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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise

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Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
Edward White

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MessageSujet: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeDim 22 Juin - 15:54


    Vingt heures sonnèrent et Edward pu mettre un point final à son tour de table. Reprenant le pli disgracieux d'une nappe, il vérifia d'un dernier coup d'œil que son établissement était fin prêt à accueillir les clients de ce soir, autant que l'évènement unique qui allait s'y dérouler. D'un signe de tête, il donna l'ordre à Snorri d'ouvrir les portes, reprenant une place plus discrète en cuisine qu'il ne quitterait qu'une fois la majorité des places occupées. Ses iris dépareillés glissèrent sur l'effervescence qui régnait déjà entre les marmites et les casseroles, Lûka ayant prévu comme plat du jour un tournedos de magret de canard dont le parfum lui chatouillait le nez depuis presque une heure à présent. Se penchant au-dessus du chef, il s'assura que tout soit prêt dans les temps, ajoutant judicieusement :

    « Je devrais peut-être goûter pour m'en assurer ?
    Edward, votre estomac vous perdra. Faites-moi confiance, tout sera prêt pour les premières commandes et, s'il vous plaît, sortez de ma cuisine, vous stressez mes commis. »

    Le patron du Lost Paradise se redressa, abandonnant au passage un jeune cuisinier qu'il tentait de soudoyer pour avoir le droit à un tranche de magret, et c'est arborant le sourire le plus innocent du monde qu'il retourna en salle où il découvrit avec joie la moitié des tables occupées. L'une d'elles, située au premier rang, attira d'ailleurs particulièrement son attention. Changeant de cap, il fit un détour au bar où il demanda deux verres de leur meilleur brandy, avant de rejoindre d'un pas léger Gaudefroy Chaummont, préfet de police et habitué de son établissement à qui il offrit sa seconde coupe, pour finalement s'installer en sa compagnie. L'ancien agent l'observa en détail, puis le remerciant d'un signe de tête, il demanda sur son ton neutre habituel :

    « Vous faites le service maintenant M. White ?
    Uniquement pour les hôtes de qualités, rassurez-vous.
    J'en serais presque touché, répliqua Gaudefroy en portant le liquide ambré à ses lèvres. Puis posant ses iris couleur des glaces sur son interlocuteur, il reprit : Et pour nos affaires ?
    Tout est en place, il n'y a plus qu'à attendre. Vous devriez profiter du spectacle.
    Bien. »

    Le silence retomba sur leur table tandis que le présentateur habituel prenait place sur scène sous les applaudissements, annonçant les numéros pour la première heure de spectacle. Edward en profita dans un calme tout relatif, son regard ne cessant de parcourir l'assemblée lorsqu'il ne prenait pas le temps de se retourner pour jeter un coup d'œil à un retardataire que son chef de salle conduisait aux tables libres. Ce comportement sembla agacer Gaudefroy, qui lâcha d'une voix glaciale :

    « On dirait un enfant qui meurt d'envie de sortir de table. Ma présence vous ennuie-t-elle à ce point ?
    Pas le moins du monde, s'empressa de rectifier le loup qui reprit une posture plus convenable. Mais je n'ai jamais été de nature très patiente.
    Faites une exception pour ce soir White. Nous ne jouons pas. »

    Edward leva les yeux au ciel avant de s'adosser à sa chaise avec son maintien habituel. Il termina son verre, en commanda un second avant de se raviser, préférant demander à ce qu'on leur apporte de quoi manger.

    Il était neuf heures dix lorsqu'Andréa les servit. Edward le remercia et récupéra un petit bout de papier plié avec soin que l'on avait déposé sous son assiette, et ce, comme convenu quelques heures plus tôt. Gaudefroy ne le quittait pas des yeux, les veines de son cou saillantes sous l'effet de sa nervosité soudaine. Avec une discrétion toute calculée, Edward le consulta, abandonnant à voix basse alors que son regard rejoignait la danseuse en pleine représentation qui leur faisait face :

    « Table 27. »

    Aucun d'eux ne bougea. Fixant la scène avec un calme apparent parfait, ils terminèrent leurs plats comme absorbés par les mouvements gracieux d'une nymphe sur le rythme soutenu d'un morceau de piano. Il prit fin en même temps que l'immobilité des deux hommes, le préfet cherchant des yeux en premier, la place indiquée, imité quelques minutes plus tard par Edward qui s'étonna d'une voix que seul son acolyte pouvait percevoir :

    « Je le voyais plus grand.
    White... Soupira Gaudefroy qui n'avait pas réussi à retenir son désarroi. Ne vous fiez pas à la taille voulez-vous. Ce ne sont pas les araignées les plus grosses qui sont les plus venimeuses.
    Vous marquez un point.
    Et puis, M. Moissat à l'air très sûr de lui. C'est un fait à... »

    Ils furent interrompus par un applaudissement plus bruyant que les autres qui força la sale entière à se retourner. Le visage du préfet de police sembla perdre brièvement son impassibilité, lorsqu'ils en découvrirent la cause, une fossette ayant creusé son menton, accompagnant la moue de frustration qui pinça ses lèvres. Au fond de la salle, un homme au physique d'Apollon poursuivait ses louanges avec entrain, heureusement coupé par la tombée du rideau et la préparation du numéro suivant. Edward haussa un sourcil, reportant son attention sur la scène avant de constater dans un sourire :

    « M. Levallois est toujours aussi enthousiaste.
    Un peu trop à mon goût, même placé près de la sortie il reste plus bruyant que la salle réunie. C'est à se demander comment cela est possible.
    Et dire qu'il est le plus naturel du monde… »

    Cette interruption n'eut que peu d'influence sur le reste de la clientèle et de nouveaux arrivants ne tardèrent pas à prendre la place de ceux quittant les lieux, de sorte que jamais le cabaret ne désemplissait de trop. Levallois marquait toujours autant d'engouement au spectacle, mais les autres spectateurs avaient l'air de s'y faire. L'homme étant un habitué beaucoup avaient déjà eu affaire à son style très... démonstratif, si bien que la suite de la représentation se passât sous les meilleurs auspices.

    Il était vingt-deux heures lorsqu'Andréa apporta les desserts à ces messieurs, non sans l'accompagner d'un nouveau morceau de papier, que Gaudefroy consulta cette fois-ci en premier, avant de le donner à Edward qui le lut à son tour en silence. Quinze minutes plus tard, alors qu'on les débarrassait, une seconde feuille atterrissait entre leurs mains :

    Premier message:

    Second message:

    Edward replia lentement le document avant de se laisser tomber sur le fond de sa chaise. Son regard parcourut brièvement la salle, s'arrêtant succinctement sur les sur les cinq lieux et leurs occupants avant de reporter son attention sur Gaudefroy. Le préfet semblait en pleine réflexion, mais compte tenu de l'heure, le loup-garou jugea prudent de l'en tirer :

    « Je n'aurais pas cru que M. Moissat aurait un tel succès, ni que votre homme serait si efficace.
    Moi non plus, mais il semblerait qu'il ait davantage d'influences que ce que notre enquête avait laissé entendre. M. Moissat j'entends, pour Levallois…
    Voulez-vous attendre ?
    Non. Nous savons tout ce qui est nécessaire. Allez-y. »

    Edward acquiesça. Quittant sa chaise après la fin d'un numéro d'acrobaties, il rejoignit les cuisines où il félicita Lûka pour son délicieux tournedos avant de déposer une tarte aux pommes sur le plateau d'Andréa, lui recommandant d'aller la porter à l'énergumène enthousiaste qui tenait la table près de la sortie de la salle de spectacle. Le louveteau s'exécuta dans la seconde, laissant son oncle patienter le plus sereinement possible dans les coulisses culinaires de son établissement. Le jeune homme revint quelques minutes plus tard après avoir fait le tour de son service, confirmant que la livraison avait été faite. Retenant son souffle, son oncle observa la pièce au travers de l'un des hublots, son regard sillonna la salle à une rapidité folle, pour s'arrêter uniquement sur la place occupée par Levallois. Il constata avec satisfaction qu'elle était vide.





Intrigue | Du rififi au Lost Paradise ?




Vous l’avez compris, quelque chose se trame au cabaret du Lost Paradise, quelque chose en lien avec cette affaire qui accapare la capitale et fait couler l’encre de nos journalistes. Ainsi l’intrigue suit son cours, vous invitant à participer à son évolution.

Depuis le dernier rassemblement planifié au cabaret, beaucoup de rebondissements ont eu lieu, de nouveaux meurtres, mais aussi des évènements plus mystérieux sur lesquels la police n’a pas d’explications. Vous avez eu accès à presque tous ces éléments. En effet, l’un d’eux vous a été dissimulé coûte que coûte : il s’agit de la découverte de la carte de visite sur les lieux du dernier meurtre. En conséquence de quoi votre présence au cabaret peut-être fortuite, ou motivée par votre propre petite enquête si vous savez que le représentant le plus influant de la police, soit le préfet, a l’habitude de s’y rendre, ou autre. Toujours est-il que vous êtes là, comme artiste, employé ou client.

Cette soirée se déroulera en deux temps. Le premier durera environ 2 semaines (à cause de la Japan Expo et des examens, qui occupent et occuperont certains d’entre vous une bonne partie du temps), le second une. Lors de chacune de ces parties, vous pourrez poster autant de fois que vous voulez, sans ordre précis. Le tout étant de prendre en considération les postes de chacun.

Dans un premier temps, nous vous laisserons vous plonger dans le bain de la soirée, et en tant que rôliste, vous remémorer les différentes informations liées à l’intrigue. Pour une cohérence parfaite, nous vous demandons de "stopper"votre RP au plus tard à 22 h 15 (heure dans le texte). Pour le reste, vous êtes libres de décrire votre journée comme vous l’entendez, en rappelant aux clients que si le Lost ouvre ses portes à 20 h, vous êtes libres d’arriver plus tard. N’hésitez pas à interagir entre vous, à développer les réflexions de votre personnage, discuter, ou simplement profiter du spectacle.

Vous avez jusqu’à dimanche 6 juillet, au soir, (date sous réserve de modification) pour participer à cette première partie. Suite à cela, s'en suivra une surprise dont nous tairons le moindre détail jusqu’au moment venu, en souhaitant qu’elle vous plaise ~

Nous espérons vous voir nombreux à participer. Nous ne vous tiendrons pas rigueur du nombre de mots tant que vos interventions restent constructives o/

Retrouvez tout le récapitulatif de l'intrigue ici !
Et n'hésitez pas à contacter le Staff pour toutes questions !

Serez vous de la partie ?


Dernière édition par Edward White le Lun 7 Juil - 6:29, édité 1 fois
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Valentine Lefevre
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeMer 25 Juin - 21:34

La journée déclinait lentement quand Valentine lâcha son stylo, s'étirant longuement sur sa chaise. Son article était finit, enfin ! Elle afficha un grand sourire satisfait.
Se levant, elle ramassa son papier et s'empressa d'aller le confier à un collègue qui s'occupait de la relecture et de la composition du journal. Sagement elle le laissa lire et fut ravie de constater qu'il approuvait son texte, la laissant ainsi pendre congé. Enfin un peu de repos !
Retournant à son bureau, elle ramassa sa besace et commença à ranger ses affaires, comme le ferait une élève disciplinée, sous le regard amusé de Loki, arborant son apparence humaine.

Depuis quelques jours, elle était parvenue à convaincre ses collègues qu'il s'agissait d'un cousin belge fraichement arrivé en ville, et qui s’intéressait au journalisme. Et beaucoup s'était même mit à l'appeler le "petit nouveau" ou "l'assistant malchanceux". Mais le dernier surnom n'était surtout là que pour taquiner la rouquine qui prenait toujours la mouche en l'entendant. Comme si être en sa compagnie était désagréable ! certes elle l'emmenait sur des scènes de crimes répugnantes et autres lieux fort déplaisant, mais c'était son job, non ?
Elle était incomprise...


"Tu as terminé ?"

"Yep ! Et ça m'a donné une faim de loup. On va manger quelque part ?"

"Laisses moi deviner: Au cabaret ?"

"Il y a bien d'autres lieux sympa pour manger, mais c'est sur le chemin. Et puis on va peut-être croiser quelques amis, huhu..."

Loki l'observa un moment, ses yeux brillant comme des rubis. Il hésitait. Il n'aimait pas vraiment aller là-bas ces derniers temps. Trop de non humains. Mais il devinait parfaitement que cette remarques finirait aux oubliettes s'il l'évoquait. Il l'avait déjà fait et la seule réponse de la journaliste avait été qu'il y avait longtemps qu'elle se demandait s'il y avait vraiment des personnes complétement humaines à Paris, malheureusement trop habituée à croiser des individus surnaturels.
Après cela, il n'avait pas put retenter sa chance, sentant très bien qu'elle lui répondrait toujours la même chose.
Il finit alors par acquiescer, un peu par dépit. Même si cela ne l'enchantait pas, il préférait quand même la suivre. Depuis le fâcheux épisode de la ruelle, il refusait de la laisser seule un seul instant.

Ils quittèrent les bureaux du journal tous les deux, d'un pas rapide, quelques nuages les effrayant légèrement. Pourvu qu'il ne se mette pas à pleuvoir !
Mais heureusement, rien ne leur tomba sur la tête et ils arrivèrent au cabaret sec et à présent affamés.
Ils demandèrent une table et purent s'installer rapidement, étant entré dans  les premiers clients. Il n'était pas si tard que cela en réalité. Mais le travail creusait l'appétit, qu'on se le dise !

Les numéros de danse défilaient déjà sur scène quand leurs assiettes furent déposées devant eux. Le plat était chaud et savoureux, à s'en faire saliver. Et la boisson sucré qu'ils buvaient pour accompagner leur titiller les papilles. Ce n'était pas désagréable finalement, pensait Loki.
Il observait la foule avec curiosité, jusqu'à tomber sur Edward, occupé à parler à un homme d'âge mûr. Il ne le connaissait pas, mais avant qu'il n'eut l'occasion de demander, la voix de Valentine lui répondit doucement et professionnellement.


"Il s'agit de Gaudefroy Chaummont. C'est le préfet de police... Ou plus simplement le patron d'Aldrick si tu veux... Ce n'est pas la première fois que je le vois venir ici. Mais j'ignorais qu'il était en si bon terme avec Edward."

"S'il est le supérieur d'Aly, c'est qu'il s'agit de quelqu'un de puissant, non ?"

"Ouais, on peut dire ça. Mais c'est un glaçon ambulant. Il est du genre à rire quand il lui tombe à œil... Un simple conseil, si tu as besoin de consulter un policier et qu'Aldrick n'est pas là et que le vioque passe devant toi... Privilégie quand même Billy ou Jean. Sa rigidité m'agace, je ne lui fait pas confiance personnellement. Après ce n'est que mon avis."

"J'en prend note... Hey, ne vole pas dans mon assiette !"

Lâchant enfin le duo du regard, il venait de s'apercevoir que sa maîtresse avait profité de son manque de vigilance pour grignoter quelques morceaux de pommes de terre qu'il n'avait pas mangé. Il la sermonna en vain, la miss semblant s'amuser énormément de son larcin.
Quand elle disait qu'elle était affamée, elle ne mentait jamais...
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeJeu 26 Juin - 22:34

[Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise Tumblr11



C’était un jour mitigé pour la capitale. Un jour semblable à tant d’autres jours. Le quartier de la Goutte d’or, quartier populaire non loin de Montmartre, était devenu un des coins phare de notre matou. Pourquoi donc ? Parce que c’était le quartier des immigrés, des étrangers et surement parce qu’effectivement le mot populaire sous entendait « ouvriers » « gens du peuple » « miséreux », les petites gens quoi. C’était pauvre comme quartier, pour sûr que le monsieur Haussmann n’avait pas fait des miracles ici. ça sentait mauvais le rat crevé, le chien mouillé, la rouille, le poisson et la peinture moisie avec son bois pourris par la flotte et les ans. Ça sentait pas mal l’alcool aussi, c’est les gens qui sentaient l’alcool. Mais ces gens de rien comme on dit, ils sont eux aussi des sortes de héros, ce quartier est, en tout cas sera, une petit légende, pour ceux qui savent lire et qui se sont procuré les livres de monsieur Zola.

Un même livre de ce monsieur Zola reposait sur la poitrine d’un homme endormi, l’objet se baissant et se soulevant au rythme de sa respiration. Entre les doigts de l’homme barbu qui tenaient la couverture, on pouvait lire le titre « L’assommoir ». C’était dans l’coin ça, ça vous parlait des gens d’ici et de leurs problèmes d’alcool. Un cadeau de Lizzie ce bouquin, avec une petite note à l’intérieur

« en espérant que tu forceras moins sur la bouteille vieux grincheux. »

Bon, c’est vrai que le chat était du genre a consoler son café mais tout de même !
Bien sûr lire un livre en français n’était pas chose aisée pour notre Irlandais préféré, mais il s’y efforçait, prenait son temps pour déchiffrer cette langue qui ne lui était pas vraiment familière, et se laissait porter par l’histoire de ces pauvres gars, qui lui étaient si familier puisqu’il côtoyait leurs sosies tous les jours. Au final, même si c’était avec lenteur, il se laissait happer par la lecture.
Mais en sa qualité de chat toujours ensommeillé il avait bien fini par s’endormir sur le banc, le livre ouvert sur la poitrine, son chat paresseusement allongé sur ses jambes, nullement gênés par les deux autres vagabonds qui jouaient aux cartes assis à ses pieds.
Un après-midi tranquille et pourtant légèrement agité, un petit marché avait pris place rue Saint-Luc, juste en face de la chapelle. Rien de bien folichon, quelques étoffes à vendre, des livres de gares, des fruits, des légumes et quelques poulets. Mais c’était un de ces petits endroits où les gens venaient marchander, discuter, cancaner. Le meilleurs endroit pour en apprendre sur les nouvelles rumeurs du quartier c’était bien sûr le marcher. Les commères s’agitaient et piaillaient

« t’sais pas la dernière Marise ? parait qu’l’poltron du café Clement s’est tiré avec la petiote du boucher »
« de’ dieu ! la p’tite Sylvaine ? Crois-moi qu’la gamine restera pas longtemps avec ce nigaud, c’lui-la il a une écrevisse dans le vol-au-vent ! »
« pour sûr, elle r’viendra chez elle en pleurnichant. C’est l’pauvre papa qui va raquer. »


Et les mères criaient après leurs gosses, et les marchands braillaient gaiment a qui a la meilleure bricole, et les poulets dans ce concert avaient cru bon de cocotter comme il se doit. Un joyeux bordel des fins d’après-midi en somme.
Même nos trois crève-la-faim dans leur coin s’étaient abandonnés à la quiétude de ce moment, deux jouant aux cartes pendant que le dernier pionçait. C’est que le jeu du chifoumi-7familles-poker était très populaire. Quoi ? vous ne connaissez pas ? Voyons pourtant c’est le jeu phare de la société en ce moment, une nouvelle folie du baron des jeux d’argent, bien qu’ici la partie restait purement amicale.

« Ciseaux » Lança un homme qui tenait un saxophone contre lui, tout en abattant ses cartes

« Crevard ! Ernie, tu fais toujours Ciseaux ! » Répliqua un jeune brun.

« hééé, mais j’oublie les autres »

« c’est ça ouais ! dis plutôt qu’tu triches ! t’as pas intérêt d’m’rouler, si on jouait pour de l’argent j’te préviens qu’tu raquerais l’vieux. »
Commença à s’énerver le plus jeune, voulant se montrer imposant. Mais c’est ce moment que choisit son estomac pour se tordre en de barbares borborygmes cassant ainsi son petit effet, si effet il y avait, et provoquant le rire de son vis-à-vis au saxophone. A celui-là se rajouta le rire moqueur et franc, si caractéristique de notre matou, qui lança, les yeux toujours fermés:

« hey Benjie, on croirait presque qu’t’as envie d’affuter les meubles ? »

« On ta pas sonné le vieux, retourne faire une partie de traversin tu veux ? »
Répliqua ce Benjie, sa phrase à nouveau suivie d’un gargouillis, qui fit rire de plus belle ses deux ainés.

« hola hola, calme le monstre nabot. Si ça t’dis j’te paye un truc dans l’brocard du coin ? Llewyn tu viens avec nous ? »
Lança le saxophoniste en se levant.

« nan, sans moi pour le bourreboyaux »

« ah oui, c’est vrai que mister O’Malley ne fréquente plus les petites gens, Monseigneur l’archiduc D’Irlande a ses tickets pour les Cabarets, LE Cabaret même… Dis, y’a pas une minette dont tu nous a pas parlé pour que tu y aille aussi souvent ? pour sûr qu’Elsa doit savoir un truc… »
Lâcha l’homme au saxophone en s’éloignant avec le plus jeune.

« T’sais quoi Ernest ? Va crever sale fripouille ! » Cria le chat en souriant.

C’est vrai qu’il allait souvent au Lost Paradise, non pas que ce soit le meilleurs des endroits pour boire, et ce n’était surement pas le moins cher. Mais il y appréciait l’ambiance et les gens, chose qui était rare chez lui : apprécier les gens. Mais au final, il trouvait toujours quelqu’un avec qui discuter et arrivait souvent à se faire offrir un coup à boire en regardant les numéros, et même le simple fait d’aller discuter avec sa petite pomme suffisait a le distraire.
Oui, la distraction, la divertissement, tout ce qui pouvait chasser l’ennui de ce voyageur invétéré était bon à prendre, et le cabaret excellait en ce domaine.
Et, il était vrai que cela faisait déjà un petit moment qu’il n’y avait pas pointé ses moustaches, trop occupé par des choses et d’autre au sein de la société et à son compte. Peut-être était-il temps qu’il aille donner signe de vie ? A son tour son ventre se mit à gargouiller. Ah, effectivement et peut être même qu’il arriverait à se faire payer quelque chose à manger ?
Il regarda la grande horloge qui ornait le haut de la chapelle. hum il était déjà tard et le cabaret était un peu loin d’ici à pied, de l’autre côté de la seine. Enfin lorsqu’on connaissait chaque petit raccourcis et chaque ruelles à couper, les distances étaient bien relatives, avec un bon pas il y serait aux alentours de 21h.
C’était décidé, le matou se mettait en marche. Il réveilla le chat qui dormait toujours sur ses genoux et s’étira longuement en baillant. Récupérant sa guitare qu’il avait laissé à côté de lui, il se mit en marche en fredonnant le chat trottinant à ses côtes, pour une fois il n’était pas vraiment de mauvaise humeur.


Comme prévu il arriva à 21 heures au cabaret. Poussant la porte du lieu, il intima au chat de rester dehors, à l'abris dans une corniche du mur où la chaleur des cuisines venait chauffer la pierre. Il ne valait mieux pas que son compagnon a poil roux se balade au milieu de légendaires, et ici il serait au chaud pour une sieste, et puis Llewyn lui ramènerait bien quelque chose de gout a se mettre sous la dent.
En entrant il se laissa un instant envahir par les odeurs de nourriture, les cris en cuisine, la musique et les bruits de parlotte de tous les clients. Un joyeux brouhaha à vous en réchauffer le cœur. De tout ce bruit on pouvait dénoter une voix plus forte que les autres, plus enjouée. Llewyn tourna la tête d’un bloc pour observer cet homme qui battait des mains comme un gamin, pour applaudir plus fort que toute la salle. Il haussa un sourcil en souriant, drôle d'énergumène.
Marchant entre les tables il scruta la salle de ses prunelles fendues par ses iris, les lumières avaient beau être tamisées sa vision de chat lui permettait cependant de distinguer tous les visages et chaque détails du lieu. Il passa devant le grand manitou du cabaret, White, un autre type qui empestait le loup. Le chat n’arrivait pas trop à le cerner, et avait cru comprendre que tout le monde avait du mal à comprendre ce personnage. Dans le doute il le salua discrètement, relevant son chapeau imaginaire. Il ne savait pas si le brun aux yeux vairon l’avait remarqué en scrutant la foule, mais tant pis, cela n’avait pas grande importance.
Puis, deux bouilles familières vinrent en sa ligne de mire. La délicieuse Miss la fouine et le Feckin’ clebs étaient attablés en amoureux devant des assiettes qui ma foi avaient l’air fort appétissantes.
C’est là qu’être un chat pouvait s’avérer être une qualité géniale, pouvoir se déplacer silencieusement et presque effacer sa présence aux autres. Bien sûr il ne doutait pas que l’odorat du chien aurait vite fait de le repérer, mais vu qu’il était en train de sa chamailler avec la jolie rousse et que l’agitation et les odeurs ambiantes pouvaient vous embuez la truffe pendant quelques instant, le chat avait bien envie de tenter le diable, le tout était d’être rapide dans son méfait, et plausiblement dans la fuite.
S’approchant furtivement il chaparda une fourchette sur une table non loin d’eux et se dirigea a pas de loup ( quelle ironie ) vers la table de ses deux amis. Il arrivait dans le dos de loki et mit un doigt sur sa bouche en souriant pour intimer à Valentine de se taire et, pourquoi pas de l’aider.
Et soudainement, avec des geste rapides et précis, il chaparda à l’aide de la fourchette une bonne partie du contenue de l’assiette. Il prit ses aises et s’assit à leur table, sachant pertinemment que cela ne les gênerait nullement, en tous cas que cela ne gênerait nullement la rousse et que dans ces cas la loki n’avait pas vraiment son mot à dire.

« Hello Beau brun, milady, ça faisait un moment » lança t- il a ses deux amis. Il renifla un peu l’air et observa la salle en quête de visage connus « c’est plutôt bon ce que tu manges l’amis, mais je vois que je suis pas le seul qui t’empêche d’en profiter héhé… »




June Ravenclose
Le chant du cygne
June Ravenclose

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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeMar 1 Juil - 18:47

Le Lost Paradise était réputé pour toujours accueillir beaucoup de clients pour les spectacles d'une qualité qu'on ne trouvait nulle part ailleurs, mais cette fois, l'agitation était pire que jamais, tant parmi les spectateurs que le reste du bâtiment. Et pour cause ! Le préfet de la police était présent parmi les clients venant se divertir alors que celui que l'on surnommait le tueur des pêches capitaux courrait toujours ! Le but caché par une telle présence attirait forcément la curiosité. Tous les employés étaient donc à leur poste à cause du nombre plus nombreux de clients, prêts à répondre à toute éventualité. Cela comprenait évidemment June, qui était prête à chanter dès que son tour serait venu. En attendant, elle devait rester dans les coulisses, et cela l'ennuyait beaucoup. Edward se trouvait au premier rang, tout près du préfet même s'il s'agissait d'un habitué des lieux, et leurs regards se tournaient vers divers points de la salle, même s'ils n'y restaient que quelques secondes. Quelque chose se tramait, c'était sûr et certain ! Malheureusement, il était impossible pour la blonde de quitter son poste. Ce serait décevoir tous ceux qui, dans le public, attendaient sa performance avec impatience. Et à voir les bouquets de fleurs qu'elle recevait chaque soir, ils étaient nombreux, même s'il n'y en avait que deux qui avaient vraiment attiré son attention jusqu'à présent...

