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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 C'était quoi la Curia ?

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Roac
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Roac

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MessageSujet: C'était quoi la Curia ?   C'était quoi la Curia ? I_icon_minitimeVen 27 Fév - 14:56


Fin de la curia
L'année 1890 a marqué la fin de la Curia.
Toutes les informations ici






La Curia


Introduction

La Curia est une organisation complexe et indispensable qui date de plusieurs siècles déjà. Elle a été officielement créée avec la ratification de la Déclaration des Droits des Humains et des Légendaires (voir ici pour plus de détails sur la DDHL), dans le but de faire appliquer ces lois et de gérer au mieux la bonne cohabitation entre les Humains et les êtres fantastiques que la terre abrite.
Elle dispose de plusieurs pôles, tous gravitant autour du Tribunal qui est chargé de toutes les affaires délicates pouvant mettre en péril la sécurité des Légendaires. Pouvant faire usage de moyens exceptionnels pour arriver à ses fins, son influence s'étend sur toute la planète et s'adapte aux coutumes de chaque pays dans lequel elle est amenée à intervenir.

À sa tête, quatre juges, gèrent les différents services dont les rouages, bien huilés, et assurent la sécurité de chacun.
schéma explication de a curia

Le secteur Judiciaire est le plus important de tous. C’est de là que viennent toutes les décisions et les jugements dont dépendent les autres secteurs. Son cœur est sans conteste le Tribunal, régit par les quatre juges, mais tout un engrenage administratif lui est également lié. On y compte, notamment, l’enregistrement des Créations.
Postes possibles : Les secrétaires, les archivistes, les greffiers…

Le secteur exécutif, également indispensable, regroupe tous les employés de terrain. ces derniers agissent donc sur ordre du Tribunal mais y mettent rarement les pieds. On y trouve bon nombre de spécificités différentes, mais leur fonction principale est de surveiller et/ou arrêter les Humains ou Légendaires dangereux.
Postes possibles : (généralement, chaque employé de l’exécutif a sa particularité)

  • L’arrestation et le rapatriement des hors la loi
  • L’enquête ou la recherche sur les agissements suspicieux d’Humains
  • « L’effacement » des humains dangereux pour l'existence des Légendaires
  • La surveillance des chasseurs

Les postes d’exorcistes sont un peu particulier. Tout exorciste ne peut pas travailler pour la Curia, seuls les plus expérimentés et les plus doués sont recrutés. Cette dernière en appelle pourtant peu souvent à eux, principalement car la majorité d’entre eux est plus loyale envers le Pape qu’envers le Tribunal ; bien que l’autorité de ce dernier fasse loi sur celle de Rome. Leur position délicate leur vaut d’être surtout sollicités pour des affaires délicates, auxquelles ni la Curia ni la Papauté ne souhaiteraient être directement reliées.
Postes possibles : Exorciste

Le secteur des artefacts est un service délaissé et peu prit au sérieux. À l'origine voué à retrouver des anciennes pièces magiques comme Excalibur ou le Graal, ils ont dû se diversifier et fabriquent aujourd'hui du matériel pour aider l'Exécutif dans ses tâches.
Postes possibles : Actuellement aucun, avec le peu de budget qu'ils ont impossible d'embaucher.

On compte deux prisons accueillant toutes deux, Humains et Légendaires. La première est celle de haute sécurité, elle se trouve sous la Curia, la seconde est réservée aux petits délinquants et se situe sur l'île du Levant. Île qui appartient à l'Église catholique.
Postes possibles : Geôliers et surveillants, dans les deux cas des aptitudes exemplaires au combat sont demandées.

Découvrir les détails


Suite à l'explication succincte des secteurs et afin de mieux comprendre le fonctionnement de la Curia, nous vous invitons à poursuivre votre lecture et à suivre le récit du parcours d'un chasseur depuis son arrestation jusqu'à son incarcération.
Pour les plus pressés, chacune des parties a été reprise et décortiquée sous la forme de questions qui vous permettront d'appréhender rapidement les ficelles de la Curia.

Suivez les liens pour découvrir cette mystérieuse organisation :

L'arrestation

Le jugement

L'emprisonnement et le secteur oublié



Dernière édition par Roac le Ven 27 Fév - 15:02, édité 1 fois
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Roac
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MessageSujet: Re: C'était quoi la Curia ?   C'était quoi la Curia ? I_icon_minitimeVen 27 Fév - 14:57

L'arrestation


Un coupé privé s'engouffre à vive allure dans les ruelles parisiennes, sursautant à chacune des imperfections de la route et ballottant ses passagers sans ménagement. Il est tôt, bien assez pour qu'il traverse, sans même ralentir, le quartier des Halles habituellement bondé. Il vire, bifurque, dépasse et tourne encore, se faufilant d'un arrondissement à un autre avant qu'une déformation sévère de la chaussée n'ébranle sérieusement la carlingue en bois. Le cocher s'excuse d'une voix forte où l'on décèle un sourire, ce dernier appuyé par le coup d'œil un brin insolent qu'il jette à l'habitacle.

