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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Intrigue : Acte I Scène V | Tomber de rideau

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Dolores Keller
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène V | Tomber de rideau   acte - Intrigue : Acte I Scène V | Tomber de rideau - Page 3 I_icon_minitimeSam 18 Juil - 16:03

« U-U-Une minute, je-je r-refais mon lacet… »

Le regard hésitant, n'attendit pas de réponse et posa un genou à terre afin de renouer le lacet de sa chaussure. Debout quelques mètres devant lui, Dolores lâcha un soupire puis échangea un regard discret avec la Lamia avant de s'approcher du jeune homme. Elle l'appela par son prénom, mais dut poser ses mains salies et écorchées sur celles tremblantes de son assistant pour qu'il lève enfin les yeux vers elle.

« P-Pardon j-je ne sais p-p-pas pourquoi il se d-défait sans arrêt et… Adam, ça ira, calmez-vous. Je vais refaire votre lacet, regardez, un tour, les oreilles de lapin… et voilà. Relevez-vous. Ce que vous avez fait est très courageux, c'est nous qu'ils vont chercher, pas vous, vous ne risquez rien. M-M-Mais- Adam, je vais bien, vous allez bien, nous allons bien, c'est le principal. Vous subissez simplement un contrecoup, mais tout ira bien. Mon bras se réparera très vite, ce n'est pas la première fois que ce genre de chose m'arrive. Un jour mon père m'a ouvert le crâne avec une pelle, et je vais très bien ! Non non non, ne paniquez pas, c'était pour vous faire sourire, tout va bien ! Venez, continuons de marcher cela calmera vos tremblements. Écoutez, ce qu'il vient d'arriver était une terrible catastrophe, et ce qui nous attend risque de ne pas être bien plus reluisant. Mais nous allons nous aider mutuellement, Mimi aussi nous aidera, et il y a la petite Rose-Lise qui s'en est très bien sortie, j'en suis persuadée. Il y a notre camarade Célestine aussi, et par chance tous les employés sont sains et saufs. D'accord ? D-Docteur… Je ne s-sais p-pas pourquoi… C'est un simple contrecoup. Votre taux d'adrénaline commence à diminuer significativement, et votre corps recrache toute la panique qu'il a accumulée jusqu'à maintenant. Vous avez étudié la médecine, vous devriez bien comprendre cela tout de même ! M-Mais e-et vous ? Je suis plus robuste que vous, ça aussi vous devriez le savoir. Adam, soufflez un bon coup. Ça va vous réoxygéner. Voilà. Je vais vous dire ce que vous allez faire, d'accord ? C-C'est la Made-d-delaine ?! Oh n-non… Ce n'est que des cailloux, ils la reconstruiront. Adam vous m'écoutez ? Arrêtez de marcher maintenant. Bon, suivez mon doigt. Voilà. D'abord, vous allez partir en direction du cabinet. Vous allez retrouver Louise et tout lui expliquer. Si vous n'y arrivez pas, écrivez-le. Prenez sa machine à écrire et emportez la jusqu'à chez vous. Là-bas vous écrirez une lettre à Lisette, elle était en voyage avec sa famille dans le sud n'est-ce pas ? O-Oui… Alors vous la préviendrez et vous lui direz que tout va bien. Elle apprendra que vous n'êtes pas un assistant comme les autres, mais je me chargerai de le faire. Tout est clair ? Oui… En prenant la machine à écrire de Louise, n'oubliez pas Yvonne, Manfred et votre camarade la petite poupée. Laissez le reste, peu importe s'il est saisi ou détruit. Vous saurez le faire ? J-Je crois… Dans ce cas allez-y maintenant. Q-Quoi m-mais… ! Écoutez, j'étais un peu pessimiste enfermée dans ce machin sur la place Dauphine, mais maintenant je suis une fugitive, et je dois avouer que c'est un statut qui me plaît davantage. Nous nous en sortirons et vous verrez, nous rouvrirons le cabinet bien plus vite que vous ne le pensez ! Faites bien attention à vous. »

Adam se gratta la tempe puis hocha faiblement la tête. Il fit quelques pas en arrière, encore secoué par les nombreux vertiges qui lui saisissaient l'esprit, puis s'immobilisa. Il inspira alors profondément et s'avança à toute vitesse vers Dolores avant de la prendre dans ses bras.

