J’avais mal dormi. Très mal dormi. Allez savoir pourquoi un employé était venu me troubler pendant mon sommeil. Le sale... Bref. J’étais ronchon quand je me redressais dans mon lit. Ca ne changeait normalement pas de d’habitude, sauf que là, j’étais deux fois plus ronchon que d’habitude. Je soupirais en passant ma main sur mon visage. Pour un aveugle je faisais fort ! Depuis quand je faisais des rêves louches et absolument pas innocent avec un employé, un artiste qui plus est, du cabaret ? Je ne voyais même pas son corps, et j’avais des idées totalement tordues ! Bon pour vous ça n’est absolument pas clair tout mon baratin là. Alors je vais un peu éclaircir l’affaire. Hier soir, comme toujours, avait eu lieu un superbe spectacle. Mais cette fois-ci, l’effeuilleur du cabaret avait fait son spectacle. Et bien même aveugle, vous pouvez vous faire une idée de ce qu’il se passe sur scène. Il n’y avait qu’à écouter les commentaires des femmes… Et des hommes. Et puis ce mec sur la scène il dégageait une aura et un parfum… Rah ! Tout ça avait suffi à me faire perdre la tête. Et croyez-moi, même aveugle, par moment, j’ai l’impression que je perçois autant de chose que les humains. Comme si… Comme si j’avais acquis une vision de l’esprit tellement forte que je voyais exactement comment était le dit artiste qui s’était déshabillé sans aucune gêne sur scène. Et ce type avait en plus réussi à me pourrir mon sommeil… Et je sentais que je n’allais pas pouvoir le sortir de ma tête de la journée. Rah ! Mais pourquoi on autorisait de tels spectacles ???? Ou plutôt pourquoi on demandait à des ensorceleurs de se trémousser en retirant des vêtements, sur une scène ??? Même ça, ça pouvait heurter la santé mentale d’un aveugle !!... Ou alors j’étais le seul que ce type ne rendait plus vraiment indifférent ? En tout cas, je n’allais pas demander à Snorri ce qu’il avait pensé de la prestation de la veille ! HORS DE QUESTION !

Je me lavais… Dans la salle de bain commune. J’espérais vivement qu’il ne s’y trouve pas… Parce que je risquais de ne pas être du tout agréable et surtout, mais surtout, de perdre mes moyens… Journée pourrie va ! Je pris rapidement ma douche histoire d’être vraiment tranquille et m’habillais tout aussi rapidement. Je passais vite fait mes mains dans mes cheveux et replaça un peu mieux mon diadème sur ma tête puis une fois prêt je descendis. Première odeur frappant mes narines, l’odeur de caféine. BERK ! Je détestais ça. Enormément. Mais y’avait aussi l’odeur de petit gâteaux… Et celle de Snorri. Je sentais que l’on se bougeait pas mal dans le cabaret. J’entendais que des vas-et-viens et je me demandais un peu ce qui était en train de se passer. Snorri m’interpela alors, heureux de me voir enfin sorti de mon trou. Quoi ? Il avait besoin de moi ? Mais il se passait quoi au juste ? Je compris que ce soir allait être encore une grande soirée. Décidément ça ne s’arrêtait jamais… Du coup, je proposais mon aide pour faire quelques petites choses possibles. Et là Snorri me sortit une demande plus que surprenante. Il voulait que je descende à la cave pour aller chercher les bonnes bouteilles de vins rouges… Snorri… Aurais tu la mémoire courte ? Ou bien tu le fais exprès ? Je lui rappelais alors ce que j’étais, mais il insista pour que j’y aille. Je réclamais quand même que quelqu’un vienne avec moi, mais monsieur n’eut pas le temps de répondre à ma demande : il allait déjà aider un monteur à mettre en place les décors sur la scène. Je poussais un soupir et compris que malgré mon incapacité à voir, j’allais devoir me fier de nouveau à mon flair et me débrouiller seul. Il aurait pu me faire sentir d’abord l’odeur des vrais bons vins de la cave quand même ! Mais bon. Tant pis ! Je prendrais les premières bouteilles au pif et puis si ça ne lui conviendrait pas je lui dirai d’y aller par lui-même ! Je pris donc la direction de la cave. Arrivé devant la porte, je sortis la clé, ouvris la porte et commença à descendre les escaliers. C’était tout noir ? Ah bon ? J’ai envie de dire : je vis tout le temps dans le noir, alors c’est pas ça qui allait me faire peur. Ma main droite longeant le mur durant la descente, je ne pouvais pas rater une seule marche… Sauf que l’escalier d’une cave c’est glissant… Et je glissais. La poisse je vous dis ! Bah ! Au moins j’arrivais en bas plus rapidement que prévu hein ! Je fis une grimace en me redressant et m’époussetant, ne sachant pas s’il y avait plein de poussière ou pas. Et là. J’eu une question existentielle… J’étais où ?

