commissaire, on s'occupera de ceux-là.
- Merci.
La demoiselle, se déhancha un peu plus auprès de Jean, glissant avec la voix la plus suave de son répertoire :
-  Moi c'est Aurore ~ Et toi beau gosse ? Je suis certaine que tu sais faire des choses incroyables… Peut-être même qu’on pourrait toucher les étoiles, ou voler vers lune, toi et moi.  Ou tu pourrais la décrocher pour moi ? ~
Jean  afficha une mine interloquée, n'ayant pas supposé que sa carrure à elle seule puisse contenter la gente féminine alors qu'il était en service ; mais la belle insista tant qu'il finit par céder. Ce simple constat arracha une grimaçe encore plus prononcée à Allan.
Les filles en sortant tapèrent encore dans leurs mains en chantonnant, Sabrina trouvant judicieux -et indispensable manifestement de spécifier- pour les présents :
- J'adore cette musique ! Vivement qu'on puisse la rejouer à la maison !
- Je ne sais pas si mère va apprécier...
Mais derrière eux la voix de Billy reprit, en agitant une jupette :
- Chef ! Vous avez oublié de mettre votre tenue !
Aldrick déglutit avec difficulté avant de presser les plus jeunes vers la dame de fer.
- Ne restons pas là.
- Je veux te voir avec, Aly !
- Y'en a aussi pour vous les jeunes !
- Euh...
- Courage !
- Peut-être que..
- Courage... Fuyons !
- COUREZ !

Le petit groupe ne se le fit pas dire deux fois et tous s'élancèrent dans un grand éclat de rire. Quand ils furent certains d'être hors de portée, ils ralentirent l'allure et continuèrent plus tranquillement, profitant des mélopées qui s'élevaient ci et là. Des glaces leur firent de l’œil et disparurent si rapidement, qu'elles furent dévorées sans avoir véritablement eu le temps de fondre. Le délice fut tel qu'ils en oublièrent la raison même de leur entreprise, et ne réalisèrent même pas que l’atmosphère s’était rafraichie, en même temps que l’obscurité naissait. Vaguement il sembla au commissaire qu'il avait entendu la voix de son supérieur avant que celle d'une petite fille ne réclame de monter sur ses épaules. Il ne peut vérifier cependant car la benjamine le tira par le bras.

- Regarde Aly ! Il y a pleins d'instruments là-bas.
- Vous pouvez les utiliser.
- Vraiment ? Super !
- Tu nous joues un air à la harpe Sabrina ?
La blonde vira carmin.
- Que… Euh non, je… La prochaine fois.
Cela ne l’empêcha aucunement d’être la première du groupe sous la voute qu’offrait la Dame de fer, levant les yeux au point d’en perdre presque l’équilibre, la belle sourit en pointant du doigt le ciel, entre deux barres métalliques.
- Là ! L’étoile du berger.
Les doigts d’Eléna se glissèrent tout contre la paume d’Andréa, tandis que celle-ci fixait le ciel, le rouge aux joues, avec un sourire embarrassé.
- Les lumières s’allument partout, c’est beau...


Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Sam 4 Juil - 11:16, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeVen 3 Juil - 19:36

Dès la seconde où le fumet particulier d'Ashton Lyn caressa la truffe du loup blanc, ce dernier su qu'il en aurait pour son grade. Il avait comme dans l'idée que son affrontement, pourtant victorieux, avec le comtesse Brown n'était pas passé tout à fait inaperçu. Cela ne le gênait pas vraiment, sauf dans la mesure où l'unique personne l'ayant remarqué était un chien démoniaque un poil – le mot était juste – taquin. Edward ne bougea pas, espérant secrètement qu'une sublime fleur des îles passerait par là pour dévier le cabot de son idée première. Hélas, sa voix suave gagna les oreilles du patron du cabaret, qui soupira :

« Ce n'était ni des avances, ni une femme. Du moins je l'espère, sinon c'est inquiétant… »

Il fronça les sourcils, essayant de se remémorer si, lors de son séjour en Angleterre, les londoniennes s'étaient déjà montrées aussi déterminées à la besogne, et surtout, si toutes savaient effectuer de telles souplesses arrières sans prendre le risque de tâcher leur robes. Il n'eut pas le temps de trouver sa réponse, la conversation dérivant sur son neveu. Avec espoir, Edward jeta un bref coup d'œil à la foule, mais mis à part un trop plein de froufrous, un petit garçon dont le doigt n'avait rien à faire si près du nez et un chat fasciné par son ombre – signe affligeant de sa piètre intelligence –, rien de notable ne put retenir son attention. Cela donna lieu à une réponse très vague, réponse qui précéda de peu un mouvement de recul conséquent du loup.

Edward porta rapidement une main à son visage pour se garder de l'odeur pestilentielle dégagée par la bouche jaunie du parasite qui venait de s'accrocher à son interlocuteur. Une grimace marqua ses traits lorsque ses réflexes décelèrent, derrière le relent d'une piquette bon marché, le mélange interdit du divin caramel et des méphistophélétiques épinards. Un blasphème ! Un sacrilège ! Méritant sinon la prison, au moins le bagne à perpétuité. Oui, car dans sa grande bonté… Il lui laisserait la vie.  
Le regard ahuri, Edward observa l'homme complimenter son établissement sans entendre le moindre mot qui sortait de sa bouche. La forme de rejet total, que le loup avait mis en place contre cet impie, transformant chaque son en des braiments stupides. Le ton très ironique d'Ashton le tira à peine de l'horreur, juste assez cependant pour qu'il détache le manant des épaules du jeune homme.

L'imbibé gentleman tituba avec le peu de grâce que son esprit troublé lui laissait. Un merci sec de la part du loup, qui tourna les talons, et l'homme s'agita soudainement. Écartant grand ses bras, il se mit à hurler :

« Moi 'ssi j'suis un artiste ! R'gardez M'sieur White ! V'p'vez m'emb… M'embaucher ! 'Ga'dez, 'ga'dez ! Hé toi là ! 'Vec ton chien qu'chante, joue un air à bibi ! »

Point de chien chantant, mais une cornemuse, dont le possesseur trouva très drôle d'en extraire un rythme endiablé. Sous les yeux ébahis des passants, le buveur remonta fermement son pantalon, laissant apparaître deux chaussettes dépareillées, avant de se lancer dans une danse qu'Edward ne verrait, heureusement, qu'une seule fois dans son existence. Une cacophonie totale qui donnait davantage l'impression que le danseur confondait ses bras avec ses jambes, plutôt que de supposer qu'il enchaînait des pas logiques. La foule l'encourageait pourtant, poussant des « Ooooooh » lorsque le malheureux manquait de peu de tomber, frappant des mains et des pieds sous le regard dépité d'Edward qui tenta :

« Écoutez c'est gentil mais je ne cherche aucun…
'Ttendez ! 'Ttendez ! L'finaaal ! »

Il se dressa, les deux bras levés vers le ciel, préparant son ultime pas sous l'air suspendu de la cornemuse. Il inspira profondément, la figure rouge de concentration – ou de vin c'était à débattre –, avant de s'élancer brillamment dans un sauté lyrique. Pour s'écraser, face contre terre, la seconde qui suivit. Un rauque et puissant ronflement s'éleva sous les applaudissements hilares. Edward soupira, abandonnant :

« Merveilleux… Un spectacle sans nul autre pareil c'est certain. Ne laissons pas là ce malheureux, nous ne sommes pas encore à l'époque du vin chaud. »

Le dormeur fut installé à l'ombre, et le sonneur promit de le surveiller et de lui donner à boire la plus pure des eaux dès qu'il se réveillerait.
Ce contre temps offrit au moins à Edward, une piste sur l'endroit où il pourrait retrouver son neveu. Le ramenant aux bons souvenirs du poste qu'il était censé occuper, un membre du personnel de la comtesse traversa la cours à bicyclette, annonçant à plein poumon :

« Grand bal ce soir ! Rendez-vous à la Tour Eiffel à la tombée de la nuit ! Le pianiste serbe mondialement connu Wewill Röckyou ouvrira la danse ! »

[…]

Les lanternes du bal s'allumaient tout juste lorsqu'Edward retrouva la trace de son neveu. Il en resta pourtant éloigné, se faisant discret dès l'instant où il remarqua qu'Aldrick et ses sœurs l'accompagnaient. Impossible pour un oncle aussi protecteur que lui de ne pas surprendre le rapprochement qui s'opérait avec la pétillante Éléna, dont un geste fit rougir copieusement le louveteau. Il n'était pas temps de les déranger, d'autant que le bal courait à la catastrophe.

Resté en retrait de l'estrade des artistes, le loup blanc observait, non sans compassion, l’anéantissement pur et simple du pauvre Wewill par la comtesse Brown et son impitoyable jeu d'actrice :

« No ! Ce n'est pas grave Mr Röckyou, nous ne pourrons pas admirer vos talents this night… Le bal sera seulement annulé. Le big final n'aura jamais lieu… Tout ce travail pour nothing !
Je suis désolé Comtesse je…
Ne soyez pas désolé ! Je ne vous pensais pas si naïf… J'aurais dû vous avertir que les petits parisiens sont de véritables démons. C'est entièrement ma faute. Ah ! Allez-y dites le, je suis stupid !
M… Mais non ! Je suis le seul fautif !
Regardez tous ces gens venus just for you. Oh God ! Il faudra leur dire qu'ils ne danseront pas ce soir. Ni jamais. Ils vont être si tristes !
Je… Je peux essayer ! J'ai encore mes deux pouces, regardez !
Damned… Je devrais leur annoncer moi ! Ce malheur. Alors que tout est prêt… Mon cœur ! My heart ! »

L'aristocrate mima le malaise, rattrapée de justesse par ses amies qui ajoutèrent une couche, assurant que cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Le malheureux pianiste agitait ses mains blanches de bandages à l'exception de ses deux pouces, noyant la Comtesse sous des excuses qui n'avaient pas lieu d'être. Edward se demanda vaguement si Dominik serait d'accord pour le jouer à sa place, jusqu'à ce qu'une voix connue ne le tire de ses pensées :

« Tu pourrais le remplacer. »

Edward se retourna, surpris de se retrouver nez à nez avec Andréa que le vent ne lui avait pas annoncé. Il jeta un rapide coup d'œil vers Aldrick, occupé ailleurs, avant de reporter son attention sur son neveu. Ses joues encore roses firent sourire Edward, qui secoua la tête :

« Moi ? Remplacer un pianiste mondialement connu ? Je doute.
Pourquoi pas ? Ce serait une bonne promotion pour le cabaret.
…Je déteste quand tu es lucide comme ça. »

Le sourire d'Andréa s'élargit de plus belle, une auréole d'innocence s'affichant, presque palpable, au-dessus de sa tête. Le silence tomba entre les deux loups qui fixaient l'infortuné Wewill en proie à une panique grandissante. Edward croisa les bras, abandonnant sèchement :

« Non.
Oh…
Sauf si tu invites Éléna à danser.
Q… Quoi ?! S'étrangla le louveteau. Mais je danse mal, elle ne voudra plus jamais m'approcher quand je lui aurais massacré les pieds !
Tu as beaucoup progressé depuis le Bal des Folles. Tu as voulu apprendre pour ça non ? Pour des moments comme celui là.
Mais je… »

L'aîné posa sur son neveu, un regard amusé. Le jeune loup tourna la tête dans la direction d'Éléna, s'empourprant sans raison avant de souffler :

« D'accord. »

À peine surpris, Edward décoiffa doucement Andréa, puis gagna l'estrade. Il posa une main rassurante sur l'épaule du musicien blessé, mais n'ouvrit pas la bouche. Calmement, il s'installa devant le piano sous les regards perplexes des organisatrices. Il y eut des questions, auxquelles il ne répondit pas, s'attachant seulement à l'instrument qui lui faisait face.
Peu savaient qu'il jouait à l'exception de quelques-uns de ses employés au sommeil rare. Mais ce soir, exceptionnellement, ses notes seraient pour Andréa et Éléna.

Ses mains à la puissance pourtant dévastatrice caressèrent doucement quelques touches. Il testa la game, s'assurant en même temps de l'attention grandissante du public que le son soudain avait apaisé. Il releva la tête, observant la piste de danse encore dégagée, jusqu'à ce que le petit duo d'Éléna et d'Andréa ne s'y dessine.

Alors, la musique prit vie sous ses doigts d'assassin.





Et tu danses, danses, danses !




Quelle participation ! Un grand bravo à tout le monde, vous avez admirablement bien joué le jeu en fournissant des postes exquis et des musiques originales qui nous ont ravis les oreilles.

On compte sur vous pour la seconde manche, un peu plus courte mais au cours de laquelle vous pouvez toujours poster autant de fois que vous le souhaitez, sans ordre particulier ! Elle ouverte à tous, retardataires ou non /o/


  • La nuit est tombée sur vos aventures et le personnel organisateur est passé un peu partout sur le Champs de Mars pour inviter les présents à rejoindre la Tour Eiffel où un grand bal est organisé. N'hésitez pas à nous démontrer votre déhanché sur la piste, ou à vous trouver cavalière ou cavalier qui ne vous écrasera pas trop les pieds.

  • On reste dans le domaine musical pour cette seconde manche, mais les règles changent un peu. Cette fois-ci, pas question de faire deviner un titre, on privilégie les découvertes et on corse un peu le tout !

  • Pour chaque poste, vous êtes invités à poster une vidéo dont le titre contient un des mots de l'intitulé de la chanson postée par le rôliste précédent. Si l'on prend en exemple ce poste ci, le titre de la chanson est « Démons », donc la chanson suivante devra compter ce mot dans son titre. Il est aussi possible que vous tombiez sur un mot déjà utilisé durant la manche, auquel cas il vous faudra trouver une autre chanson que celle employée par l'autre rôlise !

  • On évite de prendre déterminants et pronoms personnels de l'intitulé, ce serait trop facile ! Et on évite également de poster des titres impossibles à la « Supercalifragilisticexpialidocious ». Essayez de toujours vérifier que vous ne bloquez pas le rôliste suivant lorsque vous faites votre choix.

  • Musique connue, ou inconnue, peut importe pour cette manche ! Le tout est de vous faire plaisir. Vous pouvez bien sûr laisser les paroles, cela ne gênera pas. La traduction est toujours autorisée, bien sûr, de même que les jeux de mots ou de sonorité tel que « Démon » qui pourra devenir « Des monts », et la conjugaison des verbes « Donnons » pourra être réutilisé en devenant « Donne ».

  • Essayez de ne pas reprendre les musiques déjà entendues sur la première manche, dont voici la liste. Sauf si vous êtes réellement coincés, mais on ne doute pas de votre adresse à vous tirer de n'importe quelle situation !

    Titres de la manche précédente:

  • Au cas où, je remets le petit explicatif pour faciliter l'insertion des vidéos YouTube en spoiler. Les dimensions sont libres cette fois !

    Insérer une vidéo YouTube:


Vous posterez à la suite ce message, sans ordre particulier et vous avez jusqu'au dimanche 12 juillet pour participer à cette dernière manche !

Comme toujours, n'hésitez pas à contacter le staff s'il reste une zone d'ombre, on vous répondra au plus vite !

L'un contre l'autre… Musique  !



Dernière édition par Edward White le Ven 16 Oct - 14:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeVen 3 Juil - 21:26

Le brouhaha s'estompa progressivement et Élena, troublée d'être invitée, souriait timidement. Pourtant malgré le rouge à ses joues, que la fraicheur de la nuit tombante ne parvenait pas à atténuer, la belle n'aurait échangé sa place pour rien au monde. Sa main dans celle du violoniste, pour une danse, lui paraissait être un miracle dont elle n'avait même pas osé rêver. Les premières notes s'élevèrent, et un frisson la gagna. Ce pianiste ne livrait pas que la mélodie. Il y avait une part de son âme qu'il partageait là. Son corps tout entier sembla prit d'émoi, et la brunette se laissa guider avec plaisir, découvrant avec joie un danseur appliqué en la personne d'Andréa Eyssard.

Le jeune homme, au moins aussi embarrassé qu'elle, semblait concentré pour faire au mieux, et cette simple attention, la faisait fondre tout autant que ce sourire singulier, qu'il semblait n'adresser qu'à elle.
Ils furent pourtant rapidement rejoints par les plus hardis, danseurs amateurs ou professionnels, les quelques présents sur les lieux n'étaient pas si nombreux, mais la musique qui s'élevait attirait autant qu'elle pouvait fasciner.

Sur le côté, Sabrina et Aldrick, s'étonnaient de l'aisance d'Andréa.
- Tu crois qu'Éléna m'en voudra si je lui emprunte son cavalier pour la prochaine danse ?
Mais le lycanthrope ne répondit pas, ses iris d'or fixés sur le pianiste, la bouche entrouverte, il paraissait figé, telle une statue d'un autre temps, entre agréable surprise et déroutement.
- Oh c'est Monsieur White qui joue finalement ? La demoiselle ferma les yeux. C'est magnifique. Elle laissa un silence, bref, succinct, comme un appel et reprit en surveillant sa réaction : Tu ne trouves pas ?
Le brun se mordit la lèvre, hésita longtemps, puis son regard nostalgique se fit plus doux et il avoua tout bas sans parvenir à masquer l'admiration qui éclatait dans sa voix :
- Si...
D'autres notes guidèrent les danseurs, et un coup d’œil rapide au sourire de ses sœurs l'invita à les imiter, ajoutant malgré lui en reportant son attention sur le loup blanc :
- ... Et le mot est faible.
Sabrina afficha un air surpris avant de sourire, heureuse. Cet état ne fit qu'empirer quand une demoiselle aux multiples tâches de rousseur, lui tendit la main, formant déjà une sorte de cercle avec ses frères, elle l'invita dans la ronde. Sans réfléchir, des éclats de rire plein la voix, Sabrina accepta et tenta même d'embrigader son frère. Mais le cercle s'élargissait d'un nouvel arrivant qui saisit promptement la main tendue de la blonde, avant que les sept présents ne s'éloignent.
Le commissaire eut un sourire, fermant les yeux pour apprécier la musique. Il revoyait les paysages de la Transylvanie dont il aurait pu garnir des tableaux entiers si le dessin avait fait partie de ses qualités, la maison de son enfance, son père prenant par la main sa mère radieuse, la danse qui suivit, le rire de son aîné, sa voix, la chaleur de ses mains, le regard heureux qu'ils échangèrent tous deux avant de l'appeler, et l'odeur du chocolat qu'on lui tendait, sa saveur. Un goût de bonheur. Quand la dernière note fit disparaitre le caléidoscope de ses souvenirs, Aldrick était près du piano blanc, applaudissant lentement mais sincèrement, sans moquerie aucune. Brimé intérieurement que cela prenne fin si vite, mais trop fier pour l'admettre, il abandonna simplement, en fixant Edward dans les yeux :

- Tu devrais jouer plus souvent.

Pour la première fois depuis une éternité, il posa sur lui un regard parfaitement neutre. Un regard sans haine. Pour la première fois, Aldrick fut capable de le voir non pas comme un démon assassin, mais comme un homologue. Un homologue qui avait payé ses erreurs passées. Un homologue à part entière, et pas des moindres. Edward White. Un être différent. Différent du Vyresh qu'il avait connu. Cette fois, il en était sûr : Eduard Wolkoff pourrait dans le futur n'être plus évoqué au passé que comme quelqu'un d'imparfait.

- Cet air... C'était... Pour eux, non ? Glissa-t-il, tout en tâchant de faire le tri dans ses pensées, jetant un bref coup d’œil aux plus jeunes, encore proches. Peut-être étaient-ils l'avenir après tout ?

Un sourire étira les lèvres du lycanthrope. Un sourire qu'il n'aurait jamais arboré avant devant le bigarré jusqu'alors. Un sourire reconnaissant.
Plus loin, une nouvelle mélodie s'éleva, plus joyeuse, faisant tourner tous les regards vers les artistes, alors que sous l'armature métallique, la foule se faisait plus compacte déjà, laissant place à davantage de fantaisie dans la chorégraphie des corps.



Sabrina quant à elle, avait trouvé un cavalier, plus âgé, mais dont l'assurance allait de pair avec la technique. Alors, même sans connaitre un seul pas, elle se retrouva bientôt les mains jointes, collée à un bel adonis, puis éloignée, avant qu'il ne la fasse tourner, d'un côté, puis de l'autre. Sans se défaire de son sourire, il récupéra sa main qu'il captura dans la sienne, leva les leurs au ciel, dans l'espoir fou de toucher les étoiles, et d'un geste lancinant en attira une vers lui, l'autre vers elle, et les fit se croiser au-dessus de leurs têtes. Le blond retint la droite, qui glissa sur l'épaule de la demoiselle, pour finalement la faire tourner. Un rire clair envahit alors l'espace, et Sabrina n'en fut que plus heureuse d'avoir soutenu ce regard bleuté ensorcelant.

