Les évènements se déroulent en 1890, à Paris. L’année précédente, la capitale a accueilli la grande exposition universelle dont la Tour Eiffel reste le principal vestige. Une année animée donc, qui connut également de grands troubles suite à une affaire de meurtres en série. Après une longue enquête, l’étau s’est resserré sur le meurtrier. Il a finalement été arrêté et démasqué par la police, avec le concours de l’établissement du Lost Paradise où il avait planifié de rencontrer sa prochaine victime. Le drame s’est petit à petit estompé dans les esprits parisiens, qui profitèrent des fêtes de fin d’année sans connaître d’autres tragédies.

Mais l’an 1890 s’annonce, lui aussi, plein de surprises.

Une exposition de peinture atypique sur le thème de la Seine est organisée par la pétillante Opale d’Arbanville, avec le concours d’Edward White. Présentant les œuvres de quatre artistes : Éveline Blanc, Sophia Gersin, Thomas Mouraut et Léonard de Potinger, le vernissage prend place sur une péniche appelée la Séquana. Les invités sont triés sur le volet, les cent premiers arrivés sont embarqués sans que l’on s’inquiète de leur statut social et l’embarcation démarre pour une sympathique croisière.

À vingt-deux heures les passagers se rassemblent pour découvrir le clou de cette exposition : une peinture magistrale réalisée à quatre mains. Le rideau masquant l’œuvre est retiré. À la surprise générale, l’œuvre ne montre qu’un champs immense dans lequel est allongé une jeune femme. Les esprits éclairés devinent qu’il s’agit d’une représentation symbolique du mythe de la Seine.

Et c’est là que les problèmes commencent. La lumière se coupe brusquement à bord. La foule s’inquiète, un éclairage de fortune est dégoté par les passagers. Le calme revient, mais il est aussitôt balayé par une stupeur générale. Le tableau a changé. Le paysage ensoleillé a laissé place à un ciel orageux et sur la toile, son unique personnage semble s’être déplacé.

Le bateau est alors envahi par un son énorme et assourdissant, proche des sirènes des bateaux les plus imposants, mais rien au dehors n’indique l’approche d’une embarcation. Le vent se lève violemment et la houle commence à secouer la Séquana. La panique monte à bord. Puis c’est au tour des moteurs de s’éteindre.
Ainsi balayée, l’embarcation dévie. L’équipage ne parvient pas à récupérer le contrôle, expliquant que la houle semble faire ce qu’elle veut du navire. Le naufrage est inévitable. La Séquana heurte le pont d’Iéna. Sa coque est abîmée et l’eau commence à s’engouffrer, la tirant vers le fond. Seuls quelques passagers remarquent alors que le tableau a, à nouveau changé. Plus de traces de la jeune fille, l’orage s’est dissipé et le champs est à présent traversé par un fleuve.

Tout aurait pu très mal tourner, mais grâce au docteur Dolores Keller et à Manfred, son pigeon messager, les secours sont prévenus. Le sauvetage des passagers de la Séquana s’organise et après plusieurs allers-retours, le bateau coule sans personne à bord. Il emporte avec lui le chef d’œuvre du vernissage.

---

Éléments importants :

• Cette scène présente le personnage de Jules Chevalier, un des protagonistes de cet acte. Jules est un antiquaire fraîchement installé à Paris. Il a l’air très informé sur les mythes et légendes, car c’est lui qui note la corrélation entre ce qui se passe dans le tableau et à bord de la péniche, avec le mythe de la Séquana.
  
• Durant cet acte, plusieurs personnes (joueurs et PNJs) vont être témoins de phénomènes inexplicables. Cependant, la situation inhabituelle dans laquelle ils se trouvent, l’obscurité et la peur qui les envahit surpasseront les incroyables transformations du tableau et autres manifestations bizarres.
  
• À la fin de la scène, Jules part à la recherche de l’épave de la Séquana. Il apprend qu’elle a été repêchée et laissée dans les entrepôts de Bercy. Il s’y rend en quête de l’imposante toile qu’il a vu se métamorphoser. L’œuvre a disparu, mais le rideau jaune qui la couvrait est retrouvé, pour lui c’est la preuve qu’il n’a pas rêvé. Il est persuadé que quelqu’un a fait disparaître la toile.
  
• La presse parlera de cette affaire, mais ne mentionnera pas à un seul instant le tableau perdu. L’histoire sera simplement racontée comme un incident maritime à l’heureux dénouement.
  

Adélaïde et Edmond De Montalent sont deux aristocrates réputés pour leur excentricité et leurs lubies étranges. Ils organisent une grande soirée dans leur appartement, ouverte au grès de leurs envies par des invitations distribuées plus ou moins au hasard à une bonne cinquantaine de personnes. Les convives sont introduits dans leur appartement, puis dans un fantastique cabinet de curiosités où se déroule la soirée. Edward White s’y rend avec Louna, une chimère qu’il emploie comme coiffeuse. Il y retrouve Jules Chevalier, venu avec un ami Armand Delcambre.