Certes j’étais dans la cave, mais étais-je déjà dans le coin des vins ? Je tendis ma main devant moi. Rien. A moi droite rien non plus et à ma gauche non plus. Je décidais de faire quelque pas à gauche et toucha enfin un mur. Je fis le tour de l’endroit où j’étais comme ça et enregistrais au fur et à mesure le plan de l’espace qui m’entourait dans mon crâne. C’était bien plus grand que je ne l’avais pensé. J’étais dans une première salle. Petite salle dans laquelle il n’y avait rien. Mais il y avait plusieurs portes. J’en ouvris une et j’entrais dans un premier couloir. Ca puait la moisissure là-dedans. Dans la salle ça le sentait aussi. Puis il faisait froid. Et sentant qu’autour de moi, il n’y avait que des rangées de bouteille, je me risquais à en prendre une, l’ouvrir et sentir l’odeur. Déjà je me retrouvais à prendre un truc froid en verre et couvert de saleté. Y’avait des rats là-dedans d’ailleurs ? Hum… De la poussière, de la moisissure ça c’était sûr. Des araignées il devait y en avoir aussi. Et là j’avais dans la main une bouteille froide, conservée dans ce trou glauque et aussi froid qu’elle. Je fis une grimace et risquai à ouvrir le bouchon… PUNAISE ! C’était quoi cette odeur ! C’était trop fort ! Ce n’était pas du vin ça ! C’était un débouche narine oui ! Je refermais la bouteille et la remis… Sans doute là où je l’avais trouvée. J’avais dû me tromper de galerie. Je soupirais, et sentis l’énervement me monter à la tête… J’AURAIS DU Y ALLER AVEC QUELQU’UN ! SNORRI EST UN ABRUTI ! RAH !...

Je quittais la galerie et alla m’assoir par terre, sur le sol aussi froid qu’un lac glacé, dans la salle où j’avais débarqué avant. J’allais attendre. Là. Sans bouger. Peut-être que Snorri viendra du coup. HINHIN. S’il croyait que j’allais me débrouiller tout seul, il se fourrait le doigt dans l’œil ! J’étais donc maintenant assis, en train de ronchonner. Non mais c’était quoi cette journée ??? Entre Snorri qui me prenait pour un voyant qui joue les aveugles, et l’effeuilleur qui envahissait mes pensées ! Oui parce que ce type n’avait toujours pas accepté de quitter mon cerveau ! Il voulait que je m’explose une bouteille sur la tête ??? « RAH ! C’EST JUSTE… » Je m’arrêtais. Ca résonnait vachement fort là-dedans… Autant rester discret. Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais c’était long. D’attendre là. Il faisait froid. C’était glauque… Et je ne savais pas où était ses satanées bouteilles… Quand soudain j’entendis des pas dans les escaliers. Je me redressais d’un coup, prêt à m’énerver. Non en fait, je m’énervais direct, en entendant l’arrivant arriver enfin en bas.

