Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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» Elysion Earth par Eglantine Jocor Sam 9 Nov - 16:31
Sujet: Manche n°2 : Un voyage inattendu Sam 8 Aoû - 21:24
Jamais on eut connu plus grande gloire au royaume des Syh Reïmrs. Délivrés de leur malédiction et de la lourde maladie qui pesaient sur eux, ce peuple au savoir exceptionnel s’était réuni en masse au sein de leur temple sacré, oubliant un instant la logique et la déduction, pour lui préférer un moment de liesse partagée. Enfin…
– Un Nikmohr ! C’est fantastique. – Et il est inoffensif ? Vous en êtes certaine Lyhn ? – Tout à fait. En réalité toute la puissance des Nikmors résident dans leur queue. En la coupant ils deviennent incapable d’utiliser les autres souffles. – Excusez-moi… – C’est fascinant. Les textes sur leur regard attendrissant étaient également vrais ! – Bunbun mignon ! – Oh et quelle voix particulière ! Pensez-vous que nous pourrons étudier son système vocal ? – Il est tout à fait docile à présent ! Assura Lyhn en caressant affectueusement la tête de Bunbun. – Ohé ! – Et regardez ces protubérances pelucheuses. – Ce sont ses oreilles. – Oooooooooh ! – Eh ! Je viens de sauver votre peuple au cas où vous l’auriez oublié ! S’exclama Edward en s’agitant de plus belle.
Ce fut, malheureusement, sans succès que le loup tenta d’attirer l’attention de ses hôtes. Sans qu’il puisse rien y faire, la vedette lui fut honteusement et sournoisement subtilisée par cette adorable, mais non moins machiavélique boule de poils qui profitait largement de la situation. Il en fut vexé, évidemment, mais trouva un peu de réconfort auprès d'Arceline qui ne semblait pas partager la passion des présents pour Bunbun. Leur discussion à sens unique, faite des grommellement du lycanthrope, eut au moins le mérite de faire remarquer à Edward la soudaine absence de Holmes, et de lui permettre de passer sa mauvaise humeur sur autre chose que le décor.
– Comment ça tu as encore gagné ? S’offusqua le loup en jetant un coup d’œil dépité à leur troisième grille de morpions, tracée à même la neige. Attends… J’avais mis une croix là pendant que tu avais le dos tourné ! …Quoi ? Ne me regarde pas comme ça, tu as gagné quand murmf…
Écopant d'un coup de queue magistral, Edward se cogna généreusement le crâne au mur de glace qui lui servait de dossier. Il y porta aussitôt ses mains, jetant un coup d'œil courroucé à Arceline dont le regard était sans nul doute plein de moquerie. Nul doute qu'il se serait laissé aller à en croquer un bout si la voix de l'Yhmyh ne l'avait pas interrompu avant.
– Je viens pour vous remercier pour l'aide que vous avez apportée à notre peuple, Élu. Grâce à vous de nombreuses vies ont pu être épargnées.
Edward retrouva le sourire en levant le regard vers le guérisseur qui venait de poliment s'incliner devant lui. Heureux qu'on ne l'ait finalement pas complètement oublié pour lui préférer les joues dodues de Bunbun, Edward se leva, assurant au Yhmyh qu'il n'y avait pas lieu de le saluer de la sorte. Un sourire timide s'imprima sur les lèvres bleues de l'interpelé, qui tendit à Edward un petit sac en toile marine et au cordon d'or.
– C'est pour vous. Un présent de notre peuple. C'est un artefact puissant, qui remonte à notre conquête de ses terres, il fonctionne grâce à une utilisation habile du… – Merci, merci, l'interrompit Edward qui craignit de ne pas être un public très attentif. – J'espère que vous en ferez bon usage. – C'est promis. Hum… Alors ça y est ? Vous allez me renvoyer chez moi ? – Et bien… Justement, que diriez vous de rester un peu plus longtemps ?
Surpris, le loup entrouvrit la bouche, avant qu'une excitation sans bornes ne lui étire les lèvres jusqu'aux oreilles. Sa main se resserra sur l'amulette qui lui ceignait encore le cou, et sans même demander de quoi il était question, il lança :
– Si je peux la garder, alors je suis votre homme !
Le Yhmyh fut aussi décontenancé que ravi de cette nouvelle. Deux sentiments si diamétralement opposés, qu'ils le firent bafouiller une seconde, accédant ensuite à la requête d'Edward à qui l'on ne pouvait définitivement pas faire plus plaisir. Retrouvant son calme et sa lucidité, le Syh Reïmr reprit enfin la parole, et expliqua :
– Vous devez vous rendre aux terres de Raknor pour y apporter la puissance de notre peuple. – Ce sac ? Mais pourquoi ne pas y aller vous ? – Le voyage est long, et nous sommes devenus trop sensibles aux changements de température. Seul le froid nous convient désormais. Aussi… Vous devrez vous y rendre seul.
Edward avisa le présent confié, puis Lyhn qui débattait vivement avec ses confrères de la qualité du poil de Bunbun, avant de reporter son attention sur le Yhmyh qui reprenait d'une voix grave, au sérieux impeccable :
– Élu… Une lourde menace pèse sur Meilledeï, une menace qui a mis notre peuple en péril, ainsi qu'un grand nombre d'autres espèces en attirant sur nous tous une puissante malédiction. – Vous voulez dire que…
Le Syh Reïmr acquiesça, puis termina dans un murmure lourd de sens :
– Que je ne peux garantir votre retour de ce voyage inattendu.
Manche n°2 lancée !
C’est la suite de cette folle épopée dans la vaste contrée de Meilledeï.
La grande majorité des élus a réussi à sauver le peuple qui l’avait appelé, parfois par chance, ou par de vrais tours de force. Aussi, n’est-ce pas normal qu’un petit présent vous soit offert ? Et quel présent ! Il vous sera certainement utile pour l’aventure qui vous attends. Alors ? Vous voyez que vous avez bien fait de vous lever ce matin ~
N'oubliez pas de faire défiler sur la droite, il n'y a pas qu’Aiko qui ait un petit cadeau !
Le déroulement de la manche est très simple : chaque participant doit réaliser un poste de RP (et un seul) dans lequel il sera informé que la malédiction qu’il a levée était en réalité le produit d’un esprit du mal souhaitant régner sur Meïlledeï. Vous devez aller l’affronter !
Que ce soit votre peuple, ou votre narrateur, vous avez été mis au courant de la grande menace qui pèse sur tout le pays. Et après avoir sauvé ce peuple, qui de mieux placé pour affronter cette ombre machiavélique qui vous attend aux terres de Raknor.
Heureusement, vous partez avec un atout. Un artefact d’une grande puissance vous a été remis pour vous remercier, mais également pour vous permettre d’empêcher l’arrivée au pouvoir de ce terrible personnage, dont on ne sait rien excepté qu’il n’est vraiment pas fréquentable.
Mais ce n’est pas tout ! Car qui dit voyage, dit compagnons de route. Peut-être conserverez vous quelques connaissances acquises durant votre trajet, mais trois autres personnes devront se greffer sur ce chemin.
Vous êtes presque totalement libre à leur sujet ! En effet, vous avez dû remarquer dans la liste des artefacts, des « mots sélectionnés ». Ce sont en fait des termes que nous avons pris dans vos posts, et que vous allez devoir utiliser. Chaque terme devra être une caractéristique très forte de votre personnage. Elle doit ressortir plus que les autres, que ce soit sous un trait physique, psychologique, ou n’importe quel détail marquant qui fait que l’on associe forcément ce mot à ce nouvel aventurier.
Concernant le trajet justement, vous êtes libre de rencontrer ces gens quand vous le voulez, sur le chemin que vous souhaitez. En effet, nous n’avons pas fait de carte de Meilledeï, donc vous pouvez traverser n’importe quel type de terrain. Votre route devra seulement aboutir à votre arrivée sur les terres de Raknor, dont vous trouverez un aperçu ci-dessous. De plus, le terrible despote n’est peut-être pas sans avoir entendu parlé de vous ! Alors soyez prudents, vous n’êtes certainement pas à l’abri du danger.
Terres de Raknor:
Vous êtes libre de conserver, ou non, le narrateur de la manche précédente. C’est à vous de voir selon votre inspiration et votre envie ! Et il en va de même pour les membres de vos peuples avec lesquels vous avez pu sympathiser.
Et surtout faites vous plaisir ! Amusez vous durant ce périple dans une contrée inconnue aux multiples mystères et surprises ! Profitez en pour faire ce qui vous serez impossible dans un RP classique, c’est le moment /o/
Vous posterez à la suite ce message, sans ordre particulier et vous avez jusqu'au mardi 18 août (au soir) pour traverser la contrée !
N'hésitez pas à contacter le staff si un élément vous semble flou, on vous répondra le plus vite possible !
Lancez vous sur les routes de Meilledeï !
Invité
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Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Ven 14 Aoû - 2:43
« Bon, le civet sur pattes, t'es mignon comme tout mais c’est quand que je me réveille ? Parce que c’est quand même bien dangereux ton rêve sans queue ni tête ! »
Voilà, c'était ça, juste un rêve. Rien de bien dangereux donc... Sans compter qu’il avait quand même une lessive à terminer et qu'à ce rythme-là, il n'allait pas beaucoup avancer…
« Je suis en retard ! Je suis en retard ! Je suis en retaaaard… »
…….
…
.
Okkkkk… Et lui, là-dedans ? Il restait ici ? Tout seul ?... Apparemment, oui. Même les petits oignons n’étaient plus là…
Il suffisait juste de ne pas paniquer. Paniquer ne servait à rien. Et ne pas réfléchir aussi. Parce que réfléchir vous amenait à paniquer. Et comme il avait dit, paniquer n’arrangeait en rien une situation. Donc ne pas paniquer, ne pas réfléchir et…
« Au secours ? A l’aide ? Quelqu’un ?... »
…
Ah bah non, il n’y avait personne. Juste… Un arbre. Un gros arbre. Avec des branches. Tout plein de branches. Et il ne paniquait absolument pas là ! Est-ce qu’il pouvait hurler ?
Il n’en eut pas le temps. Un truc gluant et visqueux lui tomba sur la tête. Et ça lui dégoulinait dessus, même si la plus grande partie du truc lui restait sur la tête. Oh joie… Qu’est-ce que c’était que ça encore ? Et surtout, est-ce qu’il pouvait hurler là ?!
Une nouvelle fois, il n’en eut pas le temps. Un rat… Homme-rat… Enfin un autre truc, bipède, avec une queue, des pattes arrières à même le sol et les pattes avant gantées dont une tenait aristocratiquement une canne, et un museau sur lequel était posé des binocles sans cesse remontés par la patte antérieure droite –le tout richement habillé tout en velours et satin- se présenta à lui. Ou plus exactement tomba de l’arbre juste devant son nez. Passant encore une fois sur l’absurdité de la situation, il préféra s’arrêter au bon côté des choses. Il n’était plus seul. D’autant que cet homme-rat parlait ! Oui, on n’était plus à une bizarrerie prêt et après tout ce qu’il avait déjà vécu ici, Matt n’allait pas hurler au complot satanique pour si peu.
Surtout ne pas réfléchir… C’était la base de la survie mentale ici.
Donc le rat aux binocles -qui avaient eu le temps de tomber et d’être remontés trois fois sur le museau pointu- parla tout en s’inclinant. Il en ramassa d’ailleurs les binocles tombés à terre. Et Matt l’écouta religieusement, dès fois que celui-ci lui indiquerait la sortie pour rentrer chez lui. Après tout le lapin dans sa tête l’avait bien fait, lui !
« Bien le bonjour Monseigneur… Je me présente, Sir Adamé Putrus Conchenille Glençon Savoinaire cinquième du nom de La Tournevire d’Espérance Contrariée du vingt-troisième cachot, porte AAA396425813GH tout de suite à gauche, section nuisibles, Château de la Solitude et du Désespoir, pour vous servir ! Et je dois avouer être fort aise de vous avoir enfin trouvé. Et par la même occasion m’être délesté de cette méduse visqueuse qui encrassait quelque peu mes verres… »
Tout en parlant, il avait tiré de la poche de son gilet un mouchoir en dentelle pour essuyer ses binocles après avoir longuement soufflé dessus. Matt en ferma les yeux tout en affichant un rictus crispé. Parce que s’il avait bien compris -et il était sûr d’avoir parfaitement compris- la méduse visqueuse, c’était lui qui l’avait sur la tête maintenant. Et vraiment c’était juste…
« Par la culotte de Geneviève la parasite ! L’nuisible, j’te signale que c’est mi qui lui aie mis la main dessus à t’on élu ! Attends qu’j’é récupéré mes os et t’vas voir ce qu’elle vat’faire la méduse… »
Okkkk… Le truc sur sa tête parlait aussi. Ok, bon. Jusque-là tout allait bien. Et il voulait récupérer ses… Os. Normal et logique. Tout ce qu’il y avait de plus logique même. Mais d’un coup, il comprenait mieux pourquoi le lapin s’était carapaté à toute allure ! Et lui, il pouvait sortir de là quand ? Parce que lui aussi voulait rentrer chez lui ! Et il avait une lessive à terminer ! Voyant qu’Adamé Machin-chose du Machin Bidule Truc Chouette réajustait une nouvelle fois ses binocles sur son nez avec un air outré au possible, Matt intervint avant que celui-ci ne se lance dans une diatribe enflammée.
« Hey, on se calme ! Dites, vous n’auriez pas à tout hasard une idée de comment je pourrais rentrer chez moi ? »
« T’es un marrant, t’oi ! Rentrer chez t’oi ? Par le soutif de Geneviève la parasite ! Dans tes rêv’ oui ! T’es l’sauveur au cas où t’l’aurais pas remarqué! »
« Et je tiens tout de même à notifier que je m’appelle Adamé putrus conch… »
« Oui et moi c’est juste Matt Carey tout court, merci ! Sinon je dois faire quoi pour pouvoir un jour peut-être, rentrer chez moi ? »
C’est qu’il commençait à comprendre comment ça fonctionnait. Encore un autre truc à zigouiller/ dépecer/ brûler au choix, merci de rayer les mentions inutiles, avant d’être à nouveau lâcher seul ici. Du coup, un peu agacé d’avoir en permanence des voix dans ou sur la tête, il voulut tâter la chose qui lui tenait lieu de chapeau tout en demandant.
« Et vous là-haut, vous êtes qui ? »
Il retira bien vite sa main dans un cri de douleur non feint. Et cette chose était contente d’elle en plus ! D’ailleurs Matt, alors qu’il tentait d’endiguer la douleur en secouant sa main tout en ravalant ses plaintes, la sentit s’étaler davantage sur sa tête comme un chat le ferait sur un gros coussin devant une source de chaleur…
« Par la nuisette de Geneviève la parasite! J’é p’têtre plus d’os mais j’é encore des dents ! Tubercule Senflor, huitième cachot, porte BGH55566924K5 à d’oite, section parasit’ en tout genre.»
« Ah, il serait bien maintenant de prendre le fleuve de Sève. Et de ne pas trop trainer en chemin. Et aussi, Juste Matt Carey tout court merci, j’allais omettre une chose importante. Ceci est pour vous, en remerciement de vos actes héroïques au nom des neuf mondes de l’Yggdrasil. »
Repositionnant correctement ses binocles après lui avoir collé dans les mains une horloge coucou, il poursuivit.
« Allons, allons, ne traînons pas, il faut arriver sur les Terres de la Solitude et du Désespoir avant… Il faut arriver sur les Terres de la solitude et du Désespoir ! »
Oui, peut-être… Mais Matt n’était pas spécialement pressé d’y arriver sur ces terres. Il suivit donc le rat à fanfreluches pas fichu de dire son nom correctement, de loin. Et à la vitesse d’un escargot suicidaire neurasthénique. Tout en manipulant le coucou dans tous les sens, cherchant à découvrir pourquoi on lui avait donné un tel objet. Jusqu’à ce qu’un sérieux rappel à l’ordre le fasse se précipiter davantage.
« Hé, l’porteur ! Par la touf’ de Geneviève la parasite ! Tu veux p’têtre que j’te bouf’encore si ça peut’aider à acc’lérer la cadenc’ ? »
« Non merci, ça va aller… »
Il suivit donc d’un pas un peu plus véloce le rat dans l’entaille qu’il n’avait jusqu’ici pas vu. Du moins pas avant que le rat ne se prenne le tronc de l’Yggdrasil sur le nez en visant mal, ce qui l’obligea une nouvelle fois à ramasser ses binocles. Là, une barque finement ouvragée les attendait en se balançant doucement sur un fleuve de sève, sous une douce lumière dorée et des petites lucioles brillant de partout… C’était d’une beauté majestueuse et romantique à souhait. Eberlué devant un tel spectacle, Matt monta à la suite d’Adamé machin-chose et attendit patiemment que la barque dérive. Ce qu’elle fit très, très, lentement au gré du paisible courant de sève coulant entre les parois du tronc de l’immense frêne. Et se reçut un regard interloqué du rat alors qu’il entendait le parasite ricaner sur sa tête. Qu’est-ce qu’il y avait encore ?
« Mais est-il déficient mentalement ? Juste Matt Carey tout court merci, a-t-il reçu un choc entrainant une atrophie cérébrale sévère ? Ce serait tout de même gênant… »
Tout en s’exprimant, le rat le fixait tout en jouant de ses binocles sur son nez, cherchant apparemment à découvrir sur son visage une quelconque marque de débilité profonde.
« Non, par le tampon de Geneviève la parasite, l’est just’ limité du cerveau, c’est tou’t ! Eh l’porteur, tourn’l’aiguille du cadran. Non, pas dans ce sens-là, l’autr’sens ! »
D’un coup, Matt comprit à quoi servait le coucou. Sous les airs blasés de ses deux compagnons de route… Il passait juste pour l’abruti de service. Parce que oui, il avait fallu un peu l’aider. Mais d’un autre côté, ce n’était pas comme si on lui expliquait clairement les choses. Il préféra cependant ne pas polémiquer là-dessus et se concentrer sur leur embarcation qui filait à toute allure vers un futur on ne peut plus incertain. Et Matt n’avait guère le choix. Il se devait de suivre, et si possible à une cadence soutenue…
Pourtant il dut ralentir le temps et donc la vitesse de leur embarcation lorsqu’il dut baisser la tête sous les jurons de Tubercule toujours scotché à lui -le rat n’ayant aucune nécessité à le faire- tandis que le boyau de bois dans lequel ils s’avançaient se rétrécissait dangereusement et que le fleuve ne se résumait plus qu’à un mince filet de sève.
Ils n’avaient pas le choix, tout le monde devait descendre et poursuivre à quatre pattes. Enfin, surtout lui, et toujours sous les jurons -tous plus imagés les uns que les autres de Geneviève la parasite- de Tubercule qui trouvait sa position inconfortable au possible. Par chance, il n’eut que quelques mètres à faire avant de déboucher à l’air libre sous un soleil éblouissant.
Se redressant, il prit appui sur ce qui était apparemment un cocotier avant de porter son regard sur l’horizon. La mer, le sable blanc et à l’ombre du cocotier, un âne portant sur son dos un homme d’âge mûr aux dents très, très, trop longues et bien trop effilées qui lui adressa un sourire carnassier. Matt recula la peur au ventre, n’hésitant pas à se placer en plein soleil, même si l’effet de tout cela était cependant quelque peu amoindri par l’âne qui tentait d’attraper sa carotte au bout du bâton que tenait le vampire…
« Votre Sérénissime Seigneurie de la première porte, Dracula trente-sixième du nom, Salle du Trône, Château de la Solitude et du Désespoir, je vous ai ramené comme vous l’avez exigé, l’élu. »
« Et par les… Douces oreilles de Geneviève la… Bellissime ! C’est mi qui l’é at’rapé ! C’é à mi la récompens’ ! »
Outré, le rat remontait déjà ses lorgnons sur son museau pointu prêt à défendre ce qu’il estimait être sa propre récompense lorsque Matt le devança en demandant.
« C’est qui exactement, Geneviève ? »
« Ma sœur. Elle a usurpé mon trône et mon royaume. Et vous êtes là pour me rendre mes biens. Bien sûr, vos efforts seront récompensés. »
Nouveau sourire carnassier alors que Matt terrorisé reculait encore de quelques pas. Il ne voulait pas avoir affaire avec cette créature du Diable. Vraiment pas !
« Montez ! »
On ne lui laissait apparemment pas le choix et il dû se résoudre à monter à son tour sur l’âne derrière le vampire, alors qu’Adamé s’était lui accroché à la crinière de celui-ci. Il ne voulait pas être ici, il ne voulait pas affronter cette sorcière et il ne voulait pas servir de repas à ce Dracula trente-sixième du nom. Mais puisqu’il se trouvait-là, il pouvait au moins faire en sorte d’abréger cela au maximum. Il joua donc des aiguilles du coucou pour avancer au plus vite, tout en laissant la possibilité au vampire grâce à la carotte qu’il dirigeait de son bâton, de contourner les tâches de lumière que la rotation du soleil faisait danser sur le sol.
Evidemment l’âne, dont la carotte s’agitait à quelques centimètres de son museau, continua sa route sans tenir compte des réticences d'un de ses passagers. Et bientôt, bien trop tôt au goût de Matt qui ne pouvait malheureusement pas ralentir les aiguilles du coucou sans risquer la colère de Dracula trente-sixième du nom, ils furent engloutis par La Solitude et le Désespoir. Les cocotiers avaient laissés place à une terre stérile, la mer et les vagues n’étaient plus que des trous d’eau vaseuse et le soleil peinait à transpercer de ses pâles rayons la masse compacte des lourds nuages. Le temps même accéléré sembla se ralentir sous les lourds pas des l'âne qui peinait sous sa charge. A moins que lui aussi ait ressenti cette soudaine envie de se laisser tomber là, tel un poids déjà mort...
Et malgré tout, il continua à avancer. Bientôt l'eau stagnante gagna davantage de terrain sur la terre desséchée, et l'animal se retrouva à se battre avec la vase d'un marécage menaçant de tous les engloutir au moindre faux-pas. Les aiguilles de l'horloge elles aussi se battaient pour accrocher quelques secondes de plus alors que les hommes soudainement silencieux menaient leur propre bataille intérieure. Sauf peut-être pour ce qui concernait Dracula trente-sixième du nom qui semblait plus guilleret que jamais.
Une masse sombre, énorme, faite d'amas de boue et de branchages morts sur des fondations ressemblant étrangement à un amoncellement d'os humain, apparut brutalement devant eux. L'âne ne s'arrêta pas. Et pas davantage les aiguilles de l'horloge. Et tout aussi brutalement, ils furent happés par une ouverture qui se referma d'elle-même derrière eux.
Pourquoi tant d’empressement à courir devant sa propre mort ? Matt avait beau le déplorer, il se retrouvait lui aussi à courir dans un long corridor de boue séchée jusqu’à une immense porte de bois s’élevant jusqu’à la voute du plafond. De toute évidence, une salle du trône. Ils y étaient donc. Dans le futile espoir de gagner quelques précieuses minutes de vie, il ralenti au maximum les aiguilles de l’horloge. Une sorcière… Ce ne pouvait être qu’une sorcière. Et il allait devoir lui faire face... Et comment faisait-on pour combattre une sorcière ?! Et sans armes en plus ! Il n’en avait strictement aucune idée.
Mais déjà l’immense porte s’ouvrait sur eux. Et Matt déglutit. S’il n’avait eu aussi peur des représailles du vampire, il se serait certainement enfui en courant. Mais à choisir entre la Peste et le Choléra, il se disait qu’au moins la sorcière devait avoir quelque chose d’humain. Du moins, il l’espérait.
Il ne s’était pas attendu à cela. Il y avait bien sûr le trône, imposant, et toutes les tentures de velours rouge sang qui tentaient de réchauffer les murs et les quelques ouvertures servant de fenêtres. Mais il y avait aussi une jeune enfant jouant avec un modèle réduit de l’arbre des neuf mondes et de ce palais. Une petite fille d’à peine huit ans qui semblait modeler une petite poupée vaudou… A son effigie ?!
« Attendez ! Ne me dites pas que tout le monde a peur de cette gamine ?! Et que j’ai traversé tout ça pour… »
« La gamine est bien plus vieille que toi de quelques siècles, mortel ! Et je vais te montrer de quoi je suis… »
« Eh bien, la vieille, tu vas aller faire un petit dodo ! C’est l’heure pour Geneviève la parasite d’aller se reposer ! »
Toute sa peur qui lui vrillait jusqu’alors les entrailles s’était soudainement transformée en colère. Une rage noire comme il n’en n’avait jamais ressentie. Il ne lui avait suffi qu’un simple coup d’œil à sa poupée vaudou, aux vers carbonisés autour de l’arbre miniature et aux cloches de verre pour comprendre ce que cette gamine faisait. Il ne chercha donc pas à s’en prendre physiquement à elle, même s’il lui arracha ‘sa poupée’ des mains. A la place, il prit la poupée Geneviève sagement assise sur le trône du palais de poupée, prit le premier lit qui lui tomba dans les mains et la colla dedans avant de casser les aiguilles du coucou et d’enfermer le tout sous une des cloches de verre.
Si le temps se trouva arrêté pour ‘la sorcière’, il n’en était malheureusement pas de même pour les autres et Matt sentit immédiatement le danger dans son dos, et sur sa tête. L’atmosphère respirait l’avidité et il pouvait deviner derrière lui les créatures -ses compagnons de route ?- qui se mouvaient vers lui. Ou plutôt vers le palais miniature.
« Juste Matt Carey tout court merci, mes lunettes s’il-vous-plait, mes lunettes… Je vous en supplie, mes lunettes…»
« Mes os ! Mes os ! Trouv’ mes os ! Il’me faut mes os ! »
« Le trône… Mettez ma poupée sur le trône que je retrouve tous mes pouvoirs… Et je vous offrirai la jeunesse éternelle. Jamais vous ne vieillirez ou ne mourrez…»
Se sentant acculé, la peur à nouveau au ventre, il fit la seule chose qui lui vint à l’esprit à ce moment-là. Il envoya tout ce qui se trouvait dans le palais à terre et ouvrit vivement tous les volets. Aussitôt les rayons du soleil entrèrent à flots dans la pièce alors qu’un énorme brouhaha semblait gagner le vrai palais, couvrant les cris de joie d’Adamé qui semblait avoir retrouvé sa poupée et les lunettes de celle-ci. Mais pas les hurlements de terreur du seigneur des lieux qui cherchait à toutes fins à éviter les flaques de soleil alors que Matt tournait le palais miniature sur lui-même, imitant ainsi les rotations du soleil. Jusqu’à ce que son œil finisse par tomber sur la poupée de cire du vampire et de son trône posé non loin de celle-ci. D’un geste vif, il les attrapa et plaça la poupée sur son trône. Un bruit d’ailes plus tard, il eut la surprise de voir une chauve-souris s’envoler vers la porte.
Le rat ayant lui aussi disparu, il ne restait plus dans la pièce que Geneviève endormie sur un matelas à même le sol et Tubercule Senflor qui s’était enfin décollé de sa tête et gisait en une grosse masse gélatineuse à ses pieds. Se penchant vers lui, il découvrit un assemblage de fils de fer qui représentaient grossièrement un squelette. Sans prononcer un mot, il prit une poupée de cire éventrée pour replacer l’ossature manquante.
Un homme, chauve et trapu, se tint soudainement face à lui. Il ne prononça lui non plus pas un mot. Mais après un long regard indéchiffrable, il alla cracher sur le corps endormi de Geneviève. « Parasite ! »
Puis le laissa là, seul dans cette salle vide. Soupirant longuement, Matt s’adressa alors au vide.
« Et maintenant, je fais comment pour rentrer chez moi ? »
"Il faudrait avant toute chose arriver aux Terres de Raknor !"
Il pensait parler dans le vide. On lui répondit. Et Matt en lâcha un petit cri absolument pas viril du tout. Le rat était là, lunettes sur le nez, à attendre visiblement quelque chose de lui. Sauf qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire...
"Par la vermine de Geneviève la Parasite, on n'lui a t'jours pas gr'ffé un cerveau à c'lui-là !"
"Il conviendrait de sortir du palais de la Solitude et du Désespoir et tourner à droite, pour au quatrième sable mouvant prendre à quarante-cinq degré nord-sud-est, et..."
"Par la purulence de Geneviève La Parasite, on n'va pas y pa'sser quinze heures non plus ! L'âne t'a'ttend dehors..."
Et en effet, l'âne l'attendait bien. Et Tubercule lui tendit même la bâton avec la carotte alors que celui-ci montait derrière lui. Adamé s'accrocha à nouveau à la crinière de l'animal et Matt se retrouva à jouer à son tour du bâton pour faire avancer l'âne pendant qu'une chauve-souris voletait à leur côté.
Le désespoir et la désolation… Matt les sentaient jusque dans ses entrailles. Et si le sol devint au fur et mesure plus sec sous les sabots de l'âne, l'air moins humide contre leur vêtements collant à leur peau, l'atmosphère devenait cependant bien plus pesante à chaque pas. Partout où se portait le regard, ce n’était qu’une lande desséchée où rien ne poussait ni ne vivait. Seul un château se dressait au loin, sombre et menaçant, comme une invitation à faire demi-tour.
Ils étaient arrivés aux Terres de Raknor...
Dernière édition par Matt Carey le Mar 18 Aoû - 23:58, édité 1 fois
Valentine Lefevre
○~ Héroïne de contes ~○
Messages : 1671 Date d'inscription : 22/02/2011 Age : 34 Localisation : Partout, même là où vous ne l'imaginez pas 8D
Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Sam 15 Aoû - 3:07
[HRP: j'ai agrémenté le post de lien vers les bouilles des perso. Bien sûr, la plupart sont mis juste pour le fun, suffisamment connu pour s'en passer. 8D Ah et les musiques ne sont cette fois-ci pas random et neuneu XD]
Le retour des Ichmirs leur avait permit de guérir de leur malédiction, redevenant de plus en plus humains sous les yeux de Valentine. Elle était soulagée et inquiète à la fois, se demandant ce qu'elle devait faire à présent. De plus, Severus avait soudainement cessé de lui parler, la laissant seule avec elle-même sans raison apparente. Il avait beau n'intervenir que pour lui faire des remontrances, son silence la pesait énormément. L'esprit ailleurs, elle avait prit l'habitude de rester en retrait, observant les différentes espèces se réconcilier et apprendre à se respecter de nouveaux. Comme elle s'était douté, un certain nombre d'orcs avait quitté la cité en compagnie du tyran qui leur avait servit de chef. Tout semblait rentrer dans l'ordre et pourtant, elle était toujours là. Elle en oublia presque de faire attention au temps qu'elle passait parmi eux, se contentant de visiter le temple et la ville en compagnie de Garfield, Anko et Nïan, devenus de très bons amis pour elle.
Lorsque tous les problèmes furent véritablement réglés, les regards se tournèrent vers elle, curieux d'en savoir plus sur elle et sa vie, la braquant et lui donnant encore plus envie de rester discrète, compte tenu de l’obsession qu'avait les habitants de la ville sur le fait qu'elle était humaine.
Installée près d'une des grandes fenêtres du temple de la déesse, observant le ciel s'obscurcir à l'approche de la nuit, on vint la voir, lui annonçant que le chef Johnson, ayant a nouveau hérité du rôle de leader au sein de Bastet, voulait lui parler. La journaliste soupira et suivit les deux félins, la guidant jusqu'à une grande salle finement décoré de dorures et de tapis colorés. Une sublime statue de la Déesse ornait l'endroit, comme dans toutes les pièces de la bâtisse. On la laissa s'avancer seule, la convocation semblant privée. Elle s'en inquiéta légèrement mais ne dit rien, son attention tourné vers un chat des plus étranges, sortant de l'ordinaire de ce monde. Il était enrobé et n'avait ni les oreilles exagérément longues, ni un comportement humanisé. Il ressemblait juste à un gros chat rayé, couché tranquillement, la queue remuant paresseusement. Un gros chat qui flottait dans les airs... Avait un pelage bleuté, un grand sourire dérangeant et deux immenses yeux vert en amandes. Elle vit ses babines se redresser encore plus lorsqu'il focalisa son regard perçant sur elle, ne la lâchant plus jusqu'à ce qu'elle s'arrête devant eux. Elle avait l'impression de le connaître...
"Ah, vous voilà, élue ! Nous vous attendions avec impatience."
"Monsieur Johnson... Vous avez vouliez me voir ?"
Comme à son habitude lorsqu'il était dérangé par quelque chose, il se frotta les pattes avant nerveusement, jetant un coup d’œil vers l'inconnu, avant de reprendre, se raclant la gorge.
"Ne nous pourrons jamais vous remercier comme il se doit pour tout ce que vous avez fait pour nous. Nous vous devons tout."
"Vous aviez toutes les armes en mains, je n'ai pas un grand rôle là dedans."
"Oh ne soyez pas si modeste !" Valentine se focalisait sur le chef des Ichmir mais du coin de l’œil, elle ne cessait d'apercevoir l'autre félin sourire de plus belle, le vert intense de ses iris lui donnant des frissons. Johnson frotta à nouveau ses pattes et elle perçu alors un timbre qui la fit froncer les sourcils, inquiète.
"Vous en avez tellement fait... Mais... il semblerait que vous n'avez pas encore terminer votre quête en ces terres."
"Oui, c'est bien ce que j'avais comprit du fait que j'étais toujours là... Qu'est-ce qui m'attend à présent ?"
"Un long voyage."
La jeune femme sursauta légèrement, tournant son regard vers celui de l'autre félin, la dévisageant toujours avec intensité. Il sourit de plus belle et s'approcha alors lentement d'elle, glissant dans les airs comme s'il nageait. Il termina sa course à une distance qu'elle jugea trop courte. Cependant elle se força de ne pas reculer, attendant la suite.
"Je connais le chemin vers votre prochaine aventure, je vous y conduirais."
"Que va-t-il se passer ?"
"Oh, ça, se sera à vous de le découvrir, chère Valentine. Je serais là pour vous guider."
"... je vois. Et vous êtes ? Vous semblez déjà me connaître."
"Oh je suis certain que vous me connaissez. Par chez vous, je ne suis qu'un personnage de conte, guidant une jeune fille dans le pays des merveilles."
"Le chat de Cheshire ?"
"Bien vu ! Vous voyez, vous aussi me connaissez, tout va donc pour le mieux ! La route sera ardue, je vous expliquerais tout lors du trajet jusqu'à ma forêt. Nous partirons demain à la première heure. Soyez prête."
"Qu... Demain matin ?! Mais... c'est trop brusque, je dois en parler à mes amis et je... je serais toute seule. Enfin je veux dire que..."
Cheshire rit doucement et fit disparaître son corps laissant juste sa tête, la plongeant dans un mutisme involontaire. Elle ne savait pas comment expliquer son soudain malaise, mais cela ne semblait pas déranger le félin. Comme s'il lisait dans ses pensées, il s'approcha encore plus d'elle et reprit la parole, allant plus dans le murmure d'un confident.
"Je suis au courant. Mais soyez sans crainte, la voix dans votre tête sera toujours présente... Même si elle se montrera surement plus autoritaire. huhuhu..." Valentine ne comprit pas les dires au début, cherchant à se reprendre, faire face à cette annonce soudaine de son départ vers un lieu inconnu. Puis un nouveau raclement de gorge se fit. Cependant, il ne venait pas de Johnson, celui-ci regardant nerveusement dans une direction hors du champ de vision de l'humaine. Elle n'avait pas pas fait attention au reste de la pièce, son attention immédiatement tournée vers le chat bleu. Tournant la tête pour voir qui venait de se manifester, elle découvrit une silhouette humaine, la figeant de stupeur, ne s'attendant pas à croiser quelqu'un de son espèce ici. Grand avec de longs cheveux noirs, le teint un peu blafard et les yeux sombres, un homme, d'une trentaine d'années à peu près, l'observait d'un air qui semblait sévère. Il était vêtu d'un ensemble noir avec un col mao et une longue cape, de la même couleur, lui tombait jusqu'aux pieds, frôlant le sol.
Cheshire s'évapora pour réapparaître près de l'homme avec un air satisfait de la réaction de Valentine. Celle-ci venait de comprendre de qui il s'agissait et la voix légèrement agacé de l'individu termina de la convaincre.
"Ne me regardez pas avec cet air ahuri, Lefevre."
"Severus ?!"
Soudain folle de joie et de soulagement, elle s'approcha de lui d'un pas léger, un grand sourire sur les lèvres.
"Je croyais que tu m'avais laissé toute seule, méchant ! Mais comment tu as pu venir physiquement ?!"
"Le chat."
"Ne me remerciez pas surtout, professeur."
Rogue laissa échapper un bruit d'agacement entre ses lèvres, lançant un regard sombre au félin. Celui-ci ne prit aucunement la mouche, trouvant apparemment la situation très amusante, et se tourna à nouveau vers la demoiselle, content de lui.
"Il s'agit d'un petit cadeau pour vous remercier de ce que vous avez fait pour ce peuple."
"Cessez de me prendre pour un objet ou un jouet !"
"Oh merciiii !"
Ne faisant pas attention aux jérémiades du professeur, la jeune femme sautilla, toute heureuse et alla même jusqu'à sauter sur lui, le serrant contre elle, le laissant dérouté par ce geste. il se reprit bien assez vite et la repoussa en lui attrapant les épaules tandis qu'elle riait, toujours euphorique. Elle avait retrouvé son partenaire et cette fois-ci plus vrai que jamais.
"Un peu de tenue, bon sang !"
****
Valentine eu du mal à dire au revoir au peuple des félins, tous lui jetant des airs attristés, lui déchirant le cœur. Sa seule consolation fut que les trois cousins se présentèrent pour les amener en Banthas jusqu'à la forêt de Cheshire. Cela lui donnait l'occasion d'être auprès d'eux quelques instants encore, ce n'était pas plus mal. On leur prépara une sorte de roulotte où ils purent monter, les Ichmirs conduisant les grosses bêtes poilues hors de la cité. A présent sur la route, Les deux humains tournèrent leur attention vers le chat bleuté, curieux d'entendre la raison de leur voyage. Celui-ci bailla sans vergogne avant de prendre la parole.
"Lorsque les Ichmirs ont eu besoin de l'aide d'un prophète, ils sont venus me voir. je suis capable de voir et deviner bien des choses, mais cela n'était pas de mon ressort. Je les ai alors guidé vers un confrère qui vous transmis le parchemin contenant la prophétie. Cependant, il n'a pas vu que cela et nous nous sommes réunit pour en discuter, cela ne concernant plus le peuple félin à ce moment là. ce que vous avez réalisé était incroyable, mais tout ce que vous avez vu n'était que la face visible de l'iceberg. Le peuple ayant envahit la cité Bastet a été envoyé par un vil personnage vivant sur les terres de Raknor. Vous devez vous rendre là-bas pour l'affronter et l'empêcher de recommencer à s'en prendre aux peuples vivants ici. Les Ichmirs ne sont pas le seuls à avoir souffert, loin de là."
"Je ne suis donc pas la seule à être venue, c'est ça ?"
"Tout juste. Il faudra vous armer de courage, vous en aurez bien besoin."
"En quoi une moldue pourrait se montrer importante contre une personne capable de lancer des malédictions ?"
"Vous l'avez vu durant le soulèvement des Ichmirs. N'importe qui peut être un élu. Ce n'est pas une question de puissance mais de volonté. Et puis vous êtes là pour l'aider, non ?"
"Merci de me faire comprendre que je suis une faible femme, Severus -___- "
Valentine fit la moue, bien consciente qu'il avait raison. Même s'il n'avait pas la carrure d'un combattant, il avait un charisme et une expression qui lui faisait clairement comprendre qu'il pouvait se défendre seul face au danger. Mais était-ce sa faute si elle, elle n'était pas née avec une baguette magique dans les mains ?! Elle soupira, jetant un coup d'oeil vers Anko qui tournait la tête vers eux, écoutant sans gêne la conversation, curieuse. Cela l'amusa quelque peu, mais l'oublia quand le gros matou s'exclama légèrement en se grattant le ventre.
"Oh, j'avais oublié ! Valentine ne sera pas sans ressources pour lutter contre ce qui l'attend. Voici un artefact très puissant que l'aidera grandement. Il s'agit d'un objet ayant été imprégné de la puissance de la Déesse Bastet. Ne vous fiez pas à son apparence."
Il fit apparaître alors une étrange petite souris ronde et grise. Après observation il s'avérait qu'il s'agissait en fait d'un jouet pour animal, le genre de truc qui faisait pouic pouic quand on le pressait. malgré les conseils de Cheshire, elle fronça les sourcils, se demandant s'il ne se moquait pas d'elle. Gardant son calme et son sourire, le félin expliqua alors son fonctionnement, les laissant perplexe. Un pouic contre une faculté animale. Deux contre un changement physique. Trois et c'était la transformation complète. Si Rogue secoua la tête pour réfuter ce genre de pouvoirs, Valentine s'en émerveilla et prit l'objet, réfléchissant un instant avant de le presser une fois. Ses yeux eurent soudain quelques difficultés, comme si on passait un filtre dessus. La couleur rouge s'atténua légèrement, le rendant moins vif. Mais en échange, elle réalisa que la pénombre de la roulotte avait disparu, voyant en détail tout ce qui se trouvait dedans. Elle était devenue Nyctalope.
Cet artefact fut l'objet de sa fascination, ainsi que celle de Rogue, durant tout le temps du trajet, celui-ci cherchant à comprendre comment de tels sortilèges pouvaient fonctionner sans incantations. Il l'analysa, empêchant la rouquine de jouer un peu plus avec, à sa grande déception. Il finit par le lui rendre, abdiquant, au moment où le convoi s'arrêta devant la forêt du chat. Il n'était plus le moment de jouer, aussi rangeant-elle la souris dans sa besace, préférant prendre dans ses bras les trois Ichmirs pour un dernier au revoir. Ils allaient lui manquer terriblement, surtout durant leur trajet plein de danger, mais jamais elle ne le leur aurait avouer, préférant les savoir près des leurs. Un dernier regard vers le trio et elle entra dans la forêt en compagnie de Cheshire et de Severus.
****
La forêt était étrange et peu rassurante, ne donnant pas envie de s'y perdre. Ils n'avaient pas quitté le sentier, suivant le chat qui flottait toujours devant eux, mais il n'était pas rare qu'en se retournant, ils ne reconnaissent plus leur environnement, comme si tout changeait quand ils détournaient le regard. Cela inquiétait Valentine et faisait de son mieux pour s'occuper l'esprit. Elle posait beaucoup de questions au sorcier, découvrant un peu plus Poudlard, s'amusant de certaines anecdotes, s'interrogeant sur d'autres. Severus avait beau afficher un air blasé à chaque fois qu'elle lui posait une question, il répondait sans hésitation et avec le plus de détails possible. Lorsqu'il mentionna les quatre maisons de l'école, elle ne put s'empêcher de se demander dans laquelle elle aurait finit. Et même si celle du serpent ne l'enchantait pas, le fait de savoir qu'il n'en était autre que le professeur principal, elle la trouva bien plus attirante. Cependant, il lui lança qu'avec son caractère et son excentricité, elle aurait probablement finit dans la maison de l'aigle...
Ils marchèrent ainsi pendant un long moment, perdant la notion du temps dans cette pénombre constante. Le minet parlait peu et semblait décidé à esquiver les questions, restant fidèle à sa réputation. Finalement, ils débouchèrent enfin dans une clairière entourés d'arbres, les laissant apercevoir le ciel. Comme sortant enfin la tête de l'eau, la journaliste reprit une bouffée d'air, se sentant un peu claustrophobe. Elle accéléra l'allure et observa les nuages cotonneux avec grand plaisir. Le ciel arborait de très légère teintes orangées, stipulant qu'ils arrivaient en fin d'après midi. Ils avaient marché un long moment et cette indication, lui donna soudain un coup de fatigue. Et puis elle avait faim, oh !
Un bassin d'eau brillait un peu plus loin, paisible, donnant envie de s'y baigner pour se rafraîchir. Elle s'en approcha, voulant y plonger la main quand un élément l'interpela. Sur le rebord, quelque chose dépassait, presque grotesque et inhabituelle. Une casquette sombre... vissé sur la tête d'une girafe. Seulement voilà, il n'y avait que la tête, le reste semblait complètement immergé sous l'eau. Cela la déstabilisa et elle s'en approcha, se demandant si l'animal prenait juste un bain ou s'il était tombé. A moins qu'il s'était noyé ? Mais ses bruits de pas réveilla le mammifère qui tourna ses grands yeux ronds vers elle. Son museau était de forme rectangulaire, rendant sa tête encore plus loufoque. Le pire dans tout ça ? c'est qu'en la regardant, elle se mit à sourire légèrement et lui adressa la parole.
"Oui... par un malheureux accident je suis tombé à l'eau et il m'est impossible d'en sortir. J'ai une très faible résistance à l'eau, je coule comme une enclume à son contact."
Valentine tourna la tête vers ses deux compagnons qui s'approchèrent également, observant la scène. Severus s'approcha et sortit une baguette magique de sa manche, la pointant vers l'animal, il sembla se concentrer un instant, mais celui-ci fronça les sourcils, l'arrêtant dans son action.
"Je crois que mes pattes sont entravées dans des racines ou des algues..."
"Je ne pourrais pas le sortir de là à moins de plonger et il en est hors de question."
"Il suffit de libérer ses pattes et tu pourras l'aider ?"
"Oui."
"Très bien !"
Avec le plus grand sérieux, Valentine haussa les épaules et enleva sa besace de son épaule avant de commencer à retirer ses chaussures et sa veste. Severus afficha un air surprit devant la scène, détournant le regard au moment où elle enlevait son pantalon et sa chemise.
"Mais enfin que faites vous ?!"
"Bah je vais plonger pour le libérer, pardi ! J'ai pas envie de mouiller mes fringues... Mais fais pas cette tête, allons O_O. Dis toi que je suis en maillot de bain, si ça te bloque."
Mais le sorcier refusa de regarder vers elle, faisant soudain rire Valentine. Il se montrer d'une grande pudeur et cela l'amusait beaucoup. Cheshire et la girafe ne semblaient pas choqués et attendaient la suite des évènements. La journaliste s'empara de la souris et plastique et plongea dans l'eau fraiche. Son contact était revigorant et très agréable. S'enfonçant vers le fond du bassin, elle suivit le corps de l'animal des yeux jusqu'au bout de ses gigantesques pattes. Pour cela elle n'avait eu besoin d'aucun pouvoir animal, retenant son souffle comme n'importe quelle personne.
Elle finit par repérer le problème et voyant de longues racines sortir du fond et l'entraver solidement. Elle les attrapa et chercha à le libérer, en vain. Elles étaient robustes et l'humidité les rendait encore plus flexible et incassable. Il fallut qu'elle se décide très vide ne pouvant pas rester plus de deux minutes sous l'eau sans reprendre de l'air. Trouvant soudain l'idée alléchante, elle pressa deux fois son artefact et concentra sa demande silencieuse sur son bras droit. Celui se vit soudain armer, non pas de doigts, mais de serres tranchantes d'oiseau de proie. Immédiatement, les entraves cédèrent au contact des griffes aussi coupante qu'un rasoir, libérant la girafe. Contente d'elle, elle prit appuie sur le sol et s'élança vers la surface, laissant disparaître son arme pour que sa main retrouve son apparence normale. Dès qu'elle sortit la tête de l'eau, elle reprit une grande bouffée d'air et sourit aux personnes présentent, leur faisant comprendre qu'elle avait réussi.
