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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 En piste [PV Rose |1891][Terminé]

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Edward White
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MessageSujet: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeMar 17 Jan - 8:13

Cocktail en main, Edward furetait. Depuis le début de la soirée, il avait soigneusement arpenté chaque centimètre de la salle de bal de la maison des Tallebot, laissant trainer sa truffe au milieu des nombreux parfums afin d’y déceler la moindre odeur extraordinaire.
Certains Légendaire lui avait facilité la tâche. Abandonnant, comme lui, leur brassard à l’entrée de la luxueuse maison qui s’était récemment annoncée comme ouvertement Pro-Légendaires, ils avaient en plus délaissé leur apparence humaine et arboraient, ici les cornes d’un diable, là-bas la croupe d’un centaure ou l’œil unique d’un cyclope. Même s’il s’ajoutait les quelques utilisateurs de magie qui captivaient des poignées de convive entre deux buffets, la majorité des non-humains demeuraient discret et se fondaient avec délice dans cet univers qui semblait les accepter.
Ceux-là étaient assurément les plus en danger.

Deux jeunes gens passèrent près de lui. La demoiselle était un peu trop pomponnée. Engloutie dans une robe bleue pleine de rubans et de dentelles, elle trainait par le bras un garçon peut-être plus jeune qu’elle et visiblement très intimidé. Elle souriait et parlait fort avec un accent anglais très marqué. Dans leur sillage s’éleva un effluve artificiel nauséabond se voulant faussement floral. Edward sut immédiatement qui des deux le portait, mais sous cette agressivité olfactive se glissa un mélange plus délicat et très inhabituel qui lui rappela l’odeur de son serveur Sullivan. Il avait la note fraiche et vivifiante des hautes terres d’Angleterre, avec cette note de fond pluvieuse qui caractérisait les êtres mystiques nés sur cette grande île d’Europe. Mais il y avait autre chose. Une émanation plus fruité d’une innocence pleine de timidité.
Le loup blanc fronça les sourcils et suivit le duo du coin de l’œil.
La demoiselle venait d’être arrêtée par son père. Aucun doute à ce sujet. Leurs regard pétillant étincelait d’une flagrante similarité. Ils échangèrent en anglais, langue dont Edward ne maitrisait que des bases fatiguées. Il ne comprit pas tout, mais il fut questions des Tallebot et sitôt leur discussion achevée, la jeune femme s’éloigna afin d’aller saluer les hôtes de la soirée, entrainant son cavalier avec elle. Le garçon n’avait pas encore ouvert une seule fois la bouche.

Edward jugea bon d’en notifier sa complice.
Il avait perdu Rose de vue en début de soirée, lorsque la fille aînée des Tallebot se l’était accaparée pour lui soutirer le nom du tailleur auquel elle devait sa tenue si avant-gardiste. Le loup blanc l’avait lâchement abandonnée, certain qu’elle s’en sortirait sans avoir à noyer l’héritière de leur hôte dans son verre de punch. Plus qu’à la retrouver.
Le voici soudain suricate. Nez en l’air, tournant sur lui-même, il abusait de sa haute silhouette afin de glaner une piste, sans se soucier de ce qui se passait à ses pieds. Un pas en arrière aurait dû lui assurer une meilleure visibilité, mais il heurta quelqu’un. Volte-face désolé.

« Excusez-moi. Tous va bien ? Je ne vous avez pas v- »

Il eut droit à un regard glacé.
La femme qu’il avait bousculé épongea du coin d’un mouchoir les gouttes de vin tombées sur un bien prude décolleté, puis se désintéressa totalement de lui. Sans un mot, elle s’écarta d’un pas visiblement agacé, mais resta positionné en retrait. S’appuyant contre l’une des colonnes qui soutenait l’escalier magistral menant aux balcons intérieurs, elle fixa son attention sur un petit homme vêtu d’un costume trop serré posté près de l’une des tables. Il engloutissait les canapés à une vitesse impressionnante qui menaçait de faire exploser les boutons de sa veste. L’homme ne remarqua pas qu’on le fixait, lui-même étant totalement accaparé par le duo qu’Edward venait de croiser.
Son instinct lupin enclencha un premier niveau d’alerte.
D’un pas coulant et plus discret, il dévia dans la direction opposée. Il longea les sofas où comméraient les chaperons et les invités les plus âgés, puis passa devant les grandes fenêtres qui donnaient sur la terrasse, avant de surprendre le regard très déplacé d’un homme marié pour une autre femme. Décidément, l’aura sauvage de Rose avait le don de captiver.
Heureux de l’avoir retrouvée, Edward sourit du coin des lèvres. Il s’avança, donnant un faible coup d’épaule à l’époux distrait, puis récupéra un second verre avant de se placer près de la contrebandière. Il lui tendit ce dernier en glissant :

« Je vois que Mademoiselle Tallebot est toujours en vie. »

Il se demandait ce que Rose avait bien pu lui raconter et si c’était leur conversation qui poussait l’héritière de cette grande maison à avoir une conversation si enflammée près de la scènette où jouaient les musiciens.

« J’ai quelques pistes à explorer, mais rien de sûr encore. »

D’un discret geste de la main, il lui indiqua la jeune femme qui venait de quitter les Tallebot toujours aux bras de son compagnon de soirée.

« Le garçon est à surveiller. Il a l’air d’être assez rare dans son genre, car je n’ai pas réussi à identifier sa nature exacte. Et puis il n’est pas à l’aise, cela se voit et ça en fait une proie facile. La fille en revanche est parfaitement humaine et c’est une de tes compatriotes. »

Il s’inclina légèrement en arrière pour permettre à Rose de voir la totalité du buffet.

« Tu vois le barbu ? Celui en complet gris, cravate et pochette mauve. Il semble très intéressé par le duo et mieux encore, il est surveillé. Une femme bien peu apprêtée pour une telle soirée l’a dans sa ligne de mire. Elle se planquait du côté des colonnes, mais je crois qu’elle s’est déplacée. »

Aucune silhouette n’était visible à l’endroit indiqué et avec l’approche de l’ouverture du bal, la foule s’était trop densifiée pour qu’elle puisse être repérée.

« À croire qu’ils sont plusieurs à faire leur courses ici ce soir. »

L’aigreur et le dégoût s’imprimèrent dans sa voix. Il prit une gorgée de son verre, puis remarqua que Madame Tallebot leur adressait, de temps à autre, quelques coups d’œil hésitants. Guettant un éventuel rapprochement de sa part, Edward interrogea :

« Et toi alors ? Qu’as-tu de croustillant à me mettre sous la dent ? »


H.R.P:


Dernière édition par Edward White le Mar 2 Mai - 22:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeJeu 19 Jan - 16:10

Rose avait pourtant déjà mentionné à plusieurs reprises que sa robe avait été créée par un tailleur londonien qui souhaitait demeurer anonyme, mais l’héritière des Tallebot ne lâchait pas l’affaire. Et puis, impossible de révéler que la tenue si avant-gardiste qu’elle portait était l’œuvre de Sima à la dernière minute, armée de ciseaux et de beaucoup de bonne volonté.

- « Et donc, à ce moment-là, je lui ai bien répondu qu’il était ab-so-lu-ment hors de question que je sorte vêtue d’une telle atrocité ! C’était tout simplement affreux. Qui oserait de nos jours accorder du bleu avec du vert ? Je vous le demande ! J’ai donc … »

- « Henriette, je crois que votre mère vous cherche…… Si, si, regardez là-bas, près des musiciens……. Oui, vous devriez aller voir……. Oui, oui, nous reprendrons notre discussion dans un instant…. À tout de suite … »

Un long soupir de soulagement accompagna le départ de la pipelette. Cela faisait bien vingt minutes que la jeune héritière entretenait Rose sur des histoires de chiffons et d’amourettes. Si la mission qui leur avait été confiée n’avait pas été si importante, nul doute qu’elle aurait déjà tourné les talons. Heureusement, le champagne n’était pas mauvais. Malheureusement, sa coupe s’était vidée le temps de cette interminable conversation.

Pourtant, avant même qu’elle n’esquisse un geste, un nouveau verre -plein celui là- se matérialisa devant elle. Elle se retourna vers la haute silhouette de son partenaire en haussant un sourcil accusateur :

- «   Ce n’est pas grâce à toi, fuyard. Merci pour l’alcool en revanche. »

Sirotant son cocktail, elle écouta le rapport détaillé de son compagnon, dirigeant son regard dans la direction appropriée. À mesure que les informations affluaient, le visage de la blonde s’assombrissait. Si Edward visait juste – et elle n’en doutait pas-  la soirée s’annonçait compliquée.

- «  Et bien j’ai eu vent de pleins de choses croustillantes. Que veux-tu savoir ? Je peux te dire que Mme Baudouin a d’après la rumeur, un amant bien plus jeune qu’elle. La mort de son mari ne la traumatise pas. Les frères Morineau ont des problèmes avec la justice pour avoir étés pris dans une maison close. » Rose marqua une pause, faisant mine de réfléchir «  Oh et je peux aussi t’indiquer le meilleur modiste de tout Paris. La liste est encore longue, mais je vais t’épargner ce calvaire.»

Un peu de sarcasme ne faisait jamais de mal. Surtout lorsqu’on avait été lâchement abandonnée à son sort en compagnie d’une adolescente bien trop bavarde.

- «  Plus sérieusement, Henriette a mentionné que ce genre de réception était donné de plus en plus régulièrement par ses parents. Elle est ravie car cela lui donne l’occasion de porter de nouvelles robes. Elle est cependant moins ravie d’être mise à l’écart en tant qu’héritière, des fins de soirées entre habitués qui se déroulent dans le petit salon. »

Cette fois la blonde jeta vers son compagnon un regard lourd de sens. C’est pourquoi elle sursauta presque lorsque une main se posa sur son épaule, par derrière, légère et silencieuse. Elle n’avait pas entendu la personne approcher. C’était Mme Tallebot, toute de rouge vêtue, qui avait décidé d’arrêter de leur lancer des œillades pour venir les saluer.

- «  Rose, bonsoir. C’est un plaisir de vous recevoir chez nous, comme toujours. »

Sourire crispé. Œillade prononcée en direction d’Edward. Message reçu parfaitement.

- « Tout le plaisir est pour nous, je vous remercie de nous accueillir. Mme Tallebot, je ne crois pas que vous connaissiez Edward White ? »
- « En effet. C’est un plaisir M. White. » Sourire toujours figé. Une main tendue en direction du loup. Regard vers Rose. Haussement de sourcil. Elle se souvenait sûrement du brassard rouge délaissé à l'entrée «  Il est votre … ? »
- «  Mon fiancé. »

Une joie enfantine avait éclairé ses traits alors que leur hôte s’étouffait le plus discrètement possible avec son champagne. Eques n’avait pas interdit d’enjoliver la réalité alors pourquoi s’en priver ? Peut-être que la prochaine fois Edward réfléchirait à deux fois avant de l’abandonner à parler chiffons.

Il y eu un blanc et le visage de Mme Tallebot avait perdu tant de couleurs que même son rouge à joues ne pouvait le cacher. Elle pinça les lèvres et répéta :

- «  Votre fiancé ? »

Le sourire sur le visage de Rose s’étira encore. La contrebandière glissa une main dans le dos du loup, l’autre se posa sur son torse et elle se pressa contre lui d’un air mutin.

- «  Vous n’étiez pas au courant ? »
- «  Votre frère ne m’a p- … Je veux dire,  non, je n’étais pas au courant. »

Mme Tallebot remis une mèche de cheveux imaginaire en place dans son chignon, le temps de reprendre contenance. Son regard coula furtivement vers la mystérieuse femme que le loup avait bousculé un peu plus tôt avant de revenir à ses interlocuteurs.

- «  Vous formez un couple charmant » raclement de gorge, hésitation, puis : « Si vous voulez bien m’excuser, je dois m’entretenir avec mon mari. Mais je suis certaine que nous ne manquerons pas de nous recroiser. »

Et sans attendre de réponse, elle s’éclipsa. Rien que le fait que Mme Tallebot ai pût être en contact avec Alexandre de la Tour était mauvais signe pour les Légendaires présents. S’ajoutait à cela qu’en la suivant du regard, Rose pu constater que ce n’était pas avec son mari qu’elle était allée s’entretenir mais bien avec la femme à l’air austère.

La blonde relâcha son partenaire et lui désigna l’interlocutrice du bout du menton :

- «  J’ai un mauvais pressentiment. On se rapproche ? »

Elle lui prit le bras, feignant le naturel de la situation et en profita pour lui glisser, goguenarde :

- « Oh, et la prochaine fois, si tu me refais le même coup, je fais de toi mon mari. Tu es prévenu !  »
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeLun 23 Jan - 8:17

Fiancés ? Edward faillit s’étouffer, mais improvisa à merveille un rôle d’amant comblé. Sourire aux lèvres et main libre posée sur la taille de sa cavalière, le loup blanc écouta très sagement l’échange entre Madame Tallebot et sa « duclinée ». Il nota le comportement on ne peut plus suspect de leur hôtesse, ainsi que ses fréquentations douteuses, puis elle les abandonna aussi sèchement qu’elle les avait abordé. Avalé de travers, le champagne lui piquait encore la truffe lorsque Rose lui saisit le bras. Elle l’invita à se rapprocher tout en le menaçant de fictivement l’épouser à la prochaine entourloupe de son cru. Pfeuh.

La moue boudeuse, Edward ne quitta plus la contrebandière et ensemble, ils trouvèrent un espace approprié pour espionner les messes-basses de Madame Tallebot. Dos à elle, une vitre leur renvoyait l’image de son corps crispé aux côtés la dame pincée aperçue plus tôt. Seuls quelques mètres séparaient les deux groupes, mais la discussion entre Madame Tallebot et son invitée se faisait très bas et troublée par les tintement de verres et les éclats de rire ambiant, l’ouïe fine du lycanthrope ne put en percevoir le contenu.
À la place, il tira légèrement Rose sur la droite, attirant son attention sur Monsieur Tallebot. L’homme était doté d’un physiquement avenant, hautement sympathique, qui contrastait avec la sécheresse de son épouse. De taille modeste, sa carrure d’ancien militaire était assouplie par un ventre que de récentes années d’oisiveté avaient arrondi. Une grosse barbe bien taillée mangeait son visage carré où perçait deux yeux luisant d’une intelligence certaine et d’un amour inconditionnel pour sa fille aînée. Henriette se tenait à ses côtés. Elle croisa le regard d’Edward et son visage s’illumina. S’excusant auprès de son père, elle traversa la salle avec la précision et la rapidité d’une flèche. Oups.

« Roooooose ! S’exclama-t-elle. Vous êtes donc fiancée ! C’est formidable ! Madame Baudouin vous a entendu pendant que vous discutiez avec Maman. Et vous ne m’avez même pas montré votre bague ! Cachotière. J’espère que vous lui avez offert un de ces superbes solitaires d’Inde, Monsieur White ! Allons, allons, faîtes moi voir ! »

Plus souple qu’une chatte en chasse, Henriette déposa promptement son verre vide sur le premier plateau de passage, puis se jeta sur la main gauche de Rose. Elle la leva jusqu’à son nez, loucha pour évidemment, rien n’y trouver. Sa bouche prit le pli d’une forte déception. Edward intervint avant que Rose n’ait l’occasion de lui faire porter le chapeau. Déposant délicatement sa main droite sur l’épaule de l’anglaise, il expliqua sur le ton de la confidence.

« Je lui ai offert un superbe saphir rappelant ses beaux yeux, mais voyez-vous cette adorable créature a les doigts qui gonflent. Puis levant sa main gauche, il ajouta : Ne voulant pas l’embarrasser, je ne porte pas mon anneau non plus.
Oh je comprends, fit l’adolescente en desserrant son étreinte. Maman porte son alliance en collier à cause de ça. Ce sont des choses qui arrivent quand on prend de l’âge ! »

Edward détourna la tête, peinant à étouffer un éclat de rire. Henriette n’y fit heureusement pas attention, car désormais très concernée par leur couple, elle demanda à Rose :

« Avez-vous déjà choisie votre robe pour la noce ? Non, attendez ! Je suis sûre que vous allez la confier à ce tailleur de Londres dont vous refusez de me dire le nom.
En vérité, nous n’avons pas encore choisi, intervint Edward. Peut-être auriez-vous quelqu’un à nous conseiller ? Un de vos invités peut-être ? »

Le regard de la demoiselle se mit à pétiller d’excitation. Quel important rôle venait-on de lui accorder ! Cette amatrice inconditionnelle de mode se mit à scruter les convives, son petit nez retroussé par la réflexion. Le loup blanc l’aiguilla sur la personne qui l’intéressait :

« L’homme qui discute avec votre père n’est-il pas tailleur ? Il m’a semblé le reconnaître mais…
Lord Fleming ? Vous devez confondre. Papa m’a dit qu’il travaille dans la banque. Il n’est en France que pour quelques mois, mais Maman a beaucoup insisté pour l’inviter. Apparemment, il  défend les êtres Légendaires en Angleterre, alors elle trouvait ça important qu’il vienne.
Votre mère tient beaucoup à cette cause on dirait.
Oui ! D’ailleurs ces soirées c’est son idée.  »

Elle poursuivit en avouant sa méconnaissance et son désintérêt totale pour la politique, mais Edward ne l’écoutait plus. Madame Tallebot et son interlocutrice étaient en phase de mettre un terme à leur conversation et le ton était légèrement monté. Juste assez pour que le loup blanc puisse percevoir des brides de conversation. Leur hôtesse insistait :

« Tout ce que je vous demande c’est d’être plus discrets qu’à l’accoutumé.
Le marché était pourtant très clair.
C’était avant que j’apprenne qu’ils seraient présents. Puis-je compter sur vous, oui ou non ?
Je dois en discuter. Donnez-moi vingt minutes.
Quinze et pas une de plus.  »

Les deux femmes se séparèrent. Madame Tallebot rejoignit son mari, mais ce dernier ne lui accorda pas un regard. L’inconnue s’était fondu dans la masse.
Sur l’estrade, les musicien débutèrent une valse. Edward prit la main de Rose dans la sienne et, s’excusant promptement auprès de Mademoiselle Henriette, il entraina la contrebandière sur la piste de danse. Glissant sa paume dans son dos, il étendit le bras droit et l’attirant contre lui, il lui raconta ce que ses oreilles indiscrètes venaient de lui apprendre.

« Tout ça me plait de moins en moins , finit-il par avouer dans un élégant pas de deux. Mais je doute que Madame Tallebot nous laisse rejoindre son cercle privé et nous risquons de nous retrouver le nez à la porte à la fin de cette soirée.  »

Levant le bras, sa cavalière fit un tour sur elle-même avant de reprendre le cadre. Edward lui adressa un sourire de garnement :

« Et sinon, comment vont tes doigts de mémé ? »

Ce fut à cet instant qu’un intense et familier parfum vint lui chatouiller la truffe. Tiens ? Du coin de l’œil, il aperçut sa propriétaire au bord de la piste, tâchant d’enseigner à son partenaire les rudiments de la danse. Le garçon était à l’écoute, mais son corps rongé de stress, lui donnait autant de souplesse qu’un bout de granit. L’occasion idéale pour bousculer le destin.
Se décalant dans leur direction, Edward finit par heurter malencontreusement le dos du jeune homme. Surpris par le choc, le malheureux s’emmêla les pieds et tomba sur sa cavalière qui passa également par terre dans une belle envolée de jupons. Patatra !

« Ah ! Désolé ! Est-ce que tout va bien ? Attendez, laissez-nous vous aider. »


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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeMer 25 Jan - 18:35

La mine pincée, Rose avait écouté le loup débiter son laïus sur leur mariage prochain et sur les désagréments causés par certaines parties de son anatomie. La piqure de la vexation se faisait encore sentir dans l’orgueil de la contrebandière que déjà, Edward passait à l’action. À présent, Rose laissait son cavalier guider la valse, plus guindée qu’à son habitude. Elle accordait à cette raillerie innocente plus d’attention qu’elle ne l’aurait souhaité.

Remplaçant son air renfrogné par une mine faussement horrifiée, elle se précipita pour relever le tas de jupons et de jambes qu’Edward venait de bousculer. Elle laissa au loup le soin de redresser le jeune homme. Autour, toutes les paires d’yeux s’étaient rivés sur eux, certains couples ayant même arrêtés de danser.

- « Ohhh mon dieu ! Je suis terriblement désolée ! Pardonnez mon fiancé, il a pris un peu de poids ces derniers temps. Il est devenu tellement maladroit depuis qu’il ne fait plus d’exercice. »

Lorsque l’amas d’étoffes bleues fut enfin dans une position plus convenable, elle révéla un charmant visage juvénile parsemé de tâches de rousseurs. La blancheur de son teint était masquée par la rougeur de ses joues et par de longues mèches auburn.

Rose s’adressa à elle en anglais, et les deux jeunes femmes échangèrent ainsi quelques minutes, le temps que la demoiselle reprenne contenance. Puis, la rousse attrapa le bras de son cavalier dans un éclat de rire et s’exclama dans un français teinté d’un fort accent :

- «  Que c’est curieux de rencontrer une compatriote ici, n’est-ce pas Silas ? »
- « Euh, je, well-… »
- « Je suis Elizabeth Fleming. Voici mon cavalier, Silas O’Mara » le coupa la demoiselle, en tendant sa main vers Edward.
- «  Enchant-… »
-  « Votre fiancé est vraiment charmant darling. »

Et elle reluqua sans gêne le loup de haut en bas. Tout en parlant, Rose et elle avaient entrainés leurs cavaliers sur le côté de la piste, à l’abris des regards curieux. Henriette arriva quelques instants après, fendant la foule, bousculant certains invités puis s’excusant machinalement avec empressement.

- « Elizabeth !  Rose !  Vous avez pu faire connaissance ! Comme c’est charmaaaant ! »

Les deux jeunes filles, excités et ravies, se mirent à gazouiller entre elles, se désintéressant momentanément des présents. La contrebandière reporta son attention sur le fameux Silas. De son point de vue, il semblait tout à fait ordinaire. Mais Edward semblait vouloir le tenir à l’œil. Tout comme la mystérieuse complice de Madame Tallebot.

Scrutant la foule, pendue au bras d’Edward, elle faisait mine d’écouter la conversation des jeunes filles à laquelle elle participait par des « unhun » intéressés. Elle finit par apercevoir quelqu’un monter les escaliers menant vers l’étage. L’inconnu se voulait discret mais son embonpoint et son costume carmin, beaucoup trop serré, le rendait facilement reconnaissable. Au bas de l’escalier, s’éloignant rapidement, se tenait l’austère acolyte.