Il y avait fort à parier qu'il lui ferait encore tourner bien davantage la tête d'ailleurs, si la musique poursuivait dans ce style. Du moins, si le groupe de vahinés qui venait d’arriver ne réclamait pas un tout autre genre…


Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Sam 11 Juil - 23:42, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeVen 3 Juil - 23:44

Ashton pouvait se targuer d'être quelqu'un de résistant, que ce soit aux insultes, aux coups ou … aux odeurs. Toutefois, le charmant gentleman qui enlaçait ses épaules émanait d'un tel parfum que même le chien noir eut du mal à retenir un haut le cœur. Les senteurs de nourritures et breuvages divers se mêlaient en un cocktail tout bonnement rebutant. Le canidé fronça plus encore le nez et fut infiniment reconnaissant à Edward lorsque celui-ci le débarrassa du curieux personnage auquel ils faisaient face. La suite de la scène vit le jeune homme se mordre la lèvre pour s'empêcher de rire. Car quoi de mieux qu'une danse sur fond de cornemuse pour égayer une fin de journée ? Lorsque l'ivrogne dévoila ses chaussettes colorées, c'en fut trop pour lui, et son hilarité s'échappa de ses lèvres en longs éclats de rire, qu'il tenta tant bien que mal de dissimuler derrière le revers de sa main. Les tremblements significatifs qui agitaient ses épaules ne trompèrent cependant personne, mis à part le pauvre bougre qui se souviendrait de cette soirée comme un douloureux flou d'humiliation publique. Pour l'heure, l'homme semblait s'amuser... Plus qu'Edward, en tout cas, dont l'expression dépitée fit rire Ashton de plus belle. Il essuya son œil droit, dont une larme de liesse menaçait de couler, puis entreprit de mordre doucement son pouce pour ne pas laisser place à la l'euphorie grandissante qui risquait d'exploser à tout instant.

Tous ses efforts se trouvèrent cependant anéantis par la cascade finale de l'artiste en herbe, qui tenait plus de la chute pathétique que de la figure spectaculaire. D'un autre côté, Ashton avait passé des années auprès des marins, des bêtises d'hommes trop ivres pour penser, il en avait vu des pires. Ce qui était vraiment drôle, en revanche, c'était la mine déconfite de son compagnon, qui semblait ô combien satisfait de la prestation de l'apprenti danseur. Alors le canidé éclata franchement de rire, rire qui s'éleva sur la place et qui ne fit que s'accentuer lorsqu'Edward jugea la prestation de haute volée que le pochtron lui avait offerte.

« Avoue qu'il avait … une patte, dans sa manière de danser. », lâcha-t-il une fois son calme plus ou moins revenu.

Il s'avança ensuite vers le pauvre homme qui, il en était certain, regretterait d'autant plus son passage à la buvette qu'il venait sans doute de perdre son droit d'entrer dans le Lost Paradise. Il aida à le porter à l'ombre, un sourire amusé aux lèvres, se moquant gentiment de lui auprès de ceux qui veillerait sur lui et demandant même s'il pouvait lui transmettre ses félicitations pour le spectacle formidable qu'il lui avait offert. Puis on annonça un bal, et Ashton ne sut trop comment le prendre. D'un côté, il aimait fort voir de larges foules et s'adonner au plaisir de la rencontre d'autrui, de l'autre... les danses françaises étaient terriblement ennuyeuses, si vous lui demandiez son avis. Il afficha toutefois un sourire charmeur, certain que de nouveaux éléments allaient advenir ce soir et, surtout, qu'il allait adorer ça. Ce fut donc d'un pas ravi qu'il accompagna Edward jusqu'à l'édifice où se tenait ce fameux événement.


Lorsqu'Ashton reconnut le doux visage de la comtesse Brown, dont le caractère semblait en effet bien éloigné de celui d'une femme délicate, il adressa d'abord un sourire malicieux à Edward. La course-poursuite de la fin d'après-midi avait fini par rattraper son acolyte, il semblerait. Puis la voix nasillarde retentit, et il comprit. La scène qui se jouait devant ses yeux surpris ne manqua pas de faire tiquer le jeune homme, qui n'appréciait que très moyennement le comportement de la dame face au pauvre pianiste, d'autant plus que ce dernier n'avait pas besoin de cela pour dire qu'il passait une mauvaise soirée. Il haussa un sourcil hautement sceptique et adressa un regard neutre à son compagnon avant d'aller prendre place. Il ne fit pas attention à la conversation qui se jouait à côté de lui, ne relevant de celle-ci qu'une seule chose. Et les mots qui parvinrent délicatement à ses tympans le réjouirent absolument. Son sourire revint immédiatement à son visage, ravi qu'il était de voir le jeune homme monter sur scène et, plus encore, jouer. Enfin. Il sourit encore davantage en entendant les premières notes, la mélodie plaisante à ses oreilles, et alla même jusqu'à proposer une danse à la première voisine qu'il trouva, une parfaite inconnue dont il ne se souviendrait jamais. Évidemment, il s'agissait tout de même là d'Ashton, et il ne demanda rien de plus qu'une valse. Si les français trouvaient encore à ce jour ce doux ballet provocateur, celui-ci lui semblait encore bien sage. Toutefois, la musique qui s'élevait doucement du piano en arrière plan appelait à ces quelques pas délicats, à une atmosphère de coton et à quelques paroles de velours. Nul doute qu'Edward jouait ainsi pour quelqu'un qu'il aimait.

Ashton se fit donc un plaisir de valser en compagnie de cette charmante inconnue, espérant toutefois ne pas se trouver en présence d'une femme mariée, auquel cas cette situation eut pu devenir délicate. Pour le moment du moins, il profitait de cette soirée agréable en perspective. Tout le monde n'était pas arrivé encore, mais tout se remplissait peu à peu pour le plus grand plaisir des organisateurs, dont la comtesse Brown, qui s'extasiait audiblement devant la prestation de « Mister Whiiiiiiite ». Oui, tout allait bien...

C'est alors que sa partenaire de danse saisit son collier pour le tirer à elle. Elle lui adressa un regard langoureux qu'il ne connaissait que trop bien avant de laisser un sourire carnassier planer sur son visage poupin.

« Vous m'intéressez, annonça-t-elle. Et vous semblez si... différent. »
« Est-ce un compliment ? », demanda-t-il de son habituel ton sensuel.

Elle répondit d'un clin d’œil complice et continua de danser comme si de rien était. Évidemment, pour accepter pareille danse avec pareil jeune homme, Ashton s'était bien douté que la demoiselle avait quelque chose de spécial... Ce qui ne la rendait pas moins délicieuse. Au final, il s'en souviendrait sans doute. Alors il se rapprocha distinctement d'elle et se pencha délicatement à son oreille.

« J'espère que c'en est un, en tout cas. »

Elle frissonna mais ne manqua pas de lui envoyer un coup de poing joueur dans le ventre pour le faire reculer. La jeune femme n'était pas du genre à se laisser avoir par ce genre de technique, visiblement. Le canidé sourit d'avantage. Plusieurs regards outragés se rivèrent sur eux sans qu'aucun n'y fasse attention, l'un bien trop habitué à ce genre de comportement à son égard, l'autre trop obnubilée par les yeux noisettes aux doux reflets bordeaux que son partenaire lui offrait pour y faire attention. Elle ne tarda d'ailleurs pas à passer ses bras derrière sa nuque, se rapprochant tout près de lui pour lui souffler tout bas :
« Tout dépend... Serez-vous mon ange, ou mon démon ? »
Et à cela réponse était toute trouvée. Ashton lui adressa une expression pleine de sensualité :
« Démon, bien sûr. »

Dehors, on entendit soudain une mélodie entraînante qui donnait envie de se trémousser sans aucun discernement et dont les paroles était ô combien à propos... Ce soir, il serait le démon, le démon de minuit de cette personne.



Dernière édition par Ashton Lyn le Mar 14 Juil - 15:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMar 7 Juil - 2:58

Bien. Il était vrai que cette journée avait plutôt mal commencé. Il était vrai qu'elle avait failli se faire violer par un anglais -non, elle n'exagérait même pas- et qu'Ewen lui avait passé un sacré savon. Il était aussi vrai qu'elle avait fini par terre devant une foule entière. En plus, pour parfaire le tout, elle était totalement perdue. Et comme si ça ne suffisait pas, le typ-... gentleman dans lequel elle avait foncé l'ignorait superbement. C'était bien sa veine, ça aussi.
Pour parfaire cette merveilleuse journée, c'était vrai qu'il était absolument nécessaire qu'elle tente de se relever toute seule alors qu'elle était toujours chaussée de ces détestables instruments de torture. Oh, si elle trouvait celui qui avait inventé les escarpins, elle le forcerait à enfiler sa création et à marcher pendant des heures, des jours, même, et ensuite, elle...
Ses tendres réflexions ne durèrent cependant pas plus longtemps, coupées nettes par l'irruption d'une main providentielle à laquelle Tala s'accrocha sans hésiter, laissant tomber ses chaussures au passage. Lorsqu'elle vit le sourire de celui qu'elle avait tout d'abord pris pour un sauveur, la louve eut la certitude qu'elle venait de faire une grossière erreur. Et ce qui suivit ne fit que lui prouver qu'elle avait vu juste.

« Vous dansez ? »

Non. Jamais. Hors de question. Même pas en rêve. Il était impensable qu'elle esquisse le moindre mouvement de danse et ce n'était pas cet inconnu qui la convaincrait du contraire. Un sourire poli sur les lèvres plus tard, Tala entreprit calmement de refuser l'invitation.

« Navrée monsieur, je suis une piètre partenaire et puis je ne connais aucune danse et en plus je porte des chaussures inappropriées pour la pratique de cette activité. Je suis sincèrement désolée mais c'est impossible que nous échangions quelques pas, voyez comme je suis tombée à l'instant ! »

Voilà qui était fait. Maintenant, il allait la lâcher, lui rendre sa liberté en même temps que les horreurs qu'elle se devait de porter et elle allait partir loiiiiin d'ici afin que l'homme n'ait plus jamais l'idée de la retenir. Cependant, Tala se rendit vite compte que quelque chose clochait. Son vis-à-vis ne cessait de sourire, comme si toutes les excuses du monde ne pouvaient le décourager.

« Tes chaussures... ? Tu n'en as pas besoin ! »

Comment ça, elle n'avait plus besoin de ses chaussures ?! E-et puis pourquoi souriait-il plus encore que précédemment ?! Non... Il n'allait tout de même pas... ? Tala se raidît presque immédiatement lorsqu'elle comprit. Elle DEVAIT l'en empêcher, elle ne voulait pas danser et encore moins pieds-nus. Tout le monde allait la regarder, la juger, se moquer et elle-...
Mais alors qu'elle ouvrait la bouche dans un léger mouvement de recul, l'homme la souleva brusquement du sol, poussant la demoiselle à clore son beau regard. Hors de question. Elle devait partir, quitter ces bras devenus sa prison et s'enfuir aussi vite que possible. Aussi, lorsqu'il se mit à danser, ce fut sans elle. Tala freina des quatre fers, fusillant son vis-à-vis du regard et tentant par tous les moyens de s'échapper. Mais chacun de ses mouvements, qu'elle aille vers la gauche ou parte vers la droite, tous, sans exception, étaient transformés par l'homme en une danse incongrue qui attirait l'oeil et charmait les passants. Tala le remarqua bien évidemment et le stress commença lentement à s'emparer d'elle. Pourtant, ce ne furent que quelques minutes plus tard qu'elle paniqua enfin, lorsque l'homme la rapprocha soudainement de lui, contrant une énième tentative de fuite de sa part. Alors, les yeux de la louve se firent plus inquiets, les souvenirs de son dernier contact embaumant son regard. Non. Non... Non, non, non, non. Ça ne devait pas se passer comme ça, il fallait qu'il la lâche, il fallait qu'ils arrêtent de la regarder, il fallait qu'elle s'enfuit, il fallait qu'elle trouve une solution, elle-...
Son souffle s'affola et c'est des yeux paniqués qui évoluèrent bientôt sur la foule à la recherche du seul visage amical qu'elle croyait pouvoir y trouver. Et comme si cela ne suffisait pas à laisser transparaître son angoisse, la voix de la jeune femme se joignit à sa terreur pour hurler un premier nom.

« EWEEEEEEEEEEEEEEEEN ! EWEEEEEEEEEEEEEEEEEEN ! J'AI BESOIN D'AIDE, JE-... EWEEEEEEEEEEEEEEEEEEN ! »

Hélas pour elle, aucun de ses cris ne sembla porter ses fruits. Alors que l'angoisse la couronnait un peu plus, Tala farfouilla entre les badauds à la recherche de n'importe qui d'autre, en vain. Au loin, cependant, elle crut reconnaître une tignasse brune. Ashton. Se tortillant de nouveau, la louve n'hésita qu'une seconde avant de s'égosiller autant qu'elle le pouvait.

« ASHTOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! ASHTON, A L'AIIIIIIIIDE ! »

Mais, encore une fois, son sauveur potentiel resta sourd à ses appels. Qu'à cela ne tienne : il était hors de question que- qu'elle le laisse poursuivre son manège. Pas dans ces conditions. Pas ici, ni ailleurs, ni maintenant ni jamais. L'homme la fit tourner sur elle-même alors qu'elle cherchait encore à s'échapper. Il ne lui restait qu'un nom à appeler, rien qu'un, et cela lui demandait bien trop d'efforts pour qu'elle ne le prononce. Elle était trop fière, bien trop orgueilleuse pour se rabaisser à appeler le nom du concerné. Ce fut son ravisseur qui la décida lorsqu'il la vexa une première fois.

« Nous sommes là pour nous amuser jeune fille. Je refuse de voir ton minois rabat-joie une seconde de plus, dit-il sur un ton catégorique. C'est une offense en ce jour sacré !  »

Elle, elle ne s'amusait absolument pas. C'était tout l'inverse, même. Et vu comme ce type semblait décidé, il n'était pas prêt de faire cesser son supplice. Bon... Il allait falloir qu'elle prenne sur elle, et...

« EDWAAAAAAAAAAAARD ! VIENS M'AIDEEEEEEEEEER ! »

Maudite musique qui bloquait ses paroles... ! C'était bien son jour, tiens. Tala se le promit, la prochaine Roxane qui croiserait sa route en ferait les frais. Alors que la jeune femme s'apprêtait à montrer une nouvelle fois à quel point elle avait du coffre en invoquant le nom de Khan et Silja, l'homme la prit cependant de court. Il lui annonça que tous les regards, sans exception, convergeaient vers eux. Tala sursauta et laissa ses yeux dériver sur la foule. C'est ainsi qu'elle se rendit compte qu'il disait vrai : tout le monde les observait.
L'effet fut immédiat. Le silence scella les lèvres de la jeune femme plus sûrement que n'importe quel bâillon et, pendant un temps, elle se tint même tranquille. Puis la musique changea et avec elle revinrent les ennuis. Son partenaire se mit en tête de lui faire danser u-un... tango.
De un, Tala n'en avait jamais dansé de toute son existence. Et de deux, cette danse était t-tout simplement... trop sensuelle. Elle tenta une nouvelle fois de battre en retraite et se décida à écraser le pied de son adversaire pour le dissuader de poursuivre l'expérience. C'était sans compter sur l'absence de ses stupides talons qui, décidément, ne lui servaient à RIEN. Elle s'attira simplement un regard attristé de la part de son vis à vis, regard qu'elle détesta immédiatement.

« Je t'emmène pas à l'abattoir quand même ? Pourquoi es-tu venue ici si ce n'est pas pour profiter de la musique ? »

Le mot abattoir la fit tout simplement bondir. Tala déploya toute la force qu'elle avait à revendre et se libéra de l'étreinte forcée que l'homme lui imposait mais ne s'enfuit pas en courant. Bien au contraire justement. Plantant ses iris dans ceux de son ex-partenaire, elle lui offrit l'air le plus sévère -et surtout vexé- du monde.

« Je sais parfaitement m'amuser, et je sais également profiter de la musique. Vous avez besoin d'une preuve ? Et bien soit. Vous allez la manger, votre preuve. Je vous emmène au bal, et je vous promets le tango de votre ''vida'', comme vous dîtes en ''español.'' »

Soudain, Tala bénissait Ashton de lui avoir appris quelques mots de sa langue favorite. Prenant l'homme par le bras et renfilant ses chaussures, c'est d'un pas alerte et surtout décidé qu'elle se dirigea en direction du bal. Désormais, il était temps de prouver au monde qui elle était. Désormais, il était temps qu'elle prouve à ce type qu'elle aussi, elle pouvait très bien être la dame de minuit par excellence. Désormais, tout son corps appartenait à la danse qu'elle s'apprêtait à exécuter. Et elle allait gagner.
Alors qu'ils arrivaient tout juste sur place, la musique qui démarra à cet instant précis donna à Tala les ailes dont elle avait besoin. Elle en oublia jusqu'au stress qui d'ordinaire l'aurait pétrifiée et c'est sans hésiter une seule seconde qu'elle répéta les gestes qu'elle avait appris durant sa période de calme.



Si elle ne comprenait pas un mot des paroles de la chanson, ce qu'elle savait, en revanche, c'est que le rythme était fait pour elle. Il lui donnait la force nécessaire pour se souvenir, improviser, épater son adv-... partenaire et lui mettre des étoiles plein les yeux. En parlant d'yeux, Tala ne quittait presque jamais son regard, le défiant tant qu'elle en avait l'occasion. Carrément transformée, la jeune femme enchaînait les pas sans une once d'hésitation, guidée par une musique qui lui fournissait tout le courage du monde. Oui, elle était une ''soul sister''. Oui, elle était une ''flow sister'' ! OUI, elle était une ''sister go'' ! Et oui, elle voulait bien manger de la marmelade. Oui, elle voulait bien du mocha chocolata et oui, elle voulait bien coucher avec elle ce soir ! … Attendez... Hein ? Quoi ? Elle voulait bien QUOI ?! N-non ! NON ! NON ! C'était une grossière erreur, elle ne voulait PAS ça ! Elle n'était pas d'accord, elle n-...
Les joues rouge vif et la bouche grande ouverte, Tala ne put éviter le lâcher de confettis qui tombèrent brusquement de la Tour Eiffel. Les joues rouge vif et la bouche grande ouverte, Tala ne put éviter celui qui se posa gentiment dans sa gorge. Les joues rouge vif et la bouche grande ouverte, Tala ne put éviter de s'étouffer.

« Beurk ! »

Cria-t-elle bientôt, entre deux quintes de toux. Mais il semblait que son karma ne voulait pas s'arrêter là. Les paroles incriminantes retentirent à nouveau, troublant dans un même temps la jeune femme qui s'emmêla bientôt les pinceaux dans ses pas de danse. Alors qu'elle se rattrapait comme elle pouvait à son partenaire, son talon droit l'informa dans un grand CRAC qu'il démissionnait. Tala eut tout juste le temps de maudire la paire de chaussures que, déjà, elle s'écroulait sur le sol.

« … Je ne porterai plus JAMAIS de talons de toute ma vie ! »

La gorge en feu, assise par terre, la demoiselle se releva pourtant bien rapidement, se débarrassant des talons honnis au passage. Désormais pieds-nus, elle regarda fixement son partenaire, sans ciller.

« On le reprend, ce tango ? »

Tala s'était promis qu'elle allait gagner. Il était hors de question qu'elle abandonne maintenant. Après tout... la nuit ne faisait que commencer.
Félicien Matagot
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMer 8 Juil - 1:30

Félicien lâcha un second soupir, déçu de l'état d'esprit de sa partenaire. Serait-il tombé sur un cas perdu ? Elle n'avait surement pas idée de la tristesse de son existence… Pauvre agneau égaré. Du moins, autant qu'une louve puisse être un agneau duveteux et inoffensif. Car cette fille qui lui broyait la main n'avait rien d'inoffensif et Félix se serait peut-être avancé à dire qu'elle n'avait pas conscience de sa force. Cependant, la jeune fille lui lança un regard furieux qui aurait fait freiner des quatre fers un troupeau de bison. Elle s'arracha violemment à son étreinte. Félix s'attendait à une énième plainte, ou quelques noms d'oiseaux. Mais les mots hachés menus furent d'une toute autre nature.

« Je sais parfaitement m'amuser, et je sais également profiter de la musique. Vous avez besoin d'une preuve ? Et bien soit. Vous allez la manger, votre preuve. Je vous emmène au bal, et je vous promets le tango de votre ''vida'', comme vous dîtes en ''español.'' »

Resta d'abord sans  voix. Puis un sourire ravi s'esquissa progressivement sur ses lèvres. « J'ai gagné » pensa-t-il. Il était très surpris de la réaction de la jeune fille. Il s'attendait à tout sauf à cela. Félicien adula sur le coup le caractère imprévisible de la jeune fille. Elle était une agréable surprise. Et ce ton tranchant ! « Le tango de mi vida ? » pensa-t-il. Cette fille allait finir par le convaincre que, cette fête de la musique était réellement sa fête d'anniversaire. Et  que cette demoiselle n'allait pas gâcher la fête, mais au contraire lui ajouter cette touche de piment furieuse et naïve qu'elle dégageait. A présent il pouvait le voir, elle en débordait.

Elle récupéra ses talons et sans attendre une seconde de plus, elle l'attrapa par le bras et ils se dirigèrent vers le lieu du bal. Heureusement pour Félix, la musique était encore forte. Autrement la jeune fille aurait pu percevoir le tranquille bruit de moteur qui se dégageant de sa poitrine faisait vibrer sa poitrine.

