Aller en haut
Aller en bas
Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
Derniers sujets
» Elysion Earth
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Eglantine Jocor Sam 9 Nov - 16:31

» Les secrets du Muséum { P.V. Andréa }
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Rose Walkson Sam 9 Nov - 13:21

» Orzian, engrenages et arcanes
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Invité Lun 22 Juil - 17:20

» Teer Fradee
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Invité Ven 5 Avr - 13:32

» DC Earth Rpg
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Invité Jeu 4 Avr - 18:45

» Le monde de Dùralas
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Invité Lun 1 Avr - 21:02

» Propheties begin
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Invité Jeu 8 Fév - 21:11

» Tableau d'affichage : Nouveautés du Forum
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Edward White Mar 2 Jan - 18:45

» Invitation à la dix-huitième édition de l'Interforum
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Invité Jeu 9 Nov - 11:04

» A Moonlight Night's Dream [PV Rose]
La Valse de la Marionnette I_icon_minitimepar Edward White Sam 4 Nov - 12:22


Partagez
 

 La Valse de la Marionnette

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous


La Valse de la Marionnette Empty
MessageSujet: La Valse de la Marionnette   La Valse de la Marionnette I_icon_minitimeMar 3 Juil - 22:24

Présentation, Lost ParadiseOriginal de Asriel

Adèle Méniant

La vie est comme une éternelle danse...

    Surnom(s): A vous de lui en trouver~
    Âge (en apparence) : 17 ans
    Sexe : ♀
    Nationalité : Française
    Orientation sexuelle : Aucune en particulier
    Race : Marionnette
    Métier : Danseuse dans une troupe itinérante
    Taille : 160 centimètres
    Poids : 46 kilogrammes

... On naît aux premiers mouvements quand les premières notes retentissent. Et on meurt lorsque l'on se fige et que la musique s'éteint...

You look like…

« Adèle, ma chère Adèle, tu es mon plus grand chef d’oeuvre… »

La nuit venait de tomber sur la capitale, plaçant un voile obscur sur ses rues et ruelles mal éclairées. Peu de monde se risquait encore dans ces voies mal famées, ce privilège étant réservé aux hommes ivres qui sortaient des bars et autres personnes peu recommandables. Pourtant, une silhouette se distinguait des autres, se déplaçant avec souplesse et légèreté sur les pavés, ses pieds touchant le sol dans un silence quasi-complet. Cette forme sombre était fine et élancée, presque maigre pour sa petite taille. Avec le faible éclairage fourni par les lampadaires, on aurait pu croire qu’elle dansait tant sa démarche semblait irréelle.

Dans un fin bruissement de tissu, la personne emprunta une rue un peu plus large, avant de déboucher sur une avenue bien mieux éclairée. Il s’agissait d’une jeune fille d’environ dix-sept ans, revêtant une longue robe de satin bleu pastel. Le bustier se démarquait des volants de sa robes par sa couleur plus sombre, et enserrait sa taille fine pour lui donnait une silhouette parfaitement féminine. Des manches bouffantes recouvraient ses épaules, et une fine étoffe de tissu lui servait de collier.
Elle avait plongé ses petits pieds dans de longues bottes noires, qui remontaient le long de ses mollets jusqu’à atteindre le bas de ses genoux. Elle les posait vivement au sol dans une grande légèreté, continuant sa marche rapide.
Ses membres et articulations étaient d’une telle finesse qu’on aurait pu penser qu’ils se briseraient facilement si on venait à les serrer trop forts. Ses mains, quant à elles, possédaient de longs doigts délicats, aux grands ongles vernis de bleu pour aller avec son ensemble.

Un lampadaire près duquel elle passa éclaira doucement son visage. Il était fin et pâle, faisant preuve d’une perfection sans pareille. Aucun défaut ne venait ternir ses traits. Rien de bien étonnant, venant d’une marionnette, n’est-il pas ? Elle possédait une petite bouche aux lèvres minces et légèrement rosées, placées sous un nez fin et aquilin. De légers sourcils rehaussaient doucement ses grands yeux, qui venaient éclairer son visage grâce à la couleur de ses iris d’un bleu profond. Deux prunelles particulièrement expressives en comparaison de son visage bien souvent figé dans l'indifférence.
La jeune marionnette était dotée d’une épaisse chevelure d’un blond cendré, retombant souplement sur son dos et ses épaules, et arrivant un peu en dessous des omoplates. Une longue frange recouvrait son front pâle et permettait un bel encadrement de son visage.


