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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Des notes en crescendo [Pv Elise]

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AuteurMessage
Alice Lindel
Un cœur en chocolat
Alice Lindel

Messages : 87
Date d'inscription : 03/10/2013
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Localisation : À la recherche d'aventures !

Des notes en crescendo [Pv Elise] Empty
MessageSujet: Des notes en crescendo [Pv Elise]   Des notes en crescendo [Pv Elise] I_icon_minitimeJeu 16 Juin - 2:18

Existait-il une véritable justice dans ce monde ?

C'était une question que je me posais souvent. Inévitable, je suppose, lorsqu'on est soumis à mille interdictions. Pire encore, lorsqu'on les brise les unes après les autres ! Pourtant, il y avait de la lumière au bout du tunnel, depuis la fête de la musique. Je n'y étais pas restée très longtemps, pas même jusqu'au bal dont on racontait les moindres détails dans les journaux. Je n'avais pas non plus trouvé le courage de parler à qui que ce soit. Pas même Andrea. Son nom était parvenu jusqu'à mes oreilles, mais les mots m'avaient manqué. Tout aurait été plus simple avec l'aide des notes qui marquaient ma rencontre avec mon musicien. De toute façon, il était déjà en très bonne compagnie. J'avais préféré rester en retrait, observatrice silencieuse, quitte à en avoir le cœur brisé. Peut-être était-ce toute cette ambiance qui m'avait décidée. Sur le chemin du retour, en guise d'explication à ce qui pouvait s'apparenter à une fugue de plus, j'exposai enfin la question de ma passion pour la musique à mon très cher tyran de père qui était venu me chercher en personne, sachant bien comment me faire culpabiliser. Qui aurait voulu rater une occasion unique comme la fête de l'art qui faisait vibrer chaque parcelle de mon être ?! Pas besoin de lui parler de toute l'histoire par contre. Il m'aurait traitée de petite idiote pour tant de sentimentalisme. Mon argument était bien plus simple. Toutes les filles de bonnes familles ne savaient-elles pas jouer au moins du piano ? Il n'avait rien dit. Il avait sans doute besoin d'y réfléchir un peu. Claude quant à lui m'en voulait beaucoup trop de l'avoir mis dans cette situation embarrassante pour soutenir ma cause. C'était déjà une bonne chose qu'il ne tente pas de me nuire !

Les jours avaient passé. J'étais privée de sortie jusqu'à nouvel ordre, évidemment. Ce n'est pas comme si cela m'aurait vraiment empêché de sortir en douce sans que personne ne s'en aperçoive la nuit tombée, mais il fallait me tenir tranquille, si je voulais avoir des chances d'être exaucée. J'avais un projet à mener à bien, c'était suffisant pour me tenir occupée. J'en entendais presque le rire de Mortimer qui me répétait toujours que si je me comportais moins comme une gamine, rien ne me serait impossible. En moins gentiment bien sûr, mais peu importe.

La première étape était la plus importante : choisir un instrument à maîtriser, nom d'une petite souris ! Père serait bien plus facile à convaincre s'il voyait à quel point cela me tenait à cœur, que ce n'était pas seulement un caprice de plus tout simplement, et pour cela, il fallait que je fasse preuve d'un peu de sérieux. Le piano était beaucoup trop classique pour me plaire. On m'avait trop souvent dit que j'étais différente des autres filles pour que cela change tout à coup... Le violon avait quant à lui un son merveilleux, celui-là même qui avait su sauver mon âme d'une morte lente et amère, mais je ne désirais pas copier les pas de mon musicien, simplement m'en inspirer. J'avais envie d'un instrument qui me ressemblait, simple et facile à transporter, qui pourrait ainsi m'accompagner au gré de mes envies. Comment arrêter mon choix, autrement ? J'avais les moyens de tout essayer, sans doute, si je le voulais, mais cela gâcherait la beauté presque poétique de la chose, dans ce cas. Il fallait tout de même que le son soit élégant. Je savais suffisamment me faire remarquer avec ma personnalité, du moins, je l'espérais !

J'ouvris en grand les volets de ma fenêtre. L'air frais m'aidait toujours à réfléchir, à avoir les idées plus claires. Et puisque j'en étais privée autrement ... Autant éviter de véritablement devenir aussi cinglée que père voulait bien le croire. Je me plongeai dans mes souvenirs, le regard fixé sur le ciel. Au nombre de soirées mondaines où le nom Lindel faisait partie de la liste des invités, et auxquelles j'étais bien forcée d'assister, j'avais eu l'occasion d'entendre plus d'un orchestre, en plus des quelques fois où j'avais pu me rendre à l'opéra. Il y avait forcément un instrument là-dedans qui pouvait me plaire plus qu'un autre. La harpe était tentante, mais la plupart faisaient une taille imposante et tous les prétextes étaient bons pour me garder dans cette prison dorée où rien ne pouvait m'atteindre. Oh ! Pourquoi pas de la flute ? Je frappai dans mes mains, ne trouvant aucuns inconvénients valables, satisfaite d'avoir un point de départ. Maintenant, il ne me restait qu'à affronter mon père, si seulement il daignait vraiment prêter attention à ma requête...

