There was a boy...

Il était une fois...voilà comment commencent tous les contes de fées, toutes cs histoires qui font rêver les enfants et même certains adultes. Néanmoins, cette histoire-ci n'a rien d'un conte de fées, même si le début y ressemble fortement. Car quoi de plus beau qu'une famille unie, une famille qui s'aime et ce, malgré les épreuves, malgré la pauvreté et toutes les misères qui peuvent frapper une pauvre famille de paysans ? On disait si souvent que l'argent ne faisait pas le bonheur, mais il y contribuait quand même beaucoup, il fallait être honnête ! Mais passons. Notre histoire débute donc quelques centaines d'années plus tôt, dans un petit village perdu au fin fond de la campagne française. Il faisait froid, il avait neigé toute la nuit et une partie de la journée et les villageois s'étaient enfermés chez eux et avaient allumé un bon feu pour se réchauffer. Le soir approchait et le silence était tombé sur le village, un silence qui fut bientôt interrompu par les cris d'une femme. Ces cris provenaient de l'une des fermes du coin et alertèrent sans doute quelques villageois. Mais cette femme était seulement en train d'accoucher. "Seulement" ? Accoucher était très douloureux et très risqué pour la pauvre mère, mais elle tint bon et bientôt, un adorable petit garçon poussa son premier cri en ce monde, sous les yeux remplis de larmes de son père. Ce garçon était comme une bénédiction pour ces parents qui avaient commencé à perdre tout espoir de concevoir un jour...comme quoi, les miracles existaient. Ce fut d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles ils décidèrent de lui donner le prénom d'un ange, celui-là même qui avait permis à une certaine Marie de mettre au monde un vrai petit miracle. Pendant plusieurs jours, on crut que la mère n'allait pas survivre, elle était très affaiblie après l'accouchement. Mais elle était une battante et refusait de laisser son mari seul avec son fils, après tout, un nouveau-né, ça avait besoin de sa mère ! Le deuxième miracle se produisit donc lorsqu'elle fut à nouveau sur pieds quelques jours plus tard.

Les parents du petit Gabriel lui donnèrent tout l'amour que des parents pouvaient donner à leur enfant et firent passer son bonheur avant le leur. Ils n'avaient pas grand chose, mais ils firent leur possible pour que leur fils soit heureux et ne manque de rien, quitte à se priver eux-mêmes et à travailler deux fois plus à la ferme. Mais en hiver, les temps étaient durs et les recettes très maigres. Inutile de dire que tout le monde attendait le printemps avec impatience. Et le printemps arriva, tout comme de nombreux autres printemps après lui. Gabriel grandissait de jour en jour et chaque jour, ses parents étaient un peu plus fiers de lui. Il se montrait curieux et avait envie d'apprendre plein de choses dès son plus jeune âge. Il était un gentil garçon aimé par tous les villageois qui lui faisaient souvent des petits cadeaux en échange d'un beau sourire dont lui seul avait le secret. Il ne s'en rendait même pas compte, mais dans un sens, il manipulait ces pauvres gens ! Très tôt, il commença à aider ses parents à la ferme, dans la mesure du possible, bien sûr et les années passèrent ainsi sans encombres. Jusqu'à ce que ce petit bonheur se brisa en quelques instants à peine. C'était le jour de l'anniversaire de Gabriel et pour fêter ça, ses parents avaient préparé un bon repas, même si pour ça, ils avaient dû puiser dans leurs maigres économies. Ils étaient assis autour de la table et riaient ensemble lorsque la porte s'ouvrit à la volée, laissant entrer un gros courant d'air qui éteignit le feu et plongea la pièce dans l'obscurité et le froid. Quelqu'un entra dans la maison alors que dehors, on pouvait entendre des cris provenant des maisons voisines. Le village était attaqué, mais à cet instant, personne ne sut encore qui était à l'origine de cette attaque.