Severus leva alors sa baguette et après avoir lancé un "Mobilicorpus" il souleva le corps de l'animal qu'il fit sortir enfin de l'eau et le plaça sur la terre ferme, au grand soulagement de celui-ci. Comme retrouvant soudain sa mobilité, il se redressa et s'ébroua, dévoilant alors qu'il portait également un costume trois pièces avec un col montant en plus de sa casquette. Cette découverte laissa les deux humains médusés, et cela s'accentua quand il changea de forme, se transformant en un homme d'une vingtaine d'années, au nez long et rectangulaire comme l'avait été le museau. Il afficha un grand sourire et les remercia, enlevant sa veste pour l'essorer. Valentine resta immobile dans l'eau, réalisant qu'elle s'était mise en sous vêtement devant un homme transformé en girafe, mais se reprit assez vite, pas pudique pour un sou et sortit de l'eau, s'approchant de Cheshire qui lui avait fait apparaître une serviette coloré d'on ne sait où. Elle s'enveloppa dedans et s'approcha de l'inconnu, l'observant avec curiosité.
"Alors tu étais un homme... je comprend mieux pourquoi tu savais parler. Toi aussi tu as un artefact qui te fait devenir animal ?"
"Non, en réalité, et ça peut paraître bizarre, j'ai mangé un fruit qui me permet de me changer en girafe."
"Ah ! Un fruit du démon, c'est ça ?!"
"Tu connais ça ?"
"Oui ! J'ai déjà rencontré des gens ayant aussi consommés de ces fruits. Un l'année dernière qui a cherché à me cramer et un groupe il y a deux ans. D'ailleurs un des membres de l'équipage avait un nez similaire au tien..."
"Le fruit du feu ?"
"Nan de la lave."
"Tu as croisé un Amiral alors. Tu as de la chance d'avoir survécu s'il cherchait à te brûler, il se montre très cruel quand il est persuadé d'avoir raison... Attend, tu as dit un équipage avec ... Tu as croisé les Mugiwara ?"
"Oui, c'était un équipage adorable, tu les connais ?"
"... Je me suis battu contre eux il y a quelques années. Leur sabreur a eu raison de moi, c'était un bel affrontement. Nico Robin est toujours avec eux je suppose... L'un de mes collègues aimerait bien une revanche contre eux. Il peut se changer en Léopard, lui."
"Trop cool ! *O*"
"Vous en avez encore pour longtemps ?!"
La voix de Rogue les interrompit immédiatement. Ils se tournèrent vers lui et s'aperçurent qu'il les toisait d'un air mauvais. La rouquine ne savait pas si c'était parce qu'il avait l'impression de s'être fait avoir en sauvant un éventuel danger au lieu d'un animal inoffensif, ou si leur discussion enflammée sur quelque chose dont il ignorait tout le dérangeait. Quoi qu'il en soit, il semblait peu enclin à leur laisser la possibilité de continuer leur parlotte. Comme si de rien était, l'homme continua à essorer ses vêtements tandis que Valentine ramassa ses propres affaires pour se rhabiller. Finalement, le sorcier soupira et créa un feu doux entre eux pour leur permettre de se sécher plus rapidement en lançant sèchement un "Incendio". Les deux personnes en furent ravies et furent à nouveau habillées et au sec après une vingtaine de minutes.
Cheshire regarda le ciel un instant, interdit, tandis que Rogue lui demandait quand ils allaient reprendre la route. Le chat sembla pensif avant de tourner son regard vers la jeune femme qui avait recommencé à parler à l'inconnu. Celui-ci se montrait très agréable et souriant, lui répondant avec amusement.
"Nous allons devoir rester ici pour la soirée."
"La nuit n'est pas encore tombée, nous avons le temps."
"Non, plus vraiment..."
Comme pour aller avec ses paroles, un bruit se fit non loin d'eux, de l'autre côté du bassin. Ils se tournèrent tous vers l'endroit, découvrant une bonne dizaine de silhouettes inconnues, grandes et peu amicales. Ces créatures ne ressemblaient en rien à ce que Valentine avait pu voir jusqu'à ce jour mais elle comprit tout de suite qu'ils étaient dangereux et présents en ces lieux pour s'en prendre à eux. Elle recula, s'éloignant par simple réflexe, d'eux, ne les quittant pas des yeux. Cheshire qui était alors dans son champ de vision, secoua la tête et devint invisible, cherchant lui aussi à éviter la confrontation. Elle ne lui en voulu pas pour ce geste, même si cela signifiait qu'il les laissait se débrouiller seuls. L'homme girafe perdit son sourire, montrant un air plus sérieux et charismatique. Il vissa machinalement la casquette sombre sur sa tête et tourna la tête vers les deux autres.
"Permettez moi de vous remercier en vous aidant, c'est la moindre des choses."
Il se mit alors en position offensive, attendant que les créatures s'approchent. Et elles ne se firent pas prier. Elles se mirent soudain à courir à vive allure, traversant l'eau ou la contournant, fonçant vers eux, grognants méchamment. Leur compagnon attendit qu'ils soient assez proches et disparu, s'élançant avec une grande rapidité vers eux, surprenant Valentine. Elle ne l'avait même pas vu partir qu'il frappait déjà violemment quelques monstres à coups de pieds puissants. Elle resta épatée devant la scène, au point qu'elle en oublie de faire attention. L'une des bestioles s'approcha d'elle sans lui laisser le temps de l'esquiver. Heureusement pour elle, Rogue se plaça devant elle et la protégea, repoussant l'attaquant par un sortilège de Stupéfix. Il bloqua ainsi quelques autres ennemis, gardant un calme impressionnant.
Se sentant inutile, la journaliste regarda son artefact d'un air dépité. Que pouvait-elle bien faire à part attendre ? Se transformer en un animal n'allait lui servir à rien. Et si jamais elle réalisait qu'elle ne savait pas contrôler son corps ? Non, il valait mieux attendre sagement. Pourtant on lui força bien vite la main. Un monstre, plus gros que les autres, parvint à résister à l'un des sortilèges et réussi à désarmer le sorcier avant de s'écrouler. La baguette vola quelques mètres plus loin sur leur droite. Severus gronda et profita que leur ami terrassait toujours leurs attaquants, pour filer la récupérer. Seulement voilà, l'une de ces choses ne voulu pas qu'il récupère son arme et fonça sur lui, cherchant à le déchiqueter de ses griffes. Voyant le danger fondre sur son compagnon de voyage, Valentine agit plus par instinct que par logique.
Compressant son artefact une fois, elle s'élança, gagnant une allure qui dépassait celle d'ordinaire, prenant la rapidité du guépard et fonça sur la créature, la percutant de plein fouet, l'éloignant de Severus au moment où celui-ci réalisé tout juste qu'il était en danger. Grâce à son intervention, il évita le pire. Mais elle s'était mit dans un sale pétrin. Le choc ne la perturba pas plus que cela au début, puis son corps lui rappela qu'elle souffrait toujours au flanc depuis sa dernière confrontation, la paralysant sous la douleur. Elle se réceptionna mal et tomba à la renverse, roulant sur le côté, non loin de la bestiole.
La journaliste poussa un petit cri de surprise et sentit son esprit s'embrouiller, comme si elle allait tourner de l’œil. Elle cru entendre la voix de Rogue l'appeler mais elle ne parvint pas à saisir ce qu'il lui disait. Finalement, alors qu'elle voyait une ombre remuer près d'elle, elle s'évanouit.
*****
"Vous croyez qu'elle va s'en remettre ?"
"Après une bonne nuit de sommeil ça ira mieux, allons."
"Silence, vos voix m'insupportent !"
"Toujours aussi tendre, Severus ?"
Valentine ouvrit lentement les yeux, reprenant connaissance. Elle était allongée sur l'herbe, toujours dans la clairière, mais il n'y avait plus aucune trace de monstres. La nuit tombait lentement sur eux, rendant l'endroit encore plus calme. Elle se redressa avec difficulté, sentant ses côtes la lancer désagréablement. Severus s'approcha d'elle et l'empêcha de bouger plus. Il lui tendit une petite fiole d'une couleur étrange.
"Buvez ça. Il s'agit d'une potion Wiggenweld, elle régénérera votre santé."
"Vous êtes sûr de votre truc ? Allez pas l'empoisonner..."
"Comment osez vous dire des absurdités ? Je prépare moi-même ces concoctions."
"C'est ce que je dis..."
Sentant que Rogue était sur le point de chercher la guerre à l'homme à la casquette, le chat ne cherchant pas à les calmer, riant dans son coin, la jeune femme prit la fiole et la but sans réfléchir, sentant sur sa langue un goût étrange mais pas désagréable. Ce geste fit cesser leur dispute, la regardant avec attention. La douleur s'atténua après quelques secondes, surprenant Valentine. Elle se mit à sourire, regardant alors le sorcier.
"Je me sens mieux, merci professeur."
Il l'observa un instant puis reprit la fiole, se relevant et la regardant d'un air à nouveau sévère.
"Quelle idée de sauter sur cette créature, elle aurait pu vous tuer !"
"Je sais... Mais si je l'avais pas fait, elle t'aurait sauté dessus. J'ai agis sans réfléchir. Désolée de vous avoir inquiété."
"... ne recommencez plus ce genre de choses."
Valentine hocha la tête, prenant ça pour un remerciement. A force de lui parler, elle avait apprit à le cerner et l'apprécier. Il avait beau faire son antipathique, elle devinait qu'il s'était inquiété pour elle. L'autre homme s'approcha et s'accroupit près d'elle, la regardant avec un sourire. Il semblait vraiment gentil malgré sa casquette lui cachant tout le haut du crâne. Il finit par lui parler d'une voix douce et agréable, se voulant discrète.
"Comme tu étais inconsciente, je n'ai pas pu me présenter à toi. Je m'appelle Kaku. Ils m'ont un peu parlé de ce qui vous amène par ici et de votre voyage. J'aimerais vous accompagner pour vous remercier de m'avoir secouru. Tu es d'accord ?"
"Avec plaisir, Kaku. je suppose qu'ils t'ont dit mon prénom, mais tu peux m'appeler Val, c'est comme ça que me surnomme mes amis. Tu sembles avoir le même âge que moi, laissons donc de côté les courtoisies pompeuses, okay ?"
"Ouf, tu me retires une épine du pied, Val."
"Juste une chose: Même si Severus se montre froid et aigri, ne le prend pas mal et ne cherche pas à répondre à ses remarques si elles te semblent désagréables. Il est... disons que c'est sa façon d'être et c'est apparemment ancré en lui. Faut pas lui en vouloir. Suffit de ne pas trop réagir et il se calme vite."
"J'en prend bonne note. Tu es pâlotte, tu es sûre que ça va ?"
"Vous feriez mieux de dormir au lieu de jacasser tous les deux ! On repart tôt demain !"
Rogue leur jeta un regard sombre un peu plus loin, semblant à nouveau agacé de les voir bien s'amuser au lieu de faire des choses plus utiles. Les deux jeunes s'échangèrent un regard complice et se séparèrent, Kaku se dévouant pour faire un rapide tour de guet avant de venir se coucher. Valentine les observa, puis réalisa que sa besace avait été posée sous sa tête durant son inconscience. Ne voyant pas comment elle aurait pu améliorer son bivouaque de fortune, elle s'allongea de nouveau et ferma les yeux. Il lui sembla entendre des brides de conversations, mais s'endormit presque aussitôt, épuisée. Elle ne se préoccupait même pas de l'état actuel des choses, comprenant qu'ils avaient la situation en main, avec ou sans elle. Encore une fois, elle se sentait inutile, mais cela la rassurait de pouvoir se reposer sur les épaules d'autrui durant cette aventure.
*****
Lorsque Valentine se réveilla, elle réalisa qu'elle était en mouvement. Redressant la tête et jetant un regard autour d'elle, elle comprit avec surprise qu'elle était portée. Kaku la transportait sur son dos, en tout cas c'est ce qu'elle devina en voyant un gros plan de sa casquette. Elle remua légèrement et attira son attention.
"On se réveille enfin, Val ?"
"Je ne comprend pas bien..."
"Les deux chefs ont décidé qu'il était temps de partir alors que le soleil ne s'était pas levé. Comme tu semblais épuisée, ils ont préféré te laisser dormir. Je me suis proposé pour te porter."
"T'es de corvée de sac à patates ? Il fallait me le dire, j'ai l'habitude de dormir que quelques heures >_<"
"Eh bien tu as dormit le double, tu devrais péter la forme, non ?"
"Ouais, on va voir ça tout de suite. Tu me déposes au prochain arrêt de bus ?"
Le jeune homme se mit à rire et freina l'allure, lâchant doucement les jambes de la journaliste qui glissa avec précaution à terre, secoua la tête pour se remettre les idées en place. Il lui confia sa besace qu'il portait également et elle fut fin prête à reprendre la route. En observant autour d'eux et en sifflant le chat et le professeur pour leur dire de les attendre, elle réalisa qu'ils avaient changé de paysage. De forêt, ils étaient passés à des champs et circulaient sur un sentier montagneux, allant bientôt longer une montagne à la roche abrupte. Elle fit la moue, hésitante.
"On va pas grimper tout ça quand même ?"
"Non, Cheshire à dit qu'il existait une grotte permettant de traverser sans escalader."
"Et dedans y a pas un Balrog qui nous attend par hasard ? Non parce que sans vieux mage qui lui balance un 'you should not pass', on va être dans la merde et je refuse de sacrifier le seul sorcier qu'on a, il est hors contexte."
"Mais qu'est-ce que tu racontes ?"
"Oh rien, y a longtemps que j'ai arrêté d'essayer de me comprendre moi-même... en tout cas, j'espère que se sera pas trop long, je suis légèrement claustrophobe..."
Kaku posa une main réconfortante sur l'épaule et ils rattrapèrent les deux autres, ne manquant pas de sa prendre un regard sévère de Rogue.
Cette fois-ci, ils n'eurent pas l'impression de se perdre, le ciel et le paysage changeant au fur et à mesure qu'ils avançaient. Valentine s'amusa même à prendre quelques photos du spectacle que leur offrait la nature. Écoutant également les conseils du chat, elle s'entraina à prendre l'apparence d'animaux, pour ne plus à prendre de risques inconsidérés. Cela fut très divertissant. Laissant son appareil photo à son compagnon girafe, elle se transforma et prit la pose, voulant avoir des souvenirs d'elle sous des formes différentes. Allant du chat, au loup, testant le rouge gorge, la marmotte, le panda roux, elle finit par se faire enguirlander par Severus quand elle commença à gambader en renard roux. Surprise, elle laissa tomber ses oreilles sombres et baissa la tête tristement. Cependant ce qui la choqua encore plus, fut lorsque après lui avoir jeté un regard strict, il soupira et renonça à lui faire la moral. Après réflexion et un échange de regard avec Kaku, elle réalisa que son apparence avait dû être trop mignonne pour lui et l'avait emporté sur le reste.
Découvrant un point faible de son professeur préféré, elle resta le plus longtemps possible ainsi, reprenant ses traits humains qu'à l'approche de l'entrée de la fameuse grotte. Elle semblait peu accueillante et fit grimacer la jeune femme. Ils y entrèrent après que Rogue ai lancé un Lumos et découvrir un endroit plutôt grand, humide et rempli de stalactites et stalagmites en tous genres. Certain les menaçaient de leur pointe, telle une épée de Damoclès, rendant le lieu encore plus désagréable. Par soucis de survit et parce que la pénombre jouait avec son imagination, elle s'approcha de l'adulte et agrippa timidement un bout de sa cape entre ses doigts, redevenant soudain une enfant ayant peur de perdre son chemin et se retrouver toute seule dans un endroit inconnu et inquiétant.
Ils marchèrent, sur leur garde, un long moment, réalisant que la route avait surement été emprunté un bon nombre de fois. Ils croisèrent des aménagements creusés à même la roche ou fait avec des morceaux de bois ramassés à l'extérieur. Ils devinèrent que des marchands devaient passer par là et s'en servir comme abri.
"Faites attention au gouffre à votre gauche, beaucoup ont périt à cet endroit de la route."
D'un air détaché, le chat de Cheshire leur racontait des petites anecdotes sur la grotte, prenant plaisir à jouer les guides touristiques alors que chaque commentaire mettait Valentine de plus en plus mal à l'aise. Il voulait qu'elle meurt d'angoisse ?! Son stress était presque à son paroxysme quand ils s'approchèrent enfin de la sortie. Bien sûr, histoire de l'achever, un couinement suivit d'un rire démentiel, se fit soudainement au dessus d'eux, laissant la pauvre jeune femme pousser un cri de surprise, s'accrochant par réflexe à Rogue, manquant de lui faire lâcher sa baguette. Cette réaction accentua le rire qui s'arrêta pour laisser échapper une toux. A trop rire, le coupable s'étouffait tout seul. Toute tremblante et lâchant enfin prise elle leva la tête, découvrant une scène pour le moins surprenante.
Un homme avait été accroché par les pieds à l'un des stalactites et poireautait, tête en bas, saucissonné et abandonné à son triste sort. Il était parvenu à libérer un de ses bras et s'amusait à compresser une chose sombre et poilue. Après observation, Valentine y reconnu une sorte de peluche chauve souris qui faisait les mêmes pouic agaçants que son artefact.
"Excusez moi mais pourriez vous me détacher, mon sang a finit de me couler dans la tête, mon maquillage va bientôt plus suffire à cacher le rouge de ma tronche hihihihi. Allez soyez gentil... alleeeeeer. ALLER j'ai un rendez vous avec Batouuuu !"
Il recommença à rire, compressant la peluche qui couina de désapprobation. Ils restèrent à l'observer, essayant d'analyser la situation. Le chat préférant se taire, ce furent les hommes qui osèrent parler.
"Ce type est fou à lier on dirait."
"Nous ferions mieux de continuer notre route, il est instable."
"Heeeeey... mais je le connais ce mec ! O_O"
Valentine dévisageait le prisonnier avec de grands yeux ronds. Remise de ses émotions, elle semblait se remémorer des souvenirs dont on ignorait s'ils étaient agréables ou pénibles. Finalement, elle afficha un petit sourire et lui parla, haussant la voix pour qu'il l'entende.
"Joker ?! Vous vous rappelez de moi ? On s'est rencontré il y a deux ans. On avait visité une espèce de baraque hantée..."
"Aucun souvenir."
"... On chassait une pastèque déguisée en Batman..."
"Oh oui ! Valentine, la petite rouquine avec une serpillère avec son compagnon Loki et sa masse d'arme ! Vous m'aviez libéré dans la cave.. refaites le ici j'vous prie, hihi."
"Je croyais qu'il n'avait aucun souvenir..."
"Vous n'avez pas changé... Cette chauve souris... Ce ne serait pas la mienne par hasard ?"
"C'est exacte ! Elle me suit partout où je vais, elle est très relaxante... dès que Batou m'énerve, je la serre dans mes doigts, ses cris me détendent. je l'ai appelé Batiboup hihihihi. Libérez moi."
"Ce mec est fou, partons plutôt sans tar..."
"Okay je vous libère de suite !"
"Valentine !"
La jeune femme sursauta et observa le reste de son groupe. Si Cheshire, là encore, riait à la situation, les deux autres la dévisageaient avec stupeur. Elle cligna des yeux et secoua la tête.
"Oh il est un peu fou, mais on ne va pas le laisser là le pauvre ! Vous vous imaginez rester la tête à l'envers seul dans le noir ?!"
"Vous et votre manie de sauver la vie de tout ce que vous croisez..."
Rogue ne chercha même pas à contester cette fois-ci. Levant sa baguette vers le Joker, il sectionna la corde d'un Diffindo et le laissa choir sans même chercher à le rattraper. Kaku eu le réflexe de le faire à sa place et détacha le reste des cordes. Le prisonnier ne cacha pas son enthousiasme et se releva, dansant joyeusement avant de s'écrouler, prit de violents vertiges, sur sa chauve souris qui couina encore une fois, déclenchant son hilarité. Malgré le regard blasé des deux autres tourné vers elle, la journaliste garda le sourire en l'observant, s'approchant de lui pour lui parler. cela lui faisait bizarre de retrouver des compagnons liés à ses précédentes escapades mais ne s'en plaignait pas. L'homme en violet finit tout de même par les remercier et, lorsqu'il parvint à tenir sur ses pieds, s'invita sans autorisation dans leur groupe, ignorant royalement les protestations de Kaku et Rogue, les faisant taire à coup de Pouic Pouic.
****
La lumière du jour accueillit agréablement le groupe, celui-ci décompressant enfin un peu. Le Joker avait finit par marcher à nouveau normalement, ayant zigzagué un petit moment, le sang monté à la tête lui embrouillant l'esprit. Comprenant qu'il devait être en mesure de converser sans sombrer dans une folie passagère, Valentine s'approcha de lui, curieuse.
"Que faisiez vous ici ?"
"Oh, des espèces de bestioles m'ont attrapé alors que je passais par là. J'ai entendu une rumeur comme quoi Batou serait sur les terres de Rakghoul..."
"Raknor... Attendez vous êtes en train de me dire que vous êtes venu dans... ce monde juste pour croiser Batman ?"
"Rien ne peut m'empêcher de le voir. S'il est capable de venir jusqu'ici, moi aussi je peux !"
"Okay, c'est un peu fou, mais au moins y a de la bonne volonté... je crois."
"Hihihihi, parfaitement ma petite ! Maintenant dis moi, c'est par où qu'on va ? De l'autre côté de la montagne où y a de la neige, ou vers ce chemin avec ce nuage rempli de créatures volantes, au dessus ?"
"Oh je crois qu'on ne devrait pas avoir besoin de grimp... Des monstres !?"
Tournant la tête vers le chemin descendant, son regard s'arrêta vers une énorme masse sombre voletant au dessus d'un plateau, leur faisant comprendre d'avance des ennuis qui les attendaient. Elle en avertit les autres qui essayèrent d'évaluer la situation. Kaku fut pour le combat alors que Rogue exigea qu'ils retournent se cacher dans la grotte en espérant que cette invasion s'en aille. Hélas, ils devaient se rendre à l'évidence qu'ils ne partiraient pas si on ne les y forçait pas.
Cela fit tilt dans l'esprit de Valentine. Il pouvait exister une méthode efficace pour les faire partir... Ou plutôt, pour les faire fuir. Elle leur demanda soudain de se tenir prêt à se diriger vers la zone herbeuse envahit dès que le nuage vivant partirait. Personne ne comprenait où elle voulait en venir hormis le chat de Cheshire qui plongeant ses iris verte en amande dans les siens, la jaugeant avant de sourire de plus bel, approuvant son idée silencieuse.
Revigorée par cette approbation, elle leur confia sa besace, prit son artefact et s'élança en courant vers le chemin avant que quiconque ne puisse la retenir. Rogue tenta bien de lui jeter un sort, mais elle l'esquiva en sautant derrière des roches abruptes. Lorsqu'elle fut assez éloignée et dans une zone dégagée, elle serra les dents et actionna sa souris trois fois. Au dernier couinement, elle sentit son corps trembler étrangement et bien plus fort que lorsqu'elle s'était changée en petit animal. Ses yeux se posèrent sur ses bras qui se transformèrent rapidement, changeant en des pattes écailleuses noires et armées de puissantes griffes. Elle se sentit quitter le sol quand de grandes ailes sombres s'étendirent dans son dos et la soulevèrent. En regardant en dessous d'elle de ses yeux à présent rouges et en amandes, elle aperçu une ombre majestueuse et effrayante la représenter. Elle avait réussi. Fière d'elle, elle poussa un rugissement puissant résonnant dans toute la montagne.
Lorsque les monstres l'entendirent et observèrent dans sa direction, ils découvrirent avec horreur un immense dragon noir de contes fantastiques foncer droit sur eux, prêt à les déchiqueter dans sa gueule puissante. Leur réaction ne se fit pas tarder. Certains tentèrent de contrer sa charge mais furent anéantis sans difficultés. Elle terrassa aisément une bonne partie des créatures, jouissant pleinement d'une force qu'elle n'avait jamais eu auparavant. Les survivants prirent enfin la fuite, s'envolant le plus loin et le plus vite possible de là, terrorisés. Grisée par l'action, la dragonne lâcha un nouveau grondement pour s'assurer qu'ils ne reviendraient plus dans les parages. Ce qu'elle n'avait pas prévu fut que sa transformation s'acheva alors qu'elle se trouvait à une hauteur inimaginable.
Prise de panique, elle chercha à presser à nouveau sa souris mais la vit lui glisser des mains, tombant de son côté, la laissant seule. Son allégresse était retombée et à présent, elle désespérée un peu. Mourir ainsi n'était peut-être pas une mauvaise chose. Au moins avait elle vécu quelque chose d'extraordinaire juste avant...
Refusant de regarder le sol se rapprocher rapidement, elle resta tournée vers le ciel et sourit avant de fermer les yeux, attendant le choc. Mais celui-ci se fit plus vite et moins horrible qu'elle ne se l'était imaginée.
"Val, toujours en vie ?"
"Kaku ?"
"T'as mouché tout le monde, l'idée de te transformer en dragon, c'était grandiose !"
Rouvrant les yeux, elle découvrit le visage de Kaku tout près du sien. Il la tenait dans ses bras, l'ayant réceptionnée au vol. Observant autour d'elle, elle réalisa qu'elle n'avait pas atteint le plancher des vaches. L'homme semblait sauter dans le vide avec une telle force qu'il parvenait à rebondir sur l'air. Elle ouvrit la bouche, cherchant à comprendre la logique mais y renonça, pensant qu'il s'agissait d'une faculté cachée du jeune homme. Il regagna le sol et la déposa doucement. Elle se laissa tomber, préférant rester assise pour que son corps digère ses péripéties dans les airs. Ils restèrent sagement à attendre que le reste du groupe les rejoigne, le Joker en tête, scandalisé et fasciné à la fois.
"Comment t'as fait ça ?! Pourquoi ma Batiboup fait pas ça ?! On échange, aller !"
"Accio Artefact !"
Avant même que Joker ne parvienne à trouver l'objet disparu, celui-ci vola directement dans la main de Rogue, le conservant farouchement loin des mains voleuses de l'autre qui se laissa tomber de frustration, faisant couiner sa chauve souris en guise de vengeance. Le sorcier s'approcha d'elle et la regarda avec une expression indescriptible. Valentine ne savait pas s'il allait encore l'enguirlander ou s'épouvanter de cette prise de risque inconsidérée. Mais il ne dit rien, la dévisageant un long instant.
"Vous allez bien ?"
"Impeccablement bien !"
"Vous cherchez à m'achevez, avouez le. Cessez donc de prendre des risques, je serais attristé s'il vous arrivait malheur."
La rouquine se figea, surprise devant ce discours. Rêvait-elle ? Elle tourna la tête vers Kaku, mais il ne bougeait pas non plus, tout aussi surprit. Prenant cela comme une confirmation qu'elle avait bien entendu, elle se mit à rougir et se leva brusquement, plongeant sur le professeur pour lui faire un câlin.
"Pardoooooon ! Faut pas s'inquiéter pour moi, j'en ai vu des vertes et des pas mûres dans ma courte existence, ne t'en fais pas !"
Il resta stoïque, l'écoutant parler. Mais bien vite, il se reprit et la repoussa au moment même où elle éclata de rire, terminant sur un ton idiot entre deux gloussements.
"Rholalala, ce que t'es trop chou quand tu t'y met Severus, petit coquin !"
"Vous êtes insupportable !"
Kaku et Cheshire éclatèrent de rire, renforçant le fou rire de Valentine. Une fois calmés après s'être tous fait enguirlander, ils reprirent leur route, atteignant les terres de Raknor avant la tombée de la soirée. La suite des évènements allée bientôt commencer... mais après un nouveau bivouaque et un bon gros dodo !
Ashton Lyn
☽-I am the Captain of my Pain-☾
Messages : 356 Date d'inscription : 15/03/2015 Localisation : Le Lost, un vieux bar défraîchi...
Il se trouvait que Stark, contre toute attente, était quelqu'un de plutôt sympathique et, comme ils s'entendaient bien, il avait décidé de rester. Une compagnie somme toute rassurante, puisqu'elle lui permettait d'être en contact avec au moins un élément familier constamment. Pas qu'Ashton avait peur de l'inconnu, bien au contraire, mais ce terme semblait être un euphémisme lorsqu'on parlait d'un monde qui prenait le mot « lac suspendu » au sens littéral. Tony, donc, se révélait une aide précieuse et ajoutait un brin de sarcasme tout à fait délicieux à son aventure.
« C'est un plaisir, Médor. »
Et c'était d'autant plus intéressant que lui-même rentrait dans la catégorie de personnes extrêmement rares à pouvoir supporter Iron Man pendant plus d'un quart d'heure, et dans sa tête en plus. Même le milliardaire lui tirait son chapeau, sur ce coup.
Il n'était pas le seul, d'ailleurs. Les Glo...
« Glotulles ? Globules ? »
Non, non ! Il allait s'en souvenir, c'était certain. Mais peut-être pas pour le moment, voilà tout. Les batraciens humanoïdes, donc, avaient soudainement décidé qu'après mûre réflexion – et sans que celle-ci ne soit altérée par le fait qu'il ait sauvé leur monde, non non, vraiment, tout à fait objective qu'elle était – il était une personne recommandable – ce qui avait fait doucement rigoler Ashton, qui pouvait citer quelques centaines de connaissances à attester du contraire – et qu'il méritait un remerciement. S'il avait naïvement cru que celui-ci serait verbal, il se trompait lourdement, car entre ses mains ouvertes se trouvait désormais un cadeau de toute beauté.
« Hahahahahahahahahaha ! OH MON DIEU. J'AI MAL AUX CÔTES. »
Et de très bon goût, il fallait le souligner. Ses longs doigts d'ivoire tâtèrent l'objet tandis qu'il battait distraitement des cils, un peu surpris peut-être par la... forme... que prenait ce présent.
« Nan mais sérieusement. Une GRENOUILLE. Une GRENOUILLE POUR ENFANT. »
Bon, d'accord, il avait envie de rire aussi. Fixant le batracien dans le blanc de ses yeux peints, il fut contraint de pincer fermement son piercing pour retenir son hilarité croissante. Les éclats tonitruants de la voix de Stark ne l'aidaient d'ailleurs absolument pas à contenir ce problème. Car une chose était sûre : s'il avait le malheur de rompre sa résolution, il serait noyé sans plus de commodités, un sort dont il se fût aisément passé. Surtout qu'il venait enfin de rattraper sa première bourde – une toute petite en plus, vraiment.
« Avoue que c'est quand même génial. Un batracien qui te donne un jouet batracien. Oooh mais c'est peut-être leur totem ! »
La question frôla les lèvres d'Ashton de si près qu'il crut que les mots s'échapperaient de sa bouche. Seulement, la dernière fois qu'il avait suivi son narrateur dans ses interrogations, les choses avaient fini à l'eau, et l'eau n'était pas un endroit où on avait envie de finir quand un peuple aquatique vous en voulait. Il joua avec son piercing et, une fois de plus, se tâta. Question, pas question, question, pas question...
« Si tu le dis avec tact tout se passera bien ! Sinon tu risques de recréer un bug culturel en les offensant avec Kermit bis. »
S'il ne savait toujours pas qui ce fameux Kermit était, il devait au moins admettre que le milliardaire, playboy, philantrope et.... « génie. » marquait un point. Haussant nonchalamment des épaules, il décida d'y aller d'une manière que l'on qualifierait un jour d' « à l'arrache », ou encore « au feeling », voire « à la ouech », bien que la dernière soit moins aisée lorsqu'on ne maîtrise pas l'accent transylvain.
« Excusez-moi... », débuta-t-il donc calmement. « Oui, élu ? » « Ceci est... un... » « Outil très utile. Très très utile. Vous avez une longue route à faire, après tout. »
Ah bon.
« On avait une route à faire, nous ? », demanda-t-il à son narrateur.
Au pire l'opinion que les Glochoses avaient de lui était déjà déplorable, s'ils le prenait pour un fou ce ne serait pas si terrible. D'autant qu'il pouvait faire passer cela pour quelque chose d'un peu mystique, histoire de rendre ça plus élégant. Quoique la dernière personne à faire ça avait fini sur un bûcher anglais, et connaissant les tendances homicidaires de ce peuple il ne voulait pas essayer. La folie était après tout une excuse fort acceptable.
« Euh... », répondit avec éloquence son interlocuteur. « Je prends ça pour un non. » « Sans rancune, Milou, sans rancune. »
Ah, tiens, il venait d'écoper d'un nouveau surnom. Ashton fit une brève note mentale de se rappeler de faire des recherches sur toutes les références que faisait Stark, ce pourrait être intéressant après tout. Ou complètement inutile. Dans tous les cas la Curia préférerait cette solution à l'art qu'il était en train de développer sur les dossiers des archives.
« Oui, vous aviez une route à faire. », reprit sèchement le batracien auquel il faisait face. « Je ne savais pas. » « Maintenant vous savez. » « Et je vais vers... ? » « Les terres de Raknor. »
Voilà qui l'aidait beaucoup.
« Raknor, j'adore... » « Merci pour ton explication toujours pertinente, Tony ! », rit-il.
Une autre référence qu'il n'avait pas saisie. Un jour, il découvrirait que c'était une marque de soupe et de bouillons de cubes, et il serait déçu. Pour l'heure, le temps était au suspense. Mais revenons-en à nos Grogruls. Le vieux monsieur dont Ashton ne connaissait toujours pas le nom s'avança vers lui et, posant une main presque amicale sur sa jeune épaule, lui souffla :
« C'est un endroit dangereux et incertain, un endroit plein de mystère où tu te trouveras livré à toi-même sur la route des morts. Il te faudra traverser périls et danger mais pour l'heure, Élu, et vu la tournure des événements, je crois en toi. »
C'était curieux comme l'opinion de ces créatures changeait vite et, surtout, comme elle était en opposition systématique avec la sienne. Il voulait bien être leur élu, c'était après tout un rôle honorable, et il admettait de sauver leur monde, mais se diriger vers des terres hostiles sans autre raison que celle d'être tombé dans un lac alors qu'il dessinait une caricature d'Edward lui paraissait un peu compliqué à avaler. Il adressa un sourire aimable à son interlocuteur et, se penchant légèrement sur lui, répondit :
« Certes, mais pourquoi, et surtout comment y aller ? » « Tu le sauras, rétorqua le Glogrul, en temps voulu. Pour l'heure, tu dois te mettre en marche, et cet objet t'aidera. Il est le gage de notre gratitude. » « Pour te remercier, nous te donnons un jouet pour enfant tout pourri et nous t'envoyons vers un endroit mortel ! Mais dites, c'est qu'ils sont généreux ces petits ! »
Un bref éclat de rire trouva son chemin jusqu'aux lèvres d'Ashton et ne se ternit que lorsque le regard courroucé et glogrul- euh, non, globuleux du vieillard se planta dans le sien. Apparemment, le joie était un tabou chez cette communauté et il venait de nouveau de le franchir. Peu désireux d'être jeté à l'eau de nouveau, il n'attendit pas la suite des explications pour faire volte-face et s'éloigner à pas rapides de cet endroit.
Exhit le vieux glogrul regarda le garçon partir avec une profonde horreur dans les yeux et chercha vainement à le rattraper. Peine perdue. Un soupir las s'échappa de ses lèvres et il passa sa main vantousée sur son visage. Il en avait marre, de cette journée. Jamais l'Esprit de l'Eau ne lui avait donné pareille mission, et il était débordé de fatigue. Une main vint se poser sur son épaule : « Un problème, grand chef ? » « Oui, rétorqua-t-il. Un gros. » « Oh ? Et qu'est-ce que cela pourrait-être ? » « Notre élu. » « Oui ? » « Notre élu est débile. »
De son côté, Ashton découvrait la partie du lac suspendu dans laquelle il n'était pas encore tombé. C'était un lieu fort sympathique, un peu mystique aussi, qui rendait humble par son immensité. Après quelques dizaines de minutes de marche, il posa son derrière sur un rocher et plongea ses pieds dans l'eau cristalline, précautionneusement tout de même. À son grand soulagement, il ne perdit pas dix ans d'âge, ce qui était en soi plutôt rassurant. Il posa la petite grenouille en bois dans sa main et la détailla avec intérêt, curieux.
« Donc si je comprends bien – et je comprends toujours bien – ceci est censé nous aider à parvenir dans un monde hostile. » « Apparemment. » « Et l'utilité, c'est ? Ils ont des monstres Kermitophobes ? » « Peut-être ? Ou alors c'est ça ? »
À ces mots, il désigna la clef qui servait vraisemblablement à remonter le jouet. Ce ne pouvait qu'être la réponse, après tout. Le silence régna un instant entre les deux hommes, instant au cours duquel chacun pesa le pour et le contre entre curiosité et raison. Inutile de dire laquelle l'emporta.
« On essaie ? », demandèrent-ils en chœur.
Pinçant ses lèvres dans une moue ravie et mesquine, il tourna lentement le petit bout de métal. Le suspense était à son comble, le public – Stark, en l'occurrence – était en délire. À chaque grincement, il sentait son cœur battre un peu plus vite, un peu plus fort. Puis l'exploit fut accompli. Enfin, il était au bout. Un énorme craquement retentit, le faisant sursauter et... lâcher la pauvre grenouille. Il plongea dans l'eau, déterminé à sauver son objet préféré :
« KERMI- » BRAAAAOOOUUUM
Ouh la. S'il avait cru le premier bruit frappant, celui-ci en revanche était gargantuesque. Ashton se figea dans sa nage et attendit. Au centre du lac, bientôt, se dessina un petit tourbillon qui s'agrandit... s'agrandit... En baissant les yeux, on pouvait voir la lumière là où ne se devinait d'ordinaire que la terre.
« Je crois que nous venons de casser un lac. », constata Stark. « Oups... »
C'est alors qu'il réalisa que, sans bouger, il avait avancé jusqu'au quart ouest de l'étendue l'eau, ce qui ne pouvait signifier qu'une chose...
« Je crois que tu es en train de te faire emporter par le courant, Médor. » « C'est mauvais, hein ? », demanda-t-il. « Bah... ça peut être drôle, selon comment on le prend. Mais considérant que l'eau est ta seule faiblesse... » « Je le prends mal. » « Voilà. »
Ash poussa un bref soupir avant de plonger, cherchant Kermit la grenouille destructrice du regard. Il la repéra un instant plus tard, quelques mètres en avant de lui, et nagea vers elle dans l'espoir de la rattraper. Lorsqu'enfin ses doigts se fermèrent sur la sculpture, Tony pestait dans sa tête :
« CRETIN ! Le but du jeu c'est de s'éloigner du siphon, pas de s'en approcher !! »
Boh, pour ce que cela changerait... En revanche, les Glogruls allaient le tuer. Soudain un peu inquiet, il déglutit et plongea de nouveau, cherchant des yeux un éventuel moyen d'empêcher le lac de se vider complètement. À sa grande surprise, il y en avait un. Et un plutôt littéral, dans les faits. Car devant son regard éberlué se dressait, à quelques dizaines de mètres sous l'eau, un gigantesque bouchon. Remontant brièvement à la surface, le canidé prit une profonde inspiration avant de nager vers sa solution miracle. Le plus compliqué, toutefois, fut d'avancer à contre-courant, d'autant que celui-ci tentait de l'emporter plusieurs centaines de mètres plus bas. Alors, rassemblant toute l'adrénaline qui pulsait soudain dans ses veines, il redoubla d'efforts pour atteindre la chaînette – qui faisait tout de même quelques mètres de long, mais proportionnellement ce n'était pas tant – et se démena. C'était sans doute une question de vie ou de mort, au point où il en était.
« Alleeeez ! Imagine que c'est un nonos ! »
Ashton eut levé les yeux au ciel s'il avait eu le temps de le faire. Le courant augmenta soudain d'intensité et il fut tiré en arrière sans rien pouvoir y faire. Un grognement sourd lui échappa et il tendit désespérément les mains vers la chaîne salvatrice.... Encore... Teeeeeeeeendreeeeeeeeeee... Encoooooooore.....
« ALLEZ!!! »
OUI ! Ses doigts se fermèrent définitivement sur le métal et il se retint à grand peine de pousser un cri de joie sous l'eau. D'autant que ce n'était pas tout à fait gagné... Le siphon était désormais gigantesque et, dans sa course, il s'était laissé emporter. Ce qui signifiait qu'il était maintenant à quelques mètres du gigantesque trou, et qu'il s'apprêtait à faire une splendide chute de quelques... centaines... de mètres. Non pas que cela le tuerait, il supposait. Normalement. Décidant qu'il n'avait pas envie de savoir, après mûre réflexion, il s'accrocha complètement à la chaîne tandis que, lentement, l'eau le poussait vers le cratère, et le bouchon avec.
La dernière chose que vit Ashton fut le gargantuesque morceau de plastique se fixer dans le trou, et le vide qui l'embrassait.
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!! » « Boh, je suis déjà tombé de l'espace et j'ai survécu, alors bon. » « TU AS UNE ARMURE ! » « … Ouaip. Mais t'es invincible. » « … Tu marques un point. Mais ça va faire mal. » « Sans dout- »
PLOUF
Apparemment, l'eau d'ici était gélatineuse, ce qui avait au moins l'avantage d'amortir son incroyable vol plané. La surface, toutefois, se brisa aussitôt, et le jeune homme ne tarda aucunement à être submergé par un incroyable courant tandis que les déversements du lac partaient chacun de leur côté. C'est donc un chien des Enfers complètement trempé qui s'extirpa du liquide pour se traîner de manière plutôt lamentable vers une butte. Il se posa là, épuisé déjà par cette journée et ce qu'elle lui promettait encore. Son regard se perdit aux alentours pour son plus grand plaisir. Tout était grandiose. La plaine s'étendait à perte de vue, aride et terriblement sèche mais belle, majestueuse dans l'immensité de son hostilité. C'était un spectacle splendide et, pour le moment, l'eau qui l'enduisait l'empêchait de mourir de chaud.
« Yo, bro, tu fay quoi là ? »
Pour un peu, il eut sursauté. Apparemment son pouvoir ne fonctionnait plus et il n'avait pas l'habitude d'être pris au dépourvu. Il fit volte-face, curieux de découvrir quel genre de personnage l'attendait là. Autant dire qu'il ne fut pas déçu.
Un grand cheval blanc se tenait là, assis sur son arrière-train, posant son large regard bleu sur lui et, par un miracle qu'il ne comprendrait sans doute jamais, qui fumait une pipe. Une grosse pipe. Ils se jaugèrent l'un l'autre, Ash battant vainement des paupières et l'étalon crachant de la fumée par les naseaux. Stark, lui, était pris dans l'un des plus beaux fou-rires de sa vie, et on ne pouvait décemment lui en vouloir. Bientôt, l'équidé agita un sabot devant son nez :
« Wow, man, t'es stowne ou quoi ? » « Vu ce qu'on est en train de voir, je dirais que oui ! » « Non, répondit Ash. Non non, je suis surpris, voilà tout. Comment allez-vous ? »
Il n'eut pas cru cela possible si on le lui avait dit mais le cheval, alors, lui adressa un sourire plein de dents carrées. Il fit un geste précieux de la tête pour décaler son toupet, puis tendit son sabot :
« Twès bien, thanks. Je m'appelle Dan, mais tout le monde m'appelle Quicksilver, pawce que je souis wapide, et pawce que je souis awgentey. »
L'accent américain très prononcé de sa nouvelle connaissance manqua de le faire éclater de rire à son tour, mais il se contenta de serrer la main avec plaisir.
« Je m'appelle Ashton Lyn, et je n'ai pas de surnom, parce que je n'ai rien de spécial. Mais tu peux m'appeler Ash. » « Oh boy, tu m'as l'aiw special enough, si tu me demandes monne avis ! » « Je ne le serai jamais autant que toi, mon cher ! » « Oh, toi tu sais pawley aux chevow... Voilà ton suwnom ! L'homme qui muwmuwe à l'oweille des chevow. »
Pour une raison obscure, Stark partit immédiatement sur un second fou rire. Le canidé laissa un large sourire lui manger le visage tandis que Dan prenait une nouvelle bouffée de sa pipe. Ils restèrent ainsi quelques instants, un silence confortable planant sur eux, puis l'étalon se leva. Sur les deux pattes arrières. Le pauvre Tony avait du mal à respirer. Ashton, lui, était... perdu, un peu.
« Bon, bro, tu vas où comme ça ? » « Hé bien, vous connaissez les terres de Raknor ? »
Le cheval écarquilla les yeux de manière presque comique et poussa un « Whoaaaaaa ! » suraiguë en levant les sabots en l'air : « Mais t'es FOU man ! Pouwquoi faiwe ?! » « Il ne sait pas vraiment. » « Je ne sais pas vraiment. » « WHAT ?! Mais t'es MALADE ! »
Il sourit davantage : « Non, je suis... L'Éluuuuuuu ! », finit-il en choeur avec Stark avant d'éclater de rire.
Visiblement, l'équidé ne comprit pas. Il dandina son arrière train, chercha du tabac, ou quelque chose du genre dont il ne voulait pas entendre parler, et le plongea dans sa pipe – « Et genre sérieusement ? C'est biologiquement impossible. Je sais que je ne suis pas Bruce mais je m'y connais assez en sciences pour savoir ça. Mais c'est vrai, j'avoue, c'est cool. ». Un sourcil sceptique – « D'où il a un sourcil, déjà ? » – lui fut adressé.
« T'es un peu inconscient, bro. » « On me le dit souvent ! »
Dan lui... euh, sourit, il supposait... de nouveau. « Je vais te guider, bro. Jusqu'au Bady Badybadybady. »
L'étalon fit un splendide jeté de crinière avant de se tourner vers Ash pour lui indiquer de le suivre et de partir. En courant. Sur ses pattes arrières. En fumant. La vue qu'il constituait était si extraordinairement à côté de la plaque que le jeune homme resta bouche-bée un instant.
« Oh mon Dieu, hahahahaha ! Allez, cours Médor, cours ! Évitons de rester piégés là! »
Alors, riant aux éclats, il s'exécuta. Les heures qui suivirent le virent traverser une gigantesque plaine, où Dan croisa quelques collègues – un éléphant, un mouton et un tatou, du moins supposait-il – avec qui ils prirent le thé. On lui apprit là que Bady Badybadybady était une petite ville western où on trouvait le meilleur saloon dansant du monde, ce qui ne lui semblait personnellement pas très compliqué puisque ce genre d'établissement n'existait vraisemblablement que là-bas. Durant tout leur trajet, pas une fois le cheval ne cessa de tirer sur sa pipe, à se demander d'où il tirait sa surprenante endurance.
Ils parvinrent à leur destination à la tombée de la nuit. C'était une minuscule cité qui ne payait pas de mine, où divers animaux habillés en cowboys évoluaient de manière plus ou moins pacifiq- BANG ! D'accord, de manière pas pacifique du tout. Concrètement, tout le monde prenait un malin plaisir à tirer sur tout le monde. Non pas que cela dérangeait Ashton, qui se contentait pour le moment d'éviter les balles – vertes – qui volaient vers lui en se laissant guider par Dan. Dan qui fumait toujours et qui, pour une raison obscure, le traînait vers un tabac.
« Oh guys ! Il est où le Youki ? » « Kiki le Youki ? » « Oh, bah où il était le gentil Kiki ? » « Où ça ? »
L'échange dura quelques minutes au cours desquelles le canidé prit soin de ne pas chercher à comprendre le moindre mot. Il resta planté là, tout sourire, offrant à ses multiples interlocuteurs l'occasion de dialoguer à propos du Youki qu'ils cherchaient. Finalement, celui-ci se révéla être dans le saloon et, s'il n'avait toujours pas la moindre idée de son identité, il fut ravi de pouvoir le rencontrer en ce lieu si spécial. Enthousiasmé, il fit volte-face et fit un pas sur la route de manière à la traverser. Des dents se logèrent soudain dans le dos de sa blouse et on le tira brutalement en arrière, lui épargnant un séjour plutôt douloureux sur le capot d'une voiture, qui passa à une vitesse qu'il n'avait jusque là pas crue possible. Il se trouva donc les fesses par terre, en partie soulagé d'avoir évité de se faire renverser, en partie surpris de ne rien avoir vu venir. Stark, lui, était hilare...
