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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones

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Ester Jones
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MessageSujet: (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones   (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones I_icon_minitimeJeu 19 Juil - 22:56

On arrive d’ici !

À mesure que ses bottines tapotaient les trottoirs de Paris, et que sa longue tresse se balançait dans son dos, ses épaules retombaient. Où allaient-ils comme ça ? La petite rousse ne le savait pas vraiment. Marchaient-ils sans but pour autant ? Non, du moins pas pour Ester. Si elle n’avait pas de destination précise, elle empruntait néanmoins des rues qu’elle savait moins passantes, et l’air de rien elle les dirigeait vers les quais. Oh, elle n’avait rien de particulier à y faire. Mais quitte à se poser quelque part, les bords de scène offraient toujours un spectacle étonnant. Par les odeurs d’abord, entre celles du fleuve, des étales plus ou moins fraiches, des restaurants non loin… puis s’y mêlaient les bruits, ceux des bateaux en circulation, des artistes itinérants, des vendeurs invétérés, ou des clients en terrasses. Il ne restait qu’à ouvrir grand les yeux et observer ces différentes marionnettes s’articuler ensemble. Tout ne s’animait pas forcément en même temps. Pourtant, mit bout à bout, ces éléments pouvaient former une pièce interminable.
Eux s’arrêtèrent néanmoins devant un cab, avant de traverser la route. Les yeux vers le ciel la photographe glissa :

« La météo a l’air changeante… il y a des nuages, mais je n’arrive jamais à dire s’il va pleuvoir ou pas ! Le ciel a toujours l’air si chargé avec tous ces grands immeubles ! »

Si tout cela était fort distrayant, la jeune médium aimait aussi simplement contempler l’eau s’écouler inexorablement, depuis le haut d’un pont. Le regard vers l’horizon, elle renchérit :

« Et vous avez vu cette grande tour de fer là-bas ? C’est devenu la nouvelle attraction ! Tout le monde veut la dessiner, la peindre ou la prendre en photo ! Moi je lui trouve un côté… étrange ? On dirait presque qu’elle n’arrête pas de grandir, et que la pointe se fait manger par les nuages parfois. »
Elle s’arrêta, et lui darda un oeil. Ces propos avaient-ils le moindre intérêt pour le garçon ?

Alors qu’elle s’interrogeait sur ses capacités à faire la conversation, ils arrivèrent près d’un embarcadère. Une péniche venait d’amarrer et déversait son lot de passagers ombrellés et chapeaux-melonés en sortie pour l’après-midi. De retour sur la terre ferme, ils piaillaient et s’étalaient en dépit de ceux qui les entouraient, comme si cette portion de pavé leur avait toujours appartenu.
Ester les détailla avec une forme d’appréhension. Elle se rapprocha alors de Lenoir, se collant presque à côté lui. Il n’était pas épais, mais ça n’avait pas d’importance. Elle voulait être sûre de croiser et surtout de percuter le moins de bourgeois possible. Elle n’avait vraiment pas envie d’affronter leur condescendance une fois de plus. Sinon pour sûr ! Son calme s’envolerait comme il était venu. Elle imita l’artiste et mit ses mains dans ses poches – tiens, c’est vrai ! Elle avait toujours sa petite boite avec elle - puis elle pressa le pas.
Dès qu’ils eurent passé cette marée Haute, elle proposa :

« Dites… j’ai un petit goûter sur moi. Ça vous dit qu’on se pose au bord de l’eau, et qu’on le partage ? Pour me faire pardonner la rudesse avec laquelle je vous ai parlé tout à l’heure… »


Moi aussi je suis en retard !:
Frédéric Lenoir
(Fried) Fish Master
Frédéric Lenoir

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MessageSujet: Re: (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones   (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones I_icon_minitimeMar 18 Sep - 16:47

- Un d'ces quatre y vont en faire d'si grands qu'on l'verra plus, l'ciel. Tout l'monde s'traîn'ra un parapluie, juste au cas où.