You are…

« Adèle, ma chère Adèle, tu es ma fille préférée... »

Les yeux sont le reflet de l'âme. C'est souvent ce que l'on dit, et cela n'a jamais été aussi vrai que pour la marionnette. Les gens pensent souvent qu'elle est insensible, parce que son visage reste trop souvent de marbre à leur goût. Mais ses prunelles, elles, la trahissent beaucoup trop. Véritable océan d'émotions qui changent selon les aléas de la vie.

Adèle n'est vraiment pas celle qu'on croirait au premier abord. Elle est très versatile, changeant du tout au tout dans la plus grande discrétion à cause de son visage taillé originellement dans le bois. Et pourtant, ceux qui la connaissent bien voient parfaitement ce côté inconstant d'elle-même. Car quand elle se retrouve seule en leur compagnie et qu'elle est dans la plus grande confiance qui soit, elle perd un peu de ce côté inexpressif qu'on lui connaît. Son visage se détend, se déforme au gré des sentiments qui la traversent. Bien que parfois maladroite, elle ressemble un peu plus à un véritable être humain doué de sentiments. Parce que les sentiments, elle les ressent parfaitement. Il lui manque juste le petit déclic pour les exprimer. Le petit déclic que sa famille d'artiste semble réussir à produire.

Même si la marionnette a toujours une légère crainte en approchant des êtres humains qu'elle ne connaît pas, elle reste quelqu'un de très crédule. Ignorant à quel point l'âme humaine peut être pervertie, même si elle pourrait le deviner grâce à la couleur des quelques papillons qu'elle avale parfois, elle ne se doute pas un seul instant qu'elle pourrait se faire rouler par autrui. Elle a eu beaucoup de chance jusqu'à présent, et l’œil bienveillant qu'Adrian gardait sur elle y était sans doute pour beaucoup. Mais quand elle se retrouve seule, le moindre petit escroc pourrait obtenir beaucoup d'elle. Beaucoup plus que d'une personne normale, c'est certain. N'étant véritablement née que très récemment et son créateur ne l'ayant pas totalement mise en garde, elle ignore tout des risques. Mais c'est peut-être mieux ainsi ; tant que son bienfaiteur la surveille de près.

Adèle est une véritable passionnée de musique. Une véritable artiste dans l'âme. Que ce soit à travers le violon, qui a vraiment conquit son cœur, ou à travers la danse et le chant, elle s'y donne toujours à fond. Elle vit sa passion, c'est le cas de le dire. Et jamais elle n'est autant expressive que quand elle s'y adonne. C'est sans doute ce qui fait que les gens de la troupe arrivent autant à la comprendre. Parce qu'ils l'ont vue plus que personne jouer, danser et chanter. Notamment au cours de tous les entraînements qu'elle a fait.

Sa passion lui fait néanmoins oublier des choses importantes. Comme les bizarreries qui la touchent directement. Le fait qu'elle soit obligée de se nourrir de fragments d'âme, qu'elle ne ressente jamais de fatigue ou qu'elle n'éprouve jamais le besoin de manger et de boire. Jamais elle ne s'est demandée pourquoi, et pourtant elle sait à quel point cela la rend différente des autres membres de la troupe. Adrian plus que les autres essaye de découvrir son secret. Mais elle est incapable de l'aider, parce qu'elle l'a oublié et ne veut pas se rappeler.
Si elle aime particulièrement sa grande famille, si elle s'attache facilement aux gens, elle reste parfois négligente vis-à-vis d'eux-mêmes et de leurs sentiments. Elle a tendance à plus penser à elle qu'aux autres, sans se rendre compte de ce que cela peut leur faire. Et pourtant, ce ne sont pas les sentiments qui manquent à leur égard. Ni les attentions qui sont absentes...

La dernière chose qu'il faut savoir sur la marionnette est un véritable paradoxe. Elle a une grande phobie des pantins et de ses autres confrères. Tout comme elle a peur de se retrouver une nouvelle fois face à un cadavre. Tel est l'héritage que lui a laissé son « père » et créateur dont elle ne garde aucun souvenir. Outre sa vie et sa malédiction, elle ne garde de lui qu'une peur éternelle...


Once upon a time…

« Adèle, ma chère Adèle, tu es toute ma vie... »

Première Danse : La Naissance
Paris, Décembre 1879.