Rose sera le bras de son cavalier, lui indiquant d’un geste du menton ceux qui avaient attiré leur attention. Elle lui glissa à l’oreille :

- «  Fais comme moi. Joue le jeu. »

Elle s’écarta de lui, feignant de s’intéresser aux bavardages. Mais subitement, la contrebandière s’attrapa la tête d’une main comme prise d’une soudaine douleur. Ses sourcils se froncèrent et ses traits se crispèrent. Elle avança d’un pas chancelant, comme étourdie, poussa un léger gémissement et se laissa tomber sur le sol. Le jeune Silas eu juste le temps de la rattraper avant qu’elle ne s’effondre sur le parquet. Elizabeth et Henriette furent sur elle en un instant. Elles s’exclamèrent de concert :

- « Rose ! »
- « Are you alright ? »

Autour d’eux les conversations avaient cessé et on les regardait d’un air concerné. Rose laissa choir sa tête sur le côté d’un air faussement embarrassé, tendant la main vers Edward.

- «  Oh mon chéri, j’ai effrayé tout le monde. » S’appuyant sur le bras de Silas qui la soutenait toujours, elle leur fit mine d’approcher et continua en baissant la voix : «  Je vais tout vous révéler. Je suis enceinte. D’après mon médecin, ce genre de petits désagréments font partit du début de la grossesse. Tout comme les extrémités qui gonflent. »

Elle adressa un sourire au loup, et ses yeux pétillaient de malice. Ça c’était sa vengeance pour ses « doigts de mémé. » Et pour les bleus sur son derrière lors de leur dernier cours de combat au corps à corps. Elle avait eu du mal à s’assoir pendant une semaine après ça. En un claquement de doigts elle avait rendu le dandy « papa ». On verrait bien quelle réputation il aurait auprès des demoiselles après cela. Et si la rumeur pouvait arriver jusqu’à un certain commissaire et le rendre jaloux, ce serait d’une pierre deux coups.

Pas mécontente de son petit effet, la blonde continua :

- « Je suis désolée jouer les troubles fêtes Henriette mais pourriez-vous m’excuser un instant ? J’aurais besoin de me remettre un peu de mes émotions. »

L’expression d’Henriette passa du délice du scandale à la sollicitude en un éclair.

- «  Mais non, mais pas du touuut Rose. » s’empressa de répondre l’héritière. « Que diriez-vous de vous reposer à l’étage ? »
- «  Je n’oserai pas vous en demander tant… »
- « Sottises !  Montez en premier, Elizabeth et moi nous allons vous chercher des rafraichissements. »
- «  What a lovely idea ! »
- « Et puis dans un contexte plus privé, vous pourrez nous entretenir sur les détails de votre grossesse, hihihi ! »
- « Silas, would you be a dear, aide donc M. White à transporter Miss Walkson à l’étage  ? »

Le pauvre Silas n’eut pas le temps d’acquiescer que déjà les deux chipies avaient disparues. Il proposa alors maladroitement son bras à la contrebandière. Elle l’accepta et avant que son loup de partenaire n’ait pu protester, elle glissa sa main libre dans la sienne. Elle n’avait pas perdu de vue leur objectif. Leur cible était mise en sécurité, et ils filaient un de leurs principaux suspects. Les autres invités semblaient avoir repris leurs occupations. Pour l’instant la situation semblait sous contrôle. Rose en profita pour souffler au loup alors qu’ils gravissaient les premières marches :

- « Alors ? Quel effet ça te fait de devenir « papa » ? »

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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeSam 28 Jan - 12:01

« Alors ? Quel effet ça te fait de devenir « papa » ?
Ça dépend… Tu crois que le bébé aura ton sens de l’humour ? »

Un fabuleux jeu d’acteur rythma leur montée des marches jusqu’à l’étage. Le pallier les plaçait à l’abri des regards et ils purent souffler un peu. Toujours près d’eux, Silas ne semblait pas avoir remarqué de leur jeu de dupe. Toujours perdu, le jeune homme surveillait Rose comme le lait sur le feu, craignant sincèrement pour sa santé. C’était assez adorable vu son jeune âge et selon Edward, cela confirmait qu’il ne se doutait pas une seconde de ce qui se tramait dans son dos. De temps à autre, il regardait en arrière, cherchant sans doute Elizabeth, devenue son seul point de repère au sein de cette étrange soirée, mais la belle anglaise se fit désirer.
Ils avaient atteint un long couloir au tapis rouge qui desservait le bâtiment central de la maison Tallebot, ainsi que ses deux ailes. La gauche était libre, mais la droite avait été barrée. Il était indiqué qu’elle était en travaux et interdite au public, pourtant vu l’odeur qui flottait, c’était bien cette direction qu’avait pris leur Monsieur Costume-trop-serré. Comme il aurait été suspect de partir à sa poursuite, Edward opta pour une petite alcôve centrale qui donnait sur un charmant boudoir miraculeusement vide. La priorité était d’en apprendre un peu plus sur Silas et sur la famille Flemings qui l’accompagnait. Le loup blanc avait toutes les peines du monde à les croire impliqué, mais il préférait s’en assurer.
Avec une délicatesse discutable, il aida Rose à s’installer sur l’un des divans, puis s’accroupît à son chevet. Lui prenant la main, il continua de jouer le jeu en espérant calmer le jeune homme et lui délier la langue.

« Tu as l’air mieux mon cœur, je suis rassuré. »

Silas dut le comprendre, car il acquiesça comme pour se convaincre que tout irait bien. Il ouvrit ensuite la bouche, hésitant, puis la referma. Son visage oscillait entre une coloration écarlate et un blanc laiteux. Edward eu la vivace impression d’être projeté quelques années en arrière et de faire face à son neveu. Il savait exactement quels mots allaient quitter ces lèvres pincées et les devança par pur réflexe :

« Vous n’avez pas à vous excuser Silas, Rose a raison, c’est moi qui ai été maladroit.
C… Comment vous…
Par contre elle a tord quand elle dit que j’ai pris du poids. »

Enfin un sourire. Edward se redressa et s’assit aux côtés de Rose sur un bout du sofa.

« Si je peux me permettre, vous n’avez pas l’air très à l’aise ici. Est-ce la première fois que vous participez à ce genre de soirée ?
O… Oui. Elizabeth a insisté. Elle dit… Hmm… Je ne sais pas si les mots… Elle dit que je dois… sortir de ma coquille ?
Elle n’a pas tout à fait tord.
Je sais, mais j’ai un peu peur parce que… je… Comment dire… Je suis comme vous, vous savez ?
Comme moi ? Tiqua Edward. Vous n’êtes pas humain, c’est ça ? »

Silas acquiesça doucement. Il passa nerveusement d’un pied sur l’autre, sembla prêt d’ajouter quelque chose, mais une vague de panique le submergea et il se mit à violemment balbutier.

« P-p-p-pardon ! C-C’était un secret ?
Du tout. Tout va bien, je vous le promets. Mais je suis un peu surpris. Vous l’avez deviné ? »

Le garçon retrouva des couleurs et un peu de souffle. La main sur son cœur, ses jambes lâchèrent et il se laissa choir sur l’un des fauteuils. Il prit une grande inspiration, puis répondit plus calmement :

« Je le vois. L’aura est différente entre les humains et les autres.
Et c’est cela qui vous inquiète ?
Non, non… C’est que j’attire le malheur, ou le bonheur, ça dépend. Je peux causer des accidents sans le vouloir, c’est assez terrifiant. Alors pardon si je vous ai fait tomber.
Je vous assure que ce n’est pas le cas, insista Edward. »

Il avait saisi la main de Rose et lui adressa un coup d’œil appuyé, signe qu’il était à présent certain que Silas était la cible principale de cette soirée. Les Légendaires capables de repérer n’importe lequel de leur confrère n’étaient pas nombreux. Edward avait acquis ses capacités en aiguisant sa truffe pendant des années au contact de tout un tas de non-humains, mais ce petit gars là, l’avait repéré en un coup d’œil. S’il terminait entre de mauvaises mains, ce serait une catastrophe.

Gloussements et froufrous de robes.

« Coucouuuu, nous revoilà ! Rose chérie, comment ça va ? Tenez, nous vous avons pris de quoi vous hydrater.
And a lot of sweets ! Ajouta Elizabeth qui revenait probablement du braquage d’une confiserie tant elle avait les bras chargés.
Je vois que tu es entre de bonnes mains trésor. Je vais voir si je peux te trouver une petite bassine.
Une bassine ? Questionna Henriette avec de grands yeux ronds. Mais pourquoi faire ?
Pour les nausées, spécifia le loup blanc en se levant afin d’éviter un tacle de sa douce.
V…Vous voulez dire qu’elle risque de… de… ?
Vomir oui. Et tripes et boyaux, je le crains !
Mon dieu !
De vrais geysers !
M… Mais…
Je vous la confie Henriette !
A-Attendez Monsieur White ! Monsieur White ? »

Mais Monsieur White avait déjà filé, un grand sourire aux lèvres. Ça c’était pour avoir dit qu’il avait grossi.
Quittant l’alcôve, il prit aussitôt la direction de l’aile droite, censée être fermée au public. La piste de leur bon ami engoncé dans son costume aurait dû s’estomper, mais par chance, l’homme avait ingurgité une grande quantité d’encas à l’ail et laissait derrière lui une emprunte olfactive aussi tenace que désagréable.
Avançant de son pas le plus discret, Edward atteignit une lourde porte laissée entrouverte par laquelle il put se faufiler. La faiblesse de l’éclairage ne le gênait pas et il perçut immédiatement que l’endroit était doté d’une architecture bizarre, presque absurde, qui ne collait pas avec le reste de la maison. La piste menait à un petit escalier en colimaçon qui descendait au rez-de-chaussée. Il hésita à l’emprunter, mais se figea la main à peine posée sur la rambarde. Des voies remontaient de l’étage inférieur. Il reconnut les timbres de Madame Tallebot et celui de la femme pincée.

« La partie est maintenue à cette unique condition.
Et pour la troisième fois, c’est non. C’est du suicide.
Vous les restreignez sans contrepartie ? Ce n’est pas sérieux.
La mise est d’excellente qualité, elle suffit largement.
Mais le jeu a beaucoup moins d’intérêt s’il se déroule uniquement au rez-de chaussée.
C’est tout ce que je peux faire.
En êtes vous sûre Amanda ? »

Un silence tomba, seulement troublé par un infime froissement de robes. Madame Tallebot reprit sur un timbre troublé qu’elle voulut faussement détaché.

« Dîtes leur de se tenir prêts, pour vingt-deux heures, comme convenu.
Tout sera prêt ?
Évidemment.
Et pour l’autre ? »

Si réponse il y eut, elle fut trop ténue pour qu’Edward la perçoive. Il ne s’attarda pas. Rebroussant chemin, il tira nerveusement sur sa montre à gousset. Vingt-et-une heure trente-quatre. Bon sang…


* * *


Presque au même instant, un majordome de la maison se présenta au boudoir. Petit et maigre, sa physionomie se distinguait d’entre toutes par son nez recourbé et ses deux grands yeux de hibou. Rose l’avait déjà vu. C’était lui qui, à l’entrée, avait récupéré les brassards des Légendaires invités. Il se racla la gorge.

« Excusez-moi ? Monsieur Fleming souhaiterait vous voir jeune homme.
Daddy nous cherche ? questionna Elizabeth, prête à se lever.
Non Milady, juste votre ami. »


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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeDim 29 Jan - 17:31

Une fois Edward disparu, la mine de Rose se décrispa. Comment-avait-il osé se moquer d’elle de la sorte ? Quel goujat. Pas étonnant qu’il ne soit pas marié ni fiancé à quiconque. Il ne perdait rien pour attendre, sa vengeance serait terrible. Il fallait juste qu'elle y réfléchisse.

Suite aux déclarations du loup Elizabeth et Henriette s’étaient installées à une distance respectueuse du sofa, souhaitant éviter toute projection intempestive. Elles étaient en train de lui servir un verre d’eau lorsque quelqu’un frappa à la porte du boudoir. Il s’agissait du majordome à l’air éberlué qui avait débarrassé les invités de leurs voyants brassards à l’entrée de la maison. Il exposa sa requête d’un ton calme et posé. Il ne devait certainement pas s’attendre à la réponse qu’il allait recevoir. Avant que Silas n’ait pu faire un mouvement, la contrebandière se jeta sur lui enserrant brusquement son bras.

- « Ah non ! Il n’en est pas question ! »
- «  Je- Plait-il ? »
- «  Je ne vous laisserai pas emmener ce jeune homme. Mon fiancé n’est pas là, et je n’accepterai pas d’être laissée sans défense. »
- «  Mais mademoiselle-…. »
- «  Non, non et non ! Est-ce que vous savez ce qu’une jeune femme dans ma condition risque sans présence masculine à ses côtés ? Je suis sûre que non. »

Le majordome en resta coi. Rose le fusillait du regard, prête à mordre s’il y mettait les doigts. Edward avait été clair : il fallait le garder à l’œil. Il ne bougerait pas d’ici avant que le loup ne soit revenu. De son côté, Silas n’osait plus esquisser un geste, comme paralysé. Il fallait dire que le décolleté de Rose était ostensiblement plaqué contre lui. Ce fût Elizabeth qui intervint en suggérant :  

- «  Vous pourriez peut-être dire à Daddy de venir ici ? Il sera content de rencontrer une compatriote si loin de chez nous. »

Le majordome hésita. On lui avait visiblement intimé l’ordre de revenir accompagné du jeune homme. L’air intraitable de Rose le découragea cependant, et il décida qu’argumenter avec quiconque lui avait confié cette tâche était préférable à affronter une furie en jupons. Il se retira avec un signe de tête et referma la porte.

La blonde décida alors de relâcher le bras du malheureux Silas dont la couleur avait viré au cramoisi. Il n’était visiblement pas habitué à la proximité de la gent féminine. Faisant comme si rien ne s’était passé, Rose sourit aux jeunes filles :

- «  Vous disiez ? »
- « Nous vous demandions si vous saviez comment allait être votre bébé étant donné… l’identité du père ? »
- «  Oh, et bien j’espère qu’il n’héritera pas du mauvais caractère d’Edward ni de son sens de l’humour. »
- « Non, darling, nous voulions dire… »
- «  Est-ce qu’il sera humain ? » souffla  tout bas Henriette, comme si ce qu’elle venait de dire était une énorme obscénité.

Le regard de Rose passa de l’une à l’autre et elle ne pu retenir un éclat de rire qui résonna dans tout le boudoir ce qui ne manqua pas de faire sursauter Silas.

- «  Qu’y-a-t-il de drôle ? » demanda Henriette, visiblement un peu vexée que sa question indiscrète ait provoqué l’hilarité.
- «  Non ma chère rien du tout. » Rose posa une main sur son ventre et sourit «  Peu importe ce qu’il est, ce sera mon enfant, donc je l’aimerai tout autant. Humain ou pas. » Elle adressa un clin d’œil à ses deux jeunes interlocutrices « Et puis honnêtement si il a le physique de son père… »

Rose n’acheva pas, car elle venait de voir ledit père entrer dans le boudoir, un récipient non identifié à la main. Sans savoir si le loup l’avait entendue ni même ce qu’il aurait pu entendre, mais sachant que son espèce avait l’ouïe fine, le visage de la blonde vira au rosé, puis à l’écarlate. Elle lutta pour reprendre contenance sans réussir à cacher la teinte de son visage.

- « Oh mon chéri. Tu es déjà de retour. »
- «  Oooooh M. White ! Votre fiancée nous vantait justement vos qualités…. Extérieures. »

Henriette gloussa de concert avec Elizabeth. Silas semblait vouloir envie de disparaître. Tout comme Rose à ce moment-là. Maudite Henriette. Elle attendit que le loup s’approche d’elle avec son récipient, toujours rougissante et de mauvaise humeur à présent. Lorsqu’il fut assez proche, elle l’attira à elle pour une étreinte, déclarant tout haut :

- « Mon cœur tu m’as terriblement manqué !  » puis, tout bas : « Ne vas pas t’imaginer des choses. Tu n’es absolument pas mon genre. On est venu chercher Silas, quelque chose va se passer je le sens. Qu’as-tu trouvé ? »

Rose regarda autour d’elle, craignant que Fleming ou le majordome ne revienne à tout moment avec une bonne raison d’emmener Silas cette fois. Elle relâcha le loup lorsqu’elle sentit quelqu’un s’assoir à ses côtés sur son divan. C’était Elizabeth qui la fixait d’un air curieux. Lorsqu’Edward s’éloigna d’elle, elle se pencha à l’oreille de la contrebandière et souffla :

- « So, i’ve always been curious… Between you and me… With a “man” like that, how’s the…. »

La fin de la phrase fut prononcée tellement doucement que Rose ne l’entendit mais cru la deviner par le ton scandaleux de la questionneuse. Elle émit un son étranglé et se redressa d’un bond comme électrisée. Plus écarlate que jamais, une série d’images suggestives défilèrent dans son esprit. Ses oreilles la chauffaient. Elizabeth gloussa, tout comme Henriette qui lui avait surement suggéré l’idée d’une telle question. Bon sang, les jeunes de nos jours n’avaient-ils donc aucune pudeur ? Aucun respect pour leurs aînés ?

- « ….the life in a cabaret ? How scandalous is it ? You've must see things...  »

La contrebandière cligna des yeux une fois, deux fois, trois fois. Elle regarda Elizabeth comme si elle la voyait pour la première fois. Quelle idiote elle faisait. S’imaginer des choses alors que le principal intéressé était juste à côté. C’était embarrassant, même selon ses critères, et en temps normal il lui en fallait beaucoup pour se sentir mal à l'aise. Tentant de cacher sa gêne, elle s’écria avec un enthousiasme forcé, coupant Elizabeth et ne laissant pas à Henriette de place pour les protestations :

- « Henriette ! Et si vous nous montriez les travaux que vos parents font dans l’aile droite ? Cela me donnera des idées pour rénover la chambre d’Edward, c’est un véritable nid de célibataire ! Ou n'importe qu'elle partie de votre maison, après tout, n'excluons rien ! »
- «  Je ne crois pas que… »
- «  Vous n’avez pas rép-… »
- «  Oh mon dieu, ne soyez si rabat joie, allons, allons ! » Elle attrapa Edward pas le bras et le traina hors du boudoir sans délicatesse «  Silas, venez, on ne sait jamais quand je pourrai à nouveau m’évanouir ! »

Silas jeta un regard paniqué à Elizabeth qui lui rendit un regard plein d’incompréhension.

- « Et si Daddy venait à arriver… ? »
- « Oh la maison n’est pas si grande n’est-ce pas Henriette, il finira par nous trouver. »
- « Je suppose mais, euh-… »
- « Ne trainez pas, nous sommes déjà partis ! »

C’est ainsi qu’une Rose encore cramoisie de gêne se retrouva à trainer un loup, un jeune homme mal à l’aise et deux jeunes filles incrédules vers une aile interdite au public. Mais à peine avait-elle fait un pas en direction de l’espace défendu qu’un grognement sourd se fit entendre dans leur dos. Le poids de la chose fit grincer sinistrement le parquet. Il n’y avait rien d’humain là dedans.

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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeMer 1 Fév - 20:57

Malgré l’approche certaine du danger, Edward n’était pas parvenu à ravaler le sourire victorieux qui lui retroussait le coin des lèvres. « Ses qualités extérieures » hum ? Rose avait beau l’avoir averti qu’il n’était absolument pas son genre — et il la croyait — elle empestait la gêne, ce qui donnait soudain un goût savoureux au mensonge de la contrebandière. À tel point que même les allégations injustifiées d’Elizabeth au sujet du cabaret ne parvinrent pas à arracher le loup blanc à son petit nuage de joie. Ce fut le grognement rauque dans leur dos qui s’en chargea.
Il n’avaient pas eu le temps de dépasser l’alignement de pot de fleur censé limiter l’accès à l’aile droite, lorsque le tapis du couloir absorba un pas si lourd qu’il mit au supplice les lattes du plancher. À ce son, tous se retournèrent, mais ce fut Henriette qui eut la palme du sursaut le plus violent. Son volt-face se chargea d’une portée hautement dramatique quand elle ramassa ses mains moites contre son cœur.

« Par tous les saints, Hector ! Vous voulez nous faire mourir de peur ? »

Il y avait un peu de reproche dans sa voix, ainsi qu’un malaise palpable. La rayonnante Henriette venait de s’effacer derrière une épaisse couche de brume, effrayée par un orque aussi moche que colossal. Plus petit qu’Edward d’une poignée de centimètres, il avait le double de sa largeur. Un mélange de muscles et de graisse couvert par un uniforme coupé sur-mesure, mais dont l’usure des manches trahissait une longue ancienneté.
Ses yeux noirs et vides balayèrent leur petit groupe et s’allumèrent brusquement d’une étincelle de vie. Il entrouvrit sa mâchoire carrée aux canines inférieures impressionnante, exhalant une forte odeur de viande faisandée. Edward ne put s’empêcher de protéger sa truffe. Un haut le cœur le saisit et il en vint à regretter d’avoir laissé sa bassine dans la pièce voisine lorsque Hector ordonna :

« Venir.
Mais enfin, c’est moi ! Objecta Henriette. Et puis nous allions retourner au bal alors…
Venir. »

Henriette n’insista pas. Elle se tourna vers Rose, avec toute la politesse et la bienséance que requérait pareille situation, puis expliqua en tâchant de conserver son sourire :

« Je crains que nous ne puissions visiter cette partie de la maison pour le moment très chère Rose. J’espère que vous ne m’en voulez pas.
Où allons nous ? Demanda Edward.
Hum… Sans doute dans la bibliothèque, soupira Henriette. Voyez-vous, Maman a très peur des voleurs aussi personne n’est censé rester à l’étage. Hector est là pour veiller au grain, mais il n’a pas dû être averti de votre malaise Rose et il applique bêtement la consigne qu’on lui a donné. Je suis navrée, mais ce malentendu sera vite dissipé ! »

Si malentendu il y avait, chose dont Edward doutait grandement. Elizabeth semblait pourtant avoir été convaincue. Elle s’excusa auprès d’Henriette, assurant qu’elle ne désirait aucunement lui attirer des ennuis, mais Silas demeurait visiblement inquiet. Peut-être avait-il perçu la duperie, ou peut-être se méfiait-il de l’orque depuis que le colosse s’était léché les babines en dardant sur lui ses prunelles pleine de gourmandise.
Henriette ne s’était pas trompée. Ils furent tous conviés à prendre place dans la bibliothèque à l’étage de l’aile gauche de la maison Tallebot. Hector s’installa dans un coin et cessa de bouger, seule sa respiration rauque troublait le silence des lieux lorsque l’on poussa à nouveau la porte. Madame Tallebot entra avec, sur ses talons, le majordome hiboux.
La maitresse des lieux eut un instant de flottement en découvrant sa fille, installée sur le divan. Elle se reprit aussitôt, se drapa du masque de la mère courroucée et lança sans tarder l’acte qui devait aboutir à l’évincement de son aînée.
Ping. Pong. Madame Tallebot se montra retord, injuste et de très mauvaise foi, reprochant à son enfant de ne jamais l’écouter et de toujours n’en faire qu’à sa tête. Ce cocktail très bien dosé, ne tarda pas à faire s’enflammer la mèche de l’adolescente qui explosa en larmes lorsque sa génitrice la congédia. Le battant claqua et tous les livres vibrèrent. Dans un silence de mort, Madame Tallebot retrouva toute sa majesté d’hôtesse et s’installa très calmement dans un petit fauteuil voltaire.

