La flamme d’une lanterne sourde vacille dans le salon d’un petit appartement parisien. Posée sur une table, elle éclaire faiblement trois silhouettes, trois jeunes femmes sur lesquelles veillent un bien étrange portrait. Dans uns cadre noir, se détache l’adorable museau de lapin. Un casque militaire étoilé couvre ses oreilles, mais laisse passer deux cornes de serres dévoilant sa nature légendaire. Le regard sombre et déterminé du Jakalope n’a d’égale celui du trio sur lequel il veille.
Toutes fixent la table encombrée autour de laquelle elles travaillent depuis plusieurs jours. On y trouve une trousse de médecin, remplie d’un attirail plus propre à soulager les coffres-forts que le mal. Pinces d’acier, pied de biches, rossignol et autres outils gonflent la poche de cuir à en faire pâlir un as de la cambriole.
Coincé au-dessous du sac, dépasse un calendrier dont une date a été méticuleusement cerclée de rouge. Dimanche 9 avril. Une inscription a été ajoutée et doublement soulignée : « Pâques. »
Tout près se trouve un révolver, un huit coups, bien lourd, comme les aimes Mallory. Le canon est lustré, brillant et sur son métal se reflète les clous plantés dans la batte de baseball posée à ses côtés. L’arme n’en est pas à son coup d’essai, mais Charity l’entretient et elle demeure une précieuse alliée pour les corps à corps compliqués et les menaces. À l’autre bout de la table, se trouve le mousquet de Brooklyn. Loin d’être aussi désuet qu’il y parait, ce fusil convient à merveille à la cheffe des Jackies, car un coup lui a toujours suffi.
Bras croisés, plongée dans la pénombre, l’américaine tire sur sa cigarette dont seul le bout rougeoie dans l’obscurité. Son œil unique se plisse, alors qu’elle crache un rond de fumée. Il parcourt une dernière fois le grand plan annoté étalé devant elle. Le mot « Banque » y est clairement visible, mais il est recouvert de plusieurs papiers, tous soigneusement étalés par les mains de Brooklyn. Des photos et des noms y sont visibles, ce sont des fiches d’identités, dont certaines, raturées, sont finalement écartées. Mallory et Charity se partagent celles qui restent.
Satisfaite, Brooklyn se lève et son visage entre dans la lumière. Un sourire déterminé dévoile ses dents entre lesquelles demeure coincée sa cigarette. Elle en tire sa dernière bouffée, puis l’écrase d’un geste sur le plan, pile sur l’espace du coffre fort.

« All right girls ! It’s hold up time ! »