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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 [Évent] À la belle étoile - 1891

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La foule [PNJ]
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MessageSujet: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeDim 13 Fév - 20:29

Jakob avait raison, la vue était superbe.

Encore humides de la pluie tombée en journée, les toits de Paris luisait faiblement sous l’éclat brillant d’un croissant de lune, rayonnant dans un ciel parfaitement dégagé. Aux abords du parc, quelques cabs ouvraient leurs portières à la lumière des lampadaires, déversant les curieux retardataires venus assister à la soirée organisée sur le belvédère des Buttes-Chaumont.
Cygne était tout excité. Emmitouflé dans un manteau au col couvert de plumes blanches, il tendait le cou, appuyé sur une rambarde, guettant l’arrivée des premiers visiteurs sur le chemin en contre-bas. Des rires s’élevèrent, rattrapés par des bruits de pas et de discussion. Une fillette s’élança à toute vitesse sur le sentier, une peluche en main. Elle se figea quelques mètres plus loin, interpellée par la voix claire de celle qui devait être sa mère.
Le cœur battant, le jeune aristocrate quitta son poste d’observation et rejoignit au pas de course la placette aménagée pour l’occasion au pied du temple de la Sibylle. Dénuée d’éclairage, des lampes sourdes avaient été disposées aux endroits stratégiques, éclairant juste ce qu’il fallait de l’endroit pour pouvoir s’y déplacer en toute sécurité.
Archimède installait la dernière aux branches d’un noyer, quand le visage rayonnant de son jeune maître apparut sous l’éclairage orangé.

Les gens arrivent !
Ils sont un peu en avance, la soirée devait commencer à vingt-et-une heures trente.
Oh… Est-ce que tout n’est pas prêt ? Devrais-je leur demander de patienter ?
Pouvez-vous demander à Jakob ? Il est en train d’ajuster le télescope que nous a prêté l’observatoire. Je vais voir si Mademoiselle Dufour a besoin d’aide pour finaliser la mise en place de ses préparations.

Cygne acquiesça et s’éclipsa. Il dépassa deux des stands installés pour des commerçants venus assurer le ravitaillement, mais les délicieuses odeurs qui en émanaient ne suffirent pas à l’arrêter. Contournant trois lunettes astronomiques mise à disposition du public, il gravit ensuite deux à deux les marches du kiosque.
Penché sur un appareil bien plus imposant que les précédents, Jakob finissait d’en ajuster la visée. Cygne n’osa pas le déranger. Brassard pourpre au bras et cigarette aux lèvres, le mage du cabaret ne tarda pas à sentir sa présence. Il lui jeta un coup d’œil interloqué par-dessus ses lunettes, puis se redressant, il consulta rapidement sa montre.

Un problème ?
Est-ce gênant si les convives ont de l’avance ?
Du tout, j’ai terminé.

Il écrasa le bateau de tabac sous son pied et souffla au loin le nuage de fumée.

La comète devrait être visible vers vingt-deux heures, peut-être un peu avant si le ciel reste aussi dégagé. D’ici là, ce petit bijou donne une vue imprenable sur l’étoile polaire.

Cygne mourrait d’envie de regarder, mais une exclamation enfantine l’obligea à revoir ses projets.
Les premiers participants venaient d’atteindre la place. Une famille de trois, sans signe distinctif pour décorer à leur tenue. Le jeune aristocrate songea que cela manquait peut-être à la chipie qui les accompagnait. Haute d’une dizaine d’années, la demoiselle s’élança sur la place, posant mille questions qui restèrent sans réponse. Les injonctions de ses parents auraient eu plus d’effet sur une porte. Heureusement, Célestine Dufour combla temporairement son insatiable curiosité d’une bonne crêpe salée.
Brèves bienséances entre adultes, coupées par l’arrivée d’autres visiteurs. Notamment d’un groupe d’amis au sein duquel se détachait deux silhouettes presque totalement identiques. Toutes deux vêtues de bleu, tantôt clair, tantôt foncé, le charisme des sœurs De Lespinasse rayonnait au milieu de ces bourgeois de seconde zone dont elles toléraient la présence. Pour l’occasion, deux d’entre eux portaient le brassard distinctif des anti-légendaires chevronnés, blanc au cercle pourpre. Une entrée en scène remarquée qui s’accompagna d’un comportement très déplacé. Les nouveaux venus saluèrent poliment tout le monde, à l’exception de Jakob, pour lequel ils n’eurent qu’un regard dégoûté.
Le mage ne s’en formalisa pas, sans doute habitué, mais Cygne en fut très agacé. Lui, qui avait placé cette soirée sous le signe de la convivialité, allait devoir redoubler d’ardeur s’il souhaitait que les présents puissent pleinement en profiter.

Soit ! Challenge accepté !






À la belle étoileUne comète de passage à Paris

C’est le jour J. Cette nuit, une comète passera au-dessus de Paris et grâce à Cygne, Archimède et Jakob, les plus curieux d’entre vous auront le privilège de la contempler dans les meilleures conditions qui soient !

Rendez-vous est donné sur le belvédère des Buttes-Chaumont, le point le plus haut du parc. La soirée débute à 21 h 30, mais ils vous faudra patienter jusqu’à 22 h pour que la comète soit visible dans le ciel pendant plusieurs heures.
Nourriture et boissons sont à disposition sur la place, proposées par des commerçants de la capitale, comme Célestine Dufour, gérante du restaurant de la Souris Verte. N’hésitez pas non plus à jeter un œil dans les télescopes mis à votre disposition pour découvrir sous un tout nouvel angle ce beau ciel étoilé.

Des rencontres sont à prévoir, bonnes ou mauvaises, à vous de voir ! Une chose est sûre, créatures fantastiques et Anti-Légendaires risquent de devoir se côtoyer ce soir.


- - - - - - ★ ★ ★ - - - - - -


Déroulement de l’événement

Cet évent débute aujourd’hui ! Il devrait compter 4 manches séparées de 2 semaines chacune. Vous pourrez poster une fois, pour chacune d’elles. À chaque fin de manche, une intervention lancera la suivante en l’accompagnant de quelques surprises ! De quoi vous amuser, on l’espère !


1 - Général

Cet événement compte comme n’importe quel RP et s’ajoute à vos nombreuses péripéties parisiennes. C’est le moment de retrouver vos connaissances passées ou de vous en faire de nouvelles !


2 - Déroulement de l’évent

Cet événement rassemble plusieurs personnages de l’univers du forum (liste ci-dessous). Vous êtes libres de les utiliser dans vos posts, à condition de respecter leurs traits de caractères.

Liste des PNJs présents :

Au cours des prochaines manches, des instructions vous seront données s’apparentant à des interventions de maître du jeu. Elles pourront concerner plusieurs personnes, ou être individuelles, le tout étant de les respecter. Elles viseront à mettre un peu de piquant dans toute cette aventure riche en rebondissements et à vous guider afin d'y participer pleinement.


3 – Contexte

Cet événement se déroule donc plus de 6 mois après l’Heure Pourpre.

La soirée a lieu sur le belvédère du Parc des Buttes-Chaumont, l’endroit le plus haut du parc. Il est accessible par deux-ponts. Il a plu dans la journée, mais le ciel s’est totalement dégagé. Un croissant de lune vous éclaire en plus des quelques lampadaires et éclairages agencés pour l’occasion.
Carte du parc:

Vous pouvez rejoindre le belvédère dès 21 h 30, mais la comète ne sera pas visible avant 22 h. Votre premier post doit s’arrêter juste avant que la comète n’apparaisse dans le ciel. D’ici là, vous pouvez profiter des repas proposés et des télescopes mis à disposition !





Vous avez jusqu'au 27 février
pour participer à la première manche

N'hésitez pas à demander si vous ne pouvez pas poster et que vous avez besoin d'un délai supplémentaire.

Vous pouvez toujours contacter le staff s'il reste des zones d'ombres ou si vous hésitez sur votre post. Il ne faut pas avoir peur de participer et si vous avez le moindre doute, n'hésitez pas à nous contacter. Nous répondrons à toutes vos questions !

Amusez vous bien !

https://lostparadise.forumgratuit.org/
Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeDim 20 Fév - 19:35

Pour une fois, Edward y avait mis les formes. Hélas la franchise de Jakob le rattrapa.

Vous me demandez si vous pouvez venir voir la comète ?
En quelque sorte, avoua le loup blanc un brin mal à l’aise. Je ne voudrais pas que ma présence pose problème.
Je doute que ce soit le cas. Cygne sera ravis de compter un invité de votre calibre à sa soirée.
Je pensais plutôt aux autres convives.
Ce n’est pas pas le genre de chose qui vous freine habituellement.
Non, mais vous participez à l’organisation. Ce serait malvenu de ma part de le troubler.
Patron… Si vous voulez voir la comète, alors venez.

Le loup blanc sourit.

Merci.


★ ★ ★


Et il était venu.
Peu avant vingt et une heure trente, une portière de cab s’ouvrit rue Botzaris. À la lumière des réverbères, descendit une haute silhouette élégamment vêtue. Fedora incliné sur son visage, un long manteau noir taché d’un brassard pourpre élançait ce corps contraint à une désagréable contorsion pour quitter la cabine du fiacre. Un soulier sombre crissa enfin sur le trottoir. Quelques mots furent échangés et un claquement de rênes pas tard, la voiture disparaissait en direction de la Porte Bolivar.
Chic à souhait dans son costume trois pièces bordeaux, Edward réajusta le nœud de sa cravate Ascot argenté aux motifs lunaires, pièce appréciée de la nouvelle collection pour légendaire Inhominis. Mains dans les poches, il s’engagea d’un bon pas sur les sentiers sinueux du Parc des Buttes-Chaumont et gagna, dans un silence délicieux, l’animation du belvédère.

Oh ! Monchieur White ! Bienvenue ! S’exclama Cygne en essuyant sa bouche plein de crêpe.

Il se nettoya promptement les doigts, puis les lèvres et à nouveau les doigts, tout en s’excusant un peu gêné. Leur poignée de main marqua la rencontre du chaud et du froid et le jeune aristocrate invita aussitôt le patron du cabaret à prendre une tasse de thé pour se réchauffer.

Je ne savais pas que les étoiles vous intéressaient.
Il y a longtemps, une amie m’a appris à les discerner. Mais je n’ai jamais vu de comète encore.
Moi non plus ! S’enthousiasma le jeune homme en lui remplissant un verre. Je suis très excité ! Mon majordome a essayé de m’expliquer à quoi cela allait ressembler, mais honnêtement ses descriptions me semblent si fabuleuses que c’est difficile à imaginer. Voulez-vous du sucre ?
Ça ira merci.
D’accord. N’hésitez pas à vous servir ! Les plats salés de mademoiselle Dufour sont délicieux.
J’ai cru remarquer, s’amusa le loup blanc en pointant sa joue du bout de l’index.

Les beaux yeux bleus de Cygne s’écarquillèrent et il s’empressa de débarbouiller un visage qui avait pris une belle teinte rosée. Il s’éloigna la seconde d’après, rejoignant de nouveaux invités qu’Edward crut reconnaitre. Un signe de la main qu’on ne remarqua peut-être pas et le loup blanc leva la tête.
Le ciel était clair et malgré l’éclairage installé sur la place, il parvint sans peine à distinguer Cassiopée et quelques étoiles d’Andromède. Portant son thé à ses lèvres, le loup se demanda si, où qu’elle soit, Elle aussi les voyait.
Sa gorgée le fit grimacer. Beurk. Du fenouil ?! Cygne cherchait-il à l’empoisonner ?
Les traits encore marqués de dégoût, Edward chercha un coin discret où verser son infâme breuvage sans être remarqué, quand un frisson instinctif lui remonta le long de l’échine. Il pivota lentement sur lui même, trouvant soudain le fenouil presque agréable en comparaison du double sourire vipérin qui s’étira en miroir face à lui. Il ne bougea pas d’un pouce, mais tout son corps se tendit, déclenchant un gloussement sous les corsets des sœurs De Lespinasse.

Tiens, tiens, siffla Olympia. J’ignorais que d’autres chiens seraient présents.
Quelle chance, renchérit sa sœur. Qu’en pensez vous Rupert, présentez lui Kiki, je suis sûre que ce cabot saura l’apprécier.

Un aboiement aiguë lui répondit. À gauche de Lavigna se tenait un homme d’une bonne trentaine d’année, dont l’oisiveté commençait à transparaitre sous son chemisier. Son visage rond était quelque peu durcit par une fine moustache brune qu’il voulait classe, mais n’allait aucunement avec la mollesse de son nez. Lèvre lippue retroussée de dédain, il resserra des bras étonnamment musclés sur une sorte de serpillère maronnasse d’où dépassait une langue rose. Le chien — car quoi qu’on en dise, cette chose avait été estampillée comme telle — aboya de nouveau, écartant ses poils soyeux de ses yeux globuleux.
Un sombre rictus dévoila les croc du lycanthrope.

C’est très aimable, mais je ne mange jamais entre les repas.
V-vous voulez manger Kiki !? S’étrangla Rupert dans impressionnant vibrato de glotte. M-Mais vous êtes pire qu’une bête !
Merci pour le compliment, s’inclina Edward.

Il s’éloigna sans tenir compte des commentaires odieux des jumelles ou de l’hyperventilation soudaine de Rupert, trop inquiet à l’idée que la tasse entre ses mains, déjà sérieusement fendue, ne finisse pas exploser.

Heureusement, la tranquillité fut vite retrouvée.
Malgré la foule qui s’étoffait, les télescopes n’avaient pas encore été tous pris d’assaut et Edward pu profiter de la vue au travers de l’un d’eux, non sans avoir à se plier en deux. La vue magnifique lui rendit le sourire et l’impatience de voir la comète commença à se faire sentir.
Se redressant, il trouva un endroit au calme qui lui permit de scruter les présents, comptant les visages familiers tout en se perdant dans ses pensées. Il faillit d’ailleurs porter à nouveau le thé au fenouil à ses lèvres, mais une main bienveillante l’arrêta sur sa lancée.

Chocolat chaud ?

Le chef de salle du cabaret échangea leur tasse. Edward le remercia, pas mécontent d’être débarrassé de cet étrange breuvage et heureux de retrouver la présence de l’un de ses employés. Cigarette aux lèvres, ce dernier nota avec le détachement qui le caractérisait :

Je trouve la soirée très réussie pour l’instant.
L'implication de Cygne y est pour beaucoup, non ?
Oui, il prend tout ça très à cœur. Archimède peine à suivre.
Avez-vous hâte ? De voir la comète j'entends.
Comme un petit enfant, admit Jakob soufflant une bouffée de tabac.
Vous le cachez bien, glissa Edward amusé.
Vous aussi, répliqua le mage en écrasant sa cigarette.

Il échangèrent un sourire discret et Jakob s’excusa. L’heure approchait et il souhaitait faire à nouveau le tour des différents appareils pour s’assurer que tout serait prêt.

Edward le regarda s’éloigner et prit une gorgée de chocolat chaud, le regard perdu sur Cassiopée.



H.R.P:

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Ouadji Oursou
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeLun 21 Fév - 3:20

À mi-chemin sur la passerelle suspendue, le jeune sphinx s’arrêta. Il s’appuya sur la rambarde et contempla les eaux noires à cette heure-ci de la journée. À peine installé, il constata qu’il n’était pas le seul à avoir opté pour ce trajet. Un groupe d’étudiants surexcités discutant de la comète passa derrière lui. Au moment où Ouadji se demanda la profondeur du lac, l’un d’entre eux tellement engagé par leur conversation l’accrocha par mégarde. Les deux se tournèrent l’un vers l’autre, suivit par le reste de la bande. Le jeune fautif en gentleman civilisé s’excusa.

- Non, non ! Répondit le demi-fauve en secouant négativement les bras. Désolé. C’est ma faute. C’est moi qui suis dans le chemin. Désol...

L’autre allait contre-répliquer quand quelque chose accrocha son attention. Ouadji vit les yeux de l’étudiant descendre vers son bras. Ils s’arrêtèrent sur son brassard, brassard qui se perdait presque par-dessus un trop grand chandail bourgogne à pois blanc. Et là, il vit en temps réel l’assimilation de cette information dans le cerveau du jeune homme. Son facial changea. Le sourire enjoué disparut, lentement, au ralenti, pour se transformer en inquiétude. Des murmures se firent entendre tout près. Le regard orangé du sphinx sauta sur les autres. Ceux-ci, sentant l’attention du Légendaire sur leur personne, cessèrent aussitôt leur chuchotis et reculèrent de deux pas. L’un d’entre eux tira même légèrement la chemise de son ami, resté devant. Sortant de sa torpeur, l’étudiant s’excusa de nouveau avant de partir avec le reste de sa bande d’un pas rapide.

La bouche entrouverte, le blondinet les regarda disparaître vers le belvédère. Il ravala les mots qu’il n’avait pu dire sachant qu’il ne servirait à rien de leur courir après. Puis, il jeta un coup d’œil autour de lui. Gêné par les regards que les quelques passants lui lançaient, il enfonça son bonnet de laine un peu plus sur sa tête et se retourna. Écrasé sur la rambarde, il se fit le plus petit possible. Tout pour qu’on oublie sa présence et chercha une distraction à son esprit. À défaut, il porta son attention au loin, vers le sublime panorama qu’offrait sa position. À contrebas, les invités arrivaient de plus en plus nombreux. Il resta ainsi encore une minute ou deux avant de continuer son chemin, suivant de près une petite famille de bourgeois.

Au sommet, le jeune sphinx observa d’un œil distrait les gens s’affairés à leur affaire. Certains commerçants mettaient en valeur leurs mets tandis que d’autres appâtaient déjà leurs premiers clients. Peu intéressé par eux, il circula entre les stands, s’arrêta et jeta un coup d’œil dans l’un des télescopes. Le ciel étoilé se dévoila sous toute sa splendeur. Il repéra facilement la constellation de Cassiopée : cette reine enchaînée à son trône et condamnée à tourner autour du Pôle Nord à cause de son orgueil. Il descendit un peu plus bas, dépassa Andromède et admira un Pégase partiellement visible. Il retira son œil de la lunette, contempla une dernière fois le ciel avant de se diriger vers le temple de la Sibylle.

À l’intérieur, il s’assit sur le garde-corps et se balança légèrement, sa vision fixée sur la ville illuminée. Mais ce qui l’intéressa était plus près. Il tourna sa tête vers les convives. Comme toujours, les gens s’attroupaient en petit groupe, papotant entre eux. Son regard accrocha celui de Jakob. Il le salua énergiquement de la main tout en lui envoyant un grand sourire enjoué. Puis, il remarqua l’un des organisateurs, un jeune paon dans un manteau au col de plume, accueillir de nouveaux arrivants. En continuant son exploration visuelle, il découvrit par-ci par-là des têtes familières, dont celle de son patron. Il l’étudia un bref instant. Se la jouait-il loup solitaire ou loup blessé en retrait dans son coin ? Si ce détail n’était pas clair, il n’avait certainement pas perdu de son panache avec ce costume. Mais sentant l’imminence d’un contact visuel, il détourna rapidement le regard. Son attention s’attarda ensuite sur deux brassards blancs. Les jumelles dévisageaient avec dédain le stand de pommes d’amour, de pommes choco-caramel et autres dérivés dont la fameuse pomme-comète créée pour l’occasion. Le jeune sphinx se demanda si leur mépris était contre les confiseries à l’honneur du fruit défendu ou plutôt contre le vendeur portant trop de pourpre au bras. Peut-être était-ce, aussi, contre le sucre en lui-même. Tout était possible avec ces gens-là.
Finalement, son regard alla au centre du temple où une vieille femme l’observait d’un regard absent. Un petit sourire discret apparut sur son visage. Il se questionna sur son identité. Pouvait-elle être une Sibylle ? Existait-il encore des prophétesses d’Apollon ? À Paris ? Il se prit à imaginer quelle sorte de prédiction énigmatique elle lui dirait, si tel était le cas.

H.R.P:


Dernière édition par Ouadji Oursou le Mar 22 Fév - 18:31, édité 1 fois
Alexander Wenhams
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeMar 22 Fév - 13:00

La nuit était claire et le ciel visible, leur offrant une bonne soirée en perspective dans la contemplation des étoiles. Malgré la fraicheur, le docteur Wenhams se sentait bien. Du moins aussi bien qu'il ne pouvait l'espérer dans sa condition. Il avait été convié par Jakob durant leur dernière conversation et avait grandement apprécié l'attention. Malgré leur domaine magique différent, se savoir respecter par un pair avait le don de lui souffler que sa reconversion en personne "respectable" était une bonne décision. Même s'il n'était pas le seul à l'avoir convaincu qu'il avait bien fait.
Si son cher collègue Arnaud avait dû se désister pour une raison personnelle, Valentine avait accepté avec joie de l'y accompagner. Peut-être auraient ils pu en profiter comme d'une sortie en amoureux, si son oncle ne les avait pas regardé avec l'envie, non dissimulée, de s'inviter.

Aussi arrivèrent-ils tous les trois à destination un peu en avance, dans l'idée de dénicher un télescope de libre. Déjà pas mal de personnes se dirigeaient dans la même direction qu'eux et une ambiance plutôt joviale se dégageait des conversation, laissant l'anglais plutôt rêveur, tandis que sa fiancée discutait avec Guillaume. Il ignorait que l’évènement intéresserait autant la population parisienne.

Ce ne fut que lorsqu'ils arrivèrent près des stands de nourritures que son attention fut tournée vers certaines personnes, le ramenant à la triste réalité. Il reconnu des brassards de partisans anti-légendaires. Si, en temps normal, cela ne l'inquiétait aucunement, snobant royalement les regards haineux à son encontre, il s'inquiéta, réalisant que sa compagne les avait également remarqué et les toisait en silence.

Peut-être voulu-t-il inconsciemment ne pas la mêler à un quelconque commentaire, s'ils venaient à le remarquer avec sa marque rouge sur le bras, il leur annonça qu'il allait saluer Jakob, laissant un peu le binôme surprit de sa réaction.


"On se retrouve à un télescope libre ? On en trouvera plus rapidement un, si on se sépare."

"Tu es sûr ? Transmet lui mes salutations, dans ce cas..."

Il sentit le regard de sa compagne le suivre, tandis qu'il approchait du magicien. Avec un sourire amical, il lui serra la main et exécuta la demande de Valentine. Après quelques échanges cordiales et aussi agréable que pouvaient faire les deux hommes, Alexander jeta un regard vers le ciel avant d'aborder un air grave.

"Le spectacle va de toute évidence être sensationnel, le temps nous est propice. En espérant bien sûr qu'il ne soit pas gâché par quelques invités perturbateurs... Quoi qu'il en soit, Je vous souhaite une bonne continuation, vous avez encore du travail et je ne veux vous déranger plus longtemps."

Il prit ainsi congé de l'homme affairé et se promena le long du chemin jusqu'à repérer un télescope libre non loin de lui. Il s'y installa et commença à observer la voute céleste.
Alors qu'il était prit dans sa contemplation, il entendit un groupe murmurant non loin de lui, apparemment décidé à se focaliser sur son non humanité, pourtant bien présente.
Mais avant qu'il ne se redresse pour repérer l'endroit du brouhaha, deux voix se firent non loin et aussitôt, les quolibets cessèrent, mieux encore, disparurent.
Quand le médecin se tourna il aperçu sa compagne et son oncle, tous deux avançant d'un pas enjoué vers lui.
Devinant la situation et se sentant, malgré son impassibilité, très reconnaissant de leur intervention, il les accueilli avec le sourire.


"Regarde ce que l'on a trouvé ! Cela va nous réchauffer et nous donner des forces pour le reste de la soirée."

Valentine lui tendit un café chaud et de quoi grignoter. Il en vint soudain à regretter d'avoir penser que jouer les solitaires était une bonne idée. Il était bien entouré et, finalement, il n'avait que faire du regard haineux des autres.

HRP:

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Samuel Roderick
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeMar 22 Fév - 18:05

« Z’avez entendu la nouvelle patron ? »

Samuel fronça les sourcils devant le papier qui lui était tendu du bout des doigts. Quoi encore ? Il n’avait pas besoin de lire les articles qu’on écrivait sur leur commerce, il pensait avoir été suffisamment clair sur le sujet. Ce n’était qu’une perte de temps, un véritable ramassis de torchon. Cela ne l’empêcha pas de parcourir rapidement le feuillet des yeux, sinon son chef ne lui lâcherait jamais la grappe au lieu de se concentrer sur ses tâches. Une comète survolerait Paris dans les prochains jours. Certains commerces avaient déjà confirmé qu'ils participeraient aux festivités en offrant de quoi se ravitaller aux invités. Tiens donc …

« Daventry … Je compte sur toi pour rassembler l’équipe. »
« À vos ordres, sir yes sir ! »

Il leva les doigts dans les airs en signe de victoire. Samuel ne comprit pas tout à fait ce qui le rendait aussi enthousiaste sur le coup, mais s’il demandait des explications, ça ne ferait que le fatiguer davantage. Ah … c’était une occasion de redorer leur blason, sans doute. Il leur laisserait croire que le stand servirait les intérêts du café, si ça suffisait à les motiver.

Le reflet n’avait jamais été fasciné par les étoiles depuis sa tendre enfance, contrairement à sa sœur. Aujourd’hui, ce serait sûrement encore le cas s’il ne savait pas ce qu’il savait, en partie grâce à son ami le jeune mage d’ailleurs. Le voile entre les mondes se faisait plus mince en certaines nuits bien particulières. Bien que ce soit moins inquiétant qu’une éclipse. Si le dernier des Roderick n’était pas présent pour veiller au grain, qui sait ce qui se passerait en ville avec cet attroupement d’êtres innocents ? Bien sûr, il ne pouvait pas avoir des yeux et des oreilles partout dans le parc des Buttes Chaumont où passerait la comète sans compter sur les miroirs de poche de ces coquettes dames, mais il le ressentirait tout au fond de lui si jamais des ennuis survenaient de ce côté-là. Dieu sait que la bêtise humaine était suffisante pour ruiner une parfaite soirée.

En attendant, il ne servait à rien de s’inquiéter inutilement. Il avait fort à faire pour organiser leur kiosque et préparer les meilleures pâtisseries du coin. C’est les mains sur les hanches qu’il observa fièrement le résultat de ses troupes, ils avaient réussi à ne pas trop exagérer en matière de décoration. Pour peu, cela aurait été suffisant pour lui arracher un petit sourire, mais le boulot n’attend pas.

« Polly, n’oublie pas de nous réapprovisionner en citrons de temps en temps. »
« … »
« Elle réplique qu’elle n’est pas complètement idiote. »
« … »
« Pas de langage vulgaire, Polly, c’était le deal. »

L’avantage du temps frais, c’est qu’ils n’avaient pas à s’inquiéter sur la fraîcheur des aliments de leurs amuse gueules au fromage ou des petits gâteaux. Les éclairs au chocolat avaient l’air d’avoir la cote, il devrait remercier Miss Lindel pour la dernière livraison. Un semblant de dispute le tira de ses réflexions.

« Désolé monsieur mais c’est 50 centimes pour le chocolat chaud. »

Le regard appuyé de Samuel sur Maxence sembla suffisant pour faire passer le message, ils avaient déjà eu cette conversation. Le café n’avait jamais été regardant sur les bénéfices, ils n’allaient pas commencer maintenant qu’Allan avait mis les voiles. Il laisserait passer pour cette fois les remontrances, c’était bien parce qu’il avait accepté de rester surveiller leur étal que tout le monde pourrait s’amuser et observer la comète au moment venu. Et puis, au fond, il faisait juste son travail pour s’assurer que les livres ne restent pas dans le rouge. Ce n’était pas en se mettant des nouveaux clients à dos qu’ils s’en sortiraient, heureusement qu’ils avaient gardé quelques habitués !

« Mes excuses. Il s’agit visiblement d’un malentendu. »

Satisfait, Samuel se retourna vers la rue tout à coup bien bruyante devant un attroupement d’étudiants ou de bourgeois. Un petit soupir souleva ses épaules, bien évidemment, il était impossible de ne pas croiser ces fameux Anti-Légendaires. C’était à leurs risques et périls s’ils décidaient de s’attirer les foudres d’une malédiction… Ce n’était finalement qu’une raison de plus pour le convaincre qu’il avait raison de protéger son propre secret pour le moment. Pas au point de critiquer ceux qui osaient le faire pour autant, sans quoi il y aurait du souci en cuisine ; cela demandait du courage, c’est tout.

« Célestine. »

La salutation était courtoise, sans plus, un léger signe de tête pour reconnaitre qu’il gardait un œil sur la concurrence. La petite n’était pas méchante. Contrairement à d’autres … Ce foutu brassard ne faisait rien pour calmer la situation.

Polly vint tirer doucement sur sa manche, Sarah et Daventry sur les talons, sa poupée penchant légèrement la tête en guise de question. Sam lui ébouriffa les cheveux en ne retenant pas son sourire cette fois, il n’avait pas oublié sa promesse. Il était l’heure de profiter pleinement des festivités. Quiconque essayait de s’en prendre à ses employés aurait affaire à lui. Pour une fois, il appréciait les anecdotes de l’Anglais qui parlait toujours trop fort, comme cela, les questions ne lui étaient pas adressées et il pouvait admirer le paysage et se perdre dans la rivière des étoiles.