La splendide capitale était entièrement tapissée de blanc, en cet après-midi de fin d’année. La neige était au rendez-vous, tombant du ciel en épais flocons pour la plus grande joie des enfants. Ces derniers étaient sortis jouer avec leurs amis, façonnant des bonhommes de neige et jouant à divers jeux qu’on ne peut faire sans cette éclatante substance blanche et froide.
Les festivités de fin d’année étaient plus qu’imminentes et la foule se précipitait en direction des boutiques pour acheter des cadeaux à offrir à leur proches à l’occasion de Noël. Le meilleur moment pour les vendeurs de faire d’excellentes recettes… Enfin pas tous.

Certaines coutumes avaient fini par disparaître avec le temps. Désormais, rares étaient ceux qui s’aventuraient dans les magasins de marionnettes pour en offrir à leurs enfants… Triste destin qu’était celui des marionnettes.
Pourtant, des magasins de la sorte, il en existait encore, perdus dans d’étroites ruelles dont peu connaissaient l’existence. Et toutes semblaient souffrir du manque d’argent dû au peu d’intérêt des habitants pour ces poupées suspendues à des fils. 
C’est pourquoi certains avaient décidé de se reconvertir. Abandonnant définitivement ces marionnettes en bois, ils s’étaient intéressés à de petites poupées en porcelaine revêtant de belles robes à froufrous et dotées d’une magnifique chevelure bouclée. Rien ne pouvait mieux plaire aux petites filles…

Mais le vieux Méniant était loin de s’abandonner à cette méthode qu’il considérait comme une trahison. Il voyait son métier comme un art qu’il se devait de conserver. Un talent incroyable lui avait été donné et il ne devait sous aucun prétexte l’abandonner.
C’est pourquoi, malgré la faillite qui le menaçait, il se bornait à fabriquer des marionnettes, les façonnant avec amour et s’amusant à leur trouver un nom.
C’était un homme fort gentil avec les rares personnes qui passaient encore par sa boutique, et quand il parlait de son métier à ses quelques amis, c’était toujours d’un air passionné.
Le pauvre homme n’avait pourtant pas eu une vie facile. Sa femme était morte en couche et sa fille avait fini par être terrassée par la maladie alors qu’elle atteignait tout juste l’âge de dix-huit ans. Mais c’était loin derrière lui maintenant, et il se consolait en agrandissant sans cesse sa propre famille constituée uniquement de marionnettes, fruit de son dur labeur.

C’était en cet après-midi de décembre qu’il voyait son plus grand projet prendre fin. Il avait toujours rêvé d’en concevoir une à l'effigie de sa fille disparue et le résultat était… Presque parfait. Jamais il n’avait atteint un tel niveau dans toutes ses œuvres précédentes. Celle-ci, jamais il ne la vendrait, quel qu’en soit le prix. Sa fille était revenue d'entre les morts, et elle l'accompagnerait jusqu'à la fin.
Elle se tenait là, face à lui, objet de sa contemplation et de son ravissement. Un visage d’une finesse sans pareille, peint avec une grande précision. De petites lèvres fines et légèrement rosées placées sous un nez aquilin. De grands yeux d’un bleu profond illuminant son visage qu’il avait voulu pâle. Il avait extraordinairement bien représenté le souvenir qu'il avait de sa propre enfant, encadrant son visage délicat d’une épaisse chevelure blonde. Pour augmenter la ressemblance frappante, il avait ressorti la robe préférée de son Adèle décédée, qui allait si bien avec la couleur de ses yeux.
Oui, un véritable chef d’œuvre comme il n’en avait jamais fait : une marionnette de la taille d’une jeune femme, qu’il appela comme sa fille. Adèle, la jeune fille ressuscitée d'entre les morts...

Et il l’aima, cette marionnette. Plus qu’aucune autre. Plus encore qu'il ne l'avait fait du vivant de son enfant bien-aimée. Bien vite, il se surprit à lui parler et à souhaiter la rendre plus parfaite encore. Autrement dit, lui donner vie et la faire ressembler davantage à un être humain. Pour retrouver ce qu'il avait perdu.
Les articulations de cette marionnette, aussi splendide soit-elle, le gênaient. Plus que ça, il aurait aimé que le bois peint qui formait son corps soit remplacé par une peau blanche et lisse. Il tendait à une perfection sans pareille et qui ne pourrait jamais être atteinte par l’être humain.