« C'est l'histoire d'un chien qui s'appelle Paf. Un jour, Paf le chien traverse la rue et... Paf, le chien. »
Fier de lui, le milliardaire éclata de rire et ne s'arrêta que lorsque Dan entreprit de traîner le canidé – ou Paf, son nouveau surnom apparemment – vers le bâtiment en face. L'ambiance, là, était tamisée, la salle éclairée seulement par la large boule lumineuse qu'Ashton trouva immédiatement à son goût. Tony trouvait cela « génialement années 70 » et « super kitch » mais, l'un dans l'autre, s'il en croyait la joie palpable dans sa voix, il semblait s'amuser. Au comptoir, quelques cowboys buvaient en l'honneur de la musique tandis que les serveuses se dandinaient jusqu'à diverses tables et la piste centrale, puisqu'apparemment il était possible de danser et boire en même temps. Oh, Ash sentait qu'il allait prendre son pied ici...
« Heeeeeeey ! Je chewche Kiki le Youki ! », s'exclama soudain le cheval.
Un... lézard... barbu... se redressa et fit un signe de la patte avant de redresser son chapeau Stetson d'une pichenette. Il mastiquait une brindille qui se perdait dans sa moustache blanche tandis qu'il s'avançait vers eux, faisant claquer ses éperons au passage. D'une main, il tenait un colt, de l'autre un instrument de musique qu'Ashton ne tarda pas à reconnaître. Son visage s'illumina et il se précipita vers le reptile, ignorant la balle qui frôla sa tempe :
« Mais c'est... ! » « Une bistouflette papouasienne, oui. Dan, d'où tu apportes ce gosse ? »
Une bistouflette papouasienne. Les mots couraient dans son esprit, s’insufflaient dans son corps avec vigueur et beauté comme le plus enivrant des élixirs, agrandissaient son sourire et faisait palpiter ses membres. Des étoiles dans les yeux, il se retourna vers l'étalon, qu'il fixa avec envie :
« Dan, c'est génial ! » « Je sais, kid, je sais. Kiki, j'ai besoin que tu guides le petit avec moi vew Raknow. »
Le lézard ne semblait pas du même avis. Il haussa un sourcil sceptique et esquissa un geste précieux de la main :
« Huh, no way man. No waaaay. Je ne risque pas ma vie à aller là-bas. Je ne connais même pas ton copain. » « Oh allé, c'mon ! On te wendwa sewvice en échange ! » « Hm... Hé bien il y a ce type... »
Quelques minutes plus tard, Ashton marchait vers la piste de danse. Son objectif : battre un groupe de crotales malhonnêtes qui cherchaient des noises au lézard. Le piège ? Il s'agissait d'une battle de madison, dont il n'avait jamais esquissé un pas. Son regard coula vers le bars, où les musiciens se mettaient en place pour le prodigieux face à face, un peu incertain encore. Les trois chipmunks se tournèrent vers lui avec un sourire sur leurs petits minois mignons. « Hiiiiiiii ! », le saluèrent-ils en chœur. « Bonjour, répondit-il poliment. Que nous préparez-vous, alors ? » « Un morceau de notre composition ! Je suis Jolly Jumper, le bassiste, mais tout le monde m'appelle JJ ! » « Et moi Lucky, le batteur ! » « Et moi Luke, le chanteur ! Ensemble nous formons les Durs » « Du » « Désert ! »
Le canidé étouffa un éclat de rire avant de leur adresser une modeste référence et de se présenter. Déjà, Kiki se rapprochait du comptoir, contre lequel il s'adossa pour poser un doigt sur l'unique corde de son instrument. Il vérifiait sans doute s'il était accordé, et en tentant une note, il réalisa que c'était le cas.
« Babahooo ! »
Ashton était tout heureux de pouvoir danser avec une bistouflette papouasienne en fond. Vraiment, il était ravi. Ce qui lui faisait moins plaisir, en revanche, c'était le fait d'être lancé dans un duel sans en savoir les aboutissants, et pour une danse dont il ne savait rien. À vrai dire, il appréhendait un peu la suite des événements.
« T'en fais pas, je vais te guider ! » « Toi ? » « Heh, à qui crois-tu parler ? Les années disco c'est mon crédo, j'étais – et je suis encore – le roi de la piste de danse ! » « Je te fais confiance, alors. » « Suis mes instructions et tout se passera bien. »
Il l'espérait, en tout cas. La musique débuta tandis qu'il rencontrait le regard perçant des serpents au fond de la salle. Kiki leva son pouce en son honneur, puis la danse commença dans un rythme entraînant et jovial.
« Oooook c'est parti. Alors, trois pas à droite en passant une jambe devant l'autre. Voilà. Et sur le dernier tu jettes la jambe gauche à droite. Parfait, maintenant tu me fais la même en miroir vers la gauche. À chaque TALA tu changes de côté. Yep, comme ça. Maintenant tu recules, et tu reviens en tapant seulement le bout du pied vers l'avant. » « Babahoo ! Babahoo !', interrompit la bistouflette papouasienne. « Et tu recommences ! » « Oh ! » Ashton enregistra rapidement les pas et les reproduisit bientôt à la perfection. Ses années d'entraînement n'avait pas été vaines, lui laissant des instincts indéniable lorsqu'il s'agissait de bouger son corps. Il profita de son aisance pour intégrer quelques mouvements de bras, se déhanchant avec plaisir aux côtés de Dan qui, lui aussi, semblait être l'étalon du dancefloor.
On lança un chapeau au canidé, qui l'enfila avec plaisir sur le rythme plaisant que lui dictait la musique. Lançant sa jambe sur le côté, il reprit la danse avec entrain, sous la voix presque mélodieuse d'Iron Man qui avait l'air de connaître la chanson par cœur. Une serveuse lui apporta même un verre, qu'il saisit au passage, parvenant même à lui faire un baise-main en même temps.
Babahoo ! Babahoo !
« Alleeeeeeeeeeez ! », s'esclaffa-t-il, buvant son verre cul-sec.
Si on en croyait l'état d'euphorie dans lequel il fut projeté à la suite de sa boisson, son immunité à l'alcool avait disparu en même temps que sa sensibilité aux âmes. Pour le moment, cela ne le dérangeait pas du tout, en même temps : il s'amusait comme un fou. Bientôt les pas du chien des Enfers enflammaient pleinement la piste de danse, éclipsant totalement le gang reptilien, qui peinait à suivre. Il fallait dire que le madison sans jambes devait être une affaire compliquée à réaliser. Non pas qu'Ashton y réfléchissait vraiment, il était trop joyeux pour cela :
« Yeeeeeeeeeha ! »
Et c'était reparti. Les Durs du Désert se déchaînaient sur le comptoir, Kiki à leurs côtés, maniant la bistouflette papouasienne comme personne. Le canidé se démenait avec Dan, tous deux – trois, si on comptait Stark – riant aux éclats et le cheval fumant sa pipe en enchaînant les pas les plus sophistiqués. Lorsque le dernier Babahoo ! retentit, les comparses partagèrent une étreinte fraternelle. Le lézard musicien, lui, semblait ravi.
« Ksss ksss ksss... Ccccce n'est pas fini, Kiki. », annonça le chef des crotales. « Oh vraiment ?, rétorqua l'intéressé. J'aurais cru. » « Ksssssssssssssss ! Tu l'auras voulu ! Je te défie ! » « Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaashton ? »
Un peu pompette – juste un peu – et un peu inconscient – un tout petit petit peu, vraiment – le jeune homme se fit un plaisir d'accepter de prendre la place du reptilien pourvu que celui-ci acceptât de jouer de la musique sur le chemin des terres de Raknor. C'est ainsi qu'il se retrouva dehors, debout face au serpent chef de gang, celui-ci ondulant sous ses yeux.
« Attention, il cwache du venin à twès longue distance. », le prévint Dan. « Paaaaaaaaaaaas d'soucis. J'suis l'pro des duels. Et pis de toute manière j'suis trop bon, il peut pas m'tuer. Eeeeeeeeeet ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiis ! » « Je crois que tu ne vas pas tarder à ressentir le délicieux effet du surplus d'éthanol dans ton organisme. Ta gueule de bois va être fantastique. » « Chhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh, j'me concentre. »
Ashton n'ayant jamais été proprement saoul, il semblait prendre très au sérieux cette tâche qui était la sienne et plissait des yeux dans l'espoir de cesser de voir flou. Le crotale se glissa soudain sur le côté et visa le crâne du jeune homme, qui évita de justesse. D'un mouvement prompt et souple, frôlant de ses doigts son arme suprême, il la sortit et la tendit à l'adresse de son adversaire, qui éclata de rire.
« Kermiiiiiiiiiiiiiiiiiit, attaque gouffre ! »
Et il tourna la clef. Tourna, tourna, tourna. Il y eut de nouveau un gros craquement, et il lança la grenouille en bois sur le serpent, qui ne s'attendait absolument pas à se retrouver dans un trou de plusieurs mètres de profondeur. Le duel, déjà, était terminé. D'un pas légèrement chancelant, il s'approcha de la cavité pour se pencher au dessus :
« J'ai gagnéééééééééééééééééééééé ! J'suis trop douéééééééééééééé. Eh eh eh ? C'est qui l'meilleur ? C'moiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii. » « Être dans la tête d'un homme en état d'ébriété est une expérience étonnement intéressante. Je me demande si c'est ce que Jarvis ressent à chaque fois que je fais pareil... »
Un peu plus loin, Kiki et Dan discutaient de leur marché.
« Donc tu veux guider le petit jusqu'aux terres de Raknor ? », demanda le lézard. « Yep bro ! Quand il auwa décuvé. T'as pas ton wemède miwacle ? » « Oh tu sais c'est compliqué. Les verres de la Joie sont fait pour rendre bête et heureux, même mon verre spécial n'y pourra pas grand chose. » « Essaie brooooo, pleaaaase. » « … Bon. »
Dix minutes plus tard, Ashton souffrait d'un phénomène qui lui était inconnu jusqu'alors : la gueule de bois. Et si une partie de lui – la partie bête et un peu masochiste – se réjouissait de goûter à cette sensation à laquelle il avait tant de fois assisté, le reste de son esprit se focalisait plutôt sur le fait que le silence était vraiment très très bruyant et que le vent devrait se taire un peu, pour voir. Mais Stark, déjà, se faisait un malin plaisir de lui pourrir le crâne :
« Désolé pour hier soiiiir, d'avoir fini à l'envers !♫ » « Puis-je, s'enquit-il, te demander cordialement de la fermer ? » « Tu peux, mais obtenir ce que tu veux, en revanche... »
Un grognement s'échappa de ses lèvres et il posa son front dans la paume de sa main, déprimé. Trop de monde, trop de bruits, trop de-
« On est dans le désert, Ash. »
… Trop de monde quand même. Le jeune homme s'affala contre Dan, qui s'était porté volontaire pour le porter en attendant qu'il ne se remette de ses... émotions. Fumant une pipe – encore, à croire qu'elle était greffée à son sabot – le cheval se laissait guider par le lézard qui, en plus d'être un musicien hors pairs, se révélait être un excellent connaisseur de la région. Sans doute la raison pour laquelle l'étalon avait insisté pour qu'il participe à leur périple.
« On est où, déjà ? »
Apparemment la gueule de bois avait sur lui des effets dévastateurs. Oubliez la nausée, il avait la sensation que son corps tout entier faisait grève. Le paysage seul semblait son allié : la plaine était accueillante et verte, une légère brise soufflant sur ses herbes fraîches. Sincèrement, cela faisait du bien.
« Le manège enchanté. », répondit Kiki.
Tandis que Stark éclatait de rire – outch, disait son crâne – Ashton haussa un sourcil :
« Et où est ledit manège ? » « Mh ? Oh, partout. » « Comment ça partout ?»
A peine la question lui avait-elle échappée que des tasses sortaient de terre. Pour une raison obscure, Tony sembla trouver cela très drôle, sa tête beaucoup moins. Au creux des coupes se tenaient des volants ainsi que des sièges, mais il ne comprenait pas très bien ce qu'il devait faire de tout cela. Dan le posa au sol et, découvrant sans doute l'air perdu qu'il portait au visage, lui offrit un splendide sourire : « Les tewwes sont dangeweuses par ici, il vaut mieux voyager en cups. » « … Ah. » « Hahahaha ! Oh, ça va être drôle. Courage Médor, tu risques de vomir ton goûter. »
Il n'eut pas le temps de demander ce qui poussait son narrateur à déclarer cela qu'on le poussait dans ce moyen de transport plutôt hors du commun. Le cheval avait pris les commandes, tournant le manche du milieu avec enthousiasme sous les Babahoo ! de la bistouflette papouasienne de Kiki, qui célébrait l'occasion. C'est alors que le canidé comprit. LA. TASSE. TOURNAIT. SUR. ELLE-MÊME.
« Noooooooooooooooooooooon ! », gémit-il « Je compatirais presque. Presque. Fort heureusement, je n'ai pas trop bu, pour une fois. » « Normalement ça ne me fait rieeeeeeeeeeen! Pourquoi maintenant ? Comment je suis censé sauver le monde comme ça ?! »
« KIKI !!!, survint soudain une voix féminine. Je te retrouve, sale brigand ! »
Le Youki pâlit visiblement, et ce n'était pas à cause du manège. De loin, on discernait une tasse qui arrivait à toute vitesse en leur direction, occupée d'une seule personne. Dan, lui, semblait tout aussi perdu que le chien des Enfers.
« Oh non... » « Que se passe-t-il, Kiki ? », s'enquit-il, un peu inquiet. « Cette... Cette coyote est mon... Ex-femme. »
Dans sa défense, Ashton essaya sincèrement de se retenir d'éclater de rire. En vain, certes, mais il tenta. Vaillamment. Et si son hilarité lui fit mal au crâne, elle n'en demeura pas moins puissante.
« HAHAHAHA ! Madre mia... Pardon Kiki, c'est juste... Pffff.... Hahahaha... Houuuuuuh... » « C'est très sérieux, Ash !!! » « J'essaie, je te jure que j'essaie... Pfff... Hahahahaha !» « Elle est danger- » « Un mot de plus Kiki, et je te ventouse la tronche. »
Stark ne l'aida absolument pas à se calmer, lançant soudain une multitudes de théories sur les couples inter-espèces et avançant que rejeter ce genre de relation était du racisme, que c'était "maaaaaaaaal". Et en riant, hein, parce que Tony. Ash, lui, se tourna vers l'ex compagne du lézard avec un grand sourire, toute gueule de bois oubliée - « Chien des Enfers powaaaa ! ». La petite coyote portait, comme elle l'avait signifié, une gigantesque ventouse qui faisait presque sa taille, ainsi qu'un air farouche et légèrement bourru.
« Holà, señora. », la salua-t-il. « T'es qui, toi ? » « … Apparemment, votre sauveur. Au monde, je veux dire. Mais je me contenterais d'Ashton. »
Il évita de justesse un coup de l'arme fatale, se rappelant au dernier moment qu'il avait laissé Kermit à Bady Badybadybady. Un pincement au coeur le saisit: ce jouet débile allait lui manquer...
« Kiki, tu traînes encore avec des types bizarres.» « N-Non ! C'est sérieux ! Nous allons à Raknor ! » « Mais ce n'est pas par là du tout, espèce de reptile sans cervelle !!! »
Ah. En effet, selon ce qu'elle indiqua par la suite, il leur fallait aller vers l'Est tandis qu'ils se dirigeaient actuellement vers le Nord. Dan et Ash échangèrent un rapide regard suivit d'un clin d'oeil complice: ils avaient une idée tout bonnement géniale. Brillante.
« Que diriez-vous d'être notre guide, ma chère ? » « Il veut un coup d'ventouse, l'abruti ? » « Non, non, merci. J'aimerais vos services. » « En échange de ? »
Un large sourire se dessina sur les lèvres du canidé: « Une soirée avec Kiki. En tête à tête sur le lac suspendu. » « Vous feriez ça ?! », s'exclama-t-elle, des étoiles dans les yeux. « Avec plaisir. » « Q-quoi ? M-mais non, enfin nous sommes sépar- » « Toi tu la boucles et tu suis. Je prends les commandes ! »
Et ils étaient partis. Dans le crâne d'Ashton, un sifflement bas retentit. Stark semblait impressionné, chose peu aisée et peu commune:
« Voilà une demoiselle qui a du caractère ! » « C'est le moins qu'on puisse dire ! »
La coyote, ventouse sur l'épaule, avait entreprit de tourner elle-même le volant à la place de Dan, ce qui convenait aisément à ce dernier. Ils avancèrent à une vitesse élevée et folle, considérant qu'ils faisaient perpétuellement des tours sur eux-mêmes. C'est à cet instant que le canidé jura de faire attention à ce qu'il buvait. Un jour. Peut-être. En attendant, il devrait se retenir de vomir son goûter, comme l'avait si joliment dit Iron Man. Une main se posa soudain sur son bras, et il se retourna pour découvrir Kiki penché sur lui:
« Besoin d'un remontant, gamin ? »
Sans même attendre la réponse, il débuta un morceau de bistouflette papouasienne dans l'espoir évident de le réconforter. Cela ne fonctionna pas beaucoup: Ash agonisait dans la tasse et il se donnait l'impression d'être au bord de la liquéfaction. Et tout ce bazar. Tournait. ENCORE.
« ET VOILA, NOUS SOMMES ARRIV- » « Je reviens. »
Sur ces mots, le jeune homme bondissait dans un buisson mort pour... le nourrir. Voilà. Il lui donna la becquée.
« Je suppose que les chawarmas, ce sera pour plus tard ? »
Trop occupé à pousser un grognement, Ashton remarqua tout juste l'ambiance macabre de ce lieu maudit.
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Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Mer 19 Aoû - 6:37
Les réjouissances battaient déjà leur plein parmi le peuple des Lym qui venait tout juste d'être sauvé de l'extinction. Ces petites créatures joueuses n'avaient pas besoin de beaucoup pour s'en donner à coeur joie. Ils volaient à une vitesse inimaginable, frôlant de près leur sauveur, le faisant presque tomber au passage. Depuis déjà une heure, Dominik écoutait les remerciements des Lym qui venaient un par un. Après avoir longuement supplié Todd de s'efforcer à remettre la traduction, il pouvait enfin entendre les belles paroles qu'ils avaient à dire à son sujet. Néanmoins, il commençait à se demander quand est-ce qu'on le renverrait chez lui. Sa quête avait été remplie, qu'attendaient-ils de plus de lui?
« Tu ne peux pas fuir... Ils se préparent probablement à se servir de toi pour mettre dans les tourtes du plat principal... »
Le revenant soupira à l'écoute de cette nouvelle remarque. Le barbier persistait à insinuer que le peuple des Lym n'était pas aussi “choupinoupinet” et innocent qu'il n'en avait l'air. Dominik n'en croyait pas une seule parole, voyant clairement leur réelle façon d'être. Ces petites créatures n'avaient pas la moindre pointe de méchanceté en eux. Néanmoins, l'Anglais sentait que quelque chose clochait. Le vieux Lym l'observait de loin, tripotant sa canne nerveusement, l'air sévère. Il tentait d'éviter de croiser le regard de celui-ci trop souvent, mais il le sentait qui lui brûlait la nuque. Au bout de quelques minutes, tout s'expliqua.
« Brany! »
Dominik se retourna et dû baisser le regard pour voir l'ancêtre qui se tenait devant lui. Ce dernier se râcla la gorge, semblant chercher ses mots. Il était visiblement mal-à-l’aise.
« J'avais oublié... Tiens, voici un autre présent offert par le peuple des Lym en célébration de ta victoire. »
Le vieux sortit un objet de la taille de sa petite tête de derrière son dos. Le héros figea quelques instants, attendant pour voir si le vieux ne lui faisait pas une plaisanterie ou s'il n'allait pas sortir autre chose de plus pertinent de celui-ci. Mais non.
« Un arroisoir? »
« Aheum, oui. Mais pas n'importe lequel! Il s'agit de l'arroisoir sacré qui protège les plaines de Joa Tha de la sécheresse! C'est cet arroisoir même qui permet aux pleines de s'épanouir tous les jours!»
Dominik resta silencieux, regardant le vieux fou se ridiculiser en faisant l'éloge de cet objet des plus simples aux couleurs plutôt brûlantes pour les yeux.
« N'y touche pas! C'est sans doute un piège de ces mesquins petits rongeurs volants... »
« Bien sûr, Todd, bien sûr... Heum, M. Lym dont j'ignore encore le nom... C'est bien gentil de la part de votre peuple, j'en suis très touché, mais je ne puis accepter une telle offre. Si cet arroisoir est “si” précieux, je ne veux pas vous la dérober. Je vous la laisse. »
« Non! Prends. Le. »
Les yeux du vieux Lym le menacaient désormais. Il avait prononcé ses dernières paroles lentement, prenant bien la peine de mettre l'accent sur celles-ci. Ce n'était pas une proposition ou une invitation. C'était un ordre. Le pianiste déglutit de travers et se pencha pour prendre l'objet, sans quitter l'ancêtre du regard.
« Je ne t'ai pas tout dit, élu. Ce qui est arrivé à nos femelles n'est pas un hasard. Une menace pèse non seulement sur notre peuple, mais également sur toutes les terres de Meilledeï. C'est cette même menace qui est en cause de la malédiction dont nous, les Lym, avons été touchés. Élu, tu dois l'arrêter. »
« Quoi, encore? »
« Ce lapin... »
« Je suis vraiment navré, mais... j'ai simplement envie de rentrer chez moi, maintenant. Je suis un peu fatigué, voir même crevé, et j'irais même jusqu'à dire mort de fatigue, et... »
« Il est trop tard! Maintenant que tes doigts ont touché à l'arrosoir sacré, tu n'as plus le choix... »
« Merde! »
« CE lapin... comment suis-je supposé prendre ma retraite du milieu de la narration, maintenant? »
Quelques Lym vinrent remplir le présent de Dominik avec de l'eau. Aky Lęm s'approcha du héros, qui regardait les lapins volants faire d'un air dépité, muni d'un sac de toile dans lequel étaient entassées quelques provisions.
« Ce sera un long voyage - ô, brany – mais ne t'en fais pas - je t'accompagnerai! », fit-il en déposant brutalement le sac au sol, déterminé.
« Moi aussi, moi aussi! », s'enquit Ori, le jeune Lym qui l'avait prié de sauver son peuple, en bondissant dans les airs.
« Non, Ori. Le temps nous manque. Vous devez partir maintenant. »
« Et vous, vous ne venez pas? »
« Moi ? Hoho, une vieille créature comme moi ne ferait que vous ralentir... Et j'ai bien des choses à m'occuper. Allez, ouste. Oh, une dernière chose. Faites attention à ne pas trop renverser le contenu de l'arrosoir... »
« J'y veillerai, Zyl, s'empressa de répondre Aky en prenant le sac de toile et en volant plus loin. Suis-moi, brany! »
Le vieux Zyl lui flanqua l'arrosoir dans les mains, l'air mystérieux et défiant dans le regard, puis le poussa dans la direction qu'Aky Lęm venait de prendre. Celui-ci était déjà bien loin devant. Sans trop prendre la peine de réfléchir, trop bousculé par les événements, le pianiste s'élança pour tenter de rejoindre le Lym qui filait à toute vitesse.
Il courut de longues minutes, même presque une heure, serrant l'arroisoir contre lui pour ne rien renverser. Aky n'était désormais qu'un point vert dans le ciel. Le pianiste s'essouflait, sans quitter des yeux le Lym à l'horizon pour ne pas le perdre de vue. Pourquoi le lapin ne l'attendait-il pas? Soudain, Dominik trébucha sur un objet se trouvant sur son chemin. Il tenta tant bien que mal de rester sur ses pieds et réussit par miracle à ne pas renverser une goutte contenue dans l'objet sacré. Il se retourna et remarqua une canne étendue sur l'herbe verdoyante. Zyl...
Tout juste à côté, un buisson frémissait. Le revenant était convaincu que la vieille branche s'y cachait. Cet ancêtre étrange le menait en bateau, il en était certain. Il était venu l'espionner pour lui jouer d'autres tours minables. Dominik se surprit de ne pas entendre le barbier murmurer quelques insanités à son sujet, mais ne s'en préoccupa pas plus que cela et écarta les branches du buisson.
Au lieu de tomber nez à nez avec le vieux Zyl comme il s'y attendait, il aperçu une créature velue de la grosseur d'un bébé ours. Celle-ci ronflait paisiblement, quand elle ouvrit soudainement d'énormes yeux verts. Ses larges oreilles tremblèrent et elle attrapa la canne d'un geste vif. Criant à tue-tête et se levant d'un bon, elle agita le bout de bois dans tous les sens et frappa Dominik de plein fouet. Ayant touché sa cible, la créature s'acharna sur celle-ci. Le pianiste se protégeait avec l'arrosoir, reculant en essayant de fuir la folie de cette chose.
« A-Arrêtez! Todd, faites quelque chose! »
Il n'eut aucune réponse de la part du barbier. Quoi ? L'avait-il abandonné? Il devrait se débrouiller seul, encore une fois, pour calmer la furie de l'animal qui l'assaillait.
« Je ne vous veux aucun mal – aïe! Je – j'ai été envoyé pour sauver les terres de... »
« De Meilledeï ? », s'enquit enfin la créature d'une voix masculine, s'arrêtant de frapper le pauvre Anglais.
L'animal étrange alla ensuite fouiller dans le buisson et en ressortit une vieille paire de lunettes rondes. Elle analysa Dominik de la tête aux pieds avant de s'esclaffer. Le pianiste regarda avec hésitation derrière lui avant de faire face à nouveau à la créature, voyant qu'il riait définitivement de lui, puisqu'il n'y avait personne derrière.
« Eh! J'ai déjà sauvé tout le peuple Lym, vous saurez! »
« Ah? Hahahahaha (trois siècles plus tard) hahaha!...Ha...ha... Ne dites pas n'importe quoi, Mon-sieur!»
Sur ces paroles, la créature empoignant sa canne et frappa violemment Dominik sur la tête.
« Mais... Si comme vous le dites, vous êtes réellement déterminé à sauver nos terres... dans ce cas... Vous aurez besoin de moi! »
« Heum, sans façon, merci. J'ai déjà un compagnon. »
Le silence s'installa quelques secondes, montrant clairement la solitude de Dominik, abandonné par Aky Lęm. La canna ambulante montrait clairement son scepticisme et leva une nouvelle fois sa canne, mais le revenant réussit enfin à éviter l'attaque.
« Mouhahaha ! »
BAM! Eh, merde. Frottant vivement sa tête meurtrie, l'Anglais tourna les talons, suivit par la plus violente boule de poil.
Ils marchèrent encore longtemps. Dominik ne comptait plus le temps et même le soleil avait du mal à lui dire s'il marchait depuis seulement quelques minutes ou des heures, avec à ses côtés le petite bête qui maintenant chantonnait joyeusement, faisant tourner sa canne autour de son doigt. Le héros avait fini par savoir d'une façon ou d'une autre que son nouveau compagnon se prénommait Maurice. Ainsi essayait-il d'éviter la canne de Maurice qui fandait l'air tout près de son oreille.
« Psst! »
« Qu'est-ce qu'il y a Maurice? »
« Hm? Rien, pourquoi cette question? »
« Psst! »
« Mais quoi? »
« Mais rien, à la fin ! »
BAM! Damn... Dominik leva les yeux au ciel, plissant les yeux à cause du soleil. Aky ne semblait nulle part. Et s'il lui était arrivé malheur? Sur ces réflexions, une voix s'éleva à nouveau, mais cette fois il savait que ce n'était pas Maurice.
« Attaque par derrière, penches-toi! »
Sans réfléchir, Dominik s'exécuta. Il sentit une bourrasque d'air lui secouer les cheveux. Il se releva à temps pour aperçevoir un lapin volant au poil et aux plumes blanches et vertes foncer sur lui et se poser sur son épaule.
« Enfin, je t'ai trouvé, brany! »
« Ori?, s'étonna ledit élu. Qu'est-ce que tu fais là? »
« Je voulais venir aussi! Faire partie de l'aventuuuure! »
« Mais... C'est bien trop dangereux! Enfin, je présume... »
Dominik n'avait en fait aucune idée de ce qui l'attendait au bout de ce voyage inattendu. À quoi ressemblait cette menace qui pesait sur tout le royaume? Saurait-il y faire face? Il n'avait toutefois pas le choix. S'il voulait un jour retourner chez lui, malgré qu'il commençait à s'accoutumer et à bien apprécier les plaines verdoyantes, qui laissaient tranquillement la place à une grande quantité d'arbres sur leur chemin, il devait continuer d'avancer. Il devait découvrir le mystère derrière l'esprit malin qui en voulait tant aux terres de Meilledeï.
« Il vaut mieux que ce soit moi qui périsse plutôt que toi – tu es notre héros. »
Le pianiste resta perturbé par cette phrase bien trop sérieuse pour une jeune âme comme Ori. Aussi ne trouva-t-il rien à répondre et poursuivit l'aventure en sa compagnie, Maurice chantonnant toujours à ses côtés. À un moment, les arbres et la végétation se firent de plus en plus présents et ils arrivèrent bientôt devant une imposante forêt sombre. Tandis que Ori et Maurice s'y engouffraient sans la moindre hésitation, le soi-disant héros cherchait s'il y avait un moyen de la contourner.
« Allez, monsieur le héros! Serait-ce de la peur que je lis sur ton visage? »
L'intéressé ne se préoccupa pas des moqueries de la boule de poil et avança à leur suite. La lumière du jour en déclin s'infiltrait dificilement à travers l'épais feuillage. Les trois compagnons se retrouvèrent plongés dans le noir presque total. Dominik gardait un oeil protecteur sur Ori, malgré sa propre inquiétude. Il se gardait loin de la douloureuse arme de bois du vieillard, restant ainsi plus en retrait.
Soudain, des bruits métalliques commencèrent à se faire entendre tout près d'eux. Ceux-ci semblaient s'approcher de plus en plus du petit groupe. Dominik lança un regard circulair autour d'eux, ne parvenant à rien distinguer, l'éclairage étant trop faible. Il remarqua toutefois que Maurice paraissait également aux aguets. Le revenant s'arrêta alors, retenant Ori par la queue.
« Hey! »
« Chut! »
Une silhouette se forma alors devant leurs yeux, une tête plus grande que l'élu. Les pas de la créature faisaient légèremet trembler le sol sous leurs pieds. Dominik recula et reçu aussitôt un coup de la part de Maurice, qui le rabaissa en disant qu'un véritable héros ne devait pas reculer devant le danger, après quoi il se cacha derrière les jambes du pianiste. Deux énormes yeux rouges s'allumèrent alors dans le noir, suivit d'un puissant grognement. À ce moment, les alentours s'éclaircirent et l'Anglais pu distinguer enfin ce qui leur faisait face. C'était une créature toute fête de métal, dont les pièces n'étaient pas toutes assorties. Un robot!
Au moment où il croyait la fin de l'aventure arrivée, Dominik se souvint du cadeau que le vieux Lym lui avait donné. L'arrosoir! Il devait bien servir à quelque chose! Sans perdre une seconde, affolé, il balança une partie de son contenu sur la chose qui les menacait, créant diversion, avant de l'assommer violemment à la tête avec le précieux présent du peuple Lym. Le robot tomba au sol. Quelques éclairs d'électricité sillonnaient ses membres d'acier. Soudainement, une voix familière s'éleva près d'eux.
« Brany! J'ai trouvé un refuge où passer la nuit! Nous pourrons économiser des forces! »
Aky Lęm. C'était donc ce qu'il faisait, tout ce temps-là, se dit Dominik.
« Te voilà! Tu m'as abandonné et laissé marcher seul sur des kilomètres! »
« Seul? Mais nous étions-là!, » se vexa Ori, qui se fit aussitôt remarquer par son aîné.
« Ori! Mais que fais-tu là? - Files - Retournes sur les plaines! »
« Non, brany a accepté que je viennes! »
Aky interrogea Dominik du regard. Ce dernier devint extrêmement mal-à-l’aise. Ce n'était pas tout à fait faux, mais pas tout à fait vrai non plus. Il marmonna quelques paroles qui ne voulaient rien dire pour se sauver de quelconques remontrances, mais le Lym changea immédiatement de sujet en voyant le robot étendu par terre, dont le corps tressautait à chaque décharge électrique.
« Meva! »
« Quoi, tu connais ce tas de feraille? »
« Bien sûr – brany, nous sommes chez elle – c'est elle qui nous héberge. »
« Oh... »
Le pianiste fit un tour sur lui-même. Il avait du mal à croire que ceci puisse être considéré comme un chez-soi, surtout que les forêts lui rappelaient un très mauvais moment de sa vie de vivant – le dernier d'ailleurs. Le robot, qu'il n'aurait jamais soupconné d'être une femme, fit alors quelques sons, signifiant qu'elle était remise du choc que Dominik lui avait administré.
« Oh... Ma tête... Oh, par les milles boulons du grand Cyborg, mes cuisses! Elles sont énormes! Que m'as-tu fait?! »
En moins de deux, Meva fût sur pieds, le doigt pointé à deux centimètres de la figure du revenant. Elle avait en effet deux cuisses métalliques très rondes et disproportionnées par rapport au reste de sa carcasse. Dominik n'avait pas remarqué de quoi elles avaient l'air avant qu'il ne l'attaque, mais de toute évidence, quelque chose avait changé. Une chose était sûre, il ne l'avait pas frappé aux cuisses.
« C'est l'arrosoir!, s'exclama Aky Lęm en remarquant que celle-ci était presque vide. Elle fait grossir les choses, brany, tu dois faire très attention avec ça! »
« Ça aurait été trop demandé de m'en informer avant?, demanda-t-il avant d'ajouter autre chose, pour lui-même. Où es Todd quand on en a vraiment besoin? »
« Nulle part. »
« Todd! »
« Non, moi c'est Ormily. »
Le pianiste se retourna au son de ces paroles, prononcées par une toute petite voix. Une autre petite bestiole, toute noire avec une unique ligne blanche lui fendant le front à la verticale, l'observait de ses grands yeux, l'un bleu et l'autre doré. Puis, sans le quitter des yeux, elle croqua vivement dans une carotte qu'elle tenait à la main. Dominik savait pertinemment qu'il avait entendu le barbier parler de sa voix rauque et non Ormily, mais il ne pu s'empêcher de sourire à la vue de cette mignonne petite bête.
« Eh bien, enchanté, Ormily. »
En un rien de temps, celle-ci termina sa carotte et sortit ensuite une longue branche de céleri cachée derrière une roche. Aky Lęm s'approcha de l'élu et déposa une grande couverture sur ses épaules.
« Tu dois te reposer avant la journée de demain – il ne nous reste plus beaucoup de temps avant d'atteindre l'endroit où nous devons nous rendre. »
Bien qu'il ne disposait plus de la capacité de dormir, le revenant en profita pour s'asseoir et tenter de relaxer. Ils avaient longuement marché et il avait grandement besoin de laisser de côté un moment tout ce qui s'était passé jusqu'à présent. Il ferma les yeux, s'imaginant en train de siroter un thé, un bon Earl Grey, son préféré, et un petit sourire se dessina sur son visage tandis qu'il se remémorait l'effluve distincte de bergamot s'en échappant. Mais ses rêveries se virent rapidement dérangées, un puissant choc le frappant au crâne, causé par une longue et épaisse tige de bois : la canne de Maurice.
« Dors! Qui va nous sauver si tu meurs de fatigue avant notre arrivée! »
« Pourquoi pas ce tas de feraille, tiens! », s'insurgea Dominik, frottant vigoureusement sa tête en désignant Meva, qui tentait de cacher ses énormes cuisses d'un bout de tissu.
« Parce que c'est toi l'élu... semblerait-il. Les Lym m'ont raconté ton exploi pour libérer les femelles de leur peuple. La créature, les coquelicots, aheum... Je suis navré d'avoir rigolé et de ne pas t'avoir cru, ajouta la boule de poil, retenant un autre fou rire. Je, heum... Nous avons besoin de toi. Si jamais Il venait à envahir complètement les terres de Meilledeï, notre avenir serait des plus abominables... »
« Qui ça, “il” ? »
« Oh, tu le découvriras bien assez vite... Maintenant, dors! »
Et un second coup de canne. Dominik laissa échapper un cri de rage et s'enroula furieusement dans sa couverture. Pourquoi personne ne lui disait-il jamais rien? S'il devait sauver tout le pays, n'avait-il pas au moins le droit d'en savoir un peu sur ce qu'il devait faire? Todd aurait pu l'aider sur ce coup-là, mais celui-ci s'obstinait à ne s'exprimait que lorsqu'il en avait envie. Ainsi, le pianiste fit semblant de dormir, les yeux bien clos, s'imaginant sous toutes sortes de formes le nouvel ennemi qu'il aurait à affronter une fois le voyage abouti. Pendant la nuit, il sentit Ori venir se blottir contre lui, ce qui eut pour effet de le rassurer d'une certaine façon et de l'aider à oublier les bruits incessants de légumes craquant sous l'effet de la mâchoire d'Ormily.
Le matin arriva plus vite qu'il ne l'eut cru et ils se remirent en route. Meva et Ormily insitèrent pour les suivre, pensant pouvoir se rendre utile ultérieurement. La robote se tenait néanmoins très loin du pianiste et de son arrosoir, craignant qu'ils ne sèment encore la pagaille dans ses circuits. Elle avait attaché une couverture à sa taille et arborait un petit chapeau pour que cela paraisse plus naturel.
« Tu sais Meva, l'avantage c'est que tes compartiments cachés sur tes cuisses sont plus gros aussi! », tenta Aky pour la réconforter.
« Chouette, tu peux me porter alors ? », s'excita Ormily.
« Non, non, non!, s'enflamma-t-elle avant de se tourner vers Dominik, ses yeux rouges lançant presque des éclairs. Je me vengerai... »
Le pianiste avala de travers, songeant qu'elle se serait entendue parfaitement avec Sweeney. Un tueur de perdu et un robot de retrouvé, comme le disait le proverbe. Les deux Lym volaient dans tous les sens à l'unissons, s'amusant dans le ciel qui s'assombrissait à mesure qu'ils avançaient. Maurice chantonnait toujours, avec cependant beaucoup moins d'entrain que la veille. Il avait même rangé sa canne à ses côtés, la tenant bien tranquille, comme une canne avec une utilité normale. Après l'avoir analysé quelques instnat, l'Anglais songea qu'il devait être très nerveux, se rappelant des aveux qu'il lui avait fait la nuit précédente. Quant à Ormily, elle se tenait entre Meva et Dominik, un légume différent porté à sa petite bouche chaque fois que le héros posait les yeux sur elle.
La végétation s'était maintenant dissipée pour laisser place à des terres arides. Le soleil était d'un gris opaque. Le revenant, bien qu'expert en la matière, n'aurait cependant pu dire s'il s'agissait d'énormes nuages de pluie ou de fumée noire et sale, rappelant le quartier ouvrier de Londres. Peut-être bien un mélange des deux. Après quelques minutes à observer le paysage sombre tout autour d'eux, Dominik vit Aky Lęm et Ori revenir vers eux.
« Il y a un large ravin droit devant nous! - Il y a en effet un pont pour le traverser, mais une bonne partie de celui-ci s'est écroulé, laissant un trou béant! »
« Tout juste avant d'atteindre l'autre rive! »
« Ori et moi pouvons le traverser sans problème – je peux soulever brany, Maurice et Ormily, mais je ne crois pas que mes faibles pattes pourront te porter, Meva... »
« C'est à cause de mes cuisses, c'est ça? »
La robote enleva son chapeau et fit mine de s'essuyer les yeux, desquels aucune goutte ne coulait.
« Nous devrons la laisser derrière... », s'attrista Maurice.
« Non! Meva doit venir avec nous! Je vous en prie, ne la laissez pas... »
Ormily leva de grands yeux tristes tel le chat botté sur le petit groupe, attendrissant chacun d'entre eux.
« Brany, que faisons-nous? », s'inquiéta Ori, qui voulait aider sa nouvelle amie légumivore à tout prix.
Le pianiste réfléchit. Il ne voulait pas les décevoir maintenant que le voyage tirait à sa fin, il le sentait. De l'autre côté de ce ravin se trouvait leur point d'arrivée. Il ignorait ce qui se trouvait de l'autre côté, mais Meva, toute faite de feraille, leur serait sans aucun doute d'un grand atout. Puis, il sentit à nouveau l'arrosoir dans ses mains. Cela faisait si longtemps qu'il la traînait qu'il ne s'en souciait même plus.
« Je sais! », s'exclama-t-il en brandissant fièrement le cadeau magique bien haut.
« N-Non! »
*
Meva se redressa, grognant de façon menacante, s'élevant sur plusieurs mètres tel Godzilla. Dominik s'accrochait à des fils dépassant de son épaule quand il sentit Ormily planter ses griffes dans son dos pour se hisser jusqu'à son épaule à lui. La robote traversa d'un seul pas le ravin qui leur causait ne serait-ce que quelques instants plus tôt tant de tord.
« Woaaw! », murmura Ormily, laissant sa poignée de radis frapper la joue du pianiste.
Devant eux s'étendait à perte de vue des terres peu distinguables, parmi lesquelles des montagnes menacantes pointaient à l'horizon à travers la brume. Ce qui semblait ressembler à un château se dressait non loin devant eux, précédé par une sorte de marais qui devait autrefois être un fleuve.
« Nous y sommes... Les terres de Raknor. »
Étrangement, Dominik avait soudainement envie de faire demi tour.
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Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Jeu 20 Aoû - 14:19
Allons bon. Cela n'avait-il pas suffi qu'on l'envoie dans un monde totalement inconnu et qu'on l'oblige à venir en aide aux créatures les plus moches qu'il n'avait jamais vues ? Non, bien sûr que non. Il avait aussi fallu qu'il se retrouve avec un type dans sa tête ! Pourtant, Gabriel n'était pas fou, il n'entendait pas e voix d'habitude et il n'était pas schizophrène non plus. Non, ce type était apparu dans sa tête comme ça, sans prévenir et n'avait cessé de commenter tout ce qui se passait. Le tout en parlant sans cesse d'une certaine Juliette qu'il aimerait plus que tout et qu'il aurait perdue. Notre avocat n'en pouvait plus, il était exaspéré ! Malheureusement, il ne pouvait rien faire pour se débarrasser de Roméo et avait donc dû prendre son mal en patience. Et puis, au final, il s'était quand même montré utile à plusieurs reprises. Mais sérieux ! Qui avait décidé de l'envoyer ici ? Gabriel n'avait rien d'un héros et il se fichait éperdument de l'extinction d'un peuple comme celui-ci ! Toutefois, il avait quand même fini par leur venir en aide. Après tout, c'était peut-être le seul moyen de pouvoir rentrer chez lui et de lever cette malédiction qu'on avait jetée sur lui. Être grand, ce n'était vraiment pas pratique ! Quel ne fut donc pas son soulagement lorsque cette malédiction fut levée après qu'il ait sauvé ce peuple.
Maintenant, il suffisait d'attendre, n'est-ce pas ? Quiconque l'avait fait venir ici le ferait rentrer à présent...non ? Gabriel commençait sérieusement à s'impatienter, là ! Et ces créatures l'énervaient à courir autour de lui comme des surexcités ! Et là, ce fut le drame. Le type qui parlait dans sa tête l'informa d'un autre danger. Le vrai danger. Tout ceci n'était, apparemment, qu'un subterfuge. S'il voulait rentrer chez lui, il allait devoir affronter – et vaincre – un esprit maléfique ou un truc du genre. Le brun lâcha un gros soupir. On se foutait de lui, là ?! C'était une blague ? Sérieux ! Il avait une tronche à sauver le monde ? Encore un peu et on lui demanderait de revêtir une cape et de mettre son slip sur son pantalon avant de s'envoler vers d'autres cieux. *Ahem* Ne nous égarons pas. Après cette révélation qui emplissait Gabriel de joie, ce dernier se retrouva avec un objet dans les mains. Il s'agissait apparemment d'un artéfact d'une grande puissance destiné à l'aider dans sa quête. Sa quête ? Autant se rendre en Terre du Milieu et se battre aux côtés de la Communauté de l'Anneau !
Gabriel observa l'objet d'un air sceptique. C'était quoi, ce truc ? Pourquoi y avait-il des trous sur le dessus et...des vaches sur les côtés ? Il le retourna pour l'examiner sous toutes les coutures, mais ne vit pas en quoi il était si exceptionnel. Jusqu'à le retourner encore une fois...Un meuglement de vache se fit entendre et l'objet libéra une onde de choc si puissante que toutes les créatures alentours tombèrent au sol, complètement sonnées. D'accord...ça pouvait être utile. Mais pourquoi des vaches ?? Pourquoi ?! Quelqu'un avait-il décidé de se moquer de lui jusqu'au bout ? Roméo était en train de rire comme un crétin dans sa tête avant de lui souhaiter bonne chance et de disparaître. Au moins, il ne l'embêterait plus ! Mais sérieux...lui, Gabriel, avocat de renom, adepte des bonnes manières et de la propreté, allait devoir parcourir tout un pays pour se rendre sur les terres où se trouvait l'esprit maléfique ? Sa tenue en avait déjà pris un coup tout à l'heure, ça n'allait pas s'arranger ! Il réajusta ses lunettes, clairement agacé. Heureusement, les autres créatures étaient toujours sonnées à cause de l'artéfact, il pouvait donc partir sans qu'elles ne cherchent à le retenir ou qu'elles veuillent organiser une fête d'adieu ou une connerie du genre.
Gabriel quitta donc le village, non sans s'être procuré une carte du pays, et prit donc la direction des terres de Raknor. Ce n'était pas la porte à côté, en plus ! Quelle plaie...En plus, il ne savait pas quoi faire de ce...de cet artéfact. En cherchant où le caser, il le retourna sans faire exprès et libéra une nouvelle onde de choc. Les insectes et autres êtres vivants tombèrent littéralement comme des mouches. Oui, même les mouches tombèrent comme des mouches. *Ahem* Calmons-nous ! Mais si ce n'était que ça ! Il entendit le craquement d'une branche et avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, il vit un type pratiquement nu tomber du ciel – enfin, façon de parler – et atterrir...juste à côté de Gabriel qui s'était décalé juste à temps. Hors de question de se retrouver avec un inconnu vautré sur lui ! Un inconnu nu, en plus ! Enfin...presque. Il portait un truc bizarre qui ne cachait que l'essentiel, des bas-résille et...une culotte sur le visage ?! What the fuck ? Alors que Gabriel allait subtilement s'en aller, le type reprit connaissance et se redressa en lui mettant ses...attributs devant le nez. C'était répugnant.
« Je suis Hentai Kamen ! Vous avez besoin d'aide ? Je suis là pour ça ! Vous n'êtes peut-être pas une jolie fille, mais c'est pas grave ! Je vais vous aider à vaincre le Mal ! »
Hentai quoi ? Gabriel était au bout de sa vie, là. Il décida d'ignorer le pervers et de continuer sa route comme si de rien n'était. Oui, mieux valait faire comme si cette rencontre n'avait jamais eu lieu. Sauf que le pervers avait décidé de le suivre et de ne pas le lâcher d'une semelle !