« Adam ?! Pardon pardon pardon merci pardon, j'ai eu si peur qu'il vous arrive quelque chose et j'ai eu si peur de ne pas pouvoir vous aider et j'ai eu si peur d'être tout seul et je continuerai de vous aider et je vous interdis de me faire peur comme ça encore une fois ! »

Les yeux noyés de larmes, l'assistant relâcha sa patronne et reprit difficilement sa respiration. Il la remercia encore une fois dans toute la maladresse qui lui est propre puis partit aussitôt sans manquer de trébucher contre le bord du trottoir qu'il n'avait pas vu.

Les lunettes de travers, la doctoresse le regarda partir, bouche bée.

_________________
Mes diagnostics se font en #BE9C84.
Et Adam crie en deepskyblue /o/

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Lotte Hochvogel
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène V | Tomber de rideau   acte - Intrigue : Acte I Scène V | Tomber de rideau - Page 3 I_icon_minitimeSam 18 Juil - 19:26

« Votre fille est convaincue qu'un fantôme réside dans l'école.
- Oh, oui elle nous en a parlé. Ce n'est qu'une enfant, elle lit beaucoup… Est-ce qu'elle vous a causé des ennuis ?
- Non il n'y a aucun problème, mais dites-lui bien qu'elle ne retourne pas dans le grenier du bâtiment, le plancher est fragile.
- Rose-Lise ? Tu nous écoutais ?

- … En fin de compte il y avait peut-être bien un fantôme là-haut.
- Pardon ? »

Rose-Lise écarquilla les yeux. Elle se trouvait dans le cab qui la ramenait jusqu'à chez elle. S'était-elle endormie ? Il faut dire que sa tête était incroyablement lourde. Les secousses des cabs lui avaient toujours donné sommeil. Célestine pencha la tête pour croiser le regard de la demoiselle. Celle-ci frotta ses yeux pour chasser les dernières vapeurs qui encombraient ses paupières et s'excusa maladroitement, disant qu'elle avait sans doute parlé dans son sommeil. Le cab vira soudainement à droite.

« Les rues doivent être très encombrées par ici, je pense qu'il fait demi-tour.
- Votre appartement ne doit pas avoir été très endommagé heureusement. Vous habitez près du cimetière du Père Lachaise n'est-ce pas ?
- Oui, c'est exact ! Je vous l'avais dit ? Vous avez vraiment une bonne mémoire !
- C'est assez simple à retenir. »

Les deux amies échangèrent un regard complice. Plus elles s'éloignaient de la place Dauphine, plus les rues de Paris semblaient retrouver leur aspect habituel, comme si le temps ne s'était pas écoulé de leur côté. Les gens paraissaient vivre normalement, sans trop d'inquiétude. Évidemment beaucoup regardaient encore le ciel avec intérêt et discutaient avec d'autres personnes qui rapportaient ce qui venait de se passer, mais la vie quotidienne, elle, tournait le dos à tout cela. Elle ne s'en préoccupait pas, elle continuait d'avancer, égoïstement, presque insolente. Comment seront les choses demain ? Cette pensée n'arrivait pas à quitter l'esprit de Rose-Lise, encore marquée par ce qui s'était déroulé sur la place une fois l'oiseau disparu. Ce n'était pas tant l'apparition de toutes ces créatures qui l'inquiétait, mais plutôt le regard des personnes qui se tenaient face à elle. Allaient-ils les enfermer ? Les traiter comme des bêtes ? Et le docteur Keller, allait-elle la revoir ? Est-ce que certaines personnes qu'elle connaissait étaient aussi des créatures cachées ?

« Je crois que mon voisin de pallier n'est pas un humain. »

Rose-Lise se tourna vers Célestine qui ne quittait pas du regard la rue qui défilait sous ses yeux.

