Ce fut d’un même geste que les deux loups-garous tendirent la main à Moon afin de l’aider à vaincre le dernier obstacle qui la séparait encore de la terre ferme. La jeune femme accepta avec plaisir ce coup de pouce et ce fut donc d’un pas léger, quoique bien entouré, qu’elle les rejoignit dans le vaste hall du laboratoire. Chacun y alla de son commentaire sur les goûts bien ternes de leurs hôtes, quand derrière eux s’éleva :

– Et moi je pue ?!

Tous se retournèrent, avisant non sans un sourire Mary, qui s’impatienter à la même place qu’occupait Moon quelques secondes plus tôt. Les bras croisés, une moue vexée retroussant ses lèvres, elle battait la mesure de ses bottines en attendant que l’on daigne s’occuper d’elle.

– Vous avez besoin d’aide maintenant ?
– Pas de la tienne lapinette. Mais je pensais que deux gentlemans auraient au moins…
– Débrouillez vous !
– …

Ce fut Edward qui rebroussa chemin, trop habitué aux caprices de ses clientes pour se formaliser des sautes d’humeur de Mary. Sans même un soupir, il lui prêta main forte, s’attirant les foudres de Moon et quelques moqueries de son homologue qui n’eurent, ni les unes ni les autres, rien à envier aux fanfaronnades de leur guide. Il ne manquait que les pas lents et sonores de Franky pour parfaire leur tohubohu déjà conséquent. Malheureusement la taille de leur imposant compagnon ne lui permettant pas de se faufiler par la bouche d’aération qu’ils avaient emprunté pour entrer, sa partenaire l’avait contraint à un régime drastique. À présent juché sur son épaule, un petit robot à la tête ronde et si disproportionnée qu’il devait la tenir, proposait de temps en temps un thé avec un accompagnement variable. Il n’était pas le seul à les avoir suivi jusque dans le bâtiment.

– Contrôle des billets.
– Mais que quelqu’un le fasse taire !
– Et bien Mary, on assume pas les conséquences d’une petite fraude ?
– Oh étouffe toi avec tes carottes !
– Accroche toi petit, elle finira par craquer !
– Contrôle des billets !
– J’ai le sentiment qu’on est en retard, soupira finalement Edward lorsqu’ils franchirent la porte les menant au laboratoire.

Il y avait déjà foule dans la vaste pièce. Beaucoup de monde et surtout, ça et là, des visages familiers qui se retrouvaient souvent par paire. Ce fut Dolores que le loup blanc aperçut en premier, puis il reconnut Dolores (la seconde évidemment) et fronça les sourcils en la voyant tenter d’attirer l’attention de sa « jumelle » par une gestuelle tout à fait farfelue. Il constata également la présence de quatre bouclettes blondes et du commissaire le plus sympathique à chambrer de tout Paris, dont l’homologue fit une impression étrange à Edward qui le jugea très (trop) pomponné. Son double se joignit à ses observations, abandonnant tout haut, d’un ton plutôt heureux :

– Oh mais c’est Rick ! Et son adorable, mais entêtée de fiancée… J’espère qu’elle n’est pas là pour son travail.

Edward ouvrit la bouche, puis la referma. Il sembla réfléchir un instant avant de l’ouvrir à nouveau et de la clore encore. Non définitivement, il ne savait pas ce qui devait le décontenancer le plus. Que ce surnom très « dandy » appartienne à un double du commissaire ou le fait que ce même double compte une fiancée, et jolie en plus !
On ne lui laissa guère le temps de se pencher plus en détail sur la question. Désormais tous réunis, leurs bienfaiteurs ne tardèrent pas à se manifester.

Au fond de la salle, cinq écrans s’illuminèrent et sur chacun, un visage. Plus ou moins vieux, plus ou moins soucieux, mais tous parés de binocles profondément fichées sur des nez aux formes variables, surmontant majoritairement des bouches souriantes. On ne comptait qu’un seul distrait dans le lot. Dos à la caméra, il était captivé par une autre innovante invention dont il maltraitait généreusement les boutons, produisant un son insupportable et répétitif qui ne dérouta pourtant pas ses collègues. L’un d’eux, probablement le plus renommé à en juger par la petite bande d’or qui cerclait le col immaculé de sa blouse, prit la parole après un salut fort poli :

– Nous constatons avec plaisir que vous avez tous entendu notre appel. C’est un soulagement pour nous d’apprendre que nous allons pouvoir nous envoyer chez vous !
– Humhum… Michel.
– Oh ! Pardon ! Je voulais dire « vous renvoyer chez vous » évidemment.

Il afficha un sourire à faire pâlir un rayon entier de dentifrices, puis joignant distraitement le bout de ses doigts, il reprit du même air courtois :

– Pour les étrangers venus d’un autre univers, c’est la sortie sur votre droite. Celle avec les petites flèches lumineuses vous ne pouvez pas la rater.

Il attendit un instant. Tout comme trois de ses confrères, il ne détachait pas son regard des présents, attendant visiblement qu’il se passe quelque chose. Mais excepté les quelques variations sonores de la console du plus indiscipliné, rien ne bougea. Un bref raclement, de gorge, quelques murmures s’interrogeant sur les « lenteurs motrices » de leurs convives, puis il poursuivit les lèvres plus étirées encore par un convivial rictus :

– Ce qui signifie qu’il est l’heure de se dire au revoir ! Tout ça tout ça. Des bisous, des étreintes, quelques larmes même, si ça vous fait plaisir et puis tout ce petit monde se dirigera vers la porte de droite. Regardez ! Elle clignote !

Même pause. Mêmes regards. Mêmes murmures. Mais cette fois-ci, la surprise passée, une certaine agitation gagna les divers petits groupes. Celui d’Edward ne fit pas exception et ce fut d’un ton blasé que le lycanthrope interrogea :

– Il nous prends pour des idiots ou quoi ?
– Le fait qu’ils aient écrit « porte de droite » en lettre flashy sur le battant en question répond à ta question ? Répliqua Moon, laissée perplexe par ce petit jeu.

Mais l’impatience gagnait les scientifiques. Quelques remarques s’élevèrent, soulevant avec insistance le fait que le plan quarante-deux aurait été plus adapté, provoquant quelques rires étouffés, d’autres carrément francs, toujours accompagnés par l’écho de la machine de leur comparse. Finalement, leur hôte reprit, le visage déformé par une grimace hospitalière :

– Allons allons. Nous n’avons pas toute la journ… * Puipuipuipuipui* C’est que le temps presse pour nous conduire chez vous ! Vous ! Vous conduire chez vous ! Maintenant on se quitte et on se rend… * Puipuipuipuipui*.
– Kévin…
* Puipuipuipuipui*
– Kéviiiineuh !
* Puipuipuipuipui*
– Mais c’est pas vrai ça ! « Prends le en stage, ça lui fera une bonne expérience » qu’elle disait. Gnagnagna… J’ten foutrais des stages moi.

D’un geste furieux, mais tout en continuant de parler, le laborantin quitta son fauteuil et la caméra qui lui faisait face. Il reparut presque aussitôt dans l’objectif de son voisin, puis dans celui de l’insouciant Kévin qui se vit privé de son bien. Il protesta vivement et d’une voix si enrayée par la puberté qu’elle parvenait à des pics aiguës impressionnants :

– Maiiiiieuuuuh ! C’est bon làààààà ! Moi ça fait dix piges que j’poireaute pour que vous les balanciez au mitard ! Vas y ça m’saoule !
– Et en français ?
– Roh l’autre… T’sais pas c’que c’est l’mitard ? C’est la cabane quoi. La taule, la zonzon, la prison wesh ! J’attends que vous les coffriez qu…
– Hahaha ! Non ! Ne l’écoutez pas il divague !
– Hé ! Que dalle le vioc j’divague pas !
– Oh et puis zut !