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Andréa Eyssard
l Un monstre dans la peau l
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeMer 23 Fév - 22:47

Depuis son bureau bien éclairé, Martial, fonctionnaire zélé, se prit de passion pour un mystérieux inconnu. Cela faisait plusieurs minutes maintenant que l’étrange individu patientait, assis sur un banc juste en fasse de la mairie du XIXe arrondissement. Malgré la fraicheur pénétrante de la nuit, cab et omnibus l’avaient dépassé sans qu’il semble s’y intéresser.
À plusieurs reprises, Martial le vit moucher son nez glacé et réajuster son béret sur des oreilles qu’il ne réussissait pas à réchauffer. Mains dans les poches d’un manteau au col remonté, il se levait de temps en temps, tournait autour du banc ou du lampadaire à proximité, puis retournait s’assoir et de nouveau, il attendait.
Après l’avoir surpris en train de consulter sa montre à gousset, Martial s’était mis en tête qu’il attendait quelqu’un. Une femme peut-être ? D’un grand romantisme, son cœur usé de travailleur acharné se laissa emporter par la tendresse et il commença à espérer très fort que la demoiselle finirait par se montrer et qu’emporté par la passion, tous deux s’étreindraient.
Mais une heure était presque écoulée, le nombre de passant s’amenuisait et le noctambule entêté poursuivait ses rondes solitaires autour du banc. Martial en fut extrêmement peiné. Après tant de temps, n’importe qui aurait compris que la belle ne se montrerait pas et que l’amoureux était éconduit. Appuyé sur le rebord de sa fenêtre, l’employé poussa un soupir attristé dont le souffle embua partiellement la vitre. Pauvre garçon.
Mais alors qu’il s’apprêtait à reprendre le train-train de ses papiers, l’impensable se produisit. L’inconnu bondit sur ses pieds et braqua son regard — que Martial imagina terriblement troublé — en direction de l’omnibus qui venait de s’arrêter.
Il en descendit une fille fort jolie, vêtue avec une élégante simplicité. Elle sembla d’abord un peu perdue, tourna sa tête mignonne surmontée d’une coiffe fourrée de droite à gauche, puis s’immobilisa tout à fait. Elle venait d’apercevoir le garçon. Et le voilà qui approchait. Aucune hésitation ne freina ses petits pieds et elle le rejoignit du pas rapide des amoureuses.
Martial se détourna de la fenêtre, n’osant pas regarder. Réchauffé par ce petit couple, il se contenta d’imaginer leur émouvantes retrouvailles tout en rangeant distraitement ses dossiers. Elle, frémissante, se jetant dans ses bras dans un éclat de rire charmé. Lui, l’étreignant tendrement tout en lui susurrant un ardent « Vous m’avez tant manqué. »
Ah… L’amour !


★ ★ ★


Je me suis trompé d’heure, avoua Andréa.
J’ai vu ça, nota Elena plus touchée que fâchée qu’il ait patienté tout ce temps pour elle dans  la nuit. Tu aurais dû aller te mettre au chaud dans un café, tu as l’air gelé.
Ah oui. Pardon, j’y ai pas pensé. Mais, ça va, j’ai moins froid maintenant que tu es là.

Il sentit sa main gantée se resserrer doucement autour de son bras, mais ne se douta pas de l’avoir troublée. Dans sa tête, cette petite phrase à double sens n’en possédait qu’un seul, celui de s’être réchauffé en marchant d’un bon pas près d’elle.
À peine arrivée, l’aînée des Vivaldi s’était glissé dans son pas et tous deux avaient pris la direction du belvédère, espérant combler les quelques minutes de retard de la jeune femme. Heureusement, tout était bien indiqué et ils n’eurent qu’à suivre les panneaux installés pour l’occasion afin de rejoindre l’île centrale des Buttes-Chaumont.
À la faveur de l’obscurité, la conversation n’eut aucun mal à s’engager. Eléna la menait avec énergie, toujours curieuse de l’avis de son cavalier qui, plus timide, eut ainsi tout le loisir de la détailler.
Une robe d’un rose pastel et une veste brodée au col noir de jais, idéal pour faire ressortir son teint de craie et ses beaux yeux verts. Un foulard épais, cadeau qu’il lui avait fait, gardait au chaud son cou de biche. L’attention le toucha et le réchauffa, mais de l’intérieur cette fois.
Ensemble ils franchirent la passerelle, s’arrêtant un instant pour admirer le reflet du ciel sur le lac.  Ils dépassèrent ensuite deux gentlemen, puis remontèrent le sentier, accélérant un peu lorsque résonnèrent enfin éclats de rires et voix enjouées.
Leur arrivée fut chaleureusement saluée.

Oh ! Mademoiselle Elena ! S’exclama Cygne lui prenant joyeusement les mains. Mais quelle élégance ! Vous êtes ravissante. Et je vois que vous avez trouvé un très digne ami pour vous accompagner. Comment allez-vous Andréa ? Cela fait longtemps !
Vous vous connaissez ? Demanda la demoiselle un peu étonnée.
Oui, on s’est rencontré l’an dernier. Il m’a battu pendant une partie de billard japonais !
C’est vrai ? S’exclama Elena, visiblement impressionnée. Je n’ai jamais gagné à ce jeu…
Je t’apprendrais si tu veux, lui proposa le louveteau.
Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, tu sais !
Aurais-je la chance de saluer d’autres membres de votre famille ce soir ? Questionna le jeune aristocrate, soudain curieux.
Je crains que non, avoua la jeune fille. Mère n’a pas pu se libérer et Sabrina était trop fatiguée pour m’accompagner.
Je vois, répondit Cygne dans un sourire complice qui colora quelque peu les joues de son interlocutrice. Dans ce cas, profitez bien de la soirée !

Un remerciement commun leur échappa et Elena entraina le louveteau au travers de la foule. Comme elle n’était pas la demi-sœur d’Aldrick pour rien, elle songea à d’abord profiter d’un petit encas, mais les crêpes de Célestine avaient eu un tel succès que la commerçante s’affairait à la préparation d’une pâte toute fraiche.
Andréa proposa à la demoiselle de patienter avec un bon chocolat chaud qu’ils achetèrent au stand d’un garçon aux cheveux très clair dont l’équipe semblait parfaitement coordonnée. Tous deux les félicitèrent pour son goût délicieux avant de s’éloigner.
Ils s’approchaient des télescopes lorsqu’Elena fut à nouveau interpellée :

Mademoiselle Vivaldi ? Quelle surprise de vous voir ici.
Bonsoir Mademoiselle De Lespinasse. Je ne pensais pas non plus vous croiser. Vous vous intéressez aux étoiles ?
Très peu et je l’admets. Mais feu mon très cher oncle les aimait énormément. Rater cette comète aurait été un affront à sa mémoire.
C’est vraiment très gentil d’être venue pour lui, abandonna spontanément Andréa qui frissonna lorsque le regard critique de la riche héritière se braqua sur lui ; cette dernière se tourna à nouveau vers Elena.
Saluez votre père et votre belle-mère de ma part.

Elle s’en alla sans un signe de tête, alpaguant un homme dans les bras duquel bavait un petit chien. L’inconnu acquiesça et s’éloigna si vivement qu’il bouscula une demoiselle sur son chemin, sans s’excuser.
Le louveteau ne songea même pas à le juger, ses pensées étant encore totalement imprégnées de tout le fiel d’Olympia. Sans savoir pourquoi, il se sentit un peu miteux et honteux. Il baissa la tête et regretta de s’être contenté de cirer soigneusement ses souliers plutôt que d’en avoir acheté une belle paire toute neuve. Elena l’aurait méritée.

Ce qu’elle m’agace ! Cracha soudain la demoiselle. Si elle ne finançait pas occasionnellement l’entreprise de père, je l’aurais rembarrée cette pimbêche !

Et le jeune loup se sentit plus léger. Malgré lui, un sourire tendre et fier glissa sur ses lèvres. Elena le remarqua et en fut soudain décontenancée. Elle s’excusa de s’être emportée et baissa la tête pour cacher ses joues soudain roses. Mais de longs doigts glissèrent délicatement dans sa paume gantée et s’entrecroisèrent discrètement aux siens, semblant l’apaiser.
Elle s’appuyait un peu contre l’épaule d’Andréa lorsqu’elle le sentit se redresser. Il glissa doucement :

Je crois que Célestine sert de nouvelles crêpes.
Oh ! Je vais nous en chercher. Tu veux quel parfum ?
Chèvre miel, il y avait ?
Oui ! Attends-moi ici, je reviens.

Elle le quitta d’un pas adorable, s’excusant auprès des convives qu’elle devait bousculer afin de se frayer un chemin. Andréa sourit. Dès qu’il la perdit de vu, il laissa son regard parcourir l’assemblée. Il avait déjà vu Jakob et l’avait discrètement salué, mais remarqua bientôt Ouadji installé sagement et rêvant tout éveillé. Le louveteau hésita sérieusement à aller lui parler, mais une haute silhouette accrocha son attention et il oublia le sphinx.
Le jeune homme venait de tomber dans un regard dépareillé. Edward lui sourit avec une fierté saupoudrée de taquinerie. Il devait l’observer depuis un moment, car il lui adressa un lever de pouce discret qui embrasa Andréa de la tête aux pieds.
Gêné, le garçon tourna la tête, tira sur ses manches, avant de s’immobiliser. Son visage passa du rouge au blanc en un rien de temps et son cœur déjà bien agité se lança dans un tango endiablé.
Très visible parmi les convives, une connaissance venait de faire son entrée. Sa présence n’était pas prévue et menaçait de donner à son rendez-vous un niveau de difficulté tout à fait inédit.

« Épic » devenait le terme le plus approprié.
Elena n’allait pas apprécier.


H.R.P:

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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeVen 25 Fév - 22:52

Alors que son fiancé s'esquissait, l'ex-journaliste lâcha un soupire discret et lui confia la tâche de saluer pour elle Jakob. Il fallait se résigner, Alexander n'était pas à l'aise du tout avec le groupe des Anti-légendaires. Même s'il n'avait que faire des critiques, il refusait toujours de lui faire endosser le rôle de l'humaine dépravée, aux yeux des humains extrémistes.
Est-ce que c'était une façon de penser idiote et aberrante ? Oui, entièrement.

Valentine le regarda partir en croisant les bras, veillant malgré elle sur le fait qu'il se rendait bel et bien là où il l'avait dit. Puis elle finit par détourner son attention et croisa le regard de son oncle, souriant d'un air navré avant de se montrer plus joyeux.


"Et si nous allions faire le tour des stands et dénicher quelques victuailles pour la soirée ?"

"Volontiers, je crois que j'ai besoin de me réchauffer un peu. Tu crois qu'ils ont du vin chaud ?"

"J'aurais plutôt imaginé du thé, mais va pour un peu d'alcool, ça ne peut pas faire de mal de temps en temps !"

Il lui proposa son bras qu'elle accepta avec joie, s'accrochant à lui, tandis qu'ils s'aventuraient dans la foule. Ils n'étaient pas les seuls à avoir flairé la bonne odeur de nourriture et bientôt, la rouquine sentit son estomac gargouiller.
Il y avait tellement de choix, qu'il fut difficile de ne pas saliver sur tout. Mais refusant de dépenser tout leur argent par pure gourmandise, ils optèrent pour des crêpes salées, des boissons chaudes et des beignets fourrés à la confiture.

Tandis qu'ils faisaient la queue pour les boissons, derniers éléments manquants de la liste, Guillaume se perdait dans une longue histoire de l'un de ses voyages, amusant grandement sa nièce. Il était difficile de savoir si toutes les aventures qu'il avait vécu dans ses récits étaient vraies, mais elle se plaisait à imaginer que oui. Non loin d'eux, une femme accompagnée d'un homme bedonnant, tenant fermement une horreur devant être un chien, s’esclaffa, interrompant leur conversation. Il était difficile de ne pas l'entendre et, un simple coup d’œil vers elle et son brassard blanc, parvint à agacer instantanément la demoiselle, prenant sur elle pour ne pas lui balancer, gratuitement, sa crêpe fumante en pleine tête.


"C'est ironique... Les légendaires sont obligés de porter contre leur gré un brassard pour être plus facilement discriminés... Alors que de leur côté, leur fervents opposants portent le leur avec une fierté immense alors qu'ils n'en ont aucune obligation..."

"Vois plutôt ça comme une bonne action de leur part, ainsi tu peux aisément repérer ceux dont l'étroitesse d'esprit ne mérite aucunement notre sympathie."

Valentine écarquilla les yeux, surprise de cette déclaration avant de se mettre à pouffer de rire, approuvant grandement cette révélation, la mettant de nouveau de bonne humeur. Mais l'ascenseur émotionnel continua sa route effrénée lorsqu'il se tourna vers l'assemblée et se racla légèrement la gorge.

"Oh, je ne te l'ai pas dit, mais il me semble bien que tes parents pourraient être présents ce soir..."

"Pardon ?! Mais pourquoi tu ne me le dis que maintenant ?!"

"Tout simplement parce que, petit un : tu aurais refusé de venir si tu savais que tu allais croiser ta mère et, petit deux : tout simplement parce que je l'ignorais il y a encore deux minutes. Judith est juste là, en train de parler avec un groupe d'individus forts déplaisants. Je suppose que ton père ne doit pas être bien loin..."

Valentine se crispa et se retourna brutalement, essayant de repérer le visage familier de la femme qui l'avait enfanté. Il ne lui fut hélas pas difficile de trouver une meute de brassards blancs, avec une brunette à lunettes et au visage sévère, logé parmi eux. Elle serra les dents en observant le bout de tissu immaculé serré autour de son bras, lâchant malgré elle, un juron.
Guillaume s'indigna de son dialecte, répliquant d'une voix stricte.


"Allons, Valentine, ne sois pas si vulgaire. Ce sont des mots fort peu élogieux sortant d'une demoiselle aussi bien élevée !"

Il s'interrompit un instant, puis perdit toute rudesse et fit un sourire taquin, lui faisant un clin d’œil complice.

"La prochaine fois, laisse donc ton vieil oncle le faire à ta place. J'ai moult injures en réserve pour diverses occasions, il serait dommage de ne pas m'en servir de temps en temps."

"Haha ! Dans différentes langues, j'espère ?"

"Je te les apprendrais, si tu le souhaites !"

"Je constate que j'ai bien fait de te confier ma fille..."

Le binôme sursauta et se tourna dans un même mouvement vers un homme aux cheveux et à la barbe noirs, les observant à travers de fine lunettes de vu. Malgré sa remarque, il souriait gentiment, le regard pétillant de malice.

"Papa !"

Sans la moindre hésitation et en faisant attention à ne pas faire tomber son sac de provisions, elle le serra dans ses bras, échangeant un câlin qui les réchauffa et les mit dans un état euphorique. Lorsqu'elle recula, elle lui fait un sourire rayonnant. Laurent serra joyeusement la main de son frère ainé avant de prendre de leur nouvelle. Si sa fille resta vague sur ses activités, elle ne manqua pas en revanche de demander comment aller Loki, seul absent de la soirée, à son grand regret.

"Il travaille énormément la semaine, aussi, dès qu'il a un peu de temps, il aide un ami à lui à s'installer sur Paris. Il parait que tu le connais également, un écossais il me semble."

Valentine éclata de rire, acquiesçant d'un air enjoué. Si elle ne préférait ne pas entrer dans les détails, elle valida juste son initiative et demanda à son père de transmettre plein de messages d'amour à son compagnon canin.

"Alexander est venu avec vous ?"

"En effet, mais il a préféré s'enfuir au loin quand il a repéré les "Foutriquets enfarinés", il n'assume pas d'être avec nous."

"Je préférerais les appeler "les Faquins Laiteux"."

"Ne me dites pas que ce sont les seuls synonymes du mot "blanc" qui vous viennent à l'esprit."

"Non, on en a toute une liste, bien plus explicite, à la maison. Mais je valide ce surnom !"

"Au moins vous vous amusez bien, tous les deux, j'en serais presque jaloux... Ah il semblerait que ce soit à votre tour de commander, je vais devoir vous fausser compagnie avant que "tu sais qui" ne me vois avec vous. Je suppose que tu ne souhaites pas dire bonjour à ta mère ?"

"Sauf si tu veux me voir déclencher un conflit ouvert avec sa horde, je vais m'abstenir. Passe une bonne soirée, papa. Si tu parviens à t’éclipser de nouveau, tu pourras toujours nous rejoindre."

"Je passe également mon tour, j'ai remarqué que plus nous étions éloignés l'un de l'autre, ta femme et moi, et plus nous nous appréciions. N'hésite pas à venir nous voir dans la soirée, histoire de respirer un air non rancie par ses confrères."

Laurent fit un petit sourire résigné, possédant une patience hors du commun malgré la fréquentation de son épouse.
Il embrassa sa fille sur le front avant de les laisser. Puis après avoir fait quelques pas, changea de direction et retourna dans la queue, se rappelant qu'il était venu, à la base, pour acheter également des boissons.
Échangeant un dernier regard plein d'amour, Valentine, boissons en mains, quitta l'endroit avec Guillaume.
Il était temps de retrouver Alexander avec, si possible, un télescope en bonus.


Ils se permirent un peu plus de folie dans leurs manières de discuter, prenant à revers les participants, esquivant avec répugnances les "Faquins laiteux" et saluant jovialement les brassards écarlates. La rouquine reconnue même quelques visages familiers, qu'ils soient liés au cabaret ou non et aperçu même le directeur de ce dernier. Ne voulant pas le déranger, elle fit une jolie révérence, lui montrant sa sympathie, avant de rejoindre son oncle qui avait repéré le médecin.

Celui-ci était prit dans sa contemplation des étoiles, ignorant bravement un troupeau d'idiots qui marmonnaient et désignant le bout de tissu rouge qui lui déparait le bras. Ils s'avancèrent vers eux, tendant l'oreille et, avec un sourire sardonique, prirent la parole, les faisant sursauter.


"Eh bien alors, on est trop timide pour aller lui adresser la parole ? Je ne peux que vous comprendre, ce n'est pas tous les jours faciles de faire face à un puissant sorcier qui pourrait vous transformer en grenouille en un claquement de doigt."

"Notez qu'il lui arrive également de lancer quelques malédictions de temps en temps pour s'occuper. Et si on allait lui demander d'en lancer quelques unes ? Des volontaires pour les tester ? Je vous assure qu'elles ne sont pas toutes dangereuses... Oui, parfois des gens survivent !"

Ils leur firent de grands sourires inquiétants, jouant la carte des vieux clichés d'épouvantes que l'on trouvait souvent dans les livres de fantaisies et d'autres histoires du temps des chasses aux sorcières. Bien entendu, cela fonctionna à merveille et les curieux fuirent à toute vitesse, les laissant victorieux de leur bêtise. Ils rejoignirent leur compagnon qui ne semblait pas tout comprendre, mais son sourire implicite suffit à Valentine. Elle lui tendit un café bien chaud, ainsi que de de quoi se substanter tous ensemble.

Tout en regardant le ciel, ainsi que les étoiles, grâce au télescope, la jeune femme lui raconta leur rencontre avec son paternel, rendant le fiancé un peu anxieux. Il n'avait, hélas, jamais eu le temps de se présenter convenablement à sa famille et leur faire face le mettait très mal à l'aise. Étant orphelin très tôt, tout ce qui était synonyme à la famille était un sujet qu'il ne maîtrisait absolument pas.


"Ne t'en fais pas gamin, si tu arrives à me supporter, tu n'auras aucun soucis avec mon petit frère, il est bien plus abordable que moi."

"Selon ma réponse à cette remarque, j'ai peur de vous froisser, aussi ne m'en voulais pas, mais je préfère garder mon ressenti."

"Ha-Ha ! Tu fais bien !"

"Tant qu'il vient seul, tout se passera dans le meilleur des mondes."

Valentine soupira de nouveau, quelque peu blasée, puis se reprit et commença à mâcher son beignet, observant la voute céleste.
Mais au fait, quelle heure était-il ?


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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeDim 27 Fév - 16:38

Les tenues se succédaient les unes après les autres devant le miroir, une moue désapprobatrice soulignant la jupe trop courte pour la saison, une silhouette ajustée aux hanches ou encore les plis en trop sur un petit chapeau feutre. Sans parler des couleurs qui ne la mettaient absolument pas en valeur ! Il y avait une dizaine de sacs vides sur la table du salon, éternelle critique des achats de la veille, la plupart avaient été abandonnés sur le dos du canapé. L’appartement était méconnaissable. Cette soirée était unique et par le fait même, il fallait sortir le grand jeu et briller de tout son éclat pour éviter que les étoiles ne volent trop la vedette. Cela faisait trois fois qu’elle changeait d’avis, même l’incube n’aurait pas été d’un grand secours pour une fois. Un collier suffirait-il ? Non, ce serait courir le risque de se le faire voler.

« Rose ! Je vais partir sans toi si ça continue, je ne veux pas être en retard ! »