« Qu'est-ce qui vous le fait penser ?
- Et bien je l'ai toujours trouvé très pâle, et maigre aussi. Il accepte toujours les petits fours que je lui offre et pourtant il ne prend pas un gramme !
- C'est peut-être simplement sa constitution qui le rend ainsi ?
- C'est aussi ce que je pensais, mais il ne sort jamais la journée, et ses rideaux sont toujours tirés. Alors je me suis dit qu'il devait travailler de nuit et dormir le jour, et qu'il fermait ses rideaux pour ne pas être ennuyé. Mais un soir il m'a aidée à monter des paquets jusqu'à chez moi, et je l'ai invité à venir boire un thé. Il a accepté et nous avons discuté, et juste avant qu'il parte, j'ai remarqué quelque chose d'étrange.
- Quoi donc ? Il a dit quelque chose ? C'était dans ses yeux ? Il a bougé étrangement ?
- J'ai dans ma cuisine un beau plateau en étain. Je prends toujours soin de bien le nettoyer, et on peut se voir dedans ! Mais en prenant le plateau, et bien…
- Oui ??
- Je n'ai pas vu son reflet ! Ça n'a duré qu'une seconde mais… Ah ! »

Célestine sursauta en voyant que le visage de Rose-Lise était tout près du sien. La journaliste se recula et s'excusa aussitôt, gênée de s'être de nouveau laissée emportée par sa curiosité.

« Pas de reflet ! C'est incroyable ! Comment sait-il à quoi il ressemble alors ? Est-il toujours peigné ? Bien habillé ?
- Ah ! Oh ! U-Une fois j'ai vu qu'il avait une petite tâche sur la joue et quand je lui ai dit il était surpris !
- Incroyable ! Je-Je crois avoir lu quelque chose de ce genre quelque part. C'était un vieux livre avec des pages tâchées, mais c'était en français et je l'ai feuilleté par curiosité. C'était lors d'un vide grenier, la dame était toute petite, elle avait un œil de verre je crois, en tout cas elle était un peu inquiétante. Elle vendait un pichet lorsque j'ai vu le livre, et quand elle m'a vue après environ 5 ou 6 minutes, elle me l'a tiré des mains en me disant que ce n'était pas un livre pour jeunes filles.
- Qu'y avait-il dedans ? Des choses immorales ?
- Non ! Il était question d'un homme, il était mort, mais continuait de vivre quand même, et ils parlaient d'un teint pâle, et du fait qu'il ne pouvait pas supporter la lumière du soleil.
- Oh ! Et était-il question d'un reflet ?
- Non je ne crois pas, son nom commençait par un D. Dark… Drac…
- Oh c'est un drôle de prénom.
- Je suis sûre que le docteur Keller saurait de quoi il est question ! »

Emportées dans leur enthousiasme, les deux camarades se rappelèrent soudainement de la situation dans laquelle elles se trouvaient et lâchèrent un soupire simultané. Après quelques minutes de silence, le cab finit par s'arrêter. Rose-Lise reconnut la façade de son immeuble. La petite porte s'ouvrit, le marche-pied se déroula.

« Célestine, nous nous reverrons n'est-ce pas ?
- Oui, évidemment !
- Je suis contente que vous soyez là, seule la situation aurait été plus compliquée à gérer je crois.
- Nous nous soutiendrons !
- À bientôt alors, nous conviendrons d'un moment !
- Entendu ! »

Elles se saluèrent. Le cab repartit, laissant la journaliste seule sur le trottoir. Les passants ne firent guère attention à ses vêtements salis et froissés. C'était comme si ici, rien ne s'était passé. Peut-être qu'elle avait changé de monde sans s'en rendre compte ? Peut-être que Paris était toujours entière, et que c'est une autre ville qui a été détruite ? C'est perdue dans ses pensées que la journaliste remonta lentement jusqu'à son petit appartement. Le verrou s'ouvrit dans le même bruit que d'habitude. À l'intérieur, rien n'avait bougé. Rose-Lise entra, ferma la porte avec précaution, puis retira ses souliers. Elle avança vers la fenêtre, puis se dirigea vers son lit. Au détour d'un regard, ses yeux se posèrent sur une demoiselle. Elle était complètement décoiffée. Ses larges lunettes étaient fissurées à un endroit, et son visage était recouvert de poussière. Lorsqu'elle se toucha la joue, Rose-Lise comprit que c'était simplement son reflet.