Trois personnes s'y trouvent, deux hommes et une femme, réagissant chacun d'une manière différente à ce dérangement imprévu. Dans sa robe d'émeraude, la passagère se contente de remettre son chapeau en place d'un geste souple, dévoilant quelques mèches grisonnantes parmi sa chevelure d'ébène, dont les tempes sont les plus atteintes. Son visage anguleux et marqué par l'âge n'a rien de ces statues antiques, mais il est sublimé par le regard vif qu'elle porte sur son vis-à-vis. Plus nerveux et plus jeune, ce dernier ne cesse de passer ses doigts abîmés sur les boutons de sa manche qui habille son bras en écharpe. Ses lèvres pincées, dont une charmante moustache accentue encore la blancheur, tranchent avec ses iris brûlantes d'adolescent qui paraissent encrées, avec une insistance peu commune, sur le troisième voyageur. Le dos courbé, plié en deux sous un poids invisible, l'homme finit par se relever brusquement, pestant contre le monde dans un allemand aussi rude que sa figure semble douce. Il jette ses bras sveltes au ciel, heurtant presque le plafond tant son emportement est grand, et dévoile deux cercles deux fers qui lui maintiennent les poignets joints. Ses mains retombent. Il souffle, et ne peut retenir un sourire mauvais lorsqu'il note l'air anxieux du garçon qui lui fait face. Il improvise alors un geste brutal pour l'effrayer. Le cadet recule, l'autre rit et la femme le toise, abandonnant d'une voix teintée de défi :

Profitez bien de vos dernières secondes de spectacle Carver, car bientôt votre public se résumera à un affreux dessin sur les murs humides de votre cellule.
Je vous trouve bien sévère Madame Giles. Alors que je vous offre un instant de gloire me voilà résumé à un banal petit prisonnier. Ne mériterais-je pas plus de reconnaissance ?

Un rictus narquois étire un peu plus ses lèvres maigres, enlaidissant sa figure brunie par le soleil. Le regard du prisonnier croise celui de sa geôlière sans réussir à lui soutirer la moindre compassion, bien au contraire. Dans une indifférence gracieuse, Madame Giles se détourne de lui pour venir fouiller dans sa petite sacoche dont elle extrait un poudrier qu'elle ouvre d'une main experte. Un bref coup d'œil dans le miroir de poche, et elle peaufine son maquillage sous le regard admiratif du plus jeune. Jusqu'à ce que l'allemand se manifeste de nouveau :

Bah ! Vous avez eu de la chance ! On peut au moins vous reconnaître ç…

Le bruit sec du poudrier le coupe. Carver relève la tête, se délectant du visage fermé que lui offre son interlocutrice. Finissant par se repousser au fond de son siège dans un rire moqueur, il reprend :

Je vous ai vexé ?
Cela n'avait rien d'un coup de chance. Nous savions que vous aviez des vues sur la famille Fausset. Il n'était plus question que de vous cueillir et de vous conduire dans le trou que l'on réserve aux rats de votre espèce. Dès lors que la Curia nous a donné son aval, vous étiez fait. Et croyez moi, c'est une chance que nous vous ayons trouvé avant vos amis exorcistes !
Ah ! Je pensais bien que je vous avais vexé. Mais je ne dit pas cela car vous n'êtes qu'à demi démone, vous n'y pouvez rien après tout. Il ne faut pas vous fâcher. Je vous assure !

Le coupé sautille une fois de plus, rendant presque imperceptible le bref changement de couleur des iris de Madame Giles, dont les doigts fins se resserrent avec rage, sur le poudrier d'argent.

Je sais très bien ce que vous asseyez de faire Carver, mais vos manigances et l'esprit tordu qui vous les dicte ne vous seront d'aucune utilité pour échapper à votre sort.
Quelles effronteries m'accordez vous encore ? Je ne suis qu'un pauvre pêcheur qui prêche l'indulgence, répliqua-t-il d'une voix mielleuse.
Je doute que vos victimes soient du même avis, siffla Madame Giles.
Je n'ai fait que les remettre à la place que vous méritez tous. Avec les asticots !

Le cab s'ébranle, mais cette fois-ci la route n'est pas en cause. La poigne herculéenne de madame Giles s'abat sur la gorge de Carver, l'enserrant avec tant de vigueur qu'elle lui coupe aussitôt le souffle et ôte toute couleur à son visage déformé par une grimace jubilatoire. Son regard fiévreux se plonge sans pudeur dans les iris rougeoyants qui lui font face, les bravant avec une folie dont la renommée n'est plus à faire. Un rictus étire ses lèvres blanches. La tête lui tourne pourtant. Impossible d'articuler.

Il ne doit sa survie qu'à l'intervention du troisième présent qui implore Madame Giles de le lâcher. Au son de sa voix, elle se réveille et desserre lentement ses doigts du cou de Carver pour retrouver un calme au naturel irréaliste. Le chasseur tousse et se masse la gorge faisant cliqueter ses menottes, mais à peine a t-il reprit un semblant de respiration qu'il déverse de nouveau son venin :

Toi le petiot, pense bien que dès que je sors de là, c'est ta petite gorge blanche que je cisaillerai en premier. Parce que s'il y a bien un truc que je déteste plus que ces monstres, c'est les humains qui bossent pour eux.
Je n'ai rien à craindre dans ce cas, car vous ne sortirez jamais des geôles de la Curia, réplique sèchement le concerné sous le regard de sa protectrice.
Cette dernière sourit et ne peut s'empêcher de demander d'un ton effronté :
Et bien Carver ? Seriez-vous… Vexé de vous être fait piéger par un de vos pairs ? Jules a magnifiquement servi nos attentes en s'attirant votre sympathie, après que vous ayez réussi à vous faire embaucher par les Fausset. Je n'aurais jamais pensé que vous auriez été si imprudent ! Faire confiance à un inconnu… Cela vous ressemble si peu !

Un bref instant, la mine du chasseur perd cet air condescendant qu'il aborde systématiquement. Peut-être prend-il enfin conscience de sa situation et du dernier semblant de liberté que lui offre cette promenade en attelage. A-t-il des remords ? Rien n'est moins sûr… Mais quelle ironie de savoir que venait son tour d'être traité en monstre. Un léger rire secoue ses épaules et il lance en levant les yeux au ciel :

Que voulez vous Madame, il arrive que même les assassins se sentent seuls !