Tout était allé très vite. A la faible lueur de la lune, Gabriel vit ses parents se faire tuer sous ses yeux par des créatures qui n'avaient d'humain que leur apparence. Et encore. Leurs yeux étaient rouges et luisaient dans l'obscurité. Des grognements s'échappaient de leur gorge avant de se changer en rires incontrôlables. Et surtout...ces créatures avaient des canines bien plus longues qu'un humain ordinaire, bien plus acérées aussi. Des canines que l'une d'elles planta dans le cou de la mère de Gabriel, non sans faire une véritable boucherie. Son père tenta de l'arrêter, mais la créature le repoussa d'un simple geste de la main, geste qui le projeta contre le mur, l'assommant à moitié. Gabriel hurlait, il s'était jeté sur la créature, lui tirant le bras pour la faire lâcher, il s'était même mis à la supplier. Évidemment, cela n'eut aucun effet, si ce n'était de faire rire ce monstre qui repoussa Gabriel sans le moindre mal. Ce dernier se cogna fortement la tête contre le sol et perdit connaissance. Lorsqu'il se réveilla, le jour s'était levé et un silence anormal planait sur le village qui aurait dû être plein de vie à cette heure. Reprenant lentement ses esprits, il se souvint alors de ce qui s'était passé...avant de poser son regard sur le cadavre de sa mère, pâle, les yeux grands ouverts, une horrible blessure dans le cou et du sang partout. Le sang...l'odeur était forte et lui donnait la nausée. Et puis, il aperçut son père. Ou ce qu'il en restait. Manifestement, la créature avait perdu patience et s'était acharnée sur lui jusqu'à le rendre pratiquement méconnaissable. Gabriel se précipita à l'extérieur et se mit à vomir avant de tomber à genoux. C'était un cauchemar...Ce fut là qu'il la sentit. La blessure à son cou. Il y porta sa main avant de tourner une nouvelle fois de l’œil.

Lorsqu'il se réveilla, il se trouvait dans une maison qu'il ne reconnut pas tout de suite. Cependant, il reconnaissait le vieil homme qui était assis à son chevet. Son grand-père... Et là, le garçon âgé d'à peine douze ans se mit à pleurer à chaudes larmes dans les bras du seul être qu'il lui restait. Il mit plusieurs heures à se calmer et bientôt, le désespoir se changea en incompréhension et l'incompréhension en haine. Son grand-père lui expliqua que le village avait été victime d'une attaque de vampires et qu'ils étaient probablement les seuls survivants. Gabriel avait été laissé pour mort, mais le fait était qu'il était bien vivant. Enfin, dans un certain sens. Car manifestement, le vampire qui les avait attaqués avait voulu le transformer - à en juger par les marques dans son cou et le sang sur ses lèvres. Mais il avait dû être interrompu par quelque chose ou par quelqu'un et n'avait donc pas pu finir le travail...Ce que le grand-père de Gabriel omit de lui dire, était le fait que si jamais il mourait, il deviendrait l'un des leurs.
Il s'avéra que le vieil homme en connaissait un paquet sur les vampires et autres créatures dont Gabriel n'avait jamais soupçonné l'existence - ou alors seulement dans ses cauchemars. Le garçon se promit de venger ses parents et les autres villageois un jour et demanda donc à son grand-père de lui enseigner tout ce qu'il savait. Hélas, à peine cinq ans plus tard, alors que Gabriel avait 17 ans, le vieil homme mourut, emporté par une pneumonie. Il n'avait pas eu le temps de tout lui apprendre ni de le mettre en garde contre la terrible malédiction qui planait sur lui.