« … Comment fait cet homme pour vivre sans savoir à quoi il ressemble ? »

C'était là la dernière pensée de la journaliste qui s'écroula sur son lit à ressorts, emportée par le sommeil. Son petit sac, mal accroché au dossier de la chaise, tomba sur le sol et s'ouvrit. Son carnet à la couverture de cuir glissa légèrement, suivi par un petit pompon blanc affublé d'une plume dont les étranges mouvements n'étaient sans doute pas dus au vent.

--------

- Elle a encore bougé…
- Vous pensez qu'elle rêve ?
- Laissons Madame la Directrice seule.
Spoiler:

_________________
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Lotte râle en #D45F8C
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La foule [PNJ]
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MessageSujet: Re: Intrigue : Acte I Scène V | Tomber de rideau   acte - Intrigue : Acte I Scène V | Tomber de rideau - Page 3 I_icon_minitimeDim 19 Juil - 19:46

Du thé ?

La question d’Eques était venue rompre le silence de fatigue et de doute installé dans leur quartier général. Au sein de la grande pièce de vie, où presque tous les employés du Lost étaient rassemblés, une seule main se leva, celle de Sully. Après toutes ces émotions, l’anglais n’avait pas résisté à l’appel de sa boisson fétiche. Assise près de lui, Celenna l’obligea à baisser le bras :

Qu’est-ce que tu fais ?
Et bien… Il nous proposait un thé alors je…
Tu vas accepter un thé de ces types ? On ne sait même pas qui ils sont, ni ce qu’ils nous veulent.
Mais ils nous ont aidé.
Après avoir provoqué la destruction de Paris.
Eh ! Protesta Eques. Je vous ai dit qu’on ne savait pas que ce serait un tel désastre. C’est pour ça qu’on est revenus vous aider !
Et je vais te croire sur parole ? Objecta la démone. Tu n’as pas fait un seul effort pour rattraper les jumeaux, alors que c’est à cause de vous s’ils ont des ennuis jusqu’au cou.
Je ne peux pas être partout à la fois ! Il fallait vous mettre à l’abri, je n’allais pas…
S’il leur arrive quelque chose, tu t’en souviendras.
Ah oui ?! J’aimerais bien voir ça !

Celenna se leva, Sully la retint par le poignet. Eques fit un pas en avant, sa boîte de thé entre les mains. Une porte claqua à sa gauche. Gigante venait de les rejoindre.

Moins de bruit les enfants. Vos amis ont besoin de repos.
Est-ce que Jade va bien ? S’enquit aussitôt la petite Louna.
Elle a été bien abîmée, mais les soins apportés sur place lui ont sauvé la vie. Elle est hors de danger Lamia s’en occupe, avec votre docteur. Tout ira bien.
Ça c’est vite dit… marmonna la barmaid. Le boss est même pas là.
Ils vont bientôt arriver, il était un peu malade, expliqua Lune.
Chochotte, siffla Eques.
Vous ne devez pas dire ça de monsieur White ! Le houspilla Louna.
Ah oui ? Pourtant c’est aussi de sa faute aussi si on en est là.
N-Non, il ne ferait jamais…
Si… Moi je l’ai vu, abandonna Ludger.

La gifle fut commune et si forte que Celenna retomba sur le divan. Murmures et regards hagards furent échangés. Certains ne voulaient pas y croire et d’autres juraient qu’il fallait s’y attendre. Le ton monta, aussitôt coupé par le tintement d’une pile de vaisselles posée vivement sur la table basse du salon. Tous observèrent Gigante s’installer en tailleur devant les tasses en porcelaine. Elle lâcha très calmement :

Je crois qu’il est temps de vous donner quelques explications. Eques, le thé s’il te plait.

xXx

– Chef ! Tous les civils ont évacué la zone.