Passé vingt et une heure, les portes et fenêtres sont fermées, les rideaux tirés. Il faut attendre encore une heure avant que le couple fantasque ne dévoile leur petite surprise : deux marionnettes à leur effigie. L’effet sur la foule n’est pas vraiment celui escompté, alors une petite visite guidée du cabinet est organisée et c’est à partir de là que débutent d’étranges phénomènes.

Des crânes tirent la langue, une statue qui roule des yeux ou sourit, puis un mur de masques qui éclatent de rire. Des probables supercheries organisées par ce duo malicieux. Mais tout bascule quand éclate une dispute entre les De Montalent et le professeur Summerlee. Des formes sombres, au long bec d’oiseau blanc et aux orbites noires vides entrent dans la pièce et kidnappent le couple. La foule paniquée tente d’intervenir, mais de solides chaînes apparaissent à leurs pieds et les retiennent. Lorsque l’un d’entre eux parvient enfin à se libérer, il se jette sur la porte et découvre, avec horreur, un mur de briques. Les fenêtres aussi sont obstruées.

Le cauchemar se poursuit. Tous les animaux empaillés prennent brusquement vie. Les convives doivent faire face à toutes sortes de bêtes plus ou moins féroces et se défendent comme ils le peuvent. Le cabinet commence à ressembler à un champs de bataille. Cela s’aggrave encore lorsque, les animaux ayant retrouvé leur immobilisme, les lieux sont envahis par des nuées d’insectes. Ce sont ceux épinglés aux murs qui se libèrent et se multiplient de manière frénétique.

L’enfer est total quand, au milieu de tout ce désordre, se dresse un énorme Kraken. C’est Louna, la petite chimère, qui a perdu pied. Retranchée dans un coin de la pièce, elle attaque au hasard pour se débarrasser des insectes qui la terrifie, renverse les vitrines, brise tout ce qui passe à portée de ses bras gigantesques. Ses assauts désordonnés poussent les convives dans leurs retranchements, jusqu’à ce que l’un d’eux saisisse une arme qu’il pointe sur la créature. Armand la met en joue, Edward et Jules tentent de l’arrêter, mais d’autres convives les en empêche.

Le retour des hommes en noir détourne finalement son tir. Il fait feu sur l’un d’eux qui s’écroule.
À la stupeur générale, il s’avère être Edmond De Montalent. Il n’est que blessé. Les autres créatures noires se révèlent être Adélaïde et plusieurs de leurs serviteurs. Les portes et fenêtres sont grandes ouvertes, tout le monde découvre qu’elles n’ont jamais été obstruées.

Adélaïde et Edmond avouent avoir voulu faire une expérience en plaçant de la drogue hallucinogène dans l’encens qui brûlait au sein de la pièce. Toutes les visions, ou presque, étaient le fruit d’une hallucination collective.

Le Kraken a disparu, Edward a discrètement récupéré Louna sous la forme d’une petite souris. La police intervient dans la foulée, appelée par les voisins. Ils renoncent à arrêter Armand et Edmond De Montalent est conduit à l’hôpital pour des soins.

---

Éléments importants :

• Lors de cette seconde scène est présenté le personnage d’Armand Delcambre. Son passé est pour l’instant flou, mais il semble être un proche de Jules puisque c’est ce dernier qui l’a convié à participer à cette soirée. Contrairement à Jules, il n’a pas hésité longtemps à faire feu sur ce qu’il pensait être des créatures étranges.
  
• Cette fois-ci, plusieurs personnes vont se retrouver directement confrontées à des Légendaires. Louna, affolée, en a blessé certains, mais d’autres révèleront certaines de leurs particularités en présence d’humains. La drogue et les hallucinations couvriront ces manifestations involontaires et le Kraken sera catalogué comme l’une de ces visions.
  
• Toutefois, à la fin de la scène, Jules et Armand semblent se douter de quelque chose. Jules a remarqué la disparition brutale du Kraken, mais aussi celle plus discrète de Louna. Il y voit une corrélation, sans possibilité de la prouver.
  
• Les De Montalent mettent tout en œuvre pour étouffer l’affaire, qui ne sort pas dans les journaux. Les rumeurs suffissent à leur coller une mauvaise réputation et à les isoler au sein de l’aristocratie parisienne. 
  