Les acrobates quittèrent la scène et c'était enfin au tour de la petite humaine au cœur fragile de prendre place sous le projecteur. Tournoyant dans une valse éphémère, sans partenaire, ses pieds semblant toucher à peine le sol sous sa robe blanche, sa voix aiguë au léger trémolo calmait les cœurs avec la douce berceuse que June avait choisi d'interpréter. Le morceau terminé, elle fit une révérence élégante sous les applaudissements en guise de salut avant de se diriger vers la sortie. Ces mélodies ne duraient que quelques minutes, mais la jeune médium en ressortait toujours fatiguée, non seulement à cause de l'effort combiné de la danse et du chant, mais parce qu'elle mettait tout son cœur, et toute son âme dans ses numéros. Alexander pourrait peut-être lui offrir une boisson un peu plus forte cette fois pour qu'elle puisse se joindre à l'animation de la salle, serrer quelques mains, et enfin rencontrer quelques-uns de ses fans... Ou de ses critiques. En général, elle n'osait pas, par crainte que la fatigue crée une crise d'angoisse, mais il s'agissait d'une occasion toute spéciale, alors c'était l'occasion ou jamais...

June se rendit donc à sa chambre pour se changer et mettre une robe beaucoup plus simple, ainsi qu'une veste sur ses épaules, gardant seulement son chignon intact. Elle descendit l'escalier avec enthousiasme, prête à retrouver la porte menant à la salle des spectacles. Cependant, un obstacle se dressa sur sa route, qu'elle ne pût voir à temps pour l'éviter, trop prise dans ses rêveries du moment. Une petite chaise se trouvait au bas des marches, abandonnée là par son propriétaire qui en avait eu assez d’attendre peut-être, préférant rejoindre la salle de lui-même, ou arpenter les couloirs selon la personne, et ce qui devait arriver arriva, un terrible choc. Elle poussa un petit cri de surprise et son visage alla rencontrer le sol. Une chose était sûre. Sa cheville lui faisait mal, tordant son visage en une horrible grimace, pas un son ne sortant pour autant de sa gorge pâle, la douleur n'étant pas insupportable. Cependant, si personne ne venait l'aider, elle devrait rester là comme une pauvre poupée de porcelaine brisée, n'ayant pas la force de se relever. La question se posait néanmoins. Tout cela était-il le fruit d'un oubli malheureux, ou d'un geste intentionnel ? Cherchait-on à détourner l'attention d'Edward et de nombre d'autres personnes par le biais de la petite cantatrice, protégée de tous ? Dans un cas comme dans l'autre ... Le spectacle pourrait-il seulement suivre son cours une fois l'accident découvert ?

Pire encore. Avec un peu de chance, ce n'était au plus grave qu'une petite foulure, sous le poids de la chaise lui étant tombée dessus un moment par sa malchance ou par le faux mouvement fait pour tenter de rattraper sa chute, ou une douleur qui s'estomperait en une heure tout au plus, et elle guérirait ainsi bien vite, sans quoi son secret pourrait être menacé...
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeJeu 3 Juil - 3:44

Mes chaussures avaient disparu.

En voilà une situation des plus étranges. Moi-même je devais l'avouer. D'autant plus étrange au vu de l'endroit où je me trouvais, un bâtiment public, bien réputé de tous... Le Lost Paradise, où j'avais l'habitude de glander un peu, juste pour apprécier la musique. C'était aussi le lieu idéal pour faire des rencontres intéressantes, je crois bien, alors je continuerais de venir, même si je ne devais jamais y croiser mon ami le plus cher, ce qui était la raison de ma présence, au début. Je commençais en effet à croire que mes quêtes personnelles étaient vouées à l'échec, vu ma chance. Cela ne m'empêchait pas d'apprécier un bon spectacle, ne serait-ce que pour échapper à l'ambiance étouffante qui m'attendait à la maison.

Et pourtant, une fois assise à la place qui m'avait été assignée au milieu de la salle, me voilà prise d'un problème. Un regard pour parcourir la salle et découvrir les invités présents, et mes chaussures avaient disparu. Je les avais retiré quelques secondes parce que les talons aiguilles étaient toujours un peu douloureux. Quelqu'un pouvait-il les avoir volés ? En voilà une drôle d'idée. Ils n'étaient pas même particuliers, juste blancs pour accompagner joliment ma robe bleue pâle légère. Il aurait été bien plus judicieux de voler un bijou, ou encore une bourse. Dans ce cas, cette disparition était-elle l'acte d'un employé trop bien intentionné qui avait eu peur que quelqu'un ne trébuche sur mes escarpins ? Enfin. Créer des suppositions pareilles ne m'avancerait pas à grand-chose. Je choisis plutôt de me lever pour faire le tour de la pièce, avec l'espoir de les retrouver. Au moins, je n'étais pas pieds nus, grâce à mes petits bas de soie.

Je fis mon dernier arrêt au bar, chapardant quelques amuse-gueules au passage avant de m'asseoir sur l'un des bancs. Ni d'une ni deux, je commandais un verre d'un délicieux cocktail histoire de faire disparaître ce poids qui m'oppressait le cœur à présent. Si je ne retrouvais pas mes pauvres chaussures, je perdrais mon droit de sortir, pour manque de responsabilité ou toute autre raison qui semblerait bonne. C'était tellement injuste ! Ma frustration finit par se faire entendre, alors que je frappai du poing sur la table, et tant pis pour ma féminité délicate supposée. Je n'avais jamais été très à cheval sur les principes de toute façon. Que personne ne s'avise de se plaindre; même si je me doutais bien ne pas être la seule à avoir quelques soucis dans la pièce, cela avait été plus fort que moi, tout simplement.

« Ahhhh, ça craint ! Il fait froid en plus ! »

Alors, ne voyant pas d'autre solution à la situation, je me mis à manger mes émotions en attendant mon breuvage corsé, regardant la scène pour tenter de me calmer, ou que quelqu'un vienne me changer les idées, bien que pour le moment, les spectateurs semblaient préférer rester à leur table et attendre d'être servis plutôt qu'approcher le bar. À l'exception d'une jeune femme faisant des allers retours. Étrange. Me faisant un peu rêveuse devant l'une des danses sublimes présentées, je me mis à fredonner tout bas la mélodie qu'un jour, j'espérais que quelqu'un reconnaisse. Ou qu'elle puisse faire autant de bien à une autre personne qu'elle avait pu le faire pour moi, bien que ma voix n'avait certainement pas la force des notes d'un instrument...
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeJeu 3 Juil - 20:14


    Le jour même, en fin de matinée, dans le bureau d'Edward. Une grande discussion se termine.

    « Est-ce que tu as bien tout compris ? Tu en es certain ?
    Oui c'est bon. J'attends Snorri, puis vingt-deux heures et vingt-deux heures quinze, je m'en souviendrais.
    Et discrètement.
    Ce n'est pas parce que je suis un peu maladroit que je suis bruyant.
    C'est important.
    Tu m'énerves à la fin ! Pourquoi tu me le demandes si tu ne me fais pas confiance ?
    C'est plutôt parce que je te fais confiance que je te le demande. Je compte sur toi Andréa. »

    -----------------------------

    Le soir venu, peu avant 21 h 10, en cuisine.

    Les paroles de son oncle ne cessaient de revenir en tête du jeune loup, qui répétait, depuis une heure au moins, ce qu'il avait à faire. Comme à son habitude lorsqu'il était de service, il avait pris son poste dès 20 h, notant les commandes, ou déposant boissons et plats demandés. Il revenait d'ailleurs d'un tour de table plus pénible que les autres, une cliente difficile au visage de poisson lui ayant demandé d'énumérer chaque ingrédient sans parvenir à les retenir. Après avoir nommé trois fois la courgette, deux fois le navet, l'asperge, et la patate, puis six fois, oui six fois le radis, Andréa put enfin regagner les cuisines dans un état d'agacement profond, qui lui valut le sourire des commis et un mouvement de panique du chef cuisinier :

    « Pas un pas de plus ! Je sens le vent de la catastrophe dans tes pas.
    Mais j...
    Derrière la paillasse.
    Je peux prendre le plat au moins !
    La paillasse. »

    Andréa leva les yeux au ciel, mais obtempéra, connaissant assez Lûka pour savoir que même Cerbère ne défendrait pas mieux les lieux que lui, d'autant plus qu'il semblait avoir un don pour percevoir l'aura de poisse du louveteau. Une fois sa place retrouvée, le garçon attendit patiemment que l'on remplisse son plateau, non sans avoir le droit à plusieurs coups d'œil inquiets du marmiton qui fronçait les sourcils dès qu'il se proposait d'aider. Fort heureusement, l'arrivée de Snorri brisa cette atmosphère de suspicion croissante et offrit à Andréa l'occasion de s'illustrer. À l'arrivée de l'immense chef de salle, l'attitude de Lûka changea du tout au tout et il annonça immédiatement à ses subalternes de terminer deux entrées du jour et en vitesse, mettant en route l'implacable et efficace machine des commis du Lost Paradise. Un ballet de tabliers virevolta dans la pièce et une seconde plus tard, le plateau du jeune loup était débarrassé de ses anciens couverts remplacés par deux assiettes, une bouteille de vin, et un morceau de papier soigneusement plié que Snorri déposa sous l'un des plats. Andréa entra en scène.

    Premier acte de cette folle soirée. Le jeune homme s'extirpa de l'arrière-salle pour rejoindre les tables des convives, rejoignant d'un pas plus calme qu'il ne s'en serait jamais cru possible, l'endroit où son oncle était installé. Il y déposa leur commande et s'acquitta de sa mission avant de poursuivre sa route d'un naturel à toute épreuve. Summum de la perfection ou maladresse habituelle, il réussit même à s'empêtrer dans un tapis, récupérant de justesse son équilibre avant de prendre la commande d'un monsieur à la jolie moustache et de son épouse. Fier de lui au moins autant pour son rattrapage in extremis que pour la livraison parfaite de son premier service, il fut incapable de se détacher de l'immense sourire qui dessinait ses lèvres, repartant en cuisine le cœur léger.

    Et les minutes passèrent.

    Le temps passé gonfla d'adrénaline le cœur du louveteau qui prenait conscience, à chaque secondes de plus, que la machinerie mise en place par Edward pouvait se fissurer, et qu'il risquait lui-même de tout faire râter. De plus en plus nerveux à cette idée, il n'en gardait pas moins un aplomb singulier dès lors qu'il mettait un pied en salle. Maitrisant ses mains fébriles lorsqu'il installait ou retirait les couverts, pour les laisser paraître tremblantes dès lors qu'il gagnait l'abri des cuisines. Il venait à s'étonner lui même d'un tel sang froid.

    Vingt-deux heures.

    Il fit un tour de table, débarrassant plusieurs clients avant de s'arrêter prêt de Levallois, récupérant l'assiette de son entrée ainsi qu'un papier dissimulé sous celle-ci. Le cœur d'Andréa manqua un battement lorsque ses longs doigts entrèrent en contact avec le document. Il se sentit pris d'une angoisse soudaine, que dut percevoir l'auteur du billet, car il abandonna dans un sourire et d'une voix discrète :

    « Vous vous en sortez formidablement bien jeune homme. Détendez-vous. »

    Ces paroles rendirent un peu de contenances au jeune loup qui remercia d'un souffle son interlocuteur et rejoignit les cuisines. Il y eut là-bas un échange d'assiettes, vides contre pleines, et le louveteau retourna auprès d'Edward et de son camarade de table, distribuant à chacun leur commande et le message, avant de rejoindre de nouveaux clients tout justes installés. Revenant en cuisine, il s'accorda un temps de pause, craignant de ne pas réussir à assurer le troisième et dernier service « spécial » dont il aurait la charge dans quinze minutes. Snorri accepta sans difficulté et Andréa retrouva avec délice le silence des couloirs du cabaret que seules les lointaines discussions des artistes venaient troubler. S'adossant à l'un des murs, il ferma les yeux, inspirant profondément afin de se calmer lui et le loup qui l'habitait, ce dernier commençant à montrer des signes d'impatience.

    Puis, un bruit sourd le fit sursauter.

    Son regard parcourut l'allée sans parvenir à en distinguer la provenance avant qu'une faible lumière, venant du croisement qui donnait sur l'escalier des étages, ne l'interpelle. Perplexe, Andréa s'approcha, restant sur ses gardes dans la crainte qu'un client mal intentionné se soit faufilé jusqu'ici. À pas de loup, il gagna le couloir et tendit l'oreille percevant sans mal le son d'une respiration avant qu'une odeur particulièrement agréable, et non moins familière, ne lui caresse la truffe.

    « Mademoiselle June ? » Demanda-t-il en entrant dans son champ de vision.

    Effectivement, il trouva la belle chanteuse et dans une piètre position. La pauvresse s'était retrouvée le nez par terre, et ne paraissait pas pouvoir se relever. La présence d'une chaise, allongée sur le sol, et de deux chaussures blanches éparpillées un peu plus loin, lui indiqua la coupable de l'accident et c'est bien vite qu'il porta secours à la blessée. Redressant l'assise en chêne, il aida June à se relever et l'y installa, apportant au passage les chaussures avant de constater avec surprise que les deux pieds de la demoiselle étaient bel et bien vêtus.

    « Ce n'est pas à... »

    Un doute et il jeta un coup d'œil à la pendule. Voyant que son quart d'heure était bientôt écoulé, il coupa court à la conversation, s'excusa et se permit, le feu aux joues, de soulever la jolie blonde.

    « Je vous emmène juste au bar, c'est pour... Mettre de la glace sur euh... Votre pied. »

    En preux chevalier servant, il eut tôt fait de déposer June sur un des hauts tabourets près du comptoir, puis tournant sur lui-même, ne sachant que faire des chaussures qu'il tenait toujours, il se finit par déposer sur le premier meuble venu et annonça :

    « Faites demander quelque chose de froid peut-être, je ne sais pas si Dolores est là... » Puis remarquant l'insistance du regard de Snorri. « Je reviens. »

    Et le jeune homme fila.

    Comme pour la première fois, il fit le tour de la salle, servant plusieurs clients dont Levallois qui l'accueillit avec un sourire trop large pour être bienveillant. L'échange s'opéra, mais avant que le louveteau ne s'éclipse, un mot glissa entre eux :

    « Jolie brin de fille dis moi, et quelle arrivée. Tu sais y faire ~ »

    Si imprévisibles étaient ces mots qu'ils déstabilisèrent complètement Andréa dont la réponse fut un babillage incompréhensible, suivit de ce qui devait être une excuse. Il retourna promptement en cuisine, récupéra le dessert d'Edward et de son acolyte et les apporta aussitôt, sans un regard pour la pauvre June qui n'avait pourtant rien à se reprocher. Le message fut distribué, Andréa termina son tour de salle et retrouva la quiétude des cuisines. Il n'osa pas rejoindre le bar, préférant proposer son aide à la vaisselle, signe de son trouble. Edward, revenu en coulisse, l'en dispensa, lui demandant d'apporter son dessert à l'incorrigible Levellois, et ce, au grand damne d'Andréa. Le petit loup s'acquitta pourtant de sa tâche avec gêne, avant que le visage fermé du destinataire de la tarte aux pommes ne lui rappel l'enjeu de cette soirée, ce dernier ajouta justement dans un murmure :

    « Prends soin des dames mon garçon. C'est l'heure. »

    Alors, retrouvant un peu son sang-froid et le sens des réalités, le louveteau acquiesça. Il termina son tour de salle brillement et rejoignit June au bar, plus tendu que la première fois. Son regard parcourut la pièce, s'arrêtant de temps en temps sur un visage, et se remémorant les paroles qu'Edward avait eu le matin même. Il inspira. Ses iris noisette trouvèrent la jolie June et il abandonna sans plus d'explications :

    « Il faut surtout rester calme... »



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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeSam 5 Juil - 0:39


    Vous vous attendez peut être à l'entrée incroyablement charismatique tout autant qu'énigmatique de notre cher psychiatre, et bien il n'en sera point !
    NON !
    Marre de payer les intermittents du spectacle, les citoyens aléatoires sont en révoltes !



[nous interrompons momentanément notre écriture en nous frappant la tête à coup de grands classiques, de retour dans quelques instants]


    Pour ne pas changer de registre, Mortimer s'était toujours préparé à cette journée de manière absolument joviale. Un coup d’œil à sa montre et le rituel recommençait :
    Il enfilait un un haut en teint uni sobre (souvent noir), un pantalon simple et exclusivement noir s'accordant aux chaussures entretenues, pour finir un gilet refermé bouton par boutons. A ce dernier détail, remarquez qu'il a horreur de voir un fil dépasser et a déjà arraché tous les boutons d'une chemise par frustration, après avoir raté de couper le premier fil avec les dents. Selon ses conclusions purement esthétiques, les chemises étaient comme des puzzles, vous ne pouvez supporter de voir une pièce manquante, autant qu'il n'y en ait donc pas.

    Bref, une journée comme les autres ?
    Pas si l'on en croit l'air enjoué (oui oui vous avez bien lu) du psychiatre ce soir là. Les patients étaient entrés et sortis comme des petits pains à 6h du matin dans la boulangerie de votre rue. Mais la femme de ménage qui avait interdiction formelle de faire une once de rangement dans le bureau de Mr Adams fut forcé de constater avec horreur que ce dernier riait seul dans son bureau. C'était en un effet un de ses rares moments où Mortimer passait une excellente fin de journée.
    Pourquoi ce petit rire en fin de service me direz vous ?

    La réponse est bien simple, la surprise ! Un événement qui allait sortir Mortimer de sa lassitude quasi constante : une soirée d'étude au cabaret.
    Il pourrait certes paraître étrange aux premiers abords qu'une telle idée masochiste naisse dans l'esprit tordu du psychiatre (ou pas), cependant pas sans les faits suivants :

    - Cela faisait deux semaines que Mortimer enchaînait les journées classiques et les résolutions classiques : "vous faites une projection inconsciente de votre fils sur ce chien"

    - Depuis qu'il a été contraint de se déguiser en chat une salle humeur (bien pire) sévissait au sein du service psychiatrique.

    - Une nouvelle patiente révélait des faits/hallucinations bien intéressants dans un lieu tout aussi attrayant : le Lost Paradise.

    Vous n'êtes pas sans connaître l'amour que porte Mortimer envers son directeur, aussi une occasion de fouiner et d'avancer sur sa folle théorie d'un monde aux lois différentes ne pouvait pas être délaissée.
    Le psychiatre ferma donc à clé et se dirigea presque (je dis bien presque) trottinant vers la sortie de l'établissement, vers la ville, vers le paradis perdu.

    -----------------------------------------------------------------------------

    Lorsque Mortimer entra, le spectacle et ses numéros avaient commencé et beaucoup de personnes étaient attablées et applaudissaient les artistes.
    Le psychiatre avait retenu certaines têtes me se garda bien d'entrer en contact avec elles, d'une part parce qu'il voulait rester discret, d'autre part parce qu'on ne peut étudier à côté de voisins un peu trop intéressés parce que vous écrivez dans votre carnet.

    Le jeune Adams choisit (entendez par là : négocié) une table seule en fond de salle, un long canapé de mur lui servant de siège. Quelques tables plus loin se trouvait néanmoins l'un des êtres humains les plus intéressants de cette terre.
    Non, il ne s'agit nullement d'Edward White pour une fois, ou l'étrange apparition d'un membre éminent de la police, mais de Alice Lindel.

    * Que fera-t-on d'elle ? *

    Depuis son "poste de surveillance" Mortimer avait une vue particulière de la salle et de la scène. Il avait cru apercevoir son meilleur ennemi entretenir des discussions peu rassurantes mais son attention fut distraite par le bruit ambiant et l'étrange détresse dans laquelle se trouvait l'objet de son étude.

    En effet, après deux passages de serveurs et quatre têtes mal penchées, Mortimer aperçu des regards un peu étourdis vers ses pieds. Cette enfant n'avait pas de chaussures ... Mais dans quelle histoire s'était-elle encore fourrée ? Visiblement agacée, Alice frappa du poing et il pu lire sur ses lèvres un mécontentement manifeste. La situation amusait beaucoup Mortimer et il en eut un petit rire sardonique.

    L'idée d'intervenir lui traversa l'esprit, mais il était bien plus amusant de voir comment elle allait s'en sortir, après tout c'était le moment d'apprécier les non-efforts de leurs séances !
    Une tête que Mortimer n'arrivait pas à replacer entra en dans son champ de vision. Il lui semblait qu'il l'avait déjà vu quelque part, mais où ? Et surtout quand ? Cela était récent il en était certain. Quoi qu'il en soit, un autre sourire aborda son visage lorsqu'il perçu la maladresse et la gêne évidente de ce serveur qui tenait une paire de chaussures abandonnées.

    Mortimer l'observa à tour de rôle lui et Alice et lorsqu'il vit ce garçon qu'il avait vu aux côtés d'Edward (ça y 'est il s'ne souvient maintenant !) déposer les chaussures aléatoirement sur un meuble Mortimer s'empressa de partir martyriser sa victime préférée.

    Il se leva de manière féline, rangea son carnet et son stylo à leurs places respectives puis, comme dans un flottement, s'empara des chaussures perdues. Il tenta d'être le plus discret possible en s'accordant aux mouvements des serveurs et de quelques clients qui avaient la bougeotte. Si on ne connaissait pas Mortem, on aurait pu penser à un voleur aux tour de passe-passe plutôt expérimentés. Cette attitude presque filoute pourrait actuellement transmettre un grain de frayeur dans le coeur des membres du service psychiatrique ... Fort heureusement pour eux, ces derniers ne sont pas là.

    Mortem se permit d'emprunter une place au banc d'Alice qui semblait attendre une boisson en guise de réconfort les yeux perdus vers la scène.
    Il profita de l'effet de surprise pour tendre les chaussures à Alice tout en ajoutant une petite réplique en guise de bonsoir :

    " Dîtes-moi, cela vous arrive souvent de jouer les débauchées juvéniles au Lost Paradise ? "



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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeSam 5 Juil - 17:42

June ne savait pas quoi faire. Si elle élevait la voix, serait-ce suffisant pour qu'on l'entende ? Sous la musique battante, il faudrait probablement attendre la sortie du prochain artiste avant de pouvoir se relever... À moins qu'un homme ne se décide à se diriger vers le fumoir, et il faudrait alors espérer qu'il s'agisse d'un gentleman. Une voix s'éleva malgré tout bien vite près d'elle, l'interpellant. Ah ! Andréa ! Mais bien sûr. L'homme à tout faire du cabaret devait faire des rondes régulières chaque jour. Elle lui adressa un regard reconnaissant une fois dans une position un peu moins désagréable pour sa jambe. Mais en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, la voilà partie en direction du bar dans les bras de son sauveur... Ah oui. Un peu de froid. Logique. Ils utilisaient parfois des glaçons pour conserver les boissons au frais, non ? Cela devrait faire l'affaire. Andréa s'excusa alors, il devait partir. Un instant ! Il n'allait tout de même pas prévenir le patron de la situation ? Dolores avait bien droit à une pause de temps en temps, et puis, ce n'était sûrement pas bien grave, juste un choc. Pas de quoi en faire une montagne, bref. Tout comme avertir les autres artistes de rester aux aguets serait inutile, puisque tout ceci était le résultat de sa maladresse.

— Attends...

Mais il était déjà reparti avant quelle n'ait terminé, la laissant surprise. Même s'ils se parlaient peu souvent, puisqu'ils avaient tous deux un emploi du temps plutôt chargé, il lui avait toujours semblé être un gentil garçon... Bon, tant pis, elle se débrouillerait toute seule ! On ne pouvait vraiment compter que sur soi-même. Se retournant vers le barman en un soupir, elle lui demanda les glaçons en question, qu'elle enveloppa de son mouchoir avant de les déposer sous son pied déchaussé. Voilà qui était déjà mieux. Dommage pour son plan de départ, par contre... La petite blonde ne pourrait pas marcher avant un certain temps, à moins de vouloir endurer une douleur tenace. Et d'aggraver sa blessure par le fait même. Il faudrait attendre, pour voir si quelqu'un oserait l'approcher. Ou alors, peut-être pourrait-elle tenter de faire la conversation à cette demoiselle assise un peu plus loin ?

À vrai dire, elle ne resta pas seule bien longtemps. Quelques minutes plus tard, Andréa était de retour, après avoir terminé de servir quelques tables. Sourcils froncés, mains sur les hanches, elle s'apprêtait à lui faire la leçon, pour le simple principe de laisser une jeune fille en difficulté seule, mais il lui adressa quelques mots étranges, la coupant dans son élan. Rester calme ? Pourquoi ? Elle se contenta de le questionner du regard, car s'il avait voulu lui en dire plus, il l'aurait probablement déjà fait. De toute façon, June avait l'habitude des secrets, dès que cela concernait de près ou de loin un certain monsieur White...

— J'ai confiance en ton oncle, Andréa. Il ne laisserait pas une catastrophe se passer dans son cabaret s'il est au courant que des choses se trament, dit-elle plutôt, avec un doux sourire.

À moins d'avoir un plan derrière la tête. Mais elle se garda bien d'ajouter à voix haute cette réflexion, ce pauvre garçon était déjà tout nerveux alors qu'il semblait pourtant dans la confidence pour la suite prévue des événements... Ce n'était pas elle qu'il fallait rassurer, vraiment. Et il n'avait pas à s'inquiéter pour son état, elle avait déjà vu pire...
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeDim 6 Juil - 12:39

Le Lost était déjà bondé de monde, quand Harry se réveilla. Ses lourdes paupières se levèrent doucement pour laisser place à la lumière. La pièce qui l'entourait, il la connaissait bien. Il y travaillait depuis une semaine. C'était le cabinet médical sans activité particulière et silencieux comme pas deux.
D'un bond, il releva la tête et remit ses lunettes en place. Comment avait-il put s'endormir au travail ? C'était considéré comme une faute professionnelle non ? Mais l'endroit si calme, créait à lui tout seul une ambiance somnifère. Personne. C'est pour ainsi dire ce qui résumait sa soirée. Personne ne s'était blessé et était venu le voir, personne n'était rentré ici. Bon Dieu, qu'est-ce qu'il s'ennuyait... C'était ça, il s'était endormit d'ennui.

Il se leva et remit ses vêtements en place. Son apparence n'avait absolument pas été affecté par le sommeil étant donné qu'il la contrôlait complètement ; de la pointe de ses cheveux, jusqu'aux bouts de ses orteils, tout, absolument tout n'était qu'illusion.  
Il fit un petit tour dans le cabinet sans lumière extérieure, vu sa localisation, c'est à dire au sous-sol. Il entendait vaguement du bruit et de la musique venant de l'étage du dessus.
Et après tout, à bien y réfléchir, il n'était jamais allé dans la salle de spectacle. En fait, il était resté tellement professionnel qu'il n'avait pas bougé d'ici. Il ne savait absolument pas à quoi ressemblait le reste du cabaret.
Bam, son pied cogna une chaise et Paf, il s'étala au sol. La tête dans les nuages, il n'avait même pas remarqué qu'il avait fait le tour de la pièce et était revenu au point de départ.
Il se leva et souffla. Parfois, il se demandait lui-même s'il faisait bien d'être infirmier, tellement il était tête en l'air.

