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Une brise fraîche caressa la cîme du grand chêne, berçant l'enfant endormis en son antre. Les mouvements de l'arbre sous le vent, réveillèrent le doux être qu'il protégeait. Le corps recroquevillé entre les racines naissantes et le tronc imposant du chêne, protégeait la jeune Dryade de son écorce rugueuse et solide. De l'intérieur, la jeune femme pouvait percevoir tout ce qui se passait à l'extérieur. Parfois, elle entendait la voix grave d'un mystérieux homme. Quand il déposait sa main sur l'écorce ou était dessiné le corps de la jeune fille, elle pouvait le sentir. Une chaleur protectrice et bienveillante envahissait l'habitacle, faisant frissonner la belle créature. L'homme semblait détecter les fines vibrations émises par l'arbre, car ses caresses furent encore plus tendres et lentes.

La Dryade était en parfaite harmonie avec son créateur. Le chêne rayonnait de splendeur, dépassant tout les autres, plongeant vers les nuages comme attiré par le ciel. Plus la Dryade se sentait bien, plus l'arbre se développait. L'humain, passait tous les jours, déposer une caresse à la douce enfant. Une nuit de pleine Lune, la jeune femme fut réveillée par un effroyable craquement. L'arbre bougeait à fissurer l'écorce qui enveloppait la Dryade. C'était la première fois qu'elle ressentait la peur. Peu à peu l'espace entre elle et l'arbre se faisait sentir. Elle pouvait commencer à bouger ses membres. Des douleurs inconnues se réveillaient à chaque mouvements. Que se passait-il ? Pourquoi l'arbre la repoussait?

Les mouvements devenaient tellement insistants et forts que la jeune femme se décolla du tronc. L'écorce finie par céder, laissant délicatement tomber la Dryade dans un monde inconnu. Les feuilles de l'arbre étaient devenues rouge. L'air frais printanier, secoua la jeune femme de frissons. Elle se redressa ne comprenant pas ce qu'il se passait. Quels étaient toutes ses sensations étrangères et désagréables? Avec difficulté, elle rampa jusqu'au tronc, ramassant les écorces sur son passage. Des larmes chaudes coulaient le long de ses joues blanches. Elle n'arrivait pas à parler et émettait des plaintes de chagrin. Elle tenta de retourner d'où elle venait mais l'arbre avait repris sa forme initiale.  Le mystérieux homme était là lui aussi. Il assista à la naissance de la Dryade. Le spectacle l'avait laissé sans voix. Il ne s'attendait pas à une telle beauté. Il avait vu le désarroi de la jeune femme apeurée. La vision de son chagrin l'insupportait, mais il n'intervint pas de suite, de peur de l'effrayer d'avantage. Il continua difficilement de la regarder sans bouger.

La jeune femme creusait le sol de ses mains fragiles. Elle criait, pour revenir à l'abri dans l'imposant chêne qui restait impassible devant sa détresse. Le visage ruisselant de larmes, elle se recroquevilla en boule dans le creux d'une racine. Quelques heures après, l'arbre commença à perdre ses feuilles laissant un tapis rouge au sol. La jeune femme s'était arrêtée de pleurer, comme si elle avait soudainement compris tout ce qui lui arrivait. L'homme en profita pour s'approcher lentement d'elle, une couverture en mains. Quand il fut suffisamment proche, il déposa délicatement le drap en laine sur le corps recroquevillé et tremblant de la jeune femme. Il remarqua, qu'elle le regardait. Elle n'avait pas eu peur. Son regard était tellement profond que l'homme se sentait sondé, comme si la jeune femme tentait de lire en lui. Au bout d'une dizaine de secondes, il lui sourit tendrement. Le visage jusqu'à lors inexpressif de la Dryade s'illumina. On aurait dit une enfant après un caprice. La jeune femme put enfin voir le visage de son mystérieux visiteur. Il la regardait de ses petits yeux bleu, le visage marqué par le temps mais d'une douceur cajolante. La jeune femme se sentait bien avec cet individu. Il s'était assis à côté d'elle et lui caressait les cheveux. Tout deux s'endormirent.   Au petit matin, les rayons du soleil réveillèrent la jeune fille. Elle remarqua que le vieil homme était toujours là. Adossé au tronc, les yeux endormis. Elle se leva et déposa sur lui la couverture. Puis, se redressa. Le grand chêne qui l'avait mise au monde était mort. Elle alla se placer contre le majestueux tronc qu'elle enveloppa tendrement avant de l'embrasser.  

 Deux ans plus tard....

La jeune femme avait été baptisée Elona Quercus. Le vieil homme qui l'avait recueillit lui avait appris à parler mais, pas à lire ni écrire, car malheureusement, le temps lui manqua. Des bruits de couloir circulaient dans le domaine. La jeune femme n'avait aucune maîtrise sur ses pouvoirs et les plantes, été, comme hiver, n'arrêtaient pas d'évoluer. Les employés ne trouvaient pas ça naturel. Ils la soupçonnaient d'être à l'origine de ces événements apparus  le jour de sa mystérieuse arrivée. Le Conte de Lanière, qui l'avait recueillie, dù se séparer de quelques domestiques trop curieux. Ce qui n'avait pas arrangé les soupçons. Plus les mois passaient et le secret devenait difficile à cacher. Il prit la décision à contre cœur d'envoyer la jeune femme sur Paris. Il avait entendu parler d'un Cabaret où, de potentiel Légendaires y travaillaient. Le risque qu'encourait la jeune Dryade en restant ici était trop grand. Elona avait accepté. Le jour de son départ, un puissant vent d'ouest emporta toutes les feuilles. Le domaine se retrouva nu de végétation. La jeune femme regardait à travers la vitre du fiacre jusqu'à ne plus apercevoir les toitures. Elle ne pouvait pas retenir ses sanglots. Tout le long de son trajet, les plantes et arbres qui bordaient les routes se dégarnissaient, voir mourraient. Voilà une nouvelle vie qui débutait pour Elona Quercus, une vie où elle devait se débrouiller seule, loin de ses repaires. Paris! Y avait-il des arbres? La jeune femme angoissait. Le voyage en train fut long. Quand elle mit pied à terre, la nuit était tombée. Elona fut surprise par tant de grandeur. Les quais étaient recouverts d'une gigantesque structure métallique fermée. Émerveillée, elle resta statique au milieu du quai. Les gens grommelaient en la bousculant mais elle n'en faisait pas cas. Quand elle se remit de sa rêverie, elle sortit un petit morceau de papier ou était indiqué le nom de l'hôtel ou elle devait déposer ses affaires et celui du Lost Paradise. Le Conte lui avait donné de quoi subvenir à ses besoins le temps de trouver un travail au cabaret.