Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain. |
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| La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé | |
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Andréa Eyssard l Un monstre dans la peau lMessages : 274 Date d'inscription : 28/12/2010
| Sujet: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Mer 6 Fév - 14:49 | |
| Cela faisait une petite semaine qu’Andréa avait été mis au courant de l’arrivée imminente d’un précepteur. Toujours cette lubie idiote de son oncle. Quelle idée de vouloir faire de lui un érudit ?! Le louveteau avait bien essayé de le faire changer d’avis, en vérité il avait même passé ses journées à ça. Cherchant tantôt à se faire bien voir, d’autres fois à être puni, pour finir par demander avec insistance à faire annuler ce cours qu’il qualifiait d’« abjection intellectuelle ». Mots bien savants dont il ignorait plus ou moins le sens, mais qu’un artiste avait eu la gentillesse d’assembler pour lui. Il eut beau les user à toutes les sauces, Edward resta des plus inflexibles, et Andréa dut se résoudre à se débarrasser lui-même de ce gêneur.Il n’avait aucune idée du caractère ou du physique de l’importun. Il savait seulement que c’était un homme, chose qui lui laissait le champ libre pour être le plus désagréable possible. Entrant dans sa petite chambre après une longue journée de travail, il constata avec une certaine satisfaction qu'il y régnait le plus grand chaos. D’un naturel désordonné, l’antre du jeune loup était toujours dans un état catastrophique. L’armoire, grande ouverte, vomissait une flopé de vêtement d’où s’échappaient les quelques dentelles des cadeaux saugrenus de son oncle. Le plancher était couvert de papiers en tout genre, de chaussettes, de crayons et de tout l’attirail d’un adolescent, tant et si bien que le bois était à peine visible. Sous la pente du toit se trouvait le lit du garçon, défait, où édredon et couverture semblaient s’être battus en duel à mort. La table de chevet étonnement vide, ne comptait qu’une lampe à huile crasseuse, tandis que son unique tiroir avait atterri, par un miracle inconnu, de l’autre côté de la pièce.Enfin le petit bureau d’ébène, disposé sous l’unique fenêtre, servait plutôt de fourre-tout. Une pile de livre écorchés et jamais terminés s’empilaient à gauche, plusieurs chemises s’amoncelaient à droite alors qu’une place infime, soigneusement agencée dans ce bazar, comptait un bout de papier tâché d’encre où une écriture maladroite et illisible avait tenté de s’attaquer à la rédaction d’une lettre. L’encrier, placé au fond du bureau, contre le mur, était d’ailleurs ouvert et devait être sec depuis un moment. Enfin, deux chaises, dont l’une bancale, encerclaient cette table inutilisée, servant pour l’une, de porte manteau, et pour l’autre défouloir quand le besoin s’en présentait. Cette dernière avait d’ailleurs été rafistolée à de nombreuses reprises, mais oublions ce détail.L’unique chose qu’Andréa prit soin de dissimuler sous une pile de couvertures, furent les chaînes solidement fixées au mur porteur. Elles servaient tous ces soirs où il n’était plus lui-même… Mais les fissures, entailles et autres bouts de tapisseries qui pendaient aux alentours de cet espace bien plus vide que les autres, ne laissait guère de supposition quant à son utilité.Un soupire satisfait s’échappa des lèvres du garçon qui contemplait son capharnaüm. Le résultat était tout à fait désespérant et arracha un sourire au propriétaire. Si avec ça ce précepteur ne tournait pas les talons pour rendre son tablier, alors la bataille serait rude.« Bon… Je crois que tout est prêt pour accueillir ce vieux bonhomme. »Gonflant le torse pour se donner un peu plus de courage, il s’avança jusqu’à un petit miroir fixé sur le mur pour se contempler un instant. Engoncé dans son costume se serveur, le jeune loup se trouvait ridicule. Il s'empressa de retirer son veston qu'il envoie au pied de son lit et desserra tant bien que mal sa cravate. Un soupire s'échappa de ses lèvres tandis qu'il passait sa main osseuse dans ses cheveux d'ébène. Bon… Il était plus ou moins présentable, ça suffirait bien pour supporter un cours des plus inintéressants. Il n'allait pas non plus se tirer à quatre épingle pour un type qui rebrousserait certainement chemin.S'étirant une dernière fois, le louveteau prit position sur son lit. Il était prêt. Prêt pour la bataille qui s'annonçait et cette fois-ci il était bien décidé à ne rien lâcher. En garde Monsieur le Précepteur.
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| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Ven 15 Fév - 10:09 | |
| Aujourd'hui, c'était le grand jour. Le jour de sa rencontre avec son nouvel élève. A vrai dire, Gabriel ne s'était jamais imaginé dans le rôle d'un précepteur et encore moins le précepteur d'un loup. Comme quoi, tout arrivait...même une chose pareille. Après tout, qui aurait pu croire que quelqu'un comme Gabriel accepterait d'enseigner quoique ce soit à quelqu'un d'autre ? Lui si froid, qui ne semblait s'intéresser à personne. En même temps, il n'aurait pas accepté s'il n'y voyait pas un certain avantage. Edward White l'avait personnellement contacté pour lui demander ce "service", il aurait mal pu refuser. C'était le grand patron du cabaret, après tout, et nul doute que l'avocat finirait par en tirer quelques avantages. Et puis, il était tout à fait impensable de laisser quelqu'un d'aussi peu cultivé que le neveu de ce dernier dans la nature ! Il savait déjà qu'il allait avoir du travail et ça ne lui faisait pas peur. Il ignorait seulement à quel point son nouvel élève était un cas désespéré.
Il avait passé quasiment toute la journée au tribunal, enchaînant les plaidoiries et autres, ne perdant pas une seule affaire. Il était diaboliquement efficace et les plus riches se l'arrachaient. Au grand bonheur de Gabriel qui avait déjà réussi à amasser une petite fortune grâce à ces idiots. Il se fichait bien de savoir s'ils étaient vraiment innocents ou non, seul comptait le profit qu'il pouvait en tirer. Il avait évidemment attendu le coucher du soleil pour se diriger enfin vers le cabaret. Il avait décidé de s'y rendre à pied, histoire de s'aérer un peu l'esprit après être resté enfermé toute la journée. Il était irrité, agacé, bref, il ne valait mieux pas l'embêter, ce soir. Mais ça, son futur élève l'ignorait encore. Au bout d'une bonne demi heure de marche, il arriva enfin à destination et alla d'abord saluer Edward qui lui indiqua ensuite la chambre de son neveu.
L'avocat le remercia poliment avant de s'arrêter quelques instants devant la porte encore close. Ça sentait le loup à plein nez ! C'était même pire que ça et du coup, Gabriel redoutait déjà l'état dans lequel il trouverait cette chambre. Il n'aimait pas particulièrement les lycans et surtout, l'odeur qu'ils dégageaient. Néanmoins, il n'avait que faire de ces légendes idiotes qui affirmaient que les vampires et loups-garous étaient des ennemis mortels. C'était ridicule et puis, quel intérêt y avait-il à se battre contre eux alors qu'on pouvait gagner beaucoup d'argent ? Après avoir réajusté sa tenue, Gabriel frappa à la porte avant d'entrer sans plus de cérémonie. Et là, il se retrouva face à un spectacle des plus désolants. Cette chambre...pouvait-on vraiment la qualifier comme telle ? Elle était dans un état pas possible, des affaires traînaient de partout, bref, c'était loin d'être réjouissant. Néanmoins, il ne montra rien de son agacement lorsque son regard impassible et froid se posa sur l'adolescent assis sur le lit.
Il referma la porte sans un mot, prenant soin de ne faire aucun bruit, puis il s'avança vers le louveteau et prit enfin la parole.
"Gabriel Delcroix. Votre nouveau précepteur."
Pas d'"enchanté", rien. Juste le nécessaire, histoire d'annoncer la couleur. Il n'avait aucune intention de faire ami-ami avec ce garçon, il était juste là pour lui enseigner les bonnes manières, mais aussi, et surtout, un peu de français. Son regard se posa sur le bureau qui ne ressemblait plus vraiment à un bureau, à l'exception de l'encrier et de la feuille qui s'y trouvaient. Sans un mot, il s'avança donc vers le bureau et se saisit de la feuille pour la contempler longuement, aucune mimique n'apparaissant sur son visage. Il reposa calmement la feuille avant de se tourner vers le louveteau.