« Fous-moi la paix, espèce de pervers ! Je n'ai pas besoin d'un dépravé dans ton genre ! »
« Sois pas timide ! Et puis, tu sais, je suis plus fort que j'en ai l'air ! Je peux terrasser n'importe quel ennemi avec le pouvoir sacré de mon entrejambe ! »
Gabriel resta un instant là à le regarder en mode blasé. Mais blasé de chez blasé. Ce type était sérieux ? Nul doute qu'il avait dû s'échapper d'un asile psychiatrique... Décidant une nouvelle fois de l'ignorer, il reprit son chemin. Si ce taré voulait le suivre, libre à lui. Mais Gabriel ne serait nullement responsable s'il lui arrivait quelque chose. Hm...peut-être que son sang serait bon à boire plus tard... Ou pas. Si ça se trouvait, son sang allait le pervertir ! Hors de question qu'il ne se promène avec une culotte sur la tête ! Sérieux, tout ça virait vraiment au cauchemar ! Au bout d'une bonne heure de marche, ils sortirent enfin de la forêt dans laquelle ils se trouvaient pour déboucher sur...des marécages. Génial. Absolument génial. Non seulement ça sentait très mauvais, mais en plus, c'était sale et infesté d'insectes et autres créatures peu ragoûtantes. Un peu comme ce pervers qui le suivait toujours. Tiens...et s'il le balançait dans ces eaux sales et putrides ? L'idée était vraiment très tentante...
Mais il n'eut pas le temps de mettre son plan diabolique en œuvre car juste devant lui se trouvait un groupe de squelettes ambulants. Ils dégoulinaient de vase puante et étaient couverts d'algues et autres trucs immondes. Ils avaient dû se réveiller et sortir de l'eau marécageuse pour défendre leur territoire ou une connerie du genre.Une nouvelle fois, Gabriel était blasé. Il s'apprêtait à faire usage de sa magnifique boîte à meuh quand Hentai Kamen s'élança vers les squelettes, les percutant de plein fouet et commençant à faire des trucs franchement bizarres. Le vampire prit un air dégoûté, mais en profita pour passer. Que ce pervers se sacrifie donc ! Il n'en avait rien à faire ! Pourvu qu'il sorte bientôt de là. Cette puanteur était vraiment insupportable ! En plus, cet endroit était un véritable labyrinthe ! Bon, pas de panique, il allait bien trouver la sortie ! Et cette carte qui ne servait à rien ! Gabriel soupira. Pourquoi ça tombait sur lui ? Il n'eut pas le temps de terminer de râler qu'il aperçut ce cher pervers exécuter un superbe vol plané et tomber dans l'eau dégueulasse juste à côté de Gabriel. De ce fait, ce dernier se retrouva totalement aspergé de vase. Il fit une grimace de dégoût. Son costume était fichu, maintenant ! Et il ne ressemblait plus à rien !
Pestant contre ce crétin, il continua sa route jusqu'à l'entendre l'appeler. Mais ce type était increvable ou quoi ?
Gabriel haussa un sourcil. Pourquoi avait-il volé de la sorte, alors ? Peu importe. Il ne voulait pas être associé à ce type. Alors qu'ils avançaient, une voix étrange parvint à leurs oreilles.
« Stupide hobbit joufflu ! »
Encore une créature bizarre...Gabriel préféra passer rapidement à côté, n'ayant heureusement pas attiré l'attention du machin. Bon sang ! Ses chaussures aussi étaient fichues après ce périple qui, Dieu soit loué, se termina enfin ! Ils se retrouvaient à présent dans ce qui ressemblait à une grande plaine. Un cheval n'aurait probablement pas été de trop. Soudain, quelque chose apparut dans le ciel et semblait descendre vers eux. A y regarder de plus près, Gabriel distingua une silhouette de femme... une femme qui descendait du ciel avec un parapluie et un sac dans l'autre main. C'était quoi encore, ce délire ? La femme se posa au sol et referma son parapluie avant de regarder tour à tour Gabriel et Hentai Kamen. Elle fit une grimace, l'air pas contente.
« Vous êtes vraiment sales ! Et vous sentez mauvais ! Et vous, jeune homme, vous devriez vous vêtir plus convenablement ! »
Elle ouvrit ensuite son sac et en sortit deux serviette qu'elle leur lança tour à tour. Gabriel ne s'étonnait plus de rien...il attrapa la serviette et s'essuya du mieux qu'il put, mais ça ne changeait rien au fait qu'il sentait toujours très mauvais et que ses habits étaient fichus. Comme si la femme avait lu dans ses pensées, elle sortit une tenue toute neuve de son sac. Le genre de tenue que Gabriel portait tout le temps. Il y avait même les chaussures ! Okay...Comment tout ça pouvait-il entrer dans ce petit sac ? Peu importe...il allait pouvoir se changer et ne plus ressembler à un épouvantail ! Il alla donc un peu plus loin, derrière un rocher, pour se changer. Hentai Kamen, lui, avait toutefois refusé de mettre une tenue plus appropriée.
« Merci pour les vêtements. C'est très aimable à vous. »
« De rien, mon cher ! On m'a envoyée vous aider, après tout ! Je suis Mary Poppins ! »
Elle était sérieuse ? En quoi allait-elle pouvoir l'aider, si ce n'était lui donner des vêtements propres ? Enfin, ce petit confort n'était pas négligeable, c'était certain.
« Si vous pouviez habiller un peu ce pervers.... »
Mary Poppins détourna le regard, elle était visiblement gênée par l'accoutrement de Hentai Kamen, mais ce dernier n'avait manifestement pas l'intention de se laisser faire. Il semblait vraiment affectionner sa tenue de pervers exhibitionniste. Bon sang, heureusement que Gabriel ne connaissait personne ici...sinon que dirait-on de lui si on le voyait en compagnie d'un type pareil ? Ce serait la honte assurée et sa réputation serait sérieusement ternie. Heureusement, dans ce monde étrange, tout ça n'avait aucune importance. Toutefois, Gabriel commençait vraiment à perdre patience. Sérieux, qu'est-ce qu'il faisait là ? Pourquoi c'était tombé sur lui ? Quelqu'un avait-il tiré son nom au hasard et décidé de l'envoyer dans ce monde pour...le sauver ? Le brun soupira et se remit en route. Il leur restait un bon bout de chemin à faire. A commencer par cette plaine immense qu'il fallait traverser. Le tout en compagnie d'un type presque à poil et d'une femme qui semblait transporter sa maison dans son sac.
Alors qu'ils étaient à mi-chemin, un puissant cri animal se fit entendre au-dessus de leurs têtes, ainsi qu'un gros battement d'ailes. Gabriel leva la tête vers le ciel et y aperçut...un dragon ?? Ils étaient sérieux, là ? Un dragon ? Certes, c'était fascinant et en temps normal, il aurait probablement adoré l'examiner de plus près, mais là, il n'était clairement pas d'humeur. Et le dragon avait l'air tout sauf amical. Il poussa un nouveau cri avant d'envoyer du feu dans leur direction. Mary se planta soudain devant Gabriel et ouvrit son parapluie pour s'en servir comme bouclier contre les flammes. Le pire, c'était que ça marchait. Le parapluie avait arrêté le feu avec succès et sans être abîmé ! Finalement, ça pourrait leur être très utile tout au long de leur périple ! Bien entendu, cela ne plut pas au dragon qui finit par se poser au sol, faisant trembler toute la terre autour d'eux. Il avança vers eux en crachant son feu, toujours arrêté par Super Mary et son parapluie.
« Il est temps de dormir un peu ! »
C'était pas tout, mais ils avaient une mission à accomplir et plus vite ce serait fait, plus vite il pourrait rentrer chez lui ! Du coup, il sortit son artéfact super puissant, mais super ringard, et le retourna pour créer une onde de choc, onde qui terrassa même le dragon. Il s'en remettrait...ça aurait été dommage de tenter de le tuer, c'était quand même une créature magnifique ! Oui, bon, assez tergiversé. Ils contournèrent rapidement le dragon et poursuivirent leur route jusqu'à arriver enfin au bout de la plaine et sans autre rencontre fâcheuse. Mais ce qui les attendait à présent, était un paysage désolant avec des rochers partout et pratiquement aucune végétation. Quelque chose disait à Gabriel qu'ils ne devaient plus être très loin des Terres de Raknor. Mais d'abord, il allait falloir traverser tout ce bordel. C'est là qu'il aperçut une jeune fille un peu plus loin, entourée d'ours et...faisant face à plusieurs créatures hideuses. Des orcs ? Peu importe...Ils n'allaient pas s'en mêler, ça ne ferait que les retarder. Sauf que ce cher Hentai Kamen ne l'entendait pas de cette oreille et se précipita vers la jeune fille en détresse. Il se plaça en face des créatures et commença à exécuter des mouvements très tendancieux. La jeune fille sembla choquée et se cacha derrière l'un des ours. Alors, ces ours étaient ses amis ? Facepalm. On était dans un Disney, maintenant ?
Le brun était vraiment agacé, mais laisser une demoiselle avec un pervers pareil... ? Hors de question ! Il s'approcha donc alors que Hentai Kamen faisait des trucs vraiment étranges aux orcs... mais ça semblait fonctionner...car ils finirent tous par s'enfuir. Bah, au moins Gabriel n'aura pas eu à se salir les mains. La jeune fille se précipita vers lui. Sa longue chevelure blonde flottait au vent... On se serait presque cru dans une pub L'Oréal. Manifestement, elle avait surtout peur du pervers...
« Oh, sauvez-moi de ce pervers ! »
Les trois ours la suivirent et Gabriel les observa un moment, dubitatif. Mais la jeune fille le rassura aussitôt.
« Ce sont mes amis ! Et les vôtres aussi puisqu'on est là pour vous aider ! Je suis Boucle d'Or ! Enchantée ! »
Boucle d'Or ? C'était une blague ? Et puis, en quoi pourrait-elle lui être utile ? Décidément, il accumulait, là. Enfin, il pourrait toujours se servir des ours pour aller attraper du saumon si une envie soudain d'en manger lui prenait. Comment ça, ça ne risquait pas d'arriver ? Avouez quand même que l'image était très drôle ! *Ahem* Hentai Kamen revint vers eux et tenta une approche totalement ridicule et maladroite envers la blonde qui était toujours cachée derrière Gabriel. Ce dernier commençait vraiment à perdre patience.
« Tu vas dégager, oui ? Mes yeux saignent depuis que tu es là ! »
Trop, c'était trop ! Ce type n'avait rien d'un gentleman et il ne lui était d'aucune utilité ! N'en pouvant plus, Gabriel le frappa tellement fort qu'il l'envoya valser plusieurs mètres plus loin. Au moins, Boucle d'Or ne se planquait plus derrière lui, maintenant. Mary Poppins semblait quand même un peu inquiète pour Hentai Kamen et proposa d'aller voir s'il allait bien. Un seul regard de Gabriel suffit à la dissuader. De toute façon, si elle y tenait tant, elle pouvait y aller, mais Gabriel serait déjà parti sans elle ! Et puis, pourquoi aurait-il besoin de ces personnes ? Il ne les voyait pas du tout affronter un grand méchant pas beau. Mais peut-être qu'elles lui réservaient des surprises pour la suite... Bah, peu importe. Il lui suffirait de retourner sa boîte à meuh, le grand vilain s'écroulerait sous l'onde de choc et il ne restera plus qu'à l'achever. Oh tiens ! Peut-être que Mary avait des armes dans son sac magique ! Lorsqu'il le lui demanda, elle agita son index devant son nez.
« Tch tch tch ! Ne soyez pas aussi pressé ! Tout vient à point à qui sait attendre. »
Elle se foutait de lui, là ? Aucune importance. S'il le fallait, Gabriel arracherait la tête de cette maudite créature à mains nues ! Ils poursuivirent donc leur chemin et, malheureusement, Hentai Kamen avait fini par les rattraper. Il était pire que collant, celui-là ! Du coup, Gabriel devait supporter une petite blonde constamment planquée dans son dos. Mais au moins, ses ours servaient à leur frayer un passage lorsque de petites créatures apparaissaient devant eux afin de freiner leur progression. Il allait falloir faire mieux que ça pour les empêcher d'atteindre les Terres de Raknor ! A moins que... Et si cet esprit maléfique voulait qu'ils viennent à lui ? Si tout ça n'était qu'un piège ? Bah... quand bien même... Gabriel n'avait pas trop le choix puisque ça semblait être le seul moyen de rentrer. C'est ainsi que notre petit groupe plus qu'insolite arriva enfin sur les Terres de Raknor. Tout ça ne disait rien qui vaille au brun. Mais encore une fois, il fallait y aller. Pas le choix. Et puis, ce n'était pas un vilain de pacotille qui allait lui faire peur !
Aldrick Voelsungen
Man & Wolf : I'm armed
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Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Jeu 20 Aoû - 23:58
Aldrick toussa un peu et après un sourire malhabile, indiqua une direction au hasard du pouce.
- Bon bah, ce n'est pas le tout, mais je vais y aller, hein. Ravi de vous avoir connu... - Toujours fâché avec leur odeur si... Singulière ?
Le lycanthrope préféra s'abstenir d'acquiescer, à la place, il fit un signe de la main aux Grholks, en espérant s'éloigner rapidement. Mais c'était sans compter sur H, qui avec son apparence retrouvée jugea bon de le retenir en posant sa grande main verte et odorante sur son épaule. Le brun frissonna de dégoût. Figé par ce marasme fétide qui émanait d'elle.
- Attendez ! Vous avez vaincu la malédiction, élu ! - Pourtant, c'était mal parti. - K ! - Quoi ? C'est vrai. - Il n'a pas tort. - Hey ! - Vous comptiez fuir à pas de loup, pas vrai ? - Papuche ! - Tu peux reparler normalement, tu sais. Soupira K. - Pa... Ah oui, c'est vrai ! Merci ! Tenez prenez ça !
Alors dans un bruit similaire à celui qu'aurait fait un coffre s'ouvrant par un garçon hylien, il découvrit un petit coffret rouge. A l'intérieur, il y avait un alignement de pastilles blanches qui lui fit hausser un sourcil sous l'incompréhension.
- Euh... Merci ! - Oh ! La légendaire boite Magimenthe ! C'est un présent exceptionnel ! Chaque comprimé permet de déployer une puissante magie ! Le fluide magique contenu à l'intérieur fera de vous un combattant hors pair durant un temps donné ! - Des Magimenthes ? - Euh... En fait. Presque tous. - T'as encore renversé la boite ?! Interrogea K, totalement blasé, tandis que J, feintait de trouver une pierre magnifique. - Vous n'avez qu'à essayer. Suggéra le magicien. Je ne décèle aucune magie dans les autres. - Les autres, c'est quoi ? Tenta Aldrick en prenant sur lui pour rester en place malgré l'agression atroce que subissait sa truffe. - Des bonbons à la menthe. Enfin... Normalement. - Normalement ? Mais qu'est-ce que t'as fichu ?! S'étrangla K. - Hum... Euh. Bien. Vous en voulez aussi ? - Vous espérez qu'ils ne songerons pas à vous manger ? Remarque Junior semble vouloir faire la sieste, c'est un avantage.
Les trois autres échangèrent un regard silencieux, et le commissaire dut se faire violence pour ne pas reculer comme le lui ordonnait son instinct. Il ferma les yeux de crainte de les avoir blessés puis entendit un bruit de mastication conséquent et se risqua à y jeter un œil. Il découvrit avec stupeur que H était redevenue petite et bleue, tandis que les garçons étaient étrangement silencieux.
- Oh ! - T'es vraiment... Bleue. Pourquoi ça ne marche pas sur nous ? - Ça a juste un goût de menthe. Souligna K au grand soulagement de l'agent.
Le brun se risqua enfin à prendre une pastille avant de refermer la boite et de la mettre dans l'une de ses poches.
- Hey ! Pourquoi je suis redevenue petite ? - Parce que... Ça te va mieux ? Tenta J. T'en aurais pas pris plusieurs d'un coup ? - Hey ! C'est pas vrai d'abord !
Face à la figure si outrée de H, J éclata de rire, avalant par mégarde la pastille pour aussitôt se retransformer en minion, rapidement suivi par K.
- C'est vrai que ce sont des pastilles magiques, elles résistent plus longtemps que les autres à l'acide de leurs salives. Analysa Gandalf qui paraissait prendre des notes. - Les tubes jaunes, le retour... Déclara-t-il dépité. - Au moins ça vous sera utile pour la suite ! Il vous faut maintenant gagner les terres de Raknor.
Le concerné haussa les sourcils, pris au dépourvu par cette nouvelle révélation. Une fois n'est pas coutume, il attendit même sagement qu'on lui explique la suite, quand le cri de H le sorti de ses pensées, pour lui faire rencontrer le sol. Lui ayant sauté dessus, elle lui fit baisser la tête. Un battement d'aile vil attira leur attention avant qu'une voix féminine ne peste :
- Zut raté ! - Oh des Fleïss ! Ce sont des très bonnes chasseresses ! Elles ne quittent d'ailleurs les hauteurs que pour cela. - Les lapins ! Réalisa soudain K en avisant la proie manquée. - Ils n'étaient pas partis ? S'étonna J.
Aldrick toussa violemment, et tandis que H était déjà en train de déployer des trésors d'ingéniosité pour éloigner les lapins des serres acérées des Fleïss, il tressaillit lorsque Gandalf s'écria :
- Attention à droite !
Les serres se rapprochèrent de plus en plus près de son visage, mais il était trop tard ! Il ne pourrait pas les éviter ! Elles étaient bien trop proches ! Le commissaire ferma les yeux en attendant que ça se passe, mais à sa grande surprise, il n'eut pas mal. Pire ! Il se sentait merveilleusement bien ! Ses iris d'or coulèrent sur le paysage, et il découvrit avec surprise qu'il venait de perdre quelques centimètres et qu'il était sous sa forme de loup !
Le lycanthrope fit un bond en avant, redécouvrant avec joie les sensations qu'il avait eues plus jeune, lorsqu'il n'était pas un si grand danger pour les autres. Tel un louveteau surexcité, il fit plusieurs tours sur lui-même avant de humer l'air joyeusement, agitant le postérieur avant de sauter sur une des Fleïss pour l'éloigner. La demoiselle fit une embardée, peinant à garder le plan de vol, tandis qu'Aldrick exultait au point de hurler comme il le faisait d'ordinaire à la lune.
- HAAAAHOU ! - Eh bien ! Voilà qui est inattendu ! Ne vous réjouissez pas trop vite, il en arrive d'autres ! - Oh, mais je suis parfaitement lucide ! - On ne dirait pas pourtant...
La harpie s'envola enfin dans un cri rageur, surprise par cette créature qui ne réagissait comme aucune de celles qu'elle connaissait. Mais un cri puissant s'éleva au-dessus d'eux, avant que les Fleïss ne paraissent noircir le ciel.
- Ça se gâte ! - Ne restons pas là ! - À l'attaque !
Une horde de Fleïss battit furieusement des ailes avant de foncer sur eux.
- Mieux vaut les affronter ! - Tu as vu la taille de tes bras ? Tu te prends pour un T-Rex ? Cours ! - WAAAAH ! - Accrochez-vous aux lapins ! - Ça va pas, non ?!
Aldrick, tout fou, bondit loin d'une des Fleïss, évitant sans mal ses serres crochus. Ce ne fut pas le cas de J qui poussa un hurlement d’effroi en gagnant plusieurs centimètres de hauteur. Il se débattit autant qu'il put, mais rien n'y fit. Son corps semblait scellé.
- Élu, il faut l'aider !
Le lycanthrope avisa J, recula un peu puis prit de l'élan, mais il manquait un bon mètre avant de pouvoir l'atteindre.
- Hahaha ! Ridicule ! - Laissez-moi descendre ! - Tu es assez petit, je te donnerais à ma fille, peut-être jouera t-elle d'abord avec toi ? De toutes façons : personne ne viendra à ton secours !
Le loup grogna violemment et fut surpris lorsque H grommela :
- Ah oui ? Eh bien, nous allons voir ça !
Aussitôt, la demoiselle se rapprocha de lui tandis que Gandalf soufflait :
- Si vous ne voulez pas faire office de projectile, je vous conseille de trouver rapidement une solution. - Pardon ? - Oh, c'est l'heure de ma pause, ma quiche est là ! Je reviens ~
Aldrick fut troublé, mais la belle se rapprocha si vite qu'il fit la première chose qui lui passa par la tête. De ses crocs, il la fit monter sur son dos, se mit ensuite à courir, vite, très vite, sautant sur une pierre massive que K tentait de faire esquiver aux lapins, prit ensuite appui sur un arbre et passa de Fleïss en Fleïss.
- Aïe ! - Aoutch ! - Goujat ! - Là, il est là ! A droite ! - Elles sont trop loin va falloir diriger celle-ci ! - Descendez ! J'en ai plein le dos de vos bêtises ! - L'autre droite ! Raah ! Élu ! - Mais c'est à gauche ça !
En contre bas, K était parvenu à regrouper les lapins et leur faisant effectuer une subtile chorégraphie digne des meilleurs acrobates du Lost, afin qu'ils évitent les attaques. Le tout en sifflant simplement ses ordres directionnels qui -étonnement- étaient bien compris. Les emplumées, derrière eux, paraissaient déboussolées et malmenées. Leurs trajectoires prenant des allures de zigzags étranges. Prenant appui un peu plus sur la Fleïss, Aldrick se tassa, puis se tint prêt à bondir. Quand K parvint à renvoyer violemment une Fleïss, à l'aide d'une branche d'arbre, il sauta avec une détente incroyable dans les airs. H sur son dos frappa sa poitrine de ses poings dans un cri de guerrière sanguinaire, alors qu'ils paraissaient voler. Dans un grand fracas, ils atterrirent sur la Fleïss, la faisant chuter de plusieurs mètres au moment de l'impact, il fut étonné de voir H, s'en prendre aussi violemment que possible à la coiffure de leur ennemie. Ce qui -compte tenu de son champ d'action restreint- ressemblait davantage à une macarena ratée et douteuse qu'à une attaque dévastatrice.
- Lâche le ! Hurla-t-elle vindicative, et ce fut exactement ce que son ennemie fit.
- J !!! - Tu me casses les oreilles ! Décréta leur monture, avant d’effectuer une vrille, puis plusieurs loopings en se débattant, les faisant passer par-dessus bord.
Un hurlement d'horreur saisit le loup et sa comparse, qui se pressèrent l'un contre l'autre, en songeant que leur derrière heure était venue.
- Non ! Je voulais encore manger du CHOCOLAT ! Ne put retenir Aldrick désespéré.
C'est alors qu'une aveuglante lumière blanchâtre se propagea dans l'espace, faisant fuir les harpies paniquées, persuadées d'avoir mis en colère la divinité de la foudre.
~ SPLACH ~
Quelques secondes plus tard, trempés et pris de quinte de toux, H et Aldrick s'extirpèrent enfin de l'eau. La belle accrochée à sa fourrure se laissa tomber mollement à côté de lui tandis qu'il posait son museau entre ses pattes, fatigué. Il fallut plusieurs secondes au lycanthrope pour comprendre qu'ils n'avaient pas trépassé et plus encore pour assimiler que les autres étaient vivants également.
- Tout va bien Aldrick ? - Oui, on va dire ça, et toi H, tu survis ? Interrogea t-il en toussant. - Kof ! - Je vais prendre ça pour un oui.
Il releva la truffe, charmé par une odeur sympathique de nourriture. Ça sentait la viande et le fromage ! Il en salivait.
- Eh bien ! La forme revient vite jeune loup !
Alors seulement le commissaire réalisa que dans son champ de vision se tenait également une longue toge blanche qui remontait sur un visage serein. Gandalf eut un sourire, tenant d'une main son bâton, de l'autre une demie part de quiche. Il fit un pas, et interrogea :
- Vous pensez pouvoir march... - AIIIIIIIIIIE !
Gandalf sursauta, s'éloignant en cherchant d'où venait le cri, tandis que le loup, sidéré, reniflait avec méfiance une fleur à présent relevée, qui tâtait de ses feuilles, ce qui devait s'apparenter à son visage. S'étonnant de ne plus y trouver que la moitié droite.
- Noooooon ! Je suis finie ! Fichue ! Défigurée ! Vous ! VOUS !
Ni une ni deux, elle se déracina et bondit au visage de Gandalf, le saisissant par le col avec une force incroyable en beuglant :
- Vous venez de piétiner mon VISAGE ! Comment je fais faire maintenant pour me présenter au concours de floraison, au printemps, hein ? - Elle ne devrait pas plutôt s’inquiéter d'y voir moins bien ? Souligna J, toujours porté comme une princesse par K, depuis qu'il l'avait rattrapé au vol. - Je suis confus, je ne vous avais pas v... - Achète-toi des lunettes papi ! Gandalf arqua un sourcil, outré. - Plaît-il ? Aussitôt la colère parut gagner le magicien. Le ciel se couvrit de nuages imposants et l'atmosphère se fit pesante. Les uns et les autres se regardèrent, étonnés, sans que la petite fleur ne se laisse pourtant démonter. - J'exige réparation ! - C'est un ami à vous, Élu ? - Eh bien, en quelque sorte oui. - Qui êtes-vous ? - Je suis Gandhalf le blanc, et je reviens vers vous en ce moment décisif. Nul doute que si le mage n'avait pas été en tort il y a bien longtemps que l'autre moitié de la fleur aurait rejoint sa consœur, mélangée aux gravillons du sol. - Bien, bien ! Qu'il en soit ainsi !
Une nouvelle lumière blanche illumina l'espace alors que la petite fleur et sa voix de camionneuse, rejoignirent le sol, pour finalement laisser apparaitre un visage nouveau.
Les autres ouvrirent la bouche en grand, interloqués de contempler à présent une nouvelle espèce de fleur : mi-fleur, mi-quiche... Il ne fallut guère de temps avant que la curiosité du lycanthrope ne l'emporte et qu'il ne s'approche un peu pour sentir ce mélange incroyable de parfums.
- C'est bien la première fois que je vois une Quicheflor ! - Bien, poursuivons ! La route est encore longue et comme Sire Pinpin a jugé bon d'appuyer sur l'unique bouton qu'il n'était pas censé touché, sa voix dénotait autant de colère que de reproches, il nous faut avancer, ou je ne pourrais rentrer avant le désert.
Ils acquiescèrent et sortir totalement du lac. Le loup se secoua joyeusement, arrosant H sans honte aucune, malgré les réprobations de la belle. Puis K et J prirent la tête du groupe, échangeant au sujet du mage et de sa puissance, tandis que Gandalf déclarait sur un ton de réprimande :
- Non, non, Aldrick.
Aussitôt, le loup baissa les oreilles, un peu honteux d'être prit sur le fait, au moment où il s'apprêtait à croquer dans la fleur-quiche.
- Passez donc devant.
Le concerné grommela mais, s'exécuta bon gré mal gré.
- Vous savez par où c'est, Élu ? Interrogea H, tandis qu'il acquiesçait avant de secouer négativement la tête en second lieu. Suivez-moi !
Mais alors que les six compagnons -car la fleur avait manifestement retourné ses pétales pour vouer un culte à Gandalf, squattant son épaule sans gêne- s’apprêtaient à partir, le quatuor initial sembla soudain pris du rhume des foins. Ils éternuèrent, encore et encore, faisant apparaitre ci et là des passages sombres semblables à des tâches.
- La magie du pinceau géant ! S'étonna Gandalf.
Un à un, les Grholks reprirent leurs tailles et leurs apparences, suivit de près par Aldrick tandis que les lapins malchanceux chutèrent tour à tour.
- Ils vont les disperser dans Meilledeï si ça continue ! Par ma barbe, non !
Le magicien leva bien haut son bâton en récitant une formule magique, et la destination des lapins devint la même pour chacun, empêchant de peu l'un d'eux de passer un très mauvais moment dans la Mangrove de Terater, où il serait tombé entre deux Vivifs qui se défiaient dans un combat à mort. À la place, les montures réapparurent sur les Landes de souffres. Gandalf soupira, heureux que tout aille bien, du moins c'est ce qu'il crut. Jusqu'à ce que le policier éternue si fort que le sol se déroba sous leurs pieds, pour laisser place à un trou immense, dans lequel ils chutèrent.
- WAAAAAAAAAAAAAAAAH ! - Aïe ! - Outch ! - En'che ton piech de wa wouch' ! - Où sommes-nous ? - C'est quoi cette odeur ? - Quel martyr quand personne peut plus vous sentir ! - Ça ressemble aux Abysses moirées... Mais en plus... Claires. - C'est un peu paradoxal. - C'est à cause des cailloux blancs là, ça éclaire tout. - Des cailloux ?
Chacun observa alors avec attention et Aldrick tressaillit, avant de porter hâtivement la main à sa poche.
- La boite ! Elle s'est ouverte !
Il ne restait en effet dans le récipient qu'une douzaine de bonbons, les autres semblant s'être répandus sur le sol.
- Oh ! Regardez ! Un serpilant. - C'est parfaitement inoffensif, assura Gandalf en agitant la main pour tenter de résister à cette odeur de quiche qui le tentait de plus en plus. - Même quand il essaie d'en manger le maximum et qu'il grandit à chaque fois ? - Bien sû... COMMENT ?!
Se contorsionnant dans tous les sens, l'animal tentait en effet de dévorer le plus de pastilles possibles, sans se mordre la queue. À chaque fois qu'il en avalait une, non seulement il devenait plus long, mais aussi plus gros et par extension plus fort (probablement que cette attitude se perpétuerait au fil des siècles dans d'autres contrées informatisées).
- Vite, il faut les ramasser !
Les Grholks s'exécutèrent et aussitôt qu'ils en eurent en main, ne sachant que faire avec plus d'une pastille, se décidèrent tout bonnement à les avaler.
- Berk ! - Tout le monde ne peut pas manger exclusivement de la quiche. - Hey !
Dans une lumière jaune et bleu pâle les minions réapparurent, se rendant tardivement compte que les pastilles que ni eux ni le serpilant ne pouvaient récupérer étaient absorbées par le sol. Celles restant en surface devant être de simples bonbons à la menthe. Le lycanthrope et le mage en tenaient deux chacun, quand brusquement la magie sembla imploser et des colonnes de lumière vive jaillirent là où jadis gisaient les pastilles. Cela secoua toute la caverne, qui parut s'ébranler, avant que le petit groupe se retrouve, le cœur battant, face à ce qui n'était plus du tout un être inoffensif :
Spoiler:
- SSSSaaaa ssssent boooon. C'esssst l'heuuure de mansssser ! Susurra le reptile avant de tenter d'entourer Gandalf de sa langue. Ce dernier lui donna un violent coup de son spectre magique, le propulsant deux mètres en arrière. - Gardez votre langue fourchue derrière vos dents ! Je ne suis pas passé par le feu et la mort pour échanger des paroles malhonnêtes avec un vil serpent !
Aldrick, que la surprise avait figé, mit sans réfléchir dans sa bouche les deux pastilles qu'il avait en main. Un nouveau bruit sourd semblable à une explosion, et la caverne s'ébranla de nouveau. Les minions hurlèrent tant, que cela suffit à convaincre Gandalf de reculer quand le serpent se rua à leur poursuite. Le magicien de son côté fit don des bonbons au quichflor, qui dû quitter son épaule tant lui aussi grandissait à vue d’œil.
- Quichflor ! Attaque lardons ! Tenta Gandalf tandis que les autres bifurquèrent.
Le concerné, à présent aussi grand qu'un minion, s’exécuta, faisant faire une rotation à son visage tout en propulsant à l'intérieur de la gueule du monstre une flopée de lardons pollinisés qui paraissaient reparaître aussi rapidement qu'ils étaient engloutis.
- Miam ! Y a de la vianssssse fraisssshe au menu messss amissss !
Les deux retardataires rejoignirent le loup qui faisait à présent office de taxi, et chacun leva les yeux au ciel, surpris par un bruit déroutant, avant que J n'interroge :
- Qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? - Tu tiens vraiment à le savoir ?! - Des sbires ? Du serpilant ? - … - Il arrive ! - Là, un pont ! Vite !
La compagnie se précipita pour traverser, malgré l'état douteux du pont de cordages, le loup et les minions prenant rapidement une avance indéniable.
- Quicheflor, il faut les rattraper. - C'est comme si c'était fait !
Attrapant Gandalf dans l'une de ses feuilles, la fleur fit ensuite apparaître deux lianes et les propulsa sur le dos d'Aldrick, que les pastilles avaient également rendu plus imposant.
- Cramponnez-vous ! - Quicheflor tend tes lianes ! Ordonna H en tête de l'escadrille. - Et file nous des boules de pollen !
Gandalf opina et la plante fit ce qu'on lui demanda. Ce qui permit à H, en tête de peloton, de retenir les lianes. Celles-ci passaient devant K et J, qui se tenaient dos à dos. Grâce aux boules de pollen, ils ciblèrent avec une exactitude digne des meilleurs tireurs d'élite, la quasi-totalité des serpents, qui avaient grossi les troupes de leur ennemi. Le pont tanguait sous les pattes d'Aldrick, le rythme soutenu de leur cavalcade faisant gronder la passerelle instable, sur laquelle le serpilant s'était engagé, malgré les sorts puissants que lui assenait Gandalf. Les boules de pollen tâchaient les murs sombres de couleur dorée et le parfum prononcé fit éternuer plusieurs fois le loup. Leurs faisant manquer des cibles par mégarde. Mais ils touchaient au but ! Enfin ! Ils y étaient ! Les quatre pattes hors du pont, Aldrick exultait :
- On est passé ! C'est bon ! On est pass...
Il sentit le gravier lui racler le menton et son ventre subit le même traitement. Autour de l'une de ses pattes, la langue du serpent géant venait de s'enrouler. Gandalf sauta à terre et assena en coup de spectre sur la langue pendante, parvenant à le libérer.
- Je vais rompre les cordages ! Éloignez-vous.
Quichflor voulut le suivre, mais le loup ne lui en laissa pas l'occasion, en bondissant plus loin et plus haut que d'ordinaire. C’est alors que la grotte fut inondée de lumière magique, et qu'un fracas assourdissant emplit l'espace.
Gandalf eut un sourire fier, en contemplant son ennemi qui chutait dans un cri incompréhensible, et s'éloigna à la hâte, mais pas assez vite ! Car la langue du reptile captura sa jambe et l'entraîna à son tour.
- GANDALF !
Le magicien gratta la roche pour tenter de s'accrocher et attendit de nouveau la compagnie hurlée son nom.
- Oh non… Pas encore ! Souffla-t-il dépité face à ce sentiment de déjà vu. - GANDALF ! - Fuyez, pauvres fous !
Ce furent les derniers mots prononcés par le magicien avant de disparaitre dans les Abimes moirées.
- GANDALF ! - Il faut partir... Il en arrive d’autres ! - Là, en haut, de la lumière !
Le loup leva la tête vers la direction indiquée. Courant à vive allure, il esquiva des roches qui jalonnaient à présent le terrain, fut contraint de prendre un virage en épingle pour leur épargner ce qui semblait être une embuscade, avant de tenter, en trombe, d’éviter la pluie de serpents qui dégoulinait du plafond.
- Plus vite, Élu !
Un grognement sourd échappa au lycanthrope, qu’un hurlement dissuasif prolongea. Aussi hargneux envers leurs hôtes -aux liens trop constricteurs à son goût- que frustré de n’avoir rien pu faire pour aider le mage. Cela eut au moins le mérite de leur laisser une partie du chemin de libre, lorsque le hurlement figea de surprise leurs attaquants.
- Y a pas de passage par-là ! - On va droit dans un renfoncement du mur ! - Freine Élu ! - Faudrait savoir !
Le lycanthrope bondit sur la paroi qui était la plus proche, puis sur l’opposée, à nouveau sur la première, avant de réitérer sur l'autre versant. Mais au moment d’effectuer le saut final -qui leur aurait permis d’atteindre le promontoire- les serpents s’y trouvait déjà ! N’ayant cure d’en malmener, il bondit tout de même, alors que ses camarades s’évertuaient encore à lancer des bombes de pollen, mais le promontoire lumineux était trop haut ! Ses griffes raclèrent la roche dans un son désagréable. Les crocs serrés, il puisa dans ses forces pour leur faire gagner les centimètres manquants, lacérant la pierre de ses pattes avant et arrière, mais le vide les attirait indéniablement.
- DESCENDEZ !
Tous, poussés par Quicheflor, furent contraints d’obéir et à peine ce dernier fut-il sur le sol, que l’équilibre du loup vacilla. Il les vit tous les quatre se précipiter pour le retenir en vain. Sous la pression aérienne, son corps retrouva une position horizontale. Peut-être que cela suffirait à amortir sa chute. Les chats y arrivaient bien, alors pourquoi pas lui ? Il avait une chance après tout, non ? NON ?
Aldrick eut le souffle coupé, et bien plus mal au ventre qu’aux pattes, s’étonna aussi de paraître soudain doté d’un léger don de lévitation. Du moins jusqu’à ce que des sifflements désagréables à sa droite puis à sa gauche ne l'interpelle.
- Euh… Bonjour ?
Les serpents, tels deux jumeaux, se dressèrent latéralement à lui, agitant leurs queues bruyantes dans une cacophonie insupportable. Le loup ne put que déglutir, avant que les crocs venimeux ne s’entrechoquent violemment et qu’il ne gagne un bon mètre. Levant les yeux, il distingua deux lianes qui lui entouraient la taille et entendit les autres au-dessus :
- Il faut le remonter ! Je n’y arriverais pas tout seul ! Tirez !
Le lycanthrope dut se contorsionner dans tous les sens pour éviter les attaques qu’il n’était pas en mesure de repousser, au point même de former un « o » quasi parfait avec son corps. Ses griffes raclèrent de nouveau la paroi du promontoire avant que les efforts unis de ses comparses n'achèvent de le hisser totalement. Il tira la langue, le souffle court, avisa le fond, puis le groupe éclectique qui lui faisait face.
- Mer… - …SSSiiiii ! Acheva l’un des serpents qui avait réussi à jouer les passagers clandestins. - SSSiiii ! Reprirent en chœur leurs ennemis.
Le cœur du loup manqua un battement, avant qu’il ne s’élance à nouveau hors de portée des crocs acérés. Il s’arrêta, non loin, dans un cercle lumineux, pour laisser monter le quatuor, les pressant pour qu’ils grimpent. Mais la plante était à la traîne et le reptile plus prompt, se jeta sur le pauvre Quicheflor, qui se débattit autant que possible face à… Rien ? Un autre serpent audacieux risqua quelques anneaux vers eux, avant de revenir immédiatement dans la grotte, en dégageant un léger fumet braisé.
- La lumière ! La lumière les désagrège !
Un soupir de soulagement échappa au groupe et arracha même une danse de la joie à J dans laquelle il entraîna les autres, aidant ainsi la fleur à se relever. Les éloignant pour de bon des serpents, pour leur préférer les Bois sans fin. Côte à côté, ils s’enfoncèrent dans la forêt luxuriante, et errèrent ainsi durant deux sabliers, quand enfin au détour d’une souche ils entendirent :
- HAHA ! Tu es fait vil méchant ! Rends-toi ! Ou je te pourfendrais !
Le quintet chercha d’où pouvait bien provenir la voix avant que K ne finisse par glisser :
- C’est pas un Pacifilm, tout seul dans l'herbe, là-bas ?
Comme un seul être, tous se tournèrent vers le brin d’herbe qui semblait différent et découvrirent en effet une minuscule forme blanche avec des pâtes rouges.
- Tiens… Ils n’ont pas une forme de rougédpoire, d’habitude ? - Oh ça va hein ! Ce n'est pas parce que j’ai une tête de cône que je ne suis pas un Pacifilm ! - C’est bien le cas alors ? - Bien sûr ! S’offusqua le petit être. Vous vous êtes perdus pas vrai ? - Comment tu sais ça, M. le héros ? Grinça K sans se rendre compte qu’il venait de les vendre. - Je suis une FILLE ! - Une fille ? Aoucht ! - Hey ! Moi au moins ça ne fait pas 1000 pas que je tourne autour du même groupe d’arbres !
Sur ses sages paroles, la belle trouva judicieux de leur tirer la langue comme pour conclure le propos. Aldrick s’éclaircit la gorge, et interrogea doucement :
- Dites-moi, vous pourriez nous servir de guide miss… ? - J’suis pas un guide miss ! Je suis Royale ! Royale Cône ! - C’est pas de la famille éloignée à Papuche, ça, J ? - Je ne sais pas, ça dépend le parfum choisi… - Qui êtes-vous ? - Nous sommes de pacifiques voyageurs. - Il n’y a pas de voyageurs dans cette contrée. - Maintenant oui. Bien, et vous pourriez nous indiquer la sortie, Royale, s’il vous plaît ? On a besoin d’aller sur les terres de Raknor. - Je vais y réfléchir. Royale fit un tour sur elle-même et déclara en levant ce qui devait être ses bras. Okay, j’ai bien pesé le pour et le contre : je vous accompagne !!!
L’enthousiasme proche de la frénésie qui s’empara de la petite créature fit douter dans la seconde au groupe, du bien fondé de cette « réflexion ». Pourtant, la belle tout emballée ne leur laissa pas vraiment le temps de remettre en cause cette demande. Récupérant ce qui devait être une épée de bois, elle fit un bond et se laissa ensuite porter par le vent. S'accrochant d'arbre en arbre avant qu'Aldrick ne lui propose de la porter pour aller plus vite. Une pirouette plus tard, elle acceptait et le groupe pu enfin avancer convenablement.
- Vous êtes des guerriers ? - Pas vraiment. - Vous êtes l’Élu quand même ! - Waaaaaah ! Je peux avoir un autographe ?
Là, le loup se demanda vaguement comment il pourrait donner ne serait-ce qu'une empreinte de patte à un si petit être sans manquer de l'écraser.
- Plus tard peut-être ? - Han ! C'est pas juste ! - Nous, on a eu des... ATCHOUM ! - Oh non, pas maintenant !
Une nouvelle crise d'éternuements prit le groupe, malmenant Royale qui tentait tant bien que mal de rester accrochée au loup. Seulement ce dernier n'y ressemblait plus vraiment. Au-dessus d'eux cette fois, beaucoup de passages parurent s'ouvrir, faisant tomber de l'eau, des cailloux, et quelques objets déroutants. L'un d'eux, attira la curiosité de Royale, qui descendit de son perchoir pour l'examiner, et s'éloigner -au passage- de tous ces éternuements incessants. Elle observa le marteau et l'enclume qui -chose rare- était à sa taille, et soulevant le premier, frappa sur le deuxième de toutes ses forces ! Alors, dans le paysage, résonnèrent de nombreux cris de Pacifims, et une colonne de lave miniature s'éleva, réduisant à néant une construction presque achevée, au grand étonnement de tous les présents. Aldrick tenta de contenir un éternuement, alors que Royale demandait, étonnée de la nouvelle apparence de son vis-à-vis :
- Élu ? Elle hésita et poursuivit, après avoir acquis la certitude que c'était bien lui : Qu'est-ce qui se passe là-bas ? - Dois-je tout vous décrire ? Ou vous trouvez un marchepied ?
La belle lui lança un regard noir qu'il ne remarqua pas, finissant par éternuer violemment. Un nouveau passage bien plus large que les précédents se fit, au-dessus de Royale, et une main récupéra marteau et enclume, en bougonnant d'une voix rauque que ça n'avait rien à faire là. La truffe d'Aldrick subit ensuite une nouvelle agression, lorsque les Grholks retrouvèrent leurs apparences originelles. J émit ce qui semblait être un cri de joie en retrouvant "Papuche", la brosse stylisée, que les passages avaient ramenés jusqu'à eux. Le commissaire s'étonna d'ailleurs qu'il puisse la saisir sans la casser. Invitant Royale à monter au creux de sa main, il la posa sur son épaule, et s’apprêtait à faire de même avec Quicheflor, quand ce dernier déclara :
- Euh, ça va les gens ? Pourquoi ils nous regardent comme ça ? C'est bizarre, non ?
S'arrêtant dans son geste, le loup mit quelques secondes à comprendre que ses hôtes avaient laissé place à leur instinct, et surtout à leur faim ! Récupérant la fleur à la hâte, il la fit rejoindre Royale, et eut comme premier réflexe de faire ses poches, cherchant la boite magique. Mais déjà, les pas de K se faisaient impatients, et l'instinct du loup lui certifia qu'il ne fallait pas rester là. Récupérant le premier objet qui lui passa sous la main, il se mit à courir, imité par les trois autres. Avisant le frisbee, comme s'il s'agissait d'une soucoupe volante, il haussa les épaules en tentant le tout pour le tout. Ses doigts se refermèrent ensuite sur les comprimés miraculeux, à son grand soulagement. Il fut sidéré cependant, en jetant un coup d’œil derrière lui, que H l'avait bel et bien rattrapé au vol. Mais l'acidité de sa bouche, ne permit pas au jouet de faire plus de cinq pas, avant de choir sur l'herbe, à demie désintégré.
- Par là ! Ordonna Royale.
Les guidant vers les chantiers les plus colossaux des Pacifilms, elle jugea bon de préciser à chaque fois, ce dont il en retournait, assez fort pour que tous l'entendent.
- À votre droite, l'arc de lierre, construit lors de la fête elfis du cycle passé. Vous pouvez admirer la précision des feuillages.
Il bifurqua, sous le ton professionnel de la belle :
- À votre gauche, la Tour des Rosabels, avec pas moins de mille boutons de blueapple sur la façade ouest !
Le brun ouvrit la boite et colla une pastille dans la bouche de Quicheflor, qui prit de nouveau du poids et du volume. Il lui laissa plusieurs autres pastilles et ordonna :
- Vise les autres, il faut les arrêter ! - Face à vous, le monument aux hortelys, célèbre pour ses parfums exaltants et la promesse d'un destin lié, pour ceux qui passent en dessous... Royale venait d'écoper d'une pastille elle aussi tout comme Aldrick.
Quicheflor visa ensuite les autres, H fut la première à retrouver son apparence, et Royale intarissable, poursuivit :
- Oh ! Les dieux ont exaucé mes prières ! J'ai grandi ! Ça doit être grâce à l'arbre aux tournevols, on a battit tout autour une muraille incroyable ! Elle va d'un bout à l'autre de la forêt ! Il suffit de la suivre pour sortir ! Ah, on la voit là !
Aldrick effectua un bond, pour éviter un tronc d'arbre au milieu du chemin, et K reprit à son tour son apparence de minion, tâchant à grands renforts d'arguments -en écho à ceux de H- de raisonner J. Quand il aperçut la muraille fleurie, Aldrick avait retrouvé sa forme de lycanthrope et apercevait enfin la sortie ! Mais pas qu'elle ! Il contempla aussi le visage grossi à l'haleine putride de J, sauf que tout était à l'envers. La tête en bas, ils firent au mieux pour ne pas paniquer. Le Grholk ouvrit grand la bouche et Quicheflor ne manqua aucunement sa cible. En revanche jamais ils ne souhaitèrent tous que les effets soient plus rapides. D'autant que le sol en dessous d'eux venait d'être vidé de toute végétation à l'endroit où la bave de J avait chu.
- Ça n'a pas l'air de fonctionner... - Tire en d'autres ! - J'en ai plus ! - Pourquoi ça marche pas ? S'agaça le loup en se débattant. - Y'avait peut-être que des bonbons à la menthe dans ceux qu'il a avalé ? - Ne parle pas de malheurs ! Supplia Royale en essayant de se remettre à l'endroit. - Eh J ! Regarde là ! La sœur jumelle de Papuche ! Tenta H en pointant du doigt la sortie.