L'adolescent se mit alors en quête d'autres informations qui pourraient le mener aux responsables du massacre et décida donc de se rendre dans les différentes villes du pays. N'ayant pas beaucoup d'argent, il fut cependant contraint de mettre ses recherches en pause, le temps de trouver du travail et d'avoir les moyens de continuer son périple. Finalement, ce qui ne devait être qu'une halte dans la ville devint un long séjour. Gabriel y resta plusieurs années, y ayant rencontré une fille dont il était tombé éperdument amoureux. C'était une fille de bonne famille et il allait de soi que sa famille n'aurait jamais approuvé cette relation s'ils n'avaient pas tous deux décidé de jouer la comédie. En effet, la jeune fille mit alors tout en œuvre pour faire de Gabriel un véritable gentilhomme, allant jusqu'à lui inculquer les bonnes manières et à lui offrir de beaux habits. Totalement obnubilé par cette fille, le jeune homme âgé alors d'une vingtaine d'années en oublia sa vengeance. Il n'avait d'yeux que pour elle et voulait absolument lui plaire et plaire à sa famille pour ensuite lui demander sa main. Il apprenait vite et devint bientôt quelqu'un de cultivé qui n'avait plus rien à voir avec le fils de paysan qu'il avait été à son arrivée ici. Cela faisait maintenant plusieurs années qu'il connaissait cette jolie jeune femme et qu'il la courtisait, mais il devait encore trouver un emploi stable et acquérir une situation financière qui lui permettrait de l'épouser. Il avait tellement hâte d'enfin réaliser son rêve qu'il était prêt à accepter n'importe quelle offre...ce qui s'avéra être une grossière erreur. Peut-être l'erreur de sa vie. Car un homme avait également jeté son dévolu sur la jeune femme et il avait attiré Gabriel un peu à l'écart de la ville en lui proposant une offre des plus alléchantes.

Lorsqu'il arriva sur les lieux, il ne vit personne. Mais le coup qu'on lui porta à l'arrière du crâne, il le sentit parfaitement ! Il se retourna, mais sonné par le premier coup, il ne vit pas le deuxième arriver, ni le couteau qu'on lui planta en plein cœur avant de le jeter dans la rivière toute proche. Était-ce la fin pour lui ? Alors qu'il se faisait emporter par le courant, sa vie se mit à défiler devant ses yeux...et il se rendit alors compte qu'il avait failli à tous ses devoirs, à toutes ses promesses... tout ça pour les beaux yeux d'une fille qui aura finalement causé sa perte sans le vouloir. Sans le vouloir ? Rien n'était moins sûr... Il se sentit sombrer, perdre connaissance. Il était en train de se noyer et même s'il parvenait à sortir de là, il mourrait vidé de son sang.
Il se réveilla sur la rive, à plusieurs kilomètres de la ville. Il ne savait pas comment il était arrivé là ni comment il avait pu survivre. Avait-il un ange gardien ? Non...il ne mit pas longtemps à comprendre que quelque chose clochait chez lui. Et la découverte fut horrible et lui donna envie de se jeter à nouveau dans cette rivière, là, tout de suite. Créature...Il était devenu l'une de ces créatures qu'il détestait tant. Bien sûr, il ne s'en rendit pleinement compte que lorsqu'il se retrouva devant le cadavre exsangue d'une pauvre fille. Comment était-il arrivé là ? Et surtout...qu'avait-il fait ? Il ne s'en souvenait pas... mais nul doute que la soif qu'il avait ressentie en se réveillant avait été plus forte que tout. Son grand-père lui avait appris que ces créatures ne supportaient pas le soleil. Parfait. Il lui suffisait d'attendre l'aube...mais les choses ne se passèrent une nouvelle fois pas comme prévues. Car soudain, il entendit une voix qu'il connaissait bien. La voix de la fille qu'il avait voulu épouser. Elle riait et parlait à quelqu'un. Et ce que Gabriel entendit l'horrifia et le mit dans une profonde colère en même temps. Son ouïe étant à présent bien plus fine, il entendit absolument tout. C'était la fille elle-même qui avait orchestré l'assassinat de Gabriel et elle était en train de parler à l'homme qui avait poignardé le jeune homme avant de le jeter dans la rivière. Elle disait le trouver pathétique, même si au début, elle avait trouvé ça amusant de le voir lui courir après comme un petit chien et être prêt à tout pour lui plaire. Il avait perdu 5 ans de sa vie...5 ans pendant lesquels il avait totalement oublié la raison principale de sa venue ici. Pris d'une rage folle, il attaqua celle qu'il avait tant aimée et la vida de son sang sans aucune vergogne avant de briser le cou à son "meurtrier".