Après deux jours d’une publicité acharnée dans toute la capitale, le Cirque du Strano a planté son chapiteau à proximité du bois de Vincennes. Il est 16 h lorsqu’une foule de parisiens curieux envahit son parvis à la recherche des sensations fortes annoncées : une foire aux monstres. Le clou du spectacle ? Une véritable femme-serpent. On retrouve dans ces badauds Jules Chevalier, venu assister au spectacle en compagnie de son ami Armand Delcambre.
Cela fait trois ans que la Curia enquête sur Paolo Strano, le directeur du cirque. Il est suspecté de trafic de Légendaires, mais jusqu’à présent, le manque de preuves n’a pas permis de le coincer. Aussi, afin de ne pas laisser filer sa chance, l’Organisation s’invite à la fête. Une petite équipe est répartie sur place. Olek Dobri est à sa tête. Il s’installe sous la tente en compagnie d’Edward White, juge à la Curia, avec d’autres membres de son bataillon. Le reste se disperse sur le pourtour du cirque, à l’affut du moindre indice.

Peu avant le début du numéro, d’étranges prospectus sont distribués à la foule par de parfaits inconnus. Dans ce flot de couleurs et d’artistes, personne n’y fait vraiment attention, d’autant que le message inscrit est farfelu. Un cercle rouge, barré sous lequel se dessine une silhouette, mi-femme, mi-serpent surmonte le texte : « Non aux aberrations »

La représentation commence. Les numéros s’enchainent sous les applaudissements et vient enfin la démonstration tant attendue. Dans un énorme vivarium est apporté une Lamia, une véritable femme-serpent. Faible et effrayée, sa présence étonne, dérange, mais ne laisse pas indifférent. Sur le parvis quelques personnes aperçoivent une étrange silhouette dans les airs. La Curia poursuit ses investigations en scrutant avec attention roulottes et tentes des employés. Elle ignore tout du drame qui va se jouer.

Car dans le chapiteau, tout bascule. Monsieur Loyal parle avec entrain de sa prisonnière, jurant que tout est fait pour son bien, mais il est constamment gêné par deux clowns, un Auguste et un Pierrot, entrés un peu plus tôt en scène. Le premier est immense, mais le second reste le plus envahissant. Ils taquinent le présentateur, encore et encore, puis le bâillonnent brusquement. Stupeur dans les gradins, des doutes commencent à s’élever. Le malaise monte lorsque le maître de cérémonie, terrifié, est ligoté. Le public s’agite, mais personne ne peut bouger. Le Pierrot a parlé d’une voix de femme. Il annonce s’appeler Siren et demande à tout le monde de rester sagement à sa place. L’obéissance est absolue, quoi qu’involontaire. Les clowns quittent alors leurs costumes. L’Auguste se révèle être également une femme et se fait appeler Gigante. Elle hisse et fixe M. Loyal dans les airs, avant de faire exploser, à l’aide d’une barre de fer, le vivarium. La Lamia est libre.

À l’extérieur, on ne sait rien du coup de théâtre qui vient d’avoir lieu. Toutefois d’étranges évènements se produisent. Des objets semblent avoir disparu, dont les clefs des roulottes. Le chien de l’un des employés se lance sur une piste, mais il est brusquement interrompu lorsque son maître s’écroule, inconscient, au milieu des visiteurs. Il s’avère que le malheureux a été drogué grâce une petite aiguille retrouvée dans son cou. Il ne faut pas longtemps avant de comprendre que d’autres employés, artistes et même certains passants, ont écopé du même sort. Les ennuis ne s’arrêtent pas là, car un coup de feu retentit.

Il vient de sous le chapiteau. Un homme a surpris tout le monde en tirant sur la Lamia. Le sang est versé. Folle de rage, Siren ordonne au tireur fou de se donner la mort. Sous les yeux d’un public médusé, l’homme retourne l’arme contre lui et fait feu. La balle est déviée au dernier moment par un employé de la Curia, un Sylphe qui empoigne rapidement l’individu. Libérés des paroles de Siren, les spectateurs se lèvent et se bousculent vers la sortie. La Curia doit agir vite et boucler les lieux pour éviter que la nouvelle se répande. La décision est prise de passer à la Brume tous les humains présents, afin qu’ils ne conservent qu’un souvenir « logique » des évènements. Siren et Gigante profitent de l’agitation pour fuir en emportant la Lamia blessée. Edward les suit et quitte aussi le chapiteau.

Il réussit à les rattraper et leur propose de l’aide pour soigner la Lamia. Il découvre alors les complices de Siren et Gigante. Draken, une petite fille d’origine asiatique, Eques, un homme aux allures de dandy et Lune, un tout jeune garçon aux traits masqués par une large capuche. Presque convaincus de lui faire confiance, le groupe est pourtant condamné à une fuite express lors de l’arrivée de Carter, un des membres de la Curia diligenté sur place. Siren et Eques se chargent d’assurer leurs arrières et le désarment avant de disparaître.