Mais le père Méniant était loin de se douter que cette idée qui venait de germer en lui allait aussi vite envahir ses pensées. Il n’en ferma même plus l’œil la nuit, cherchant sans cesse une solution, se demandant comment il pourrait faire atteindre la Perfection à sa plus chère enfant. Il affichait sans cesse un air torturé, ne pensant presque à rien d’autre. Il s’enfermait des jours durant avec Adèle, la contemplant toujours mais avec moins de plaisir qu’auparavant, sans cesse torturé par ce que son imagination lui avait laissé voir.

Par chance, la réponse finit par lui arriver un soir…
« Adèle, je t’en prie, parle-moi… »
Paris, Février 1880.

La porte de sa boutique s’ouvrit, le doux tintement de la cloche d’entrée résonant pour l’annoncer. Le fabricant laissa sa belle Adèle seule le temps de s’occuper de son potentiel client. 
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit dans l’étroite pièce un homme emmitouflé dans une longue cape sombre à capuche ! Mais il ne s’attarda pas sur ce détail, naïf vieil homme qu’il était, et demanda simplement ce qu’il pouvait faire pour cet étranger. Ce fut une voix sombre et rauque qui lui répondit, disant simplement qu’il pouvait exaucer le vœu le plus cher de l’homme en échange de son âme.
Un démon, le vieux Méniant aurait du le deviner. Mais pourtant, même s’il l’avait su, jamais il n’aurait refusé cette offre. Enfin ! Enfin il avait l’occasion de redonner vie à sa plus tendre enfant !

Le pacte fut rapidement conclu. Si le démon parvenait à rendre sa marionnette 'parfaite', il lui donnerait sans hésitation son âme.
A peine le rituel prit fin que le démon se rendit dans l’arrière boutique. Quelques minutes plus tard, avant même que le fabricant n’ait pu le rattraper, un bruit sourd y retentit. S’y précipitant, soudain inquiet, l’homme aperçut son chef d’œuvre allongé au sol, les yeux fermés. Des larmes coulèrent le long de ses joues lorsqu’il se rendit compte de la peau qui recouvrait le corps de sa ravissante poupée. Une véritable peau, blanche et lisse, exactement comme il l’avait imaginée.
Comment un tel miracle avait-il été rendu possible ? Il ne faisait aucun doute que le Démon avait agi, entamant sa part du contrat. Le vieil homme ne put s’empêcher de le remercier chaudement pour ce qu’il avait fait.

Mais elle était encore loin d’être parfaite, la poupée qu’il avait créée. Car si son apparence était proche à un point inimaginable des femmes, de sa propre fille, il lui manquait une chose fondamentale pour pouvoir bouger : une âme.
Et le Démon savait comment lui en donner une : il allait falloir sacrifier un être humain.

Le marionnettiste ne se préoccupa pas un seul instant des conséquences que pourrait avoir un tel acte. Il se moquait qu’une personne perde la vie, tant que c’était pour la transmettre à sa chère Adèle. Une vie contre une autre, où donc était le problème ?
Il était devenu complètement fou, rongé par son idée folle de rendre sa marionnette parfaite. Il s’éloignait peu à peu de son humanité, chose qui plaisait particulièrement au démon.

Ce fut quelques jours plus tard que l’homme trouva la personne idéale à sacrifier pour sa fille. Une jeune femme de la bourgeoisie. Il ne faisait aucun doute qu’elle avait une âme pure. Elle était fort gentille, venant sans hésitation en aide aux gens dans le besoin et étant particulièrement aimable envers chacun. Elle ne faisait aucune distinction entre les gens des différentes classes sociales, traitant un pauvre comme son égal. Et en plus de tout, elle était très jolie.
Le fabricant redoubla alors d’astuces pour la conduire seule dans sa boutique, là où le démon les attendait.

Le sacrifice fut rapide. A peine la femme fut-elle entrée dans la boutique qu’elle gisait déjà au sol, la vie venant de la quitter. Puis le démon se chargea de transvaser son âme, l’insérant dans la poitrine de la marionnette sans vie. Et enfin, il laissa l’homme seul avec sa création, s’en allant pour se débarrasser du corps encombrant de la jeune victime sacrifiée.