Sa montre affichait 22 heure. Avait-il le droit de faire un tour en haut ? Il ne savait pas et supposait que non. Mais s'il continuait ainsi, jamais il n'arriverait à rester éveillé.
Ainsi, monta t-il dans la salle de spectacle, passant par les escalier et quittant le sous-sol, pour la première fois depuis le début de la soirée.
C'était une pièce immense. D'une taille à laquelle il ne s'attendait pas tout du moins. Ses yeux, que personne ne voyait à cause de ses lunettes rappelons-le, étaient ébahit. Ses oreilles, profitaient de la musique et des bruits de la salle. Et son nez, humectait l'odeur de toute la bonne nourriture qui circulait dans la salle. C'était un vrai bonheur pour ses sens.
Cependant, au milieu des humains, il percevait clairement la présence de plusieurs légendaires. Et il y en avait pas mal pour tout dire. Cependant, il était incapable de savoir qui en était un ; il était bien trop concentré sur ce spectacle.

Il passa dix minutes planté là, comme un idiot à observer cet endroit. Puis, inconsciemment, fut attiré vers le bar où déjà plusieurs personnes se tenaient. Il s'arrêta. Certes, il ne pouvait pas se saouler, mais tout de même, il était en train de travailler. Alors il observa les gens assit un peu partout. Des serveurs, pleins de jeunes demoiselles, des couples, et un type assit près de la porte qui frappait des mains plus fort que tout le reste de la salle. Mais bien sûr, aucune tête familière, comme il s'y attendait.

L'ambiance présente le faisait sourire malgré lui. Il avançait, quand il se prit les pieds dans un tapis et manqua de se casser la figure de nouveau. Il valait mieux, pensait-il, retourner sur son lieu de travail habituel pour éviter les catastrophe. Mais non... En bas il n'y avait rien à faire.
Alors il céda à la tentation et s'installa au bar, demandant au barman un verre de Cognac. Il n'avait plus qu'à espérer que personne ne le surprenne en train de faire ça...
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeDim 6 Juil - 19:52

- Diiiiiis Dolly chérie ! Tu me le cache depuis quand ce beau garçon ~ ?
- Hmpgfpmmpf !
- Courage Adam, beaucoup d'hommes aimeraient être étouffés par la poitrine de Pipistrella.

La jeune danseuse relâcha Adam de son étreinte et rejoignit Dolores qui était occupée à recoudre une aile de Manfred qu'il avait presque perdu en rentrant dans le mur du cabinet lors d'un vol matinal. Mimi, bien plus connue sous le nom de Pipistrella, était à peine rentrée de son voyage en Italie et rendait déjà visite à sa chère amie Dolores, lui permettant de faire la rencontre d'Adam. Elle était inquiète à l'idée d'avoir attrapé un virus lors de son voyage et cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas raconté sa vie à quelqu'un. La doctoresse ne tournait même pas la tête et ne lui prêtait aucune attention, mais depuis quand a-t-on besoin d'un interlocuteur pour parler ?

- C'est vrai quoi, là-bas quand je parle ils comprennent rien ! Vraiment ces italiens, je me demande d'où ils viennent pour pas parler le français. Et qu'est-ce qu'ils parlent foooooort ! Oh la la, j'ai bien cru perdre mes fabuleuses oreilles, tu pourras les ausculter aussi ? Peut-être qu'un virus s'est caché dedans… Oh oh oh ! Je t'ai rapportée un petit cadeaaaau ! Oh mais je l'ai oublié au cabaret…  Ah, comme je suis heureuse d'être revenue, tu ne peux pas t'imaginer comme j'ai eu le mal du pays. Je suis probablement trop parfaite pour ce pays de paysans. Hihi, ils étaient tous si ridicules ! Tu savais que là-bas ils sont tellement débiles qu'ils rajoutent des a et des o à la fin de tous les mots ? Commo sa jo parla commo ça to lo jouro da ma vito ! Remarquo ço rigola do parlaro commo-
- Pardon mais, elle se tait jamais ?
- …
- Euh, Docteur Keller ?
- C'est bon Manfred ! Ton aile est réparée, et la prochaine fois évite de rentrer dans les murs ! Tu sais bien que tu ne passes pas au travers !
- Vous ne l'écoutiez même pas ?!

Alors que Pipistrella s'était déjà assise sur sa chaise habituelle (après avoir pris soin de poser un petit napperon en dentelle rose dessus pour ne pas salir sa robe) continuant de parler dans le vide en attendant que Dolores l'examine, cette dernière reposa Manfred dans sa cage et repartit dans son bureau, le temps d'aller chercher ses outils, laissant Adam seul avec la jeune dryade. Au début, il essaya de suivre ses raisonnements et essaya même de répondre de temps en temps, puis submergé par le flot de paroles vides de la danseuse, le jeune assistant manqua de s'évanouir, terrassé par la voix fluette et insupportable de Pipistrella. Enfin, Dolores revint dans la pièce et s'installa devant la danseuse qui continuait de parler, encore et encore… La doctoresse, qui n'y prêtait absolument pas attention, ausculta sa patiente en toute simplicité, comme habituées par la manœuvre, les deux femmes combinaient leurs gestes de façon automatique sans broncher.

- Tu participeras au spectacle de ce soir ?
- Hmm non, comme je viens juste de revenir on m'a mise de côté… Vraiment, quelle bande d'égoïste ! Tu veux pas aller voir le patron et lui dire que je suis triste ? Je vais m'ennuyer toute seule. Oh mais non ! Tu viens toi aussi ?
- Adam on a quelque chose de prévu ce soir ?
- O… Oui, comme il y aura le préfet, Monsieur White vous avait demandé de venir s'assurer que tous les membres du spectacles étaient en bonne condition…
- Évidemment. J'avais complètement oublié, heureusement que je t'ai, sinon Edward allait me taper dessus.
- Chic chic chic ! Hahahaha ! Dans ce cas on se retrouvera ce soir ! Bisous de chez Pipistrella !

La danseuse était repartie aussi rapidement qu'elle était venue, provoquant un soupir de soulagement chez la doctoresse et son assistant. Cette fille pouvait donner mal à la tête rien qu'avec sa propre voix, ce qui n'était vraiment pas chose simple. Dolores rêvait de pouvoir jeter un œil sur ses cordes vocales, mais la pauvre dryade refuse qu'on mette quoi que ce soit dans sa bouche, sous prétexte que ça fait moisir la langue. Quoi qu'il en soit, elle était partie, au grand soulagement de Louise qui venait d'apparaître dans la pièce, jetant un œil par la fenêtre pour s'assurer que la danseuse était partie. La spectre ne pouvait pas supporter la jeune créature, et il n'était pas rare de la retrouver cachée dans un placard pour être sûre de ne pas être vue. Ne jamais montrer un corps translucide à Pipistrella, jamais.

- … Bisous de chez Pipistrella ?
- C'est sa façon de dire au revoir. Le soir arrive Adam, il faut se préparer, une trentaine de danseuses comme Mimi nous attendent, et je ne te parle pas du reste.
- Bon courage Adam, il t'en faudra ~

Adam lança son regard effrayé en direction de Dolores qui se contenta de sourire et d'enfiler son manteau avant de tendre celui du jeune assistant dans sa direction. Le jeune homme soupira et prit la trousse de soin de sa patronne avant de la suivre tandis que Louise les saluait silencieusement avant de se lancer dans une partie d'échec avec Manfred et Yvonne.

~✚~✚~✚~

- Qu'il est mignoooooooooooon ♥︎
- Iiiirk !

Toutes les danseuses se jetèrent sur le pauvre Adam qui eut à peine le temps de pousser un cri de cochon égorgé. Son visage était tripoté par une armée de danseuses aussi délicates que dangereuses, amusée de voir un mignon petit humain dans leur loge. Voyant son assistant en position de difficulté, elle appela au garde-à-vous les artistes pour qu'elle puisse les ausculter une par une. Chacune désirèrent être examinées par Adam qui venait de remettre ses lunettes sur son nez.

- Allez Dollyyyyy !
- Hm, bon d'accord, mais vous ne me l'abîmez pas hein, il m'est précieux !
- Qu… Hein ? Non attendez, je ne veux pas rester seul avec elles !
- Soit fort mon cher assistant !

Dolores sortit de la loge en souriant, sans prêter attention au cri de terreur du pauvre petit Adam. La doctoresse était quant à elle contente à l'idée de gagner du temps, et en profita pour s'occuper des chanteuses inquiètes pour leurs cordes vocales et des acrobates qui se demandaient si leur costume d'humain n'allait pas se déchirer lors d'une pirouette. Heureusement, tout allait pour le mieux, la salle était déjà bien remplie et le spectacle avait commencé, permettant à Dolores de profiter du temps gagné par Adam pour se faufiler du côté des spectateurs pour faire un coucou à son patron préféré. Sachant bien qu'avec ses habits Edward allait vite la virer de la pièce, la doctoresse décida de passer côté coulisses avant d'entrer à pas de loups dans la salle, en veillant à bien rester dans l'ombre.

Elle reconnut rapidement le grand manitou, assit à quelques tables de là aux côtés du préfet, ainsi qu'Andréa qui faisait des allés-retours revêtant ce soir là le costume de serveur. En le suivant, du regard, Dolores aperçut que le jeune garçon allait à la rencontre de June qui semblait en difficulté. Le regard précis de la doctoresse n'eut besoin que d'une seconde pour se rendre compte que son amie était blessée à la cheville. Ne pouvant rester cachée, la doctoresse confia sa blouse de médecin à l'employé qui passait par là et vola à la rescousse de son amie en se faufilant derrière des invités pour éviter le plus longtemps possible le regard affuté du patron du cabaret. Sans crier gare, elle attrapa avec une délicatesse incroyable le pied endolori de son amie et l'examina en quelques secondes. Profitant du seau de glaçons posé à côté, la doctoresse plongea sa main experte dans le froid et donna à sa peau la même température avant d'appliquer un parfait massage sur la zone légèrement gonflée du pied de June.

- Ça devrait aller maintenant, non ? Chht ne dit rien ! Edward pourrait me voir alors qu'il m'a interdit de venir ici, si jamais il me trouve…
- Ooooh ! Dolly chériiie ! Je suis là !

Son visage se figea. La doctoresse leva les yeux et aperçut, assise à une table, sa tendre amie Pipistrella lui faire signe de la main, outrepassant tous les codes de politesse qui pouvaient exister, pour bien montrer qu'elle était là, ici, exactement à cet endroit précis, au plus grand malheur de Dolores qui, comme une gamine de 7 ans, pria pour qu'Edward soit occupé ailleurs.
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeDim 6 Juil - 23:59

Quelques jours plus tôt au commissariat :

- Mais enfin ! Vous n'y pensez pas ? Malgré tout le respect que je vous dois Monsieur le Préfet : cette idée est la pire que j'ai jamais entendu !
- Vous exagérez Voelsungen.
- White ! Enfin Monsieur ! Il s'agit de White ! On ne peut pas lui faire confiance ! Il vaut mieux le laisser en dehors de ça. On s'en est très bien sorti jusqu'à maintenant !
- "Très bien sorti" ?  La surprise peignit les traits de son supérieur.
- Vous voulez rire ? Argua Le Folch.
- Je ne vois pas en quoi, c'est loin d'être un succès. Si j'avais pu gérer cela dès le début... Renchérit Levallois.
Aldrick serra les dents et reprit de plus belle :
- Cessez vos calomnies ! Vous n’étiez guère plus avancé ! De plus, cela ne change rien ! Ce type nous poignardera dans le dos à la première occasion et si ce n'est pas le cas, soyez certains qu'il exigera de la police une compensation tôt ou tard !
- Moi je crois plutôt qu'il fera simplement son devoir de citoyen.
- C'est un homme plutôt conciliant pourtant il me semble.
- Le sens même de ces mots lui échappe ! Et vous vous laissez duper par ses manières ! L'impliquer reviendrait à fournir une invitation privée au Diable !
- Vous êtes croyant maintenant ? Se moqua son collègue. C'est nouveau ça ! Est-ce que...
- Nous n'avons guère le choix.  Coupa le préfet. Si nous laissons passer cette occasion qui sait ce qui nous attend ?! Nous ne pouvons-nous le permettre.
Son regard glacial et transperçant parcourut l'ensemble des présents ; s'attardant particulièrement sur le lycanthrope, sachant bien qu'ils n'en resteraient pas là. Ce dernier, hargneux comme rarement à l'égard de son aîné, perpétua non seulement leur duel visuel mais grogna :
- Il y a forcément une autre solution ! Cet être est le pire qui soit ! Ce n'est que folie de l'informer d...
- Ça suffit !  Tonna Gaudefroy d'un ton sec et sans appel. Soyez professionnel. Laisser votre aversion pour M White en dehors de cette histoire.
- Il ne s'agit pas de ça !
- On ne dirait pas.
- Vous devriez freiner sur la cigarette ça vous rend nerveux et vous donne mauvaise mine.
- Je me passerai de vos conseils, Llevalois !
- Assez ! Trêve de bavardages inutiles. Nous agirons comme convenu, étudiez moi tout ça comme il se doit,  il posa la main sur une grande carte du 6e arrondissement où plusieurs croix étaient apposées à la plume, et cette fois pas d'écarts ! Le rendez-vous est fixé pour ce soir. Messieurs... Vous savez ce qu'il vous reste à faire !

________________________________________

Le jour même, deux heures auparavant, au commissariat :

- Moi aussi ? S'étonna Axel en récupérant l'objet que lui tendait Aldrick.
- Oui ordre du grand patron.
- C'est que... Je ne sais pas bien m'en servir. Grimaça-t-il en le soupesant.
- Va falloir t'y faire pour ce soir. C'est obligatoire.
Le légiste fronça les sourcils et avisa ses collègues. Il régnait dans le commissariat un mélange de stress et d'excitation. Une tension singulière si prononcée qu'elle aurait presque pu être palpable. L'air lui-même semblait visé, tant il était chargé de craintes et d'angoisses. Les officiers s'affairaient telles des fourmis à la tâche qui leur avait été confiée. Les va et vient donnant parfois suite à des bousculades, elles-mêmes suivies d'éclats de voix. Mais cela n’allait guère plus loin et chacun reprenait là où il en était, avec une application rare.
- Non Billy. En bleu foncé c'est mieux.
- Tu es sûr ?
- Oui sinon ça se remarque trop.
- Dis tout de suite que ça me boudine !
- Ça te boudine !
- Tu es un être sans cœur Allan !
- Excuse-moi d'être réaliste. Après, je m'en fiche c'est pas moi qui ferais des allers-retours avec le vent en poupe.
- Ça va, arrête avec ça. Répliqua Jean en levant les yeux au ciel, un brin excédé de toute cette agitation. Comme pour le contrarier davantage ce fut pile au moment où un bruit sourd résonna dans la pièce voisine. Bruit annonciateur d’un rangement prochain de dossiers, ce qui lui arracha un air des plus renfrognés.
- J'y peux rien si j'ai rendez-vous à l'hôtel avec le commissaire.~
- Allan. Évite les tournures de phrase tendancieuses, tu veux ? Le concerné eut un grand sourire, qui provoqua immédiatement un soupir chez son supérieur. Ce n'est plus un hôtel maintenant.

Allan allait lui donner la réplique mais l'horloge sonna dix-huit heures trente.

Le visage du commissaire se ferma davantage et chacun jeta un coup d’œil à son voisin, alors qu'un silence de mort venait subitement de s'abattre sur l'ensemble du bâtiment. Comme à l'approche d'une nouvelle redoutée. Tous les regards se braquèrent sur lui, aussi Aldrick acquiesça lentement et répliqua d'une voix forte :

- Messieurs, le moment est venu !

La majorité acquiesça et chacun récupéra les derniers éléments manquants à leurs préparatifs. Dans une chorégraphie parfaite cette fois, les agents gagnèrent les rues parisiennes au compte-goutte, par groupe de deux ou de trois majoritairement, mais tous s'étaient parés d'un masque de sérénité fragile.

Trente minutes plus tard, ils étaient arrivés à destination. Non loin de la fontaine de Saint Michel ou de la Place Dauphine, ils empruntèrent des itinéraires divers, faisant mine de discuter de tout et de rien. Puisqu'ils étaient dispensés -pour la majorité- de leur uniforme de fonction, cela parut naturel. Cependant, ils firent de nombreuses rondes, maintes fois revues, répétées, synchronisées au préalable, et ce, une heure durant, avant que quelques-uns seulement, ne s’éternisent discrètement. Ainsi, Jean et Axel feintèrent une lecture assidue depuis l'intérieur de la librairie historique de Clavreuil, Brunet testa -sans honte aucune- tous les cafés de la carte du troquet le plus proche. Le Folch quant à lui, effectua plusieurs tours du quartier en s'arrêtant pour donner des directives aux différents policiers qu'il croisait. Tandis qu'Allan et Aldrick surveillaient depuis les étroites fenêtres de l'ancien hôtel de Navarre les allées et venues qui s’effectuaient vers le bâtiment d'en face. Billy, arriva en dernier, ce qui n’enraya en rien la mascarade, qui se poursuivit plus d'une heure encore.

Les minutes paraissaient interminables, le temps moqueur et vil, s'étirait en longueur au rythme de leurs pas. Chacun des passants était suspect, potentiellement violent ou agressif. Pour un simple portefeuille sorti d'un attaché-case, Le Folch avait failli sauter à la gorge d'un respectable employé de bureau. Ce n'était pas bon signe. Heureusement, il réussit rapidement à se calmer, et refoula l'afflux de sentiments oppressants que faisait naître en lui la lourde pression qui pesait sur ses épaules. Mais si ce dernier avait le loisir d'arpenter le quartier pour se calmer, ce n'était pas le cas de tout le monde. Aussi la majorité n'avait pour pallier à cette attente inassouvie, que le passage furtif du commissaire Le Folch, pour l'éclairer d'une indication furtive. Faisant monter la pression d'un cran supplémentaire, chaque fois qu'une migration s'imposait, due le plus souvent à la fermeture des commerces. Tout cela ajouté à la multiplication des scénarii possibles -occupation à laquelle il était aisé de se laisser tenter- avait fini par faire croître l'impatience de chacun de manière insupportable.

Soudain, tel un chevalier, Levallois s'extirpa de l'antre du Lost Paradise, une tarte aux pommes à la main, échangeant juste quelques mots avec Aldrick qu'il était venu rejoindre aussi calmement que possible. Le Folch fit de même cinq minutes plus tard.

- Combien ?
- Deux.
- Je m'attendais à plus.
- Moi aussi, et pour vous ?
- Six, la cible incluse.
- En effet, ça fait un grand écart. De votre côté qu'est-ce que ça donne ?
- Deux fausses alertes, et quatre de sûres. Tout est en place.
- Bien. Les iris d'or coulèrent sur la tarte, avant de remonter à son propriétaire.
- Vous en voulez un bout ? Il désigna le dessert.
- Non merci. Le brun fit une grimace, presque dégouté, et grommela : J’aurais préféré qu’elle soit au chocolat.

Des suites de cette brève discussion, Allan avait accroché un foulard vert à la fenêtre et il ne fallut que quelques instants pour que telle une vague immense, la majorité des hommes en faction autour ne se regroupe pour s'engouffrer dans l'édifice animé. Tout alla très vite ensuite : à peine furent-ils dans le cabaret au chaud que place nette se fit sur leur passage, ils fermèrent les portes de l'établissement, et sécurisèrent les lieux avec une rapidité incroyable, prenant de court invités et artistes, avant que de concert les commissaires ne tonnent :

« Police ! Que personne ne bouge ! »


Dernière édition par Aldrick Voelsungen le Lun 7 Juil - 9:35, édité 1 fois
Edward White
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeVen 11 Juil - 21:24

Vous trouverez au bas de cette page un résumé complet de l'intrigue qui vous permettra, sans avoir à relire l'ensemble des postes concernés, de pouvoir identifier un ou plusieurs coupables.

Nous vous recommandons également de relire les grandes lignes du RP Réunion au sommet qui reprend entièrement le début de l'intrigue et dévoiles des indices importants.

Bonne lecture !



    « Ooooh ! Dolly chériiie ! Je suis là !
    - Police ! Que personne ne bouge ! »

    La salle se figea et tous les regards se tournèrent vers l'entrée de la pièce, découvrant avec stupéfaction plusieurs agents de police, plaques en main et arme au poing. Du moins presque tous, car avec une lenteur toute relative, celui d’Edward passa lentement de Mimi du Lac, dit Pipistrella, danseuse particulière de son établissement, pour arriver jusqu’à la destinataire de cet élan d’affection : Dolores. En la voyant accroupie au pied de June, le lycanthrope plissa les yeux et eut une moue réprobatrice que seule sa doctoresse parvenait à lui arracher. Malheureusement, il ne put que lui faire signe de se montrer discrète, car déjà son attention était demandée par ce qui se jouait dans son cabaret.

    Sous les ordres de Snorri, les autres issues du cabaret avaient été verrouillées par les employés, eux aussi surpris de cette agitation exceptionnelle. Dans tout l'établissement, seules quatre personnes avaient été informées de la descente de police, prévue quelques jours plus tôt par le préfet et trois de ses commissaires liés de près ou de loin à l'affaire en cours : Snorri, Lûka, Andréa et bien évidemment Edward qui s’était gardé d’en informé Dolores de peur qu’elle ne s'immisça au corps de police avec une fausse moustache ou autre étrangeté dont elle était la spécialiste. Malgré ce petit raté, le patron du Lost Paradise retrouva rapidement un large sourire qui se voulait victorieux, heureux que tout se soit déroulé sans le moindre incident. Sourire que le regard noir de Gaudefroy ne réussit pas à lui faire quitter, trop heureux de cette délicieuse montée d'adrénaline dont il raffolait toujours autant.

    Restant en retrait, comme il l'avait plus ou moins promis, il laissa la mécanique policière se mettre en route. Levallois avait rejoint ses camarades la bouche pleine de tarte aux pommes, et ce fut avec sa solennité habituelle que Gaudefroy se leva et brandit à son tour ce petit bout de métal doré si cher à son corps de métier, arguant :

    « Que tout le monde reste calme et il n'y aura pas de problèmes. Messieurs, occupez-vous vous des suspects. »

    Comme une machine bien huilée, plusieurs agents, dont Billy, qu'Edward reconnut, se placèrent à différentes tables, faisant lever leurs occupants non sans quelques exclamations et regards outrés. L'un des policiers eut plus de difficultés, ayant affaire à un italien au caractère bien trempé qui refusait de coopérer. L'un de ses collègues vint à son aide, mais il n'en résultat qu'un grognement et un mouvement brusque du concerné qui renversa sa table ainsi que son contenu sur le parquet ciré du Lost, le tout en beuglant :

    « Ma ! J'ai rien fait ! Niente ! Qué c'que vous me voulez ?!
    Vous êtes soupçonné du meurtre de Julie Dewis, Émile Bale, Paco Senfut, Jean Glouti, Prudence Chéfaut et Valérie Bode. Si vous ne souhaitez pas accorder un dernier baiser à la Veuve, je vous conseille de vous calmer, répliqua Gaudefroy avec une fermeté sans faille.
    Impossibilé ! Je n'ai rien à voir ave...
    Chef, il avait un couteau dans ses poches, annonça l'un des deux agents brandissant une lame d'une taille tout à fait respectable.
    Vous disiez ? Lâcha le préfet, non sans un regard noir au Méditerranéen.
    Je vous joure qué ce n'est pas moi !
    Dans ce cas vous n'avez rien à craindre, restez calme et vous repartirez sans ennui. »

    Les épaules de l'italien s'affaissèrent, visiblement décontenancé par ces accusations imprévues qui déclenchèrent une vague de murmures dans la pièce, la foule comprenant qu'il se jouait là l'arrestation du terrible tueur aux « 7 péchés capitaux » qui avait encore terrorisé la ville quelques jours plus tôt. Le préfet ne s'en ému guère et remontant ses lunettes sur ses iris d'acier, il parcourut les six individus incriminés et annonça en indiquant Gordon Moissat d'un geste de la tête :

    « La carte de visite de M. Moissat a été découverte sur les lieux du dernier meurtre. Elle comportait un rendez-vous que nous pensons être destiné au meurtrier que les journalistes se plaisent à appeler « des 7 ». Vous aviez tous rendez-vous avec M. Moissat à l'heure indiquée, aussi chacun d'entre vous est-il considéré comme un suspect potentiel. Nous vous demandons d'être coopératifs. Dans le cas contraire, je n'aurais aucun remords à vous mettre tous sous les verrous pour quelques nuits ou plus. Est-ce clair ? »

    Le regard d'Edward coula sur les tables impliquées, observant avec intérêt les visages des hommes et de la femme qui s'y trouvaient, non sans essayer inconsciemment de déterminer sous lesquels de ces traits se dissimulait l'effroyable criminel. Chacun réagissait différemment. On lisait de l'étonnement, de la colère, de l'indifférence ou de la peur, parfois même, un mélange de tout cela. Puis il s'arrêta sur l'emplacement numéro 27, découvrant l'huissier de justice qui avait quelque peu perdu de son assurance. Il se dandinait su place, puis souligna d'une voix presque blanche :

    « Mais pourquoi me suspecter aussi ? Je n'ai fait que donner des rendez-vous, je n'y suis pour rien dans ces horreurs.
    Dans ce cas pourquoi avons-nous retrouvé votre carte de visite sur les lieux près de la dépouille d'une pauvre fille à qui l'on avait cousu les lèvres ?
    Je... J'en sais rien, j'ai beaucoup de contacts...
    C'est vrai. Dont Julie Dewis me semble-t-il. Avec qui vous aviez passé quelques marchés, mais elle vous aura doublé et vous l'avez tué.
    Qu... N... Non ! C'est faux !
    Évidemment, vous n'allez pas dire que c'est la vérité. Comptiez-vous régler le même sort à cette jeune femme qui a passé la soirée à vous déposer de mystérieuses enveloppes ? »

    Comme un seul homme, une partie de l'assistance tourna la tête vers la table 30, y découvrant la troisième suspecte qui s'offusquait qu'un homme la fouille. Edward, passionné par la scène qui se déroulait sous ses yeux, prit immédiatement la parole afin de faciliter le travail du brillant préfet et de sa cours :

    « Clarisse, pouvez-vous vous en occuper s'il vous plaît ?
    Oui monsieur.
    C'est un scandale, vraiment ! Je n'ai rien à voir avec cette...
    Allez-y Mademoiselle Clarisse, » la coupa Gaudefroy sans une once de galanterie.