Après quelques minutes de marche, durant lesquels Félicien observa le dos de sa partenaire –seule partie de son corps qui lui était donné de voir tant elle le tirait avec force. Le pas pressé, ils arrivèrent très vite à la place. Félicien leva un regard brillant vers la grande dame de Paris. La place avait été décorée entièrement pour l'occasion, les lampadaires et les rares arbres avaient été recouverts de lampion lumineux. Il sourit en constatant la présence de l'immense sculpture de métal. Il était très heureux que la commune de Paris ait décidé de garder cette sculpture géante. Mais cela, sa compagne ne semblait pas le remarquer. Du moins, il ne la vit pas une seule fois lever la tête vers la tour et les lumières. Peut-être était-elle une habituée du lieu ? La petite semblait totalement absorbée dans l'idée de lui faire manger du tango. Elle fonçait tête baissée et ne prêtait aucune attention à ce qui se trouvait autour. Il avait sacrément du la vexer et elle devait posséder un sacré esprit de compétition.

A peine avaient-ils posés un pied sur la piste de danse que la première note retentit. Elle ne lâchait pas du regard, véritable lance pointé vers le sien. Félicien avait vaguement l'impression de se tenir face à une toute autre personne. Il comprit vite que la jeune femme ne connaissait pas de danse précise, mais elle savait trouver le rythme et bouger en conséquence. Elle semblait puiser un courage et une confiance inépuisable. Chanson qui d'ailleurs surprit Félix d'être joué en public. Cela dit les paroles étaient en anglais, peu de gens comprendraient. Il comprit très vite que sa partenaire en faisait partie. Il jetait des regards interloqués de temps en temps au groupe, alors que sa partenaire de danse se pavanait sur la musique. Puis vint le refrain lorsque les filles commencèrent à entonner « Voulez-vous couchez avec moi, ce soir ? » accompagné d'une chorégraphie osée. La jeune fille s'empourpra de rouge, ce qui causa l'hilarité du chat.
Au même moment se mirent à pleuvoir des confettis. Félicien leva la tête, heureux comme un enfant en voyant ce ciel coloré et disparate. Seulement un bruit de toux l'interrompit dans sa rêverie. Voire un étouffement. Félicien constata que sa partenaire était en train de s'étrangler avec un… confetti ? Il lui jeta un regard inquiet, s'apprêtant à l'aider de manière assez inutile, mais la jeune fille continua de danser. Le dernier « Voulez-vous coucher avec moi » lui fut fatal, car elle tressaillit encore, visiblement très prude et s'emmêla les pieds. On entendit un « crac » et elle se retrouva au sol en moins de deux. Elle pouvait cela dit s'estimer heureuse de ne pas s'être tordue la cheville. Felix la tenait encore par le bout des bras, ayant limité un peu sa chute.

« … Je ne porterai plus JAMAIS de talons de toute ma vie ! »

Il ne releva pas, mais lui adressa un regard pétillant traduisant un « je te l’avais dit ! » amusé. Sa toux prit fin et elle se releva toute seule, trop fière peut-être pour prendre appuie sur lui.

« On le reprend, ce tango ? »


Félicien sourit de toutes ses dents. La détermination de cette jeune fille était bluffante.

« Tu es sûres de ne pas vouloir te reposer un peu ? »

Il connaissait déjà la réponse, mais il ne put s'empêcher de provoquer encore ce regard de buffle enragé. Il acquiesça alors avec joie.

« Un peu oui qu'on le reprend. »

Félicien lui saisit fermement la taille et la tira vers lui d'un coup sec. Il planta à son tour son regard vert dans celui de la jeune femme. Déterminé. Il plaça sa main sous son omoplate. Elle en redemandait après tout… Elle allait être servie. Leur poitrine respective et leurs jambes évoluaient en parallèle suivant un axe précis et biaisée, de telles sortes que l'oreille de sa danseuse aurait pu se coller contre son coup. Félicien démarra les pas de bases du tango, deux pas en arrière, un pas en diagonale auquel il fit passer sa jambe droite devant celle de sa partenaire. C'était la base mais le chat voulait vérifier que sa partenaire les connaissait ou dans le cas contraire, lui laisser le temps de les mémoriser un peu. Il les fit d'abord lentement, marquant particulièrement le rythme à chaque pas posé au sol. Jusque-là tout allait bien. Félicien eut le sentiment qu'ils pouvaient passer à la vitesse supérieure. Il ralentit encore un peu afin de se pencher à l'oreille de sa partenaire et lui souffla :

« Tu vas voir ce qu'est un vrai tango. »

Un sourire entreprenant s'étira sur son visage et ses yeux se plissèrent. Les paroles obscènes de la chanson prirent fin. Felicien ferma les yeux, prêt à se concentrer sur les basses&les percussions de la prochaine musique. Tout son corps se tenait prêt à recevoir la moindre note, le moindre rythme, et à les traduire en pas de danses. C'est alors que l'artiste suivant prit place…



« Je chante la sssseeenchonon de la confituuuuure !
Jetombauuusi touchjours dans ma bouche !
Jch’ay le caractère v’ane penduleuuuh »


Edward Munch devait se trouver dans l'assemblée ce soir là, car l'expression du visage de Félix évoquait avec exactitude les traits du Cri. L'effroi, le dégout, l'incompréhension, la surprise, le désespoir profond, ainsi que la sensation d'avoir été violé auditivement. S'ils auraient été en train de danse, Félix aurait probablement lâché sa partenaire au sol. Il tourna la tête vers la scène, ce qui lui demanda un certain courage, demandant un effort surhumain à son corps, son cou aurait crissé affreusement s'il aurait été fait de métal. Un spectacle pitoyable se déroulait sur scène. Un homme avec une fraise rouge à la place du nez s'égosillait sur scène.

« Je maaaaaaangeuh riiiiiiz de veauuuu
Qui est toujoulr aveck oune chaise sur mon chapeau ! »


Mais…. ?! Qu’est-ce c’était que ce viol auditif ? Qui ? Par toutes les Roxanne du monde ! Et qui avait permis à ce poivrot de monter sur scène ?! Félicien aurait surement éclaté de rire s’il s’était trouvé dans le public, mais les circonstances étaient toute autre. Ciel ! Sa danseuse ! Félicien plongea avec un cri sourd pour rattraper la demoiselle.

« Navré… Je… Sur ça ce n’est pas possible !»

Il prononça « ça » comme s’il s’agissait d’une injure et désigna la scène du doigt avec une expression l’air piteux. Tandis que le chanteur ivre entonnait à tue-tête des paroles sibyllines s’approchant le plus d’un « La retteketteteuuh, et deux chevauuuux ! » Félicien laissa tomber ses bras, l'air de renoncer. Il jeta un regard furieux au chanteur. Comprendre une prophétie de la pythie aurait été plus simple. Les organisateurs n'avaient pas prévu de faire passer ça tout de même ? Il aurait pu au moins le faire passer après les chansons grivoises de fin de soirée ! Les organisateurs commençaient à s'agiter dans leur coin, semblant se demander s'ils avaient le bon choix, ou à vérifier si le chanteur était bel et bien inscrit sur leur liste.

Félicien lâcha un long soupire. Il déclarait forfait pour cette chanson. Il adressa un regard désolé à sa compagne, se demandant comment elle allait réagir. En voyant une buvette au loin, il s'aperçut qu'il avait soif.

« En attendant qu'il attrape cet ivrogne, accepteriez-vous offres un rafraichissement ? »

Il désigna la buvette du doigt. Il s'empressa de se justifier cependant, ne laissant pas passer sa lassitude pour un forfait définitif aux yeux de la jeune fille. Cette dernière lui semblait d'une trempe bien hâtive, valait mieux la prévenir que la convaincre. Et puis cet homme sur scène aurait rendu les dix marins malades que Félix apercevait de loin.

« Voyez-le comme une trêve. Maintenant que l'échauffement est terminé, nous entamerons la vraie partie quand une musique digne de ce nom se présentera. »

Il esquissa un sourire mutin. Puis il la prit à son bras, à la manière d'un gentleman et se dirigea vers la buvette. Par chance les poivrots s'attirent entre eux, ils étaient partis les premiers de la piste de danse, le comptoir était donc désert. Félicien commença à étudier la carte griffonnée sur une affiche le long de la baraque de fortune.

« Que préférez-vous ? »


Il ne joua pas au jeu de deviner la consommation qu'allait prendre sa compagne. Il trouvait particulièrement rustre de faire mine de connaître une personne rencontrée il y a peu de temps et de pouvoir prévoir à l'avance leur choix et agissements. Félicien trouvait pour le moment la jeune fille amusante, mais c'est en la regardant de haut en bas qu'il se rendit compte qu'il n'avait aucune idée de son nom et de son âge. Il fronça les sourcils, l'air interrogateur, il a jaugea et la trouva assez jeune. Ne voulant pas passer pour un intéressé, il cessa de suite cet examen. Le barman l'interrompit de toutes manières, et Félicien passa commande. Il jeta un regard  à Tala, l'invitant à prendre commande elle-même, puis commanda un lait whisky. Le barman s'arrêta l'espace d'un instant.

« Je crains que ce ne soit pas à la carte monsieur. »
« Alors servez-moi un whisky dans un grand verre et ajoutez-y du lait. »

Il lui adressa un sourire poli, avec la même expression lorsqu'il expliquait à sa partenaire qu'elle n'avait nullement besoin de chaussure, et que la vie était d'une simplicité monstre, exactement comparable au fait de lui servir un lait whisky, comme il venait de lui commander. L'homme hésita mais les clients commencèrent à affluer. Il céda au caprice du chat par presse et ce dernier récupéra leurs deux verres après avoir payé. Il invita à se mettre à l'écart de la foule de la buvette. Il choisit de s'asseoir sur un des bancs publics qui longeait habituellement les chemins de ballades. Félicien lui adressa un sourire amical et observa distraitement l'ivrogne courir dans tous les sens, bien décidé à conserver sa place sur scène.

« Nous allons avoir du temps devant nous avant qu'il ne l'attrape ce bougre ! Il se tourna vers sa compagne et leva son verre pour trinquer. A votre chance mademoiselle ! »

Il lui adressa un clin d'œil furtif puis porta ses lèvres à son cocktail favori.
Narcisse Williams
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMer 8 Juil - 11:46

Cette journée n'était jamais, finalement, qu'une suite de catastrophes se mêlant joliment les unes aux autres. C'eut pu être bien pire, il supposait. Il aurait pu... Non, mieux valait ne pas imaginer de potentiels scénarios cauchemardesques, le destin eut été capable de les réaliser. Pour le moment, il devait marcher sans s'effondrer du haut des échasses qui lui servaient de chaussures et, surtout, avancer jusqu'au cabaret. Là-bas, il serait en sécurité, à l'abri des regards, et il pourrait se dévêtir sans craindre les mines ahuries de la foule. Jusque là il lui faudrait relativiser. Il était un homme de spectacle en soi, il connaissait les fantaisies qui venaient avec les planches, le maquillage outrancier et les tenues étranges. Certes, mais de là à... tout ça, songea-t-il péniblement tandis qu'il regardait son accoutrement, il y a une énorme marge. Un énième soupire s'échappa de ses lèvres rouges et il s'arrêta un instant dans sa course, désormais complètement désabusé. Cela faisait quoi, deux minutes qu'il marchait, et il était certain que son pied était déjà parsemé de cloques en devenir. Sa parure était abominablement lourde, si bien qu'elle mettait en péril son équilibre déjà approximatif. Et puis il y avait la robe, mais Narcisse avait pour le moment très envie de l'ignorer, de la chasser dans un recoin de son esprit et de se persuader qu'il ne portait pas cet horrible amas de tissus. Il avait besoin d'une pause, vraiment.

Soudainement pris d'une grande fatigue, le jeune homme s'appuya contre un lampadaire sur lequel il posa son front en fermant les paupières, désireux de faire le vide dans son esprit. C'est alors qu'une masse inconnue se posa contre sa coiffe avant de repartir, lui arrachant un violent sursaut ainsi que quelques mèches de cheveux. Il posa sa main sur son crâne par réflexe, constatant les dégâts par la même occasion. Et il eut envie de faire griller ce maudit pigeon, vraiment. Sa coiffure, qui avait pris tant de soin de la part de la douce Carmen, était fichue. Le problème ne se trouvait pas tant là que dans le fait qu'il était certain qu’Élise allait se faire un malin plaisir de remettre tout cela en place. Ce qu'elle fit. Narcisse fusilla le volatile du regard à travers son masque, regrettant presque de ne pouvoir tuer avec ses seuls iris. C'est alors qu'il reconnut Manfred, le pigeon du cabinet médical du Dr Keller. Son visage prit une couleur absolument cadavérique tandis qu'il se rendait compte de ce que cela signifiait : elle était là. Et lui, il était dans la panade. Il posa sa tête au creux de ses mains dans un gémissement de dépit et pria tous les dieux qu'il connaissait pour qu'elle ne le remarque pas. Cela sembla fonctionner dans la mesure du possible, ce qui le réjouit plus que tout. À peine Élise avait-elle finit qu'il saisissait de nouveau son poignet pour la traîner jusqu'au premier endroit venu, désireux pour sa part d'aller dans le sens inverse du docteur.

C'était tout de même fou, le point auquel il pouvait être malchanceux. Alors oui, il acceptait sa rencontre avec  le prétendant d’Élise comme un aléa de la vie, certes. Et puis si la muse avait été dans un état second, c'était sans doute une coïncidence. Cela faisait partie des choses qui arrivent, et il le comprenait. Il n'avait jamais été là qu'au mauvais endroit, au mauvais moment, un fait dont il était d'ailleurs victime trop souvent à son goût. Mais soit. S'il était rentré en collision avec Carmen, c'était simplement de sa faute, il pouvait l'admettre. Se faire travestir était, si on y réfléchissait, dans l'ordre des choses et ce même s'il détestait ça. Croiser Manfred tandis qu'il était habillé en femme était un coup de malchance, certes, mais rien de hors du commun si on prenait en compte la taille de la Fête. Seulement là, c'en devenait simplement ridicule. Il y avait autant de probabilités pour qu'il tombe sur ce satané bal en fuyant que pour que quelqu'un dédie une chanson à la confiture et cela, il en était certain, n'était tout simplement pas possible.

« Je chante la sssseeenchonon de la confituuuuure ! »

... Narcisse avait envie de pleurer. Il raffermit sa prise sur le poignet d'Élise, d'ores et déjà découragé, et entreprit de partir, partir le plus vite possible et loin, loin de ce cauchemar. Il voulait rentrer. En fait, il voulait rentrer depuis bientôt une heure, mais le destin semblait avoir définitivement choisi son camp. Peu importe. Et s'il se faisait renverser par un fiacre sur son chemin de retour, tant pis. Au moins il serait au Lost et il pourrait se réfugier quelque part où personne ne le verrait ainsi.

Alors, courageusement, Narcisse fit volte-face et avança. Il fit fi des talons, de sa tenue affriolante qui attirait beaucoup trop les regards, de la muse qui semblait insister pour rester. Si besoin il la porterait jusqu'au cabaret, mais il était hors de question qu'il restât là. Il ne ressemblait pas assez à une femme pour être confondu avec le beau sexe et il avait vu le commissaire, ainsi que son patron dans la foule. Si l'un des deux le repéraient dans cet état, c'en était fini de lui, et l'acrobate tenait bien trop à sa vie actuelle pour la voir voler en éclat à cause de sa fichue malchance. C'est alors qu'il trébucha sur son talon, se rattrapant de justesse à Élise pour ne pas chuter lourdement et finir dans un état pire encore que celui dans lequel il se trouvait déjà. Il leva les yeux vers la muse, lui soufflant un remerciement timide alors qu'il s'empourprait de nouveau. Ridicule. Il était ridicule.

« Merci Élise, je... je n'ai pas fait assez attention... »

Pour une fois, il pouvait blâmer le son bien trop faible de sa voix sur le corset qui paraissait décidé à atrophier ses poumons. Il y avait donc bien un côté positif en chaque chose, finalement. Les yeux bleutés de la jeune femme lui redonnèrent du courage. S'il devait rentrer, c'était aussi pour elle. Dans cet état étrange, elle était vulnérable à n'importe quelle menace et il se refusait de l'abandonner. Narcisse s'autorisa un mince sourire avant de se redresser doucement, tournant alors la tête pour observer le chemin à parcourir.

Horreur. Il croisa le regard d'un homme. Un homme qui l'observait. Un homme qui l'observait fixement. La nervosité devint angoisse, ses yeux s'écarquillèrent, sa gorge se serra, et il réalisa avec effroi qu'il avait dévoilé sa cheville par inadvertance. L'inconnu s'approcha, guitare à la main et doux sourire aux lèvres, dévoilant ses intentions délicates à la jolie jeune femme qui croisait selon lui son chemin.

« Besoin d'aide, mademoiselle ? Vous ne semblez pas très bien... »

Non, Narcisse n'avait pas besoin d'aide, il n'en voulait pas non plus, et il ne désirait surtout pas celle d'un individu qui avait visiblement pour but de le courtiser. Il ne pouvait cependant décemment pas parler et prendre le risque d'être démasqué par ce solide gaillard. Sa certitude de ne pas ressembler à une dame semblait tout à fait désuète désormais, un constat ô combien frustrant qui ne fit qu'ajouter à sa mauvaise humeur. Il fronça des sourcils et se mura dans un profond silence, désireux de convier son rejet net au garçon.

Peine perdue.
Car aux yeux de ce jeune homme, Narcisse était la femme de sa vie, l'étoile soudainement apparue dans son ciel jusqu'alors si sombre, l'arc en ciel au coeur de son tourment, la Lune au fond du firmament. Elle était si singulière, cette demoiselle, si belle dans sa simplicité, si distinguée dans sa coquetterie. Lui en eut-on donné l'opportunité, il aurait pu la demander en mariage sur le champ. Face à elle soudain, l'inspiration lui venait, comme jamais, comme il en avait toujours rêvé. Il saisit doucement la main de sa princesse et la porta à ses lèvres, notant avec délice les rougeurs qui s'imprégnaient de plus en plus sur son visage.

« Mademoiselle, je... Accepteriez-vous d'être ma muse pour ce soir ? »

Le dragon écarquilla les yeux derrière son masque et lui adressa une mine presque choquée avant d'envoyer un regard perdu à Élise. Cet homme n'avait décemment pas pu confondre son attirance avec celle qu'il était censé éprouver pour ladite muse... si ?

« Est-ce un refus ? Oh je vous en prie, laissez-moi vous convaincre ! »

Narcisse eut tout juste le temps de couiner un "Non..." plaintif que le garçon saisissait pleinement sa guitare et entamait une mélodie d'amour de sa voix toute particulière.



Les. Gens. Regardaient. Et certains avaient même pris l'idée saugrenue de se mettre à danser tandis qu'il priait tous les saints pour que cela finisse vite. La musique, en elle-même, était assez sympathique il l'avouait, mais il ne pouvait accepter ni l'attention que cet homme lui quémandait, ni son désir de prendre un bateau, ni le regard du public. Il saisit la main d'Elise et partit en courant pour se mêler à la foule. Là, il était invisible ou presque.

Avec un peu de chance personne ne lui demanderait une danse... Si ?


Dernière édition par Narcisse Williams le Mer 15 Juil - 2:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMer 8 Juil - 20:53

Les mains de la muse s'égarèrent dans les longs cheveux d'argent de son ami et parcoururent leur longueur. Dieu, qu'il était beau et que la colère qui animait son regard faisait écho aux flammes qui dansaient autour de son âme... ! Dieu, qu'elle aimait ce qu'elle voyait presque plus encore que ce qu'elle entendait... ! Dieu, qu'elle souhaitait magnifier son visage à tout jamais... !

« Ferme les yeux Narcisse, ça ne sera pas long. »

Délaissant le pinceau, Elise couvrit ses doigts d'une poudre à la pâleur indiscutable et c'est à l'aide de tendres caresses qu'elle en recouvrit le visage de son ami, comme si cette infinie douceur pouvait, d'une manière ou d'une autre, aider celui-ci à accepter son sort. Son pouce en particulier s'égara sur le visage de celui-ci, répandant la poudre de façon à ce que le résultat ne soit pas inégal. Une fois que ce fut fait, la muse admira le résultat et s'empara du mascara avec un sourire. De nouveau, ses gestes se démarquèrent par l'affection tangible qui semblait s'en dégager, comme si, en étant plus brusque, Elise avait pu briser le dragon. Enfin, la jeune femme couvrit les lèvres de Narcisse d'un rouge qui le rendit plus beau encore. Tant et si bien qu'Euterpe ne put se retenir. Alors que les flammes bleutées glissaient sur ses bras pour l'attirer à elles, la demoiselle leur céda et déposa un baiser à l'indéniable innocence sur la bouche du dragon. Lorsqu'elle s'écarta de lui, ce fut pour tendre la main vers la parure de perles et d'améthyste dont elle orna délicatement son ami.
Avec une certaine sensualité, sœur de la douceur qui semblait naturellement émaner d'elle, Elise ajusta les perles sur le corps du jeune homme, parant également ses doigts au passage. Ses yeux se plantèrent à nouveau dans ceux de Narcisse alors que sa main, esquissant une caresse presque amoureuse, parcourait le torse du jeune homme pour achever les derniers ajustements de sa tenue.
Enfin, il était prêt.

