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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle]

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Ashton Lyn
☽-I am the Captain of my Pain-☾
Ashton Lyn

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Localisation : Le Lost, un vieux bar défraîchi...

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MessageSujet: Re: A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle]   A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle] - Page 2 I_icon_minitimeMar 3 Nov - 22:52

Le latin, langue de mémoire, langue chérie, presque oubliée, enterrée semblait-il aux côtés d'une femme à l'ample habit noir, aux yeux clairs et à la peau pâle. Les mots ronds, les mots précis, la prononciation ciselée et le ton naturel, élégant comme venant d'un antique. Pour un instant ce ne fut plus Élise qui faisait face à Ashton, mais elle. Pour un instant, il se souvenait. Les longs doigts contre le papier épais, les lèvres fines sur les sons qu'elles laissaient échapper, douces contre les siennes, le regard trop expressif, la sensibilité à fleur de peau, peau parcourue de quelques tâches de rousseur, le sourire lumineux, la force délicate et l'ample habit noir, comme des ailes, offert au vent, au vide, à la Mort, à lui. Une ombre furtive passa sur sa face blême, pareille à un mirage, disparue la seconde suivante. Un sourire doux, presque mélancolique, s'épanouit sur la bouche percée. Le latin, c'était aussi tout ce qui lui restait d'Evelyn. Nec possum tecum vivere, nec sine te. Et s'il ne lui restait que quelques bribes de ce langage perdu, il en demeurait suffisamment pour répondre, d'une voix caressante :

« Pulchra es... »
(Tu es belle)

Les mots avaient un goût d'étranger, un goût poussiéreux de souvenirs trop longtemps laissés à pourrir. Il balaya rapidement toutes ces remarques futiles. Ce n'était pas le moment de se préoccuper de telles choses. Non, ce qu'il voulait, pour l'instant, ce qu'il désirait plus sincèrement que quoique ce fût, c'était d'identifier la merveilleuse créature qui animait sa journée – peut-être, avec un peu de chance, sa vie. Il l'appâta, s'approcha tout près d'elle, jusqu'à sentir son souffle chaud contre ses propres lèvres, l'odeur délicieuse de la chaire qui s'offrait au jour. Élise était envoûtante, et il voulait tout savoir d'elle.

« Je sais déjà ce que tu es, Ashton Lyn... »

Une pause. Un éclair de silence, puis...

« Tu es mon avenir... »

Sa première pensée fut que ce n'était peut-être pas si faux. Si ses impressions étaient bien réelles, si ce qu'il sentait emplir son espace était bien l'affection non feinte d'un lien au goût d'éternel, alors sans doute la jeune femme ne se fourvoyait-elle pas. Ashton n'était jamais sûr de rien : il laissait faire le temps et agissait simplement selon ses convictions. La déclaration de la demoiselle apporta toutefois un sourire plus léger à son visage, le regard soudainement pétillant d'amusement. Élise avait une manière si particulière d'envisager son entourage, les mots, les phrases, le monde... elle envoyait à lui une brise si rafraîchissante, si douce qu'il s'en sentait étonnamment plus jeune. Bien malgré lui cependant, sa question avait été passée à la trappe. Il afficha une mine faussement boudeuse, volontairement enfantine dans sa déception. Posant une large main au côté du visage poupin, il pencha le sien curieusement, envoyant voler quelques mèches de cheveux ébène.

« Ce n'était pas m- »

Un baiser soudain, furtif. Ashton venait d'être happé dans un monde tout autre, plein de couleurs, de chaleur, de musique et de dessins fantastiques. Des lèvres contre les siennes, chastes mais tellement puissantes qu'il eut pu s'y perdre. L'affection débordante du sentiment, la brusque impression qu'il venait là de trouver une merveille, plus encore sans doute : une âme sœur. Le regard brûlant dans l'océan, il se pressa contre elle, l'apporta tout contre lui tandis qu'il répondait de son cœur au dialogue silencieux de leurs corps. Le moment était figé, éternel tant qu'il leur appartenait, magnifique tant qu'il se reflétait dans leurs yeux, précieux tant qu'il serait dans leurs esprits. Dans leur cas, il serait sublimé dans l'Intemporel.

Lorsqu'elle se détacha de lui, la bulle rompit, et leurs univers rejoignirent la réalité qui leur correspondait si peu. Un sourire charmé aux lèvres, Ash décida qu'il était amplement trop tard pour s'offrir un quelconque faux-semblant auprès de quiconque, encore moins sa partenaire. Il plaça doucement une mèche rose derrière l'oreille offerte et, son regard ancré dans le sien :

« Que voulait donc dire ce baiser, mademoiselle ? »

La voix de velours, plus séductrice que défensive. On avait bien trop volé ses lèvres pour que le canidé s'offusquât de les voir confisquées par si jolie créature. Jolie créature qui, déjà, bien loin de s'appuyer dans la vérité, s'emportait dans un monde dont elle seule détenait les clefs. Emportée par son enthousiasme, elle y entraîna le jeune homme sans peine aucune, lui qui appréciait tant les agréables fioritures du bonheur sous son plus simple apparat. Élise était de ces personne qui le fascinaient inlassablement, elle plus encore que quiconque auparavant – quiconque hormis Evelyn – ce qui était en soi un exploit audacieux. La demoiselle ne paraissait toutefois pas avoir peur de son propre emportement, pourquoi l'eut-il dû ?

Ce fut d'abord une phrase, puis tel un frêle caillou qu'on eut lancé sur une large butte, elle en entraîna une cascade d'autres. Les mots s'enchaînaient, les sujets s'emmêlaient, les informations s'entrelaçaient et le sens lui-même eut été parfaitement abstrait à quiconque n'était pas entraîné à ce genre de situation. Ashton fut pour la première fois depuis longtemps contraint de se focaliser entièrement sur ce que son interlocuteur lui déclamait dans l'espoir de suivre le fil. Ce qu'il entendit lui plus fortement. Un sourire plus large encore que les précédents scinda son visage, l'illumina de milles couleurs oniriques.

« Tu ne travaillerais tout de même pas pour le Lost Paradise ?! C'est fou, j'y vais depuis des années ! Je connais très bien Edward ! Tu as bien raison, c'est un lieu charmant où on ne s'ennuie jamais. Je m'y sens chez moi aussi, d'une certaine manière ! Ça alors, je n'arrive pas à croire que je t'ai loupée tout ce temps, damn ! »

Il la fit tournoyer dans les airs, déposa de ravissement un baiser sur sa joue rosée et, se redressant aussitôt, poursuivit sa réponse. Quelque chose lui soufflait que ses discussions avec Élise demeureraient perpétuellement captivantes.

« Les artistes sont fantastiques, je te l'accorde. Mais quelle coïncidence, j'y crois tout juste ! Narcisse, Reilly... Je les connais ! Mais qu'y fais-tu, dans ce cas ? Pour que je ne t'aies jamais repérée tu ne dois pas apparaître sur scène, je me trompe ? »

Il passa une main dans sa chevelure brune, sembla songeur :

« Oui, j'aime l'art. Mon métier est de cataloguer les objets et les dossiers, d'ailleurs, mais comme tu as pu le constater j'aime tout ce qui sort des tripes de ceux qui Créent avec le C majuscule. Pour ce qui est du dessin, j'avoue avoir quelques... bases ? Je pourrais te dessiner un mouton si tu acceptes que son pelage soit un nuage et que son visage ait la forme d'un ovale. Je n'ai d'un artiste que l'amour de la discipline, je le crains. Toutefois, je ne vois aucune raison pour laquelle tu ne pourrais pas l'être, toi ! Y en a-t-il une qui eut échappé à ma vigilance ? »

Apparemment, Élise aimait les peluches à la manière d'un enfant. C'était fou comme cette femme pouvait être à la fois magnifique, magistrale, avec ce quelque chose d'inexplicablement divin, et aussi perdue et naïve qu'une gamine de tout juste six ans. Son amour pour Teddy l'ourson en peluche déclamé, elle se perdit dans des réflexions étonnamment philosophiques, comme pour prouver au canidé que sa thèse était vérifiable. L’Éternité. Le « toujours ». C'était un bien grand mot, et lui-même était sans doute trop jeune pour en comprendre la totalité. Sans savoir exactement pourquoi, Ashton crut en cet instant comprendre un aspect de sa compagne. C'est sans doute pour la prospérité de ce lien qu'il sentait s'établir entre eux qu'il haussa machinalement des épaules :

« Si l'éternité est une utopie, il semble qu'elle soit mienne à part entière. »

Un regard doux, pétillant tout du moins d'un bonheur délicat qu'on ne lui arracherait jamais, se fixa sur la demoiselle tandis qu'il s'expliquait :

« Je suis un Chien Noir, voyez-vous ? Apparemment, je ne suis pas fait pour rencontrer le Temps, seulement la Mort, mais elle ne sera naturellement jamais mienne. »

Il passa de nouveau ses longs doigts dans ses mèches brunes, cherchant dans le sujet quelque angle d'attaque. Il devait désormais connaître la nature de la jeune femme. Après tout, les révélations faites d'un côté, il devait exiger la réciprocité, chose peu aisée s'il avait bien compris Élise. Cette dernière était d'ailleurs déjà repartie dans un autre sujet. Il parut amuser :

« Avec plaisir ! »
, répondit-il.

Puis...

« Belleza ? Puisque vous savez ce qui me constitue, pourrais-je vous demander en cadeau ce qui vous anime ? J'aimerais connaître votre espèce, ma chère. »

Il savait déjà qu'elle inspirait les artistes, mais... Non, c'était impossible. Si impossible peut-être que la théorie pouvait être vérifiable. Lui-même était trop invraisemblable pour être réel, et pourtant...

Restait à attendre.
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MessageSujet: Re: A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle]   A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle] - Page 2 I_icon_minitimeVen 6 Nov - 1:04

« Pulchra es... »

Le sourire que firent naître ces mots sur le visage de la muse aurait rendu jaloux le ciel lui-même si celui-ci avait été doté d'une conscience. Ashton, l'ange rencontré aux détours du hasard, parlait latin. La saveur de l'une des deux langues maternelles d'Euterpe lui réchauffa le cœur en rencontrant ses oreilles. Cela faisait longtemps, trop longtemps, qu'elle n'avait pas entendu pareille mélodie venue du passé, un passé aimé, chéri, aujourd'hui disparu. À cet instant précis et sans qu'il ne puisse même le deviner, Ashton gagna un peu plus de droits sur l'univers de la muse et fit naître en elle la certitude qu'il était bel et bien son avenir. La fascination de cette dernière ne fit d'ailleurs que s'accroître, encore et encore, tant et si bien, d'ailleurs, qu'elle finit par dépasser jusqu'aux limites de l'humanité feinte de la créature, qui vola les lèvres de celui qu'elle ne connaissait que si peu. Pour son plus grand plaisir, Ashton ne la repoussa pas et alla jusqu'à répondre à la douceur de ce nouveau contact. Il y apporta une touche de sensualité renouvelée, et peut-être aussi, non, c'était certain, d'exotisme. Sa musique le hurlait pour lui, les notes n'étaient pas nées d'Europe et avaient vu un ailleurs qu'elle n'identifiait pas. Qu'à cela ne tienne. Elise se fit la promesse qu'un jour, elle saurait. Ce fut à peu près à cet instant précis qu'elle détacha leurs lèvres pour retrouver une réalité et une attitude plus humaines. Là-dessus, Ashton remit doucement l'une de ses mèches derrière son oreille.