Le concerné parut prit d'un doute, puis retenant toujours sa proie, tandis qu'Aldrick faisait au mieux pour se défaire de son emprise, le mordant autant que possible. Mais le mastodonte se mit à courir, les ballottant dans tous les sens, et lorsque enfin, il s'arrêta au bout de quelques mètres, la fraîcheur et le calme de la forêt avait laissé brutalement place à une terre vide de vie.
L'air y était vicié et peu avenant, l'endroit parfaitement lugubre. Le quatuor chuta ensuite de plusieurs centimètres. J avait retrouvé sa petite taille et la vase autour d'eux les engloutissait à une vitesse phénoménale.
- Oh non ! Un Gob-lys ! Il faut sortir de là !
H et K les rejoignirent à la hâte et tentèrent de les en extraire. Les aidant en retenant fermement les lianes de Quichflor. Ils parvinrent à sortir Royale, qui construisit à une vitesse hallucinante une épaisse perche géante, avec tout ce qu'elle avait trouvé dans les décombres des alentours. La fleur s'y accrocha avec force, mais peinait à garder la tête hors de la vase. Se débattant de plus belle, le loup parvint pourtant à les faire remonter partiellement sur la perche.
- Tenez bon ! - On va vous sortir de là ! - Je glisseeeeuh ! Je veux pas flétriiiiir ! - Ou pourrir. - Toujours le mot pour rassurer... - Je suis trop jeune pour flétrir ! - Si seulement il y avait plus de soleil ! Ils le craignent comme la peste !
Une lumière aveuglante gagna le groupe et le Gob-lys, telle une ellipse sombre, se déplaça en diagonale sur la surface du sol, laissant là les aventuriers, allongés et cramponnés entre eux, tout autant qu'à la perche, sur une terre on ne plus sèche.
- Quelqu'un a demandé plus de lumière ? - Gandalf ! - Cela ne se peut... Vous êtes tombé... - À travers le feu et l’eau. Une seconde fois. - Vous êtes en retard ! - Un magicien n'est jamais en retard, ni en avance d'ailleurs. Il arrive précisément à l'heure prévue. - Heureux de vous revoir ! - Merci pour le coup de main et enchantée ! Je suis Royale. - Pareillement. Bon et si nous en finissions avec l'auteur de tous ces troubles ?
Montrant de sa main de libre la plaine lugubre, le magicien les invita à poursuivre leur périple.
- Et bien, c’est plus gai dans un cimetière... - Youpi, on va au château !
Le groupe s'observa, étonné de cet enthousiasme peu commun, et loin d'être totalement partagé, mais prit pourtant la direction de la sombre bâtisse.
Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Ven 21 Aoû - 10:01, édité 1 fois
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Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Ven 21 Aoû - 0:39
POST EN COURS, LES COULEURS, LES TIRETS DES DIALOGUES ET LA FIN NE SONT PAS DISPONIBLES ET VIENDRONT TRES BIENTÔT
« Attends Euterpe ! »
La voix résonna alors que la muse fermait les yeux pour disparaître, et c'est avec un sourire surpris qu'elle se retourna vers celui qui l'avait interpellée. La'ënma. Cette simple vision suffit à la réjouir, de même que l'air ravi qui dominait les traits du jeune Lazreg.
« Je croyais que c'était l'heure de rentrer. Moi aussi Rafiki, moi aussi... »
La muse avait beau dire, elle était cependant ravie de devoir rester un peu plus longtemps dans ce monde extraordinaire qu'elle avait à peine foulé du pied, et c'est avec joie qu'elle accueillit l'étreinte reconnaissante de son ami. Celui-ci en profita un instant, puis se détacha d'elle pour plonger ses iris dans les siens.
« Euterpe, je tiens à te remercier pour tout ce que tu as fait pour nous. Sans toi, nous... Chhhht... Tu n'as pas à me remercier, La'ë, je te l'ai déjà dit. Et puis je t'ai quand même mis la claque de ta vie, je suppose que nous sommes quittes, comme ça. Ah ça, je pense qu'il ne t'oubliera pas de sitôt, si tu veux mon avis. Tu dois être la fille la plus frappante qu'il a dû rencontrer de toute son existence ! »
Un sourire amusé naquit sur les lèvres de la jeune femme.
« Oh, tu sais, ce n'est jamais qu'une baffe... Face à ce que tu as fait pour nous, c'est... dérisoire. Et mon peuple m'a chargé de te remettre ceci, pour te remercier... »
Les yeux de la muse s'écarquillèrent alors que La'ënma lui tendait le fameux présent.
« Ce n'est pas la peine, vraiment, je t'assure ! Et puis j-... Attends Euterpe... C'est moi ou ce truc est un simple tube de rouge-à-lèvres ? »
Elise baissa donc le regard sur l'objet en question, qu'elle prit dans sa main pour le plus grand plaisir du jeune Lazreg. Elle l'ouvrit délicatement, puis hocha la tête à l'attention de Rafiki.
« Je crois que tu as vu juste... Tu peux bien accepter ça, ça te fera un souvenir de ton périple, et puis je suis sûr que ça t'irait bien ! Tu as peut-être raison... C'est ton Verdiio qui te parle ? Que te dit-il ? Dis-lui que je me demande pourquoi ce n'est pas notre cher ami le Sans-Queue qui vient te remercier ! Tu es irrécupérable, Rafiki ! Il veut savoir pourquoi ça n'est pas le Sans-Queue qui nous apporte ce présent. En attendant, tu poses tout de même la question... Chuuuut. Ahah. Salm'ir a renoncé à son titre de guide spirituel à l'instant même où il a compris s'être trompé... Et si je suis face à toi, maintenant, c'est parce qu'il a été décidé que j'étais celui dont les conseils étaient les plus avisés. Ça signifie que tu es le nouveau Sans-Queue ? Pas tout à fait... »
La demoiselle n'ajouta rien, faisant comprendre à son ami qu'elle souhaitait qu'il poursuive. Un sourire gêné se posa sur les lèvres du garçon, alors qu'il expliquait.
« En fait, j'ai quelques réticences à ce qu'on me coupe la queue... Disons que je suis assez fier de sa longueur et que je ne veux pas la perdre. Et puis... Je ne me sens pas capable de guider tout un peuple. Il n'est pas très différent des humains, au fond... C'est pour ça que j'ai cédé ma place à Xa'nesh. Mais j'ai insisté pour être celui qui t'annoncerait la suite et te remettrait ton-... La suite ? »
Cette fois-ci, La'ënma sembla bien ennuyé. Il passa une main sur les écailles de son cou, puis face au regard insistant de la jeune femme face à lui, ajouta bientôt.
« Disons que... mon peuple a une autre faveur à te demander, Euterpe... »
À cet instant précis, la muse comprit qu'elle n'avait peut être pas terminé sa mission, finalement...
« Je vais tout t'expliquer, et je t'accompagnerai même, alors s'il te plaît, ne refuse pas immédiatement... ! Je t'écoute, La'ë. »
Alors, le Lazreg expliqua.
« Il faut que... je t'explique d'où vient vraiment cette malédiction, Euterpe. Viens en au fait. Aux confins de notre monde, il existe un endroit habité par un esprit si maléfique que les terres elles-mêmes dépérissent à son contact... Cet être de ténèbres a récemment décidé qu'il était temps pour lui de prendre le pouvoir afin de tous nous asservir. Et pour éviter que nous puissions l'en empêcher, c'est lui qui nous a maudits. Nous et... tous les autres peuples. C'est pour cette raison que nous t'avons appelée, et c'est parce que tu nous as libérés si rapidement que nous souhaitons de nouveau ton aide. Euterpe, tu es la seule à pouvoir nous aider. Sans toi, Meïlledeï est perdu. Oui, il aurait tout aussi bien pu dire que tu n'avais pas le choix. Tu as le choix, bien évidemment, Euterpe. Tu en as déjà fait tellement pour nous que nous ne pourrions pas t'en vouloir si tu refusais de risquer ta vie sur les Terres de Raknor... Mais je ne risque pas ma vie, moi ! »
La'ënma se rembrunit, visiblement déçu. Quoiqu'il dise, il avait absolument compté sur la participation de la muse pour les sauver.
« Je comp-... Je suis immortelle, alors c'est bien évidemment d'accord ! »
Cette fois-ci, un sourire naquît sur les lèvres du reptile, et il ne put s'empêcher de serrer son amie dans ses bras. Celle-ci éclata d'un rire joyeux alors que dans son esprit, Rafiki commentait.
« Tu n'entends pas toujours les bonnes choses, Euterpe. Mais ta décision, en revanche, est la bonne. Je t'accompagnerai. Je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu fais pour nous... Tu n'as pas à le faire, La'ë, je fais ça parce que tu es mon ami, et puis un peu parce que je n'aime pas ce genre de personnes. Tu sais, à une époque j'ai évolué à la cour de Néron et... c'était un bien méchant homme. Je ne l'aime vraiment pas beaucoup. Pas plus que le maître des terres de Raknor. Alors je te jure de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour l'empêcher de vous nuire ! »
La'ënma sentit son cœur bondir de joie alors qu'il relâchait la jeune femme.
« Tu es vraiment exceptionnelle. Nous partirons au crépuscule, si tu le veux bien. D'ici là, nous préparerons notre expédition. Le voyage sera long et certainement semé d'embûches. Il nous faudra faire attention, et... garde précieusement ce bâton de rouge-à-lèvres. Crois-moi, il pourrait te surprendre. »
Et, sur cette dernière phrase énigmatique, le jeune Lazreg se détourna pour se rendre en courant aux côtés de Xa'nesh. Ce dernier délaissa volontiers ce qu'il était en train de faire -à savoir discuter avec une partie du peuple lui demandant quelques conseils- pour accueillir l'information de La'ënma avec grand plaisir. L'élue allait les sauver.
« Au moins, avec ce Sans-Queue là, tout devrait bien aller... Tout ce que tu risques, c'est de finir étouffée par les vêtements... Je ne suis pas sûre d'être d'accord avec cette idée-là, moi... Ahah ! Et moi je crois que tu n'as pas le choix. Pfff... »
Elise s'éloigna à son tour en direction des multiples tentes, afin d'aller chercher... des choses, elle supposait.
« Des provisions, par exemple... Je ne pense pas que ce soit la porte à côté, Euterpe. De l'eau, aussi. C'est une bonne idée, pour s'enfoncer dans le désert. Tu ne crois pas ? »
Rafiki marquait effectivement quelques points. Elise referma son nouveau cadeau et l'enfourna dans l'une de ses grandes poches, s'armant ensuite de quelques gourdes qu'elle passa autour de ses épaules. Le tout, un peu lourd, lui créait un bien étrange collier et l'aurait certainement rendue ridicule aux yeux des parisiens. Mais la muse n'en avait que faire et c'est d'une démarche enjouée qu'elle dirigea vers quelques femmes, dans ce qu'elle avait précédemment identifié comme étant le coin cuisine. Celui-ci, alors qu'il avait été précédemment transformé en aire de jeux, était désormais impeccable et rayonnait par l'ordre qui y avait été remis. Elise en eut le souffle coupé. Bien que sa propre chambre soit plutôt ordonnée, lorsqu'elle jouait avec ses peluches il lui fallait du temps pour tout ranger à nouveau, alors que les Lazregs avaient fait preuve d'une rapidité sans nom. Un sourire se glissa sur ses lèvres alors qu'une des femmes l'apostrophait.
« Aurais-tu besoin de quelque chose, élue... ? Appelle-moi donc Euterpe. Je ne suis plus une élue, ma première mission, celle pour laquelle vous m'avez appelée, est terminée. Vous n'avez plus aucune raison d'employer ce terme. Pardonne-moi Euterpe, je ne voulais pas t'offenser... Ce n'est pas le cas, rassure-toi. Simplement... Je veux que nous nous traitions en égales. Car c'est ce que nous sommes. D'accord ? »
Alors que la Lazreg allait pour s'agenouiller, Elise la retint par le bras.
« Relève-toi. Ni toi ni moi n'avons à nous agenouiller devant qui que ce soit. Donne-moi plutôt ton nom, mon amie. Bien parlé Euterpe. Tu as les capacités d'une vraie chef. »
Sa vis-à-vis leva des yeux perdus vers elle, et Elise la rassura d'un sourire. Elle ne se prétendait pas suffisamment sage pour gouverner un peuple quelconque, encore moins un monde, mais elle était sûre d'une chose : elle ne valait ni plus ni moins que ces gens-là et il était temps pour eux de le comprendre.
« Ma'hëla... Tel est mon nom, Euterpe... C'est un nom magnifique... Dans notre langue, ça signifie celle qui rêvait le ciel... Je te rejoins, Euterpe, c'est absolument splendide. Enchantée, Ma'hëla. »
Le sourire de la muse ne quitta pas ses lèvres une seule seconde et trouva bientôt un écho en celui de la Lazreg.
« De même, Euterpe... »
Puis, après un temps, elle ajouta.
« Tu... souhaitais mon aide pour quelque chose ? »
Elise hocha la tête.
« Oui, effectivement. En fait, je suis venue voir si vous auriez quelques provisions pour notre voyage... Je ne sais pas combien de temps il va durer, alors j'aurais voulu prévoir de quoi manger pour au moins une semaine ! »
Sur ces mots, Ma'hëla éclata franchement de rire.
« Une semaine ?! N'aie crainte, ton épopée sera bien moins longue que ce à quoi tu t'attends... Tu oublies que les Lazregs sont nomades, Euterpe, et que de ce fait, ils avancent bien plus vite. Elle marque un point. Ils sont endurants. Oui, mais moi j-... Tout ira bien, tu verras. »
La muse décida qu'elle avait certainement raison et tendit les bras pour réceptionner un sac qu'elle découvrit garni de plusieurs fruits, ceux-là même qu'elle n'avait pu goûter. Un air ravi s'empara de ses traits alors qu'elle remerciait allègrement Ma'hëla. Après une courte discussion, celle-ci lui rappela qu'ils auraient certainement besoin d'une tente, et c'est d'un pas ravi qu'elle se dirigea en direction d'un vieux Lazreg armé d'une cane. Celui-ci l'accueillit dans un sourire, et lui tendit une tente empaquetée avant même qu'elle n'en exprime le souhait. Cela fut suffisant pour émerveiller la muse.
« Et bah, il t'en faut bien peu. Mais tu ne comprends pas Rafiki, c'est magique, c'est comme s'il avait lu dans ma tête ! C'est ce que je fais depuis notre rencontre, te ferai-je remarquer. Oui, mais toi c'est pas pareil, tu es dans ma tête. Tu parles à ton Verdiio, élue ? »
Décidément, il faudrait qu'elle demande à La'ënma de faire une annonce ou quelque chose du genre afin de régler ce problème. Si elle avait été élue un jour -et elle avait quelques doutes, car sans Rafiki elle ne serait parvenue à rien- aujourd'hui il n'en était plus rien. Ils pouvaient tous l'appeler Euterpe et n'avaient absolument pas à la déifier comme ils le faisaient.
« Euterpe, c'est Euterpe. Je ne peux pas te laisser m'appeler ainsi, je suis ton égale pa- Tu m'as ramené un filssssss, élue. Et une petite fille. Je te dois la vie de chacun d'entre eux, que tu le veuilles ou non. Tu as été élue par les étoiles pour nous ssssssauver, et c'est ce que tu as déjà fait et que tu t'apprêtes à refaire. Alors non, je ne me permettrai pas de t'appeler ainsssssssi, car tu es plusssss que ccccela. Je ne ssssssuis pas ton égal, je te sssssuis redevable. Mais non, je t'assure, chacun de vous aurait fait pareil à ma place ! Je n'en sssssuis pas ccccertain. Et quoique tu penssssses, tu resssstes ccccelle qui l'a fait. Grml... D'un certain côté, Euterpe, ce vieillard n'a pas tort. C'est cependant très noble de ta part de voir les choses comme tu les perçois. Grml. Va, maintenant. Ton dessssstin t'attend. Et le nôtre, à nouveau, dépend du tien. »
Un instant, la muse boudeuse eut la pensée que c'était tout de même beaucoup de pression, puis se ravisa : de un, elle ne craignait rien -elle était immortelle- et de deux, elle souhaitait sincèrement les aider. Cette vérité seule suffisait à justifier le courage dont elle faisait preuve alors qu'elle connaissait précisément sa destination, et plus encore les dangers qu'elle s'apprêtait à affronter. Elise s'éloigna donc de quelques pas, la tente à bras, le sac à dos et les gourdes en collier. C'était pénible, de marcher avec toutes ces choses et chacun de ses mouvements était entravé par le matériel de survie dont elle s'était équipée. Ses deux lourdes tenues n'aidaient absolument pas son entreprise, et la jeune femme décida bientôt de tout déposer dans un coin lorsqu'un coup d'oeil en direction de l'avancée du jour lui apprit que leur départ n'était pas pour tout de suite. Oui, mais maintenant qu'elle était prête, que lui restait-il à faire... ? La réponse lui vint comme une évidence, portée par la voix du Mandrill.
« Tu n'as qu'à mettre un peu de ce rouge-à-lèvres. Ça fera bonne figure, si tu portes le cadeau qu'ils t'ont offert. Et puis... Je suis certain que cela t'ira très bien. »
Un sourire naquit de nouveau sur ses lèvres qu'elle maquilla bientôt. Un sifflement d'admiration retentit dans son esprit.
« Pfiouuuu, effectivement, tu es encore plus jolie ainsi. »
Ce fut cette fois-ci un éclat de rire qui s'empara d'elle. Une brève seconde, elle se demanda si Ludwig aussi, l'aurait trouvée belle. Mais la réponse ne lui vint pas et ne pourrait de toute façon jamais lui venir. Alors, délaissant ces quelques réflexions nées de ses souvenirs, elle répondit à son ami.
« Merci Rafiki ! Je suis touchée. »
Le Mandrill la complimenta encore un peu alors qu'à l'horizon, le premier des quatre soleils rejoignait les ténèbres. Quelques heures plus tard tous s'étaient estompés au profit des deux lunes de Melleïdeï qu'Elise accueillit avec beaucoup de plaisir. Elle se rendit en courant jusqu'aux affaires récupérées un peu plus tôt dans la journée, puis rejoignit le reste des Lazregs qui attendaient sous les étoiles. Le peuple avait pratiquement doublé, et cette idée seule suffit à ravir le cœur de la muse qui sautilla bientôt jusqu'à La'ënma. Celui-ci... éclata de rire en découvrant l'accoutrement qui était le sien.
« Euterpe ?! Mais qu'est-ce que tu fais vêtue de cette manière ? Bah... pour le voyage, je pensais que-... Notre voyage ne doit durer que deux jours, si tout se passe bien. Tu n'as pas besoin de toutes ces gourdes ! Pffff. Et voilà qu'on crache sur nos efforts. Grml. »
Décidément, aujourd'hui, on la contrariait un peu trop à son goût, et cette réalité lui déplaisait énormément. Elise croisa les bras, visiblement mécontente, et marmonna.
« Je croyais bien faire, moi... »
Cette phrase sembla attendrir le jeune Lazreg, qui posa une main sur le crâne couvert de la muse.
« Je sais, Euterpe, je sais, et c'est très bien ainsi... Je ne voulais pas te blesser, d'accord ? »
La concernée hocha doucement la tête avec une moue.
« Moui... Il faut que j'en garde combien ? Deux seulement. Une pour toi et une pour moi. D'accord... »
Elle ne l'avoua pas trop fort, mais elle se sentait également déçue. Elle avait cru qu-...
« Qu'il verrait tes lèvres ? »
N'importe quoi ! Elle ne parlait bien évidemment pas de ça et-...
« Alors de quoi parlais-tu ? »
De quelque chose d'autre qui ne regardait absolument pas le Mandrill.
« Oui, donc j'avais vu juste. »
Puisqu'elle lui disait que ce n'était pas le cas... !
« Tu as le droit, Euterpe, de souhaiter que l'on remarque lorsque tu te mets en valeur. C'est normal, tout le monde le souhaite. »
Hm... Peut-être bien que c'était ça, alors... Mais là n'était pas l'important. Elle aurait l'éternité pour se faire remarquer alors qu'elle n'avait que quelques jours pour se rendre sur des terres hostiles qu'elle devrait libérer. Elle retira donc presque toutes ses gourdes au profit de deux d'entre elles, qu'elle garda autour du cou. Elle ne vida pas les autres, se doutant de la préciosité de l'eau dans un tel univers. Après ça, elle retrouva son sourire et s'arma du sac rempli de provisions ainsi que de la tente. Son accoutrement fit de nouveau rire La'ënma qui la déchargea du second objet, un sourire amusé aux lèvres.
« Oh, Euterpe, tu as l'art et la manière de tout rendre moins grave. »
Elise hésita, ne sachant comment le prendre, puis décida qu'il s'agissait là d'un compliment. Un grand sourire s'empara de ses traits, bientôt suivi par quelques éclats de rire.
« La joie est la meilleure de toutes les armes, La'ë, tu apprendras ça, un jour... Je suis pleinement d'accord avec toi. »
Aux mots de Rafiki, le monde plongea soudainement dans les ténèbres avec la chute du second soleil. Alors, le peuple Lazreg commença à ranger le camp qui, à la tombée du troisième soleil, ne fut bientôt plus qu'un souvenir. Lorsque le dernier astre rejoignit ses frères, les Lazregs étaient sur le départ. Elise, accompagnée de La'ënma et de Rafiki, se dirigea jusqu'à Xa'nesh, qui prit la parole.
« Elue, La'ënma Ish'Caël, prenez garde. Les dangers qui vous attendent en chemin sont innombrables et complexes. Et la destination que vous finirez par atteindre sera certainement encore pire. Tenez. Prenez cette carte stellaire. Que les étoiles soient avec vous. Et que le désert vous soit clément. Et que le désert vous soit clément. »
La muse avait répété les mots de son ami par pur réflexe, devinant qu'il s'agissait là d'une formule de politesse et bien plus encore, presque une prière. Elle lut dans les yeux des Lazregs qu'ils ne s'étaient pas attendus à ce qu'elle le fasse, et les sourires qui lui répondirent la réconfortèrent face au long voyage qui était le leur. La'ënma échangea encore quelques mots avec Xa'nesh puis se tourna ensuite vers Elise.
« Bon, et bien... Allons y ! Let's go ! C'est parti les amis ! »
Et sur ces mots qui rappelèrent à Elise une bien étrange chanson, ils s'enfoncèrent dans les sables du désert de Falmir, sous le regard bienveillant des étoiles. Au bout de quelques pas, La'ënma décida de briser le silence qui s'était progressivement installé, au point que même Rafiki se taisait.
« Bon... Et si, pour commencer, tu me restituais le cours de la dernière fois... ? Quelle étoile suivons nous, puisque nous allons vers le sud ? »
Un sourire ravi se glissa sur les lèvres de la muse, qui fouilla le ciel un instant avant de répondre d'une voix enjouée.
« Nous suivons Dra'esh, la Ponctuelle ! Très bien... Et pourquoi porte-t-elle ce nom ? Parce qu'elle est toujours au sud, peu importe l'orientation des autres. Bien, je suis fier de toi Euterpe. Merci ! Oui, félicitations, parce que moi je n'aurais rien retenu. Bien sûr que si, Rafiki ! Que dit-il ? Il prétend qu'il n'aurait pas su répondre à ma place, alors que je sais très bien que si. Je vois... Dis-lui que la prochaine fois, c'est lui que j'interrogerai. Oh non... Il t'entend. »
L'amusement para bientôt les traits d'Elise alors que dans sa tête, Rafiki pestait contre l'interrogation surprise dont il écoperait dans les jours à venir.
« Et quel est notre itinéraire, au fait, La'ë ? Et bien... En ce moment-même, nous nous dirigeons vers le Canyon des rois... Ensuite, nous traverserons les Ruines de Bhirma, avant de pouvoir enfin rejoindre les Collines de Gaek Wyn. La dernière étape de notre voyage sera la traversée de la Jungle de L'Oré. Après ça, nous déboucherons directement sur les Terres de Raknor. Tu verras, le contraste est frappant, et même choquant. On passe d'un monde à un autre. Directement n'est pas le terme exact qui me vient en tête... Ohhh... J'ai hâte de découvrir toutes les facettes de ton monde, La'ë. Oh, nous en serons très loin, notre monde est tellement varié que tu n'en auras vu que le quart... Peut-être apercevras-tu les Aurores boréales des Syh Reïrms... Je n'en ai jamais vu, j'espère que ce sera le cas ! Moi aussi ! »
La traversée du désert se passa sans heurt et au lever du premier soleil, Elise termina dans les bras de La'ë et s'endormit. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le troisième astre était déjà haut dans le ciel alors que le dernier d'entre eux pointait déjà le bout de son nez. Pourtant, la température lui sembla bien moins étouffante que les jours précédents, et c'est avec une forme de stupéfaction qu'elle tourna les yeux vers une baie rocheuse dans laquelle ne serpentait qu'un tout petit chemin. La'ënma prit la parole.
« Il nous faudra prendre garde, les Ichmirs sont réputés pour être les pires brigands de la zone... Tous les convois les craignent. Et leur attitude est parfois... déroutante. »
Elise se contenta de hocher la tête. Dans son esprit, le Mandrill se mit à pester à propos de Hyènes débiles et de lion puant sans qu'Elise ne parvienne à faire le lien avec l'espèce qu'ils s'apprêtaient à potentiellement rencontrer.
« J'espère que ça ne sera pas le cas ! »
La muse ne put s'empêcher de songer qu'elle non plus n'en avait pas la moindre envie. Malheureusement pour elle, elle devait comprendre en l'instant que le destin n'était pas avec elle. Loin de là, en fait. Lorsque résonna la première mélodie, Elise hurla.
« À TERRE ! »
La'ënma se jeta au sol juste à temps pour éviter une volée de flèches et recouvrit la muse de son corps de reptile. Ses écailles le protégeaient certainement un minimum mais ça n'était pas suffisant pour lui garantir une invulnérabilité totale. L'angoisse s'empara du cœur de la muse, qui remua bien vite pour se libérer et s'assurer que son ami était indemne. C'était visiblement le cas. La jeune femme poussa un soupir de soulagement juste avant que la voix de Rafiki ne la fasse sursauter.
« Si j'étais toi, je n'attendrai pas de voir s'il résiste absolument à leurs projectiles. Vous devriez fuir pendant que vous en avez le temps ! »
Il avait raison. Et Elise le savait. Elle ne se fit donc pas prier pour attraper le bras de La'ënma et fuir à l'aveugle dans la direction opposée aux musiques qu'elle percevait.
« SUIS-MOI ! »
Le Lazreg comprit rapidement qu'elle avait l'avantage sur leurs poursuivants et c'est sans hésiter une seule seconde qu'il courut à sa suite. Pourtant, quelque chose le tracassait. Une fois ou deux, il avait essuyé des attaques dans ce Canyon mais jamais... comme ça. La'ënma prit alors le risque de se retourner vers leurs assaillants, et ce qu'il vit le surprit. En effet, il s'était attendu à trouver derrière lui quelques Ichmirs, au courant de leur triste histoire. Mais ce qu'il venait de découvrir le choquait au plus haut point. Il s'agissait d'Orcs, ceux-là même qu'il souhaitait éviter en contournant Bastet. Ahah. Douce ironie. Et contrairement aux chats, ils ne semblaient pas être uniquement intéressés par leurs vivres... Non, ce qu'ils voulaient, c'était leur vie. C'était bien leur veine, ça. Étouffant un juron, il attrapa la muse au vol et accéléra encore l'allure. Hors de question qu'il les laisse les rejoindre, et pour ça, il avait l'avantage de la course. Ses longues pattes étaient faites pour les grandes distances, au contraire de celles des Orcs, très courtes et faites pour les maintenir au mieux durant un combat. Combat duquel il ne sortirait jamais vainqueur si ce dernier devait avoir lieu. La'ënma avala sa salive et serra plus fort contre lui la jeune femme tandis qu'il esquissait un virage vers la droite. Mais Euterpe hurla, juste à temps.
« NON ! NON, PAS À DROITE ! »
Et effectivement, tourner à droite se révéla avoir été une idée presque suicidaire. Un glaive s'abattit à l'endroit exact où il s'était trouvé la seconde précédente, et vu la lame, il ne s'en serait certainement pas tiré. Ses enjambées s'allongèrent alors qu'il tournait à gauche, du coup, et qu'il évitait une nouvelle volée de flèches. Dans ses bras, Euterpe se raidissait de plus en plus.
« Tu as peur ? Se sentit-il obligé de lui demander après une nouvelle volée de flèches. Pour toi seulement, La'ë. Tu devrais faire attention à toi Euterpe. Toute immortelle que tu sois, je persiste et signe. Rien ne nous dit que tu es invulnérable... Mais je ne me suis jamais blessée ! Quoi ??? Non, rien La'ë, je parlais à- ATTENTION ! »
Le Lazreg baissa la tête juste à temps alors qu'une lame tranchait l'air à l'horizontal juste au dessus de lui. Elise poussa un soupir de soulagement en le découvrant indemne et pria tous les dieux de son panthéon pour qu'il le reste. Toute cette histoire lui rappelait furieusement sa propre époque marquée par une profonde violence. Une seconde, le souvenir d'Orphée lui revint en mémoire et la muse se rembrunit. Elle n'eut cependant pas le temps de réfléchir longtemps que déjà résonnait une nouvelle musique.
« PRENDS CE TUNNEL ! »
Le Lazreg l'écouta et se jeta dans le tunnel. Ils glissèrent de longues minutes et débouchèrent au fond d'une cavité souterraine et surtout déserte. La muse s'autorisa un soupir de soulagement et chuchota.
« Il n'y a personne d'autre que nous, à première vue... Tant mieux. Je suis totalement d'accord avec lui. »
Elise adressa un sourire au jeune Lazreg et observa les environs. La'ënma semblait vraiment contrarié par l'endroit où ils se trouvaient et elle n'aimait pas vraiment ça.
« Quelque chose ne va pas, La'ë ? Chuchota-t-elle d'une voix d'où perçait l'inquiétude. Je ne connais... Absolument pas ces tunnels. Je crains que nous soyons perdus. Mais l'avantage, c'est qu'au moins, les Orcs ne sauront pas mieux s'y déplacer que nous... Enfin j'espère. Oh, si c'est que ça, laisse-moi te guider, je retrouverai la sortie ! Attends, Euterpe, tu n'as jamais mis les pieds ici, toi non plus. Chhhht, Rafiki, je sais ce que je fais ! »
Le Mandrill fit donc silence, accompagné par le regard dubitatif de La'ënma.
« Tu es déjà venue dans ces tunnels, Euterpe... ? Ah, tu vois ?! Non, mais je vous dis que je sais où aller ! Alors faites-moi confiance ! Parce que ton Verdiio doute aussi de toi ? Oui. Non ! Oh si. Tu es sûre ? Oui je suis sûre de moi !! Et bien je vais te le redire : je doute de tes capacités à te retrouver dans un endroit dont tu ne connaissais même pas l'existence durant l'heure précédente. Grmlmml ! Viens par là toi. »
Elle attrapa le bras du jeune Lazreg et c'est d'un pas décidé qu'elle se dirigea vers l'une des huit directions potentielles.
« A-Attends Euterpe ! Non, je n'attendrai pas ! Vous allez voir, tous les deux ! »
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Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Ven 21 Aoû - 0:40
RESERVATION D'UN SECOND POST "JUSTE AU CAS Où"
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Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Ven 21 Aoû - 13:42
POST EN COURS J'AI ENCORE LA FIN À ÉCRIRE ET LES MUSIQUES À METTRE ET LES COULEURS BREF JE SUIS PAS DOUÉE POUR RESPECTER LES DÉLAIS!
(Don’t Starve theme)
Le soleil se levait doucement sur le royaume de Meïlledeï, aspergeant ses plaines et ses montagnes de sa chaude lueur, réveillant le petit peuple de toute sa tendresse. C’est ainsi que nous retrouvons Rita, qui marchait, de bon matin, sur une grande route de campagne, entourée de fleurs sauvages et de jolis petits colibris champêtres, toute guillerette de se promener en si bonne compagnie que fut la mienne et enthousiaste quant au voyage qu’elle s’apprêtait à commen-
- Enthousiaste mon oeil, ouais ! Je voudrais t’y voir, marcher toute la nuit parce qu’un fichu ours-zèbre a jugé bon de me charger… Et en plus maintenant je dois avancer sur un chemin pourri rempli de trous de taupes pourris, rendu complètement boueux par l’orage QUE J’AI DU ESSUYER TOUTE LA NUIT ! En plus, tout ce que j’ai c’est ce sac que m’avait donné Aidan, qui contient, attention tenez vous bien : un trognon de pomme, une plume foutusement magique et une chaussette. UNE CHAUSSETTE ! Rose bonbon en plus… Uh, j’ai sommeil.
Dis toi qu’un autre ours-zèbre aurait pu croiser ta route ce matin. Ils sont assez territoriaux en général, et on est en plein dans leur réserve.
- Parce que ces machins là sont en voie d’extinction en plus? Les pauvres… M-mais, on est dans une réserve???
Quoi qu’il en soit, il fallait que la jeune fille se dépêche, car un terrible mal se pressait aux portes du doux royaume ensoleillé, et que sa présence aux terres de Raknor était requise au plus vite.
- Whestley.
Pourtant, peu de personnes aimeraient s’y aventurer, car l’endroit était sombre, parsemé de marais putrides et gouverné par un roi sorcier des plus impitoyables, celui dont on ne pouvait prononcer le nom, celui qui-
- Bla bla bla c’est un méchant Voldemort et c’est Bibi qui doit s’en occuper, je sais je sais. Mais, Whestley, les réserves ne sont pas généralement hyper protégés et surtout, SURTOUT, interdites d’accès?
C’était le chemin le plus court, et puis tu n’arrêtais pas de te plaindre après la course poursuite avec les libellules carnivores. J’ai pris sur moi de t’y emmener.
- Je savais qu’il fallait pas passer au dessus de ces barbelés.
Personne ne nous remarquera. De plus, regarde, tu en sera bientôt partie, je vois déjà la clôture.
- Chouette, le retour des barbelés. Je sors la chaussette.
- Qu’est-que ça te dirait d’sortir avec moi, plutôt?
Une voix sortie d’on se sait où s’adressa à la jeune femme. Celle-ci, chaussette à la main, observa les alentours, ne remarquant la présence de personne, sinon de celle d’un corbeau à l’air vicieux et au plumage moucheté de blanc, comme s’il s’était… Ahem. Il était perché en haut d’un pin dépouillé de l’autre côté de la clôture, et fixait la banshee de ses deux billes noires. Un instant de silence poursuivit, les deux créatures se dépouillant du regard, avant que, étonnamment, l’oiseau ne croate une phrase des plus distinguées :
- Après tout, c’est que c’est le rêve de toute mamzelle que de se taper un poto comme moi.
C’est peu dire si l’on résume la surprise de Rita à sa bouche tombante, la stupeur résumant son seul discours à un bégaiement incompréhensible. L’oiseau se gratta le bec sur une de ses pattes, laissant le temps à la jeune femme de recouvrir sa capacité de langage.
- Claque moi, je crois qu’il y a un corbeau qui est en train de me causer.
- J’suis pas qu’un corbac, ma belle. Nan, vois-tu, j’suis un prince moi ! Moi j’suis distingué, t’as vu?
Distingué? Même un crapaud saurait parler plus correctement. C’est un rire nerveux, Rita, ou c’est que ma comparaison t’a vraiment été amusante?
- Je suis à bout, Whethley, à bout.
- Même que j’ai été maudit par une saleté de sorcière, t’as vu. Et pas n’importe laquelle des sorcières, mais la Générale des armées du Roi Sorcier lui même, t’as vu. Celui qu’on doit pas dire son nom, wesh. La madame s’appelait Gwendoline, et pis j’ai eu le malheur de lui dire que c’était un nom de bouffeuse de minou, t’as vu.
- Charmant.
Je dirais même plus : délicat.
- Bah, du coup, elle m’a jeté un sort quoi. Genre j’étais trop bourré, ce soir-là, et elle m’a traité d’homophobe et tout. Et de raciste aussi, mais ça c’est parce qu’elle est renoi, mais moi j’avais rien dit sur ça, sérieux… Bah ouais c’est une vaudou.
« Excuse-moi, mais tu vas parler longtemps comme ça? Non parce que, c’est loin de ne pas être passionnant, cependant j’ai pas très envie de me faire choper, là… »
« Nan mais attends, en plus elle m’a posé un ultimatum, genre : si je ne lève pas la malédiction avant que mon plumage ne soit complètement noir, ben j’suis dans la bouse d’ours-zèbre jusqu’au bec. Au début j’étais tout blanc, et là on dirait que je suis couvert de charbon. »
Le corbeau déploya ses ailes d’ébène, certaines plumes déteignant encore d’un blanc éclatant. Le pauvre ensorcelé avait pourtant une fière allure de corbeau : un bec brillant, des griffes acérés, sûrement capables de transpercer n’importe quel métal -n’est-ce pas Rita- et des ailes qui, bien que pas très uniformes dans la couleur, pouvaient le transporter à des miles sans se fatiguer un instant. À croire que le destin ou la sorcière avaient fait preuve de clémence. Un prince ensorcelé serait peut-être d’un bon secours dans cette aventure, se dit alors Rita.
« D’une part, ne commence pas à interpréter mes pensées. D’autre part, il n’est pas question de me trimbaler un truc aussi vulgaire, hein. Je t’ai déjà toi, et c’est déjà relativement lourd. Sinon, je peux toujours utiliser la chaussette. Hein, n’est-ce pas Jean-Louis? » rajouta-t-elle en enfilant la dite chaussette sur la main.
« Tout va bien beauté? M’enfin, j’me doute que c’est pas trop le cas, vu la tronche que tu tires… T’as passé la nuit dans les ronces ou quoi ? »
« Écoute » , soupira la jeune femme, « Je suis désolée de tout ce qui t’es arrivé, vraiment, mais là je dois vraiment rentrer chez moi. Et je te dis pas le bordel que je dois faire avant. Bref, à la revoyure. »
Remontant son jupon déchiré, la banshee commença à grimper le grillage, alors que le corbeau s’envola, avant de se poser sur le sol, juste de l’autre côté de la barrière.
« Attends mamzelle, j’ai besoin de toi en fait. La sorcière, après qu’elle est partie, ben elle avait rien laissé d’autre que une herbe desséchée de ses babioles qu’elle porte au cou. Alors, j’suis allée chez une chamane, qui m’a dit que la seule personne qui pouvait m’aider était quelqu’un aux yeux verts. Ouais c’est pas très précis mais valà, c’est ma seule piste. »
L’oiseau s’arrêta un instant, lorsque la banshee lâcha un gémissement de douleur au contact du barbelé. Même avec la chaussette, il lui transperçait la peau. L’oiseau admira alors le courage de la jeune femme, car en comparaison avec celui qu’il était avant, elle continuait à avancer dans les fils coupants, malgré l’état de fatigue évident dans lequel Rita se trouvait.
« N’essaye pas de me réconforter Whestley, s’il te plait. »
« Et pis, j’suis tombé sur toi et direct je savais que tu pouvais m’aider. Genre, y a eu une connexion astrale et tout »
« Qu’est-ce qui, humpf, t’a fait dire ça? » demanda-t-elle, se plantant une nouvelle fois la main sur un noeud piquant. « L’air de pauvrette que je dois certainement avoir ou alors les dizaines de branches qui forment un nid avec mes cheveux? »
« Cherche pas, c’est un signe ! »
La banshee soupira à nouveau, avant de passer une première jambe au-dessus du barbelé, s’accrochant tant bien que mal à la clôture avec sa main gantée. Désormais devait-elle trouver un moyen de passer l’autre jambe sans perdre l’équilibre, ce qui était malheureusement arrivé à l’entrée. Cependant, elle ne put guère avoir le temps d’y réfléchir, car un brouhaha pressant parvint aux oreilles des deux personnages. Rita, prise de frayeur, entreprit de se balancer rapidement, quand bien même se ferait-elle bien mal au dos en tombant. Toutefois, sa jupe se coinça dans les barbelés, et aussitôt la voilà pendue au dessus du sol, la jambe droite coincée dans le tissu et se plantant méchamment dans le fil coupant. Elle cria de douleur, affolant encore plus l’oiseau, qui piétinait des pattes en croassant:
- Dépêche-toi mamzelle, les gardes arrivent ! Et à les entendre, ils ont emmenés les chiens-chèvres!
Rita lui lança un grognement en guise de réponse, trop occupée qu’elle était avec sa jambe qui la lançait. L’oiseau hésita un instant, la course des soldats rugissant de plus belle, partagé entre son instinct animal et l’espoir que cette jeune femme représentait pour elle. Il repensa à sa famille, dont les visages paraissaient de plus en plus flous, au fur et à mesure que son plumage se noircissait de détresse. Il ne savait même plus à quoi ressemblait sa plus jeune soeur, sa préférée. Quoi, cela te surprend-il Rita ? Même les princes ont une famille.
Le corbeau se reprit alors, posant calmement ses serres dans le sol, avant de s’en servir comme appui pour s’envoler. Il stagna autour de Rita, avant de s’en prendre, bec et griffes, au vilain fil qui retenait la banshee prisonnière de ses crochets acérés. Ce dernier rendit l’âme bien vite, rendant lourdement Rita à la terre. Le corbeau la pressa et, rapidement, les deux compères s’enfuirent du mieux qu’ils purent, échappant ainsi à une arrestation sommaire. Un peu plus tard, dans les bois sombres de la Forêt de Clistwood, un oiseau suivait une jeune fille qui avançait lentement en boitant, veillant sur elle du coin de l’oeil. La nuit tombait doucement, plongeant les deux voyageurs dans la pénombre, accentuée par les arbres épais et la brume qui entourait, presque tendrement, la banshee. Cela n’empêcha pas cette dernière de tomber d’épuisement, laissant un oiseau affolé à son chevet.
(Avatar - 'Pure Spirits of the Forest)
Ce fut la troisième fois qu’elle se réveilla dans ce monde, et cette fois-ci fut largement plus agréable que les deux premières : plus aucune douleur ne parcourait son corps, étendu de tout son long sur un lit de mousse fluorescente, dont la lumière verte éclairait quelque peu la forêt. Lorsque Rita se releva, ses yeux eurent le plaisir d’admirer une myriade de couleur, toutes émises par les différents végétaux qui l’entouraient, des plantes en clochettes dorées aux lianes veinées de rose. Elle était elle-même entourée de lys blanc, surplombée par un saule pleureur bleuté, et sa jambe était bandée d’algues bien serrés. Le corbeau ne mit pas longtemps à venir vers elle, traversant les branches souples, l’interrogeant de son état avec une sincérité un peu trop familière. Il arrêta cependant ses dires, lorsque différentes lianes glissèrent, afin de former une silhouette quelque peu humanoïde, entourant un coeur de lumière pour finalement se détacher du sol. L’être qui venait d’apparaitre devant eux était d’une magnificence suprême, arborant sa chevelure de fleurs avec splendeur. Elle s’adressa à eux, doucement, respectant le doux silence des bois touffus.
« Je me nomme Clavi, et je vous souhaite la bienvenue dans la Forêt de Clistwood, ainsi nommée par les autres habitants du royaume, je crois. Je vous ai trouvé un peu plus en contrebas, malencontreusement blessée, et j’ai cru bien faire en vous soignant du mieux que je le pouvais. Est-ce ça va mieux? »
Clavi tendit sa main végétale vers la banshee béate, qui lui rendit son geste humblement. L’esprit de la nature aida alors Rita à se relever, sous le regard stupéfait du corbeau, qui, ayant été humain, n’avait jamais croisé telle créature de sa vie. Les esprits de la forêt ne se montraient généralement jamais aux autres races, préférant de loin la compagnie des animaux et des créatures aquatiques. Rita lui adressa donc ses remerciements, avant de se présenter elle-même. Les deux créatures semblaient bien s’entendre, un lien de confiance très ancien prédominant sur le scepticisme des mondes modernes.
« J-je crois bien que oui. Où sommes-nous au juste ? » bégaya Rita, lançant des regards autour d’elle, et à qui le corbeau répondit par un haussement d’épaule.
« Vous vous trouvez dans mon sanctuaire !» expliqua Clavi avec fierté, tandis qu’elle porta ses racines vers les hauteurs du saule pleureur. « Il n’est pas bien grand, surtout comparé à l’esprit mère. Mais c’est mon petit chez moi ! »
L’esprit se dirigea ensuite vers le rideau de feuille, qu’elle entrouvrit pour créer un passage, illuminé par quelque champignons orangés.
« Venez, je vais vous faire visiter. »
À la suite de Clavi, les deux autres personnages sortirent du sanctuaire et s’enfoncèrent dans les bois illuminés pour un petit tour des lieux, promenade au cours de laquelle Rita conta son aventure. Elle confessa aussi la mission dont elle avait été chargée, et pour laquelle elle avait été amenée si loin de chez elle : défaire le Roi Sorcier, souverain des Terres de Raknor. Tout du moins allait-elle essayer. Lorsque le trio arriva au mythique Lac des Gelées, ainsi nommé car sa surface était toujours mystérieusement recouvert d’une fine couche de glace, Clavi se retourna vers les deux autres :
« Je me doute de vous prendre un peu au dépourvu, mais j’ai le sentiment que je dois vous accompagner. Rita, accepteriez-vous de m’avoir en votre compagnie ? Le chemin vers le royaume maudit n’est guère périlleux, mais, une fois là-bas, vous ne pourrez vous débrouiller seule. Les seules plantes qui ont pu poser leur graines là-bas y sont mortes, empoisonnés par leur eau purulente et les pluies acides. Certaines ont même été emportées dans le royaume des morts par les marais maudits, remplis d’esprits damnés. Je vous prie, acceptez mon aide. »
« Vous savez, si le royaume des morts voulait de moi, il m’aurait déjà emporté depuis longtemps. » souffla la jeune femme, presque en riant d’ironie. « De plus, je doute que votre Esprit-mère ne vous laisse vous aventurer sur des terres aussi dangereuses. »
« Rita.» posa Clavi, le regard grave posé dans les iris de la banshee. « Je suis forte, et je suis sûre que même notre mère le comprendra. Par ailleurs, » Le regard de la sylphe s’attendrit, dégageant de son regard phosphorescent une branche de fleurs bleues. « Entre esprits, il faut se serrer les coudes, pas vrai? »
Cela finit de convaincre la jeune femme, qui rendait un sourire tout aussi doux à Clavi.
(Kevin MacLeod ~ Sneaky Adventure)
Leur ami emplumé, profitant d’un instant de silence pour ouvrir le bec, posé sur l’épaule de Rita et l’aile nonchalamment accoudée sur le crâne de la jeune femme.
« Moi je ne te lâche pas de toute façon, poulette. Moi aussi, je sens un truc passer entre nous, tu sais? Genre, un truc… parfait. »
« Oui oui le corbac. râla la banshee, qui repoussa le corbeau d’une main. « Pour l’instant, enlève tes plumes de mes cheveux, tu me feras la cour plus tard si tu veux bien. »
« Ça veut dire qu’on est d’accord, hein ? » se réjouit-il, voletant aux côtés de Rita.
Soupirant une énième fois, la banshee rejoignit Clavi, qui se ressourçait tranquillement près d’une source, qui coulait miraculeusement. Ainsi passèrent-ils le reste de la nuit à se reposer, mangeant des baies offertes par leur hôte, avant d’aller dormir sur les lits de mousse bien fraiche. À l’aube, les trois compères entreprirent le voyage vers le royaume maudit, suivant ainsi les indications du prince bavard, afin de sortir de la Forêt de Clistwood.