Perchée au sommet d’un monticule de roche, une immense chouette harfang reprit forme humaine. Olek s’essuya le coin des lèvres où perlait un peu de sang, les yeux toujours rivés sur le ciel. Le dragon commençait à fatiguer. À trois contre un… Il était temps. Le centaure poursuivit :

– Charisma est encore sonnée, mais Aelius a repris ses esprits.
Il sait qui les a attaqué ?
– Apparemment il y avait un géant, une lamia et un humain.
C’est ce qu’il me semblait. Ça ne colle pas avec les employés de White.
– Des complices ?
Je ne sais pas. Dis à Aelius de nous aider dès qu’il s’en sentira la force.
– Bien !
Attendez !!

Gaudefroy les rejoignit au pas de course. Olek se tourna vers lui. Il voulut lui ordonner de retourner à l’abri, mais l’homme de loi fut plus rapide à dégainer :

Qu’est-ce que vous faîtes de White et de ceux qui travaillent pour lui ?!
Pour l’instant rien.
Pardon ?! Mais il faut les retrouver enfin !
Écoutez, vous l’avez entendue comme moi, cette dragonne sait ce qui s’est passé. Il faut qu’on l’arrête maintenant pour avoir une chance d’attraper le ou les coupables de ce désastre.
Oui, mais…
– Attention !

Violemment repoussé sur la gauche, Gaudefroy failli perdre l’équilibre. Pétros se plaça devant lui, pile à temps pour réceptionner Olivia. Sous le choc, une forte bourrasque balaya la place, soulevant un épais nuage de poussières. Le préfet toussa. Un « par Éole » et la sylphide reprit de l’altitude, propulsée par une nouvelle lame d’air. Olek hurla à sa droite :

Pétros mets le en sécurité !
Je peux me débrouiller !
Non ! Vous ne pouvez pas !

xXx

–  Alors cette… Oracle, vous a tous sauvé ? reprit Celenna en faisant pivoter la tasse de thé entre ses doigts.

Gigante acquiesça. Lune s’était assis près d’elle et commençait à s’endormir. Elle l’attira contre lui d’un geste maternel, passant sa main immense dans ses cheveux d’argent. Eques regardait ailleurs, mal à l’aise d’avoir dû ressasser un passé qu’il préfèrerait voir enterré à jamais. Les tensions s’étaient pourtant atténuées au cours des récits de la géante. Elle enchaina :

En plus de nous avoir aidé, Oracle nous a offert un don.
Un don ? Interrogea la barmaid. En plus de vos capacités naturelles vous voulez dire ?
Disons qu’il en découle très souvent.
C’est pour ça que le petit bonhomme peut devenir invisible ? Questionna Sully. Je l’ai vu apparaître avec Andréa devant la zone de retrait.
C’est ça. Mais le don le plus puissant, c’est celui de Siren.

xXx

Il n’est plus question de la capturer.

Draken était au sol, maintenue entre la pression écrasante de l’air et la force d’Amjad, transformé en un golem de pierre. Olek s’était écarté pour reprendre son souffle. Il avait retrouvé forme humaine et se tenait appuyé contre l’un des rares arbres encore debout sur la place. Grave erreur. Siren l’attendait en embuscade. La main fermement agrippée à son poignet, elle répéta froidement :

Elle est libre. Il faut la relâcher, maintenant.

Le colosse grimaça. Il porta une main à son front, l’esprit noyé par la voix ensorceleuse de Siren. Il murmura quelque chose, mais la jeune femme réitéra son ordre en apposant sa seconde main sur son poignet. Il céda :

Libérez la !
– Q-Quoi ? S’étrangla Olivia. Mais chef, on vient juste de la maîtriser, elle va nous filer entre les doigts si on la relâche maintenant.
Il n’est plus question de la capturer, répliqua Olek en s’avançant. Laissez la partir.
– Mais…
Vous ne l’avez pas entendu peut-être ? Siffla Siren. Vous devez la relâcher.
– Qui êtes vous et q… Amjad ! Non ! Qu’est-ce que tu f-

Le djinn reprit forme humaine. Son emprise sur Draken envolée, la dragonne s’agita de plus belle. Dans un hurlement sauvage, elle se défit de sa prison d’air. Un violent coup de queue balaya la sylphide, qui vola sur une centaine de mètres. Aussitôt après, l’immense reptile explosa en une pluie d’écailles au cœur de laquelle flottait une petite fille. Siren lui cria :

Rentre à la maison !
Je t’emmène !
Non, je vous rejoindrais plus tard. Rentre te mettre à l’abri.
Je ne pars pas sans toi.
Tu n’as pas le choix. Rentre.