D’un geste de la main, il actionna un bouton sur le tableau de bord qui devait se dresser face à Kevin. Aussitôt les pans de murs de la pièce dans laquelle Edward et le reste des présents se trouvaient s’étendirent, couvrant d’épaisses plaques d’acier le plus infime passage vers l’extérieur. La porte clignotante disparut, tout comme celle menant vers le hall. Il en fut de même pour les quelques ouvertures qui donnaient sur le ciel bleu à des dizaines de mètres au-dessus d’eux. À la place d’un soleil radieux furent déployés de puissants spots lumineux ne laissant pas un seul carré d’ombre dans la pièce. Il s’accompagna du grésillement délicieux d’un courant électrique.
Revenu à sa place, Michel donc, observait joyeusement sa prise avec ce même regard qu’ont les enfants terribles qui, munis d’une loupe, se perchent au-dessus d’une fourmilière par un grand beau temps. Mais sentant venir les reproches, il s’empressa d’abandonner :

– Que l’on soit bien clairs. Il n’était prévu que de récupérer les étrangers ce qui portait à un nombre bien plus élevé le ratio de sauvetage. Mais vous êtes si lents et Kevin si bête qu’il a fallu improviser !
– Attendez, j’ai été envoyée par le gouvernement et j… commença Mary, vexée de se retrouver mêlée à pareille aventure.
– Et bien tant pis ! Vous profiterez du voyage vers une toute nouvelle dimension. Du moins si vous survivez.
– De quoi vous parlez ?!
– M. Lupin, si j’étais vous j’éviterai, reprit tranquillement le chercheur en remarquant l’habile cambrioleur affairé à la recherche d’une faille dans le système de cloisonnement. Voyez-vous, nous sommes récemment entrés en possession d’une invention formidable qui nous a ouvert de toutes nouvelles perspectives. Admirer la bête !

Il se pencha brièvement, laissant à peine entrevoir aux captifs un imposant dispositif dans son dos, sorte de grande colonne de fer surmontée d’une coupole d’acier. Puis revenant à son poste, il reprit d’un ton sinueux :

– Nous voici les maîtres d’une toute nouvelle source d’énergie, celle de la foudre ! D’ailleurs nous avons décidé de la baptiser “éclairicité”.
– Vous voulez dire « électricité » ? Interrogea Edward.
– Non ! L’éclairicité ! Une force si puissante qu’elle est capable de tuer un homme. Pauvre Philibert… Enfin, tout ça pour dire que nous vous déconseillons fortement de toucher aux murs.
– Qu’est-ce que vous voulez ? S’enquit vivement Moon.
– Nous voulons plus d’éclairicité ! Aussi nous allons aller la chercher chez vous. Dans votre univers. Il ne nous manquait plus qu’une chose, une signature énergétique assez massive pour nous faire arriver à bon port. Fort heureusement vous voilà !

Il jeta un coup d’œil aux présents, se pâmant de l’effet produit. Puis poursuivit en empêchant ainsi toute remarque :

– Ne faites pas cette tête ! On a bien essayé de vous kidnapper, mais vous vous êtes montrés plus coriaces que prévu. Alors voilà. Vous pouvez le dire si vous êtes impressionnés, je comprendrai.
– Haha ! Trouvé ! S’exclama joyeusement Lupin. Il me semblait bien que pareille structure conserverait une ouverture interne. Un code donc. De trois chiffres. Ma foi… Une adresse peut-être ?
– Vous pourriez au moins faire semblant de m’écouter !
– Vous devriez essayer un triple zéro, lâcha Moon. On pourrait difficilement faire plus juste avec ces idiots…

Un son grave et désagréable leur indiqua une erreur. Ce fut pourtant d’un geste légèrement nerveux que plusieurs de leurs hôtes tripotèrent le col de leur blouse, laissant à leur meneur le soin d’abandonner fièrement :

– Vous n’avez aucune chance de trouver !
– Et bien en fait Michel…
– Quoi ?
– Je… Je crois… Je veux dire… Il existe une possibilité pour que nous n’ayons pas enlevé les différents morceaux du code de la pièce.
– Comment ?! S’étrangla le concerné.
– C’est que… Comme je l’oublie toujours et que…
– Mais c’est pas vrai !

Ce cher Michel en aurait mangé sa chemise. Pourtant il se reprit rapidement dès lors qu’un autre de ses collègues l’informa de leur prochain départ. Alors il retrouva son charmant sourire de hyène et lâcha en collant presque son visage à la caméra.

– Et bien qu’importe ! Vous n’aurez jamais le temps de le trouver ! Gyahahahaha !

Un rire tonitruant s’éleva, brutalement coupé par l’arrêt soudain des caméras. Edward avisa la vaste pièce et ses différents espaces de travail, ne sachant par où commencer pour découvrir ces trois chiffres qui leur manquait.

Mais quand il faut y aller…

Ce fut bien hasardeusement qu’Edward tenta sa chance auprès du bureau sur lequel il s’était appuyé durant l’interminable caquetage de leurs hôtes. Sans vraiment y croire, il se décida à en ouvrir un tiroir. Contre toute attente celui-ci n’était pas fermé et il put donc tout à loisir en admirer le contenu.

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Vous pensiez être tirés d'affaire ? Et bien non !

Voici que débute cette ultime et dernière manche pour tous ceux ayant enfin atteint le laboratoire. Manche lors de laquelle vous avez été fait prisonniers par une bande de scientifiques toqués qui ont pour ambition d'envahir le monde d'où vous venez ! Impossible de laisser faire pas vrai ? Alors tirez vous de là et vite !


Le déroulement de la manche est très simple : c’est un RP habituel et collectif. Vous pouvez poster autant de fois que vous le voulez, sans ordre particulier, tout en prenant en compte les posts précédents.

• Qu'importe comment, vous avez atteint le laboratoire et vous étiez à l'intérieur lorsque vos hôtes ont refermé leur piège sur vous. Vous êtes donc coincés dans une vaste pièce, dont les murs sont parcourus d'un champ électrique. Vous devez vous en échapper pour espérer empêcher que ces hommes n'atteignent votre monde.



• Heureusement, il existe un code de trois chiffres qui vous ouvrira. Seulement, il faut le retrouver. Il a été séparé en plusieurs morceaux dicéminés dans la pièce. Vous allez devoir la fouiller et employer à bon escient les objets que vous y trouverez pour vous tirer de là.



• Pour cela, vous devez savoir que la pièce se distingue en 4 espaces de travail. Sur chacun d'entre eux se trouvent des éléments ou objets que vous pourrez décider ou non d'observer en détail. Vous en trouverez la liste ci-dessous, en spoiler.
  
  

  Liste des zones à explorer:




• Vous n'avez pour l'instant le droit de fouiller qu'auprès d'un seul élément. Pour se faire, il suffira d'indiquer l'élément choisi dans votre post et de le mettre en valeur (en le soulignant). Nous éditerons ensuite votre texte pour vous indiquer ce que vos recherches vous ont rapporté. Comme pour un escape game, ce sera la combinaison de plusieurs trouvailles qui vous permettront de mettre la main sur le code final.