Ils traversèrent ainsi les Plaines du Hachis, étonnement habités par de nombreux bouchers en puissance. Cela les força d’ailleurs à écourter leur passage, lorsque l’un de ces joyeux coupeurs de viande se lança dans une course poursuite avec nos compagnons, persuadé qu’il l’était que nos chers compagnons seraient excellents avec un bon boeuf bourguignon. Ils coururent ainsi jusqu’au pied de la Montagne des milles Dorures, appelée ainsi grâce aux magnifiques couchers de soleil, cachés les hauts sommets, et que seuls les plus aventureux des hommes avaient pu observer la beauté des crépuscules. Enfin, tout cela n’était que des légendes d’avant le Roi Sorcier, qui avait transformé un magnifique royaume en une terre putride, il y a des siècles de cela. Depuis, plus personne n’avait osé gravir les sommets. Le Prince connaissait heureusement un passage moins difficile pour ses deux amies, qui ne les obligeraient pas à gravir les hauteurs pour traverser la chaine montagneuse : le Tunnel des Trois Rouges. Bientôt arrivèrent-ils devant l’entrée, somme toute décorée d’une magnifique arcade taillée dans la pierre. Le corbeau disait qu’il s’agissait d’une entrée officielle et facile d’accès, par laquelle les armées du roi sorciers ne pouvaient guère passer, en raison d’un sort puissant qui interdisait tout passage de l’autre côté de la montagne. Rita eut beau questionner l’existence d’un tel sort, et auquel il aurait été préférable de boucher complètement l’entrée, mais le prince expliqua que, d’un commun accord, l’on avait préféré la magie à la destruction totale d’un chef d’oeuvre d’architecture. À se demander si le Roi sorcier était une telle menace que l’on préférait épargner les monuments historiques.
(In the hall of the mountain King - Kevin MacLeod)
Ainsi les trois compères pénétrèrent-ils dans la grotte aménagée, qui a priori ne présentait guère de surprise. Des torches éclairaient excellemment bien le chemin ratissé, creusé et nettoyé, et chaque paroi était munie de rampe auxquelles l’on pouvait s’accrocher, sans raison aucune, au vu de la route plate.
« J’aurais pensé que ça serait un peu plus surveillé », constata Clavi avec appréhension, « Puisque que ce chemin mène directement au sud des Terres de Raknor… »
« Y en a plus que deux à c’qui parait. Vu que le sort marche bien, y ont pas vu l’interêt d’rajouter des keufs. »
« N’empêche », ricana Rita, « Manquerait plus qu’on ait un vendeur de chouchous et on est parti pour un voyage touristique au pays des horreurs. »
« Ils faisaient ça jusqu’à l’année dernière, mais ils avaient pris des mecs en train de taguer les murs, alors ils ont commencé à faire payer l’entrée. Du coup, y avait moins de keums à se ramener. Et puis les guides réclamaient de plus en plus de sous aussi, alors restriction du budget et hop: visite une fois tous les 3 mois! Ça la ramène moins d’un coup quoi et- … Vous avez entendu?»
En effet, un bruit feutré avait attiré l’attention de l’oiseau, vers lequel ses acolytes se tournèrent. Ils fixèrent ainsi leur arrières, toujours très bien illuminés. Vu le silence qui suivit, tous continuèrent leur route sans trop s’inquiéter. Pourtant quelques pas de plus leur permirent de constater une chose : leur marche résonnait. Non pas comme s’il y avait de l’écho, mais comme s’ils étaient une douzaine de plus, à avancer au même rythme que le leur. Aussitôt tous se mirent à accélérer le pas, l’écho se faisant de plus en plus imposant dans la caverne, jusqu’à ce que leur nombre soit suffisant pour faire tomber les lanternes à leur passage. Devant nos compagnons s’étendait le tunnel, beaucoup trop long pour ces derniers qui étaient presque en train de courir. Prince voletait, Rita trottait et Clavi glissait de toute ses forces sur la paroi rocheuse, et alors les pas ne suivirent plus les leur, les dépassèrent et montrèrent enfin leurs visages terribles.
« DES GOBLINS-MOUETTES, » cria Prince, qui prit d’un coup de sang battit des ailes aussi vite qu’il le pouvait. « COURREZ POUR VOS VIES !!!!! »
S’en suivit une course poursuite des plus terribles : trois jeunes pauvrets fuyaient à en perdre haleine des créatures, certaines volantes, aux membres déformés et à la peau blanche translucide, des machins informes qui, auparavant silencieuses, hurlaient désormais « À MOI À MOI À MOI PRÉCIEUUUUUUUUUX ! » tout en faisant claquer leurs mâchoires effilées et édentées.
Dernière édition par Rita Upset le Ven 21 Aoû - 16:34, édité 4 fois
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Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Ven 21 Aoû - 13:43
SECOND POST AUSSI AU CAS OÙ
Dolores Keller
Messages : 118 Date d'inscription : 07/02/2014 Age : 28 Localisation : En train d'ausculter
Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Ven 21 Aoû - 13:54
- Et alors là j'ai glissé entre les jambes des géants et BOUM ! Je lui ai mis mon poing dans la tête ! - Oooooh !
Les petits snolings applaudirent en choeur, regardant avec admiration leur élue en train d'expliquer comment s'était déroulée sa quête. Mimant chaque passage avec de grands gestes, Dolores prenait son temps à décrire le moindre détail qui, selon elle, avait son importance. Heureusement pour elle, les snolings étaient friands d'histoire et, contrairement à la plupart des interlocuteurs de la doctoresse, ils ne partaient pas au bout de cinq minutes de discussion avec elle. Cela faisait donc plusieurs bonnes heures que Dolores mimait avec application les explosions, les courses poursuites et ses brillantes interventions contre turlututu chapeau pointu.
Mais tandis que tout le monde pensait que toute cette histoire avait bel et bien touché à sa fin, une violente secousse vint mettre à mal le discours de la jeune femme, alertant les snolings de la présence d'une menace à la surface. Dolores de son côté ne s'était rendue de rien, même pas des blocs de neige qui commençaient à tomber du plafond, préférant flatter son génie intellectuel plutôt que d'ouvrir les yeux et voir la panique prendre part au sein de son public pelucheux. Ce fut lorsqu'un d'entre eux vint lui prendre la main qu'elle se rendit compte qu'une gigantesque pelle en acier venait de transpercer le toit du château snoling et s'apprêtait à capturer plusieurs d'entre eux.
- Roooah ! Foudre !
Un puissant éclair déchira soudainement les airs et vint frapper de plein fouet la pelle mécanique qui ressortit lentement du château, visiblement durement touchée. Yvonne et Louise se frayèrent un passage parmi les snolings paniqués et rejoignirent Dolores qui contemplait la pelle, perplexe, se demandant comment un aussi gros engin pouvait bien fonctionner.
- Qu'est-ce que tu attends ? Tu ne vois pas que ce n'est pas terrrminé !? - Est-ce que ce serait un coup de Turlututu chapeau pointu ? Kweena, une idée ?
Un profond silence (exceptés les cris des snolings, les vociférations de Louise, le château en train de s'écrouler) s'imposa au lieu de l'habituelle gouaille de Kweena, perturbant une fois de plus la doctoresse qui s'était bien accoutumée à la compagnie de sa chère narratrice. Cependant le temps pour les explications n'était pas disponible, car la pelle géante enchaîna avec un nouvel assaut. Cette fois, Manfred sautillait au dessus du premier trou creusé par l'engin, accompagné par Adam, tous deux faisant signe à Dolores de les rejoindre. Évitant plusieurs blocs de neige qui tombaient du plafond, l'homonculus rejoignit sa petite troupe, permettant à Manfred d'entamer une nouvelle danse, créant un pilier de neige sous leurs pieds les menant jusqu'à la surface.
Face à eux, une immense pelle en acier noir semblait dominer le ciel, reliée à une sorte de grue truffée de câbles et de plaques de fer, elle même attachée à une minuscule caisse en bois dans laquelle huit créatures pédalaient à perdre haleine, la langue pendante… Une minute.
- C'est ça, fit Dolores en pointant le ridicule cockpit, qui contrôle ça ? cette fois en pointant la gigantesque pelle. C'est É-NORME ! Je veux la même chose ! - Pédaleeeeeez !
Les petits monstres pédalèrent de plus belle, activant à nouveau la pelle mécanique qui se précipita sur le petit groupe. Ce dernier évita en faisant un simple pas en arrière, l'engin étant en réalité incroyablement lent. La pelle s'enfonça alors profondément dans le sol, à tel point qu'elle resta coincée, au grand dam des petits conducteurs qui ne parvenaient plus à pédaler. Manfred leva ses petites pattes et enveloppa la pelle et la grue dans une épaisse couche de neige, la coinçant pour de bon. Paniqués, les monstres donnèrent toutes leurs forces, mais la grue se détraqua et souleva le cockpit au lieu de la pelle. À la manière d'une gigantesque catapulte, les monstres furent violemment projetés au loin, dans un magnifique hurlement en choeur. Dolores courut vers la machine et demanda à Manfred de retirer la neige pour pouvoir monter dans le cockpit, ce que fit le petit Snoling.
- Il doit forcément y avoir une indication sur qui a construit cette fantastique chose ! - Tu devrais plutôt te demander pourquoi ils nous ont attaqué ! - Ah ! Quelque chose est indiqué là ! Hmm…
En effet, à l'arrière du cockpit avait été clouée une plaque en acier légèrement rouillée, sur laquelle des lettres semblaient avoir été grossièrement forgées.
« Raknor et compagnie, pour une conquête du monde à petit prix ! »
Le groupe resta silencieux, perplexe devant l'intitulé de la plaque en question. Dolores pencha la tête, puis après mûres réflexions, arracha la plaque de fer de son support avant de se rendre compte que le restant des Snolings venait de sortir du château, le regard tourné vers elle, inquiet à l'idée de se faire attaquer de nouveau.
- Ne vous inquiétez pas ! Votre élue préférée va se charger de ces gredins ! Est-ce que Raknor vous dit quelque chose ?
Un vent d'effroi sembla souffler dans l'assistance, qui en dehors du château ne purent exprimer la moindre pensée. Louise et Yvonne s'approchèrent de la doctoresse, l'oiseau étant la seule autochtone dotée de la parole.
- Il s'agit des terrrres de Rrrraknor, un endroit isolé du reste du monde où personne n'ose se rendre, de peur de ne jamais y rrrevenir. - Ah ! Très bien. En tout cas ils y construisent de jolies machines ! On y va ? - C'est à plusieurs jourrrs de marche d'ici ! Nous ne sommes pas des élus, seule l'élue doit sauver le monde ! Vous n'êtes donc jamais fatiguée ? - Je suis en pleine forme ! Et puis vous êtes un peu des élus vous aussi, je refuse de sauver le monde si mon petit groupe ne m'accompagne pas !
Louise, qui avait espéré pouvoir retourner à ses occupations avec Yvonne, poussa un cri plaintif, comprenant que son voyage était loin d'être terminé. De son côté Adam était tout à fait d'accord et se contenta d'un aboiement satisfait (si on peut parler d'aboiement), tandis que Manfred affichait toujours son adorable sourire. Les snolings se regardèrent mutuellement avant de s'écarter les uns des autres, créant une haie d'honneur devant Dolores. Un Snoling rabougri sortit alors de la foule, un long bâton dans une patte, l'autre caressant sa barbe duveteuse, et s'approcha du groupe… à son rythme. Une fois arrivé, il sortit de sa fourrure une petite pelote de laine blanche et la tendit à l'élue, qui la prit dans la main, sans bien savoir quoi en faire. Le vieux snoling ricana discrètement et toucha la pelote du bout de sa canne.
L'objet dégagea soudainement une intense énergie et se déroula à toute vitesse autour du groupe qui tenta de rester debout devant la puissance que dégageait la pelote de laine. Les fils s'élevèrent alors dans les airs avant de s'entremêler de nouveau à côté du groupe. Après quelques secondes, un gigantesque bison de laine se dressa aux côtés du groupe, une selle, également en laine, attachée à son dos. Dolores fit les gros yeux, tandis que Louise garda le bec ouvert, trop surprise pour le refermer. Le comportement de Manfred à l'égard du vieux snoling indiqua que fut là un grand honneur de recevoir un tel présent, poussant le petit groupe à s'incliner devant les énormes peluches, avant de grimper sur le dos du bison artificiel. Étant compliqué pour Yvonne de monter, un petit panier était attaché au flanc gauche du bison, suffisamment large pour lui permettre de s'installer en toute sécurité.
Tâtant la toison du bison, Dolores comprit que son corps entier était constitué de la laine de la pelote. La doctoresse se redressa alors, inspira profondément et dressa son poing dans les airs.
- Alors en route vers les terres de Raknor ! File comme le vent… euh… Edward ! *Pffrt* WOAH !
La créature partit au quart de tour, galopant à toute vitesse sur la neige et s'éloignant du peuple Snoling qui faisait signe au petit groupe pour lui souhaiter au revoir. La route fut longue et assez mouvementée, Dolores n'étant pas du tout cavalière et le bison n'étant pas une monture commune. Curieuse des capacités de la pelote de laine, et un peu désolée d'avoir nommé son bison Edward, l'homonculus toucha le dos de la créature et essaya de se représenter un gigantesque loup. La réaction de l'objet ne se fit pas attendre, si bien que la monture changea immédiatement de forme, revêtant celle d'un superbe loup blanc.
- C'est trop géniaaaaal ! Est-ce que je peux lui mettre ma tête…
Ce fut bientôt un conglomérat de visages et de bestioles qui servit de monture au petit groupe de l'élue qui ne se lassait pas de s'amuser avec son nouveau joujou.
- Arrrrrrête de t'amuser ! - Mais regarde je peux lui faire des fesses à la place du visage ! Ou alors je peux le faire à l'horizontale comme ça, avec ses pattes qui courent dans ce sens… Hohohoho, et si je créais une version géante de moi même ? Craaaaigneeeez le courroux de la terriiiiiiible Dolooooreeeeeees ! Et là hop ! Je me fais des ailes ! Je peux nous faire voler ? Il faudrait calibrer le poids avec le corps… Hmmmmm, pelote de laine ? Stylo et papier s'il te plaît ! HOHOHO c'est géniaaaaaaaaal ! Mais ça n'écrit rien, évidemment. Oh je sais ! Notre monture sera une Yvonne bis ! Mais ma Yvonne à moi. OU MANFRED ! Oh que de choix possiiiiiiiiiiiiibles ! - Roaaaaah ! Arrête-toi !
Le groupe, enfin, la chose laineuse, s'arrêta brusquement, manquant de projeter le groupe dans la neige s'ils n'étaient pas solidement attachés par des fibres de laine au corps de la « monture ». Une fois descendus, la pelote de laine reprit sa forme initiale et se posa dans la paume de Dolores qui regardait l'objet avec convoitise, encore pleine d'idées diverses et variées. Heureusement Louise vint prendre la pelote dans ses serres et la donna à Adam qui l'avala goulûment, histoire de la mettre en sécurité. La Doctoresse fit la moue, mais voyant la conviction dans le regard de l'oiseau, elle ne chercha pas à essayer de la convaincre.
- Au fait c'est dans quelle direction les terres de Raknor ? - Roaaaah ?! Tu traverses toute la plaine neigeuse et tu te le demandes maintenant !? Heureusement que ce vieux Snoling savait où nous emmener ! Il y a un portail par ici qui nous permettra de nous rapprocher de ces maudites terres. - On ne peut pas y aller à pieds ? - Nous sommes sur une île, à l'extrême pôle de notre monde ! Tu n'as pas remarqué qu'il ne faisait pas nuit ?
Dolores se tût quelques instants, étonnée par les propos de Louise. Il est vrai que depuis son arrivée, le ciel était resté blanc constamment, comme si le soleil refusait de se décrocher. À vrai dire elle ne l'avait pas remarquée, trop occupée par son nouveau don et par les nombreuses péripéties qu'elle avait traversé. Qui plus est, comme elle ne dort que très peu, le sommeil l'avait à peine tenaillée.
- Mais alors je suis ici depuis combien de jours ? - Trrrois, je pense. - Ooooh ! Je n'avais vraiment pas vu le temps passer ! Mais vous n'êtes pas fatigués non plus ? - Nous avons dormis pendant le voyage. - Ça a duré aussi longtemps ? Ma chère Dolores, le temps file beaucoup plus vite que prévu… - Tu ne te lasses surtout jamais ! Rooah !
Fière de cette remarque, Dolores posa ses mains sur les hanches et leva le menton, tandis que Louise cacha sa tête sous son aile, découragée. Ce fut après quelques minutes que le groupe entra finalement dans la caverne gelée qui leur faisait face, et qui, d'après Louise, cachait en son cœur un portail reliant l'île où ils se trouvaient avec l'extérieur. D'après elle, une ancienne tribu nomade avait parcouru le monde entier et avait construit sur son chemin des temples magiques permettant de relier des endroits très éloignés. Après de nombreux siècles, ces temples demeurèrent intact, même si la tribu qui les utilisait avait disparu. Désormais, seuls les mages au courant de tels portails pouvaient les utiliser, mais leur présence était un secret gardé par beaucoup. Louise et Yvonne étaient tombées dessus par hasard, et depuis les utilisaient fréquemment.
Après de longue minutes de marche au sein de la caverne, le groupe termina sa route dans une gigantesque cavité située au plus profond de la montagne qui bordait l'île. L'endroit était tellement sombre que même la lanterne de Dolores (qu'elle avait demandé à Adam) ne parvenait pas à éclairer à plus de deux mètres devant le groupe. Louise et Yvonne ouvrirent donc la marche, l'oiseau ouvrit ses ailes tandis que le chaudron fit tourner sa cuillère, allumant une haie de torches murales directement en direction du temple.
- C'est drôlement pratique, c'est vous qui avez préparé ça ? - Roooah ! Bien sûr que non, ces torches sont aussi vieilles que le temple ! Je vois parfaitement bien dans l'obscurité, et Yvonne également ! - Si le monde n'était pas en danger, je pense que je resterai ici jusqu'à la fin de mes jours. Je peux ? - Non. - Roh…
La cavité n'étant finalement pas le bout du tunnel, le groupe continua d'avancer prudemment sur le sol gelé, Dolores restant derrière, trop occupée à observer tout ce qui l'entourait pour suivre l'allure. Armée de sa lanterne, elle dévia inconsciemment du groupe et s'enfonça dans une autre section du tunnel, attirée par un son qui avait piqué son attention. Ce fût bientôt une sorte de souffle qui sembla provenir du fond de la caverne, comme si le vent s'engouffrait dans une minuscule fissure et soufflait dans la grotte. Gênée par l'obscurité, la doctoresse avança le bras gauche et tâta devant elle pour être sûre de ne pas rentrer dans un mur, jusqu'à ce que sa main se pose sur quelque chose d'étonnamment mouillé. Elle tâta encore, afin de s'assurer que son cerveau ne lui jouait pas des tours, puis approcha finalement sa lanterne et découvrit une truffe humide attachée à un visages dont les yeux rouges n'annonçaient rien de bon.
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- Rooooah ? Mais où est-elle passée encore ?! DOLORRRRES ! - Voilà voilà ! J'arriiiiiiiiive !
Et Dolores arriva, oui, à toute vitesse. Elle passa devant son groupe qui la regarda disparaître plus loin dans le tunnel avant de se tourner vers là d'où elle venait, un drôle de bruit se faisant de plus en plus distinct… Une multitude de yeux rouges vifs apparut au fin fond du tunnel, suivit de cris perçants et chahuteurs.
- RO-ROOAAAAAH ! Courrrrrrrez !
Une horde d'immenses chauves-souris apparut alors à la lumière des torches, furieuses d'avoir été réveillées. Le groupe courut à toute vitesse, pourchassé par l'armée de vampires aux cris stridents. Les animaux volants étaient tellement grands qu'ils se rentraient dedans en permanence et se cognaient contre les parois du tunnel, augmentant encore un peu plus leur niveau de rage. Le groupe arriva enfin hors du couloir de glace, d'abord content d'avoir pris de la distance avec les chauves-souris, puis paniqué en voyant l'immense précipice qui leur faisait face, le pont qui rejoignait les deux bords étant en lambeaux.
- C'est ennuyeux. - ROOOOAAHH ON VA SE FAIRE DÉCHIQUETER ! IDIOTE D'ÉLUE ! IDIOTE ! IDIOTE ! - Si ça se trouve elles sont gentilles ! Les Chiropteras sont très affectueux en temps norm- - SKREUUUAAAAAAAAAAAAH (oui c'est un cri de chauve-souris).
Le violent cri de la chauve-souris qui hurla sous le nez de Dolores lui fit rapidement comprendre le contraire. La doctoresse fit une grimace de surprise, gênée par l'haleine du monstre, avant de se tourner vers Adam, la main tendue. Le coffre comprit immédiatement où elle voulait en venir et cracha la pelote de laine qui, dès qu'elle entra en contact avec Dolores, se dénoua à toute vitesse et prit la forme d'un pont de corde. Le petit groupe s'y engagea sans tarder, tandis que la doctoresse ferma la marche et tendit la main vers les chauve-souris, projetant des lanières de laine vers les mammifères pour les repousser le plus possible.
Une fois de l'autre côté, la pelote reprit sa forme initiale et permit au groupe de continuer sa course, toujours poursuivi par les monstres ailés qui n'avaient pas dit leur dernier mot.
- Nous y sommes !
En effet à la sortie de cet énième tunnel se trouvait un gigantesque temple de pierre, orné d'imposantes arches et à l'architecture semblable aux temples incas. En temps normal Dolores aurait souhaité analyser le monument sous toutes ses coutures, mais la chauve-souris qui manqua de lui croquer la tête lui fit rapidement comprendre que l'heure n'était pas à l'étude. Le groupe emprunta les interminables escaliers menant au sommet du temple, luttant tant bien que mal contre les chauves-souris, et termina enfin sa course au centre d'un cercle magique gravé dans la pierre.
- Il nous faut réciter la formule, occupez les ! Roooooah ! - Très bien ! Alors bouboule de laine, que vas tu faire… Hmmmm… Une pieuvre ? Non trop classique, un hippocampe ? Trop inutile… Aha !
Dolores tendit la pelote de laine dans les airs dans une posture héroïque et invoqua un gigantesque pigeon laineux.
- Allez Manfred ! À l'attaaaaaaaaque !
L'oiseau factice poussa un puissant cri (car Dolores avait pensé à lui modeler ses cordes vocales, on a le sens du détail, ou on ne l'a pas) avant d'attraper au vol une chauve-souris dans son bec et de l'avaler voracement. La tête tordue et sans arrêt en mouvements saccadés, le giga Manfred avala une à une ses victimes dans une indifférence effrayante, toujours à la recherche d'une autre bestiole à se mettre sous le bec.
- Roaaah ! Préparez vous !
Dolores rejoignit son petit groupe et fit une nouvelle pose héroïque (elle prenait cela très à cœur), faisant signe à Manfred de reprendre sa forme de pelote. L'oiseau se dénoua alors et revint se nicher dans la main de Dolores ne manqua pas de se flatter son incroyable génie avant de disparaître dans une puissante lumière bleutée avec tous les membres de son groupe.
***
*Côa*
- Oh une grenouille ! Salut toi !
La grenouille regarda Dolores, le regard vitreux, avant de faire gonfler son thorax de la plus belle des façon, puis explosa.
- Oh. J'adore cet endroit !
Le groupe se trouvait toujours en haut d'un temple, mais cette fois non plus dans une caverne gelée, mais dans un marais fétide recouvert de roseaux et baignant dans une boue des plus verdâtres. Étonnée par la grenouille, enfin ce qu'il en restait, Dolores s'accroupit afin de comprendre d'où pouvait bien venir une telle réaction avant d'être rappelée à l'ordre par Louise.
- Nous sommes dans le Marrrais des Gluanges. Les terres de Raknor sont environ à un jour d'ici. - Le nom est très accueillant en tout cas, je sens que je vais me plaire ici ! Est-ce que toutes les grenouilles explosent comme ça ?
Louise ignora la réflexion de la doctoresse et, accompagnée d'Yvonne, commença à descendre les nombreuses marches du temple, suivie du reste du groupe, Manfred confortablement installé dans les bras de l'homonculus qui admirait activement la moindre parcelle du marais. L'endroit était complètement différent d'un marais conventionnel. Enfant, Dolores avait déjà pataugé dans un marais près de chez elle et y avait d'ailleurs découvert de nombreux batraciens au grand dam de son père, mais ce marais là n'avait rien à voir. Des forêts de roseaux encerclaient le temple, chaque tige atteignant une hauteur de 3 mètres environ, il était impossible de voir jusqu'où le marais s'étendait. Par terre le sol était recouvert de flaques verdâtres à la profondeur inconnue, entourées de langues de terre humide mais suffisamment stables pour y mettre le pied sans craindre de se retrouver la tête la première dans une maison de crapaud. En parlant de crapaud, en plus des « grenouilles qui font pof » (nom donné par Dolores), d'autres batraciens vivaient aux alentours du temple et avaient pour la plupart la taille de petits chiens et une couleur étonnante. Enfin des oiseaux à quatre ailes volaient entre les immenses roseaux, parfois accompagnés de libellules qui faisaient quatre fois leur taille. Le paradis.
- Oh regardez cet oiseau comme il a une drôle de tête ! Et ces fourmis, jusqu'où vont elles ? Leur société est la même que dans mon monde ou différente ? Vu leur taille leur cerveau leur octroie sans doute des capacités supérieures… Ces tiges sont fascinantes ! L'écosystème de ce marais est grandiose ! Adam, file moi des bouteilles pour récupérer toutes les bêbêtes que je trouve. Ooooohohohoh, mais ce crapaud est supeeeeerbe ! Bonjour ! Ses pustules sont incroyablement développées… Mais j'y pense, que peuvent manger des crapauds pareils si les insectes sont bien plus grands que dans mon monde ? Peut-être que la chaîne alimentaire est complètement inversée ! Alors cela voudrait dire que les êtres humains se trouvent au plus bas de cette échelle ! Si seulement Adam n°1 était lààààà !
Ce fut lorsque Manfred n°2 tira la joue de la doctoresse que cette dernière sortit de ses pensées et se releva, se rendant compte qu'Adam, Louise et Yvonne avaient continué leur route sans faire attention. Si cela ne tenait qu'à elle, Dolores aurait tout à fait laisser son travail d'élu à quelqu'un d'autre pour étudier tout ce qui lui tombait sous la main, mais son ami Snoling n'était visiblement pas de cet avis puisque sa manière se s'agiter montrait bien son envie de reprendre la route. L'autre Manfred est beaucoup plus patient, lui, et également bien plus mignon ! Mais Manfred n°2 était suffisamment digne d'intérêt pour Dolores pour que celle-ci l'écoute et laisse à contre-cœur ses expériences pour essayer de retrouver ses acolytes. Et n'est pas surnommé Manfred qui veut.
- Ah il y a des traces par là ! Eh ooooh !
Après une courte minute de recherche, Dolores poussa délicatement une grande tige qui lui faisait obstacle et aperçut avec soulagement ses compagnons, immobiles. Persuadée qu'ils étaient en train de l'attendre, la doctoresse les rejoignit et tapota la tête de Louise, qu'elle trouva étonnamment dure… Interloquée, Dolores se positionna face à l'oiseau et lui toqua sur le crâne, mais la sensation était identique. Ce fut après quelques secondes de réflexion que l'homonculus s'aperçut de l'état de pétrification de ses acolytes.
- Maintenant !
Sur ses gardes, Dolores effectua un saut sur le côté et évita de justesse une créature qui s'apprêtait à lui enfoncer une fourche dans le crâne. L'arme s'enfonça à la place dans le sol, l'immobilisant suffisamment de temps pour permettre à l'élue d'enfoncer son poing dans le visage gluant du monstre, le propulsant à plusieurs mètres de là au milieu des roseaux. Bientôt d'autres créatures sortirent à leur tour de la forêt marécageuse, tous cherchant à attraper leur cible qui se contenta de courir, Manfred dans ses bras, pour éviter de se faire attraper par ses ravisseurs. En effet la pelote de laine était soigneusement gardée par Adam qui n'était pas en état de la lui donner. C'est donc après quelques petits tours autour du trio pétrifié que Dolores se retrouva cernée de toute part. Les monstres étaient recouverts d'écailles et portaient une armure semblable à de l'ardoise, leurs iris fins et verticaux témoignait de leur parenté avec la famille des reptiles, tandis que leur posture les rapprochait plutôt des habituels kappa ou monstres aquatiques que Dolores avait déjà eu l'occasion de fréquenter.
- Amenez le Basilic !
La voix venait de derrière, sans doute le chef qui préférait ne pas se frotter à l'élue, trop couard pour vouloir lui faire face. Les monstres s'écartèrent progressivement, laissant la place à un drôle de reptile à tête de coq, recouvert tantôt d'écailles, tantôt de plumes lorsqu'on se rapprochait du niveau de la tête. Le monstre atteignait bien les trois mètres, mais sa démarche reptilienne faisait qu'il plaçait sa tête à hauteur de celle de Dolores. Cette dernière resta bouche bée devant la figure mythologique qui s'apprêtait à mettre fin à ses jours, avant d'afficher un sourire béat.
- S-Splendide… SPLENDIDE ! Un vrai Basilic ! Un vrai de vrai ! Où l'avez-vous trouvez ? Je peux en avoir un ? Je l'appellerai Bernadette ! C'est qui le gentil basilic ? C'est quiiiiii ? OUOH ! Ah non, on ne mange pas la tête des gens, c'est déplacé ! - Elle parle au basilic ? - Je… Je crois. - Cette crête ! Mais quelle crête splendiiiiiide ! Tu as vu ça Manfred ? Oh et ce bec doit sans doute avoir suffisamment de force pour briser des os comme des biscottes ! Ohlalaa !! J'avais pas vu les écailles des pattes ! Tu as de sacrées griffes Bernadette, le venin qui coule là dedans doit être sacrément costaud. - Mais elle ne devrait pas avoir peur ? Ce monstre me file les jetons… - Chhht, le chef va t'entendre ! - Mais qu'est-ce que c'est que ces chaînes que l'ont t'a mise autour du cou ? C'est idiot et en plus cela doit être tout à fait désagréable. Écarte une aile pour voir ? Quelle enverguuuuure ! Les livres sont vraiment trop approximatifs sur ces dimensions, je les corrigerai dès mon retour… - SILEEEEENCE !
Dolores se tût et fit un mouvement en arrière tandis qu'un membre de l'armée de monstre s'avança, plus grand et plus musclé que les autres. Son immense bouche dentelée intrigua au plus haut point la doctoresse qui avait déjà en tête de mettre sa tête dedans mais le ton agressif du capitaine l'en dissuada aussitôt.
- Élue ! Ton sort est scellé ! À présent tu vas rejoindre tes chers acolytes ! Hihihihihi ~ - HIHIHIHIHIHIHI ~
Le rire des batraciens militaires ne manqua pas de titiller l'intérêt de Dolores qui se demanda pendant un instant si elle ne faisait pas face à une armée de petites filles plutôt que des gros lézards à fourches. Les monstres levèrent soudainement les bras et bougèrent en rythme, clamant comme une prière à l'encontre du coq lézard qui commença à gonfler son imposant thorax juste sous le nez de l'homonculus qui en profita pour piquer une plume et la mettre dans sa poche, histoire de l'analyser plus tard. Mais alors que le monstre s'apprêtait à changer en pierre la géniale Dolores Keller, une imposante silhouette vint interrompre la cérémonie en s'écrasant directement sur le chef, qui se contenta d'un petit « Kyaaaah ~ » avant de disparaître entièrement dans la boue. Sur lui, un drôle d'énergumène, au visage blanc et à la langue pendante, regarda Dolores, sans un mot.
- Madame, je dois dire que votre langue est d'une beauté sans conteste. - Haaaaaaa je le savais ! J'ai retrouvé l'élue !
Malheureusement, l'éclat de joie de la drôle de dame fut brusquement interrompu par le basilic qui tenta de lui donner un violent coup de bec. Mais ce fut avec une énorme fourchette que la créature à la langue pendante bloqua l'attaque, avant de sauter derrière le basilic et de lui piquer violemment l'arrière-train. Les autres soldats vociférèrent à l'encontre de la talentueuse guerrière bomba son gros ventre avant d'entamer un petit moulinet avec les bras. Une forte lumière enroba alors son corps, puis vint envelopper le basilic qui poussa un puissant cri de douleur tandis que son adversaire ouvrit la bouche. Le monstre y fut alors inspiré en moins de deux, ne laissant pour seule et unique dernière trace le collier d'acier qui était attaché à son cou.
- Mmh ! Pas mauvais !
Les soldats firent les gros yeux face à celle qui venait de manger leur arme secrète. Puis après quelques secondes d'hésitation, tous commencèrent à fuir les bras en l'air, poussant des « kyaaaa ~ ! » étonnamment féminins. Tous disparurent bientôt entre les roseaux, laissant Dolores et ses compagnons seuls avec la créature à la langue pendue.
- J'ai bien mangé ! Miam ! - Miam ? OOOOOOOOOH ! OOOOOOOOOOOOOOOOOH ! Mais j'aurai dû le deviner tout de suite ! Kweena je me demandais où tu avais disparu ! - J'arrivais plus à parler dans ta tête, alors je suis venue ! - Arg mais Bernadette s'est faite mangée ! Ah damnation, je ne sais pas quoi faire si je dois être triste pour elle ou enchantée d'avoir découvert une nouvelle race géniale ! En plus cette chose que tu as fait pour la manger était stupéfiante ! J'adorerai l'étudier ! Arg mais Bernadette… Mgnnnn c'est trop compliquéééé !
Ce fut après une longue et douloureuse lutte psychologique que Dolores jugea que la perte de Bernadette était nécessaire pour faire avancer la science, et qu'elle fera partie intégrante tu souvenir mondial du basilic. Et puis elle avait toujours sa plume ! Ce n'était pas une si grande perte finalement.
- Il y aurait un moyen de les soigner selon toi ? - Miam ! Ouip, il faut utiliser… ça !
Après avoir fouillé dans ses poches, Kweena sortit une petite épingle dorée et piqua délicatement les trois acolytes pétrifiés chacun leur tour. La couche de pierre qui recouvrait leur corps commença alors à se fissurer avant de partir en miette, laissant enfin la douce voix de Louise sortir de son bec.
- ROOOOOOOAH C'EST LA FIIIIIN, LA FIN LA FIN LA FIIIIIIIN ! ROOOOOAH ! ROOOOOOAAAAH !! Ro…h ?
L'oiseau s'immobilisa, gênée, avant de replier ses ailes comme si de rien était, le bec haut. Dolores tapota le crâne emplumé de sa comparse et montra son affection à ses deux autres coéquipier avant de leur présenter Kweena qui hocha vivement la tête en signe d'amitié. La Kwe (car c'était le nom de son espèce) avait une apparence plus qu'improbable et ne ressemblait à rien que Dolores connaissait déjà. Vêtue d'une large tenue de cuisinière, et la tête surmontée d'une charmante toque en forme de champignon, la gourmande guerrière n'avait pour traits du visage que des yeux maquillés de croix rouges et une large bouche d'où dépassait une imposante langue longue de près d'un mètre. Exceptées ses mains, la totalité de son corps était recouverte de tissu, empêchant toute analyse détaillée de la morphologie de la drôle de dame. Et bien que la doctoresse y vouait un intérêt certain, Dolores ne chercha pas à analyser Kweena sous toutes ses coutures, trop satisfaite d'ajouter un nouveau membre à son équipe haute en couleur.
Par chance, Kweena vivait dans le marais et connaissait parfaitement sa topographie. Fervente amatrice de grenouille, elle passe ses journées à les pourchasser pour se remplir le ventre, et bien que ce drôle de régime convienne à peu de monde, Dolores trouva cela tout à fait adéquat avec le personnage. Bizarre était le mot préféré de l'homonculus, et Kweena incarnait ce terme à merveilles. La Kwe servant donc de guide, le groupe progressa doucement au sein du marais, à l'affût d'une moindre attaque de la part des monstres inconnus.
- À propos Kweena, tu connais ces monstres qui nous attaquent depuis tout à l'heure ? - Non, miam ! Mais ils ont mauvais goût. - Ce sont les envoyés du démon de Raknor, roooah ! C'est évident ! Ils veulent mettre des bâtons dans les roues à l'élue pour régner sur le monde ! - Aaah ! Alors c'est pour ça qu'on y va !
Le poing dans la paume, Dolores fit le rapprochement entre l'attaque de la pelle géante et des guerriers reptiliens et comprit enfin pourquoi elle devait se rendre là-bas, au grand dam de Louise qui venait de se rendre compte que finalement, la doctoresse n'avait rien compris de la situation, et que ce n'était pas Kweena qui allait lui expliquer quoi que ce soit.
- À votre avis Turlututu chapeau pointu était avec eux lui aussi ? - Peut-êtrrre. Les forces du mal sont trrrès actives ces temps-ci, les affaires d'Yvonne tourrrnent moins bien que d'habitude. - On y est ! Miam !
Le chemin boueux s'arrêta enfin, fermé par un portail en bois putréfié dévoré par les champignons. Ce fut après de nombreuses minutes (car Dolores traînait les pieds, trop intriguée par les champignons en question), que le groupe quitta finalement le marais des Gluanges, saints et saufs grâce à Kweena qui, pendant le trajet, n'avait pas manqué de décrire l'écosystème complet de l'endroit, classifié par catégories de goûts. Vous saurez donc que les grenouilles à tentacules turquoise ont un goût semblable à celui des bulbes de plantes carnivores à tâches blanches.
- Il commence à faire tard, il faudrait peut-être dormir non ? Et si j'utilisais la-*splortch* Hm ?
Dolores baissa la tête et leva le pied, surprise par la consistance de la chose sur laquelle elle venait de mettre le pied. Une drôle de mixture gélatineuse était en effet sur le sol, sous forme de grandes traînées colorées bizarrement disposées. Ce n'était plus de la boue, le marais était un peu loin et le sol était dur désormais, cette matière visqueuse venait donc de quelque chose, ou de quelqu'un.
- Faites attention, je crois qu'un énorme truc baveux est passé par ici.
Le groupe s'arrêta à son tour, surpris de voir que devant eux aussi des traînées de matière gélatineuse étaient soigneusement tracées. Une douce lumière y jaillit alors, à la surprise générale qui se rendit compte qu'une drôle de créature venait d'apparaître entre eux, sans un bruit. La bestiole, ou plutôt l'individu comme en témoignait ses vêtements, était semblable à une grosse limace, avec deux petits bras en dessous de ce qui devait être la tête, l'un portant une canne qui faisait sa taille. Une imposante barbe rondouillarde à l'aspect tout autant gélatineux tombait entre les bras du drôle de bonhomme qui salua humblement en se courbant, face à Dolores.
- L'oracle avait raison, l'élue passera par l'un de nos cercles de bénédiction. Je suis le cardinal Sblugblgleblu, membre de la communauté des Bilgublaboulb. Votre chemin sera encore semé d'embûches, et vous êtes sans doute exténuée, vous et vos coéquipiers. Voudriez-vous nous faire l'honneur d'accepter notre invitation à vous reposer au sein de notre cloître ?
Le silence s'empara de Dolores qui ne pouvait s'empêcher de regarder la drôle de limace blanche qui lui faisait face. À y regarder de plus près, le dit cardinal portait en effet sur la partie supérieure de son corps un voile de tissu bleu roi soigneusement enroulé pour former une sorte d'uniforme religieux, comme une chape, dont les couleurs et les dorures avaient sans doute une signification particulière. Mais quelque chose en particulier retint son attention.
- Votre nom c'est Sblargeubleubah ? - Sblugblgleblu. - Sbluglebleubleu ? - Sblugblgleblu, avec un u à la fin. - Sblublgaleblu ? - Sblugblgleblu, ou si vous préférez Sblglb. - Roh comme j'adorerai savoir faire ça avec ma bouche. Sblglbleeeeblbu. - Et pour l'invitation ? - Hm ? Ah euh avec plaisir, n'est-ce pas ? - Roaaah, je n'y vois pas d'inconvénient, Yvonne est exténuée. - Il y a a mangé là-bas ? - Nous avons des blogbladubldbla ainsi que de la beldblabli de la plus haute renommée. - Miam ça a l'air bon ! On y va Dolores ? - Allez ça marche ! C'est par où Sblug…gleurb…dla ? - Sblugblgleblu. Le son « r » ne fait pas partie de notre alphabet, il n'est donc pas présent dans les noms de nos membres.
Tandis qu'il expliquait les fines précisions linguistique dont son langage jouissait, Sblugblgleblu tapa sur le sol avec son bâton, animant soudainement la matière gluante qui jonchait le sol. Le cercle magique qui en effet était tracé avec la bave s'activa alors et brilla d'une intense lumière, absorbant la totalité du groupe dans une incarnation lumineuse d'une énorme limace qui s'envola à travers l'horizon. Oui, les Bilgublaboulb ont le sens de l'esthétique.[/color]
Dernière édition par Dolores Keller le Ven 4 Sep - 13:51, édité 5 fois
Dolores Keller
Messages : 118 Date d'inscription : 07/02/2014 Age : 28 Localisation : En train d'ausculter
Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Ven 21 Aoû - 13:55
Après quelques minutes de vol gracieux, la limace plongea en direction d'un immense monastère et s'écrasa dans la cour principale, faisant apparaître dans une vague de lumière le petit groupe admiratif des capacités de leur hôte.
- Tu sais pas faire, ça, Louise ? - Roooah, c'est de la magie blanche de haut niveau, Yvonne et moi sommes uniquement capable d'utiliser de la magie noire. - Une magie reconnue comme destructrice mais, entre de bonnes mains, se révèle être une arme redoutable contre le mal lui-même.
Le ton ex-cathedra de Sblugblgleblu eut raison de l'orgueil de Louise qui cacha sa tête sous son aile, flattée par les paroles du cardinal limace. Ce dernier quitta alors le cercle magique et invita l'élue et ses compagnons à le suivre jusqu'à leur chef. Malgré son apparence de limace, Sblugblgleblu marchait, ou plutôt rampait à un rythme tout à fait raisonnable et ne faisait preuve d'aucune lenteur physique, et encore moins intellectuel.
Les couloirs du cloître étaient recouverts d'une bave scintillante mais pas collante, mais cela ne gênait visiblement pas Sblugblgleblu qui y ajoutait sa propre trace, en plus des nombreuses autres limaces que le groupe eut la chance de croiser, sans doute des moines, ou des prêtres. La hiérarchie papale n'était pas vraiment le sujet de prédilection de Dolores qui n'était pas friande des religions, mais il était clair que ces limaces suivaient le même modèle, avec sans doute certaines différences, mais le respect que témoignaient les petites limaces à l'encontre de Sblugblgleblu était suffisant pour savoir qu'il était proche du chef.
- Nous y sommes, le Pape Globlilbgbluglbablugblolb va vous recevoir, veuillez ne pas écorcher son nom, cela risque de l'irriter.
Le cardinal fit signe aux gardes limaces d'ouvrir les gigantesques portes qui faisait face au groupe avant de s'engager dans la salle, suivi par Dolores et les autres, bouche bée face à l'incroyable architecture du bâtiment. D'immenses colonnes d'eau coulaient du plafond haut d'une trentaine de mètre puis tombaient dans des fontaines aussi larges que des piscines qui récupéraient l'eau dans des courbes aquatiques surprenantes et incompréhensible. Au fond de la salle se trouvait une fontaine beaucoup plus grande que les autres, occupée presque entièrement par le pape qui, comme on pouvait s'y attendre, était une limace, oui, mais surtout une limace colossale dont la tête touchait presque le plafond. Cela expliquait la longueur du nom.
- Votre sainteté, voici l'élue… - BLOOOOOOLGBLABGLBLODUBLEBLABLOLGBALGOBLABUGBLALBLGLBLBGLABL ! - Sa sainteté a dit « Je suis honoré d'accueillir l'élue entre les murs de mon cloître, prenez votre temps pour vous ressourcer avant de reprendre votre quête. » - DABLURGBLABIDLBLDBALBLDUALDLBBLLDADBLADBGLUGLUGLUUUUU ! - Glugluglu ? - Chhht ! - Il ajoute « Une prêtresse s'occupera de panser vos blessures et vous offrir le repos, elle vous attend à la sortie de la pièce ». - OOOOOOOOOOOH ! OURMPF !
L'immense limace leva ses énorme bras avant de se retourner, éclaboussant au passage la quasi totalité de la salle, avant de commencer à ronfler bruyamment.
- Sa sainteté est à présent fatigué, cette discussion l'a épuisé. Je vous invite à suivre ses paroles et à sortir, j'espère vous revoir demain matin.
Sblugblgleblu s'inclina à nouveau puis quitta la salle par une autre porte, tandis qu'une autre limace accompagna le groupe à l'autre sortie, là où les attendait leur guide. Cette dernière apparut après que la grande porte soit fermée, visiblement un peu gênée et intimidée. Contrairement au cardinal, son habit n'était pas aussi décoré, la couleur était un rose poudré humble et les ornements étaient tissés dans un fil blanc aussi immaculé que la peau de celle qui le portait. Dans ses petites main, un plateau comportant d'étonnantes mixtures étaient alignées, sans doute des hors-d'œuvres.
- J-Je suis ravie de vous rencontrée, élue. Je suis la prêtresse Glagblibdbladubla, mais pour conforter votre diction, vous pouvez m'appeler Mimi. Voici quelques entremets avant que vous ne veniez prendre part au repas.
À peine Mimi (oui on va pas répéter son nom compliqué à chaque fois non plus !) eut-elle prononcé le mot « entremet » que Kweena se jeta sur les étonnantes mixtures et les bût cul-sec avant de flatter la jeune prêtresse pour son excellente cuisine. Très gênée (c'était elle qui les avait préparées), Mimi s'inclina et invita le groupe à la suivre, pour qu'elle leur présente l'intégralité du cloître. Ce fut enfin après plus d'une heure de visite riche en renseignements et découvertes que le groupe trouva la salle du banquet où toutes les limaces étaient réunis, au plus grand plaisir de Kweena qui pouvait enfin goûter les spécialités du peuple gluant, avant d'aller dormir dans une section privatisée pour l'élue et ses compagnons. Une fois la nuit tombée, le groupe s'endormit rapidement, même Dolores, exténué par la longue route parcourue.
***
Lorsque Dolores rouvrit les yeux, il était tôt le matin à en juger par l'intense lumière blanche qui traversait les vitraux faisant office de fenêtre, l'aube pointait le bout de son nez, et tout le monde était encore en train de dormir. La doctoresse se leva, s'étira quelques secondes et commença à faire le tour de la chambre, sans un bruit, intriguée par les nombreux bibelots sacrés qui traînaient ici et là dans les renfoncements des murs. Ces limaces étaient (sans vilain jeu de mot) sacrément pieuses, toutes agissaient de manière retenue et délicate, leurs propos étaient clairs et réfléchis et leurs vêtements soigneusement portés. Contrairement à ce que Dolores pensait au début, elles ne suivaient pas tout à fait la hiérarchie papale, car bien qu'elles s'en rapproche beaucoup, la présence des prêtresses indiquait aussi leur parenté avec d'autres religions monothéistes. Il n'était pas question de nonnes ou de bonnes sœurs, toutes les dames limaces étaient soit des prêtresses, pour les plus jeunes, soit des saintes, le rang le plus élevé dans l'échelle féminine étant l'oracle. Une question demeurait cependant en suspend dans la tête de l'homonculus, comment des limaces pouvaient avoir bâti une société pareille ?
Malheureusement Dolores ne put y réfléchir plus longtemps, interrompue par une violente secousse et l'entrée précipitée de Mimi dans la chambre, provoquant le réveil des autres membres du groupe. Un sceptre à la main, la jeune limace paniquée tourna en rond quelques secondes, se parlant à elle-même, avant de se rendre compte que sa précipitation avait réveillé l'élue et le reste de l'équipe.