Le vieux Méniant resta au chevet d’Adèle, attendant qu’elle se réveille, chose qu’elle fit au bout d’un long moment.
Enfin, lentement, la poupée commença à s’animer, ouvrant ses grands yeux bleus et les posant sur son "père", accompagnant leur mouvement de sa tête.
Une nouvelle fois, le vieil homme pleura, tant il était heureux de la voir bouger…
« Adèle, je t’en prie, danse pour moi… »

Deuxième Danse : La Délivrance

Paris, Mars 1880.

Cela faisait maintenant un mois entier qu’Adèle avait commencé à se mouvoir. Un mois de pur bonheur pour le marionnettiste. Quoi de plus normal quand on voit le chef d’œuvre de notre vie atteindre un semblant de perfection ? 
Adèle vivait, maintenant. Il pouvait voir sa poitrine se soulever et s’affaisser régulièrement, signe d’une respiration. Et pourtant, elle ne devrait pas pouvoir le faire, n’étant que marionnette à l’origine. Était-ce un semblant de vie qu’il avait sous les yeux ? Sûrement, il ne voyait pas d’autre possibilité. Sa marionnette ne pouvait pas respirer ainsi, n’étant constituée que de bois.
Mais ce n’était pas le seul miracle qu’il découvrait. Adèle pouvait désormais lui parler, de cette voix douce et fluette qu'il avait presque oublier. Elle pouvait se mouvoir librement, se déplacer souplement et silencieusement à l’intérieur de la bâtisse, frôlant légèrement de ses pieds le parquet, comme si elle flottait au-dessus. Tout semblait si irréel quand il la regardait. Comme s’il nageait en plein rêve…


Mais rien n’est parfait sur terre, et ce n’était pas la petite marionnette qui allait faire exception à la règle. L’âme qu’elle avait en elle lui permettait de bouger, certes. Mais pas éternellement. Bien vite, après sa « Naissance », les mouvements d’Adèle commencèrent à perdre de leur fluidité, devenant de plus en plus saccadés, de plus en plus mécaniques.
Alarmé, le vieil homme demanda précipitamment au démon ce qui arrivait à sa marionnette. Il ne voulait certainement pas qu’elle redevienne objet inanimé, il désirait la garder à son côté et la voir bouger jusqu’à sa fin.
Le démon ne passa pas par quatre chemins pour expliquer ce qu’avait la jeune « femme ». Son problème était simple : pour continuer à se mouvoir avec fluidité, elle devrait prélever des fragments d’âme chez n’importe qui, et ainsi revigorer son âme actuelle et lui permettre de conserver la maîtrise de son corps fabriqué.
Le fabricant se moquait parfaitement des conditions. Tout ce qu'il voulait, c'était ne pas perdre une deuxième fois sa fille. Alors il poussa Adèle à partir en chasse, ne lui laissant pour autre explication que c'était le seule moyen qu'elle avait pour aller mieux. Elle, ignorait parfaitement ce que cela pouvait signifier. Elle se contenta juste d'obéir à son créateur, conservant son inconscience. C’est ainsi que la marionnette commença à chercher des victimes auxquelles prélever des fragments d’âme, partant en quête de fragments d'âme dès qu’elle sentait que son corps devenait plus difficile à contrôler.

Ainsi, chaque fois qu’elle en ressentait le besoin, elle prenait à part l’un des passants qu’elle croisait et déposait sa main délicate sur leur torse, avant d’en retirer un bien étrange papillon. Car telle était l’apparence que prenaient ces fragments qui lui permettaient de continuer à vivre. Leur taille pouvait varier ainsi que leur couleur, reflétant généralement la nature de sa victime. Mais chaque fois, elle était contrainte de dévorer ces insectes colorés, soulagée de récupérer tous ses moyens et se sentant nettement mieux après.
Par chance, puisqu’il ne s’agissait que de morceaux et non d’âme entière, ses victimes restaient en vie. Elles s’en allaient, purement et simplement, n’ayant plus aucun souvenir de ce qui s’était passé et leur mémoire contenant probablement beaucoup moins de choses qu’auparavant. Elles ressentaient également un profond trouble les jours qui suivaient leur rencontre avec Adèle, mais rien d’irréversible. Elles finissaient toujours par s’en remettre.