Il lui glissa un clin d'oeil et un sourire. Il s'emballait un peu. Il essayait surtout de détendre l'atmosphère.
Comme elle parlait de la Tour Eiffel, il s'appuya un moment à la rambarde du pont pour regarder les péniches et la tour au loin. C'est vrai qu'elle était... étonnante. Quand on y pensait, c'était quand même un ouvrage, disons...
- Ingénieux.
Il lui glissa un regard en coin, puis reporta son attention sur la tour.
- C'est moche à pleurer, j'dis pas. Mais c'est quand même fichtrement bien foutu. Un des gars qu'a bossé d'ssus m'a dit qu'en haut le vent y f'sait bouger les poutres, au début. Sacrée affaire. Pis ça tiens là d'puis c'temps. Parait qu'ils veulent plus l'enl'ver.

Il s'écarta du pont et reprit la marche vers les quais, par les escaliers.
- Pis aussi comm' vous dites : vu la pluie et les nuages, un jour ça va rouiller... On aura ben l'air cons.

Comme ils passaient la péniche, il s'interrompit dans son laïus, évitant les passants autant que faire se pouvait. La photographe se rapprocha, il sentit son jupon frôler ses chaussures et n'en pensa rien, occupé à autre chose : ils n'étaient pas passés par la boulangerie, finalement, ni près du petit Paul et de ses saucissons. Fred regrettait un peu de s'être laissé guider : son ventre criait famine.
Il envisagea un instant de récupérer un bout de poisson plus loin sur le quai, à un des haleurs qu'il connaissait bien, qui déchargeait le matin les poissons des restaurants du quartier...
Une autre solution lui fut proposée. Malgré son gargouillement d'estomac discret, il hésita :
- Bah c't'un peu moi qui d'vais m'faire pardonner. Pour la fois avec mon frère. On vous d'vait un portrait, z'aviez dit...
Avait-elle totalement oublié ? Il l'espérait un peu. D'un autre côté, si elle avait oublié, il venait de le lui rappeler.

Il s'arrêta un instant, observant les passants, les péniches chargées qui faisaient des vagues sur le fleuve. Un instant il revit la Meuse. Il se secoua.
- Bon, si ça vous fait plaisir on fait comme ça. Y'a des bancs ici plus bas, on peut s'poser là. Mais j'vous en doit toujours une. J'vous paierai un verre au cabaret c'soir si vous restez un peu...
Comment se l'expliquer ? Lui aussi, en un sens, était rassuré. Une demoiselle qui s'emportait, fût-ce un tant soi peu, l'amusait toujours plus qu'une de ces parisiennes aux lèvres pincées. La vie, selon Fred, devait être vécue simplement, avec honnêteté, surtout envers soi-même.

Une forme trapue et poilue se rapprochant d'eux en se faufilant entre les passants attira son regard et il s'écarta un moment avant de s'accroupir.
- Bah, Belzébuth, qu'est-ce tu fous là ?
Belzébuth était un bâtard de chien tricolore absolument immonde, au faciès disgrâcieux, à la queue amputée, à la patte arrière droite tordue, qui arpentais régulièrement les quais de Seine. Il était connu dans tout le quartier pour ses fugues répétées et les frayeurs qu'elles provoquaient à sa maitresse, la théâtrale Madame de Barcarès. Elle était bien la seule à s'en inquiéter, d'ailleurs, car qui au monde voudrait lui voler un bestiau avec une tête pareille ? Belzébuth était le surnom que lui donnaient les artistes du cabaret, son nom de baptême étant Poupette.

La langue pendante bavant sur le médaillon de son collier rose à fanfreluches, le chien s'approcha d'eux. A la photographe, tout en le caressant, Fred adressa un sourire.
- C'est Belzébuth, z'inquiétez pas d'lui, il est laid à tomber mais c't'une crème. Dis, t'allais où comme ça toi ?

L'animal lui lécha la main, adressa un battement de demi-queue joyeux, fit le tour de la photographe trois fois en se trémoussant sur ses trois pattes, tenta même de se glisser sous sa robe - manifestement attiré par ses poches. Fred l'écarta en le poussant du pied.
- Hé, tu t'calmes un peu ? D'puis quand tu-- hé t'vas où ?