« Ça n'est même pas encore suffisant pour te rendre pleinement hommage... »

Elise détailla du regard le jeune homme puis tourna les yeux vers la paire de talons qu'elle avait isolé. Elle les lui indiqua avec un sourire.

« C'est la dernière ligne droite Narcisse. Une fois chaussé, tout sera parfait, tu verras... ! »

La muse le regarda se lever, non sans fierté, et faire quelques pas hésitants qui l'auraient ramené vers le sol s'il n'y avait pas eu Roberta pour le sauver. Puis elle le vit s'approcher d'un loup blanc, et Elise se dit que c'était bien dommage de dissimuler ses yeux derrière celui-ci. Cependant, elle comprenait que cela pouvait être gênant pour le pauvre dragon et elle décida de se montrer indulgente et de lui accorder au moins ce droit-là. Mais, alors qu'elle contemplait son œuvre avec délice, Narcisse s'empara brusquement de sa main et la tira vers un ailleurs qu'elle n'était pas certaine de vouloir connaître et non pas sans avoir salué, au préalable, ses nouvelles amies.

« A-attends Narcisse ! Nous n'avons pas dit au revoir aux filles ! »

Mais le concerné ne ralentît absolument pas, ce fut tout juste s'il n'accéléra pas l'allure. Alors Elise se retourna comme elle put et cria.

« Martiiiine ! Je vis au Cabaret ! Tu viendras me voir pour Ashton, hein ? Je t'attendrai ! »

Puis le dragon tourna à l'angle d'une rue et le trio disparut. Le sourire de la muse mourut à cet instant précis et c'est désormais sans résister qu'elle se laissait guider par Narcisse, qui, où qu'il aille, semblait désireux d'arriver rapidement.
Contre toute attente cependant, le jeune homme s'arrêta soudainement et se mit à marcher de manière plus que féminine. Elise lui lança un long regard perdu, mais ne fit pas mine d'ouvrir la bouche. S'il souhaitait se prêter au jeu, elle n'y voyait aucun inconvénient, bien au contraire justement. Ils marchèrent ainsi pendant un moment puis, sans prévenir, Narcisse décida de faire une halte et de s'adosser à un lampadaire. Il lâcha même sa main et c'est à cet instant précis qu'elle remarqua à quel point le dragon semblait abattu. Les flammes avaient diminué de moitié et désormais, dans les améthystes du dragon, la colère avait disparu au profit d'une forme de résignation. Le cœur de la muse se serra et les larmes lui montèrent brusquement aux yeux. Elle avait envie de pleurer, et elle ne comprenait que difficilement pourquoi. Le dragon n'avait rien vécu qui puisse justifier une telle réaction de sa part, elle l'avait juste vêtu comme une femme, mais ça n'était pas si grave, si... ? Mais, alors que les larmes menaçaient de dévaler ses joues, un oiseau vint  se poser sur le crâne de Narcisse et défit la magnifique coiffure du dragon. La surprise mit fin à la peine de la jeune femme qui s'empressa de poser une main rassurante sur l'épaule de son ami.

« Ne t'en fais pas Narcisse, je vais arranger ça ! Méchant oiseau, méchant ! Et ne reviens pas !! »

Très délicatement, Elise défit la parure et la laissa retomber autour du cou de Narcisse, avant de passer une main sur son visage, afin d'en dégager quelques mèches. Ses yeux plongés dans ceux de son ami, la muse lui adressa un sourire et murmura.

« Tu me dis si je te fais mal, d'accord... ? »

Elle détacha ensuite la coiffe et les cheveux de Narcisse, le libérant de toutes les épingles qui entravaient son chignon, sans en oublier aucune. Puis Elise laissa une main absolument douce glisser dans la chevelure argentée à la manière d'une caresse, éliminant les nœuds naissants suite au passage de l'animal. Ses doigts, d'une infinie tendresse, réunirent bientôt les mèches du dragon en un nouveau chignon qu'elle renoua calmement. Durant toute son entreprise, la muse chantonna, comme si cette simple action avait pu rendre cela plus facile à vivre pour son compagnon qui la laissa faire avec beaucoup de patience. Elise remit ensuite la coiffe, puis la parure, et embrassa affectueusement le front de Narcisse à qui elle adressa un sourire.

« Et voilàààà... »

Mais avant qu'elle n'ait eu le temps d'ajouter quoique ce soit, Narcisse s'emparait de nouveau de son poignet pour la faire courir en sens inverse. La muse manqua de tomber plusieurs fois mais le dragon ne sembla pas ralentir l'allure, comme s'il fuyait quelqu'un, ou quelque chose. Elise ne savait pas que Narcisse avait la phobie des oiseaux, mais elle s'en souviendrait. Pour l'heure, cependant, elle avait d'autres préoccupations plus importantes, comme celle d'éviter de rencontrer le sol de trop près. Et alors qu'elle sautillait pour éviter une nouvelle chute, Elise sentit les musiques -en même temps qu'elle vit les couleurs- se multiplier. Ils étaient vraisemblablement arrivés au bal qu'on leur avait annoncé plus tôt durant leur fuite improvisée. La muse ne put retenir un sourire , sourire qui disparut brusquement lorsque Narcisse enserra plus fortement son poignet alors qu'un drôle de bonhomme chantait quelque chose à propos de confiture.

« Aïe ! Arrête Narcisse, tu me fais mal ! Moins vite ! »

Hélas pour elle, le dragon ne l'entendit pas -ou décida de l'ignorer- et continua de marcher à toute vitesse. Heureusement, cette fois, la muse s'y était attendue et jouissait désormais d'une stabilité plus assurée qui lui permettait de se concentrer uniquement sur son pauvre poignet.

« Narcisse, arrête toi s'il te plaît ! Je veux faire une pause ! »

Cependant le jeune homme ne s'arrêta pas. Il continua jusqu'à ce que l'un de ses talons lui fasse défaut et qu'il trébuche. Il se rattrapa alors à Elise, qui le prit dans ses bras pour lui éviter la chute, et l'y garda le temps qu'il se remette. Le dragon la remercia, mais Elise ne le lâcha pas, lui offrant un regard plein d'inquiétude. L'une de ses mains glissa sur sa joue tandis que le visage de la muse se paraît d'un air un peu bougon.

« Tu m'as fait peur, Narcisse... Moi je ne veux pas que tu te fasses mal, tu sais ? Mais je ne veux pas que tu me tiennes le bras aussi fort, parce que ça fait mal, d'accord... ? Pourquoi tu ne veux pas rester au bal avec moi ? Tout ira bien, tu sais ? »

Son ami plongea ses yeux dans les siens et Elise lui adressa un petit sourire, désireuse de lui montrer qu'elle ne lui en voulait pas le moins du monde. Le jeune homme répondit à ce dernier et se redressa lentement alors qu'Elise le libérait de son étreinte. Mais alors que l'attention de la muse était retenue par Narcisse, elle remarqua du coin de l'oeil un bien étrange spectacle. En effet, de nouvelles flammes, orangées, celles-ci, semblaient désireuses de se mêler à celles du dragon qui... les fuyaient. Lorsqu'elle détourna le regard, elle croisa brièvement celui d'un homme qu'elle comprit envoûté. Elise connaissait cet air-là pour en avoir vu des centaines, des milliers, peut-être, et savait très bien ce que cela signifiait. L'homme ne comprenait pas l'inspiration qu'il ressentait si brusquement et confondait cela avec du désir. Alors qu'il s'approchait, Elise se dit qu'elle n'avait pas envie de forcer Narcisse à subir cette scène.

« Tu viens Narc-... ?
- Besoin d'aide, mademoiselle ? Vous ne semblez pas très bien... »

À sa grande surprise, Elise se rendit compte qu'on ne s'adressait pas à elle mais bien au jeune dragon, qui ne semblait pas ravi du tout de l'attention qu'on lui portait. L'homme le regardait avec une fascination palpable et ses flammes, toujours, courtisaient celles de Narcisse d'une très jolie manière. Alors que leur vis-à-vis ouvrait de nouveau la bouche -confirmant ses doutes- le dragon envoya à la muse un long regard perdu auquel elle répondit en haussant les épaules. Elle n'y pouvait rien, elle, à part en s'éloignant, mais pour tout avouer, la danse des flammes l'intriguait tant qu'elle n'avait pas l'envie de partir. Aussi, lorsque l'homme décida de convaincre Narcisse de son amour pour lui, Elise ferma les yeux pour se concentrer sur la véritable mélodie du musicien, celle que dégageait son âme elle-même.



Ce qu'elle découvrit lui fit ouvrir la bouche en un rond parfait. Elle écouta un long moment le morceau, puis descella ses paupières afin de dévisager Narcisse qui... il fallait l'avouer, ne semblait que très moyennement apprécier le morceau, alors que celui-ci était pourtant réussi. Narcisse la prit de nouveau par la main, plus doucement cette fois, et courut jusqu'au cœur de la foule. Elise eut beau freiner des quatre fers, rien n'y fit, elle ne put l'empêcher de l'entraîner avec lui. Une fois qu'ils furent arrêtés, elle lança un regard outré à Narcisse.

« MAIS NARCISSE ! Il avait la musique IDEALE pour toi ! Ça parlait du feu et toi tu es un dr-Hmpf-hmpf ! »

Le jeune homme venait de mettre sa main sur sa bouche afin de la faire taire et Elise comprit qu'il avait eu raison de le faire. Elle avait failli faire une grosse bêtise sous le coup de l'émotion et elle était désormais reconnaissante à Narcisse de l'avoir empêchée de poursuivre. Par contre...
Dès qu'il libéra sa bouche, Elise reprit la parole.

« Tu viens de laisser passer l'homme de ta VIE ! Sa musique parlait du feu, et puis il y avait ces flammes... ! Bon. Ne bouge pas, je vais aller le chercher. »

Non, Elise n'avait aucun problème avec l'homosexualité vu son époque d'origine, et oui, Elise était têtue. Elle fit un signe de la main à Narcisse et s'engouffra dans la foule en sens inverse. Hélas pour elle... il s'avéra qu'elle ne se souvenait pas du tout de l'apparence du jeune homme. Il fallait dire qu'elle ne l'avait pas vraiment regardé, trop occupée qu'elle était à observer les flammes s'élever vers celles de Narcisse et à écouter l'hymne enflammé dégagé par son âme. Aussi, la muse se découragea. Elle poussa un soupir, baissa les yeux, soudainement consciente qu'elle ne pourrait jamais retrouver cet homme, à moins d'un miracle ou d'une aide extérieure. Et il était évident que Narcisse ne lui viendrait absolument pas en aide. Alors qu'elle s'apprêtait un second soupir, un vent venu de l'Ouest fit voler sa chevelure vers la droite et la poussa à tourner la tête à gauche pour éviter d'avoir les cheveux dans les yeux. C'est comme cela qu'elle tomba sur le commissaire. Mais ouiii ! C'était ça ! Lui saurait forcément où trouver le futur grand amour de Narcisse ! Désormais toute guillerette, la muse n'en oublia pas pour autant de remercier le doux vent qui était forcément la chanson de Zéphyr, un vieil ami, et courut vers Aldrick. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle posa la main sur son bras, pénétrant son espace vital sans même s'en soucier. De toute manière, elle ne savait pas ce que c'était, elle.

« Excusez-moi commissaire, vous n'auriez pas vu un homme entouré de flam- euh, brun, je crois... ou peut être blond... ou roux... Mais qui avait une guitare, ça j'en suis sûre ! En fait je crois que c'est l'âme sœur de Narcisse et il faut que je le retrouve et je me suis dit que vous sauriez où il est, parce qu'il faut que Narcisse danse avec lui, même si ça risque d'être difficile pour lui avec ses talons mais  c'est pas grave, le jeune homme dont je parle l'aidera à tenir debout et puis il est acrobate donc il est habile et donc tout ira bien. Mais du coup il faut vraiment que je retrouve ce monsieur ! Vous qui travaillez à la police, vous sauriez le retrouver ? Hein ? Dites ! Narcisse est tellement beau, ce soir, que ce serait dommage de rater cette opportunité, croyez-moi ! »

Un sourire enthousiaste sur les lèvres à l'idée de retrouver le musicien en question, Elise attendit donc la réponse du commissaire, n'ayant désormais plus d'yeux que pour lui. Oh, elle avait tellement hâte de voir Narcisse tomber amoureux, elle... ! Mais pour ça, il fallait que l'homme le fasse danser. C'était obligé !
Dolores Keller
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeSam 11 Juil - 18:56

- Vous n'êtes pas du tout essoufflée Dolores ?
- Ha ! Rares sont ceux qui peuvent m'essouffler !

Le regard pétillant de Lisette n'en finissait pas de briller à force de découvrir les capacités étonnantes de la doctoresse. De leur côté, Adam et Louise se jetèrent un regard complice, sachant pertinemment que l'endurance physique de leur patronne n'avait rien à voir avec ses qualités sportives. Le petit groupe s'était installé sur un banc près d'un arbre, le bal de la fête étant sur le point de commencer. Lisette reprenait rapidement son souffle après avoir dansé en compagnie de Dolores qui, pendant ce temps, se tenait fièrement debout, les mains sur les hanches, heureuse d'avoir découvert ses incroyables talents de danseuse. Jusqu'à ce que Lisette pose une question qui lui pendait aux lèvres depuis le début de l'après-midi.

- Et vous Dolores, avez vous un fiancé ?

Tout le monde se tût, même Manfred qui s'était coincé la tête dans un des interstices du banc et qui essayait tant bien que mal de la débloquer. Adam se rendit compte qu'il ne s'était jamais posé la question sur les histoires d'amour de sa patronne. Il faut dire que Dolores n'a aucunement le profil d'une femme amoureuse, il suffit de l'imaginer lors d'un rendez-vous…

***

- Et donc, vous êtes doctoresse ~ ? fit l'homme fictif d'une voix suave, profitant de sa dentition parfaite pour effectuer un sourire éclatant.
- … Ça alors !
- Qu'y a-t-il ?, rétorqua-t-il, toujours d'une voix séductrice.
- Vos dents sont d'un alignement rare ! Vous suciez votre pouce durant votre enfance ?
- Je… Je ne me rappelle plus, pourquoi cette q- uaaaaaah mais kechkeu fous faites ?
- Gardez la bouche ouverte ! J'essaye de mesurer la taille de vos molaires ! Oh ! Mais ne serait-ce pas un adorable aphte que je vois làààà ?

***

… Non, ce n'est pas la peine, même si ses interlocuteurs sont humains, elle serait capable de lui planter une fourchette dans l'œil pour ensuite quantifier la souffrance de son prétendant sur une échelle de 1 à 10. Et inutile d'imaginer quoi que ce soit s'il s'agit d'un légendaire. Malgré cela, Adam se demandait s'il était possible de trouver l'âme sœur de sa patronne. Qui sait, ce ne serait sans doute pas une tâche aisée mais la récompense serait à la hauteur ! À moins qu'elle tombe sur un scientifique aussi perché qu'elle, et à ce compte là tout Paris exploserait à cause d'une expérience ratée.

- J'ai un amant…
- Eeeeeh ?!

Dolores leva le menton, adoptant une mine étonnement sérieuse et presque héroïque. La seule fois où elle prenait cette expression, c'était pour se féliciter d'avoir sauvé un vampire d'une intoxication alimentaire après avoir sucé le sang d'une bonne sœur. Elle avait dit « Inutile de se faire du mauvais sang quand on boit du sang sain sans saucisse au salsifis sans sang ! »… Non Adam n'avait pas compris non plus.

- Je peux vous le dire Lisette car vous faites partie de la famille maintenant et… Manfred mais sort ta tête de là, allez !

Déception dans l'assemblée – sauf Louise qui était en train d'admirer ses ongles – qui poussa un long soupir, tandis que Dolores, debout sur le banc, tirait de toutes ses forces son pigeon par le corps pour le faire sortir de la fente dans laquelle il était coincé. Une fois fait, et après une impressionnante pirouette arrière rattrapée in extremis, la doctoresse appuya sur la tête de son oiseau de compagnie, comme pour remboîter ce qui avait fait « crac » pendant qu'elle l'avait tiré vers elle. Son attention fut alors piquée à vif lorsqu'elle entendit une mélodie au piano s'échapper de la zone du bal, comme si elle avait immédiatement reconnu l'auteur. Un sourire qui veut dire – je vais faire une bêtise ! - s'afficha sur son visage avant qu'elle ne parte à toute vitesse au milieu de la foule, suivie par son petit groupe qui de toute manière avait décidé d'aller se mêler aux danseurs.

Au milieu de la foule, Dolores se fit gagner, l'air de rien, quelques centimètres en taille pour dépasser la masse d'épaule qui s'agglutinait dans une spirale rythmée et infernale. Elle aperçut la personne qui jouait au piano sur scène et cria son nom tout en agitant le bras pour lui faire signe.

- Qui est-ce ? Demanda Lisette, un peu en retrait avec Adam qui regardait la jeune femme sautiller sur place, s'en prendre du tout en considération qu'elle gênait UN TOUT PETIT PEU tous les gens qui dansaient autour.
- C'est Monsieur White, le patron du cabaret du Lost Paradise, il est un ami de longue date du Docteur Keller, m-mais… Je sais pas s'il ne l'entend pas ou s'il l'ignore volontairement, mais il n'a pas l'air de réagir.
- Ooooh ! Allons l'aider !
- Hein ? Non mais…
- Adam chéri, l'amant dont elle parlait, c'est peut-être lui ! Regarde !

Le jeune assistant plissa les yeux tandis que Lisette tentait d'expliquer par A + B que Dolores s'agitait autant pour attirer l'attention d'Edward parce qu'elle en était amoureuse. Mais Adam avait beau essayer d'imaginer cela, la seule chose qu'il voyait était une gamine plus âgée que la moyenne, cherchant à déconcentrer son patron de toutes les façons possibles et inimaginables.

- Non mais là vu comme elle se dandine, c'est clairement pour ennuyer Monsieur White…
- Pfeuh, tu n'y connais rien ! C'est clairement une façon de le séduire !
- En imitant Manfred !?
- C'est qu'elle est encore maladroite ! Regarde il a finit de jouer, il descend de la scène et elle s'approche de lui ! Tu crois que c'est pour lui avouer son amour !?
- Vu son sourire, elle prépare surtout une bêtise…
- Elle lève les bras !
- Et pose Manfred sur la tête de Monsieur White…
- Elle s'éloigne ! Elle est toute gênée !
- Elle fuit plutôt non… ?
- Ah ! Un autre homme l'a arrêtée ! Tu le connais ?

Adam ne prononça plus un mot, son visage était devenu livide en apercevant le mystérieux inconnu qui venait d'attraper Dolores dans sa fuite sensationnelle et la coincer contre son corps robuste et musclé. Ces cheveux longs, ce regard séducteur…

- Bonjour. Docteur ~ (à imaginer avec un long soupire suave et aguicheur)
- Oh ! Bien le bonsoir Amaury ! Comment allez vous ?
- Je ne peux qu'aller mieux après vous avoir vue ici ~ (idem) Voulez-vous… Danser ! Avec moi ~ (là aussi).
- Vous sentez fort de la bouche, vous avez un problème aux poumons ?

L'incube s'immobilisa quelques secondes, sous le choc de la gifle monumentale que venait de lui infliger Dolores avec sa remarque innocente. En vérité il n'avait pas pensé à suçoter un bâton de réglisse pour effacer l'odeur des gâteaux qu'il avait ingurgité sur le chemin, après avoir séduit la pâtissière qui les mettait en place. Quelle erreur… D'habitude son odeur sauvage est très efficace sur les femmes les plus coriaces, mais même Dolores n'en était pas affectée. Aaah, cette femme n'ouvrira donc jamais son cœur de glace au feu passionnel qui souffle sur toutes les dames qui l'approchent avant de les consumer dans les profondeeeeeurs de la passiooooon charneeeeeelle et- ah, elle s'en va.

- Attendez Dolores ! J'ai une légère douleur !
- Hm ? Où ça ?
- Ici ~, fit-il en approchant la main vers le milieu de son bassin.
- Oh ! Très bien, baissez votre pantalon je vais regarder ça.
- Q-Quoi !? Ici ? Je veux dire… Vous allez vite en besogne ~ Mais j'admet que je trouve mon pantalon très serré depuis que je vous vouaaaaAAAAAAAAAaaaaaaah !

Inutile de préciser où Dolores avait commencé par serré sa poigne d'homonculus, mais autant vous dire qu'Amaury l'avait sentie passée. L'homme se retrouva en position fœtale en plein milieu de la piste de danse, les mains entre les jambes en train de pousser des gémissements de petit cochon.

- Je n'ai rien senti de particulier ! Je pense que c'est à cause de votre activité trop intense que vous sentez une douleur. Si vous voulez je peux regarder de l'autre côté si vous n'avez rien de… grave. Bah, Amaury ?