"Je vois que nous avons du pain sur la planche. Cependant, je refuse de vous enseigner quoique ce soit dans une pièce aussi désordonnée. Je vous demanderai donc de ranger tout cela."
Il savait déjà pertinemment ce qu'Andréa allait répondre. Il allait refuser, il allait jouer les adolescents rebelles, mais ça ne marcherait pas avec lui. Il en avait mâté des pires. Il avait évidemment emmené sa mallette avec tout le nécessaire et il allait déjà pouvoir s'en servir. Il la posa sur le bureau après avoir envoyé valser toutes les choses inutiles qui s'y trouvaient, l'ouvrit et en sortit une grande règle qu'il fit claquer contre la paume de sa main.
"Au travail. Que je vous ne le dise pas deux fois."
La guerre avait commencé.
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| | | Andréa Eyssard l Un monstre dans la peau lMessages : 274 Date d'inscription : 28/12/2010
| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Mar 19 Fév - 19:56 | |
| La porte s’ouvrit lentement, grinçant sur ses gonds et annonçant l’entrée en scène du monstre.
« Gabriel Delcroix. Votre nouveau précepteur. »
Bon. Il n’était pas aussi effrayant que ce qu’Andréa avait pu imaginer, c’était déjà un bon point. Pas de troisième bras, de langue fourchue, ni même d’œil caché derrière la tête. C’était juste un bonhomme grand et sec, au visage sombre et au regard glacial. Le jeune loup ne le quitta pas des yeux. Il l’observa s’avancer jusqu’à son bureau en désordre, attraper le bout de papier mal griffonné qui s’y trouvait et le fixer sans qu’aucun des traits de son visage ne trahisse ses pensées. Bon… C’était mal parti. Ce professeur d’opérette avait tout du sale type strict et intransigeant dont le garçon avait horreur. En plus il était effrayant et une odeur étrange se dégageait de lui. Comme s’il… était mort.
Un frisson parcourut l’échine du jeune homme lorsque, se tournant vers lui, Gabriel lui annonça la première étape de leur duel. Ranger la chambre. C’était idiot. Il fallait au moins trois jours pour se débarrasser de toute cette pagaille. Tirant nerveusement sur l’une de ses chaussettes, Andréa n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour protester que toutes les affaires traînant sur son bureau en furent violemment délogées, immédiatement remplacées par la mallette impeccable du percepteur. Ce dernier l’ouvrit d’un geste assuré pour en extirper une longue règle qu’il fit claquer dans sa main. Cet unique son donna la chair de poule à son potentiel élève qui gardait un très mauvais souvenir des coups de règle bien placés. Il hésita alors une petite minute, mais préférant éviter un nouvel ordre de la part de cet inquiétant individu, Andréa finit par se lever et entreprit de débarrasser un peu la pièce.
Hors de question de faire place nette. De toute façon cela serait trop long. Alors le jeune loup glissa papiers et vêtements sales sous son lit, tenta de faire rentrer dans son armoire tous les habits qui en avaient été rejetés, sortit les deux chaises de leurs nids à poussières et ramassa prudemment tout ce qui avait été éjecté de son bureau. Il rangea un peu n’importe comment. De toute façon rien n’avait de place fixe ici. Il en mit sur son lit, dans les tiroirs, quelques babioles furent dissimulées ça et là. Pas à un seul instant, il ne leva ses iris noisette vers son percepteur. Il était aussi inquiet que mal à l’aise, certain que cette séance serait bien plus un enfer pour lui que pour l’inconnu. Un soupire s’échappa de ses lèvres tandis qu’il terminait de débarrasser le bureau.
Cette fois-ci, il prit soin de bien tout retirer, y compris la mallette de son professeur qu’il referma avec maladresse avant de la poser au sol. La table, loin d’être neuve, avait au moins le mérite d’être vide. Plus un crayon, plus un morceau de papier n’y traînait. Rien.
« Voilà Monsieur. Et au cas où cela vous intéresserait, je m’appelle Andréa. »
Tendu comme rarement, les doigts du louveteau agrippaient nerveusement son pantalon. C’était une véritable torture. Son regard croisa brièvement celui de son percepteur, mais il prit grand soin de ne pas s’y attarder. Bon sang… Lui qui voulait le mettre à la porte au plus tôt, voilà qui s’annonçait grandement compromis. Persuadé qu’il allait se retrouver face à un ancêtre rachitique, un vieillard bon pour la tombe, il s’était préparé à l’assaut, mais au lieux de cela il était nez à nez avec un fringuant jeune homme aussi accueillant qu’un iceberg. Il s’était mis en tête de jouer les durs à cuirs, les rebelles, mais il n’avait jamais réussi à tenir un tel rôle.
Tirant fiévreusement sur le bout de sa manche, il finit par agripper l’une des chaises qu’il installa derrière son professeur. Par politesse, ou par crainte d’avoir à la réparer à une heure aussi indue, Andréa garda l’assise bancale pour lui. Il la posa face au bureau et s’y installa prudemment. Malgré sa faible corpulence, le bois grinça sous son poids, le dossier craqua sournoisement et l’un des pieds se désaxa un peu. Bon. Au moins ça tenait. Inspirant profondément, son regard se perdit sur le bureau vide qu’il contempla quelques minutes. Perdu dans la masse du bois, une tâche d’encre séchée attira son attention. Elle avait une forme étrange et à bien y regarder… Elle ressemblait à un lapin. Le louveteau trouva cela assez étonnant pour qu’un infime sourire vienne se dessiner au coin de ses lèvres. Sourire rapidement remplacé par un soubresaut d’inquiétude.
« Il n’y a pas de feuille. »
Une constatation simple et évidente, mais qui força le jeune homme à se lever prestement. S’avançant jusqu’à son lit, il extirpa une petite liasse de papiers froissés qu’il rapporta sagement à Gabriel. Il la déposa sur la table, essayant vainement de les aplatir, avant de se tourner vers son percepteur.
« C’est bon et pas besoin de règle vous voyez. »
- H.R.P:
Bon… C'est bof je trouve >< Tu me pardonneras j'espère ?