« Veuillez excuser cette scène… Henriette peut se montrer terriblement entêtée. Je m’excuse qu’elle vous ait entrainé dans tout ça.
C… Ce n’est rien, bredouilla Elizabeth, forte émue par l’échange. Mais ne soyez pas trop dure avec Henriette s’il vous plait. Elle voulait seulement aider Lady Rose.
Vraiment ? La surprise excessive de Madame Tallebot laissa place à un air profondément peiné et une puissante odeur de mensonge. Je l’ignorai. Rose, très chère, si vous souhaitez que je vous fasse atteler une voiture…
Ce ne sera pas utile, assura Edward. Rose se sent beaucoup mieux grâce aux bons soins de votre fille. N’est-ce pas chérie ? »

Un éclat meurtrier brilla au fond des yeux de Madame Tallebot, mais le reste de son visage affichait une rayonnante sérénité. Croisant doucement ses longs doigts noueux sur ses jambes, elle annonça :

« Laissez moi me faire pardonner ce terrible malentendu. Une tasse de notre meilleur thé et je vous rend votre liberté.
Ce n’est vraiment pas nécessaire, tenta Edward en cherchant à se lever.
J’insiste, siffla leur hôtesse. »

Il se rassit au fond du canapé. Près de lui, Elizabeth n’avait rien perdu son flegme, mais son sourire était beaucoup plus crispé. Silas en était venu à se ronger les ongles. Sa jambe droite vibrait, martelant le plancher de sa nervosité. S’il avait pu s’évaporer, Edward était certain qu’il l’aurait fait.
À leur droite, Maître Hiboux en avait fini avec la préparation de leur quatre tasses. Le thé, versé d’une main expérimentée, dispersa une puissante odeur de jasmin. Le loup blanc fronça le nez. La boisson avait été très fortement dosée et son parfum lui irritait la truffe. Mais alors que le serviteur s’apprêtait à déposer le tout sur leur table basse, survint un évènement aussi anodin que crucial. Un pli dans le tapis, qu’Edward n’avait pas remarqué jusqu’alors, se dressa sur le chemin du majordome. Il s’y prit les pieds, tenta de se rattraper, mais trop tard.
Le plateau s’envola. Trois tasses tombèrent par terre, la dernière rebondit sur la table et éclaboussa la robe d’Élisabeth. Elle se leva dans un cri surpris en même temps que Silas, qui bredouilla :

« P-Pardon ! Pardon Lizzy ! Je ne voulais pas je…
Ce n’est rien, assura doucement la demoiselle. Ce ne sont que des tâches. Je t’assure que ce n’est rien.
Mais… Mais c’est la robe de ta mère… Pardon ! Je sais que tu y tiens… Je ne voulais pas mais je… »

Il était au bord des larmes, mais elle passa ses mains dans ses cheveux et doucement, il se calma. Quelques mots furent glissés à son oreille en anglais. Silas acquiesça, renifla et ce fut à cet instant que Madame Tallebot reprit son jeu d’actrice. Elle les rejoignit au pas de course et de son timbre le plus alarmé :

« Miss Fleming, je suis terriblement navrée ! Veuillez pardonner la maladresse de mon majordome. Je vous en pris, laissez Gram vous accompagner afin de vous changer. Henriette vous prêtera une tenue, pendant que nous nettoierons celle-ci.
Vous… Vous pensez que cela se nettoie ? Demanda Elizabeth.
Notre gouvernante fait des merveilles, je vous assure. Mais dépêchez-vous, cela sera sera bien plus difficile à retirer si c’est sec.
L… Lizzy… Balbutia Silas.
I promise to hurry. »

Elle lui lâcha la main et emboita vivement le pas du majordome maladroit, ou plutôt malchanceux. Si sa chute était bien due à Silas, alors le jeune homme ignorait qu’il venait de leur donner un sacré coup de pouce. Une fois renversé, le thé avait diffusé une seconde odeur, que le jasmin n’était pas parvenu à totalement masquer. De la valériane et sans doute en assez grande quantité pour assommer un cheval ou… un loup-garou.
La porte se referma. Lassé par ce jeu de dupe, Edward interrogea d’un timbre glacial :

« Votre numéro est terminé ?
Cela dépend, répliqua Madame Tallebot d’une voix soudain vide de toute empathie. Aimez-vous jouer ? »

Le loup blanc jeta un coup d’œil à Rose. Il n’était pas enchanté, mais tenta de gagner un peu de temps.

« Que gagne-t-on ?
Une chance de sauver la vie de votre nouvel ami. »

Dans un coin de la pièce, la petite aiguille de la pendule se rapprocha d’un cran de plus du douze. Encore six minutes et dix coups sonneraient.

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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeJeu 2 Fév - 22:27

Six.

- « Et si nous ne voulons pas jouer ? »
- «  Dans ce cas, je crains que votre ami soit condamné. »

Inconsciemment, le regard de Rose détailla la pièce à la recherche d’issues. Le sourire glacial de Mme Tallebot s’étira :

- «  Ne vous fatiguez pas Rose. Toutes les sorties de l’étage sont condamnées. » Une pause. Elle avisa le bijou qui ornait la gorge de son interlocutrice. « Et ne comptez pas sur l’aide de vos petits jouets. Ils sont inutiles ici. La maison est protégée contre toute forme de magie. Une simple précaution, vous comprenez. »

La main de la contrebandière retomba. Pas d’artefacts magiques certes mais…

- « Je peux toujours vous fracasser le crâne avec ce presse papier. »
- « Vous pouvez. Mais vous n’aurez plus aucune chance de vous en sortir. »

Le presse papier retrouva sa place initiale, rayant le bois vernis de la table dans un bruit sec. Mme Tallebot ne bougea pas d’un centimètre, sûre de son contrôle absolu.

Cinq.

- «  J-je ne comprend pas » bredouilla Silas, tournant la tête en direction d’Edward, désorienté.
- «  Vous allez jouer pour votre survie mon cher. » l’éclaira Amanda. « Vous avez de la chance, contrairement aux autres vous avez deux co-équipiers. Oh Rose, ma chère, vous ne voyez pas d’objections à ce que l’on ajoute votre fiancé à la mise, bien entendu. »
- «  Je suppose que mes protestations ne changeront rien. »
- « En effet. »

Le corps de la contrebandière se tendit. Hector émit un grognement d’avertissement.

Quatre.  

- «  Passez à table. »
- «  J-je ne suis pas sûr de savoir… »
- «  Elle va vous tuer, Silas. Ou vous vendre comme esclave si vous êtes chanceux. »

Pas le temps de prendre des pincettes. Le jeune homme devint blanc comme un linge. Rose ne lui prêta plus attention, le laissant aux bons soins d’Edward.

- « Je ne l’aurais pas formulé ainsi, mais c’est l’idée, oui. » Elle fit un signe de la main à Hector qui s’avança. Il lui présenta un plateau sur lequel trônait un petit carnet. Elle l’attrapa, l’ouvrit, fit tourner quelques pages avant d’annoncer « Vous avez du succès Silas, nous avons une participation record ce soir. »
- «  Les règles » la coupa froidement Rose.
- « J’y venais. Lorsque sonnera dix heures, vous aurez trois heures pour trouver la pièce sécurisée qui vous permettra d’échapper à vos poursuivants. Si vous y parvenez, vous serez saufs. Mais je préfère vous prévenir : il faudra d’abord échapper à vos assaillants. Et si vous y parvenez, pour entrer sans la pièce elle-même, il vous faudra résoudre trois jeux. Un pour chacun d’entre vous. Un de force, un d’habileté, et un de logique. »
- «  C’est tout ? Et moi qui pensait que ce serait difficile. »

Trois.

- «  D-des gens ont déjà réussi ? »

Silas était à la limite du malaise vagal. Mme Tallebot referma son carnet d’un geste sec.

- « Non. »
- « Oh mon dieu… Elizabeth… »
- « Si vous aimez cette jeune fille, je vous conseille de ne pas chercher à la prévenir. »
- «  Et Henriette ? »
- «  Un thé à la valériane lui sera servi dans quelques minutes. »

La soirée s’annonçait sous de mauvais auspices. D’un geste, la blonde déchira jusqu’au dessus du genou la robe qui avait fait l’admiration de Mademoiselle Tallebot. D’un autre, elle fendit la couture latérale du vêtement jusqu’au  milieu de sa cuisse. Sa liberté de mouvement lui serait précieuse dans quelques minutes. Vitale même. Ses chaussures à talon tombèrent dans un bruit mat sur la moquette.

- « Vous allez le regretter. »
- «  Peut-être. Mais il vous faudra vivre pour le savoir. »
- «  Je ne vous laisserai pas toucher à un cheveu de Silas ou d’Edward. »

Deux.

Un petit rire amer s’échappa des lèvres de la maîtresse de maison. Silas se leva, peut-être pour tenter de fuir, mais la grosse main de Hector le força à se rasseoir.

- «  Rose, je ne suis pas un monstre. Puisque chacun de vos partenaires à des capacités spéciales, je vous autorise à choisir quelque chose dans cette pièce pour vous défendre. »

Rose grimaça. C’était une bibliothèque. L’arme la plus dangereuse dans cette pièce était le presse papier ou peut être l’ouvre lettre s’il était assez tranchant. Elle se retourna et aperçu, au-dessus du canapé où elle était assise, une vieille épée, suspendue là comme décoration. Sans attendre, elle monta sur le dossier du sofa, et la décrocha, la sortant de son fourreau, la soupesant, passant son doigt sur le tranchant de la lame.

C’était une épée à deux mains, clairement émoussée par les années. Elle était lourde pour elle et peu pratique de maniement. Mais sans autre option cela ferait l’affaire. Rose accrocha le fourreau dans son dos et y replaça l’arme.

Un.

- « Qu’est ce qui nous assure que vous tiendrez parole si nous gagnons ? »
- « Vous n’avez pas d’autre choix que de me faire confiance. »

Rose se leva, fit signe à Edward et Silas qu’il était temps de partir. Mme Tallebot n’esquissa pas le moindre geste pour les retenir. Hector resta stoïque à côté de sa maîtresse.

- « Oh Rose, une dernière chose… Ne soyez pas surprise si vous croisez Alexandre ce soir. Il est friand de nos divertissements. »

La contrebandière se figea. Sa mâchoire se serra, ses muscles se crispèrent. D’une voix rendue sourde par la rage, elle réussit à articuler :

- « Vous paierez pour ça. Tous les deux. »
- «  Bonne chance ! » répliqua la voix de Mme Tallebot dans leur dos.

Zéro.

Le décompte des dix coups de vingt-deux heures se firent entendre, lugubres, annonciateurs des événements à venir. Hormis le bruit régulier de l’horloge, le silence était assourdissant.

- « Allons-… »

La contrebandière n’acheva pas. Un carreau d’arbalète  frôla sa tête, et vint se ficher dans le mur juste derrière. Silas poussa un cri de surprise. Le parquet du couloir émit un craquement sinistre.

Partez.
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeLun 6 Fév - 8:48

Au dixième coup, la salle changea. Comme un mirage qui s’effacerait, Madame Tallebot s’évanouit, ainsi qu’Hector et toute la bibliothèque. L’architecture classique et sobre de la petite pièce, fut vite remplacée par un espace conséquent, à l’architecture ronflante et alambiquée. Antiquité, renaissance, empire, tous les styles se mélangeaient donnant une allure dérangeante au grand hall au milieu duquel ils venaient d’être transportés.
Edward comprit tout de suite qu’un soupçon de magie les avait déplacés dans l’aile droite de la bâtisse. Les « travaux » n’étaient qu’un prétexte pour dissimuler ce sordide terrain de jeu.
Pas le temps de souffler. Une flèche frôla Rose et on pesta depuis le petit balcon au-dessus d’eux. Un rire moqueur éclata depuis le fond de la salle. Deux chasseurs rivaux donc, mais Edward ne chercha à en affronter aucun. Tout près, une arche gothique donnait sur un couloir au sol marbré à côté de laquelle se trouvait un imposant vaisselier. Il fit signe à Rose, puis saisissant Silas par le bras, il le poussa à l’intérieur, laissa la contrebandière passer, puis abusant de sa force exagérée, il fit basculer le gros meuble. Dans un bruit assourdissant de faïences brisées, il tomba en travers de l’entrée du couloir, gênant grandement son accès. De l’autre côté, l’amusement repassa chez le tireur maladroit, tandis que son homologue pestait.

« Ne restons pas là, souffla Edward. »

Il s’avança dans le couloir, les sens aux aguets, attentif à Silas qui semblait totalement déphasé. L’effroi et le déni s’affrontaient une place de choix dans son esprit. Mieux valait que le premier l’emporte, car il augmentait ses chances de survie. Mais le loup blanc lui ficha la paix, car même hagard, le garçon continuait d’avancer et pour le moment, c’était tout ce qui importait.

« C’est une verrière que j’ai aperçu en surplomb du hall ? »

Il n’adressa pas un coup d’œil à Rose, attentif aux bruits et aux odeurs provenant de l’intersection qui approchait. Edward était à peu près sûr que la contrebandière avait remarqué la même aberration architecturale que lui. Sa myopie ne lui avait pas permis de clairement l’identifier, mais la forme convexe et la position en hauteur lui faisait grandement penser à un poste d’observation.

« Si on a du public, on va peut-être pouvoir tricher. »

À condition que l’endroit ne soit pas piégé, ni bouclé et qu’ils trouvent comment y accéder. Bref, ce n’était vraiment pas gagner, mais ça valait le coup d’y penser.
Edward tourna à gauche. Le corps du prédateur traitait mécaniquement l’afflux de données, analysant automatiquement chaque son, chaque odeur, de façon à parer à toute éventualité. Il aurait été plus à l’aise en sous-bois que dans une maison aux plans tracés par un timbré, mais savoir que tous ces chasseurs allaient se tirer dans les pattes pour accrocher sa tête au-dessus de leur cheminée le réconfortait un peu.
Sa foulée se cala naturellement sur celle de Rose. Silas cavalait un peu, mais il demeurait cramponné à la veste du loup blanc comme un naufragé à sa bouée de sauvetage. De temps à autre, un mot gargouillait entre les lèvres pâles, puis il replongeait dans absolu mutisme.

« Bon sang, mais où sont les portes ?! »

Edward cherchait une salle, une pièce où ils pourraient se poser, même une minute, pour faire le point, mais depuis qu’ils s’étaient engouffrés dans le corridor, pas une seule entrée ne s’était présentée.
Cette fois ils furent contraint de prendre à droite. Le couloir très sobre devint une allée à l’architecture romaine de très mauvais goût. Un tapis rouge la traversait, passant devant plusieurs piliers sur lequel reposait des bustes en bronze figés dans d’horribles grimaces. Faune, Diable, Ogre… Le loup blanc comprit tout de suite de quoi il s’agissait. Silas aussi. Le garçon tressaillit violemment et ses jambes le lâchèrent. Edward le retint, puis tout son corps se tendit d’effroi.

Clic.

Arme à feu. Il pensa à pousser Rose derrière un pilier, mais il n’en eut pas le temps. Embusqué dans une salle au fond du passage, une femme sortit de l’ombre, son visage rond défiguré par la folie de la victoire. Elle leva une main assurée et le canon du révolver brilla.

PAN !

Et à nouveau, l’impensable se produisit.
À la seconde où elle pressa la détente, Silas perdit pied. Son corps fut secoué d’un violent tressaillement, obligeant Edward à un mouvement réflexe pour le maintenir debout. Ce geste vif bouscula la statue de satyre à ses côtés. L’œuvre chuta et lui sauva la vie.

PING !

La balle ricocha, une fois, deux fois, encore. Le concert fantastique sur les bronzes déstabilisa la tireuse. À chaque son, elle tournait la tête et sa face dodue coulait un peu plus de terreur. Retour à l’envoyeur. Elle cria, enroula ses bras autour de sa tête et ferma si fort les yeux qu’ils parurent s’effacer dans les replis de sa peau. La balle ricocha une dernière fois… et la manqua. Entracte. Comprenant que c’était terminé, elle rouvrit les yeux prête à éclater de rire, mais s’arrêta, bouche grande ouverte.
Sourire carnassier. Désormais tout près, Edward la salua d’un geste de la main. Elle fit non de la tête, recula, mais le lycanthrope était grand et sa détente avait peu d’égale. Il leva le pied et l’enfonça de toutes ses forces dans la face ronde de son opposante. La puissance colossale fit faire un tour complet à son corps et elle retomba, face contre terre, HS pour le reste de la soirée. Oups. L’interroger les aurait peut-être aidé. Haussement d’épaules.
Edward récupéra son révolver — un six coups — et arracha la sacoche accrochée à sa taille. Revenant sur ses pas, il retrouva Rose à mi-chemin et lui lança le tout :

« Pour fêter nos fiançailles. » 

Puis se tournant vers Silas qui talonnait la contrebandière, il l’attrapa par l’épaule et planta son regard dans le sien.

« Cette fois, je suis sûr que c’est toi. Comment tu fais ça ?
Que je… Qu… bulla le garçon.
Tu nous as sauvé du thé à la valériane et maintenant du coup de feu.
Non, non ! C’est juste…
De la chance ? »

Là, Silas entrouvrit la bouche, totalement dépassé. Il eut un temps d’arrêt, puis son corps sembla comme sortir de sa torpeur. Un tressaillement de rage et d’horreur lui fit monter les larmes aux yeux et il hurla son angoisse dans un violent cri du cœur.

« Si c’était vraiment moi, vous croyez que je serai là, bloqué dans une chasse à l’homme, au milieu de… de ces cinglés qui veulent ma peau ?! »

Ok. Point pour lui. Mais Edward n’avait pas rêvé et les capacités de Silas devenaient trop importantes pour être ignorées. Il devenait urgent de trouver un coin tranquille qui leur permettrait au moins de connaitre sa nature et ses aptitudes, car si jusqu’à présent il leur avait porté chance, le loup blanc voulait s’assurer que l’inverse ne risquait pas d’arriver.
La salle où s’était dissimulée la tireuse ferait l’affaire. Après s’être assuré qu’elle était vide, il invita le garçon encore à fleur de peau à entrer, mais arrêta Rose lorsqu’elle en franchit le seuil. Se penchant à son oreille, il lui murmura :

« Monsieur Costume-Trop-Serré en approche. Tiens toi prête. »

Commençant à être gêné par l’odeur d’ail qui lui parvenait, Edward se frotta le nez d’un revers de main avant de s’exclamer, volontairement assez fort pour être perçu dans l’allée.

« C’est bon on est en sécurité, on va pouvoir se poser. »



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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeMar 7 Fév - 18:34

Les attaques de trois chasseurs déjouées et quelques meubles détruits plus tard, Rose et ses deux comparses pouvaient enfin souffler. A peine avaient-ils mis les pieds dans la salle que déjà, Edward les mettait en garde contre un nouvel assaillant qui s’approchait à grands pas si on s’en fiait au nez froncé du lycanthrope.

S’étant délestée de son épée, Rose procéda à une inspection rapide de son cadeau de fiançailles. Un colt single action army. Le pacificateur. Un barillet de six cartouches en calibre trente-huit. Une cadence de tir de quatorze coups par minute et une vitesse de rechargement inégalée. La chasseuse ne savait peut-être pas tirer, mais elle avait une arme de qualité.
D’un geste expérimenté, elle chargea le revolver. Le barillet émit un clic satisfait en retrouvant sa place.

Ignorant Silas qui s’était replié au fond de la pièce, elle se positionna dans l’encadrement de la porte. Le signal d’Edward avait été reçu parfaitement. À peine le flamboyant costume rouge pointa-il son nez dans son champ de vision qu’elle ouvrit le feu. La première balle le toucha dans l’épaule. La seconde le manqua alors qu’il se mettait à couvert dans un bruit d’agonie.

Quelques secondes passèrent. Un bris de verre se fit entendre, puis, le silence. La contrebandière osa poser un pied dans le couloir, après avoir jeté un regard dubitatif à son partenaire.

- «  Je crois que- OH MY FUCKING GOD ! »  

Une créature humanoïde s’extirpa de l’endroit où était dissimulé l’homme au costumé trop serré quelques minutes plus tôt. Sa face boursoufflée avait triplé de volume, et son corps en avait fait de même, ajoutant quelques muscles saillants au passage. Le costume rouge en lambeaux couvrait seulement quelques parties délicates de son anatomie. Sur le sol, aux pieds du géant, gisait une fiole dont quelques gouttes de liquide vert oubliées perlaient sur le sol. Rose ne put s’empêcher de grogner :

- «  De la potion magique ? Sérieusement ? »  

Sans attendre de réponse, elle tira les balles qu’il lui restait sur le monstre, qui sembla à peine dérangé par leur impact. Jugeant que le repli était la meilleure solution à l’heure actuelle, elle tira le lycanthrope à l’intérieur et verrouilla la porte en passant la lame de son épée en travers des poignées. Avisant Silas toujours replié dans le fond de la pièce, elle lui lança :

- «  Ce serait le moment parfait pour nous donner un petit coup de main ! »
- «  Je-Je… »

Pressant de tout son poids contre la bibliothèque, la contrebandière la fit basculer dans un fracas assourdissant contre les battants de la porte. De l’autre côté, la créature continuait à tambouriner.

- « Silas ! »
- «  Je ne sais pas comment faire ! »

Un bras aussi large qu’un tronc d’arbre traversa le bois d’un des panneaux. La large main griffa le vide quelques instants, tentant de s’accrocher à quelque chose, sans succès.
Rose s’approcha vivement du garçon qui tremblait comme une feuille à présent, paralysé de terreur. Elle lui assena une gifle retentissante.

- « Reprends-toi » lui assena-t-elle sèchement. « Ou on va tous y passer. »

Sous le choc, les yeux de Silas s’humidifièrent. Ses poings se serrèrent sous le regard dur qui était posé sur lui. Autour d’eux, l’air sembla soudain peser une tonne. Le duvet sur les bras de la contrebandière se dressèrent. Quelque chose était en train de se passer. Elle décida de pousser :

- « Je te conseille de faire un effort si tu ne veux pas qu’on te laisse là. »
- « PUISQUE JE VOUS DIS QUE JE NE SAIS PAS COMMENT ÇA FONCTIONNE ! » s’emporta Silas.

En même temps que la colère du garçon éclatait, un vase explosa, heurté par un projectile provenant surement de leur assaillant, mais Rose ne pouvait en avoir la certitude. Un bris de verre frôla son bras, y imprimant au passage une longue estafilade. La blessure se mit à saigner.