« Que voulait donc dire ce baiser, mademoiselle ? »

Le sourire de la muse mourut au nom d'une incompréhension bouleversante. Elle fronça donc les sourcils, absolument perdue.

« Ce qu'il voulait dire ? »

Non, même en y réfléchissant bien, Elise ne trouvait pas, ne comprenait pas, ne saisissait pas. En fait, elle ne le pouvait tout simplement pas. Pour cela, il eut fallu qu'elle réfléchisse à la façon des hommes, accepte de s'y plier et de céder à un intellect différent du sien.

« Pourquoi aurait-il dû avoir un sens... ? J'en avais simplement envie, Ashton, ça ne signifie rien... ! »

Puis, après un temps.

« … J'aurais dû lui en donner un... ? »

L'hésitation, cependant, ne put gouverner longtemps le visage millénaire et dût bientôt céder sa place à un enthousiasme irrépressible. Alors Elise parla, parla, parla, encore et encore, sans trouver bon de s'arrêter, ni de vérifier qu'elle était suivie par son ami. De toute façon, elle le savait, Ashton la comprendrait.

« Tu ne travaillerais tout de même pas pour le Lost Paradise ?! C'est fou, j'y vais depuis des années ! Je connais très bien Edward ! Tu as bien raison, c'est un lieu charmant où on ne s'ennuie jamais. Je m'y sens chez moi aussi, d'une certaine manière ! Ça alors, je n'arrive pas à croire que je t'ai loupée tout ce temps, damn ! »

Ce qui suivit lui donna raison : il avait compris. Un immense sourire vint caresser l'orée de ses lèvres alors que ses yeux s'animaient de plaisir.

« Siiii ! Je travaille au Lost, mais pas depuis très longtemps ! C'est amusant que nous ne nous soyons jamais croisés ! Tu es un ami d'Edward ? Il te fait des câlins parfois ? Moi j'aimerais bien qu'il m'en fasse, mais je crois qu'il n'aime pas beaucoup ça. Ce n'est pas très grave, je ne lui en veux pas, mais c'est dommage, je trouve. Enfin, ça ne change rien à l'ambiance du cabaret, où je prends toujours beaucoup de plaisir à travailler. Tu voudras que je te montre ma chambre ? Et puis les coulisses ! Et même la scène ! En plus, si c'est un peu chez toi, c'est normal que tu connaisses ta maison, pas vrai ? D'ailleurs, tu vis où ? Tu m'emmèneras un jour ? Hein ? Diiiis ! Et puis comme ça, on rattrapera toutes les fois où nous nous sommes loupés, pas vrai ? »

Elise ne l'exprima pas à voix haute, mais contrairement à son ami, cela ne l'étonnait pas de ne pas avoir rencontré Ashton plus tôt. Quelques années, ça n'était jamais qu'un grain de sable dans le gigantesque mesureur de temps qu'elle chevauchait depuis tant de siècles. Elle n'eut d'ailleurs guère le temps de réfléchir plus longtemps à la question que son nouvel ami la faisait tournoyer dans les airs, ce qui eut pour effet de déclencher chez elle de grands éclats d'un rire ravi. Le baiser qui claqua sur sa joue ne fit qu'offrir encore davantage son âme à l'enthousiasme, et c'est avec un plaisir renouvelé qu'elle se blottit contre lui.

« Tu connais Narcisse et Reilly ? Mais c'est génial ! Bien bien bien ou juste un peu ? Narcisse t'a déjà emmené voler ? Et il t'aurait parlé d'une histoire de fleur ? Hein ? Dis ! Et Reilly, tu le connais beaucoup ? Il t'a déjà montré ses peluches ? Parfois, lui et moi prenons le thé avec toutes nos peluches, dans l'une de nos chambres ! C'est très rigolo, mais je crois que Capucine est un peu jalouse de Reilly... L'autre fois, elle a fait exprès de tomber de la chaise sur laquelle elle était assise pour que je la prenne sur mes genoux ! Tu te rends compte ?! Ce n'est pas très gentil de sa part, hein ? Mais du coup, pour la consoler, je lui ai fait deux très jolies tresses quand nous nous sommes retrouvées seules. Il faudra que je te la présente, tu verras comme elle est jolie ! Et puis un jour, Reilly a dit qu'il lui confectionnerait une robe ! Je pense que cela les réconciliera, du moins je l'espère ! Tu crois que ça fonctionnera, toi ? Hein ? Dis ! »

Et, sans vraiment laisser le temps à Ashton de lui répondre, la muse enchaîna.

« Ce que je fais, moi ? Je suis... Euh... Conseillère artistique, je crois que ça s'appelle ! En fait, je conseille les artistes, parce que je connais beaucoup l'art ! Je reste avec eux, durant leurs entraînements, ou quand ils tentent d'élaborer de nouveaux numéros ! Et puis je tente de prendre soin d'eux... Mais ça, c'est normal, pas vrai ? Je veux dire, même sans avoir ce métier, je le ferai quand même ! Parce que je trouve que les sourires sont tellement plus jolis que les larmes... Sauf quand elles sont de joie, parce que ça, c'est encore plus beau, pas vrai ? Toi, par exemple, je suis sûre que l'eau d'heureuses larmes mêlée au feu de ton regard ferait des miracles. Mais tes sourires sont déjà magnifiques, tu sais ? Enfin moi, je les aime beaucoup, ils me donnent envie de te serrer un peu plus fort contre mon cœur, et c'est peut-être ça la raison que tu cherchais, pour le baiser de tout à l'heure. À moins que ça ne soit ta musique... Oui, finalement, je pense que c'est ça, c'est ta musique, parce qu'elle est vraiment magnifique... C'est la première fois que j'en entends une comme ça, d'ailleurs... J'aurais le droit de t'embrasser à nouveau si j'en ai l'envie, un jour, ou toi tu n'es pas d'accord ? Et puis-... »

Là, Elise fut coupée par le geste qu'exécuta Ashton. Celui-ci passa une innocente main dans sa chevelure de ténèbres, sans se douter des conséquences de son acte. À peine eut-il ôté ses doigts de là que ceux d'Elise vinrent les remplacer, prodiguant de tendres caresses aux cheveux d'ébène.

« J'aime tes cheveux... Ils sont beaux, je trouve... »

Le contact s'intensifia, se fit plus doux, et peut-être aussi, plus sensuel. Chacun des gestes de la muse semblait marqué par ce curieux mélange sans qu'elle-même ne semble s'en soucier, comme si tout cela la dépassait. Ses yeux revinrent à leur premier amour, au champ de coquelicot qui habitait ceux d'Ashton, et s'y perdirent à nouveau à loisir. À mesure qu'Ashton poursuivait ses réponses, ils s'illuminèrent un peu plus, tant de curiosité que de joie. Elise semblait être la représentation même de la gaieté, et en sachant qui elle était vraiment, ce n'était pas étonnant. Euterpe portait en son nom lui-même ce bonheur qui l'auréolait toute entière, après tout...

« Ohhhh ! J'aurais le droit de venir voir, un jour ? Hein ? Dis ! Tu m'expliqueras comment tu fais ! En plus, je suis certaine que tu as énormément de culture, et que tu sais tout sur les objets que tu archives ! Alors comme ça, je te poserai toutes les questions que je veux, et toi tu me raconteras tout, tout bien ! Je veux bien que mon mouton ait la forme d'un nuage, comme ça, je suis sûre qu'il sera toujours léger, et que tous les problèmes tomberont avec la pluie, et puis par contre, il faut que le nuage soit blanc, parce que les nuages gris, ce sont des nuages tristes, et moi je veux que mon mouton, il soit heureux ! Il ne faudra pas oublier ses oreilles, Ashton, c'est important les oreilles, ça permet d'entendre, et il sera très triste s'il ne peut pas entendre le monde ! Tout le monde le serait, je crois. J'ai connu un très grand ami à moi qui l'était, mais qui a continué à vivre de sa passion malgré tout. Moi, je pense que je pleurerais tous les jours et toutes les nuits, si cela m'arrivait. Je suis admirative de son courage, et de tant d'autres choses... Mais ce n'est pas le sujet. Moi aussi, j'aime autant l'art que toi, et je suis heureuse que ce soit ton cas. Si tu veux, un jour, nous irons au théâtre, ensemble, ou même à l'Opéra Garnier ! Qu'en dis-tu ? »

Puis Ashton posa quelques questions qui arrachèrent un sourire peiné à la muse. Il s'agissait là des choses qu'elle ne pourrait jamais faire, elle qui vivait de musique plus encore que d'air frais, elle en qui pulsait l'art le plus pur qui soit et qui voyait le monde par lui, et pour lui. Et malgré tous ses désirs, cela ne dépasserait jamais ça. Elle resterait spectatrice, toujours sur la touche et jamais au clavier, attendant impatiemment un jour qui ne viendrait jamais.

« Oh, c'est simplement que je ne suis pas faite pour ça... Tu sais, les notes ne mentent pas, et pour moi, elles restent silencieuses. Lorsque l'on a du talent, elles parlent si fort qu'elles en deviennent assourdissantes, non, envoûtantes. Dans mon cas, elles ne daignent pas même murmurer quoique ce soit... »

Un soupir, une raison qui couronne, quelques mots à une peluche destinée à périr -comme le reste- et le retour à l'insouciance. Puis Ashton. Ashton et ses mots ensorcelants, ses mots gravés dans le flanc de l'espoir et embrasés par la joie même. Les yeux qui s'écarquillent, un océan qui se déverse sous l'impact d'un bonheur rendu fou et qui, soudain, se calme tout aussi vite qu'il s'était affolé. Un sourire qui brise le visage sous tant de force, montant plus haut, encore, que les oreilles. Et puis un souffle. Quelques paroles lâchées au vent de l'espérance...

« Ashton, tu-... »

La voix qui meurt dans le retour au silence, silence immédiatement brisé par l'ange aux ailes de cendre. Chien noir. Enfant de ténèbres au sourire de lumière. Regard ensanglanté pourtant emprunt du feu de la Passion. Chevalier d'éternité à l'épée marquée du sceau de l'éphémère... Larmes aux yeux, à nouveau, visage qui s'éclaire un peu plus à chaque instant, et sagesse millénaire sur des traits juvéniles.

« Tu connaîtras le Temps, Ashton, et mieux que personne. Viendra le jour où les siècles te sembleront des heures et où tu sauras si bien leur valeur que tu en profiteras mieux que ceux dont la fin naît avec leur premier souffle. Tu l'épouses déjà, le Temps, tu ne le vois pas encore. La différence tient simplement dans le fait que tu ne marches pas en lui, mais à ses côtés. Tu seras le témoin privilégié de l'évolution du monde, de ses pleurs, de ses peines, de son bonheur, de ses joies, de ses haines. Et toi même, tu connaîtras la mort, comme tu le dis si bien, et si tu la connais déjà, tu ne feras que renforcer vos liens, sans que jamais, jamais, elle ne t'étreigne... Tu es fils de Jouvence, Ashton, et en cela, tu es mon frère... »

Enfin. Enfin, le hasard mettait sur son chemin un homme fait de la même matière qu'elle. Enfin, elle rencontrait l'éternité en un visage autre que le sien, et comme pour sceller ce fait, sans savoir, encore, que les mots qu'elle avait prononcé se voulaient prophétiques, qu'entre eux naîtrait l'amour d'un frère à une sœur, Elise déposa un baiser, beaucoup plus doux, beaucoup plus chaste, beaucoup plus pur que le précédent sur les lèvres de son vis-à-vis. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, un instant plus tard, les traits millénaires étaient redevenus ceux d'une enfant. Elle sortit d'ailleurs bientôt son trésor, qui se révéla n'être rien d'autre qu'un jouet permettant de faire des bulles, dans lequel elle souffla. Très vite, des globes transparents, reflétant la lumière, et pour elle, la musique du monde, s'élevèrent en direction des cieux.