Le fiacre s'arrête dans une petite ruelle en cul de sac du onzième arrondissement. Le portier leur ouvre, il aide la dame à descendre, puis le jeune homme, pour n'accorder à Carver qu'une mimique dégoûtée et un geste le pressant de quitter son séant. Le chasseur grogne et quitte fièrement la voiture, droit comme un prince, dédaigneux comme un tyran. Jules n'attend pas, il le presse de rejoindre la porte où patiente déjà un autre homme, costaud celui-là. Carver change de main et disparaît aussitôt dans les noirceurs d'un tunnel opaque. La porte se referme sur lui. L'arrestation s'est terminée sans incident cette fois-ci.





Explications


À quoi correspond le pôle Exécutif ?

C'est une scène courante que celle de l'arrestation d'un malfrat, mais dans le cas des Légendaires, elle peut tourner à une véritable mission commando. Pour cela des agents sont délégués à des tâches de terrain, hors de la Curia donc et aux quatre coins du globe, avec des missions allant de la simple reconnaissance, en passant par l'infiltration comme ce fut le cas pour Jules, ou encore les arrestations corsées telles que les aime Madame Giles. Ces émissaires aux tâches si particulières agissent sur ordre exclusif du Tribunal, tout en se gardant bien d'y mettre trop souvent les pieds. Et c'est réciproque. Ainsi on compte très peu de donneurs d'ordres sur le terrain, et c'est uniquement le détachement de l'Exécutif qui s'occupe de ces missions.

On y compte majoritairement des Légendaires, mais également quelques humains surveillés de près, voire d'anciens chasseurs ayant magistralement retourné leur veste au profit d'une gracieuse remise de peine. Tous ont le droit à un briefing minimal obligatoire sur les armes à employer en cas d'affrontement avec un Légendaire dangereux, mais généralement on leur apprend surtout à reconnaître et combattre les chasseurs.

Et les exorcistes dans tout ça ?

Carver, avant de devenir chasseur, a travaillé dans un « bataillon » d'exorcistes un peu particulier, coincé entre les ordres de la Curia et du Vatican. Ce n'est pas le cas de tous les prêtres proposant ce type de services. Ces derniers ne s'occupant bien souvent que des cas de possessions démoniaques. Pourtant, les plus doués ou les plus acharnés parviennent à être employés par la Curia sur des interventions parfois délicates, ou lorsque ni le Tribunal, ni le Vatican ne souhaite se salir les mains.

Ils sont, toutefois, appelés avec méfiance par la cour des Légendaires, car leurs ordres sont bien souvent supplantés par ceux du Vatican ; ce qui plaît très peu au Tribunal, dont l'autorité est, normalement, supérieure à celle de Rome. Mais les voies du Seigneur sont impénétrables, non ?

Ces exorcistes ne font pas partis de l'Exécutif, c'est une branche à part, un peu indéterminée et dont les manières laisse souvent à désirer, car si les émissaires de la Curia ont ordre impératif de limiter la casse, ceux du Pape ont généralement moins de scrupules à arriver à leurs fins.

Où trouver la Curia ?

Dans un cul de sac du onzième arrondissement ? Pas tout à fait. Quand un membre de l'Exécutif a réussi sa mission et rapporte son charmant « paquet » pour le faire juger, il n'a nul besoin de se rendre à Paris. La Curia est un lieu unique dans le monde, auquel on se rend dans les grandes villes par toutes ces impasses farfelues, ces étrangetés architecturales et autres portes barricadées, en plus des connaissances minimales pour activer le passage. Le miracle des génies alchimistes et démons érudits opère ensuite, permettant à toutes personnes présentes dans la Curia de comprendre et répondre à son interlocuteur, quand bien même ce dernier parlerait uniquement un dialecte oublié de mandarin.
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Roac
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MessageSujet: Re: C'était quoi la Curia ?   C'était quoi la Curia ? I_icon_minitimeVen 27 Fév - 14:59

Le jugement


Le statut très particulier de Carver ainsi que le nombre conséquent d'innocents Légendaires tombés sous ses mains, lui ont valu un séjour très bref dans les cellules d'attentes du Tribunal. Il n'y a demeuré que trois jours. Trois jours passés entre un jeune dragon kleptomane et un humain dérangé qui devait être transféré à l'asile sous peu. Les hurlements de ce dernier à des heures indues ont, d'ailleurs, été si insupportables au chasseur qu'il prends comme une délivrance le moment où on l'extrait de sa cellule, le menotte, et l'entraîne au travers des couloirs humides pour gagner le Tribunal. Son procès est sur le point de débuter.

Le chemin est complexe et tortueux. Ces cellules temporaires sont situées deux étages sous le Tribunal, et bien que l’itinéraire pour s'y rendre ne soit pas particulièrement complexe, les boyaux étroits et glissants qui sont impératifs d'emprunter rendent le trajet moins agréable, plus encore lorsque l'on y est poussé par un solide Golem peu enclin à la discussion. Cela n'empêche pas Carver de parler. Hélas. Un public, si minime soit-il, lui suffit pour qu'il ait envie d'ouvrir la bouche. Et ses premiers mots forment une question qui résonne sur un air si enjoué que cela arrache une grimace à son geôlier :

Alors ? Dîtes moi tout. Sont-ils tous venus pour moi ? Je me sentirai offensé s'il en manquait un vous savez. Après tout ce que j'ai dépensé en énergie pour débarrasser la terre de votre présence ! Cela me serait désagréable.