- « Oh mon dieu je… »
- «  Ce sont tes émotions !  » s’exclama Rose en le coupant « Mais bien sûr ! » Elle se retourna vers Edward « Tu as vu ça ?! »
- «  Mais, je, euh, vous…. Vous êtes blessée ! »

Derrière la porte, la créature poussa un grondement. Le bois qui les séparait craqua sinistrement sous la pression qu’on lui imposait. Le bras se retira et un œil immense et injecté de sang prit sa place dans l’embrasure. Il détailla les occupants de la pièce et un sourire carnassier éclaira ses lèvres lorsqu’il se recula.

- « Hihihi… Je vais vous manger…D’abord la petite blonde… Et puis le gros loup…  Hihihi... »

Et, d’un coup, le monstre disparu de leur champ de vision. Le sourire de Rose se figea. C’était mauvais signe.

- « Edward ? Est-ce que tu as un plan ? »

La contrebandière recula jusqu’aux fenêtres qui ,bien entendu, refusèrent de s’ouvrir. De toute manière, la noirceur de l’extérieur laissait deviner une obscurité magique, destinée surement à retenir d’éventuels fuyards. Elle se dirigea vers un placard, encastré dans le mur à la recherche de quelque chose d’utile pour se défendre. Silas la suivait avec un mouchoir tiré de sa poche qu’il agitait désespérément :

- « Pour votre bras…. Laissez-moi… S’il vous plait… »

Rose, l’ignorant superbement, ouvrit la penderie. Son cœur battait vite et le sang affluait à ses oreilles. Le stress de voir revenir le géant qui avait un certain appétit pour la chair fraiche lui faisait hérisser les poils.

L’intérieur du réduit était sombre, et quelques vêtements pendaient là, abandonnés. Une forme sur le sol attira le regard de la blonde. Elle se pencha en avant, appelant le lycanthrope.

- « Viens voir Edward, tu ne trouves pas que ça sent… ? »

Elle n’acheva pas. Quelque chose sortit de l’obscurité et la saisi par le bras, l’entrainant dans les ténèbres. La contrebandière hurla :

- «  EDWARD ! »

Et la porte de la penderie se referma.
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeSam 11 Fév - 12:04

«  ROSE ! »

Edward se jeta sur la penderie. Il voulut en saisir la poignée, mais elle passa au travers de ses doigts. Son cœur s’arrêta, son souffle s’éteignît. Dévoré par l’angoisse, son regard sonda chaque centimètre du meuble. Il tenta à nouveau de le toucher, de le frapper, mais ses coups portaient dans le vide et rapidement, il vit le mur apparaitre au travers du bois. Non ! Non ! Non ! Sans tenir compte du craquement sinistre de la porte, le loup blanc appela encore.

* * *

«  ROSE ! »

Deux mains froides claquèrent sur les joues de la contrebandière. La pénombre s’estompa un peu, effacée par une pâle lumière bleue. Deux grands yeux embués de larmes se dessinèrent, puis des bras fins garnis de manches à froufrous s’enroulèrent autour du cou de la demoiselle. On l’attira dans une masse de soie et de dentelles, puis on l’écarta pour mieux la contempler.

« Allez-vous bien ? Êtes vous bless- OH MON DIEU MAIS VOTRE ROBE !! »

Henriette Tallebot sentit son cœur de modiste se fissurer devant la vision d’horreur de cette pièce de haute couture réduite en charpie. Sous le choc, elle en aurait presque oublié la mission qui lui incombait si une seconde voix, plus petite, ne s’était pas manifestée.

« Henriette, nous avons peu de temps… Please… »

Le ton plaintif d’Elizabeth ramena l’héritière familiale à la raison. Elle rassembla ses esprits, puis colla un doigts sur les lèvres de Rose pour prévenir de tout bavardage inutile.

«  Je n’ai pas le temps de vous expliquer. Nous ne pouvons pas vous faire passer de notre côté et cette liaison ne peut pas dépasser une minute, sans quoi nous serions repérées. Nous vous recontacterons dès que nous le pourrons afin de vous guider vers la sortie.
Oh my… Henriette… Je… Je sens que quelque chose nous cherche…
—  Rose, chérie écoutez moi. Vous devez impérativement suivre les serpents !
Il faut y aller !
Les serpents Rose !
Please, telle Silas that I… »


* * *


Mains sur les oreilles, yeux clos et recroquevillé dans un coin de la pièce, Silas faisait son possible pour maîtriser ses nerfs. Il doutait de la conclusion de Rose concernant ses capacités, mais il voulait vraiment aider, tout en ignorant comment ne pas tuer malencontreusement celui qui l’avait maintenu en vie jusqu’ici. Son cœur affolé lui détruisait les côtes. Le sang lui fouettait rageusement les tempes, au point qu’il craignait de voir sa tête exploser. Désespérément, il cherchait une image, une sensation, à laquelle se raccrocher de toutes ses forces, mais les bruits de verres et de bois brisés ne cessaient de lui arrachaient de puissants sursauts. Alors tous ses muscles se crispaient et ses doigts s’enfonçaient un peu plus profondément dans sa peau. Ses paumes écrasaient ses oreilles et au travers de son souffle affolé, il entendit le cri étouffé d’Edward.
Violemment repoussé par le colosse écarlate, le loup blanc traversa la pièce. Il heurta le canapé de plein fouet et le fit basculer en arrière. Son corps roula sur le dossier, puis termina sa course contre la cheminé. Ouch. Edward se hissa sur ses bras. Essoufflé, échevelé et un peu sonné, il releva la tête en entendant glousser.

« Hihihi ! Couché le grand méchant loup ! »

Enflammé par l’adrénaline, son orgueil le remit debout. Il s’essuya les lèvres et profitant de ce bref répit, ralentit son son souffle. Un rideau de mèches épars dégringolèrent devant deux yeux brûlant d’une fiévreuse austérité.
Face à lui, le golitath riait. Il n’accordait aucun intérêt à la proie facile que représentait Silas. Perdus sous la proéminence de son arcade sourcillèrent, ses prunelles injectées de sang parcouraient avidement la pièce à la recherche de Rose. Il l’appela comme un enfant sadique appellerait un moineau auquel il veut donner un peu de pain avant de lui arracher les ailes. Avec brutalité, il fracassa la table basse d’un coup de talon, puis s’arrêta pour contempler les débris. Il parut déçu de ne pas y trouver le cadavre de la contrebandière, mais son rictus affamé ne quitta pas sa figure rouge et déformée. Ivre de puissance, il en devenait plus bête que ses pieds, et seul un réflexe bateau lui fit relever la tête lorsque chanta le métal tout près de la cheminé.
Edward s’élança, sa main à peine refermée sur le manche du tisonnier. Il enjamba le canapé, prit appuis sur son assise renversée et sauta d’un bond puissant sur le colosse. Le chasseur leva le bras pour se protéger et le métal rebondit contre sa peau durcie. Un pas en arrière. Le loup blanc cherchait l’ouverture. Second coup, plus près de la tête. L’effet fut le même, mais la guêpe agaça le buffle qui chercha à riposter. Se plaignant du « méchant loup » qui l’assaillait, le chasseur tenta de l’attraper. Edward se baissa, passa au-dessous et en une fraction de seconde, se positionna dans son dos.
Trop grand, trop lent, son opposant n’eut pas le temps de se retourner. La barre d’acier appuya sur sa trachée. Une main de chaque côté, le loup blanc la tirait vers lui avec force. On tenta de l’attraper. Il l’évita de peu et préférant s’écarter, appuya son talon au bas des reins du chasseur et fit contre-poids en se penchant en arrière.
Le rire s’éteignit, remplacé par un horrible gargouillis. La face rougeaude pâlit, mais en s’agitant, le gaillard parvint à glisser quelques doigts entre le tisonnier et sa peau. Il chercha à l’écarter pour reprendre son souffle et malgré la force d’Edward, il serait sans doute parvenu à ses fins sans un imprévisible coup de main.

« Silas ! »

Le garçon s’accrocha à la taille d’Edward. En ajoutant son poids au sien, le loup blanc put accentuer son étreinte au point de torde en partie le tisonnier. Dans le miroir, il vit le regard de leur assaillant se révulser. Il convulsa, mais un dernier éclair de lucidité le poussa à violemment reculer.
Tous trois heurtèrent la penderie avec tant de violence que le meuble bascula et tomba sur le côté. Le loup blanc n’eut pas le temps de s’en inquiéter. Un main énorme se referma sur sa cheville et le traina brusquement sur le sol au milieu des débris de meubles et de porte. Vite, se libérer. Se redressant juste assez, Edward chercha à enfoncer le tisonnier dans l’étau écarlate, mais l’acier ricocha sans causer la moindre éraflure.
Silas hurla. Il s’était relevé, mais l’effroi le clouait près de l’armoire. Ses émotions débordaient, il tremblaient, des larmes plein les yeux, mais son corps demeurait totalement statufié.  Impuissant, il vit Edward disparaitre dans l’allée.
La rudesse du parquet fut remplacée par le moelleux du tapis et une chose flasque contre laquelle l’épaule du loup-garou cogna. Il tourna la tête et tomba nez à nez avec deux yeux écarquillés et vides. Haut le cœur. À demi redressé, Edward repoussa violemment le corps sans vie de la tireuse désarmée plus tôt. Laissée inconsciente dans le corridor, elle avait été réduite en bouillie par le piétinement impatient de son rival devant la porte.
Dans une grande inspiration, le loup-garou passa en mode survie. D’un geste sec et puissant, il planta le tisonnier dans le mur. Il y mit toute sa force, l’enfonçant au tiers et s’agrippa le plus fermement possible à la barre d’acier. Hors de question d’aller plus loin. Il serra les dents. Vexé d’être ralenti, le colosse chercha à lui empoigner l’autre jambe, mais Edward se débattit.

Gagner du temps.

Il croyait fermement qu’avec le retour de la penderie reviendrait Rose. Et il espérait plus follement encre qu’elle ou Silas remarquerait ce qui était tombé de la seule poche encore accrochée à la taille presque nue du monstre rouge. Entre deux pieds de chaises, une petite fiole verte à l’étiquette à moitié décollée attendait, peut-être, de tous les sauver.



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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeDim 12 Fév - 17:04

L’impression de tomber à nouveau, puis un choc violent. Outch. Retour à la réalité. Rose donna un coup de pied dans la porte de la penderie renversée et s’en extirpa tant bien que mal, encore un peu sonnée.

La pièce qu’elle avait quitté quelques minutes plus tôt était sans dessus dessous. L’embrasure de la porte était béante, la bibliothèque détruite, le sofa renversé, des éclats de bois jonchaient le sol. Et au milieu de ce chaos, Silas, immobile, tremblant comme une feuille, l’air hagard. Rose chercha du regard Edward, mais il était introuvable. Tout comme le monstre. Peur. Nausée.

- « Où est Edward ? »

Silas ne répondit pas, son regard sembla passer sur son interlocutrice sans la voir et il tendit un doigt tremblotant vers l’entrée de la pièce. Un son étranglé et rageur s’échappa de la gorge de la contrebandière. Sans plus prêter attention à leur protégé, elle se dirigea vers la sortie, laissant planté là Silas et ses pouvoirs inutiles. Avant qu’elle franchisse le seuil, un gargouillement apeuré la retint :

- « L-la f-fiole… »

Silas pointait à présent son doigt vers une chaise renversée, entre les pieds de laquelle gisait une petite fiole qui ressemblait fort à celle qu’avait pris le géant un peu plus tôt. Rose la ramassa, la fit tourner, examina l’étiquette. Une intuition. C’était peut-être leur chance. Elle fit signe à Silas de la suivre et passa la porte sans vérifier qu’il la suivait.

Elle faillit trébucher sur le cadavre de la chausseuse, lui accorda à peine un regard et l’enjamba sans s’émouvoir, faisant sauter la petite bouteille de couleur dans sa main droite. En face d’elle le monstre s’acharnait sur un lycanthrope en bien mauvaise posture. Lorsqu’il l’aperçu, le monstre cessa de porter son attention sur sa première proie, sans pour autant relâcher ni desserrer sa prise. Son regard s’illumina :

- « Petite blonde hihihi… »

Le sourire carnassier s’agrandit :

- « Chair plus tendre ... »
- « Et oui ! Plus savoureuse aussi. Je pense qu’Edward doit être plein de nœuds. Mais pour me gouter, il va falloir m’attraper mon gros ! »

Et elle commença à reculer lentement, sans le quitter des yeux. Le colosse relâcha sa victime, non sans lui assener un violent coup à la tête au préalable :

- « Pas bouger le loup… Je reviens jouer… »

Et il se mit en marche, excité par la perspective de ce jeu du chat et de la souris. Ses pas faisaient trembler les murs. Rose relégua ses peurs et sa rage au plus profond de son esprit. La crainte qu’Edward soit blessé ou pire. La crainte d’être dévorée par cette chose. La rage d’être si terriblement humaine. Si impuissante. Elle laissa venir le monstre à elle. Du coin de l’œil, elle vit Silas se tenir dans le cadre de la porte. Parfait. Les dents de la créature étaient énormes et sa bouche béante suintait de salive dans l’anticipation du repas qu’il allait s’offrir.

Ce fût ce moment-là qu’elle choisit pour lancer la fiole. La petite bouteille ricocha contre les incisives du monstre mais se brisa pourtant par chance. Le liquide se répandit miraculeusement dans sa bouche. Rose pensa qu’elle aurait des remerciements à faire à Silas. Peut être même des excuses.

Le colosse sembla un instant inchangé : il grogna, s’essuya la bouche d’un revers de main, fronça les sourcils.

- « Vilaine petite… »

Il n’acheva pas. Ses yeux se révulsèrent, sa bouche se tordit et ses membres se contorsionnèrent dans des positions impossibles. Son corps irradiait d’une lueur verdâtre qui aveugla les présents durant un instant. Lorsque Rose se risqua à abaisser la main qui protégeait ses yeux, le petit homme grassouillet avait réapparu.

Un air de crainte aurait dû à présent s’afficher sur son visage, mais à la grande surprise de la blonde, ce n’était pas le cas. Son visage était déformé par un rictus mauvais qui lui glaça les os. Sans peur aucune, il la détaillait, comme un acheteur détaille le tapis qu’il convoite. Il lança, goguenard :

- « Vous ne sortirez d’ici vivants. »

C’en était trop. Peut-être aurait-il pu en dire un peu plus si Rose ne s’était pas élancée dans sa direction, une des longues épingles à cheveux qui retenaient son chignon en main. Violemment, la pique rencontra l’œil de l’homme rondouillet et s’enfonça avec bruit écœurant dans la cavité orbitale. L’homme tressaillit, Rose pressa plus fort, enfonçant l’instrument plus loin encore. Quelques tressautements et bruits de succion répugnants. Elle avait envie de hurler. Le corps cessa enfin de bouger et la blonde le relâcha, le laissant s’effondrer sur la moquette dans un bruit mat. La rage et la peur se calmèrent momentanément.

Silas derrière elle, eu un haut le cœur, rendant l’entièreté de son diner. Ce faisant, il avait lâché le revolver de Rose et ses munitions qu’il avait récupéré dans un sursaut de bon sens. Mais la contrebandière ne lui prêta pas attention, préférant s’approcher d’Edward sans plus accorder un regard au corps.

Faisant preuve d’une douceur qui lui était peu commune elle prit le visage du lycanthrope entre ses mains, tentant de voir si quelque chose avait l’air arraché, déplacé, cassé, coupé. De là où elle se tenait tout avait l’air relativement en place. Un poids disparu de sa poitrine et elle respira plus librement. Elle prolongeât le contact un instant de plus, comme pour s’assurer qu’il était bien en vie, son pouce décrivant un arc de cercle sur sa joue. Puis se rendant compte de son geste, elle se recula brusquement, comme brulée par le contact, enfouissant ses mains dans les plis de sa robe.

Rose inspira, repris contenance et haussa un sourcil avant de déclarer :

- « Allons les garçons. On n’a pas toute la soirée. »

Silas, le visage livide tenta une protestation :

- « V-vous …. L-l’homme…. V-vous… »
- « Oui, oui. Tué. » Elle tenta de remettre une mèche de cheveux en place « J’ai vu Henriette et Elizabeth. Ne me demandez pas comment, je n’en sais rien. Elles nous demandent de suivre les serpents. »

Plutôt cryptique comme indication. Elle revint sur ses pas, se pencha sur le cadavre et arracha sa pince à cheveux du crane du chasseur. Le bruit du glissement de l’objet dans la chair rendit à nouveau Silas pâle comme la mort, ce qui ne manqua pas de faire lever les yeux au ciel à la contrebandière. Petite nature. Mais au plafond son regard croisa celui …

- « Des serpents ! »

La voute du plafond était décorée par une multitude de serpents colorés. Et tous pointaient dans la même direction : le cœur de la maison.

- « Dépêchons-nous avant que tous les joueurs soient rameutés ici. »

Elle croyait déjà entendre des pas qui se rapprochaient. Elle fit un signe de tête à son partenaire, lui signifiant qu’il fallait se presser et récupéra le pistolet des mains de Silas, l’entrainant à sa suite, toujours plus loin au cœur du labyrinthe.
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeMar 14 Fév - 19:05

Sonné, Edward distingua la conclusion de leur affrontement en de vagues formes floues. Le son du verre brisé résonna très nettement dans son esprit malmené, mais ce furent les odeurs de sang et de mort qui le ramenèrent à la réalité. Soulagé, car il savait que Rose l’avait emporté, il se laissa un instant choir sur le sol, espérant que sa tête bourdonnante se calmerait.
Un bruit de pas approcha. Il voulut parler, dire qu’il savait qu’il fallait se dépêcher, mais son corps réclama un peu plus de répit et il ne bougea pas. Une chaleur sur sa peau le troubla, mais moins que ce parfum si proche qu’il avait appris à connaitre par cœur. Une caresse sur sa joue fit tressaillir ses doigts, mais il garda son sourire pour lui. Idiote.

Sans mettre les formes, la contrebandière les pressa de s’activer. Edward se redressa et s’assit, récupérant au passage son tisonnier. La tête lui tourna brièvement, mais passant ses doigts dans ses cheveux, il fut surpris de n’y trouver qu’une belle bosse. Son regard dépareillé coula vers le trépassé pour qui il n’eut qu’une moue dédaigneuse. Un de moins.
Il se leva lorsque Rose évoqua Henriette et Elizabeth. Il fut plus sceptique à la mention des reptiles, mais comme ils manquaient de temps pour d’inutiles questions, tous optèrent pour suivre leur seul indice. Comme Alice courant après le lapin blanc, leur trio se mit en quête du moindre serpent avec l’espoir qu’il les sortirait de cet enfer.
Silas excella en la matière. Peut-être rassuré de savoir que sa chère Elizabeth ne l’avait pas oublié, il dégotait en un rien de temps les signes même les plus alambiqués et leur permit de parcourir un bout de chemin en toute sécurité.
Au détour d’une brève incursion en Égypte antique, leur course les amena dans une salle disproportionnée, digne copie d’une cathédrale gothique. Sous ces piliers de pierre et ces voutes immenses, même la plus discrète des foulée prenait l’ampleur d’un pas d’éléphant. Leur entrée fut saluée par un silence de mort et l’éclairage criard de plusieurs vitraux à la gloire des précédents gagnants. Sous la nef principal, un autel sacrificiel était encore tâché de sang. Edward grimaça. D’un mauvais goût…

« Je ne vois plus de serpents… Murmura Silas en se blottissant entre Rose et Edward. »

Le loup blanc nota deux accès, en plus de celui par lequel ils étaient arrivés. Un à droite et un à gauche. Il les indiqua à Rose d’un signe de tête, avant de l’agripper par l’épaule. Silas se cogna le nez sur son dos et se recroquevilla sur lui-même.
Un odeur flottait dans l’air. Quelque chose d’animal, d’aviaire même, qui parut incongru à Edward. Alors seulement, il vit une forme s’élever derrière l’autel. Étroite et haute, presque tubulaire, un petit chapeau était négligemment posé sur son sommet arrondi. Danger. D’un geste, il repoussa Rose et Silas derrière l’un des bancs de prière. Il était plus pâle que d’ordinaire et jeta malgré lui, un regard désemparé à la contrebandière. Son cerveau lui envoyait des informations totalement contraires, le rendant incapable d’identifier leur opposant.
Alors qu’ils progressaient à couvert, Edward risqua un coup d’œil vers la nef, mais elle était désormais totalement déserte. Puis un son mat se rapprocha. Une sorte que « flac, flac », un rythme similaire à des bruits de pas, mais anormalement mou et plat. Le silence. Puis…
Silas hurla. Edward aussi. Avec une soudaineté extraordinaire, était apparue au-dessus d’eux une énorme tête d’oie. Elle tourna vers eux son regard vide, puis se recula et le loup blanc aperçut l’éclat brillant d’une hache brandit au-dessus d’eux. Il leva son tisonnier et dans une pluie d’étincelles, la lame heurta violemment l’acier. Edward la repoussa de toutes ses forces et l’homme-oie, ou quoi qu’il soit, recula sans émettant un seul son ; le « flac, flac » de ses grands pieds plats.

« Là ! S’exclama Silas. C’est par là ! »

Il se redressa avec empressement. Trop. Le loup blanc le repoussa d’un coup d’épaule et à l’aide de son arme de fortune, écarta in extremis la hache de leur assaillant. Il ne chercha pas à s’attarder, lui jeta le tisonnier avec toute la force qui était la sienne, puis souleva un banc qu’il lui envoya en pleine face. Le tranchant de la hache se coinça dans le chêne, créant une ouverture.
Fuite précipité, accueillie par une lourde porte moyenâgeuse. Edward l’ouvrit sans peine et la referma aussitôt. Un petit coup de chance provoqué par Silas eut la bonne idée l’agrémenter d’une lourde barre en guise de verrou. À peine posée, un grand fracas secoua le pan de bois. L’emplumé semblait quelque peu vexé de ne pas avoir pu se joindre à leur départ.

« Nom d'un chien, mais c'était quoi ce truc ?!
C… C'était un masque p-pas vrai ?
Quoi ?
P-parce qu'il avait des doigts… En-enfin je crois… »

Marchant tous d’un bon pas, Edward fronça les sourcils. L’esprit encore troublé par cette vision de folie furieuse, la mention du masque venait de lui rappeler un point évoqué par Madame Tallebot au début de la partie. Alexandre était présent ce soir. Pour l’instant, ils ignoraient s’il participait à la chasse, mais était-il possible que le frère de Rose apprécie ce genre très mauvaise blague ? Peut-être était-il un grand amateur de canards ? Mrf. Le loup blanc secoua la tête, chassant cette pensée dont il renonça à en faire part à la concernée.
Un nouveau serpent les guida jusqu’à une chambre à coucher digne des plus beaux palais d’Orient. Un lit en baldaquin se distinguait au centre de la pièce, en parti masqué par nombres de drapés de soies ou tentures plus épaisses. Impossible d’avancer sans avoir à déplacer les tissus. Cela n’aurait pas dû les gêner si l’on omettait le parfum parfum puissant qui imbibait toute la pièce. Edward posa le dos de sa main contre sa truffe agressée.