Et Draken s’envola.

xXx

Alors Oracle vous a aussi sauvé patron ?

Edward acquiesça, le regard rivé sur le parquet. Il passa une main fébrile sur sa nuque et se sentit frissonner. Ils étaient arrivés depuis peu. Gigante l’avait mis au courant de l’état de santé des blessés, Celenna de la fuite des Lenoir. Le loup blanc s’en voulait terriblement, mais il savait qu’il ne pouvait rien faire pour eux pour l’instant. Rapidement, la question de son implication s’était posée. Il s’était excusé, puis Andréa lui avait apporté une chaise. Il était debout à ses côtés, lorsque le loup blanc poursuivit lentement :

J’étais jeune, c’était bien avant… beaucoup de choses.
Et qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demanda Celenna.
C’est flou, je sais juste que j'étais prisonnier. Menotté, enchaîné, marqué… Comme une bête.

Il posa une main sur sa chemise sale et bien abîmée. Après une brève hésitation, il la remonta légèrement. Sur son flanc, une cicatrice se détachait parmi les autres. Parfaitement ronde, elle avait tout d’une marque de fer rouge. Le tissu retomba, Edward laissa sa main le couvrir. Il fronça les sourcils :

Ça a duré six mois, peut-être plus. J’avais tellement faim…
Et Madame Oracle ? questionna Sully.
Elle a commencé à venir me voir, à me nourrir. Je ne sais pas pendant combien de temps, j’étais dans un état second. Mais je me rappelle très bien de son odeur. Je savais que je pouvais lui faire confiance.
C’est elle qui a vous a libéré ?
Oui. Elle a ouvert la cage et m’a dit que je ne craignais plus rien, que j’étais libre.
Je comprends, mais pourquoi l’avoir laissé faire n’importe quoi ? S’enquit Celenna.
Je lui étais redevable, avoua Edward. J’aurais dû me méfier, mais je n’ai pas pu. Elle comptait sur moi et je voulais lui faire confiance.
Comme nous tous, soupira Eques.

Il s’affala dans son fauteuil, le regard fixé sur le plafond. Un silence pesant s’installa, allégé par Sully :

Alors, vous aussi vous avez reçu un don, patron ?
Un don ? Je ne crois pas.
Vraiment ? S’enquit Gigante, avec surprise.
Non. Mais quand elle m’a libéré, elle m’a dit une chose comme : « Ce n’est pas l’heure. »
Difficile d’en avoir le cœur net maintenant qu’elle s’est barrée.

Soupirs. Un bruit sourd et soudain en provenance de leur terrasse et tous se redressèrent, aux aguets. Le dandy n’eut qu’un pas à faire. Il se retrouva tout près de la porte donnant sur l’extérieur, mais on entra avant qu’il n’ait tourné la poignée. Draken se précipita dans la pièce, paniquée, essoufflée et blessée :

J-Je suis désolée, je n’ai rien pu faire !
Calme toi enfin, qu’est-ce qu’il y a.
C’est Sissi, je… elle…
Elle quoi ?
Elle est restée là-bas !
Quoi ?!
On va l’aider hein ? On ne peut pas la laisser…
Certainement pas. On va la sortir de là !
Vous restez ici.

Gigante s’était levée. Ses camarade l’observèrent, sidérés. Draken protesta la première :

M-Mais Gigante ! C’est notre sœur, on doit y aller !
Vous devez lui faire confiance. Ça va aller.
Tu savais ? S’étrangla Eques. Tu savais qu’elle resterait ?
Oui. Elle m’a prévenue. Elle n’a rien voulu vous dire, car vous auriez refusé.
Évidemment ! C’est complètement stupide !
Alors pourquoi elle fait ça ? Demanda fébrilement Draken.
Pour eux.

xXx

Sur la place Dauphine, un arc de cercle s’était naturellement formé autour de Siren. Elle restait à bonne distance, contraignant par sa voix ceux qui l’entouraient à ne pas s’approcher. Petros, qui les avait rejoint, n’avait rien pu faire. Il fut même obligé d’aller chercher le préfet. Une fois son audience au complet, elle lâcha :

Ce que je vais vous dire est la vérité. Le Lost Paradise n’a rien fait.
Si c’est vous la coupable, vous feriez mieux de vous rendre, lâcha froidement Gaudefroy.
Écoutez et taisez-vous.