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| | | Invité
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| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Sam 2 Mar - 17:50 | |
| Gabriel avait vraiment du mal à comprendre comment quelqu'un pouvait vivre dans un capharnaüm pareil, lui qui prenait toujours soin d'avoir un intérieur impeccable. De toute façon, il était hors de question de travailler dans ces conditions et il ne tarda pas à le faire savoir à son nouvel élève. Il avait donc pratiquement ordonné à ce pauvre loup de ranger, ce qui était évidemment impossible, du moins en si peu de temps. Néanmoins, il était tout à fait impensable de lui inculquer quoique ce soit alors qu'il n'y avait même pas la place pour écrire ! A sa grande satisfaction, l'adolescent ne tenta pas de se rebeller et s'exécuta après avoir entendu le claquement de la règle contre sa main. D'ailleurs, Gabriel crut ressentir une certaine peur chez le louveteau. Voilà qui était assez jubilatoire. Il l'observa donc tandis qu'il s'efforçait de "ranger" un peu tout ce qui traînait, demeurant parfaitement immobile au milieu de la pièce. Il appelait ça ranger ? L'avocat réprima un soupir en se disant qu'il allait vraiment avoir beaucoup de travail avec cet énergumène. Une fois qu'il eut terminé, le jeune loup se tourna vers lui et lui fit part de son nom. Gabriel le regarda avec sa froideur habituelle, laissant planer un silence de plusieurs longues secondes avant de finalement prendre la parole. "Je sais comment vous vous appelez et non, cela ne m'intéresse pas plus que cela."Qu'il s'appelle Andréa ou Cunégonde, il n'en avait strictement rien à faire. Enfin, son regard se posa sur sa mallette que le jeune loup avait daigné toucher, puis sur les chaises qu'il avait sorties. C'était une plaisanterie ? Croyait-il vraiment que Gabriel était aveugle au point de ne pas avoir remarqué l'état lamentable de la chaise du louveteau ? Il ne dit rien, curieux de voir ce que son élève lui réservait encore en se levant à nouveau, non sans avoir déclaré qu'il n'y avaient pas de feuilles. Sans blague ? Ne bougeant toujours pas, il le regarda alors aller chercher des feuilles dans un état lamentable pour les poser sur le bureau. Il pensait vraiment qu'il allait travailler avec ça ? Il attendit patiemment que son élève se fut rassis, ignorant totalement sa remarque totalement superflue, puis il s'approcha de lui et s'empara des feuilles en piteux état. "Vous plaisantez, j'espère ? Êtes-vous donc aveugle au point de ne pas remarquer l'état lamentable de ces feuilles ? Ce ne sont pas des conditions de travail optimales. D'ailleurs, vous ai-je donné la permission de toucher à mes affaires ? Je ne pense pas, non. Alors ne vous avisez plus de recommencer."L'instant d'après, la liasse de feuilles froissées se retrouvèrent par terre, en mille morceaux. Car oui, Gabriel venait bel et bien de les déchirer. "De plus, on ne range pas une pièce en cachant toutes les choses inutiles sous son lit. J'exige que cette chambre soit impeccable la prochaine fois que j'y mettrai les pieds. Pour ce soir...on va faire avec."Il n'avait pas le choix, de toute façon. Il aurait très bien pu donner une leçon de rangement à Andréa, mais ce ne serait qu'une perte de temps, de toute façon. Il ouvrit sa mallette et en sortit plusieurs feuilles en parfait état, lisses, bref, elles étaient telles que des feuilles devraient l'être ! Il les posa sur le bureau, devant Andréa, et y ajouta également une plume et un encrier. "A présent, vous avez tout ce qu'il vous faut. Commencez donc par écrire les lettres de l'alphabet. Rassurez-moi, vous savez écrire, n'est-ce pas ?"A vrai dire, après ce qu'il avait vu, il n'en était pas si sûr ! Et puis, c'était un excellent moyen de savoir par où commencer. Il allait de soi que son élève allait devoir avoir une belle écriture lisible ! Et tant que ce ne serait pas le cas, il lui ferait écrire les lettres de l'alphabet, encore et encore. Il resta debout, à côté du louveteau, règle en main, prêt à intervenir à n'importe quel moment. - Spoiler:
C'est pas mieux pour ma part ^.^'
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| | | Andréa Eyssard l Un monstre dans la peau lMessages : 274 Date d'inscription : 28/12/2010
| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Dim 10 Mar - 15:24 | |
| Ce qu’il pouvait être déplaisant celui-là ! Andréa n’en revenait pas que son oncle ait pu embaucher quelqu’un de si désagréable et froid pour lui faire cours. Il l’aurait mis face à une pile de glaçons que cela n’aurait pas été pire. Non ça aurait même été bien plus agréable. Il y avait fort à parier que les petits cubes de glace se seraient montrés plus avenants.
Faisant plus ou moins de son mieux, le louveteau s’était empressé d’aller chercher des feuilles pour attaquer les leçons. Grand mal lui en prit. Le papier, froissé par un déménagement forcé, ne convint pas au précepteur qui fit remarquer, avec un tact inexistant, leur piteux état. Et alors ? Fronçant les sourcils, le jeune garçon voulut protester face à cette accusation inutile. Malmené ou non, rien n’empêchait d’y écrire, d’autant plus qu’une fois le sale bonhomme parti, elles finiraient droit dans la poubelle. Hélas, il ne fut pas assez prompt dans sa pensée, et Gabriel s’empara de la petite pile pour la déchirer avec — Andréa en était certain — la plus exquise des délectations. Les petits bouts tombèrent en une pluie lente sur le parquet abîmé, tandis que le jeune loup luttait avec force pour ne pas bondir de sa chaise et les faire avaler à ce guignol en costume.
« Ce n’étaient que des feuilles ! Elles auraient fini au feu de toute façon », insista tout de même le jeune homme.
Mais déjà, le professeur poursuivait son discours réprobateur. Maintenant c’est à l’état de sa chambre qu’il s’attaquait ! Et bien, sa langue de serpent avait au moins le mérite de ne pas prendre de pause. Pourquoi ne pas aussi critiquer sa chemise, pas assez blanche sans doute, ou ses cheveux, certainement trop noirs, à moins que rappeler la maigreur de sa silhouette ne suffise ? Non mais pour qui se prenait-il celui-là ?! Le pauvre Andréa bouillait. Il bouillait de ne pas oser lui enfoncer son poing dans sa belle gueule, bouillait de ne pas avoir assez de cran pour lui faire avaler toutes ses dents. Ses muscles, tendus comme rarement, trahissaient sans peine la nervosité et la colère qui le gagnaient. Inspirant profondément, il tenta de se calmer et observa en silence l’iceberg vivant sortir de sa mallette papiers encrier et plume qu’il déposa sèchement face au jeune loup. Un bref instant, ce dernier eut la terrible envie de les froisser avec soin avant de les utiliser, mais la règle, qui trônait toujours non loin, l’invita à ne pas céder et levant ses iris noisette vers Gabriel, il l’écouta annoncer l’intitulé de sa première leçon. Écrire l’alphabet.
C’était une blague ?
Andréa haussa un sourcil perplexe, fixant avec insistance son interlocuteur pour s’assurer qu’il était sérieux. Comment en aurait-il put être autrement ? Il y avait fort à parier qu’être « sérieux » était le seul trait de caractère de cet énergumène. Quoi qu’en y réfléchissant un peu, on pût également ajouter : autoritaire, méchant, froid et hautain.
Levant les yeux au plafond, le louveteau attrapa la plume et la trempa dans l’encre. Si Gabriel était observateur, il remarquerait une incohérence à ce tableau. L’enfant s’était saisi de la mine avec sa main droite, alors que tout au long de son rangement c’est la gauche qu’il avait le plus employée pour les tâches délicates. Une anomalie souvenir de ses années scolaires où, comme dans de nombreuses écoles, les enfants gauchers se voyaient attacher leur main dans le dos pour les forcer à tracer les lettres de l’autre. Cette étrange pratique n’avait d’autre source que la religion et le fait que la main à « sinistra » soit à gauche, soit associée au malin.
Andréa apposa la première lettre. A. Petit, aplati sur lui-même, on discernait vaguement sa boucle et la queue. Il poursuivit, cherchant le plus rapidement à se débarrasser de cette corvée et de cet olibrius à lunettes. Plusieurs petites formes rachitiques naquirent sur le papier. Le G ressemblait à un 8 difforme, le M et le N comptaient en nombre de ponts plus ou moins effondrés, et mieux vallait ne pas s’attarder sur l’état du W ou du Z, presque méconnaissables. L’écriture d’Andréa lui ressemblait, elle était aussi maladroite que lui.
Le jeune homme tendit la feuille à Gabriel et lâcha abruptement :
« Je ne suis pas aussi idiot que vous semblez le penser. Je connais mon alphabet tout de même. »
Il attendit qu’il se saisisse du papier pour poursuivre, la mine sérieuse et les sourcils froncés :
« Et puis, si vous revenez, je demanderais que le cours ait lieu dans la bibliothèque. Ainsi vous n’aurez plus à supporter l’organisation de MA chambre. »
Il insista sur l’article possessif, n’hésitant pas à plonger ses prunelles noisette dans celle de son professeur, malgré la présence de la règle. Car quoi qu’en pense celui-ci, il était ici sur le « territoire » du louveteau et si le désordre que ce dernier aimait y laisser ne lui plaisait pas, alors une autre pièce conviendrait bien mieux à son besoin de rangements compulsifs.