Des verres fumés posés sur le bout de son nez retroussé, la devineresse était fin prête pour son bain de foule. Elle avait peut-être un peu exagéré pour cette fois, mais il faut dire que June n’avait pas accepté de l’accompagner afin de donner de gentilles prédictions à l’aide de leurs dons, alors c’était sa façon de faire la tête. Ce n’était pas du tout parce que cela voulait dire qu’elles devraient probablement ramener la magnifique boule de cristal que Dolores avait découvert au détour d’un marché. Aubaine ou non, c’était du gâchis. Lily rangea ses cartes dans son sac à main et emboîta le pas à la blonde. Cela faisait plaisir de la voir aussi enthousiaste, tout de même, et cela faisait longtemps qu’elles n’avaient pas fait une sortie ensemble, toutes les deux.

~~~

Le manteau de velours épais bleu nuit de mademoiselle Desrosiers contrastait parfaitement avec sa peau crème et ses cheveux roux. Autour de son cou était nouée une écharpe beige et ses talons aiguille cliquetant sur le pavé faisaient forcément tourner les têtes dans sa direction pour accueillir un sourire plus que satisfait, puis les regards appuyés se faisaient sentir sur sa robe noire gothique à moins qu’on murmure sur un choix aussi … décadent. Sa jeune amie n’était pas en reste pour autant. Elle avait choisi des couleurs pastel et complémentaires comme le rose pâle et le rouge de son maquillage léger, ses épaules drapées dans une veste en mousseline semi-transparente pour la protéger de la brise fraîche. Même si son agent n’était pas dans les parages, faute d’un déplacement de dernière minute pour retrouver sa mère, elle en entendrait parler si son apparence à cet événement public n’était pas digne de ses lettres de noblesse. D’ailleurs, n’était-ce pas mademoiselle Lefevre qu’elle apercevait là-bas ? June lui adressa un petit signe de la main mais n’interrompit pas la discussion animée en cours. Le Dandy avait essayé tellement de fois de se faire accorder une véritable entrevue par la cantatrice si timide et discrète. Dire que c’était la bonne époque…

Elle essuya ses doigts collés par le sirop d’un beignet frit dans son mouchoir en soie même si ce n’était pas très distingué et chercha du regard l’endroit où son amie s’était installée. D’habitude, lorsqu’on parlait de Lily, c’était pour faire référence à son ancien nom de scène, cela continuait de les faire rire toutes les deux… Au lieu de cela, June aperçut le petit stand de Samuel et se sentit bien obligée d’aller acheter une boisson chaude pour prendre de ses nouvelles. Il avait l’air d’aller mieux. Cela la fit sourire quand la jeune fille lui demanda si elle pouvait avoir un autographe avec des étoiles dans les yeux.

« Tiens donc. Mademoiselle Ravenclose, seriez-vous en train d’essayer de voler la vedette à la science elle-même ? »
« N…non ! » s’écria-t-elle vivement en piquant un fard. Évidemment qu’une Anti-Légendaire chercherait à l’embarrasser tandis que sa propre conviction était bien connue. Elle reprit plus doucement : « C’est-à-dire que… Je suis juste venue profiter du spectacle comme tout le monde. Et, sans vouloir vous offenser, vous devez être bien placée pour savoir que l’art et la science se complètent parfois ? »
« Peut-être bien. Un conseil. Si vous désirez vraiment vous épanouir en société, vous devriez mieux soupeser vos choix. »

La cantatrice n’était pas certaine de vouloir deviner le double sens de ces mots méchants, alors elle fit semblant de ne pas comprendre. Ce ne serait pas la première fois qu’on l’a prendrait pour une petite étourdie, et parfois cela avait ses avantages. Ses fréquentations ne regardaient personne d’autre qu’elle-même ! Quoi qu’il en soit, une carte d’affaires lui fut tendue. L&O… N’était-ce pas une boutique de vêtements de marque ? Pour se montrer polie, elle adressa un remerciement à Lavigna De Lespinasse avec un sourire pincé, car elle avait déjà son propre couturier. Kaito serait vert d’apprendre qu’on croyait vraiment pouvoir égaler ses créations ou lui voler l’une de ses meilleures clientes… Peut-être croyait-on pouvoir lui prouver qu’elle avait tort. Fort heureusement, la jeune lady préféra retourner aux côtés de sa sœur plutôt que l’importuner davantage. June soupira doucement de soulagement, rangeant tout de même la carte au fond de ses poches. En se retournant, son regard trouva celui du jeune homme aux cheveux blancs qui apparemment c’était tenu prêt à intervenir en cas de besoin, vu l’expression tendue de son visage. Elle secoua la tête, cela n’en valait pas la peine. Mais maintenant elle devait poursuivre son chemin et ils avaient des clients. Hum, peut-être que son amie s’était placée près de la statue ? Elle n’avait pas prévu de jouer à cache-cache toute la soirée, alors elle finit par lâcher l’affaire. Lily saurait bien la retrouver si elle le désirait… Si la soirée était sous le signe du danger, elles ne seraient pas venues, n’est-ce pas ?

« Mademoiselle Ravenclose ! Je suis ravi que vous ayez pu vous libérer ce soir. »
« J’ai été très touchée par votre invitation, Jakob. C’est fort aimable d’avoir eu une petite pensée pour moi, meme si je commence à croire que toute la ville est au courant, mes félicitations. Je n’avais jamais encore vu de comète, j’avoue que je suis curieuse... »
« Vous n'êtes pas la seule, rassurez-vous. »

Son tendre sourire démontrait la candeur de la jeune femme. Elle serait bien restée discuter un moment avec eux, l’énergie du petit Cygne était contagieuse et porteuse de rires, mais il lui restait encore quelqu’un à saluer. Elle se rapprocha discrètement, mais il était difficile de tromper les sens du loup blanc.

« Bonsoir Edward. En voilà une agréable surprise. »

Les mauvaises langues jaseraient sans doute sur un ton de désapprobation, un ange ne devrait pas se trouver ainsi aux côtés d’une bête de foire. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle s’était sentie accusée de défendre la mauvaise cause, mais elle se contentait de rester patiente, persuadée que ce n’était qu’une raison de plus de faire front commun. Le blanc n’est-il pas mieux accompagné que jamais par le noir ? Tout comme le théâtre est souvent représenté par deux masques, celui qui rit, et celui qui pleure. Les humains et les Légendaires avaient cela en commun, la dualité de leurs émotions, l’un n’était pas meilleur, ou pire, que l’autre…

« Croyez-vous qu’ils aient besoin d’un chaperon ? » murmura-t-elle à l’intention de son ancien patron en faisant référence à son neveu non loin qui était lui-même bien accompagné, d’humeur taquine, lui laissant l’honneur de lui présenter ou non son bras. Il serait dommage qu’il rate la comète pour si peu et puis les jeunes ont bien le droit de s’amuser eux aussi n’est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeDim 27 Fév - 23:20

Immobile devant l’une des entrées du parc, le commissaire, vêtu d’un grand manteau sombre rehaussé de fines bandes dorées aux extrémités, gardait la truffe levée vers le ciel. Ce, sans se préoccuper une seule seconde des visiteurs qui s’engouffraient derrière lui par la porte de Sécrélan. Machinalement, Aldrick porta à ses lèvres une cigarette, sortit son briquet mais une bourrasque singulière le décoiffa légèrement.

- Je croyais que tu voulais arrêter ? Réprima une jolie blonde, les bras croisés, apparue là comme par magie.
- Je croyais que tu voulais être là-bas de bonne heure ? Répliqua-t-il du tac au tac.
- Il n’est même pas 21 heures 30 !
- Dans une minute.
- Tu chipotes. Abandonna-t-elle dans une moue adorable. Surtout pour quelqu’un qui n’a plus de montre ! Elle lui tira la langue avec malice.
- Point pour toi.

Aldrick eut un léger rire, suivi d’un sourire doux. Il rangea ses effets dans l’une de ses poches internes, puis avisant la belle, la salua plus correctement et s'étonna pour la énième fois d’avoir face à lui, Olivia, la Sylphide qui lui avait fichu une sacrée rouste lors de l’Heure Pourpre. Jamais alors, il n’aurait envisagé qu’ils puissent se côtoyer ainsi. Mais depuis bien des choses avaient changé.

- Alors ?
- Hum ?

Elle tourna sur elle-même, faisant virevolter d’un même mouvement, son manteau immaculé, d’où dépassait à peine une longue robe bleue, et ses mèches dorées. Si le vêtement était simple, il rehaussait subliment sa beauté naturelle et une élégance à couper le souffle. Néanmoins, rien ne laissait deviner leur nature de Légendaires.
Subitement, la demoiselle s'enthousiasma comme une enfant :

- On y vaaaa ?! Qu’est-ce qu’on attend ?
- Oui, oui. Il hésita et, après avoir passé une main dans ses cheveux bruns, abandonna, le visage rougi d’audace. Tu es ravissante.
- Merci ! Un immense sourire la rendit plus éblouissante encore. La belle lui colla un coup de poing sans force sur l’épaule. Tu t’en sors pas mal non plus.

Le loup noir ne sut si c’était du lard ou du cochon, haussant les épaules en guise de réponse, il l’invita d’un geste de la main à le précéder pour entrer dans le parc.
Puis, il gagna ses côtés et lui proposa son bras. Ils parcoururent ainsi les larges allées, passèrent devant la haute loge empierrée du gardien, hésitèrent un peu et optèrent finalement pour un détour. Ce qui leur permit d’admirer la végétation fournie qui, malgré sa jeunesse, ne laissait en rien supposer que l’endroit fut une décharge trente ans plus tôt. Cela donnait une véritable impression d’espace boisé, tant et si bien, qu’il était presque facile d’oublier qu’ils étaient au cœur de la ville. Un joyau dans un écrin de verdure, où vaquaient avec allégresse, couples d’amoureux se tenant par la main, curieux solitaires ou familles nombreuses dont les enfants faisaient des reliefs abrupts des buttes un terrain de jeux réinventable à l’infini. Leurs cris de joie résonnant entre les arbres, attiraient parfois l’attention d’un rêveur, qui se détournait un instant de la voie lactée, avant de s’y replonger.

- Tu es sûr que ça ne te dérange pas de m’accompagner ?

Le brun afficha une grimace si singulière, tant à mi-chemin entre le choc et l’outrance, qu’elle en était comique.

- Dixit la fille qui m’a appelé sur un coup de tête, tôt ce matin, pour me  « proposer » de venir ? Il arqua un sourcil dubitatif, avant de hausser les épaules compréhensivement. Mais tu avais raison sur un point : je te dois bien ça.
- Hum. peut-être. Concéda-t-elle d’abord surprise puis un peu déçue mais sans aucune once de remords. Paradoxalement, elle paraissait y réfléchir sérieusement. Enfin, lentement, retrouvant de son entrain habituel, Olivia leva un index savant vers le ciel, tout en avançant. Mais je sens que ça va être incroyable ! J’ai un préssentiment pour ce genre de choses !
- Tu m’en diras tant.
- Tu boudes ?
- Non, mais la dernière fois que tu as eu un pressentiment, vu comme ça a fini, je m’en serai bien passé.
- Oh. Un ange passa entre eux avant qu’elle n’étouffe un rire cristallin et qu’elle ne s'agrippe davantage pour mieux appuyer son index sur sa joue. Allons tu ne vas pas de nouveau finir dans un magasin de porcelaine voyons !
- Un magasin de porcelaine magique, s’il te plait !
- Tu chipotes encore ! Feinta-t-elle en secouant la tête, reprenant une distance à peine  plus raisonnable.
- Pas du tout ! Si tu avais dû éviter des dragons coupants comme…

Il n’acheva pas, l’exclamation de joie de la belle près de son oreille le déstabilisa autant que de se sentir poussé par le vent dans son dos. Voilà qu’après quelques mètres seulement, sans pouvoir s’enorgueillir de l’effort d’avoir gravi une volée de marches irrégulières, ils arrivaient à la cascade. Le gargouilli constant et grave de l’eau, amplifié par l'aménagement de pierres rosâtres, prenait en soirée une dimension nouvelle où le ciel en fond, paraissait aussi accessible qu’une toile de maître paré de paillettes éblouissantes. Comme si le mètre entre l’étendue d’eau et eux n’était qu’une illusion facilement dissipable, au point qu’il aurait suffit de tendre la main pour les toucher ou capturer le filet d’eau.
Mais contre toute attente, ce fut vers le ciel qu’elle attira son attention

- Oh ! Regarde ! Une étoile filante ! Il faut faire un vœu, vite !

Fermant les yeux forts, resserrant son étreinte sur son avant-bras, Olivia se mit à murmurer très bas. Avec le bruit de l’eau, il ne comprit que « magnifique » et songea que c’était surtout elle qui l’était à cet instant.

- Tu l’as vu ?

Il acquiesça. Un sourire immense gagna la belle. Il n’avait pas eu le temps de souhaiter quoique ce soit, mais se contenta de lever la truffe vers l’odeur de nourriture qui lui venait et l’y conduisit. Naturellement, au fil de la conversation, ils passèrent par la passerelle en évitant quelques bambins joueurs et gagnèrent le plus gros de l’attroupement vers le belvédère. Olivia était loquace pour deux, tandis qu’il se contentait de l’écouter, observant au passage la faune des Parisiens regroupés pour l’occasion. Depuis l’Heure Pourpre, il n’avait plus vu autant de monde en extérieur au même endroit. C’en était déroutant. Comme si la majorité de ce qui s’était passé jusque-là était une parenthèse improbable. Un rêve teinté d’un réalisme trop présent, mais les brassards pourpres affichés par certains Légendaires, étaient bien trop réels à son goût, quoi qu’il en soit.

Aldrick accrocha le regard d’une petite mamie qui toussait discrètement, emmitouflée jusqu’aux oreilles dans une immense écharpe de laine, lui donnant des allures de glace à la fraise. Tout proche d’elle, non loin d’un télescope, se tenait une ancienne journaliste qu’il connaissait bien. En charmante compagnie, comme toujours, il préféra ne pas la déranger et se contenta de lui adresser un signe de la main, ponctué d’un sourire professionnel. Le même qu’il offrit poliment à son oncle, du moins si sa mémoire ne lui jouait pas de tours pendables. Le loup n’oublia pas le garçon près d’elle. Lui devait être son fameux fiancé. Malgré lui, il se crispa, son visage se ferma partiellement, alors même qu’il lui accordait un signe de tête poli en prime.

- Tout va bien ?
- Hum ?
- Tu fais une drôle de tête.
- L’odeur des crêpes t’enivre, tu ne réfléchis plus convenablement, jeune fille. Feinta-t-il. Il suffit de demander si tu en veux une, tu sais.

Olivia roula des yeux au ciel, elle n’était pas dupe de son manège, mais n’insista pas. Sans rien ajouter, il les éloigna du petit groupe, ne notant que tardivement que la Sylphide s’était arrêtée au bout d’une dizaine de pas, pour observer deux écureuils qui se poursuivaient à travers les feuillages épars.
Il reprit sa marche, plus lentement, un soupir las lui échappant. Si Aldrick se savait têtu, il se voyait mal lui expliquer, sans passer pour le pire des goujats, à quel point cela lui faisait drôle de tant méconnaître le fiancé de sa meilleure amie. Tant qu’il avait même songé à un moment, à éplucher tout son passé pour savoir de quoi il en retournait. Ça ou d’apprendre que leur relation était si avancée, sans qu’il l’ait véritablement rencontré avant. Était-ce malvenu de se sentir lésé dans ce qu’il pensait être jusque-là une amitié équilibrée ?

* Ça doit se voir beaucoup, pour qu’elle me dise ça, où sont passés mes talents de comédien ? *

Pensa-t-il tandis qu’une voix cynique intérieure répliqua qu’il n’en avait pas, le loup noir grimaça sans réfléchir. Pile au moment où il se retrouva près au stand de Célestine Dufour, juste à côté d’elle.

- Oh ! Vous ! Elle agita fébrilement la spatule qu’elle tenait vers lui. Vous êtes…!

L’échange visuel ne dura qu’un instant, mais cette poignée de secondes d’inattention coûta cher à la commerçante qui, surprise de le voir là, fit tomber un plateau d’une dizaine de petits fours au fromage sur le sol. Un cri aussi aiguë qu’adorable lui échappa, alors qu’elle entreprit de tout ramasser, accroupie derrière son stand. Un nouveau sursaut la gagna lorsque trois d’entre eux furent masqués par une main immense, qui devait bien faire deux fois la sienne.

- Je suis désolé. Abandonna seulement Aldrick, qui avait non seulement délaissé rapidement Olivia, mais aussi sorti un mouchoir de sa poche pour y placer feu les petits fours.
- Qu-
- Combien est-ce que je vous dois ? Il précisa. Pour ceux-ci. Il montra les petits fours au sol et ceux récoltés. Et pour la dernière fois… Le loup baissa les yeux honteux de ce qui s’était passé.
- Comment ? Mais ils sont tombés…
- Ce n’est pas grave. Abandonna-t-il lentement en prenant son courage à deux mains pour la fixer dans les yeux. Je suis certain qu’ils sont délicieux quand même.

La surprise qui se peignit sur le visage de Célestine fut si grande qu’elle resta de longues secondes sans répondre, la bouche entrouverte, interloquée. Si longtemps même qu’Aldrick eut le temps de lui ôter des mains ceux qu’elle avait déjà ramassés pour les ajouter aux siens. Il attendit encore, agita une main devant la belle, s’inquièta quelque peu, hésita et finit par glisser quelques billets en remplacement des mets épars, espérant obtenir une réaction. Mais Célestine ne bougeait toujours pas. Tant et si bien que les présents commençaient à s’interroger dans la file d’attente. Olivia qui avait fini par le rejoindre, non sans passer au stand voisin, s’éclaircit la gorge en les voyant tous deux ainsi.

- J'interromps quelque chose ?
- Je crois que j’ai encore fait une boulette…
- On ne peut vraiment pas te laisser seul. Souffla la blonde, non sans un certain amusement en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille.
- Hey ! Qu’est-ce qui se passe ? Questionna un homme bedonnant en bout de file.
- Maman ! Il n’y a plus de crêpes ? Interrogea un petit garçon juste devant le stand.
- Je ne sais pas mon chéri.
- Madame… Dufour ? Tout va bien ?

De derrière la matriarche et l’enfant, une voix familière s’était élevée. Une voix qu’Aldrick aurait reconnu entre mille.

- Eléna ?
- Aly ? La brunette surprise passa par une myriade d'expressions, dont la surprise, la crainte et l’embarras. Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais qu-
- « Aly » ? Répéta Olivia avec intérêt en dévisageant des pieds à la tête la plus jeune.

Toutes deux se jaugèrent une seconde et les questions fusèrent, avec une simultanéité déroutante.

- Qui est-ce ? Tu la connais ?
- Qui est-ce ? Tu la connais ?

Contre toute attente, ce fut ce qui réanima Célestine, dont les doigts se serrèrent par réflexe sur les billets, alors qu’elle observait autour d’elle sans comprendre.

- Oh !
- Maman, j’ai faim. Il faut attendre encore longtemps ?

Son professionnalisme reprit le dessus et aussitôt elle se redressa, intima à Aldrick de ne pas s’éloigner de trop le temps qu’elle ait servi ses autres clients, posa sans réfléchir ce qu’elle avait en main sur son plan de travail et reprit les commandes aussi efficacement que le lui permettait son trouble. Le brun n’insista pas, acquiesça et entraînant Olivia sans délicatesse par le bras, en profita pour glisser à Eléna qu’ils l'attendraient un peu plus loin.

- Hey ! La Sylphide disparut en un battement de cils pour réapparaître deux pas devant lui, une moue vexée ancrée sur le visage. Vas-tu m’expliquer à la fin ? Qui est cette fille ?
- Ma sœur. Enfin l’une de mes sœurs. L’autre ne doit pas être loin. Eléna et Sabrina sont souvent ensemble.
- Ta sœur… ? Attends, quoi ? Tu as des sœurs ?

Un rire léger échappa au commissaire.

- Et un frère aussi ! Il sourit, amusé. Cette fois c’est toi qui fais une drôle de tête.

Sans grande discrétion, Olivia se pencha pour observer davantage Eléna avec curiosité, tandis que celle-ci passait commande. Apparut alors dans le champ de vision d’Aldrick un grand garçon brun, très mince, bien plus élégant qu’à l’accoutumée.

- Andréa. Murmura-t-il sans y prendre garde en agitant à peine la main dans sa direction.
- Pardon ?

Mais le loup noir n’écoutait plus. Détaillant autour d’eux, il ne trouva aucune trace du reste de sa famille. Exception faite d’Edward -si l’on pouvait compter sa race ainsi- en compagnie de June, tous deux plus en retrait. Son cœur manqua un battement. Jusqu’à ce qu’un éclair au chocolat lui passe littéralement sous la truffe. En un rien de temps, il disparut de nouveau dans la boîte qui le contenait.

- Ah ! Je savais que cette technique secrète marcherait ! Enfin tu m’écoutes !
- Euh…Elle n’est plus si secrète que ça du coup…
- Détail.
- Tu as pris ça au stand de Samuel ? Il se retourna un peu. Je ne savais pas qu’il viendrait. Il faudra que je passe le saluer aussi.
- N’espère pas t’en tirer ainsi. Elle appuya son index de libre sur son buste alors qu’une bourrasque intrépide réchauffait le visage du brun. Aucune de tes sœurs ne s’appelle « Andréa », non ? Alors c’est qui cette autre fille ?
- De quoi tu parles, enfin, Olivia ?
- Andréa est un garçon, souligna Eléna qui venait de les rejoindre, deux crêpes en main.

La jeune Vivaldi retroussa ses lèvres dans une moue dubitative en jugeant la distance qui les séparait tous les deux et la manière dont ils se donnaient en spectacle, puis ajouta, un sourcil haussé par le scepticisme :

- Dites, vous ne voudriez pas plutôt profiter de la soirée pour contempler les étoiles dans le calme, comme tout le monde ?

Face à leur silence surpris, elle patienta trois secondes, jugea que ça n’en valait pas la peine à la quatrième, haussa finalement les épaules et conclut en s’éloignant, pour rejoindre Andréa.

- Bon courage avec lui «Madame Olivia ». Puis se tournant vers Aldrick elle souligna : Vous devriez vous dépêcher de trouver un télescope de libre à mon avis. Sinon vous allez tout rater.

Sans autre forme de procès, elle s’éclipsa et timidement Aldrick finit par murmurer, une fois la surprise passée :

- Hum… Euh… Tu veux toujours voir la comète ? … Avec moi ?
- Évidemment !

Le brun sourit alors qu’au loin, une horloge sonnerait bientôt vingt-deux heures.

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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeLun 28 Fév - 16:36

Elle ne comprenait pas ce qu’il y avait de si excitant à regarder un stupide caillou passer dans le ciel. Il faisait doux pour la saison, mais Rose ne pouvait s’empêcher de crisper ses doigts gantés autour de sa cigarette. Elle la regardait se consumer lentement d’un air pensif, au lieu de fixer la voute céleste comme le reste de la foule autour d’elle.

- « Rose ! Viens voir ! »

La jeune femme tourna le regard en direction de la voix. Ange lui faisait de grands signes depuis un des télescopes, un grand sourire illuminant son visage. Julius à côté de lui avait l’air tout aussi ravi, mais c’était dû aux beignets au fromage qu’il engloutissait plutôt qu’à la comète.

- «  Tu defrais fraiment gouter cha, ch’est delichieux » lui conseilla l’italien la bouche pleine.

Elle lui montra sa cigarette en haussant les épaules et approcha son œil de la lunette que lui présentait Ange. Elle devait admettre que ces engins offraient une vue particulièrement singulière du ciel, mais encore une fois, elle ne voyait pas pourquoi les gens en faisaient tout un plat.

- « Mmmh. C’est joli, en effet », constata-t-elle en se retournant.
- «  Et hop ! »

Avant qu’elle n’ait pu protester, l’italien lui avait fourré un beignet dans la bouche et lui pinçait le bras d’un air désapprobateur.

- « Ci fai o ci sei ?! Tu n'manges rien, t'es pâle à faire peur, et ces cheveux… ? »
- «  Qu’est-ce qu’ils ont mes cheveux ? » répondit la blonde d’un air agressif
- « Ils sont … »
- « avec quelques épis ? »
- « J’aurais dit hirsute mais Ange est plus aimable »

Rose passa une main sur son chignon pour vérifier qu’il était toujours en place. Des mèches folles s’en échappaient malgré ses efforts pour dompter sa crinière. Dans un accès de rage quelques jours auparavant, elle les avait coupés dans un long carré et à présent des épis récalcitrants naissaient chaque jour. Les dames jetaient des regards réprobateurs sur leur longueur inégale. Qu'importe. Elle hausa à nouveau les épaules. Son regard tomba sur un brassard rouge dans la foule. Elle soupira :

- « Il y a d’autres priorités que l’apparence de mes cheveux à l’heure actuelle, vous ne pensez pas ? »

Les trois amis observèrent un silence pensif durant quelques secondes avant que Rose ne le rompe, écrasant le mégot de sa cigarette sous sa botte.

- « Le problème c’est que je ne sais toujours pas où me positionner. C’est une crise politique et dans ce genre de contexte, on sait tous que si l’on joue bien, on peut gagner gros. »
- « Je pense que tu devrais arrêter d’hésiter et écouter tes envies pour une fois, Rose »


Le ton d’Ange était doux, rassurant. Depuis les évènements qui avaient bousculé leurs vies six mois auparavant, il tentait de la convaincre de s’engager du côté des légendaires. Certains de leurs amis, de leurs compagnons en étaient alors pourquoi hésiter à les défendre ?

- «  Ce serait du suicide », elle désigna l’homme au brassard rouge du bout du menton. « Se mettre de leur côté c’est se mettre à dos une bonne partie des riches de cette ville, et ce sont eux qui payent le mieux. »
- «  Et Alexandre. »
- « Lui aussi. »

Julius haussa les épaules, déglutissant bruyamment. Sujet sensible.

- « Moi de c’que j’en dis c’pas très catholique tout ça. Pas sûr que l’bon dieu les accueille au paradis ces bestioles »
- «  Parce que toi il va t’accueillir les bras ouverts peut-être ? J’irais plus souvent me confesser si j’étais toi »


La réflexion avait pour but de faire rire Rose mais cela ne fit apparaitre qu’un léger sourire sur son visage. Elle demeurait préoccupée. Son truc à elle, c’était plus l’action que les calculs politiques. Mais Alexandre et Rose ne parvenaient pas à s’entendre, et elle hésitait à prendre une décision qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices. Julius et Ange échangèrent un regard hésitant. Finalement, l’italien attrapa ses deux compagnons par le bras et les entraina avec lui, loin de l’homme au brassard rouge.

- «  Assez parlé travail vous deux, on est là pour s’amuser ce soir non ? Allons trouver une place dans l’herbe, l’caillou devrait pas tarder »
La foule [PNJ]
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeLun 28 Fév - 20:11

Au milieu des discussions et des fumets entêtant, se retrouvèrent deux faces d’une même pièces.
Du bout de ses impeccables doigts blancs, Olympia tendit une tasse de thé à sa sœur. Le breuvage avait été jugé « passable » au regard de la qualité à laquelle elle était habitué, mais il ne fallait guère espérer mieux de cette soirée.
Elle était prête à s’en plaindre avec âpreté, lorsqu’elle surprit un sourire sur les lèvres de sa complice de toujours. Olympia haussa les sourcils et interrogea, presque choquée :

Très chère, ne me dis pas que tu apprécies cette horrible soirée ?
Certes non, elle est d’un ennui… Soupira Lavigna en levant les yeux au ciel. Mais je dois avouer que ces bourgeois font une excellente distraction. Tu as bien fait d’insister pour que j’accepte qu’ils se joignent à nous.
Je suis ravie d’apprendre que tu apprécies tes jouets. Puis-je m’amuser aussi ?
Seulement si tu ne les casses pas trop vite.
Je ferais attention.

Le même sourire de hyène s’étira sur leurs fines bouches et d’un geste identique, toutes deux prirent une gorgée de leur boisson. Une grimace similaire, légèrement dégoutée, déforma pareillement leurs traits, tandis qu’arrivaient près d’elles Rupert et son cabot.
L’homme semblait presque fiévreux, il transpirait à grosses gouttes et tout son costumes commençait à s’imprégner de cette désagréable humidité. Tirant sur son col trempé, il jetait des coups d’œil inquiets au ciel tout en tenant sa montre à gousset dans sa main tremblante.

C-C’est bientôt l’heure n’est-ce pas ?
Je le crains mon pauvre Rupert, se désola faussement Lavigna.
J’ignore comment vous faites pour rester si calme… J-J’ai tellement peur de ce qui va arriver.
Prenez donc exemple sur Kiki mon bon ami, conseilla-elle. Il appréhende bravement la suite de cette soirée.
M-Mais quand même… La fin du monde… Et personne n’a l’air de le soupçonné.

En l’entendant, Olympia arqua un sourcil et adressa un regard fort impressionné à sa sœur, qui lui répondit par un rictus sournois mal dissimulé derrière ses mains gantées. La première poursuivit, entrant à pieds joints dans le mensonge de sa sœur :

Ces gens se sont laissés endormir par les paroles de ces infâmes créatures. Mais vous très cher, ce sera la tête haute que vous affronterez ce drame, n’est-ce pas ?
Plus haute que Bernold et Prius en tout cas. Les malheureux ont clairement noyés leur crainte dans le vin chaud. C’est un miracle qu’ils n’aient pas encore déclenché d’esclandre.
Hélas… murmura Lavigna, déçue que cela prenne tant de temps.
Ça va commencer, ça va commencer !

Venue de nulle part, la propriétaire de cette voix trop aiguë bouscula les jumelles en se glissant entre leurs robes. Olympia renversa une partie de son thé, tâcha son jupon bleu nuit et sentit la colère montée. Elle était prête à alpaguer la génitrice incompétente de cette petite peste, quand la voix de Cygne retentit près du temple Sybille. Raté.
Elle reporta de quelques minutes l’humiliation dans les règles de cette mère indigne, laissant l’hôte de la soirée, visiblement fort excité, annoncé qu’arrivait enfin l’heure de la « fin du monde. »

Mesdames et messieurs, merci encore d’être venus assister à ce fabuleux spectacle. Votre patience va très bientôt être récompensée, car d’une minute à l’autre, la comète devrait apparaitre dans le ciel de notre capitale ! Elle restera visible plusieurs heures, même à l’œil nu. Vous aurez donc tout le temps de l’admirer en vous partageant tranquillement les télescopes mis à votre disp-
Elle est là, elle est là ! S’exclama l’enfant en pointant les cieux du doigt.

Toutes les têtes se levèrent et découvrirent en même temps l’immense balafre luminescente qui découpait le ciel. Une tête blanche, plus brillante que la lune, presque immobile, s’élançait droit dans les bras de Cassiopée. Derrière elle, une longue traine rougeoyante et bleutée, se dispersait en volutes dans la voie lactée. Le spectacle restait inédit de par sa clarté et son intensité. Le ciel habituellement noir de Paris s’était soudain éclairci et embelli de subtiles nuances colorées.
Il y eut quelques murmures admiratifs, d’autres un peu déçus, avant que n’éclatent deux voix paniquées.

O-On va tous mourir !! Hurla Bernold, tanguant au milieu des convives.
C’est fini ! C’est fini ! Elle est là, elle tombe sur nous ! Renchérit Prius, plus équilibré, mais plus affolé encore.
Les monstres l’ont appelé ! Ils vont tous nous exterminer !
C’toi qui a tout orchestré, hein ?! C’est ta faute ce qui arrive ! Hurla Prius en saisissant Jakob par le col.

Le mage en fit tomber sa cigarette. Archimède se précipita pour l’aidé, secondé du patron du cabaret et d’autres convives inquiets. Toujours près du temple, Cygne avait pali. Pour la plus grande satisfaction des sœurs De Lespinasse, son air enjoué avait enfin laissé place à un effroi glacé. Totalement dépassé, le pauvre resta là, sans bouger.
Alors Bernold imita son camarade et s’en prit au premier bracelet pourpre qui tomba sous son regard éméché. Un gamin blond comme les blé, planqué sous un bonnet. Le chevalier servant de cette petite peste de Vivaldi se porta aussitôt à son secours, aidé d’autres invités et la comète fut totalement oubliée.