    La jeune acquiesça et parcouru soigneusement la silhouette de la suspecte, ne trouvant rien d'alarmant si ce n'était deux enveloppes cachetées que Levallois reconnut immédiatement comme celles déposées à la table de Gordon Moissat. Un silence lourd de sens accompagna cette découverte, et le visage de l'huissier pâlit de plus belle lorsque les mêmes documents furent extraits de ses poches. Gaudefroy n'ajouta rien. Il y eut un instant de flottement avant qu'un gémissement n'accompagne le bruit sourd d'une chute, forte heureusement stoppée par le lieutenant Brunet. Il redressa, avec un peu d'aide, l'homme de la table 18, manquant de peu de l'étrangler lorsque son chapelet se coinça sur le dossier de la chaise, puis une fois certain qu'il tenait en équilibre, il annonça tranquillement :

    « Il s'est évanoui Chef. Rien de bien méchant.
    Avions nous besoin de cela. White, pouvons-nous vous prendre un peu de Brandy histoire de le remettre d'aplomb ?
    Bien évidemment. Snorri s'en occupe. »

    Le loup eut un regard pour l'imposant chef de salle qui s'exécuta immédiatement, rapportant au policier de quoi requinquer l'ecclésiastique qui gisait sur l'assise de bois. Toute la salle retenait son souffle que seul troublaient les mouvements rythmés des policiers dont la chorégraphie semblait avoir été organisée au millimètre. Edward songea très vaguement que la profession n'était peut-être pas si désespérée, bien que cette obéissance aveugle réveilla en lui une pointe de dégoût. Il n'en restait pas moins curieux, et observait avec attention les deux dernières tables. Celui de la place vingt-cinq venait d'en finir avec la fouille sans que l'on trouve quoi ce soit d'inhabituel. Le maître des lieux fut tout de même marqué par sa façon de se tenir très droit dans son carrick usé et par la marque des années exposée au soleil imprimée sur sa peau. Très calme, l'homme interrogea Gaudefroy :

    « Comptez-vous nous emmener tous au poste afin de prendre nos dépositions ?
    Non. Cela ne devrait pas être nécessaire, cette affaire sera bientôt close. »

    La surprise se peignit visiblement sur les traits du concerné, ainsi que sur celle des autres suspects. Des regards s'échangèrent avant qu'un éclat de voix n'attire l'attention sur le dernier individu, légèrement décontenancé par la découverte d'une paire de gants de cuir, propre aux cochers, dans les poches de son manteau. Ils furent apportés à Gaudefroy qui les inspecta minutieusement, lâchant sans un regard pour leur propriétaire :

    « Vous êtes venu en fiacre ?
    Je ne suis pas obligé de répondre...
    Non. Dans ce cas, j'espère que vous savez que nos recherches nous ont amenées à considérer la thèse que le meurtrier conduise un cabriolet.
    Que... Je n'ai rien à voir avec cette affaire.
    Mais vous ne souhaitez pas nous dire si vous êtes venu en fiacre et vous portez des gants de cochers visiblement utilisés très régulièrement.
    Cela n'a rien d'une preuve.
    Mais peut en devenir une, » Acheva le préfet en les déposant dans un sac en papier que lui tendait un agent.

    Edward fronça les sourcils au cours de la dernière discussion entre Gaudefroy et l'occupant de la table 23, laissant ses iris dépareillés s'attarder davantage sur lui, puis sur l'autre homme à la prestance si militaire. Il les observa longuement, puis termina sa course par un tour de table des suspects les détaillants à nouveau. Le religieux avait d'ailleurs retrouvé un peu de couleurs et l'huissier se dandinait d'un pied sur l'autre, tandis que l'italien restait extrêmement tendu et que la lady se pinçait férocement les lèvres. Six donc. Cinq hommes et une femme, debout dans son cabaret, coincés entre une bonne vingtaine de policiers dont trois commissaires acharnés et un préfet de police pire encore. La tension était palpable, et Gaudefroy en profita pour effectuer un circuit lent entre les inculpés, les analysant dans les moindres détails sans qu'une seule expression ne trahisse ses pensées. Puis, retrouvant une distance raisonnable avec eux, il plaça ses mains dans son dos, les toisa calmement avant de lâcher sèchement :

    « Madame, Messieurs, nous y voilà... Il ne reste plus qu'à déterminer lequel de vous est notre assassin. »





Intrigue | Haut les mains !


Voilà un rebondissement sans précédent ! La police a réussi à isoler six suspects et parmi l’un d’eux se cache le ou les meurtriers des 7 péchés capitaux. Mais saurez-vous démasquer le coupable ?

Voilà la liste des inculpés et tous les détails dont vous pouvez avoir besoin pour déterminer qui d’entre eux mérite de finir sous les verrous.

N'oubliez pas de faire défiler sur la droite pour voir tous les suspects !

Alors comment procéder ? Vous l’avez peut-être remarqués, mais un sondage à choix multiple a été installé en haut de la première page du poste. Sondage qui vous permettra à vous, humble client ou simple employé, de donner votre avis et le résultat de vos déductions en indiquant qui vous pensez être coupable. Vous avez désormais toutes les cartes en main, il ne vous reste plus qu’à vous décider.

Nous vous demandons simplement d’expliquer votre choix dans votre poste de RP, lors d’une discussion, d’une réflexion ou autre, afin de partager avec nous le cheminement qui vous a conduit à sélectionner un individu plus qu’un autre. Évidemment, nous ne vous imposons pas un argumentaire détaillé, mais quelques pistes et les raisons principales qui vous ont amené à ce résultat. Hasard ou choix réfléchi, on souhaite savoir de quoi il en retourne. Pensez également que vous incarnez avant tout votre personnage, c’est à lui que revient la décision, et si, en temps que rôliste vous avez un autre point de vue n’hésitez pas à le faire connaître dans un petit passage hors RP /o/ Attention ! Dans ce cas de figure, ce sera votre choix de rôlisite que vous devrez faire apparaître dans le sondage[/color].

S’il vous plait, ne vous bloquez pas en pensant que vous allez vous tromper. Vous avez là la possibilité de participer pleinement à l’arrestation d’un meurtrier, profitez en ! Faites vous plaisir ! Se tromper fait partie du jeu comme pour n’importe quelle véritable enquête de police.

C’est la fin de l’intrigue qui se joue ici ! Les retardataires sont les bienvenus à condition de signaler que leur personnage est arrivé avant 22 h 15, sans quoi le Lost leur sera fermé par les forces de l’ordre. Alors n’hésitez pas !

Vous avez jusqu’au mercredi 16 juillet, au soir, pour participer à cette dernière partie qui, j’espère, vous plaît. Je rappelle également que vous pouvez poster autant de fois que vous le voulez, sans ordre précis.

Un grand merci à tous ceux ayant déjà participé à la première manche ! Nous espérons vous voir plus nombreux encore pour cette clôture d’intrigue exceptionnelle. Nous ne vous tiendrons pas rigueur du nombre de mots tant que vos interventions restent constructives o/

Retrouvez tout le récapitulatif de l'intrigue ici !
Et n'hésitez pas à contacter le Staff pour toutes questions !

C’est à vous de jouer !




Résumé de l'intrigue


Récaputilatif des meurtres

Meurtre n°1 >> Mme Julie Dewis : Banquière retrouvée lacérée de coups de poignard près du Commissariat principal. L’enquête de proximité a permis de démontrer qu’elle était colérique, et souvent très virulente autant avec ses clients que ses associés. Elle a été retrouvée au fond d’une ruelle avec une seule boucle d’oreille, partiellement recouverte de nourriture.

Meurtre n°2 >> M. Émile Bale : Gérant du restaurant le « Grippe-sous », retrouvé détroussé place des Deux Écus à Paris. Il économisait le moindre centime, ses employés le décrivent comme très près de ses sous et veillant à la moindre dépense. La caisse de la recette qu’il transportait le jour de son meurtre a été déposée quelques jours plus tard à l’Église Saint-Eustache, voisine du lieu de découverte du cadavre. Rien n’avait été volé.

Meurtre n°3 >> M. Paco Senfut : Grand couturier parisien, retrouvé enterré vivant au cimetière Saint-Vincent. Grand adepte de l’opium, il en consommait régulièrement au point de disparaître parfois des jours entiers. On a retrouvé avec sa dépouille une des boucles d’oreilles de Julie Dewis. On a pris le soin de poser un oreiller rempli de bourre sous sa tête et de dresser une croix en bois au dessus de sa tombe.

Meurtre n°4 >> M. Jean Glouti : Important critique culinaire, empoisonné au cyanure alors qu'il était transporté par un fiacre. Il était connu pour son appétit insatiable et sa critique sévère. Il avait beaucoup d’ennemis et a fait fermé énormément d’établissements.

Meutre n°5 >> Mme Prudence Chéfaut : Épouse volage, tuée d'un coup de couteau dans le bas ventre. Assassinée le jour de la Saint-Valentin, son mari l’avait perdu de vue quelques minutes. On l’a retrouvé sur les quais, ses bijoux lui avaient été retirés et son alliance était dissimulée dans une poche. L’arme du crime est un couteau de boucher retrouvé dans la Seine un peu plus tard par un marinier avec la parure dérobée.

Meurtre n°6 >> Mlle Valérie Bode : Jeune femme aux mœurs douteuses, tuée d'un coup à la tête. Retrouvée assisse sur un banc au Bois de Boulogne, son corps a été mis en scène d’une façon particulière, tenant un bouquet de nielles, ses habits partiellement déchirés et tâchés de boue dans le dos, ainsi qu’une couronne de roses rouges sur sa tête. Elle avait les lèvres cousues. On a retrouvé sur les lieux la carte de visite de M. Gordon Moissat donnant un rendez-vous à 22 h au Lost Paradise. L’écriture indiquait que la carte n’appartenait pas à Valérie.


Avancement du dossier

Certitudes

Quatre meurtres liés  : Julie, Emile, Paco, Valérie :
→ Preuve : Pour les 3 premiers meurtres (même manière de procéder : assommés, puis tués), et la même arme du crime a été utilisée assommer les trois premières victimes et tuer Valérie.

Le meurtrier utilise un cab et il doit avoir de la force :
→ Preuve : Il a fallut traîner un corps sur plusieurs mètres et par temps de pluie (Julie), creuser de nuit une tombe (Paco), et Jean Glouti a été empoisonné dans un cab, le meurtrier étant peut-être à l’intérieur.

Jean Glouti a été mal empoisonné au cyanure, le meurtrier n’est pas un adepte de la chimie :
→ Preuve : Autopsie menée par Axel, une mort lente laissant à Glouti le temps de s’enfuir empêchant le meurtrier d’achever son travail comme pour les autres.

Prudence fut tuée par arme blanche, et le vol n’était pas le motif de l’assassinat :
→ Preuve : Arme retrouvée au même endroit que les bijoux dans la Seine

Le meurtrier de Valérie est le tueur aux 7 pêchers capitaux :
→ Preuve : Mise en scène particulière, les mœurs de Valérie sont mises en avant et l’arme du crime est la même que celle utilisée pour assommer Julie, Émile et Paco.

Un rendez-vous a été donné au Lost Paradise à 22 h par l’huissier, M. Gordon Moissat au meurtrier de Valérie :
→ Preuve : Carte retrouvée sur les lieux du crime de Valérie

M. Gordon est soit une victime potentielle, soit un complice, soit un simple rendez-vous :
→ Preuve : Carte retrouvée sur les lieux du crime de Valérie

Suppositions

Le meurtrier est un homme seul
→ Indice : Le mode opératoire est toujours similaire et assimilable à celui d’un tueur en série.

Le meurtrier est croyant
→ Indice : Le dépôt fait à l’église Saint-Eustache après le meurtre d’Émile et la croix dressée sur la tombe de Paco.

Le meurtrier tue en fonction des 7 pêchés capitaux :
→ Indice : Julie : Colère, Émile : Avarice, Paco : Paresse, Jean : Gourmandise.
Problème : Prudence et Valérie représenteraient deux fois le meurtre de la luxure ? L’implication du meurtrier n’a pas été prouvée pour l’empoisonnement de Jean Glouti.

Le meurtrier est un marin, ou a fréquenté la marine :
→ Indice : Nœud de 8 autour des lèvres de Valérie
Problème : Le meurtre de Prudence implique une arme professionnelle de boucher, ainsi que des connaissances particulières en anatomie du fait du coup précis et fatal.

Le meurtrier est humain :
→ Indice : Les meurtres peuvent être réalisés par un humain et peu de Légendaires sont croyants. Il n’y a pas de traces d’implication d’un Vampire, Lycanthrope, Démon, etc.

Le meurtrier n’a pas pu "terminer" le meurtre de Jean Glouti, il lui restait quelque chose à faire :
→ Indice : La tombe de Jean Glouti a été visitée peu après son inhumation, on y a retrouvé de la nourriture.

Mystères

De la nourriture a été retrouvée sur plusieurs scènes de crimes, souvent du pain, parfois du jambon ou des restes (Julie, Émile, Valérie). Ces mêmes aliments ont été découverts sur la tombe de Jean Glouti, peu après son inhumation.

Les raisons de la visite de la tombe du critique culinaire restent inconnues.

Aucune explication n'a été faite sur la mise en scène du corps de Valérie, sur sa posture, et le sens des accessoires l’entourant n'a pas été déterminé. De la boue a également été retrouvée dans son dos, alors que le banc n'était pas sale et qu'aucune trace n'a été identifiée sur le sol du parc. On sait qu'il a plu durant toute la matinée précédant le meurtre.

Un autre meurtre
a t-il eu lieu depuis le décès de Valérie ?

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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeVen 11 Juil - 23:39

Les allées et venues se faisaient nombreuses autour du bar. June commençait à se demander si elle ne devrait pas tenter de changer de position. Ce n'était pas le moment de faire un malaise en plus de ce qui s'était passé tout à l'heure. Au moins, elle ne semblait pas être la seule qui était victime d'une chute maladroite. Un jeune homme aux grosses lunettes, qui avait eu beaucoup de chance de ne pas les voir tomber ou même se briser. Sa tête lui était vaguement familière. Ah, voilà que cela lui revenait, elle l'avait déjà vu trainer non loin du cabinet médical... Peut-être pourrait-il lui venir en aide, faute de mieux, ou au moins la conseiller sur son choix précédent. Les conseils d'Andréa étaient motivés par de bonnes intentions, elle n'en doutait pas du tout, mais il n'avait probablement pas de connaissances médicales. Cependant, avant même qu'elle n'ait pu se lever pour se diriger tant bien que mal vers lui, en s'appuyant contre le bar, une surprise la prit de court. Voilà son pied qui était enlevé par Dolores qui avait maintenant les mains bien froides ! Trop pour que cela soit naturel, mais au moins, la douleur à la cheville de la pauvre June était moins forte, maintenant. Malheureusement, niveau discrétion, ce n'était pas super, puisque cette chère Pipistrella avait une fois de plus fait preuve d'un peu trop d'enthousiasme.

— Merci, mais je crois qu'il t'a vu quand même...

Tout le monde savait désormais où se trouvait la doctoresse, à vrai dire, mais June était trop gentille pour faire pareille remarque. C'était donc le seul commentaire qu'elle pouvait lui offrir, étant assez mal placée pour la réprimander d'agir devant les clients, tel qu'elle aurait sans doute dû le faire... Sa cheville aurait pu l'empêcher de se présenter sur scène, si elle ne se rétablissait pas. Au moins, l'attention de tous semblait être portée ailleurs à ce moment précis : un groupe de policier venait d'entrer dans le bâtiment, fermant les portes derrière eux. June écouta attentivement ce qui se disait, curieuse de la suite des choses. Comment ... Un assassin se trouvait parmi eux ? Ses traits devinrent un peu plus pâles sous la surprise, mais les mots d'Andréa lui revinrent en tête. Rester calme. Comme de juste, la situation était maîtrisée d'une main de maître par les policiers de Paris. Six suspects avaient attiré l'attention, lequel serait arrêté et jugé coupable ? Après tout, les éléments permettant de l'identifier n'étaient pas horriblement nombreux. June fit un effort pour se les remémorer, ou du moins, le plus possible. Une personne croyante et assez physiquement forte pour agir seule... Conduisant peut-être un fiacre. Cette hypothèse n'avait pas encore été prouvée, après tout. Et cette étrange manie de laisser un peu de nourriture sur les lieux du crime...

Tout de même, il était surprenant de voir qu'autant de personnes avaient été interpellées. Le rendez-vous n'avait-il pas été fixé d'avance ? Ce serait bête de venir avec un signe pouvant vous identifier aussitôt. L'affaire faisait jaser dans la capitale, après tout, ne serait-ce que par le biais du Dandy, même si cette descente était un véritable coup de théâtre improvisé. June jeta un nouveau coup d'œil aux suspects. Les preuves contre eux commençaient à s'accumuler, même si l'on pouvait probablement écarter la jeune femme. Un seul semblait n'avoir rien à se reprocher, si ce n'est sa présence près de M. Moissat. Seulement, des détails pouvaient très bien avoir été cachés au peuple pour le bien de l'enquête. Et à vrai dire, elle avait préféré ne pas tenter de creuser. Elle était assez nerveuse sans avoir à ce soucier de faire le travail des enquêteurs, qui étaient bien assez compétents pour s'en sortir, la preuve ce soir.

Bref, son idée personnelle était faite, à présent. À voir si quelqu'un saurait l'éclairer davantage avant la révélation finale, puisque des autres hommes, un autre était assez potentiel dans le rôle de l'assassin. Par contre, une chose restait sûre : la soirée risquait de leur réserver des surprises. Comment tout cela se terminerait-il ? Un meurtrier assez fort pour commettre tant de blessures différentes, et croyant être investi d'une mission divine, se laisserait-il vraiment emporter sans faire d'histoire ? Alors qu'il ne restait qu'un seul pêché à expier, si le cas de Prudence Chéfaut représentait l'un d'eux... D'ailleurs on pouvait se demander si la personne visée était dans la salle, ou si elle n'était tout simplement pas encore trouvée... Il fallait rester sur ses gardes, et garder l'œil grand ouvert.

D'ailleurs ... Pourquoi le verdict officiel ne tombait-il pas tout de suite ? Espérait-on des aveux ou quelque chose de semblable ? Si l'avis populaire profitait de ce silence pour se mêler de cette histoire, comme tant aimaient le faire par simple gratification personnelle, tout cela pouvait mal se terminer. Surtout s'ils en venaient aux mains..,

HRP : J'ai longtemps hésité entre le suspect #4 et le suspect #5, donc, même si June pense qu'il s'agit de M. Samson, je vote pour M. Gabrielli, car à mon avis, il y a plus d'éléments « sûrs » pour l'incriminer, quitte à me tromper, tant pis !
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeSam 12 Juil - 0:38

Déjà que la rouquine s'amusait à lui piquer de la nourriture pour le taquiner, là c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase ! pour un chien, la nourriture était quelque chose de sacrée. On ne mordait pas la main de la personne qui nous nourrissait... Sauf si celle-ci essayait de reprendre la gamelle avant qu'on ne la termine !
Et là, au final, c'était presque pareille... Avec une boule de poils répugnante qui s'était incrusté au festin. Il ne l'avait pas vu venir... Mais il aurait dû le sentir, ou même le deviner facilement. Rien que le sourire de Valentine, qui soudain s'était élargit, était louche. Mais quand Loki réalisa qu'on vidait son assiette sans son autorisation et qu'en plus il ne s'agissait pas de sa maîtresse, là c'était le bouquet !

Loki émit un grognement fortement agacé tandis que son regard de braise suivait Llewyn qui osait s'assoir à leur table. il était culotté et cela n'enchantait aucunement le chien. Avec un ton mordant et sans équivoque, il lâcha entre ses dents, une remarque cinglante.


"Dis donc le chat de gouttière, qui t'as permis de venir ici ? Cette table et cette assiette ne sont pas prévues pour un sac à puces. Tu n'as pas quelques poubelles à récurer pour ton repas du soir ?!"

Valentine fronça légèrement les sourcils et prit un air plus sérieux, gardant tout de même son petit sourire malicieux.

"Allons Loki, ce ne sont pas des manières... Si c'est pour ton assiette, je peux t'offrir autre chose et je te promet de ne pas y toucher."

"L'assiette je m'en cogne, mais l'odeur de ce matou alcoolique m'horripile..."

"tututut... Dissimule donc ces crocs que je ne saurais voir, mon cher ami... Llewyn, j'avoue être surprise de te voir au cabaret par une heure pareille. On t'as laissé entrer sans rechigner ? Snorri se fait vieux on dirait... hum ?"

Comme si elle était doté d'un radar, ses sens aiguisés de journalistes s'activèrent. Son regard avait capté quelque chose de suspect. Des aller retour à une table. En réalité, elle l'avait vu depuis un petit moment déjà, mais une soudain intuition lui disait que cela faisait beaucoup trop de va et vient pour une seule personne. Ce n'était pas une table destiné à un artiste, alors pourquoi cet homme avait-il autant de visites ?
Sans qu'elle ne puisse en saisir le sens, un autre élément perturbateur et ô combien surprenant intervint.

La journaliste manqua de se lever de sa chaise quand une foule de policiers débarqua dans le Lost, interpelant les différentes personnes qu'elle avait justement remarqué. La coïncidence lui donnait de vilains frissons dans le dos. Voir quelque chose d'important et ne pas le saisir sur le moment était toujours quelque chose de stressant. Et encore plus quand elle entendit la raison de l'arrestation. le tueur des 7 péchés ? .... VRAIMENT ?

En premier lieu, un lourd silence tomba sur la table de la rouquine, puis quelques bruits de couverts recommencèrent à se faire, sortant Valentine de sa contemplation. Elle avait repéré Billy et le fixait avec insistance, comme si avec de l'acharnement, elle aurait pu lire dans ses pensées. Mais en vain...
La voix de Loki la fit sursauter, lui faisant tourner la tête vers lui, découvrant un homme à l'expression grave et peu rassuré.


"Qu'est-ce qu'il se passe ? Ils... le tueur est vraiment l'un de ces personnes ?"

"Hum... je ne saurais le dire. mais la police en a l'air convaincu. Après, j'ignore lequel est-ce..."

"Ils avaient dit qu'il avait un cab, non ? Pourquoi pas le cocher ?"

"Si on part sur cette idée, alors on peut facilement se dire qu'il a planté des croix, ça peut donc être le prêtre... Ou celui avec une croix autour du cou. Sans oublier qu'il y a eu des meurtres aux couteaux et il y a un boucher..."

Valentine fronça les sourcils et observa avec attention les différents individus. Elle avait bien envie de se lever et aller les voir de plus près, jouer son rôle de journaliste de terrain, de poser des questions à certain de ces policiers dont le visage et le nom lui était familier. Mais elle devinait d'avance qu'elle se ferait rembarrer et la dernière chose qu'elle avait envie, c'était de perdre patience et s'énerver bêtement. elle n'était pas la seule à avoir travailler sur ce tueur en série et en réalité, cela ne la dérangeait pas que l'article lui passe sous le nez.
En revanche, elle avait bien envie de savoir lequel était le vrai meurtrier. Aussi essayait-elle de graver chaque visage dans sa mémoire pendant qu'ils étaient encore au plus près.
Inconsciemment, elle reporta son attention sur la seule femme, se demandant pourquoi elle était là ? Bien sûr il était parfaitement possible qu'elle soit coupable, elle en avait la carrure et une femme n'était pas moins capable qu'un homme...
Pensive, elle focalisa ses pensées vers l'homme qui se tenait particulièrement droit. Comme un militaire... Il avait du voir du pays... et apprendre bien des choses de ses voyages. Sans oublier cette croix autour de son cou. quelque chose la dérangeait dans ses lacets, elle ne savait dire quoi... la similitude avec la bouche de la dernière victime peut-être ?


[désolée du post, il n'est pas très constructif et je n'ai pas vraiment précisé mon vote. Disons que je le fais plus par feeling que par indices qui peut indiquer chacun des suspects]
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeSam 12 Juil - 18:02

Le service était déplorable, ce soir.

D'accord, il y avait beaucoup de clients, mais ce n'était pas une raison d'ignorer les habitués. Encore moins lorsqu'ils étaient assis au bar. Étrange façon d'entretenir la réputation de l'établissement. Cependant, mon attention fut détournée de cette attente par une voix que je ne connaissais que trop bien. Mortimer Adams et son sarcasme bien particulier. Pourquoi fallait-il qu'il fasse son apparition à chaque fois qu'une situation embarrassante m'affligeait ? À croire qu'il me poursuivait. Psychiatre mon œil, il préférait m'harceler, oui. Et que détenait-il entre ses griffes ? Un cadeau aussi empoisonné que ses mots ? Oh ! Je récupérai mes chaussures, résistant à l'envie de lui mettre une gifle ou de planter le talon dans la paume de sa main. Je n'avais pas de preuves. Quelle belle façon de contredire la théorie de la folie...

« Seulement lorsque l'on vole mes effets personnels. »

Un regard noir serait sa seule punition à cet affront. Il était le coupable idéal, que voulez-vous, entre son caractère et son arrivée opportune. Je n'avais pas vu qui que ce soit d'autre avec des chaussures blanches entre les mains, normal puisque d'habitude, on les portait plutôt aux pieds ! Ma boisson arriva à ce moment, une jolie couleur orangée accrochant la lumière. J'en pris une gorgée pour détendre quelque peu mes nerfs. C'était sucré ! Cela me fit sourire comme une gamine. Sourire qui ne dura pas longtemps par contre. De grands cris emplirent la salle, les mots les plus distincts étant :

« Police ! Que personne ne bouge ! »

Comme de juste, je me figeai sur place, les yeux ronds comme des billes. Je savais que le commissaire Voelsungen faisait des visites fréquentes au cabaret, mais une arrestation ? Ne poussait-on pas la note du sensationnel un peu trop loin ? Était-ce donc pour cela que cet homme sympathique se présentait ici de façon régulière, il avait des soupçons quelconques sur l'endroit ... ? Ah, mais je n'avais rien à me reprocher. Alors, inutile de réagir ainsi, si ce n'est pour amuser mon vis à vis, que j'imaginais déjà avec un large sourire mauvais. Écoutant l'annonce faite par le préfet de police plutôt que de prêter attention à mon second tuteur, je n'étais cependant pas au bout de mes surprises. Le tueur sévissant dans la capitale se trouvait ici même ?! Pour le coup, j'étais soulagée de ne pas être seule, même si j'avais échappé à mes chaperons habituels... Mais alors, nous aurions dès ce soir la réponse aux questions qui avaient ébranlé toute la ville durant ces derniers mois ? Il était temps...

« Je suppose que tu sais déjà qui est le criminel, Mortimer ? »

Et par pitié, qu'il ne me demande pas d'en faire de même. Enfin, le connaissant, c'était peine perdue. On ne donnait pas sans recevoir, avec monsieur. Et puis, qui disait qu'il ne pouvait pas se tromper ? Voilà qui serait amusant. J'observai donc les six personnes, toutes si différentes, se posant quelques questions en silence, le nez un peu plissé sous un air perplexe. S'agissait-il réellement de l'un seul d'entre eux ? Je ne sais trop. Pour le moment, ils semblaient tous liés de près ou de loin au crime. Il est vrai que je ne connaissais pas très bien toute cette affaire, puisque l'on m'en avait intentionnellement gardé à l'écart, si ce n'est quelques pages de journal... Pourtant, je n'avais pas froid aux yeux. Et il n'était pas seulement question de mon caractère ou de ma passion pour mes cours d'escrime. À force de vivre parmi les fous, même contre son gré, on finissait par en voir, des choses étranges...
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeLun 14 Juil - 14:02


    Un sourire s'étendait sur les lèvres de Mortimer tandis que le regard noir d'Alice s'intensifiait à son égard.