« Tu as vu comme c'est beau, Ashton ?! Et c'est encore mieux lorsqu'elles percent, tu vas voir ! »

Ashton ne put certainement pas comprendre, lui qui ne pouvait entendre les mélodies capturées qui se libéraient lors de l'explosion. Ce fut d'ailleurs lui qui rompit le silence qui n'en était pas un, avec une question qui poussa la jeune femme à replonger ses yeux dans les siens. Ce qui l'habitait... ?

« C'est l'art qui m'anime, Ashton, et je ne vis que pour lui, j-... »

Pouvait-elle vraiment lui dire, lui, l'inconnu d'un jour devenu soudain l'ami, le presque frère... ? La réponse se fraya d'elle-même un chemin jusqu'au cœur de la muse avant d'épouser ses lèvres. Bien sûr qu'elle le pouvait, c'était même une certitude.

« En vérité, je m'appelle Euterpe. »

Les mots tombèrent si naturellement que leur force balaya tous les sons alentours, comme si le monde, soudain, avait cru bon de s'arrêter face à un quelconque nom sacré.
Ashton Lyn
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Ashton Lyn

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MessageSujet: Re: A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle]   A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle] - Page 2 I_icon_minitimeLun 9 Nov - 0:14

Élise était une créature d'exception, d'impulsion, de création. Trois mots qui semblaient imprimés dans son âme même tant elle se complaisait dans leurs définitions. Unique, grisante, mystique, tout cela et bien plus encore. Elle l'avait embrassé par envie, par simple envie, une affection certaine et un brusque désir, nullement tirée en arrière par les règles d'un monde qui écrasait la liberté de ceux qui étaient Différents. Différents, ils l'étaient à deux. Leur point commun était celui de ne pas l'être. Ce doux paradoxe emplissait la poitrine d'Ashton d'une chaleur bienvenue, pétillante et agréable. Par leur originalité, ils étaient devenus semblables. C'était un sentiment presque rassurant, pour lui qui n'avait jamais vraiment eu d'ancrage, qui s'était toujours démarqué du reste du monde, où qu'il aille. Auprès de la jeune femme, il était juste lui, et cela lui plaisait d'autant plus qu'il se sentait capable de tout lui dire. Un murmure dans le vent, un souffle, quelque chose lui disait qu'il entretiendrait avec elle la plus folle des relations de sa vie.

« Tu es un ami d'Edward ? Il te fait des câlins parfois ? Moi j'aimerais bien qu'il m'en fasse, mais je crois qu'il n'aime pas beaucoup ça. Ce n'est pas très grave, je ne lui en veux pas, mais c'est dommage, je trouve. »


Élise parlait tant qu'Ash se trouvait à employer une technique saugrenue pour suivre le chemin alambiqué de ses mots. Il scindait sa conversation en plusieurs parties, les classait en quelque sorte par thème, ou par sujet, et en imaginait la réponse. Ses propres pensées s'éparpillaient, suivaient ou dérivaient de là où les emmenait la jeune femme, prenaient leurs propres raccourcis, empruntaient d'autres sentiers, exploraient les tréfonds des thèses qu'elle abordait. D'abord Edward, puis le Lost, sa visite, ses pièces, son propre appartement. Narcisse, quelques nuances que lui-même ne comprenait pas vraiment, Reilly. Les peluches, qui semblaient prendre une part considérable de la vie de cette créature hors du commun. Au milieu du flot tumultueux des phrases qui cascadaient de la bouche rosée, il perçut quelques informations. Elle était conseillère artistique, connaisseuse en cette discipline. Sa manière d'aborder la vie était incroyablement positive, chose qu'il appréciait beaucoup chez elle. Elle aimait percevoir les émotions qui habitaient ses interlocuteurs, lui tout particulièrement semblait-il, ce qui ne manqua pas de l'amuser. Et elle entendait... sa musique ? Le mot était un peu abstrait pour Ashton, et il peinait à en cerner les contours. Comment pouvait-on percevoir une mélodie s'échappant de quelqu'un ? À moins que ce ne fut une métaphore complexe pour parler d'autre chose ? Si tel était le cas, à son grand regret, le canidé ne comprenait pas.

Un simple geste de sa part suffit à décentrer la créature. La main qu'il passa dans sa chevelure ébène, aussitôt remplacée par celle, plus frêle, de la demoiselle. Celle-ci semblait étonnamment subjuguée par la texture ténébreuse de ses cheveux, sans qu'il ne comprît pourquoi. Qu'avaient-ils donc de spécial ? Curieux, confus, il pencha la tête sur le côté et la baissa pour la rendre plus accessible au toucher délicat de sa partenaire. La différence de stature entre les deux interlocuteurs était frappante. Lui, grand, massif, et elle, pareille à une rose, sensuelle dans sa petite taille, dans sa fragilité apparente. Ashton sourit :

« Vraiment ? Je préfère les tiens, belleza. Tu es une fleur, et ils sont tes pétales. »

Un sourire et, précipitamment, avant de laisser le temps à la jeune femme de poursuivre ses immuables monologues :

« Je connais bien Edward, mais je ne lui fais pas de câlin, ou seulement pour l'embêter. En effet, je ne suis pas certain qu'il aime ça. Je veux bien que tu me montres ta chambre, et tes peluches, même celles qui sont jalouses. Explorer le Lost est une aventure que j'ai déjà accomplie, mais je voudrais bien le refaire à tes côtés. Pour ce qui est de mon appartement, il se trouve dans une ruelle perdue, pas très loin d'un cimetière. Je te ferai la cuisine quand tu viendras ! »

Chaque réponse, mémorisée. Chaque sentiment, dévoilé. Ashton ne faisait pas de chichis, encore moins avec les personnes qu'il estimait.

« Je connais... plutôt bien ces garçons, reprit-il. Narcisse ne me fera pas voler je le crains, mais lui as-tu demandé ? Il ne m'a jamais parlé de fleurs non plus. Peut-être Capucine est-elle amoureuse de Reilly, y as-tu pensé ? »

Il se prêtait au jeu avec plaisir et engouement, conscient qu'essayer de le contrer ne ferait que le renforcer aux yeux de la demoiselle. Tant que l'objet de son divertissement était une peluche, Ashton n'avait rien à redire sur les pratiques de la jeune femme. Lui-même ne faisait après tout pas figure d'exemple dans le domaine de la distraction.

« Je suis d'ailleurs pleinement d'accord avec toi, les larmes de joies sont les plus belles de toutes. Cependant, je trouve toutes les émotions appréciables, même les plus tragiques. Accepter de ressentir, ouvertement, c'est être franc avec soi-même. Merci pour tes compliments, belleza. Je trouve que tu es bien plus jolie que moi, cela dit. Magnifique, envoûtante. Je t'aime. »

L'affection sous forme de trois mots qui n'avaient dans sa bouche pas le sens convenu. Pas avec Élise, du moins. Il n'avait besoin d'aucun filtre avec elle, d'aucune retenue, aucune frustration... Elle était géniale, une âme sœur amicale. Auprès d'elle, il se sentait pousser des ailes. Révélant quelques détails sur lui-même, sur son métier, il fut ravi de constater qu'il provoquait le même enthousiasme chez la créature. De nouveau, celle-ci partit dans ses pensées, dans la folle effervescence de son esprit, se perdit dans les détours de ses songes pour mieux revenir sur le sujet. Ashton sourit, d'un merveilleux sourire amusé, séduit et affectueux.

« Ce serait un plaisir, belleza. Je te dessinerai un mouton là-bas, alors. Avec un peu de chance j'y trouverai un pinceau magique qui le rendra un peu moins ridicule ! »

Un éclat de rire franc, musical.

« Je crois que peu importe le handicap, tout le monde peut être heureux. Le nuage gris n'a après tout de triste que la couleur... Enfin, de toute manière les moutons sont blancs, n'est-ce pas ! Pour ce qui est de l'Opéra, ce serait volontiers, ma chère ! Cela ne fait que peu de temps que je suis installé à Paris et je n'ai eu que peu d'occasions de m'y rendre. »

Ça, et le code vestimentaire à respecter le brimait un peu. Ne précisant rien de la finalité de ses pensées, le jeune homme prit plaisir à écouter les paroles qui découlaient de la bouche de sa compagne, encore et encore. Ce qu'il apprit ne manqua pas de le surprendre : comment pouvait-on être si merveilleuse et douter de soi ? Impossible. Inacceptable. Ashton ne tolérerait pas pareilles pensées. Posant un doigt sur les lèvres délicates de la demoiselle, il prit soin de coller leurs fronts pour la conter :

« Allons, allons, belleza, ce n'est point ainsi qu'il faut regarder la vie ! Personne n'est fait ou non pour quelque chose. Votre talent vous est aveugle pour la simple et bonne raison qu'il est votre. Se voir soi-même est toujours plus difficile que d'envisager les autres, ce n'est pas une raison pour abandonner ! Je suis certain que vous chantez magnifiquement bien ! »

Et puis il y avait encore cette histoire de musique, musique qui semblait habiter Élise comme une seconde âme, comme un second corps. Curiosité et frustration se mêlèrent en un détonnant cocktail tandis qu'il entretenait leur conversation, espérant en apprendre plus. C'était même plus que cela : il avait besoin de savoir d'elle ce qu'il livrait sur lui-même. Ce même désir, viscéral dans son intensité, le mena à une révélation qu'il abordait rarement : son éternité. Un mot tout simple devant un concept qui échappait pleinement au jeune canidé. L'idée, toutefois, ne semblait pas étrangère à son amie. L'expression qu'il employa fit naître une émotion nouvelle sur le visage poupin de la jeune femme, un sentiment si fort qu'il put rapidement distinguer l'ombre de larmes dans les iris bleutés. La surprise s'installa sur ses propres traits : qu'avait-il donc dit ? Était-ce si important ? Avait-il dit quelque chose de mauvais, de méprisable ?  Le sourire qui illumina les yeux de sa compagne ne tarda pas à le contredire. La confusion du canidé grandissait en harmonie avec l'émotion de la demoiselle, comme s'ils étaient unis déjà d'un inextricable lien, lien qu'il avait inconsciemment placé entre eux sans en comprendre rien. Ashton était un peu perdu.