L'animal bienheureux s'en fut précipitamment en boitillant, l'arrière-train gigottant, l'aboiement rauque, vers une silhouette à dix pas devant eux.
- Mais...'tendez voir... Frangin ?!


Pardoooooooooon:
Morgan Lenoir
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MessageSujet: Re: (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones   (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones I_icon_minitimeDim 23 Sep - 13:46

Les jambes nonchalamment étendues sur son muret, Morgan prenait l’air. Il ne se souciait guère de l’archange qui, dans son dos, le toisait en pointant le ciel du doigt, l’épée brandie dans sa direction. Impassible et pas intimidé pour un sou, il mâchonnait un saucisson. Peut-être se serait-il attiré quelques regards désapprobateurs, à mordre dedans comme ça sans couteau et sans pain, si les badauds avaient pris le temps de se préoccuper de lui. Mais les abords de la fontaine Saint-Michel étaient comme d’ordinaire grouillants, si bien qu’entre ceux qui se pressaient d’un pas vif, et ceux qui flânaient en bavardant, on ne le remarquait pas plus que les bronzes du bassin auquel il était adossé.

Son regard distrait allait des passants à la chimère qui crachait de l’eau devant lui, puis de la chimère aux nouveaux passants. Il s’ennuyait un peu, mais il se sentait bien. Sur le trottoir d’en face, un gamin, les yeux enfoncés sous la visière de sa casquette, faisait la criée pour un journal : on y condamnait la politique d’un certain Freycinet, qui était Président du Conseil, paraissait-il. Deux jeunes femmes corsetées le frôlèrent en poussant un landau : elles allaient au Luxembourg voir les dernières plantations de primevères et de myosotis, qui, à les en croire, passeraient sans doute très bien l’hiver.

Morgan se lécha pensivement un doigt. Des bancs de nuages rendaient le ciel blanc-gris, pourtant il ne faisait pas mauvais. Il était encore temps d’aller faire une promenade, la question étant alors de savoir s’il irait plutôt du côté des quais, ou de celui des jardins. Peut-être finirait-il ainsi par tomber sur Freddy, d’ailleurs, même s’il ignorait par où il était parti : c’était ce qui arrivait, parfois, quand il était tout seul et qu’il se laissait porter.

Un jappement excité interrompit le fil de ses pensées. À son côté, un cabot hirsute levait la tête vers lui en remuant son moignon de queue. L’hydre lui ébouriffa affectueusement le dessus du crâne.

« Bah alors, Belzébuth, en vadrouille ? »

Une voix haut-perchée lui fournit sa réponse : c’était madame de Barcarès, qui, à quelques mètres de là, venait de croiser une connaissance. À côté d’elle, son mari, un petit bonhomme de banquier qui portait toujours des vestons bruns trop grands pour lui, patientait docilement, et hochait la tête de temps à autres pour appuyer ses dires, l’œil pétillant. Le mariage de madame de la Vaissière promettait d’être parfaitement somp-tu-eux, et elle espérait qu’on ferait appel aux services du traiteur Chabot pour la pièce-montée… Aurait-on le plaisir d’y croiser madame Beckman et sa fille ?...

Morgan reporta son attention sur le chien.

« …Mouais. Toi aussi, ça t’barbe, hein ? »

Il lui tendit un morceau de saucisson dans un élan compatissant. Poupette, comblé, manqua de lui arracher deux doigts dans son extase, engloutit sa part, et le fixa de nouveau de ses yeux torves où retombaient des touffes de poils, l’arrière-train tout frétillant. L’acrobate lui sourit. Puis son sourire s’élargit, comme à chaque fois qu’il lui venait l’idée d’un coup pendable.

« J’vais chercher Fred. T’l’aurais pas vu, des fois, du reste ? »

Il se leva, s’étira, se mit en chemin vers les quais – car il irait côté quais, finalement, comme presque toujours. L’animal, tout émoustillé par le saucisson, lui emboîta naturellement le pas. Morgan fit mine de ne se rendre compte de rien, puis, une fois hors de vue de la propriétaire gâteuse, il se retourna vers le chien avec enthousiasme.

