Ouais. Un caractère d'cochon. On me l'dit souvent.

« Oh, j'me souviens bien d'la p'tite Alie ! Elle est v'nue m'aider plus d'une fois. C'est qu'la vieillesse, c'est un vrai problème ! J'peux plus rien faire d'moi-même, maint'nant. Alors sa mère m'l'a envoyée. Une brave p'tite, croyez-moi ! Mais c'est qu'elle est ben trop franche. Plus d'une fois qu'elle m'a vexée, à m'dire tout d'suite c'qu'elle pensait sans aucune ret'nue. Mais elle pense pas à mal, hein ! Elle pense pas à mal. Puis au moins, j'sais qu'elle viendra pas m'mentir ! »

« V'nez ach'ter mes quenouilles ! Ah, qu'elles sont belles, mes quenouilles ! … Pardon ? Aligator ? Hein ? Ah ! Alienor ! S'cusez ma p'tite dame, j'avais pas compris... C'est qu'j'la connais ben, c'te fille. Aha ! Elle m'a ben aidé quand j'ai commencé c'boulot d'vendeur ! C'est qu'elle sait attirer l'attention ! Y a pas à dire, elle a un vrai don pour ça ! C'est elle qui m'a appris. C'est grâce à elle qu'j'ai pu dev'nir c'que j'suis maint'nant. R'gardez-moi ! J'récolte un paquet avec ces quenouilles ! Alors qu'avant, ben, j'passais inaperçu... »

« Oooh quelle tristesse que de me souvenir de cette cruelle enchanteresse qui a ravi mon cœur ! Cette beauté d'une autre époque est soudain apparue devant mes yeux, laissant Cupidon me transpercer le cœur de sa flèche... Hélas, ma mie s'est avérée être d'une incroyable force de caractère, provoquant en moi un sentiment des plus puissants. Elle se montrait effrayante et je dus fuir en mouillant mes linges en soie. Ô, comme je suis désappointé, croyez-le bien ! »

« Alie ? Oh je vous vois venir avec vos grands sabots, et bien sachez que c'est quelqu'un de super. D'accord, elle est assez brute de décoffrage avec son accent campagnard, mais je peux toujours compter sur elle en cas de besoin. Jamais elle ne me laisserait tomber et c'est ça que j'aime chez elle. Je suis assez fière d'être dans sa famille et je passe toujours un très bon moment avec elle, on rit beaucoup... Même si je me dis que je dois être quand même un peu maso compte tenu du fait qu'elle nous met souvent dans les emmerdes... »

« Quoi, ma sœur ? Aha ! On peut ben dire qu'c'est un garçon manqué, celle-là ! En même temps, j'tez un p'tit coup d’œil à not'famille. Les parents, quat'frères... Et une flopée d'cousins. Pas une seule fille en dehors des vieilles et d'la p'tiote de Paris. Donc forcément qu'on a déteint sur elle, hein ! Quand l'était pas fourrée avec l'voisin, elle nous suivait comme not'ombre ! … Puis, faut dire c'qui est. Elle prenait ben souvent part aux bastons à cause d'nous... »

« Si son départ pour la capitale m'pose problème ? Ben vous savez, avec elle, ça s'passe toujours comme ça. C'est qu'elle est bornée, c'te p'tite. On voit tout d'suite d'qui elle tient ! –Regard significatif en direction de son mari, qui se contente de rire– On aurait pu la ret'nir qu'ça n'aurait rien changé. Puis, j'm'en fais pas. L'est débrouillarde, not'fille. Plus que vous l'pensez. Et c'est qu'elle sera pas seule ! C'est chez sa cousine, qu'elle va. Pourquoi que j'm'inquièterai, dans c'cas ? »

« Quoi ? Alienor ? C'que j'en pense ? Vous m'demandez sérieusement c'que j'pense d'elle ? C'te fille m'a cassé l'nez la dernière fois que j'l'ai vue. Ouais, c'te fille, c't'une brute. J'lui ai dit un truc, ç'a pas plu. J'me souviens plus c'que c'était. Mais elle m'a collé une sacré torgnole. J'vous jure que si j'la r'croise, j'me venge. J'lui colle une beigne. J'me contrefiche qu'ce soit une fille ! … J'sens qu'vous m'dites pas tout. Qu'vous savez où qu'elle s'cache... Où qu'elle est ?! Hein ?! Où qu'elle est ? »

Pour des raisons de sécurité, nous avons du arrêter notre interview. Cette personne ne nous a plus lâché d'un poil suite à ces quelques mots. Il était un peu effrayant, je dois dire. Cette campagnarde n'a pas que de bonnes fréquentations... ou la poisse ? Je sais pas, à vous d'en juger.