L'incube venait de ramper à quatre en dehors de la scène du bal, trop fier pour daigner montrer ses larmes à celle qu'il essayait de séduire depuis longtemps maintenant. Mais avant de retourner à la charge, autant prendre une petite pause, c'était ce que lui conseillait son médecin, après tout… Haussant les épaules, Dolores revint vers ses trois comparses et- Tient c'est vrai ça, c'est étrange de dire « ses trois comparses » alors que Louise est morte, alors que d'habitude on compte le nombre de vivants. Faudrait-il plutôt dire « ses deux comparses et demi ? » ou alors « ses deux + une morte comparses ? », bof, c'est pas très français.

- Dolores ! Qui était cet homme qui vous a attrapé ? Était-ce… Votre amant !?

Les yeux de Lisette brillaient tellement qu'ils étaient presque capables d'illuminer une pièce sombre. De son côté, Adam poussa un soupire discret, baissant la tête de découragement face à l'excitation surprenante de sa chère fiancée. Il faut dire que Lisette était une grande, grande, graaande amatrice de livres d'amour, sa bibliothèque en était presque entièrement composée et chaque jour elle en lisait un, voire même deux, emportée par sa passion de l'eau de rose. Son roman préféré ? La Princesse de Clèves, qu'elle a sans doute dû lire plus de 50 fois, avec toujours les mêmes « Aaah ~ » ou « Oooh ~ » rêveurs qu'elle fait en lisant, attendrie par les paroles de Mme de la Fayette. C'est d'ailleurs dans une librairie, à la recherche de ce livre (qu'elle a en plus de 15 exemplaires), qu'elle a d'ailleurs rencontré Adam (qui lui était à la recherche d'un livre scientifique mais s'était trompé de rayon…), augmentait encore un peu la préciosité du livre aux yeux de la jeune amoureuse. Mais, on s'égard…

- Lui ? C'était Amaury, un de mes patients. Pourquoi ? Il vous plaît ? Adam vaut beaucoup plus le coup, croyez moi, il ne risque pas de séduire une autre femme si vous voulez mon avis.

Tandis que les deux jeunes femmes pouffaient de rire, Adam ne savait pas vraiment comment prendre ce genre de compliment. Au moins sa patronne le considérait au-dessus d'Amaury, c'était une bonne chose.

- Et ce Monsieur White alors ? Il vous plaît ?
- Edy ? C'est mon petit lapin !
- Vous l'appelez lapin ? Oh mon dieu c'est un signe ! Tu vois je te l'avais dit !
- C-ce n'est pas de l'amour Lisette, arrête de le voir partout où tu vas…
- C'est toi qui ne voit rien ! Tes lunettes sont tellement sales qu'elles t'empêchent de voir l'amour, le vrai ! Donne les moi !
- Ah ! Non Lisette a-a-a-arrête !

Mais ce fut trop tard, Lisette avait déjà décollé les lunettes du nez de son fiancé et les posa sur le sien avant de s'éloigner en rigolant. Le visage catastrophé d'Adam à ce moment là est tout-à-fait indescriptible, mais pour se donner une idée il faut s'imaginer Manfred choqué… Oui, à ce point. Dolores laissa faire de son côté, hypnotisée par un grand individu drôlement vêtu qui lui rappelait quelqu'un. Ces épaules n'appartenaient pas à n'importe qui, elle le connaissait, elle le savait, mais tout ce maquillage l'empêchait de voir vraiment qui se cachait derrière. On aurait presque dit Narcisse, son dragon préféré qui l'évitait depuis quelque temps sans raison (enfin depuis qu'elle a essayé d'entrer dans sa gueule pour récupérer un échantillon de salive), mais c'était sans doute une erreur. Ah ! Adam est revenu parmi nous.

- D-d-d-d-d-d-docteur ! Mes lunettes ! Elle…
- Je compatis mon cher assistant, mais inutile de paraître si paniqué.
- Docteur… Mes lunettes, elles voient les fantômes ! Et les gens qui sont morts ! E-e-e-et les spectres et les esprits et-
- Techniquement, n'importe qui voit les gens morts, et techniquement encore, vos lunettes ne voient rien, elles permettent juste à un œil humain de voir et d'entendre les personnes qui ne font pas partie de la réalité physique. En d'autres termes, n'importe quel humain portant ces lunettes voient les esprits, mais les lunettes en elles-mêmes ne voient rien. Vous voyez, la fleuriste voit, Lisette voit, mais pas les lunettes ! Sauf si elle les met, à ce compte là, oui, elle voit les fantômes. Oh ! C'est ennuyeux.
- ELLE VA SE FAIRE DÉVOREEEEEER !!
- Par un fantôme ? Allons cher assistant, où sont parties les leçons que je vous ai inculquées ? Un fantôme ne peut pas, physiquement parlant, manger un être humain ! C'est une idée bien connue mais complètement erronée. À moins qu'on parle sur un plan fantôme – âme, où là, à de très très rares conditions, un fantôme peut aspirer la vie d'un être vivant, et encore, c'est très très rare.
- DOCTEUR !
- Oui j'y vais !

Dolores partit rapidement au milieu de la foule, à la recherche de Lisette qui, sans le savoir, voyait sans doute les fantômes qui avaient pris part à la fête. De son côté Adam tentait désespérément de se frayer un chemin, un bras en avant et les yeux plissés jusqu'au maximum pour y voir quelque chose. Après de longue minutes de course poursuite, Dolores parvint enfin à remettre la main sur la jeune fiancée qui avait enlevé les lunettes de son cher et tendre et qui semblait chercher quelqu'un parmi la foule sans parvenir à la trouver.

- Lisette vous allez bien ? Vous semblez perplexe.
- Ah! Oui tout va bien mais je cherche la dame qui m'a demandé d'enlever mes lunettes. Elle était belle et blonde ! Par contre je me demande si elle n'a pas chaud avec sa veste…
- Ah je crois la connaître !
- À ton service. Tu noteras qu'elle a dit que j'étais belle. Comme quoi je vieillis plutôt bien.
- Liseeeee-ourmpf !

Alors qu'Adam était parvenu au niveau de sa fiancée, le jeune homme se fit violemment bousculé par un couple qui dansait par là, le faisant tomber à la renverse. Dans le choc, son bandage se défit, faisant tombé son bras ramolli au sol. Lisette, paniquée, accourut vers son fiancé et lui posa les lunettes sur le nez avant de tourner le visage vers son bras, la mine étonnée. Paniqué – encore – Adam chercha à trouver une excuse ou quelque chose de semblable mais se contenta d'un « Abeugmefeubadfadgmpfegdeuh », qui, même avec une traduction aussi poussée que celle de la discussion de Manfred, n'a aucune chance d'être compris.

- Adam chéri, ton bras…
- J-j-j-j-je peux tout t'expliquer, c'est pas ce que tu crois !
- Il ne te fait plus mal ?
- Eh ?

Effectivement non, il ne lui faisait pas mal, et était aussi dur et consistant que son autre bras. Chaque doigt semblait répondre, tout comme sa main complète et son coude. L'injection de Dolores avait bel et bien fini de faire effet… Soulagé, le jeune homme poussa un soupire bref avant de laisser sa tête tomber en arrière. On l'aida bientôt à se relever, et après avoir calmé Lisette qui souhaitait « fourrer son ombrelle dans la gorge de celle qui l'avait fait tomber », le petit groupe s'éloigna du centre de la piste de danse, exceptée Louise qui avait rencontré un charmant esprit frappeur dont l'allure rebelle avait un certain charme. Un slow commença d'ailleurs, ralentissant le rythme des danseurs.


[Commence à 0:11, avant c'est la musique du club Dorothée *kof*]

- Rien à faire, cette dame s'est complètement volatilisée. J'aurai bien aimé faire connaissance avec elle !
- Qu'est-ce qu'elle t'a dit au juste ?
- Elle a dit « Mademoiselle, vos lunettes vous vont à ravir mais je doute que votre maladroit de fiancé puisse vivre sans elle. Je vous propose de les ôter et les lui rendre, autrement il risque de se cogner contre les murs, et, même si cela serait très rigolo, serait assez embêtant ». C'est comme si elle te connaissait ! Trop forte hein !
- … Je vois.
- Oh ! Sinon Dolores ! Vous ne nous l'avez pas dit au final ! Comment s'appelle votre amant ?

Les yeux pleins d'étoiles et d'étincelles de Lisette firent leur retour triomphant, tandis qu'Adam, lui aussi intéressé par la réponse de sa patronne, cessa de respirer quelques secondes, comme pour se préparer à recevoir psychologiquement la réponse de l'homonculus. Celle-ci, comme à son habitude, posa ses mains sur ses hanches, leva le menton et prononça dans un sérieux des plus solennels.

- Celui qui a fait chavirer mon cœur… C'est la science ! Ou Manfred, au choix.
- Haan… Il fallait s'y attendre Lisette, j'espère que tu es… pas… déçue ? Lisette ?

Lisette n'était plus parmi nous, elle était déjà partie dans une de ses nombreuses histoires d'amour imaginaires, les yeux pétillants, la mine pleine d'admiration et d'espoir. Sa tête légèrement penchée, elle imaginait déjà la patronne de son fiancé en train de refuser les avances de nombreux prétendants avant de rentrer dans son cabinet, poser ses doigts sur ses nombreux tubes à essai et autres ballons, avant d'ouvrir un livre de science, le regarder et là ! Elle sourirait !

- Aaaaaaaah ~ C'est… C'est tellement beau ! Une femme et sa passion ! Réunies ! C'est l'apogée de l'amour scientifique ! Iiih Adam ! Allons danser ! Allez !
- M-Mais !

- … Hm ? J'ai pas compris. Manfreeeed ?

HRP:


Dernière édition par Dolores Keller le Lun 13 Juil - 10:15, édité 1 fois
Edward White
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[Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeDim 12 Juil - 18:07

Le dernière note, un peu brutale, précéda un silence tout relatif sous l'immense dentelle d'acier. Le souffle amoindri, les doigts encore vibrants de ce son offert au futur, les iris du loup blanc s'étaient figés sur les touches ivoire du piano. L'esprit encore troublé par l'écho de la mélodie, son cœur battant lui rappelait qu'il n'avait plus joué de la sorte depuis des années. Pourquoi ? La réponse s'imposa d'elle même, aussi net qu'amer. Edward ferma les yeux, sourd aux compliments de la comtesse. Il ne les rouvrit que pour les poser sur la piste, heureux d'y voir son neveu saluer sa cavalière. Leur mine ravie aurait suffit à le faire sourire si son regard n'était pas tombé sur Dolores, en pleine imitation de Manfred parvenant merveilleusement à rentre son regard vitreux. Cela arracha un soupir las au loup-garou, qui se crispa une seconde plus tard, lorsqu’il croisa les iris ambré d'Aldrick, dont la proximité lui soutira seulement une grimace. Il se leva rapidement, rejoignant le commissaire en abandonnant plus sèchement qu'il ne l'aurait cru :

Moque toi, vas y. Qu'on en finisse rap…
Tu devrais jouer plus souvent.

Edward referma la bouche. Figé dans la descente de l'estrade, il toisa une seconde le commissaire dont il n'arrivait pas à croire les paroles. La sincérité de ses traits le déstabilisa plus qu’il ne pouvait le concevoir – et davantage même que le déhanché aviaire de sa doctoresse envers laquelle il orchestrait déjà une vengeance –, si bien qu’il détourna rapidement le regard avant de le rejoindre d’un pas leste. Il acquiesça seulement à la suite de ses mots, étonné de surprendre un sourire si doux sur ces lèvres qui avaient juré sa mort.
Mal à l’aise, ne sachant comment réagir face à cette gentillesse soudaine, il passa une main sur sa nuque, abandonnant un banal remerciement, sans savoir s’il était réellement approprié.

La tranquillité était pourtant loin d’être gagnée ! Car à l’instant même où un nouveau morceau gagnait la piste, la main d’Élise se posait sur le bras d’Aldrick, précédant un débit de parole bien trop important au goût d’Edward qui ne percuta qu’aux mots « Narcisse » et « talons ». Inquiet pour son acrobate, il jeta un coup d’œil rapide à la foule, sans parvenir à l’apercevoir, et s’enquit aussitôt :

Élise, quelles infâmes tortures avez vous faites subir ce pauvre Narcisse ? Dépêchez vous de lui rendre le peu de dignité que vous avez certainement foulé du p… Dolores ?

Un instant d'inattention avait suffit. Trop concentré qu’il était sur le sort tragique qu’avait certainement subi le pauvre Narcisse, Edward avait fait la terrible erreur de quitter des yeux son homonculus préférée, cette dernière en ayant sournoisement profité pour lui coller Manfred sur la tête avant de fuir en pouffant de sa bêtise.

Aïe ! Manfred mais tu… Mais aïe ! Dotty viens récupérer ton piaf arriéré, il me picore le crâne ! Aïe ! Dolores !

Manfred confondait-il Edward avec la blanche colombe de ses rêves ? Possible, où il cherchait à appliquer un cours de sa maîtresse sur l’ouverture d’un crâne de mort-vivant pour y soigner une luxation de l’hippocampe (si, si… c’est possible !). Toujours était-il que l’oiseau donna un nouveau coup de bec sur le front de son perchoir qui finit par le saisir de ses deux grandes mains puissantes. Plongeant son regard dépareillé dans celui abyssal du pigeon, le loup lâcha sur un ton autoritaire :

Manfred tu arrêtes !
Rouh rouuuurouuh rourouh !
Ne me prend pas de haut comme ça ! Tu cesses de me becqueter !
Rouuuurouh rouh rouuuuurourourouh !
Bon bon ! Je négocierai pour toi un supplément de confiture de sapin.
Rouuuh rourouh !
Et je retire le « arriéré ».
Rouh !
Tu marches avec moi ?
Rouh.

Duo de choc. La vengeance était en marche.

Edward s’excusa rapidement auprès d’Aldrick, lui recommandant tout de même d’aller sauver ce pauvre Narcisse qu’il pensait au bord de la syncope. Puis il s’éloigna promptement pour rejoindre Dolores que le charisme d’Amaury avait réussi à stopper. Ou presque…

Ça… Ça doit faire mal…
Rouuuh…

Si le sort du pauvre incube arracha une grimace compréhensive au loup et à son compagnon à plumes – ce qui ne changeait finalement rien à sa physionomie –, il ne permit pas de dérouter Edward de son but premier, si bien qu’il tonna de nouveau le prénom de la doctoresse. Malheureusement ce dernier fut couvert par un cœur de jeunes dandy, bras dessus, bras dessous, dans une chorégraphie aux levés de jambes endiablés.



Ce rempart de bon sentiments tout à fait répugnants au regard du lycan l’obligea à employer les grands moyens. Il se tourna vers Manfred et lança :

Rattrape la !
Rouh !

Décollage magistral, de AirManfred qui déplia ses ailes avec une grâce que même son ventre rebondi m'entachait pas. Il balaya l’air d’un puissant coup de plume, montant en flèche afin de repérer sa cible sur laquelle il s'abattit sans qu’aucun rapace ne puisse l’égaler.

Manfred laisse cette décoration tranquille ! Soupira Edward.

Le loup se demanda pourquoi il faisait encore confiance à cet emplumé bigleux et aux réglages aéronautiques défectueux, même s’il lui accordait que la grosse lanterne branlante avait quelque chose du regard exorbité de Dolores. Cette dernière s’éloignant encore, Edward dut trouver un autre moyen pour la ralentir et, après avoir hésité entre une chaise et une contrebasse, il préféra se saisir de ses propres chaussures pour les lancer de toutes ses forces sur la fuyarde. Ce que le jeune homme avait omis, c’était sa légendaire précision au tir.
Ce fut un membre du chœur des « cooopaiiiiiiins » qui récupéra son talon en pleine tête, le faisant tomber au sol. Cela déclencha le repli stratégique des chanteurs sous l’ordre étrange mais efficace de leur meneur qui s’exclama :

Hardi les gars ! Vire au guindeau !

Une seconde s’écoula et le petit groupe forma un rang parfait, le blessé étant soutenu par ses pairs. Ils s’éloignèrent dans un rythme qui aurait put être militaire s’il n’avaient pas repris leur chansonnette transpirante d’amour. Ce lancé manqué avait au moins eu le mérite de dégager le passage, et Edward put faire feu de son pied droit.
Il aurait assurément atteint sa cible, si le retour grandiose de Manfred ne l’avait pas déstabilisé au point de lâcher la chaussure derrière lui. Elle effectua un magnifique vol d’une dizaine de mètres, effectua deux doubles axels, une rotation sur trois-cent-soixante degrés en plus d’un demi tour plutôt gracieux pour finalement heurter de plein fouet un jeune homme installé aux rafraîchissements et dont le verre ne put jamais atteindre les lèvres. Il était d’ailleurs en bonne compagnie, ce qui n’arrangeait rien, d’autant plus que la demoiselle en question n’était pas étrangère au lycanthrope :

Oh… Tala. Ne restons pas là…

Préférant éviter les ennuis, le loup blanc disparut dans la foule. En chaussettes certes, mais qui s’en inquiéterait ?
Sa vengeance toujours en tête, il n’eut qu’à suivre les troubles de la foule pour retrouver sa proie. Cette fois-ci, l’échec était interdit. Aussi le roi des loups se saisit fermement de Manfred pour lui donner ses directives. Le pigeon acquiesça vivement, sur des roucoulements affirmés – à moins que ce soit sa gestuelle habituelle ? –, et Edward le laissa partir en éclaireur, non sans rappeler à sa courte mémoire la montagne de confiture de sapin qui l’attendait.
Le départ fut laborieux et le visage du loup enchaîna toutes sortes d’expressions. Désespoir, dégoût, confiance, et un magnifique levé de bras victorieux lorsque Manfred entra enfin dans le champs de vision de Dolores après le plus long toilettage aviaire que le loup ait pu connaître.

Ni une, ni deux, Edward se jeta dans la bataille.

Il passa entre Adam et sa fiancée pour se jeter littéralement sur sa vieille amie, la saisit à la taille comme s’il allait plaquer un ours – ce qui lui était déjà arrivé – et la souleva sur son épaule tel un sac à patate. Sac un peu trop agité. Puis se tournant vers les convives, Mandred sur le postérieur de Dolores, il salua tout ce beau monde avec les politesses que se doivent les gentlemen, même en chaussettes :

Mademoiselle, je suis ravi de faire votre connaissance. Adam… Je vous emprunte votre supérieure, allez donc faire danser votre fiancée le temps que nous réglions quelques détails…




Bis : Prolongation !


Compte tenu de votre participation et du léger bazar causé dans ce poste, nous avons décidé de vous laisser encore deux jours pour poster !

Vous avez maintenant jusqu'au mardi 14 juillet au soir pour poster, ou reposter !
Profitez en !

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Aldrick Voelsungen
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeDim 12 Juil - 19:16

L'air pantois de son vis à vis, le fit sourire un peu plus, pour un peu, il l'aurait taquiné pour le plaisir. Mais il n'en fit rien. Qu'Edward ait accepté de jouer, qu'il ait accepté de jouer pour Éléna aussi, le touchait profondément. Au moins autant que le sourire ravi qu’arborait sa jeune sœur. Le remerciement qui suivit le surpris, et pour l'une des rares fois de son existence, le lycanthrope se trouva bête de ne pas savoir quoi dire à l'un des siens. Comme si le destin avait voulu pallier à ça, Élise apparut de nouveau, le noyant sous une cascade de paroles. Sidéré, il n'eut pas l'opportunité d'en placer une et pointa seulement son index sur chacun de ses interlocuteurs :

- Vous... Vous connaissez ?

Edward ne crut pas bon d'y répondre, préférant l'inciter à la rejoindre à la poursuite du mystérieux inconnu avant de se lancer dans un dialogue pour le moins surprenant avec un oiseau qu'on venait de lui laisser. Interloqué, un sourcil arqué sous l'incompréhension dans une grimace d'une perplexité absolue, Aldrick ne put que penser à voix haute :

- Depuis quand est-ce qu'il parle aux piafs ?

*Il a perdu la boule ou quoi ? Ce volatile lui a endommagé le cerveau ? Est-ce qu'il y avait vraiment besoin de forcer...*

Il le regarda s'éloigner en se demandant comment diable cette volaille pouvait raffoler de la confiture de sapin ?! La consistance même du produit lui arrachant une grimace de dégout inédite. La demoiselle se rappela pourtant rapidement à son bon souvenir, et dans un soupir, le commissaire reprit avec calme professionnel :

- Vous cherchez donc un guitariste, Élise ? C'est un peu mince compte tenu du nombre de musiciens présen... Il vit une chaussure passée au-dessus de lui en plein double axel, fronça les sourcils, en comprenant que le lanceur n'était autre que le loup blanc, et passa une main sur son visage.

- Mais qu'est-ce qu'il fiche ?