- N-Nous somme attaqués ! Les envoyés de Raknor sont venus pour chercher l'élue, le cardinal Sblugblgleblu m'a chargée de vous conduire jusqu'aux tunnels souterrains pour vous échapper ! - Mais vous n'avez pas besoin d'un coup de main ? - J'ai pour interdiction de vous demander de l'aide ! Et, je suis désolée, mais les membres du cloître sont des mages très puissants, ils retiendront les forces du mal suffisamment longtemps pour vous permettre de fuir… - Allons, ils ne doivent pas être si nombreux ! Jusqu'ici ils n'étaient pas très mé- woah !
Le mur de gauche de la chambre explosa alors, laissant entrer une imposante main mécanique qui avança en direction du groupe, à une vitesse bien plus importante que la pelle mécanique chez les Snolings. Profitant de la brèche, des soldats de Raknor entrèrent à leur tour dans la chambre, armés jusqu'aux dents et bien plus intimidants que les reptiles des Gluanges.
- F-Fuyons ! - Mais avec la pelote je suis sûre que- - Roooah, écoute-la ! Ils sont beaucoup trop nombreux, leurs armes tranchantes auront rapidement raison de la pelote snoling !
N'ayant pas vraiment le temps d'argumenter, Dolores fut tirée vers la porte de la chambre et sortit en tout hâte, suivie par Kweena qui, avant de rejoindre la marche, entama à nouveau son magique moulinet des bras avant d'invoquer une énorme grenouille sur les troupes ennemies. Le gigantesque batracien bloqua entièrement la sortie, et écrasa au passage une bonne partie des intrus, donnant au groupe une petite longueur d'avance sur ses poursuivants, bien que d'autres soldats étaient déjà parvenus à entrer de l'autre côté.
- Par ici !
Mimi rampait du mieux qu'elle le pouvait et guidait le groupe tant bien que mal, même si tout le monde courait bien plus vite qu'elle. Après une succession de couloirs, le groupe aboutit dans un jardin extérieur, dont l'autre extrémité guidait aux couloirs souterrains. La fine équipe s'apprêta à s'engager dans le carré de verdure lorsque Louise vociféra des mots incompréhensibles, faisant reculer le groupe d'un pas. Au même moment, un monstre énorme tomba de nulle part et barra la route à l'élue et ses coéquipiers.
- Un béhémoth ! Miam ! - Il est trop beeaaaaau ! - Roooooah ! Ces monstres sont trop puissants, nous ne pouvons rien faire ! - Il y a un autre passage ! Il faut passer par les clochers !
Dolores étant trop absorbée par le monstre qui venait d'apparaître, c'est Louise qui accepta la proposition de Mimi et qui demanda à Kweena de prendre l'élue sur son épaule pour arrêter de les ralentir. La Kwe le fit non sans déception, désireuse de savoir quel goût un colosse pareil pourrait avoir. Avant que la doctoresse n'eut le temps de faire un câlin à la créature, Kweena la prit donc par la taille et la posa sur son épaule en sac à patate avant de suivre le groupe qui avait pris un peu d'avance.
Les limaces luttaient admirablement, toutes se révélaient être de puissantes magiciennes et parvenaient à repousser d'importantes troupes ennemies au sein des couloirs du cloître. Ainsi, grâce aux gastéropodes ecclésiastiques, le groupe arriva jusqu'à un escalier dérobé menant au sommet d'un des clochers, et s'empressa de l'emprunter. Une fois au sommet, le groupe découvrit à sa grande surprise le bâtiment sous un jour complètement différent. Mais le plus important n'était pas l'architecture surprenante du cloître, non, c'était sans conteste l'énorme vaisseau flottant au dessus de ce dernier, accompagné par une armée de robots et autres monstres affamés, qui faisait face aux limaces, toutes regroupées pour faire barrage aux envoyés de Raknor.
- Hey regardez c'est le cardinal Sgblubglbluguedeubleuh ! - Rooooah ! Kweena par ici !
Toujours portée par la guerrière des marais, Dolores profitait de la vue pour regarder l'intense combat qui avait lieu entre les deux groupes. Les limaces étaient très impressionnantes, armées de leurs sceptres elles parvenaient à créer d'immenses boucliers magiques empêchant les robots de détruire l'enceinte du monastère, tandis que d'autres frappaient les monstres à coups d'éclairs blancs et d'intense lumière, sans doute une magie purificatrice.
Tandis que le groupe traversait les toits pour rejoindre l'autre clocher qui menait directement aux tunnels souterrain, une importante secousse se fit sentir, manquant de faire tomber Yvonne dont le corps chaudronné n'était pas des plus confortables pour rester en équilibre sur des tuiles. Tous les regards se tournèrent vers le bâtiment central du monastère, dont le toit s'ouvrit brusquement, avant de laisser apparaître le gigantesque pape Globlilbgbluglbablugblolb, porté par un intense jet d'eau venant de sa fontaine. Armé de son sceptre (qui était tout à fait riquiqui en comparaison de son corps), la gargantuesque limace leva les bras et prononça d'une voix tonnante une formule magique. Ses paroles résonnèrent dans toute la région, puis fut suivi par une intense lumière venant du ciel. D'immenses colonnes sacrées foudroyèrent alors les robots et les monstres, les réduisant instantanément en poussière. On n'embête pas papa limace.
- Vite ! Entrez !
Le groupe était finalement parvenu jusqu'à leur destination et emprunta la porte que leur ouvrait Mimi avant que celle-ci ne s'engage à son tour. Les escaliers en temps normal extrêmement longs furent dévalés à toute vitesse par le petit groupe qui termina enfin sa course dans les bas-fonds du monastère. Essoufflée, Mimi reprit légèrement sa respiration avant de pointer du doigt un cercle gluant dessiné au centre d'une intersection de plusieurs galeries.
- Avant de pouvoir aller aux terres de Raknor, vous devrez passer par les limbes de Chipoupou, car les terres de Raknor sont maudites et il est impossible de s'y transporter par magie. Soyez vigilants, les limbes sont petites mais très dangereuses, les gaz qui s'y échappent rend fou quiconque y séjourne, c'est pourquoi vous ne devrez pas vous y attarder, et-
Un grognement impromptu interrompit brusquement Mimi qui sursauta et se tourna doucement, espérant intérieurement que son imagination lui avait joué un tour. Mais la truffe humide du Béhémoth qui lui faisait face lui fit rapidement comprendre qu'elle avait bien entendu quelque chose, et aussi qu'elle risquait de finir sa vie dans l'estomac du monstre.
- Qu'est-ce qu'il se paaaaasse ? - Kweena ! Rrrrepose Dolores et aide-nous ! Brrrrasier X !
Louise bougea ses ailes dans un schéma particulier avant de faire surgir une boule de feu de son son amie Yvonne et de l'envoyer sur la tête du monstre qui poussa un cri de douleur et fit un pas en arrière, permettant à Mimi de rejoindre le groupe, tétanisée de peur.
- Prrrépare la téléporrtation, nous l'occupons ! - Ah ! O-Oui !
Le petit groupe se plaça alors en première ligne et enchaîna les projections d'épées, les énormes grenouilles et les boules de feu (Manfred ne pouvant rien faire sans neige et Dolores… son esprit scientifique aurait bien trop compliqué le combat), pour permettre à la jeune prêtresse de terminer son sort. Le cercle magique s'illumina alors et enveloppa le groupe dans une grosse limace immaculée avant de disparaître à toute vitesse dans l'un des tunnels, au grand dam du Béhémoth qui n'avait pas bien compris où était passé son futur repas.
***
- C'est-C'est très grave ! Les prêtresses ne doivent pas quitter le monastère avant d'avoir été bénies par le Pape ! - Aucun problème Mimi, nous feront attention à toi, et tu pourras te vanter d'être une coéquipière de l'élue ! C'est la classe non ? - O-Oui ~
Cela faisait un bon moment que le groupe traversait les limbes de Chipoupou, à l'affût de la moindre attaque des envoyés de Raknor. L'endroit était étonnamment calme et paisible. Certes les arbres étaient complètement pourris et un brouillard fétide occupait la totalité de la région, mais excepté le cadre inquiétant, l'ambiance était presque reposante, si on oubliait les drôles de cris qui résonnaient d'on ne sait où et les silhouettes effrayantes que l'on distinguait à peine à travers la brume. En fait, sauf pour Dolores, cet endroit filait les jetons.
- Au fait Mimi, tu sais d'où vient le nom de Chipoupou ? - Oui une légende en parle je crois… Mais je ne la connais pas très bien. Je crois qu'à l'époque cet endroit était…
La petite limace se tût à la vision d'une gigantesque tour penchée composée d'une multitude de fenêtres et à la forme rectangulaire grossière. Après quelques pas à travers le brouillard, le groupe se rendit compte que c'était une véritable forêt d'immeubles qui composait cet endroit, mais leur état de ruine empêchait de savoir depuis combien de temps ils étaient là.
- Roooah, qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? - Eh bien… Il y a très longtemps cet endroit était complètement vide mais un puissant mage solitaire, nommé Chipoupou, y a invoqué une ville, afin de ne plus être seul. L'Oracle pense que cette ville venait d'un autre espace temps, et après la mort du sage, la ville a gardé son nom. Mais après… - Les monstres de Raknor sont venus pour étendre leur territoire. Incapables de se défendre, les habitants de la ville ont tous été décimés, sauf une poignée de survivants. Tu connais bien notre histoire, prêtresse Bilgublaboulb, nous avons atteint la postérité bien malgré nous.
Le groupe s'arrêta, surpris, puis se tourna vers l'origine de la voix. Un drôle de personnage s'avança alors, le visage couvert par ce qui ressemblait aux masques qu'utilisaient les docteurs de la Peste, servant sans doute à filtrer l'air respiré, et le reste du corps recouvert de plusieurs épaisseurs de tissus, dont une capuche, empêchant toute identification de la personne cachée derrière. Une chose était sûre cependant, l'individu était humain, ou en tout cas y ressemblait fortement. Il avait, pendant à la hanche, une drôle d'arme à feu au canon très fin et à la forme jamais vue jusque là, et derrière son dos ce qui était sans doute une épée ou une arme blanche. Enfin attaché à sa cuisse, un couteau aiguisé dépassait de plusieurs couches de bandes de tissu, ainsi qu'une autre arme à feu, attaché à l'autre jambe, elle non plus jamais vue jusqu'à maintenant. L'individu pointa son doigt vers Dolores qui essayait de savoir si ce qui lui faisait face était bien un homme ou non, et lui parla directement.
- Toi, tu es l'élue non ? Tu vas affronter les monstres de Raknor ? - Hm ? Oh euh c'est exactement cela. Dit moi jeune homme, de quelle époque viens-tu ?
La question étonna le jeune habitant des limbes dont le ton agressif indiquait sa méfiance à l'égard de l'homonculus.
- Mes ancêtres vivaient au 21e siècle avant d'être transportés ici.
Dolores ne put s'empêcher de sourire béatement avant de s'approcher du garçon et de prendre ses mains dans les siennes.
- Fantastique ! C'est fantastique ! Nous venons du même monde mais pas de la même époque ! Alors le monde continuera d'exister au moins jusqu'au 21e siècle ! Incroyable ! À moins qu'il ne s'agisse d'une autre dimension… Hm Papa sait beaucoup plus de choses que moi sur ce sujet… Est-ce que le nom Keller vous dit quelque chose ? - Je ne connais rien de mon époque, je fais partie de la 2e génération de survivants de l'apocalypse. - Quel dommaaaaage ! J'aurai tellement aimé savoir si je faisais partie de la postérité ! Et vous est-ce que les légendaires vous disent quelque chose ? - … Les ? Arrêtez de me poser des questions ! Tout ce que je cherche c'est prendre ma revanche sur les monstres de Raknor ! - Hm cela voudrait dire que les deux groupes ne vivent toujours pas conjointement après deux siècles… C'est ennuyeux mais très humain dans un sens. Et est-ce que- - Raaaah, mais je n'en sais rieeeeen, lâchez-moi ! - Hm Madame Dolores, j-je pense qu'il ne sait vraiment pas, il vaudrait peut-être mieux y aller, si nous restons ici plus longtemps…
Dolores soupira, déçue. Elle avait sous les yeux un habitant du futur, et elle n'avait même pas la possibilité de lui poser autant de question qu'elle le voulait ! C'était le supplice de tantale pour une scientifique comme elle ! Aaaarg quelle déceptiooooon - Pourquoi elle se tient la tête comme ça ? - Elle fait ça souvent, il faut l'ignorrrer. Pourquoi a-t-il fallut qu'elle en rencontre un en ce moment même !? Ce monde était tellement riche et infini, et c'était sur elle que reposait la survie de cet univers ! Injuste ! C'était injuste !
- Je peux vous guider jusqu'aux autres du groupe si vous voulez… - Pour de vraaaai ? - O-Ouais, mais d'abord je veux aller faire goûter mes balles à ces enfoirés de Raknor ! - Je ne comprends pas vraiment ce que tu dis mais il n'y a plus de temps à perdre ! En route ! Et quel et ton nom au juste, petit envoyé du futur ? - Je ne suis pas petit. Et appelez moi comme vous voulez. - Oh pour de vrai !? Hmmm, dans ce cas, hmmmm, Manfred n°3 ? Ce serait trop confus. Sigismond ? - Et pourquoi pas Slubglaglbdubligblo ? C'est un surnom affectif chez nous. - RAH mais arrêtez de parler vous êtes insupportables ! Appelez moi ONI, à mon époque ça veut dire Objet non identifié. - Oni ? Ce sont des ogres aussi chez Aiko je crois bien, alors ça me va !
Le jeune homme rouspéta une dernière fois puis accéléra le pas pour ne plus avoir à faire à la parlote de Dolores qui était contente d'avoir plus de gens avec qui parler. La traversée des limbes se fit sans encombres pour la majeur partie, d'après Oni les monstres étaient surtout actifs la nuit, c'est pourquoi la recherche de nourriture et de matériaux de survie se faisaient principalement le jour. Lui et son peuple, si on peut en parler ainsi, étaient véritablement des survivants de l'apocalypse, leur ville fut totalement détruite par les monstres, et une malédiction y a même été imposée pour empêcher toute vie végétale ou animale d'y renaître. En d'autres termes, ces limbes étaient le réservoir à monstres dont les guerriers de Raknor avaient besoin.
- Chht ! J'ai entendu du bruit.
Tout le monde se tût, sauf Dolores qui continuait à parler avec Mimi qui n'avait pas entendu l'avertissement du garçon au drôle de masque. Ce dernier se répéta une deuxième fois, énervé, ce qui fit sursauter la petite limace qui s'excusa sur le champs, trop étourdie pour comprendre qu'il ne fallait pas faire de bruit.
Une imposante silhouette se dessina alors dans le brouillard, semblant s'avancer au rythme de bruits de plusieurs battements d'ailes. Oni sortit la machette attachée dans son dos et la pointa vers l'inconnu qui continua d'avancer, tandis que Louise et Yvonne se préparaient elles aussi à faire feu. Manfred et Adam restèrent en arrière, Mimi discrètement cachée derrière les jambes de l'élue, trop effrayée pour s'avancer. Bientôt, deux autres silhouettes apparurent de chaque côté de ce qui semblait être le chef. Leur forme était trapue et large, ils n'étaient rien humanoïdes contrairement à l'individu central.
- Quelle chance, je suis tombé sur l'élue sans même avoir besoin de la chercher. - Vous êtes un envoyé de Raknor !? - Oui je crois que c'est ainsi que l'on nous nomme dans le coin. Alors il y a vraiment des survivants de Chipoupou ? C'est à la fois fascinant et curieux. - FERMEZ LA !
Oni se précipita sur l'homme (puisqu'il s'agissait d'un homme à en juger par le son de sa voix) mais vu violemment projeté en arrière et retomba lourdement sur le sol aux pieds de Dolores qui l'aida à se relever, tandis que Mimi appliquait déjà ses sorts de soin sur lui.
- Ridicule. Amenez-moi l'élue.
Les deux autres silhouettes s'approchèrent et se révélèrent être des énormes rapaces, semblables à des vautours, mais bicéphales et au crâne surmonté d'une coquille noire d'une solidité sans doute à toute épreuve. Louise tenta de répliquer avec des éclairs, mais les oiseaux évitèrent aisément, profitant du brouillard, et fondirent sur Dolores qui évita au dernier moment et roula au niveau d'Adam qui ne se fit pas prier pour cracher la pelote de laine. L'homonculus attrapa l'objet et le leva en l'air (la pause héroique avant tout), s'apprêtant à mettre à terre les deux rapaces.
- Oh, merci, je la prends avec plaisir.
Contre toute attente, l'énergumène était apparu juste derrière la jeune femme et attrapa la pelote de laine avant de disparaître à nouveau et de se remontrer quelque mètres plus loin, l'objet magique dans la main.
- La légendaire laine Snoling… Voyons ce dont est capable un objet pareil.
L'homme leva à son tour la pelote de laine, profitant de ses rapaces pour prendre son temps, sachant pertinemment que l'élue et ses compagnons ne pourront pas l'interrompre. Bientôt la pelote se mit à luire d'une lumière noire profonde et froide, avant d'éclater brutalement, éparpillant les fils de laine dans toute la zone. D'immenses murs de laine se dressèrent alors autour du groupe, ainsi que des précipices, des pointes aiguisées sur le sol, des bains de lave (la laine était rouge et incroyablement chaude) et autres éléments au niveau de danger extrême. Le brouillard s'était dissipé, révélant l'apparence de leur adversaire assit sur un trône, entouré de ses vautours et de leurs copies en laine. L'homme n'en était finalement pas vraiment un, puisque son apparence laissait perplexe. Son corps entier était recouvert d'une armure noire imposante, composée d'une capuche en acier également, mais dénuée de tête pour l'occuper.
- Turlututu chapeau pointu avait beaucoup plus de charme ! - SILENCE !
Une lame de laine surgit brusquement du sol à quelques centimètres du visage de Dolores qui s'immobilisa pour ne pas offusquer son adversaire.
- Je pourrai vous tuer ici et maintenant, mais j'ai envie de m'amuser. Essayez de m'atteindre.
L'armure leva le bras gauche, donnant signe aux vautours et leurs copies de s'envoler pour attaquer le groupe de l'élue. Les rapaces déployèrent leurs immenses ailes et se précipitèrent tour à tour sur la fine équipe qui se contenta de reculer, submergé par les attaques de leur adversaire, qui les menaçait de son côté avec des lames en laine et autres armes pouvant sortir de n'importe où. Mimi leva alors son sceptre et créa un dôme protecteur autour du groupe, leur permettant de reprendre leur souffle.
- Rrroah, à ce rythme nous ne tiendrons pas longtemps ! - J-Je ne sais pas si mon bouclier supportera beaucoup d'attaques. - Nous sommes huit et il est tout seul ! Quoique, il a ses vautours aussi, et la pelote de laine… Hmmm… Ça fait 3,5 au carré ? Ou quelque chose comme ça. - Cessez de divaguer ! Nous devons trouver une stratégie !
Manfred s'avança alors au milieu du groupe et commença à lever les bras pour attirer leur attention. Il commença alors à mimer avec application ce qu'il cherchait à dire, mais rien n'était gagné…
- Il faut rouler la laine ? Non non… - Je pense qu'il veut dire que nous devons rester en boule et crier quelque chose après. - Rrroah, je crois qu'il nous demande de tomber sur le côté et faire les morts. - J-je ne veux pas vous importuner mais il me semble qu'il nous demande de rester à plat ventre, pas de faire les morts. - Il dit qu'il faut brûler la laine et la couper, c'est le seul point faible de la pelote !
Tout le monde se tût et regarda Kweena, toujours affublée de son large sourire. Manfred fit signe à la Kwe pour la remercier de son excellent travail de traductrice et se tourna vers les autres qui avaient encore du mal à comprendre comment elle s'était débrouillée.
- J'ai trouvé ça clair, miam ! - Bon, dans ce cas nous avons toutes les chances de notre côté ! Voilà le plan…
Après plusieurs minutes de discussion, Mimi fit disparaître le dôme de protection, permettant au groupe de se séparer dans le monde de laine qu'avait créé leur adversaire.
- Inutile de vous échapper ! Je contrôle tout ici ! À L'ATTAQUE !! - Adam ! Les épées !
Le point faible de la pelote, d'après Manfred, était que tout devait être relié par au moins un fil, au quel cas la magie ne peut circuler. En effet après avoir bien regardé, les copies des vautours étaient tous reliés à une partie du monde de laine par un fil fin et à peine visible. Adam ouvrit donc la bouche et fit apparaître un cercle magique sur le sol avant de cracher une nuée d'épées tranchantes en direction des oiseaux, coupant les fils de chacun d'entre eux, les faisant instantanément disparaître.
- Inutile ! Je peux en faire apparaître autant que je veux !
En effet une nouvelle armée de vautour apparurent et se précipitèrent sur le petit coffre qui, au lieu de renouveler l'attaque, laissa Louise et Yvonne invoquer un puissant brasier pour réduire les oiseaux en cendre, avant d'enchaîner avec un Glacier X contre les véritables vautours. L'un d'entre eux fut subitement recouvert de glace et tomba lourdement sur le sol, l'autre étant parvenu à l'éviter de justesse, se précipita sur le petit volatile et le chaudron.
Oni se montra soudainement au dessus de l'oiseau, ayant profité des épées qu'Adam avait soigneusement projeté sur le mur lors de son attaque pour les utiliser en escalier et sauta sur le dos de l'oiseau avant d'enfoncer son couteau dans la membrane décharnée de la nuque de l'oiseau, l'éliminant sur le coup. L'oiseau tomba sur le sol avant de disparaître, au grand dam de l'armure qui invoqua de nouveaux vautours, cette fois en direction de Dolores qui avait profité de la diversion de ses acolytes pour progresser droit vers son adversaire, protégée par un sort d'invisibilité de Kweena.
Adam, qui n'était pas en reste, attaqua à nouveau les oiseaux, coupant le fil de plusieurs d'entre eux. Louise s'occupa du reste avec des sorts de glace, faisant lourdement tomber les oiseaux congelés sur le sol. L'armure vociféra une nouvelle fois, puis leva le bras et l'abaissa en direction de l'homonculus, faisant apparaître une multitude de lances qu'il projeta sur elle. Kweena s'interposa et protégea sa coéquipière à l'aide d'un mur de grenouille qui para entièrement l'attaque avant de prendre Dolores sous son bras et de bondir un peu plus loin. Leur adversaire serra le poing, frustré, puis se leva de son trône et leva les bras, déchaînant toute la force magique de la pelote.
- Il est vain de lutter ! HAHAHAHA ! - Mimi à toi de jouer ! - Je vais faire de mon mieux ! Aero !
La petite limace, qui était restée en retrait jusqu'à maintenant, s'avança près d'Adam et leva son sceptre. Une puissante bourrasque souffla sur le sol, brisant les blocs et des épines de glaces créés par Louise avant de les réduire en un gros tas de fine poussière blanche, semblable à de la neige. De son côté Oni détruisit la horde de monstres que l'armure avait invoqué tout en montant sur le tas de glace, Manfred posé dans sa capuche. Une fois en haut, il posa le petit Snoling qui le remercia avec un petit signe de la tête avec de lever les pattes.
Visiblement en colère, le petit Snoling entama une danse frénétique, une intense lumière jaillissant de ses yeux. Le tas de neige s'anima alors, puis prit peu à peu la forme d'un géant de glace (la partie supérieure uniquement, n'ayant pas assez de neige pour faire le reste) avant de tenter de saisir l'homme en armure. Ce dernier projeta des brins de laine chauds pour lui couper les bras, mais ses coups étaient tantôt déviés par les boucliers de Mimi, ou bien tranchés par Dolores ou Louise. Le possesseur de la pelote de laine invoqua à son tour, en extrême recours un géant de laine qui vint s'écraser contre l'invocation de Manfred, les bloquant tous deux dans un intense bras de fer. L'homme en armure monta alors sur le bras de son géant et fit apparaître un immense glaive, en acier cette fois (c'était le sien), avant de se précipiter sur Manfred qui s'efforçait de contrôler sa création.
Fort heureusement, Oni et Dolores surgirent des épaules du colosse de glace, tous deux armés d'une épée conférée par Adam, et interceptèrent leur adversaire. Kweena grimpa à son tour sur la tête du géant et concentra toute sa magie avant d'ouvrir la bouche en grand. Une puissante lumière prit possession du corps du géant laineux avant que ce dernier ne commence à se désagréger, aspiré par la guerrière à la fourchette. Profitant de l'ouverture, Oni et Dolores piégèrent leur adversaire, permettant au garçon au masque de le désarmer et à la doctoresse de le prendre par les épaules pour le propulser dans les airs, loin du contact avec la laine.
Enfin, Louise, Yvonne et Mimi apparurent aux côtés de Kweena et firent elles aussi appel à toute leur force magique, l'une blanche, l'autre noire.
- Ô forces destructrices et ravageuses ! - Ô forces bénéfiques et protectrices ! - Que nos magies convergent ! - Pour faire appel à la magie ultime ! - ULTIMA !
Un éclair bleu traversa le monde de laine pour frapper de plein fouet le chevalier noir. Un souffle de lumière, mêlant la puissance sacrée à la magie destructrice, convergea autour de l'homme en armure avant d'éclater subitement dans une explosion titanesque. L'homme hurla, tandis que son armure commençait à partir en miettes, complètement paralysé par la magie ultime dont il était victime. Alors, Manfred tendit les bras de son géant vers le chef ennemi, bientôt rejoint par Dolores qui parcourut les bras du colosse en courant. Adam, placé derrière, s'ouvrit une dernière fois et cracha un imposant marteau en direction de l'homonculus qui l'attrapa au vol et effectua un saut grandiose avant de frapper de toutes ses forces son adversaire, infligeant ainsi le coup de grâce.
Ce dernier tomba lourdement au sol, tandis que son monde de laine se volatilisa, désintégré par la magie de Louise, Yvonne et Mimi. Tout le monde s'approcha du corps inerte du chevalier, essoufflés, avant de s'apercevoir qu'une petite partie au niveau du ventre semblait bouger. Dolores se baissa et ôta la partie d'armure en mouvement avant de découvrir avec surprise pourquoi leur adversaire n'avait pas de tête.
En réalité… C'était un petit poussin duveteux rose, avec une voix suraiguë et des cils raffinés qui habitait l'armure. L'adorable petite chose toussota quelques secondes avant de s'apercevoir avec stupeur qu'elle avait été vaincue par l'élue et ses compagnons,
- Ne me regardez pas comme ça ! Je suis le terrible chevalier noir de Raknor ! - Il est trop meugnon ! Je vais le garder ! - Lâchez-moi, élue ! Je me vengerais ! Croyez-moi ! - Gouzi gouzi gouzi gouziiii ~ En plus il paaaarle ! - Arrêtez ! À l'aide ! À moi ! - Je vais t'appeler Bernadette, parce que l'autre est morte dans des circonstances tragiques. - Je suis un homme !
Sans même s'en rendre compte, le groupe avait quitté les limbes de Chipoupou durant son affrontement, et se trouvait désormais bel et bien dans les terres de Raknor. Tous les huit se regardèrent, convaincus qu'il s'agissait là de leur ultime quête, avant de s'engager vers l'immense montagne noire qui trônait au loin.
- C'est drôlement sympa comme endroit, ça s'appelle comment ? - Rooh…
Spoiler:
Désolée pour le retard ~ Hier on m'a kidnappé et j'ai pas pu faire ce que je voulais °^° mais me voilà à 5 minutes de la fin /o/
Dernière édition par Dolores Keller le Ven 21 Aoû - 17:16, édité 2 fois
Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Messages : 2449 Date d'inscription : 21/12/2010
Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Ven 21 Aoû - 16:05
NDA : Désolé pour le double poste, j'étais persuadé qu'il rentrait sur 1 seul… Bonne lecture tout de même !
La nuit était tombée depuis un moment sur la vaste forêt de Yangara, dont les cimes luisaient, illuminées par les lunes de Meilledeï. Leur éclat parvenait à se faufiler entre les branchages denses pour éclairer, en quelques endroits et d’un faisceau féerique, le sol rougit de feuilles automnales, apportant ainsi un peu de lumière aux habitants nocturnes de ces bois immenses. L’un deux, d’ailleurs, devait être de sortie, car un bruissement s’éleva depuis un buisson aux feuilles perlées. Vive et agile, une silhouette s’en échappa, bondissant jusqu’à l’abri d’un arbre pour ne laisser apercevoir qu’un éclair de pelage blanc. Rapide et probablement habile chasseur, l’animal zigzagua entre les troncs massifs, les roches émergentes et autres reliefs susceptibles de le dissimuler. Il sautait des lumières aux ténèbres, se déplaçant dans un silence magistral jusqu’à atteindre la proximité de sa proie. Elle était là, face à lui, à peine dissimulée par l’obscurité. Pauvre créature diurne que le sommeil avait trouvé avant qu’elle n’atteigne un endroit sûr. Son temps était désormais compté. Un reflet affamé révéla, un instant seulement, le regard du prédateur qui attendait, tapis sous un feuillage. Soudain, un nuage masqua les lunes et plongea la scène dans l’obscurité. Le moment était parfait. La bête s’élança alors, d’un bond puissant, prête à tout.
– Grandes Deeeeeeents !
Face à cet assaillant sans pareil, de quarante petits centimètres de haut, un majestueux loup, blanc et massif, releva la tête dans un sursaut. Tiré de son sommeil, il se retrouva pour la seconde fois de cette aventure, nez à nez avec une boule de poil au regard immense, qui enserra sa truffe de ses deux petites pattes innocentes. Le loup souffla, le prédateur tomba sur son postérieur pelucheux bien que dépourvu de queue. L’instant d’après, Edward étirait du bout des doigts les joues rondelettes de son « agresseur », le cœur encore battant de ce réveil surprise.
– Qu’est-ce que tu fiches ici ? Lyhn n’a pas eu la bonne idée de te congeler ou de laisser Arceline te croquer ? – Grandes Dents sauver Bunbun, Bunbun suivre Grandes Dents ! – Me voilà bien… – Grandes Dents gentil ! – Euh… Merci. – Grandes Dents fooo
Edward plaqua sa main sur la truffe duveteuse de Bunbun. Transportée par la bise, une odeur étrangère à la forêt venait de lui chatouiller le nez, mettant ses sens en alerte. La mise en garde de l’Yhmyh encore en tête, il ne tarda pas à imposer le silence à son nouveau compagnon, avant de revêtir sa forme lupine. À l'affût du moindre indice, il disparut entre les troncs massifs du bois, sur la piste du fumet discordant. Il avança à pas de loup, talonné par Bunbun, et atteignit rapidement un petit ruisseau qu'il longea sans un bruit. Il déboucha ainsi à l'orée d'une clairière, parcelle minuscule et baignée d'une lumière douce en parfait contraste avec le noir d'encre dont s'habillait les arbres alentours. Le court d'eau la traversait, s'écoulant dans un gargouillis discret qu'accompagnait le chant d'étranges petites bêtes luminescentes. Le loup s'allongea, à peine visible dans l'ombre, guettant le moindre geste. Un craquement inopiné lui fit relever la tête. Les muscles tendus, les crocs apparents, il se préparait au pire lorsqu'une forme familière perça la pénombre. Un cheval, ou plutôt un pégase à la robe caramel, s'avança avec précaution entre les herbes hautes pour s'abreuver. Il semblait blessé, son aile droite n’étant pas repliée correctement sur son flanc. Une maigre menace en somme, à l'exception de la selle qu'il portait, vide de tout propriétaire. Un banal détail, source de bien des ennuis.
Derrière lui, une faible respiration lui hérissa le poil.
Le loup eut tout juste le temps d’écarter Bunbun et de bondir sur le côté pour éviter la hache massive qui s’abattit. Il fit aussitôt volt face prêt à contre-attaquer. Deux mains gantées franchirent les ténèbres du bois pour arracher la lame d’acier au sol. Edward recula, gardant ses distances, mais son assaillant fit un pas dans sa direction, pénétrant suffisamment dans la clarté pour dévoiler une silhouette féminine. Alors décontenancé, le lycanthrope réagit tardivement au nouvel assaut, et esquiva sur la droite lorsque l’arme fut brandit dans un hurlement furieux. Bien mal lui en prit. Ce mouvement précipité le jeta droit dans une piège. Sa patte arrière, entravée par un fil, déclencha la brusque remontée d’un filet qui le fit prisonnier à plusieurs mètres du sol. Paniqué, le loup se débattit rageusement, essayant de déchirer le cordage à coup de crocs et de griffes, sans succès.
– Et voilà ! Alors, tu as vu ça Brunehilde ? Je t’avais bien dit qu’on ne craignait rien !
Le hennissement approbatif qui répondit passa inaperçu au regard d'Edward, dont le cœur s'était emballé, chamboulé par le lointain souvenir de la propriétaire de ce timbre. Soudain agité, il tenta de se rendre présentable dans la précipitation. Mais loin d'arranger les choses, ce fut la truffe coincée entre deux nœuds, la patte avant pendante et les trois autres entremêlées qu’il parvint à détailler la jeune femme qui lui faisait face. Il peinait à y croire tant elle lui ressemblait. Mais pouvait-il s'agir de la même personne ? La demoiselle, visiblement perplexe devant ce ballet ridicule, avait quitté ses lunettes épaisses à la monture de cuir agrémentée d’ailes d’acier, posant ses prunelles émeraudes sur son prisonnier. Il lui parut bien plus plus heureux que terrifié, dessinant sur ses traits une moue dubitative qui lui fronça le nez et agita un peu plus le lycanthrope dont la queue touffue se mit à joyeusement fouetter l’air.
– C’est bizarre… Il a l’air content de me voir. C’est une grosse boule de poil après tout. Peut-être qu'il est comme toi Brunehilde, et qu’il veut une caresse ?
Le loup remua davantage et redressa tête et oreilles. La gueule ouverte, et les pupilles dilatées, la proposition ne l’avait visiblement pas laissé indifférent. Cela fit rire sa geôlière qui retira l’un de ses gants avant de s’approcher, non sans prudence. Elle n'eut pourtant pas le temps d'effleurer son pelage qu'une exclamation aiguë la fit sursauter.
– Nooooooooon ! S’exclama Bunbun en se jetant sur sa jambe dans l’espoir de l'immobiliser. – Qu’est-ce que… – Bunbun sauver Grandes Dents ! – Ça alors ! Mais c’est un Nikmohr ! Qu’est-ce qu’il fait si loin des Terres boréales ? – C’est une très longue histoire… Soupira Edward. – Wha !
Prise par surprise, la jeune femme saisit brusquement sa hache, la brandissant dans un mouvement ample et brutal qui trancha net le filet, ainsi qu’une partie de la manche de son occupant. Altéré, le cordage ne tarda pas à craquer et Edward chuta lourdement au sol. Il se retrouva aussitôt avec une lame aiguisée sous le nez, mais s’offusqua pourtant :
– Tu as essayé de me tuer ! – Tu voulais que je te caresse ! – C’est toi qui l’a proposé ! – Avant que je sache que tu étais un humain ! – Un Loup-garou ! – Loup-ga… Quoi ? – Moitié loup, moitié… humain. Enfin, plutôt trois-quarts, un quart. – Tu essaies de te justifier là ? – Pour ? – Tu te moques de moi ?! – Bunbun sauver Grandes Dents !
Le Nikmohr leva ses deux petits bras pelucheux pour les enrouler autour de la main d’Edward, appelant à l’indulgence de la guerrière qui reposa son arme. Le lycanthrope soupira de soulagement, avant de féliciter discrètement son petit compagnon qui bomba le torse de fierté. Il se remit debout et épousseta ses vêtements tout en observant la belle brune dont il connaissait chaque trait par cœur. Un peu ému, il fallait bien le dire, de cette forme atypique de retrouvailles, il abandonna :
– Eduard… Pardon… Edward White. – C’est un piège pour avoir une caresse ? Le taquina la demoiselle en avisant la main tendue. – Qu… Non ! Je me montre seulement poli ! – Oh ! Bunbun ton maître est un loup-garou galant. – Je ne suis pas son maître… – Grandes Dents maître Bunbun ! – Il va falloir vous mettre d’accord ! Se moqua-t-elle gentiment avant de répondre à son salut par une poigne ferme. Voici Brunehilde et je suis Verlia, de la cohorte des Valkyries.
Non sans un pointe de fierté, elle indiqua sur son épaule un blason représentant une épée ailée. Edward n’en connaissait pas la signification, mais il avait une expérience suffisante des femmes pour mimer un air impressionné qui fit plaisir à son interlocutrice. Verlia rejoignit sa monture qu’elle récompensa d’une sucrerie, avant de lever les yeux vers le ciel, sans espoir de le rejoindre pourtant. Elle soupira, récupéra la bride de sa monture, puis rejoignit tranquillement le loup qui, à sa grande surprise s’échina à garder ses distances. D'abord dubitative, son regard passa successivement de Brunehilde à Edward, avant qu’un sourire malicieux ne perle sur ses lèvres. Elle se pencha doucement vers sa compagne de voyage et glissa sans se cacher :
– Ma brave Brunehilde, je crois bien que tu impressionnes un loup-garou. – P… Pas du tout, protesta Edward. – Alors pourquoi recules tu ? – Je ne recule pas. – Donc, tu viens de mettre ton pied dans l’eau par plaisir ? – Tout à fait ! C’était pour me rafraîchir un peu. Voilà.
La demoiselle contint avec peine un éclat de rire, qui rougit furieusement les joues d’Edward. Il détourna le regard, visiblement vexé, tandis que Verlia raccrochait sa hache à l’encolure de son pégase et posait Bunbun sur la selle. Appuyée contre Brunehilde, elle attendit une petite minute un départ qui ne vint pas, et finit par demander à quel moment il comptait l’inviter à partager son campement. Le loup fronça les sourcils, la regarda sans comprendre, avant qu’elle n’insiste :
– Ce n’est pas que j’ai peur de rester seule avec Brunehilde, entend moi bien, mais j’ai dans l’idée que tu mords plus fort qu’elle. Et puis, ayant habilement soulevé que tu étais galant… – C’est que… – Si tu te transformes en loup je te gratterais derrière les oreilles. – Tss… Comme si ça pouvait influencer mon choix. – Tu acceptes ? – Seulement parce que Brunehilde est blessée. – Évidemment.
Un immense sourire étira les lèvres de Verlia qui entraîna sa monture à la suite d’Edward. Les joues encore chaudes, ce dernier ne ménagea pas sa foulée et gagna rapidement le petit terrain plat où il s’était endormi plus tôt. Sa nouvelle comparse trouva le bivouac très rudimentaire et en fit bien sûr la remarque. Aussi, après avoir délesté Brunehilde de sa selle où Bunbun s’était assoupi, elle prit le temps d’apporter sa touche de confort en élevant un cristal de feu qui leur apporterait chaleur et lumière pour au moins un sablier. Sous cette éclairage rougeoyant, l’uniforme de la belle Valkyrie semblait plus étonnant encore et bien loin de l’iconographie habituelle de ces guerrières de légende. Elle avait ouvert sa veste à l’encolure fourrée, affichant les courbes légèrement dessinées par sa chemise blanche et ample que resserrait, sur sa taille, un corset de cuir et une ceinture épaisse, où étaient rangés des instruments de navigations. Venait ensuite son pantalon large, brun lui aussi, qui masquait la finesse de ses jambes d'habile cavalière qu’elle avait replié en tailleur, dissimulant ainsi ses hautes bottes noires. Edward ne se surprit à la détailler que lorsqu’il croisa ses prunelles d’un vert légèrement anisé, qui surmontaient deux joues rondes et pleines de la poignée de biscuits qu’elle venait d’avaler. Un petit rire nerveux secoua les épaules de la jeune femme qui tenta une excuse :
– F’adore le fofolat… – Vraiment ? Je n’aurai pas cru, se moqua gentiment le loup avant de s’étirer.
Elle profita qu’il ait le dos tourné pour lui tirer la langue, puis s’allongea à ses côtés. Ils passèrent encore un demi-sablier à déterminer qui compterait le plus d’étoiles filantes, chacun accusant l’autre de tricher lorsqu’il prenait l’avantage. Puis le sommeil les gagna, et tous deux s’endormirent.
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– Dis moi Bunbun, est-ce que cela te plaît que je vous accompagne ? Interrogea Verlia qui marchait tranquillement quelques mètres en arrière d’Edward. – Bunbun content ! Bunbun aimer Grandes Bottes ! – Merci mon petit Bunbun, tu es plus aimable que ton maître. – Grandes Dents pas content. Grandes bottes pas gratter ses oreilles. – C’est lui qui a refusé. Il me semble un peu taciturne au réveil. Dire que je lui avais préparé un petit déjeuner royal, mais monsieur le loup-garou n’aime pas les insectes. – Bunbun d’accord ! – Verlia, tu peux arrêter d’imiter Bunbun et de répondre à tes propres questions ? Lâcha finalement Edward en s’arrêtant. – Bunbun pas voir de quoi Grandes Dents parler ~ – Verlia… – Bon, bon… Quand est-ce que j’ai été repérée ? – À « Bunbun ».
La Valkyrie ouvrit la bouche pour répondre, mais se renfrogna finalement, vexée que son imitation n’ait pas rencontré le succès escompté. Cela fit sourire le lycan, qui reprit la route, laissant à la demoiselle tout le plaisir d’une maigre vengeance consistant à quelques messes basses avec sa monture. Ils étaient sur la route depuis l’aube, Verlia ayant insisté pour les accompagner sans qu’Edward ne puisse lui faire changer d’avis. S’il avait trouvé son comportement suspect, l’entêtement du loup céda dès qu’il croisa le regard anisé de la jeune femme et il accepta sa compagnie à la seule condition qu’elle ne les ralentirait pas.
L’orée du bois de Yangara n’était plus qu’à un sablier de marche lorsque le pas de Verlia rejoignit celui du lycanthrope. Elle attendit d’être à son niveau pour glisser d’une voix où pointait la culpabilité :
– Edward ? – Hum. – Tu as une minute, je voudrais te parler de quelque chose. – Tu es bien sérieuse tout d’un coup… S’inquiéta le loup, qui s’arrêta pour faire face à son interlocutrice. – C’est à propos de la blessure de B…
La main du loup s’était vivement posée sur les lèvres roses de la Valkyrie, la faisant sursauter. Il lui fit signe de ne pas faire de bruit et se mit en garde contre un ennemi alors invisible. Impossible, pourtant d’en ignorer la présence. Il sentait un parfum, léger certes, mais à la note hostile, et ne comptait plus les bruissements discrets perçus parmi les branchages. Le nez en l’air, les iris dépareillées du loup se perdirent frénétiquement dans les feuillages denses, rendus plus opaques par le soleil. Mais il n’y trouva que quelques ombres furtives et floues.
– C'est le pire timing qui soit, grinça Verlia en saisissant sa hache. – Laisse moi deviner, des amis à toi ? Interrogea le loup en surprenant enfin un individu. – C'est ce dont je voulais te parler. Ce sont des Volubiles, les mercenaires auxquels nous avons échappé hier avec Brunehilde. Ils… – Écarte toi !
Edward eut à peine le temps de l'empoigner qu'une branche aiguisée se ficha dans la terre, à quelques mètres deux. Une seconde fusa, mais elle fut brisée net par les crocs acérés du loup avant d'atteindre le sol. Il gronda, furieux de ce combat qui s'annonçait à leur désavantage, leurs assaillants ne quittant pas les hauteurs des cimes. Les arbres qui les abritaient devinrent des armes puissantes, des flèches ou des lances dont ils étaient la cible. Elles pleuvaient de toutes part, certaines déviées, d'autres tranchées par la lame de la Valkyrie. Leur nombre augmentait sans cesse, au point d'écorcher à plusieurs reprise la peau épaisse du lycan, placé en barrière de Brunehilde et Bunbun. Ils tentèrent de s'éloigner, de gagner un terrain moins escarpé, mais leurs adversaires se déplaçaient avec une agilité déconcertante entre les pins immenses, ne se laissant ni voir, ni distancer. Edward changea finalement de tactique. Essoufflé et excorié, il retrouva sa forme humaine et fouilla ses poches pour en tirer le sac en toile confié par le Yhmyh. Il en sortit un glaçon et, se remémorant les explications du Syh Reïmr, le glissa aussitôt entre ses lèvres sous le regard perdu de la Valkyrie.
– Edward ?!
Le froid qui l'envahit alors fut indescriptible. Il pénétra ses os, son sang et sa chair, donnant à sa peau la teinte bleutés des Syh Reïmr. Un frisson lui remonta furieusement l'échine et lui arracha un soupir qui se condensa en un nuage vaporeux. Une flèche tout juste juste taillée siffla dans sa direction. D'un geste vif, il s'en saisit, la transformant sur l'instant en une gerbe de glace qu'il brisa de sa poigne puissante. La suite coulait de source. Le lycan entama un folle course entre les troncs, y posant tout juste l'index pour en faire d'immenses colonnes de glace. Au-dessus d'eux, plusieurs branches, affaiblies par leur nouvelles consistances, cassèrent et prirent les Volubiles par surprise. Beaucoup chutèrent, ou glissèrent le long des troncs sous regard médusé de Verlia. Elle vit la forêt environnante se frigorifier à peine Edward en effleurait les écorces ou les feuilles, déroutant leurs assaillants qui battirent en retraite. Enfin, la voix du loup tonna :
– Verlia ! Protège toi !
Un craquement sinistre fit hoqueter la Valkyrie. Elle eut tout juste le temps de se recroqueviller et d’abriter son visage de ses bras, que les piliers de glace explosèrent un à un. Une pluie givrée retomba et couvrit le sol d'un tapis pailleté de glace, autour duquel s'élevait la nouvelle clairière du bois de Yangara.
Le souffle court, le visage encore marqué par quelques écorchures, Edward rejoignit la Valkyrie, un sourire fier décorant ses lèvres. Il avait retrouvé son teint de pêche et le touché le plus inoffensif qui soit, pour qui ne craignait pas la poigne d'un lycanthrope. Bouche bée, Verlia le toisa dans un silence parfait, jusqu'à ce qu'une exclamation la ramène à la réalité :
– Bunbun content ! Bunbun aimer neige ! – Edward, comment as tu… C'était… – Incroyable ? Inimaginable ? Fantastique ? Bouleversant ? – Pas mal, acheva-t-elle en prenant une pause volontairement hautaine. – Hé ! – Peut-être que si tu y avais pensé plus tôt, j'aurais admis que c'était… divertissant. – Tu te trouves drôle en plus ?
L'air rafraîchi se teinta d'un rire doux, suivi du hennissement joyeux de Brunehilde. Edward soupira, amusé tout de même et gagna l'orée de la clairière, bien décidé à se remettre en route. Il s'y arrêta pourtant lorsque Verlia l'interpella et répliqua en se tournant vers elle :
– Quoi encore ? – Tu as vraiment… été… – Verlia ? Est-ce que ça va ? Verlia !
La Valkyrie s’effondra devant lui, provoquant le gémissement inquiet de sa monture et de Bunbun. Le cœur battant, il fit un pas pour la rejoindre lorsqu'une piqûre douloureuse l’obligea à porter sa main sur son cou. Il y sentit une aiguille longue et fine qu'il retira, grimaçant. La vue légèrement trouble, il avança encore, appelant à plusieurs reprises la jeune femme, mélangeant son prénom avec un autre. Un second dard empoisonné l'atteignit. Malgré sa résistance, le lycanthrope s’écroula, inconscient.