« AH BAH C’EST PAS TROP TOT ! Tu voulais que je crève dans ce… » MERDE ! C’est pas Snorri…. Non… C’est pire… Oui pire… En fait, en temps normal j’aurai su direct au son des pas que ce n’était pas Snorri. Mais j’étais tellement paumé, que… Que je n’y avais pas fait attention. Et j’avais commencé à m’énerver sur le sujet second de mon énervement. En plus, je m’étais avancé suffisamment près, trop même, pour sentir son odeur… Son parfum…. Et presque son souffle en fait…. MON DIEU ! Je pris mes distances très vite, lui tournant le dos, les mains fourrées dans mes poches aussi vite qu’elles en étaient sorties quelques instants plus tôt. Je remis mon palpitant à rythme normal tant bien que mal. « HUM… C’est Snorri qui t’envoie j’imagine ? »

M’envoyer à la cave… C’était comme envoyer le Renard dans un trou à rat ! Oui, c’était exactement pareil ! Je pariais n’importe quoi qu’il devait y avoir des rats dans cette cave ! Qu’est-ce que ça pue cet endroit ! Peut-être que pour un voyant c’est une odeur supportable, mais alors pour moi, c’est un supplice ! Snorri avait voulu me punir de quelque chose pour m’envoyer là –dedans ? J’avais fait quoi de mal ? Avais-je mérité un tel châtiment ? Oui, j’en étais au point où je me demandais vraiment ce que j’avais pu faire pour mériter une telle chose. En plus il y faisait froid ! D’ordinaire, je ne suis franchement pas frileux, mais j’ai mal dormi ! Je râle. Je sais. Mais je râle tout le temps. Si je râle pas, Snorri pourrait croire que je suis malade. Bon, ça ne change absolument pas le fait que je ne sais plus où je suis, ni où aller, ni où est la sortie, qu’il fait encore plus noir que d’habitude, qu’il fait froid, et que je n’aurais JAMAIS dû descendre là-dedans tout seul ! Alors j’allais le faire poireauter un peu, ce cher Snorri ! Il va s’inquiéter vous allez voir ! J’étais encore plus de mauvais poil…. J’attendais comme un fauve, que Snorri daigne me rejoindre en bas pour lui faire part de mon agacement et de mon énervement en plus de mon épuisement. Il allait m’entendre, vous allez voir ! Il allait m’entendre !

Sauf que quand je commençais à râler, je ne me retrouvais pas à 3 mètres de Snorri, mais de l’effeuilleur de la veille. ARGH ! Erreur fatale ! Monumentale même ! Je perdais mes moyens. Je vous dis, aujourd’hui, je ne serais pas du tout dans mon état normal. Oui parce qu’en temps normal, je ne serais pas si agité ! Mais comment ne pas être agité, quand le parfum qui vous a empêché de dormir vient à nouveau vous chatouiller les narines ? C’est donc sans ménagement que je fis carrément volte face, mettant bien 10 mètres cette fois entre lui et moi. Pour me calmer, me reprendre et surtout virer ces sales pensées de ma tête. Je lui demandais si c’était Snorri qui l’envoyait. Et…. OH MON DIEU ! Il s’était rapproché le vilain. Le gredin. Il était moins près que tout à l’heure, mais suffisamment pour donner à mon palpitant un rythme de galop de cannasson. Je me demandais ce qu’il allait me dire… Et quand il ouvrit la bouche :

« Je suppose. Tu as le même régime alimentaire que les renards ? »

Je me demandais ce que j’avais bien pu faire de mal sur terre pour avoir affaire à un énergumène simplement intéressé par ma nature. D’ailleurs comment il avait su ? L’odeur sans doute. J’avoue que moi-même j’avais deviné qu’il était un golem… A l’odeur. Dissimulée derrière l’autre qui me faisait tourner la tête… Mais… C’était quoi cette question ?? Il n’aurait pas pu me répondre « Oui, on m’a envoyé t’aider » ? Et moi j’étais censé lui dire quoi ? Répondre « Tu sais, les lapins et les poulets y’a pas assez de viandes dessus… » ? D’un coup j’eu envie de lui dire « Non, je suis végétarien » mais ça sentirait trop le gros mensonge vaseux.