Il ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sorti. L’homme de loi porta ses mains à sa gorge, les traits maltraités par un soudain effroi. La jeune femme reprit :

Le cabaret a été manipulé. J’ai hypnotisé les jumeaux, comme je le fais avec vous ici. Je les ai obligé à réciter cette incantation. Tout ce qui s’est passé aujourd’hui est l’œuvre d’une femme qui se fait appeler Oracle. Elle… Elle nous a utilisé pour parvenir à ses fins. Non, ne bougez pas !

Olek s’arrêta. On lisait sur sa face, qu’il luttait de tout son être contre l’emprise de Siren. Elle le fusilla du regard, recula de quelques pas.

Oracle peut voir l’avenir. Elle avait prédit la libération du Simurgh, de l'oiseau. Elle nous avait dit qu’en l’aidant ce serait le début d’une nouvelle ère. Nous l’avons cru, mais c’est vers une ère de paix que nous pensions aller. Ça n’aurait jamais dû se passer comme ça. On ne savait pas qu…
Qui ça on ?

Siren frissonna. Le colosse transpirait à grosses gouttes. Elle s’écarta encore.

D’autres Légendaires maltraités par les hommes, comme moi.
Qu’est-ce qui vous est arrivé ?
Je sais ce que vous essayez de faire.
On peut vous aider.
Non ! La Curia nous a abandonnés, vous n’aurez jamais ma confiance.
A-Attendez. Il faut nous en dire plus sur cette Oracle.
Vous savez tout ce que vous devez savoir.
Et vous ?
Je pars. Ne me suivez pas.

xXx

Son pas résonnait le long du Quai des Orfèvres. Siren savait ce qui lui restait à faire. Courir jusqu’au Pont au Saint-Michel et sauter dans la Seine. C’était la meilleure solution pour leur échapper. Son emprise n’allait pas tarder à se dissiper. Vite. Ses talons claquaient sur le pavé fissuré, déchaussé, elle atteignit le parapet surplombant un fleuve noir et triste. Un frisson la secoua. Elle inspira, commença à délasser ses chaussures.

On se retrouve enfin, sorcière ?

Elle releva la tête et grimaça. Lui.

Restez où vous êtes.

Mais Armand Delcambre continua d’avancer. Sur sa face poussiéreuse s’étirait un sourire mauvais. Le cœur de Siren se glaça, elle recula de quelques pas, répéta son ordre, sans succès. L’homme gloussa :

J’ai compris ton petit tour de passe-passe, monstre. Tu peux t’époumoner, je ne t’entends pas. Tu n’as plus d’emprise sur moi.

Elle écarquilla les yeux en remarquant le coton dans ses oreilles. Le sang lui fouetta les tempes, elle s’affaira de plus belle à retirer ses bottines. La première tomba, elle n’eut pas le temps de tirer les lacets de la seconde. Une poigne féroce lui tordit le poignet, l’obligeant à se redresser. Le dos contre le muret, elle dut se pencher en arrière pour s’écarter du visage fou de Delcambre.

Lâchez-moi !
Parle plus fort, je ne t’entends pas.

Son ricanement la saisit d’horreur. Elle tendit sa main libre, espérant parvenir à lui rendre une partie de son audition, mais il l’arrêta. Ses deux bras prisonniers de son étreinte, le jeune femme paniqua lorsqu’elle sentit ses doigts sur sa peau. Il serra sa gorge et les larmes la gagnèrent. Son contact la répugnait plus fortement encore que la peur qui l’embrasait :

Tu as compris on dirait ? Ta vie est entre mes mains. Mais ne t’inquiète pas, je ne vais pas te tuer. Pas tout de suite du moins. Juste serrer assez fort pour que tu ne sois plus une nuisance.
Or-… dure…

La vue de Siren se troubla. Elle griffa, battit des pieds, des mains, mais aucun de ses coups ne porta. La bouche grande ouverte, les yeux presque révulsés, elle sentit ses forces l’abandonner. Perdu, elle avait perdu. Un tressaillement et l’énergie qui lui restait s’épuisa dans un geste ivre, sans but et sans puissance, puis l’obscurité la dévora. Ses bras retombèrent inertes le long de sa taille fine. Armand la jeta au sol avec dégoût :

Je vais te conduire à ta place, sale créature. En cage.