Le parvis du cirque a fini par être complètement bouclé par la Curia et il se vide petit à petit. Les humains repartent l’esprit confus, plus tout à fait certains de ce qu’ils ont vu. À cause de la Brume, leur vision de la scène va changer et tout ce qui leur apparaissait comme anormal ou magique deviendra plus brouillon et plus incertain. Les humains passés au travers des mailles du filet écoperont du même sort grâce à un coup de pouce de Lotte Hochvogel, la puissante bibliothécaire toute de la Curia, exceptionnellement présente lors de l’évènement.

Jules et Armand auraient dû être de ceux là. Ils ont filé en douce du chapiteau et pour ensuite disparaître dans Paris, bien décidés à ne rien oublier de cette soirée. Mais les oiseaux de Lotte ne les ont jamais atteint. Leurs chants a été effacé par la mystérieuse Oracle, chez qui a été transportée la Lamia.

---

Éléments importants :

• Lors de cette troisième scène est présenté une groupe visiblement hostile aux Humains et à la Curia. Dirigé par Oracle, il compte trois autres femmes : Siren, Gigante, Draken et deux hommes : Eques et Lune.
  
• Ce chapitre marque le premier affrontement volontaire et frontal entre Légendaires et Humains. Il met en lumière les disparités d’opinions au sein même des Légendaires, ainsi que chez les Humains, certains plus radicaux que d’autres sur leur façon d’appréhender les évènements.
  
• Les personnages de Jules et Armand évoluent et chacun semble se retrancher un peu plus derrière sa position : pro-Légendaire pour Jules, anti-Légendaire pour Armand.
  
• C’est aussi la première fois que sont distribués des tracts militants contre les Légendaires, ou en tout cas contre les « abominations ».
  
• Le grand nombre de personnes touchées a l’air d’avoir été endigué par l’intervention de la Curia et grâce à l’aide de Lotte, mais même embrouillée, le choc de la scène reste violent pour tous ceux qui y ont assisté.
  
• La Curia a profité d’être présente sur les lieux avant la police parisienne pour fausser les pistes. Les forces de l’ordre seront tenues à l'écart jusqu'au dernier moment, après quoi un rapport d'enquête truffé d'erreurs et de fausses pistes leur sera remis.
  
• L’affaire est sortie dans la presse qui a surtout retenue les coups de feu et l’enlèvement de la fausse femme-serpent.
  
• Le groupe de Légendaires réfractaires a, apparemment, reconnu Edward, mais ce dernier n’a pas su de quoi ils parlaient.
  

Edmond et Adélaïde De Montalant ont préparé une grande fête sur la Place Saint-Michel, transformée pour l'occasion en une superbe ville aztèque. Buffet et musique sont à la disposition d'invités de toutes les classes sociales. Le couple n’a révélé son identité qu'au début de la soirée, de crainte que la mauvaise réputation qui leur colle à la peau depuis l’incident dans leur cabinet de curiosité sabote tous leurs efforts pour se faire pardonner.
L’évènement est costumé et seuls les convives portant le vêtement coloré du dieu Quetzalcoalt (le serpent arc-en-ciel ailé) peuvent entrer. Le déguisement comprend un masque et une capuche qui rend chaque personne complètement anonyme aux yeux des autres. Les De Montalant sont les seuls à être reconnaissables. La fête débute à 20 h, dans la bonne humeur, après un interminable discours d’Edmond.

Tout se corse un peu plus tard lorsqu’Adélaïde découvre par terre un étrange tract, puis un second, et un troisième. Elle comprend avec effroi qu’ils ont été distribués et éparpillés partout sur la place. Persuadée qu’on essaie de gâcher leur fête et de se venger d’eux, elle retrouve aussitôt son époux et lui remet les trois différents feuillets.
Le premier : fond blanc, imprimé en rouge d'une bête difforme et cornue écrasant un vieillard sous lequel explosent des lettres capitales. « Nous sommes en danger. »
Le second : mêmes couleurs, gravure d'un dandy dont l'ombre énorme, infernale, est transpercée d'une phrase. « Les monstres sont parmi nous. »
Le dernier : idem, un masque d'homme beau et élégant, brisé sur la moitié qui dévoile une figure hideuse, folle, presque animale. Elle surplombe un texte agressif. « Les démasquer ensemble. »

Ni une, ni deux, le couple part à la recherche de ceux qui tentent de les discréditer. Ils se mettent à interroger séparément et « discrètement » les convives afin de confondre les coupables. Leur enquête terminée, les De Montalant se réunissent pour évoquer leur conclusion et élaborer leur contre-attaque. Malheureusement une altercation explose dans la foule et les coupe dans leur élan.