« Tu supposes ?... Rassurant… Et en quoi mon régime alimentaire t’intéresse ? » J’avais repris ma distance de sécurité… Mentale. Oui mentale. Parce que physique je ne voyais pas trop ce que j’avais à craindre d’un golem qui m’avait demandé si je mangeais des poules et des lapins… Je n’aime pas le poulet et les lapins c’est fade. Mais je ne lui dirai pas non plus que j’aime la chair humaine, je me méfie… Des fois qu’il irait le crier partout… Je ne le connais pas suffisamment pour lui dire ce genre de chose !.... Mon dieu… J’étais malade ? J’avais perdu tout mon sens du sarcasme ! Ah ! Affreuse révélation que voilà…

La suite ne me rassura pas d’avantage. « Je pense que ce que tu cherches est là-bas. » Là-bas ? Où ça ? Il est marrant lui ! Snorri ne lui avait pas dit ? Il faisait lui aussi le comique ? Il trouvait ça marrant que je sois dans l’obscurité totale et que je ne voie RIEN ? Ah… Mais… Remarque, peut-être qu’il ne le savait pas. Dieu sait combien je hais me retrouver dans des endroits où je perds tous mes repères et tous mes moyens. Là c’était gagné ! Jackpot ! J’avais à la fois perdu mes repères et mes moyens, mais j’étais avec un type qui me rendait fou. Je passais ma main sur mon visage en soupirant. D’agacement ? Peut-être… Qui sait ? Même moi je ne sais plus. Je l’entendis s’éloigner. Sans doute dans la direction qu’il avait voulu m’indiquer… oubliant que je n’avais pas de mirettes par la même occasion. Moment d’hésitation. Allais-je lui attraper la manche ? N’allais-je pas lui attraper la manche ? Certes j’entendais où il allait, mais je ne savais pas du tout comment était le sol… Si j’attrapais sa manche pour le suivre, j’allais me mettre dans une situation critique pour un palpitant encore trop jeune pour exploser. Si je n’attrapais pas sa manche, le risque que je prenne les pieds dans quelque chose et que je lui tombe dessus était également présent. Dur choix que voilà. Le premier était long. Le second pouvait être bref. HEY ! Henri ! Reprends toi ! T’es pas aussi faible quand même ! Et même si tu es paumé t’as pas besoin qu’on te tienne la main pour avancer non ? T’as toujours su faire comme les voyants, alors c’est pas aujourd’hui que t’allais prendre une manche pour te guider !

Je le suivis. Donc. Ecoutant juste ses pas, suivant simplement son odeur. Je ne savais pas du tout dans quoi on était. Si on était dans un couloir, ou… un tunnel… Ou… C’était effrayant. Crispé, j’essayais de ne pas être ni trop loin, ni trop près. Et le golem reprit la parole – un vrai moulin dis donc !- :

« Je t’ai déjà vu plusieurs fois au bar. Tu es un employé de cet endroit… ? Je m’appelle Harmony. Je suis effeuilleur. Ce métier est fascinant. Je peux t’apprendre à te déshabiller, si tu le veux. Je sais également faire l’homme droit. »
Ah, bonne nouvelle, je ne suis pas un inconnu. Il s’appelle Harmony. Drôle de nom pour un homme… Mais beau nom quand même. Le métier d’effeuilleur ? Fascinant ?.... Je ne commenterai pas cette partie de son discours, personnellement, se foutre à poil devant des gens, c’est sans intérêt. M’apprendre à…. Faire… « HEY HO ! Je sais me déshabiller tout seul ! J’ai pas besoin qu’on m’apprenne ! Et encore moins que TU m’apprennes ! Et puis je me fiche de ce que tu sais faire !» J’avais du virer au pivoine. Je priais juste pour qu’il n’ait pas vu. Pour moi il fait noir, mais je ne sentais pas l’odeur de cendre ou d’huile en combustion. Donc je ne savais pas s’il y avait de la lumière ou pas. Et puis c’était quoi ça ?! Parler de ça… Comme ça ! Sans gêne ! Aucune pudeur ce type… Et zut, je n’avais plus aucunes pensées normales maintenant…. RAH ! Je le hais !