«  Ça, tu vois, c’t’un bon début, Bel’ ! Maintenant, le flair ! »

Il lui fourra sous la truffe l’une des mitaines de Frédéric, qui avait atterri dans sa poche Dieu sait comment. Le chien la regarda en louchant, avec une perplexité vague.

« T’iras nulle part, sans flair, Fred- Heuuuuu, Belzébuth. Laisse, j’vais t’montrer. »

Et il se remit en route vers la gauche – il sentait qu’il fallait aller vers la gauche –, en veillant à ne pas égarer Poupette (du moins pas plus qu’il ne l’était déjà en sa compagnie), et en lui lançant par moment des œillades si complices et bienveillantes qu’on aurait presque pu le prendre pour un fils Barcarès, tenue débraillée et semelle trouée mises à part.

Il flâna gaiement le long de la berge, en regardant passer les bateaux-mouches. Il ne se pressait pas. La courbe que dessinait la Seine finit par découvrir la silhouette élancée de la jeune tour Eiffel, et c’est alors qu’il la repéra, à quelques mètres parmi la foule : la tignasse de son mage de frère. Ses yeux brillèrent et il baissa la voix, quoiqu’avec l’agitation ambiante, sa cible ne risquât pas de l’entendre.

« Et là tu vois Bel’, quand t’as r’péré ta proie, c’qui compte surtout c’est l’effet d’su- »

Il baissa les yeux vers ses chevilles. Plus de chien. Il releva aussitôt la tête, inquiet, et l’aperçut qui se frayait un chemin jusqu’à Freddy.

« Bah Belzébuth qu’est-ce tu f- »

Trop tard. Il était repéré. Tout sourire, il leva la main pour saluer son frère, et, (tiens), la photographe qu’avait mentionnée Célenna, et qui l’accompagnait toujours. Il n’avait pas oublié la jeune fille rousse, ni leur cocasse scène dans le parc. Il se rapprocha, se racla la gorge sans trouver quoi dire, et se balança sur ses talons. Il ouvrit la bouche, puis, après un moment d’hésitation, il finit par laisser tomber quelques mots.

« …Bon. J’voudrais pas t’nir le cierge ent’ vous deux si z’êtes accaparés, mais dès fois qu’vous auriez un creux… proposa-t-il courtoisement en agitant son saucisson. Même si j’pense bien qu’tu manques de rien, toi ! »

Et, pour le taquiner, il pinça la poche de Fred où il décelait un délicat fumet de poisson. Très bizarrement, il n’aurait su dire à l’odeur s’il s’agissait de sardine, d’éperlan ou de truite. Il croyait reconnaître la senteur de plusieurs espèces connues, pour ne pas dire de toutes, sans parvenir à en identifier aucune formellement. Et là, derrière, qui en émanait aussi, ne distinguait-il pas dans l’air comme une pulsation… De magie ? Il regarda son frère dans les yeux en haussant brièvement un sourcil, intrigué, puis se retourna jovialement vers la demoiselle pour ne pas attirer davantage l’attention.

« En mieux parlant… C'est pas gênant qu’on s'joigne-t-à vous ? »


Dernière édition par Morgan Lenoir le Dim 24 Mar - 1:55, édité 1 fois
Ester Jones
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MessageSujet: Re: (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones   (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones I_icon_minitimeVen 22 Fév - 16:36

Ester avait retrouvé son petit sourire habituel. Le jeune Lenoir conversait avec elle et sa simplicité finissait par l’apaiser. Embourbée qu’elle était dans le langage respectueux à avoir avec la clientèle, elle en oubliait la joie de ce genre d’échanges. Qui plus est, l’artiste était au fait de l’actualité – plus qu’elle ne l’aurait imaginé. C’était distrayant. Elle sourit même plus franchement tandis qu’il acceptait son invitation, et lui en faisait une en retour. Se voir offrir un verre au cabaret, ça n’était pas pour lui déplaire. Encore fallait-il qu’on la laisse rentrer de nouveau...