    « Seulement lorsque l'on vole mes effets personnels. »

    Cette dernière remarque n'était pas sans emporter une légère pensée blasée sur la nature humaine. Ce n'était pas parce qu'il avait les preuves du larcin en main qu'il en était l'auteur. Surtout quand, à son avis, cela s'agissait certainement d'une maladresse de la part de la jeune fille.
    La frustration vînt se noyer dans la boisson qu'elle porta à ses lèvres, toutefois sa délectation s'arrêta net lorsque les forces de polices intervinrent.

    Mortimer avait senti quelques remouds, ais il ne s'imaginait pas qu'une arrestation se préparait. A l'origine, il avait simplement pensé que la police était sur une investigation et qu'ils prévenaient notre cher White de sa coopération.
    Le psychiatre se mordait fictivement les doigts dans un coin de ses pensées, tant il détestait faire des erreurs en présence consciente ou non de son meilleur ennemi. Son visage restait plus ou moins imperturbable, en revanche on sentait qu'il était captivé par l'instant présent. Ses sourcils se froncèrent, et Mortimer avait l'étrange impression que quelque chose clochait. Ses doigts vinrent couvrir ses lèvres tandis que son pouce tenait son menton, aidé du coude posé sur le bar.

    C'est fou, on ne s'entend plus penser !

    « Que tout le monde reste calme et il n'y aura pas de problèmes. Messieurs, occupez-vous vous des suspects. »

    Un renversement de table plus tard on pouvait entendre les cris affolés d'un suspect mal mené.

    "Chef, il avait un couteau dans ses poches !"

    A cette annonce, Mortimer leva les yeux au ciel, cela n'était en rien une raison. Il fouilla dans son gilet et en ressortit son ouvre lettre qu'il fit tourner machinalement entre son pouce et son index. D'une voix monotone et couverte par les autres bruits environnants ;

    " Et alors ? Moi aussi j'en ai un je ne suis pas pour autant un criminel ..."

    Il fallait cependant avouer que la taille d'un ouvre lettre ne rivalisait pas avec celle du couteau présenté. Enfin, la morale de Mortimer restant largement discutable, nous ne nous arrêterons pas ici.
    Lorsque l'agent fit la remarque sarcastique à l'un des suspects qu'il n'allait évidemment pas dire la vérité, Mortimer eut l'envie d'intervenir pour signifier que ce n'était pas non plus une raison. Mais ce n'était pas le moment pour le jeune Adams d'imposer sa science de la logique formelle à moins de se retrouver lui même suspect et/ou arrêter faute de sarcasme intensif.

    La surprise d'Alice passa, et cette dernière se permit de lancer un retour de balle à son tortionnaire psychologique attitré :

    « Je suppose que tu sais déjà qui est le criminel, Mortimer ? »

    Mortimer se détourna de la scène de "violence" policière qui prenait place en ces lieux et leva un sourcil à l'encontre de la jeune Lindel.
    Une petite voix dans sa tête lui lança une petite remarque qui piqua légèrement son orgueil :

    * Me mettrait-elle au défi ?*

    Les aller et retours de son ouvre-lettre s'arrêtèrent alors qu'il plongeait intensément son regard dans celui de sa voisine, il réfléchissait à la question malgré lui.
    Ce fut au tour des visages et données relatives aux différents suspect d'entrer dans la tête de Mortimer. Involontairement, sa curiosité était piquée bien qu'il ne voulait pas participer à cette mascarade. En effet, le fait de retrouver le criminel en soi était certes intéressant, mais ce n'était pas ce qui préoccupait réellement Mortimer. Son attention était portée sur l'inventaire des coïncidences trop belles pour être honnêtes à l'égard de Edward White.

    Ces rendez vous incessants à sa table, et sa relation avec le chef de police ...

    " Peut-être ... Et toi ma chère Alice ? "

    Il savait que cette question la dérangerait tout autant, mais ne pouvait s'empêcher de la taquiner même dans les moments les plus dérangeants, rectifiez : SURTOUT.
    Il ne lui laissa pas le temps de lui répondre, et pointa de l'index qui recouvrait maintenant alors son menton Edward White. Se permettant un jeu de mot en passant il reprit :

    " Plutôt de savoir qui c'est, il faudrait savoir qui sait ~"

    Voyons, il y avait quelque chose de franchement louche, Edward avait encore une blague à faire et Mortimer ne supportait pas l'idée de ne pas l'avoir vu venir plus tôt. Edward était clairement au courant et de mèche avec les services de police, il a du d'ailleurs lui même négocier les conditions de cette arrestation. Ha quel bon samaritain !

    Quoi qu'il en soit, il était clair que le criminel était un habitué du Paradise, sans quoi ce piège ne se serait pas produit ici. Que l'on demande aux invités leur avis sur le criminel était cependant un motif soit d’esbroufe soit d'étude psychologique de masse sociale. Mais la deuxième option est bien sûr fortement influencé par les défauts professionnels de Mortimer.

    La petite énigme qu'il avait lancé à Alice se retournait contre son auteur. Plus largement, qui pouvait savoir et qui avait des raisons de couvrir le ou la criminelle ?

    Le psychiatre tenta par toutes les méthodes de s'ouvrir l'esprit. Il commença par son instinct (bien que remit en doute par ses soins en chaque instants) : Qui voudrait-il inviter à une séance d'analyse ?

    Deux noms arrivèrent : Laurence Pullman et Adrien Faucheux.
    Il réprima son instinct bien que quelque part au fond de lui il était persuadé que l'une en savait trop et l'autre était un justicier incompris. Selon Mortimer, ses réponses n'étaient pas valides puisqu'elles pouvaient potentiellement constituer des attirances inconscientes sur l'idée qu'une femme soit une redoutable criminelle, et donc sujette à analyse dans son bureau. De plus, l'idée que le prêtre en soit le coupable serait une raison de plus pour Mortimer de pouvoir lancer des sarcasmes et autres remarques venimeuses à l'encontre du corps religieux.

    Le psychiatre se pencha donc sur les autres suspects. On pouvait le voir au bar comme lisant un livre invisible par dessus l'épaule d'Alice.
    Mortimer était plongé dans ses pensées, il n'avait jamais considéré cette affaire comme étant l'un de ses intérêts personnels, bien qu'ayant malgré lui retenu la majorité des informations que l'on possédait sur les crimes affiliés aux suspects présents. Il en faisait donc le tour avec l'idée de fond qu'il omettait un détail.

    Une partie de lui même tentait de le convaincre que cela avait un rapport avec l'autre monde, et que les crimes avaient à voir avec des êtres non - humains.

    * Mortem ce n'est pas parce que quelque chose est logique que la conclusion est juste !
    oiseau=fleurs=sucre=chaise donc tous les oiseaux sont des chaises ? La logique est bonne mais la conclusion est fausse ! Tout comme tes idées sur l'huissier de justice !*


    Notez, que Mortimer n'a en rien un complexe de personnalités multiples, mais qu'il apprécie particulièrement se torturer l'esprit et se provoquer pour le pousser à trouver une résolution.

    * C'est trop beau pour être vrai, je n'y crois pas. Un huissier croyant qui offre les derniers repas aux morts ?
    Le mode opératoire Mortem, le mode ! La réponse est toujours sous nos yeux, toujours ! *


    Et puis, les moeurs sociales lui revinrent en tête. La raison pour laquelle le prêtre lui paraissait suspect tout à l'heure, c'est parce qu'il devait certainement savoir. Une confession est bien vite arrivée, pour tout criminelle croyant. Ce n'était donc peut être pas lui, le tueur en lui même, mais il devait savoir, et ce corps laissé non loin de son Eglise ...

    Il s'infligeait lui même le flots des données, et commençait à ne pas supporter le désordre que la toile d'araignée en trois dimension commençait à mettre. Entre la fleur de Nielle retrouvée sur le corps ; symbole d'invitation au plaisir charnel ; les restes de victuailles sur le tombeau ...

    Mortimer laissa échapper quelques murmures avant de reporter son attention au moment présent. Il avait pu se passer 5 bonne minutes à en juger par les chuchotement qui remplissait la salle.

    " ... C'est sûr, il est de type à moralité forte ... Mais ses sentiments lui dictent sa justice ... Ha ! Pardon Gaël vous disiez ? Hum ! Alice ! Je voulais dire Alice !"

    Mortem s'était prit à laisser échapper ses pensées, il avait du dire bien plus de choses qu'il ne l'avait pensé en refouillant ces dernières ... Peu importe, il se détacha un peu de son petit monde pour replonger son regard dans celui d'Alice. Il n'avait pas prêté attention à ce qu'elle lui avait possiblement dit, mais ses mots reviendraient certainement lorsqu'il aura arrêté de la fixer de cette manière.




Dolores Keller
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeMer 16 Juil - 11:31

- Police ! Que personne ne bouge !

Dolores se releva immédiatement, les mains en l'air, croyant que les policiers étaient venus pour elle. C'est en voyant les premiers agents de police passer devant elle sans même lui adresser un regard qu'elle comprit que finalement ce n'était pas sa présence qui posait problème. En même temps, Edward n'aurait sans doute pas déployé une troupe de police rien que pour virer la doctoresse de son cabinet. Quoique, à bien y réfléchir, si, il en serait capable, rien que pour se venger d'une blagounette que lui aurait faite Dolores. Quoi qu'il en soit, si la police avait fait irruption dans le cabaret, si ce n'était pas pour elle, c'était pour une raison particulière. L'homonculus adressa un regard en direction de son patron préféré, et voyant qu'il la fixait à son tour, elle détourna rapidement les yeux, faisant mine de n'avoir rien vu. Oui bon, ça il allait lui faire payer un jour ou l'autre, c'était quasiment sûr. Soudain, le fantastique cerveau de Dolores fit le rapprochement entre le regard meurtrier d'Edward et l'arrivée de la police. Si le loup garou concentrait son attention sur la jeune femme, c'est qu'il ne la concentrait pas sur les policiers, ce qui voulait dire qu'il avait encore une fois tout calculé. Mais alors… Il ne lui avait rien dit ?

- Dolly Dolly, c'est qui tous ces policiers ?

Pipistrella avait profité de la cacophonie des policiers en mouvement pour se faufiler en direction de son amie sans se faire remarquer. Mais la doctoresse n'entendit même pas la question de la danseuse, trop frustrée d'avoir été mise de côté par Edward. Les joues gonflées, Dolores serra les poings et fit la moue, trop agacée pour dire quoi que ce soit. Mais elle souffla, la présence des policiers et surtout d'Aldrick montrait que la situation était à prendre au sérieux, elle s'occupera d'embêter Edward plus tard. En attendant, les agents firent leur travail et entourèrent six personnes disséminées dans tout le cabaret, chacun étant suspecté des nombreux meurtres qui ont sévi dans la capitale.

- Dolly chérie ? Tu m'expliques ? Oh salut June ça va bien ? Tu sais ce qu'il se passe ic- Hmmpf !

Dolores venait de poser sa main sur la bouche de la jeune dryade, puis lui fit signe de parler doucement pour ne pas énerver les policiers qui étaient fiers de leur petite parade. La danseuse comprit alors qu'elle était en présence du déroulement d'une enquête policière, comme dans les livres (oui oui, Pipistrella lit) ! Grande fan de Sherlock Holmes, Mimi emprunta la casquette d'un des policiers et afficha une mine étonnamment sérieuse, comme pour se plonger dans le rôle du personnage. Dolores, silencieuse, regarda chacun des suspects tout en se remémorant les faits des meurtres.

Suspect n°1 – Gordon Moissat

- Hm, ce type est louche, y a pas à dire. Déjà sa moustache cache quelque chose, j'en suis persuadée ! Les psychopathes sont souvent moustachus tu sais, j'ai remarqué ça. Certains cacheraient même des couteaux dedans ! Paraît même que certains utilisent de la graisse humaine pour les lisser ! C'est horriiiiiiible ! Ah ! Regarde ! Le voilà qui transpire dans tous les sens. C'est qui cette banquière exactement ? Peut-être qu'ils étaient amants ! Ooooh, oui j'ai tout compris ! En fait Gordon était un jeune homme tout à fait respectable dans son enfance, sauf qu'un jour, PAF, il est tombé amoureux de la banquière, qui elle-même était amoureuse du père de Gordon ! Du coup, Gordon qui l'as mal pris, a décidé qu'à l'âge de 41 ans, l'âge du démon, il tuerai son amante qui au final n'en était pas une pour se venger du fait qu'elle l'ai trompé avant même d'avoir été avec lui ! Il l'a tuée avec le poignard caché dans sa moustache !
- … Mais et les autres victimes ?
- Oh ! C'est vrai ça, pourquoi il les aurait tués eux aussi ? Hm, tu vois Dolly, faire des conclusions hâtives ne mènent nulle part. Mais je suis sûre que c'est lui !

Dolores leva les yeux, un peu surprise par la vivacité d'esprit dont faisait preuve Pipistrella. Pour l'homonculus, cet homme était surtout là comme appât afin de coincer le potentiel meurtrier, l'un des cinq autres en somme. Adam aurait sans doute tout de suite deviné qui était le coupable, il avait une étonnante intuition pour remarquer les personnes avec des mauvaises intentions, mais le pauvre était sans doute enfermé avec les danseuses à cette heure-ci. Tandis que la jeune femme réfléchissait un peu à toute cette histoire, Pipistrella continua son enquête.

Suspect n°2 – Adrien Faucheux

- Les prêtres sont tous tordus de toute façon, vouer leur vie pour une dieu qui n'existe probablement pas, c'est complètement débile. Hihi, en plus ils doivent s'ennuyer comme des rats dans leur église ! Oooh, regarde-le Dolly chérie, il a l'air tout nerveux ce pigeon croyant. Je suis sûre qu'il cache quelque chose ! En plus, quoi de mieux qu'un gros plein de religion comme lui pour commettre les meurtres des six péchés capitaux !
- Sept Mimi, sept.
- Je pense avoir compris ce qu'il s'est passé ! En fait Monsieur Faucheux est un prêtre corrompu, il organise tous les mercredis soirs des messes lugubres pour invoquer des démons. Je suis sûre qu'il cache sa tête dans un sac, comme ces détraqués du Kulukukuxklan !
- Ku Klux Klan tu veux dire.
- Et en fait, dans ses fidèles, y avait toutes les victimes ! Et pour lui c'est une sorte de sacrifice qu'il commet pour pouvoir invoquer le diable ! Mais oui ! Ça explique tout ! Le diable se nourrit de l'incarnation des péchés capitaux et il utilise cet homme pour pouvoir arriver à ses fins ! Si ça se trouve il le possède déjà ! Oh mon dieu ! Si ça se trouve il va tous nous sacrifier ce soir ! Oh ! Si ça se trouve même, c'est pas son vrai visage, c'est celui d'une victime qu'on n'a pas encore trouvé qu'il cache dans son ventre !

La doctoresse ne savait pas vraiment comment réagir face à cette théorie farfelue. Déjà, comment Pipistrella connaissait le Ku Klux Klan ? Elle n'arrivera sans doute jamais à épeler ce nom sans faire de faute, mais quand même, connaître en France un mouvement pareil aux États-Unis était une chose, surtout avec le Q.I de Pipistrella. Quoi qu'il en soit, pour Dolores, ce malheureux prêtre n'avait rien d'un envoyé du Diable, il était surtout là à cause d'un mauvais concours de circonstance et ce n'est pas le fait qu'il soit le plus croyant de tous qui le met forcément en tant que coupable. Pipistrella avait une certaine aversion envers les croyants, elle ne supportait pas le concept que l'on puisse préférer une chimère appelée Dieu, plutôt que sa propre vie. La danseuse porta néanmoins son attention sur l'unique femme suspecte.

Suspect n°3 – Laurence Pullman

- Toutes les femmes sont fourbes, surtout les anglaises si tu veux mon avis. Je l'ai vue, elle a fait que des allers-retours depuis qu'elle est arrivée, elle cherchait sans doute une ouverture pour poignarder Gordon dans le dos, d'un coup ! TCHAC ! Je suis sûre qu'elle cache dans sa choucroute un couteau, ou une paire de ciseaux bien aiguisés.
- Tu sais, ils ne cachent pas tous leur arme du crime dans leurs cheveux ou leur moustache.
- Regarde ses bijoux ! Tu peux croire l'avis d'une experte, c'est pas de la camelote, au contraire, j'aimerai bien avoir les même. Tu crois que si elle va en prison je peux les lui prendre ? C'est pas là-bas qu'ils lui serviront de toute façon, puis laisser des aussi belles choses moisir au fond d'un tiroir est un terrible gâchis. Je suis sûre qu'elle cache quelque chose de toute façon, elle n'a pas le droit d'avoir des bijoux pareils sur elle, c'est injuste vis-à-vis des jolies princesses comme moi qui ne peuvent pas en avoir d'aussi brillants… Je pense que j'ai compris ! Haha ! Cette femme partageait, comme toute bonne anglaise, des goûters autour d'une tasse de thé avec ses amis, les victimes que l'on connaît. Mais un jour quelqu'un a volé sa bague de fiançailles ! Du coup elle les a tous tué pour la récupérer, voilà !

C'était une conclusion relativement hâtive. Dolores avait compris que Pipistrella pointait cette anglaise comme coupable rien que par le fait qu'elle ait des beaux bijoux. La jalousie pouvait rapidement pousser des dryades à commettre des actes terribles, rien que pour obtenir des choses qu'elles n'ont pas. Heureusement la plupart en reste au stade des menaces, rien de plus. Pour en revenir à l'affaire, la jeune femme complotait sans doute avec le premier suspect autour d'affaires d'argents ou autres, mais ses mains étaient bien trop propres pour pouvoir tuer qui que ce soit. Et personne ne cache un poignard dans ses cheveux…

Suspect n°4 – Carlo Gabrielli

- Oooh mais c'est un italien non !? J'en ai marre des italiens, je reviens de là-bas et j'en retrouve même ici ! Il n'a ni moustache ni barbe, je vois pas où il peut cacher son arme du crime… Ah ! Il avait un couteau dans sa veste ! Mais c'est bien sûr ! Il s'est coupé la barbe et la moustache pour en faire une veste et cacher son arme dedans ! Paraît même que c'est boucher, ça expliquerai comment il a pu faire son manteau.
- Je ne vois pas le rapport Mimi…
- Je pense avoir compris ! En réalité Carlo est un boucher fanatique des poils ! Sa femme ou sa mère travaillent sans doute dans le textile. Du coup, pour avoir des bénéfices pour toute la famille, Carlo tue des gens pour en faire de la viande, et donne les cheveux ou la moustache ou la barbe à sa mère ou sa sœur pour en faire des habits ! Oh puis ça m'étonnerait pas que chez lui ils parlent tous italiens ! Tu sais, j'ai remarqué qu'en Italie ils parlent tous italiens, alors tu sais… Il a l'air nerveux tu trouves pas ? Peut être qu'il veut pas perdre son manteau qui est le seul souvenir qui lui reste de son père ! Oooooh, si ça se trouve c'est la barbe de son père qui est mort ! Et cette mort a causé un terrible choc traumatique dans la tête de ce pauvre homme qui du coup tue plein de gens !

L'imagination de Pipistrella était sans limite, elle surprenait même Dolores qui elle aussi était championne en la matière. Le fait qu'il se promène avec un couteau plaçait Carlo comme principal suspect, mais cet homme serait bête à ce point ? Peut-être qu'il allait tenter quelque chose, mais sans doute pas le meurtre auquel tout le monde s'attendait. Le meurtrier des sept péchés capitaux était bien plus malin et réfléchi, cet italien était trop brut pour entrer dans ce profil.

Suspect n°6 – Pierre Déprès

- Hihi, il est plutôt mignon ! Lui non plus n'a ni barbe ni moustache donc peut être qu'il cache l'arme contre son corps ~ Pauvre garçon, je suis prête à le fouiller si jamais on a besoin d'une main innocente ! Il a quel âge à ton avis ? Les jeunes cochers sont adorables, ils sont tout timides quand on leur parle, puis ils sont gentils avec leurs chevaux ! Nooon, je pense pas qu'il soit un meurtirer lui, il est trop chou pour l'être ! Hihi, regarde ses petits yeux de poisson ! Quoique… OH ! Mais oui ! Tout est clair ! Ce petit chou chéri était en fait poursuivi par ses victimes parce qu'il est chou !
- Trois des victimes sont des hommes.
- Et bien ils étaient attirés par les hommes, voilà tout ! Du coup, comme harcelé par ses futures victimes, il n'a eu d'autre choix que de les tuer pour pouvoir continuer de vivre sa vie d'Apollon ! Aah, quelle triste vie d'être aussi beau ! Je comprends ce qu'il ressent, moi-même je suis souvent acclamée par mon public masculin ! Il n'a pas l'air d'être à l'aise le pauvre, je veux bien aller lui tenir compagnie ! Je peux ? Ah oui mais non, s'il me tue moi aussi… N'empêche, j'aurai jamais cru que Gordon soit attiré par les petits jeunes lui aussi. En même temps faut le comprendre, il est mignon ce beau jeune homme !

Hmm oui ? Pipistrella avait parfois des réflexions inattendues, surtout dans le cas présent. Dolores ne chercha pas vraiment à écouter la théorie rocambolesque de la danseuse, et se rendit compte qu'elle avait oublié un des suspects.

- Et lui ? Gaël Samson ? Tu ne le soupçonnes pas ?
- Lui ? Ha, on voit bien que t'es une débutante Dolly chérie. Ce n'est pas parce qu'il a une moustache qu'il est forcément coupable. Et puis ce n'est pas son manteau de cocher qui va me faire craquer comme pour Pierre. Et puis j'aime pas les hommes bronzés, ils sentent la mer et c'est mauvais pour ma peau, ils ne sont bons qu'à faire des nœuds ces gars là. Regarde ses chaussures, c'est vraiment moche.

La doctoresse resta silencieuse, choquée par la fulgurance intellectuelle que venait d'avoir la danseuse. En quelques phrases elle venait d'éclaircir les soupçons de l'homonculus. Cette dryade était aussi débile que géniale, son intuition était souvent mauvaise, ce qui prouvait bien que cet homme d'apparence toute à fait innocente cachait quelque chose. Dolores rajusta ses lunettes et fixa discrètement l'homme. Tout collait, pour Dolores le choix était fait.

Était-il vraiment utile de remercier Pipistrella pour son travail … ?

[HRP : J'ai voté pour le 5, puisque se fier à Pipistrella est une erreur en soi. À bien y réfléchir, c'est le 5 qui est le plus suspect ! Je suis sûr qu'Adam aurait deviné dès le début…]
Narcisse Williams
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeMer 16 Juil - 18:29

Et dire que tout avait si bien commencé.

Comme tous les soirs, une joyeuse effervescence avait gagné le Cabaret dès l'arrivée des convives. Les artistes s'étaient affairés dans les coulisses, préparant leurs numéros respectifs dans une ambiance fiévreuse et concentrée. Puis le présentateur était monté sur scène et avait annoncé le début du spectacle, comme d'habitude. Si Narcisse avait naïvement pensé qu'il s'agirait là d'une soirée de travail comme une autre... pour une fois, il s'était lamentablement trompé. La fin d'une danse avait en effet également signé la fin de la jovialité. L'acrobate était en train d'enfiler son costume de scène lorsqu'une succession d'exclamations l'avaient sorti de ses pensées en un sursaut. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour réaliser que la police venait d'investir son lieu de travail. Pour quelle raison ? C'était exactement ce qu'il était venu trouver en se dirigeant vers la salle de spectacle avec plusieurs de ses collègues.

Ils débouchèrent sur une scène hors du commun : six individus maintenus en place par des agents, les forces de l'ordre bloquant toutes les issues, et son patron en arrière-plan, observant tout comme lui ce qui se déroulait sous ses yeux. Désireux de connaître la raison de cette intervention, le jeune homme suivit attentivement les conversations, pour en conclure que l'une des personnes devant lui était le fameux meurtrier en série qui terrorisait Paris depuis si longtemps. Un frisson d'horreur lui parcourut l'échine à cette idée, accompagné d'un léger sentiment de curiosité malsaine. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Le Lost Paradise était depuis le début concerné par l'enquête ; il connaissait certains détails sur les faits, et il avait bien envie de se faire son opinion sur la question.

Son regard coula d'abord sur l'italien. Certes, le type était suspect. Sa carrure, son couteau qu'il semblait si bien manier, un tas d'éléments pointaient en sa direction. Mais il n'avait pas l'air particulièrement croyant, loin de là, ce qui le disculpait déjà sur un grand point.
Il observa ensuite Gordon Moissat. L'homme cachait quelque chose, c'était certain. Quelque chose qui impliquait plusieurs des suspects présents, comme de l'argent. Néanmoins, il ne pouvait décemment pas être l'assassin : il était bien trop petit. Après tout, le coupable avait réussi à asséner un coup sur le haut du crâne de l'une de ses victimes, s'il se souvenait bien.
Il y avait aussi Adrien Faucheux. Si la case « religieux » était cochée dans son cas, son profil n'était pas du tout celui d'un meurtrier. En effet, le prêtre ne supportait absolument pas la pression, son évanouissement en était une preuve suffisante. Narcisse avait aussi remarqué son tic étrange de faire glisser son pouce contre son index. Était-ce le signe de l'argent ? Dans ce cas, l'homme était mêlé à l'affaire du même côté que Moissat... voire à cause de Moissat, qui savait ? Tout n'était que supposition de ce côté.
La femme, une certaine Laurence Pullman, continuait de se défendre bec et ongle contre les accusations qu'on portait sur elle. Il fallait dire que la question se posait : une femme avait-elle la puissance nécessaire pour commettre de tels crimes ? L'acrobate n'en avait aucune idée, mais il était certain qu'aucune femme n'était engagée dans la marine.
Le cocher n'était, quant à lui, suspecté qu'à cause de son métier. Cependant Narcisse doutait sincèrement de ses connaissances anatomiques au vu de sa classe sociale.
Le dernier suspect sur lequel il posa son regard était Gaël Samson. Ce dernier était le seul à rester suffisamment calme pour paraître assuré, mais il gardait un air agacé, comme cachant un tempérament plus agressif qu'il n'en avait l'air. Sa carrure était droite et musclée, militaire. Néanmoins ce fut sa peau bronzée qui fit tilt dans le cerveau du jeune homme. Ce suspect était un militaire qui avait exercé au soleil, donc certainement dans la marine ; et si ce n'était pas une preuve suffisante, les nœuds étranges de ces chaussures l'étaient assurément. Qui disait armée disait combat, donc il avait suffisamment d'expérience pour savoir comment tuer avec précision, sans pour autant avoir un quelconque savoir médical. Lorsque les éléments s'accumulèrent dans son esprit, Narcisse fut soudain certain de se tenir devant le meurtrier des 7.
Edward White
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeJeu 17 Juil - 20:56


    « Et alors ? Moi aussi j'en ai un je ne suis pas pour autant un criminel… »

    Le visage sombre de Gaudefroy se tourna très lentement vers le petit prétentieux qui avait osé ouvrir la bouche. Ses iris, couleur du métal, s’étaient teintées d’une noire colère, ayant en exècre les arrogants dont la verve se faisait trop souvent entendre sans raison. Il fut tenté, comme rarement, d’abuser de ses pouvoirs de préfet, mais en découvrant le chétif petit être qui avait prononcé cette phrase, il se ravisa. À n’en point douté, le jeune homme avait vu là une occasion d’attirer l’attention sur lui et d’impressionner la gamine qui se trouvait à ses côtés. C’était de son âge après tout.