Ou presque.

Kiki aboya furieusement, soudain pris de panique.

Cinq secondes s’écoulèrent avant qu’un inquiétant grondement s’élève.
Les jumelles crurent sentir la terre bouger sous leurs pieds. Elle échangèrent un regard perplexe, mais Rupert céda totalement à la terreur. Le bourgeois lâcha Kiki et se jeta dans les jupons d’Olympia dont il saisit les jambes de ses deux gros bras.

Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir ! Hurla-t-il, dégoulinant de morve et de bave.
Rupert ! Lâchez-moi toute de suite espèce de-

Un craquement.
Olympia et Lavigna crurent à un coup de tonnerre. D’un même geste, elles levèrent la tête, mais à l’exception de la comète, le ciel demeurait totalement dégagé. Alors un concert de cris les force à se retourner.
Bernold venait d’être péniblement maitrisé lorsqu’il disparut, avalé par la terre. Un trou béant s’était formé sous ses pieds et ceux d’une poignée de convives. Tous venaient d’être engloutis, sans aucune chance d’en réchapper.
Cette fois, plus question de s’amuser. Comme tous le reste des invités, les jumelles comptaient bien décamper. Lavigna partit en tête, juste derrière Kiki. Se sœur voulut la suivre, mais totalement pétrifié, Rupert refusait de la libérer.
Le sol commença à craquer. Il vibrait, pulsait avec tant de force qu’on aurait pu le croir animé d’une volonté propre.
À mesure que les grondements empiraient, la terreur des sœurs de Lespinasse gagnait en intensité. Lavigna revint sur ses pas pour aider sa jumelle, mais trop tard.
Sous ses yeux, le sol céda et emporta dans une nuage de poussière une autre partie d’elle. La jeune femme s’effondra, horrifiée de perdre celle qui avait toujours été sa moitié.
Elle ne sentit pas la paire de bras salvatrice qui la souleva et l’emporta en sureté.


★ ★ ★


En revenant à elle Olympia fut immédiatement frappée par une horrible odeur de sueur à laquelle se superposa celle de la poussière et de la terre fraichement remuée. Elle n’avait jamais cru à l’existence de l’enfer, mais ce mélange odieux commença à la faire douter.
Ouvrant les yeux, la figure rougeaude bien trop proche de Rupert la dégouta. Le benêt l’inondait de paroles stupides. Un présage mal interprété, une fin du monde évitée… Olympia songea à le faire taire en serrant ses mains sales autour de son son cou gras de porcelet, mais l’intimité manquait pour ce genre de laissé allé. Ils n’étaient pas seuls.
Une femme brune, portant des lunettes et un brassard identique au sien était accroupie à ses côtés. Elle repoussa calmement le bourgeois et aida l’aristocrate à se relever en s’appuyant contre la paroi. Bon gré mal gré, Olympia se laissa faire et put enfin apprécier le bourbier dans lequel ils étaient tombés.

Anciennes carrières de gypse, les Buttes-Chaumont s’étaient tout simplement en parties écroulées sur elles-mêmes, les emportant dans les vieilles galeries utilisées par les mineurs bien des années plus tôt.
La lune donnait droit dans la fissure béante située au-dessus de leur tête. Ajoutée à une mousse naturellement phosphorescente, elle parvenait à suffisamment les éclairer pour qu’ils puissent pleinement savourer l’horreur de leur situation. Un large corridor qui s’enfonçait sous terre, dont la seule issue était bloquée par l’éboulement. Merveilleux.
Olympia repéra alors Archimède en pleine discussion avec d’autres convives, dont plusieurs portaient un brassard pourpre. L’idée d’être bloquée avec de telles horreurs la hérissa, mais en bonne commère, elle ne put s’empêcher de tendre l’oreille.

J’ai pu freiner notre chute et éviter une catastrophe, mais impossible de nous faire remonter grâce à la magie, soupira Jakob. Les parois sont trop instables, tout pourrait s’écrouler.
On pourrait déblayer la galerie ? Proposa Archimède. Elle doit bien mener quelque part.
Pour nous perdre avec ces monstres ? Grogna Prius. Non merci ! Je préfère attendre ici !
Je commence à regretter de vous avoir sauvé la vie, souffla le chef de salle du Cabaret.
Vu la largeur de la cavité, nous sommes dans une artère principale, reprit Archimède. En fouillant un peu, on trouvera peut-être un ancien poste de contrôle de la carrière. Des cartes devraient si trouver.
Dans ce cas, mieux vaut se séparer, convint Jakob. Une équipe commencera à déblayer pendant que les autres cherchent de quoi nous repérer.
Bonne idée, souligna le majordome.


★ ★ ★


Lavigna reprit ses esprits dans les bras d’un homme de rien.
Poussée par l’orgueil, elle se dégagea aussitôt, faisant perdre son béret au malheureux qui dû la rattraper dès qu’elle posa le pied au sol. Plus fébrile qu’elle le pensait l’aristocrate prit sur elle, acceptant quelques secondes cette aide désagréable, jusqu’à ce que son équilibre soit stabilisé. Elle le repoussa ensuite d’un vigoureux geste de la main et failli de nouveau tomber. Il l’aida encore et comme s’il devinait ce qui lui broyait le cœur et le corps depuis son réveil, il lui glissa très calmement :

Tout va bien, votre sœur n’a rien.

Si elle avait été aussi faible que toutes ces demoiselles de bonnes familles, Lavigna en aurait pleuré de joie. Mais elle était une de Lespinasse et rien au monde ne devait avoir l’air de la troubler. Sans un mot, elle s’écarta encore, mais tint fièrement sur ses jambes cette fois.
Sa sœur et de nombreux autres convives manquaient à l’appel. Cygne expliqua que le sol s’était écroulé et tous les autres étaient bloqués dans une galerie de l’ancienne carrière. Heureusement Jakob avait pu limiter la casse grâce à sa magie et ils ne comptaient que des blessés légers. L’instabilité du terrain les poussait toutefois à les tirer de là au plus vite, aussi le jeune aristocrate poursuivit :

Nous devrions avertir le gardien. Il doit savoir où débouchent les vieux tunnels et pourra nous aider à sortir nos amis de là.
Mais le parc est immense, comment allons nous le trouver ? Interrogea Célestine.
Nous avions convenu avant la soirée qu’il resterait dans le secteur. Il doit se trouver près du Pavillon du Lac.
Très bien, dans ce cas ne perdons pas de temps, siffla Lavigna, prête à se mettre en route.
A-Attendez, avez-vous vu Mirabella ?

Hagarde, une femme venait de franchir la passerelle depuis l’île centrale des Buttes afin de les rejoindre. Lavigna n’avait aucune idée de qui pouvait être cette folle qui leur faisait perdre de précieuses minutes, mais Cygne la reconnut tout de suite.

Madame Claraval ? Vous… Vous voulez parler de votre fille, ?
J-Je ne la trouve pas. Il n’y a pas d’enfant en bas, avec les autres, je ne sais pas… Je…
On va la retrouver, ne vous en faites pas, lui assura Célestine en lui prenant le bras. Elle ne doit pas être loin.
Je crois qu’on a pas le choix, reprit Cygne. Séparons nous. On se retrouve au pavillon dès que vous avez récupérés Mademoiselle Mirabella.
Entendue, convint Célestine.



Manche 2La fin du monde attendra !

Il faudra remettre à plus tard la contemplation de la comète. Les anciennes carrières présentes sous les Buttes-Chaumont ont transformé le belvédère en un vrai gruyère.
Résultat ? Vous voilà séparés ! Une partie est coincée sous terre, l’autre, toujours à la surface à trouvé refuge à l’autre bout de la passerelle suspendue.
La priorité est désormais de quitter ces galeries au plus vite et pour cela, l’entraide est de mise !


- - - - - - ★ ★ ★ - - - - - -


Répartition des personnages
/!\ IMPORTANT : Vous pouvez répartir comme vous le souhaitez tous les PNJs présents qui ne sont pas listés ci-dessous. Retrouvez dans le premier post, la liste des PNJs mise à jour avec toutes les couleurs des dialogues.

Sous-terre
[Évent] À la belle étoile - 1891 QKw824Zo
Rôlistes & PNJs privés
Aldrick (& Elena) • Edward • June • Valentine (& Judith)

PNJs libres
Archimède • Jakob • Olympia • Prius (dégrisé) • Rupert

Surface
[Évent] À la belle étoile - 1891 TOYzvJDC
Rôlistes & PNJs privés
Alexander (& Guillaume) • Andréa • Rose • Samuel • Ouadji

PNJs libres
Bernold (dégrisé) • Cygne • Célestine • Lavigna • Madame Claraval • Mirabella



Voici les missions qui vous sont confiées durant cette manche.
Elles doivent être terminées à la fin de ce tour.

[Sous terre] Edward & Aldrick
alyrel14.pngSvXI4iFh
Vu votre carrure, on vous a dépêché aux travaux forcés ! Aidés par quelques convives dont Jakob, Rupert, Prius et Archimède vous allez devoir dégager l’entrée de la galerie afin d’accéder à la suite du tunnel. Pour cela il faut déjà se débarrasser de ce vieux wagon rouillé qui pèse une tonne, puis retirer tous les rochers qui bloquent le passage en prenant garde à ce que rien de s’écroule. Bon courage !

[Sous terre] Valentine & June
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Vous vous êtes dispersées dans la galerie avec le reste des personnes tombées dans le trou. Accompagnées de Judith et Olympia vous découvrez une vieille cabane de mineur qui servait probablement au chef de section de l’époque. L’endroit mérite d’être fouillé, mais la porte est bloquée. Trouvez comment l’ouvrir et une fois entrées, cherchez de quoi vous orienter dans ces galeries !

[Surface] Andréa & Sam
[Évent] À la belle étoile - 1891 Andrya11samuel10.png
Vous partez à la recherche de Mirabella avec Madame Claraval et Célestine. Vous n’allez pas tarder à la retrouver, la petite s’est mise à l’abri dans une barque, mais le petit bateau s’est malheureusement détaché et dérive maintenant au milieu du lac. Dans cette pénombre, nager semble trop risqué, à vous de trouver une embarcation et d’aller la secourir. Si besoin, lui parler de licorne devrait la rassurer.

[Surface] Rose, Alex & Ouadji
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Direction le Pavillon du Lac où Raoul, le gardien devrait se trouver. Cygne vous accompagne ainsi que Bernold, Lavigna et d’autres convives. Ce que vous ignorez c’est que Raoul a une passion assez étonnante : le camouflage. Les Buttes-Chaumont sont l’endroit idéal pour s’exercer, aussi faudra être très observateur ou plus malin que lui pour parvenir à le repérer.




C'est à vous de jouer !

Vous posterez 1 message par compte à la suite ce post.
Vous avez jusqu'au 13 mars pour participer à cette deuxième partie !

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions ou que vous avez besoin d'un délais supplémentaire !

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Valentine Lefevre
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeMer 2 Mar - 12:49

Il était bientôt l'heure lorsque Valentine sortit de sa conversation. Autour d'elle, beaucoup de personnes s'étaient à présent positionnées pour observer le ciel avec impatience, à la fois enthousiasmées et un peu effrayées. Elle se permit de les observer en détail, posant de temps en temps son regard sur des visages familiers, découvrant ainsi que d'autres connaissances s'étaient rejoint à la fête. Elle reconnut une ancienne chanteuse du cabaret auprès d'Edward, cru apercevoir son neveu en charmante compagnie et croisa également le regard d'Aldrick, à qui elle fit un grand sourire. S'il n'était pas, lui aussi accompagné d'une cavalière, elle l'aurait invité à venir discuter. Elle se demanda malgré tout qui était cette femme, réalisant qu'elle n'avait pas réellement d'informations sur ce qu'il faisait et qui il voyait ces derniers temps. Se promettant de lui tirer les vers du nez dès qu'elle en aura l'occasion, elle focalisa son attention sur les deux hommes qui l'accompagnaient, demandant l'heure avec curiosité.

"Il va être 22h, on devrait bientôt voir la comète."

"Quel dommage que mon appareil photo ne puisse capturer cet évènement."

"Qui sait, dans le futur, on pourra peut-être faire des photos de nuit comme si on était en plein jour."

"On dirait qu'il y a du mouvement de côté de l'organisation."

Les trois convives se tournèrent en direction de Cygne, qui venait de prendre la parole. Attentifs, ils en oublièrent le ciel jusqu'à ce qu'une enfant le pointe du doigt toute excitée. Levant les yeux vers le firmament, ils purent découvrirent un phénomène astronomique fantastique et inédit. Même le docteur, pourtant de nature imperturbable, en fut bouche bée. Ils s'en extasièrent un instant, bien heureux d'avoir fait le déplacement, l'endroit leur offrant un merveilleux spectacle.
Hélas ce ne fut que de courte durée. Car à peine avaient-ils tentés de graver cette image dans leur rétine pour ne jamais l'oublier, des hurlements se firent un peu plus loin. Revenant à leurs esprits, ils se rendirent compte qu'un petit groupe de brassards blancs, criait à la fin du monde, paniquant devant le spectacle, pourtant sublime. Si encore ce n'était que ça, ils auraient ignoré ces idiots, hélas, ils s'en prirent aux légendaires en les accusant, et sans la moindre hésitation s'attaquèrent à l'un d'eux. Ils s'aperçurent bien vite qu'ils avaient empoigné Jakob.


"Qu'est-ce que tout cela veut dire ?!"

"Comme si Jakob allait faire une chose aussi insensée..."

"Alors là, ils sont allés trop loin, je ne laisserais pas passer ça !"

Avant même que les deux hommes ne se décident d'aller intervenir, Valentine fonça sur place, emboîtant le pas du patron de cabaret, leur rappelant que depuis son arrivée ici, elle n'était qu'une cocotte-minute prête à exploser au premier faux pas d'un anti-légendaire. Les semeurs de troubles allaient s'en mordre les doigts, il n'en faisait aucun doute.
Prête à décocher sa première gifle à l'homme qui s'en était pris au magicien du cabaret, elle en oublia ses bonnes manières.


"Lâchez le, espèce d'immonde tas de..."

Elle ne put terminer sa phrase. Un tremblement étrange résonna sous ses pieds, la figeant instantanément, ses sens en alerte. Si elle n'avait pas de capacités sensorielles développées ou des pouvoirs comme les légendaires, elle n'en avait pas moins que son instinct de survie poussé à son paroxysme. Son expérience de journaliste de terrain lui avait offert une sorte de sixième sens dès qu'un danger imminent pointait le bout de son nez. Médusée, elle leva les yeux vers le ciel, s'interrogeant sur la cause de ce phénomène, mais elle comprit que le danger venait bel et bien du sol et non d'au-dessus. La terre céda soudainement sous ses pieds, la faisant chuter dans un trou dont elle ne voyait pas le fond, les yeux toujours tournés vers les étoiles.


***

Quand Valentine reprit ses esprits, elle réalisa qu'elle était toujours en vie et... étrangement bien plus en forme qu'elle ne l'aurait cru. Une intervention extérieure lui avait évité le pire ? Se redressant doucement, évitant de faire de mouvements trop brusques, elle observa l'endroit, analysant la situation. De toute évidence, le sol s'était effondré et elle et d'autres convives s'étaient retrouvés dans ce qui semblait être un vestige de mine abandonnée.

Elle pouvait entendre bouger autour d'elle, demander si tout le monde allait bien, si on pouvait leur venir en aide et certain se lamentait sur leur sort. Une fois assurée qu'elle avait toujours ses jambes et ses bras en état, l'ancienne journaliste se redressa, découvrant une robe esquintée par la terre et la chute. Fort heureusement, sa tenue vestimentaire avait toujours été le cadet de ses soucis, allant même jusqu'à regretter de ne pas pouvoir s'en débarrasser pour sa tenue de poulbot. Elle relativisa, se disant que la situation aurait pu être pire... jusqu'à ce qu'elle reconnaisse sa génitrice dans le groupe, ainsi que d'autres énergumènes à la manche blanche. Finalement, c'était encore plus horrible qu'elle ne l'aurait imaginé...
Souhaitant garder ses distances et penser à autre chose, elle se rapprocha d'un groupe aux visages amicaux, à part un, et pu ainsi en savoir plus sur la situation. Elle se rassura en reconnaissant également Edward White et Aldrick parmi eux.


"Merci à vous Jakob. Sans votre intervention, il y aurait eu bien plus de blessés."

"En parlant de cela, vous saignez à la tête."

Elle écarquilla les yeux, surprise, et leva la main vers son front, où elle sentit un liquide chaud et moite sur ses doigts. Pourtant, la douleur n'était pas au rendez-vous. Un léger hématome et une égratignure, mais rien de bien méchant. Il était connu que les blessures à la tête avait tendance à saigner bien plus que les autres, aussi elle ne s'en alarma pas et sortit un mouchoir en tissu qu'elle posa sur la plaie.

"Ce n'est rien, en compressant, ça va s'arrêter. Je n'ai pas la tête qui tourne, ni de méchantes douleurs. C'est bénin, ne nous en formalisons pas."

Elle lança un petit regard vers son ami commissaire, souhaitant le rassurer avant qu'il ne commence à se tracasser de son état, toujours trop inquiet pour elle. Inutile de rajouter d'autres tracas à ceux qu'ils éprouvaient déjà.

"C'est peut-être grave, je dois regarder."

Une voix sèche s'était faite derrière elle, lui faisant lâcher une grimace de dégoût. Ne se donnant même pas la peine de se tourner entièrement, elle reconnu le visage de sa mère, la toisant avec sévérité. Si elle pensait pouvoir lui imposer quoi que se soit, elle avait misé sur le mauvais cheval à ce moment précis.

"Sans façon."

"J'insiste !"

"Et moi je refuse qu'un brassard blanc ne me touche, ça me répugne. Suis-je assez clair ?"

Le ton froid de sa fille parvint à rendre silencieuse Judith, suffisamment longtemps, pour que le groupe reprenne leur conversation sur la démarche à suivre.
Bien sûr il allait falloir trouver comment déblayer la route pour sortir de là, et plus encore, savoir quel chemin prendre pour déboucher au bon endroit.
Elle ne doutait pas que là-haut, ils cherchaient aussi comment les secourir, mais ils n'allaient pas simplement attendre sans rien faire. D'autres personnes s'étaient rapprochées pour savoir la marche à suivre. Ne se sentant pas d'une force herculéenne, elle abandonna l'idée de déblayer avec les gros bras et se proposa d'aller explorer les galeries. S'il y avait bien une intrépide dans l'assemblée, c'était bien elle... en tout il y avait quelques temps. Elle avait perdu l'habitude de fureter la nuit venue, depuis plusieurs mois déjà, mais c'était comme le vélo, ça ne s'oubliait pas.


"Si quelqu'un a de quoi faire de la lumière, j'irais chercher dans les galeries une potentielle cabane."

Tandis que certain trouvaient de quoi créer une torche de fortune pour les explorateurs, d'autres organisaient des groupes. Bien sûr elle regretta de ne pas avoir un légendaire à ses côtés, ou tout simplement un ami. Un sentiment qui fut encore plus intense quand deux tissus blancs couverts de terre se retrouvèrent dans son groupe. Elle fronça les sourcils et secoua la tête.

"Je préfère explorer seule, ça sera bien plus efficace et rapide ainsi."

"Il serait beaucoup trop dangereux de se séparer. Il va falloir faire l'effort de travailler ensemble pour sortir d'ici."

Mais Valentine était têtue et ne voulait pas faire de concession. D'autres individus, refusèrent également, mais visant cette fois-ci les Légendaires. Au final, après quelques tensions et disputes, ils parvinrent à faire ployer la rouquine sous les arguments. Prenant énormément sur elle-même et en serrant les dents, elle accepta à contrecœur.
Retirant enfin son mouchoir de la plaie, elle constata que ça ne saignait plus et pu libérer sa main pour s'emparer d'une torche que Jakob avait confectionné.


"D'accord, faisons cela. Mais soyez prévenu, s'il se passe quoi que se soit, je n'ai aucune intention d'intervenir pour les aider... Sauf pour Mademoiselle Ravenclose, bien entendu. N'ayez aucune crainte, Miss, l'exploration est une seconde nature pour moi."

Elle se tourna vers la seule femme qu'elle avait accepté avec joie à ses côtés. Elles ne se connaissaient pas réellement, mais nombreuses étaient les fois où la rouquine avait pu écouter la voix de la cantatrice au sein du cabaret. Si elle l'avait rapidement reconnu, elle ignorait si June avait ne serait-ce qu'entendu parler d'elle. Mais elle ne s'en formalisait pas, elle n'était aucunement célèbre et n'avait jamais réellement cherché à rentrer en contact, la voyant souvent débordée par le spectacle et ses adorateurs.
Et malgré tout elle avait l'impression de bien la connaître et cela, pour une raison bien précise...
Revenant à ses moutons, elle leva un doigt inquisiteur en fronçant les sourcils.


"Cependant, ne croyez pas que je fais ça par gaieté de cœur, aussi j'attends un dédommagement conséquent."

Elle tourna alors la tête vers son ami dévoreur de chocolat et lâcha un sourire plein de douceur.

"Et c'est toi qui seras de corvées, Aly ! Voyons voir... Un après-midi au parc avec un restaurant devrait être suffisant, je pense. Et c'est toi qui choisira la date, ainsi on pourra enfin passer du temps tranquillement ensemble, sans que tu n'écourtes notre entrevue pour cause d'affaires en court."

Elle fit la moue, lui rappelant les occasions manquées, où ils étaient amenés à interrompre ses visites au commissariat, car quelqu'un l'appelait pour une raison ou une autre, ou que des dossiers d'une épaisseur abusive lui faisait des appels silencieux. Elle ne pouvait pas lui reprocher de faire son travail, mais elle le trouvait parfois un peu distant, au point qu'elle était venue à se demander s'il ne lui cachait pas des choses.
Un jour, sur le ton de la provocation au moment de prendre congé, elle lui avait annoncé, telle une bombe, qu'elle allait se fiancer. Depuis, elle avait clairement l'impression qu'il lui en voulait, surtout qu'avec son propre emploi du temps bien rempli, elle n'avait pas pu revenir le voir pour en parler. Mais une quinzaine de minutes, entre deux dossiers, ne suffisait pas pour qu'ils discutent à cœur ouvert.
Reprenant son sourire, elle lui fit un clin d’œil et se tourna vers les autres.


"Bien, messieurs, je vais vous dénicher une carte, on se revoit plus tard."

Elle tourna les talons, fit une petite tape amicale au commissaire avec un sourire complice, elle essaya de s'emplir de pensées positives pour endurer son exploration.
Valentine fit signe à June et, s'assurant qu'elle n'était pas la seule à avoir de quoi les éclairer, s'engagea dans une des galeries.
Après quelques pas elle repéra de vieilles torches et lampes à huile abandonnées, sur les côtés. Elle s'en approcha et les étudia sans un mot. Après réflexion, elle se tourna vers les autres, même si elle s'adressait surtout à la cantatrice, refusant obstinément d'entrer en contact avec les deux autres.


"Les lampes ont l'air à sec, on ne pourra pas s'en servir, en revanche les torches peuvent surement encore brûler. Je vais donc les enflammer, mais uniquement du côté droit du tunnel. Ainsi, si nous sommes amenées à nous perdre, vous n'aurez qu'à suivre les lumières qui se trouveront alors à votre gauche. Elles vous ramèneront auprès des autres."

Tout en terminant son explication, elle fit se rencontrer sa torche avec une de celles accrochées sur le flanc droit. Après un peu d'hésitation, l'objet prit également feu, emplissant une partie de la galerie d'une lumière rassurante. Cela devrait tenir suffisamment longtemps pour qu'elles puissent revenir sans encombre.
Elle reprit la route, continuant ses manipulations toutes les deux ou trois torches afin de gagner du temps. Il n'était pas rare, voir très fréquent que l'aristocrate snobinarde ne se plaigne de tout et de rien, surtout de rien en réalité. Valentine devait faire un effort considérable pour ne pas céder à la colère, jetant parfois des coups d’œil vers sa seule alliée, se forçant de ne pas lui montrer son côté mordant pour ne pas la outrer.


"Quand je pense que je dois collaborer avec ces... choses. Si l'on trouve une sortie je serais d'avis de bloquer l'accès pour les laisser enfermer une bonne fois pour toute."

"Nous risquerions d'emprisonner des humains innocents avec eux, ils ne méritent pas un tel châtiment."

Garder son calme, garder son calme, garder son calme...
Pour se changer les idées, elle se tourna vers June, souhaitant aborder une connaissance commune. Si ses souvenirs ne lui jouaient pas de tours, ce qui serait surprenant, elle était la demi-sœur d'Alexander Garay, un ami qui lui était cher. Réfléchissant rapidement si elle pouvait lui parler de lui ou non, elle se rassura en se rappelant qu'il était un légendaire non déclaré, le mettant au dessus de tout soupçons. Toutefois, pour ne pas mettre la puce à l'oreille de sa mère, elle prit la décision d'omettre quelques détails.


"Oh, Mademoiselle Ravenclose, j'ignore si vous le saviez, mais votre frère Alexander est un de mes plus précieux amis. Nous avions énormément sympathisé lorsqu'il officiait dans son précédent travail. Il ne cessait de me faire des louanges à votre sujet, il vous aime vraiment beaucoup, c'est adorable. Il semble sincèrement épanoui depuis qu'il travaille à vos côtés."

Elle lui fit un grand sourire, un peu émue et elle-même assez fière de savoir que son ami avait pu, enfin, avouer son secret et créer un vrai lien fraternel avec sa sœur. Étant elle-même enfant unique, elle n'avait jamais eu l'occasion de ressentir ce lien et pourtant, elle aurait beaucoup aimé. Bien sûr, elle avait des amis chers qu'elle pouvait considérer comme des membres de sa famille, mais il manquait ce petit quelque chose qui rendait la sensation réelle.

Souhaitant aborder ce sujet pour garder l'esprit positif, elle échangea encore quelques mots, racontant quelques petites anecdotes inoffensives et sans intérêts pour les deux autres, faisant passer le temps. Et par miracle cela fonctionna.
Elles arrivèrent sans tracas, après quelques détours, de cul de sac et d'intersections, dans une sorte de petit dôme, plus spacieux que le reste, probablement un puits d'air vers l'extérieur où avait été construit une cabane de mineur. Avec soulagement, elles se dirigèrent vers elle, mais la porte ne s'ouvrit pas, au grand désarroi d'Olympia qui recommença à pester de plus belle.
Roulant des yeux, Valentine entreprit d'explorer l'extérieur de la bâtisse, cherchant une éventuelle ouverture. Bien évidemment, les fenêtres étaient trop petites pour qu'elles puissent se glisser à l'intérieur.


Jetant un coup d’œil à travers les vitres sales, ne lui apprenant hélas pas grand chose, l'intérieur étant plongé dans le noir, elle renonça à en casser une. Levant le bras tenant la torche, elle observa le toit pour repérer un trou, mais elle n'était pas assez grande. Sur un coup de tête, elle s'agrippa d'une main sur le rebord et se hissa dessus d'un saut agile. Maugréant uniquement sur le fait que la robe était vraiment peu pratique pour cela, elle trahit ses longues escalades dans les ruelles de Paris et très probablement aussi, sur les toits et balcons.

"Valentine ! Ce ne sont pas des manières pour une femme !"

"Les manières ne nous aideront pas à entrer là dedans. Bon je peux éventuellement, j'ai bien dit éventuellement, trouver un moyen de détruire le toit. Cependant les probabilités que ça détruise aussi ce qui sera en dessous sont très élevés. Donc... on annule."

Et puis elle risquait de prendre feu en même temps que les planches, c'était idiot. L'une d'elles semblait sur le point de lâcher, mais personne ne pourraient l'accompagner en escaladant. De plus rien ne disait qu'elle pourrait se glisser à l'intérieur, et encore moins en ressortir. Elle tira malgré tout sur la planche et jeta un coup d’œil. Une odeur de poussières et de renfermé lui attaqua les sinus, la faisant aussitôt reculer, éternuant. Avec cet air, il était dangereux d'y exposer une flammèche. Elle redescendit après avoir enlevé le plus de planches possible pour aérer et retourna auprès de la porte.
Il y avait une dernière méthode qu'elle pouvait essayer avant d'abdiquer. Si elle l'avait fait passer en dernier, c'était pour éviter d'autres commentaires déplacés de sa mère, mais elle n'avait plus trop le choix à présent.


S'accroupissant devant la serrure, elle l'analysa. Par le passé, Ephraïm lui avait apprit une astuce de croque-mitaine pour s'inviter dans toutes les chaumières. Bien entendu, il ne cautionnait pas que son amie apprenne également la méthode, mais en cas de pépins, il était toujours utile de la savoir. Il lui avait offert un passe-partout, une divine petite clé pouvant faire céder une grande majorité de serrures. Avec elle, cette porte allait enfin s'ouvrir ! Et ce passe-partout était actuellement... dans le tiroir de sa table de chevet, à l'appartement.
Pourquoi, quand elle en avait besoin, elle l'oubliait ? En même temps, qui aurait pu s'imaginer qu'une simple promenade à l'extérieur pour regarder les étoiles, accompagné de deux autres personnes, ayant tous leur clé de l'immeuble, risquant peu de se retrouver à la rue, demanderait soudainement d'avoir à ouvrir une serrure grâce à un maudit passe-partout ?!


... Bon deuxième méthode. Heureusement, son cher ami d'enfance avait également pensé à lui faire un petit cours sur la pratique si jamais on oubliait sa clé multi-tâche.
Enfonçant sa torche dans la terre d'un geste brusque, l'ancienne journaliste fouina dans sa coiffure et attrapa ses pinces, se détachant au passage les cheveux, les laissant tomber en cascades sur ses épaules. Tant pis, elle n'était plus à ça près. Grâce à ces petits accessoires, elle se mise à triturer la serrure, tendant l'oreille et ressentant les petites oscillations du bout de ses doigts, se concentrant avec sérieux.


"Depuis quand sais-tu faire ce genre de roublardise ?! C'est surement encore un de ces monstres qui..."

"Chut, cesse donc de brasser de l'air, tu me fais perdre un temps précieux."

"Petite effrontée...

Quand un petit clic approbateur se fit, un grand sourire victorieux se dessina sur les lèvres de la rouquine qui se redressa vivement.

"Ah-Ha ! Rien ne me résiste ! La porte est déverrouillée. Avant d'entrer, veillez à aérer un peu, de mettre quelque chose devant vos voies respiratoires et de ne pas balader de flamme sur les coins les plus poussiéreux."

Elle ramassa sa propre torche et laissa la place, considérant qu'elle avait déjà fait sa part. Elle se posa contre une paroi et s'assit, rangeant ses pinces dans une poche, ne cherchant même pas à se recoiffer. Elle avait l'air négligée et cela avait le don de rendre folle sa mère, qui fulminait. Bien évidemment, elle craqua et renonça à visiter la cabane pour aller la voir, le regard sombre.

"Regarde dans quel état tu es, c'est lamentable."

"De rien, c'est toujours un plaisir de rendre service pour qu'on puisse tous sortir de cette mine. Je te signale au passage que ta robe est aussi miteuse que la mienne."

"Tu n'as plus aucun recul sur ta personne. Côtoyer ces monstres t'emmène vers la dépravation !"

"Dépravée, moi ? Hahaha ! Elle est bien bonne, il faudra que je la ressorte, celle-là. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même si tu n'es pas capable d'avoir l'esprit suffisamment ouvert pour comprendre ta propre fille. Ces monstres, comme tu les appelles, ont été bien plus à l'écoute et agréable que toi. Je ne regrette pas un seul instant mes choix de vie, que cela te plaise ou non."

Elle se releva, faisant à présent face à sa mère. Peu importe ce qu'elles allaient se dire, elles serait toutes deux face à un mur d'obstination. Cette conversation ne menait à rien, pourtant Valentine n'avait pas l'intention de se laisser marcher sur les pieds.