Une main épaisse le propulse en avant et il manque de trébucher en heurtant une marche. La surprise lui soutire un grognement, puis il râle, insulte et ravale avec toutes les difficultés du monde la haine qui le consume. Seul le regard assassin, déformant fugacement ses traits, trahit les pensées terribles qu'il couve à l'égard de l'être d'argile.
Bientôt, il a rejoint l'étage principal, traverse un dernier couloir avant d'arriver à une alcôve plus raffinée cette fois. Il jette un coup d'œil à la porte bleue, massive, qui se découpe dans la roche, observant avec mépris les lettres d'or qui y sont inscrites : « CURIA ». Enfin, il entre.

Il n'est pas accueilli par le vacarme espéré. Seul le grincement de la porte trouble temporairement le silence qui colle à ses pas. Il avance, passant de l'ombre du couloir à la lumière de la pièce et grimace un peu. Il est conduit jusqu'au centre de la pièce où ses menottes sont liées à l'un des piquets de fer qui se dressent, dans un espacement régulier, tout autour d'un cercle encastré d'une dizaine de centimètre dans le sol. Ce sera là son ultime tribune.
Un air déçu marque ses traits lorsqu'enfin, le Golem s'éloigne, cessant d'occulter sa vue. Vide. Ses iris parcourent une à une les quatre rangées désertes qui lui font face. Il râle dans un murmure, vexé qu'on le prive ainsi de public pour sa dernière représentation. Malgré tout, son regard monte encore d'un cran, glissant plus avidement cette fois sur le rang le plus élevé. Il retrouve le sourire et son excitation gagne encore en intensité tandis qu'il détaille les quatre visages qu'il y trouve. Il murmure ravi :

Ils sont tous là.

Quatre sièges culminent en effet face à lui, et sur chacun d'entre eux est assis un juge, représentant de l'une des races à l'origine de la Curia. Un peu à l'écart, sur une petite estrade, un homme maigre, au profil aviaire, frappe un coup de son marteau de bois, annonçant le début de la séance d'une voix pincée. C'est le greffier, il se prépare, racle sa gorge, ajuste à trois reprises ses binocles trop petites pour son nez épais et commence d'un ton monocorde, signe que la tâche est rébarbative. Il rappelle la date, l'heure et poursuit sans quitter ses notes des yeux :

… Sont présents : Monseigneur Ezekiel Morel, Évêque de la paroisse de Paris, Lord Peter Plogojowitz représentant vampirique depuis 1730, l'Archidiablesse Prospérine, souveraine des esprits malins et gestionnaire de l'entre deux mondes, enfin Monsieur Edward White, second Roi du peuple des Lycanthropes.

Enchaînent les banalités administratives, toutes déblatérées si platement que leur orateur semble devenir une partie du décor. L'ambiance est pesante. Enfin, le greffier s'extrait de cette apnée verbale dans une inspiration bruyante qui fait craindre pour sa santé. Les feuilles se froissent sous ses doigts légèrement crochus, il change de page et reprend :

M. Lars Carver, vous êtes accusé d'assassinat, de séquestration et d'actes de tortures sur plusieurs Légendaires dont des Inoffensifs. Reconnaissez-vous ces faits ?
Approximativement, répliqua l'intéressé dans un sourire. Les actes de tortures sont exagérés. Est-ce ma faute si un génie ne peut disparaître qu'une fois son essence lentement détruite par l'argent ? J'aurais abrégé ses souffrances si j'avais pu !

Une chape de plomb tombe sur la pièce. Le greffier, visiblement peu habitué à ce genre de réponse, reste coi. Il cherche rapidement un peu d'aide dans ses notes, mais ne trouve rien. Alors il entrouvre la bouche, tente une formule improvisée, mais une autre voix s'élève, ferme celle-là, et vient mettre fin à l'agitation du scribe. L'évêque commence :

Vous avez œuvré pour l'église M. Carver et vous avez été un de ses meilleurs éléments avant votre fuite. Nous connaissons tous votre histoire et la tragédie à l'origine de votre haine, alors pourquoi êtes-vous si peu enclin à vous défendre ? Vous risquez de perdre gros ce soir.
Mon cher Ezekiel, je dois avouer que lorsque l'on m'a appris ta petite… Promotion, je ne te donnais pas six mois ! Mais on dirait que tu t'accroches ! Ce qui n'est plus mon cas, mais que veux tu ?! J'ai joué et j'ai perdu, je le reconnais sans honte. Et puis, je ne suis pas dupe de votre organisation, je sais que vous possédez le détail de mes moindres faits et gestes dans vos dossiers, alors à quoi servirait un mensonge de plus si ce n'est à retarder une sentence évidente ?

L'ecclésiastique acquiesce en silence, son regard perçant se rive sur l'accusé, alors que ses doigts fins parcourent, sans but, la liasse de document le concernant. Ses pensées s'enchaînent à vive allure, troublées par une exclamation glaciale venue de son voisin de gauche. Il tourne la tête, et arque les sourcils en observant Peter plus tendu qu'à son accoutumée. Les doigts longs et blancs du vampire se sont resserrés sur ses accoudoirs avant qu'il ne lâche la mâchoire crispée :

Plus qu'évidente ! Et bien trop clémente à mon goût ! La simple existence de ce procès est un affront… Six des miens ont péris de vos mains, et quand je sais que la pire chose qui vous arrivera sera de croupir à vie en cellule, mon sang ne fait qu'un tour !
Très drôle le jeu de mot, glisse Carver dans un éclat de rire. Il faudra que je le réutilise si vous le permettez. Oh ! Mais je ne vois pas votre fidèle Arnold ? Lui auriez vous interdit de me voir pour éviter tout incident ? J'aurais tellement aimé le saluer…
Vous ne perdez rien pour attendre…
Silence ! Abandonne à son tour Prospérine, excédée. Est-ce un procès ou une comédie qui se joue ici ? N'entrez pas dans son jeu Peter, il n'attend que ça. Les esprits dérangés comme le sien adorent se donner en spectacle.