    Remontant ses lunettes, le chef de la police parisienne tourna la tête vers ses six suspects qu’il examinait en détail depuis leur interpellation. Il n’avait eu aucun mal à en éliminer certains dont le caractère ou les particularités ne collaient pas avec le profil dressé par ses hommes. Mais en était-il de même pour les autres présents dans la salle ? La question resta en suspens.


    - - - ---------- Jean Chatel : Agent de police ---------- - - -

    Un grand fracas attira l’ensemble des regards sur Gordon Moissat, qui à force de se dandiner sur place avait fini par bousculer la table 27. Jean resserra l’étreinte de  sa main sur son épaule, maintenant l’autre pliée dans son dos, tandis qu’il évitait avec un soin tout particulier l’attention du Préfet, glissant seulement pour l’huissier :

    Tenez vous tranquille !
    Ça devient vraiment urgent, il faut que j’y aille. Confia t-il en se trémoussant, alors que de grosses gouttes perlaient de son visage.
    Retenez vous ce n’est pas le moment. Déclara sèchement le formateur en réprimant une grimace, dégoûté de découvrir que l’autre avait les mains moites.
    Mais…
    Retenez vous.

    Maître Moissat tenta vainement de trouver du soutien en avisant les présents mais rien n’y fit. Un soupir de désespoir gagna ses lèvres, tandis qu’il commençait véritablement à craindre qu’on veuille lui infligé l’ignoble costume rayé obligatoire dans les prisons.

    Je n’ai rien fait ! Clama t-il.

    Jean n’ajouta rien, mais il le croyait. La raison la plus simple étant qu’il avait simplement rendez-vous ici ce soir. Il n’avait du reste pas l’envergure et le profil, tant il semblait mal à l’aise et couard. Ces crimes étaient trop violents, trop précis, trop calculés pour être son oeuvre. Malgré lui il avait joué son rôle d’appât. C’est tout.

    Aucune chance pour que ça soit le cas en effet… Abandonna l’agent à demi-mot des suites de ses pensées.

    Il vit le visage de Gordon se troubler, paraissant soulager, mais ce dernier n’eut pas le temps d’ajouter quoique se soit que déjà l’agent le forçait à une contorsion peu sympathique en tendant le bras pour récupérer son couvre-chef.

    Hey ! C’est ma casquette ça !

    La dryade grommela mais Jean fini par récupérer son bien.


    - - - ---------- Andréa Eyssard : Serveur au cabaret ---------- - - -

    Installé au bar, Andréa avait eu droit à une démonstration exceptionnelle de tout ce qu’un enquêteur ne devait pas faire. Rôle brillamment mené par Pipistrella, danseuse émérite pouvant, dès à présent, se reconvertir en comédienne, mais ayant assurément brûlée toute ses chances de percer dans la police. Et ce plus encore après qu’elle ait délibérément tenté de voler la casquette de l’un des agents. Encore perplexe devant la possibilité de fabriquer une veste avec des poils de moustache, son attention s’était reportée sur les six suspects éparpillés au fond de la salle, s’arrêtant sur celui qu’il évaluait comme le moins probable de tous : Laurence Pullman. Pourtant il ne pouvait s’expliquer ses divers va et vient qu’il avait surpris et ces étranges courriers que la police avait relevé.

    « Alors mon garçon ? Elle t’interpelle n’est-ce pas ? »

    La voix de Levallois avait fait sursauter Andréa qui se retrouva nez à nez avec le large sourire de l’Adonis des forces de l’ordre. Le Commissaire avait, semble t-il, fait faux bon à ses paires, pour venir récupérer une autre bouteille de brandy, puis adresser un mot à la jolie Clarisse, avant de jeter son dévolu sur le jeune homme. Lui faisant signe de ne pas parler trop haut, il s’installa tout naturellement au bar et demanda :
    « Tu penses qu’elle est coupable ?
    Non, mais je ne comprends pourquoi elle communiquait avec Gordon avec ces messages.
    Parce qu’elle est timide ? »

    Andréa arqua lentement un sourcil, se demandant si l’agent était sérieux. Cela fit rire le concerné qui dut appliquer sa main sur ses lèvres afin d’éviter d'alerter son supérieur caractériel. Il eut un coup d’œil vers la concernée et reprit :
    « Pourquoi crois-tu qu’elle est innocente ?
    Parce qu’elle n’aurait pas assez de force pour transporter un homme, le déshabiller, et le laisser pour mort dans une ruelle.
    C’est vrai. Mais il y a autre chose.
    Et bien… Elle est anglaise ?
    Et les anglais ne tuent pas ?
    Si mais, enfin, ce n’est pas…
    Regarde sa mise. »

    Andréa croisa les bras sur son torse, avant de détailler avec soin la jeune femme. Elle était jolie, et bien habillée, très bien habillée même. Une tenue chic en tissu plutôt haut de gamme, un visage fermé mais habillement mis en valeur, sans compter cette riche parure de perle qui ceignait son cou et ses oreilles. Le louveteau grimaça :
    « Elle est très bien habillé c’est sûr, mais davantage en vêtement d’affaire qu’en tenue de sortie.
    Tout juste. Cela gâche d’ailleurs le tableau, car si elle a un visage plutôt agréable, cet accoutrement strict me fait penser à mon ancienne institutrice…
    Elle est en affaire donc ? Avec M. Moissat.
    Exact, d’où les nombreuses lettres échangées. Si ça avait été des mots doux, elle se serait vêtue avec beaucoup plus d’élégance.
    Et pourquoi pas des indications sur les prochains meurtres ? » Demanda Andréa perplexe.

    Levallois ouvrit la bouche, visiblement surpris par la question. Puis levant les yeux au ciel, il réfléchit une seconde avant de lever le doigt victorieux, annonçant plus fort qu’il ne l’aurait dû :
    « Parce que ni l’un, ni l’autre ne sont croyant ! Et puis… Entre nous, rares sont les femmes qui tuent à l’arme blanche. Elles sont plus vicieuses, même dans les meurtres ! »

    Quelques regards féminins se tournèrent vers leur duo en entendant ces mots, arrachant un sourire gêné au policier qui tenta de faire accuser Andréa de sa propre maladresse. Le jeune homme se défendit vaillamment, tant et si bien que l’attention de Gaudefroy finit par s’arrêter sur eux, obligeant Levallois à reprendre un maintient bien droit de commissaire abandonnant au passage son verre de Bloody Mary qui venait juste d’arriver. Un mince sourire s’étira sur les lèvres d’Andréa qui poursuivit ses réflexions en s’arrêtant sur l'ecclésiastique en pleine discussion avec Billy, le second d’Aldrick.


    - - - ---------- Billy Langevin : Second du commissaire Voelsungen ---------- - - -

    Qu’est-ce que c’est ?
    La même chose que tout à l’heure. Vous avez la mémoire courte Monseigneur.
    C’est que, à part le vin de messe…
    Prenez en encore mais ne tourner plus de l’oeil.
    Mais c’est pécher mon enfant.
    Billy leva les yeux au ciel, se faisant violence pour ne pas souligner de manière acerbe qu’il n’avait plus vraiment l’âge d’être nommé de la sorte. A la place, presque du tac au tac, il s’enquit :
    Parce que tuer tous ces innocents ce n’est pas le cas ?
    Bien sûr que si ! S’indigna l'ecclésiastique avant de faire un signe de croix de la main droite. C’est un des 10 commandements primordiaux !
    Vous les appliquez toujours à la lettre ? Alors pourquoi traiter avec M. Moissat ?
    Je… Le prêtre rougit légèrement, son regard hagard chercha un échappatoire dans le paysage. En vain. Je m'efforce, commença t-il lentement comme pour se convaincre, de remercier Dieu pour chacun de ses bienfaits et de transmettre la bonne parole à ceux qui peuvent être sauvés.
    Vraiment ? Maître Moissat aurait-il besoin d’être sauvé ?
    J’agis dans l’intérêt du plus grand nombre mon enfant.
    Les épaules de Billy s’affaissèrent. Un instant il songea à s’enfiler le verre abandonné pour être certain de mieux digérer cette conversation mais il était en service et ne pouvait se permettre pareil écart. Particulièrement en présence de tant de supérieurs.
    Ce n’était pas le cas de l’huissier ?
    Il…
    Un long silence suivit.
    Confiez vous mon père. Insista l’agent. Pour une fois que les rôles sont inversés.
    Le regard du prêtre se fit fuyant et d’un geste vif, il saisit le verre qu’il avala et reposa d’une traite, si rapidement que les yeux de l’agent n’eurent pas le temps de faire l’aller-retour entre l’homme et la table.
    J’essayais de négocier un accord.
    Pardon ?
    Disons… Qu’il m’arrive de jouer au poker avec des amis et … Que je ne gagne pas toujours alors…
    Alors vous avez pioché dans les dons des paroissiens ? S’estomaqua Billy qui du faire un incommensurable effort pour ne pas que les bras lui en tombent.
    Le concerné baissa les yeux et entortilla nerveusement ses mains, le visage peint d’un rouge honteux, avant d’acquiescer doucement.
    Il voulait un tableau de l’église en échange de son silence. Cette toile était un don d’un fervant croyant, qu’aurait-il dit en voyant cette oeuvre absente à la prochaine cérémonie ? Puis aux suivantes ? Mon Dieu ! C’était impossible ! Cet homme ne possédait pas de quoi vivre convenablement et pourtant, pourtant… La détresse gagna ses yeux immenses. Ce que j’ai fais est mal, mais je le jure, je n’ai jamais commis aucun des meurtres ! S’emporta le religieux en tournant vers le policier un visage désespérément innocent, en s'agrippant au carrick du roux.
    N’était-ce pas du même acabit ?
    L’homme ouvrit la bouche mais la referma, ne trouvant rien à redire, préférant resté prostré dans un silence lourd de sens, sa main sur le chapelet qui lui enserrait le cou, ravalant le flot de larmes qui resta coincé au bord de ses yeux.


    - - - ---------- Edward White : Patron du Lost Paradise ---------- - - -

    Toujours dans l’ombre, Edward réfléchissait encore, bien décidé à identifier le coupable avant l’annonce de la police, et surtout avant Aldrick, il en allait de sa fierté ! Adossé à l’un des murs du Lost Paradise, il observait attentivement le seul suspect dont l’emploi de cocher était avéré, tentant de remettre un nom sur ce visage qu’il était certain de connaître.

    « Oooh ! Mais c’est le petit Pierre ! »

    Le lycanthrope sursauta si violemment qu’il manqua de perdre l’équilibre, n’ayant nullement entendu, ni même vu arriver Léonard, prince et peintre parisien. Portant sa main sur son cœur dont le nombre de battement avait doublé en l’espace d’une seconde, Edward posa un regard  soudainement très intéressé sur le jeune homme dont la joie de vivre avait quelque chose d’étrange dans cette scène digne d’un roman policier. Réajustant son vêtement, le patron du cabaret s’enquit :

    « Pierre ? Vous le connaissez Léonard ?
    Mais oui, c’est le chauffeur de la famille Georges. Vous savez ? Lui a une silhouette délicieuse à peindre, tout en rondeur, on dirait une adorable petite boule. Alors que sa femme est toute grande et sèche.
    Oui je me souviens, il a déjà assisté à l’un des spectacles. Mais pourquoi son cocher…
    C’est d’un mauvais goût quand même. Un si joli garçon, coincé dans un vêtement de bourgeois beaucoup trop petit pour lui. C’est idiot. Regardez-moi ce gâchis, pauvre petit. Ah ! Les gens riches peuvent être d’un toupet ! C’est un crime contre le bon goût ! »

    Là seulement, Edward tiqua. Léonard avait raison, le jeune homme avait visiblement essayé de dissimuler son statut, et compte tenu de la taille des vêtements, il était possible que ces derniers lui aient été prêtés par son employeur. Mais pourquoi ? Les iris dépareillés du loup se dirigèrent jusqu’à l’huissier dont la figure déconfite lui fit faire un étrange rapprochement avec un pruneau. Secouant la tête pour balayer l’idée, il chercha à savoir quel lien pouvait exister avoir entre les Georges, leur cocher et un huissier de justice. De nouveau, la verve hasardeuse de Léonard l’aiguilla dans ses recherches :

    « Et vous savez que le petit était un ancien homme de main ? C’est la petite Mimi qui me l’a appris. Elle sait absolument tout ce qui se passe à Paris ! Enfin, c’est incroyable. Un visage si bien fait comme le sien… J’en ai été tout chamboulé ! Vraiment, il ne faut pas se fier aux apparences. Ou du moins pas à toutes, car en ce qui me concerne… »

    Là, Edward arrêta d’écouter, laissant Léonard s’emporter dans les tirades qui lui été coutumières, acquiesçant tout de même de temps en temps pour faire croire qu’il prenait garde à ses paroles. À n’en point douter, il y avait là une histoire que la famille Georges tentait d’étouffer, une histoire de sous probablement, puisqu’elle impliquait un huissier et le jeune Pierre Déprés avait été envoyé sur place pour régler le problème, son passé de petit voyou aidant. Dans tous les cas, il était peu probable que le cocher ait un lien quelconque avec l’affaire. Seul son cab l’incriminait et de toute évidence, il n’en avait pas le libre usage alors comment aurait-il pu s’en servir pour tuer et transporter ses victimes sans que ses employeurs s’en rendent compte ? Impossible. Sans compter qu’il est tout à fait évident de différencier un coupé de particulier de ceux montés par les professionnels du transport, les victimes ne se seraient pas faites avoir si facilement, en particulier Valérie qui devait bien connaître les risques de ces excursions.

    Le soudain silence de Léonard força Edward à s’extraire de ses pensées. Tournant la tête vers lui, il fut surpris de voir sa figure empreinte d’une immense surprise qui lui arracha un « Qu’y a t’il ? » un peu sec. Le prince réajusta sa cravate avant de détourner le regard, soufflant :
    « Je ne savais pas pour vous et le commissaire…
    Quoi ?! S’étrangla Edward.
    Et bien vous venez d’acquiescer quand je vous ai dit…
    Mais enfin ! Je ne vous écoutais pas ! J’ai acquiescé par pure politesse !
    Ah et bien tant mieux ! Cela me chagrinait de savoir qu’il ait accepté de servir comme modèle à vos couturiers ! Euh mais… Mais vous ne m’écoutiez pas ? »

    Edward ouvrit la bouche et la referma aussitôt, passant une main sur son visage pour en dissimuler les traits désespérés. Un soupir quitta ses lèvres avant qu’il ne s’interroge justement au sujet d’Aldrick. Tournant la tête vers la table vingt-cinq, il fut à peine surpris de voir avec quelle douceur il traitait son suspect. Arquant légèrement un sourcil, il écouta avec attention la discussion animée tenue par les deux hommes.


    - - - ---------- Aldrick Voelsungen : Commissaire du 4e arrondissement ---------- - - -

    Ye n’ai rien à voir avec toute cette histoire !
    Ils disent tous ça. Mais vous êtes un des rares à garder l’arme du crime.
    Ce n’est pas moi ! Ye ne souis pas aussi stupido ! Sa main alla jusqu’à son front pour s’en décoller, soulevant l’évidence apparente du propos.
    Ah ? Et vous comptiez en faire quoi ? Coupez votre viande si elle n’était pas assez tendre ?
    N’importe quoi ! Arrété dé mé prendre pour un’imbécibilé ! Dit-il en agitant haut les bras.
    Un filou dans le meilleur des cas. Ce n’est pas la première fois que vous êtes mêlé à des affaires louches !
    Qué ? Ma imbranato ! Tu crois que yé que ça à faire de passer mon temps dans ton poulailler ?! S’emporta Carlo en bombant le torse, avant d’appuyer avec insistance un doigt sur lui.
    Aldrick coupa court à la conversation en saisissant le poignet de l’italien, pour le lui plaquer dans le dos après l’avoir tordu.
    Pardon, je n’ai pas bien compris. Vous pouvez répéter ?
    Une série colorée d’insultes échappa des lèvres du concerné, qui beugla plus fort qu’un goret qu’on égorge. Si bien que plusieurs femmes les fixèrent d’un air outré, tandis que Gaudefroy se contenta de le fusiller du regard, l’obligeant à desserrer son étreinte contre son gré. Le policier serra les dents, agacé de devoir faire dans la dentelle en public, il pouvait déjà s’estimer heureux qu’il ne lui ait collé le nez contre le sol ! D’autres avaient pris des châtaignes pour moins que ça !
    C’est VOUS qu’on devrait mettre en prisooon ! Arrêter ainsi des honnêêêtes gens !
    A qui voulez vous faire croire ça ?! Honnête, vous ? J’en ça doute fort ! On ne compte plus vos plaintes de voisinages ! Ces victimes aussi vous avez fait des reproches ?
    Yé né tué personne ! Ye suis pas uno assassin ! Puis ça là, c’était du boulot de cochon !
    Mais ça vous connaît la découpe de cochon, non ?
    Une vive douleur lui fut assenée au pied, puis à la mâchoire, l’obligeant à lâcher totalement prise, tandis que son interlocuteur se retournait pour lui faire face. Le poing serré siffla près de l’oreille ornée d’Aldrick qui s’écarta vivement. Un nouvel assaut se fit, mais resta comme figé dans le temps, alors que le coup de coude dans le ventre qu’il lui assena, le plie en deux. Un bruit de couverts malmenés se propagea dans la salle, tandis que la mâchoire du boucher entamait une rencontre fracassante avec la table. S’essuyant la bouche de sa main de libre, maintenant Carlo de l’autre en appuyant de tout son point sur son buste, le policier reprit sans tenir compte des cris outrés des présents :
    Pourquoi avez vous amené un couteau ici ? Pourquoi ?
    Grinçant des dents, l’homme garda le silence par orgueil. La poigne du lycanthrope se resserra puissamment, avant qu’il ne réitère :
    Pourquoi ?!
    Pour lui faire peur. Yé besoin d’un délai.
    Un délai ?
    Yé risque de fermer boutique. Yé plus de sous et lui… Il a tout ! C’est lui qui s’arrange avec le juge et yé voulais juste payer più tardi ! Yé lui ait parlé mais il voulait rien savoir ! Niente !
    Alors ce soir vous vouliez l’empêcher de vous nuire ? Comme les autres l’on fait ?
    Quels autres ? Tu dééélires ! Ce travail è touta la mia vita ! Ye voulais juste lui faire peur, pas le tuer ! C'est le seul qué peut me sauver !

    Le regard doré de l’agent remonta vers son supérieur, et ce simple échange suffit à lui dicter tout ce qui suivrait. Lentement, il redressa le charcutier en ayant soin de l’empêcher de nuire à nouveau, et acquiesça calmement pour le Préfet.


    - - - ---------- Gaudefroy Chaummont : Préfet de police ---------- - - -

    Gaudefroy remonta de nouveau ses lunettes, faisant signe à Aldrick que tout était au point. Il se plaça devant le dernier suspect, Gaël Samson, de nouveau assis à sa table. À priori l’homme n’avait rien de plus suspect qu’un autre à l’exception de ses chaussures dont les lacets étaient noués de manière étonnante, n’étant pas sans rappeler le nœud liant les lèvres de la dernière victime. Cependant Gaudefroy savait qu'il y avait autre chose, mais pour s'en assurer, il devait creuser un peu. Restant debout, il croisa le regard du suspect qui broncha à peine et demanda :

    « Dites moi M. Samson, quel métier exercez vous ?
    Je vais et je viens vous savez, je n'ai rien de défini. Je fais un peu de tout.
    Vraiment ? S'étonna faussement Gaudefroy.
    Laissez-moi en deviner quelques uns dans ce cas.
    Je vous en prie, si cela vous amuse. »

    Le préfet de police eut un sourire et il se prit au jeu des devinettes, passe-temps qu'il affectionnait tout particulièrement. Se concentrant sur les particularités de son interlocuteur, Gaudefroy s'intéressa principalement à ses lacets qu'il lia assez rapidement à la posture de l'homme et à son teint halé. D'une voix lente et assurée le chef de la police annonça :

    « Vous avez le maintien d'un militaire Monsieur.
    Effectivement, j'ai fait mon service militaire, est-ce un crime ? Je suppose que c'est aussi votre cas pourtant.
    C'est vrai. Cependant, me concernant, je n'ai pas fait mes classes dans la marine. Ce doit être votre cas si j'en crois votre peau marquée par les embruns et le soleil. Dites moi M. Samson, vous savez faire le nœud de huit je suppose ? »

    Il y eut un silence. L'interpelé s'enfonça un peu plus profondément sur sa chaise et croisa les bras, répliquant calmement :
    « Comme tout bon marin. Je pense pas être le seul dans ce cas, M. Gabrielli sait très probablement faire de même.
    C'est probable, mais vous n'êtes pas sans savoir que les lèvres de Mademoiselle Bode ont été liées de la sorte.
    Encore une fois c'est un nœud très simple à réaliser, je ne suis certainement pas le seul de cette salle à pouvoir le faire.
    Tout à fait, mais laissez moi encore une minute. »

    Gaudefroy n'eut comme réponse qu'un simple signe de tête et poursuivit tout aussi posément. Il souligna alors la particularité du manteau de son interlocuteur. Un carrick noir, un peu usé, veste que l'on associait aisément aux cochers parisiens car ils en composaient le principal vêtement. Cette précision souleva un murmure dans la salle, mais M. Samson ne s'en inquiéta qu'à demi. Il eut un mouvement de recul, puis admis sans réticence qu'il lui arrivait effectivement de travailler de temps en temps au poste de conducteur de fiacre et qu'il avait prit l'habitude d'en conserver le manteau. Cela ne déstabilisa pas Gaudefroy qui avait encore quelques atouts dans sa manche. Se penchant sur l'individu, il pointa du doigt la chaîne qui lui ceignait le cou, demandant :

    « Puis-je voir votre collier Monsieur Samson ? »

    Le suspect s'exécuta, dégagea une petite croix de sous son habit. Le bijou était net, propre, et l'on voyait très nettement qu’il en prenait grand soin. Il ne laissa pas le temps au préfet de l'interroger et prit les devants :

    « Est-ce également interdit d'être catholique ? C'est pourtant souvent le cas chez les marins.
    Je ne le nie pas, mais ne croyez vous pas que cela commence à faire beaucoup de coïncidences ? Nous recherchons un cocher, croyant, sachant réaliser des nœuds marins.
    Je n'ai peut-être pas de chance ?
    Si vous n'avez pas d'alibi concernant les soirs des meurtres, c'est tout à fait possible.
    Je crains que ce ne soit le cas. Je vis seul et je…
    N'en avez vous pas assez ? Coupa brutalement Gaudefroy
    Je vous demande pardon ?
    Que cherchez vous à faire M. Samson ? Éradiquer le mal de notre pauvre terre en bafouant le premier commandement ? Ne trouvez vous pas cela un peu paradoxal ? »

    Un silence éprouvant gagna la salle entière. Gaudefroy Chaummont et Gaël Samson se toisaient sans un mot. Le premier attendant patiemment de flairer sa proie, le second visiblement plus nerveux qu'auparavant, ou plutôt plus agacé. Ses doigts épais gagnèrent le pendentif qu'il portait et se mirent à le polir frénétiquement, passant et repassant sur sa surface brillante sans qu'une seule expression ne trahisse son propriétaire. Le préfet sentit qu'il avait visé juste et reprit sur un ton plus hautain :
    « Pensiez vous vraiment, vous, ancien marin, pauvre cocher, pouvoir supprimer les péchers de ce monde ? N'est-ce pas là orgueilleux de votre part ? N'êtes vous pas vous même un de ces pêchers ?
    Vous ne pouvez pas comprendre… Abandonna Gaël entre ses dents.
    Vous avouez ?
    Je devais le faire. C'est ce qu'il m'a demandé. »

    C'était lui.

    Ils avaient vu juste, cependant Gaudefroy fronça les sourcils, désagréablement surpris par cette réponse. Il jeta un coup d'œil à ses hommes, faisant signe à certains de se rapprocher tandis que la pièce tout entière retenait son souffle. Le préfet se pencha sur la table et y appliqua ses deux mains, posant l'unique question à poser, celle dont il connaissait déjà là réponse :

    « Qui vous l'a demandé ?
    Dieu. »

    Gaudefroy frappa brutalement et avec une violence si soudaine le bois de la table qu'il arracha un sursaut à une grande majorité de la salle, répliquant de cette voix puissante et dure qu'on lui connaissait parfois :
    « Cinq personnes ! Il vous a demandé de tuer cinq personnes ! Mais pourquoi ? Ces gens n'avaient rien fait !
    Je devais racheter ma place. Sept suffisaient.
    Qui était le sixième ?
    M. Moissat.
    L'orgueil ?
    L'envie. Vous avez bien entendu tous ces gens ? Il veut les dépouiller, il les utilise pour récupérer des biens qu'il jalouse. Vous ne voyez pas ces yeux ? Regardez comme ils transpirent le vice ! Tout ce qu'il voit, il le veut. Il est insatiable. Otez lui ces yeux ! »

    Samson se leva d'un bond, les deux bras lancés vers l'huissier de justice qui émit un petit cri porcin précédent un mouvement de recul tel qu'il en tomba de sa chaise. Heureusement, les agents eurent tôt fait de contenir l'assassin qui retrouva sa chaise les fers au poing. Il était beaucoup plus agité, mais ne faisait nullement attention à la police. Toute son attention était pour Gordon Moissat qu'il observait avec une sorte de rage fiévreuse. On le sentait déséquilibré, persuadé d'avoir à accomplir une mission étrange qu'il s'était sans doute imposé lui même.

    « M. Samson ? » Interrogea Gaudefroy.