• Afin de ne pas mettre trop de temps pour effectuer ces diverses recherches, nous retirons la limite actuelle de mots. On vous fait confiance pour être raisonnable. À titre indicatif, nous vous conseillons 200 mots par post.



• Vous êtes libres de garder ou non vos doubles, ainsi que vos guides.



• Une fois le code trouvé, vous serez libres de quitter la pièce et de stopper le plan machiavélique des scientifiques !



• Profitez bien de cette dernière manche qui privilégie un RP plus rapide et plus spontané ! On espère que cette adaptation de l'escape game version texte vous plaira !

Vous posterez à la suite ce message, sans ordre particulier. Deux semaines maximum seront laissées pour cloturer cette manche, mais aucune date précise ne sera donnée, puisque ce sera une fois le code trouvé et les scientifiques arrêtés que l'event sera fini.

N'hésitez pas à contacter le staff si un élément vous semble flou, on vous répondra le plus vite possible !

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- Bon, j'en ai assez. J'ai assez attendu.

L'une des Lotte, celle dont la bibliothèque avait été envahie par des hordes d'appareils photo fous furieux, passa ses doigts dans l'une de ses couettes blondes d'un air dédaigneux puis regarda une dernière fois les autres personnes qui s'affairaient, contrairement à elle, à trouver un indice ou quelconque trace qui leur permettrait de sortir de ce piège à rat. Amusée, cette Lotte les laissa faire quelques minutes, puis, trop ennuyée par l'idiotie de certains, décida d'agir. L'autre Lotte, qui, à l'image de son double, n'avait pas non plus envie de lever le petit doigt, regarda son alter-ego faire sans un mot.

La petite directrice ferma les yeux et leva sa main droite près de son visage. Elle y concentra alors toute son énergie, faisant frémir l'air ambiant. Maintenant prête à abattre son terrible pouvoir sur le mur qui lui faisait face, la jeune fille relâcha toute sa puissance accumulée afin de percer l'impénétrable acier. Une minuscule étincelle rougeoyante s'échappa finalement de la petite main de la magicienne puis s'en détacha pour tournoyer bêtement devant elle avant de s'écraser timidement à ses pieds, sans s'arrêter de tournicoter à la manière un feu d'artifice défaillant.


L'étincelle s'éteignit dans un petit pet de fumée grisâtre, qui fit sourire la deuxième Lotte qui ne pu s'empêcher de pouffer derrière sa manche. L'autre Lotte garda son calme et tenta de dissimuler toute la colère qui s'était éveillée en elle, tandis que son double regarda discrètement sa main et constata qu'elle non plus n'était plus capable de grand-chose, excepté faire apparaître des feux d'artifices du même genre.

- Ces crétins ont dû protéger la zone pour couper notre magie.
- Cela aurait été trop facile autrement. Vu l'ampleur de l'attaque dans ta bibliothèque, ils ont sans doute pris connaissance de nos capacités. Nous devons faire comme Harker et ces autres idiots, nous n'avons pas d'autre choix.
- Une fois dehors, je me chargerai personnellement d'eux.
- Pas si je m'en occupe avant.

S'il y a quelques minutes toute cette mascarade ennuyait les deux têtes blondes, dorénavant c'était à qui trouvait la solution la première. Rejetant toute possibilité de perdre face à leur homologue respectif, les deux Lotte se séparèrent et prirent à leur tour part aux recherches, nourrissant en même temps un peu plus leur esprit revanchard.

Les yeux de la Lotte à la bibliothèque encore intacte (enfin en théorie) s'arrêtèrent finalement sur un gramophone situé dans une pièce adjacente. Satisfaite de reconnaître le drôle d'engin semblable à celui que Boniface avait un jour emporté avec lui pour le lui présenter, elle tourna rapidement la tête pour s'assurer que personne ne la voyait avant de monter sur la pointe des pieds pour pouvoir tâter et observer la drôle de machine dans sa totalité. Ses doigts buttèrent finalement sur quelque chose d'intéressant.

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– Et ça dit avoir du flair hum ? Se moqua gentiment Moon en avisant la première prise d'Edward.
– Oui bon… Au moins j'ai trouvé quelque chose moi !

Il avisa avec perplexité l'étrange petit agrégat qu'il tenait scellé, incapable de l'identifier. Durant son observation poussée, il crut même le voir bouger et après un sursaut, il voulu s'assurer qu'il ne s'était pas trompé auprès de Moon. Mais la demoiselle avait joint ses forces à celle des autres prisonniers et fouillait en leur compagnie à la recherche du moindre petit indice.

Edward dut se résoudre à l'imiter. Il s'éloigna de la proximité fichtrement bruyante d'une connaissance d'Aldrick fraichement défaite de ses liens, pour partir en quête d'un recoin à inspecter. Il n'eut pas le temps de jeter son dévolu sur le moindre objet qu'une exclamation lui fit tourner la tête. L'index presque collé au nez du trouble-fête précédemment mentionné, Moon s'emporta :

– Vous êtes inconscient ! Vous auriez tous pu nous mettre dans un sacré pétrin si une seule de ces fioles s'étaient brisées !
– Moon, peut-être que…
– Une minute, le coupa la brune. J'en finis avec celui là et je suis à toi. Bien ! La prochaine fois qu'une telle envie vous prend, ayez l'obligeance d'utiliser un support moins risqué. Je ne sais pas… Une table par exemple !

Un coup d'œil à la salle et elle finit par pointer du doigts la table de dessins techniques à proximité d'Edward. Par réflexe, ce dernier y jeta un coup d'œil, haussant les sourcils lorsqu'un détail attira son attention.

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- Hmmmmmm…
- Mmmmmmh…

Les deux Dolores restèrent immobiles, les yeux rivés sur une horloge murale qui, malgré l'agitation ambiante, continuait son tic-tac impassible. Bientôt, un troisième visage s'invita au milieu des deux identiques qui s'écartèrent machinalement, sans quitter le drôle d'objet des yeux. Carroll leva le doigt et retroussa sa moustache mécanique.

- Tic-tac fait la dame, toujours pressée mais jamais arrivée. Après quoi court-elle donc pour ne jamais s'arrêter ? Elle ne s'arrêtera jamais, car à peine l'une de ses jambes au niveau de l'autre, c'est un nouveau pas qui commence ! Ne devrions-nous pas l'aider ?

Admiratives de la tournure de l'écrivain, les Dolores acquiescèrent et s'apprêtèrent à décrocher le mécanisme lorsqu'un profond soupire vint les interrompre. À leur gauche était installée la célèbre Pipistrelle qui, contrairement aux doctoresses, n'était pas très amusée par toute cette animation. On pensait que le choc électrique qu'elle avait reçu après s'être jetée sur l'un des murs allait l'apaiser, mais visiblement le coup de foudre n'était pas réciproque. Le visage posé sur la paume de ses mains, la petite rouquine soupira à nouveau.

- Mmmh je m'ennuiiiiiiie ! M'ennuie m'ennuie m'ennuiiiiie ! Elle agita les jambes. Je trouveuh rien mooooi ! C'est nul comme jeu. Je peux chanter une chansoooooon ?

Toutes les personnes présentes dans la salle s'immobilisèrent, jetèrent un regard perplexe à la combattante du Last Paradise, puis retournèrent à leur occupation. Mimi s'impatienta alors et se leva de ce qu'elle croyait être un siège avant de donner un violent coup de pied dedans.