« Tu connaîtras le Temps, Ashton, et mieux que personne. Viendra le jour où les siècles te sembleront des heures et où tu sauras si bien leur valeur que tu en profiteras mieux que ceux dont la fin naît avec leur premier souffle. Tu l'épouses déjà, le Temps, tu ne le vois pas encore. La différence tient simplement dans le fait que tu ne marches pas en lui, mais à ses côtés. Tu seras le témoin privilégié de l'évolution du monde, de ses pleurs, de ses peines, de son bonheur, de ses joies, de ses haines. Et toi même, tu connaîtras la mort, comme tu le dis si bien, et si tu la connais déjà, tu ne feras que renforcer vos liens, sans que jamais, jamais, elle ne t'étreigne... Tu es fils de Jouvence, Ashton, et en cela, tu es mon frère... »

Une sagesse millénaire teintait chacun des mots de cette nouvelle locution. Il y avait là une expérience que nul ne pouvait mesurer, un ressenti inimaginable, une connaissance immuable. Soudainement, il se sentit bien jeune, animé de la brusque timidité d'un cadet s'adressant à son aîné. Élise était donc immortelle, elle aussi. Cela semblait plausible, peut-être même normal, considérant ce qu'il savait sur elle. Ce qu'il percevait d'elle, cette aura millénaire et cette sensation divine, prenait tout son sens. Un sourire grandit sur le visage d'Ash. Il venait de se trouver une amie aussi éternelle que lui. C'était une sensation grisante, rassurante aussi. La peur de finir seul, encore et encore, hantait souvent l'esprit du garçon, trop jeune pour mesurer le Temps et trop vieux pour ne pas avoir à se confronter à lui. Sa compagne serait pour lui un précieux mentor, un guide inestimable.

« Je suppose que tu as raison, belleza. Je suis heureux d'être ton frère, si c'est sur ce point. »

Heureux, oui, c'était le mot. Il était ravi de voir en elle plus encore que tout ce que son imagination eût pu créer. Ravi, aussi, de savoir que quelqu'un serait désormais là pour le comprendre, et répondre aux questions qui agitaient tantôt son esprit fertile. Ashton pouvait distinguer en Élise plus qu'en bien d'autres personnes, plus même qu'en n'importe qui. Cela le rendait absolument euphorique, un état qui se refléta bien vite sur son visage illuminé d'un sourire radieux.

« Je compte sur toi, grande sœur... »
, accorda-t-il avec un clin d’œil.

Grande sœur. Le mot était agréable à prononcer, et il se prit bientôt à le rechercher dans toutes les langues qu'il connaissait. Big sis', Sorella mia, बड़ी बहन... Cette appellation, tournée vers elle, prenait tant de sens, tant de joie qu'il ne put s'empêcher de sourire encore davantage. Rencontre fortuite et bienheureuse que celle d’Élise. Élise qui, d'ailleurs, oubliait déjà son âge, préférant à la sagesse éternelle l'innocence enfantine des bulles de savons. Ashton s'en amusa, et se délecta des émotions par dizaines qu'il perçut auprès de sa compagne.

« Elles sont magnifiques, tes bulles, Élise. »

Parlait-il des bulles ou d'autre chose, lui-même n'en était pas certain. Ce qui était sûr, c'était qu'il se sentait en ce jour incroyablement chanceux. Chanceux, et peut-être comblé en partie. Son bonheur était déjà plein, sa nouvelle rencontre venait le remplir plus encore. Ash était ravi, tout bonnement ravi. Et lorsque vint le moment de lui demander sa véritable identité, le canidé se trouva trépignant d'impatience. Qu'était-elle donc ? Il n'avait jamais rien connu de tel, jamais personne avec une telle aura, une telle sensibilité, une telle particularité ! Pouvait-on seulement classer Élise ?

« En vérité, je m'appelle Euterpe. »

Euterpe. Euterpe. Ashton pensa le nom, le murmura même, s'imprégna de sa prononciation. Cette identité lui rappelait quelque chose, quelque chose d'évident sur lequel il ne mettait pas le doigt. Il savait qui elle était, pourtant, il en était certain !

Mettre le doigt sur elle fut, en réalité, plutôt littéral. Car il lui suffit de frôler de la main la boîte à musique qu'il venait d'acquérir pour réaliser.

Ses yeux s'écarquillèrent, sa bouche s'entrouvrit, et son visage se teinta de l'émotion même de la surprise. Impossible. Non, ce n'était pas... Et pourtant tout correspondait. Tout. Les pièces du puzzle se mettaient chacune en place, et tout, soudain, s'expliquait.

« Euterpe. Élise, je n'arrive pas à... Euterpe ! »

Un éclat de rire confus, euphorique, et il la prenait dans ses bras. Le geste était impulsif, comme tous les autres, empli d'une joie à nul pareil. Euterpe. La muse de la musique, en chaire et en os, sous ses yeux et entre ses bras. Elle était bien réelle. Non, elle était plus que cela. Elle transcendait les règles, passait outre les codes et brusquement, même cela prenait un sens.

Euterpe.

Le sourire d'Ashton était impossiblement large. Il déposa sa main contre ses lèvres, puis son front, puis sa joue, la couvrant de baisers comme pour lui transmettre l'affection nouvelle qu'il éprouvait pour elle. Folle journée qu'était la sienne ! Une muse !

« Je n'arrive pas à y croire ! Damn, tu es une muse. Une muse ! Et dire que je n'arrivais pas à deviner ce que tu es, bien sûr ! Hahaha, c'est fantastique. Élise, tu es fantastique ! »

Il la fit tournoyer tout contre lui dans les airs, la reposa légèrement au sol. Voilà donc pourquoi le marchand avait paru si consterné de la voir s'éloigner... L'inspiration même s'était détachée de lui lorsqu'Elise s'était éloignée. Avec lui. Il avait été choisi pour être le compagnon d'une créature divine et incroyable. Ce sentiment était terriblement flatteur. Empli de liesse, le regard sang pétillant d'émotions, il laissa son esprit vagabonder à sa guise.

« Aaah, il faut que nous fêtions notre rencontre, belleza ! Où souhaiterais-tu aller ? Un bar ? Non, non, sans doute pas, il doit y avoir mieux... Oh, je sais ! Ce soir, viendrais-tu à la butte Montmartre avec moi ? Je te préparerai un pique-nique, et nous mangerons au milieu des artistes de rue ! Qu'en penses-tu ? Je pourrai te montrer mon appartement, après ! »

Oh, quelque chose lui disait que sa vie ne sortirait pas indemne de cette journée...
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MessageSujet: Re: A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle]   A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle] - Page 2 I_icon_minitimeLun 23 Nov - 19:05

Grande sœur. Le mot lui arracha un sourire, gigantesque, absolu, véritable, teinté d'une joie telle qu'elle couronnait jusqu'au regard de la muse. L'océan bleuté était tout entier promis au bonheur, absolument conquis par l'homme qui se risquait à croiser son immensité. Les flots tumultueux s'extasièrent un peu plus dans l'écarlate vers lequel ils se dirigeaient.

« σὲ φιλῶ... »

Je t'aime. Prononcé en grec ancien, plus fort encore que tout ce qu'elle eut pu dire en français. Et sa joie rayonnait, et son bonheur, aussi, se magnifiait, à mesure que naissait sur ses traits le plus beau de tous ses sourires. Mais très vite, ce ne fut plus assez. Il lui en fallait plus, il fallait qu'elle prouve à l'homme qui se tenait si près d'elle à quel point ses révélations la rendaient heureuse. Alors, ses lèvres rencontrèrent les siennes dans un baiser si chaste et si pur qu'il eut fallu être soi-même imprégné par le vice pour y voir autre chose qu'un sentiment fraternel. Une seconde fut offerte au silence, puis une autre, et encore une autre, comme si le temps, rien qu'un instant, avait été suspendu par les mots d'Ashton. Et c'était peut être le cas. Peut-être que tout Paris s'était figé, peut-être même que la ville entière l'était encore, et peut-être qu'elle le resterait à tout jamais. Mais jamais n'est qu'un terme comme un autre, et lui aussi se brise d'un simple regard dans de trop nombreux cas. Les yeux d'Elise s'élevèrent au delà du champ de coquelicots qu'elle aimait déjà tant et rencontrèrent le ciel. Ce fut comme un déclic. La muse s'activa, sortit de sa poche le si précieux flacon qu'elle présenta à Ashton, puis fit naître des bulles de son souffle millénaire. Son visage était redevenu celui d'une enfant, et ses attitudes, toutes, se firent plus joueuses, plus naïves, aussi. Il semblait que la sagesse millénaire qui imprégnait pourtant tout son corps s'était dissoute, emportée dans les airs par ce même souffle qui, plus tôt, avait fait éclore tant de globes transparents.

« Elles sont magnifiques, tes bulles, Élise.
- Pas vrai ?! Regarde celle-ci, comme le soleil joue avec elle ! Oh, et celle-ci ! Elle a les couleurs d'un arc-en-ciel... ! Tu les vois, Ashton, tu les vois ?! »

Puis à nouveau, le silence, maquillé de surprise chez la jeune femme. L'une des bulles venait d'exploser, et la magie qui semblait lui avoir succédé comblait la muse. Plus pour elle que pour lui, elle murmura.

« Elle chante ton âme... »

Les yeux restèrent fixés sur l'emplacement précédent du globe éphémère, jusqu'à l'instant où Ashton lui demanda son nom. Après un instant d'hésitation, elle le lui offrit. Alors l'anxiété, distraite souveraine, vint couronner la jeune femme.
Euterpe avait connu bien des réactions à l'annonce de son identité, mais cet instant restait toujours emprunt d'une certaine forme d'appréhension pour la créature. Qui la croirait ? Qui l'aimerait en sachant qu'elle n'avait d'humain que l'apparence... ? Qui, qui serait assez fou pour croire à une réalité fantasmagorique ? Parmi ceux qui avaient eu du mal à la croire, il y avait eu Jean Baptiste Lully. Elle ne se rappelait que trop bien de l'instant où il avait compris, où il l'avait coincée dans ses appartements afin de la faire parler. Et parce qu'aucun souvenir ne quittait jamais la mémoire de la muse, elle put revivre la scène comme si celle-ci venait de survenir...

*

« Éléonore, c'est assez. Depuis tant de temps que nous nous connaissons, ton visage est resté à l'identique. Depuis toutes ces années, tu n'as pris ni ride ni aucune des marques du temps. Ce n'est pas normal, Éléonore. Aucun être humain ne peut conserver ses traits juvéniles pendant tant de cycles... »

Euterpe sursauta et sentit tout son corps se raidir contre le mur auquel elle était adossé. Il avait compris, finalement... ? Il avait compris qu'elle n'était pas celle qu'elle prétendait être... ? Qu'imaginait-il, à présent ? Allait-il l'offrir aux mains d'une église qui aurait tôt fait de la brûler... ? Sa gorge se serra et l'océan se perdit dans la contemplation du visage chéri. Il était son ami, et mieux valait qu'elle lui dise qui elle était que de le laisser progressivement la détester.

« Je-...
- Quand suis-je devenu fou, Éléonore ? Quand est-ce que mes yeux se sont mis à me jouer des tours ? Pourquoi ne l'ai-je pas vu ? Tu n'existes pas, Éléonore. C'est aussi simple que ça. »

La gorge de la muse se serra. Ainsi donc, son jeune ami se pensait fou ? Lui qui était le seul à la voir, lui qui la gardait dans ses appartements comme un trésor, lui qui composait pour elle à toute heure du jour et de la nuit et ce quoiqu'en disent ceux qui l'employaient, il s'imaginait avoir perdu l'esprit... ? La souffrance qu'elle lisait dans ses iris attestait tristement de cette réalité, une réalité qu'elle ne pouvait supporter. Sa main se glissa doucement contre la joue de Jean Baptiste, qu'elle sentit s'adoucir pendant quelques précieuses secondes.