Il lui cracha au visage, avant de la retourner du bout du pied. Sa main sale et écorchée se referma dans ses mèches blondes en désordre. Il tira, lui relevant la tête, tira encore, la trainant à ses pieds. Puis il se redressa, vivement, brutalement, hurlant sa souffrance. Un choc, dans son dos. Une réflexe le poussa à porter ses doigts entre ses omoplates douloureuses, balançant dangereusement du côté du parapet. Un hoquet, il voulut se retourner, mais on le frappa à nouveau. Pleine tempe cette fois. Armand tressaillit fiévreusement, son genoux droit céda. Il s’affaissa contre le muret et sentit quelque chose de chaud couler le long de son visage. Du sang. Une silhouette passa alors dans son champs de vision troublé. Il tendit la main, prêt à l’arrêter, mais les distances avaient perdue toute cohérence dans son esprit et ses doigts se refermèrent dans le vide. Il nota vaguement le pavé rougi qui tomba à ses pieds, trop horrifié de voir sa prisonnière lui être enlevée. Son agresseur venait de la soulever et il l’emportait. La rage d’Armand explosa dans un cri.

Jules !

Il s’effondra.

xXx

Olivia et Amjad se posèrent ensemble sur la place Dauphine. À proximité, se tenait Finn, Pétros, Gaudefroy et Olek. Ce dernier prit la parole :

Alors ?
– Aucune trace d’elle ou de ses acolytes. À croire qu’ils se sont volatilisés.
Quel enfer. Cette journée ne pourrait pas être pire.
Vous en êtes sûr ? Questionna le préfet.

Le colosse se tourna vers lui et suivit du regard l’index tendu en direction de la rue de Harlay. Ses épaules s’affaissèrent lorsqu’il avisa les nouveaux venus. Trois personnes encadraient de près le chef de fil à la tête du cortège.

Oh bon sang…

Olek fit un effort pour améliorer sa mise, sans grand espoir d’y parvenir. Gaudefroy remonta simplement ses lunettes. Le reste de la troupe se plaça en retrait. Le colosse inspira profondément, quand tous s’arrêtèrent à leur portée. Son regard sauta du petit Sören à John, son mentor, puis glissa jusqu’au juge de la Curia, Ezekiel. Il s’arrêta enfin sur le meneur du groupe et salua :

Monsieur le Président.





Ainsi s'achève la 5e et dernière scène du premier acte de notre intrigue !


C'est un grand bouleversement qui s'annonce à travers le monde. Les ravages occasionnés à la capitale française vont enseiger aux hommes qu'ils ne sont plus seuls sur terre. Ils vont devoir ré-apprendre à vivre avec des êtres rangés jusqu'alors, dans leurs livres de contes. Des créatures effrayantes, fascinantes, souvent bien plus fortes qu'eux et disposant de capacités dont ils ignorent tout ou presque. Pour les Légendaires aussi, le choc est violent. Habitués à dissimuler leur nature, une nouvelle façon de vivre s'offre à eux, mais à quel prix ?

Vous l'avez compris, le forum va évoluer pour s'adapter à le suite de ce récit. En entamant l'acte 2 qui s'annonce, un nouveau contexte, de nouveaux visages, groupes, lieux vont être installés.

D'ici la semaine prochaine, nous vous proposerons un espace pour discuter ensemble de l'évolution de vos personnages dans ce nouvel univers et voir ensemble comment il pourra s'adapter, ou non, à ce qui l'attend.

On vous remercie encore pour votre participation. On espère que ce gros retournement de situation vous a plu et que vous avez apprécié voir Paris être détruite par un oiseau magique géant hors de contrôle )o)

L'aventure continue. On vous réserve encore bien des surprises !
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