« Ils ont abusé de l’encens. »

Tissés à même les étoffes, les serpents étaient cette fois parfaitement visibles. Ils les guidaient vers un autre coin de la pièce, mais à peine le seuil franchi, une herse s’abattit dans leur dos, coupant toute retraite.
Point positif, si l’homme-oie en avait terminé avec leur porte, ce serait un obstacle de plus sur sa route. Point négatif, ils étaient à présent bloqués avec l’individu dont l’ombre venait de s’éclipser de derrière un rideau de soie. Edward soupira.

« Tu vois pourquoi je ne voulais pas d’une suite nuptiale pour notre nuit de noce ? »



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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeMer 15 Fév - 18:37

Gauche. Droite. Devant. Derrière. Partout autour d’eux, leur cachant la vue, entravant leur progression pendaient d’immenses rideaux. Silas manqua de s’y prendre les pieds plusieurs fois et c’est par d’ improbables pirouettes qu’il évita à chaque fois la chute. Le manque de visibilité rendait la contrebandière nerveuse. Surtout après leur agression par cet étrange volatile. Ils étaient condamnés à avancer à l’aveuglette.

- «  Nous en sommes déjà à la nuit de noces ? » questionna-t-elle pourtant, badine. « Avant la fin du jeu, tu m’auras proposé d’emménager, fais attention. »

Rose fit volte-face pour observer la réaction du lycanthrope. Mais tout ce qu’elle rencontra fût le rideau qu’elle venait d’écarter pour se frayer un passage. Son cœur manqua un battement.

- « Silas ? Edward ? »

Sa voix résonna étrangement dans la pièce et seuls des bruits étouffés lui répondirent. Rose repoussa brusquement une tenture, puis une autre, et encore une autre, dans la direction d’où elle pensait être arrivée. Mais elle ne retrouva ni Silas, ni Edward. Elle tomba sur une ombre.

Le pouls de Rose s’accéléra. Ami ? Ennemi ? Avant qu’elle n’ait pu arracher la tenture qui la dissimulait, la silhouette avait disparu. Mais pas pour longtemps. Par derrière, la chose la frappa  brutalement et elle tomba en avant, la tête la première dans un morceau d’étoffe. Aveuglée, elle tenta de récupérer son équilibre mais l’ombre était soudain devant elle et sa main rencontra le sternum de la contrebandière. Nouveau choc. Rose tituba, la respiration coupée, cherchant vainement à retrouver son souffle.

La peur s’insinua lentement dans ses entrailles. Qui était cet ennemi ? Elle n’avait même pas encore eu le temps de voir, ne serait-ce qu’une silhouette bien définie. La chose était insaisissable. Comment l’atteindre ? Réfléchir, il lui fallait réfléchir.

Toujours pliée en deux, peinant à se repérer dans l’espace, Rose tenta de rassembler ses esprits. Une chose, rapide, quasiment invisible l’attaquait sans qu’elle ne sache d’où elle venait. Silas et Edward étaient introuvables. Et toujours cette odeur qui lui faisait monter les larmes aux yeux et la rendait confuse. Confuse ? Une illumination. Il y avait quelque chose dans l’air. Quelque chose dans l’encens. Arrachant un bout de tenture, elle l’attacha sur le bas de son visage en guise de protection.

- « Petite maline… »

La voix désincarnée la fit sursauter. D’où venait-elle ? Il fallait qu’elle prévienne les autres pour l’encens.

- «  Ne respirez pas l’encens !  Il y a quelque chose dedans ! Edward ! Silas ! Il y a quelque chose d-… »

Ses poumons se vidèrent une nouvelle fois alors que son corps heurtait le sol dans un bruit sourd. Elle sentit quelque chose ou quelqu’un lui enserrer la cheville. Elle hurla.

- « Lâchez moi espèce de- ! »
- « Ça ne sert à rien de te débattre. »
- «  Ne restez pas là ! » cria-t-elle pour ses compagnons.

La prise sur sa cheville se fit plus ferme, écrasante. Douleur. Il lui broyait les os. Rose hurla de nouveau, se débattant de plus belle. Elle réussit à se mettre sur le dos, faisant face à son opposant. L’ombre eu un visage. Mais il n’arborait pas une face humaine. Sur ses larges épaules reposait la tête d’un cheval. Ou du moins, c’est ce que son esprit troublé par les vapeurs entêtantes souhaitait lui montrer. Il lui semblait distinguer, par moment, les contours du faciès anthropoïde de son agresseur.

Le bruit d’une porte qui cède fit réagir l’homme-cheval qui se mit à la trainer par la cheville, l’emportant avec lui. Le masque de fortune de Rose se défi et elle respira malgré elle à nouveau l’air vicié de la pièce. Sa peur s’amplifia. Elle essayait désespérément de se retenir à quelque chose, d’entraver son avancée, s’agrippant aux tentures, tentant d’accrocher ses ongles dans une rainure du sol, sans succès. Elle entendait avec horreur les coups réguliers et infatigables de l’homme-oie sur la herse, après avoir triomphé de son premier obstacle.

Impuissante, la contrebandière fut soulevée du sol et jeté sans ménagement sur le lit à baldaquin qui trônait au centre de la pièce. Ses tentatives de résistances furent vouées à l’échec. L’homme était beaucoup plus grand, beaucoup plus costaud qu’elle. Les vapeurs troublaient tous ses sens, tous ses réflexes. Ses mains furent attachées à une corde qui pendait en son centre, tombant de son plafond, comme un gibet. L’homme cheval serra si fort les liens que dès qu’elle essayait de s’en défaire, ils lui entaillaient les poignets. Mais elle continuait, obstinée.

- «  Tiens-toi tranquille. »
- « Qu’est-ce que vous voulez ? Vous m’avez, moi. Cela ne vous suffit pas ? »
- «  Mais ce n’est pas toi que l’on chasse petite. Tu n’as aucune valeur. »

Mais eux, oui. Le roi des loups et le garçon qui porte chance. Il fallait qu’ils fuient. Vite.

- « Edward ! Silas ! » s’époumona-t-elle, désespérée. « Partez ! Vite ! Partez ! Je- hmpf ! »

Une grande main se plaqua sur sa bouche et l’empêcha de continuer. Rose cru distinguer une autre forme derrière une des tentures. Peut-être Edward ou Silas. Les serpents indiquaient un chemin qui se trouvait derrière le lit à baldaquin. Il fallait faire diversion. Leur permettre de fuir. Vite. Elle mordit à pleine dents dans la main qui la bâillonnait.

L’homme ôta prestement sa main, déversant un torrent d’injures sous la surprise. Un instant il relâcha son attention. Rose en profita. Se suspendant à son gibet improvisé, elle prit son élan et envoya son pied  faire la connaissance du visage de son agresseur. Le poids de son corps aidant, l’homme-cheval bascula à la renverse, hors du lit. Sa tête heurta le sol avec un « dong » retentissant. Il ne se releva pas. Pour l’instant.

Un « flac flac » familier se fit entendre dans son dos. Un frisson remonta le long de son échine alors qu’elle se tournait lentement. L’homme-oie se tenait devant elle, sa hache à la main. Lorsqu’il prit la parole, sa voix résonna dans toute la pièce, gutturale et rauque :

- « Monsieur White ! Vous étiez si élégant dans la salle de réception tout à l’heure. » Une pause. Coup d’œil circulaire. « Vous n’allez pas laisser votre princesse se faire éventrer comme du vulgaire gibier ? J’ai une proposition à vous faire. »
- « Non ! Ne l’écout-… »

Une gifle cinglante fit taire la contrebandière. Un gout métallique se répandit dans sa bouche. Ses yeux brulaient de rage et de peur.

- « Votre jeune ami contre votre fiancée. À vous de choisir. »
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeSam 18 Fév - 11:53

« Silas ? »

Le murmure avait à peine filtré de sa main. La paume lui protégeant toujours la truffe, Edward jeta un coup d’œil aux environs, surpris de ne plus sentir l’étreinte du jeune homme sur sa veste. Envolé. Son cœur accéléra. Bousculant imprudemment les étoffes, il débuta d’actives recherches, puis se figea, foudroyé par l’avertissement de Rose. Que l’encens soit vicié, cela ne l’étonna pas, mais le bruit mat et le hurlement douloureux qui lui succéda le pétrifièrent. Il voulut la rejoindre, mais l’absence de Silas le fit hésiter. Si ce garçon tombait entre les mains de l’ennemi, ils étaient tous morts.
Tiraillé par un choix détestable, Edward eu un mouvement agacé qui le fit butter dans un objet. Il haussa les sourcils en comprenant ce que c’était. Décidément. Rose ne cesserait de le surprendre.

* * *

« Silas… Silas ? Are you okay ? »

Vaseux, le jeune homme cracha un bon coup ses poumons avant de se redresser. Bong !

« Aieuh…
Reprenez votre souffle, l’air d’ici est parfaitement sain. »

Il cligna des yeux et après un temps de doute, rougit copieusement en comprenant où il était. Recroquevillé dans une armoire, il avait pour oreiller le rebondit délicat de la poitrine d’Elizabeth. Un sursaut et le voilà droit comme un « i », prêt à prendre feu sous le regard interrogatif, mais faussement naïf de la belle anglaise.
Henriette leva les yeux au ciel, blasée de tenir la chandelle. À choisir, elle aurait préféré mettre la main sur le fiancé de Rose. S’il s’était senti mal, elle aurait pu le ranimer et appliquer très minutieusement ce cours interminable sur les premiers secours. Mais elle n’avait eut que le gringalet et devait à présent intervenir avant que ces deux là ne perdent leur temps en un échange de regards larmoyants.

« Silas écoutez-moi, vous êtes presque arrivés.
P-Presque ?
Oui. Après cette pièce, vous allez vite déboucher sur une grande piscine. Ne cherchez pas à la contourner. Plongez. C’est le passage vers l’autre côté.
L-L’autre…
Tenez. Prenez ça, ça vous protègera de l’encens.
Honey, nous ne pouvons pas rester. Nous serons plus libre d’échanger une fois que vous aurez traversé la piscine. Vous devez y aller. »

Mais cette simple idée eut raison des nerfs de Silas.

« Mais il y a un homme-oie avec une hache ! Lizzy ces gens sont fous ! Je ne veux pas y retourner ! »

Elle secoua la tête et essuya du bout du pouce une grosse larme qui coulait sur sa joue.

« Be confident in your chance. »


* * *

« Votre jeune ami contre votre fiancée. À vous de choisir.
Vous me vexez. Je pensais valoir au moins autant que le garçon.
À mon avis vous êtes largement sur-quoté, mais je suis ouvert à la négociation, à condition que vous cessiez de jouer à cache-cache.
C’est si gentiment demandé. »

Edward sortit de derrière l’une des tentures, le révolver de Rose en main. Un véritable bandit de grand chemin. Mouchoir écarlate noué sur le bas de son visage, sa posture était assurée et sa poigne ferme tenait le canon braqué sur la grosse tête d’oie au regard vide. Elle pencha, sensiblement décontenancée. Au sein des chasseurs, il était de notoriété publique que le roi des loups-garous n’utilisait jamais d’arme à feu. On associait cette facétie à un orgueil mal placé, mais la vérité était toute autre.
Edward visait comme un pied. Ce n’était pas faute d’avoir essayé, mais même Rose s’était rendu à l’évidence, il était un cas désespéré. Le loup blanc crut d’ailleurs percevoir tout l’effroi qu’inspirait à sa camarade cette vision de lui en possession d’un pistolet, mais il ne se laissa pas troublé et maintint cet impeccable jeu d’acteur.
Face à lui, l’homme-oie s’était également ressaisi. Sourd aux gémissements du cheval qui se réveillait à ses pieds, il garda ses mains et sa hache bien en vue, évitant tout geste brusque. Puis il interrogea :

« Où est le petit ?
Parti. Peut-être même déjà sorti. »

Un drapé bougea. Les doigts de l’homme-oie se resserrèrent sur le manche de son arme. Edward ne broncha pas, mais un poids glacé s’abattit au fond de son estomac. Pitié. Faites que ce soit un autre taré avec un masque !

« E-Edward ! »

Et m…
Après une lutte acharnée avec un bout de tissus, Silas le rejoignit, essoufflé et moitié étouffé par la pile d’écharpes qui lui protégeait le nez. Un immense soulagement détendit ses épaules et dans la précipitation, oubliant faire un point sur l’ensemble de la situation, un balbutia au milieu des lainages.

« O-On est presque arrivé !
Silas.
Il faut encore qu’on traverse… E-ensuite il faudra se baigner…
Silas.
Oh… Oh non… M-Mais je ne sais pas nager !
Silas ! »

La bulle de stress explosa et le garçon se pétrifia. Ses yeux s’écarquillèrent en découvrant Rose. Il eut un geste spontané dans sa direction, mais aux geignements du chasseur sonné succéda le rire glaçant de l’homme-oie et Silas s’arrêta.

« Eh bien Monsieur White, ricana le chasseur. L’échange tient toujours. La fille, contre le garçon.
Hum… Désolé, mais je vais garder les deux.
Allons, soyez raisonnable. Ce gringalet n… »

Encore un gémissement, plus sonore cette fois. Tête de canard s’immobilisa. Lentement, il braqua son regard vide sur la silhouette groggy près de lui. Trop près du lit, Edward ne pouvait pas l’apercevoir, mais il l’entendait ahaner fortement tout en essayant de se relever. De longues secondes s’écoulèrent rythmée par ces plaintes inarticulées. Le loup blanc hésita à s’approcher de Rose, mais à l’instant même où cette pensée commençait à le chatouiller, l’homme-oie leva brusquement sa hache au-dessus de son rival.
PAN !
La balle frôla Rose et heurta de plein fouet le haut de la lame. Sous le choc, une partie de l’acier vola en éclat et un morceau du tranchant fut projeté en direction du lit. Il trancha net la corde, puis termina sa course enfoncé de moitié dans l’une des colonnes du baldaquin.
Suée glacée. Edward avait fait feu sans le vouloir. Si Silas n’avait pas été là… Il se secoua. Se jurant de ne plus jamais utiliser pareille arme, il se hissa précipitamment d’un genoux sur le lit. Ôtant immédiatement ce qui restait des liens de Rose, il lui rendit son bien et ce fut par réflexe que sa grande main glissa dans ses mèches blondes. Son regard sonda le sien avec inquiétude, puis l’attirant hors du matelas, il la remit sur pieds tout en s’assurant d’une poigne sécuritaire qu’elle n’allait pas s’effondrer.

« Tu peux marcher ?
Venez ! S’écria Silas en disparaissant entre deux rideaux. C’est pas ici ! »

Mais l’homme-oie en avait décidé autrement. Traversant directement le lit, il leva sa hache meurtrie. Edward eut le temps de lui jeter un oreiller. La lame le découpa avec netteté et une averse de plumes s’abattit dans la chambre.
Au cours de leur chute lente et calme, une silhouette se redressa progressivement à l’autre bout du baldaquin. Son masque d’équidé en partie découpé, laissait entrevoir un œil enfiévré de vengeance.
Edward ne le remarqua pas. L’encens gênait toujours son odorat et toute sa concentration était fixé sur l’homme-oie qui s’apprêtait à nouveau à les découper en morceaux. Brandit bien haut, la lame étincela, mais au moment où elle s’abaissa, elle fut violemment déviée de sa course. Le loup blanc recula, entrainant Rose et évita de justesse la chute des deux chasseurs.
La hache glissa au sol, s’arrêtant aux pieds de la contrebandière. Le chasseur au masque de cheval  tordu se tenait au-dessus de son comparse. Poignard en main, la lame était maintenue à un rien du visage de son adversaire désormais démasqué. Mâchoire crispée, Alexandre parait de ses deux bras l’arme blanche de son opposant. Blessé en cherchant à se protéger, le sang de l’entaille coulait de son avant-bras sur son visage et la douleur tendait à lui faire lentement perdre du terrain.

Silas les appela à nouveau.
Comprenant que quelque chose se passait, Edward murmura :

« Rose, il faut y aller. »

H.R.P:


Dernière édition par Edward White le Ven 24 Fév - 19:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeJeu 23 Fév - 11:47


PAN

Rose abaissa le canon du pistolet encore fumant. L’homme au masque de cheval s’écroula lourdement sur le corps meurtri de son opposant. Alexandre laissa échapper un soupir soulagé malgré lui. Sa bouche s’ouvrit, peut-être pour formuler un remerciement, mais Rose ne lui en laissa pas le temps.

- « Si tu persistes, la prochaine sera pour toi, Alexandre. »

Le ton était glacial. Elle avait déjà tourné les talons pour rejoindre Edward et Silas. Le corps de l’assaillant roula sur le côté alors qu’Alexandre se redressait, d’abord accroupi, puis de toute sa haute silhouette.

- « Rose, sois raisonnable. »

Elle ne se retourna pas, ne lui accorda pas un regard.

- « Tu es vraiment fiancée à ce monstre ? Enceinte ? » Provocation. « Et ton commissaire alors ? »

La menace était à peine voilée. La contrebandière fit volte-face et daigna enfin le regarder. Mais ce n’était pas de la rage brulante qu’il rencontra dans ses prunelles, c’était une colère froide, noire et terrifiante. Alexandre ne put empêcher un frisson de lui remonter le long de l’échine.

- «  Tu les laisse tranquille. Ou je te tue. »

Et elle disparue au milieu des tentures, laissant Alexandre planté là, son éternel sourire amusé rivé au visage. Elle fuyait, comme toujours avec lui.

Rose se laissa guider par la voix de Silas, et fini par émerger dans une vaste pièce humide. Le sol et les murs étaient carrelés entièrement d’un vert sombre. En son centre trônait un large bassin arrondi. La piscine n’avait pas de rebord, ni d’escalier, aussi l’eau venait lécher les pieds des curieux qui s’y seraient risqués de trop près. Aux murs pendaient diverses plantes exotiques dont le parfum fit une fois de plus froncer le nez de la contrebandière.

- «  Silas, qu’on dit Elizabeth et Henriette précisément ? »
- « D-de plonger. »
- «  C’est tout ? »
- « O-oui. Que c’est le passage vers l’autre côté. »

Rose jeta un coup d’œil  interrogatif à Edward. Ce n’était pas comme si ils avaient le choix. Elle s’avança vers la vasque et s’y accroupi. L’eau était verdâtre, un peu trouble et ne donnait pas franchement envie d’y piquer une tête. De là où elle se tenait, elle ne voyait pas le fond.

- « M-mais il y a toujours un problème. »
- « Lequel ? »
- « Je ne sais pas nager »

Bien entendu. Il lui semblait bien l’avoir entendu mentionner ce petit problème auparavant. La contrebandière soupira, haussant les épaules.

- « Tu t’accrocheras à Edward. Et tu essayeras de ne pas le noyer. »

Silas hocha la tête, la mine déconfite. Rose s’approcha d’Edward, lui présenta son dos.

- «  Aide moi à dégrafer ma robe. Je vais voir ce qu’il y a là dessous avant qu’on y plonge tous gaiement. »  

Elle attendit qu’il s’exécute, puis, entreprit d’enlever tout couche superflue de sa tenue. Elle ne tenait pas à être noyée par un excès de tissus ou de corsage. Lorsqu’elle considéra qu’assez de matière gisait sur le sol, elle s’approcha de l’étendue aqueuse. Un pied, puis l’autre rencontrèrent la fraicheur de l’eau. Elle jeta son arme à Silas qui manqua de la faire tomber.

- « La sécurité est enclenchée Silas. »
- « M-Mais… ? »
- «  Si jamais quelqu’un vient. Je préfère que tu l’aies plutôt qu’Edward. » Une pause, elle détailla ses compagnons de haut en bas. « Profitez-en pour vous déshabiller. »

Et elle se laissa glisser dans la piscine. L’eau l’enveloppa, s’infiltra sous sa robe et dans ses cheveux. L’idée que peut être des chasseurs se dissimulaient dans l’eau trouble la traversa, mais rien ne vint, alors, elle plongea. Elle était une bonne nageuse, et en quelques brasses elle aperçut ce qu’elle cherchait : un symbole de serpent, dessiné tout au fond de la cuve. Elle s’approcha encore, touchant les carreaux du bout des doigts, cherchant une ouverture, quelque chose qui leur permettrait de « passer de l’autre côté ». Elle allait manquer d’air lorsqu’elle la vit : la dalle de couleur légèrement différente. Dont les joints ne collaient pas vraiment. Celle sur laquelle on devait appuyer.

Un coup de talon empressé et elle remonta. Outch. Elle avait oublié que sa cheville avait été broyée par l’autre fou furieux. Lorsqu’elle perça la surface, elle tomba nez à nez avec un Silas en chemise, penché sur le bassin  :

- « Vous avez trouvé ? »
- «  Oui. Dépêchez-vous, mettez-vous à l’eau. »

Elle fit signe à Edward de s’avancer. Elle ne l’aurait avoué pour rien au monde, mais elle était terrifiée à l’idée qu’Alexandre ait décidé de les suivre. Ou que d’autres chasseurs débarquent et les séparent à nouveau.

La contrebandière attendit que le loup et le jeune homme soient dans l’eau pour replonger. En quelques battements de pieds, elle fut auprès du serpent. Alors qu’elle se retournait pour vérifier que ses deux compagnons étaient bien là, elle crut distinguer en contrejour, à la surface une forme humaine.

Elle pressa la petite dalle sans hésiter. Il y eu un « clic », mais rien ne se produisit d’abord. La contrebandière se rapprocha d’Edward et Silas, incertaine et puis, un grondement. Une partie du sol sembla s’effondrer sous eux, et tous les trois furent aspirés dans l’obscurité.
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeSam 25 Fév - 11:51

À l’aspiration succéda une glissade de l’ordre du kiff total. De vraies montagnes russes.
Virages serrés et pentes abruptes se succédèrent le long d’une paroi métallique faiblement éclairée par des touffes de mousse bioluminescente. Silas hurla jusqu’à ce que le souffle lui manque. Il chercha vainement des prises pour ralentir, mais derrière lui, ivre de vitesse et de danger, le loup blanc ne cherchait qu’à accélérer. Il heurta le garçon qui se retrouva bloqué contre lui et vécu ainsi le second pire moment de son existence. Au détour d’un virage, une vive lumière annonça la sortie. Le plafond était trop bas pour qu’Edward lève les bras, mais il en mourrait d’envie.

SPLASH !

Un bassin d’eau chaude et limpide les accueillit. Silas but la tasse, mais fut immédiatement ramené à la surface par Edward qui le rapprocha du bord. Le garçon se hissa sur la terre ferme avec l’empressement d’un chat trempé et se laissa tomber sur le dos, épuisé.
À son tour, le loup blanc quitta l’étendue d’eau. Torse et pieds nus, l’absence de sa chemise révélait les nombreuses blessures de son passé tumultueux. Il tira ses cheveux en arrière, essora sa queue de cheval sur le sol marbré, avant de se tourner vers Rose, un sourcil levé et un bout de sourire aux lèvres.