- Ohw ? Il est bizarre ce tabouret, en plus il est même pas beau. C'est peut être pour ça que ce n'était pas confortable ! Hihi !

Et au lieu de chercher à ouvrir la malle sur lequel elle avait posé son gracile popotin depuis le début des recherches, Pipistrelle fit une petite moue amusée et partit dans une autre pièce en sautillant, laissant les Dolores et le drôle d'écrivain se pencher dessus, intrigués.

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- Cette clé doit ouvrir un placard ou un tiroir vu sa taille et sa forme.
- J'ai pu ouvrir tous les tiroirs de la pièce et aucun ne contenait quoi que ce soit d'intéressant. Peut être qu'elle sert dans une autre salle ?

MechaDotty porta le bout de la clé à son menton et resta figée dans une moue dubitative pendant quelques secondes, imitée par son alter-ego qui grimaçait de la même manière. Louise, qui les avait rejoint après avoir dit à Pipistrelle d'arrêter de bouger dans tous les sens, parcourut à nouveau la salle du regard avant de le se tourner vers Carroll qui lui était toujours fasciné par l'horloge qui continuait son tic-tac infernal, à peine affectée par toute l'animation qui se déroulait autour d'elle. Se balançant de gauche à droite en rythme avec la petite trotteuse, il tourna la tête vers Louise lorsque celle-ci l'interpella, sans pour autant cesser son drôle de mouvement de balancier.

- Un meuble fermé ? Non je n'en ai pas vu. À vrai dire un meuble n'est réellement verrouillé que quand on essaye de l'ouvrir, et je n'ai rien ouvert. Pensez-vous que les tiroirs aiment être ouverts sans qu'on leur demande leur avis ? Si tant est qu'ils soient pudiques ils-
- Bien, cela m'aurait étonnée aussi qu'il dise quelque chose de sensé.
- Diiiites ! Y a un type bizarre dans l'autre salle… Je suis sûre qu'il mange des choses pas nettes, genre des chauve-souris mortes.

Les deux doctoresses et la secrétaire levèrent ensemble leur regard vers Pipistrelle qui avait embarqué le pauvre Ad-4M avec elle pour avoir quelqu'un avec qui discuter. L'assistant robotique bafouilla quelques mots puis baissa les yeux, sans cesse interrompu par les paroles de Mimi. Après plusieurs minutes de lutte, il finit néanmoins par se faire entendre.

- I-Il y a une *tic toc* vitrine avec des f-f-fioles derrière. Mais c'est v-verrouillé.
- Des fioles ? Oooh cela m'intéresse !

Kellerstein tira la clé des mains de sa compatriote qui suivit son double sans rien dire, accompagnées par Louise et Ad-4M, Pipistrella ayant déjà jeté son dévolu sur une autre salle. Dolores aperçut rapidement la vitrine en question ainsi que le « type bizarre » dont parlait Mimi (qu'elle pensa reconnaître mais la mémoire des visages n'était pas vraiment le fort des Keller), elle ignora le second et enfonça rapidement la clé dans la serrure de la vitrine contenant les fioles. Un mécanisme se fit entendre, titillant la curiosité de l'homonculus qui souriait déjà en entendant le bruit familier des flacons s'entrechoquant.

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Ce fut avec un un certain empressement que Moon pointa du doigt la fiole tenue par Dolores, avant de retourner son index vers le « mangeur de chauves-souris mortes ».

– De l'acide ! Vous voyez que cette vitrine contenait des produits dangereux !

Elle croisa les bras, le toisant sans gêne et sans sympathie, pour finalement reprendre, un sourire railleur courant sur ses lèvres :

– Une chance que vous n'ayez pas eu assez de force pour briser cette vitre finalement.
– Moon…
– Je suis presque curieuse de voir quelle réaction cela aurait eu sur vos chaussures, puis vos pieds, vos os…
– Et si on tentait quelque chose de plus constructif ? S'empressa d'ajouter Edward.

Il se tourna vers la doctoresse et lui prit le flacon des mains, de crainte que la proposition d'expérience formulée par Moon ne la tente de trop. Il avisa le liquide, un peu perplexe quant à son pouvoir de perforation, puis redressa la tête. Sans laisser le temps aux dames d'emmettre la moindre objection et gagna l'espace où il avait remarqué, un peu plus tôt, un coffre fort.

Il fallait un mot de passe pour l'ouvrir. Un code qu'ils n'étaient pas certains de trouver dans cette pièce, mais avec cette solution chimique la chance devrait tourner en leur faveur.

Alors il déboucha la fiole et la vida sur la serrure. Quelques secondes plus tard, la porte de la boîte d'acier s'ouvrit.

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Toutes deux assises sur une chaise à regarder s'activer les autres personnes présentes dans la pièce, les Lotte restèrent silencieuses, armées de leur habituel regard réprobateur, critiquant parfois à haute-voix le comportement des autres détenus. Laisser les autres faire n'était peut-être pas une si bonne idée que cela vu leur lenteur et leur incapacité à résoudre des problèmes simplistes.
Même l'action d'Edward qui parvint à ouvrir le coffre posé non loin des deux têtes bouclées n'obtint pas la reconnaissance attendue. Après l'avoir vu agir, toujours avec leur mine ronchonne, les deux Lotte se regardèrent, à peine impressionnées.

- Vois-tu, c'est pour cela que je ne le veux pas dans ma bibliothèque. Il n'a aucun respect pour le mobilier.
- Pareil pour moi, ce serait laisser un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Les Lotte acquiescèrent ensemble puis regardèrent le loup-garou une dernière fois avant de se lever de leur chaise. Elles observèrent ensemble la pièce puis critiquèrent ouvertement une autre personne qui collait bêtement son oreille contre un mur dans l'espoir d'y déceler quelque chose avant de se tourner vers un drôle de tableau suspendu au mur et parfaitement suspect. Jugeant que la peinture était cependant bien trop haute pour elles, les Lotte se jetèrent un regard compréhensif avant que l'une d'elle ne lève le doigt comme pour dire qu'elle avait une idée. Celle-ci se tourna alors et appela Miss Harker qui était en train de ramper sous une chaise dans l'espoir de trouver quelque chose (quoi, on se demande). L'aventurière se leva alors et vit son attention guidée l'air de rien vers le tableau par les deux têtes blondes qui la laissèrent décrocher le cadre sans un mot.

Intriguée, l'une des Lotte laissa son alter-ego et Harker inspecter la peinture quelques minutes pour s'approcher d'une belle tasse de café en porcelaine, trônant seule sur un petit meuble en retrait. Perplexe, elle enroula ses doigts fins autour de la hanse blanche et approcha son nez avant de s'en reculer, l'air dégouté, pour enfin s'apprêter à retourner l'objet et le vider complètement par terre. Mais à peine quelques gouttes commencèrent à s'échapper du rebord que des doigts agiles subtilisèrent la tasse des mains de Lotte, gardant le contenu intact.

- Oooh du café ! Chic, j'avais soif ! … Ehw mais il a une odeur bizaaaarre ! J'en veux pas !

La rouquine qui venait de faire irruption dans la pièce reposa la tasse sur le meuble puis sautilla en direction d'une autre salle comme si de rien était. Lotte soupira et regarda une dernière fois la tasse, sans chercher à la vider cette fois-ci. Au pire des cas, un des idiots du coin pourrait la vider pour elle.