« Non... Si tu n'es pas réelle, je ne dois plus te donner de crédit. Mais si tu disparais, comment puis-je être certain de continuer à créer... ? Oh, Éléonore, pourquoi ne peux-tu être réelle... ? Pourquoi ?
- Jean-Baptiste, je... te dois la vérité... »

Oui, elle la lui devait. Un soupir quitta ses lèvres, tandis que son pouce caressait la joue de celui qui n'avait pu se défaire de l'emprise de ce qu'il croyait être le visage de sa folie. Le regard torturé, au supplice, Lully reprit la parole.

« Vas-tu donc m'avouer que tu n'es qu'un songe, Éléonore ? Oh, je t'en supplie, par pitié n'en fais rien... ! Je crois que... je ne pourrais souffrir cette révélation. Pas si elle quitte l'orée de tes lèvres.
- Je suis réelle, Jean-Baptiste... Simplement... Je ne suis pas vraiment humaine. »

Un rire désabusé quitta les lèvres du jeune homme, qui secoua bientôt la tête.

« Voici que mon cerveau malade cherche à te faire véritable. Mais poursuis donc, Éléonore. Ces mensonges font du bien à mon âme.
- Ce ne sont pas des mensonges, Jean-Baptiste ! J-je... je m'appelle Euterpe. »

Un silence ébahi avait accueilli ses paroles, puis le même rire, plein d'un doute malsain, était revenu.

« Suis-je donc devenu si orgueilleux pour croire qu'une muse viendrait ainsi se pencher sur mon épaule... ? »

La phrase avait perdu Euterpe en même temps qu'elle l'avait blessée. Mais Lully avait fini par comprendre. Il avait compris, et avait fini par accepter l'inacceptable. Cette femme qui, toujours, gonflait son cœur de joie n'était pas humaine. Elle était création, elle était inspiration. Elle était Musique.


*

Depuis cette si lointaine époque, le temps avait passé, et sous ses doigts, il avait effacé la réalité de ces âmes aujourd'hui disparues. Ils avaient tous réagi différemment à son annonce, aussi n'avait-elle aucune certitude quant à la réaction qu'aurait Ashton Lyn, le chien noir, l'éternel, l'ange aux ailes d'obsidienne. Et sa réaction fut loin,  très loin de tout ce qu'elle avait imaginé. Car au tout début, ce dernier ne sembla pas saisir qui elle était. Il répéta son nom dans un murmure, chercha à mettre le doigt sur l'inimaginable, puis y parvint littéralement. Alors seulement, son regard s'illumina sous la surprise, et Elise comprit qu'il avait compris.

« Euterpe. Élise, je n'arrive pas à... Euterpe ! »

Les mots s'envolèrent comme autant de délivrance, portés par les éclats de rire de celui qui découvrait, comprenait une réalité aux allures de délire. Un sourire se grava sur les lèvres précédemment anxieuses de la créature, qui laissa à Ashton tout le temps qu'il lui fallut pour digérer pareille nouvelle. Lorsqu'il porta ses doigts à sa bouche pour y déposer un premier baiser, suivi de mille autres, Elise sut qu'il avait accepté.

« Je n'arrive pas à y croire ! Damn, tu es une muse. Une muse ! Et dire que je n'arrivais pas à deviner ce que tu es, bien sûr ! Hahaha, c'est fantastique. Élise, tu es fantastique ! »

Son propre rire s'élança à son tour à l'assaut du ciel, tandis qu'Ashton la faisait tournoyer dans les airs. La sensation lui plut, et la réaction de la muse fut celle d'une enfant.

« Encore ! Encore ! S'il te plaît Ashton, je veux encore tourneeer ! »

Mais le jeune homme ne la fit plus goûter à la sensation de voler. Au lieu de ça, il planta ses iris écarlates dans les siens, captivant à nouveau la créature millénaire. Ce regard était l'un des plus beaux qu'elle n'ait jamais vu, tant par son originalité que par le flot d'émotions qu'il semblait capable de transporter. Ashton ouvrit la bouche, enjoué, heureux, comblé, mais avant que le moindre mot ne puisse s'échapper à l'assaut du monde, la muse se blottissait contre lui en poussant un soupir d'aise et en fermant les yeux. Elle n'avait plus à cacher son désir de mélodie, et pouvait à loisir écouter celle de son nouvel ami. Les notes étaient irrégulières, d'horizons si différents qu'Elise s'y perdait. Elle sentait la chaleur d'îles enchanteresses, la douceur de plaines verdoyantes, les notes d'une pluie tour à tour si fine qu'elle n'était que caresse et soudainement si terrible qu'elle eut pu s'y noyer. Il y avait dans l'âme d'Ashton des partitions de sensualité, des soupçons de tendresse, des notes si originales, si inédites, si innombrables qu'elle ne pouvait faire autrement que de désirer toutes les entendre, toutes, sans exception, et se surprenait à en découvrir à chaque fois. C'était différent de toutes ces fois où elle s'était blottie tout contre le cœur d'un grand musicien. Les notes d'Ashton ne se renouvelaient pas vraiment, beaucoup étaient récurrentes, notamment quelques unes, étonnamment sombres et certainement effrayantes pour tout autre qu'elle. Non, c'était autre chose. La vie d'Ashton avait été si colorée, si pleine d'expériences, que tous ces éléments se regroupaient dans un joyeux méli-mélo sans aucun sens. Tantôt, un son de guitare s'envolait dans les airs, accompagné par les lamentations d'un violon. La fois suivante, c'était les notes, joyeuses et volatiles, d'un piano qui s'élevaient vers le ciel. Encore après, la guitare tombait dans l'oubli au profit de cymbales, de trompettes, et de tant d'autres choses qu'Elise s'y perdait. Si base il y avait, celle-ci était accompagnée de tant d'expériences désireuses de s'exprimer que le reste changeait continuellement. C'était magnifique, merveilleux, bien plus que son identité, que tout ce qu'elle pouvait représenter, elle qui n'était jamais qu'inspiration. Elle ne créait pas, n'avait pas de musique, n'était qu'un passage vers un univers qu'elle ne faisait que représenter, un vaste chemin qu'elle ne pourrait jamais emprunter, condamnée qu'elle était à voir le reste du monde suivre sa route intérieure.

« Aaah, il faut que nous fêtions notre rencontre, belleza ! Où souhaiterais-tu aller ? Un bar ? Non, non, sans doute pas, il doit y avoir mieux... Oh, je sais ! Ce soir, viendrais-tu à la butte Montmartre avec moi ? Je te préparerai un pique-nique, et nous mangerons au milieu des artistes de rue ! Qu'en penses-tu ? Je pourrai te montrer mon appartement, après ! »

La muse écouta attentivement les propos de son vis-à-vis, se désolidarisant de la musique qu'il diffusait si intensément tout autour de lui, presque à regret. Heureusement, la voix d'Ashton elle-même produisait chez la jeune femme un drôle d'effet, tant elle lui plaisait. Cela arrivait, parfois. Mais que cela survienne dans son cas à lui la ravissait. Qu'elle se concentre ou non, cela signifiait qu'elle prendrait toujours beaucoup de plaisir à l'écouter.

« J'ai déjà hâte, Ashton. Ce sera merveilleux, j'en suis certaine. »

Oh, elle n'avait aucun doute quant à la beauté du moment qu'ils partageraient. Elle le savait. Elle en avait la certitude. Cette soirée serait mémorable. Reprenant des traits plus enfantins, elle ajouta bientôt.

« Et puis tu as raison, il faut que nous fêtions tout cela ! Oh, si tu savais comme je suis contente de m'être fait un ami comme toi... ! »

Ami, dans sa bouche, ne signifiait nullement ce que le monde entendait par ce terme. Un ami, pour Elise, n'était rien d'autre qu'une personne appréciée, parfois tout juste rencontrée, dont la compagnie lui était plaisante, voire simplement rafraîchissante. Ashton entrait donc parfaitement dans cette catégorie, la représentait même un peu, tant il répondait à tous les critères requis pour y figurer. Quand bien même ils ne se seraient pas entendus, Elise aurait tout de même cherché à le revoir, simplement pour entendre à nouveau les notes de son âme. La question ne se posait cependant pas. Quelque chose lui disait qu'elle n'aurait jamais à craindre pareille scène. Ashton était spécial. Sans véritablement comprendre ce que cela signifiait réellement, Euterpe en avait pleine conscience.

« Il y aura des cracheurs de feu ? Et des acrobates ! Il y aura des acrobates ? Et des jongleurs ! Oh, crois-tu que l'un d'entre eux acceptera de m'apprendre son art ? Et des poètes ! Verrons-nous des poètes ? Ou des comédiens, ou même des dessinateurs, et pourquoi pas des danseurs ? Tu sais danser Ashton ? »

La question fusa, mais Elise en connaissait déjà la réponse. Bien sûr qu'il saurait. Son âme possédait un rythme tel, si entraînant qu'il était impossible que ce ne soit pas le cas.

« Certainement pas les danses mondaines, mais d'autres... Tu sais, on m'a appris la valse, pour me récompenser de savoir danser toutes les autres. Ce que je les déteste, les autres... ! Mais apparemment, je suis plutôt douée. »

Un éclat de rire. Amer.

« C'est ce que m'a dit Jean-Baptiste après que le roi soit venu lui parler de moi. Mais Frédéric me le disait souvent aussi, et bien d'autres, encore... C'est triste, parce que moi, je préférerais cent fois savoir jouer d'un instrument que de savoir danser ! »

Le retour du rire, plus doux, moins peiné, plus enthousiaste.

« Mais peu importe ! J'ai tellement hâte d'être à ce soir, Ashton... ! Je peux t'appeler Ash ? Ou autrement ! Mais pas Monsieur, on n'appelle pas un frère ainsi, et puis c'est laid. C'est comme le vouvoiement, je trouve que ça sépare les gens. »

Se collant de nouveau à lui, puis fermant les yeux, elle ajouta.

« Et moi, je ne veux pas être loin de toi, ou plus tard, mais pas maintenant. Et puis j'ai bien trop hâte de découvrir ton appartement pour te laisser repartir. C'est coloré, chez toi ? Est-ce que tu as des trésors ? Et dis, si tu ne sais pas qu'il existe des moutons noirs, et puis des noirs et blancs, et puis même des marrons, il faudra qu'on aille en voir, un jour. Tu es d'accord, hein ? Dis ! Ou alors... Tu ne veux pas en adopter un ? On l'appellera Sheepie, et ce sera une agnelle, comme ça son nom sera amusant ! Oh oui, et on la montrera à Edward ! Mais s'il veut la manger, il faudra l'en empêcher ! C'est un loup, après tout, on ne sait jamais ! Et puis comme ça, en plus, tu auras un modèle pour me dessiner des moutons... C'est une bonne idée, hein ? »

Le sourire d'une enfant sur des lèvres millénaires. Soudain, une illumination.