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Les pertes étaient sévères. À leur réveil, Bunbun avait disparu, ainsi que l’amulette d’Edward, qui conserva miraculeusement ses glaçons, et Verlia avait été délestée d’un partie de sa cargaison. Il était normal qu’une dispute s’engage après les cachotteries de la Valkyrie, mais étrangement, les éclats de voix perçus à la liserée de la forêt de Yangara traitaient d’un sujet tout autre.
– Edward ne fait pas l’idiot ! Nous irons beaucoup plus vite si tu montes avec moi. – Hors de question ! Je vais courir, j’ai la détente rapide alors j… – Tu ne peux plus te transformer en loup ! Jamais tu ne pourras égaler le galop d’un pégase. Maintenant donne moi ta main et monte sur Brunehilde ! Nous devons faire vite, sinon Bunbun sera revendu au Marché Chimérique et ton amulette avec. – Non ! – Edward !
La face à face était complexe. Le lycanthrope maintenait une distance de sécurité scrupuleuse entre lui et Brunehilde chevauchée par Verlia. Au moindre pas en avant, le lycan faisait marche arrière, les cheveux presque dressés sur la tête tant son aversion pour les équidés était féroce. Le temps leur était pourtant compté. Les Volubiles étaient connus pour revendre leur marchandise rapidement et ce, majoritairement dans des hauts lieux de contrebandes comme l’impressionnant Marché Chimérique. C’était un bazar immense et itinérant qui prenait corps pour un jour seulement dans les plus grandes villes de Meilledeï, proposant à la vente des plus fantastiques reliques, à un simple bric-à-brac de marchant de tapis, en passant par moults produits illégaux. La cohorte des Valkyrie luttait contre ce fléaux. Sorte de douane fantastique, elle limitait les agissements de ces trafiquants avec des moyens souvent dérisoires en comparaison de la quantité de marchandises qui transitait. Verlia sortait justement d’une saisie lorsqu’elle s’était faite attaquer. Brunehilde blessée, elle avait dû atterrir en urgence au cœur du bois de Yangara. C’était donc au fait du lieu où devait se tenir le prochain Marché Chimérique qu’elle tentait de convaincre Edward de l’accompagner, sur le dos de sa monture. Elle s’essaya, d’ailleurs, à une nouvelle approche, mais le résultat fut identique et lui soutira une exclamation courroucée :
– Tu vas donc laisse Bunbun se faire acheter par le premier restaurateur venu ! Après toute la confiance qu’il a mise en toi, son maître ! – Je ne suis pas… – Serais tu un lâche Edward ?
Le mot piqua au vif le loup. Il détourna le regard une seconde, le corps tout entier secoué par un frisson de dégoût. Un grognement rageur franchit ses lèvres, et rejoignant enfin Verlia, il tendit la main pour qu’elle l’aide à se hisser sur Brunehilde. Le pégase eut un mouvement de recul à l’approche du lycanthrope, mais la Valkyrie était aussi bonne dresseuse que cavalière et en un coup de rênes sec, elle figea sa compagne, permettant à Edward de gagner sa croupe. Le cœur battant, la confiance évaporée, il cherchait désespérément une prise lorsque Verlia ordonna un départ à une allure raisonnable. La nervosité de son passager avait une influence indéniable sur Brunehilde qui croupionnait sérieusement, rendant le début du trajet laborieux malgré l’expérience de sa maîtresse. L’exaspération de la Valkyrie perça alors :
– Edward mais qu’est-ce que tu fais ? – J’essaie de rester en vie alors que ton poney rue comme une sauvage ! – Elle ne rue pas, et ce n’est pas un poney. Passe tes bras autour de ma taille au lieu de t’agripper à l’arrière de ma selle. – Mais dis lui de se calmer ! – Tes bras ! – Je veux descendre ! – Bon… Je t’aurais prévenu.
Un coup de talons sur les flancs de Brunehilde et le pégase s’élançant au galop au travers des steppes verdoyantes. Une exclamation terrifiée souleva le torse du loup qui s’agrippa, de ses deux bras puissants, à la taille de la cavalière, lui coupant brièvement le souffle. La course était lancée. Ses ailes repliées contre elle, Brunehilde cavalait, plus rapide qu’un pur-sang.
La forêt de Yangara eut tôt fait de disparaître derrière eux, remplacée par les étendues verdoyantes de Meilledeï. Edward n’entendait que le vent siffler à ses oreilles, le rappelant au bon souvenir de ses propres courses déraisonnées sans qu’il puisse, toutefois, en retrouver les plaisirs. Ils avalèrent toujours plus de distance, au seul son des sabots de Brunehilde, ils franchirent les torrents, se jouèrent des reliefs et des chemins tortueux, montèrent, descendirent, ne comptant plus les peuples fantastiques qu’ils croisèrent. Du moins, ce fut ce que supposa le loup, car il garda les yeux fermés tout au long du trajet. Lorsqu’enfin Verlia diminua leur allure, ils avaient atteint les Plaines du Repos, derrière langue de terre avant la cité de Wyr où ils se rendaient. Il se faisait tard, et la nuit n’allait pas tarder à tomber, aussi Edward eut il le droit de se dégourdir les jambes le temps pour eux de trouver un endroit où dormir. Pâle comme la mort, il quitta au plus vite le dos de l’équidé pour lui préférer l’herbe écarlate des lieux et son sol ferme. Verlia l’accompagna à pied, permettant à Brunehilde de retrouver des forces.
L’endroit respirait une tranquillité d’un autre temps. Pas la moindre bise, ni aucun son pour le troubler. Les champs rougeoyants s’étendaient à perte de vue, percés ça et là d’énormes monolithes sombres qui s’élançaient en pointe vers le ciel crépusculaire. Ils firent le choix de s’installer sur une zone dégagée et surélevée qui leur donnait vue sur les deux vallons avoisinants, de sorte à pouvoir anticiper toute attaque terrestre. L’estomac dans les talons et leurs vivres envolées avec Bunbun, ils furent contraints de supporter leurs gargouillis respectifs et le silence gênant qu’ils occasionnaient, laissant seule Brunehilde profiter du festin de verdure qui s’étendait sous leurs pieds. Mais lassée du mutisme de son compagnon de voyage, qui s’était allongé dans l’herbe, Verlia finit par interroger :
– Edward ? – Hum… – Tu es fâché ? – Hum… – C’est ce qu’il me semblait. – Hum… – Ce qui veut dire que j’ai définitivement remporté la victoire du décompte des étoiles. – Hé ! S’offusqua le loup en se redressant. Mais c’est moi qui ais gagné hier ! – Je ne crois pas non, à mon souvenir les scores étaient de dix-sept à vingt en ma faveur. Mais si tu veux ta revanche, on peut arranger ça ce soir ? Sauf si tu préfères déclarer forfait. – Ne rêve pas, et ne viens pas te plaindre quand je t’aurais écrasé une nouvelle fois. – En voilà une ! – Tu triches encore !
Le rire de Verlia s’éleva lorsqu’elle vit le loup lever le nez au le ciel pour le détailler avec assiduité. Elle allait s’allonger pour en profiter à son tour, quand une ombre passa furtivement devant elle et la fit sursauter. Elle bondit aussitôt sur ses pieds et s’empara de sa hache sous le regard perplexe d’Edward. Un sourire narquois étira doucement ses lèvres, avant qu’il ne souffle taquin :
– Effrayant cet oiseau ! Et quelle taille impressionnante ! S’il décide de s’en prendre à tes chevilles tu auras du soucis à te faire ! – Range ce sourire ! – Et la dimension de ses crocs ! – Edward ! – Je n’avais pas vu ses griffes gigantesques ! – Edwaaaard ! – Un tueur en puissance ! – Brunehilde… Léchouille le ! – Non ! Non, non, non. J’arrête. C’est promis. De toute façon j’ai terminé la description de ce terrible pré… Mais qu’est-ce qu’il fait au juste ?
Face à la mine étonnée du lycanthrope, Verlia se tourna vers l’oiseau qui s’était posé aux sabots de Brunehilde dans un piaillement étrangement suave. Cette dernière s’était figée au cours de sa mastication, surprise de se retrouver nez à nez (ou plutôt bec à naseaux) avec un volatile à la tête haute et dont la gorge portait des plumes fièrement gonflées. Son ramage était d’un noir d’encre, à l’exception de deux longues plumes de couleur turquoise, fines et élégantes, qui se dressaient sur sa tête et d’un ruban de même teinte qui lui médaillait le poitrail. Immobile devant l’équidé, il tenait la pose à la manière d'un matador à l'allure noble. Puis levant brusquement une aile en arc au-dessus de sa tête, il changea soudain de position dans un claquement de bec marqué, esquissant un pas de danse proche d'un tango sulfureux. Brunehilde, prise de court par cette agitation soudaine, se redressa et recula après avoir poussé un ronflement dissuasif. Son « assaillant » ne s'en trouva que plus excité et enchaîna un déploiement de ses rémiges au son rythmé de son chant gutturale et claquetant. Aile droite, aile gauche, un bond sur le côté puis un roucoulement chaleureux, et le tout recommençait, plus envolé encore. L'oiseau avait beau ne décoller du sol que par petits bonds, il s'agitait avec fougue, tourbillonnant autour du pégase qui n'en menait pas large. Il serait complexe de narrer toute son l'ingéniosité chorégraphique tant les pas prenaient parfois des allures irréalistes, mais il termina brillamment son numéro en s'arrêtant soudainement, les ailes étendues et une fleur rouge au bec. Le regard pétillant, il attendait visiblement une réaction de la part de Brunehilde.
– Il… Il était en train de la séduire ? S'enquit le loup visiblement peu au fait des parades nuptiales de Meilledeï. – Chuuuuut ! Souffla Verlia en lui faisant signe de ne pas bouger. – M… mais c'est…
Brunehilde se pencha vers l'oiseau, faisant voleter quelques plumes de son souffle. La distance entre eux diminua encore lorsque l'équidé fit un pas en avant, les deux lunes rendant l'instant plus romantique encore. Leurs rayons doux illuminèrent le duo animal atypique, détaillant d'un éclairage léger le nez de Brunehilde qui s'approchait du bec de son prétendant. La contrée toute entière dut retenir son souffle, mais aucun ne s'attendit sans doute à ce qui arriva. Le pégase si mit à mâchonner la fleur si magnifiquement offerte. Dans un geste d'ultime dépit, Verlia porta ses mains à son visage. Edward se montra perplexe, tant la différence de gabarit et d'espèce, lui permettait de n'entrevoir aucune possibilité amoureuse. Pourtant, l'enflammé séducteur aviaire ne fut nullement démonté par ce cuisant échec, et reprit dans l'instant ses cabrioles séductrices, son caquetage se faisant plus sensuel encore.
– Rassure moi, il ne va pas faire ça toute la nuit, s'enquit vivement Edward que cette poursuite flamboyante inquiéta. – J'espère bien que si. Il ne faut pas qu'il renonce, annonça tranquillement Verlia en se préparant à dormir. – Tu te moques de moi ? – C'est un amour naissant. Il faut leur laisser du temps. – C'est un oiseau et un pégase. – Oui je le sais bien, et alors ?
Edward ouvrit la bouche et étendit le bras vers le « couple », mais l'impassibilité de la Valkyrie le dissuada de toute protestation. Un peu grognon tout de même, il s'allongea et se prépara à passer la plus longue nuit de son existence, bercé par une mélodie irrégulière et claquante destinée à une demoiselle qui ne pensait qu'à mâcher les fleurs qu'on lui destinait. Le regard perdu sur le firmament, un soupir de déception franchit ses lèvres lorsqu’il se rendit compte que les étoiles étaient cachées par une masse nuageuse sombre. Il en informa Verlia qui répondit dans un bâillement à peine voilé :
– Ça ne durera pas. Ça doit être une Horde noire de Raknor. Ils pourchassent ceux qui seraient en mesure de vaincre leur meneur. Ils ne s’arrêteront pas pour nous. – Oh… Et bien, je n’en serai pas si sûr à ta place.
Verlia se tourna brusquement vers Edward qui affichait un sourire aussi immense que gêné, mais qui appelait clairement aux ennuis. Furieuse, elle bondit aussitôt sur ses pieds, s’empressant de rejoindre Brunehilde, toujours courtisée, pour l’arracher à son festin en s’exclamant :
– Tu comptais m’en parler une fois mort ? – Minute ! Ça fait un partout. Tu ne m’as pas non plus averti pour les mercenaires. – J’allais le faire quand ils nous ont attaqué ! – Ça compte comme si tu ne m’avais rien dit. – Grmf… On réglera ça plus tard, mettons nous à l’abri.
Après avoir effacé au mieux la trace de leur passage, le trio fila en douce pour s’abriter derrière l’un des immenses menhirs de la plaine. Les rayons de lune leur étaient favorables, découpant sur l’herbe, une ombre dans laquelle ils purent disparaître. Du moins, en partie. Car le courtisan de Brunehilde les avait suivi, son ballet sonore aussi. L’emplumé s’agitait comme un beau diable autour de leur cachette sans se soucier des conséquences. D’un commun accord, Edward et Verlia tentèrent de l’attraper, donnant lieu à une course farfelue autour du pégase quand, au-dessus d’eux le ciel s’assombrissait davantage.
– Il m’énerve ! Grogna le loup qui venait de voir l’oiseau lui passer sous le nez pour la troisième fois. Arrête de bouger Roméo, on te relâchera dès qu’on sera en sécurité. Aïe ! Mais c’est qu’il me becte en plus. – Edward, je les entends qui arrivent. Vite ! – Dans ce cas… Tu m’excuses l’oiseau, mais je vais devoir refroidir tes ardeurs.
Récupérant sa bourse en toile, le loup en tira pour la seconde fois un glaçon qu’il glissa entre ses lèvres. Le même froid intense l’envahi et, suivant quelques secondes de patience, il parvint à effleurer le bellâtre à plume qui se figea sous une fine couche de glace. Verlia allait le traiter de sans cœur lorsqu’un croassement lugubre perça dans l’obscurité. À quelques mètres d’eux, venaient de se poser deux immenses corbeaux au ramage vaporeux, montés par des cavaliers dont il était impossible de distinguer les traits. Les hommes, si cela en était, posèrent le pied à terre, leur cape nébuleuse masquant leur armure. D’un pas lourd, ils inspectèrent minutieusement les lieux, sous le regard inquiet de Verlia et Edward. S’ajouta à leur angoisse, la fonte inévitable du glaçon et de ce que sa disparition entraînerait. Les mains serrées autour de l’oiseau frigorifié, ils virent donc comme un soulagement la remontée en selle des deux cavaliers. Pourquoi fallut-il que leur bruyant prétendant commence à décongeler par la tête ? Nul ne sera jamais en mesure de le dire. Heureusement la poigne du loup sur son bec l’empêchèrent de pousser la moindre note. Retenant leurs souffles, il ne leur restait qu’à attendre l'envolée spectrale pour être en sécurité. Enfin, cela aurait été le cas si un gargouillement magistral ne s’était pas chargé de les faire repérer. Verlia porta une main à son ventre et jeta un regard paniqué à Edward lorsque les envoyés de Raknor stoppèrent leur départ. Ils se tournèrent vers eux, laissant apprécier leurs iris rougeoyantes qui invitaient expressément le quatuor à déguerpir.
– On file ! Lâcha le loup en avalant un nouveau glaçon.
Il plaqua ses deux mains sur le monolithe qui les abritait, le gelant sur l’instant. Puis d’un sévère coup de dent, il fit disparaître le petit cube de glace, fissurant aussi sec l’épine rocheuse. Il monta sur la croupe de Brunehilde, sans faire de manières cette fois, même lorsque la Valkyrie ordonna un départ au triple galop. Un grondement sourd retentit derrière eux, précédant l’effondrement de l’immense menhir en un tas de glace. Ils ne s’attardèrent pas pour savoir si, oui ou non, les cavaliers noirs avaient péris et cavalèrent sans se retourner, droit vers la cité de Wyr.
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Edward White
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Sujet: Re: Manche n°2 : Un voyage inattendu Ven 21 Aoû - 16:12
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Au petit matin, sur le pont en pierre blanche qui longeait l’à-pic d’une vertigineuse cascade, les passants s’amusèrent d’un étonnant spectacle. Assis l’un contre l’autre Edward et Verlia dormaient profondément, aussi peu dérangés par la lumière du soleil que par la danse sulfureuse et criarde qu’un oiseau offrait à un pégase occupé à manger les plantes décoratives. Beaucoup passèrent près d’eux sans oser les réveiller, jusqu’à ce qu’un petit garçon n’échappe à la surveillance maternelle pour venir coller sa main pleine de confiture sur la joue d’Edward. Le loup émergea aussitôt et referma sa bouche sur les petits doigts potelés du garçon qui se mit à hurler, effrayé par cette réaction qu’il n’avait pas prévu. Alarme des plus efficaces, il réveilla Verlia dans un sursaut et fit relâcher prise au lycanthrope, encore un peu dans les vapes. La couleur rouge de la gelée de fruit créa la panique chez la Valkyrie qui attrapa son compagnon au col :
– Mais qu’est-ce que tu as fais à ce petit ! – Qu… Quoi ? – Tout ce sang ! – Du sang ? – Edward ! – Quoi ! – Mamaaaaaaaaaan !
À cet appel au secours, Verlia abandonna son étreinte pour s'accroupir devant l’enfant aux joues noyées de larmes, récupérant doucement sa main en essayant de l’apaiser au mieux :
– Ça va aller ne t’inquiète pas. Tu sais, ça repousse les doigts. Fais moi voir ta main. – Iann ! Mais enfin qu’est-ce qu’il se passe, s’enquit une jeune femme en les rejoignant. – Je suis désolée madame, mon ami n’a pas fait exprès d… Mais tu as tous tes doigts ! – Un, deux, krois, quate, cin’, compta fièrement la petite tête blonde sans tenir compte du regard perdu de Verlia. – Mais pourquoi voulais tu qu’il lui en manque ? Interrogea Edward, qui savait à l’avance que la réponse ne lui plairait pas. – Et bien… – Oh. Pardon monsieur, je crois que mon fils vous a mis de la confiture sur le visage. – De la confiture ?
Sans un accord préalable, la jolie brune passa son index sur la joue maculée d’Edward, puis le porta à ses lèvres. Parfum caractéristique de la ceroise. Le loup haussa lentement un sourcil et s’essuya la joue d’un revers de main puis, face au sourire innocent de la Valkyrie, se vit contraint de lui asséner une pichenette de son crue, afin d’éviter d’autres crises de panique de ce type. Il en résulta une brève dispute interrompue par le départ de Iann et de sa mère qui gagnèrent les contreforts de la cité. Ce ne fut qu’à ce moment qu’Edward et Verlia prirent conscience de leur environnement et se souvinrent de la tâche qui les attendait.
La cité de Wyr était une plaque importante du commerce pour tout Meilledeï. Elle avait été érigée au sein du plus grand lac de la contrée, une vaste étendue d’eau douce alimentée par plusieurs bras de fleuves qui sillonnaient une bonne partie du pays. Chaque affluant était arpenté, jour et nuit, par quantité de navires et de peuples marins dont les cargaisons avaient comme provenance ou destination les quais de Wyr. Deux ponts rejoignaient également la ville, la liant à l’est et à l’ouest, aux langues de terre que pouvaient emprunter voyageurs, marchands ou simples habitants s’ils ne disposaient pas de moyen de transport fluvial. Ces passerelles justement, offraient une vue imprenable sur la particularité de la ville. À droite, le panorama était vivant. On admirait l’étendue aqueuse qui miroitait au soleil et ses nombreuses embarcations en perpétuel mouvement. À gauche, rien. Rien d’autre que la cascade vertigineuse dans laquelle disparaissait des litres et des litres d’eau bouillonnante, quand au loin un œil avisé pouvait discerner les terres sombres et stériles de Raknor. Il n’y avait pas si longtemps de cela, les deux cités étaient pourtant voisines et se partageaient un lac bien plus grand que celui visible à présent. Mais il se disait que l’orgueil de Raknor la Bleue lui aurait coûté cher. Asséchant ses terres où se dresseraient désormais des épaves de navires. Elle isola la cité, qui fut désertée et abandonnée de tous. Elle serait sans doute tombée dans l’oubli si un être maléfique n’en avait pas fait son antre, fomentant dans la discrétion la plus totale, un plan pour mettre à genoux Meilledeï.
Mais laissons pour l’instant cette cité maudite pour revenir à la ville fluviale de Wyr où Edward et Verlia avaient pénétré. Après avoir acheté de quoi se remplir le ventre, les voilà qui se faufilaient parmi les ruelles étroites et sinueuses au-dessus desquelles s’empilaient les habitations. L’endroit était animé, pour ne pas dire grouillant, tant il pouvait être complexe d’avancer dans certaines artères. Edward en tête, Verlia sur ses talons, la main serrée sur la bride de Brunehilde qui terminait la marche, ils avançaient en prenant bien garde à ne pas se disperser, le tout au son de la sérénade continue de Sigurd (c’était ainsi que Verlia avait tenu à baptiser l’oiseau) qui virevoltait sur la selle. D’après Verlia, toute la difficulté allait être d’atteindre le Marché Chimérique. Elle avait, en effet, expliqué à Edward que non content d’être nomade, ce lieu fantastique se cachait souvent au fond d’un passage inattendu, derrière une porte banale ou dissimulé par un faux mur, et qu’à moins d’y être invités ou conduits, il était difficile de l’atteindre. La chance allait pourtant tourner en leur faveur.
– Edward ! Attend ! – Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? – C’est Sigurd ! Il vient de s’envoler ! Regarde, il est là bas ! – Laisse le partir. Brunehilde a dû lui briser le cœur. – Quoi ? Mais pas question ! Elle commençait à s’attacher à lui ! – Elle broute un chapeau de paille Verlia ! – Elle est émue, c’est évident ! Aide moi à le rattraper !
Edward leva les yeux au ciel et y étendit les bras, se demandant ce qu’il avait bien pu faire pour passer de « brave Élu » à « entremetteur aviaire ». Il emboîta ensuite le pas à la Valkyrie, se faufilant au mieux entre les peuples disparates et de corpulence plus ou moins excessive. La course fut complexe, pour ne pas dire grotesque. Car si Verlia bénéficiait de l’avantage d’avoir un pégase dans son équipe, Edward dut lutter contre les vents criards et les marrées de tissus pour ne pas la perdre de vue. Il heurta un nain, s’excusa, heurta un elfe, s’excusa aussi, fut l’heureux vainqueur d’un ou deux coups d’ombrelles, trébucha, évita de justesse une ribambelle de culottes à pois qui séchaient au vent, sauta, trébucha à nouveau, se montra brave en passant entre deux licornes au regard mauvais, respira, appela, grommela, et après un nouveau parcours d’obstacle similaire, il rejoignit enfin Verlia.
– Il est entré là. – Tu as lu le panneau, s’enquit-il essoufflé, pointant du doigt une peinture rose usée sur laquelle se détachait en lettres vertes « Toilettes pour Hommes. » – Je suis sûre qu’il suivait une femme. – Quoi ? Tu as dû te tromper, regarde ce qui est écrit. Allons nous en. – Pas avant que je lui ai dit ma façon de penser. – Verlia !
La demoiselle poussa la porte contre l’avis du lycanthrope. Il allait la tirer en arrière et l’emporter contre son grès lorsqu’une agréable odeur d’épices lui chatouilla la truffe, bien loin de ce qu’il avait imaginé comme parfum pour un tel endroit. Le décor aussi était dissonant. Loin des vespasiennes parisiennes, ils contemplaient désormais des mètres d’étals colorés, chargés de toutes sortes de marchandises, comestibles ou non, au-dessus desquelles s’étiraient des toiles de aux teintes flamboyantes. Des cris s’élevaient appelant de toute part à un meilleur tarif que la concurrence voisine, à droite on troquait des fruits contre du pain, à gauche on négociait une monture à l’allure de chenille géante, quand un peu plus loin semblaient se jouer de sérieuses enchères.
– Le Marché Chimérique ! On l’a trouvé ! S’enjoua le loup, désormais certain de pouvoir sauver Bunbun. – Là ! Sigurd !
Verlia pointa du doigt une échoppe au nombre incalculable de thé dont les boites colorées s'empilaient sans fin. Edward y découvrit, à côté, celle qui devait en être la vendeuse et dansant à ses pieds, Sigurd qui lui faisait ardemment la cour. C'était un petit bout de femme, moins grande que la Valkyrie et beaucoup plus menue. Elle était joliment pomponnée, ses cheveux noir remontés dans un chignon complexe laissant parfaitement voir sa figure pâle, dont les traits fins étaient à peine visibles à l'exception d'une bouche rouge nettement dessinée. Sa tenue, tout aussi travaillée, n'était pas sans rappeler à Edward les kimonos japonais dont il avait déjà admiré la finesse, à l'exception de ses deux manches, bien plus longues que nécessaire. Elles s'enroulaient autour de la taille de la demoiselle jusqu'à terminer en un nœud aussi charmant que conséquent qui les attachait définitivement l'une à l'autre. La marchande, privée ainsi de l'utilisation de ses bras, laissait les gens se servir, annonçant seulement le montant de leurs achats que chacun réglait sagement. Elle ne semblait aucunement dérangée par la ritournelle amoureuse de Sigurd qui n'accorda pas un regard à Brunehilde. Cela renforça la décision de Verlia qui rejoignit, d'un pas ferme, l'étal aux senteurs apaisantes, ne laissant aucune chance à Edward de la retenir. La Valkyrie s'adressa directement à l'oiseau :
– Sigurd ! Alors sous prétexte qu'elle ne te tombe pas dans les bras, tu vas voir ailleurs ? Quel bel exemple tu donnes ! – Pardon, mais c'est votre oiseau ? Interrogea la vendeuse d'une voix paisible. – Pas exactement. En réalité nous ne le connaissons que depuis hier, mais il s'est montré très entreprenant avec ma monture. – Oh ! Je vois, je vois. Un manque d'insistance très déplacé. – Je ne l'aurais pas mieux exprimé. – Mais n'est-ce pas une caractéristique typiquement masculine ? – Hélas… – Hé ! Protesta Edward qui trouvait visiblement à redire à ce sujet. – Mes sœurs ne cessent de me répéter que les garçons se lassent sitôt qu'ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, soupira la marchande en inclinant légèrement la tête à cette triste idée. – Des paroles pleines de clairvoyance. – Je vous entends hein ! – Mais j'admets que certains savent se montrer terriblement têtus, s'amusa une dernière fois Verlia devant la mine renfrognée du loup. Permettez moi de vous présenter Edward, mon compagnon de route. – Gudrun, enchantée.
La petite marchande s’inclina poliment, permettant à Edward et Verlia d’assimiler ce prénom atypique qui surprit bien plus la Valkyrie que le lycanthrope. Elle jeta d’ailleurs un coup d’œil successif à Sigurd et Brunehilde, entrouvrit la bouche pour s’exprimer, mais fut coupée par un éclat de voix derrière eux.
– Au voleur ! Au voleur !
Edward fit volt face, prêt à intervenir, mais il fut devancé par leur interlocutrice. D’un geste aussi simple qu’efficace, Grudun venait de se défaire du gros nœud serré sur son ventre, libérant ainsi ses deux manches interminables. Elle eut un mouvement vif, entre pas de danse et arcane martiale, élançant les deux pans de tissu vers le pillard. L’un deux s’enroula autour de sa cheville, freinant sa course quand l’autre atteignit sa main dans un claquement sec, lui faisant lâcher sa prise. Un tour sur elle-même et la belle fit chuter le brigand, une arabesque et la voilà qui le tirait en arrière, puis un port de bras gracieux lui permit de saisir l’objet du délit, l’enveloppant dans sa manche avant d'en prendre tout à fait possession. Un léger sourire aux lèvres, elle rendit le bien à son propriétaire qui la remercia chaleureusement, laissant bouche bée le loup et la Valkyrie. Si tôt son intervention terminée, les manches de Gudrun reprirent leur position initiale et sa fine taille se retrouva à nouveau parée d’une jolie boucle. Elle se tourna calmement vers Edward et Verlia, demandant d’une voix nullement essoufflée :
– Puis-je vous recommander un thé peut-être ? L’écorce la Branche de l’Oubli a un parfum corsé qui pourrait vous convenir à tous les deux.
Elle dut réitérer sa demande pour obtenir un semblant de réaction de la part de ses vis-à-vis, seul Sigurd s’étant montré imperturbable lors de cette démonstration de force. La réponse attendit pourtant, car une odeur bien connue d’Edward lui fut portée par le vent. Il en informa aussitôt Verlia et tous deux s’excusèrent poliment, avant de disparaître derrière un étalage de pelotes de laines tenu par un vendeur visiblement très intéressé par la marchandise voisine, constituée d’armes rutilantes. Guidés par le flaire du loup, ils ne mirent pas longtemps pour toucher au but et un sourire leur illumina le visage lorsqu’une petite voix aiguë les accueillit :
– Grandes Dennnnts ! Grandes Boooottes ! – Bunbun ! – Est-ce que ça va ? Ils ne t’ont pas fait de mal ? S’enquit Edward qui posa la main sur la petite cage dans laquelle s’agitait le Nikmohr. – Hep ! Pas touche à la marchandise, sauf si vous avez de quoi payer !
Le loup tourna la tête à la recherche du commerçant ronchon dont il venait de subir les remontrances. Verlia le lui indiqua, pointant sur la table une sorte de lézard anthropomorphe, bien plus petit que Bunbun, qui croisait ses bras maigrelets sur son torse. Elle lui souffla que c’était un Vivifs, peuple commerçant par excellence, mais qu’ils étaient normalement beaucoup plus grand. Cela ne sembla pas plaire au concerné qui s’offusqua, tapant du pied sur la table :
– Vous pensez que je ne l’ai pas remarqué peut-être ? Nous sommes victimes d’une malédiction ! Alors cessez de me regarder comme une curiosité et décidez vous ou allez vous en ! – Bon, bon, inutile de s’énerver, reprit le loup qui préféra ne pas demander ce qu’était devenu l’élu potentiel de ce peuple. Nous voudrions le Nikmohr, l’amulette qui est là et la sacoche là-bas. – Deux mille quarante Krons. – C… Combien ? S’étrangla le loup. – Deux mille quarante Krons. Dix pour le sac, trente pour le bijoux et deux milles pour le Nikmohr. – Bunbun précieux ! – Bunbun coûte un œil oui ! – J’ai tout juste les quarante, souffla Verlia en fouillant ses poches. – J’ai… deux boutons ? – Pas d’argent, pas de marchandise. – On doit pouvoir s’arranger non ? Glissa Edward en approchant sa main du minuscule vendeur, bien décidé à le pendre par les pieds pour accélérer la négociation. Aie ! Il m’a brûlé ! – Les Vivifs font fondre la matière en la regardant, murmura la Valkyrie qui tenta un sourire pour faire pardonner ce léger oubli. Écoutez… Euh… Nous revenons bientôt avec l’argent. Alors ne les vendez pas.
Edward l’observa, perplexe, tout en se demandant où elle avait pu dissimuler deux milles Krons, mais la belle eut tôt fait de l’entraîner à sa suite au plus grand damne de Bunbun à qui ils promirent un prompt retour. Elle l’informa très sérieusement qu’elle comptait demander de l’aide à Gudrun, espérant qu’elle accepterait de fournir cet avancement conséquent. Le lycanthrope ne s’en montra nullement convaincu, mais n’ayant pas de meilleure idée, il se rangea à son avis. Tous deux retrouvèrent l’échoppe de thés, près de laquelle sa vendeuse essayait de raviver la flamme de Sigurd pour Brunehilde, sans grand succès. Verlia expliqua rapidement la situation, faisant preuve d’une habilité extraordinaire en mettant l’accent sur le vol honteux dont ils avaient été victimes. La grande âme de Gudrun résonna à ce vif témoignage et elle proposa aussitôt de participer au rachat de leurs affaires et de Bunbun.
– Mince ! – Il manque encore cent Krons, soupira Verlia lorsqu’ils eurent terminé les comptes. – Je vais venir avec vous. À nous trois nous pourrons négocier ! Ce sera amusant !
Inutile de dire qu’Edward et Verlia acceptèrent cette aide avec joie et assistèrent en cela à un merveilleux tour de passe passe. Gudrun donna deux petits coups de pied au bas de son échoppe qui se replia sur elle même pour devenir une simple épingle à cheveux qui vint embellir un peu plus la coiffure soignée de la marchande. Leur quintet (car ils étaient désormais cinq en comptant Sigurd, toujours dansant, et Brunehilde) s’amena aussitôt devant la grande table du Vivif. Rien n’avait disparu, fort heureusement, et les négociations purent commencer. Edward laissa les femmes à cette besogne, lui ne se donnant que deux minutes de pourparlers avant qu’il n’essaie d’écraser le minuscule reptile. Petit à petit, elles gagnèrent une dizaine de Krons, puis une vingtaine bien que le lézard se montrât difficile en affaire.
– Oh… Gros nuages cacher soleil.
Par réflexe, Edward leva la tête et s’étonna de la soudaine teinte noire que prenait le ciel. Les rayons de l’astre diurne étaient totalement happés par cet masse sombre qui rongeait, toujours plus rapidement, le moindre coin d'azur. Un changement de temps anormal qui n’était pas sans rappeler au loup leur mésaventure de la veille. Aussi, ce fut sans futilité qu’il se pencha en direction de la Valkyrie, toujours en pleine négociation :
– Si tu pouvais accélérer un peu… – Ne me déconcentre pas, souffla-t-elle en le repoussant d’une main. – C’est qu’on risque d’avoir de la compagnie.
Il pointa du doigt le ciel désormais d’un noir d’encre et admira le changement d’expression soudain de la belle brune dont le visage perdit toute trace de couleur. Gudrun, que son naturel curieux invita à écouter ce qui ne la concernait pas, comprit rapidement la situation et s’activa aussitôt en faveur de ses nouveaux amis. D’un geste prompt, elle libéra à nouveau ses manches, attrapa de l’une l’amulette d’Edward, de l’autre la cage de Bunbun, quand au même moment Verlia s’emparait de sa sacoche sous les exclamations furieuses du Vivif. Fort de son don, il chercha à sauver sa marchandise la plus précieuse et désagrégea, d’un regard, le tissu qui emportait Bunbun. Le Nikmohr n’eut toutefois pas le temps de tomber au sol. Les doigts glacés d’Edward se refermèrent sur les barreaux, les gelant aussitôt, puis les brisa d’un coup sec qui rendit sa liberté à la boule de poils. Un croassement lugubre résonna à leur aplomb, les invitant à ne pas s’attarder. La monnaie fut laissé au Vivif qui n’insista pas, convaincu par un coup de hache trop près de sa queue, et le petit groupe put organiser un semblant de fuite.
Verlia sa hissa sur Brunehilde en compagnie de Gudrun et de Sigurd, posé sur l’épaule de la marchande, et d’un coup de talon sec, elle s’élança entre les étals. Edward les talonnait, Bunbun dans les bras. Il n’eut aucun mal à les suivre sous sa forme humaine car, même si le pégase fendait la foule, les mouvements de panique engendrés obligeait Verlia à une grande précaution. Ils parvinrent pourtant à quitter le Marché Chimérique, pour retrouver les artères un peu plus larges de Wyr. Ils eurent la folle idée que la fréquentation élevée les protégerait des assauts de la Horde noire, mais un éclair ténébreux leur apprit le contraire. Il brisa, dans un bruit sinistre, une carriole à leur proximité, lui faisant prendre feu dans l’instant. L’épouvante gagna la population qui se mit à courir de manière désordonnée, affolant Brunehilde qui rua brutalement. Edward évita de justesse le coup de sabot, alors que Verlia mettait tout en œuvre pour calmer sa monture. Sigurd se mit alors à roucouler, reprenant ses sérénades d’un ton suave qu’accompagnaient des claquements de bec insistants. L’effet fut immédiat. La Valkyrie retrouva le contrôle du pégase qui s’apaisa à cette nouvelle mélodie et s’élança immédiatement en direction des quais, évitant de justesse une nouvel éclat assassin.
Le cri perçant d’un des corbeaux déchira le ciel lorsqu’il tenta de s’abattre sur eux. L’architecture de Wyr les protégea de cet attaque, obligeant de volatile à virer soudainement de bord, incapable de passer entre les toitures. La course s’accéléra. Ce serait qui atteindrait le lac en premier. Verlia s’engagea à toute allure dans une venelle pentue. À sa sortie, elle tira brusquement sur les brides, obligeant Brunehilde à un virage serré, qui les conduisit droit sur les pontons bondés de marchands. Sautant par dessus une cargaison, elle s’arrêta au bord de l’eau, se tournant aussitôt, rassurée de voir Edward la rejoindre, le souffle court. Non loin, la Horde noire les avait repéré.
– Brunehilde peut décoller, mais je ne peux emporter qu’une personne ! S’exclama Verlia, nerveuse. – Emmène Gudrun alors. – Mais toi ? – Moi ? Je vais mettre un sacré bazar, répliqua le loup, un immense sourire aux lèvres. Prend Bunbun avec toi et décolle. – Qu… – Verlia décolle ! Ne discute pas.
La Valkyrie obtempéra. Brunehilde déploya ses ailes et, galvanisée par le chant de Sigurd, elle s’envola d’un mouvement souple, se positionnant à l'aplomb d’Edward. Ce dernier avait déjà glissé deux glaçons dans sa bouche, et ce fut fort de son amulette retrouvée, qu’il prit son apparence lupine. Une bonne partie du quai gela aussitôt au simple contact de ses pattes. Il s’élança alors sur le lac, dont la surface se transformait en glace sous ses foulées. Verlia fonça à son tour, suivant sa progression depuis les hauteurs.
Derrière eux, les trois envoyés de la Horde noire se rapprochaient dangereusement. Uniquement concentrés sur le loup, deux d’entre eux restèrent en hauteur et visèrent la glace qu’ils firent exploser ça et là, dans l’idée de faire perdre l’équilibre à leur cible. Le dernier fondit en rase-mottes. Rattrapant rapidement le canidé, ce fut armé d’un arc aux flèches brumeuses qu’il tenta de l’arrêter. Une première atteignit presque le loup qui vira aussitôt de bord, se dirigeant droit vers un petit navire. Le corbeau et son cavalier suivirent le mouvement dans un croassement grinçant. Les tirs fusèrent. L’un d’eux, s’abattant trop près, fit trébucher Edward. Il glissa et se reprit juste à temps pour éviter un éclair, heureusement dévié par un coup de manche bien placé de Gudrun. Car en altitude aussi la bataille faisait rage. Aux commandes de Brunehilde, Verlia se révéla une pilote d’exception, maîtrisant à merveille sa monture. Elle avait jeté son dévolu sur l’un des cavaliers noirs restés en hauteur, l’empêchant au mieux de s’en prendre à Edward avec l’aide de la marchande dont les pans de tissu faisaient toujours mouche. Debout sur la croupe du pégase, la demoiselle faisait preuve d’un sens de l’équilibre hors norme et évitait, toujours gracieusement, les contre-attaques. Mais c’était sans compter sur le troisième assaillant qui s’était approché d’elles avec une discrétion à faire pâlir un Volubile. Il laissa tout juste le temps à Gudrun de s’exclamer :
– Verlia ! Attention ! – Grandes mannnnnnches !
L’éclair fut pour elle. Blessée à la jambe, Gudrun chuta, inévitablement. La Valkyrie plongea à sa suite, recroquevillée contre l’encolure de Brunehilde qui fendait les airs à toute vitesse. L'action ne dura qu’un instant, mais parut interminable au regard des deux protagonistes. Quand enfin Verlia fut à la portée de Gudrun, cette dernière jeta l'une de ses manches vers le pégase, l'enroulant autour de sa patte arrière avant que la cavalière n'ordonne une remontée immédiate. Se balançant au bout de son vêtement, le poids supplémentaire de la marchande affecta sévèrement ce changement de cap. La surprise déstabilisa Brunehilde qui poussa un hennissement inquiet. Son vol se fit soudain bancal et nécessita toute la concentration de la Valkyrie afin d'éviter une fin tragique. Concentration qui l'empêcha d’anticiper un nouvel éclair qui la heurta à l'épaule, lui arrachant une exclamation douloureuse. À ce son, le pégase sembla retrouver toute sa lucidité et se stabilisa, quand au sol, la même clameur eut une toute autre répercussion.
Edward tenait bon. Ses glaçons avaient beaucoup diminué, mais il continuait de faire tourner en bourrique son poursuivant. Il prévoyait de plus en plus facilement ses attaques et s'aidait des nombreux bateaux, désormais coincés dans l’étendue gelée, pour forcer son corbeau à des embardées risquées. Sa dernière tentative avait presque réussie à le faire s'écraser, l'esquive d'un majestueux trois mâts s'étant soldé par un entortillage bref dans les cordages. Le lycan était parti pour un second tour, aussi se dirigeait il droit vers le navire, lorsque le cri de Verlia lui parvint. Il leva la truffe, découvrant avec stupeur la scène qui se jouait au-dessus de lui. Un grondement furieux lui gonfla la gorge et ce fut avec un tout autre plan en tête qu'il accéléra l'allure. Il atteignit la coque avec une vitesse et une puissance féroces, l'utilisant pour effectuer un demi-tour en épingle qui donna lieu à un face à face entre lui et le cavalier noir. L'un bandit son arc, l'autre sauta et le choc colossal les fit tous deux rouler à terre. Le loup, blessé au flanc, eut rapidement le dessus sur son assaillant qu’il maintint au sol. Il n'eut malheureusement pas le temps d'y planter ses griffes que l'être s'évapora, sa monture ayant fuit depuis bien longtemps. Un de moins.
Les deux membres de la Horde noire restants perdirent aussitôt de l'altitude, bien décidé à unir leur force pour faire disparaître la menace que représentait Edward. Ils se séparèrent, profitant qu'il soit blessé pour envisager de l'attaquer en tenaille. L'un d'eux vira vers l'est, l'autre vers l'ouest. Mais fort de leur tactique, le dernier oublia les présences féminines sur le champs de bataille. Il s'aventura tout près d'elles, donnant l'occasion à Gudrun de démontrer, une nouvelle fois, ses compétences extraordinaires. Aidée de Verlia et sa monture, la marchande planifia soigneusement son geste, commençant à se balancer d'un habile jeu de jambes et attendit le moment opportun pour lâcher prise. L'acrobatie fut certainement la plus belle de tout Meilledeï, mais elle n’égala pas la réception. D'une pointe soignée, Gudrun atterrit sur le dos du corbeau, enroula ses manches autour du visage de son cavalier et le jeta dans le vide d'un mouvement ample, prenant ensuite possession de l’oiseau. De deux.
Le dernier ne se démonta pas et entama une course poursuite sans pareille avec le loup dont l'agilité était diminuée. À grand renfort d'éclairs et de projectiles ténébreux, il parvint à l'isoler au cœur d'une étendue de glace, loin de tous navires et sans possibilité de se cacher. Le canidé grogna rageusement et fit face avec courage. Il essaya à plusieurs reprises de reprendre sa course, mais chaque fois une attaque l'obligeait à reculer. Acculé et bien trop loin de son assaillant pour tenter la moindre attaque, il s'inquiétait pourtant de tout autre chose. Ses glaçons avaient complètement fondus. Les griffes enfoncées dans la glace, il perçut avec angoisse le craquement sinistre qui retentit. Autour de lui, l’étendue blanche se fissura et il se retrouva rapidement sur un iceberg instable qui barbotait au milieu du lac. Un rire sinistre le fit grogner, avant qu'un nouvel éclair ne rende son embarcation plus précaire encore. Manquant de peu de terminer à l'eau, il retrouva forme humaine et chercha à avaler un nouveau glaçon, mais l'attaque suivante renversa son banc de glace et lui fit boire copieusement la tasse. Lorsqu'il regagna la surface, il chercha à s'agripper à sa bouée gelée, dérapant invariablement sans vraiment réussir à l'utiliser pour flotter. L'envoyé de Raknor lui accorda un deuxième plongeon en faisant exploser le reste de la glace, laissant Edward, seul face au courant. Enfin presque. La charge de la Valkyrie fut spectaculaire. Déboulant sur Brunehilde, les naseaux fumants, elle heurta de plein fouet le corbeau et son cavalier dans un rugissement guerrier. Pris de court, ils partirent tous deux en vrille sans que l'oiseau ou son maître ne puissent faire quoi que ce soit, et achevèrent leur chute par un plongeon sonore et une exclamation victorieuse de Verlia. De trois !
Le ciel se dégagea et le retour du soleil fit rapidement fondre les derniers morceaux de glace. Une petite embarcation en bois eut la bonté de repêcher Edward, près de qui vint voleter la Valkyrie. Elle glissa joyeusement :
– Je vous dépose Monsieur ?
Le loup blêmit. Chaque année il écopait de ces maudits chevaux ailés. Chaque année. Cet air affligé ne fut pas sans titiller la curiosité de Verlia qui s'attendait à plus d'enthousiasme. Elle questionna donc et rit de bon cœur en apprenant que son passager était sujet au vertige. Edward se vexa et rougit malgré lui, incapable de se justifier. La belle ne lui en tint pas rigueur et reprit :
– Tu n'auras qu'à passer tes bras autour de ma taille et fermer les yeux. – Dis comme ça… C'est plutôt tentant ! – Ce le sera plus encore après une petite vrille aérienne ou deux, tu verras, répliqua Verlia en affichant un sourire jusqu'aux oreilles. – Je ne… voyais pas les choses sous cet angle, admit le loup, soudain plus tenté de rejoindre Raknor en passant directement par la cascade. – Arrête tes bêtises et monte !
Edward afficha une mine blanche et posa avec hésitation sa main sur la croupe de Brunehilde. Il n’avait qu’à se hisser à l’arrière de l’animal, mais l’envie lui faisait défaut.
– Grande Deeeents ! – Alors vous venez ? Questionna Gudrun qui volait à proximité, toujours sur le dos du corbeau.
Cette vue arracha une fausse note à Sigurd, qui n’apprécia pas cette tromperie. Il reprit donc sa mélodie, mais ne la destina plus qu’à Brunehilde. L’humeur du pégase fut, dès lors, au beau fixe. Outrepassant sa crainte du loup, elle tenta même de le convaincre de monter, à sa manière, soit en lui mâchouillant les cheveux. Cela provoqua un mouvement brusque d’Edward, qui voulut s’éloigner et entraîna le tangage soudain de l’embarcation. Debout sur celle-ci, il mit tout en œuvre pour conserver son équilibre, jusqu’à ce qu’un coup de sabot dans la coque ne le fasse tomber en avant. Fermant les yeux, il retint sa respiration, se préparant à un plongeon qui n’arriva pas. Réceptionné à plat ventre sur la croupe de Brunehilde, l’animal s’envola aussitôt au son de la sérénade de Sigurd et des jurons paniqués d’Edward.
Le temps d’aider le loup à s’asseoir et les voici survolant les terres stériles de Raknor.
Fin de cette seconde manche !
Quelle imagination fertile ! Merci à tous ! Le challenge n'était pas aisé, mais pour ceux dont le poste a pu être terminé, vous nous avez démontré qu'un simple mot pouvait conduire à des créations exceptionnelles !
Pour les autres, on compte déjà quelques débuts prometteurs ! Mais il nous tarde de pouvoir vous lire en entier. Enfin, ceux qui n'ont pas pu poster leur récit mais souhaiteraient le partager sont libres de poster leur texte dans la partie inspiration créatrice du forum !
La suite est prévue en début de semaine prochaine, lundi ou mardi probablement. Peut-être avant si l'occasion se présente ! Vous en serez avertis, comme à chaque fois.
Bien sûr, tous ceux n'ayant pas pu poster ici pourront participer o/