Se retournant face au bureau, le jeune homme attendit le verdict de sa copie. Il avait déjà les doigts pleins d’encre et reposa la plume au manche bleuit. Jetant un coup d’œil à droite et à gauche, il chercha d’un bout de tissu où s’essuyer, mais bien évidemment, comme tout avait été débarrassé, il dut se résoudre à se tourner vers son professeur :
« Vous n’auriez pas du buvard ? »
Il se tut quelques secondes avant d’ajouter dans un murmure :
« S’il vous plait… »
- H.R.P:
Et voilà o/ J'espère que ça te plait. Andréa commence à se rebiffer, gare à toi ~
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Ven 5 Avr - 12:59 | |
| Ce n'était que le début et pourtant, Gabriel se sentait déjà épuisé. Moralement. Nul doute que ce louveteau allait lui donner du fil à retordre. Néanmoins, c'était très mal connaître notre avocat que de penser ne serait-ce qu'une seule seconde qu'il allait s'avouer vaincu aussi vite. Il en avait mâté des pires, alors il n'y avait aucune raison qu'il ne réussisse pas à faire de cet adolescent pseudo rebelle un véritable gentilhomme. Et puis, il était payé pour ça. Quoi ? Vous avez cru qu'il faisait ça par pure bonté de cœur ? Encore eut-il fallu qu'il ait un cœur... Quoiqu'il en soit, il avait fini par déchirer ce tas de feuilles complètement froissées et donc inutilisables, ne se souciant guère de ce qu'en penserait son élève. Il ne lui demandait pas son avis, de toute façon. A la place, il lui donna des feuilles en parfait état et lui demanda alors d'écrire l'alphabet. Il avait bien remarqué l'air presque outré d'Andréa, mais il ne faisait pas ça pour s'assurer que ce dernier savait écrire - ça, il n'en doutait pas. Non, il voulait simplement voir à quoi ressemblait l'écriture du louveteau.
Gabriel demeura derrière lui, parfaitement immobile, et l'observa pendant toute l'entreprise. Comme il s'y était attendu, le jeune homme avait une écriture pratiquement illisible. Cependant, ce n'était peut-être pas entièrement de sa faute - si on omettait le fait qu'il ne semblait pas mettre de gros efforts dans ce qu'il faisait. Oui, pendant ce court instant, Gabriel avait observé les moindres faits et gestes d'Andréa et il avait fini par tirer une certaine conclusion. Il attendit que son élève ait terminé, prit la feuille, contempla les lettres difformes avec dédain, puis, il déchira la feuille. Cela devenait une habitude... Et pendant tout ce temps, il n'avait pas pris la peine de répondre à l'adolescent. Jusqu'à cet instant.
"Je n'ai jamais douté que vous ne puissiez pas écrire. Je voulais simplement voir à quoi ressemblait votre écriture. Autant dire que je n'appellerais même pas cela une écriture. C'est illisible et je pense que vous en êtes vous-même conscient. Néanmoins, je pense avoir la solution à votre problème...
Il se tut un instant, laissant planer un petit silence sur la pièce, puis il poursuivit.
"Essayez donc d'écrire de la main gauche. Avec un peu d'application, je suis sûr que même vous pourrez avoir une écriture correcte et surtout, lisible."
Bien entendu qu'il savait ce qu'on disait au sujet des personnes qui écrivaient de la main gauche. Néanmoins, ils n'étaient que tous les deux et ce jeune homme n'aurait probablement pas beaucoup d'occasions d'écrire en public, de toute façon - puisqu'il n'allait plus à l'école. Andréa émit alors le souhait d'aller dans la bibliothèque la prochaine fois. Gabriel se contenta de le regarder en silence avant de finalement pousser un petit soupir.
"Eh bien. Je vois que vous avez de bonnes idées parfois. Cela me paraît en effet plus judicieux et vous permettra, je l'espère, de pouvoir mieux vous concentrer sur les prochaines leçons. Car soyez-en sûr...je reviendrai."
Ce n'était tout de même pas un louveteau en pleine crise d'adolescence qui allait le faire fuir ! Quand il commençait quelque chose, il allait toujours au bout. Et puis, quelque chose de tout à fait incroyable se produisit, si, si. Andréa lui demanda du buvard, non sans avoir ajouté un petit "s'il vous plaît". Même si celui-ci avait un peu tardé à venir.
"C'est bien. Vous apprenez vite à ce que je vois."
Il attrapa sa mallette et en sortit l'objet désiré qu'il posa sur le bureau.
"Pourquoi vous refusez-vous donc à devenir un jeune homme bien élevé et instruit ? N'aspirez-vous pas à épouser une jeune femme de bonne famille ?"
N'allez pas croire que Gabriel s'intéressait vraiment à son élève. Non, il voulait simplement essayer d'en savoir un peu plus à son sujet, histoire de savoir comment agir envers lui afin que son futur enseignement porte ses fruits !
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| | | Andréa Eyssard l Un monstre dans la peau lMessages : 274 Date d'inscription : 28/12/2010
| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Dim 14 Avr - 17:49 | |
| Et encore une critique. Ce sale bonhomme n'était donc jamais content ? Une moue boudeuse se dessina sur le visage d'Andréa, peu enclin à acquiescer à la remarque sur son écriture. Certes elle n'avait pas de belles courbes, les pleins et les déliais étaient hasardeux et plutôt étranges, quand à sa taille ridicule, on repassera ; mais de là à dire qu'elle était illisible ! Ce précepteur devait avoir une vilaine vue, ou une mauvaise foi à toutes épreuves ! Au fond, le louveteau savait qu'il écrivait en pattes de mouches, mais jamais il ne l'admettrait devant l'individu qui devait lui faire cours. Ça non jamais. Gardant le silence, il écouta Gabriel qui racontait à qui voulait l'entendre qu'il avait un remède miracle à ce script de lilliputien. L'annonce fit hausser un sourcil au jeune loup, mais préférant ne pas froisser l'homme dans son illumination soudaine, il se plia à l'exercice. Écrire de la main gauche. Quelle drôle d'idée.
Cette réflexion, aussi intense qu'idiote, fut suivie d'une nouvelle remarque désagréable concernant la migration de leur salle de cours à la bibliothèque. Andréa n'apprécia guère que son professeur sous-entende avec dédain que la plupart des déclarations s'échappant de ses lèvres étaient sottes. Ses doigts se crispèrent sur le petit morceau de métal tandis qu'il jetait un regard glacial à son interlocuteur. Cela ne faisait pas une heure qu'il avait envahi les lieu — oui envahi, car malgré sa fine silhouette l'énergumène n'était qu'un parasite — et déjà, monsieur prenait toutes ses libertés. Bons sang, un coup de poing dans les gencives ne lui aurait pas fait de mal à celui-là.
La rage que le garçon avait mis dans l'étreinte du stylo n'avait pas été sans conséquence ni pour l'innocent crayon, ni pour ses doigts à présent couverts d'encre. Avec politesse, il demanda un buvard, mais même là, il eut droit à une petite remontrance dissimulée. Pensez-bien que le loup bouillait et qu'il y avait de moins en moins de chance pour que son précepteur reparte indemne de sa leçon. Retenant avec effort l'envie brulante de lui faire bouffer son buvard, Andréa se contenta de lui ramasser un peu brutalement et essuya avec acharnement le manche bleuit de sa plume.
« Pourquoi vous refusez-vous donc à devenir un jeune homme bien élevé et instruit ? N'aspirez-vous pas à épouser une jeune femme de bonne famille ?
- Certainement pour ne pas avoir à côtoyer des individus tels que vous ! »
Ce ne fut qu'une fois la phrase lâchée que le louveteau s'aperçut de sa nouvelle bévue. Bon sang, il allait passer un sale quart d'heure, c'était certain. Mais au moins c'était dit et cela l'apaiserait pour une bonne demi-heure si l'autre ne s'amusait pas à remettre une couche. Préférant faire comme si rien ne s'était passé, Andréa attrapa une nouvelle feuille et glissa la mine fraichement encrée dans sa main gauche. L'exercice lui paru rapidement fort compliqué. Il pivota mainte fois la feuille, chercha à positionner sa main au mieux, mais de toutes évidences écrire ainsi était impossible. Fronçant les sourcils, il finit par trouver une position acceptable et inscrivit son prénom. La plume grinçait sur le papier, les lettres tordues suivaient une parabole tombante, tandis que les petits pâtés se multipliaient de manière exponentielle sur le tracé. Illisible. C'était à prévoir. Jamais il n'avait tenu de crayon de cette main et ce ne serait pas demain la veille qu'elle pourrait tracer même le plus simple des mots. Devant cette vérité accablante, il brandit le résultat de son essai sous le nez de son précepteur lâchant avec fermeté :
« J'ai écrit aussi bien que j'ai pu. Votre solution me semble durement compromise, je n'arrive même pas à relire mon prénom. »
Il jeta la plume dans l'encrier et croisa les bras. Il en avait eu des mauvais professeurs, mais celui-là explosait tous les records et pouvait facilement prétendre au titre d'enquiquineur royale. Le jeune loup inspira profondément, tâchant de se calmer avant une nouvelle pique bien sentie de cette insupportable bonhomme, car dans le cas contraire, ce serait la chaise, et non l'innocent buvard, qu'il prendrait dans son joli minois. La mine renfrognée, Andréa vida une bonne tonne d'eau dans son vin et mis de côté — pour l'instant seulement — le caractère déplaisant de Gabriel. Après tout ils se connaissaient à peine, peut-être que ce glaçon ambulant avait un bon fond, même s'il y avait de quoi fortement en douter. Après un léger grommellement, il laissa retomber ses bras et lâcha dans un soupire sincère :
« Je m'excuse pour mon emportement. Je n'aurais pas dû m'en prendre à vous, mais j'ai trouvé blessant la façon dont vous vous êtes adressé à moi et cela m'a énervé. »
Il marqua une brève pause, posa un regard déterminé sur son précepteur puis repris :
« Je pense que nous sommes aussi butés l'un que l'autre, aussi je promets de faire quelques efforts, mais je vous prie de ne plus me traiter de la sorte où je me ferais plus bourru qu'un mulet de campagne. »
Et s'il y avait bien un domaine dans lequel Andréa excellait, c'était dans celui d'être têtu !