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- Vraisemblablement, fit Carroll, il s'agirait du silence. Le pauvre n'est malheureusement jamais là lorsqu'on parle de lui. Mais je crois que cette énigme est finalement arrivée en retard à son rendez-vous.

La tête posée sur l'épaule de l'homme qui avait dégoté la petite énigme, l'écrivain s'écarta avec allégresse de celui-ci pour rejoindre son amie l'horloge qui, elle, était toujours à l'heure (ou bien elle mentait, mais qui pouvait vraiment le savoir ?). Fatiguée de le voir s'agiter au rythme des secondes, Louise s'approcha de l'énergumène et le regarda se balancer de gauche à droite sans un mot avant de finalement l'interrompre, vexée qu'il ne l'aie même pas remarquée.

- Il serait peut-être temps de la décrocher, vous ne pensez pas ?
- Mais ne risquons nous pas de la mettre en retard ? Elle qui a si longtemps couru…
- … Et qui vous dit qu'elle n'est pas déjà en avance ?

Un silence, puis Lewis cessa son balancement et hocha la tête, intrigué. C'est au moment précis où il se mit très clairement à réfléchir à ce qui venait d'être dit que Louise regretta son erreur et fit signe aux Dolores qui discutaient au beau milieu de la pièce, intriguées par une bouteille posée sur la table de travail un peu plus loin. L'une, celle aux bras en acier, resta près de la bouteille avec Ad-4M tandis que l'autre s'approcha de l'horloge et contourna soigneusement l'écrivain, toujours pensé dans ses réflexions, pour enfin décrocher l'horloge et l'approcher du regard affûté de la secrétaire, fixée à son fauteuil.

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- …

Le visage crispé, l'une des Lotte regarda avec réserve un drôle de robot qui se tenait face à elle, immobile. L'engin était plus que suspect, mais après tout ce qu'elle avait traversé depuis son arrivée dans cette dimension, s'approcher de l'androïde était difficilement envisageable. Que se passerait-il s'il s'activait et devenait fou comme les monstruosités de la bibliothèque ? L'idée fit frémir la petite tête blonde qui fit mine de ne pas avoir vu le robot et continua sa route. Heureusement, Miss Harker ne partageait pas les craintes de la Simurgh et ne se gêna pas pour tâter l'appareil robotique et l'examiner sous toutes ses coutures. Intimidée, Lotte la regarda faire puis tourna les talons pour rejoindre son double, retirée un peu plus loin.

- Je commence vraiment à en avoir assez de cet endroit.
- Et moi donc.

Tandis qu'elles se réconfortèrent en critiquant ouvertement la moindre personne qui croisait leur regard, une voix forte traversa entièrement la pièce, attirant l'attention générale.

- Fantastictac ! Ce rouage correspond à merveille ! Tournez ma belle amie, vous pourrez rattraper votre retard désormais !

De l'autre côté de la pièce, une autre voix, plus aiguë, se fit également entendre, accompagnée par un déhanché légendaire, car la personne en question venait de monter sur une table pour annoncer au monde entier sa découverte.

- Iiiiiih il y a quelque chose dans ce tiroooooir aussiiii ! Détective Pipistrelle a encore découvert quelque chose !

Les deux Lotte se regardèrent, l'air fatigué et agacé, puis retournèrent voir Harker, encore affairée avec son robot. Ah… comme elles avaient hâte de retourner à leur bibliothèque.

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- Je pense que nous avons tout fouillé…

En effet la pièce était désormais dans un sale état. Des tiroirs vidés, des chaises retournées, des meubles dépecés, tout le monde avait pris part à ce joyeux désordre général. Résultat, difficile de savoir où mettre les pieds sans écraser quoi que ce soit. Mais toute cette agitation signalait aussi que le code était désormais à portée de main, et qu'une simple réflexion commune saura briser les dernières barrières empêchant de quitter ce maudit endroit. Toujours immobile, perchée debout sur un tabouret qu'elle avait trouvé là, Kellerstein examina la pièce du regard, l'air pensif.

D'un côté, quelqu'un, accompagné d'Ad-4M et une dame avec un masque de lapin, s'affairait à ouvrir une chaise suspecte à l'aide d'un couteau trouvé un peu plus tôt. On essaya de ne pas abîmer ce qui était caché à l'intérieur, et malgré les cris du robot assistant et les soupirs agacés de la dame masquée, on parvint enfin à découvrir ce que cachait le petit morceau de mobilier.

De l'autre côté, le besoin était tout autre. Agglutinées autour d'un gramophone, les deux petites filles blondes que Dolores avait désormais l'habitude d'apercevoir luttaient pour pouvoir placer le vinyle tout juste dégoté sur le tourne-disque, malheureusement placé un peu trop haut pour elles. Ce fut finalement avec l'aide d'une grande dame qu'elles semblaient connaître que l'instrument fut complété. Ce fut sans trop regarder la mise en marche de l'engin que Kellerstein descendit finalement de son perchoir pour rejoindre les personnes qui s'étaient rassemblées autour du tableau noir qui avait joué le timide depuis le début des recherches.

Un calcul plutôt suspect avait en effet attiré l'attention, mais fort heureusement la solution était déjà claire pour la doctoresse qui avait eu l'occasion de jeter un œil sur toutes les trouvailles des personnes piégées avec elle. Le calcul était simplissime, et si sa théorie s'avérait fondée, alors…

- Trois ? Le dernier chiffre du code serait trois je suppose. Heureusement que je suis une génie des mathématiques !
- On a déjà résolu le calcul Kellerstein… Il ne reste plus qu'à entrer les trois chiffres.

Les portes allaient enfin pouvoir s'ouvrir.

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Vous voilà sortis de votre cellule ! Mais le vaisseau semble avoir décollé et il a pris la direction de votre monde. Il va falloir arrêter ces scientifiques, mais prenez garde à ne détruire aucun univers !

Nous vous laissons encore une petite semaine pour terminer cet évent et vous occuper comme vous le souhaitez des scientifiques qui vous ont embarqués dans cette galère !

Ce fut le doigt ou plus précisément l'index scientifiquement irréprochable du grand docteur Kellerstein qui entra le code. 643. De cette même phalange salvatrice, elle pressa l'imposant bouton vert à proximité du tableau d'affichage. La pièce se figea un instant puis, ce fut une pluie de confettis.

La salle célébra leur victoire au son d'une mélodie entrainante et de néons criards dont les clignotements accompagnèrent la lente et majestueuse ouverture de leur porte. Un nuage de vapeur plus tard, il ne leur restait plus qu'à se féliciter de leur succès, mais une violente secousse vint gâcher la fête. Toute la carlingue trembla, gonflant les lieux du grincement rauque et désagréable du métal. Puis plus rien. Ni son, ni lumière. Tous se retrouvèrent plongés dans les ténèbres.

Edward, dont la vue s'adapta rapidement à la situation, s'enquit aussitôt :

– Tout le monde va bien ?

Une lumière, aussi vive que brève, envahit alors la pièce. Le loup portait sa main en barrière de son visage quand Moon les interpella :

– Je crois que… Vous devriez venir voir.

La jeune femme avait gagné le corridor dont les parois étaient découpées de nombreux hublots parfaitement circulaires. Appuyée contre l'un d'eux, la lapine semblait préoccupée. Les loups blancs ne tardèrent pas à la rejoindre et s'animèrent tous deux du même mouvement de recul en découvrant le panorama extérieur.