« Un commissaire, hein ? »

C’était sa façon de s’assurer qu’elle allait bien, surtout après les retrouvailles avec son frère.
Mains sur les hanches, il reporta son attention sur la pièce qui les avait accueilli. Le lieu contrastait avec l’étage qu’ils venaient de quitter. L’architecture très épurée était d’une blancheur immaculée, à croire que personne n’y avaient jamais mis les pieds. Seul le bassin apportait un peu de couleur. Devant eux, un couloir s’engageait sous de hautes voutes sans qu’il soit possible d’en distinguer la fin. À leur droite, un petit meuble laissait à disposition de quoi se sécher, ainsi que des vêtements secs.
Ce non sens total, laissa Edward perplexe, mais il jeta une serviette à Silas qui s’était redressé. Le garçon s’enroula dedans, pas mécontent de profiter d’un bref instant de réconfort.

SPLASH !

Il sursauta. À demi aveuglé par sa serviette, il tira l’arme que Rose lui avait confié et la braqua d’une main vibrante plus que tremblante sur la masse sombre au fond de l’eau. La poudre devait être trempée, il n’y avait aucune chance qu’il puisse faire feu, mais par sécurité, Edward l’obligea à abaisser le canon. Il lui conseilla de rendre son bien à la contrebandière, pendant qu’il s’occupait du nouvel arrivant.

« Eh bien, beau frère, on vous manquait déjà ? »

Une nuée de bulles, précéda l’apparition d’un visage sombre. Alexandre barbota jusqu’à l’autre bout du bassin, dont il s’extirpa ruisselant de la tête jusqu’au pied. Il s’était débarrassé d’une partie de son attirail, mais certainement trop sentimental, il avait conservé un petit arsenal et la majorité de ses vêtements, donnant à son allure un air de serpillère dépressive.
Edward ne le laissa pas espérer. À peine eut-il posé un genoux au sol qu’il le hissa sur les pieds et l’écrasa sans ménagement contre le mur le plus proche. L’avant-bras droit appuyé sur sa trachée, il le délesta de tout ce qui lui restait d’arme blanche sans qu’il puisse protester, ni riposter. Un mouvement et il lui cassait le cou. Ceinture et dagues furent jetées aux pieds de Rose. Edward alla jusqu’à lui arracher ses bottes avant de le laisser respirer. Lorsqu’il ne fut plus un danger, il s’en désintéressa.

« Silas, tu sais où on a atterri ?
P-Pas vraiment… On m’a juste dit qu’on arriverait de l’autre côté.
La logique voudrait qu’on soit au sous-sol, mais…
Vous croyez que c’est la pièce dont Madame Tallebot parlait ? Avec les énigmes ?
Ha ! s’exclama Alexandre. Ne me dites pas que vous y croyez ? »

Silas rougit. Se décalant pour demeurer en sécurité derrière Edward et Rose, il eut tout de même le courage d’adresser un regard noir au chasseur. L’homme avait de la chance qu’il ne maitrise pas mieux ses dons, sinon il l’aurait fait glisser sur une savonnette ! Le loup blanc s’amusa de cette candide audace, puis jeta un coup d’œil à la contrebandière. Un mot d’elle et il l’assommait, mais sûr de lui, Alexandre poursuivit :

« Cette salle n’a jamais été découverte. C’est du flan pour que la proie ne reste pas prostrée. Sinon le jeu n’aurait aucun intérêt.
Forcément, si les chasseurs ont toujours gagné… répliqua Edward, sceptique.
Évidemment qu’on a toujours gagné. Pour qui vous nous prenez ?
Pas cette fois ! S’emporta soudainement Silas. »

Rouge de colère, le jeune homme n’avait pas quitté sa cachette. Son timbre surprit Edward. Dénué de douceur, il était glacial et sec. Vide de rancœur, il en appelait à la justice. Le loup blanc crut que le coup ne portrait pas, mais même si ce fut subtil, Alexandre vacilla. La lumière se fit alors dans l’esprit du prédateur, certain qu’il venait de ferrer sa proie.

« C’est vrai ça… Si l’on gagne, on retrouve notre liberté. Mais qu’est-ce qu’il vous arrive, à vous ? Ne me dites pas qu’on vous pardonne un si mauvais spectacle.
Qu’est-ce que vous insinuez ? Cracha le concerné.
C’est à vous de nous le dire. Pourquoi vous nous avez suivi ?
Tseuh ! Pas question qu’un autre que moi vous mettes la main dessus.
À d’autres. Vous avez pris un très gros risque et vous vous retrouvez à notre merci. Vous n’avez que faire de vos rivaux. Il y autre chose. Ce qui vous intéresse c’est un peu de chance, pas vrai ? »

Alexandre braqua ses prunelles avides sur Silas et le garçon comprit. Il comprit tout et un peu trop vite, car une bouffée d’effroi fit rouler de grosses larmes sur ses joues. Ses jambes faiblirent. Edward le rattrapa au moment ou l’un des pieds de la commode céda, renversant tout son contenu au sol. Tremblant, le jeune homme balbutia, le regard perdu dans le vide.

« I… Il y a pire. Il y a pire que les chasseurs… Quelque chose dont eux aussi ont peur… »

Edward l’aida à rester sur ses pieds. Il se pencha vers lui et attrapa sa tête entre ses grandes mains.

« Ce n’est pas le moment de lâcher. On va nous aider, tu te souviens ?
O-Oui ! P-Pardon…
Parfait. Allé redresse toi. On va s’en tirer, tu verras. »

Il acquiesça, un peu rassuré. L’image d’Henriette et Elisabeth servait à présent de phare à son esprit troublé.

«  Pitié… Grimaça avec dégout Alexandre.
Il faut qu’on avance maintenant, reprit Edward sans l’écouter. Rose, ta cheville, ça ira ?
Je peux peut-être regarder ? Proposa Silas. A-Avec un peu de chance… »

Edward interrogea la contrebandière du regard, tandis que dans leur dos, Alexandre continuer à râler. Le loup blanc songea avec agacement qu’il aurait dû appuyer un peu plus fort sa trachée.

« La rumeur dit que les Tallebot gardent des Légendaires aliénés. Qu’ils les sortent les cas où les chasses ne seraient pas assez distrayantes.
Alors bonne chance.
Gh… Vous n’allez pas me laisser là !
On va se gêner. Je vous cloue au mur si vous nous suivez.
Espèce de sale… Rose ?! Dis quelque chose !
Allons y.
Laissez moi une arme au moins ! Rose ! »

Dans ce décor immaculé, un bruit sourd leur parvint au loin. Aucune odeur, impossible d’identifier clairement ce que c’était. Avec véhémence, Alexandre interpela à nouveau sa sœur et le loup blanc jeta à la demoiselle un regard blasé. Hausse les épaules, il soupira :

« Tu décides de ce qu’on en fait. Ce n’est pas encore mon beau frère après tout. »



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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeSam 25 Fév - 17:44

- «  Oh mais ce le sera bien assez tôt, mon chéri ! » souligna la contrebandière, lui offrant son plus beau sourire.

Rose finissait de retrousser les manches du linge qu’elle venait d’enfiler. Elle avait troqué sa robe encombrante contre un pantalon et une chemise, trouvés dans le tas de vêtements laissé à leur disposition.

- «  J-je vote pour qu’on le laisse ici »
- « C’est tentant, » acquiesça la contrebandière. « Mais d’un autre côté, un chasseur qui connait les règles du jeu pourrait être utile »
- «  Vous avez besoin de moi. »
- « On t’as pas sonné. »
- « Pfeuh. »

Accroupie, elle avait sélectionné une dague qui lui semblait maniable dans l’artillerie d’Alexandre et la jeta à leur protégé. Silas réceptionna de justesse la lame sans se tailler,  la gardant entre ses mains, la fixant comme une poule regarde un couteau. Pas certain qu’il sache s’en servir de manière opportune, mais au moins, il pourrait se défendre.

Alexandre s’avança vers sa sœur, se penchant vers elle lentement, espérant sans doute plaider sa cause auprès de celle qui y serait la plus sensible. Mais c’est une lame acérée qu’il rencontra. La pointe de l’arme pressé sur sa gorge, elle le força à se redresser.

- « Tu as même un couteau d’Avigliano ! »
- « Rose je- … »

Un grondement se fit entendre dans leur dos, juste dans la direction que Rose avait identifié comme l’unique point d’entrée et de sortie de la pièce. A quelques dizaines de mètres d’eux, un énorme chien noir se tenait dans l’embrasure. À côté de lui, une forme humaine, sombre et tordue. Rose abaissa l’arme, fit un pas en avant, mais Alexandre la retint.

- « C’est un Barghest. »

Rose n’avait aucune idée de ce qu’était un barghest mais Silas, lui, avait l’air de savoir parfaitement car son visage perdit toute couleur à l’entente de ce nom. Inconsciemment, il se serra contre la blonde, son couteau brandit devant lui.  

- «  Un chien démoniaque » grinça Alexandre entre ses dents.
- « Ah ben ça tombe bien, mon fiancé en est un aussi. Edward ? »

Alexandre pencha la tête de côté, incertain.  Il n’était absolument pas sûr que Barghest et loup garou soit de la même famille.  Ni même que le roi des loups ait une quelconque autorité sur ce chien monstrueux.

BANG !

Tous sursautèrent. Derrière les deux silhouettes, une épaisse grille s’était abaissée dans un retentissant bruit de métal entrechoqué. Il n’y avait pas d’autre solution de repli. Ils étaient bloqués à l’intérieur.  Le chien montra les dents, commençant à les contourner pour les prendre à revers.

- « Silas ? »

La voix d’Elizabeth, tremblante, hésitante retentit dans l’espace. La seconde silhouette s’avança dans la lumière. Loin d’être l’étrange vision qu’ils avaient aperçue auparavant, l’ombre révéla le joli minois de la jeune anglaise.

- « Silas, non ! » hurla la contrebandière.

Trop tard, le jeune homme s’était précipité vers elle. Étonnamment rapide, il la saisit dans ses bras, l’enlaçant de toutes ses forces. Rose voulu le rejoindre mais le monstre s’interposa entre eux et le garçon. Il les fixait de ses grands yeux jaunes et vides, la bave coulant d’entre ses crocs acérés. Il les renifla un instant et passant à côté d’eux comme sans les voir, il vint pour le roi des loups.

De l’autre côté de la pièce, Elizabeth ne semblait pas vouloir  terminer l’étreinte. La tête enfouie dans le cou de Silas, ses compagnons ne voyaient pas son visage de là où ils se tenaient.

- « E-Elizabeth, tu me fais mal »
- « Tu exagères dear… »
- « N-non il faut que tu m-me laisse respirer… »
- « Silas…. Qui a besoin de …. Respirer ? ... »

La voix qui s’était élevé n’était pas celle d’Elizabeth, c’était un son distordu, étrange et dissonant. Silas écarquilla les yeux de terreur mais il était trop tard, la créature l’enserrai entre ses bras, attirant toujours plus puissamment sa proie dans ses filets. Il suffoquait.

Rose jeta un regard à Edward puis à Alexandre et enfin au chien des enfers qui grognait toujours en direction du lycanthrope. Autour de son cou, quelque chose brilla : une petite clé dorée. Elle nota mentalement ce détail.

- « Occupe toi de mon fiancé ! » intima-t-elle à son frère.

Et elle s’élança vers la fausse Elizabeth. En deux enjambées, elle fut sur elle, le couteau à la main. En la voyant approcher, la bête relâcha sa victime, et Silas s’effondra sur le sol comme un tas de chiffon. Les jambes du pauvre garçon ne le portaient plus. La créature émit un nouveau croassement, penchant la tête sur le côté, l’œil fixé sur Rose

- « L-lizzie. »
- « Ce n’est pas elle. »
- « Q-qui c’est lui ? »

Rose tourna la tête et la terreur déforma ses traits.

- « Aldrick ? »

Un instant la contrebandière se sentit suffoquer. Devant elle, se tenait une réplique parfaite du commissaire. Le double fit un pas, Rose ne bougea pas. Chaque muscle de son corps lui intimait de  fuir et pourtant, il refusait d’obéir. Silas cria quelque chose dans son dos qu’elle ne saisit pas, comme hypnotisée. La créature posa une grande main autour de son cou, l’autre caressa ses cheveux. Elle ouvrit la bouche pour parler mais aucun son ne sortit. Une larme roula le long de sa joue. Enfin, le double laissa glisser ses doigts autour de sa gorge et commença à serrer.

A l’autre bout de la salle, Alexandre, acculé contre le mur, indiqua à l’attention d’Edward :  

- « Je n’ai jamais senti ce type de toute façon. »

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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeMar 28 Fév - 19:40

Aldrick ?

Ses iris disparates fixées sur la silhouette du loup noir, Edward ne comprit pas tout de suite la raison de son apparition et moins encore l’absence de réaction de Rose. Un bon coup dans les roustons, allé ! C’était l’une de ses prises préférées ! Mais non. Il oublia le Barghest qui menaçait de tous les dévorer — enfin surtout Alexandre à l’instant T — et sentit son cœur accélérer en la découvrant à la merci du double. Un mot de son frère. Tilt dans son esprit. C’était lui « son » commissaire.

Eh.
EEEEEEEEH !

Penser à deux milles à l’heure.
De tous les idiots de la terre, comment avait-elle pu choisir celui-là ?! C’était forcément elle qui avait fait le premier pas, Aldrick était un cas beaucoup trop désespéré. À moins d’un rentre dedans ultra évident, il n’aurait jamais compris ou se serait mis à baragouiner un jeu de mot de son cru qui aurait immédiatement avorté le moindre espoir de rendez-vous.
La crainte dans le cœur d’Edward laissa place à une pointe d’écœurement vide de toute jalousie et bordée d’incompréhension. Le sentiment était plus proche d’un grand frère qui s’aperçoit beaucoup trop tard que sa petite sœur se tape son meilleur pote sous son nez, depuis des mois, sans qu’il n’ait jamais rien remarqué. Il se sentit bête, mais il en voulut plus encore à Rose de se laisser berner par une pâle copie d’un type aussi inimitable qu'Aldrick (hélas).

« White ! »

Il s’était élancé pour la rejoindre, mais le Barghest avait été plus rapide. Edward eut juste le temps d’esquiver, à présent la route était coupée. Silas demeurait seul près de la contrebandière, il ignorait quoi faire et implorait Rose de reprendre ses esprits.
Le chien des enfers montra les crocs. Le roi des loups lui répondit, mais dans ce corps ridicule d’être humain, l’intimidation marchait moins bien.

« Vous n’avez pas un tour de bête, du genre grondement de mâle alpha ? Interrogea Alexandre en le rejoignant.
Mais vous vous documentez avec quoi ? soupira le lycanthrope. »

Le chien attaqua. Les deux hommes se séparèrent pour le prendre en tenaille, mais l’animal était déterminé à faire ripaille du seul autre canidé menaçant son terrain de chasse. Il sauta sur le loup qui chuta sous son poids. Les mains appuyées sur sa gorge, Edward tint à l’écart sa gueule baveuse qui claqua à quelques centimètres de son visage. Un mouvement et les griffes du monstre lui entaillèrent le bras. Il hurla, puis serra les dents. Allé. Tu as connu pire que ça.
Espérer un coup de main du chasseur ? Non. Il filait en direction de sa sœur. Alors qu’il approchait, le faux commissaire redressa la tête et siffla — le vrai ne savais sûrement pas faire ça ! Instantanément, le canidé infernal changea de cible. Il rattrapa Alexandre en deux bonds et le saisit à la cheville. Le chasseur hurla, se rétama, puis trainé au sol par le monstre qui l’écarta de Rose. Sa gueule puissante le souleva à moitié du sol, prêt à le secouer comme une vulgaire taie d’oreiller.
Le loup intervint avant que toute la décoration ne soit refaite. Il repoussa le molosse d’un violent coup d’épaule et parvint à le renverser. Le chien roula sur le côté, puis se redressa, secoua la tête et gronda. Ses yeux rouges luisaient de rage, mais il hésita à attaquer de front. Un pas de côté. Edward ne le lâcha pas des yeux. À ses pieds Alexandre peinait à se relever, la cheville en sang. Il se traina, haletant, faisant cliqueter sa chaîne de montre sur le sol marbré. Le cœur du loup blanc accéléra et les poils se dressèrent sur sa peau. Idée. Timing crucial. Inspiration.
Il s’élança. Alexandre le vit fondre sur lui et leva les bras pour se protéger. Edward plongea la main, arracha la chaine et une partie du gilet qui allait avec. Il repoussa le chasseur et fit volt-face, pile à temps pour affronter le corniaud infernal. Il tendit la chaîne. Les crocs du monstres se refermèrent sur l’acier qui grinça sans lâcher. Un crépitement. L’animal ouvrit la gueule en couinant furieusement et recula, la truffe fumante, brûlée par l’argent.
Bingo.
Contrairement aux idées reçues, les loups-garou ne craignaient pas ce métal. Cette faiblesse imaginaire venait d’une confusion avec le pédigrée bien plus discutable, mais presqu’aussi redoutable des Barghests. Un coup de chaîne sur le museau et le chien bondit en arrière. Il secoua la tête, gêné par la douleur. La queue encore droite, il gronda, babines retroussées, mais baissa les oreilles. Le roi sut aussitôt qu’il avait gagné.
Nouvel assaut du chien, dont l’attaque fut amollie par la crainte d’une nouvelle blessure. Une aubaine pour le loup-garou. Esquive. Les crocs se refermèrent dans le vide. La bête manqua de temps pour tourner la tête, elle reçut un puissant coup dans l’abdomen et ses pattes cédèrent. Une toux rauque secoua ses entrailles, l’empêchant de se relever. Il cracha une bile noire, avant de s’écrouler. Essoufflé, Edward se précipita pour le museler d’un tour de chaîne. Tranquilles, mais pas pour longtemps, ces bestioles cicatrisaient rapidement.
Il releva la tête. Rose.

Quoi ? Non… Non !

Son cœur pulsa à lui en exploser les côtes. Sa propre respiration lui emplit l’esprit, au point de le rendre sourd aux cris d’Alexandre. L’odorat obstrué par l’odeur infecte du Barghest, Edward était limité à sa myopie. Tout était flou, mais il comprit.
Trois forme. La plus menue glissa des bras de la seconde et tomba doucement à terre ; Rose. La plus grande, qui l’avait maintenue jusqu’alors, se tourna lentement vers la troisième ; Silas. Le jeune homme reculait, lentement, fixant ses mains rouges de sang. Face à lui, la silhouette du commissaire se distordit. Un son grave et plaintif émana de lui, pour vite devenirs d’horribles gargouillis. Ses bras s’allongèrent, ses jambes rétrécirent, une sur deux toujours et jamais au même rythme, donnant à sa démarche une allure cauchemardesque.

Cling.

Le couteau tomba de son dos dans la marre de sang qui s’étendait sur le sol immaculé. Un dernier pas. Silas ne bougea pas. Il releva la tête et devant lui, l’être s’effondra.
Edward voyait mal, mais il savait qu’il pleurait. Toute son innocence se déversait par torrents entiers de ses deux grands yeux d’enfant. Le loup blanc se hissa rapidement sur ses pieds. La main appuyée sur son bras blessé, il l’appela, encore essoufflé et chercha à le rejoindre. Un pas.
Le corps du garçon se souleva en un puissant hoquet. Il tomba à genoux. Son chagrin éclata comme un coup de tonnerre. Désespéré, effrayé, dégouté, Silas perdait pieds.
Le loup blanc sentit aussitôt l’atmosphère changer. Partout, des craquements dans les murs blancs. Le sol marbré se séparait en plaques entières. Toute la salle tremblait. Des débris commencèrent à tomber, la grille plia, une voute s’effondra. Épicentre de cet apocalypse, Silas continuait de hurler et de pleurer. Les yeux révulsés, il ne répondit à aucun appel. Ses sentiments le dévoraient engendrant un chaos absolu de chance et de malheur mêlés. Inconsciemment, il continuait de protéger Rose, mais pour combien de temps. Au fond du couloir, un mur s’écroula. À ce rythme, ils allaient tous y rester.

Dans ce brouhaha s’éleva brusquement un puissant grésillement. Edward leva la tête, certain que cela venait du plafond. Il faillit se prendre un bout de plâtre sur la truffe, mais ne distingua rien au milieu de ce ciel blanc, pourtant le son continuait et amplifiait. Puis soudain :

« Ça f…ionne… instable… Je… magie est rétablie… pas longtemps… si quelqu…entend… »

La voix d’Henriette s’éteignit.
La pierre s’illumina autour du cou de Rose.


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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeMer 1 Mar - 18:02

À genoux sur le sol où la créature l’avait laissée tomber, Rose pantela quelques instants. Chacune de ses inspirations sifflantes la rappelaient à sa douloureuse réalité. Des points noirs se mirent à danser devant ses yeux. Elle crût défaillir, mais le chaos engendré par Silas la ramena à la réalité. Même la voix grésillante d’Henriette sortie dont ne sait ou n’aurait pu ralentir le cataclysme qui s’annonçait.

Péniblement, elle saisit son pendentif entre ses doigts tremblants. D’une voix étranglée, elle murmura :

- « Transforme-moi. »

La pièce fut nimbée d’une lumière bleue, aveuglant les présents. Lorsque le halo faiblit, puis s’éteignit, il révéla la silhouette de la contrebandière, debout, droite et déterminée. Son sceptre brandit au-dessus de sa tête maintenait en suspension les débris de murs et de plâtre. La pièce avait cessé de trembler. A part les hurlements de Silas et ses sanglots étranglés, tout semblait irréellement paisible.

La contrebandière s’avança jusqu’au jeune homme et l’enserra entre ses bras. Au début, Silas se débattit, hurlant plus fort, ses yeux révulsés réduits en deux béantes pupilles noires. Rose ne le relâcha pourtant pas, lui caressant les cheveux doucement du bout des doigts mais les sanglots semblèrent s’accentuer. Il s’accrochait désespérément aux vêtements de la jeune femme, les souillant du rouge de ses mains.

- « J-je l-l’ai t-tué… »
- « Je sais. Je suis désolée. »
- « I-il est m-mort »
- « Tu m’as sauvé, Silas. »

Le garçon respirait à peine, étouffé par ses propres sanglots. Rose resta un moment immobile, caressant ses cheveux, murmurant des paroles inaudibles pour les autres dans son oreille. Petit à petit, Silas sembla s’apaiser. Elle sentait la magie du pendentif cesser de lutter contre celle du jeune homme. Prudemment, la jeune femme conduisit leur protégé jusqu’à la piscine, prenant bien soi d’éviter tout contact visuel avec le cadavre. Là, elle le fit s’asseoir et entreprit de nettoyer ses mains et son costume avec délicatesse. Elle continuait de s’adresser à lui avec une douceur qui lui était rare, et le garçon cessa de pleurer, essuyant sa morve dans la serviette que la contrebandière lui tendait. Celle-ci fini par se redresser, non sans lui avoir au préalable déposé un baiser sur le front.