Le regard enflammé de la belle rousse détaille Carver. Il le traverse de part en part et engendre un changement radical dans le comportement du chasseur. Sa physionomie, si tranquille jusqu'ici, prend une forme grimaçante et douloureuse. Il tire d'un coup sec sur ses menottes, se blessant sans ébranler le poteau auquel il est attaché. La mâchoire comprimée par la rage, il parvient tout de même à desserrer les dents pour articuler :

Je n'ai rien d'un fou… Rien vous entendez ! Tandis que vous…

Sa voix se meurt, il parvient à tenir tête à la démone, mais les mots lui manquent. La réaction de Prospérine est immédiate et un éclat de rire railleur pénètre toute la salle, donnant un air d'éternité à chacune des secondes qui s'écoule. Puis dans un mouvement brusque, elle se redresse et se jette sur la rambarde face à elle, interrogeant d'une voix grisée :

Et bien parle humain ! Tu m'accuses d'être une folle ? Et quand bien même tu aurais raison, qu'est-ce que cela changerait ?! Est-ce moi qui ait assassiné des innocents ? Non. C'est ton œuvre ! De nous deux c'est toi le plus fou !
Aucun d'entre vous ne peut prétendre au terme d'innocent ! Jamais ! J'assume le moindre de mes actes ! J'ai sauvé des vies en mettant un terme à celles de vos pairs. Vous êtes des bêtes ignobles, imprévisibles et sauv…
Assez ! Intervint Edward, debout devant son siège. C'est de vous que nous parlons aujourd'hui M. Carver, de vous et de la loi. Et aux yeux de celle-ci, vos actes sont condamnables, alors cessez de rejeter la faute sur des morts.

Le chasseur se tourne brusquement vers le lycanthrope, le toisant quelques secondes, le moindre de ses muscles tendus en prévision de l'affrontement. Puis un frisson, et Lars Carver retrouve tout son flegme et sa tranquillité. Un sourire calme étire lentement ses lèvres, il acquiesce et, après qu'un soupire lui ait échappé, glisse calmement :

Vous avez raison M. White, mais la loi peut être mise de côté dans certains cas, non ? Vous en savez quelque chose il me semble ?

Le corps entier du concerné se contracte et une lueur meurtrière traverse son regard, augmentant la satisfaction de son interlocuteur. Puis, se reprenant, non sans difficulté, Edward s'assoit et opte pour le parti de l'ignorance. Il croise les bras pour dissimuler ses mains encore tremblantes de fureur, et interroge les autres juges.

Quelle peine pensez-vous la plus appropriée ?
De toute évidence le remord ne l'étouffe pas, souffle Peter.
Je suis d'accord avec Lord Plogojowitz, poursuit l'évêque. Mais n'oublions pas quel terrible malheur est à l'origine de ce changement.
Et qu'il n'a plus toute sa tête, renchérit Prospérine en entortillant une mèche de ses cheveux autour de son index.

Au centre de la pièce, Carver tente à plusieurs reprises d'intervenir, mais les juges, désormais au fait de ses facultés de manipulation, le tiennent loin du débat, écoutant le chasseur sans lui accorder le moindre signe d'attention. L'argumentation est longue et exploite toutes les parties du dossier, dont les interrogatoires de Jules et de Madame Giles font partis. Le pour et le contre sont pesés, décortiqués… On touche au but. Une seule question demeure. Elle est posée par Ezekiel, sans qu’aucune méchanceté ne pointe :

M. Carver… Si vous sortez d'ici, aujourd'hui ou dans une période indéterminée, recommencerez vous à tuer ?

Le silence ponctue théâtralement l'interrogation. On attend, mais fort peu. Se redressant, droit et fier, comme si les anneaux de fer cerclant ses poignets n'existaient pas, Carver répond d'un timbre puissant où aucune hésitation ne se distingue :

Je recommencerai. Mais cette fois-ci, vous ne réussirez pas à m'arrêter.

Le jugement est rapide tant il est évident. Lars Carver est condamné à passer le restant de ses jours dans les cellules de haute sécurité de la Curia. Le chasseur n'objecte pas, c'est à peine s'il tressaille bien qu'il n'ignore en rien la réputation impénétrable des lieux. Il ne se plaint pas, ni ne prononce le moindre mot. Restant outrageusement fier, il trouve encore la force de se moquer de l'Elfe noir qui vient le délivrer, puis l'entraîne à l'extérieur du Tribunal, non sans que le prisonnier n'accorde un ultime regard assassin aux quatre juges.





Explications


Qui sont les juges ?

Ils sont quatre et correspondent aux quatre races les plus importantes en nombre, mais également à celles ayant fondé la Curia.

Ezekiel Morel

Humain
Jeune évêque, il a très récemment pris la place de Monseigneur Abrahams sur le siège du juge. C'est un homme profondément bon, mais qui n'en reste pas moins très cartésien dans ses raisonnements. Il a su obtenir la confiance des siens avec une simplicité éclatante. Il connaît toutes les ficelles de l'église, les bonnes comme les mauvaises, et a également côtoyé de très près des prêtres exorcistes avec qui il a beaucoup échangé. Il arrive pourtant que son jeune âge et son ignorance sur certaines races lui causent quelques torts.