Tandis qu’elle s’imaginait la scène, un nouvel acteur fit son apparition dans le tableau ! « Belzébuth ?» Ester grimaça en entendant ce nom. Plus envers ceux qui l’avait choisi, qu’envers le chien en lui-même qui c’était approché. Néanmoins, le jeune brun avait raison ; avec la gueule qu’avait la pauvre bête, Ester ne l’aurait pas approché de prime abord. Elle profitait donc qu’il en ait après son compagnon, pour l’observer. La boule de poil devait avoir vécu des choses peu reluisantes pour finir dans cet état... heureusement, dans sous les papouilles de l’artiste, il paraissait fort joyeux et...


« Mais... qu’est-ce que... »

Belzébut vint flairer la jeune photographe avec véhémence. Un peu surprise, elle se contenta de rester debout malgré les coups de derrière maladroits du canidé et de ne pas lui marcher dessus. Elle finit par comprendre qu’il en avait après le contenu de ses poches et rétorqua un sourire en coin.

« Il a du flair celui-là ! »


Elle s’accroupit pour le gratifier de quelques caresses, son appréhension enfin vaincu. Mais alors qu’elle tendait le bras, l’animal s’en fut d’où il était venu. La photographe resta la bouche entrouverte, circonspecte et se releva en soupirant. Elle et les animaux... c’était vraiment pas ça ! Elle s’épousseta et entendit qu’on appelait au « frangin ». Elle releva la tête pour observer un second brun apparaitre.

« Ça pour une coïncidence ! »

Elle se retint de rire en le voyant présenter du saucisson. Elle lui sourit :
« Vous tombez à point nommé ! »

Détail de leur conversation...:

Ester observa la boule de poil retourner vers sa propriétaire. Cette dernière leur adressa un simple signe de la main, et la photographe reporta son attention sur les jumeaux. Les distinguer au physique, même avec son œil observateur, ça n’était pas facile... mais dans le même temps, elle leur trouvait vraiment une attitude singulière. Elle se réjouit de cette rencontre. Il ne lui semblait pas avoir une discussion si légère depuis... depuis trop longtemps ! Elle finit par se lever et s’étirer discrètement.

« C’est bien beau de manger, mais ça donne soif ! » sa voix trahissant sa pensée, elle cligna des yeux et les regarda stupéfaite.
« ...pardon... les mots ont dépassé ma pensée ! »
Ses joues s’empourprèrent. Le soleil amorçant sa descente, il donna à son visage une allure encore plus rousse qu’à l’ordinaire. Elle détourna le regard.
« Et si nous marchions un peu ? »

HRP:
Frédéric Lenoir
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Frédéric Lenoir

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MessageSujet: Re: (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones   (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones I_icon_minitimeDim 3 Mar - 22:33

Invitation lancée, invitation reçue.
Fred fut sur ses pieds, s'étirant largement, mains jointes et bras tendus au dessus de la tête, en deux coups de cuiller à pot.
Il n'était pas ravi du départ du canidé : lui qui aimait les bêtes se sentait proche de celle-là, qu'il aimait voir traîner libre dans le quartier, loin de la laisse encombrante de sa maîtresse, si bonne soit-elle avec sa poupette-chérie-mouchounou-loulou-d'amour-à-sa-maman-ça-méoui-c'est-une-bonne-poupette-ça-mooowi.
- Bah on peut toujours marcher pis tomber comme de pas-fait-exprès sur un coin où-c'que par hasard y'aurait d'quoi vous désaltérer vos mots qu'ont dépassé vot' pensée, si vot' pensée a rien contre.
Depuis quand parlait-il autant ? Il ne se souvenait pas avoir sorti une phrase aussi longue en dehors d'un spectacle depuis... eh bien depuis sa dernière cuite, probablement, qui avait eu lieu sans Morgan, avec Llewyn sur un quai de Seine un plus moins d'un mois auparavant.
Un regard vers son frère lui suffit pur savoir que Morgan avait aussi remarqué. Il évita d'y penser et pencha la tête pour voir s'ils pensaient au même petit bar en bordure des quais qu'ils visitaient volontiers tous les deux. Peut-être y croiseraient-ils des habitués.
Serait-ce au goût de la rouquine ? Frédéric n'était pas un habitué des rendez-vous avec la gent féminine, mais il supposa qu'elle froncerait bien le nez à l'avance, si ses fréquentations d'app-ren-tie d'un moaîtreuh photographeuh l'avaient habituée à meilleure compagnie.Il serait alors temps de rebrousser chemin ou de se dire à bientôt. Peut-être Morgan aurait-il mieux à proposer mais quelque chose dans l'attitude et dans ses cheveux flamboyants peignés avec soin de la demoiselle d'Orléans lui disait de tenter le coup quand même. Une petite bière ne faisait jamais de mal à personne - tant qu'on n'était pas une hydre à la langue pendue qui s'en était enfilé une demi-douzaine d'autres ensuite.