"Et puis, pourquoi me juger de la sorte ? J'ai un emploi stable, de bonnes relations dans différents milieux et j'ai même un fiancé. N'était-ce pas toi qui voulait tant me voir épouser un médecin ? Tu devrais t'en réjouir, j'ai respecté un de tes souhaits."

"Pas avec cette chose !"

"Alex est quelqu'un de talentueux et a longtemps été humain avant de découvrir de nouvelles facettes de la science. Son ouverture d'esprit lui a permis de s'affranchir de certaine méthodes étriquées que vous faites encore dans ton hôpital. Si vous aviez qu'une once du savoir qu'il a acquit en devenant un légendaire, vous auriez bien moins de malades dans vos chambres."

"Parce qu'ils seraient mort ou pire ! La sorcellerie a été bannie par l'église. C'est un tabou et un péché impardonnable que de s'adonner à ces pratiques démoniaques ! Souhaites-tu réellement finir en enfers, ma fille ?"

"Nous ne sommes plus au Moyen-Âge, on a cessé les chasses aux sorcières depuis longtemps, il va falloir te mettre à la page. Quand à l'enfer, j'y goûte déjà suffisamment chaque jour en croisant des gens comme vous, à proférer des calomnies ! Si tu crois que je n'ai pas compris votre manège juste avant l'éboulement ?!"

"Je ne vois pas du tout de quoi tu parles..."

"Une fin du monde, vraiment ? Et comme par hasard, un brassard blanc accuse sans fondement un légendaire pour créer la panique et la haine envers lui et ses semblables ? Vous tous, dans votre parti infâme, vous n'êtes que des fouteurs de merde, voilà la vérité ! Finalement, les véritables monstres sont on ne peut plus humain."

Le regard haineux et le ton froid de Valentine furent suffisamment convainquant pour que Judith comprenne que discuter -ou en l’occurrence, se disputer- ne les amènerait à rien. Elle serra les poings, jaugeant sa fille un long instant, une furieuse envie de la gifler l'assaillant. Fort heureusement, ses longues années au contact des malades réfractaires lui avait apprit à contrôler ses pulsions. Elle ne perdait cependant pas espoir de faire changer d'avis son enfant en lui dévoilant à quel point ces légendaires, qu'elle chérissait tant, étaient dangereux. Mais pour l'instant, elle préférait se taire, donnant à la rouquine un sentiment d'allégresse, sortant enfin victorieuse de l'une de leur altercation. S'il y avait bien une chose qu'elles avaient en commun, c'était leur obstination et leur entêtement.

Elles décidèrent d'en finir une bonne fois pour toute quand les deux autres réapparurent, préférant ne pas laver leur linge sale en public.
L'apparition d'une carte dans la main de June, fit apparaître un léger sourire à la plus jeune des deux. Elles avaient enfin de quoi s'orienter.
Tout en espérant qu'il s'agisse de la plus récente avec toutes les galeries dessinées dessus, Valentine annonça qu'il était temps de repartir. Mais avant cela, elle jeta un rapide regard vers l'intérieur de la cabane et attrapa une pioche qui ne semblait pas trop dégradée par le temps.


"Nous devrions peut-être en ramener là-bas, au cas où ils en auraient besoin."

N'imposant rien, elle lança malgré tout un air condescendant aux deux brassards, sous-entendant qu'elles pouvaient au moins servir à cela. Puis sans rien ajouter, elle reprit le chemin du retour, sa pioche posée nonchalamment sur son épaule.
Comme elle l'avait annoncé à l'aller, le retour fut plus simple et moins épuisant grâce aux torches éclairant tout leur chemin à leur gauche. Et même si Valentine faillit se retourner pour donner un coup de torche à Olympia après un énième commentaire désagréable, elles purent enfin retrouver le reste des rescapés de l'éboulement. En s'approchant d'eux avec curiosité, la jeune femme observa leur avancée, elle en profita pour confier sa pioche à qui en avait besoin -en évitant bien évidemment les anti-légendaires- et put se permettre de souffler un peu, se détendant enfin.


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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeSam 5 Mar - 16:19

Bon ! Pour que tout se passe sans danger, je pense qu’il faut d’abord déblayer… ce côté !

Assis sur un rocher en bras de chemise, Edward avisa Rupert, peu convaincu par son analyse.
Le loup blanc avait laissé la veste de son costume à June. La demoiselle avait eu la malchance qu’une convive s’agrippe à elle dans leur chute, déchirant l’une des épaules de sa jolie robe. Gentleman, son ancien patron lui avait offert de se couvrir avec son veston bordeaux. Ce fut donc engloutie dans un tissus qui lui tombait jusqu’à mi-cuisse que la chanteuse s’était engagée dans les galeries, aux côtés de Valentine et d’autres convives. Veinards.
Son long manteau posé sur ses jambes, Edward torturait d’ennui l’un des boutons de son col, attendant, presque sagement, qu’on daigne les laisser débuter le chantier.
Pourtant, dès les directives données, chacun s’était attelé au déblayage des premiers blocs de gypse, mais Rupert avais coupé court à leur élan, affolé à l’idée qu’un travail précipité ne les enterre tous vivant. On avait protesté, mais le bourgeois était aussi tenace que son roquet et à la sixième roche dégagée et sixième crise d’hyperventilation du bonhomme, tout le monde avait abdiqué.
Qu’il leur dise par où commencer s’il y tenait temps ! Et c’était ce qu’il avait fait.
Debout aux côtés de son supérieur, le chef de salle du Lost Paradise tira nerveusement sur une nouvelle cigarette ; la troisième depuis qu’ils étaient bloqués. Il souffla et la fumée s’éleva jusqu’au trou béant qui les surplombait, tandis qu’il maugréait :

Et pourquoi pas pierre par pierre, tant qu’on y est ?
Bonne idée, nota Edward, non sans sarcasme.
Tout à fait ! reprit Rupert, totalement premier degré. Il suffit de les dégager en petite poignée ! On attend quelques secondes pour s’assurer que rien ne va s’écrouler. Et on peut continuer ! Comme ça aucun risque !

Jakob s’étouffa. Le tabac lui monta au nez et lui piqua les yeux. Il toussa. Deux grosses quintes de toux expulsèrent les vapeurs de nicotine, sous le regard un brin railleur de son patron. Du bout du pouce, le mage essuya deux larmes amères, puis écrasa sa cigarette sous son talon. Une grossièreté lui échappa, heureusement sans atteindre sa cible.
Car il était tout fier le Rupert et il ne manquait pas non plus de volonté. Les mains pleines d’un tas de cailloux, sans se soucier des regards circonspects, il fit trois aller-retour énergiques et déversa son chargement loin de l’entrée obstruée. Peu habitué à pareil effort, le pauvre commençait à transpirer et à haleter, mais il ne ralentit pas la cadence pour autant. Toujours aussi peu chargé, il attaquait son quatrième trajet, quand on explosa dans son propre camps.

Ça suffit ! Hurla Prius.

Rupert se figea, surprit par l’ampleur de cette voix dont l’écho se répercuta presque à l’infini contre les parois. Son acolyte le rejoignit d’une foulée furieuse, pelle rouillée en main. Edward se leva, craignant qu’il fende le crâne du pauvre bourgeois, mais Prius se contenta de le bousculer sèchement avant de s’attaquer au gros du rocher.
Fesses dans la poussière et yeux à fleur de tête, Rupert fut aussitôt secoué de bégaiements inquiets. Une précipitation chaotique l’arracha au sol de l’ancienne carrière. Il trébucha sur son propre pied, avant de s’agripper au bras de Prius, terrifié.

V-Vous allez nous tuer !
Je préfère mourir ici que de passer une minute de plus bloqué avec ces horreurs !
Et moi je préfère m’en sortir vivant, alors cessez tout de suite d-
Lâchez-moi !

Plus grand et mieux bâti que Rupert, Prius se débarrassa facilement de lui. Un coup de coude bien placé plia en deux le bourgeois et lui coupa nette la respiration. Prius se remit aussitôt au travail, indifférent à la face rougeaude et apeurée de son vis-à-vis, sans se douter que ce dernier n’en avait pas terminé.
Rupert se jeta sur lui. Sautant sur son dos, il passa ses deux bras autour de son cou en lui ordonnant de s’arrêter. Surpris et déstabilisé par ce surpoids soudain, Prius tomba en arrière et tous deux roulèrent dans la poussière au son d’une pluie d’injures et de grognements peu distingués. Ils en seraient venus aux mains si le plus grassouillet ne s’était pas brusquement mis à flotter.

Je vous le laisse Patron.
N-Ne me touchez pas ! Je fais tout ça pour vous sauver la vie à vous aussi ! Bande de-

Un hoquet coupa la fin de sa phrase. L’incantation de Jakob avait cessé de faire effet et l’homme pendait désormais de tout ses kilos au bout du bras d’Edward, maintenu par l’arrière de son col. Il battait des pieds, troublé par les cinquante centimètres qui le séparaient du sol et empestait la peur à plein nez.
C’était pour ça qu’Edward l’avait récupéré. À cause de cette frousse qui suintait par tous les ports de sa peau. C’était courant chez les Anti-Légendaires, mais cette terreur était généralement accompagnée d’un intense relent de haine, odeur dont Rupert était totalement dépourvu.

Calmez-vous et je vous lâche.
Comment voulez-vous que je me calme ?! Je suis coincé six pieds sous terre, tout menace de s’écrouler et maintenant je suis  prisonnier d’un… D’un…
Loup-garou.
V-Voilà ! J’aurais préféré la fin du monde ! Croyez-moi !

Edward arqua un sourcil et le posa doucement. Rupert en fut visiblement surpris, mais n’oublia pas de s’écarter. Un mètre, puis deux pour plus de sûreté. Il épousseta son costume blanc de gypse, jeta un coup d’œil inquiet au tunnel qu’on commençait enfin à déblayer, puis aux parois qui ne bougeaient pas. Enfin, son regard s’attarda sur Edward et plus particulièrement sur ses avant-bras. Le loup blanc venait de retrousser ses manches, dévoilant sa peau balafrée. Concentré, il glissa sans un regard pour le bourgeois :

Si on remet ce wagon sur les rails, on pourra l’utiliser et déblayer efficacement le passage.

La berline était posée sur le flanc. D’un mouvement de bras, le lycanthrope commença par repousser roches et débris qui la couvraient. Il éternua à cause de la poussière, puis s’accroupit pour la vider. Quelques bricoles étaient restées à l’intérieur. Beaucoup de chiffons crasseux et troués par les mites, des manches pourries d’outils, une lampe à huile brisée et une sacoche de cuir. Tout fut sorti et posé sur le côté. Il ne restait plus qu’à la redresser.
Les iris dépareillés du loup blanc glissèrent jusqu’à Rupert qui n’avait pas bougé. Edward n’en fut qu’à moitié surpris, car l’effluve de peur s’était un peu atténuée, mais il ne s’attendait pas à découvrir une étincelle d’intérêt au fond des prunelles marrons du bourgeois. Il tourna la tête, préférant ne pas s’en soucier et quoi qu’il n’en ait sans doute pas besoin, il l’invita à venir l’aider.
Les lèvres de Rupert se retroussèrent en une grimace.

Il doit faire plus de deux-cent kilos, on n’arrivera jamais…

Un grincement superbe.
Maintenant fermement le bord du chariot entre ses doigts, Edward avait fait contrepoids. Aidé de sa force hors norme, tout le wagon bascula et s’arracha à la poussière dans un râle métallique. Il était prêt à le reposer sur ses roues, mais Rupert l’arrêta dans un cri suraiguë qui résonna dans toute la galerie :

Ne le lâchez pas !
Vous avez dix secondes pour me dire pourquoi, l’avertit Edward, contraint de maintenir la berline à bout de bras.
Il faut graisser les roues ! Les essieux sont rouillés, si vous le remettez debout, le poids risque de tout casser et le wagon sera inutilisable. Reposez le, comme vous l’avez trouvé ! O-Ou plutôt non ! S’il vous échappe, le choc pourrait tout faire s’écrouler ! Ne le reposez pas !
Décidez vous !
O-ou… Oui ! Je… Je… I-il faut…
Rupert !
Ah ! Oui ! De l’huile ! Il faut de l’huile !

Idée lumineuse qu’il ponctua d’un grandiose tour sur lui-même. Tour qui lui permit de constater qu’il n’avait aucune idée d’où il pourrait trouver de l’huile. Bouche grande ouverte et mains sur ses joues potelées, son expression horrifiée devança de quelques années le célèbre tableau de Munch.
La crise d’angoisse couvait, mais le regard affolé du bourgeois s’accrocha au ventre bombé de la sacoche de cuir et elle fut reportée. Il traça tout droit, coupant juste derrière Edward dont les mains commençaient à glisser. Le métal grinça sous ses doigts crispés.
Rupert s’agenouilla dans la poussière. La faiblesse de la lumière ne l’aida guère et il fut contraint de renverser tout le contenu du sac. Les yeux plissés, il tâtonna un peu entre outils et vieux carnets, sans succès.
Alors que tout lui semblait — encore — perdu, il repéra la lampe cassée. Il la prit entre ses mains tremblantes, faillit se couper avec le verre brisé, mais réussit à ouvrir son réservoir sans se blesser. Le liquide ondula dans l’éclairage faiblard. Hourra !

Tenez bon loup-garou !
J’ai un nom, fit savoir le concerné.

Rupert ne sembla pas s’en soucier. Il se faufila sous les bras d’Edward et s’accroupit près des roues du wagon. Il avait récupéré l’un des chiffons qu’il imbiba d’un peu d’huile, puis en graissa méthodiquement toute la mécanique. Des gestes qu’il avait oublié, lui ancien ouvrier, devenu revendeur de pièces pour l’industrie du papier, mais qu’il retrouva très vite.
Grincements et crissements se succédèrent, puis s’atténuèrent. Enfin, le bourgeois s’écarta, son front en sueur brillait autant que les essieux du chariot.

Je crois que c’est bon !

Inutile de le dire deux fois. Edward fit un dernier effort et redressa la berline. Le wagon retomba fièrement sur ses roues, soulevant à peine la poussière. Il vibra sous le choc, mais tint bon et avala sans sourciller le premier mètre lorsque le lycanthrope commença à le pousser.
L’encastrer sur les railles fut une formalité. Ils le rapprochèrent ensuite du reste du chantier et du trou qui commençait à se former au sommet de l’éboulement. Un vent frais s’y engouffra, faisant courant d’air avec la cavité qui les surplombait. Ils étaient sur la bonne voix.

On vient vous aider à déblayer ! S’exclama fièrement Rupert, à présent certain que s’ils en sortaient tous en vie, il n’y serait pas pour rien.
Pourriez vous dégager ce côté ? Demanda Archimède. On a tout empilé là, mais ça commence à gêner.
Pas de problème ! Je m’en occupe !

Et il s’attela à la tâche, sans rechigner. Il proposa même d’aider Jakob lorsque le mage fut surpris par une pluie de minuscules débris. Rupert s’occupa de nettoyer ses lunettes, tandis que le Légendaire retrouvait son souffle et essuyait ses yeux plein de poussière.
Edward savait qu’il était trop tôt pour croire qu’il avait changé, mais il aima l’espérer. Il soupira. À son tour de poursuivre le chantier.
Brassard pourpre au bras, il se pencha près d’un allié qu’il n’avait pas osé saluer jusqu’alors. Mais Aldrick attendrait. Dans leur dos, Rupert venait de s’exclamer :

Monsieur loup-garou venez m’aider ! Le wagon est trop lourd maintenant qu’il est chargé, je n’arrive pas à le pousser !

Edward aimait la façon dont il prononçait « loup-garou ». La crainte s’était effacée de ces deux mots, remplacée par un soupçon de fierté. Il se garda bien de l’avouer et faisant demi-tour, il lâcha d’un ton frustré :

Appelez-moi White ou je vous casse le nez !

H.R.P.:

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Wup:


Dernière édition par Edward White le Dim 6 Mar - 17:47, édité 2 fois
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l Un monstre dans la peau l
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeDim 6 Mar - 17:41

Qu’est-ce que dira Aldrick ?

Certes, Andréa avait été grandement rassuré de savoir Éléna auprès de son frère aîné, pourtant cette question l’obsédait, elle et un tas d’autres qui en découlait.
Aurait-il dû rester près d’elle ? Sans doute. Il n’avait pas réfléchi lorsqu’il avait vu ce type empoigner Ouadji. Son corps avait réagi tout seul, raccord avec son cœur et le loup qui sommeillait en lui. Il s’était élancé pour aider le sphinx ou peut-être sauver l’humain — il hésitait encore sur ce point — malgré tout, il ne parvenait pas à le regretter, même si cela avait mis Eléna en danger.
Et si elle avait été grièvement blessée ? Il s’en serait voulu jusqu’à la fin de sa vie et il le savait. Mais ici, la question était biaisée, car il savait qu’elle allait bien et tout n’en était que plus compliqué.
Est-ce qu’elle lui en voulait ? Ce serait légitime. Elle avait dû avoir très peur lorsque le sol s’était écroulé et lui n’était pas à ses côtés. Éléna était une fille forte et indépendante, mais pour leur première soirée en tête à tête, il avait l’impression d’avoir tout raté et il n’était pas certain que ses excuses suffiraient.
Et Edward, qu’est-ce qu’il ferait ? Il mourait d’envie de lui demander. Malgré ces six mois écoulés et une autonomie de plus en plus affirmée, le loup blanc demeurait le seul phare capable de percer facilement les pensées brumeuses d’Andréa. Mais lui aussi était bloqué sous terre et à cet instant, plus que jamais, il lui manquait.

E-Est-ce qu’elle est ici ? Demanda fébrilement Madame Claraval.
Ici ? sursauta Andréa ramené brutalement à la réalité.
Mirabella… Vous nous avez dit que vous l’aviez aperçue quittant le belvédère. On a suivi le chemin jusqu’au lac, puis vous vous êtes arrêté devant l’embarcadère, mais je… Je ne la vois pas.

Il l’avisa elle, puis Célestine et Samuel qui les rejoignaient, avant de tourner ses prunelles noisette vers le ponton où trois barques ondulaient sur l’étendue d’eau noire. La bise lui porta une odeur de beignet à la cannelle mêlée à un parfum de violette ; le même que celui de Madame Claraval. Une seconde s’écoula, puis Andréa tressaillit. Enfin, il se rappela de ce qu’il faisait planté là.

O-oui… Je pense que votre fille n’est pas loin. Je l’ai vue descendre par ici.

Ou presque. En réalité il l’avait seulement sentie. Le louveteau avait suivi sa piste depuis la passerelle et il l’avait fait si instinctivement qu’il s’était mis à rêvasser en cours de route. Un peu de honte colora ses joues, mais le plus proche réverbère se trouvait à une quinzaine de mètres derrière eux et la nuit effaça sa gêne.
Lorsqu’il s’avança, plus concentré cette fois, ce fut pour déterminer le chemin exact emprunté par Mirabella. Son odeur était parfaitement claire jusqu’au quai flottant, mais se diffusait ensuite dans l’air en direction du lac. Il craignit un instant qu’elle se soit aventurée dans l’eau, mais l’effluve était trop marqué pour que ce soit le cas.
Une incompréhension mêlée de doutes se distilla dans son esprit, jusqu’à l’intervention de Célestine. Descendue sur le port de fortune, la commerçante leur indiqua :

Il manque un bateau !

Aussitôt le regard du louveteau flirta avec la surface du lac. N’étant pas gêné par l’obscurité, il trouva rapidement ce qu’il cherchait. Deux grands pas le rapprochèrent du rivage et dès qu’il fut certain de ne pas se tromper, il s’exclama en pointant du doigt l’embarcation qui dérivait au loin  :

Il est là bas !
Mirabellaaaaa !! Hurla Madame Claraval dont la foulée inquiète fit trembler chaque planche de l’embarcadère. Ma chérie, réponds moi !!

Un bref silence, puis une voix plus aiguë s’éleva au loin. Secouée de sanglots, personne ne comprit un traitre mot des paroles de la fillette. Bloquée sur la terre ferme, sa mère fit son possible pour la rassurer, tandis qu’on s’activait pour trouver un moyen de la rejoindre.

Je ne trouve aucune rame et vous ? Interrogea Célestine après avoir fouillé sa barque.
Rien de ce côté, répondit Andréa.

Forcément, tout avait été soigneusement rangé.
Le jeune homme se redressa et balaya les environs tout en se massant la nuque. Il ignorait la profondeur du lac et l’idée de nager jusqu’à Mirabella commençait à s’imposer à son esprit, lorsque Madame Claraval piqua un violent volte-face. Elle traversa l’embarcadère d’un pas fumant de détermination, se dirigeant droit vers la petite bicoque du loueur d’embarcation.
Elle tambourina la porte de bois contre laquelle cliqueta un imposant cadenas. Célestine se précipita pour l’arrêter lorsque, remontant ses jupons, la dame entreprit de la fracasser à grands coups de talon. Andréa s’apprêtait à les rejoindre, mais une forme blanche accrocha son regard et il se figea.
Le souvenir d’un article lu le matin même, s’illumina dans les limbes de son esprit. Il consultait plus régulièrement la presse désormais et l’illustration du papier qui l’avait marqué.
Trop beau pour être vrai ? Ça valait le coup de vérifier.

Monsieur Roderick, pouvez-vous m’accompagner ? Je risque d’avoir besoin de vous.

Il longea la rive d’un bon pas, jusqu’à rejoindre un imposant saule pleureur penché sur le lac. Andréa écarta délicatement le rideau de son feuillage et la lumière de la lune s’engouffra avec délice sous ce discret embarcadère, effrayant quelques lucioles. Leurs lumières mêlées caressèrent la coque du navire flambant neuf qui semblait les attendre.
Un peu de féérie enveloppa cette scène surréaliste, où la chance prenait la forme bien étrange d’un bateau à pédales deux places, peint d’un blanc immaculé, dont la proue avait été décorée à l’image d’une licorne bariolée. Sur son flanc, en lettres multicolores, brillait son nom de baptême : Sunstar.
Le journal ne s’était pas trompé en titrant « Un prototype à l’image de son époque. »

Un bruit d’éclaboussure et Mirabella hurla. Andréa crut qu’elle était passée par-dessus bord, mais ce n’était qu’un audacieux poisson qui l’avait effrayée. Les pleurs de la petites reprirent de plus belle, décidant le jeune loup à tenter sa chance.

Je monte à gauche.

Il rendit sa liberté à Sunstar en défaisant le nœud coulant serré autour de son cou, puis monta sans hésiter. Enfant, il pêchait souvent avec son père et monter dans un bateau ne l’avait jamais effrayé. La licorne oscilla sous son poids, mais se stabilisa rapidement et il put s’installer.
Evidemment l’assise avait été prévue pour quelqu’un de bien plus petit que lui et Andréa dut replier ses longues jambes pour atteindre les pédales, mais le confort était le cadet de ses soucis. L’embarcation enfin dégotée, il ne leur restait plus qu’à fendre les eaux pour secourir Mirabella.
Le louveteau inspira :

Prêt ?

Pendue au bras de Madame Claraval, Célestine tentait de l’empêcher de commettre l’irréparable. Bottine en main, la mère morte d’inquiétude s’apprêter à sombrer dans l’illégalité. Son bras levé allait s’abattre sur les gonds de plus en plus branlants de la porte lorsqu’une vision fantastique la figea tout à fait.

Rayonnant sous l’éclat de la lune, surgit d’un vieux saule un vaisseau providentiel et ses valeureux matelots.


/!\ Spoiler:

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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeLun 7 Mar - 20:41

HRP:

Couchée sur le sol humide, une femme regarda la comète filer lentement dans le ciel. Le corps céleste suivait sa trajectoire sans se soucier de ce qui se passait en bas. Elle l’enviait. Elle aussi aurait aimé être à des millions de kilomètres.

Mais non.

Dans un long soupire, elle releva la tête, jeta un coup d’œil aux alentours, puis la redéposa sans délicatesse. Au diable les feuilles, la terre et les insectes dans sa belle chevelure rousse ! Les yeux clos, elle prit une grande respiration. Une autre. Et encore une autre. À chaque expiration, sa frustration s’évaporait un peu plus dans l’air. Elle commençait sérieusement à croire que certaines personnes étaient que porteuses de désastres. Pour avoir assisté à quelques événements ou en avoir fortement entendu parler, elle n’aurait su qui pointer du doigt, exactement, mais un groupe en particulier trônait en haut de sa liste. Dès qu’il arrivait un malheur en ville, ils étaient trop souvent présents. En fait, il était même étonnant qu’ils n’aient pas ébréché leurs existences bien avant cela.

- Serra, tout va bien ?

La femme ouvrit les yeux et rencontra aussitôt ceux de son interlocutrice. Celle-ci, postée trop près de sa tête la toisait de toute sa grandeur. La renarde ravala son irritation. Il était impossible qu’elle ne soit pas sur sa chevelure.  À contrecœur, elle ignora ce détail et lui offrit un sourire.

- La tête me tournait, mais je crois que c’est passé, maintenant. Répondit-elle en se levant, mais aussitôt, une douleur réveilla les nerfs de son cuir chevelure. Aïe, je crois que vous êtes sur mes cheveux.

- Oh, pardon. S’excusa Lavigna, reculant d’un pas.

Une fois sur ses pieds, les deux femmes se fixèrent. Si Serra devina que la jumelle De Lespinasse l’avait fait exprès, elle préféra feindre l’ignorance sous un sourire naïf.
Soudain, un cri de peur s’éleva à travers le brouhaha de voix, dévala la passerelle à pas de course. Un silence s’abattit. D’une même voie, plusieurs têtes se virèrent vers la source, dont les deux demoiselles. Bernold à bout de souffle s’arrêta finalement à quelques mètres d’eux. Plié en deux, il pointa d’un doigt tremblant une petite silhouette qui le précédait d’une démarche lente et incertaine.  

- A-A-Arrêtez-le ! C-Cette chose veut me démembrer !

Les deux femmes s’approchèrent un peu plus, comme d’autres curieux. L’homme soulagé de ne plus être seul face à la terreur, se releva en vitesse et se cacha derrière elles. Nonobstant le manque total de courage de l’homme, Serra fixa l’adolescent. Elle repéra son brassard bien camouflé sur son vêtement de même couleur et sourit intérieurement. Elle se questionna si c’était intelligemment bien pensé ou accidentel. Mais au lieu de poser cette question, elle demanda :

- Qu’est-ce que ÇA vous a dit, exactement ?

Il passa son doigt accusateur entre elles et répondit d’une voix qui se voulait une imitation, mais qui ressemblait plus à un porcelet apeuré :

- « M-Mets encore tes sales pattes sur ma personne et je te les arrache. » E-Et ses dents ! J’en ai encore des frissons. Il m’a regardé et de longues c-canines se sont dévoilés sous son sourire de prédateur sanguinaire.
 
Les regards braqués sur lui, le gamin s’approcha tel un animal craintif. Il n’osait regarder les gens et quand il le faisait, ça ne durait qu’un bref instant. Ses mains jouaient nerveusement avec les pompons de son bonnet. Mais pouvait-on encore appeler cette chose laineuse sur sa tête un bonnet ?

- Désolé. Désolé. Dit-il d’une petite voix qui peinait à contrôler ses émotions. C’est un malentendu. C’est ma faute. « Mei ankoretes allepat suma par soné jete learrash. » est une prière envoyée aux dieux. Je leur demandais de protéger ceux prit dans l’éboulement jusqu’à ce qu’on les sorte de là. Il fit une pause, incertain. Je n’aurais pas dû ? Ses yeux quittèrent le sol, s’élevèrent. Il chercha une réponse dans le visage des autres. Puis, son regard s’abaissa de nouveau et il recula. Non, je n’aurais pas dû. Pardonnez mon erreur.

Pendant tout ce temps, la propriétaire de L’Abbaye l’observa attentivement. Elle fronça les sourcils. Le gamin avait réellement l’air sincère et troublé, mais était-ce la vérité ? Qui s’excusait de prier dans l’espoir d’une fin heureuse ? Surtout à son âge et à l’absence d’adulte près de lui, ses parents devaient être pris en bas. Il n’avait aucune raison…

- E-Et les dents !?  
- Un jeu d’ombres et de lumières. Répondit-il du tact au tact, ses yeux orangés fixés dans ceux du bourgeois tremblotant. Mon intention n’était pas de vous faire peur, j’ai simplement voulu vous offrir un sourire aimable. Désolé.
- Ça suffit ! Cessez de le tourmenter. Il n’a rien fait de mal. Éleva la voix Cygne, s’intercalant entre le Légendaire et les brassards blancs. Il y a plus urgent.

Lasse de ce procès perdu d’avance, Serra s’éloigna. Le jeune aristocrate avait raison sur un point, il y avait plus urgent à faire. Et elle n’était pas la seule du même avis. Déjà plusieurs convives, en petits groupes, se répartissaient la zone de recherche, dont une certaine Lavigna. D’un pas rapide, la gumiho alla la rejoindre.

- Je vous avais prévenu. Ce n’est pas une bonne idée de s’entourer de type comme lui. La renarde désigna d’un coup de tête Bernold. Ils nous font passer pour une bande de péquenauds sans cervelle. On ne devrait pas être associé à eux, encore moins vous et votre sœur... Vous devriez vous en départir…

Évidemment, elle avait une idée comment s’en débarrasser. Elle s’imagina lui donner un coup de pied façon Spartiate et entendre l’écho de sa voix de jouvencelle crier jusqu’à atteindre durement le sol. Mais elle doutait que l’idée serrait bien vue. Peut-être pourrait-elle manipuler ce Légendaire là-bas ? Elle l’avait vu plus tôt avec une femme, une rousse, probablement sa femme. Deux-trois mots bien choisis et elle arriverait certainement à le convaincre de faire disparaître ce bourgeois déplaisant. Son petit doigt lui dictait qu’il n’aurait pas trop de scrupule à le faire. Oh, et que ça l’amuserait !

Soudain, une odeur la fit revenir sur Terre. Elle s’arrêta net, huma l’air.

- Ça sent le brûlé, non ?

Elle n’avait peut-être pas la truffe d’un loup-garou, mais quelque chose brûlait. Elle en était convaincue. Elle se retourna. Et elle la vit, près du Pavillon du Lac, cette petite étincelle de lumière. Elle provenait d’une lanterne sourde renversée, sa porte ouverte. De petites flammes en sortaient, léchaient le feuillage d’une branche tombante. Elles peinaient à s’étendre, à dévorer, mais persistaient avec ardeur. Elles semblaient mues d’une volonté de fer, bien décidées à ravager l’arbre encore humide de la pluie. Ce qui était d’autant plus étrange.
Peu désireuse de voir partir en fumée la végétation environnante, la renarde s’élança, mais s’immobilisa presque aussitôt.

- … mais qu’est-ce…

Un autre flamboiement accrocha son regard, tout proche du premier. Toujours dû à une lampe sourde. Puis tel l’effet domino, cinq autres petits brasiers suivirent le pas. Le pauvre arbre était envahi de toute part. Mais son combat n’était pas encore perdu… enfin, jusqu’à ce que soudain une brise venue de nulle part s’allia aux flammes. D’un seul coup, le sophora japonica s’enflamma complètement, n’épargnant pas ses proches voisins. Le spectacle aussi spectaculaire que terrifiant laissa bouche bée la femme.

- Comment… Murmura Serra, incapable de finir sa question.

Un mouvement attira son attention. Un jeune homme venait d’apparaître à l’autre extrémité du feu. Il observait, une expression indéchiffrable sur son visage enfantin.

- Lui. Encore.

Elle reconnut le gamin au bonnet. Mais en l’espace d’un clin d’œil, il disparut. L’avait-elle imaginé ? Et si ce n’était pas le cas, était-ce lui le responsable ? Comment aurait-il fait ? Puis, elle se souvint d’avoir vu un brassard pourpre. À moins d’être un mage ou une autre créature maîtrisant le feu, elle doutait qu’il puisse être le coupable. Mais peu importait qui était derrière cela, la femme ne put qu’applaudir intérieurement l’idée… bien qu’elle aurait préféré une méthode moins drastique.

- Brûle son environnement et le lapin sortira de son terrier. Pensa Serra dans un murmure. Il ne reste plus qu’à attendre.

À moins d’être aveugle, il était impossible de ne pas voir la lente agonie de ces majestueux arbres. Et encore, si on ne l’apercevait pas, l’odeur était immanquable.

- Comment est-ce possible, telle serait l’énigme d’un sphinx…