Un convive vient d’en saisir un autre, qui a en sa possession les fameux tracts. Des comptes lui sont demandés. Le prisonnier, ou plutôt la prisonnière, se débat, elle gifle son agresseur et le démasque. C’est Jules Chevalier. Il fait face et insiste pour savoir ce que sont ces papiers. Un homme intervient et prend la défense de la captive. Le ton monte entre les deux hommes qui sont prêts à en venir aux mains, mais un instant de doute arrête Jules. L’autre révèle son identité, il s’agit d’Armand Delcambre. L’échange est vif. Afin de justifier leurs tracts, Armand éveille le doute chez les autres invités. Après tout, n’ont-ils jamais rien remarqué d’étrange ou d’inexplicable chez un voisin, un ami, un proche ?

Les De Montalant interviennent enfin et mettent fin à la querelle. Afin d’éviter qu’Armand ne remette sur la table la soirée dans leur cabinet de curiosité, ils se montrent magnanimes et pardonnent. Toutefois le mal est fait et si certains décident de quitter la fête, ceux qui restent ne peuvent s’empêcher de partager ce qu’ils ont vécu.

Toutes sortes d’anecdotes sont déballées, véridiques ou non, deux camps se détachent : ceux enchantés ou émerveillés par le merveilleux et ceux que cela horrifie. L’atmosphère devient lourde, alimentée des échanges les plus vifs. L’incident du Strano est de nouveau évoqué, Armand saisit l’occasion et assure que la presse et la police ont été manipulées. Une jeune femme se mêle à la discussion et l’un des participants se met soudainement à danser de manière incontrôlable. Armand comprend que c’est Siren qui est intervenue, elle lui échappe avant qu’il essaie quoi que ce soit.

L’ambiance se détériore et fait fuir les convives. C’est la panique chez les De Montalant. En dernier recours, ils décident de dévoiler la surprise réservée aux invités. Tout le monde est invité à se rassembler et le couple débute son « rituel ancestral ». Un nuage de vapeur plus tard et le grand Quetzalcoatl s’élève au-dessus de la place sous la forme d’un énorme et majestueux ballon d’air chaud. L’émerveillant est total, puis c’est la catastrophe.

Le Quetzalcoatl s’anime brusquement d’une volonté propre. Il fait céder les tendeurs qui le maintenaient en place et s’élance parmi les convives terrorisés. Tout vole sur son passage, il s’interpose dès qu’on essaie de quitter les lieux. Les hurlements de peur se joignent à ceux d’Armand qui demande des comptes au De Montalant. Ces derniers sont perdus et ne comprennent pas ce qui se passe. Les suspicions s’élèvent dans la foule.

On accuse d’abord le malheureux danseur envouté par Siren. Ses gestes étranges donnent l’impression qu’il contrôle le ballon, mais Armand l’innocente. Il explique qu’il connait l’auteur des faits, une femme, une sorcière. Afin de l’arrêter, il demande que toutes les femmes se démasquent et soient conduites près de l’immense mandala qui sert de décor pour la soirée. Jules s’interpose face à cet ordre absurde, mais la menace du Quetzalcoatl fait perdre la tête à de nombreux présents.

Aussi les femmes sont vite prises à partie. Même démasquées, le moindre refus les rend suspectes. Quelques groupes viennent à faire usage de la force, encouragés par la peur et par Siren qui met de l’huile sur le feu dès qu’elle le peut en utilisant son don. Armand prend conscience que la situation a dégénéré, mais c’est trop tard. Le ballon fou continue de semer le chaos. Non loin Frédéric Lenoir, un jeune mage travaillant au cabaret, tente de l’arrêter, mais tout ne se passe pas comme prévu. Le Quetzalcoatl se fracasse contre un immeuble voisin, faisant exploser ses fenêtres. La foule fait aussitôt du garçon son nouveau suspect, incluant son frère jumeau. Le ballon remonte dans les airs, prêt pour le grand final.

Entre temps, Stéphane, le majordome des De Montalant, est allé avertir la police. Le commissaire Levallois décide de se rendre sur place avec ses hommes. Plusieurs agents sont envoyés en repérage et découvrent stupéfaits, la scène. Ils décident d’intervenir sans attendre les renforts afin de mettre le plus de personnes possibles en sécurité. L’agent Dubois parvient à entrer sur la place. Dans la confusion et attaqué par Quetzalcoatl, il fait feu. La balle traverse la créature et blesse Armand qui s’effondre. Dans un ultime salut, le ballon s’élève dans les airs en emportant sciemment des lampions. Il s’embrase, se disloque, des pans de tissus enflammés tombent en pagaille sur la place.

Le calme revient avec l’arrivée du reste des forces de l’ordre. Les dépositions des présents sont prises, quelques suspects sont arrêtés et conduits au commissariat du 6e arrondissement. Les De Montalant, ainsi que les frères Lenoir en font partie. Les autres convives sont invités à rentrer chez eux. Une fois les lieux vidés, le commissaire Levallois se voit interrompu dans son enquête par l’arrivée de la Curia se présentant sous la bannière des forces spéciales diligentées par le préfet. Il lui est demandé de quitter la scène de crime, il accepte, mais décide de ne pas donner tout de suite les pièces à convictions récupérées par son équipe.