– On… vole… s'étranglèrent-ils en même temps.
– Plus pour très longtemps…

À nouveau, la lumière embrasa l'habitable pour une seconde seulement. Le faisceau poursuivit sa route, leur permettant seulement de distinguer dans le ciel nocturne de leur bon vieux Paris, le phare surmontant la flèche élancée et menaçante de la Tour Eiffel. D'ici quelques minutes, ils n'auraient assurément jamais vu cette merveille d'architecture d'aussi près ! Une chance, car ce serait la dernière chose qu'ils verraient.

- On voooooole !

Kellerstein leva ses bras au ciel, accompagnée par son double et l'écrivain robotique qui s'amusaient autant qu'elle de la situation. Mais heureusement les personnes saines d'esprit étaient plus nombreuses dans la pièce et il ne leur fallut pas longtemps pour ramener nos camarades un peu frappés sur la terre ferme (enfin, façon de parler).

- ON VA S'ÉCRASER DANS LA TOUR EIFFEL !!!

Il faut nuancer, personne saine d'esprit ne veut pas forcément dire personne calme et réfléchie. Enfin, cela ne veut pas dire que Louise n'était pas calme et réfléchie, mais compte tenu de la situation, la panique s'était invitée plus facilement dans les esprits sains que dans ceux qui se dandinaient bêtement en regardant par les hublots et en essayant de repérer sa maison dans le Paris qu'ils survolaient (oui Pipistrelle, c'est de toi qu'on parle). Toujours est-il qu'au bout de quelques secondes, tout le monde, ou presque, avait compris l'urgence de la situation, et avait également compris qu'il fallait mettre la main sur ces satanés scientifiques histoire de mettre fin à toute cette histoire. Mais plusieurs problèmes se posaient : où ils se trouvaient, comment il aller, et encore d'autres, sachant que le vaisseau était d'une taille telle que tout explorait revenait à parcourir une partie entière de la capitale à pieds et en quelques minutes.

- Une chance que nous soyons nombreux, fit Harker qui avait su garder son sang-froid, je pense que la meilleure option pour nous est de se séparer afin de couvrir un champ plus large.
- N-Nous devrions n-*dzong*nous séparer p-par groupe de deux.
- Dans ce cas je vais avec moi-même !
- Oooh j'allais dire la même chose !

La petite tape de victoire des doctoresses vint achever la patience de Louise qui soupira et commença à établir les groupes, jusqu'à se rendre compte qu'un des duo manquait à l'appel.

- Une seconde, il n'y avait pas deux fillettes avec nous ?
- Oooh les blondinettes ? Elles sont parties par là !

Pipistrelle pointa du doigt le mur au fond de la pièce, ou plutôt ce qu'il restait du mur en question, car à sa place trônait fièrement un trou béant, comme résultat d'une explosion à la dynamite. Tout le monde se tut, puis ce fut finalement Louise qui se dévoua à dire ce que tout le monde avait sur le cœur.

- Tu n'aurais pas pu le dire plus tôt ?
- Mais je l'ai dit mais personne ne voulais m'écouter !

En même temps, qui aurait vraiment envie de l'écouter. Tout cela pour dire que deux des captifs manquait à l'appel, et d'après l'expression crispée des deux Edward, leur petite fugue ne disait rien de bon.



Semant destruction et désolation sur leur passage, les deux engeances du Diable continuaient leur route à travers les interminables couloirs du terrible vaisseau, balayant, incinérant et broyant tout ce qui se trouvait sur leur chemin. Non plus guidées par leur raison, mais par leur esprit de vengeance, les deux Simurgh n'étaient vraisemblablement pas prêtes à pardonner les individus qui avaient osé les détenir en captivité. Et ce n'était pas la troisième petite tête blonde qui s'était invitée auprès d'elle qui allait dire le contraire.

- C'est super chouette ! Vous êtes bien plus rigolotes que ma sœur. Vous voulez être mes nouvelles sœurs ? Je suis sûre que Papa serait d'accord.

Toute guillerette, la jeune Alice qui s'était faite discrète pendant tout le temps passé dans la salle close avait décidé de s'éloigner de son écrivain préféré pour suivre les deux autres enfants du groupe, pensant pouvoir s'entendre mieux avec elles qu'avec tous les adultes qui ne lui avaient pas adressé un mot (sauf la rouquine bizarre là, Pipistrelle, mais Alice n'avait rien compris de ce qu'elle lui avait dit). En guise de réponse, l'une des Lotte se tourna vers elle et lui demanda de continuer à marcher si elle voulait rester avec elles, ce qu'Alice prit pour une réponse affirmative. Les deux directrices ne voulaient surtout pas avoir une enfant disparue sur les bras.
Devant elles à plusieurs reprises se dressèrent une variété de robots de sécurité qui, comme tous leurs précédents confrères, finirent broyés en cubes métalliques et projetés à l'autre bout du couloir. Autant dire que l'énervement des deux blondinette avait atteint son paroxysme, et si la jeune Alice n'avait pas été là, la moitié du vaisseau serait déjà en miette à l'heure qu'il est.

- Ooooh on est au-dessus de Paris !
- Qu'est-ce que tu as dit ?

Tandis que le drôle de trio venait de dépasser un hublot, la dernière et la moine dangereuse des têtes blondes en avait profité pour jeter un coup d'œil vers l'extérieur, découvrant ainsi où se trouvait le vaisseau en ce moment même. Les deux Lotte s'approchèrent de la fenêtre à leur tour et constatèrent d'une part, qu'elles étaient bien de retour à Paris, et d'une autre, qu'elles survolaient la capitale. Cette situation ne fut pas sans rappeler aux deux Simurgh leur petite mésaventure dans l'engin de Harker, une mésaventure dont elles ne s'étaient toujours pas vraiment remises. Après s'être échangées un regard complice, les Lotte tendirent leur main à Alice qui tendit les siennes à son tour avant d'être entièrement enveloppée d'une drôle d'aura qui la fit voler au-dessus du sol. Maintenant que leurs pouvoirs étaient revenus (lorsque le code a été entré dans la salle sans issue, la technologie qui empêchait aux Lotte d'utiliser leur magie s'est également arrêtée, leur permettant de sortir… et bien, on sait comment). Désormais en lévitation, les trois têtes blondes traversèrent le couloir à toute vitesse et parcoururent les nombreux étages qui composaient le vaisseau, en détruisant accessoirement tous les robots, les portes, les murs et autres obstacles gênants qui se mettaient sur leur route.



- Je pense qu'elles sont passées par là ! Fit Kellerstein, accroupie près d'un cube en ferraille enfoncé à moitié dans le mur qui lui faisait face.
- Hey on voit les autres couloirs par le trou là ! Ajouta Mechadotty qui penchait sa tête à travers un autre trou béant creusé par les Lotte, qui donnait sur les autres couloirs du vaisseau, en tout cas aussi loin que les Simurgh ont traversé les murs qui leur faisaient obstacle. D'ailleurs une autre tête apparut dans le trou à l'autre bout de la série faite par les terribles blondinettes, suivi d'un geste du bras et de mouvements improbables pour attirer l'attention.

- Je crois que c'est Pipistrelle et Carroll. J'entends rien ça résonne trop.
- Les salsifis farcis ont forcé la farce avec fracas fragile !
- Je crois qu'elle a dit : « On a rien trouvé par ici on continue par là-bas ».
- Tu crois ? Ça me semble bizarre de sa part…
- Hmmm… Elle rigole là ? Ah elle est partie.