« Oooooh ! Et puis on l'emmènera à la Curia ! Comme ça, avec le pinceau magique, on lui donnera les couleurs de l'arc-en-ciel... »

Ashton ne le savait pas encore, mais à cet instant précis, il venait de faire entrer une véritable tornade dans sa vie. Cependant, il ne fallait pas qu'il oublie quelque chose d'essentiel : les tornades sont faites de vent. Un vent si puissant et si volatile qu'il était de ceux qui s'estompent après avoir bouleversé toutes les existences qui osent croiser son chemin.
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MessageSujet: Re: A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle]   A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle] - Page 2 I_icon_minitimeDim 29 Nov - 22:15

Fêter. Ashton sentait pulser en son sein l'incroyable envie de s'amuser, de sortir danser et chanter son amour pour le Monde, son amour pour la Vie, et de rire aux éclats entre les murs de la Ville des Lumières. Le cœur déjà empli de bonheur en débordait désormais, et il éprouvait un besoin presque vital de le dépenser. Cerise sur le gâteau : Élise était d'accord. Il n'avait pas à brimer son énergie phénoménale, n'avait pas à la ficeler ou à la glisser dans un étau social. Avec elle, il était pleinement Libre, et cela lui plaisait terriblement. L'enthousiasme de la muse – car c'était une muse, se répétait-t-il, comme n'y croyant pas – était tout à fait partagé par le canidé des Enfers.

« Il y aura tout un tas d'artistes, belleza. Ils changent selon les jours, les nuits, la météo... Ce soir nous verrons peut-être même des funambules, qui sait ? Nous ne le saurons guère tant que nous n'y aurons pas mis les pieds ! »

Un clin d’œil plus tard, il se trouva de nouveau à s'approcher de sa compagne, passant ses grandes mains au creux de son dos, si chétif comparé à l'ampleur de sa propre stature. Le regard de braise se perdit dans l'océan, et il offrit un sourire ravageur à la femme qui éclairait sa journée :

« Bien sûr que je sais danser... C'est là une discipline que l'on ne peut décemment ignorer. »

Et il allait rajouter un tas de détails, avouer qu'il ne pratiquait pas tout à fait ce que les mondanités attendaient de lui, qu'il préférait de loin aux quadrilles les déhanchés sensuels des tropiques, mais la jeune femme poursuivit à sa place. Une intervention si proche de ses propres pensées qu'Ashton ne put empêcher un franc éclat de rire de franchir ses lèvres percées.

« Nous partageons donc notre amour des danses de prudes, ma chère ! En même temps, je ne trouve pas ça très étonnant. Ce que c'est ennuyeux, les quadrilles ! Je ne savais même pas qu'il était possible de créer quelque chose d'aussi... damn boring. Et dis-moi, quel roi t'as le plus plu ? Tu en as connu plusieurs visiblement... Aurais-tu connu le roi soleil, Élise ? »

Il suivait les émotions de son interlocutrice en même temps que ses paroles, se faisait un plaisir de lire sur le visage poupin les traces d'une irritation certaine, laissant graduellement place à une excitation presque enfantine. Elle s'émerveillait de tout et, d'une certaine manière, c'était ce qui la rendait le plus intéressante. Tous deux formait un couple parfaitement équilibrés. Ensemble, ils étaient à la fois complètement accordés, semblables sur des points insoupçonnés, et profondément différents. Elle était douceur, il était bestialité. Elle était Musique, il était Mort. Ils étaient harmonieusement dissonants.

« Mais peu importe ! J'ai tellement hâte d'être à ce soir, Ashton... ! Je peux t'appeler Ash ? Ou autrement ! Mais pas Monsieur, on n'appelle pas un frère ainsi, et puis c'est laid. C'est comme le vouvoiement, je trouve que ça sépare les gens. »

De nouveau, il éclata de rire. Ses lèvres trouvèrent en un instant de front de la muse, qu'elles baisèrent dans un geste affectueux. Cette fille là était décidément dénuée de tout défaut... Ou peut-être en possédait-elle suffisamment pour les faire oublier. Peu importait, au fond. Il sentait que son histoire à ses côtés ne faisait que commencer. Et devant eux, il y avait l’Éternité. Un sourire resplendissant s'étendit sur sa bouche, comme par volonté de la dévorer de joie.

« Oh, appelle-moi comme il te plaît, je t'en prie ! Tout sauf monsieur... Mais ça, tu dois t'en douter. C'est comme les danses mondaines, entre nous... »

Il s'approcha d'elle jusqu'à ce que ses yeux soient au centre de la vision d’Élise et, soudainement traversé d'un fulgurant éclair d'envie, poursuivit d'une voix terriblement langoureuse :

« Ai-je l'air d'être des personnes dignes de la bienséance ? »

Pris d'une brève hilarité, il en profita pour saisir la main de la muse. Ses pas se dirigèrent soudain hors de la ruelle, d'un rythme joyeux que l'impatience guidait. Son regard redevint brun tandis qu'il s'adressait à sa compagne, se tournant à demi vers elle :

« Je vais te montrer comment je danse, moi. »

Et de nouveau, la foule, comme une vague. Tous ses sens, soudains assaillis, et un court instant d'arrêt dans ce monde plein de couleurs et d'âmes qui le prenaient aux tripes. Ashton papillonna des paupières quelques secondes avant de reprendre un rythme naturel à ses yeux. Il navigua au cœur de la mer de passants et, se repérant aux étoiles des devantures, tourna brusquement sur la droite.

La rue était étroite et longue, si longue qu'on voyait comme un fourmillements d'humains s'y agiter. Déjà, surpassant encore le murmure de la foule, on pouvait discerner le chant jovial d'un accordéon, accompagné d'une guitare dont les sons délicats s'élevaient dans les airs avec enthousiasme. Le canidé sourit davantage, adressant un regard pétillant à Élise. Petit à petit on entendit une vois se distinguer des autres.

« Almarita danse, chante, pour les gitanes... »

Et l'on voyait enfin le petit stand, trois musiciens perchés sur des chaises tellement élimées qu'on eut cru à une imminente chute, dissimulé par un maigre attroupement qui déposait parfois quelques pièces sur le tissus étendu devant le groupe. Ashton décéléra et se pencha sur Élise, se permettant de lui souffler à l'oreille :

« Je n'avais jamais connu d'autres musiques que celles-ci, Euterpe, avant d'arriver à Paris. Le chant que je connais, c'est celui de la rue, et pour la danse c'est pareil. »

Un sourire délicat, plus doux sans doute, animé des souvenirs d'un homme qui avait beaucoup connu et qui s'amusait de tout. Entraînant avec lui le corps de la demoiselle, il se posta légèrement sur le côté, en contrebas de la foule. Là, il laissa ses mains glisser sur le bassin de la muse et, la pressant tout contre lui, savourant la mélodie qui se diffusait dans les airs, roula doucement des hanches.

« Et que ton cœur vole au vent, ton âme en caravane... »

Un léger fredonnement s'échappant de ses lèvres closes, Ashton se prit à fermer les yeux, improvisant quelques pas statiques, se déhanchant en rythme avec la musique, pressé tout contre la muse. C'était la danse de la rue. Était-ce un art ? Il ne savait pas. Peut-être Élise lui dirait-elle ?

Ce fut dans un souffle qu'Ashton répondit à la toute dernière question de la muse, un souffle empli d'un plaisir simple qu'il collectait partout sur son chemin. Elle trouvait des pièces, il trouvait de la vie. Du bonheur. Alors ce fut tout innocemment qu'il répondit:

« Nous avons tout le temps devant nous, Élise, et nous n'avons pas à être séparés, jamais éternellement du moins. Chez moi, c'est ici. Des rues puantes et pleines de saletés qui respirent la vie à plein poumons, même la plus ignoble. J'ai plus ou moins grandit là-dedans. Alors chez-moi, c'est un peu partout. Un appartement, ce n'est pas chez moi. C'est plutôt une énorme boîte dans laquelle j'entasse mes trouvailles. Ne trouves-tu pas qu'on est mieux ici qu'à l'intérieur ? »

Pouet:
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MessageSujet: Re: A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle]   A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle] - Page 2 I_icon_minitimeMer 20 Jan - 1:17

Elle s'y voyait déjà. Cracheurs de feu, acrobates en tout genre, peintres au pinceau céleste, poètes récitant des vers à la lune ; c'était là son monde, son véritable univers, celui où elle se sentait à peu près elle-même. Un sourire plus grand que tous les précédents était né sur les lèvres de la muse à mesure qu'elle rêvait une soirée qu'elle attendait déjà avec impatience. Ses yeux se figèrent dans le regard brûlant, et l'enthousiasme déborda de l'océan pour mieux s'échouer au cœur du champ de coquelicots. C'était une certitude. Ce soir, Elise se sentirait pousser ces ailes factices qu'elle affectionnait tant. Ce soir, Elise oublierait qu'elle était condamnée à savourer un monde qu'elle ne ferait jamais que frôler. Et le clin d’œil de l'homme qui lui faisait face ne fit qu'accentuer son désir de goûter plus vite encore aux saveurs nocturnes.

« Des funambules... »

Son sourire prit des accents plus lointains tandis qu'elle laissait son esprit filer en direction du dragon qui ne savait plus voler autrement que sur son fil. Une vague de tendresse submergea le cœur de la jeune femme et impacta ses traits, tandis que dans son dos se liaient les mains de son compagnon du jour. En sentant ce contact, la muse s'offrit à nouveau à Ashton et l'océan rejoignit les berges qu'il avait abandonné au profit des cieux. Comme pour se faire pardonner de ces quelques secondes d'absence, les questions fusèrent, questions dont elle possédait déjà la réponse. Le rythme de l'âme d'Ashton était si épatant, si magistral, si précieux, si elle osait se le permettre, qu'il était absolument impossible qu'il ne sache pas se mouvoir. Cette délicieuse harmonie, formidable fouillis ordonné, était née de son talent pour la danse, elle en était intimement convaincue. La suite lui donna raison, et ce fut un gigantesque sourire qui reprit possession de ses lèvres après cette annonce. Sans lui laisser le temps de poursuivre, Elise lui offrit les pensées boudeuses d'un être qu'on avait contraint à subir l'ordre au cœur même de l'art. Cela déclencha un élan d'hilarité chez son vis-à-vis, si plaisant que celui-ci ancra durablement la joie sur ses traits, tandis que son regard se laissait aller à papillonner sous la surprise.

« Nous partageons donc notre amour des danses de prudes, ma chère ! En même temps, je ne trouve pas ça très étonnant. Ce que c'est ennuyeux, les quadrilles ! Je ne savais même pas qu'il était possible de créer quelque chose d'aussi... damn boring. Et dis-moi, quel roi t'as le plus plu ? Tu en as connu plusieurs visiblement... Aurais-tu connu le roi soleil, Élise ? » 

Les mots firent fuir au loin son étonnement et la rendirent à nouveau à ce bonheur qui ne la quittait jamais vraiment. Elle avait vu juste, et la danse que pratiquait Ashton n'avait rien à voir avec celles qu'on lui avait apprises. Sautillant pratiquement sous l'effet de sa profonde impatience, elle reprit la parole avec empressement.

« Je le savais ! Tu ne pouvais clairement pas aimer ce genre de danse, ça ne correspondait absolument pas avec ce que tes notes me murmurent... Ô Ashton, ton âme dégage un rythme si entraînant qu'il offusquerait les bien-pensants de cette époque ! »

Un éclat de rire quitta les lèvres de la muse à cette idée, puis elle reprit pratiquement aussitôt.