Levallois ignore que, pendant ce temps là, son commissariat reçoit de la visite. Siren et Oracle. C’est cette dernière qui est à l’origine des attaques du ballon. Siren ordonne une petite sieste aux quelques agents en faction et toutes deux se frayent un chemin jusqu’à la cellule où sont retenus les frère Lenoir. Oracle leur confie une quête.
À l’hôpital, Jules attend des nouvelles d’Armand. Ce dernier l’informe par le biais du médecin qu’il ne souhaite plus le voir.

---

Éléments importants :

• Ce chapitre met en scène une attaque volontaire d’un groupe de Légendaires contre des humains. Attaque qui se soldera par de nombreux dégâts, des blessés et un choc pour tous les participants.
  
• Durant cette quatrième partie Siren est de retour et elle est accompagnée par Oracle qui s’implique directement dans l’assaut. Elle semble posséder de puissants pouvoirs.
  
• Lors de cette scène, le groupe anti-Légendaire prend de l’importance. Leurs tracts sont de nouveaux distribués et on apprend qu’Armand Delcambre y a un poste influent. Leur discours trouve un écho dans plusieurs oreilles.
  
• Les dissensions entre humains sur le sujet des Légendaires se matérialise physiquement par des rixes et des altercations violentes mettant en danger des innocents.
  
• Il n’y a toutefois aucune preuve concrète de l’implication d’un Légendaire dans l’affaire. Les coupables n’ayant jamais été prises sur le fait.
  
• C’est la police parisienne est la première sur place. Elle est témoin de l’agissement étrange du ballon, mais celui-ci sera réduit en miette peu après leur arrivée, contrariant grandement l’enquête.
  
• La Curia interviendra peu après et retirera l’affaire au commissaire impliqué, mais ce dernier opposera une certaine résistance à fournir toutes les preuves demandées.
  
• Oracle fait libérer les jumeaux Lenoir et efface leur nom du registre des arrestations. Elle leur demande également de retrouver un rouleau ayant appartenu à un dangereux mage de la perse antique.
  
• Edward White semble se souvenir du lien qui le lie à Oracle, mais il est dans l’incapacité de le vérifier.
  
• L’amitié entre Armand et Jules est définitivement rompue.
  

Le Cabaret du Lost Paradise s’est associé à la ville de Paris pour organiser un grand spectacle de charité pour les orphelins. La représentation a lieu en extérieur, sur la place Dauphine, sous le soleil d’un bel après-midi.

Les premiers numéros s’enchaînent et enchantent petits et grands. Au sein des invités, on note la présence de quelques visages importants de la capitale, dont Gaudefroy Chaummont, le préfet de police, mais aussi les De Montalent, Opale d’Arbanville qui a convié son ami Jules Chevalier. Des personnalités plus discrètes sont également présentes comme Lotte Hochvogel, puissante bibliothécaire de la Curia.

Le spectacle est brutalement interrompu lorsqu’un groupe d’individus débarque sur la place. Tous portent un brassard blanc avec un rond pourpre et brandissent des pancartes « Non aux abominations ». Armand Delcambre est à leur tête et demande la fin immédiate du spectacle. Il trouve une opposition farouche et affronte le patron du cabaret, soutenu par Jules, les De Montalent, et d’autres convives. Le ton monte, puis l’ambiance bascule dans un cri.
Rita, Banshee harpiste du cabaret, se met à hurler au centre de la place. Ses cheveux blanchissent, elle se tord, convulse, sous les regards d’une foule pétrifiée. Elle est évacuée en vitesse par un collègue, mais le mal est fait. Du côté de Delcambre, on la pointe comme une preuve, ses opposants affirment qu’elle a été victime de leurs accusations stupides. Le préfet de Police prend les choses en main et demande à ce qu’on lui trouve des preuves contre Delcambre et les siens.

Sur la place, tout le monde s’active. Des éléments viennent vite corroborer un acte malveillant contre le cabaret. Le sommet est atteint lorsque Jules rapporte à Gaudefroy un carton à dessins au nom de Delcambre dans lequel se trouve, en plus des tracts anti-Légendaires, des affiches du Cabaret déchirées, découpées et marquées par la folie. L’homme de loi oblige le groupe d’importuns à quitter les lieux. Ils s’exécutent avec amertume.