Les deux Dolores se regardèrent, perplexes, puis haussèrent les épaules (de toute manière c'est Pipistrelle, ce n'est pas comme si elle allait vraiment dire quelque chose d'important) avant de continuer leur route, une route qui fut rapidement interrompue par un violent choc qui ébranla entièrement le vaisseau et creusa une immense fissure au-dessus de la tête des doctoresses qui s'écartèrent rapidement pour ne pas se faire prendre dans l'éboulement qui menaçait de les écraser. Une fois les morceaux de plafond tombés et la poussière reposée, Kellerstein et Mechadotty ouvrirent les yeux et découvrirent avec satisfaction que la secousse venait de leur offrir un raccourci vers l'étage supérieur. Après avoir escaladé les débris, les Dolores constatèrent que les Lotte étaient également passées par ici, à en juger par le robot à moitié enfoncé dans le plafond et les trois autres compressés sous forme de chaises, et aperçurent avec joie leurs deux patrons préférés, qu'elles appelèrent avant de les rejoindre.



- Je crois que j'y suis allée un peu fort.
- Tu n'aurais pas dû le décapiter avec cette poutre là, elle soutenait une partie du vaisseau. Tu aurais plutôt dû prendre celle-ci. J'espère en tout cas que rien n'est tombé sur la ville.
- …
- …
- Oh peu importe.
- Oui, ouvre la porte avec tant qu'on y est.

La Lotte qui faisait flotter la poutre de plusieurs tonnes au-dessus du corps du robot décapité fit reculer sa main afin de donner de l'élan à son bélier improvisé, puis projeta le monstre d'acier sur la porte qui ne montra aucune résistance. La poutre s'écrasa lourdement dans la pièce, faisant trembler toute la carlingue. Les deux Simurgh restèrent immobiles, priant intérieurement que l'appareil ne s'écrase pas, puis s'avancèrent, toujours en lévitation, afin de finalement pénétrer dans le cockpit du gigantesque appareil. À l'intérieur s'étendait une grande salle remplie de papiers, de meubles dérangés, d'outils scientifiques et d'écrans difformes. Après avoir reposé le pied près de l'imposante poutre qui faisait deux fois leur taille, les Lotte (tandis qu'Alice observait la pièce d'un air curieux) se tournèrent vers les cinq sièges situés au fond de la pièce. Ceux-ci pivotèrent à leur tour et firent face aux trois petites filles, dévoilant le visage des cinq scientifiques, ou plutôt des quatre puisque le plus jeune était en train de tripoter un drôle de boitier à écran qu'il tenait entre ses mains.

- Vous voilà enfin… Nous vous attendioIIYAAAAARG *… sbom* Ourmpf ! F-Fous êtes malades !

D'un geste de la main, l'une des Lotte venait d'envoyer voler le scientifique à l'autre bout de la pièce avant même qu'il n'ait eu le temps de terminer sa première phrase. Les autres scientifiques (sauf Kevin) poussèrent un cri de surprise et regardèrent leur patron se relever difficilement avant d'épousseter sa blouse et de sourire bizarrement (il avait perdu une dent durant son vol).

- Hehehe… Je savais que GUAAAAAARG *bom* IIIIIH *boung* Euurg…
- Aah… Merci.
- Je t'en prie, chacun son tour.
- A-Attendez ! Ch'il vous flait !

Perché à plusieurs mètres au-dessus du sol, ledit Michel implora les deux Simurgh quelques secondes de répit et commença à s'excuser de les avoir emprisonné contre leur gré. Les Lotte se regardèrent puis laissèrent tomber le scientifique sur le sol qui s'approcha en rampant de son tableau de bord, où étaient rassemblés les autres scientifiques, trop effrayés à l'idée de finir comme leur patron pour faire quoi que ce soit. Ce dernier se hissa sur son siège et s'adressa aux trois petites filles, en essayant d'articuler tant bien que mal.

- Ch-Che n'ai fait cha que pour faire pacher mon épfoque dans june ère noufelle… Héhé… ET VOUS NE POURREZ M'EN EMPÊCHEEEER !

D'un air triomphal, Michel appuya sur un bouton rouge de son tableau de bord, faisant apparaître une ouverture au centre de la pièce. De là, une plateforme s'éleva du plus profond du vaisseau et fit apparaître un imposant cyborg de plus de trois mètres de haut, recouvert de tuyaux, d'engrenages avec pour appendice dorsal une énorme bobine électrique, qui laissait s'échapper une multitude d'étincelles et d'arcs électriques. Les scientifiques s'approchèrent du robot et y pénétrèrent chacun par un côté : un dans chaque jambe, chaque bras, et Michel dans la tête du monstre d'acier.

- Fenez tâter de la puissance de mon Michelozord !
- Pff hhahhahha c'quoi c'nom débile ?
- La ferme Kefin !
- Oh eh ça va là ! Pourquoi tu m'parles comme ça vazi…
- À l'attaaaaaaaque !



- Wooh ça a pas dû rigoler ici !

Les deux Dolores, accompagnées par d'autres anciens captifs, pénétrèrent à leur tour dans la salle des commandes, après avoir frayé leur chemin à travers les nombreux débris, tuyaux et autres morceaux de ferraille qui parcouraient le sol. À l'intérieur du cockpit, si on pouvait encore le nommer ainsi, des poutres étaient enfoncées dans les murs, le planché ou le plafond, on apercevait également ici et là des morceaux de robots éparpillés un peu partout, certains encore en train de tournicoter dans un *psht psht* grotesque et des rouages enfoncés dans le sol, des tas de débris encore en flamme, des cercles de poudre noire témoignant de la présence de puissantes explosions… Ah et c'était sans compter l'immense brèche qui traversait presque entièrement la pièce et laisser pénétrer un léger courant d'air frais pas désagréable. Au centre de la salle, Kellerstein aperçut une petite table rose surplombée d'un napperon en dentelle raffiné, entourée de deux chaises du même style, occupées par les deux Lotte qui sirotaient paisiblement une tasse de thé en utilisant comme repose-pieds le derrière d'un des scientifiques dont la moitié du corps était encore enfoncée dans le sol. À leur gauche, la petite Alice sautillait gaiement avec son lapin dans les bras sur un immense coussin rose qui prenait en sandwich Kevin et un autre scientifique à la moustache et aux cheveux roussie, tandis que Michel, ce bon vieux Michel, pendouillait au centre de la salle, accroché par sa jambe à sa chère pile électrique dont les petites étincelles, en plus d'arracher un petit cri de douleur au scientifique, éclairaient avec délicatesse l'ensemble de la salle.

… Mieux vaut ne pas savoir comment ils en sont arrivés là. Toujours est-il que les scientifiques étaient hors course, et que le vaisseau était à présent immobile au-dessus de Paris, à quelques mètres de la Tour Eiffel qui semblait presque tentée de chatouiller de flan du vaisseau.
L'une des Simurgh tourna la tête et constata l'arrivée de ses compagnons, et tandis qu'une des poutre retomba lourdement sur le sol comme pour donner un point final à toute cette agitation, jeta un regard appuyé aux patrons du Lost et Last Paradise (car il était le seul qu'elle connaissait), comme pour lui demander de terminer le travail, car elle avait accompli sa part du marché.

- *Bzzt* Beeuheuheeu…
Oh la ferme Michel.