Bien décidé à ignorer totalement cet olibrius et son absence totale d'adresse au tir, le policier reprit, mais devant le regard étoilé de la belle, il ne sut lequel des deux maux était le plus à craindre. Il toussota et tenta :

- Hum... Euh... Narcisse, c'est bien l'acrobate du Lost, n'est-ce pas ? C'est lui qui vous a demandé de retrouver ce jeune homme ?
Le commissaire balaya la piste du regard, cherchant un artiste, qui puisse correspondre à pareille description.
- Aly ! Tu me dois une danse ! Oh Elise ! Vous allez bien ? Vous dansez avec nous ?
- Qu... Non, je dois aider Elise à retrouver... L'âme sœur de Narcisse ?
Le commissaire tiqua, la phrase en elle-même lui paraissait sortie d'un autre temps.
- Ah, mais c'est merveilleux ! S'écria la blonde. A quoi ressemble-t-il ?
- C'est un guitariste brun, peut être blond, ou roux...
- Oh mais je l'ai vu !
- Vraiment ?
L'ainé afficha des yeux ronds comme des soucoupes, tandis que Sabrina saisissait chacun d'eux par la main.
- Par ici !
C'est ainsi qu'ils furent guidés dans la foule, un peu plus loin que le bal, évitant les danseurs, puis un groupe de jongleurs, pour finalement tomber nez à nez avec un groupe de musiciens, dont le guitariste, affublé d'oreilles de chat, d'une paire de lunette de soleil et d'une perruque blonde platine si étincelante qu'elle aurait rendu jalouse n'importe quelle pub pour shampooing entama sa nouvelle chanson d'un air décidé.



Les différents lampions non loin semblaient influer autant sur la chevelure fictive du guitariste filiforme que sur son collier de perles énormes. Du moins jusqu'à ce que la harpiste s'en mêle.

- Euh... J'ai comme un doute là, Sabrina. Dit-il d'un air dégouté, les bras balands tandis que la foule aux alentours reprenait la fin à tue-tête.
- Ah qu'ils sont classes... Si tous les gars du monde pouvaient leur ressembler ! Soupira la blonde d'un air de fan girl.
Le poil d'Aldrick se hérissa tandis que dans son esprit, toute la gente masculine venait de revêtir l'apparence des différents musiciens. Le dépit marqua ses traits plus sûrement qu'un sculpteur le marbre à l'aide d'un burin, et le lycanthrope secoua négativement la tête avec force pour se défaire de cette image aux effets cyclothymiques.
- C'est officiel, je ne comprendrais jamais rien aux filles... Soupira-t-il avant de froncer les sourcils en se penchant, semblant reconnaitre l'odeur familière d'un chocolat de luxe qui émanait d'une tête blonde : Miss Lindel ?

Il n'eut pas le temps d'en être certain que déjà sa petite sœur lui mettait sous le nez un chat noir affublé d'un chapeau melon. Ce dernier lui griffa joyeusement le visage avant que la blonde n'entame un tour sur elle-même, serrant et desserrant la boule de poils entre ses bras, sans lui laisser le temps de respirer.

- Il est adorable, pas vrai ? Je peux le garder ? Dis, dis, dis je peux le garder ?!
- Comment ? S'étrangla-t-il. Non ! Il n’en est pas question ! Remet le là où tu l'as trouvé !
- S'il te plaiiiiiiiit !!!! Regarde comme il chou, avec ses yeux immenses et...

La suite se perdit dans un marasme sans sens, où il eut vaguement l'impression que Sabrina tentait de convaincre Élise de lui prêter main forte, mais il n'écoutait déjà plus depuis longtemps quand il crut percevoir un homme vêtu tel un pirate, ressemblant à Khan de loin. Sans attendre, il planta là la belle, et s'élança en criant :

- Hey vous là ! Halte !
Narcisse Williams
Dragon on the wire
Narcisse Williams

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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeDim 12 Juil - 23:29

Seul.
Inéluctablement, terriblement, résolument seul.
Narcisse ne savait trop comment cela lui était arrivé, et sans doute ne le voulait-il pas, au fond, mais le fait restait le même : Élise l'avait laissé. Un instant il marchait, fixant l'horizon parisien d'un œil déterminé et plein d'espoir, le suivant il se retournait et... plus rien, plus de muse du moins. Pour le moment, l'acrobate n'eut su dire s'il s'agissait là d'une bonne ou d'une mauvaise nouvelle. Il fallait dire que la demoiselle semblait formellement décidée à faire de sa vie un cauchemar depuis leur rencontre en fin d'après-midi, et son absence ne sonnait pas à ses oreilles comme une tragédie. Toutefois, sa soudaine solitude posait un nombre certain de problèmes auxquels il ne voulait pas être confronté, le principal étant qu'on pouvait vraisemblablement le prendre pour une femme non accompagnée, ce qui faisait par conséquent de lui une cavalière potentielle. Et si le dragon avait résisté aux baisers d’Élise, à son agression de la part de James, à son travestissement aux allures de viol, il n'eut pu supporter de se donner ainsi en spectacle. Il en était hors de question. Autre soucis, sa séparation de la muse ne signifiait aucunement que celle-ci était rentrée sagement au Lost Paradise, bien au contraire. La connaissant, il était fort possible qu'elle soit partie à la recherche d'un papillon ou de...
Les paroles de la jeune femme lui revinrent soudainement en tête et le visage du garçon prit une couleur blême peu conseillée. Non, il devenait sans doute paranoïaque. Élise était un peu spéciale, elle avait visiblement consommé quelque chose d'illégal en ce jour, son comportement était sans gêne et elle avait concocté un plan machiavélique à son encontre, mais elle n'avait décemment pas pu se mettre en tête de retrouver le musicien qu'il venait de fuir, si ? Et encore moins sous le prétexte qu'il était sa soit-disant âme sœur, n'est ce pas ?

« Quand on parle du loup, on en voit la queue. », disait le proverbe. Narcisse ne savait pas si le Destin était en train de rire de lui ou s'il avait été maudit par une quelconque sorcière vaudou, mais la présence du guitariste amouraché de lui était, elle, indéniable. Le regard améthyste du jeune homme s'écarquilla d'horreur et il entreprit de se faufiler à travers la foule dans l'espoir ultime de fuir cet individu. Cela fonctionna en partie. En fait, cela fonctionna jusqu'à ce que le vol d'un volatile familier ne perturbât sa course folle. Manfred. Le cœur de l'acrobate s'emballa tandis qu'une vague d'adrénaline déferlait sur son corps. Il fit volte face, ce qui, perché sur de hauts talons, s'avéra être une tâche assez complexe, et avança d'un pas plus rapide encore vers... vers il-ne-savait-plus-où, juste loin, très loin des personnes qui pourraient le reconnaître. Étonnamment, cela sembla marcher à merveille. Lorsqu'il tourna la tête, désormais éloigné de quelques dizaines de mètres du bal, aucun visage familier ne lui vint aux yeux. Un profond soupir de soulagement s'échappa de sa bouche maquillée et il s'autorisa une pause contre un stand au hasard, reprenant lentement son souffle. Respirer était déjà une tâche suffisamment ardue avec le corset qui mordait son torse, mais il fallait croire que sa course-poursuite avait endommagé le peu d'endurance que lui autorisait l'odieux instrument de torture. Il déglutit péniblement tandis que la poussée d'énergie fulgurante qui l'avait saisi avant sa fuite chutait graduellement, transformant son corps en vaste zone douloureuse. Ses pieds étaient en charpie, il éprouvait du mal à respirer et il avait la nausée, des sensations qui, fut-il franc envers lui-même, étaient loin d'être agréables. Il s'appuya plus lourdement contre la petite table du stand, papillonnant follement des paupières tandis qu'il sentait de légers points noirs flouter sa vision. Non. Non. Oui, il avait entendu parler des évanouissements de certaines femmes à leur premier corset, mais il ne pouvait décemment pas se permettre ce genre d'incidents en pleine fête de la musique alors qu'il était un homme. Hors de question.

« Mad'moiselle ? Oh, Mad'moiselle ? Z'allez bien ? »

Cauchemar. Horreur. Infamie. Les yeux violets remontèrent doucement vers la haute silhouette d'un homme à chapeau alors que celui-ci posait ses mains sur ses épaules. Le dragon cligna lentement des paupières, incertain de la conduite à suivre. Il hocha de la tête d'un mouvement doux, espérant repousser cet individu qui, aussi bien intentionné soit-il, restait dangereux à ses yeux. S'il devinait qu'il n'était pas tout à fait une "mademoiselle", c'en était fini de lui. L'homme ne sembla cependant pas se désintéresser de lui, à croire qu'il possédait un charisme fou réservé uniquement à son côté féminin, et passa une main entre ses deux omoplates pour le soutenir.

« Z'avez pas l'air bien mad'moiselle. Dans la vie pour être tranquille faut savoir devenir un cat' ! »

Bah voyons, songea-t-il rageusement, tout le monde veut devenir un cat c'est bien connu ! En vérité, Narcisse n'avait aucune idée de ce à quoi faisait référence cet étrange personnage, mais il se garda bien de le faire remarquer. Il haussa toutefois un sourcil interrogateur qui attira l'attention de son interlocuteur. Celui-ci saisit ses doigts de son autre main et l'attira tout contre lui, arrachant à l'acrobate des rougeurs mortelles. Son visage se rapprocha doucement du sien et c'est avec un clin d'oeil qu'il s'expliqua :

« Je veux dire par là qu'il faut se détendre mad'moiselle. Tenez, profitez donc d'une chanson et... d'une danse... »


NON. Non non non non non ! Le dragon ouvrit une bouche paniquée dans l'espoir de faire cesser les élans affectueux de son énième bourreau, mais il était trop tard. Ses deux amis, qu'il n'avait jusque là pas remarqué, entamèrent une délicate mélodie, entraînante et douce, qui lui eut plu si elle n'avait été un instrument de torture pour son pauvre corps.



Alors, avec résignation et fatigue, le garçon se laissa aller contre son gré sur le rythme jovial tandis que ses pensées devenaient, elles, infiniment plus sombres. Ses pieds cloqués lui faisaient regretter chaque pas comme s'il avait été le millième et sa respiration, loin de s'améliorer, commençait à lui faire sérieusement défaut. Heureusement, Narcisse était léger et le gaillard qui le traînait suffisamment costaud pour ne pas se rendre compte qu'il le soutenait un peu trop. L'acrobate en profita donc pour se reposer un instant tandis que son regard parme parcourait la place. L'angoisse restait pour lui omniprésente, bien que son partenaire ne sentît vraisemblablement pas son véritable genre, et il priait tous les saints qu'il ne connaissait pas pour ne croiser aucun légendaire susceptible de le mettre à découvert.

Raté.
À sa droite, son patron s'éloignait de la foule avec – … Oh miséricorde ! – le Docteur Keller dans les bras. À sa gauche, le commissaire s'élançait à la poursuite d'un malfrat potentiel. Quoiqu'il ait fait à l'encontre de Dieu, c'était grave, très grave, et celui-ci le détestait. Dans un geste uniquement guidé par la peur, il enfouit sa tête dans le cou de son bourreau, mortellement crispé. Puis le jeune homme réalisa la stupidité de ce réflexe et opta pour une autre alternative. Il marcha vigoureusement sur le pied de son interlocuteur, qui couina brièvement en lâchant prise, puis s'enfuit en courant. Tandis que ses pieds meurtris se posaient à grande vitesse l'un devant l'autre, il jura de ne plus jamais sous-estimer la force d'une femme. Pour endurer autant de tortures, le beau sexe devait être uniquement constitué de guerrières, il en était désormais persuadé. Ou peut-être l'habitude forgeait-elle les corps sveltes de la gente féminine, il ne savait pas. En tout cas le sien, de corps, n'était absolument pas préparé à une telle épreuve et le faisait douloureusement savoir.

Lorsqu'il parvint de nouveau au bal, le pauvre acrobate était dans un état que lui-même jugea pitoyable. Ses pieds... il ne voulait même pas en parler, ses genoux tremblotaient, peu habitués à la position alambiquée qu'on les obligeait à prendre, quelques mèches argentées s'étaient échappées de leur prison et sa respiration erratique le secouait à répétition. Quoique, s'il devait être honnête, il ne parvenait plus à inspirer correctement, ce qui réfrénait sensiblement la portée de ses halètements. Le jeune homme étouffa un toussotement du revers de sa main perlée en clignant des yeux. Il ne se sentait pas bien du tout, à vrai dire. Il se pencha doucement en espérant parvenir à mieux respirer mais se ravisa vite lorsque le corset appuya sur son ventre, lui donnant de nouveau la nausée. Non, vraiment, ça n'allait pas. Il commençait même à voir trouble. Cherchant du réconfort vers un lieu au hasard, il s'avança en titubant vers la foule, désireux de quitter une bonne fois pour toute ce cauchemar.

« Hahahaha ! », répondit le Destin.
Car ce fut cet instant que choisit sa vision pour se déformer complètement, envoyant le pauvre dragon à la renverse sur un couple qui dansait là. La chute fut relativement plate à son goût, ou peut-être était-ce parce qu'il s'était évanoui un instant. Un grognement plaintif s'échappa de ses lèvres rouges tandis qu'il se relevait en tremblant, ne parvenant toujours pas à respirer convenablement. Son regard grimpa lentement, tout groggy qu'il était, vers le visage de ceux qu'il avait renversé...

Non. Non non non ! C'était impossible... Pas l'assistant du Docteur Keller !!
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeLun 13 Juil - 0:31

Les talons n'étaient plus qu'un lointain souvenir pour la louve qui n'avait désormais plus qu'un seul objectif : faire avouer à l'homme en face d'elle qu'elle savait s'amuser. Le sourire qu'il lui adressa la convainquit qu'elle était sur la bonne voie mais cela restait... insuffisant. Elle voulait lire dans son regard l'absolue certitude qu'elle avait raison et qu'il avait toujours eu tort et pour ça, il n'existait qu'un moyen d'y parvenir : faire ses preuves.

« Tu es sûre de ne pas vouloir te reposer un peu ? »

Aussi, lorsque son partenaire prononça cette simple phrase, cela lui valut un regard rempli d'une détermination si farouche qu'elle aurait suffi à provoquer un véritable incendie si pour une obscure raison Tala avait pu lancer des flammes de par ces yeux-là.

« Le repos, c'est pour les faibles. »

Fut sa seule réponse. Ces quelques mots semblèrent ravir son adversaire, d'ailleurs, car il hocha la tête avec un enthousiasme à faire peur. Enfin, faire peur au reste du monde. Pas à elle. Ce soir, elle avait trop de choses à prouver, et pour ça, elle était déjà allée trop loin. Elle avait sacrifié ses talons, sa dignité et même jusqu'à sa pudeur pour en arriver là et il était désormais hors de question qu'elle fasse marche arrière. Maintenant, elle fonçait. Et ça allait faire mal.

« Un peu oui qu'on le reprend. »

La main de l'homme se glissa autour de sa taille sans qu'elle ne fasse même mine de tressaillir. Il l'attira à lui d'un coup sec. Elle se crispa à peine. Les iris de son vis-à-vis s'accrochèrent aux siens sans que les flammes de ceux-ci ne s'éteignent. La proximité ne semblait plus pouvoir lui faire peur, la détermination effaçait tous ses doutes, toutes ses craintes, tout ce qui aurait pu la faire faillir, pour qu'elle devienne une étoile filante que rien ni personne ne serait jamais en mesure d'arrêter. Rien... ?
Non, rien. Deux pas en arrière, un pas en diagonale, la jambe de son partenaire devant la sienne. Deux pas en arrière, un pas en diagonale, la jambe de son partenaire devant la sienne. Deux pas en arrière, un pas en diagonale, la jambe de son partenaire devant la sienne... Elle les tenait, elle serait capable de suivre ces pas sans difficulté et saurait les restituer sans soucis, peut-être même plus rapidement, maintenant qu'aucune chaussure assassine ne retenait son pied dans l'espoir fourbe de la voir chuter. Pour un peu, elle comprenait presque Elise. Enfin là n'était pas la question, elle avait bien d'autres chats à fouetter que d'offrir des points à une muse qui n'en avait rien à faire et son partenaire la rappela à l'ordre en arrivant à la même conclusion qu'elle. Oui, lui aussi la sentait prête à passer à la vitesse supérieure et si le fait d'avoir eu besoin de retenir les mouvements l'avait un peu vexée, ça n'avait fait que renforcer sa détermination. Deux pas en arrière, un pas en diagonale, la jambe de son partenaire devant la si-...

« Tu vas voir ce qu'est un vrai tango. »

Sa mâchoire se crispa, et elle dût se faire violence pour ne pas envoyer balader son vis-à-vis. Qui lui disait qu'elle ne savait pas ce que c'était, d'abord ?! Bon. Dans les faits, c'était vrai. Mais même ! Il n'avait pas à lui faire remarquer ! De toute façon, maintenant, elle connaissait les pas, il allait voir, il  allait regretter ses dires et ravaler ses paroles et-... La danse n'eut jamais lieu.

« Navré… Je… Sur ça ce n’est pas possible ! »

La frustration qui s'empara du cœur de la jeune femme prit un malin plaisir à le titiller très lentement, faisant monter un flot de colère ravageur dans les prunelles assassines. Elle ne voulait pas d'une victoire par forfait, elle voulait une victoire absolue, une conquête totale, elle voulait lui arracher chacun des mots qu'elle attendait, et si nécessaire, elle le ferait avec les dents. Il était hors de question qu'elle puisse ne serait-ce que se contenter de cette victoire-là, c'était impossible. Pas après tout ce qu'elle avait enduré... ! Tel le soldat blessé qui a tout sacrifié pour la victoire d'une armée en déroute, Tala s'indigna et ouvrit la bouche pour répliquer quelques paroles amères, mais il la prit de court.

« En attendant qu'il attrape cet ivrogne, accepteriez-vous que je vous offre un rafraîchissement ? »

La jeune femme referma la bouche, puis la rouvrit, laissant place à un long silence désamorcé. Il... lui proposait un verre ? À elle ? Alors qu'elle n'avait pas vraiment gagné ? Elle ne pouvait pas accepter, pas dans ces conditions, et certainement pas face à cette victoire incomplète. Tala fronça donc les sourcils, retrouvant des accents de colère dans ses si jolis yeux verts où l'on pouvait lire si aisément le moindre de ses ressentis.

« Je n-... »

Commença-t-elle en secouant la tête. Mais son interlocuteur, mu par un instinct quelconque ou parce qu'il avait compris qu'elle se refusait à une victoire si peu savoureuse, la coupa en pleine phrase.

« Voyez-le comme une trêve. Maintenant que l'échauffement est terminé, nous entamerons la vraie partie quand une musique digne de ce nom se présentera. »

Dans ces conditions, Tala donna son accord.

« Bien, je vous suis. Ma victoire n'en sera que plus savoureuse après l'attente... »

Lorsque l'homme la prit par le bras, elle ne put cependant pas retenir le sursaut qui agita son corps : l'adrénaline était retombée, et avec elle, cette espèce d'immunité au contact. Tout revenait à la normale, elle supposait. Elle le suivit donc, relativement crispée, jusqu'au comptoir où elle s'installa avec un peu trop d'empressement pour que ce soit naturel. Tala ne prit pas même le temps de consulter la carte quand son vis-à-vis lui demanda ce qu'elle préférait. La réponse fusa, nette et précise, sans qu'elle n'émette le moindre doute.

« Un Whisky, s'il vous plaît. »

Si Tala était sûre d'une chose la concernant par rapport à sa vie passée et au delà de son prénom, c'est qu'elle n'avait certainement pas vingt et un ans. Elle buvait de l'alcool sans vraiment en avoir le droit, donc, et la jeune femme se prit à souhaiter très fort de ne pas tomber sur Ashton ou même sur Edward : l'un et l'autre risqueraient de lui subtiliser son verre en la voyant ainsi, et pour tout avouer... La jeune femme n'était pas d'humeur à être considérée comme une enfant. Le souvenir de la réaction d'Ewen lui arracha d'ailleurs une moue boudeuse lorsque le barman annonça à son voisin qu'il ne pouvait pas lui fournir ce qu'il attendait. Heureusement pour ce dernier, le nombre de clients affluant au bar eut raison de sa résistance et alors que Tala commençait à se sentir très mal à l'aise au vu de la petite foule qui se formait autour d'eux, son futur adversaire lui proposa de s'éloigner un peu.

« Avec plaisir. »

La demoiselle ne se fit absolument pas prier pour quitter cet endroit le plus vite possible. Une fois qu'ils furent installés sur un banc à l'écart du reste de la foule, Tala se détendit un peu et se risqua même à esquisser un sourire en suivant des yeux l'ivrogne.

« C'est dommage que ce ne soit pas Edward qui doive courser cet homme. J'aurais donné très, très cher pour voir ça. »

Son sourire s'élargit et c'est sans rechigner qu'elle trinqua avec son vis-à-vis.

« À la vôtre, plutôt. Je n'en démords pas, je vous ferai avouer que je suis capable de danser comme personne d'autre à ce bal, ce soir, vous verrez. »

L'espace d'un instant, la flamme de détermination qui avait animé tout le corps de la jeune femme se ranima dans son regard de jade, tandis que son sourire se faisait plus grand encore, sincère. Celui-ci disparut le premier, comme s'il l'avait, d'une manière ou d'une autre, effrayée par sa seule existence. Quiconque l'eut connue davantage eut pu croire qu'il s'agissait là d'une forme d'interdiction qu'elle se formulait à elle-même : elle n'avait pas le droit de sourire. Un soupir s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle buvait une longue gorgée de Whisky et que son regard s'assombrissait nettement. Lorsqu'elle tourna les yeux vers son partenaire, elle crut voir dans les siens qu'il avait perçu son brusque changement d'humeur et trouva bon de s'excuser.

