La mer est noire sur le port.
Elle scintille à 50 mètres de moi, éclairée doucement par les lueurs de la ville. Ses eaux sombres semblent s'étendre à l'horizon, à peine perturbées par un vent qui ne m'atteint pas.
Le trottoir qui longe la marée haute est baigné de la chaude lumière des réverbères 19ème et leurs décorations de noël, ajoutant un air magique à cette nuit sans lune.
Les voitures se font rares. L'air est frais, il me picote les joues, engourdit délicieusement mes doigts. Je savoure la fraîcheur extérieure, confiante en la chaleur engourdissante reignant dans mon appartement, derrière moi.
Le Chateau me surplombe, éclairé à sa manière, derrière les silhouettes rassurantes des arbres qui le séparent de moi. Le parfum de la ville et du port lavé par la mer embaume jusqu'à moi. Ça sent le frais, ça sent pur, ça sent...
Mes papilles sont heureuses. Elles savourent le verre d'hydromel "de noël" posé à même le trottoir, à mes pieds. Je contemple un instant les reflets dansant sur le verre, de la lanterne à bougie posée à côté.

Dans le silence de la nuit, je ne tolèrerai qu'une chose. Qu'une saveur.
Et ce sont les notes du Clair de Lune de Debussy, qui joue derrière la porte entrouverte. Note après note, tintant l'une après l'autre de manière exquise.
Une clope à la main, les sens enrobés, je me vois plusieurs années en arrière dans la gare délaissée de Besançon, une nuit comme celle-ci ; le piano de la gare et les notes résonnant dans tout le hall nocturne.

Si je savais la jouer, je la jouerais partout.

Debussy mes amis.

Debussy.

Si vous ne l'avez jamais écoutée en entier, servez-vous un verre de quelque chose de bon, la voici :

Vous aussi, vous en avez des comme ça, qui vous font du bien ?