J’inspirais histoire de me calmer et je lui répondis : « Moi c’est Henri. J’suis employé ici oui. Sous les ordres de Snorri. Je travaille donc en tant que… WAAAAAAAAAAAH !»

S’il était devant, moi j’étais derrière en le suivant. Et j’aurais pu finir ma phrase si je n’avais pas pris mes pieds dans quelque chose genre… pierre ? Ou si je n’avais pas rater un truc genre… Marche ? En tout les cas, je m’étais rattrapé sur lui et l’avait entraîné dans ma chute… Je vais mourir dans deux minutes…. C’est dit.

Etrange. Trop étrange petit personnage que voilà. Oui. Harmony était selon moi étrange. Dans le sens où me demander si j’avais le même régime que les renards m’avait paru… Bizarre. Curiosité ? Hum… ETRANGE je vous dis. En plus, même si je n’ai pas dû être très agréable, j’arquais un sourcil quand je vis qu’il ne chercha pas non plus à se justifier. Finalement j’haussais les épaules. Il avait du dire ça comme ça. Juste pour me taper la causette. ETRANGE. Mais le pire dans tout ça, c’est que je ne le sentais pas du tout…. Cette situation était beaucoup trop bizarre pour me paraître tout à fait normale. Et en plus j’étais coincé là avec ce… cet… Ce type qui allait me faire perdre la tête. Comment ça vous avez fini par le comprendre ? Mais mettez-vous à ma place aussi deux petites minutes. Snorri avait trouvé juste bon de l’envoyer lui et pas de venir lui-même ! Je ne lui aurais pas arraché un bras s’il était descendu ! Et il aurait pu envoyer quelqu’un d’autre ! Non ? Genre… Le barman ? Ou… Je ne sais pas moi un employé autre qu’un effeuilleur qui avait passé la nuit à me… hanter. Exactement. A me hanter. Me pourrir mon sommeil. Avec des rêves louches que même un prêtre en aurait honte HA !

Toujours est-il que le golem ne fit même pas attention à ma question, et sembla même la prendre comme un signe que je ne voulais pas parler avec lui. Ce n’était pas vraiment ça. C’était plus qu’il me tapait tellement sur le système que je ne contrôlais plus vraiment mes réactions. Il m’avait indiqué une destination invisible et avait commencé à s’éloigner vers celle-ci. Et moi j’avais hésité. Longtemps. Tout ça parce que je ne voulais pas le toucher, comme si son contact allait m’électriser. Finalement je m’étais contenté de le suivre juste par le son de ses pas. Il m’avait alors parlé de ce qu’il savait faire et s’était présenté. Il m’avait même proposé de m’apprendre à me déshabiller. Avouez tout de même que je n’allais pas lui répondre « oh ouiii ! vas y ! apprends moi ! » quand il me donnait des pensées totalement perverses ! Et ça m’avait encore plus agacé. Ce n’était pas vraiment contre lui… Enfin… un peu quand même. Mais il devait quand même comprendre non ? OU pas. Et dans ce cas là, Harmony allait me paraître encore plus louche que n’importe quel autre monstre dans ce cabaret ! Cependant, taper la discussion avec lui, en soit, ne me dérangeait pas. Au moins ça faisait passer le temps… Alors j’avais commencé à me présenter. Avant que mes pieds ne fassent n’importe quoi.

Et comme je vous l’ai dit. Je mourrais. Au bout de deux minutes. Oui deux minutes. Parce que au bout d’une minute je venais de comprendre que j’étais sur golem et que nos visage étaient suffisament proche pour que je sente son souffle sur mes lèvres. Si j’étais devenu pivoine quand il m’avait proposé de m’apprendre à me déshabiller, là pour sûr, il voyait que j’étais devenu tomate. Ou pêche bien bien mûre. Et je mourru au bout de la seconde minute, quand je sentis sa main venir carresser mes cheveux. Non. Tout mais pas ça. Faites qu’il s’arrête et que je ressuscite. Ou bien je n’allais pas pouvoir me retenir. C’était comme ça. Le mot « aimer » n’existait pas chez moi. Alors, tout ce que je ressentais là, c’était l’envie de me le mettre sous la dent. Il me paraissait savoureux. Les apparences sont trompeuses je sais. Mais il était dans une apparence telle qu’il me donnait l’eau à la bouche ! Et là, ça me tuait. Fort heureusement ma prière sembla être entendue, puisque le golem se releva, et me releva aussi par la même occasion. Sauf que je le sentis encore trop près. Bonne initiative de sa part que de s’écarter une nouvelle minute plus tard, sinon j’aurai été de nouveau mort.