Siren et Eques assistent à la scène et restent en retrait. Ils se séparent dès qu’elle repère les frères Lenoir. Elle les rejoint et leur annonce mystérieusement que « le serpent va danser ». Ils ont l’ordre de rejoindre la scène dès que cela se produira.
Lune s’infiltre également dans le bâtiment du cabaret, profitant du retour d’un des employés portant Rita, toujours inconsciente, pour se faufiler dans les dortoirs. Aidé d’un mystérieux artefact, il déverrouille la chambre des Lenoirs dans laquelle il dérobe le parchemin qu’Oracle leur avait ordonné de retrouver. Il quitte le cabaret sans avoir été repéré.

Retour place Dauphine. Avant la reprise du spectacle, les gens sont mis à contribution pour ramener le calme. Andréa Eyssard, le neveu d’Edward White, est appelé à l’aide par un individu qui lui explique qu’un enfant a quitté la place. Le jeune homme part à sa recherche sans se douter qu’il est victime d’une manigance d’Eques. Adam, jeune infirmier pour Légendaire, le suit.

Tous deux rateront l’entrée en scène de Ludger, le présentateur du Lost. Bien avant qu’il en ait reçu le demande, il va relancer le spectacle dans un état second. Edward flaire le drame et rejoint la scène. Il est accueilli par Siren et Oracle. Cette dernière lui demande de lui faire confiance. Tiraillé par leur passé commun, le patron du cabaret va accepter. Il sera alors aux premières loges pour assister à un numéro concocté par Oracle et sa bande.

Sur scène, c’est Draken qui ouvre le bal au son de sa flûte. Elle flotte gracieusement dans les airs et danse autour d’un panier d’osier d’où se hisse gracieusement Lamia, sauvée des mois plus tôt du cirque du Strano. L’apparition de la femme-serpent stupéfait une grande partie du public et active l’ordre donné aux Lenoir. Les jumeaux se rendent sur scène où Oracle les attend. Elle a récupéré le parchemin volé et leur demande de le lire après leur avoir offert un don chacun. Siren les contraint à obéir.

Le sort est prononcé avec une fluidité étonnante devant une foule médusée. À quelques secondes de la fin que Morgan réussit à s’arracher à l’emprise de Siren. Il tente d’arrêter son frère, mais il est trop tard. Le sortilège est jeté et se répand sur toute la place et plus loin encore. Tous les Légendaires touchés sentent leur nature profonde revenir en surface sans possibilité de la contrôler. Des êtres surnaturels se transforment à moitié, aussi horrifiés que les humains à leurs côtés.
Lotte fait le choix de sauver les Légendaire en assimilant en elle la totalité du sortilège. Mais l’enchantement la touche plus durement que prévu et la libère du corps dans lequel on l’a scellé des siècles auparavant dans une douleur abominable.

Retrouvant sa forme de Simurgh, oiseau divin gigantesque, Lotte commence à semer la terreur et le chaos sur son passage. La place Dauphine est mise à sac, les bâtiments détruits, la scène et mise en pièces et tous ceux qui s’y trouvent sont sauvés de justesse par Oracle. L’oiseau s’envole et Paris devient un véritable enfer. Traversées par des oiseaux fous, la capitale voit certains de ses monuments être détruits, puis des incendies se déclarer aléatoirement en ville. L’oiseau finit par se poser sur la Tour Eiffel dont il tord le sommet.

Sur la place Dauphine, le chaos est total. Les personnes encore en état font au mieux pour sortir les autres des décombres. Certains Légendaires font le choix de révéler leur nature pour aider plus efficacement. Edward White est de ceux-là. Sorti des gravats par ses employés, il s’en prend aussitôt à Oracle. Elle est sauvée par Siren et toutes deux quittent la place tandis qu’il commence à déblayer l’un des immeubles. Venu l’interroger, le préfet de police comprend que tout ce qu’il croyait jusqu’alors n’était qu’un mensonge.

Les employés de la Bibliothèque de la Curia portent enfin secours à Lotte. Au terme d’une bataille épique qui sème de nouveau le désordre, l’oiseau retrouve son corps d’enfant devant les témoins déjà traumatisés présents sur la place Dauphine. La petite est immédiatement mise à l’abri.

De retour sur la place avec une partie de son groupe, Delcambre est désormais considéré comme « celui qui savait ». Une part importante des présents lui voue une confiance nouvelle et aveugle et demande son aide. Le préfet de police en personne l’interroge. Comme le danger majeur est écarté, la colère et la peur se reportent sur le Cabaret et ses employés. Edward prend leur défense, mais tout s’écroule avec l’arrivé de la Curia.
Pour sauver la face et le futur complexe qui s’annonce entre Humain et Légendaire, l’Organisation s’oppose au cabaret et offre de les mettre à l’écart dans une « zone de retrait », sorte de cellule magique dressée au cœur la place. Dégoûté, Edward accepte de s’y rendre. La majorité de ses employés fera de même.