    L'homme tourna la tête, retrouvant une sérénité terrifiante pour qui savait quels crimes odieux se cachaient derrière ce calme apparent. Le préfet reprit :

    « Vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de Julie Dewis, Émile Bale, Paco Senfut, Jean Glouti et Valérie Bode. »

    De nouveau plus un son. Les gens se regardèrent surpris, songeant probablement à Prudence Chéfaut, autre victime associée au tueur. Toutefois personne n'osa en faire la remarque, et grand bien leur pris, car alors qu'on emmenait Gaël Samson, Gaudefroy se tourna ver Carlo Gabrielli, demandant :
    « Connaissez vous Marco Gabrielli ? »
    Carlo hésita un peu avant de répondre :
    « È il mio cugino.
    Il travaille avec vous ?
    Si.
    Vous a-t-il parlé de la femme qu'il fréquentait ?
    Si.
    Vous a t-il dit qu'elle s'appelait Prudence Chéfaut ?
    Ma… No ! Jamais ! Yé n'étais pas au courant.
    Un mari, deux amants, l'un d'eux l'a tuée. Un boucher.
    Impossibilé !
    Commissaire Voelsungen, pouvez vous emmener notre ami Gabrielli au post, sans trop le malmener, je pense qu'il a une déposition à faire s'il veut toujours sauver son échoppe. »

    Ce fut sur ces paroles que les portes du Lost Paradise s’ouvrirent. Elles virent passer entre leur deux battants de chêne, la police, accompagnée d’un homme droit et digne, levant les yeux vers le ciel avec satisfaction, Gaël Samson ne regrettait rien. Derrière lui, la tête basse, Gordon Moissat était inculpé pour chantage et malversation. Enfin, fermant la marche, l’italien sortait libre. Serein, Carlo Gabrielli, suivait les agents, prêt à témoigner.

    Restant seul sur le pas de son établissement, Edward regarda le ballet des voitures s’éloigner du 52 rue Saint-Andrée des Arts, ayant l’espace d’une seconde, une pensée pour cet homme, cet assassin, qui n’avait accompli le mal que pour faire le bien.


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Ainsi se termine la première intrigue du forum !


C’est donc la fin du tueur aux sept péchés capitaux, la fin d’une traque et d’une enquête haute en rebondissements au cœur de la capitale. Cependant, il reste des points à éclaircir, car si vous avez visé juste, certains éléments restent sans réponse, l’un des plus étonnants étant sans conteste cette histoire de pain. Pourquoi du pain ?
Nous vous invitons à garder un œil sur le sujet, car sous peu, vous pourrez lire l’histoire de l’assassin qu’il racontera en personne. Tout vous y sera expliqué. Des révélations à ne pas manquer !

Un grand merci à tous les participants, ceux qui nous suivent depuis la mise en route de l'intrigue, comme ceux qui ont pris le train en marche. Et bravo à ceux qui avaient deviné juste !

Bientôt l’évent de l’été, beaucoup moins sérieux, mais on espère bien vous y trouver aussi enthousiastes !
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MessageSujet: Re: [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise   [Intrigue] Ça bouge au Lost Paradise I_icon_minitimeSam 27 Sep - 16:10

Après quelques mois d'attentes, voici l'histoire de Gaël Samson et les dernières révélations sur le tueur aux 7 péchés capitaux.

Merci pour votre patience, et bonne lecture ~



    Je m’appelle Gaël Samson et j’ai tué cinq personnes pour Dieu.

    Je suis né à Plougonvelin, un petit village à l’ouest de Brest en Bretagne, dans une famille modeste de pêcheurs. Je suis l’aîné d’une fratrie de six dont j’ai souvent dû m’occuper pendant que ma mère évidait, pendant des heures et des heures, les poissons pour la grande société Bras Dour. Une grosse industrie toute neuve, spécialisée dans la pêche au large de la Bretagne. Mon père y travaillait aussi, il écumait la Manche et l’océan Atlantique sur ces bicoques à voiles qui puent la morue, s’absentant durant des semaines à chaque campagne. On vivait bien, sans plus. Je suis allé à l’école, où j’ai appris à lire, à écrire et à compter. Pas de la grande littérature, ni des grandes mathématiques, juste de quoi aider ma mère pour faire le marché, histoire que les raclures sans âmes ne me l’arnaquent pas de trop.

    C’était moi l’homme de la maison quand mon père n’était pas là. Et quant il était là aussi d’ailleurs, parce que même à terre, on sentait bien que son cœur était resté sur l’eau. Ça… Ma mère s’en amusait. Quand il rentrait, elle lui lançait souvent : « Tiens mon Ronan, tu daignes revenir voir ta petite maîtresse, enfin ! ». Ça nous faisait rire, et puis on mangeait un bon repas et on reprenait tous notre petite vie. Moi je m’occupais des frangins et frangines, le paternel dormait et la mère allait au boulot. Et puis j’ai grandi.

    J’ai grandi et je me suis entiché d'une belle princesse en provenance directe de la ville. Elle était venue se perdre au bout de la France en compagnie de son père, un cuisinier passionné de voile qui avait trouvé son bonheur en travaillant pour un petit bistrot à Brest même, pas loin des docks. Elle était serveuse et toute la ville se déplaçait pour ses beaux yeux, je ne fis pas exception. J’allais la voir dès que j’avais un peu de temps pour moi, lui tournicotant autour comme un chien de chasse qu’a flairé la plus belle biche du siècle. Et puis, bourricot que j’étais, j’insistais et ça la faisait rire. Un rire, bon sang ! À tomber par terre. Alors au bout d’un temps on se bécotait et je peux vous dire que j’étais le plus envié des hommes. Ce qu’elle était jolie ma Giselle, et comme nous étions bien. J'avais réussi à trouver un petit emploi dans un magasin de pêche où je réparais les filets des marins quand je ne tenais pas le comptoir, puis pour joindre les deux bouts, je pêchais aussi, souvent, pour alimenter un peu le marché et le bistrot du beau-père. Je ne gagnais pas des milles, mais enfin, j'avais de quoi gâter ma petite serveuse, et ça, les dames elles adorent. Alors je l'ai dorlotée jusqu'à pouvoir demander sa main à son père. Il était plutôt content, car il lui semblait que j'étais quelqu’un de sérieux et il n’avait pas tort. Nous avions prévu les noces quatre mois plus tard, le temps qu'elle fasse venir de sa famille à Brest. J'avais vingt ans et elle dix-sept.

    Puis deux mois avant le grand jour, tout se bouscula. Je m'en souviens comme si c'était hier. J'étais dans l'arrière boutique quand mon patron m'a appelé. C'était un rude bonhomme pas très commode, mais honnête et qui savait récompenser quand on travaillait bien. Il m'a appelé ce sa grosse voix rocailleuse : « Gaël ! Un papelard pour toi, vient signer môme. »

    Je me levai et le rejoignis derrière le comptoir, me trouvant bien bête devant un employé des postes qui me demandait de signer un reçu. J'assurai que j'avais rien commandé, mais le bigre insista. Dès que j'apposais ma griffe, il me tendit une lettre au cachet tricolore, et j’en eu froid dans le dos. Je l’avais oublié celui là. C'était un document du gouvernement. Le document qui vous annonce que voilà, vous avez été tiré au sort et que vous allez partir pour cinq longues années de service militaire, que c'est comme ça, et que vous pouvez crier, taper du poing, vous tordre le ventre, mais qu'à moins d'avoir 2 000 frs dans vos poches, c'est fichu. Inutile de songer à ne pas se présenter, car ce serait se faire directement une belle petite place en prison en tant que déserteur, et ça, même les pires canailles qui s’y trouvent elles n’apprécient pas et elles vous le font bien comprendre. Alors quoi ? Et bien, vous essuyez votre front qui dégouline de sueur, vous pensez à votre futur petite femme que vous allez quitter et puis, vous vous dites que c'est pas de chance, mais que c'est la vie.

    J’annonçai la nouvelle à ma jolie fiancée le soir même et bigre, c’était moi le plus peiné des deux. Cinq ans. Cinq ans dont personne n’est sûr de revenir. C’était douloureux, mais elle me consolait en me disant que ce n’était pas si long que ça et qu’elle m’attendrait. Cela me fit énormément plaisir. Mais même si je savais qu’elle avait raison, je ne pouvais pas m’empêcher d’être inquiet. Il y avait toujours des rumeurs qui courraient, des histoires pas très nettes sur les sergents qui s’occupaient du service. Et puis quand même, cinq ans !
    Ce soir là je ne dormis pas, le suivant non plus d’ailleurs. Enfin, les jours passèrent et le temps fut venu de faire les paquetages et de partir sous le drapeau.

    Comme souvent chez nous, nous étions envoyés dans la marine. Mon bateau s’appelait le Massena. C’était un gros bâtiment qui employait jusqu’à quatre-vingt-dix hommes. On était une vingtaine de conscrits au départ depuis Brest, le reste c’était des engagés. Dès le premier pied sur le pont, on nous mettait au respect des aînés. Cela ne me posait pas trop de problème, mais plus d’un bleu a fini à fond de cale durant les premières semaines. Il fallait être discipliné, mais c’était moins dur que ce qui se disait. On rentrait à quais tous les mois à peu près, et on avait le droit à une petite permission pendant laquelle je m’en retournais auprès de ma Giselle. Tout allait bien.
    Puis un jour que je remontais sur le navire, je fus appelé par un des officiers, moi et une dizaine d’autres camarades qui partageaient mon sort. On nous a expliqué que cette fois, c’était la bonne, que la rigolade était terminée et qu’on nous embarquait droit pour l’Indochine. « Pour devenir des hommes ! » comme il disait. L’Indochine. Le nom me fit tomber un poids d’une tonne dans l’estomac. C’était le bout du monde, sans compter que c’était encore plein de sauvages, des gens louches qui vous égorgeaient au premier carrefour. Et ma Giselle ! Toute seule pendant cinq ans. Je n’en menais pas large, j’avais l’impression qu’on me donnait à la mort. Je ne pus lui dire au revoir. Ou plutôt je ne le voulus pas. je savais qu’elle était forte, mais moi beaucoup moins. Si je l’avais revu alors… Je ne serais sans doute jamais parti. Du coup, j’ai aidé à préparer le bateau, toujours avec cette boule dans le ventre qui ne me quittait plus depuis l’annonce de ma destination.
    Enfin, nous levâmes l’ancre et le Massena partit. Je vis ma Bretagne disparaître dans l’horizon et le brouillard matinal, le cœur gros, les yeux plein de larmes et le visage fouetté par cet air humide et salé que je détestais déjà.

    J’appris rapidement à haïr la mer et l’océan. Jour après jour, j'abhorrai un peu plus encore cette étendue d’eau vide, d’un bleu triste et à la houle si capricieuse, qui m’éloignait de ma belle fiancée. Nous n’étions partis que depuis une semaine, mais la vie à bord m’était déjà infernale. De l’eau, toujours de l’eau et cette odeur si détestable de poissons qui nous collait à la peau. Je devins irritable, indiscipliné, je répondais sans raison aux ordres et effectuais mes tâches avec une mauvaise volonté flagrante qui me valu quelques séjours au trou. Et je n’eus que plus de raisons encore de détester cet ignoble voyage et ces cinq interminables années qu’on m’imposait.
    Si bien que, lorsque j’appris qu’on allait faire escale à Port-Gentil, au Gabon, je ne mis pas longtemps à me décider. Je quitterais le Massena dès que nous accosterions. J’étais prêt à remonter l’Afrique toute entière pour retrouver Giselle et m’enfuir avec elle. Mon choix était fait. Nous nous embarquerions en Amérique, son père pourrait venir avec nous s’il le souhaitait, on se débrouillerait mais au moins je serais avec elle.

    Le jour de notre halte arriva. Nous débarquâmes à Port-Gentil aux alentours de seize heures. On y récupéra de l’eau et des vivres, et le navire passa la nuit au port, laissant aux marins un peu de temps pour eux. L’occasion ne pouvait être plus belle. À peine la permission donnée, je laissais mes camarades prendre de l’avance, prétextant un soudain malaise, mais dès qu’ils furent hors de ma vue, je descendis à mon tour à terre et entreprit de quitter la ville au plus vite.
    Lorsque l’aube se leva, j’étais bien loin du port, certain que ma victoire était faite. Je savais qu’un long et incroyable voyage m'attendait au travers des colonies françaises, mais je me rassurai en songeant à la joie de ma jolie fiancée lorsqu’elle me retrouverait. Le jeu en valait la chandelle.

    Je mis près de deux mois pour atteindre le nord du Maroc, dans des conditions souvent difficiles, tant par la chaleur des journées que par l’air glacial des nuits. Infernal. Mais enfin, je m’embarquais pour le port de Sète, ayant eu la chance d’être engagé pour la traversée par un petit bateau de voyage français en tant que simple moussaillon. Je débarquais trois jours plus tard, et ce fut sans perdre de temps que je pris la direction de ma terre natale, heureux comme un gamin de me rapprocher un peu plus de ma Giselle.
    Je fus plus que prudent sur le trajet, craignant naïvement, que l’armée ne me retrouve et qu’elle me fasse lourdement payer ma désertion. Pourtant, malgré mes détours, je marchais bien et en un peu plus d’une semaine et demi j’étais presque à destination. M’arrêtant à Landerneau pour la nuit, je pensais arriver dès le lendemain, pour midi à Brest Malheureusement le trajet fut plus semé d'embûches que jamais, à croire que l’on ne souhaitait pas me voir rentrer au port. Barrages policiers à la recherche d’un camelot, problèmes avec mes chaussures, rencontres imprévues… Le soleil se couchait lorsque je vis enfin poindre au loin la bastille de Quibignon au bout du port de Brest. Cette image idyllique, que la lumière du soir rendit plus belle encore, fit disparaître en moi la moindre trace de fatigue et ce fut à un rythme soutenu que je gagnais l’intérieur de la ville, me pressant de rejoindre le bistro du père de Giselle.
    Je courrais comme une gazelle entre les maisonnettes de pierres et rien ni personne n’aurait pu m’arrêter ! Rien, à l’exception de ce rire. Ce rire que je connaissais si bien qu’il me figea dans mon élan. Il me força à tourner la tête de ci, de là, à la recherche de celle qui l’avait lâché.

    Misère de misère. Je crois bien que ce fut cette nuit là que je mourrais pour la première fois. Je restais médusé en la voyant. Ma Giselle, au bras d’un de ces foutus marins d’Islande. Un grand gras qui se tenait bien droit, avec des favoris taillés de près qui sculptaient un peu plus son visage carré d’homme de la mer. Elle se pendait à son bras comme elle s’était pendu au mien cette mauvaise fille. Cette débauchée se donnait au premier amant venu, alors que son fiancé était parti pour le service ! Et moi qui courait depuis des mois pour la retrouver, la serrer dans mes bras, voilà ma récompense ! Quelle tête de pipe je faisais !
    Alors je perdis la tête. J’étais jaloux, malheureux, fatigué, ce fut le désespoir qui guida ma main, moi je ne réfléchissais plus. J’avais le cœur plein de vengeance et de haine, une haine inhumaine qui sentait bon la folie de l’amour. Ce soir là j’enserrai un harpon qui traînait sur les docks et je les suivi, les deux tourtereaux. Comme un chat dans la nuit, pas un bruit, mais je les lâchai pas, j’étais devenu un vrai prédateur, comme ils nous l’avaient appris sur le Massena. Tout en silence, l’arme au poing, le dégoût dans l’âme. Et puis ils quittèrent le port pour s’engouffrer dans les rues plus désertes du faubourg et là je les serrai. Je lançai mon harpon comme un dingue avec une force que je ne me connaissais pas. J’atteins le marin en plein dans le dos. Il s’écroula raide et le rire de ma Giselle, hop ! Envolé ! Elle poussa un cri qui fendit la nuit, m’arrachant à ma torpeur. Je le vis toute petite, près de son matelot, pleurant à chaudes larmes comme elle n’avait jamais pleuré pour moi. Je l’aurais étranglé… Mais des lumières se sont élevées dans les bâtisses et je pris peur. Déserteur, meurtrier, je m’enfuis.

    Je détalai toute la nuit sans me retourner, sans savoir où j’allais. Je traversais les champs, les marrais, les forêts, j’évitais tous les villages comme la peste, certain que les forces de l’ordre me cueilleraient comme une fleur. Je ne m’arrêtai qu’à l’aube, quand mes jambes refusèrent de me porter plus loin. Alors je me blottissais dans le creux d’un arbre et une minute plus tard je dormais comme un gosse.

    Ce fut là que ma nouvelle vie commença.

    Je devais me faire discret. Je me doutais que Giselle ne m’avait pas vu dans l’ombre des ruelles, et qu’on ne pourrait pas m’associer à ce mort avant un bon moment, mais je préférai quitter la Bretagne pour partir me perdre dans les pâturages de la Normandie. Je rejoignis lentement le nord de la Seine où je trouvai le petit coin de paradis dans les forêts qui s'étendaient au sud du Havre. Elles étaient pleines de petit bourgs de paysans, d’une centaine d’habitants chacun, voire moins, et j’y trouvais de bonnes âmes pour me donner un peu d’eau et de nourriture en échange de quelques travaux dans les champs.
    Enfin, un jour que la chance ne m’avait pas souri et que la faim me tiraillait, je me retrouvais dans un petit village. Il s’appelait Betteville. Je toquais un peu aux bâtisses sans grand succès, avant de me pointer devant leur église où le curé m’accueillit bien gentiment. Je lui expliquais que je n’étais qu’un pauvre être qui cherchait un peu de pain en échange d’un service et le bonhomme m’annonça joyeusement que ce soir je festoierai comme jamais. J’étais perplexe, mais il m’expliqua ses paroles et ce fut la bouche toute grande ouverte de surprise que je l’entendis me dire :

    « Voyez-vous, nous enterrons ce soir un habitant du village. C’était notre maréchal ferrant, un brave homme et un honnête citoyen, mais… Qui n’était pas tout blanc non plus, si vous voyez ce que je veux dire. Sa famille veut qu’il soit bien enterré et qu’on efface tous ces petits écarts, alors si vous le voulez bien, vous allez manger ces péchés. »

    Manger des péchés. Cela me laissa une impression étrange. Au début, croyant qu’il se moquait de moi, je ne répondis pas, mais il insista pour avoir mon accord, et comme j’avais l’estomac dans les talons, j’acceptai. Et je ne fus pas déçu.

    Le soir même, au moment de l’enterrement, j'étais au cimetière comme me l’avait demandé le religieux. Je m’étais rendu un peu plus présentable, ne voulant tout de même pas me présenter défroqué à une mise en terre ! Ce n’était pas impeccable, mais au moins j’étais propre. Je saluai bien bas la petite famille en faisant mes condoléances, avant que mon regard ne tombe sur le repas de prince qu’on m’avait préparé. Le tout était posé, bien en évidence, sur le buste du mort. Mais mon estomac n’en fit absolument pas cas ! Cette vue me réveilla les papilles avec une force toute divine !
    Il y avait du bon pain tout frais, tout croustillant, mais aussi du beurre, de la charcuterie et même une lampée de vin ! Le paradis ! On m’installa auprès du trou qui devait accueillir le corps, en me priant de me mettre à mon aise. Bon… C’était quand même un peu perturbant de voir cette table dressée sous mon nez, sur une dépouille froide depuis un bon moment déjà. Ce n’était pas des plus ragoûtant. Pourtant après quelques Pater Noster, on me donna le tout de bon cœur et je mangeai comme un diable sous le regard de la famille, bien contente que je sauve l’âme de leur coureur de jupon. Et ce fut seulement une fois que j’eus bien tout avalé, jusqu’à la dernière miette, que la cérémonie se termina.

    En y repensant, je me disais que quelque part, je rachetais aussi un peu mes péchés en rendant ce service. J’avais toujours fréquenté les bancs de l’église, aussi lorsque le père de Betteville m’expliqua tout sur le pourquoi du comment, cela me sembla logique. Il faut dire que la mort du marin d'Islande me nouait toujours les tripes, le temps n’avait rien arrangé, et il m’arriva plusieurs fois de me réveiller suant à grosses gouttes après un terrible cauchemar. Pourtant il le méritait son harpon ! Tout le monde savait que Giselle était ma fiancée. Et puis quoi ? Elle allait dire non à un type fort comme un ours ? Il l'avait probablement intimidé… Ces islandais… Enfin, si je pouvais rendre service tout en m’accordant le pardon de Dieu, sans compter le petit repas qui allait avec, je ne disais pas non.

    J’appris un peu plus tard que c’était une coutume anglaise, et que, de l’autre côté de la Manche, ils appelaient les pauvres gens comme moi des Sin eater : les mangeurs de péchés. C’était des vagabonds, des voyageurs ou des gens de passage qui joignaient l’utile à l’agréable en faisant bonne pitance et en débarrassant un mort de ses petites entorses à la bonne vie chrétienne. Je n’ai jamais apprécié pas les rosbeaf, mais il fallait avouer que c’était une riche idée qu’ils avaient eu ! Alors, j’ai pensé que j'allais continuer sur ma lancée et sauver ces pauvres pécheurs tout en faisant un bon dîner. Je demandais ça et là si les gens connaissaient d'autres bourgades qui utilisaient ce genre de cérémonies, et ce fut comme ça que je trouvais le nom de quatre ou cinq villages, en plus du Havre, où les marins anglais étaient plutôt nombreux. Cela me convenait, et je pus continuer de faire gentiment la manche tout en servant, bien rarement malheureusement, au sauvetage d'une âme.

    Je mis un peu plus d'un an avant de me décider à gagner le Havre. Il fallait avouer que le lieu grouillait de vie, et qu’étant sans doute toujours recherché, je trouvais dangereux de m’y aventurer. Mais la cavale m'avait tellement changé que même ma petite mère m'aurait pas reconnu. Le teint bruni, maigrelet, j'avais la barbe qui me mangeait tout le visage sans pitié, et de ma jeunesse je ne gardais que ma stature de militaire qui inspirait toujours confiance, et mon regard de jeune homme, parce que malgré les années passées, j'étais encore vaillant.
    Enfin vaillant… Jusqu'à cet hiver. Ce fut ce froid polaire qui me força à remonter vers le grand port. Les températures n'arrêtaient pas de baisser rendant les journées sacrément dures. J'en avais pourtant supporté des saisons froides ! Mais celle là… Elle emportait tout ceux qu'avaient le malheur de coucher dehors sans feu ! Pas de quartier. Et puis c’était connu, les gens ouvraient moins leur porte dans ces moments là. Les champs ne donnaient plus, alors leur pain et leur soupe, ils les gardaient pour eux et ne la gaspillaient pas avec des vagabonds hirsutes qui effrayaient les gosses. Qui pourrait les blâmer ? Pas moi en tous les cas.
    Mais, dans les grandes villes c’était différent. Le Havre ce n’était pas le paradis mais bon, je dégottais toujours une bonne âme pour me sauver d'un quignon ou d'un peu d'eau. Et puis pour le sommeil, je trouvais une petite cave avec une vieille chaudière à charbon que je proposai d'entretenir toute la nuit en échange de pouvoir dormir à côté. Pensez bien qu'avec certains bassins du port, à moitié gelés tant le temps était rude, les gens ne disaient pas non. Me voilà donc à mener une petite vie sans ambition et bien tranquille jusqu’à ce que je fasse une rencontre étonnante.

    J’avais pris l’habitude de faire tous les jours le tour des cimetières. Je me renseignais pour connaître les messes, et si par hasard on aurait pas besoin d’un mangeur de péché à l’occasion, vu qu'avec ce froid, c'était pas les morts qui manquaient. J’eus quelques fois cette chance à laquelle je me pliais bien volontiers, et ce fut après l’un de ces repas, plus que frugal cette fois, que je fus abordé par l'ecclésiastique de la paroisse. Le père Blaise était un religieux tout juste placé là par l’église. Il avait un peu plus de la trentaine mais en paraissait vingt-cinq, quand j’en avais seulement trente et en semblait quarante. Peut-être doit on notre bonne entente à cette similitude d’âge, ou au fait que nous étions tous deux des étrangers pour cette ville, toujours est-il que nous nous entendîmes à merveille dès le premier mot échangé. Il était un peu farfelu, pas méchant, mais il croyait dur comme fer au Seigneur, tout en ayant quelques interprétations bien à lui des textes de la Bible. Les gens l'aimaient bien, vu qu'il écoutait les soucis de tout le monde et distribuait l'absolution avec grand entrain tous les dimanches.
    Au début on se croisait surtout par hasard, et puis, en venant à discuter, on découvrit qu'on était tous les deux des fils de la Bretagne, ce qui ne fit qu'augmenter encore notre sympathie l'un pour l'autre, si bien qu'il ne se passait pas une semaine sans qu'on se retrouve autour d'un verre. C'était toujours lui qui payait, évidemment, mais comme je faisais l'éloge de ses messes dans tout le port, on retrouvait tous deux nos comptes. On devint finalement bons amis et il m'invita même à passer le nouvel an avec lui, dans le petit logement qu'il avait eu avec la garde de l'église.
    Dès lors, l'hiver passa beaucoup plus vite et fut beaucoup moins pénible, tant ce brave garçon avait toujours sa porte ouverte pour ma crasseuse personne des fois que la malchance m'empêche de trouver un toit pour la nuit. Je le remerciais toujours de se montrer si serviable, mais il adorait répéter que notre rencontre n'avait rien de fortuite et qu'elle était un signe. Il me recommandait d'allumer un cierge pour Dieu, parce qu'il était le seul à saluer pour avoir fait croiser nos routes. Et je finis par y croire !

    Blaise me parlait souvent de ses théories à ce sujet. Il m'expliquait soigneusement comment chaque instant de nos vies était un test de la part du Seigneur qui nous observait depuis le ciel. Il organisait tout pour mettre à l'épreuve ses ouailles et déterminer lesquels avaient leurs places à ses côtés. Et c'était tellement évident ! Giselle, elle avait été mon épreuve ! Notre séparation, puis nos retrouvailles… Arrivé comme ça, de nuit, à Brest, et la surprendre dans les bras d'un autre alors que j'aurais dû arrivé beaucoup plus tôt dans la journée sans ce barrage de police, la gamine qui me fit récupérer son chat et cette semelle de chaussure qui me blessa les orteils au point que je m'arrêtais cinq ou six fois de l'heure ! On avait tous les deux été mis au pied du mur. Elle avait perdu la première, la fille, en succombant aux bras d'un autre, et puis ce fut à mon tour de céder à la colère. Je l'avais puni, ou plutôt « Il » l'avait punie par ma main, et c'était désormais à moi de me racheter avec cette vie de misère en mangeant sur des morts. Quelle punition ! Alors oui, je me disais que, pour mettre Blaise sur ma route, c'était peut-être bien que le bon Dieu avait une autre idée en tête. Et quelle surprise lorsque je constatai, une fois de plus, que mon camarade avait eu raison !

    La glace et le froid étaient finalement repartis, si bien que je n’allais pas non plus tarder à retrouver mes petits villages et mes habitudes de la belle saison. Ce n’était pas sans me chagriner, car je m’étais habitué à la vie au port, et surtout, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir un pincement au cœur en songeant que j’allais quitter mon ami, peut-être pour de bon. Pourtant il fallait s’y résoudre, cela aurait été trop risqué de rester dans une ville de marins entre qui les histoires de mer se répandaient comme une traînée de poudre.
    Alors ce fut avec détermination, qu’un jour que nous profitions d’une promenade sur les docks, je fis part de mon désir de partir à Blaise. Il l’accueillit avec bien peu de joie, s’arrêtant dans sa marche pour me toiser de haut en bas, les lèvres déformées dans une grimace triste qui me peina terriblement. Je lui expliquais plus ou moins clairement mon affaire, lui assurant que cela serait bien mieux pour moi, et certainement pour lui aussi, mais la nouvelle ne lui plut pas. Je lisais sans mal dans son regard qu’il était fâché, et nous nous quittâmes sur un silence déplaisant qui me résolu à partir dès le lendemain, et je m’y tins.