« Je suis certaine que tu danses... Attends. »

Les yeux se refermèrent et les lèvres s'entrouvrirent. Son visage marqua bientôt l'ampleur de sa concentration, puis un léger fredonnement se risqua à affronter le monde extérieur.

« Mh mh mh mh... mh mh mh mh mh mh. Mh mh mh... Mhhhh... »

Alors, l'océan s'offrit à nouveau aux flammes du regard d'Ashton.

« Je ne connais pas de danse qui puisse correspondre à la mélodie qui est la tienne... Ô, dis-moi, s'il te plaît ! C'est tellement frustrant de ne mettre aucun nom sur ce qui semble pourtant si bien te représenter ! »

La moue boudeuse remplaça le sourire, et pendant un temps, l'esprit de la muse sembla ne plus appartenir à rien d'autre qu'aux questionnements dévorants que son vis-à-vis faisait naître en elle. Puis soudain, un sursaut de conscience la rendit à la réalité et l'éclat bleuté du regard affronta de nouveau franchement celui des rubis de son ami.

« Oh, c'est vrai, tu me parlais des rois... J'en ai connu énormément, des rois, Ashton. Mon préféré... ? Je ne sais pas. À vrai dire, j'ai une certaine sympathie pour ceux ayant laissé s'épanouir l'art sous leur règne, mais de là à te citer un souverain fétiche... Par contre, j'ai bel et bien connu Louis XIV, et personnellement, en plus ! Oh, si je te raconte cette histoire, je suis certaine de te faire rire... »

Le sourire revint sur les lèvres rosées, disséminant de l'amusement sur l'ensemble de son visage. Son regard lui-même semblait être victime de cet élan naissant d'hilarité, lié à des souvenirs qu'elle s'apprêtait à partager avec son interlocuteur.

« Lui aussi avait ri, à l'époque. Pas comme Jean-Baptiste. »

Elle marqua un temps d'arrêt et un peu d'affection pointa dans les iris azurés.

« J'ai bien cru qu'il allait défaillir, tant il était devenu pâle... »

Cette fois-ci, un léger rire s'échappa de la gorge d'albâtre, tandis qu'elle poursuivait.

« Figure-toi que ça fait longtemps, que je pense le vouvoiement inutile. Si bien que lorsque j'ai rencontré le roi pour la première fois, je... l'ai tutoyé. »

Les éclats reprennent, portés par le flot des réminiscences.

« Jean-Baptiste s'est pratiquement étouffé ! Ô, Ashton, si seulement tu avais pu le voir ! »

Il fallut plusieurs longues minutes à la muse pour se reprendre, alors que la scène se rejouait dans sa mémoire. Ses doigts se firent plus doux contre le cou de son ami, là où elle les avait noués.

« Mais tu sais, je crois que ça lui a plu, au roi. Par la suite, il m'a invitée de très nombreuses fois à danser... »

La moue boudeuse eut le droit de refaire un tour sur ses traits, puis fut de nouveau condamnée à disparaître. Visiblement, se faire inviter à danser par un roi ne valait pas le plaisir des pas esquissés aux côtés de certains musiciens, fussent-ils bien plus pauvres et bien moins puissants que celui-ci. Seul comptait l'art, pour la muse.

« Même si je n'aimais guère les danses de l'époque, je dois tout de même avouer qu'il était très, très doué. Et puis... Il aimait beaucoup Jean-Baptiste et protégeait les artistes, alors forcément... »

Un temps fut accordé à la douceur des souvenirs, puis Elise comprit qu'elle devait les laisser repartir au fond de sa mémoire. Cette époque était révolue, et l'apprécier ne devait jamais durer plus d'un instant, au risque de voir filer le moment présent. Retrouvant un sourire moins doux et bien plus enjoué, elle s'offrit le luxe de reprendre la parole, afin de poser l'une de ces questions considérées comme osées par des gens qui ne connaissaient pas la véritable définition de ce mot. En guise de réponse, elle obtint tout d'abord un éclat de rire, suivit d'un baiser apposé sur son front. La surprise macula encore une fois ses traits et son sourire prit des accents rêveurs. Elle était heureuse de recevoir une telle attention et tout son être se tendit avec attention vers celui qui était responsable de la vague de bonheur qui la submergea alors. Cet homme, tout juste rencontré, déjà tant apprécié, était de ceux qu'on n'oublie jamais.

« Bon, et bien puisque j'ai le droit de choisir la façon dont je te nommerai, je laisserai mon humeur décider du nom que je t'octroierai ! Et je te rassure. Monsieur ne franchira plus jamais mes lèvres à ton égard... C'est promis. »

Ce dernier mot résonna encore de longues secondes alors qu'Ashton se rapprochait d'elle. Si Elise avait été l'une de ces femmes mondaines, sans doute aurait-elle été troublée, peut-être même gênée par la formidable proximité que son ami faisait naître entre eux. Mais Elise était Elise et ce fut le contraire qui se produisit en son cœur. Sentir Ashton si proche ne fit que la ravir et c'est avec plaisir qu'elle accepta de se perdre au milieu des coquelicots. La voix fut de trop. Elle accrocha définitivement la muse au beau regard et le monde tout autour d'eux sembla s'effacer au profit de cet homme-là, et uniquement lui. En guise de réponse, le canidé n'obtint tout d'abord qu'un lent mouvement de négation, puis...

« Oh non, Ashton, tu ne fais pas partie de ces gens, et je crois que c'est pour cela que je t'aime tant... »

La fascination devint mère du sourire de la jeune femme qui se laissa faire bien volontiers lorsque le canidé s'empara de ses doigts pour la guider hors de la bulle qu'elle lui avait accordée. Seule une pointe de regret à la disparition des si splendides rubis gâcha provisoirement cet instant. Cependant, celle-ci se retrouva immédiatement effacée par les mots qui quittèrent alors les lèvres d'Ashton. Le regard de la jeune femme se teinta de bonheur, tandis que l'impatience la fit accélérer, comme si en dépassant son guide cela pourrait lui permettre d'accéder plus rapidement au futur qu'elle désirait soudain si fort. Son rire se déploya bientôt dans les airs, fils d'un enthousiasme pratiquement légendaire. Autour d'eux, les mélodies semblèrent résonner plus fort encore.

« J'ai hâte, j'ai hâte, j'ai hâte... ! »

Lorsqu'il la guida dans une nouvelle ruelle, c'est à nouveau sans une once d'hésitation qu'elle le suivit. Puis les notes s'élevèrent jusqu'à elle et ses yeux s'agrandirent. La musique l'attirait, la tirait jusqu'à elle, et c'est d'un pas désormais céleste qu'elle acceptait de se rendre à ses côtés, persuadée qu'elle était que le bonheur lui-même l'attendait au bout du chemin. En guise de bonheur, Elise rencontra un accordéon et une guitare qui semblèrent tous deux très heureux de la voir. Dès son arrivée, les notes devinrent transcendantes, mues par une inspiration surnaturelle qui n'était due qu'à elle.

« Almarita danse, chante, pour les gitanes... »

La chanson était plaisante et, à vrai dire, chacun des accords réjouissait l'âme musicale de l'être millénaire. Pourtant, et bien qu'une part d'elle-même s'accrochât naturellement à l'entente de ces merveilleux sons, Elise offrit la plus grande partie de son attention non pas aux musiciens mais à son compagnon du jour, son Éternel, son frère.

« Je n'avais jamais connu d'autres musiques que celles-ci, Euterpe, avant d'arriver à Paris. Le chant que je connais, c'est celui de la rue, et pour la danse c'est pareil.
- J'ai connu la voix des rues, j'ai senti les notes remplies d'espoir de ceux qui dédiaient leurs mélodies à cet univers-là. J'ai goûté la saveur de leurs chants et parfois, j'ai pleuré devant la beauté et l'authenticité des morceaux qui naissaient des doigts oubliés. J'ai rencontré bien des musiciens des rues, qui auraient souvent mérité que la gloire tapisse leur destinée. L'un de mes plus grands amis était l'un d'entre eux. D'autres le furent aussi. J'ai suivi le chemin des troubadours et des ménestrels, j'ai écouté au coin du feu des chants aujourd'hui disparus ailleurs que dans mon esprit, j'ai goûté la saveur et la chaleur de ceux qui n'avaient rien d'autre que ce talent brut, et j'ai aimé ce que j'ai découvert. J'ai aussi connu les opéras des grands musiciens, les morceaux les plus célèbres et moi-même arpenté les allées glorifiées des vies d'autres hommes. Cependant, malgré tout cela, je ne crois pas connaître les danses qui sont les tiennes, ni même les avoir déjà vues. Montre moi, Ashton, je t'en supplie... !  »

Alors, comme si l'homme avait entendu ses prières, il s'exécuta. Et si elle avait cru qu'il se contenterait d'une démonstration seul, il l'entraîna avec lui et ses bras devinrent pour un temps la cristallisation de l'Art. Les mains glissèrent le long de son corps, se joignirent sur son bassin et l'attirèrent à lui. Bientôt, ce fut tout contre lui qu'elle se retrouva et le regard qu'elle lui lança scintillait de reconnaissance pour mieux chanter de joie. Les mots s'envolaient, les notes s'envolaient et bientôt, le monde s'envola à son tour. Il ne resta plus qu'eux, eux et la formidable musique qui s'élevait de plus en plus fort vers les cieux, happant tout l'univers de la muse au passage.

« Et que ton cœur vole au vent, ton âme en caravane... »

Instinctivement, peut-être, ses pas s'alignèrent sur ceux de celui qui s'était proposé de la guider. Le ravissement se fit bientôt couronne sur son front et son sourire s'élargît plus encore. La magie de cet instant effaçait tout le reste et le plaisir que la jeune femme prenait à communier à la fois avec Ashton et avec l'Art lui-même berçait son cœur de la plus tendre des manières. Le contact d'Ashton lui était doux, tout comme le reste du monde qu'ils avaient créé tout autour d'eux. Ashton avait-il seulement conscience de la beauté toute simple et pourtant si complexe des portes qu'il venait de lui ouvrir ? Ce soudain désir de danser qui s'était emparé de lui semblait avoir arrêté le temps tout autour de la muse, et celle-ci ne vivait plus que par les mouvements qu'ils esquissaient. Lorsque la voix d'Ashton s'éleva dans les airs à la poursuite d'une réalité qu'ils avaient fui, les yeux précédemment clos de la muse s'ouvrirent à nouveau.

« Le promets-tu, Ashton Lyn ? Promets-tu de me donner un soupçon de ton éternité à savourer à tes côtés ? »

Malgré cette dissonance dans son univers artistique, le charme ne parvint pas à se rompre, les mots d'Ashton ne faisant qu'ancrer davantage leur duo, si atypique, sur les chemins de l'Art. Car c'était de l'art, rendu à sa forme la plus pure. Celle où aucune règle ne subsiste et où seule compte l'absolue création. L'idée que la demeuse de son ami ne soit rien d'autre que ça arracha un sourire attendri à la formidable source d'inspiration que représentait la muse en cet instant.