Cependant, la vie de la marionnette ne se résumait pas qu’à ces moments sombres, bien au contraire. Elle passait le clair de son temps auprès de son « père » et créateur, apprenant de sa bouche un grand nombre de détails sur la vie. Elle prit connaissance de la façon de vivre des êtres humains normaux, se familiarisa avec leurs mœurs et leurs modes, s’entraîna à parler comme eux et apprit à s’exprimer dans toutes les langues que le vieil homme maîtrisait.
Il lui enseigna des tas de choses, mais deux d’entre elles lui plurent tout particulièrement : la danse et le chant. Telles étaient les compétences qu’il prit le plus de plaisir à lui apprendre, le plus de plaisir à la voir assimiler et reproduire ses gestes avec facilité.

C’était facile pour elle, petite marionnette, d’imiter les gestes qu’il lui enseignait. C’était enfantin pour elle, de répéter à l’identique ce qu’il lui chantait. La justesse de sa voix était là, tout comme les paroles. Les gestes qu’elle effectuait étaient parfaitement fidèles à ce qu’il lui avait montré, il n’en doutait pas un seul instant. Mais pourtant, il manquait quelque chose à Adèle. Car si elle chantait, sa cantate restait vide d’émotion. Si elle dansait, aucun sentiment ne transparaissait de ses gestes. Dans tout ce qu’elle effectuait, jamais au grand jamais elle ne montrait la moindre passion.
Adèle ne semblait être finalement qu’une coquille vide. Capable de bouger et d’imiter tout ce qu’elle voyait, certes. Mais ne ressentant absolument rien, observant le monde qui l’entourait d’un regard neutre, étant incapable de comprendre ce qu’était la tristesse, la colère, la joie, ou encore l’amour. Elle restait stoïque quand elle voyait un enfant pleurer, ignorant simplement ce qu’il pouvait ressentir. Elle ne partageait jamais les rires des uns et des autres, son visage restant indifférent à toutes ces choses.
Et s’il y avait bien un élément qui appuyait cette impression de néant, c’était son regard, plus vide que lorsque la mort terrassait un homme ou une femme.

Il manquait encore une chose fondamentale à la marionnette pour qu’elle soit parfaite, une seule et unique chose. Le père Méniant en avait eu la confirmation bien des fois, mais il ne l’accepta que bien des années plus tard. Et cette chose qui lui manquait n’était autre qu’un cœur…
« Adèle, je t’en prie, ris pour moi… »
Paris, Juillet 1887.

Complètement obnubilé par l’envie que sa marionnette soit parfaite et persuadé qu’une fois qu’elle aurait un cœur, elle serait définitivement achevée et incomparable, le vieil homme arriva à la conclusion qu’il devait aller exposer son point de vue au démon. Chose qu’il s’empressa de faire tant il était impatient de voir le résultat de son œuvre enfin terminée. 
Mais s’il avait pu se douter un seul instant de ce qui l’attendait en agissant ainsi ; s’il avait pu ne serait-ce qu’imaginer ce qui se passerait... 

A peine avait-il expliqué au démon que la seule chose qui manquait à Adèle était un cœur pour qu’elle atteigne la perfection, que l’être perfide s’empressa de le conduire auprès de sa chère marionnette. Et puis, sans un regard ni vers l’un, ni vers l’autre, il arracha le cœur de l’homme et le transmit à sa création, avant de dévorer son âme. 
Après avoir mis fin à son horrible dessein, il s’en alla sans dire mot, laissant derrière lui une marionnette « parfaite » et un cadavre mutilé.

Mais la présence soudaine d'un cœur dans sa poitrine eut de bien tristes conséquences. Adèle oublia tout. Tout de cet homme qui l'avait tant aimé. De cet homme qui lui avait tant donné. De cet homme qui l'avait créée. Tous ces mois passés avec lui s'étaient totalement envolés. Il ne lui restait plus rien. Plus rien, mis à part sa vie qui ne tenait qu'à un fil et son cœur battant dans sa poitrine. Rien, à part ce corps de marionnette instable qui donnait l'impression d'être fait de chair et de sang.

Ses premiers souvenirs commençaient donc ici. Dans cette pièce remplie de marionnettes. Avec ce cadavre à ses pieds. Avec le sol éclaboussé de sang. Dans un endroit qui sentait la mort et ne lui inspira que de la peur.

Les yeux élargis par la terreur qui l'opressait, retenant tout juste un hurlement, la marionnette s'enfuit loin de ce qui fut autrefois sa maison. Et elle n'y remit jamais les pieds.
« Adèle, je t’en prie, vis pour moi… »

Troisième Danse : La Renaissance
Paris, Septembre 1887.