Peter Plogojowitz

Vampire
Vampire depuis presque deux siècles, il a vu passer de tout et commence à être familiarisé avec les innombrables facettes de l'humanité. Il réside à Londres où il a conçu le cimetière de Hightgate qui est devenu un refuge apprécié pour les non-morts. C'est un véritable puits de savoir dans tout ce qui traite de l'histoire des peuples. D'ordinaire froid et peu expressif, il cache un tempérament bouillant qui lui a souvent fait dépasser les bornes par le passé. Aujourd'hui, son bras droit Arnold lui permet de mieux gérer ses colères ainsi que d'éviter quelques catastrophes, si bien qu'il se déplace rarement sans lui. L'ayant mordu afin de lui sauver la vie, l'ancien soldat est devenu un second dévoué à la protection du lord.


Prospérine

Démone
Archidiablesse et épouse du démon Pluton, elle fait partie de l'aristocratie démoniaque. C'est la seule à avoir expérimenté la vie d'humaine avant que son époux ne l'enlève il y a des siècles et qu'elle devienne la reine des esprits malins. Elle flaire les menteurs à des kilomètres et analyse toujours avec une précision étonnante le comportement des gens qui lui font face. Malgré son caractère très particulier, elle ne rend jamais un jugement à la légère. Tantôt sérieuse, tantôt espiègle, elle a aussi l'art pour semer le trouble dans les esprits.

Edward White

Loup-garou
Les loups-garous n'ont plus été représentés au Tribunal après la chute de leur premier roi qui causa l'éclatement de leur clan en plusieurs petites communautés. Avec le retour d'un représentant unique, ils ont retrouvé leur siège au Tribunal. Edward n'est donc arrivé que récemment à la Curia, à peu près au même moment qu'Ezekiel. D'un naturel impulsif, il est le seul des juges à passer du judiciaire à l'exécutif et ce contre l'avis général. Il apporte un œil neuf aux jugements, et surtout l'œil d'un homme de terrain. Il arrive aussi, dans des cas très particuliers, qu'il se propose pour devenir le responsable d'un accusé ou d'une victime à protéger, utilisant alors son cabaret pour mettre le premier dans le droit chemin, le second à l'abri.



Quand intervient la Curia ?

La Curia est un lieu indispensable à la cohabitation entre les humains et les Légendaires. Il gère exclusivement les cas qu'un Tribunal classique ne peut pas régler sans mettre à mal le secret de l'existence des êtres surnaturels. Jamais un procès pour un divorce ou une banale petite affaire de mœurs n'y sera débattu, et ce n'est pas non plus parce l'on est un Légendaire que l'on y règle tous les problèmes que l'on peut avoir avec la loi. Si le vampire voisin fait trop de bruit la nuit, il faudra régler cela en bon « humain ».

En conséquence, la Curia s'occupe majoritairement d'affaire pénales impliquant de près ou de loin des Légendaires. S'ajoute à cela tout ce qui concerne les Créations et leur recensement, ainsi que les prises en charges de ces dernières par les Légendaires à l'origine de leur naissance.

Comment se déroule un procès ?

Après une arrestation, l'accusé passe quelques jours dans en cellule « d'attente » avant que son procès n'ait lieu. Le temps est variable, bien que n'excédant jamais deux semaines. Les prisonniers qualifiés de dangereux, comme Carver, voient ce temps grandement diminué, leurs cas passant toujours en priorité. Heureusement leur petit nombre empêche un ralentissement du mécanisme judiciaire.

Généralement les procès sont publics. Tout le monde peut y accéder, – à condition de pouvoir atteindre le Tribunal bien sûr –, et écouter les échanges concernant l'inculpé. Ici, la dangerosité, mais aussi les risques élevés d'incidents qu'une foule aurait pu causer lors de la condamnation de Carver, a forcé la cours à rendre son verdict en huit clos.

Le déroulement du jugement change peu de ce qui a été détaillé précédemment. Généralement, les quatre juges sont présents, mais il peut arriver qu'un procès ne se tienne qu'avec trois d'entre eux. Le cas est rare et si cela devait arriver, si l'accusé est un vampire, un lycanthrope, un démon ou un humain, il ne sera jugé qu'en la présence de son représentant.

Une fois tous les juges d'accords sur le verdict, la conclusion du procès est prononcée. Celle-ci est définitive, sauf si le dossier vient à être étoffé par la suite d'éléments importants pouvant modifier l'avis des juges. Cela reste exceptionnel et très peu d'affaires ont été concernées par un second procès.

Pourquoi n'y a t'il pas d'avocats à la Curia ?

Ce sont les quatre juges qui sont en charge de décortiquer le dossier fourni par l'Exécutif. Ce dernier renferme toutes les informations nécessaires obtenues sur le terrain, lors d'un interrogatoire ou par magie, et détaille scrupuleusement tout ce que la cours pourrait avoir besoin de connaître.

Ce choix a été fait car la Curia n'arrête jamais sur de simples suspicions. En effet, si un innocent, surtout un humain, venait à être arrêté et donc, mis par mégarde au courant de l'existence des Légendaires, le monde entier courrait à la catastrophe. Les accusés ont donc soit été pris sur le fait, soit il y a assez de preuves décisives qui ont été récupérées sur lui pour ordonner son incarcération. Les nombreux corbeaux, messagers attitrés du Tribunal, et la magie propre au monde des Légendaires offrent la possibilité de récupérer des quantités phénoménales d'informations, toujours fiables et dans lesquelles le Tribunal pourra piocher en fonction de ses besoins.

À quoi sert la partie administrative du tribunal ?