- C'est par là.

Il ne sut pas vraiment de quoi son frère parla ensuite. Le soleil descendant donnait de jolies couleurs aux joues de la demoiselle, qu'il vit - ou s'imagina - frisonner légèrement sous la brise de fin de journée. Il sauta sur l'occasion et enleva sa veste - lourde, aux poches intérieures pleines de brols en tous genres, mais large et tenant bien chaud - et la tendit à la demoiselle.

- Tenez, ça va s'rafraîchir pis vous êtes pas fort habillée.

La fiole s'était mise à goutter. Il l'aurait remarqué tout de suite, aurait-il eu les yeux en face des trous. Mais ses yeux étaient sur les joues rosies d'Ester Jones qu'il trouvait ma foi fort amusante et franche comme les filles du pays, ce qui était bien rare au Cabaret dont il n'était pas beaucoup sorti ces temps-ci.

N'allons pas jusqu'à dire que la demoiselle lui plaisait - bien qu'il eût déjà dix-huit ans à l'époque de notre récit, Fred était relativement peu enclin à la dragouille du dimanche - mais il est certain qu'il l'appréciait. N'en déplaise à son jumeau, qui ne s'y tromperait pas, lui. Peut-être bien que Fred, pour une fois dans sa vie, se sentait un peu moins méfiant auprès d'une humaine - bien humaine, et uniquement humaine, de ce qu'il en savait - qu'il ne l'était d'habitude.

Le fait que Frédéric soit un ventre sur pattes dont l'estomac se portait désormais comme un charme n'est pas à prendre en ligne de compte, si l'on souhaite donner un peu de crédibilité à notre récit. Mais le veut-on seulement ?


.
Allez Hop:
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MessageSujet: Re: (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones   (Suite) Trois petits tours et puis s’en vont... - Lenoir, Jones I_icon_minitimeMar 28 Mai - 23:20

Morgan toisait son frère du coin de l’œil, avec sur le visage une expression à demi sceptique et à demi amusée. Frédéric qui jouait les galants hommes, ce n’était pas tous les jours qu’on voyait ça. Il se garda cependant de faire un commentaire, adressant plutôt à Ester quelques paroles anodines histoire de faire la conversation, sans cesser de parcourir du regard les quais de la Seine en ce début de soirée.

Nous étions à cette heure étrange, où les bateliers s’affairaient en criant autour de leurs péniches fraîchement amarrées, où les promeneurs entamaient progressivement leur lent retour vers chez eux, et où, à mesure qu’on approchait du quartier latin, des troupes de jeunes gens affluaient sur la berge avec leurs bouteilles de mauvais vin, jambes pendantes au-dessus de l’eau. Ils venaient se détendre entre amis, après une chaude journée de travail ou de cours, et quelques bribes de conversations légères leur parvenaient çà et là, ponctuées de rires et d’exclamations. Dans l’ensemble, c’était l’insouciance qui régnait, si bien que notre trio ne dénotait pas outre mesure au sein de cette ambiance générale.