Non loin de là, Oracle a laissé son groupe dans la tourmente. Refusant de s’impliquer davantage, elle leur a assuré que ce désastre imprévu était inéluctable avant de les quitter. Ils sont seuls face à leurs responsabilités quand Lune les rejoint, accompagné d’Andréa et d’Adam. Un choix est fait : sauver le cabaret et ses Légendaires.

Le plan met en scène Draken qui fait diversion sous sa forme de dragon asiatique. Elle affronte une partie des employés de la Curia présents tandis qu’Adam, Lamia et Gigante en mettent deux autres chaos. Siren s’occupe du garde de la zone de retrait qu’elle manipule comme le reste. Andréa et Lune viennent en déverrouiller l’accès grâce au même artefact qui a ouvert la chambre des Lenoir. Libérés, les employés du cabaret sont séparés en plusieurs groupes et conduits à l’abri. Les jumeaux fuguent, Siren reste sur la place et fait libérer Draken qui rentre à leur abri.

Elle utilise son don pour maintenir la Curia et le préfet à distance et leur apportera les explications nécessaires pour faire rapidement innocenter le cabaret. Elle parvient à fuir la place, mais est arrêtée un peu plus loin par Armand Delcambre. Son expérience lui permet de triompher du don de Siren en se bouchant les oreilles. Il parvient à lui faire perdre connaissance et se prépare à la traîner en prison quand on le frappe dans le dos. Un second coup pleine tempe le met à terre. Juste avant de tomber dans les pommes, Siren est emportée devant lui par Jules.

Sur la place Dauphine, le préfet et la Curia rencontrent le président de la République accompagné d’Ezekiel, juge humain à la Curia.

---

Éléments importants :

• Ce chapitre révèle à la capitale française l’existence des Légendaires.
  
• Paris a été bien malmené : la pointe de l’île de la Cité et une partie du Pont Neuf sont détruits, une aile du Louvre s’est effondrée, la Madeleine est en miettes, la Tour Eiffel tordue.
  
• La Curia se positionne du côté des humains pour apaiser les tensions et sauvegarder ce qui peut l’être pour le futur des relations Humains/Légendaires.
  
• Le groupe d’Armand Delcambre devient crédible et il est reconnu au regard des Humains qui ont vécu la tragédie.
  
• Le cabaret est accusé d’avoir causé ce désastre. Siren participera à les faire innocenter, mais tous ses employés sont désormais considérés comme des Légendaires.
  
• Eques, Lamia, Gigante, Lune et Draken ont accueilli les employés du Lost les temps qu’ils soient innocentés.
  
• À l’exception d’Edward, Oracle a offert un don à tous ceux qu’elle a sauvé. Elle en a également donné un à Frédéric, « la connaissance » et à Morgan « la maîtrise ».
  
• Jules Chevalier sauve Siren in extremis des griffes de Delcambre.
  
• Oracle a disparu.
  

Ce qui a été appelé « l’Heure Pourpre » par la presse a posé les bases d'un nouveau monde. Désormais, les humains sont au courant de l’existence des Légendaires et la vie quotidienne et politique a dû s’adapter.

Le gouvernement en place a demandé à chaque Légendaire de ne pas employer ses capacités, sauf cas exceptionnels et surtout de s’identifier clairement. Pour cela il leur a été fourni un brassard pourpre, orné d’un cercle blanc. Censé être obligatoire, il ne l’est en réalité que pour les Légendaires clairement déclarés comme tel. En effet, après la catastrophe, beaucoup de Légendaires ont préféré rester discrets et vivent encore dans Paris sous couverture humaine.

L’État s’est également rapproché du parti des Anti-Légendaires, mené par Armand Delcambre. Pour l’instant le groupe officie en temps que consultant et donne son avis au même titre que les ministres sur les questions touchant aux créatures fantastiques.
Une voix Pro-Légendaire commence à s’opposer à l’envahissant groupe de Delcambre.

La Curia a fermé officiellement ses portes. Le tribunal a été démantelé. Dans la précipitation, toute l’Organisation a dissimulé le recensement des Légendaires et des Créations dont elle disposait, afin de laisser le choix à la majorité des Légendaires de se déclarer ou non.
Dans les faits, la Curia garde ses portes ouvertes pour les Légendaires afin de leur offrir un refuge depuis n’importe quelle contrée. Elle opère également un soutien de la justice humaine qui a dû s’adapter à l’arrivée de nouveaux criminels.
Parmi les Juges, Perséphone s’est volatilisée, Peter est rentré à Londres où il a fort à faire pour protéger les non-morts et Edward tient toujours le cabaret du Lost Paradise. Ezekiel Morel, ex-juge des humains, s’applique à faire la passerelle entre les Légendaires, les Humains et l’Église, très contente de retrouver un peu de poids au sein du monde.