Spoiler:

Double salto, roulade, pas-chassés et pose victorieuse, Mina Harker venait de rejoindre les captifs dans ce qui restait de la salle de contrôle. Elle avait devancé les deux lycanthropes et prit immédiatement en main la situation, détachant de sa ceinture une paire de menottes d'acier qu'elle brandit avec autorité :

– Qui d'entre vous est le capitaine de ce navire ?
– C'est mo… *Bzzt* …moi… Dîtes leur d'arrêter s'il vous *Bzzt* plait…
– En ce cas, au nom de la société D.R.A.C. qui m'emploie, je vous arrête pour tentative de fuite spatiotemporelle dans un vaisseau non homologué par la commission aérienne. Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous par le tribunal.
– *Bzzt* Aïeuuuuh…
– Je note. Vingt-deux heures huit à ma montre le suspect a prononcé « Aïeuuuuh ». Tendez les bras pour que je procède à votre interpellation.

Michel les tendait déjà. Ce qui n'empêcha pas Mina d'aviser la foule avec une certaine fierté, en particulier les deux petites blondinettes, savourant ainsi la preuve sublime de son autorité naturelle. Les menottes tournoyèrent entre ses doigts, main gauche, main droite, un petit jeté et une réception superbe qu'elle ponctua du cliquetis de verrouillage sur les poignets de son suspect.

*Bzzzt*

– M… Madame Harker ? Interrogea Moon.

Un nuage de fumée s'échappa du chapeau melon de Mina qui se tourna, fringante. Les mains sur les hanches, elle observa la salle, puis tomba comme une pierre aux pieds des Lotte. On ne se bouscula pas pour s'enquérir de sa santé, car une question bien plus sérieuse vint agiter les présents, et ce, malgré le ton guilleret qu'employa Lupin pour la poser :

– Et sinon ? Quelqu'un pour nous éclairer de sa lumière et nous permettre de rentrer ? Excepté ce cher monsieur Michel bien sûr !

Étonnamment, l'interpelé ne trouva pas la petite pique à son goût, au contraire de bon nombre des présents et de ses collègues encore en état de rire. Ce fut finalement Edward qui intervint, après un coup d'œil inquiet à ses petites camarades blondes chez qui il sentait poindre une certaine impatience.

– Qui est le moins amoché ?
– Moi ! Moi, moi, moi ! Moiiiii ! Moi !! *Bzzzt*
– Je reformule. Lequel d'entre-vous peut faire fonctionner ce vaisseau sans souffrir de mégalomanie sévère ?
– Oh *Bzzt* Pas moi…
– Vazi là, c'est bon c'quoi ces questions d'plouc.
– Et nous avons un gagnant !
– Ouais vazi viens ! Viens ! Tu m'touches, t'es mort, mais direct !

Cette terrible menace arrêta Edward. Une seconde peut-être, sous la surprise. Ce n'était pas si courant que ça qu'un gringalet à face de calculatrice s'aventure à pareille « intimidation ». En gentleman, ce ne fut qu'après s'être excusé auprès d'Alice qu'Edward enserra le col de Kevin et l'arracha à l'édredon rose sous lequel il était coincé. À bout de bras, il n'avait aucune peine à le maintenir à quelques centimètres au-dessus du sol, incapable de retenir un sourire lorsque les petits bras de son prisonnier tentèrent de l'atteindre, puis de le faire lâcher prise. Mais finalement lassé de ce petit jeu, il le secoua un bon coup, s'assurant son attention et sa tranquillité tandis qu'il abandonnait :

– Il doit bien exister un moyen pour toi de faire fonctionner ce navire n'est-ce pas ?
– Bah ouais. On n'est pas teubé… Mais j'suis pas une balance !
– Ah vraiment ? Moon qu'en penses-tu ?

Derrière le masque de lapin, la jeune femme avisa son comparse. Une seconde suffit pour qu'un long et fin sourire se dessine sur ses lèvres. Tranquillement, elle porta les mains à la sacoche qu'elle portait en bandoulière et en retira Poppydoudou, l'ours en peluche découvert dans ce qui avait été leur cellule. D'un geste nonchalant, elle le tendit à Alice, abandonnant dans un soupir faussement impuissant :

– Nous sommes fichus. Je ne vois pas du tout ce qui pourrait le faire changer d'avis. Et vous mademoiselle Lindel ?
– Vous avez vu M. Lapinou, c'est un ours. Vous n'aimez pas les ours n'est-ce pas ? Moi non plus. Regardez ces petites oreilles ! C'est indécent !
– P… Poppy ! S'étrangla Kévin, soudain blême.
– Une chance que j'ai apporté mes ciseaux, n'est-ce pas M. Lapinou. Nous allons pouvoir remédier à son physique disgracieux.

Elle actionna la double lame dans le vide. Le frottement du métal arracha un frisson d'horreur à Kévin qui s'agita de plus belle et tenta de se défaire de l'étreinte d'Edward qui ne bougea pas d'un millimètre. Il eut ainsi tout le loisir d'observer le « docteur » Lindel enfiler son attirail de parfaite petite chirurgienne. Gants et masque parés, elle prépara avec soin la table d'opération de Poppydoudou pour une double élongation d'oreille sans anesthésie locale.

– Scalpel M. Lapinou.
– A… Arrêtez ! Brailla Kévin, au bord de la syncope. J'ferais c'que vous voulez, mais pas Poppydoudou !

Un même coup d'œil victorieux s'échangea entre le loup blanc et Miss Moon qui sauva d'un défigurement atroce l'ours en peluche. Elle le rendit à Kévin, fraichement libéré de l'étreinte d'Edward et assista, ainsi que tous les présents, à de touchantes retrouvailles.

***

Quelques dizaines de minutes plus tard, une passerelle était tendue entre l'imposant vaisseau et le deuxième étage de la tour Eiffel. Un à un, les habitants de ce Paris électrique quittèrent leur embarcation d'acier et leur double, pour lui préférer un sol de leur époque et de leur temps. Rien ne fut plus complexe que d'arracher le docteur Kellerstein à son homologue, si ce n'est peut-être faire emprunter ce passage vertigineux à Edward. Les mains se levèrent en masse pour un dernier au revoir et la porte du navire se referma sur le petit groupe de naufragés d'un autre monde.

En charge de ramener tout ce beau monde à bon port, Eduard interrogea Kévin dont l'étreinte s'était faite plus protectrice que jamais sur la peluche.

– Alors ? Cette solution de secours ?
– O… Ouais c'est là. Mon oncle m'a montré. 'Faut juste pousser l'bouton qu'est là.

Il joignit le geste à la parole, déclenchant un nuage de vapeur qui troubla, un instant seulement, la visibilité dans la salle. Lorsqu'elle se dissipa enfin, ce fut pour dévoiler aux présents le fantastique moteur de secours mis en place par les esprits brillants et prévoyants des scientifiques.

– C'pas vrai…
– Vois le bon côté des choses Kevin, glissa Eduard en le poussant vers le nouveau poste de pilotage. Ça te fera les cuisses.

Une grimace sans nom se peignit sur la face boutonneuse du concerné lorsqu'il enfourcha, sans aucune fierté, le mécanisme à pédales qui allait les ramener chez eux. Le premier coup de pédales se fit au son grinçant des engrenages grippés, les autres suivirent.

Et bientôt, à la force des mollets du petit Kévin, l'imposant vaisseau disparut du ciel parisien où s'élevait quelques exclamations, excitées ou paniquées, depuis les hauteurs de la tour Eiffel.

Merci à tous pour votre participation ! On espère que cette chasse aux objets vous a plu, ainsi que les autres manches de l'event !

On compte sur vous pour la suite !