Si la Curia est le noyau du Judiciaire, beaucoup de plus petits pôles gravitent autour d'elle et gère les nombreux papiers, formulaires et autres barbaries administratives. On compte notamment un bureau d'enregistrement des Créations, mais également un secteur effectuant la liaison avec l'Exécutif ou encore des sections rattachées aux particularités d'un continent. En somme, une fois les plus petites portes passées, c'est une véritable fourmilière qui tourne toujours à plein régime.
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Roac
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Roac

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MessageSujet: Re: C'était quoi la Curia ?   C'était quoi la Curia ? I_icon_minitimeVen 27 Fév - 14:59

L'emprisonnement et le secteur oublié


En passant le pas de la porte du Tribunal, Carver a une pensée pour sa liberté que l’on vient de lui retirer. Le mérite-t-il ? Il en doute. Ses actes n’ont rien eu de fou ou de déraisonné, il sait de quoi sont capables ces Légendaires, il les a vu à l’œuvre. Alors décidément non, le regret ne l’étouffe pas. Pour lui tout est clair et le chemin qu’il emprunte vers les geôles imprenables de la Curia lui apparaît seulement comme une injustice de plus. Dire que, des années plus tôt, c’était lui qui envoyait ses pairs entre ces murs détestables. Cette pensée dessine, brièvement, une grimace de dégoût sur son visage sans que son gardien n’y prête la moindre attention. Il n'éprouve aucune peur, pestant plutôt de ne pas avoir pu faire plus pour débarrasser ce monde de ces aberrations qui les surveillaient en silence. Il en avait tué si peu.
Avancez !

On le bouscule et le voilà qui entre en trébuchant dans un corridor à l’entretien délaissé. C’est tout juste si un éclairage sur deux fonctionnent, le sol n’est pas nivelé, les murs sont vétustes et leurs parois, décolorées par le temps, perdent par endroits des pans complets de leurs fresques. À partir d’ici, on ne compte plus âme qui vive.
Pourtant le regard acéré de Carver repère un filet de lumière rasant le sol. Il reste une dernière porte dans ce couloir cabossé. Ultime pièce avant l’élévateur grinçant qui l’enfoncerait dans les entrailles de la terre. La curiosité le pique au vif et malgré les remontrances de son geôlier, il parvint à ralentir suffisamment le pas pour percevoir quelques mots :
Tu t’es fait avoir.
Noooooon… Je le sentais bien celui là ! En vieux breton, c’était forcément un signe.
Mais cette ville n’existait pas au temps du roi Arthur.
C’est peut-être une erreur de toponyme ?
Je ne sais plus faire la différence entre ton optimisme et ton entêtement…
Excalibur vaut la peine d’étudier la piste !

Un frisson d’excitation parcoure le corps entier de Carver. Excalibur ? A-t-il bien entendu ? Cette arme de légende existe bel et bien. Et s’il entrait en sa possession alors…

Ce sont des originaux, coupe le gardien. Ils n’ont jamais rien trouvé, mais il parait que l’un des juges tient à conserver l’existence de ce ministère. Au moins ça les occupe.

La voix gutturale ramène le chasseur à la réalité. Son regard quitte le battant mité de la porte pour descendre sur les lourds bracelets de fer dont le cliquetis a tout d’une mélodie railleuse. Il serre les dents et se retrouve sans autre choix que de délaisser ce dernier signe d’animation. Il descend quelques marches taillées dans la roche et déboule dans une salle étriquée, hostile, où des flambeaux éternels servent de seule source de lumière et de chaleur. Là une cage de fer l’attend, du moins l'ascenseur qui doit le conduire dans la zone de détention. Deux gardes en tiennent l’entrée et eux seuls connaissent les mécanismes capricieux du monte-charge. Il faudrait un miracle d’ingéniosité pour s’évader.
La grille est relevée dans un bruit désagréable. Le chasseur est prié d’entrer, suivi de son garde. Ils prennent rapidement place et l’on referme le tout avant qu’un craquement métallique n’annonce leur lente descente. Une descente dans le noir. Carver ne voit rien, la moindre silhouette a disparu dans les ténèbres. La seule chose qu’il peut encore distinguer sont les deux yeux brillants de l’Elfe noir qui lui tient compagnie. Braqués sur lui, ils guettent le moindre mouvement. Puis le silence. Les engrenages sont désormais trop loin pour qu’une oreille humaine puisse les percevoir. Le temps perd toute crédibilité, impossible de savoir combien de temps dure leur plongée.

Un sursaut de la cage et un rugissement rompt enfin cette atmosphère irréaliste. Le cri d’une bête, d’un monstre enfermé des années plus tôt. Car il n’y a pas que les chasseurs qui puissent être condamnés à passer le restant de leur existence entre ces murs. Certains Légendaires, incontrôlables, ont eut un sort similaire. Carver renonce à toutes questions à ce sujet, certain qu’il aurait bien assez de temps devant lui pour apprendre à connaître ses voisins de cellule maintenant que l'ascenseur s’est arrêté.

La porte s’ouvre. Le voilà dans un labyrinthe d’escaliers et de tunnels. Aucune torche n’est présente et pourtant on n’y voit presque aussi bien qu’en plein jour. Les murs sont gravés, recouverts de pentacles, de runes et autres marques de la kabbale dont les reliefs dans la roche s’embrasent d’une lumière froide.

Cellule 87.