- H.R.P:
Et voilà ! J'espère que ça te va ;P
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| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Ven 14 Juin - 22:38 | |
| Décidément, les choses n'allaient pas en s'arrangeant. La tâche ne serait pas facile, loin de là, mais Gabriel avait bien l'intention de faire de cet adolescent indiscipliné un parfait gentleman. Oui bon...cela relèverait plus du miracle qu'autre chose et Gabriel n'était pas vraiment un faiseur de miracles, même s'il essayait toujours de bien faire les choses et d'aller au bout de ce qu'il entreprenait. En l'occurrence, il n'allait pas atteindre son objectif tout de suite vu la mauvaise foi et le manque de volonté absolu d'Andréa. De plus, il avait eu une idée pas si bonne au final en demandant au louveteau de changer de main pour écrire. C'était encore plus illisible que le reste, une vraie catastrophe en somme. Et donc, un petit échec pour notre avocat. Néanmoins, s'il éprouvait un agacement quelconque ou autre chose, il n'en montra absolument rien, demeurant parfaitement stoïque quand son élève lui mit pratiquement sa feuille sous le nez. Le tout après avoir causé un petit désastre dont la première victime fut la manche de sa chemise. Décidément, ce garçon n'était vraiment pas doué et il semblait se ficher de se salir. Mais ça allait changer. Il le fallait. Et puis, Gabriel était payé pour ça et il n'abandonnerait pas avant d'avoir accompli sa tâche. Il ne parlait même pas de la petite provocation lancée par Andréa au sujet du mariage. Nul doute que le louveteau avait tenté de l'énerver, mais ça ne marcherait pas. Il ne fallait beaucoup à Gabriel pour qu'il s'emporte et ce n'était certainement pas aujourd'hui que cela arriverait. Il n'avait même pas pris la peine de répondre, ne poussant qu'un petit soupir. S'il le fallait, il utiliserait la force pour lui inculquer les bonnes manières et lui apprendre à parler de façon correcte et polie. Parce que là...c'était un véritable supplice pour les oreilles ! Comment pouvait-on parler de façon aussi...barbare ? On aurait pu prendre cet adolescent pour un paysan tellement il parlait mal ! Un paysan ? Contre toute attente, Gabriel ne put s'empêcher de penser au passé, un passé lointain et douloureux qu'il avait préféré laisser derrière lui et enfuir au plus profond de lui-même. Mais peut-être pas si profond que ça, finalement. Paysan, hein ? Au fond, il n'avait aucun droit de renier de la sorte ces gens qui travaillaient dur chaque jour pour survivre, d'autant plus qu'il était lui-même issu d'une telle famille. Mais cela remontait à si loin...cela appartenait à une autre vie.
Il chassa ces pensées de son esprit et reporta son attention sur Andréa qui tenait toujours sa feuille devant lui. Qu'il était agaçant, celui-là ! Sans un mot, Gabriel attrapa la feuille et en fit une magnifique boule qu'il jeta à la corbeille ensuite. Inutile de conserver une horreur pareille.
"J'admets que c'était une mauvaise idée. Néanmoins, vous allez devoir faire de vrais efforts pour écrire de façon plus convenable et plus lisible."
Il observa son élève, se demandant comment il allait procéder. Alors qu'il se perdait dans ses pensées, la voix d'Andréa le fit rapidement revenir au présent. Il était en train de rêver ou l'adolescent venait vraiment de s'excuser ? Cela aurait pu être une bonne chose s'il ne s'était pas senti obligé d'ajouter quelque chose qui déplut fortement à notre avocat. Cependant, et comme à son habitude, il demeura parfaitement calme, affichant un air de profonde indifférence et ce fut sur un ton tout aussi indifférent, froid même, qu'il répondit.
"Vous êtes très mal placé pour me dire ce que je dois faire. Je vous traite comme j'en ai envie, comme vous le méritez. Je ne suis pas ici pour faire ami-ami avec vous, mais pour vous apprendre quelque chose. Alors faites attention à ce que vous dites si vous ne voulez pas que je devienne méchant."
Andréa n'avait encore rien vu et ne savait pas de quoi Gabriel était capable quand il s'énervait. Enfin...c'était une chose plutôt rare, mais quand ça arrivait, ça explosait véritablement. Et ce n'était pas beau à voir. Ni à entendre. Il s'approcha tout près de lui, leurs visages ne se trouvant qu'à quelques ridicules centimètres l'un de l'autre.
"Je suis le chef ici et tant que je vous ferai cours, vous êtes prié de m'obéir. Je ne veux plus entendre la moindre protestation. Est-ce bien clair ?"
Plus exécrable, tu meurs. Il se doutait parfaitement que ça ne plairait pas à Andréa, mais ça n'avait aucune importance, au fond.
"Qu'aimeriez-vous faire plus tard ?"
Poser une telle question après s'être montré parfaitement exécrable envers l'adolescent n'avait peut-être pas été la meilleure des idées et sans doute n'obtiendrait-il aucune réponse, mais peu importe. Enfin, s'il savait vers quoi le louveteau voulait se tourner, peut-être trouverait-il une méthode d'enseignement appropriée à ses objectifs. Ou pas. Ce garçon avait-il seulement un but dans sa vie ? Gabriel poussa un petit soupir, ne quittant pas son élève du regard. S'il croyait pouvoir le faire craquer dès le début, voire le faire céder, il se trompait lourdement !
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| | | Andréa Eyssard l Un monstre dans la peau lMessages : 274 Date d'inscription : 28/12/2010
| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Dim 23 Juin - 11:52 | |
| Sur terre, il existe des gens si détestables qu'il est raisonnable de se demander comment un caractère pareil aurait pu voir le jour sans un coup de pouce de forces obscures. C'est le genre de personnes qui vous observe avec une moue de dégoût tandis que vous ne faites qu'attendre un omnibus, ce type d'individu qui ne sait ouvrir la bouche sans qu'une nuée de couleuvre ne s'en échappent ou encore tous ceux qui regardent le malheur s'abattre autour d'eux alors qu'aucune once de pitié ne parvient à ramollir leur cœur de granit. Vous me direz à coup sûr que ce genre d'odieux personnage n'est bon que pour les romans et que, même s'ils y incarnaient les méchants, ils en resteraient tout à fait imaginaire. Et bien non. Hélas pour le monde entier, certains de ces monstres ont réussi à s'incarner sur notre belle planète et ils se montrent plus détestables encore que ce qu'un auteur à la plume exagérée aurait pu dépeindre. Alors, imaginez la joie d'Andréa, lorsqu'il découvrit que la chose qui devait lui servir de précepteur appartenait à cette ignoble caste…
Oh il avait déjà des doutes ! Après tant de manières déplaisantes, tant de remarques acerbes et autant de menaces physiques, il y avait de quoi supposer l'affaire. Mais jeune et insouciant, le petit Eyssard voulut croire en cet être abject espérant qu'un mauvais départ était en cause dans leur relation électrique. C'est ce qui s'appelle : « S'enfoncer le doigt dans l'œil, jusqu'au coude. »
Alors même que le louveteau tentait de se montrer plus discipliné en mettant plus d'ardeur à l'horrible travail d'écriture qu'il était censé suivre, après avoir essayé de s'excuser avec la maladresse qui était sienne, le monstrueux précepteur se révélait plus laid encore que ce qu'il avait laissé entrevoir. Le pardon ne devait pas être un mot connu de cet homme là, encore moins que l'humilité et le respect. Il le traitait comme un moins que rien, un truc qu'il devait à tout prix transformer en une œuvre d'art, nouvelle preuve de sa toute puissance.