- « Est-ce que tu peux aller aider Edward ? »
- « O-oui… » acquiesça un Silas ayant viré à l’écarlate.

Elle lui adressa un sourire encourageant et le laissa s’occuper du lycanthrope. Elle ne se sentait pas de regarder Edward en face après ce fiasco. Elle préférait affronter les sarcasmes de son frère. Celui-ci s’était assis péniblement et tentait de bander sa cheville sanguinolente.

- « Laisse-moi faire. »

Son frère la laissa s’accroupir à ses côtés et jeter un œil à l’état de ses blessures.

- «  Depuis quand tu es magique toi ? » lâcha-t-il, les sourcils froncés.
- «  Un moment. »

La contrebandière continua de s’affairer en silence. Alexandre la détaillait, l’observait d’un air mécontent.

- « Qu’est ce qui s’est passé au juste, tu m’expliques ? Ce n’est pas ce que je t’ai enseigné. »
- « Un instant d’inattention. »
- « Un point faible plutôt. Tu n’es plus aussi déterminée et sagace qu’avant. »

Un dernier tour de bande qu’elle sera plus qu’elle n’aurait dû. Le chasseur sursauta sous la douleur.

- « Quand ça concerne Aldrick… »

Il n’acheva pas, les murs émirent un nouveau craquement sinistre. Un avertissement de la part de Rose cette fois. Elle attrapa son frère par le col de son costume et le força à se remettre debout, la magie amplifiant ses forces. Le maintenant à sa hauteur, elle gronda dans son anglais natal  :

- «  I would burn this city down to ashes if it would benefit him in any way. »

Alexandre déglutit. Sa sœur pouvait se montrer plus effrayante  que n’importe quelle créature que pouvait détenir les Tallebot lorsqu’elle avait cette lueur-là dans les yeux.

- « Je…. Vous me recevez... escaliers… »

Rose lâcha son frère qui manqua de retomber lourdement sur ses fesses. Elle chercha du regard les escaliers en question, mais rien ne semblait indiquer qu’un tel dispositif existait. Une moue s’afficha sur son visage mais elle se retint d’aviser Edward. Elle ne voulait pas lui expliquer pourquoi elle avait failli tous les faire tuer.

- « L-le plâtre. On dirait qu’il est flou n-non ? »

Le plâtre ? La contrebandière fixa son attention sur le bout qui flottait près d’elle. La lumière se fit dans son esprit. Sa prise sur son sceptre se fit plus ferme. Elle ferma les yeux.

- « Illusion. » appela-t-elle. Une carte apparut devant elle, à la  hauteur de son visage. Elle luisait faiblement lorsque Rose la toucha du bout de son bâton. « Dissolve. » ordonna-t-elle.

Et en un claquement de doigts, le décor imaginé par l’esprit tordu des Tallebot disparu. Littéralement évaporé. Les quatre compères se retrouvèrent dans une salle aux murs de pierres sombres suintants d’humidité. Au fond, deux cages, ouvertes. Celle des monstres vaincus. Plus loin, juste à côté de là où se trouvait la piscine un instant plus tôt, un trou, assez grand pour Rose mais qui nécessitait certainement que les hommes se baissent, laissait apercevoir une volée de marches. Pour la première fois, elle dirigea ses prunelles vers Edward, se risquant à le détailler de haut en bas pour s’assurer que tout allait bien. Pour une raison obscure, elle voulait se justifier, lui prendre les mains, passer ses doigts sur sa joue, lui expliquer que « ce n’est pas ce que tu crois. » Mais elle n’en fit rien.

- « Passe en premier, je ferme la marche » ordonna-t-elle au lycanthrope.

Et elle se tourna sans lui laisser l’occasion de dire quoi que ce soit. Sa main passa inconsciemment sur les marques rougeâtres laissées par la créature autour de son cou. Le visage du commissaire -du vrai- apparut dans son esprit. Elle serra les poings. Envie de hurler. Mais pas le temps. Lorsque tout le monde fut engagé dans les escaliers, même le claudiquant Alexandre, elle claqua des doigts. Les pierres en lévitations retombèrent dans un éboulement et ils n’eurent plus d’autre choix que d’aller de l’avant.

L’intérieur de la cage d’escalier était recouverte de la même mousse bioluminescente que celle de la piscine. Devant eux s’ouvrait l’obscurité. A la grande surprise de Rose, les escaliers descendaient, toujours plus profond dans les ténèbres de la maison. Autour de son cou, le pendentif émettait toujours une faible lumière. Pour combien de temps Henriette et Elizabeth arriveraient-elles à maintenir la magie ? D’une main elle fit apparaitre une nouvelle carte qui leur prodigua à peine plus d’éclairage que celui de la mousse. L’obscurité était si épaisse qu’on aurait pu la couper au couteau.

Une voix familière raisonna soudain à son oreille. Trop proche. Trop mielleuse. Frisson de haut en bas.

- « Qu’est-ce que tu as dit ? »

C’était celle d’Edward. Mais si le lycanthrope venait de lui parler au creux de l’oreille… Comment se faisait-il qu’il se tienne dos à elle, quelques mètres  devant ?

Et si ce que Henriette avait voulu dire était : «  Ne prenez surtout pas les escaliers ? » …
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeSam 4 Mar - 11:01

« Je te demandais si je te plaisais comme ça ? »

Le loup blanc glissa sa grande main sur la taille de Rose et la retint, le temps le reste du groupe s’efface dans les boyaux obscures des sous-sols du Manoir Tallebot. Il lui fit faire volte-face entre ses bras, avant de s’écarter d’un pas. Un sourire flottait sur ses lèvres, différent des autres fois. Il était joueur, un brin moqueur, mais surtout terriblement séducteur. Dans l’éclairage bleuté, il fit jouer ses muscles d’acier bardés de cicatrices, sans être gêné par le bandage de fortune déjà empourpré que Silas avait enroulé autour de son bras.
La moue de la contrebandière le fit rire. Il s’approcha d’elle, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus reculer et se pencha très près, mais son expression changea lorsqu’il remarqua les traces de doigts sur son cou meurtri. Du bout des doigts, il en effleura les contours, puis murmura tout bas :

« Pourquoi tu ne m’as pas appelé ? J’aurais pu l’arrêter, tu sais. »

Il posa sa main contre sa joue et de l’autre, dégagea doucement quelques mèches d’or encore trempées collées à sa peau pâle. Sa mine était grave, inquiète, mais surtout profondément blessée d’avoir été ainsi mis de côté. Il ne lui fit pourtant aucun reproches, se contentant d’embrasser son front, avant de lui faire doucement relever la tête. Sans hésitation, il plongea son regard si particulier dans le sien, sachant pertinemment quel risque il courait.

« Je veux juste t’aider, mais pour ça tu dois me faire confiance. »

Ses yeux ; elle allait forcément remarquer qu’ils étaient inversés. Le reflet du maigrichon aurait été plus approprié, mais il avait senti que les paroles de celui-ci la toucherait davantage. Tant pis pour l’anomalie. Rapidement, il poursuivit :

« Je ne pourrais pas développer tout mon potentiel tant que t- »

Souffle coupé. Le sceptre s’éteignit. Sa main se crispa sur son cœur et ses jambes cédèrent. Il s’affaissa contre la contrebandière et tomba à genoux, transpirant, souffrant, comme privé d’air. Retour de la lumière. Après grande inspiration, il demeura un instant haletant et tremblant, avachi sur le sol. Ses prunelles balayaient l’espace comme s’il lisait à toute vitesse un texte imaginaire. Il serra les dents.

« Ils changent les règles… »

Il se releva avec difficulté, chercha à étreindre Rose par les épaules, mais s’arrêta en découvrant la soudaine transparence de ses mains. La lumière du sceptre faiblissait, il ne lui restait plus que quelques secondes avant de disparaitre. Il serra les poings.

« Je serai là, quand tu seras prête. »

Le loup blanc s’évapora, tout comme le sceptre. La pierre autour du cou de Rose s’éteignit et seule la mousse demeura pour percer un peu de cette obscurité. Quelques secondes s’écoulèrent, puis un cri remonta le couloir et déchira son silence, comme une coup de tonnerre dans la nuit.

« Silas ! »

Plus loin dans la galerie.
À genoux à terre, le garçon dans ses bras, Edward l’appela une nouvelle fois. Quelque chose n’allait pas. Silas s’était mis à tanguer, à raconter n’importe quoi, puis il s’était écroulé plus mollement qu’une poupée de chiffon. Mort d’inquiétude, le loup blanc l’allongea sur les dalles et dégagea d’une main de sa figure livide, trempée de sueur. Le jeune homme respirait à peine. Une petite tape sur la joue. Pas de réaction. Edward chercha à prendre son pouls, mais en lui tournant la tête, il aperçut au bas de son cou une marque violette. Le point rouge en son centre assécha tout son être.

« Le doppleganger l’a empoisonné…
Ne dites pas n’importe quoi, s’étrangla Alexandre. Ça n’a aucun sens. De nous tous, il est le seul qui a de la valeur vivant.
Je sais bien. Il y a forcément autre chose, mais… »

Des torches s’embrasèrent aux quatre coins de la pièce. Alexander étouffa un cri de stupeur. Suivant son regard exorbité, Edward leva la tête vers le plafond. Un torrent d’eau glacé dégoulina dans son dos lorsqu’il aperçut la gueule énorme d’un dragon qui les fixait. Il lui fallut une bonne dizaine de seconde pour comprendre, non sans un plus grand effroi encore, qu’il semblait empaillé. Il pria de toute son âme pour que ce ne soit pas un vrai.

« Bon sang… Murmura Alexandre en se reprenant. Cette vipère est pire encore que tout ce qu’on peut raconter sur elle.
Vous parlez de Madame Tallebot ?
Non… Tallebot prête juste un alibi et un lieu en pleine lumière qu’aucune personne saine d’esprit ne soupçonnerait.
Hé.
C’est l’autre qui tire les ficelles. C’est la maitresse de cérémonie si vous voulez. Une folle furieuse qui promet ce qu’il y a de pire en matière de divertissement.
Et vous participez quand même ? Soit vous êtes stupide, soit… »
Hé ! Là ! Une porte ! »

Effectivement. À gauche de la pièce, au sommet de quelques marches, se trouvait une grosse porte en bois. Elle était encastrée sous une arche en pierre, finement taillée, représentant l’une des pattes du dragon. Dès qu’Edward le remarqua, il chercha à savoir ce qui se trouvait sous l’autre. Il tourna la tête et son cœur loupa le coche.
D’un bond, il fut sur ses pieds et arrêta Alexandre qui clopinait jusqu’au battant. Le chasseur pesta, tenta de le repousser, mais Edward le saisit par le collet et lui tourna le nez vers le coin opposé de la pièce. Au centre d’une paume sculptée pourvue de griffes acérées se trouvait un petit piédestal  où brillait flacon bleu. Alexandre put lire sur l’étiquette ce qu’Edward avait deviné : « Antidote ».
Le chasseur comprit tout de suite. La fiole, ou la liberté. Il tressaillit. Écartant le loup blanc, il indiqua la porte dont il chercha à se rapprocher en boitant :

« Ne me faites pas rire ! Le choix est évident ! Dès qu’on sera sorti d’ici, vous laisserez le gamin aux bons soins d’un médecin et…
On ignore si on arrivera à temps et plus encore quel poison a été utilisé. Cette sortie, c’est sa mort assurée !
Bon… Dommage pour lui !
Alexandre !
Contrairement à vous, je ne compte pas mourir ici.
Vous jouez leur jeu ?
Pas du tout. Je joue ma partie.
C’est ça ! À cet instant ils doivent parier de grosses sommes sur votre égoïsme et votre orgueil pour tous nous faire tuer ! »

Le chasseur se figea. Edward ne sut si c’était l’idée de mourir qui l’avait arrêté, ou la désagréable pensée d’être manipulé par d’autres, mais c’était toujours quelques secondes de gagnées. Au moment de se tourner vers Rose, pour avoir son avis, le loup remarqua qu’un mince filet doré dégringolait de la gueule du dragon, lui rappelant immédiatement l’écoulement d’un sablier. Frisson; Non… Le temps leur était compté.

« Reste avec Silas ! »

Il était le plus près. Sa grande foulée le porta en un instant jusqu’à la plateforme où se trouvait l’antidote et il le saisit sans hésiter. Mais la bouteille à peine en main, la patte du dragon se referma sur de lui. Edward dut se plier en quatre pour ne pas être écrasé par la pierre. Il pesta, garda la fiole au plus près de son buste et tout en veillant à ne pas l’écraser, il chercha aussitôt à se libérer. De toutes ses forces, il poussa contre le rocher, mais sentit avec effroi qu’à chaque fois tentative, sa prison se resserrait. Il avait beau ne pas être claustrophobe, il se sentit brusquement oppressé et dut prendre sur lui pour calmer son cœur paniqué.

« Rose ! »

Mais l’entendait-elle ? Dans sa prison de roc, Edward ne percevait plus que son propre souffle et les crissements de la pierre contre laquelle glissaient ses doigts et ses pieds. Il ignorait qu’à l’extérieur, le dragon crachait un trésor. Au milieu du sable étaient tombés des dizaines de clés. L’une d’elle rentrait peut-être dans la serrure qu’on apercevait distinctement sur la seule écaille d’argent de sa cellule. Mais alors qu’un passage venait de se refermer, un autre s’ouvrit et Alexandre s’exclama :

« Rose, regarde ! La sortie ! »



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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeSam 4 Mar - 22:58

Toutes les entités magiques de cette maison s’étaient donc rendu compte qu’elle avait visiblement un faible pour les lycanthropes. Parfait. Son humiliation était sans fin.

C’était le visage encore rougissant de sa proximité forcée avec le faux-Edward qu’elle avait rejoint le groupe. Et pour la dixième fois de la soirée, la situation dégénéra. Le peu de contrôle qu’elle avait si vaillamment gagné lui glissait encore entre les doigts.

Complétement impuissante, elle assista à la disparition de son partenaire entre les griffes du dragon de pierre. Elle hurla son nom, voulu se lever, mais dû bien vite reporter son attention sur Silas, prit d’une soudaine crise de convulsions. Alexandre à l’autre bout de la pièce, se dirigeait déjà vers la porte qu’il croyait être la sortie.

- « Au diable ces deux-là ! Rose, c’est notre seule chance de nous en tirer ! »
- «  Si tu passes cette porte, c’est moi qui te tuerai ! » rugit-elle.

Le frère se retourna vers la sœur et le regard qu’elle lui jeta le fit -à contre cœur- tourner les talons. L’expression sur son visage aurait été beaucoup plus simple à ignorer si comme à son habitude, cela avait été de la colère ou de la rage. Mais non. C’était du pur désespoir qui transparaissait de ses pupilles dilatées par la peur. Alexandre s’accroupit au chevet de Silas, lui prenant la tête sur ses genoux en soupirant :

- « Je sens que je vais le regretter. »

Rose se précipita immédiatement près de la gueule de la statue, récupérant maladroitement toutes les clés qu’elle pouvait voir. Puis, rendue trébuchante par l’angoisse, elle se jeta sur la prison du lycanthrope. Commençant sans attendre à les essayer les unes après les autres, elle appela :

- « Edward ! »

Le piège semblait rétrécir imperceptiblement à chaque nouvel échec. Les clés s’amoncelaient à ses pieds et aucune ne déverrouillait la serrure. Son cœur battait si fort que la pulsation de son sang dans ses oreilles était la seule chose qu’elle entendait. Ses doigts tremblaient lorsqu’elle inséra la dernière clé en sa possession dans l’orifice. Il y eu un clic mais rien ne se produisit.

- « Rose ! Le gamin va très mal ! »

La voix de son frère lui parvint comme un écho lointain. La dernière clé tomba à terre dans un tintement métallique. Elle avait dû en oublier une, il y en avait forcément une qui permettait de libérer le prisonnier, il y avait…

Rose tomba à genoux. Ses pensées étaient confuses, désordonnées. Ses doigts fouillaient le sable frénétiquement. Du coin de l’œil elle voyait Alexandre tenter d’empêcher Silas de se blesser dans le désordre de ses membres. De l’écume blanche sortait de la bouche du jeune homme. De l’autre côté, la prison du lycanthrope s’était réduite comme peau de chagrin. Il n’y en avait pas pour longtemps avant qu’il ne meure, suffoqué ou écrasé.

Panique. Il n’y avait vraiment aucun moyen de gagner, alors ? Ils allaient mourir ici, comme cela ? Non. Ce n’était pas possible. Elle sentit les larmes monter en elle, de colère, de peur, de désespoir. Et ce fichu pendentif qui ne fonctionnait plus. Elle hurla. Un hurlement si puissant, si désespéré que le silence qui s’en suivit fut assourdissant.

La tête basculée vers le plafond, la bouche ouverte dans un cri muet, la contrebandière s’était figée. Alexandre tenta de se redresser, mais avant qu’il n’esquisse le moindre geste, le pendentif s’alluma dans une déflagration d’énergie bleutée. L’onde de choc le renvoya dans sa position initiale.

Flottant en suspension au niveau du visage de la contrebandière l’artefact baignait ses traits d’une douce lumière. Horrifié, Alexandre découvrit que les yeux de sa sœur étaient devenus totalement bleus, pupille et blanc tout ensembles. Ils brillaient d’une lueur miraculeuse comme éclairés depuis l’intérieur de son crâne. Le corps de la contrebandière fut soulevé du sol comme si il ne s’agissait que d’une vulgaire poupée de chiffon. Ses pieds nus lévitaient à quelques centimètres du sol. Ses cheveux flottaient autour d’elle comme animés par une force invisible. Tout son corps irradiait de la même clarté bleutée que le pendentif.

Enfin, la tête de la contrebandière bascula en avant. Ses yeux monstrueux se posèrent d’abord sur son frère qui eut un mouvement de recul. Elle détailla le garçon agonisant, puis la prison du lycanthrope. Elle fit un pas. Ses pieds flottaient sur les dalles de la salle, les frôlant à peine. La créature qui avait l’apparence de Rose posa délicatement sa main sur la griffe du dragon. La pierre commença  à se fissurer, d’abord un peu, puis tout d’un coup. La prison explosa dans un rayon de lumière, les morceaux épars retenus en suspension par la magie du pendentif.

La chose qui portait le visage de Rose posa son regard vide sur le lycanthrope à ses pieds. Elle s’adressa à lui d’une voix désincarnée, à la fois sienne et de centaines d’autres âmes.  

- « Eduard Wolkoff. »

Un sourire étira ses lèvres. Elle se pencha vers lui, ses pieds touchant enfin le sol. Ses doigts frôlèrent sa joue, y imprimant une trainée bleutée.

- « N’ai crainte. Nous allons te soigner. »

Le corps de la blonde s’inclina. D’une main elle attrapa le menton du loup entre ses doigts, le forçant à basculer la tête en arrière. Sa prise était douce, mais solide. Ses yeux se plongèrent dans les siens, scrutant le fond de son âme. Entre temps, sa seconde main s’était entremêlée à ses mèches brunes, lui maintenant la tête pour qu’il ne puisse se dérober. Et lentement, comme un prédateur certain d’avoir emprisonné sa proie, elle approcha son visage du sien. Ses lèvres rencontrèrent les siennes, d’abord doucement, puis avec fougue. Sa langue pressa contre ses dents, se frayant un chemin avec avidité, tandis que des éclairs bleutés passaient de la bouche de la créature aux veines d’Edward, illuminant sa peau, refermant plaies et contusions.

Enfin, la créature s’éloigna de quelques millimètres, son souffle raréfié caressant encore les lèvres de son vis-à-vis. Sa langue passa sur ses lèvres avec un sourire mutin. Sa main glissa sur le torse du lycanthrope lentement, de manière calculée, descendant jusqu’à sa ceinture. La main s’arrêta. Elle attrapa la précieuse fiole d’antipoison, et rivant une dernière fois ses yeux effrayants dans ceux du lycanthrope elle souffla :

- « Prends soin de la gardienne, Roi des loups. Son cœur est avide de plus. »

La créature possédant le corps de Rose se redressa et le laissant là, elle flotta jusqu’à Silas et Alexandre. Le chasseur eu un mouvement de recul, ce à quoi l’être répondit par un rire désincarné :

- « Ce n’est pas toi que nous désirons, Mortel. »

Alors qu’Alexandre la fixait, les yeux écarquillés, le corps de Rose se pencha sur la silhouette de Silas. Maintenant son menton relevé, une main sous sa nuque, elle força le jeune homme inconscient à avaler le contenu de la fiole. Le garçon resta immobile un instant, puis, comme ramené brusquement à la vie, il se pencha sur le côté, et rendit la totalité de son estomac. La créature sembla satisfaite. Jetant un dernier coup d’œil circulaire aux présents, elle finit par se tourner vers Edward, le fixant intensément, semblant vouloir lui dire quelque chose. Puis le corps de Rose s’effondra.

Comme un pantin désincarné, la contrebandière heurta le sol, et le pendentif cessa de luire. Son corps avait atteint sa limite. Alexandre se précipita vers elle.

- « Rose ! »

D’abord, rien. Puis, ses paupières s’ouvrirent douloureusement. Immédiatement, une quinte de toux secoua tout son corps et un liquide vermeil vint tâcher ses mains. Peinant à reprendre son souffle, se redressant sur ses avants bras, ses yeux affolés parcoururent la salle.

- « Edward… Silas… »
- « Ils vont bien. »

La contrebandière se laissa retomber sur le sol, pantelante. Elle n’avait aucun souvenir, si ce n’était un léger sentiment de chaleur au niveau des lèvres. Elle les toucha du bout des doigts, confuse. Son cœur battait la chamade, affolé par des émotions enfouies qu’elle ne déchiffrait pas.

- « Quel spectacle vous nous offrez ce soir chers joueurs ! La foule est hystérique !»

La voix avait retenti dans tout l’espace, puissante et implacable. Alexandre se redressa. Il fit un geste circulaire :

- «  Assez joué Madame de Vermandois ! Vous avez eu votre lot de divertissement ! »
- «  Mais vous nous aviez caché que votre sœur était si intéressante mon cher. » Une pause. Rose s’était rapproché de Silas et le maintenait entre ses bras.  «  Après consultation, nous ajoutons sa tête au tableau des primes. Mais libre à vous de partir si vous le souhaitez. »
- « Espèce d’enflure ! »
- « Oh, et pour vous garder motivés… »

Il y eu un silence. La blonde s’était redressée difficilement, et elle soutenait encore Silas qui se tenait faiblement sur ses jambes. Alexandre avait les poings et les mâchoires serrés.

- « Silas ! »

La voix d’Elizabeth empli la pièce. Silas chancela.