« Pardonnez-moi, c'est juste moi... et mon ombre. Enfin je veux dire ma part d'ombr-... non, ça n'a pas d'importance. Je suis juste désolée. »

Alors que les paroles, plutôt peinée, quittaient ses lèvres, un groupe de musiciens, sans doute désireux de concurrencer l'ivrogne, se mit à jouer à côté du banc où ils se trouvaient. La jeune femme sursauta : elle ne s'était même pas rendue compte de leur présence. Les notes s'envolèrent, d'une infinie douceur attristée.



Le contexte, très ironiquement, semblait presque propice aux confidences. Tala ne laissa cependant pas la possibilité au jeune homme de la questionner sur le sujet brûlant qu'elle avait évoqué par inadvertance et renchérît bien vite sur une toute autre question.

« Au fait, je ne sais même pas votre nom... Moi, c'est Tala. Tala Harcourt. Enchantée. »

Elle adressa ensuite un très léger sourire à son compagnon et but une nouvelle gorgée. La chaleur de l'alcool la réconforta et elle retrouva bien vite la détermination qui l'avait abandonnée durant quelques secondes. Afin d'éloigner définitivement d'elle la conversation qu'elle avait elle-même failli enclencher, elle ajouta bientôt.

« Pour le tango... même s'ils ne parviennent jamais à attraper cet ivrogne, même si nous passons la soirée à attendre en vain sur ce banc et même si brusquement tout est annulé à cause de cette histoire, je vous assure que je réussirai à vous retrouver dans Paris et que je vous prouverai que je sais danser le tango. Mieux encore. Que je le danse mieux que vous. »

Dans son regard se ralluma définitivement la flamme qui l'avait poussée à entraîner son vis-à-vis jusqu'au bal et son ton n'autorisa aucun doute quant à ses véritables intentions : si elle devait passer cent ans à s'entraîner pour le vaincre, elle les passerait. Le partenaire était redevenu adversaire, et Tala s'absorba à s'imaginer victorieuse de leur danse. Elle ne s'avoua jamais que cette brusque envie de gagner la soulageait énormément. Elle n'en eut pas le temps, de toute manière. Une chaussure meurtrière vint s'écraser sur le visage de son vis-à-vis. Cela la fit sursauter, presque lâcher son verre et elle tourna le regard dans la direction d'où provenait le soulier pour... rencontrer celui d'Edward durant une micro seconde. Cette fois-ci, son verre tomba sur le sol et répandit son contenu tout autour d'eux, évitant par miracle la robe qu'elle arborait toujours. M-mais qu'est-ce que LUI faisait là ?! C'était un mirage, pas vrai ? C'était une blague ? Dans un réflexe salvateur, elle se cacha derrière son partenaire de danse et émit quelques mots plaintifs.

« Mais qu'est-ce qu'il fait là... ?! Cachez-moi, je ne veux pas le voir. »

Le destin, cette fois-ci, sembla de son côté car Edward partit dans la direction inverse. Un soupir de soulagement plus tard, la jeune femme capturait la chaussure criminelle.

« Je peux la garder ? Je la lui rendrai la prochaine fois que j'irai au cabaret, et j'en profiterai pour vous venger. »

La vengeance en question ? Le soulier retrouverait son propriétaire légitime après un vol plané en direction du beau visage aux yeux vairons.
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMar 14 Juil - 2:50

La nuit commençait à tomber sur le Champs de Mars et la foule avait déjà migré sous la Tour Eiffel, où un grand bal était organisé pour clôturer la fête. La chaleur, auparavant limite insoutenable, avait décidé de cesser de harceler la peau fragile de Silja et s'était même payé le luxe de s'accompagner d'un petit vent rafraîchissant qui n'était pas pour déplaire à la jeune  goule. Loin d'être pressé de rejoindre les festivités, Khan sirotait tranquillement un énième verre de rhum tout en discutant avec Duncan, qui avait rejoint le duo totalement par hasard.

"- Tu viens danser avec nous ?"

Silja, qui marchait légèrement en retrait, avait posé la question de manière tout à fait innocente et s'étonna que le marchand gallois éclate de rire.

"- Aha ha haha ! Silja, si il y a bien une chose que tu ne veux pas voir, c'est quelqu'un comme moi danser !"

Il ponctua sa réplique d'une petite tape sur la tête de la goule, qui fronça les sourcils, déçue et un poil irritée par la manière qu'avait Duncan de la traiter comme une enfant. Elle se contenta de marmonner dans son coin pour titiller son ami.

"- C'est pas comme si je pouvais voir quoi que ce soit...
- Certes. Mais tu avoueras qu'il vaut mieux que j'épargne les yeux des pauvres gens qui n'ont pas ta chance."

Il lui fit un clin d’œil complice par réflexe et lui donna un petit coup de poing sur l'épaule. Il marquait un point. Silja n'osait imaginer quelle catastrophe Duncan pourrait déclencher sur une piste de danse.

"- Bon, les amis, le devoir m'appelle ! Il faut que je rentre, je dois faire l'inventaire pour demain. Je te laisse entre les mains de Khan ! Oh et, contrairement à moi, c'est un bon danseur !"

Il lança sa main au-dessus de sa tête en signe d'au-revoir et s'éloigna plus loin, au détour d'une ruelle. Khan secoua la tête avec un sourire, se demandant ce qu'il avait prit à son ami de mentionner ses talents de danseur.

"- C'est vrai ?"

La question de Silja le tira de ses rêveries. Si c'était vrai ? Oh, non. Certainement pas. Khan n'avait aucun talent pour les danses de salon et en réalité il avait horreur de ça. Il préférait les danses moins... Conventionnelles. Plus exotiques.

"- C'est une façon de voir les choses. Tu sais quoi ? Je te réserve une danse rien que pour toi ce soir. Ça te va ?"

Silja hocha la tête avec entrain. Le pirate la prit dans ses bras et la déposa sur ses épaules.

"- Bien, alors allons-y !"

Lorsqu'ils arrivèrent sous la dame de fer, un pianiste faisait danser ses doigts sur les touches de son instrument avec tant de dextérité et d'émotion qu'ils s’arrêtèrent net et restèrent là, bouches bées, jusqu'à la fin du morceau. Le musicien semblait donner vie à la musique, qui s'échappait de l'instrument avec grâce et volupté pour venir embrasser chacun des danseurs dans une caresse des plus délicates. L'un des couples semblait se démarquer des autres. C'était comme si la musique leur était destinée. Ils étaient jeunes, beaux et allaient parfaitement ensemble, pensa Khan. Ils avaient l'air aussi peu sur d'eux l'un que l'autre mais il se dégageait du duo une aura si innocente et si pure que Khan ne put s'empêcher de sourire et d'applaudir lorsque la dernière note s'envola au loin.
Sa surprise ne fit qu’accroître lorsqu'il découvrit au loin le visage du mélomane apparaître derrière l'instrument.

"- Ed-Edward ??"

Silja tiqua légèrement lorsqu'elle entendit le nom du grand patron du Lost. Elle dut se raidir plus qu'elle ne le voulut car, sentant la petite goule agripper un peu plus fermement à sa main, Khan s'empressa de la rassurer.

"- T'en fais pas, Sil', on ne va pas rester ici bien longtemps. J'ai soif, tu viens ?
- Ou-oui..."

Le duo décida donc de se frayer un chemin vers la buvette la plus proche, quelques dizaines coups de coudes plus loin. Une espèce d'ivrogne -encore un- monopolisa le micro l'espace de ce qui leur sembla une éternité afin de chanter à tous son amour de la... confiture ?

"- Eh bien, moi qui pensait qu'on allait s'ennuyer..."

Silja commençait à étouffer, au milieu de la foule et du haut de son mètre quarante-cinq. L'odeur ambiante de sueur, mêlée aux cris agonisants du chanteur improvisé et au vacarme des habitués amassés autour du comptoir, allait vite achever le moral de la jeune goule. Khan la tira vers lui avec douceur et lui essuya le front.

"- Ca va aller ?"

Voyant qu'elle répondait par l'affirmative, il passa vite commande et lui délivra un grand verre d'eau fraîche.

"- Toujours pas de framboise...
- C'est pas grave..."

Silja accueillit le verre comme le messie des rafraîchissements et le but d'une traite, tandis que son compagnon vidait un autre verre de rhum. Elle se concentra sur les discussions alentours, s'occupant comme elle le pouvait en attendant qu'une musique plus propice à la danse fasse son apparition. Pour la deuxième fois de la journée, elle reconnut la voix de sa collègue des pompes funèbres. Elle semblait discuter avec un homme, que la petite goule ne reconnut pas. Silja esquissa un sourire. Un peu plus près, un chanteur accompagné d'une guitare jouait pour un couple ce qui semblait être une chanson d'amour, joyeuse et entraînante. Parfait. Silja sourit de plus belle et afficha un air satisfait. Puis, s'approchant de Khan, elle lui tira la manche pour attirer son attention.

"- Tala n'est pas loin, ça te dérangerait qu'on aille lui dire bonjour ?
- Tala ? Vraiment ? Où ça ?"

Le jeune homme, Silja ne pouvait pas le voir, avait très légèrement rougit à l'évocation du nom de son amie. Il suivit le doigt tendu par Silja pour découvrir l'emplacement de la louve.

"- Tu devrais l'inviter à danser."
"- Que- Moi ? Non non non, non je peux pas. Et puis, elle est en pleine discussion je voudrais pas la déranger."

Silja lui envoya un coup de coude dans les côtes.

"- Alleeeeez. Va au moins lui dire bonjour ! Je te suis."

Comme elle commençait à le pousser vers Tala et son vis-à-vis, Khan ne résista pas et s'avança pour engager la conversation, retirant son cache-oeil pour mieux se déplacer à travers la foule. Tandis qu'il se rapprochait de la jeune louve, le rouge sur ses pommettes s'accentuant à chaque pas, Silja saisit le bras du chanteur à son grand désarroi et à celui du tendre couple qui fut coupé en plein milieu du morceau. Sans qu'ils n'aient pu protester, Silja invita le chanteur à jouer, désignant Tala et Khan du doigt. D'abord désemparé puis attendri par l'attitude de la petite aveugle qui l'avait tiré de sa représentation, le chanteur s'exécuta en comprenant où elle voulait en venir.



Khan s'arrêta à deux pas de Tala et de l'homme qui lui faisait office de cavalier en entendant la mélopée, s'attirant deux regards curieux.
Juste à temps pour éviter une chaussure en plein double axel, qui frôla sa joue à pleine vitesse avant d'atterrir droit dans le visage du cavalier, qui laissa échapper son verre sur le sol dans un grand éclat de cristal brisé. Le pirate discerna au loin le visage coupable d'Edward, qui s'empressa de filer à l'anglaise.
Qu'est-ce... Qu'est-ce qui vient de se passer..? Le chanteur engagé par Silja continuait de chanter sur sa mélodie, loin d'être troublé par l'intervention de la chaussure divine.
Khan était gêné. Juste, gêné. Il ne savait pas où se mettre et le rouge lui montait de plus en plus aux joues. La mine satisfaite de la petite goule ne faisait qu'ajouter à sa détresse. Il se retourna vers Tala pour s'assurer que son partenaire allait bien. Beaucoup de peur et un peu de mal, apparemment. La louve tenait l'objet du crime dans la main et semblait furieuse. Dans son dos, le chanteur continuait sa plainte romantique à deux sous.
Khan craqua. Il attrapa la chaussure dans la main de Tala et la projeta vers le musicien.

"- Chaussure !"

Silja, se tenant devant le chanteur d'opérette, parvint à saisir l'avertissement et évita in extremis le projectile, qui vint s'écraser une nouvelle fois sur le visage d'un innocent, le coupant net dans sa sérénade. Avisant la situation, Silja admis son échec -pour cette fois- et poussa le gentleman comme un sac à patate vers le jeune couple auquel elle l'avait subtilisé. Il s'écrasa non sans panache aux pieds des tourtereaux, qui s'enquerrirent de son état et s'occupèrent de le relever tandis que Silja rejoignait son compagnon.

"- Je te retiens, toi..."

Silja sourit, ravie d'avoir mis son pirate favori mal à l'aise devant la belle louve, et le poussa une nouvelle fois à l'inviter à danser.

"- C'est bon, c'est bon. J'y vais."

C'est alors que, s'élevant au-dessus de la foule avec autorité, une voix familière retentit.

"- Hey vous là ! Halte !
- Et m-[JURON]"

La voix du commissaire fut bientôt suivie du bruit de ses pas pressés battant le sol. Khan devait penser vite et bien.

"- Je vais l'occuper, invite Tala à danser !
- Que- ?
- Allez !"

Silja poussa Khan vers son amie avec force et disparut rapidement dans la foule en direction de la menace soudaine. Le jeune pirate n'eut pas le temps d'analyser la situation qu'il avait bousculé la jeune femme et l'avait rattrapée juste avant qu'elle ne touche le sol, dans un moment de lucidité digne d'un véritable ninja. Lorsque la belle figea ses yeux dans les siens, il s'empressa de la redresser et de détourner le regard, sa grattant l'arrière de la tête et affichant un sourire gêné.

"- Oh, Tala ! Euh.. Pardon je- je suis désolé hein. Ç-ça va, toi ?"

Quel imbécile. Il se maudit sept fois intérieurement d'offrir si pitoyable spectacle à la jeune louve, ses joues maintenant tomates, et décida d'en venir au fait avant de la faire fuir.

"- Tu- Euh.. Tu veux danser ?"

Il avait proposé ça en affichant un sourire à la fois gêné et sincère, plein d'espoir, tout en saisissant la main de la louve le plus délicatement possible. Elle était magnifique. Et lui, il perdait tout contrôle. Il respira un grand coup pour se redonner confiance  -ce qui sembla plus ou moins marcher- et regarda autour de lui, se rendant compte que personne ne jouait. A quelques mètres, il aperçut les Pink Panthers, adossés au comptoir de la buvette. Super.

"- Ne bouge pas, je reviens !"

Il s'empressa de rejoindre le groupe et entama la discussion, leur proposant de réveiller ce bal avec de la vraie bonne musique dansante. Lorsqu'il mentionna l'intitulé de la musique, les musiciens sautèrent littéralement sur leurs instruments et attendirent qu'il leur fasse signe de jouer. Les remerciant mille fois, il s'empressa de rejoindre Tala. Se tournant vers son partenaire encore abîmé, il lâcha avec politesse :

"- Je vous l'emprunte une minute si ça ne vous dérange pas, l'ami, je vous la ramène juste après."

Il n'attendit pas que son interlocuteur lui réponde pour saisir la main de la jeune femme et l’entraîner au milieu de la piste de danse. Une fois en place, il fit signe aux Pink Panthers de jouer.


Spoiler:

Khan commença à esquisser quelques pas, jetant son chapeau au loin par souci pratique, seul au milieu d'une foule interloquée. Sa partenaire ne semblait pas familière du genre musical, aussi il se permit de lui faire une petite démonstration. Son corps entier semblait suivre le rythme familier, ses bras et ses jambes se mêlant et s'entremêlant avec grâce dans des mouvements amples et maîtrisés. Se laissant porter par la musique, il commença à virevolter et tournoyer sur lui même, soulevant la poussière à ses pieds dans un léger tourbillon. Puis, prenant son courage à deux mains, il saisit les mains de sa partenaire et entreprit de l’entraîner avec lui dans ce moment de pur bonheur. Les gens les plus sceptiques commencèrent à tourner la tête, tandis que déjà quelques badauds avaient rejoint le couple sur la piste. Le jeune pirate crut même distinguer une chevelure blanche des plus familières. Khan saisit Tala par la taille et la rapprocha de lui, pour mieux l'éloigner et la faire tournoyer. Il ne faisait qu'un avec la musique et tachait de transmettre du mieux qu'il pouvait son plaisir à la jeune louve, pour qu'elle profite du moment autant que lui. Ses yeux rivés dans les siens, ils ne se quittaient que pour mieux se retrouver au détour du pas suivant. La piste était à présent remplie et une ambiance festive comme Khan les aimait s'était installée sous les étoiles estivales et la grande dame de ferraille, alors que pointerait dans quelques heures l'ombre d'un jour nouveau.
Lorsque la musique prit fin, tout le monde s'applaudit avec joie et Khan leva les yeux au ciel.

"- C'est magnifique, pas vrai ?"

Le sourire comblé qui s'afficha sur son visage ne fit que ponctuer sa déclaration. Il baissa bientôt la tête et plongea ses yeux dans ceux de Tala.

"- La plus belle des étoiles, ce soir, c'est toi Tala. Merci pour la danse."

Il se risqua à déposer un baiser sur sa joue et entreprit de la raccompagner auprès de son cavalier convalescent. Lorsqu'il eut quitté la belle, il se mit à la recherche de sa petite protégée. Il ne fut pas le seul surpris en apercevant cette dernière courir en plein milieu de la piste, un pigeon dans les cheveux, poursuivie par un contingent d'hommes en tutus de vahinés menés par le commissaire.

"Khaaaaaaaaaaaaaaaaaaan !!!!!!"
Dolores Keller
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMar 14 Juil - 12:13

Dans la vie de Manfred, il y avait toujours eu des hauts et des bas. Assez souvent des bas en fait, mais étant un peu trop idiot pour le réaliser, le pigeon était finalement plutôt content de sa vie. Oui car même s'il n'est qu'un volatile, Manfred pense et considère les choses qu'il voit ! Par exemple, le jour où il s'est fait écrasé par une diligence qui passait par là, ce n'était pas, disons-le, le meilleur moment de sa vie. En revanche sa rencontre avec Dolores était une très bonne chose, puisque désormais il vit une existence tout à fait confortable, même si la fenêtre du cabinet souffre encore des nombreux chocs frontaux du pigeon qui n'a pas su rééquilibrer son vol au bon moment… Quoi qu'il en soit, la vie de Manfred avait des hauts et des bas. Et l'un des plus grands hauts de son existence était la découverte de la confiture de sapin. Le contact de cette pâte verdâtre et odorante le faisait se dandiner avec une incroyable frénésie, tout en roucoulant comme il ne le faisait que très rarement. La réaction du pigeon était assez inattendue mais le fait est que le pigeon entrait dans un état de transe à la vue de cette confiture, c'est pourquoi elle représentait la récompense ultime pour le pigeon (à la base Dolores l'utilisait comme baume pour les dryades dont l'arbre avait subit un vilain coup de hache, Manfred avait d'ailleurs coincé sa tête entre les bandages d'une patiente qui avait tellement paniqué qu'elle s'était prise la porte du cabinet alors qu'elle essayait de fuir, mais c'est une autre histoire).

Malheureusement pour la doctoresse, Edward découvrit le terrible secret du volatile et comprit rapidement qu'il s'agissait du parfait moyen pour retourner la création contre son créateur (heureusement qu'il n'était qu'un pigeon, vous imaginez si Dolores avait sauvé une girafe ?… Quoique non, c'est absurde, une girafe ne peut pas aimer la confiture de sapin, peut-être de palmier ou d'érable, et encore ce serait étonnant. Non, une girafe préfèrerait sans doute un sorbet au citronnier, oui, ou quelque chose qu'elle pourrait dévorer avec sa langue gigantesque… Oui oui… Oh ! Et si elle avait sauvé un hippopotame ? Ç'aurait été tellement génial ! Elle l'aurait appelé Wolfgang et l'utiliserait comme moyen de transport, hohoho, ce serait tellement chique pour naviguer dans la Seine ! Mais est-ce qu'un hippopotame pourrait réellement se faire écraser par une diligence… Hm… Docteur… Vous devriez arrêter de vous immiscer ainsi dans la narration, c'est assez gênant. Hem, revenons à nos hippopotames).

Mettons cela de côté, Edward avait finalement trouvé une manière de corrompre Manfred pour se venger des – très – nombreuses crasses que lui avait faites Dolores. Notons que cela n'avait pas pour autant freiné l'homonculus qui de toute manière n'aurait pas pu s'arrêter à cause d'un petit inconvénient. Cela faisait de la difficulté en plus ! Et puis la doctoresse avait Andréa à ses côtés, qui pour le coup était beaucoup plus intelligent que Manfred (par contre niveau maladresse…).

- Nuoooooon !! Au secooooooooours on me kidnaaaaappe !

En moins de temps qu'il n'eut fallut pour dire « Inutile de se faire tous les jours du mauvais sang quand on boit du sang sain sans saucisse au salsifis sans sang ! », Dolores se retrouva la tête en bas, portée comme un vulgaire sac à patates par son patron préféré qui, visiblement, avait décidé de passer à l'offensive. Dolores sentit se poser sur son postérieur son fidèle acolyte à plume qui, à la surprise générale – enfin celle de Dolores quoi – n'essayait pas de la libérer en utilisant ses incroyables capacités de pigeon mutant.

- Manfred ! Tu me trahis ouvertement pour de la confiture de sapin ! Tu me déçois !