« Je vous traite comme j'en ai envie, comme vous le méritez. »
La plume d'Andréa plia sous la pression enragée du jeune loup, terminant un « a » soigné par une tâche d'encre épaisse, s'infiltrant progressivement dans les filtres du papier pour le colorer d'un noir de jais. Dès cet instant, l'enfant n'écoutait plus. Il s'était barricadé loin de cet odieux personnage dont la simple vue commençait à lui révulser l'estomac. Le loup grondait, tous crocs dehors, près à déchiqueter ce déchet de la société à la moindre occasion. Il fallait qu'il se calme… Qu'il l'oublie, qu'il l'ignore, ou ce qui devait être un cours finirait en ring de boxe. Le regard fixé sur la feuille où la tâche s'étalait encore, le cœur battant, Andréa priait pour qu'il se taise. Qu'il ferme ses lèvres glaciales et ravale sa méchanceté pour peut-être, avec un peu de chance, s’étouffer avec.
« Je suis le chef ici… »
Oh vraiment ? Voilà donc comment il se voyait. Comme un chef. Et voilà aussi pour quelles raisons il avait accepté de donner des leçons. Pour avoir le plaisir d'exercer tous ses talents de petits dictateurs sur des êtres qu'il devait considérer comme des raclures et des vauriens. Évidemment. Cela n'allait pas être pour la joie de transmettre, la satisfaction de faire avancer des gens par son concours… Non. Il voulait juste être le chef.
La pointe de la plume cassa, alors que la main droite du jeune loup se resserrait rageusement sur l'encrier. Les lèvres pincées, il était au bord de l'explosion.
« Qu'aimeriez-vous faire plus tard ? »
D'un geste, le jeune homme se redressa de toute sa hauteur. En un éclair le voilà debout, il s'était levé si vite que sa chaise était tombée et que son dossier déjà abîmé, s'était une nouvelle fois déboîté. Et dans ce bond prodigieux, le loup avait saisi l'arme la plus proche. L'encrier. Le contenu du pot avait été projeté avec force et sans hésitation sur l'ennemi de la bataille, couvrant d'une couleur noirâtre une partie de son visage dégoûtant et s'infiltrant au creux de ses vêtements. Elle s'étendait comme une blessure de guerre, gagnant à chaque seconde un peu plus de terrain, le surplus dégoulinant sur le parquet pour en marquer à jamais le bois. Et Andréa était là, le regard noir de haine, la mâchoire crispée de dédain, son arme toujours brandit, se surprenant lui-même à songer : « Si seulement ce n'était pas de l'encre… Mais son sang. »
Il aurait voulu le voir mort.
« Vous voilà presque aussi dégoutant que l'est votre cœur. J'ai essayé de vous donner une chance, mais vous êtes comme tous ces soit disant professeurs, hautain, méchant, dédaigneux. Vous êtes un monstre d'égoïsme et jamais, au grand jamais je ne voudrais recevoir une once de savoir de votre part ! »
La fierté de l'homme, l'orgueil du loup. En cet instant Andréa semblait plus grand et plus fort que jamais. Ses iris noisettes plongeaient sans honte dans le regard de son précepteur pour n'y déverser que le mépris qu'il avait pour lui. Il reposa l'encrier sur la table, desserrant difficilement ses doigts figé par la rage qui l'avait envahi, puis inspirant profondément, il lâcha avec fermeté :
« Je vous demande de quitter ma chambre, Monsieur Delcroix. »
- H.R.P:
Voilà /o/ Petit craquage d'Andréa, mais tu l'as bien cherché ;P J'espère que ça te plait ~
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| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Dim 23 Juin - 23:11 | |
| - Spoiler:
Bah, ça m'a tellement plu que j'ai eu envie de répondre tout de suite xD
Plus ça allait et plus Gabriel se demandait ce qu'il fichait là, au juste. Néanmoins, il n'était pas du genre à abandonner, même s'il en avait de plus en plus envie. Il s'était engagé auprès du propriétaire du Lost Paradise et il n'avait aucune intention de faillir à sa parole. Certes, cela ne lui rapporterait absolument rien, mais au moins, on ne pourrait pas le qualifier de lâche ou de déserteur. De toute façon, même si ce gamin avait l'intention de lui mener la vie dure en jouant les rebelles, ce n'était certainement pas ça qui allait faire fuir notre avocat. Il en avait vus d'autres, des biens pire. Oh, bien sûr, il se doutait que le louveteau lui réservait encore bien des surprises - et pas des bonnes - mais ça n'avait pas grande importance.
Il était parfaitement conscient du fait que sa façon d'être déplaisait à pas mal de monde, mais ça aussi, il s'en fichait. Il n'était pas là pour se faire des amis. Ces choses-là ne servaient, de toute façon, à rien sauf à vous attirer des ennuis tôt ou tard. Ne s'attacher à personne. Voilà le credo de Gabriel. Enfin, si on pouvait appeler ça comme ça. Quoiqu'il en soit, il devait faire comprendre à ce gosse qui était le chef, une bonne fois pour toutes. Peu importe s'il devait se montrer dur, voire odieux, il devait apprendre le respect à ce petit effronté. Et le plus tôt serait le mieux. Il avait bien remarqué qu'au fil des secondes, Andréa devenait de plus en plus impatient et surtout énervé. Oui, son énervement, sa fureur même, étaient palpables, mais Gabriel ne se laissa nullement impressionner. Il fallait vraiment inculquer les bonnes manières à ce louveteau et lui apprendre à répondre quand on lui parlait. C'était la moindre des choses !
Enfin, il demeura parfaitement calme, l'observant d'un air indifférent, son énervement ne l'atteignant pas. Par contre, ce qui l'agaça quelque peu, fut le massacre évident que son cher élève était en train de faire sur le papier ! N'ajoutant rien, il se contenta d'observer et d'attendre que l'orage passe. Sauf que l'orage n'en était qu'aux prémices. Il éclata même carrément lorsque Gabriel demanda ce que le gamin voulait faire plus tard. Pour toute réponse, il se prit l'encrier et le lui jeta dessus. Oui, Gabriel aurait pu l'éviter avec aisance. Néanmoins, il ne bougea pas d'un pouce, voulant mettre le louveteau face à ses responsabilités et surtout, voulant avoir une bonne raison pour le réprimander comme il se devait. Oui, rien que pour ça, il venait de sacrifier un costume hors de prix. Non pas que l'argent eut une quelconque importance pour lui.
Le gamin se mit à cracher des insultes auxquelles Gabriel n'était pas réceptif le moins du monde. De toute façon, c'était vrai, non ? Il était vraiment hautain et égoïste. Quant à la méchanceté...il pouvait en faire preuve quand il le voulait, mais il évitait en temps normal. A moins qu'il n'ait pas la même conception du mot "méchanceté" que ce gamin. Ce gamin qui était un peu plus grand que lui et qui pensait sans doute l'intimider en le surplombant de la sorte. De quelques centimètres à peine, mais tout de même. Grossière erreur. Une partie de ses lunettes étant souillée, il les retira calmement et les mit dans la poche intérieure de sa veste. Tiens ? Le louveteau lui donnait des ordres, maintenant ? Il ne devait pas avoir compris certaines choses...
Toujours sans prononcer le moindre mot, Gabriel saisit Andréa par la gorge et le plaqua contre le mur le plus proche et ce, avec une rapidité déconcertante pour la plupart des gens. Enfin, surtout des êtres humains. Il le regarda droit dans les yeux, le regard glacial, resserrant un peu son emprise autour de la gorge du louveteau.
"Que n'as-tu pas compris dans ce que je t'ai dit, petite vermine ? Personne ne me donne d'ordres et surtout pas toi. Crois-moi, tu n'as aucune envie de me voir vraiment méchant."
Il le lâcha et s'éloigna de quelques pas.