Gabriel passa alors les prochains jours enfermé chez lui, essayant de remettre de l'ordre dans ses idées. Et il en arriva à la conclusion que, finalement, ce qu'il lui arrivait n'était pas si mal que ça. Ou plutôt...c'était un mal pour un bien. Car à présent, il aurait probablement plus de facilités à retrouver ceux qui avaient attaqué son village des années plus tôt. La vengeance devint sa nouvelle raison de vivre, sa seule raison de vivre. Il quitta la ville où il se trouvait et se rendit à Paris. Là-bas, il continua de s'instruire tout en essayant de récolter des informations par-ci, par-là. Et finalement, au bout de quelques années, il retrouva la trace de ceux qu'il cherchait. Il infiltra leur petite bande et gagna la confiance de leur chef, leur chef qui avait personnellement massacré ses parents et laissé Gabriel pour mort...Il attendit le bon moment avant de lui révéler qui il était, lui laissant à peine le temps de réaliser avant de lui arracher la tête et de le brûler. Il mit ensuite le feu à tout le "nid" et rentra chez lui comme si de rien n'était. Mais une fois chez lui, il s'effondra. Qu'allait-il faire à présent ? Il n'en avait absolument aucune idée...Mais une chose était sûre: il devait partir. Il était resté trop longtemps et les gens commençaient à se poser des questions. Dix ans sans prendre une ride...il y avait effectivement de quoi être étonné, voire méfiant.
Gabriel se mit donc à errer dans le pays, allant de village en village, de ville en ville, y travaillant pendant un court moment et apprenant ce qu'il y avait à apprendre avant de poursuivre sa route.

Et puis, il finit par voyager vers d'autres pays, découvrant ainsi de nouvelles cultures et apprenant de nouvelles choses pour le moins intéressantes. Au fil des ans, il parvint à amasser une certaine fortune et lorsqu'il revint en France, une centaine d'années plus tard, il s'installa dans une grande demeure un peu à l'écart de la ville. Pendant ses voyages, il avait appris certaines choses et il s'était notamment intéressé au droit. Pourquoi ? Il ne le savait pas vraiment, mais toujours était-il que bientôt, il devint un avocat de renom partout où il passait. A présent, il se fichait un peu de se faire remarquer. De toute façon, dès que quelqu'un avait des soupçons, il les balaya en sortant une excuse du genre qu'il devait s'agir de son père ou d'un autre membre de sa famille. Et la plupart du temps, les gens le croyaient. Il était charismatique et sûr de lui, comment douter de quelqu'un comme ça ? Bref, au fil du temps, il s'était également endurci et n'avait plus grand chose à voir avec le gamin auquel on avait volé sa famille trop tôt ou avec le jeune homme naïf, éperdument amoureux d'une manipulatrice.

Les années passèrent tranquillement et il s'amusa à observer tous les changements qui ébranlaient peu à peu le monde des Hommes. Mais ce n'étaient là que des changements matériels car au fond, les humains restaient les mêmes. Ils n'apprenaient jamais de leurs erreurs, c'était tellement pathétique !
Enfin, il décida de s'installer à nouveau à Paris car de nombreuses années avaient passé et plus personne ne le connaissait. Là, il se bâtit rapidement une réputation en tant qu'avocat et même ses collègues le craignaient pour son efficacité et son côté impitoyable, inébranlable. Et puis, un soir, par pur ennui, il poussa la porte d'un certain cabaret - cabaret où il se rend à présent souvent et pas uniquement pour profiter des numéros qu'on y proposait. Le grand patron en personne l'avait engagé pour donner des cours particuliers à son neveu. D'ordinaire, il n'était pas du genre à accepter une mission du genre, surtout qu'il gagnait déjà assez bien sa vie en tant qu'avocat, mais il avait besoin de changement et ce louveteau représentait un véritable défi pour lui. Un défi aussi bien qu'une source de divertissement...