Adèle avait quitté la capitale peu après l'incident, se disant que plus jamais elle n'y remettrait les pieds. Elle avait alors erré des jours durant, ne ressentant ni fatigue, ni faim, ni soif. Les seules contraintes qu'elle pouvait rencontrer étaient ce besoin de prélever des fragments d'âme pour continuer à vivre et à bouger. Certaines choses lui étaient restées de ses années de vie avant son ''réveil''. Tout ce que lui avait appris son père avait conservé sa place dans sa tête, même si elle ignorait d'où elle le savait.

Pendant de longues semaines, la Campagne fut le seul paysage qui s'offrit à ses yeux. Elle croisait suffisamment de villages et de voyageurs pour subvenir à ses besoins vitaux. Mais elle restait fermée à tous ceux qu'elle croisait, ayant peur de ce monde dans lequel elle s'était retrouvée. Peur de finir comme l'homme qu'elle avait trouvé gisant à ses pieds. Elle évitait le contact autant que possible, ne le gardant qu'en tout dernier recours. Elle ne voulait pas approcher ses semblables. Parce qu'elle ne savait pas qu'elle n'était pas une humaine et qu'elle ne pouvait pas mourir aussi simplement. Ni qu'elle avait un excellent moyen de défense en prélevant des fragments d'âme.

Pourtant, tout changea un beau jour. Le jour où elle le rencontra.

La marionnette traversait un énième petit village de campagne quand elle entendit une étrange mélodie. Une mélodie qui attira aussitôt son attention. Sans se méfier un seul instant, la jeune fille prit la direction d'où semblait provenir le bruit, avide de découvrir ce qui le créait.
Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir, assis au bord d'un ruisseau, un jeune homme jouant du violon, avec pour seul auditoire les oiseaux qui chantaient dans la forêt. Elle resta un certain moment, à le contempler et l'écouter, ne cherchant même pas à se cacher. Cette musique avait quelque chose d'apaisant. Quelque chose de beau et triste à la fois.

Avec le temps, elle avait quelque peu oublié l'épreuve qu'elle avait traversée. Elle s'était un peu habituée à la présence des autres, même si elle conservait une certaine distance de sécurité. C'était pourquoi elle ne s'était pas méfiée à ce moment précis, ne s'était pas suffisamment éloignée pour rester hors de sa vue. Alors, quand il avait fini de jouer et s'était relevé pour partir, il l'avait repérée. Et avait aussitôt tenté une approche, charmé par la beauté de la marionnette.

Il s'appelait Adrian et était musicien. Touchant à plusieurs types d'instruments et jouant pour gagner sa vie au sein d'un petit groupe d'artistes itinérants. Quand il découvrit le talent qu'Adèle avait pour la danse et le chant, il lui proposa aussitôt de se joindre à leur grande équipe.

C'est ainsi qu'elle intégra une troupe itinérante, tenant le rôle de danseuse et parfois même de chanteuse quand son ami se mettait à jouer d'un de ses instruments favoris.
L'ensemble de la troupe se montra si chaleureuse et accueillante avec elle, que sa crainte restante disparut rapidement. Ils se comportèrent comme sa famille et l'aidèrent à accepter ce qui lui était arrivée. Tout le poids qui lui restait sur la conscience partit petit à petit et elle se mit à vivre pleinement, comme un être humain devrait le faire. Elle apprit à ressentir de nouvelles émotions en leur présence, telles que la joie ou l'amour. Si son visage n'était pas toujours très expressif, nul ne semblait s'en préoccuper. Même si Adrian était celui qui la comprenait le mieux, ils semblaient tous réussir à comprendre ce qui lui passait par la tête. Comme s'ils étaient habitués à voyager en compagnie de gens comme elle.

Cependant, une seule personne l'effrayait au sein de la troupe. Une personne qui pourtant avait un succès fou auprès des enfants et les faisait beaucoup rire. Le marionnettiste. Elle ne savait pas pourquoi elle avait aussi peur de ces pantins désarticulés qui s'animaient sous ses mains comme par magie. Alors qu'ils étaient comme elle, à cela près qu'ils n'étaient pas dotés de vie. L'homme n'était pas méchant pour autant et avait tenté de faire de nombreuses approches vers elle. Mais il n'y avait rien à faire, quand il l'approchait de trop près, et surtout quand il était muni d'une de ces poupées en bois, elle prenait autant de distances que possible... Forçant l'artiste à baisser les bras au bout d'un moment.