L’acrobate jeta un coup d’œil au soleil couchant, les yeux plissés. Il décroissait parmi un troupeau de nuages lilas et rosacés. Mais il brillait encore, lorsqu’ils arrivèrent en vue de La Chaloupe, l’un des premiers bistrots où ils s’étaient rendus avec Frédéric à leur arrivée à Paris, en bordure des Grands-Augustins. L’hiver, on y rencontrait surtout des marins un peu rustauds et bourrus, qui avaient pour habitude de venir se réchauffer là, et parmi lesquels ils avaient noué quelques connaissances ; mais l’été, des passants et des touristes venaient se mêler à eux en terrasse, formant une foule plus hétéroclite. Ce n’est qu’une fois planté devant la porte qu’il songea à adresser un regard aux deux autres, à qui il était parti du principe que l’endroit conviendrait. Avisant quelques dames assises sous de grands parasols, il pensa qu’il n’y avait de toute façon pas lieu de s'inquiéter. Et poussa le battant.

« Ooooh, r’garde donc ça, Raymond ! V’là qu’les p’tiots se sont trouvé une fiancée !...
– La pêche a été bonne, de c’que j’vois, faudra m’donner l’adresse !
– Rho, mais fichez-leur la paix, ’voyez bien qu’z’allez l’effaroucher… Faîtes pas attention à eux, mam’zelle, et profitez !... Moi j’trouve ça beau, la jeunesse. »

Le vieux marinier adressa à Morgan un clin d’œil appuyé tandis que ses deux compères éclataient de rire, dévoilant toutes les dents qu’il leur restait. L’hydre, rouge pivoine, se contenta d’écarquiller les yeux, pris de court, et de les tourner vivement en direction d’Ester.

« Y sont pas méchants, y sont juste… balbutia-t-il sans achever. ’Fin, faut pas vous fâcher, quoi... »

Puis, ayant aperçu une table vide à l’autre bout de la salle, il se glissa prestement vers elle, et se laissa tomber sur sa chaise sans demander son reste. De là où il était, il pouvait encore apercevoir les trois larrons, qui leur faisaient à lui et Fred de grands signes approbateurs, et il rentra la tête dans les épaules. Au moins, du siège qu’il lui avait laissé, la photographe devrait normalement leur tourner le dos.

« Bonjour, qu’est-ce que je peux vous servir ? »

Il leva les yeux vers la plantureuse serveuse qui venait de parler, et demanda un jus de fruit. Puis il laissa aux autres le soin de passer leur propre commande. Il sirota son verre avec bonheur, pendant que se dissipait progressivement son embarras momentané. Lorsqu’il l’eût terminé, leur conversation avait déjà eu le temps de reprendre avec grand enthousiasme, si bien qu’il cessa tout bonnement d’y songer.

*  *  *

Seul un mince croissant de Lune éclairait le ciel, lorsqu'ils ressortirent de l’établissement. Morgan se sentait encore ivre de leur discussion animée comme il s’engouffrait dans l’air frais de la nuit, dont il accueillit la caresse avec quiétude. Pour une fois, il ne se plaignit pas du froid. Il fit quelques pas avec un soupir apaisé, laissant derrière lui le brouhaha du bar, à côté duquel la rue paraissait presque silencieuse. La terrasse était désertée. Un fiacre passa lentement, le clopinement des sabots martelant en rythme les pavés. Il n’avait pas la moindre idée de l’heure qu’il pouvait bien être. Tard, selon toute évidence.

Un peu plus loin, devant lui, il pouvait sentir l’écoulement de la Seine sans même la voir. Il savait qu’elle était là, à la fois sombre et piquetée de scintillements comme une deuxième voûte étoilée, mouvante, et il voulut aller la sentir de plus près. Il lança un regard à Freddy. Devant eux, à quelques mètres de là, un escalier ramenait directement aux quais.

« On y va. »

Dans la bouche de Morgan, ce n’était jamais vraiment une interrogation. Un vestige de son passé d’hydre. Les hydres ne posaient jamais de questions. Elles parlaient par images, ou plutôt par idées, si bien qu’elles affirmaient toujours. C’était ensuite aux autres que revenaient le soin d’acquiescer, ou bien de contredire.

Il s’avança sur la chaussée, esquissant un petit coup d’œil par-dessus son épaule pour vérifier que les autres suivaient toujours. Puis il atteignit les marches et entama la descente, dans cette atmosphère obscure que rien ne troublait. Les quais aussi étaient déserts… Il se sentait presque chez lui.

Guh !:
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