    À midi j’avais récupéré la totalité du peu d’affaires que j’avais, toutes bien bourrées dans mon fidèle sac en toile, vieux compagnon du début de mon errance. La chance avait même mis sur ma route une petite bonne femme qui m’offrit une moitié de miche de pain et le fond d’une bouteille de lait pour la route. Je passais tout de même à la paroisse de Blaise, le cœur gros, se gonflant davantage lorsque je ne trouvais que le petit clerc en plein nettoyage de l’office. « Il m’a dit qu’il rentrerait tard ! », m’annonça le gamin en haussant les épaules. Certainement qu’il m’en voulait trop pour me voir, alors je repris ma route. Je sortis de la ville, et commençai à marcher le long des routes, m’écartant pour laisser passer les voitures que je saluais de temps en temps lorsqu’une dame me versait dix sous. J’avais bien dû faire deux kilomètres lorsque j’aperçus une carriole en peine. Sa roue avait basculé dans le fossé et le conducteur semblait tout désolé face à son passager qui battait des bras l’air avec frénésie.
    Je m’avançais un peu, pour leur venir en aide, avant d’ouvrir deux grands yeux lorsque je me rendis compte que l’énergumène qui s'agitait n’était autre que mon ami. Je courus jusqu’à eux, très curieux de savoir ce qu’il faisait ici et on n’eut pu me faire meilleur accueil !

    « Ah ! Dieu merci te voilà ! Je craignais de t’avoir manqué Gaël ! Imagine toi que j’ai grimpé dans la première carriole qui passait dans l’espoir de te rattraper. Je pensais que tu étais parti de bonne heure ! Décidément, le Seigneur est avec nous, il ne veut certes pas que tu t’en ailles et moi non plus ! »

    Des paroles qui me firent chaud au cœur, mais qui me peinèrent tout autant. Je m’empressais de remercier Blaise pour sa gentillesse, avant de lui assurer qu’il me fallait retrouver le calme de la campagne. Mais aussitôt, il me donna une grande claque sur épaule, et reprit avec cette conviction sans faille que j'appréciais chez lui :

    « Viens avec moi ! On m’a proposé une place au séminaire de Pontoise, au monastère du Carmel, près de Paris. Tu n’as qu’à m’accompagner. Cela ne dérangera personne, et qu’importent les raisons qui te poussent à quitter le Havre, tu n’auras rien à craindre là-bas. »

    Je le regardais éberlué, ouvrant la bouche perplexe après cette annonce imprévue. Évidemment, l’idée était alléchante, adieu la vie d'errance, une toit et un repas chaque soir… Après toutes ses années passées dans la plus grande pauvreté, l’occasion était merveilleuse, mais avais-je seulement le droit d’espérer une telle chance après mes actes terribles ? Blaise me rassura aussitôt, insistant sur le fait qu’il avait eut la nouvelle le soir même de notre dispute. Un autre signe ? Je voulus y croire et j’acceptai avec un joyeux emportement de l’accompagner.

    Nous partîmes la semaine suivante pour rejoindre le monastère de Pontoise, plutôt éloigné de la vie grouillante qui bordait la capitale. Le bâtiment avait gardé tout son caché moyenâgeux et derrière sa voûte de pierre et sa lourde porte en bois, la vie m’y sembla tout de suite agréable. Les journées se déroulaient dans le calme, bien loin de mes longues marches de voyageur. Blaise officiait à l’église des lieux et c’était très naturellement que j’avais entrepris de poursuivre dans la voie de la religion, m’y impliquant de plus en plus, encouragé par mon ami qui me soutenait dans ce choix. Les années passèrent, et il me sembla que j'avais enfin trouvé la sérénité.
    J’avais presque acquis le statut de prêtre lorsque je quittais Blaise pour me rendre dans la paroisse Saint-Louis, à Garches, dont la rénovation était terminée depuis peu. C'était l'ultime étape avant que je puisse moi-même faire la messe. Là, je secondais souvent les autres religieux lors des prières que je suivais avec la plus grande assiduité. Mon ancienne vie derrière moi, je tâchais d’utiliser au mieux mon expérience pour aider les personnes venant quérir mon aide.

    Jusqu'au soir, où tout bascula.

    Je m’étais lié d’amitié avec un médecin, plus âgé que moi, mais dont la récente perte de sa femme, emportée par une maladie, avait terriblement ébranlé sa foi dans le serment d’Hypocrate. Il se posait beaucoup de questions, son cœur n’arrivant pas à choisir entre sa profession, désormais faillible à ses yeux, et le Seigneur à qui il ne parvenait pas à accorder sa confiance. J'essayais de l'aider au mieux, lui,apportant mon point de vue sur la question, tout en lui recommandant de s'ouvrir au monde. Et puis un jour, il vint me trouver, la mine réjouie, m’assurant qu’il avait découvert le moyen parfait de mettre un terme à ses doutes. Heureux pour lui, je l’interrogeais, curieux, et sa réponse me glaça l’échine :

    « J’ai lu ça dans le journal. C’est très connu outre Atlantique vous savez. Cela consiste à s’injecter une dose d’un produit qui arrête momentanément le cœur. Ainsi l’on peut mourir, très brièvement. Je pourrais me rendre compte de ce qu’il se passe de l’autre côté, savoir si mon épouse a été sauvé par Dieu ! Comprenez-vous ? »

    Et je ne comprenais que trop bien. Quelle idée effrayante, et en même temps… Quelle formidable chose que d’imaginer pouvoir toucher du doigt cet au-delà auquel on croit sans jamais le voir. Je fis pourtant mon possible pour l’en dissuader, l’expérience me paraissant plus que dangereuse, mais il m’assura que ce n’était rien de si terrible et qu’il avait toutes les connaissances nécessaires pour pratiquer cela sans risque, me demandant seulement mon concours pour cette occasion. Mes objections ne le touchant nullement, je finis par accepter, n’osant avouer que j’étais, moi-même, très curieux des résultats d’un tel test.
    Avec mon accord, il planifia l’injection du produit au samedi soir suivant, chez lui car il était évident qu’un bâtiment religieux ne pouvait accueillir pareille pratique.

    L'heure arriva, et j’hésitais un peu avant de me rendre à son cabinet, mais après avoir fait la promesse d’être présent, je ne pouvais guère me défiler. Je quittais l'église Saint-Louis alors que la cloche de l’église sonnait les vingt heures et j’arrivais avec un peu de retard. Nous étions en automne, aussi la nuit était déjà tombée, et une bise légère balayait les arbres sans se soucier des mornes pensées qui m'habitaient. Je toquais, les mains moites, et fus aussitôt accueilli par mon hôte, ce dernier me guettant, ayant eut peur que je ne me montre pas. Ce fut toutefois très calmement qu’il me fit prendre place.
    Je m’assis sagement, essayant une dernière fois de le détourner de sa décision, sans succès. Il s'installa de lui même sur sa table d’auscultation, m’expliquant l’utilité de chacun des ustensiles présents sur un ton de professionnel qui laissait sous entendre qu'il savait exactement ce qu'il faisait. Mon regard s’arrêta sur les deux longues seringues qu'il m'indiquait, frissonnant en y observant le liquide translucide qui attendait d'être utilisé. J'allais être en charge de l'une d'elle, celle qui contenait l'adrénaline et qui devait, donc, relancer le cœur. J'aurais également à ma disposition un chronomètre, qui devait m'indiquer le moment exact où j'aurais à injecter le produit. Duval m'assura qu'il n'y avait rien de complexe et qu'avec la canule qu'il allait poser, une ancêtre du cathéter, je n'aurais aucune difficulté à accomplir ma tache. Sans compter qu'il avait une totale confiance en mes capacités, ce qui me flatta beaucoup, et m'effraya tout autant, voire davantage. Nerveux, je serrais les poings, acquiesçant à chacune de ses recommandations de manière mécanique, mais mon angoisse apparente ne l'arrêta aucunement dans son entreprise. Je fus donc à ses côtés lorsqu'il plaça son garrot avec grand soin avant de se saisir de la première seringue.

    Tout fut très rapide. La substance fut introduite dans ses veines d'un geste assuré, et je lançais le chronomètre, récupérant au passage l'objet de verre afin qu'il ne se brise pas au sol dans un geste malheureux. Les yeux de Duval se fermèrent. Chaque seconde s'écoulant me parut plus longue que la précédente et ce fut fiévreux que j'observai tour à tour, l'aiguille pivoter lentement le long du cadrant, et l'homme allongé, dont le souffle diminuait à vu d'œil.

    Une minute.

    La poitrine de Duval ne se souleva pas. De mes doigts fébriles, je cherchais son pouls avec anxiété, en vain. J'attendis ainsi dix secondes. Je transpirais comme si j'avais passé des heures sous un soleil de plomb, la bouche à demi-ouverte, attentif à son visage qui pâlissait à vue d'œil, les mains crispées sur la seringue. Deux… Un… D'un geste précipité je délivrais la piqûre, prenant soin de ne pas injecter trop rapidement le produit comme me l'avait indiqué le praticien. La dernière goutte se mêla à son sang, et j'épongeais, d'un revers de manche, mon front luisant.
    L'attente fut interminable, mais enfin, le corps de Duval fut secoué avec force, et ce fut avec une joie immense que je l'entendis prendre une grande respiration. Ses mains se refermèrent sur le drap blanc où il était allongé, et sa figure retrouva une belle couleur rosée, achevant de me rassurer. Une exclamation de joie s'échappa de mes lèvres et je me précipitais à son chevet, guettant ses premières paroles avec une pointe d'inquiétude. Mais sitôt qu'il fut en mesure de parler, il lança :

    « Je l'ai vu ! Je l'ai vu ! »

    Je l'aidais à se redresser, et lui apportait de quoi se remettre de ses émotions. Il lui fallut quelques minutes pour réussir à faire le tri dans ses paroles, mais dès que son discours retrouva sa cohérence, il posa ses deux mains sur mes épaules, s'exclamant avec joie que j'avais raison. Il avait pu voir l'au-delà, s'en approcher, effleurer le Paradis du bout des doigts. Il me décrivit en détail la lumière douce et apaisante qui lui était apparue, m'assurant qu'on avait essayé de le guider au mieux jusqu'à elle, des voix bienveillantes l'ayant invité à ne pas en être effrayé. L'expérience semblait merveilleuse, il en était ému aux larmes, et me remerciait de tout cœur de lui avoir permis d'avoir une telle vision, et je le priai, encore et encore, de me raconter cette folle expérience, buvant chacune de ses paroles désormais sacrées. Il se plia volontiers à mes demandes, embellissant son aventure à chaque répétition d'un détail qui lui revenait, avant qu'il ne pose soudainement ses mains sur mes épaules et qu'il ne me dise :

    « C'est inénarrable ! Aucun mot ne peut décrire une telle sensation ! Il faut la vivre ! Vous devez la vivre ! »

    Il avait raison ! Comment me refuser à une expérience pareille après avoir moi même assisté à la révélation engendrée sur mon interlocuteur ? Les lèvres tremblantes d'émotion, le regard frénétique, j'acquiesçai avec empressement. Je devais le faire. Mieux ! Je voulais le faire ! Je voulais voir cette lumière, cet autre côté, l'approcher, le découvrir ! L'expérience m'avait rendu fou. Aucune autre alternative n'existait à mes yeux, et ce fut avec une excitation sans borne que j'échangeai ma place avec Duval. Je m'allongeai, relevant fébrilement la manche jusqu'au coude, observant avec attention le médecin qui réglait les préparatifs pour une seconde expérimentation.
    Tout fut très vite prêt, et pas une seule pointe d'inquiétude ne m'effleura lorsqu'il présenta la seringue contre ma peau. Que pouvait-il m'arriver ? Quoi qu'il se passe je devais être attendu alors je préférais me concentrer, espérant pouvoir rapporter un témoignage authentique qui aiderait la foi chrétienne à se développer. Je reçus le premier produit et fermait les yeux. Je mourrais, heureux.

    Le réveil fut affreux. Je revins à moi, le corps ankylosé, douloureux, suant à grosses gouttes, la respiration hachée et irrégulière. Chacun de mes muscles me faisait mal, ma tête me tournait et j'avais l'impression de peser le double de mon poids. Je peinais à bouger, la bouche sèche, le regard flou, cherchant un point où me fixer, un détail familier qui puisse me rassurer. Je croisais le regard de Duval. Il vérifiait ma tension, mon pouls, observant ma mine affreuse sans la moindre inquiétude, avant de se pencher brusquement vers moi, demandant d'une voix qui me sembla résonner d'outre tombe :

    « Alors ? »

    Alors… Alors rien.

    Aucune lumière, aucune voix, aucune chaleur. Je ne me rappelais que de ce noir glacial, ce néant infini dans lequel j'avais épuisé mes forces. C'était un monde de solitude, effrayant, inhospitalier… Mais pourquoi ? Frigorifié, mes dents claquant bruyamment, je tremblais comme une feuille. Ma mine finit par effrayer Duval qui fit au mieux pour me faire reprendre mes esprits, me donnant un fond de Brandy et enroulant une bonne couverture sur mes épaules. L'effet ne fut pas immédiat, mais au bout de plusieurs minutes qu'il passa à me frictionner le dos et à me parler, je finis enfin par réagir.
    Évidemment je mentis. Je lui dis que moi aussi j'avais vu la lumière, que j'avais entendu les mêmes voix, eu les mêmes sensations de bien être, mettant ma lividité sur le compte d'une réaction entre le produit injecté et mon corps, mais pour dire la vérité, je me dégoûtais.
    Nous discutâmes un peu, mais l'état de mes nerfs, me rendait inattentif et incapable de suivre la conversation. J'avais la terrible impression d'être épié. Je me sentais mal, je voulais partir. Duval ne protesta pas, il voulut me raccompagner, mais je refusais, trop pressé d'être seul. Nous nous quittâmes d'un simple geste.

    Je pris mécaniquement le chemin menant à l'église, marchant d'un bon pas tout en essuyant régulièrement les gouttes de sueur qui dégoulinaient le long de mon visage. Haletant, les jambes molles, le regard fou, j'avançai sans oser m'attarder sur mon environnement. Je les sentais, je les discernais, ces ombres grouillantes à chaque carrefour. Elles grandissaient sur mon passage, m'appelaient, tentaient de me retenir, et ce fut terrifié que j'avançais plus vite encore.
    La silhouette de l'Église Saint-Louis m'apparut comme une délivrance, tant les ténèbres et leurs ricanements s'étaient rapprochées. Elles allaient m'engloutir. Ma main se posa sur la poignée de la porte, la secouant avec frénésie sans réussir à me souvenir du sens dans lequel je devais la faire tourner. La mâchoire serrée, j'étais prêt à hurler un appel au secours lorsqu'enfin, le battant pivota. Je tombais de tout mon poids sur la dalle, me relevant précipitamment pour refermer la porte, me coupant de toutes sources de lumière extérieure. Assis dans l'ombre, les mains crispées sur ce col blanc qui m'étouffait, je me signais à plusieurs reprises, marmonnant des prières que je mélangeais entres elles, implorant le Seigneur de sa clémence. Une unique question résonnait dans on esprit bourdonnant.

    Pourquoi ?

    Pourquoi ne m'avait-il pas pardonné ! Toutes ces années passées dans la pauvreté, puis à son service ! N'en n'avais-je pas suffisamment fait pour mériter son pardon ? Il me refusait encore l'accès au Paradis, me punissant d'avoir vengé mon honneur en tuant ce pêcheur. Après tous ces efforts, tous ces sacrifices…
    Des larmes de dépit saccagèrent mon visage, et je passai une nuit atroce, ou pas une seconde ne pouvait s'écouler sans que le poids de la culpabilité ne m'affaisse encore les épaules.

    Il fallut pourtant que je me reprenne dès le lendemain, affichant une fausse joie aux yeux de tous, enviant leur ignorance. J'allais sombrer lentement, le sourire aux lèvres, l'esprit plus noir que la tombe.

    Dans un premier temps, les jours se ressemblaient. Ils s'écoulaient lentement et se répétaient indéfiniment. Duval était devenu un fidèle des plus assidus et j'évitai au mieux de le croiser, ne supportant plus son air pieux et la bonté dégoulinante qu'il affichait. J'officiai toujours dans un calme apparent parfait, mais avec un rejet total de la moindre parole évangélique. Je me sentais trahi, abandonné, laissé en pâture à ces ombres qui ne cessaient de grandir et me poursuivaient dès que je quittais l'église. Malade, j'affichais pourtant la mine du parfait hypocrite, aidant ceux qui venaient me voir, sans croire à mes propres paroles.
    Les confessions m'étaient les plus insupportables. Cloîtré entre ces quatre murs de bois, écoutant le flot de pêchers jaillir des lèvres de ces femmes et de ces hommes, les écouter me conter leurs vices, entendre le sourire qui perlait de temps en temps dans leurs paroles. J'aurais pu en devenir fou. C'était une torture. Les savoirs là, si impurs et recevant pourtant l'absolution ! Une grande partie de leur mauvaise conduite s'envolait d'un mot ou d'un geste, mais moi ! Qui s'occuperait de moi ? Je ne voulais pas être condamné à cette obscurité et à cette solitude. Je voulais être pardonné…
    Malgré moi, ma santé déclina. Toutes ces pensées me rongeaient le corps et l'esprit. Il ne se passait pas un jour sans que je songe à la nuit de ma mort, et l'angoisse grandissait encore. J'avais maigri, je dormais peu et attrapais la moindre maladie qui passait. Cette faiblesse m'effrayais, car craignant ma fin de plus en plus proche, j'avais plus peur encore. C'était un cercle vicieux qui m'emportait lentement vers ces effroyables ténèbres.

    Et puis je compris. Cloué au lit par une forte fièvre, les paroles de Blaise me revinrent en mémoire. Comment avais-je pu oublier ? Rien n'était dû au hasard. Cette arrivée à l'Église Saint-Louis, ma rencontre avec Duval, cette expérience… Je faisais face à une nouvelle épreuve, et je devais la surmonter pour enfin accéder au pardon. C'était pourtant évident ! Mais la peur m'avait rendu aveugle. Le Seigneur avait bien voulu me mettre en garde sur le chemin que mon âme aurait pu prendre à ma mort, ce n'était qu'une preuve de plus de sa grande générosité. Il voulait me sauver ! Me remettre sur la voie de la pénitence que j'avais perdu de vue au cours de ces dernières années. Oui… Je devais mieux le servir, et pour cela, il fallait que je guérisse.
    Dès lors, tout fut clair dans mon esprit. Je me soignais avec assiduité, attendant d'être complètement remis pour pouvoir accomplir mon devoir. Il était indéniable que Dieu attendait beaucoup de moi. S'il avait décidé de me laisser une chance de sauver mon âme, je devais lui prouver mon utilité et surmonter cette épreuve avec brio.

    Mon choix avait été rapidement fait. Pour me purifier, je devais en purifier d'autres, les nettoyer de leurs péchés, mais rester au confessionnal n'aurait pu être suffisant. Il n'y avait guère que les petites entorses que l'on prenait la peine de venir avouer à un prêtre, des secrets de polichinelles qui n'avait qu'une infime valeur au regard de la souillure qui entachait notre monde et nul doute que j'en trouverais les pires exemples dans la capitale, ville de tous les vices.

    Dès que je fus remis, je quittais la paroisse Saint-Louis, sans un mot, sans une lettre, un départ discret qui n'avait sans doute rien eu d'étonnant au regard de ma santé fragile. J'abandonnai mon froc de prêtre pour reprendre les vêtements de civil, rejoignant à pied les remparts de Paris. Je voulais nettoyer la ville de ces plus affreux habitants, mais pour y parvenir je devais me fondre dans la masse.
    Je mis plusieurs semaines avant de trouver l'emploi parfait pour cela. Cocher. Existait-il un emploi plus passe-partout ? Ces voitures qui traversaient sans cesse les ruelles sans que l'on s'en inquiète, elles faisaient parties du paysage, on ne prenait plus gare à leur numéro, ni au chauffeur qui la guidait. Il y en avait tant… Tant de visages différents auxquels allait se mêler le mien. Je fus engagé par une des sociétés de transports de la ville. Une voiture me fut assignée, elle serait mon outil principal pour rendre à Dieu cette chance qu'il me laissait. J'appris rapidement de mes collègues, tous les trucs pour effectuer des courses sans avoir à les déclarer à l'entreprise qui nous employait. Pour eux c'était un moyen de gagner un petit pourboire en plus de leur salaire, pour moi ce serait la façon la plus efficace pour atteindre mon but.

    Lorsque je fus en mesure de gérer les trajets de mon coupé avec aisance et sans attirer la suspicion de mes supérieurs, je me mis en quête de ma première âme. J'écumais les bouges de la capitale, longeant les murs en silence, guettant les conversations à la recherche de ce pauvre être rongé par le péché et qui attendait la délivrance que je venais lui apporter. Cela fut long, mais j'étais patient. Ce fut une rumeur qui me mit sur la piste de Julie Dewis. Un ragot banal, qui la comparait à une furie, et dépeignait d'elle un portrait colérique, enragé même, qui effrayait son entourage. Alors je me mis à sa recherche, découvrant relativement vite qu'elle travaillait à la banque sur la place des Halles. Je notais ses horaires de travail, les utilisant au mieux pour la surveiller, puis la suivre. Je devais m'assurer qu'elle était la bonne personne, que c'était elle que l'on m'avait envoyer secourir. J'appris donc ses habitudes et découvrit à force d’instance qu'elle serait la première à être sauvée.
    Le soir, elle se rendait régulièrement dans un cabaret parisien, nommé le Lost Paradise. À chaque représentation, un ballet de voitures se bousculait sur la place, sautant sur les clients qui quittaient les lieux pour les raccompagner au prix d'une course nocturne. Il me fallut trois tentatives avant de réussir à la faire monter dans ma voiture, trois soirées passées à l'attendre. La dernière fut la bonne. Il pleuvait des cordes et elle grimpa dans le premier coupé venu, le mien. Lorsque ma porte se referma sur elle, je me sentis le plus fier des hommes. Je levais les yeux au ciel en essuyant les gouttes qui me trempaient le visage, croyant de tout cœur au regard que le Seigneur portait sur moi. Les chevaux se mirent en marche, et je la conduisit au travers des dédales des rues sombres. Malheureusement, elle se rendit compte plus vite que je ne le pensais que je prenais des chemins inhabituels et j'étais encore loin du lieu calme où j'avais prévu de la purifier, lorsqu'elle me demanda de m'arrêter.

    Mais je ne pouvais pas la laisser partir.

    Elle voulut descendre en marche, aussi je stoppai précipitamment les chevaux. La poignée de sa portière pivota, je me retournais légèrement et je la vis passer la tête au travers de l'encadrement de bois. Une seconde plus tard, elle était à terre inconsciente, l'arrière du crâne saignait. Je venais de l’assommer. Je descendit à mon tour, très calme, sortant machinalement de mes poches un poignard récupéré pour elle. Ce fut avec soin et méthode que je portais un premier coup sous cette pluie battante, puis un autre, un troisième et encore, et encore ! Elle mourut sans doute au premier, mais je devais la faire marquer par son propre pêché. La première partie de ma besogne finis, la rue était rouge, mes mains, ma peau, tout était coloré du rouge enragé qui coulait dans ses veines. Je m'essuyais, ne voulant pas souiller ce qui lui permettrait d'accéder au pardon de Dieu.
    Je remontais dans le fiacre, récupérant sous mon siège, une miche de pain et une tranche de jambon. Je déposai le tout sur son corps encore chaud, énonçai quelques prières avant de faire un signe de croix. Puis d'une bouchée, j'avalai le tout, dévorant le péché de la jeune femme pour lui permettre à son esprit de gagner le Paradis. J'étais fier. Je venais de supprimer l'incarnation de la colère. Pourtant, je préférai ne pas trop me réjouir, car ma mission ne faisait que commencer.

    J’abandonnai son corps d’impie à quelques mètres du lieu où elle avait gagné le repos éternel, remontant aussitôt dans mon fiacre pour reprendre la route.

    SiJulie Dewis fut la première. Les autres se passèrent presque tous de la même manière.
    Émile Bale, l’avarice. Je l’appâtais en lui proposant une course gratuite, je le fis descendre avant d’arriver à destination et enroulait mon fouet autour de son cou avant de le dépouiller de tous ses biens. La totalité fut légué à l’Église Saint-Eustache. Je mangeais son péché.
    Paco Senfut, triste paresseux passant son temps dans les fumeries d’opium au lieu de travailler comme un honnête homme. Je le cueillis alors qu’il était mis à la porte de l'établissement clandestin, n’ayant plus de quoi payer pour son mal. Il dormait dans mon fiacre lorsque je l’installai pour son ultime sommeil. Je mangeais son pécher.
    Jean Glouti, la gourmandise. Celui-ci ne se passa pas comme prévu. La dose de cyanure n’avait pas été la bonne et il eut le temps de quitter le fiacre sans que je puisse le débarrasser de ses impuretés. Je revenais le soir de son enterrement, manger sur sa tombe pour palier à cette erreur et lui permettre de trouver le repos et la paix.
    Valérie Baude, la luxure. Je me fis son confident, lui permettant de rejoindre son premier amant. Elle ne revit jamais le second. Je m’arrêtai en route alors qu’elle cherchait à descendre. Je la frappais en plein visage. Elle retomba dans la voiture et je la conduisis jusqu’au Bois de Boulogne. Je mangeais son pécher.

    Et puis je faillis. En me débattant avec ces vêtements de pauvre fille sans vertu, je laissai tomber une carte, celle du prochain péché : Gordon Moissat. L’envie. Il ne sera jamais sauvé. Son âme ira en enfer. Tout comme la mienne sans doute, car j’ai échoué.
    J’ai déçu le Seigneur qui avait pourtant eu si foi en moi en me laissant une chance de plus. Mais ainsi je n’aurai pas réussi à me racheter. Mon procès fut expéditif. Je plaidai coupable, n'ayant rien à attendre de la petite justice humaine et honteux de ne pas avoir pu répondre aux attentes que le Seigneur avait placé en moi.
    Je ne fis aucun cas du verdict dont je connaissais d'avance l'issue, ne manifestai ni joie, ni peine à son énonciation. Les hommes ne pouvaient pas comprendre, ni même imaginer quels secret pouvait se cacher dans l'au-delà. Qui craindrait le marteau d'un juge, lorsqu'il sait que le regard de Dieu décide de l'état de son âme pour le reste des temps ? Personne sans doute.

    Je serais guillotiné dans une semaine, alors je prie. Je prie pour la clémence de mon Seigneur. Je prie jour et nuit, à m’en user les genoux, et j’espère qu’il m’entendra et qu’à son tour il me sauvera de la damnation…
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