"Je vais devoir te punir pour ce que tu as fait. Mais tu as de la chance, ce sera pour la prochaine fois. Car oui, j'ai l'intention de revenir et ce, tant que tu n'auras pas appris à respecter tes aînés et à écrire correctement."
Il le tutoyait en tout état de cause car à ce stade, il n'éprouvait plus une once de respect pour lui. La guerre était bel et bien déclarée. |
| | | Andréa Eyssard l Un monstre dans la peau lMessages : 274 Date d'inscription : 28/12/2010
| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Jeu 11 Juil - 14:43 | |
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Va t'en…
La moindre parcelle d'Andréa s'était révulsée de dégoût, tout son corps le haïssait, le méprisait, il voulait l'écraser d'un coup de talon, mais c'était peine perdue. Même couvert d'encre Gabriel Delcroix restait droit, fière, monstrueux… N'existait-il donc rien qui puisse le blesser ? Rien qui ne le fasse plier ? S'il était aussi insensible que la pierre, peut-être était-il également aussi dur à briser. Non… Il existait forcément quelque chose, une chose qui le mettrait à genou.
Mais sors d'ici !
Andréa retenait son souffle. Il n'avait fait que se défendre après tout. Ce type voulait faire de lui son chien, un faire-valoir parmi tant d'autre. Jouer les précepteurs n'était qu'une excuse, pour ajouter à son tableau de chasse un élève récalcitrant. Oui, il avait eu raison, il n'avait fait que se protéger. C'est fort de cette constatation, il resta grand et fier, malgré le geste qu'il avait eut à l'égard de ce bonhomme de glace. Il eut même le cran de lui ordonner de sortir ! À croire que le loup somnolant en lui avait eu l'amabilité de lui prêter sa force, histoire de mettre cet exécrable individu à la porte, une bonne fois pour toute. Mais une partie de lui avait peur. Il sentait que quelque chose clochait et le voilà qui priait ardemment pour qu'il s'en aille. Maintenant. Oh il pouvait bien râler, crier, le menacer de sa règle, tant qu'il finissait par sortir…
Dégage !
Hélas, Andréa n'allait pas tarder à savoir qu'il aurait mieux fait de fracasser son bureau sur la tête de ce maudit Delcroix au lieu de se contenter d'un gentillet pot d'encre. Le regard noir du monstre perça les iris noisettes du louveteau pour s'y enfoncer le plus profondément possible. Il cherchait à atteindre le cœur… Instantanément, l'enfant comprit que la colère de son précepteur serait pire encore que son calme. Il frissonna. La main qui pointait la porte retomba mollement contre son flanc alors que la panique le grignotait petit à petit. Il était en danger.
Le geste fut soudain et violent. Sans le voir venir, Andréa se retrouva plaqué avec force le dos au mur, un poigne effrayante lui enserrait la gorge. Il toussa, agrippa la main glaciale de son assaillant et mis toutes ses forces pour se libérer de cette étreinte, la griffant sans pitié, jusqu'au sang. Pourtant… Pourtant, jamais le rouge ne vint souiller cette peau blafarde. Pourquoi ? Il vit les lèvres de cette pourriture s'agiter sans qu'il n'en comprenne un seul mot. Il remarqua ses canines trop pointues, sa peau trop laiteuse… Pourquoi ?! L'air commençait à lui manquer, la panique le gagnait et un seul mot parvenait encore à résonner dans sa tête. Survivre.
Et enfin… Gabriel le lâcha. L'adolescent était blessé dans son orgueil, l'enfant dévoré par ses souvenirs et le loup… Oh le loup était fou de rage. La main tremblante du garçon trouva appui sur son bureau, alors que l'autre s'était inévitablement portée à sa gorge rougie. Le visage déformé par une grimace d'effroi et de colère, le louveteau observait l'odieux individu maculé d'encre se pâmer encore et encore. Il lui promettait une punition et pire encore, il lui jura de revenir. Non ! C'était hors de question !
« Allez au diable ! »
D'un geste ample et puissant, il repoussa le bureau qui chuta avec un fracas assourdissant sur le plancher, emportant avec lui tout ce que qui restait de la leçon. Andréa se décolla du mur, la peur et la haine envahissait son corps dans un tremblement nerveux, alors que deux pas l'avaient déjà rapproché de son agresseur. Il ne reculerait pas. Pas cette fois. La bête était là, dissimulée sous ce visage délicat, sous ces traits d'un enfant fatigué par la vie, elle le poussait de toutes ses forces, l'aidant à combattre ce terrible ennemi. Encore un pas. La main du louveteau se posa brutalement sur l'épaule de Gabriel pour le repousser de toutes ses forces, puis il l'apostropha avec rage :
« C'est quoi votre problème ?! Vous êtes un vampire, un mordu qui plus est, j'en suis sûr. Pourquoi êtes-vous devenu comme eux !? Vous avez été humain non ? Alors pourquoi !? Mais bordel pourquoi l'avez vous oublié ! »
À bout de souffle, le jeune homme se tu. Les poings serrés, la mâchoire crispée, il observait ce foutu glaçon, raide, avec son manche à balai dans le cul. Un bref instant, il se dit qu'il avait vu juste. Que ce n'était pas sa faute, que ce type n'avait pas toujours été ainsi, et que lui aussi, avait dû changer en passant dans l'autre monde. Mais une seconde plus tard, le sang d'Andréa ne fit qu'un tour. Il se vit à sa place. Et s'il devenait comme lui…
La terreur l'envahi si violemment qu'il vacilla. Son estomac était prisonnier d'un puissant étau et le rouge de la rage avait laissé place à la pâleur de l'effroi. Jamais ! Non jamais il ne deviendrait comme ça ! Après tout, il n'avait rien à voir avec cette race, non ? Oh pitié, faites que non…
« Allez vous en. »
La phrase n'avait été qu'un murmure entre ses lèvres. Son esprit tournait dans le vide, bloqué sur un mot qui lui faisait horreur. Monstre. Il passait en boucle, tantôt sur un ton guilleret, puis moqueur, accusateur, haineux… Andréa recula à nouveau d'un pas. À qui… À qui se mot était-il destiné ? Il refusa d'étudier la question. Il fallait juste qu'il parte de sa chambre et tout irait mieux. Qu'il s'en aille définitivement, et que ce soit la dernière fois que leur destin ait à se croiser. Ce type représentait à lui seul ce qui effrayait le plus au monde Andréa. L'oublie. L'oublie de sa vie d'humain.
Un malaise l'envahit à nouveau. Il restait droit, fier, mais lorsqu'il posa son regard sur Gabriel, ses iris semblaient éteintes. Rassemblant ses forces, il réitéra sa demande dans un souffle :
« Allez-vous en… S'il vous plait… »
- H.R.P:
Petit pâté désolé /o/ J'espère que ça te plait ~
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Ven 9 Aoû - 17:31 | |
| Il en fallait beaucoup pour mettre Gabriel en colère et si Andréa pensait avoir été témoin de sa colère, il se trompait lourdement. Ceci n'était rien comparé à ce qu'il était capable de faire quand il était vraiment en fureur. Rien du tout. Il était même resté très calme. La maîtrise de soi en toutes circonstances. Hélas, il s'était un peu laissé aller malgré tout et avait fait quelque chose qu'il n'aurait sans doute pas dû. Il avait touché le louveteau, l'avait plaqué contre le mur en lui enserrant la gorge. Il n'avait pas l'intention de le tuer, il voulait juste lui faire peur, lui faire comprendre qu'il ne valait mieux pas jouer au petit malin avec lui. Cependant, il savait aussi que cet épisode risquait fort de lui coûter sa place. Bah, si Edward le renvoyait, il n'allait pas le supplier de le garder, même si sa fierté en prendrait un grand coup. Ce gamin avait tout d'un fayot, de toute façon. Dès que Gabriel serait parti, il irait sans doute pleurnicher auprès de son oncle. Pathétique. Il détestait les gens comme lui, les gens faibles.