On ne se dit plus rien. Comme si cet accident avait produit quelque chose de nouveau et de trop troublant pour qu’on puisse dire quoi que ce soit. Moi j’essayais de remettre un peu d’ordre dans ma tête et de me remettre aussi tout simplement. Sauf qu’il avait pris ma main ce saligaud. Je me pinçais la lèvre. Je le savais. Ce contact allait m’électriser. A vif. Cependant, maintenant, c’était la seule solution pour éviter que je ne lui tombe dessus de nouveau. Je le suivis donc. Guidé maintenant par sa main tenant la mienne. Je le sentis alors s’arrêter, lâcher sa main et je l’entendis alors s’avancer pour farfouiller dans l’endroit qui devait être le « là bas » de tout à l’heure. J’entendis des tintements de verres. On était donc dans LA cave ? Je fis quelque pas et tendis ma main sur ma droite. Je sentis cette fois du verre froid sous mes doigts. Moins poussiéreux, moins sale. Plus doux au toucher. J’entendis Harmony s’éloigner un peu plus. Moi je préférais rester là où j’étais pour pas me perdre. Et puis quelques instants plus tard, il revint vers moi. « J’ai trouvé, nous pouvons y aller » Il prit de nouveau ma main mais pour mettre une bouteille dedans cette fois. J’aggripais mes doigts à la bouteille et la porta ainsi. Il me prit l’autre main et nous allâmes faire le chemin du retour. Mon dieu ! Cela m’électrisait de nouveau. J’aurai préféré qu’il ne me touche plus du tout. Mais je ne voulais pas me gammeller une nouvelle fois. Alors j’acceptais ce contact de nouveau. J’avais simplement hoché la tête avant que nous ne disparaissions de nouveau dans le tunnel. Une fois revenu au point de départ, il lâcha ma main.

Je peux être honnête ? En fait… Cela avait fini par ne plus m’agacer. J’avais réussi à m’habituer à ce contact. Et je regrettais maintenant qu’il y mette fin. Mais bon. Je n’allais pas lui hurler « HEY ! D’où tu lâches ma main ! » non plus. Il aurait pu très mal le comprendre… J’allais le suivre dans les escaliers, la bouteille à la main, quand je sentis que quelque chose n’allais pas. Mais alors… Pas du tout… Ca sentait le roussis. Le cramé. Le brûlé. Ca sentait mauvais. C’était bizarre, désagréable et…

« Enfermés. Nous sommes enfermés. »

Je ne peux que dire que je suis maudit mais vraiment maudit. Encore plus qu’à la normale. Etre enfermé ne m’aurait pas gêné. Mais là. On était dans une cave. Et moi j’étais tout seul avec… Harmony. Ce golem qui allait me faire exploser le cerveau. Je n’avais pas peur pour autant. Cependant, je ne peux pas dire que j’aimais ça. Je poussais un soupire, passant ma main sur le visage. « Non… Mais… Tu rigoles là ? C’est une blague ? C’est… Impossible !» Mais sincèrement. Je détestais me retrouver enfermé là-dedans. Pas le choix cependant. « Snorri n’aurait quand même pas cru u’on était déjà sortis ! Il m’aurait… Non il NOUS aurait vu !» La poisse ! Mais tant pis. Je m’assis sur une marche d’escalier, posant la bouteille à côté de moi. « Si je chope celui qui a OSE fermer la porte… Je te jure…. Je lui saute à la gorge et je lui arrache la tête avec les dents…. »

Comment ça c’était moche un tel mouvement de violence ? J’étais sauvage et en plus j’en étais capable. Le passé l’avait déjà démontré.