Avec le temps, Adrian lui apprit à jouer du violon. Elle n'était pas particulièrement douée pour cela, mais elle apprenait vite et aimait particulièrement le son de cet instrument. Ils s'étaient même fait cette promesse un soir. Que le jour où ils atteindraient un très bon niveau, ils quitteraient la troupe et tenteraient ensemble d'entrer dans un grand orchestre. Une promesse qui se tenait là où leurs passions respectives les rassemblaient. La passion pour la musique, et plus particulièrement pour le violon. Même si le garçon était capable de jouer de bien d'autres instruments, comme de l'accordéon, ou du piano.

A force de côtoyer de vrais êtres humains, Adèle se mit à les imiter. Ses expressions étaient plutôt maladroites au départ, n'exprimaient pas forcément la bonne émotion. Mais elle fit de son mieux pour s'en rapprocher, comme si elle voulait se savoir normale. Comme si inconsciemment, elle essayait toujours de réaliser le plus grand souhait de son père décédé.

Puis, un jour du mois de Mai 1889, la petite troupe prit la direction de la Capitale de la France. Adèle rentrait chez elle pour la première fois depuis deux longues années.
« Adèle, je t’en prie, ne m'oublies pas… »



Sous le masque

Que tombent les masques pour dévoiler la véritable nature de chacun !

    Surnom(s) : Kimiyu (ou dans un autre ordre, je ne sais plus)
    Âge : 19 piges, bientôt 20 ! (Enfin, bientôt, tout est relatif)
    Expérience en RP : Plutôt bonne, je dirais B)
    Avis/Suggestions/Questions concernant le forum : Rien du tout. Ce nouveau graphisme est... GAAAH *A* Et l'event m'intéresse plutôt bien, alors je dirais juste bravo à Edy-chou ♥️
    Comment avez vous connu le forum ? Via June, surtout Wink
    Avez vous lu le règlement ? Validé par le plus sexy des lycanthropes ~
Invité
Invité
Anonymous


La Valse de la Marionnette Empty
MessageSujet: Re: La Valse de la Marionnette   La Valse de la Marionnette I_icon_minitimeMer 11 Juil - 19:52

Fiche enfin terminéééééée \o Je remercie Aly-choubidou pour m'avoir aidée à trouver la motivation de la finir. Bon, il manque sans doute une bonne relecture, mais voilà :3
Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

Messages : 2449
Date d'inscription : 21/12/2010

La Valse de la Marionnette Empty
MessageSujet: Re: La Valse de la Marionnette   La Valse de la Marionnette I_icon_minitimeJeu 12 Juil - 10:32

Bon… J'ai tout lu et je ne puis pas dire grand chose, mis à part que c'est parfait o/
Les présentations physique et morale sont impécables et l'histoire rudement ficelée.
Je n'ai relevé qu'une seule faute, que j'ai corrigé dans ma grande bonté.

Et donc comme tout est parfait, je t'annonce que tu es VALIDÉE !
Ovation pour Adèle ~
\o\\o//o/\o\\o//o/\o\\o//o/

Tu connais la chanson, je vais t'assimiler à ton nouveau groupe, si tu veux changer ton rang il n'y a qu'à le demander et je te laisse modifier ta fiche de relations /o/

Ah, et je veux un RP avec mon violoniste de neveu ! °v°
Ou un lien…
Ou les deux ! 8D
https://lostparadise.forumgratuit.org
Invité
Invité
Anonymous


La Valse de la Marionnette Empty
MessageSujet: Re: La Valse de la Marionnette   La Valse de la Marionnette I_icon_minitimeJeu 12 Juil - 13:49

Merci merci merci, ex-patron !! \o

Eh bien eh bien, je suis pour les deux, moi. Entre violonistes, on devrait bien s'entendre 8D Le RP, c'est avec plaisir, et le lien, de même ♥️ On en rediscute sur msn ou par mp Wink
Contenu sponsorisé



La Valse de la Marionnette Empty
MessageSujet: Re: La Valse de la Marionnette   La Valse de la Marionnette I_icon_minitime

 

La Valse de la Marionnette

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Adèle Méniant | La Valse de la Marionnette
» Valse lupine [P.V. Aldrick]
» La marionnette prend des vacances ♥
» Adèle Méniant, une Marionnette dans une troupe d'Artistes...

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG :: Archives :: Affaires classées :: Administation :: Anciennes fiches-