Serra sursauta en entendant une voix à peine audible à sa gauche. Elle chercha la provenance et leurs yeux se rencontrèrent. Le jeune Légendaire au bonnet. Encore lui. Évidemment. Depuis quand était-il là ? Elle n’aurait pas su le dire, et cela l’étonna, mais elle n’en démontra rien.

- Pardon ?
- Comment est-ce possible ? Avec la pluie de cet après-midi… ça n’aurait jamais dû arriver. Pas comme ça, du moins.

Cette fois-ci, l’incompréhension et la tristesse se bagarrait les droits sur son innocent visage. Ne sachant pas quoi répondre, la femme reprit son rôle d’Anti-Légendaire et une seule réponse lui vint :

- C’est vous autres, les erreurs de la nature. C’est assurément de votre faute.
- Vraiment ? Il l’étudia longuement avant de reprendre. J’en suis désolé, alors…

Surprise par cette réaction, elle resta muette. Mais si Serra ne savait quoi penser de cet étrange garçon, elle connaissait un certain démon qui allait certainement perdre son pari. Son instinct lui prédisait une soirée beaucoup plus palpitante que celle du toxicologue avec ses jumelles danoises.

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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeJeu 10 Mar - 17:15

"Lâchez moi !"

"Ne sois pas stupide, mon garçon ! Tu ne vas pas te jeter dans ce trou, tu vas te rompre les os."

"Mais elle..."

"Reprends ton calme. Je suis persuadé qu'elle s'en est tiré. Elle est tombée avec des Légendaires, non ?"

Le médecin cessa de se débattre et écarquilla les yeux. Guillaume disait vrai, il avait vu moult personnes tomber, dont quelques non humains. Oui, ils n'auraient pas laissé les gens chuter sans agir... Il se calma et se concentra sur le trou béant. Son cœur s'emballa légèrement et un profond soulagement se fit quand il distingua une magie lointaine mais suffisamment forte pour qu'il la reconnaisse. Jakob était derrière tout ça. Oui maintenant il savait qu'ils devaient aller bien, même s'il regrettait de ne pas être avec eux, ne serait-ce que par inquiétude pour sa compagne et les éventuels blessés.
L'homme l'observa un long instant, s'assurant qu'il n'allait pas recommencer ses tentatives de saut de l'ange, puis le lâcha enfin, affichant un petit sourire doux qui, étrangement, réconforta un peu Alexander.


"Tout va bien se passer pour elle, nous allons trouver un moyen de les aider et de les remonter."

"Guillaume !"

Le sus nommé se tourna avec surprise vers une silhouette qui se détacha de la foule et s'arrêta devant eux, haletant. Ils reconnurent Laurent, un peu paniqué. Il les informa qu'il avait également vu sa femme tomber dans l'éboulement avec sa fille et était complétement déboussolé. Son frère ainé posa une main compatissante sur son épaule et jeta un oeil vers Alexander avec un étrange regard.

"Finalement, ça ne va pas si bien se passer pour elle. Veillons à vite les sortir de là."

Ils rejoignirent Cygne, écoutant la marche à suivre. Bientôt deux choix s'offrirent à eux. Sauver une enfant disparue ou traquer le gardien du parc. Les deux plus âgés hésitèrent, contrairement à Alexander qui se dirigea d'office vers le pavillon où devait se trouver le dit Raoul. De plus, même s'il le cachait, il n'était pas à l'aise avec son futur beau-père. Aucun n'avait réellement pu se parler franchement et il craignait qu'il ne lui avoue que lui aussi était contre leur union. Orphelin depuis de trop longues années, il ne savait comment se comporter avec des parents. Devait-il faire des concessions pour leur faire plaisir ? Prouver qu'il était parfaitement capable de gérer sa vie de famille seul et sans aide ? Sa présence le mettait face à beaucoup trop d'interrogations et il voulait fuir au plus vite. Il réalisa bien vite que sans sa compagne pour l'encourager, il avait "peur" de leur jugement. Le choix de trouver le gardien était donc sa priorité.

Voulant prendre de l'avance sur les autres, il tomba sur un endroit désert, à son plus grand agacement. Il passa derrière pour fouiller, se demandant si l'énergumène avait osé s'enfuir dans une situation aussi critique. Mais il avait à peine fait quelques pas qu'une lumière scintilla, captant son attention et le faisant faire demi-tour. Quelqu'un avait, apparemment, aucune envie de traquer le disparu.

Cependant Alex, en comprenant qu'un incendie allait s'enclencher, serra les dents et prit ses distances, observant un arbre s'embraser. Un cri de terreur voulu monter du plus profond de son être, mais il tint bon à mesure qu'il s'éloignait. Sa phobie du feu se réveillait, ce qui l'inquiétait. Il ne devait cependant, en aucun cas, perdre son sang-froid.
Il dû arrêter sa marche quand il aperçu des témoins de l'incendie. Des brassard blancs et un rouge, ce dernier étrangement imperturbable. Était-ce ce garçon le responsable ?
Détournant volontairement son regard de la langue incandescente qui dévorait l'arbre, il le fixa, l'analysa, lui et son bonnet, fronçant les sourcils. Si seulement ils avaient été qu'entre eux, il lui aurait fait une leçon qu'il n'aurait pas oublié de sitôt. Mais le faire devant des anti-légendaires était absolument contreproductif.

Ce fut également le moment où les frères Lefèvre arrivèrent, alertés par l'illumination qu'avait provoqué le feu. Ils le rejoignirent, un peu choqués par le spectacle et semblèrent le juger du regard pour s'assurer qu'il n'était pas responsable de l'incident. Mais le médecin resta de marbre, continuant d'observer le jeune homme, essayant de comprendre pourquoi il avait fait pareille bêtise.


"Alexander, pouvez vous faire quelque chose pour l'arrêter ?"

La voix du père de Valentine l'interrogea timidement, lui faisant réaliser un élément qu'il ne lui était jamais passé par l'esprit : Et si Laurent était aussi intimidé qu'il ne l'était par lui ? Finalement, il était peut-être stupide de triturer les méninges, des vérités simples étaient parfois juste sous son nez. Il rencontra le regard du légendaire à l'apparence enfantine et comprit. D'un ton neutre, il finit par répondre, patientant.

"Pas encore..."

Devant l'air d'incompréhension des deux autres, il attendit sans rien ajouter, ne lâchant toujours pas Ouadji des yeux. Puis soudain un cri de frayeur s'échappa d'un bosquet et la silhouette d'un homme adulte apparu avant de détaler comme un lapin. Le gardien venait de sortir de sa cachette.

"Maintenant oui."

Il détourna enfin les yeux et lançant un regard noir aux flammes qui avaient encore grossi. Il commença à réciter quelques incantations dans un dialecte que Guillaume, qui se trouvait juste à côté de lui, jurerait n'avoir jamais entendu. Une langue morte peut-être ? Il ne comprenait pas tout, le médecin murmurant plus qu'il ne récitait. Puis il leva la main devant lui, paume ouverte vers le ciel, et un orbe apparu en son creux, grossissant de plus en plus. L'humain réalisa qu'il s'agissait d'une boule d'eau. Des gouttelettes voletaient tout autour d'eux se rassemblant en un même endroit. Bientôt trop grande, elle se mise à flotter et, à mesure qu'elle s'élevait, grossissait. Grâce au lac à proximité, la sphère aqueuse enflait de plus en plus.

D'un geste presque élégant, le sorcier indiqua l'incendie du doigt. L'orbe obéît et s'y dirigea, se plaçant juste au-dessus. Puis d'un claque de doigts, l'ordre fut donné et les incantation cessèrent. Immédiatement, l'eau explosa et se répandit telle une averse salvatrice sur le brasier. Il suffit que de quelques instants pour que les flammes soient noyées et que le reste de la végétation soit sauvé.
Alexander entendit un des Lefèvre lâcher un soupire de soulagement et l'autre siffler devant le spectacle.

"Incroyable..."

"Eh bien, tu cachais bien ton jeu, mon garçon. J'ignorais que tu étais capable de telles prouesses."

"Cela reste assez épuisant, merci de ne pas me demander de le refaire pour votre plaisir personnel."

"Ah, tu as lu dans mes pensées. Je m'abstiendrais, dans ce cas."

Le docteur croisa les bras, sentant une lourdeur dans tout son corps. Des effets secondaires nuisait à sa santé. Heureusement, s'il restait tranquille, il allait surement pouvoir se remettre rapidement de l'incantation. Mais pour cela, il ne devait pas bouger...
Il jeta un regard sombre vers les brassards blancs qui l'observaient avec un air agaçant. Choqués, outrés, terrifiés ou encore impressionnés, Alex ne parvenait pas à les sonder, mais il ne s'empêcha cependant pas une petite pique en prenant un ton glacial.


"Rendez vous utile, rattrapez le gardien, maintenant qu'il est sorti de sa tanière..."

Il avait fait sa part, tout comme le garçon. Aux autres d'agir. Il n'était de toute façon plus capable de faire le moindre mouvement pour l'instant. Peut-être l'avaient-ils comprit, mais les deux hommes s'approchèrent de lui, inquiets. Était il pâle ou avait il des marques sur le visage ? Les symptômes des effets secondaires variaient toujours...
Au moins la présence de deux humains à ses côtés lui éviterait d'être bousculé et traité de monstre. Il avait évité un incendie, ce n'était pas pour se retrouver dans un bucher, comme ses pauvres confrères et consœurs, d'une époque lointaine et révolue.
Il l'espérait en tout cas.


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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeMar 15 Mar - 22:42

L’odeur de la terre emplit insinueusement la truffe du loup noir, au point de lui faire froncer le nez. Le commissaire se redressa d’un bloc et leva les yeux au ciel. Il fut tout aussi surpris que dépité de ne pouvoir le contempler aussi clairement qu’avant.

Qu’est-ce qu– ?

La tête lui tourna. Sa vision se brouilla. On s’agitait autour. Combien de temps était‐il resté inconscient contre cette paroi terreuse ? Il se rassit plus confortablement, reprit ses esprits au bout d’un moment et dut se rendre à l’évidence : ils étaient enterrés vivants ! Joie.

* Une comète passe et nous voilà bloqués dans une caverne. Super ! *

Alors seulement s’imposa à lui la question du nombre de présents et de leurs états. Balayant le décor face à lui, il fut dérouté de trouver plusieurs galeries en face d’eux, toutes aussi hautes que larges. Même lui pouvait aisément tenir debout. Ceux qui avaient fait ça avaient dû en baver et ça ne datait pas d’hier. Comme en attestait le matériel abandonné là, qui n’était pas de première jeunesse, car quelques pelles rouillées trainaient ci et là, ainsi qu’un vieux wagon rouillé plus loin sur la droite. Ce dernier était proche de la sortie qu’obstruait l’ébouli, mais une fois remit sur ses rails, nul doute qu’il suivrait sans trop de mal la courbe métallique au sol pour s’éloigner vers une autre galerie. Du moins il lui semblait que c’en était une, il ne voyait pas bien. Une odeur d’éclair au chocolat lui fit croiser deux iris bleutés familiers penchés sur lui.

Tout va bien ?
Oui et toi ?

Le brun acquiesça. Se releva et laissa Olivia se rapprocher pour le détailler minutieusement.

On ne peut pas en dire autant du dessert, hélas. Désignant d’un signe de tête la boîte à présent plate comme une limande, elle posa une main sur son cœur en signe de recueillement. Elle ne s’en est pas sortie. Mais c’est un moindre mal.  

Le visage du loup se mua en un subtile mélange d’outrance et de sidération. La mimique la fit rire, attirant un instant quelques regards sur eux. N’en tenant pas compte outre mesure, elle se rapprocha juste assez pour qu’il soit le seul à l’entendre :

Ce mage est vraiment incroyable ! Je ne pensais pas qu’il amortirait la chute de tout le monde.

Elle jeta un coup d’oeil vers Jakob, déjà en plein débat avec Edward, et précisa :

Même s’il a probablement eu de l’aide…


Ses deux turquoises coulèrent sur Archimède. Elle tressaillit. La main puissante d’Aldrick s’était posée sur son épaule et son regard doré lui intimait clairement le silence. Cette conversation n’était pas la bienvenue ici. Aussi bas fusse-t-elle prononcée. Elle ne s’en formalisa pas, pas plus qu’elle n’accorda d’intérêt à son manteau taché, préférant sourire.

Archimède. C’est son nom je crois. Il a ausculté ta sœur, Olivia lui désigna une demoiselle plus loin dans l’obscurité, elle va bien mais il semblerait qu’elle se soit foulé la cheville.
Eléna est ici ?! L’idée ne l’avait jusqu’alors, même pas effleurer.

Le palpitant d’Aldrick manqua plusieurs battements vitaux, avant de repartir dans les tours, dopé par cette information. Les sens aux aguets, il englouti en une poignée de secondes, les quelques mètres qui le séparaient d’elle pour s'agenouiller près de la benjamine.

Hey. Ça va ?
Aly… Où est Andréa ? Est-ce qu’il va bien ? Je ne le vois pas, est-ce qu’il…

Le commissaire n’écoutait plus. Une inquiétude sincère et amoureuse dévorait le visage d’ordinaire si calme de la brunette. Alors, sidéré, il comprit enfin. Des pièces d’un puzzle insoupçonné, auquel il avait pourtant assisté depuis des mois, s’assemblèrent lentement et méthodiquement dans son esprit. Retraçant les premiers signes d’un épanchement entre les deux jeunes gens. Tombant des nues, l’agent ouvrit la bouche en un « O » parfait.

Aly ?

Pas de réaction. Eléna agita la main, sans trop savoir si le cerveau de son frère allait se mettre à fumer, à imploser, ou pire encore !

Aly ? C’est pas drôle, réponds à la fin !
Il n’est pas là. Intervint Olivia en souriant poliment. Tu parles bien du grand garçon qui t’accompagnait ? Il n’y a personne lui ressemblant ici.

Un léger soupir de soulagement souleva la poitrine de la plus jeune. Bien qu’elle n’eut pas la certitude qu’il ne lui soit rien arrivé de grave, le savoir hors de ces tunnels la rassura.
Sans mot dire, Aldrick se remit sur pieds, fit deux pas machinalement, tel un robot mal réglé. Les yeux dans le vague, il grommellait des propos incompréhensibles, avant de se stopper net. Leur tournant le dos, immobile, le loup en oublia le monde entier. Il resta ainsi longuement, sans rien percevoir de ce qui l’entourait. Ainsi il n’entendit pas la voix douce de June, ni l’invitation lancée par Valentine et s’il haussa un sourcil au moment précis où elle regardait dans sa direction, ce fut simplement parce qu’il venait d’ajouter à l’équation qui le troublait, la nouvelle avertion de sa mère pour Andréa. Cloîtré dans sa bulle mentale, le brun ne vit rien des torches qui éclairaient davantage l’espace, pas plus qu’il n’entendit la dispute entre les Humains, l’échange entre les deux  filles derrière lui, ou ne distingua les grimaces faites sous son nez par Olivia pour le dérider. Il perçut encore moins la remise en état temporaire du wagon. Il fallut qu’un autre loup s’approche assez près pour qu’enfin, son instinct reconnaisse un homologue. Il le prit d’abord pour Andréa, tant il était confus, ouvrit la bouche, mais quand ce dernier s’éloigna, Aldrick parut enfin sortir d’un songe trop immersif. Secouant la tête avec force pour se défaire de pensées inutiles, il inspira un grand coup et eut la vague impression d'avoir loupé un épisode quand Edward parla de frapper un humain sans une once de cette aura hargneuse qu’il affichait depuis des mois près de certains Anti‒Légendaires.

C’est moi où il a l’air heureux, en fait ?

Le propos sonnait étrangement dans sa propre bouche. Il se retourna et lâcha sans réfléchir :

Euh… Qu’est-ce que tu fais Olivia ?

Un manche cassé de pelle en main, les doigts serrés sur l’extrémité rompue, l’autre triangulaire faisant de légères rotations dans l’air, la sylphide se tenait près de lui, telle une joueuse de baseball professionnel, prête à frapper la balle. En l'occurrence ici : lui. Olivia s’arrêta dans son geste, en se retrouvant subitement nez à nez avec le brun. Se débarrassant de l’objet à la hâte, la blonde le jeta plus loin négligemment.

Moiiiiii ? Mais rien voyoooons !Kof. Tu vas mieux on dirait !
Aïe !
Oups ! Pardon, je ne voulais pas…

Olivia porta les mains à ses lèvres, surprise que son arme de fortune se soit attaquée à une autre cible. D’un même mouvement, parfaitement synchronisé avec Aldrick, elle fut vite auprès d’Eléna, pour s’enquérir de son état.

C’est rien.
Hum, tu risques plutôt d’avoir une bosse sur le front. Avoua la blonde en posant une main froide sur la plus jeune pour évaluer l’ampleur des dégâts.
Ça fait du bien. Abandonna Eléna sans réfléchir.
Vraiment ? Tu veux que je reste un peu comme ça ?

Eléna arqua un sourcil, perplexe, partagée entre le bien être de l’action et le fait de ne pas savoir si elle appréciait ou non d’être traitée si familièrement si rapidement par une inconnue. Enfin, elle finit par articuler pour son aîné :

Tu devrais aller les aider. Ce chariot a vraiment l’air très lourd.
Et plus vite on sera sortis, mieux ce sera.
À deux contre un, je ne peux qu’abdiquer.
Depuis quand le nombre d’adversaires t’arrête ? S’inquièta Eléna.
Je reviens vite. Conclut-il en un sourire.

Abandonnant son manteau sur les épaules de la brune, le loup remonta ses manches, parcemés ci et là de cicatrices, bien moins visibles que celle du loup blanc, avant de le  rejoindre près du wagon. Avisant Rupert éssoufflé, il questionna :

Besoin d’aide, messieurs ?

La question était rhétorique. Aussi, sans véritablement attendre de réponse, il se positionna de manière à permettre au wagon de suivre sans mal la courbe de rails. Une fois que ce fut fait, ils le poussèrent encore sur plusieurs mètres et se mirent d’accord pour le décharger plus loin en l’inclinant légèrement. Rupert et lui firent dans un premier temps des allers-retours avec plusieurs pierres, tandis qu’Edward, comme convenu, maintenait le wagon de sorte à ce que les pierres leur soient plus accessibles. Mais rapidement, ils changèrent de méthode. Le bourgeois chargea alors les blocs dans les bras du loup noir qui les déposait ainsi plus loin. Si Aldrick aurait pu sans mal soutenir une dizaine de gravats lourds, il se contentait des trois plus imposantes que Rupert était en mesure de soulever avant de les lui donner, puis allait les décharger plus loin. Habitude peu sympathique des « neutres », Aldrick avait appris durant les six derniers mois à modérer ses ardeurs et ses capacités surtout. Si l’idée ne m'enchantait pas d’abord, il s’était finalement fait une raison et loin de brider les compétences qu’il avait déjà, s’était contenté de les faire évoluer lentement pour justifier de ce qui pouvait être plus « extraordinaire » aux yeux des Humains.
Durant les quelques minutes pendant lesquelles durèrent ce manège, Aldrick avisa Edward à de nombreuses reprises, ouvrant la bouche pour parler mais se ravisa toujours. Il aurait eu mille choses à lui dire, mais le pouvait-il vraiment ici ? Indécis, il jeta de nombreux coups d’yeux perturbés vers Eléna et Olivia qui discutaient.

✩ ✩ ✩

Hum… Du coup, vous vous êtes rencontrés comment avec Aldrick ?
Disons que je lui ai pompé l’air dès le départ ?

Eléna haussa un sourcil, sans savoir si c’était juste parce qu’Olivia ne voulait pas lui répondre ou parce qu’elle était véritablement sérieuse. Le plus troublant était qu’aucune de ces deux options ne prenait le pas sur l’autre.

Tu es vraiment sa sœur ?

La brunette se renfrogna, serra les dents et afficha une fraction de secondes une moue blessée, avant d’abandonner du bout des lèvres.

Sa demie-soeur.
Oh.

Tournant subitement son visage juvénile vers son interlocutrice, Eléna questionna, la voix chargée d’inquiétude.

Il vous a dit le contraire ?

La sylphide resta un instant prostrée sous la surprise, puis éclata d’un rire cristallin en secouant la tête.

Pas une seule seconde !
Mais alors… pourquoi est-ce que vous… ?
C’est un secret.~ Décréta-t-elle en posant l’index sur ses propres lèvres.

✩ ✩ ✩

3e aller-retour du wagon.

L’ébouli se dégageait de plus en plus et par endroits, il était possible d'apercevoir des rayons de lune ou d’entendre des bouts de conversation, néanmoins impossible de comprendre ce que disaient les voix extérieures. Les ensevelis commençaient d’ailleurs à se regrouper davantage là pour aider au mieux. Rageusement Prius, creusait toujours avec une énergie mêlée de dégoût. En le voyant Rupert frémit.

Attention ! Si vous y allez trop fort, tout va s’effondr‒  
Pour l’amour du ciel, fermez-là Rupert ! Coupa l’autre avec hargne avant de se planter devant lui en vociférant. Ne voyez-vous pas ce qui est en train de se passer ?
C-Co-comment ?
« C-Co-comment ? » Singea Prius exagérément avant de le repousser d’un air dégoûté. Ces abominations sont en train de vous manipuler ! Elles ont dû vous jeter un sort ! Regardez-vous ! Vous êtes là à jacasser avec ce… Cet…Cette vomissure de la nature ! Le plus naturellement du monde par dessus le marché ! Ça ne vous gêne pas de retourner ainsi votre veste ?
Qu’est-ce que vous… ?
Vous allez devenir son laquais d’ici peu et il rira de vous avoir transformé en l’une de ces ignominies si vous continuez ! Reprenez-vous enf‒

Il n’acheva pas. Les poings serrés à l’extrême, Aldrick qui, dans un grognement guttural, avait fait un pas malgré lui, sans réussir à masquer totalement une colère sourde, en resta coi. Une demie pelle venait d’atterrir en plein sur le nez de Prieus. Plus loin, Eléna haletait.

Ça suffit ! Vous vous dites adultes ?! Vous devriez plutôt vous concentrer sur comment nous faire sortir d’ici au lieu de vous disputer comme des chiffonniers !
Aïe ! Espèce de sale petite…
Elle n’a pas tord. Coupa Jakob d’un ton ferme en s’interposant. Vos règlements de comptes peuvent attendre. Aidez-nous à dégager les derniers blocs. Après vous vous échapperez tout votre saoul, sans être dérangés.

Comme si le ciel avait voulu voir en Jakob la voix de la raison, des échos leur parvinrent de l’autre côté de l'éboulis. Un grand fracas résonna dans les galeries : des blocs étaient tombés de l'autre côté ! D’autres pierres furent retirées à la hâte, laissant entrevoir un interstice de bonne taille, une galerie de l'autre côté. Fou de joie, Rupert s'écria :

Une autre issue ! On a réussi !

Un instant, Aldrick eut le souffle coupé. Si son flair ne le trompait pas et il y avait peu de chances, une odeur familière s’était mélangée à celles des présents. Dans un murmure à peine audible, il abandonna sans le remarquer :

‒  Ça sent le sang...


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Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Mer 16 Mar - 19:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeMer 16 Mar - 16:45

Un fracas assourdissant interrompit leurs bavardages et en une seconde, les trois comparses furent sur leurs pieds.

- «  On dirait qu’une partie du parc s’est effondrée » souffla Ange.

Rose soupira : c’était bien sa veine. Les gens autour d’eux organisèrent rapidement les secours afin de venir en aide aux malheureux tombés sous terre et de mauvaise grâce elle accepta de se retrouver assignée à la recherche du gardien des Buttes.
A peine avait-elle commencé à se diriger vers l’entrée du parc ou était supposée se trouver la loge du gardien que Julius se mit à hurler :

- «  Baste ! Il manquait plus qu'ça ! »

Autour d’eux de multiples arbres prenaient feu sans raison apparente. Enfin ça, c’était si on observait la situation avec un œil d’humain innocent et naïf. Elle jeta un coup d’œil circulaire cherchant l’auteur du brasier naissant sans parvenir à l’identifier.

- « Encore un coup d’une d’ces bestioles j’vous parie »

Rose ne releva pas, trop occupée à observer un homme blond déplacer une masse aqueuse depuis le lac pour éteindre l’incendie. Elle devait bien admettre que ce genre de capacités avait l’air enviable de l’extérieur. Et dangereuses pour les humains. Létales même. Elle pouvait comprendre que les plus faibles de son espèce soient effrayés par un tel spectacle.

Soudain un cri perçant retentit à côté d’eux. La contrebandière haussa un sourcil et dirigea son regard vers la provenance du son. Le bas de la robe de Lavigna De Lespinasse avait visiblement trainé trop près d’un buisson enflammé et commençait à être consumé par les flammes. La demoiselle s’époumonait tant et si bien et les hommes autour d’elle semblaient si pris au dépourvu, que Rose décida d’intervenir.

En deux enjambées, elle fut sur elle et d’une poussée du bras bien placée, elle envoya mademoiselle De Lespinasse se rafraichir les idées dans le lac. Lavigna se retrouva assise sur son postérieur au milieu de la vase et des grenouilles, trempée et outrée. Elle ouvrit grand la bouche d’un air furibond, prête à protester mais la blonde ne lui laissa pas le temps de commencer son réquisitoire.

- «  Ne me remerciez pas surtout Mademoiselle de Lespinasse, tout le plaisir est pour moi. Oui, je sais qui vous êtes, comme je sais que vous savez qui je suis. » Elle marqua une pause, prenant le temps de la toiser «  Pour toute réclamation et plainte, veuillez-vous adresser à  mon frère, Monsieur de La Tour je suis sûre que vous saurez le trouver. »  

Ce fût le moment que choisit le gardien tant recherché pour apparaître brièvement, délogé par les flammes. Julius et Ange se jetèrent à sa suite, s’époumonant vainement, alors qu’il  s’enfuyait par la pelouse à toutes jambes.

- «  Bastardo ! Arrêtez-vous ! »

A ce jeu, Rose fût plus rapide. Peu gênée par ses bottes d’homme récupérées dans un surplus de l’armée et par sa jupe modeste, sans froufrous ni dentelles, elle sprinta, dépassa les garçons et se jeta sur le gardien. Les deux corps s’effondrèrent au sol dans un bruit sourd, roulant quelques mètres plus loin avant de s’arrêter.

Sans hésiter, Rose attrapa le gardien par le col de la chemise, le secouant sans ménagement

- « Non mais je rêve ! Des gens sont en danger et vous jouez à cache-cache ? Espèce de… »
- « On s’en charge Rose. »

Essoufflés, Julius et Ange arrivaient tout juste à sa hauteur. Ange lui fit un signe apaisant et sans prêter attention aux balbutiements du gardien malmené, les deux hommes le relevèrent. Le tenant chacun par un bras, ils le trainèrent jusqu’au petit groupe qu’ils avaient abandonnés.

Sans prendre le temps de se recoiffer, son chignon à présent complétement ruiné et plein de brins d’herbes, Rose revint sur ses pas. Arrivée à la hauteur du petit groupe qui la contemplait mi horrifiés, mi admiratifs, elle annonça en soupirant :

- «  Le voilà votre fugitif, il est à vous. Faites-en bon usage »
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeVen 18 Mar - 18:10

Dire qu’il pensait pouvoir profiter d’une soirée tranquille…

Ce n’était pas le ciel qui leur était tombé sur la tête mais plutôt le sol qui s’était dérobé sous leurs pieds. Son cœur se serra d’inquiétude en constatant que certaines de ses connaissances n’avaient pas eu la même chance que lui et avaient été englouti dans une crevasse. Il fallait qu’ils s’en sortent tous. Il le fallait. Il se répétait ce mantra pour éviter de perdre la main sur ses émotions et par le fait même ses instincts profonds.

Pendant qu’un petit groupe de rescapés discutait d’or et déjà de la marche à suivre pour demander de l’aide au gardien qui saurait sûrement comment les aider à quitter cet endroit peu sécuritaire, Samuel avait remarqué qu’un garçon était parti dans la direction opposée en compagnie de cette femme gigantesque qui avait perdu sa fille et de la gérante de la Souris Verte. C’est tout naturellement qu’il leur emboîta le pas, curieux, après s’être assuré que quelqu’un veillerait sur les filles.

« Non, Sam … ! »

Il leur promit qu’il reviendrait très vite et cela sembla être suffisant pour qu’on consente à ce qu’ils se séparent. Il dû se dépêcher pour rattraper le pas au reste de la ménagerie jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent au bord du lac. L’enfant était là ! Monsieur Roderick, comme on l’appelait, ne saurait dire si c’était ingénieux ou stupide d’être montée seule sur l’embarcation, quoi qu’il en soit, cela avait eu les résultats escomptés, voilà le principal, et tout le monde s’en voyait soulagé.

Le soulagement ne dura pas très longtemps pour notre reflet cependant. Avec horreur et indignation, il regardait de haut cette … chose. Ce n’était pas digne d’être appelé un bateau. Ce n’est donc pas sans marmonner qu’il prit place pour pédaler. Il en venait presque à être content de la catastrophe naturelle qui empêcherait à trop de témoins de le voir dans cette position embarrassante. On lui en aurait reparlé pendant des mois, sinon. Mais bon … il ne pouvait malheureusement pas se servir de la surface de l’eau  comme d’un portail. Dans le cas contraire, sa couverture serait mise à mal s’il s’exposait de la sorte.

Au moins, l’onde tranquille leur assura une traversée sans tracas. Bon sang, cela en demandait de la force pour faire avancer ce canasson ! Mirabella Claraval tremblait lorsqu’ils arrivèrent à sa hauteur, était-ce de peur ou de froid ? Samuel regrettait de ne pas avoir un petit gâteau à lui offrir, à défaut de quoi, il pourrait lui offrir sa veste.

« Montez. Votre mère s’inquiète beaucoup pour vous, miss. »

Était-ce son ton égal ou son apparence détonnante ? Dans tous les cas, la petite cacha son visage dans le creux de son cou, faisant clairement non de la tête. Comment s’en sortir maintenant ? Ils étaient si prêts du but, ils ne pouvaient pas l’abandonner ici, elle ne survirait pas au froid mordant de la nuit. Mais il ne savait pas parler aux enfants … Du moins, il n’avait pas eu à le faire depuis très longtemps.

« Hum… Vous ne voulez pas devenir amie avec la gentille licorne ? »
« Elles… Elles existent pour de vrai ? »
« Hein ? »
« Maman dit que les monstres et la magie existent alors c’est pareil pour les licornes ? »

Il échangea un regard circonspect avec Andréa qui haussa les épaules, faussement innocent, à moins que ce ne soit pour retenir un rire. Visiblement, il devrait se débrouiller tout seul sur ce coup-là.

« Je l’ignore, désolé. Mais il fallait bien tirer son inspiration de quelque part pour monter ce bateau à pédales. Si vous nous suivez, vous pourrez tenter de découvrir la vérité, un jour. »

Mirabella sembla soupeser sa décision encore quelques secondes, puis elle tendit la main. Le pâtissier la récupéra sans réaliser d’abord qu’il n’y avait que deux places. À moins de porter la jeune fille sur leurs genoux, l’opération de sauvetage se voyait compromise. Alors, sans écouter la mise en garde inquiète de son compagnon d’infortune, il entreprit d’échanger leurs places. Il suffirait de ramer pour revenir vers la berge.

Seulement, la surface lisse du pédalier n’offrait pas une bonne prise. Il perdit pied, au lieu de laisser la petite subir le même sort. L’eau sombre était glacée. Il s’enfonçait lentement vers le fond, sans savoir se débattre, sinon en vain, tandis que ses poumons le brûlaient.
June Ravenclose
Le chant du cygne
June Ravenclose

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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeSam 19 Mar - 4:32

Lily Desrosiers s’ennuyait à mourir, alors après avoir trouvé un parapluie digne de ce nom, elle avait décidé d’abandonner son kiosque. La plupart des gens semblaient préférer la nourriture ou même discuter, autant en faire de même. En apercevant June plus loin, elle agita la main dans sa direction pour attirer son attention. Ensuite, tout le monde avait disparu. Décidément les tours de magie prenaient de l’ampleur par ici ! Hm, la comète ressemblait à une étoile filante, ne me dites pas que c’était son souhait qui venait d’être exaucé ?!