« Des rues insalubres que tu me décris, je n'en vois pas les défauts. Ferme les yeux, laisse-toi porter et écoute. Écoute la voix de ce monde qui est le tien et savoures-en les accents, Ashton. Si j'aime l'Art sous toutes ces formes, celui que tu m'offres aujourd'hui et qui semble te remplir de tant de tendresse à son égard éveille en moi mes plus lointains souvenirs, lorsque l'Art naissait tout juste et qu'aucune règle ne prétendait guider ses pas. Si ta demeure est celle-ci, je comprends que tu ne puisses considérer un simple appartement autrement que la boîte dont tu me parles. Plutôt que de me montrer tes trésors, accepteras-tu de me parler de cet endroit où tu dis avoir grandi... ? Fais moi rêver, Ash. Montre-moi le monde par ton regard, et si tu le souhaites, ne cesse jamais de me le raconter. »

Après tout, l'un et l'autre avaient devant eux toute une éternité. En cet instant, Ashton venait, pour un temps, de faire de la tornade une brise si légère qu'elle en devenait envoûtante.
Ashton Lyn
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MessageSujet: Re: A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle]   A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle] - Page 2 I_icon_minitimeMer 27 Jan - 21:53

Élise était une colombe. Ode à l'Insouciance plus qu'à la Liberté, mais surtout à l'Art, elle papillonnait tout le long de son existence éternelle, un sourire aux lèvres et la joie dans le cœur. Un instant, Ashton se sentit presque inspiré par la simple présence divine. Un instant, il se crut capable des plus beaux sonnets, des plus belles chansons, des plus grandes envolées lyriques, pour un simple regard, une seconde de plus, un sourire. Il n'en ressentait toutefois ni l'envie ni le besoin. Aventurier avant tout, le jeune homme se sentait l'âme à découvrir plutôt qu'à désirer. Après tout, la muse était déjà toute à lui...

Aventurier avant tout, le jeune homme se sentait l'âme à découvrir plutôt qu'à désirer. Au fond, la muse était déjà toute à lui, et de même, lui s'offrait entier à la demoiselle. S'il était rocher, elle était diamant, mais peu importait en soi, car le Soleil, tout à sa brillance, ne pouvait luire sans la noirceur de la nuit. Et le canidé se faisait un plaisir d'être l'ombre de la lumière céleste.

Car Euterpe était fascinante, de plus en plus à chaque seconde, et son regard pétillait de sa joie d'avoir rencontré pareille merveille. Élise était tout bonnement passionnante. Par ses mimiques, ses émotions à fleur de peau, sa beauté marbrée, mais avant tout pour ce délicieux mélange de sagesse et de naïveté qui paraissait s'ancrer dans l'essence même de son âme, la jeune femme avait tout pour lui plaire. Et oh, comme c'était le cas...

Ils étaient comme le Jour et la Nuit, si différents qu'ils en devenaient inextricablement liés, si éloignés qu'il n'aspiraient qu'à se toucher, opposés et pourtant indissociables. Elle, la chaleur duveteuse, la clarté pétillante, au centre d'une attention émerveillée, au cœur de passions enflammées, et Lui, la froideur presque apaisante du Mal, le danger mêlé au charme, fils d'Outrage et honte à la Pudeur. Ils se complétaient mieux que quiconque, sans pour autant se ressembler. Une dissonance harmonieuse. Apprendre que sa musique, son âme même allait contre les bonnes mœurs ne faisait qu'ajouter du goût à cette expérience déjà délicieuse.

Puis Élise fredonna son hymne, et le démon se trouva à écouter, hypnotisé, la moindre fluctuation de la voix devenue instrument. Entendre cette mélodie, c'était un peu comme voir sa propre aura dans une dimension toute autre, inconnue jusqu'alors. Ashton y prenait déjà goût. Un sourire charmeur se dressa sur ses lèvres percées, et il souffla tout contre l'oreille divine :

« Il n'y a pas que ma musique, qui offusque les bonnes mœurs, belleza. »

Ce disant, il éclata d'un rire mélodieux, amusé par les regards outrés qu'il se remémorait sans cesse. Que les gens étaient drôles, lorsqu'on allait contre leur bien-pensance ! Fussent-ils français, anglais, américains ou indiens, africains ou espagnols, tous réagissaient de ce même choc indigné qui divertissait le canidé plus que de raison.

Puis elle demanda une démonstration, et son cœur s'emballa. Oh oui, une danse ! Cela faisait bien trop longtemps qu'il ne s'était pas exercé à cette liberté grisante, qu'il n'avait pas goûté à la torpeur joyeuse des petits bars parisiens. Il en avait envie, soudain. Élise serait son invitée du jour. Enfin ça, ce serait pour plus tard. Car les sujets, avec la muse, ne souffraient d'aucune forme de discipline. Pareils à des papillons, ils virevoltaient, s'en allaient et revenaient, se dévoilant tantôt dans une exclamation, tantôt dans un flot de paroles que même Ash peinait à suivre. Cette caractéristique si particulière ne faisait selon lui qu'ajouter au charme de l'être divin. Oh, comme il l'aimais, sa sœur d'éternité !

« Tu as donc connu le roi soleil, belleza ! C'est formidable ! »
, commenta-t-il.

Cette fille était une fleur d'Histoire. Avec elle, le garçon touchait du doigt un Passé qu'il se rêvait parfois, un Passé forgeron qui le passionnait. Là où le sien n'était que destruction, celui d'Euterpe était un long fleuve d'anecdotes royales, d'Art et d'insouciance. À ses côtés, Ashton se sentait enfant et, enfant, il se voulait curieux, fou de découverte. Les récits de la jeune femme étaient terriblement prenants. Celui qu'elle lui contait alors lui arracha un éclat de rire.

« Tu as tutoyé Louis XIV ?! Hahahaha ! Oh, je crois aussi que j'aurais aimé être là ! Et ce Jean-Baptiste, qui était-ce ? Était-il donc aussi coincé que tous les autres ? Je veux dire, ça a même plu au roi ! Hm... Peut-être que tu l'inspirais ? C'était un danseur, non ? »

Avec elle, Ashton pouvait se permettre l'extravagance dans sa forme la plus pure. Avec elle, Ashton pouvait arborer sa curiosité sans aucune forme de pudeur, posant question après question avec la certitude de ne la perdre ou de ne l'offenser à aucun moment. Avec elle, Ashton était libre, et de cette liberté naissait une folle ivresse qui lui faisait battre le cœur. Il sentait à ses côtés comme le parfum singulier d'un lien spécial qu'il savait déjà tissé. Elle était spéciale. Elle était sienne. Et personne ne pourrait jamais lui offrir pareil présent. Il était aux anges.

« Appelle-moi donc comme il te plaît, bella. Je n'ai pas de scrupules à ce qu'une si jolie créature me trouve un nom ! »

Et c'était vrai. Au point où il en était, la muse pouvait bien faire ce qu'elle désirait de son existence. Elle était plus innocente qu'il ne le serait jamais, de toute manière, alors qu'importait ? Elle aux doigts de fée, elle au regard d'océan, comment pouvait-il lui refuser la moindre chose ? Il l'adorait déjà. Alors il se montrerait sans concession, plein des défauts qui le caractérisaient, et plein du désir brûlant qui animait son âme. Il dévoilait sa monstruosité, ne se cachait pas des talents démoniaques qu'il possédait, de son impudeur scandaleuse. Peu importait son imperfection, il n'y changerait rien.

Et elle aimait ça. Que demander de mieux ?

« Hâte, belleza ? N'est-ce pas fort drôle pour un être d'éternité ? Savoure-la, cette impatience. Délecte-toi de cette vive douleur, la suite n'en sera que plus satisfaisante. »

Et il s'envola, se faufila entre stands et passants, courut, trépigna, déboucha enfin dans la ruelle ou se jouait cette musique des rues, cette musique de la crasse et des tripes qu'il affectionnait tant. Ashton voulait être le spectateur de la relation entre Euterpe et la mélodie de sa liberté. D'une envie, c'était devenu comme un besoin, presque viscéral, un instinct primitif d'abandon et d'accueil. Il voulait partager ce moment avec elle, et encore un milliard d'autres. C'était un honneur, un privilège, et avant tout un plaisir que d'être aux côtés de l'être millénaire.

Le garçon l'observa, l'écouta, loin de l'attroupement et pourtant si proche de la musique, comme en connexion avec elle au travers de son contact avec la divine créature. Chacun des mots d’Élise le fascinait un peu plus, le ravissait davantage. Il se sentait pousser des ailes. Lorsqu'il commença à danser, s'exécutant presque par réflexes aux désirs de sa belle, ce fut pour lui soufflet quelques mots à l'oreille.

« Je te montrerai tout, Élise, si tu me racontes tes aventures. Je veux savoir. Je veux entendre. Je veux connaître. Comment vivaient-ils tous, à leurs époques ? Je n'en ai aucune idée encore à ce jour et diable, belleza, comme je veux apprendre ! Me diras-tu ? »

La conversation se poursuivit, l'emportant un peu plus à mesure que leur danse s'amplifiait. Puis Ash offrit un instant au silence. L'on entendait la foule enthousiasmé, les quelques rires des enfants que leurs parents laissaient s'amuser à côté des musiciens, et cette douce musique qui animait leurs pas. Le canidé sentait le corps divin tout contre le sien, la beauté ésotérique d'une femme à nul autre pareil, se réjouissait du moment présent, remerciait la Vie de lui donner tant de souvenirs à chérir. Les yeux se fermèrent, et il huma l'odeur ambiante. Il joua du bout des doigts avec l'aura volatile, l'auréole de clarté qui entourait le corps frêle de la muse. Cet instant n'appartenait qu'à eux.

Puis il la fit virevolter, rencontra son regard. L'océan de douceur face aux flammes de l'Enfer. Ashton se sentit électrisé, profondément vivant. Un sourire brûlant naquit sur son visage tandis qu'il emportait avec lui la jeune femme dans une ruelle. Là, il la serra fort contre lui, plaqué tout dans l'ombre d'un mur. Les iris rouges plongèrent dans l'outremer.

« Je t'emmènerai jusqu'au bout du monde, belleza. Je te montrerai les paysages de tous les pays, je te ferai gravir les plus belles montagnes, je t'offrirai des vues si belles qu'elles te donneront l'impression de mourir pour renaître aussitôt. Mon éternité ne sera pas figée. Si nous nous croisons, toujours, je t'offrirai ce que j'ai à te donner, la seule chose qui toujours demeurera : moi. Et si cela te suffit, je me laisserai emporter. Je te conterai, tu me diras. Nous pouvons être ensemble, être séparés, peu importe. Nos âmes sont peut-être indissociables, au fond. Je ne te raconterai pas mes histoires de crasse, d'errance, de quête, je te les ferai vivre. Tu verras, nous verrons, et alors tu me diras ce que tu en penses. Nous avons le Temps, n'est-ce pas ? »

Un sourire malicieux s'érigea sur le monument de sa joie. Il se sentait avec la demoiselle une connexion folle, si particulière, si étonnante... Un lien inconnu jusqu'alors, et qui semblait emplir une part vide de son cœur. Ashton était ivre de cette sensation, ivre de plaisir. Il observa la muse, un pétillement dans le regard.

« Et si nous commencions maintenant l’Éternité, belleza ? »
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A la recherche de... quoi ? [ft Elise Barcarolle]

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