Carver tourne la tête, surpris par la voix grave qui vient de résonner entre les galeries, mais il n'aperçoit personne. Il grogne un peu, fixe avec plus d’attention, mais déjà on l’entraîne. Les tunnels se succèdent dans un ordre abracadabrant, alors qu’il lui semble revenir sur ses pas, il s’aperçoit qu’il n’est que plus avancé dans les couloirs où il perçoit quelques gémissements, cris, ou exclamations enragées. Il s’étonne de ne passer devant aucune cellule, jusqu’à ce qu’ils débouchent sur la sienne. La 87. Un sceau complexe fait office de serrure. Son geôlier n’a qu’un pas à faire et la cellule s’ouvre. La porte de pierre remonte dans un grondement et le met face à ce qui sera sa dernière demeure. Un éclairage, inaccessible tant le plafond est haut, fait apparaître une couchette sommaire, un bureau étroit et vide et, dans un coin, une minuscule salle d'eau moyenâgeuse. Pas un soubresaut n'éprouve le chasseur qui y pénètre d'un pas sûr, jetant un dernier coup d'œil mesquin à l'Elfe noir qui vient de lui retirer ses menottes. Ce dernier observe aussi, non sans satisfaction, puis actionne la fermeture de la cellule.

Le nouveau pensionnaire s'assoit sur son lit. Il est calme, pas une parcelle de son corps ne laisse entrevoir le venin malsain de la vengeance qui gonfle son cœur. Un sourire étire même ses lèvres fines avant qu'un rire ne chatouille sa gorge pour finalement éclater dans la pièce. Les murs s'en gorgent, eux seuls l'entendent. Ils sont les uniques témoins des mots que Lars Carver prononcent :

La partie n'est pas terminée.





Explications


Où sont emprisonnés les condamnés ?

La Curia dispose de deux prisons.

La première, celle qu'occupe Carver, est située sous le Tribunal. C'est un lieu de très haute sécurité, où des trésors de sortilèges ont été mis en place pour s'assurer que personne ne pourrait s'en échapper. Elle est réputée imprenable et n'accueille que les prisonniers considérés comme très dangereux dont une libération ne serait jamais envisageable.

La seconde prison est celle dites des « petits délits ». Complètement excentrée, elle se situe sur l'île du Levant, non loin de Marseille. Son propriétaire est un chrétien puritain œuvrant pour le Vatican à qui il a accepté de laisser ses terres pour construire cette vaste prison. Elle accueille donc des Légendaires et des Humains dont les actes sont répréhensibles mais minimes comparées aux pensionnaires de la prison placée sous la Curia. Toutes les peines purgées là-bas ont d'ailleurs une durée limitée qui, bien que variable, garantie un retour à la liberté un jour ou l'autre. Toutefois un problème reste entier avec cette prison, car savoir ce qui s'y passe est loin d'être aisé. Le Vatican tient à conserver une part de mystère sur ce qui a lieu sur son île et même si le Tribunal surveille le tout de près, il n'a pas encore réussi à en pénétrer tous les secrets.

Qu'est ce que la section des artefacts ?

Une section passée aux oubliettes et complètement délaissée depuis le début du XIXe siècle. Très peu de personnes y sont employées et généralement, on les évite comme la peste. Ce sont un peu les « originaux » de la Curia. Ils sont en charge de retrouver des artefacts magiques oubliés comme Excalibur, l’anneau des Nibelungen, le Graal ou encore la Pierre philosophale. Mais les recherches donnant peu de résultats, on a fini par considérer que l’existence de ces trésors n’avaient rien de crédible et que la petite section qui leur avait été dédiée n’était qu’une perte de temps.

Ils doivent leur salut à l’intervention d’Edward qui a demandé son maintient, en plus de lui confier de nouvelles tâches comme la confection d’artefacts simples pouvant servir à la communication des employés de la Curia ou aider lors de l’intervention du personnel exécutif. Cela n’a pas été sans catastrophe, mais pas sans succès non plus, et bien que ces objets soient bien moins puissants que leurs ancêtres, ils n’en sont que plus utiles.
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MessageSujet: Re: C'était quoi la Curia ?   C'était quoi la Curia ? I_icon_minitimeDim 7 Mar - 9:47

La Curia est démentelée


Fin de l’acte I - Mise à jour de la Curia

1890, un oiseau gigantesque et hors de contrôle dévaste une partie de la capitale. Nommé l’Heure Pourpre, cette catastrophe marque la fin de la dissimulation des Légendaires aux yeux du monde. L’organisation qu'est la Curia, qui s’engageait jusqu’alors à protéger ces êtres merveilleux ainsi qu’à assurer la justice en leur sein, est contrainte de fermer ses portes. Désormais, les Légendaires passent sous la juridiction de leur pays, comme n’importe quel citoyen.
L’organisme démantelé disperse ses troupes dans les pays du monde pour accompagner cette métamorphose radicale de la société. Le tribunal est définitivement fermé, les 4 juges qui y siégeaient sont rendus à leur quotidien.
Seule reste, bien à l’abri, la prison de haute sécurité dont une poignée de Légendaires a encore la garde.
Les portes officiellement closes, accueillent encore quelques âmes à la dérive, à la recherche d’un sanctuaire temporaire où elles pourront se ressourcer.


Concrètement ça donne quoi ?

La Curia n’exerce plus, son secteur judiciaire est fermé, tout comme le secteur exécutif, obligeant les employés à trouver un nouvel emploi.
• La prison des « petits délits », située sur l’Île du Levant, a été entièrement laissée aux bons soins de l’Église.
• La prison de très haute sécurité, située sous le tribunal, est toujours active, les prisonniers sont gardés par une poignée de Légendaires exceptionnellement autorisés à conserver leur emploi.
• Des locaux, seul l’Atrium est toujours accessible aux Légendaires qui auraient besoin d’un refuge temporaire ainsi qu'à leurs anciens employés. La magie qui baigne le lieu lui permet d’assurer un endroit où se ressourcer à tous ses visiteurs.
• Si quelques humains ont exceptionnellement pu accéder à la Curia avant son démantèlement, ils sont dans l'incapacité de s’y rendre à nouveau sans guide.
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