~~~

Le sourire de June s’était légèrement étiolé en reconnaissant un certain chapeau crêpe parmi la foule, causant une petite pause dans son discours. Difficile de rater le commissaire quand il dépassait la plupart des gens d’une bonne tête. L’une des commerçantes ne venait-elle pas d’annoncer une nouvelle tournée de crêpes ? Peut-être qu’elle pouvait aller en grignoter une plus tard en guise de petite vengeance personnelle, même si c’était de l’excès de gourmandise. On lui répétait toujours qu’elle était trop fluette. Pour le moment, elle ne lui accorderait pas une seconde de plus de son attention, ni même un regard. Elle en avait assez d’être la seule à faire des efforts. Et puis, il avait l’air de n’avoir aucune difficulté pour bien s’entourer !

Elle regretta bien vite ces sentiments mesquins. Une petite quinte de toux secoua son corps d’habitude si gracieux lorsqu’elle fut enfin en mesure de se redresser sur des jambes peu assurées, loin de la lumière du jour. Humaine, elle l’était, et fragile. Sa robe était abîmée, son épaule saignait un peu, et ses genoux avaient été abîmés dans la chute, heureusement, ceux-là étaient cachés par sa tenue et Edward eut l’amabilité de lui prêter son veston pour lui redonner un peu de pudeur ou tout simplement pour se réchauffer. Les réprimandes pincées de sa mère résonnaient en écho dans sa tête. Ce n’était pas digne de son rang. June referma la main contre le pendentif qui était à son cou, pour trouver la force de s’extirper à ce souvenir en secouant vaguement la tête. Il fallait avancer. Elle n’était pas sûre de pouvoir être très utile, à moins de servir de canari des mines en cas de danger invisible, mais elle se porterait volontaire si une tâche était à portée de ses capacités.

L’échange taquin entre une rouquine et un commissaire l’étonna au plus haut point. Elle aurait aimé avoir autant d’audace, peut-être que dans ce cas, il aurait été bien obligé de ne pas l’ignorer complètement. C’est ce qui la poussa à rejoindre le groupe de femmes envoyé en éclaireur à la recherche d’une cabane, à moins que ce soit un élan de pitié pour avoir au moins traité avec l’une des sœurs tyranniques. L’autre ne devait pas être bien différente,et cette femme austère qui semblait avoir des connaissances médicales portait un brassard identique… Et puis comme cela, cela leur faisait quelqu’un avec qui discuter.

« C’est vrai ? Il va en entendre parler, celui-là. Il n’est pas supposé me garder de secrets de ce genre, sauf sur ses conquêtes, je préfère ! Vous devriez venir lui rendre visite, si le cœur vous en dit. Cela lui ferait une agréable surprise. »

Elle lui adressa un sourire complice. À bon entendeur. Hélas, elles furent bien vite obligées de se séparer, les recherches iraient plus vite ainsi et puis qui sait si l’air était salubre ou si un nouvel éboulement ne les menaçait pas malgré la magie de Jakob. Ils étaient dans une galerie complètement différente maintenant après tout, cela ne rassurait pas la petite blonde. Et si jamais il y avait des serpents ?! Il fallait toujours qu’il y ait des serpents …

En plus, elle était obligée de subir les jacassements incessants de son binôme. Au moins, lorsque Dolores se lançait dans un monologue sans queue ni tête, cela parvenait souvent à la faire rire. Dans le cas ici présent, on se rapprochait plutôt du délire mégalomane. Sans parler des insultes camouflées sur des paroles joliment tournées.

« Hum …elle parle toujours autant ? » se demanda-t-elle à voix haute, dans un murmure cependant, consciente que ce n’était pas très élégant de faire des reproches, même dans ce genre de situation.
« Juste ciel, oui, elle a toujours été bavarde et curieuse, plus que Lavigna, je crois. C’était l’une de mes meilleures élèves à l’époque. »

June releva les yeux sans prendre la peine de vérifier s’il s’agissait d’une apparition. Cela ne la surprenait même plus. Une fois la nuit tombée, les fantômes avaient tendance à être attirés vers elle comme des mouches. Si cet homme était lié aux Lespinasse, ce n’était pas étonnant qu’il soit revenu quelques heures sur cette terre afin de s’assurer que ses petites protégées n’avaient pas été blessées. Ah … non, il semblerait qu’il y ait une légère erreur.

« J’espère que nous ne manquerons pas la comète avec cet imprévu. Je me faisais une telle joie de pouvoir admirer ce phénomène. Cela n’arrive qu’une fois dans sa vie, ou sa non-vie, je suppose ! N’est-ce pas la preuve que la terre est ronde ? Je devrai aussi vérifier les conditions qui m’ont réveillé. Fascinant, vraiment fascinant. »
« Je suis sûre que ce n’est pas la fin du monde, dans tous les cas. »
La réplique lui avait échappé, avec un sourire qui témoignait de sa sincérité.
« Comment ? Vous pouvez m’entendre mademoiselle, mais c’est merveilleux ! Je devrais vous faire part de mes dernières théories pour que vous les fassiez parvenir à mes collègues. Mais où sont mes manières ? Professeur Summerlee, pour vous servir. »

Son regard se détourna vers la duchesse qui s’était assise sur un tabouret plutôt que l’aider dans les fouilles. June soupira doucement avant de s’approcher. Allez, un tout petit effort. Qui ne tente rien n’a rien.

« Le professeur Sumerlee vous manque, n’est-ce pas ? Je crois qu’il s’inquiète un peu pour vous, même s’il ne le dit pas directement. »

Son ton était doux et rempli de sollicitude, cependant, la réaction qu’elle reçut en retour était à la hauteur du peu qu’elle connaissait au sujet de ces nobles dames.

« Comment savez-vous … ?Non … Comment osez-vous, petite effrontée … Oh. OH ! Je vois. Vous êtes l’une des leurs ! Vous avez travaillé au Lost Paradise après tout. Avouez-le, expiez vos fautes, mademoiselle Ravenclose ! »
« Réfléchissez un peu par pitié ! Je suis une figure bien trop publique pour qu’on ne m’oblige pas à me peindre une cible dans le dos si c’était le cas ! »
« Si je peux me permettre… »
« Non ! Bouclez-la, vous, tout cela, c’est votre faute ! »

Olympia la regardait d’un œil différent à présent, c’était indéniable. Commençait-elle à lui accorder du crédit ? Dans tous les cas, June n’aurait pas su dire si c’était du mépris ou de l’intérêt qui animait cette flamme dangereuse dans son regard. Peu importe, elle avait trouvé un bout de papier au mur. À eux la sortie ! Elle l’arracha sans ménagement et repartit dans le sens inverse sans prêter attention aux indignations de part et d’autre dans son dos, en fière aventurière qu’elle était devenue par pure exaspération. Une fois Valentine retrouvée, haussant vaguement les épaules quand on lui demanda des explications, cela ne leur prit pas beaucoup de temps à retourner prêt du chariot et la cantatrice de dépêcha de leur annoncer la bonne nouvelle.

« Dès que vous aurez fini de déblayer les tunnels, nous devrions pouvoir utiliser le chevalement pour sortir. Regardez, il est juste là. »


Spoiler:
La foule [PNJ]
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeDim 20 Mar - 19:56

Mon pauvre Samuel, vous voilà bien trempé. C’est une chance que le lac du parc fasse moins d’un mètre de profondeur. Avec tout ce qui s’est passé, je l’avais complètement oublié ! Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ?

Célestine inclina la tête. Dans cette pénombre, difficile de savoir ce qu’il en était, mais quoi que dégoulinant, le jeune homme avait l’air entier. Il fallait voir sa tête. Ce n’était pas gentil de se moquer et elle s’en garderait bien, toutefois elle ne parvint pas à totalement contenir le coin de sourire qui lui chatouillait les lèvres.
L’intervention de Madame Claraval tomba à point nommé. Sans s’arrêter aux vêtements imbibés du pâtissier, la dame se jeta sur lui et le prit chaleureusement dans ses bras. Émue, elle le remercia à maintes reprises, loua sa bravoure et son sens du sacrifice, puis le relâcha et attacha son châle de laine autour ses épaules, s’excusant de ne rien avoir d’autre à lui offrir pour le réchauffer. Elle retrouva ensuite Mirabella, en grande discussion avec Andréa et Sunstar, revenue saine et sauve à quai.
Fort chaleureuses, les retrouvailles mères filles durent hélas êtres écourtées et tous prirent la direction du pavillon du lac. Marchant d'un bon pas, Célestine abandonna lorsqu’elle vit se dessiner le sentier :

Espérons que les autres ont trouvé le gardien !


* * *


Qatrazi ! Qatrazi !
Non ! Les « gaaaa-lle-ries », aboya Bernold en articulant à l'excès. 
Q-Qatrazi…
Raah ! Il n'y a rien à en tirer ! Ce type ne comprend pas un traitre mot de ce qu'on lui dit.
Fichez lui la paix !

Cygne s’interposa entre eux et força le bourgeois à lâcher prise. Le malheureux qu'il tenait par le col fut de retour sur ses pieds, puis tangua et tomba sur les fesses. Le jeune homme s'accroupit à ses côtés, essaya de l'apaiser tout en fusillant Bernold du regard.

Je vous ai dit que ce n'était pas le gardien !
Comment vous pouviez en être aussi sûr ? Vous voyez dans le noir ? Ce type était planqué à côté de sa cabane je vous rappelle !
Oui, mais Raoul est…
Ici !

Une voix grave explosa dans tout le bois, semblant venir de partout et nulle part à la fois. Sous la surprise, des têtes se levèrent, chacune tournée dans une direction différente, sans apercevoir qui que ce soit.
Poings serrés et mâchoire crispée, Bernold pivota sur lui-même. Cygne lui demanda de se calmer, mais il ne dut pas l'entendre car il se mit sur ses gardes et hurla :

Montrez-vous bon sang ! On n’a pas le temps de jouer à cache-cache.
Huhu ! Mais Raoul est juste là, devant vous.

Une silhouette exceptionnelle se détacha entre deux arbres, arrachant un hoquet d’effroi à celui qui venait de l’interpeler. L’effet était recherché. Raoul le devait autant à la perfection de son camouflage qu’à ses trois mètres de haut.
Aussi grand que large, ce géant souriant, à la barbe pleine de lichens avait confié à Cygne s'être installé à Paris peu après l’Heure Pourpre, invité par son ami d’enfance, jardinier du parc, à abandonner sa vie monotone dans le massif du Jura pour s’essayer à un nouveau métier. Une tâche dont il s'acquittait fort bien jusqu'à cette soirée.
Le jeune aristocrate craignit de lui avoir attiré des ennuis. Il voulut s'expliquer, mais Lavigna, trempée et furieuse, le devança. Les traits déformés par son maquillage coulant, elle lui ordonna sèchement :

Conduisez-nous à la sortie des galeries de l’ancienne carrière. Maintenant !

Le sourire disparut dans la broussaille et le visage rayonnant de Raoul se fit brusquement aussi dur et froid que le granit. Il croisa ses bras gigantesques sur un poitrail plus large qu’une table et gonfla ses joues aux pommettes rouges de frustration.

Hmpf ! Non !
Comment ça « non » ?! S’étrangla-t-elle. C’est urgent ! M-Mais où êtes vous ?!

Un battement de cils avait suffi. Une seconde d’inattention et Raoul s’était à nouveau volatilisé, assurément vexé d’être si mal considéré. Lavigna s'insurgea, tandis que d’autres, plus courtois demandaient au gardien de revenir dans un pénible brouhaha.

Taisez-vous ! S’emporta Cygne, exaspéré.

Le garçon se releva et sans considération pour les rares figures outrées qui le fixaient, ses iris se perdirent dans la pénombre. Il ne savait pas où regarder, mais s’accrocha instinctivement aux bruissement des branches où s’amusaient deux chats-huants. Calmement, il s’excusa pour le désordre occasionné et l’impolitesse de certains. Il exposa ensuite leur situation et le danger que couraient leurs amis, puis requit fort humblement l’aide du gardien.
Un reniflement s’éleva depuis l’un des bosquets, mais ce fut de derrière le tronc d’un chêne que l’impressionnant géant sortit. Il balaya les larmes au coin de ses yeux émus, puis essuya son grand nez avec un mouchoir de la taille d’une taie d’oreiller.

Bah ça. Voilà qu’est gentiment demandé. Ce serait pas correct de refuser.
Merci, abandonna Cygne, soulagé.
On peut rejoindre facilement les vieilles galeries, mais pour ça, il faut ouvrir une grosse porte. Du coup, Raoul a besoin de ses clefs. Elles étaient dans le cagibi, Raoul espère qu’on pourra les retrouver.

Le gardien traversa leur groupe sans brusquer une seule pierre, sans briser une seule branche. Son pas était aussi vaste que silencieux et ses gestes semblaient se fondre dans la nature. À plusieurs reprises, Cygne crut le perdre de vue, mais le mouvement du colosse l’aida à le retrouver. Le jeune aristocrate lui emboita rapidement le pas, gagnant d’une petite foulée les ruines trempées et noircies de la bicoque, prêt à l’aider.
Raoul s’accroupit et sa grosse tête hirsute, maquillée de vert et ponctuée de branches et de feuilles arriva tout juste à la hauteur de celle de Cygne. Tranquillement, il dégagea les planches calcinées, puis entreprit de trier les objets qui avaient résisté au feu. Un faitout customisé en bouilloire fut écarté ainsi que deux bols de la taille d’un saladier, puis le gardien fut secoué d’un rire victorieux :

Ohoh ! Les voilà !

Il tendit la main et les clefs s’enfuirent. Cygne poussa un cri de surprise, repérant tardivement la petite boule de poils coincée dans l’anneau d’acier. Un rat avait survécu à l’incendie et filait, totalement paniqué, entre les herbes hautes, les bottines et les chaussures de cuir, hanté par un bruyant cliquetis. L’animal passa entre les jambes de l’inconnu qui paniqua, puis fila entre deux rochers et disparut dans les bois.
Au même instant, le groupe de Célestine les rejoignit et demeura interdit devant leur mine défaites. La commerçante, inquiète, demanda :

Il y a un souci ?
Qua… Quatraz-hic ! Quatrazi ! Quatrazi ! Hic !
C’est que… Bafouilla Cygne.
Ohoh ! Ce petit coquin nous a semé, mais Raoul a plus d’un tour dans sa barbe. Il va le retrouver et vous allez l’aider !
Vraiment ? C’est possible vous croyez ?
Vous voulez qu’on court après un rat ? Grimaça Lavigna.
Courir ? Non, non… Raoul a une autre idée !
Dites nous ce qu’on doit faire !
Hic ! Hic ! Hic ! Quatraz-hic !
Est-ce que quelqu’un peut s’occuper de son hoquet ?
Raoul ? Où êtes vous ?


* * *


On dirait que le chevalement n’est plus fonctionnel, soupira Archimède.
Logique, souffla Jakob une cigarette éteinte coincée entre ses lèvres. La machinerie a dû être démontée avec la construction du parc. Ils n’ont laissé que l’ossature.
Malheureusement. Il va falloir continuer et remonter le long de la galerie.
Avec le plan, ça ne devrait pas poser de problème, lâcha le mage se remettant en route. Comment va votre main au fait ?
Bien mieux, grâce au bandage de Mme Lefèvre. J’aurais dû tenir plus fermement la pelle, le manche n’aurait peut-être pas cassé.
Ne dites pas de bêtise, le bois était pourri de toute façon.
Bon ! Vous venez !

Rupert trépignait. À peine libérés de leur prison, il avait galopé dans la galerie jusqu’au premier embranchement et attendait désormais le reste du groupe pour savoir quel chemin prendre.
La carte n’était pas de trop. L’ancienne carrière se divisait en de multiples allées au sein desquelles il n’était pas facile de se repérer. Plusieurs sorties étaient renseignées, mais impossible de deviner si toutes demeuraient accessibles sans s’y rendre. On songea à se séparer, mais il n’existait qu’un seul exemplaire du plan et l’idée fut vite oubliée et bon gré mal gré, le groupe se supporta jusqu’au premier cul de sac. Le tunnel était bouché par des remblais dû à la construction du jardin public.
Agacée, Olympia saisit la carte pour mieux l’inspecter à la lumière des torches. Clairvoyante, elle superposa mentalement la disposition des Buttes-Chaumont aux tracés présentés et détermina, plutôt judicieusement, que leur meilleure chance consistait à trouver une sortie près de la grotte du parc.

Celle-ci devrait correspondre.
C’est la plus éloignée… Grommela Prius.
Raison de plus pour nous presser, cracha Jakob qui avait parfaitement cerné le sous-entendu du bourgeois.

Les deux hommes se toisèrent avec mépris et ce fut dans cette ambiance glaciale que tous rebroussèrent chemin, guidés par Olympia.
Rapidement, leur environnement se transforma. Les souterrains secs et poussiéreux se chargèrent d’humidité. Le sol devint glissant, les parois mouillées reflétaient les flammes de plus en plus étouffées de leur éclairage de fortune. Malgré les précautions prises, un des flambeaux s’éteignit. De part et d’autres de la galerie commença à s’écouler plusieurs filets d’eau dont l’incessant goutte à goutte augmentait la tension dans le groupe.

Vous nous envoyez à la mort, grogna Prius.
Ne soyez pas stupide, nous passons simplement sous le lac, répliqua Olympia.
Chut ! Vous entendez ?

Rupert s’était figé. On tendit l’oreille, inquiet. Le patron du cabaret perçut à son tour quelque chose, puis un son aussi bref qu’étouffé, explosa dans la galerie et tout le monde sursauta.

C’était un aboiement ? Interrogea Archimède.
O-Oh mon dieu… Bafouilla Rupert. C’est Kiki… Kiki est coincé ici !
Nous aussi je vous rappelle ! Pesta Prius.
On doit l’aider ! Mon Kiki… Il va me chercher ! Je ne peux pas l’abandonner !
Au risque de vous briser le cœur Rupert, on a aucun moyen de le retrouver, trancha Olympia. Avançons. Je veux sortir d’ici. 
Si ! Il y a un moyen. N’est-ce pas Monsieur Loup-garou ?
Je crois qu’il n’est pas très loin, admit Edward.

L’aristocrate roula des yeux, mais leur emboita le pas. Une dizaine de mètres suffit. Ils s’arrêtèrent sous un puits d’évacuation qui menait sans doute à un ancien étage de la carrière. L’aboiement résonna à nouveau, parfaitement clair cette fois.
Rupert se saisit d’une torche, se hissa sur la pointe des pieds et s’allongeant de toute sa courte hauteur, il l’éleva en direction du conduit. Deux prunelles rondes brillèrent à son extrémité, une dizaine d’autres, aux petites pupilles, s’illuminèrent à droite dans un creux du puits. Serpents. Un crépitement sur la gauche obligea le bourgeois à pivoter sur lui-même. Un arc électrique pulsa faiblement à la surface d’un fil en partie dénudé.
Rupert inspira profondément.

Bien ! Les deux plus grands, vous allez prendre quelqu’un sur vos épaules. Disons vous, parce que vous êtes toute fine et vous parce que vous avez l’air débrouillarde.
Je préfèrerais que ce soit moi si ça ne vous dérange pas, intervint Livia.
Sauf votre respect mademoiselle, répliqua Rupert. Vous n’avez pas l’air très athlétique. Je préfère remettre la vie de Kiki entre des mains plus sûres.

La bouche de la demoiselle se décrocha et la tape compatissante d’Éléna n’atténua en aucune façon sa mine outrée. Rupert n’en tint aucunement compte. Une main sur les hanches, le torse bombé, il scruta les deux équipes très arbitrairement créées et lâcha avec un sérieux à toute épreuve :

Voilà le plan !

Non loin, Olympia soupira avec dédain, puis tendit la main à Prius.

Plus grand, plus costaud. Je mise sur le sauvage moitié animal et sa poule.
Hum… Tenu.

Ils topèrent.



Manche 3La petite bête

La situation s’améliore, mais rien n’est gagné ! Alors qu’une partie du groupe à la surface doit partir à la chasse à la clef et s’occuper d’un pauvre hère traumatisé, dans les galeries, le sauvetage rocambolesque de Kiki s’organise.
Il faudra à nouveau se serrer les coudes pour parvenir au bout de ces péripéties et espérer être enfin réunis !


- - - - - - ★ ★ ★ - - - - - -


Répartition des personnages et missions confiées
La répartition des personnages n’a pas changé, les couleurs des dialogues ont été mises à jour dans le premier post. Les missions doivent toutes être terminées à la fin de ce tour.

[Sous terre] Edward & June
EdJune
Il faut sauver le toutou Kiki ! Et pour ça il faut lui dégager le chemin à travers le conduit. Rupert vous assigne aux serpents qui vous observent depuis leur nid. Le but est de prendre une grosse pierre pour le refermer et bloquer ces sympathiques lombrics à écailles. Une chance que ce soit des couleuvres ! Comme c’est trop haut pour Edward, il faudra que June monte sur ses épaules.

[Sous terre] Aldrick & Valentine
AldrickVal
Pour que Kiki puisse vous rejoindre, le puits d’évacuation doit être totalement sécurisé et ce fil électrique dénudé risque de faire de gros dégâts s’il n’est pas écarté. Trop haut pour Aldrick, il faudra que Valentine monte sur ses épaules pour l’écarter et libérer le passage. Gare à la décharge. Avec l’humidité ambiance, le coup de jus pourrait bien être fatal !

[Surface] Rose & Sam
samuelRose
Vous voilà obligé de vous occuper de l’inconnu pris pour Raoul. Le malheureux continue de répéter « Quatrazi » sans arrêt, il ne semble pas connaitre d’autre mot, mais le plus embêtant c’est qu’il est terrifié par son propre hoquet. Il va falloir passer outre la barrière de la langue et trouver une solution pour le lui faire passer ! Madame Claraval et sa fille sont restées avec vous pour vous aider.

[Surface] Andréa, Alex & Ouadji
AndyAlexOuadji
Quelle chance vous avez ! Vous allez chacun bénéficier de l’enseignement d’une technique de camouflage de Raoul. Le géant vous prendra tour à tour sous son aile, disséminés sur la trajectoire du voleur. Il vous expliquera comment vous tapisser dans l’ombre pour espérer surprendre le rongeur et récupérer les clefs dont vous avez tant besoin.




C'est à vous de jouer !

Vous posterez 1 message par compte à la suite ce post.
Vous avez jusqu'au 3 avril pour participer à cette troisième partie !

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions ou que vous avez besoin d'un délais supplémentaire !

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Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeVen 25 Mar - 21:24

La truffe en l’air, Edward se secoua lorsqu’une goutte d’eau vola en éclat sur le bout de son nez. Essuyant son visage contre sa manche, son regard disparate retourna se poser sur un Rupert monté sur dix mille volts.
Boosté par un stress mêlé d’adrénaline et de détermination, le bourgeois terminait d’énoncer son plan, l’appuyant de grands moulinets de bras et de mimes incertains. Il acheva son monologue au bord de la syncope, puis prit une une grande inspiration avant de leur faire face. Deux prunelles pleines d’attente et de sollicitudes s’allumèrent au milieu de son visage rouge d’émotion. L’espoir que leur accordait cet homme était sans comparaison.
Hélas pour Rupert, Edward passa complètement à côté, mais sans pour autant se désintéresser du projet. Pour une même finalité, son esprit lupin aborda la situation sous un tout autre angle, bien plus intéressant. À tel point qu’au moment où Jakob s’avança pour rappeler la nature de ses capacités et mettre en lumière la bêtise de cette stratégie, son supérieur lui fit signe de ne pas s’emmêler. La surprise se peignit sur les traits du mage, qui en perdit sa cigarette. Il fut vite éclairé.
Deux loups-garous, deux humaines, deux missions. L’occasion était trop belle.

On finira les premiers.

Le loup en était tout excité. Orgueil et esprit de compétition l’avaient embrasé et il ne reculerait désormais devant rien pour atteindre l’objectif qu’il venait de se fixer. Y compris travestir légèrement la vérité :

Je veux dire. Prenez votre temps, il ne faudrait pas que vous vous électrocutiez.

Un sourire un brin forcé s’arrêta furtivement sur ses lèvres, puis Edward fit volt face. Ses grandes mains se posèrent sur les frêles épaules de June. Yeux dans les yeux, il lâcha solennellement :

Nous sommes la dernière chance de ce roquet.
Kiki est un Yorkshire pur race ! S’offusqua Rupert.
Je compte sur vous, June.

Un peu de théâtralité pour booster les troupes et la machine était lancée.
Edward se baissa une seconde, puis se redressant, il confia un bloc de gypse à la cantatrice. Un peu plus petit qu’un ballon de football, il devrait suffire à boucher le nid. Puis deux pas et le loup se glissa derrière elle. Il la saisit sous les bras et oubliant de l’avertir, la hissa sans difficulté afin de l’installer sur ses épaules.
Ses fines jambes mises à nues jusqu’aux mollets, il les maintint contre son buste d’un bras et de l’autre, dégagea son visage de la robe qui le couvrait.
Échevelé mais victorieux, il avisa le trou dans la paroi maintenue éclairée par Rupert. Deux têtes écailleuses ondulaient sur son seuil, l’une tournée vers Kiki, l’autre les fixant, tout en se déroulant lentement le long du mur.
Edward se voulut rassurant :

Imaginez que ce sont de grosses chipolatas.

Des chipolatas vivantes avec un certain groove et visiblement très curieuses de cette jolie tête blonde si près de leur nid. June avait toujours connu un certain succès auprès de la clientèle masculine, mais elle pouvait désormais se venter d’être une véritable charmeuse de serpent.
Un atout dont Edward se serait bien passé, car d’autres couleuvres peu farouches rappliquèrent et tendirent leur belle tête ovale hors de leur cachette. Le temps pressait. Ils devaient impérativement boucher cette crevasse avant que ses habitants à écailles n’optent pour une petite balade. Il rapprocha June de ses nouveaux fans.

Repoussez les gentiment avant d-
L-Là !! U-Un serpent ! Il s’enfuit ! Attrapez-le Mademoiselle !

Mais elle n’en eut pas l’occasion.
Edward s’écarta brusquement et June avec, évitant un mouvement de torche paniqué de Rupert. Tombée au sol, une couleuvre poussa le bourgeois à se lancer dans une gigue endiablée pour l’éviter. Cette chorégraphie chaotique l’entraina jusqu’à Aldrick et Valentine. Il percuta le premier et aurait sérieusement brûlé la seconde si une forte bourrasque n’avait pas soudain soufflé tous les flambeaux.
Cris de surprise, puis un bruit sourd, suivi d’un second. Pof ! Pouf !
Des voix s’élevèrent aux quatre coins de la galerie.

Il ne manquait plus que ça ! Pesta Olympia.
Notre torche est trop humide pour être rallumée, informa Archimède. Prêtez-nous la vôtre.
Venez la chercher. Je ne bougerai pas.
Je vais essayer. Pouvez-vous continuer de parler pour me guider ?
Bien sûr. Je n’ai qu’à maudire chacun d’entre vous sur six générations pour m’occuper. Qui souhaite être le premier ?
Vous ne devriez pas plaisanter avec ça, informa fermement Livia.
Pitié ! Que pourrait-il nous arriver de pire ?
Aaaaah ! Q-Quelque chose m’a frôlé ! Hurla Prius.
C’était moi, avoua Archimède. Veuillez m’excuser.
Bon dieu ! Vous m’avez foutu une de ces frousses !
On avait remarqué, railla ouvertement Jakob.
Je me passerai de vos commentaires, répliqua Prius. Et vous Archimède, vous serez gentil d’enlever votre main de mon épaule. L’obscurité n’est pas un prétexte aux familiarités.
Monsieur… Je crains que ce ne soit pas ma main…

Le silence précéda un formidable brouhaha. Froissement de tissus, cris étouffés et trépignement de talons envahit toute la galerie.

Rallumez ces torches ! Rallumez ces torches !
C’est quand vous voulez !

Edward s’impatientait. Non à cause du chaos engendré par l’obscurité — ça c’était même très divertissant — mais parce qu’ils perdaient inutilement du temps. Il rêvait d’une victoire éclatante et chaque seconde écoulées l’en éloignait.
Soudain un cri de victoire éclata dans les ténèbres, précédant une vive étincelle. Passée des mains d’Olympia à celles d’Archimède, puis de Jakob, la torche s’embrasa à la chaleur d’un enchantement du mage. Sa chaude clarté envahit le tunnel sans réussir à en chasser l’humidité. Une onde de soulagement se répandit sur les épaules, avant une nouvelle exclamation :

Rupert !

Le bourgeois gisait aux pieds des lycanthropes, inconscient. À tous les coups, il s’était assommé contre le mur. Kiki l’aperçut depuis le haut du puits d’excavation et commença à aboyer frénétiquement. Ses appels se répercutèrent en un écho assourdissant le long de la galerie. Un rythme aussi parfait que désagréable qui tapa très vite sur les nerfs d’Edward.
Il voulut protéger son ouïe fine en se bouchant les oreilles, mais il craignit de déstabiliser June et renonça, se contentant de pester à voix haute :

Mesdemoiselles, l’une de vous peut-elle faire taire cet échantillon canin ?

Et rapidement de préférence, car son énervement semblait contagieux. Les couleuvres s’agitaient de plus belle, désormais plus agacée que charmée par leur nouveau voisinage. Une seule resta calme.
Lorsqu’Edward l’aperçut, Persifflette se remettait encore de sa chute. Quelque peu troublée par son nouveau perchoir, elle redressa son corps long et froid et chercha quelle direction prendre. Monter lui parut une bonne idée, mais le loup blanc eut comme un doute.

Dites… Vous avez un passager clandestin.

Fidèle à son nom, Persifflette persiffla tout contre l’oreille d’Aldrick.

H.R.P:

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Ouadji Oursou
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeJeu 31 Mar - 6:34

Après la fuite du petit voleur de clés, Ouadji avait été l’un des premiers à se porter volontaire pour aider à sa capture. Lorsque le géant s’était à nouveau éclipsé dans l’air, il n’avait pas perdu de temps. Il l’avait poursuivi en suivant son odeur. Marchant d’un pas rapide, mais silencieux, il observa attentivement chaque mouvement de branches, chaque frémissement de feuilles. Maintenant qu’il savait quoi chercher, la traque fut plus aisée... juste un peu plus. Finalement, il le trouva cinq mètres plus loin, trahis par l’éclat de ses dents. Il était  immobile entre deux arbres, le regard braqué sur lui, un grand sourire satisfait étirant ses traits barbus.

- Ce jeune homme a le pied léger, comme celui de Raoul. Il a aussi le regard. Il sera utile. Raoul va t’enseigner un de ses trucs.