Il avait fini par lâcher Andréa qui était sous le choc avant que la colère ne reprenne le dessus et qu'il se remette à lui aboyer dessus, lui ordonnant de partir. Le tout en renversant son bureau et tout ce qu'il y avait dessus. Quel gâchis. Gabriel regarda tout ça d'un air totalement détaché, indifférent. Si ce gamin pensait pouvoir le mettre en colère en agissant de la sorte, il se trompait lourdement. Et puis, il eut le culot de s'avancer vers lui et de lui saisir fortement l'épaule pour le repousser. Encore une fois, Gabriel n'esquissa pas le moindre geste. Il regardait ce louveteau en pleine crise d'adolescence d'un air presque dédaigneux tandis qu'il crachait des mots auxquels il ne s'était pas attendu. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire, tout ça ? Sa vie humaine était derrière lui une bonne fois pour toutes et il ne voulait plus revivre tout ça. Cette vie n'avait finalement été que souffrances et il était hors de question de réitérer l'expérience. Pourquoi cela mettait-il ce louveteau dans un tel état ? Ce fut d'une voix tout à fait monotone qu'il finit par répondre, s'efforçant de ne pas laisser le passé ressurgir, mais il fallait être honnête. Les paroles d'Andréa l'avaient quelque peu ébranlé, bien qu'il n'en montrât absolument rien.
"Je ne pense pas que ma vie vous regarde. Pourquoi voudrais-je vivre comme tous ces êtres inférieurs ? Ces êtres si faibles dont l'espérance de vie est ridiculement courte, qu'un rien peut tuer ? Vous êtes pathétique. Et pour que les choses soient claires, je n'ai rien oublié. Je suis simplement passé outre."
Vraiment ? Il se mentait à lui-même, là. Car pourquoi était-il devenu aussi exécrable en premier lieu ? A cause de ce foutu passé qui ne cessait de le hanter depuis bien trop longtemps. Il avait pourtant eu sa vengeance, mais tout le monde savait que la vengeance n'atténuait en rien les souffrances.
"Les humains ne servent à rien si ce n'est me permettre de vivre."
Oui, ils n'étaient rien pour lui et consistaient tout simplement sa principale source de revenus, mais aussi de nourriture, ça allait de soi. Il était très dur dans ses paroles et peut-être qu'au fond, il ne le pensait pas vraiment. Mais ça n'avait aucune espèce d'importance, au final. Andréa lui demanda plusieurs fois de partir, ajoutant même un "s'il vous plaît" à la fin, sur un ton presque suppliant. Gabriel réprima un soupir. Il avait bien envie de comprendre pourquoi ce gamin agissait de la sorte, pourquoi il semblait être proie à un profond malaise tout à coup. Car oui, Gabriel pouvait ressentir certaines choses et ce qu'il sentit émanant du louveteau le perturbait un peu. Il garda le silence un moment, demeurant parfaitement immobile avant de se diriger vers l'endroit où se trouvait le bureau renversé. Aussi incroyable que cela put paraître, il redressa le meuble et le remit à sa place, faisant de même avec la chaise. Il ne ferait rien de plus, mais venant de lui, c'était déjà presque un miracle.
Il s'approcha ensuite d'Andréa et l'observa un long moment, un moment qui dut sans doute paraître interminable au louveteau. Puis, il prononça quelques mots sur un ton à peine audible, à peine plus fort qu'un murmure.
"Vous êtes quelqu'un de bien au fond. Ne laissez pas vos pulsions prendre le dessus."
Il venait sérieusement de dire ça ? Bah...peu importe. Il ne le reverrait sans doute jamais ou en coup de vent lorsqu'il venait boire un verre au cabaret.
"Au revoir, Monsieur Eyssard. Nous nous reverrons, c'est une certitude."
Il prit ses affaires et se dirigea vers la porte, ayant à présent hâte de partir, de rentrer chez lui et de se débarrasser de cette maudite encre qui avait foutu en l'air un costume quasiment neuf.
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| | | Andréa Eyssard l Un monstre dans la peau lMessages : 274 Date d'inscription : 28/12/2010
| Sujet: Re: La guerre est déclarée [P.V. Gabriel][1889] - Terminé Ven 30 Aoû - 14:36 | |
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Andréa écarquilla les yeux lorsqu'il entendit les paroles froides et monocordes de son précepteur.
Alors on pouvait réellement oublier... Il était possible, avec le temps, de ne plus se rappeler ce qu'être un homme signifie. De devenir froid, hautain, de se croire supérieur sous prétexte d'être passé dans une autre espèce, de jouer de ce pouvoir qui ne vous appartient que parce que vous avez eu la vie sauve, de ne plus traiter l'humain que comme sa nourriture et ne plus songer une seule seconde que nous avons été à leur place... Se voir comme un élu, alors que nous ne sommes qu'un échec...
Les lèvres fines du louveteau s'entrouvrirent légèrement. Les poings serrés, pâle comme la mort, il semblait prêt à hurler, mais aucun son ne sortait. Il lui fallut tout son courage pour parvenir à articuler quelques mots, le priant de sortir de sa chambre. Sa voix n'était plus qu'un murmure tandis que ses belles iris ne reflétaient plus que le vide qui étreignait son cœur.
Il se contentait de fixer Gabriel, incapable de comprendre comment il était possible de perdre à ce point tout ce q... Minute.
Le cerveau d'Andréa se remit lentement en route. Il observa Gabriel redresser son bureau, sans savoir si son geste était poussé par le peu de gentillesse qui lui restait, ou si son côté maniaque au dernier degré rendait ce spectacle insupportable à sa vue. L'atmosphère était lourde. Incapable de bouger, le louveteau le suivait du regard, retenant parfois son souffle lorsqu'il craignait que le précepteur n'explose. La chaise fut à son tour sur pied et le vampire s'arrêta face à son élève. Ce dernier hésita à faire un pas en arrière en le voyant approcher, mais finalement, les deux hommes se toisèrent sans un mot. Andréa croisa brièvement son regard et son coeur se serra, aussi préféra-t-il contempler le costume ruiné de son vis-à-vis lorsqu'il ne lui préférait pas les murs de sa chambre.
« Vous êtes quelqu'un de bien au fond. Ne laissez pas vos pulsions prendre le dessus. »
Le louveteau se figea. Avait-il bien entendu ? Gabriel l'avait... Complimenté ? Son coeur s'emballa légèrement tandis qu'il ne savait déjà plus où se mettre. Il resta bêtement planté là et laissa son précepteur quitter sa chambre dans un "au revoir", rapidement suivi d'une promesse de retrouvailles. La porte claqua doucement, abandonnant le jeune homme seul avec ses pensées. Aurait-il vu juste ?
La mécanique de son raisonnement se mit en place rapidement dans son esprit. Il avait réussi à l'adoucir en évoquant sa vie d'avant, il en était certain. Son cas n'était peut-être pas si désespéré finalement. Mais pour quelles raisons un homme aussi charismatique que Gabriel refoulerait à ce point cette partie de son existence. Serait-il possible que sa vie de vampire ait été plus heureuse que celle de ses années humaines ? Avec un caractère pareil, le louveteau en doutait sérieusement et le mystère Delcroix commençait à chatouiller sa curiosité.
Inspirant profondément, il se précipita à sa suite, traversa les atelier et, le repérant au bas des escaliers menant au second étage, il lança d'une voix claire :
« À la semaine prochaine M. Delcroix ! »
Il n'attendit pas sa réaction pour faire demi-tour et s'enfermer dans sa chambre. Il prenait un gros risque. S'il se trompait, la leçon suivante finirait certainement par la destruction partielle - voire totale - de la bibliothèque, mais quelque chose en lui l'encourageait à en apprendre davantage sur cet homme dont le masque acariâtre semblait s'être légèrement fissuré lors de leur première entrevue.
Andréa se contempla un instant dans le miroir. Il remonta la col de sa chemise afin de dissimuler les traces encore rouges laissées par son précepteur, sachant que si son oncle les remarquait sa mission de sauvetage vampirique tomberait à l'eau. Une fois fait, il s'installa à son bureau. Il resta un moment là, à en fixer les rainure, puis fouillant dans son bazar, il tira une feuille à demi-déchirée et un crayon carbone à la mine épaisse.
Il prit son courage à deux mains, inspira profondément, et c'est fort de sa nouvelle idée saugrenue d'aider Gabriel, fraichement implantée dans sa petite tête d'adolescent, qu'il se mit à tracer avec application les lettres de l'alphabet. Ce n'était pas encore ça... Mais le coeur y était !
- H.R.P:
To be continued ? /o/
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