Rien n'y faisait, même les paroles mielleuses de Dolores ne changeaient pas la décision du pigeon qui était l'un des êtres les plus têtus qui soient (ou il est juste débile, ça marche aussi). Il n'y avait plus qu'une chose à faire, employer les grands moyens et dévoiler la technique fatale que la doctoresse avait spécialement préparé pour ce genre d'occasion. L'homonculus se concentra du mieux qu'elle le put, ferma les yeux, tendit les bras et exécuta sa terrible technique du Docteur Kellerstein !

- Nuyooooh ! Technique de la limace italienne !

Et elle gigota. Telle une fantastique limace à qui on a dérobé la dernière feuille de salade, la doctoresse ondula son corps de la plus belle des façons, tentant désespérément de se libérer de l'étreinte solide du loup-garou. La plupart des danseurs se tournèrent face à l'étrange duo, l'un sans chaussure qui portait une folle à lunettes en train de crier à tue-tête tout en gigotant son corps de la plus belle des façons. La technique était parfaitement exécutée, l'ondulation fantastiquement réalisée, on pouvait voir la vague que dessinait le corps de Dolores venir encore et encore, tel un encéphalogramme parfait ! L'homonculus sentit ses jambes glisser de quelques centimètres, témoignant de l'efficacité de la technique. La libération était imminente !

- Je fuiiiii- uerg !

Edward venait se resserrer son bras autour du corps de sa prisonnière, qu'il ajusta violemment sur son épaule, à la manière d'un véritable sac à patate. Épuisée par sa technique fatale qui au final n'avait pas fonctionné du tout, Dolores se laissa tomber mollement, comprenant que son sort était  scellé. Il la tenait, et allait lui faire subir la pire des tortures ! Qui sait ce qu'il peut se passer dans la tête d'un lapin-garou en colère ! Peut-être allait-il la ligoter à un cactus et la chatouiller jusqu'à ce que mort s'en suive ! Ou bien la pendre par les pieds et… la chatouiller jusqu'à ce que mort s'en suive ! Ou pire ! La ligoter à un cactus la tête à l'envers ET LA CHATOUILLER JUSQU'À CE QUE MORT S'EN SUIVE ! Ou alors… Il pourrait même lui faire manger de la confiture de sapin… jusqu'à ce que mort s'en suive. Cette dernière proposition fit frémir Dolores dont le visage se figea brutalement à l'idée de devoir manger du sapin en gelée.

- Nuoooooooon aidez moi on me kidnappe ! Il va me faire manger de la confiture de sapin ! Ih ! Ah ! Ouh ! Oh ! C'est un tyran ! Je ne suis qu'une pauvre donzelle en danger ! Gniiiiih ! J'arrive pas à me décoinceeeeer…

Le regard affûté de la doctoresse se posa soudainement sur une petite silhouette qu'elle connaissait bien, puisqu'il s'agissait de son fidèle complice ! Désespérément, elle tendit le bras vers lui, le visage maquillé par une grotesque panique.

- Andréa ! Sauve-moi ! Toi-même tu sais ce dont ton oncle est capable ! Il va me faire rôtiiiiir ! Eeeeh ! Fait pas genre tu ne me reconnais pas ! Haaaan ! Mais comme tu m'ignores ! Et puis d'abord depuis quand tu as les cheveux blonds !? Oh ! Mais ce n'est pas toi en fait. Bonjour jeune homme !

Traversée par un soupir las, Dolores se laissa pendouiller derrière son ravisseur qui n'avait pas avancé beaucoup à cause de l'activité intempestive de son otage.

- Je suis seeeeeeeeule… Je me sens trahiiiiiiiie… Tiens Edy-chou, on ne t'a jamais dit que tes talons étaient bizarrement proportionnés ? Hmmm, c'est bizarre, je n'avais jamais vraiment fait attention à la taille de tes chevilles non plus. Je pourrai t'ausculter les pieds quand on sera rentré ? Hein ? Dit dit ? S'il te plaaaaaaaît ~ Nyooon je peux faire l'avion regarde ! Elle n'est vraiment pas pratique cette tenue, elle cache ta colonne vertébrale. Hey mais finalement c'est une bonne posture pour étudier le dos de quelqu'un ! On a une vision complètement différente des gens sous cette angle. Aourmpf ! Pardon madaaaame, je voulais pas me prendre votre robe en pleine tête mais c'est mon patron qui ne fait pas attention ! C'est marrant je peux compter tes vertèbres comme ça. Dudududududu, ça fait comme un xylophone ! Maaaaaaaais ! J'mennuiiiiie, j'mennuie j'mennuie j'mennuie j'mennuie j'mennuiiiiiie. Si je t'attrape les genoux tu peux continuer à marcher ou pas ? Guili guili guili guiliiiii ! Aïeuh ! Mais me met pas un coup de talon dans la tête ça fait super mal ! Nut nuuuuuut, tes cheveux ressemblent à une sonnette ! Ding dong, ding doooooong ! Eh oh y a quelqu'un là-haaaut ? Oh tiens, je t'ai déjà dit que tes talons avaient une forme bizarre ? Ah mais oui en plus ! Et moi les miens tu les trouves commeeeeeent ? Attend je les approche de ton visage comme ça tu les vois mieux. Manfred pousse toi de mon coccyx s'il te plaît.

***

Un peu plus loin sur la piste de danse, Adam et Lisette regardaient Dolores s'éloigner doucement en gigotant dans tous les sens comme une gamine de 2 ans. Le jeune assistant comprit qu'Edward devait avoir beaucoup de patience pour pouvoir supporter un médecin pareil.

- … Elle est vraiment insupportable en fait.
- C'est peut-être sa façon de le séduire ? Comme une parade nuptiale un peu !
- Ah elle a perdu ses lunettes maintenant. AAAARG je suis aveuglééééééééée.
- Regarde son pigeon va les récupérer ! Oui Manfred ! C'est un bon pigeon ça ! Hey non ! Pas à Edward ! Han ! Tu n'es qu'un traaaaaaître !

Les deux fiancés se regardèrent, perplexes, avant de reprendre la danse l'air de rien. Même Lisette avait compris qu'il fallait laisser le Docteur Keller de côté quand elle était avec son patron, sous peine d'être emporté dans un délire perpétuel duquel très peu de gens sortent sains d'esprit. Adam se rappelait encore de la journée où elle était entrée au cabinet à toutes vitesse avant d'avoir fermé la porte derrière elle, la mine légèrement paniquée. Lui qui travaillait pour elle depuis peu de temps, céda à son tour à la panique et l'aida à tenir la porte fermée, tandis qu'elle recevait des coups assez violents. C'était, d'après elle « une petite blague de rien du tout », mais vu son comportement, la blague avait légèrement dégénéré. Il s'était en fait avéré qu'elle avait caché Yvonne sous l'oreiller d'Edward qui eut le malheur de poser sa tête violemment dessus, déchaînant les foudres de la jeune féline/canidée. Ah et aussi ce jour où elle avait oublié un échantillon dans la poche d'une des vestes d'Edward et qu'il avait explosé la nuit ! Et puis ce moment où elle s'était cachée dans le placard pour observer la façon de dormir de son patron, et aussi… En fait cette femme est une vraie plaie à côtoyer.



Bercée par la chanson, Lisette ferma les yeux, encore une fois possédée par son amour pour l'eau de rose. Elle l'avait trouvé, son prince à elle. Voulant profiter de ce moment pour regarder son fiancé dans les yeux, la jeune amoureuse dirigea doucement son regard vers celui d'Adam, mais ce fut une grande dame recouverte de maquillage qu'elle aperçut à la place, à deux pas de percuter le pauvre assistant.

- Ah Adam attention !
- Eh ?

Le jeune assistant eut à peine le temps de dire (dans sa tête hein) «  Inutile de se faire tous les jours du mauvais sang quand on boit du sang sain sans saucisse au salsifis sans sang » (oui j'aime bien ~) qu'il fut violemment percuté par un… individu, sans toute un homme vue sa carrure, mais dont le maquillage trahissait sans doute les penchants efféminé de cette personne. Adam prit quelque secondes avant de réaliser ce qu'il venait de se passer et reconnut rapidement la personne qui lui était rentré dedans.

- … Monsieur Narcisse ? J-Je ne vous pensait pas amateur de ce genre de penchant. E-e-e-enfin si ça vous plaît t-tant mieux ! J-je veux dire, je ne juge pas du tout les hommes qui s'habillent en f-femme, je ne pensais pas que vous en étiez m-membre enfin…
- Enlevez vos sales pattes de mon fiancé espèce de folle !

Lisette, possédée par son instinct de fiancée surprotectrice, commença à donner des coups d'ombrelle au pauvre dragon qui tenta tant bien que mal de se protéger avec ses bras malgré la pluie de coups que lui assénait la jeune furie. Adam tenta désespérément de la calmer et ce fut au bout de quelques minutes que la jeune femme s'immobilisa, l'ombrelle levée. En réalité elle avait crut que Narcisse tentait de séduire Adam en faisant mine de lui tomber dessus, et bien qu'elle se soit préparée à ce genre de situation en apprenant par cœur des vers et des sonnets afin de se livrer à une joute verbale, son instinct animal prit le dessus et la força à réaliser cette joute à coup d'ombrelle.

- E-Excusez la, m-monsieur, enfin madame ? Euh… E-Enfin ce n'est pas pour vous vexer que j'hésite hein ! Ohlala…

***

- Alors comme ça vous êtes un caniche nain.
- Ouaf !
- Mais ne souffrez-vous pas trop de cette apparence féminine alors que vous êtes un mâle ?
- Ouaf !
- Hm oui je vois. Ravie de vous avoir connu en tout cas ! C'est étonnant comme les rencontres faites près du sol diffèrent complètement de celles où nous sommes debout, tu ne penses pas Edy-chou ? D'ailleurs où est-ce que tu m'amènes comme ça ? Je te préviens mon niveau de danse transcende la réalité même, donc si tu veux qu'on danse tu risques d'avoir du mal à suivre. Hm ? Quel est ce bruit ? Une fontaine ? Si je ne te connaissais pas aussi bien, je parierai que tu vas me jeter dans l'eau ! Mais suis sûre que tu n'es pas quelqu'un d'aussi simple, et que tu me réserves quelque chose de plus- ouah !

Au moins, dans l'eau, elle parlera moins. Avant que Dolores ne tombe à l'eau, Manfred eut le temps de décoller gracieusement des fesses de sa propriétaire avant d'aller se nicher un peu plus loin sur la tête d'une petite personne qu'il jugeait confortable (même si celle d'Edward surclassait de loin toutes les autres, excepté le crâne d'Andréa dont les cheveux en bataille font un nid idéal). Dans sa chute, Dolores eut néanmoins l'occasion de saisir la queue de cheval de son patron adoré pour le tirer vers elle, le faisant lui aussi basculer dans l'eau (pratique d'avoir un bras qui peut s'allonger n'est-ce pas ~?). Les passants regardèrent perplexes les deux individus entrain de se débattre dans l'eau, l'un tentant de noyer l'autre tandis que cette autre en question crache l'eau qu'elle prend soin d'accumuler dans sa bouche au visage de son adversaire.

Ce fut finalement Louise qui mit fin au combat en tirant de chaque côté les deux opposants, tous les deux trempés jusqu'aux os (il faut préciser que Louise est un fantôme, certes, mais elle peut encore influer sur les objets et corps physiques quand elle le souhaite, c'est de cette manière qu'elle écrit encore à la machine).

- Bon, les enfants, ça suffit maintenant !
- C'est lui qui a commencé !
- … Dolores.
- Mouiiiii ?

La mine innocente, la doctoresse se contenta d'un sourire angélique avant cracher du travers de la bouche le peu d'eau qu'elle gardait encore en plein visage de son loup-garou préféré.

- Edward, arrête de te jeter de l'eau en pleine figure ! Ho ! Mais arrête !

Tout en sermonnant le lycan, Dolores s'amusait à lancer « par inadvertance » de l'eau sur le visage de ce dernier malgré les avertissements de Louise.

- C'est pas moi c'est lui !
- … Haaan.
Ashton Lyn
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MessageSujet: Re: [Évent] Paris fête la musique ! [1889]   [Évent] Paris fête la musique ! [1889] - Page 2 I_icon_minitimeMar 14 Juil - 22:20

Le démon de minuit, hein. Autant pour lui, Ashton Lyn venait d'apprendre la modestie. Non pas qu'il ne savait pas danser un tango, non, loin de là même, il était capable de mettre le feu à n'importe quelle piste, à n'importe quelles planches, de se déhancher sensuellement sur une musique aléatoire sans se soucier du décor, non, vraiment, le soucis ne se trouvait pas là. Ce qui posait problème, c'était l'adresse discutable de sa fougueuse partenaire, laquelle venait de lui faire douloureusement comprendre qu'elle avait séché les cours de danse. La délicate mélodie qu'Edward avait joué venait de cesser et, aussi étonnent que cela eut pu paraître, le canidé en avait été soulagé. Une fois de plus, pas parce que le loup n'avait pas l'âme musicale – il était certain que sa prestation de haute volée en était une preuve suffisante – mais parce que la douce demoiselle qu'il tenait dans ses bras avait vraisemblablement décidé de marteler ses pieds en rythme avec la chanson plutôt que de suivre les pas. Une activité somme toute bénigne s'il n'en avait fait les frais de la pire des manières. Le silence installé brièvement dans la salle, Ashton en profita pour remuer ses orteils sagement cachés par ses mocassins, espérant ainsi leur rendre les sensations qu'ils avaient graduellement perdu à mesure qu'on les piétinait. Une part de lui, la Bête sans doute, qui se réveillait lentement en réponse à l'absence du soleil, lui souffla qu'il avait de la chance de guérir si vite, et il n'eut aucun mal à le croire. Le poids non négligeable de la jeune femme – qui ne l'empêchait pas d'être tout à fait jolie – aurait sans doute eut un effet dévastateur sur ses pauvres pieds si ceux-ci n'avaient possédé la résistance caractéristique au chien noir. Cette certitude ne l'empêcha cependant pas d'offrir un sourire des plus suaves à sa partenaire et de la remercier comme il se devait de lui avoir accordé un peu de son temps. Il porta la main de la dame aux talons de fer à ses lèvres et s'apprêta à s'éclipser pour se trouver à boire ainsi que, avec un peu de chance, une partenaire adéquate. C'était sans compter sur la belle ingénue qui, forte d'une danse endiablée et parfaitement réussie selon elle, s'accrocha à lui de toute la puissance de ses petits bras. Elle lui adressa un regard débordant d'affection et soudain Ashton réalisa qu'il avait donné son attention à une femme en manque. De sollicitude, bien entendu. Il sourit de nouveau à la demoiselle, une mimique avenante et pleine, oui pleine de prévenance. Cela n'irait cependant pas plus loin : le jeune homme se refusait à profiter d'une pauvre fille, c'eut été cruel et profondément inutile pour chacun d'entre eux. Il saisit donc délicatement les doigts de la dame, les noua aux siens et se pencha sur elle :

« Mademoiselle, ce fut un plaisir. J'espère vous recroiser un jour. »

Bon, la dernière phrase n'était qu'à moitié vraie. Oui, il se ferait un plaisir de tenir compagnie à son interlocutrice... en dehors d'une piste de danse. Cette dernière ne sembla pas l'entendre de cette oreille et lui adressa un regard de chaton blessé auquel il répondit d'un énième sourire désolé. Il refusait de faire d'elle sa conquête de la soirée ; ils avaient tous deux mieux à faire et elle devait trouver un homme convenable qui serait plutôt son "ange" que son "démon". Pour sa part, il allait se fier à son instinct pour lui dégoter quelque chose d'intéressant à faire ou observer. Abandonnant finalement la dame aux pieds d'éléphant à ses fantasmes, persuadée sans doute qu'un jour son prince viendrait à elle sur un beau cheval blanc, il se tourna donc vers la foule, repérant en un instant l'aura singulière d'Edward qui... dialoguait avec un pigeon. Le jeune homme éclata de rire et, passant une main rapide dans sa chevelure noire, prit un chemin autre, peu désireux de déranger sa vieille connaissance maintenant qu'il s'amusait visiblement. Il ne fut d'ailleurs nullement surpris de voir une chaussure volante traverser l'assistance, bien que cela lui arrachât un nouvel accès d'hilarité. Parcourant l'endroit du regard, il aperçut Tala et se retint in extremis de la saluer. Celle-ci était en effet aux prises – cela paraissait ainsi du moins – avec un tango... raide, très raide, dont la seule vue le fit grincer des dents. On n'avait pas idée de pratiquer les danses latines de cette manière ! S'il avait été un amateur du vocabulaire clérical, ce qu'il n'était pas aux dernières nouvelles, sauf peut-être lorsque cela lui servait à se moquer de sa chère et tendre Église adorée, il eut qualifié le port de Tala de blasphématoire. Mais il n'en était pas là, elle ne massacrait pas totalement les p...

Préférant détourner son attention sur autre chose plutôt que de s'éterniser sur la catastrophe qui se déroulait sur les planches, Ashton entreprit de gambader vers le commissaire, qu'il avait entrevu aux côtés de son patron quelques instants auparavant. À mesure qu'il s'approchait se dessina la fine silhouette d'une personne qu'il connaissait bien, cette constatation lui arrachant un large sourire. Il s'approcha doucement de la demoiselle aux cheveux anémone et, de son dos, passa une main autour de sa taille pour offrir au creux de sa mâchoire un baiser aussi délicat que les pétales de la fleur dont elle avait volé la teinte. Sa voix, glissée contre son oreille, fut plus caressante encore que du velours :

« Bonsoir, Belleza. »

Son regard noisette croisa celui, bleuté, de la muse et il sourit encore davantage. Toutefois, sa joie se colora d'une curiosité inquiète lorsqu'il remarqua la dilatation singulière des pupilles de sa sœur de cœur. Ashton avait vu ce signe suffisamment de fois pour le reconnaître et cela lui plaisait moyennement. Qui donc avait bien pu être traversé par l'idée de droguer Élise ? Il haussa un sourcil interrogateur avant de poser les yeux sur une demoiselle qu'il ne connaissait point. S'il en croyait son aura, la jolie blonde était un être tout particulier. Il lui offrit une mine avenante et s'avança vers elle d'un pas glissant:

« Veuillez m'excuser, je suis terriblement impoli. Enchanté de vous connaître, je m'appelle Ashton Lyn. »

Il fit un baise-main chaste à son interlocutrice et leva sur elle un regard intéressé avant de reprendre place aux côté de la muse, qui tenait à présent un chat dans ses bras. Un chat qui, selon toute vraisemblance, n'était pas tout à fait un chat. Un éclat de rire le saisit de nouveau et il prit une mèche de cheveux d’Élise entre ses doigts et, de sa voix suave, s'enquit:

« Que fais-tu par une si belle soirée, belleza ? »

Le canidé pouvait se vanter de compter parmi les rares personnes à pouvoir entretenir une conversation complète avec Élise sans se décourager, sans être distrait ni même agacé. L'explication alambiquée qui s'en suivit fut donc patiemment écoutée et il n'interrompit l'histoire de son amie que pour éclater de rire à plusieurs reprises. C'est ainsi qu'il apprit qu'il se devait de partir à la recherche de l'âme sœur de Narcisse, lequel était travesti et perdu, vraisemblablement seul, au milieu de la foule compacte qui s'était agglutinée aux pieds de la dame Eiffel. Âme sœur qui, d'ailleurs, se trouvait être un homme. L'ouverture d'esprit de la muse était d'une innocence candide qui ne manqua nullement de l'amuser. Ce qui l'amusa d'autant plus toutefois, fut d'apprendre le sobriquet dont il se trouva affublé. La prochaine fois qu'il serait arrêté pour outrage à la pudeur, il tiendrait les propos suivants aux policiers : "Vous ne pouvez décemment pas mettre l'inspecteur Lyn en état d'arrestation !". Oui, il était certain que le commissaire apprécierait la blague ! Il sourit de plus belle à la demoiselle tandis que celle-ci témoignait de sa rencontre avec le guitariste qui, selon elle, était fait pour se marier avec l'acrobate. Si Ashton n'était pas certain que cette perspective plaise à Narcisse, il était encore moins convaincu de trouver ledit musicien avec la description de son amie. Soit blond, soit brun, soit roux, avec des flammes autour de lui et une musique qui parle du feu, autant dire que cette expédition était plutôt mal partie. L'hilarité reprit le dessus sur le scepticisme du jeune homme et il eut peine à la calmer, cette fois-ci. Avec Élise, la vie était décidément perpétuellement palpitante. Il hésita cependant un bref instant à suivre la jolie muse, peu certain qu'elle n'allait pas les emmener dans un recoin lugubre où il lui faudrait la protéger - une fois de plus - ainsi que son amie et le chat, du danger dans lequel elle les aurait elle-même plantés. Une musique s'élevant en arrière plan fit cesser tous ses doutes et c'est avec un large sourire qu'il accepta. La vie, après tout, n'était jamais qu'une grande aventure et il se ferait un plaisir d'être l'explorateur de la sienne !

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[Évent] Paris fête la musique ! [1889]

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