Ouadji trouva son plan plutôt curieux, pour ne pas dire douteux, à la limite de la perte de temps. Il se questionna même, pendant un bref instant, et pour la deuxième fois de la soirée, si le gardien était la bonne personne pour ce travail et à quoi consistait vraiment son rôle de gardien du parc. Non, mais c’est vrai. Il ne s’était pas manifesté lors du feu, il avait refusé à prime à bord de les aider, et là, il sortait ce plan foireux.  Même s’il n’était pas un chasseur né, la raison dictait qu’il était clairement le plus apte à surprendre le rongeur. Non seulement, il se déplaçait dans le silence le plus total, mais en plus, il était extrêmement difficile à le repérer, sans parler de sa grandeur. Alors pourquoi il envoyait d’autres faire ce qu’il était plus que qualifier ? À moins, d’avoir des rats surnaturels dans le parc, en théorie, le géant devrait être suffisamment rapide pour reprendre son trousseau de clés autour du voleur, à défaut de le capturer. Et dans le pire des cas, il n’avait qu’à l’écraser avec son énorme pied… quoi que cette idée ne l’enchantait pas tellement.
Le blondinet, même s’il avait des doutes, ne dit rien. Le maître du camouflage semblait s’offusquer facilement, alors il valait mieux le flatter dans le sens de la barbe. Il lui offrit un franc sourire et il écouta sagement son enseignement. Peut-être comprendrait-il plus tard la logique derrière sa manœuvre… et peut-être n’y en avait-il juste pas.
Seul le temps lui donnerait la réponse. Entre temps, il espérait sincèrement qu’un autre s’évertuait à attraper l’animal.

Alors que le gardien continuait à parler, le regard du sphinx fut attiré par un mouvement au loin, entre deux arbustes. Il porta brièvement son attention vers ladite petite boule fouineuse, puis il revint vers les enseignements de son professeur. Il analysa de haut en bas, prenant en compte la longueur et la largeur de l’arbre, qu’il lui pointait. Il s’agissait sans aucun doute, grâce à la forme particulière de ses feuilles, d’un tulipier de Virginie, mais là n’était pas la question. Raoul lui expliqua comment se camoufler en prenant compte de chaque élément. Le regard de l’adolescent s’attarda longuement sur les racines du feuillu, puis voulant mettre la théorie en pratique, il s’appuya légèrement, les paumes à plat, sur l’écosse de l’arbre.

Deux secondes passèrent. Quand soudain, un bruit sourd et inquiétant se produisit… sous ses pieds. Il sentit la terre se soulever quelque peu. Puis le tulipier se mit à pencher. Légèrement. Et de plus en plus. Surpris, le sphinx bondit en arrière. Au même moment, l’arbre se déracina et tomba lourdement au sol. La bouche entrebâillée, les yeux grands ouverts, Ouadji observa le tout avec stupéfaction. Un énorme point d’interrogation sur le visage, son regard alla du géant à l’arbre déraciné. Il ne savait pas quoi dire, encore moins quoi faire.

Mais sa surprise n’était pas encore finie. À des kilomètres de là, sur un autre continent, un papillon battit des ailes pour une seconde fois. La force du battement créa une réaction en chaîne inattendue, qui produisit une tempête dévastatrice sur les îles Moukmouk et celle-ci se répercuta jusqu’à un certain parc de la ville lumière. Mais tout cela était-il vraiment lié ensemble ? Peut-être. Peut-être pas. Le fait était que le feuillu s’enfonça au sol. De quelques centimètres. Puis, sa base disparue, et finalement, il fut avalé complètement par la terre. Le regard horrifié, le sphinx voyait la crevasse s’allonger, encore et encore. Elle s’agrandissait de secondes en secondes, ressemblant à un serpent rampant vers sa prochaine proie, dévorant tout sur son passage. Lorsqu’elle cessa enfin, elle mesurait dix mètres de long et avait une largeur d’environ deux mètres.

- Le rat !

Sortant de sa torpeur, ce fut la première pensée que le jeune garçon eut. Lentement, il vira son attention vers le géant.

- Il n’est pas… sous terre ?

Des pas se firent entendre derrière, rapide pour ralentir au fur et à mesure qu’il se rapprochait. Ouadji n’avait pas besoin de se retourner pour deviner l’expression sur le visage du nouvel arrivant, mais il le fit tout de même. Avec lenteur, il lui fit face, les mains toujours en l’air, à hauteur du torse, tel un coupable se rendant. Et ce fut à ce moment précis que deux synapses se connectèrent ensemble. Il réalisa enfin la gravité des dégâts. Un petit cri d’horreur sortit de lui en un long souffle.

- Non, non, non, non…

Il agrippa son bonnet à deux mains dans un geste désespéré pour trouver un peu de réconfort et piétina le sol. Après une dizaine de secondes, il releva les yeux, sans voir les autres personnes qui les avaient rejoints, il braqua son regard dans l’un d’entre eux.

- Je les ai tués !? Je n’ai jamais voulu… Sa voix se brisa. Son corps entier respirait l’enfer à l’idée de... Dis-moi qu’ils n’étaient pas en dessous, qu’ils étaient dans une autre galerie ! Rassure-moi, tu les sens ?  Il porta son regard sur une autre personne. Monsier Bubulle, avec tes pouvoirs, peux-tu les capter ?

Ses jambes flanchèrent sous le poids de ses craintes. Il craignait autant leur réponse que l’incertitude de ne pas savoir.

H.R.P:


Dernière édition par Ouadji Oursou le Lun 4 Avr - 2:11, édité 1 fois
Andréa Eyssard
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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeVen 1 Avr - 23:12

Oh oh ! Tu es prêt mon petit Andréa ?

Le louveteau acquiesça. C'était la première fois qu'on l'appelait « petit », mais qui ne le serait pas à coté de cet immense gaillard ?

Cela faisait plusieurs minutes qu'ils avaient quittés la proximité du Pavillon du Lac pour s'enfoncer dans les boisés en contre-bas du Pont de Briques. Cygne était resté auprès de Ouadji pour le consoler et rassurer au mieux sur la fissure béante qui s’était manifesté. Rien de grave d’après Raoul qui, quoi qu’attristé par la disparition du tulipier, assura que cela arrivait plus souvent qu’on ne le pensait. La priorité restait le rongeur qui n’eut que faire de la fissure, la franchissant sous leur nez, d’un saut vaillant et totalement disproportionné.
Ce rat n’avait peut-être pas survécu accidentellement à l’incendie finalement. Il était retombé au son d’un un petit couinement dans l’herbe haute, puis avait filé, les clefs toujours coincé autour de lui, plus à l’est du parc. Raoul l’avait suivi puis devancé, embraquant Andréa avec lui.

Marchant, ou plutôt courant derrière le géant, le louveteau avait plus d'une fois perdu sa trace entre deux bosquets avant de miraculeusement rattraper le géant grâce à son flair. Très subtile, l'odeur du colosse n'avait pas été simple à repérer. Heureusement la fraîcheur des sommets s'y discernait encore suffisamment pour contraster avec celle de la capitale et permettre au garçon de ne pas se laisser distancer.
Leur course avait pris fin derrière une rangée de noisetiers, sous les larges branches d'un platane. Raoul avait déterminé que le voleur de clefs devrait passer par ici au cours de sa folle cavalcade, et qu'avec un bon camouflage, l'endroit serait idéal pour le surprendre. Restait donc à enseigner quelques ficelles de sa dévorante passion pour mettre toutes leur chance de leur côté. Une formalité compte tenu du regard brillant de curiosité de son élève improvisé.
Andréa était fasciné. Cet homme gigantesque le troublait par son aisance hors norme, la lenteur et la justesse de chacun de ses gestes. Il transpirait la forêt et se coulait dans la nature avec limpidité, plus délicatement encore qu'un ruisseau entre les graviers. Pour lui qui n'avait jamais été à l’aise avec son corps maigre et démesuré, cette adresse relevait du prodige.
Comme pour confirmer son agilité, Raoul se jeta brusquement à terre et sans déranger le moindre brin d’herbe, il fureta jusqu’à trouver un infime sillon dans la végétation. Redressant la tête, ses pommettes s’arrondirent sous la sombre broussaille de sa barbe et ses prunelles terreuses se braquèrent sur le jeune lycanthrope.

Pile au bon endroit ! C’est bien par là que Ratus d’Aragon passera pour rentrer !
Qui ça ?
C’est le nom de notre rongeur escamoteur ! Raoul vient de le baptiser. Ça te plait ?
C’est un joli nom, admit Andréa après une brève réflexion.

Le géant se remit sur pied dans un fier éclat de rire. Sa tête se glissa entre les branches du platane sans les bousculer, même si les plus basses chatouillaient son cou de taureau. Il finit par les écarter lorsqu’il s’approcha du jeune homme. Un pas suffit. Un second et il aurait fallut que le louveteau se casse en deux pour le regarder dans les yeux.
Son nez arrivait au niveau du nombril du colosse, pile sur un bouton de chemise à peine plus petit qu’un dessous de verre. Impressionné, l’esprit d’Andréa ne tarda pas à divaguer et il en vint à se demander par combien il faudrait dupliquer son corps de crevette pour remplir tout le tissu de cette vaste chemise en lin. Trois probablement, mais quatre lui semblait plus réaliste.
Il sursauta lorsque deux paluches énormes tombèrent délicatement sur ses épaules. Avec douceur, Raoul l’attrapa par le haut des bras, le souleva et tranquillement, le reposa tout près d’une grosse racine qui formait un petit pont au-dessus d’un parterre de trèfles.

Ici. Ce sera parfait !
Est-ce qu’il suffit de ne pas bouger ? Demanda Andréa, qui avait désormais à cœur de ne pas décevoir le gardien.
Oh oh ! Pas tout à fait. Si tu restes trop immobile, tu dénoteras et Ratus d’Aragon te verra. Mais une chose après l’autre. D’abord, tu dois choisir en quoi tu souhaites te camoufler.
Eh bien… Mon oncle dit souvent que j’ai la carrure d’une brindille. Vous croyez que ça irait ?
Ton oncle est un homme avisé ! C’est un très bon choix. Et maintenant que le plus dur est fait, il suffit de te transformer ! Hop !

Raoul disparut sous le nez d’Andréa. Son odeur demeurait et elle était si présente que le louveteau n’osa pas bouger de peur de malencontreusement écraser le gardien. Cela ne l’empêcha pas de le chercher et de l’appeler.

Pardon… Vous pouvez me remontrer ?

Le vent tourna et le jeune loup avec. Il se retrouva la truffe contre le ventre du gardien qui explosa aussitôt dans un rire espiègle.

Ce n’est pas sorcier ! Raoul va t’expliquer. Ouvre bien tes esgourdes mon garçon, tu verras, c’est facile à mémoriser. Pour devenir une bonne brindille, il faut :

Les grillons se mirent à chanter, les lucioles à valser. Une mélodie sylvestre s’éleva, rythmée par le hululement régulier d’un hibou.

Inspirer bien fort,
Expirer plus encore.
Se tenir bien droit,
Mais pas trop ! Détends toi !

Pardon, je réessaie.
Comme ça c’est parfait !

Lève le nez.
Oublie tes pieds.
Sois brut et naturel,
Comme une brindille au soleil !

Mais il fait nuit…
C’est une image petit.

Hisse la jambe, celle qui te plait.
Pose ton talon, contre la cuisse opposée.
Trouve l’équilibre, regarde loin.
Sois une brindille, ni plus, ni moins !

Tends bien les bras, inspire doucement.
Puis joins les mains, juste devant.
Vise les cieux, étire toi.
Oh oh ! Quelle belle brindille que voilà !

J’ai réussi ? Vraiment ?
Reste concentré, c’est important.

Maintenant la touche finale,
Un peu de vert sur ce teint pâle.
Décorer le nez et les joues,
Pour un peu Raoul en serait jaloux.


J’suis une brindille, une vraie de vraie.
Le voleur de clef va s’y tromper.
Je stresse un peu, j’ai l’cœur battant.
Mais de pied ferme je l’attends !

Bravo Andréa ! Raoul est fier de toi !
Merci !

Les lucioles se dispersèrent et les grillons atténuèrent leur mélopée endiablée. Seul le hibou s’évertua à poursuivre son invariable tempo, tandis que le gardien fouillait de ses mains énormes l’un des nombreux sacs accrochés à son ceinturon. Il hésita entre deux, puis se décida et tendit une toute petite fiole au garçon.

Tiens, prends ça.
Qu’est-ce que c’est ?
Une décoction secrète ! Ratus d’Aragon a l’air très audacieux. Il n’a pas hésité à sauter par-dessus la crevasse tout à l’heure. Alors il faut mettre toutes les chances de notre côté et avec ça, ce sera beaucoup plus facile de l’attraper.

Raoul lui expliqua comment l’utiliser, puis après un dernier mot d’encouragement, il partit rejoindre Wenhams, afin de lui enseigner la technique de la dernière chance. « Au cas où », comme il disait.
Resté seul, Andréa sentit l’angoisse lui chatouiller l’estomac, mais il ne la laissa gagner du terrain. Calmement, il se focalisa sur la leçon de Raoul et lentement, le jeune homme s’effaça dans les bois.

Brindille sereine, ni le loup, ni le garçon, ne virent le temps s’écouler et bien après que le vent ne soit tombé, un cliquetis résonna dans les bosquets.
Andréa ouvrir les yeux sans perdre son camouflage. Le bruit métallique se rapprocha et une touffe d’herbe s’agita. Un museau brun et pointu s’en extirpa avec précaution.
Ratus d’Aragon s’était visiblement habitué à la présence des clefs et cheminait bien plus posément le long du chemin qu’il avait l’habitude de fréquenter. De bonne taille pour son espèce, il n’en gardait pas moins une certaine élégance qu’il devait sans doute à son statu de mi-rat des villes, mi-rat des champs. Une belle paire de moustaches bouclait de chaque côté de son petit nez et à la vue de son port naturellement altier, une imagination fertile se laisserait convaincre que Monsieur d’Aragon en était venu à apprécier le « bling » apporté par son trousseau. Pas dit qu’il souhaite s’en séparer.
Andréa n’avait malheureusement pas le choix et espéra sincèrement que cette perte n’altèrerait en rien la confiance qui irradiait de ce valeureux rongeur.

Ratus d’Aragon s’était arrêté, le temps pour lui de recoiffer ses belles vibrisses et d’ôter quelques épis à sa dense fourrure. Une brindille bougea près de lui. Le rongeur se figea, tourna la tête en direction du mouvement, mais ne discernant rien de particulier, il reprit sa méticuleuse toilette.
Avait-il rendez-vous lui aussi ? Le louveteau espéra que l’heureuse élue serait aussi indulgente qu’Éléna. Il s’excusa très fort par la pensée et toujours camouflé, il déboucha la fiole confiée par Raoul. Tendant le bras, il en versa le contenu et une fine poudre violette floconna sur le rongeur.
Rien ne se passa. Enfin si. Ratus d’Aragon fut si chagriné de devoir à nouveau se nettoyer qu’il ne bougea pas d’un pouce.
Andréa sentit que c’était à lui de jouer. Profitant toujours de l’absence de vent, ce fut le plus discrètement possible qu’il s’accroupit et approcha sa main gauche. La fraicheur du métal lui refroidit le bout des doigts. Il était à un rien de se saisir des clefs, mais un détail l’obligea à s’arrêter.
Les prunelles de Ratus d’Aragon venaient de s’illuminer. Le temps se suspendit, au point que même le hibou se tut, puis tout le corps du rongeur tressaillit.
Sous la surprise, Andréa recula trop vite et tomba assis par terre. Hauteur parfaite pour voir les moustaches bouclées du voleur se contracter brutalement, comme traversées par la foudre. Ses pattes arrières se mirent à labourer furieusement le sol à une vitesse telle, qu’il souleva un épais nuage de poussière. Ses membres antérieurs retombèrent dans l’herbe et Ratus d’Aragon s’élança à la vitesse de l’éclair.
Plus rapide qu’aucun homme ou Légendaire, le rongeur tournoya à toute allure autour du platane et disparut. Un battement de cils avait suffi.
Il en faudrait bien d’autres à Andréa pour comprendre ce qui venait de se passer et ce que cela impliquait. La stupéfaction passée, ce fut le cœur dans la gorge que le louveteau se hissa avec affolement sur ses jambes grêles. Bien moins vite que Ratus d’Aragon, le jeune homme se précipita sur les traces du gardien. Il devait à tout prix le prévenir.


* * *


Oh oh. On dirait que Raoul a inversé les fioles… Hum. Oh. Heureusement que vous êtes un sorcier mon petit !


H.R.P.:

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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeSam 2 Avr - 23:10

Quel calvaire...
Le médecin trainait la patte, en fin de de peloton, encore affaiblit par son sort. Ses nerfs étaient mis à rude épreuve et il faisait un effort monstre pour ne pas devenir désagréable. Fatigué, endolorit et surtout, pressé de sauver sa compagne, il n'avait strictement pas envie de poursuivre un rat voleur de clé ! Pire, il commençait à soupçonner le géant d'avoir fait exprès et jouait avec eux.

Guillaume avait préféré rester en arrière, intrigué par l'inconnu prit d'un violent hoquet et à présent, Alexander devait affronter, en plus de son agacement, un trac monstrueux, se sentant trahit par l'oncle qui le laissait seul avec le père. Laurent avait insisté pour l'accompagner et s'assurer qu'il allait bien, le trouvant encore trop pâle.
Ils étaient tous les deux plongés dans un profond mutisme, aucun ne sachant comment entamer une conversation avec l'autre.


Le jeune homme anglais avait l'impression d'avoir des courbatures et regrettait de ne pas avoir emporté avec lui une de ses concoctions. Il était parvenu à créer un fortifiant pour remettre d'aplomb n'importe qui, du moment que celui-ci était prêt à ne plus pouvoir fermer l’œil durant 48 heures... Mais il aurait été capable de l'avaler sans ciller à ce moment là précis.
Il sursauta légèrement quand Laurent se racla la gorge à côté de lui et tourna la tête dans sa direction.


"Vous pratiquez la sorcellerie depuis longtemps ?"

"C'est très récent en réalité. J'avais les notions bien avant mais je n'ai pu les pratiquer que lors d'une rencontre qui ne date que de quelques années seulement. C'est pour cela que je subis de violents contrecoups, malgré ma capacité à lancer des sorts avancés."

Il fut surpris par sa franchise soudaine. Avait-il peur de décevoir l'homme à lunettes au point d'accepter de lui avouer des choses qu'il aurait normalement tus ?
Il tourna son attention vers le géant qui s'amusait à disparaître et réapparaître pour le jeune homme au bonnet. Bonne ou mauvaise chose, la chute d'un arbre coupa court à la conversation, les occupant suffisamment pour que le paternel ne s'occupe plus de lui.


Vint le tour d'un jeune homme qui semblait des plus normales, mais l’œil expert du sorcier capta quelques petites réactions de cet Andréa qui lui faisait penser à des manières fréquemment utilisées par ceux ayant un odorat sur-développé. Il ne fit cependant aucun commentaire, jalousant même le fait qu'il n'avait pas eu l'idiotie de se déclarer et n'avait pas de brassard ignoble sur le bras.
Serrant la mâchoire par frustration, il ne prêta peu d'attention à ceux qui l'entouraient et baissa légèrement sa garde.


"N'allez vous pas écouter ses enseignements, vous aussi ?"

"Comme si j'en avais besoin..."

Sentant le regard surprit et interrogateur du libraire, il se crispa légèrement, détournant la tête, gêné et balbutiant alors quelques justifications bancales qui restaient malgré tout cohérentes.

"Je suis médecin, je n'ai aucune raison d'apprendre à jouer à cache-cache, cela ne me servira à rien dans ma profession. Et puis cela intéresserait bien plus Valentine que moi, n'êtes vous pas d'accord ?"

"Oui vous avez très probablement raison. Passer inaperçu lui aurait ainsi permise de ne pas être blessée. Enfin, fort heureusement, vous étiez là pour la sauver, n'est-ce pas ?"

"Cela va de soit..."

"Un vrai miracle que vous étiez dans le coin. Le hasard fait bien les choses."

Alexander tourna à nouveau la tête vers Laurent et le dévisagea, sentant comme un poids lui tombant dans l'estomac. Soupçonnait-il quoi que se soit ? Valentine lui aurait dit quelque chose ? Il resta coi, sondant l'homme en face de lui. Finalement, ce dernier laissa apparaître un fin sourire, le rassurant tout en gardant un ton qu'il ne sut saisir.

"Londres est une ville assez effrayante, quand on y pense. Après tout, vous avez eu cette affreuse histoire de Jack L'éventreur dans vos rues... Je suis heureux que ma fille ne soit arrivée que plus tard, elle aurait été capable d'enquêter dessus."

Ce tueur avait effectivement sévit il y a plus de deux ans, un vrai mystère, personne n'a jamais réussi à élucider ces meurtres. Même le médecin n'était parvenu à ne trouver aucun indice sur l'identité du coupable, mais il lui avait été assez reconnaissant, tout en étant agacé par le remue-ménage qu'il avait provoqué. Si la police lui avait lâché la grappe le temps d'enquêter, elle l'avait empêché de trainer dans les rues de Whitechapel où l'on pouvait dénicher les proies les plus faciles.
Il se demanda soudain si cette remarque n'avait pas un double-sens, lui collant des sueurs froides. Gardant malgré tout un air digne et stoïque, il haussa les épaules et se força à sourire.


"Ce fut une des raisons qui m'ont poussé à partir chercher Valentine dans les rues de la capitale. Elle m'avait parlé de ses intentions de traquer un suspect et confirmer ses propres hypothèses. Je ne la pensais pas capable d'une telle folie, mais j'ai préféré me hâter à sa poursuite. J'avais un mauvais pressentiment et j'avais malheureusement raison. Je ne préfère pas imaginer ce qui aurait pu se passer si je n'étais pas arrivé à temps, et si l'individu avait été encore plus dangereux."

"Et pour tout cela je vous en suis sincèrement reconnaissant. Je sais ma chère fille trop impulsive... Avec vous pour protéger ses arrières, je la sais entre de bonnes mains."

Là encore, il ne sut si c'était sincère ou ironique, mais il accepta ses remerciements et plongea à nouveau dans le silence. Il voyait à présent Andréa faire une étrange posture tout en écoutant Raoul faire des rimes. C'en était trop là...

Histoire de se poser au calme, il s'éclipsa un peu du groupe et s'adossa contre un arbre, hors des regards. Il croisa alors les bras contre son torse et ferma les yeux, essayant de se faire oublier quelques instants, espérant calmer la toute jeune migraine qui pointait le bout de son nez. Il n'avait pas besoin de toutes ses âneries qu'enseignait ce Raoul, ni des remarques de son futur beau-père. Il espérait pouvoir se reposer quelques minutes pour faire passer le tiraillement de ses muscles. Plongé dans la fraîcheur de l'obscurité, il se calma un peu, appréciant la légère brise nocturne qui lui caressait le visage. Combien de fois l'avait-elle accompagné lors de ses "chasses" à la nuit tombée ? Il n'osait les compter, préférant garder cette information là enfoui en lui.

Ce fut un bruissement de feuilles non loin de lui, qui le força à relever doucement les paupières, ses sens à l'affut. Sans même tourner la tête, jetant un regard glacial en coin, Raoul apparaissant et finit par le trouver, laissant apparaître une légère surprise sur son visage avant de reprendre son air habituel qui agaça le médecin.

"Sacrebleu, vous avez déjà de bonnes connaissances dans l'art du camouflage. Raoul aurait peut-être mit quelques minutes de plus si une personne ne lui avait indiqué l'endroit où vous vous étiez caché."

L'arbre gigantesque qui servait de gardien secoua la tête, semblant pourtant ne pas approuver. Eh bien, était-il déçu de ne pouvoir lui faire un de ses cours idiots ? Alex eu un petit rictus moqueur, satisfait par l'idée. Cependant, la réplique de l'individu lui fit perdre son sourire très rapidement.

"Néanmoins, vous ne faites pas un avec la nature, mais avec les ténèbres. Vous feriez mieux d'écouter ce bon vieux Raoul et abandonner cette voie, elles finiront par vous engloutir si vous vous laissez trop bercer par leurs doux murmures."

Le médecin se redressa, prenant ce commentaire pour une sorte de provocation passive. Il savait déjà tout ça et n'avait pas besoin qu'on le lui rappel.

"De quoi vous vous mê..."

Il fut interrompu par une exclamation et une réaction inattendue par le rat. Surexcité, il était devenu incontrôlable et plus vif qu'avant. Raoul sembla comprendre la raison et s'en amusa avant de se tourner vers lui.
Alex prit une profonde inspiration, se rappelant avec insistance qu'il ne devait plus tuer.


"Raoul peut vous apprendre une chose importante : Savoir se fondre dans le décors est une chose, pouvoir en revanche retrouver une personne en est une autre. Leçon 1 : La respiration..."

"Vous vous moquez de moi ?!"

Refusant d'en entendre d'avantage, ne voulant pas subir un de ses cours en rimes, il préféra passer à la méthode dure, tant pis pour les douleurs. Voyant le rat débouler à toute allure, prêt à disparaître à nouveau et cette fois-ci, de manière à ne plus pouvoir être rattrapé, le sorcier lança une incantation rapide, mais ne se donna pas le temps de viser. Il propagea le sort tout autour de lui et quand il termina sa phrase, tapa du pied sur le sol. Une petite onde de choc, tel un courant d'air tiède, se propageant entre les jambes des personnes présentes.
Si au début rien ne sembla se produire, les participants eurent un léger vertige, ressentant comme une somnolence plus ou moins forte selon l'individu.


Laurent dû se tenir à un arbre, les paupières étrangement lourdes, comme si un énorme coup de fatigue l'avait prit par surprise. Quand il parvint à se remettre les idées en place, il remarqua le médecin penché un peu plus loin. Quand il se redressa, il pu l'apercevoir tenant, un énorme rat endormi par la queue d'une main, et un trousseau de clés dans l'autre. Il semblait réellement blasé. Il rendit l'animal à Raoul, gardant cependant l'objet, méfiant.

"On peut enfin aller secourir les autres, à présent ?!"

HRP:

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MessageSujet: Re: [Évent] À la belle étoile - 1891   [Évent] À la belle étoile - 1891 I_icon_minitimeDim 3 Avr - 1:32

Un, deux, trois … Oh hisse !

June aurait préféré quitter cet endroit le plus rapidement possible pour retrouver l’air pur. Qui sait l’effet que tout cela aurait sur ses cordes vocales ? Si elle ne pouvait plus chanter, elle ne savait pas ce qu’elle ferait … Bien sûr, elle était suffisamment bien entourée pour trouver un emploi si aucun sortilège ne pouvait même la sortir du pétrin, mais son être s’étiolerait sans doute à petit feu, affligée par un chagrin terrible.

Seulement, il n’était pas question non plus de laisser un chien sans défense au fond des galeries. Si eux-mêmes, dotés de leur intelligence, ne parvenaient pas à trouver la sortie, qu’en serait-il de cette pauvre petite bête ? Au moins, les autres avaient l’air d’être plutôt d’accord sur ce point.

Ses joues avaient rougi en sentant ces mains d’homme sur sa cuisse dénudée pour la hisser en hauteur sans prévenir. Le bas de sa jupe n’avait pas survécu à l’escapade. Toutefois, la douce enfant n’aurait pas le temps de se préoccuper davantage de ces soucis purement féminins : le sifflement des vipères lui rappelait la raison de cette mission de sauvetage et la firent pâlir. Elle n’aimait vraiment pas les serpents. Aussi haussa-t-elle un sourcil dubitatif devant le commentaire de son binôme : elle ne comptait pas faire un festin de reptiles !

« N’ayez crainte mademoiselle, les Lamprophiidae ne sont absolument pas venimeuses. Ce sont d’adorables créatures qui sont incomprises, j’ajouterais même qu’elles sont très dociles. »
« Pas venimeuses … Pas venimeuses … » répéta-t-elle à voix basse, entre deux souffles pour se donner du courage.

Ça, c’était avant de rater de peu l’occasion de passer au roussi comme ces pauvres chipolatras… Ce n’était pourtant pas la saison des feux de camp et des guimauves grillées. Étourdie, June se serait sans doute retrouvée à mordre la poussière sans compter sur la force du lycanthrope. Elle aurait alors fait une cible de choix pour les serpents. Au lieu de cela, elle tâtonna à la recherche du caillou qui était supposé bloquer la voie au reste du nid. Kiki refuserait de sortir de son trou dans le cas contraire, à moins qu’il reste des petits gâteaux dans les poches de la jeune lady offusquée, encore faudrait-il qu’elle accepte de se sacrifier pour le bonheur de Rupert.

Son but accompli, la jeune médium poussa un petit soupir de soulagement. Maintenant que les couleuvres n’étaient plus dans son champ de vision, les jappements commençaient à diminuer, voilà qui devrait leur faciliter la tâche. Pourquoi dans ce cas la tension dans son ventre ne voulait-elle pas se dissiper ?

« J’ai l’impression d’oublier quelque chose … »

Les autres étaient trop préoccupés par l’état de Rupert ou encore à se féliciter, certains que la victoire était à portée de main, pour vraiment porter attention à cet abrutissement avant qu’un cri étranglé ne quitte ses lèvres rosées.

« Redonnez-moi le plan ! Vite ! »

Dans l’agitation, le bout de papier fut léché par les flammes de la torche, ce qui leur valut un petit numéro de danse improvisé par Archimède afin de sauver la précieuse carte, pendant que la cantatrice descendait de son perchoir. Son front se creusa d’inquiétude lorsque le parchemin revint entre ses mains.

« C’est bien ce que je croyais … Il y a déjà eu des explosifs dans les parages. Ce n’est peut-être plus d’actualité, sans parler de l’usure causée par les éléments mais … Faites tout de même attention avec ces étincelles ! »

Espérons juste qu’on lui prête attention cette fois, au lieu de placer le blâme sur les sentiments parfois instables d’une femme. Hum, le professeur pouvait peuterrr se rendre enfin utile et vérifier qu’ils avaient le champ libre. D’un simple regard foudroyant, June lui demandait de partir en éclaireur, et puis sinon elle n’aurait tout simplement plus à supporter son monologue sans fin. Cela faisait mal à la tête d’avoir à suivre deux conversations en même temps, surtout si pour l’une d’entre elle, les mots restaient coincés dans l’écho du silence pour tous les autres.
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