Je n'eus pas à nager dans l'incertitude bien longtemps. Un matin, en venant m'apporter mon petit déjeuner, l'une de nos domestiques vint me faire savoir que je devais me présenter dans le bureau une fois que j'aurais terminé. Autrement dit : ne pas laisser Monsieur s'impatienter inutilement. J'engloutis le plus rapidement possible les tartines et l'œuf au plat, j'aplanis les plis de ma tenue afin d'être suffisamment présentable, tout en vérifiant que je n'y avais pas laissé tomber des traces de confitures, pour ensuite m'avancer le cœur battant jusqu'à la pièce fatidique. Père me fit signe d'avancer, et j'en profitai pour m'asseoir sur l'une des grandes chaises, me préparant à une longue discussion.

« Alice ... Tu as mon aval pour ton projet. Si cela peut t'empêcher de faire n'importe quoi ... Ne va pas délaisser ton apprentissage des rouages de l'entreprise pour autant, c'est tout. »

C'est bien vrai, j'aurais trouvé un moyen d'atteindre mon but qu'il soit d'accord ou non. J'étais tout aussi têtue que lui. Il me tendit négligemment un papier signé de sa main et retourna à ses autres paperasses sans m'adresser un regard de plus, ma présence l'importunant sûrement dans son travail. J'aurais voulu le serrer dans mes bras, lui faire comprendre à quel point c'était important pour moi, peut-être même lui faire part de mon choix qu'il ne m'avait pas demandé. Mais quelle importance ?! Je tenais entre mes mains la délivrance, le Saint Graal lui-même ! Rien n'aurait pu assombrir mon humeur, pas même le manque de chaleur humaine qui m'étouffait dans ce manoir. Je pourrais acheter mon instrument dès que j'en trouverais un à ma convenance. Il ne restait plus qu'à me trouver un professeur, vraiment. Tâche difficile à accomplir lorsqu'on n'avait pas le droit de sortir, du moins, pas seule...

Sans plus attendre, j'allai demander à Alfonzo de m'accompagner, preuve à l'appui, le papier tout frais signé n'ayant pas quitté ma main. Il n'était pas aussi sévère que mes autres gardes du corps. En m'informant à gauche et à droite, j'eus la chance de le trouver avant qu'il ne soit déjà parti, justement en direction des marchés pour quelques emplettes. Il accepta donc que je l'accompagne. La chance me souriait ! Et à lui aussi, apparemment, puisqu'il me demanda quelques conseils pour ses achats. Je ne manquai pas de saluer chaleureusement les commerçants que je connaissais bien.

« Eh bien Alice ? Vous avez bien l'air joyeuse ! »

« Je vais apprendre à jouer de la musique. » répondis-je, toute fière, avec mon plus beau sourire.

Monsieur Armand éclata de rire et me souhaita une bien bonne journée. Ce dernier arrêt terminé, nous pouvions enfin commencer ma quête de la musique. Enfin ! Je n'en pouvais plus d'attendre, si nous commencions trop tard, nous allions manquer tout le monde, ou alors, ce serait déjà le moment de rentrer, et je n'étais pas certaine qu'on accepte à nouveau de me laisser sortir bien vite ! Personnellement, je ne savais pas où trouver un professeur de musique, mais cela ne devait pas être si difficile que cela, non ? Au pire, il suffisait de demander conseil aux passants. Alfonzo prit un air un peu découragé devant ma remarque, mais il ne fit aucun commentaire, donc il ne devait pas être tellement plus avancé que moi ! C'est ainsi que le reste de l'après-midi se déroula, tranquille, sans être désagréable, passant de maisons en faisons, une petite liste s'étant bâtie au fil de nos découvertes. Malheureusement, aucun ne semblait convenir à ce que nous recherchions.

« C'était la dernière adresse ... ? »

Son simple hochement de tête me brisait le cœur. Cependant, au lieu d'en laisser paraître la moindre trace, je pointai la grande fontaine légèrement plus loin avec autant d'enthousiasme que possible.

« Oh ! Regardez les petits canards là-bas, Alfonzo ! Ils ont vraiment l'air adorables. Est-ce que je peux aller les observer un peu, avant de rentrer ? »

« Bien sûr, mademoiselle. »

Il avait accepté un peu trop facilement. Sans doute avait-il compris que j'étais triste de voir mes efforts ne donner aucun résultat. Tout de même, il resterait non loin, prêt à intervenir en cas de besoin, j'en étais sûre. C'était son boulot, après tout. Moi, je m'efforçais de ne pas perdre espoir en me changeant ainsi les idées, et surtout, surtout, de ne pas éclater en sanglots.
 

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