- « Lizzie ! »
- «  Nous avons en notre compagnie cette charmante jeune fille ainsi que notre chère Henriette Tallebot. Saluez vos champions jeunes filles ! »
- « Lâchez-moi ! Quand ma mère saura ce que… »

Il y eu un « clic » et ce fût le silence. La partie continuait.
Spoiler:
Edward White
l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS l
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeMer 8 Mar - 9:18

Edward se lécha les lèvres. Un petit goût de fraise.
Il se redressa dans la poussière de sa prison de roche. Encore surpris d’être entier alors qu’il avait sentit son épaule si nettement se disloquer, son esprit revint rapidement sur terre. Déjà sûr ses pieds, le loup blanc intégra en arrière plan tout ce qui se passait autour de lui, du retour de Silas, à la capture d’Henriette et Elisabeth. C’était automatique, instantané et fascinant de fluidité. Après toutes ces épreuves, il aurait dû se sentir harassé, haleter comme un chien et réclamer un repos bien mérité, mais il vivait l’extrême opposé.
Edward se sentait plus fort, plus rapide, plus agile même, à un degré qu’il n’avait jamais ressenti que sous sa forme animale. Son instinct était exacerbé, poussé à une telle perfection qu’il lui donnait la sensation de pouvoir absolument tout anticiper. Cet état était totalement anormal, mais il était trop excité, trop euphorique même, pour le remarquer.
C’était ce baiser. Cette étreinte qui avait failli faire exploser son cœur et à laquelle il n’avait su se soustraire, au point de la partager avec l’animalité de son espèce. Il avait senti la puissance couler dans ses veines, réparer ses os brisés, effacer sa fatigue, galvaniser chacun de ses muscles et réveiller jusqu’à la plus infime parcelle de ce qu’il cherchait toujours à dissimuler.
Edward White s’était effacé, rappelant à lui sa véritable identité.

« Eh bien Vermandois ! Qu’est-ce que vous attendez ? »

Son français si longtemps perfectionné était désormais haché par son rude accent de Transylvanie. Il rejoignit d’un bond leste Silas, Rose et Alexandre, ce dernier le fixant avec des yeux exorbités.

« Vous êtes malade ?!
Oui ! »

Alexandre allait répliquer, mais quelque chose dans l’attitude du loup blanc l’arrêta. Il ne distinguait plus une goutte du gentleman fringant du cabaret, au point que même Silas parut décontenancé.

« V-vos yeux… »

Pupilles dilatées. Un vrai junkie. Et ce sourire carnassier n’avait rien pour rassurer.
Toutefois l’état du loup blanc devrait attendre, car piquée au vif, la maîtresse du jeu lança la manche suivante. Il y eut un bruit sourd et toute la salle trembla. Une grille s’abaissa devant la sortie. Alexandre la pointa des deux mains avec un profond agacement, mais personne ne le remarqua.
Edward souleva Rose. Il la tint contre lui, tandis qu’il descendait une à une, les marches qui se découpaient sous leurs pieds. Silas tomba à plusieurs reprises en cherchant à les dévaler et le chasseur n’essaya même pas tant il craignait de ruiner sa seconde cheville, mais le lycanthrope n’en manqua pas une seule.
Lorsqu’il s’arrêta, la salle avait légèrement changé et les plaçant au centre de ce qui ressemblait à une arène de gladiateur. Les gradins sur les côtés étaient tous vides, à l’exception d’un balcon, très haut, qui les surplombait. Une rangée de fauteuils s’y distinguaient tous occupés. Sur celui du centre, se découpait la silhouette sèche de Madame de Vermandois.
Deux cris s’élevèrent et Henriette et Elisabeth apparurent brièvement appuyées contre la balustrade. On les força à reculer et peut-être à se taire, car ils ne les entendirent plus. Impossible de les voir de là où ils étaient.

« Félicitations, siffla la maitresse de cérémonie. Vous êtes le premier groupe que mes invités ont réclamés voir œuvrer en direct. Mesdames, messieurs, les paris sont ouverts. »

Un bruit sourd leur fit lever la tête. L’énorme gueule de dragon s’était ouverte et il s’en échappait à présent une suite d’étranges cliquetis. Il étaient irréguliers, rapides et ils se rapprochaient. Alexandre fronça le nez. Il pencha la tête sur le côté, croyant voir quelque chose bouger à travers les crocs du reptile. En cœur avec Silas, ils étouffèrent un petit cri aiguë lorsqu’une première longue et grande patte noire s’extirpa de la bouche du saurien. Trois, cinq, six, huit autres membres filiformes quittèrent la pénombre, entrainant avec elle un corps massif où étincelèrent deux rangées de quatre yeux brillants. Perchée au bout de la gueule du dragon, l’énorme araignée secoua son abdomen et se laissa tomber au centre de l’arène.
La chute souleva un nuage de sable. Résonna un bruit clair et mécanique et la brume poussiéreuse s’illumina de lignes vertes. On applaudit au balcon.
Avec délicatesse, Edward déposa Rose au premier rang. Il passa une main tendre sur sa joue, son cou, puis s’avança et lui mordilla la joue, une marque d’affection curieuse, mais particulièrement sincère pour le roi des loups. Un murmure contre son oreille :

« Regarde-moi. »

Il se redressa et s’avança sans hésitation vers l’immense araignée d’acier. Le sable était retombé, offrant une vue parfaite sur cette création monstrueuse. Taille excessive, elle fumait ça et là, quand ses pistons relâchaient la vapeur qui l’alimentait. Un liquide couleur rouille coulait de ses mandibules, creusant le sol à chaque goutte qu’elles relâchaient. Son énorme abdomen était couvert de loupiotes bombées, clignotantes de manière désordonnée et montées sur des engrenages qui tournaient sans cesse. Avançant ses huit pattes effilées comme des lames, l’arachnide inclina son corps énorme en signe de menace.
Un frisson excité dressa les poils sur le cou du loup blanc. Dans son esprit suralimenté, branché sur douze-mille volts, Edward avait l’impression qu’on l’encourageait à détruire une très grosse version de son réveil matin. Dire qu’il avait hâte, c’était encore minorer les faits.

« Ça y est, il a pété un plomb. »

Clopinant jusqu’à Rose, Alexandre ignorait s’il devait se réjouir de la mort prochaine du lycanthrope, ou se désoler de la perte de cette force de frappe. Les rejoignant en dévalant quatre à quatre la longue série de marches, Silas avait fait son choix. Il savait qu’il n’aurait été qu’une gêne dans l’affrontement qui se profilait, mais il n’était pas pour autant décidé à rester inactif. Rassemblant sa concentration et son énergie la plus positive, le garçon s’écria en levant les bras :

« Vous pouvez le faire monsieur White ! »

Le cœur martelant sa poitrine, il ne détourna pas les yeux lorsque David s’élança face à Goliath.
Esquive d’un premier coup de patte. Au second, Edward se contenta d’un pas de côté, puis bondit souplement sur la tige d’acier. Ses doigts trouvèrent une prise dans les replis du métal et ce fut sans difficulté qu’il se hissa sur la barre de fer. Trois pas. L’araignée chercha à le déloger en l’attaquant à l’aide d’une autre de ses pattes. Un saut. Le choc des aciers provoqua en une pluie d’étincelles. La lame coincée tenta de s’extraire, mais retombant avec adresse sur la structure, le loup blanc en démit l’articulation d’un violent coup de pied. Il jubilait. Les boulons cédèrent, câbles et tuyaux s’arrachèrent dans un crépitement d’électricité et de fumée. L’araignée pencha sur la droite, mais parvint à se rééquilibrer. Son opposant ne la laissa pas souffler.
Se laissant glisser le long du membre amputé, Edward atteignit le thorax. Le module était soigneusement calfeutré, scellé par des visses épaisses, mais le loup n’en eut que faire. Un coup de talon dans la liaison avec l’abdomen fit vibrer toute la structure. Incapable de l’atteindre avec ses pattes, l’araignée n’en était pas pour autant désarmée. Quatre de ses huit yeux se déployèrent en de petites tourelles. Il y eut un sifflement, puis la première fit feu.
Edward l’évita de peu et la baille lui entailla l’épaule avant de se ficher dans le mur. Second tir. Encore. S’agitant au rythme de ces détonations, l’araignée semblait danser un tango endiablé dans le sable qu’elle soulevait par vague.
Mollet, joue écorchés, Edward en eut assez de ces moustiques. Alors qu’un nouveau coup de feu se préparait, il se mit à fracasser de toutes ses forces la structure métallique. Il avait beau être une bille en technologie, tout son être lui hurlait que c’était ici qu’il devait frapper. Il s’acharna, encore et encore, les balles sifflaient à ses oreilles et par chance entaillaient rarement sa peau. Ses poings en sang laissaient leur emprunte à chaque coup supplémentaire sur la plaque d’acier qui se déformait de plus en plus. Il hurla, martela encore et trois vis sautèrent comme des bouchons de champagne. Le métal se plia, Edward l’attrapa et l’arracha d’un geste de pure animalité, avant de le projeter sur les tourelles. Trois se brisèrent, la dernière se tordit sous l’impact.
Un sourire aussi fou que victorieux sur les lèvres, il lança à Rose un regard fier, au point qu’il en aurait remué la queue s’il avait eut sa forme de canidé.
Puis il se pencha, prêt à vider les entrailles de la bête. Pas un seul engrenage, ni un seul tuyau ne serait épargné. Mais sa main à peine enfoncée dans la machine, celle-ci changea brusquement d’inclinaison. Un câble venait de s’extraire de son abdomen, s’enfonçant au plafond et la remorquant en l’air avec une étonnante rapidité.
Le loup blanc faillit tomber, mais il se rattrapa à l’ouverture créée, évitant de justesse les mandibules acérées de l’arachnide. Le monstre d’acier se balançait sous le nez d’un public captivé, mais Edward ne leur accorda aucun intérêt.
Une traction le ramena en sécurité. Lui qui était en proie au vertige avait l’air d’un vrai singe. Totalement hermétique au danger, il escalada l’abdomen de l’araignée, atteignit le câble dont le mécanisme était à peine abrité.
Une spectatrice murmura derrière son éventail :

« Vous croyez qu’il va… »

D’une seule main, Edward arracha poulie et cylindre. L’araignée se décrocha, chutant de plusieurs mètres et lui avec. L’onde de choc fit trembler les murs et souffla une brassée de sable jusqu’aux gradins. Projeté par l’impact, le loup blanc roula jusqu’aux marches. Silas se précipita pour l’aider à se relever, mais il était déjà sur pieds. L’arcade droite ouverte couvrit une partie de son visage d’un ruissellement carmin. Il essuya ce qui le gênait et tel un boxeur kamikaze, réajusta ses appuis.
Même Alexandre s’en inquiéta.

« Vous allez finir par vous tuer !
Ça vous ferait trop plaisir, railla le concerné.
M-Monsieur White, vous devriez peut-être… »

Silas tendit la main pour lui prendre le bras, mais il se figea avant de l’atteindre. La lumière était de retour sur la carcasse de métal. La multitude de petits dômes recouvrant l’abdomen de l’arachnide s’étaient mis à clignoter. Il y eut un petit crissement et l’un d’eux se mit à bouger.
Une toute petite araignée s’extirpa du colosse d’acier et s’élança à toute vitesse en direction du groupe. Edward l’accueillit d’un violent coup de pied qui la projeta droit sur le balcon.

BOUM !

Flammes et nuage de fumée se dissipèrent sur une architecture intacte. Un peu de magie sans doute pour les protéger d’un impact à la puissance anormale compte tenu de la taille du projectile.
Alexandre devint livide. La bouche entrouverte, son regard avait quitté la rangée de spectateurs pour se reporter sur les restes de l’énorme araignée. Avec horreur, il vit s’extraire de l’abdomen des nuée de bombes miniatures prêtes à exploser. Grouillantes, rapides, elles dévalèrent le cadavre maternel en dans un brouhaha de petites pattes effilées. L’une d’elle, clignotant plus vite que ses congénères, explosa à une vingtaine de mètres.
Il eut la lucidité de retenir Edward, déjà prêt à s’élancer.

« Rose ! Qu’est-ce qu’on fait ?! »

Sur le balcon, une dame bien habillée chaussa ses petites jumelles de théâtre.

« Eh bien Walter, on dirait que le feu d’artifice va commencer, mais j’ai tout de même envie de miser sur leur survie.
Très chère, vous n’êtes pas raisonnable. Ils n’ont aucune chance. »



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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeJeu 9 Mar - 8:56

Le visage de Rose s’écrasa sans délicatesse dans le large dos du lycanthrope. Dans sa précipitation, elle avait trébuché, ses pieds s’étaient emmêlés et elle avait basculé en avant, retenue de justesse par le corps du loup blanc.

- « Arrête ! »

C’était un cri du cœur. Ses bras enserrèrent le torse d’Edward, se pressant contre lui, haletante. Cet imbécile allait finir par se faire tuer. D’une poigne ferme, Alexandre s’était aussi interposé, mais il relâcha brusquement le loup en constatant la présence de sa sœur. Le visage toujours enfoui contre le corps de son partenaire, refusant de relâcher son étreinte de peur qu’il ne s’élance à nouveau, le cerveau de la contrebandière tournait à mille à l’heure.

Elle avait assisté à l’affrontement du roi des loups contre l’araignée monstrueuse le cœur battant. Elle avait confiance dans les capacités d’Edward - il lui avait assez botté les fesses comme ça en l’entrainant pour qu’elle ne se permette pas d’en douter. D’autant plus que son ordre, murmuré pour elle seule, lui interdisait toute hésitation. Mais dans l’immédiat, la menace qui mettait leurs vies en péril ne pouvait être vaincue par la force seule. Réfléchir. Vite.

- « Reculez ! » ordonna-t-elle aux garçons.

Alexandre s’exécuta en claudiquant, tout comme Silas, remontant le long des gradins, mettant le plus de distance possible entre eux et la progéniture explosive. La blonde tira le lycanthrope en arrière, le forçant à se replier. Du balcon leur parvenait des bruits étouffés d’agitation. Peut-être Elizabeth et Henriette pourraient-elles quelque chose pour eux ?

Elle rejoignit Alexandre et Silas. Sa main avait glissé dans celle du roi des loups et elle tenait fermement ses doigts entrelacés dans les siens. Hors de question que ce cinglé redescende tout seul sans plan de bataille. Son frère jeta un regard désapprobateur à sa cadette mais se contenta de maugréer :

- « On est foutus !  Pas d’autres issues. On aurait dû s’enfuir quand on en avait l’occasion !»
- « C’est pas le moment. »
- « Et retiens un peu ton clébard !  Il est complétement dingue !  »

Le ton entre le frère et la sœur monta rapidement, des doigts accusateurs se levèrent, des mains s’agitèrent. Aussi, Rose ne remarqua pas tout de suite l’immobilité de Silas. Le jeune homme, les yeux clôt, les bras le long du corps respirait calmement malgré leur trépas imminent. Autour de lui, l’air sembla se troubler. Un frisson secoua les épaules de la blonde, les cheveux de sa nuque se hérissèrent. A son cou, le pendentif vibra. Flux de magie contre flux de magie.

Et, d’un coup, une vague d’énergie les traversa. Silas, les yeux toujours fermés, les poings serrés transpirait à grosses gouttes. La terre se mit à frémir autour d’eux, ralentissant la progression des créatures. Un cri s’éleva depuis le balcon :

- «  Un tremblement de terre ? »
- « En plein Paris ? Impossible ! »  

Lentement, les vibrations s’amplifièrent jusqu’à empêcher les participants de tenir debout, les obligeant à tomber à genoux. L’artefact s’agitait, teintant faiblement de sa lumière le visage de la blonde. Il s’allumait et s’éteignait dans un faible clignotement.
Soudain, un craquement. Le bruit fit se tourner instinctivement Rose vers le centre de l’arène. Juste à temps pour voir l’énorme tête du dragon se fendre à la base du cou et être précipité dans le vide. Pile au-dessus des araignées explosives.

Le temps sembla suspendre son cours. Elle vit un mélange d’horreur et de satisfaction se peindre sur le visage de son frère. Elle vit Silas, toujours immobile au milieu du chaos. Ses doigts serrèrent ceux d’Edward. Elle hurla :

- « À couvert ! »

Déflagration. Sans vraiment y penser, elle avait couvert la tête du lycanthrope de son bras, le forçant à enfouir son visage dans sa poitrine. Comme si son frêle corps pouvait être d’une quelconque protection. Rose s’attendait à ressentir la brulure de l’explosion sur sa peau. A encaisser des blessures causées par la dispersion des débris. Mais il n’en fût rien.

Lentement, elle se risqua à relever la tête. Un halo bleuté entourait les quatre joueurs. Son pendentif brillait d’une lueur vive contre son buste. Elle adressa un remerciement silencieux à l’artefact.

Non loin, Alexandre, accroupi, avait protégé Silas entre ses bras. Se rendant compte que sa sœur l’observait, il repoussa le jeune homme violement, ses deux bras tendus devant lui. Il se redressa tout en s’époussetant pour reprendre contenance.

- « Peuh ! Je pensais que c’était Rose »
- « Abruti. »

Silas, assis sur les fesses, affichait depuis la première fois de la soirée un air confiant. Il n’avait même pas bégayé. Le chasseur lui jeta un regard noir qu’il ne remarqua même pas. La fumée autour de leur bulle protectrice les rendait momentanément invisibles pour ceux du balcon.

La blonde se risqua à regarder Edward qu’elle avait enfin relâché. Décidément, faire exploser des choses en sa compagnie allait devenir une habitude. Cette pensée la fit sourire. Ses prunelles plongèrent dans celle de son vis-à-vis. Son pouce essuya doucement un peu de sang sur son visage. Elle souffla pour lui seul, une réponse qu’elle avait brulé de lui donner avant qu’il ne s’élance dans l’arène quelques minutes plus tôt  :

- « Je ne regarde que toi. »

Cet aveu affola son cœur qui semblait vouloir s’échapper de sa poitrine. Parce que c’était la plus simple vérité. Ses joues la chauffaient. Sans s’en rendre compte, son regard avait glissé sur les lèvres du lycanthrope. Sa bouche s’entrouvrit légèrement alors qu’elle sentait une drôle de chaleur réchauffer son ventre. Son visage s’approcha imperceptiblement du sien, jusqu’à sentir son souffle sur sa peau. Impression de déjà-vu. Si elle s’approchait encore un peu…

- « Whouhouuuuuu ! »
- « Go Silas ! Goooo ! »

Les cris d’Elizabeth et d’Henriette la firent sursauter. Sa main quitta la joue du loup blanc et ses pupilles scrutèrent l’étendue des dégâts, cherchant les deux jeunes femmes. La fumée s’était dissipée et ils pouvaient à présent apercevoir clairement le perchoir de leurs geôliers.

Rose se redressa, tentant de refouler son trouble. Alexandre était déjà sur ses pieds tout comme Silas, rouge de plaisir d’entendre les encouragements de la belle. Le chasseur leva les yeux au ciel devant tant de candeur, dégouté.

-       « Qu’est-ce que je vous avais dit Walter ? »
-       « Gardez votre sarcasme pour vous Ursula. Comment aurais-je pu prédire ça ? »
-       « Un peu d’imagination mon cher. Et de la passion. Vous en manquez cruellement ! »

Le caquètement des spectateurs fut brutalement interrompu par la voix furieuse de Mme de Vermandois. Ses yeux brillaient d’une rage qui frôlait la folie. Son corps sec et décharné se pencha par-dessus la balustrade, cherchant quelle horreur elle pouvait infliger à ses participants afin de réduire à néant leurs espoirs.

Une idée dû lui venir car elle appela quelqu’un qui se trouvait derrière elle. Un homme s’avança, sorti de l’ombre. Dans sa main, brillait l’éclat d’un arc doré. Un signe de main de la maîtresse du jeu et il encocha une flèche.

- « White ! » l’interpela Mme de Vermandois. «  Je dois dire que vous avez plus de ressources que ce que je pensais. Tout comme vous de La Tour. » Ses petits yeux de fouine glissèrent de l’un à l’autre avant de se poser sur Rose « Mais j’ai trouvé le maillon faible. »
- « Non ! »
- « Allez-y, Gilles. »

Le tir frôla Rose et ricocha sur les marches de pierre. Alexandre se rua vers sa sœur, poussé par l’adrénaline, sa douleur à la cheville oubliée.

- « Il y a eu un éboulement là-haut. On peut atteindre le balcon en escaladant. Vas-y ! Vite ! »  

Un signe de tête et Rose s’élança, suivie de près par Silas. Le garçon espérait la protéger avec ses pouvoirs en restant près d’elle. Ils avaient parcouru la moitié de la distance lorsque la première flèche la toucha. Le projectile s’enfonça dans son biceps comme dans du beurre. La souffrance électrisa son corps déjà meurtri et elle trébucha. Shit. C’est le seul mot qui lui venait à l’esprit encore et encore alors qu’elle tentait de se redresser, la vision brouillée par la douleur.

L’archer décocha une nouvelle flèche. Celle-ci aurait dû pénétrer ses flancs, mais les pouvoirs du jeune homme firent leur effet. La flèche fut fauchée en plein vol, écrasée par un morceau du dragon qui ne s’était pas encore effondré.

Profitant de cet instant de répit, Alexandre ramassa sa sœur, la soutenant par un bras tandis que Silas attrapait le second. Il savait qu’il aurait dû laisser à White le soin de transporter sa cadette, mais il était trop fier pour lui laisser une nouvelle fois le beau rôle.

Un cri s’éleva depuis le balcon. Henriette et Elizabeth, galvanisées par la victoire de la petite bande s’étaient jetées sur Madame de Vermandois et sur le fameux Gilles qui tentaient de les repousser.

- « Monsieur White ! Silas ! Dépêchez-vous ! »

Le vent de débâcle qui avait envahi le promontoire leur laissa le temps de se réfugier près de l’éboulement. Certains blocs de roches offraient un abri convenable, les dissimulant des spectateurs.

Alexandre adossa sa sœur à leur cachette de fortune. La contrebandière grimaça. L’artefact diffusait toujours une faible lueur sur sa poitrine. Elle fût subitement prise d’une quinte de toux qui l’essouffla d’autant plus. Saleté. Sa main valide agrippa le corps de la flèche. Elle tira dessus, laissant échapper un gémissement, sans réussir à l’extraire totalement.

- « Reste-ici. »
- « Edward… »

Alexandre poussa un son rageur. Elle n’en avait que pour ce cabot. Sa main se crispa sur ses mèches brunes, dévoré par la jalousie d’un grand frère qui se rend compte que sa sœur aime quelqu’un d’autre que lui.

- «  Ne pense même pas aller là-haut sans moi. »

La respiration de Rose était sifflante, mais ses yeux déterminés, mettaient le loup au défi de protester. Dans son état, elle craignait que le lycanthrope ait une bonne idée qui l’envoie tout droit dans la tombe.

Un hurlement perça l’espace. Un choc sourd se fit entendre sur le sable de l’arène.
Spoiler:


Dernière édition par Rose Walkson le Sam 11 Mar - 14:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeSam 11 Mar - 13:08

Instant suspendu.
Ses lèvres, son souffle, sa peau si proches et ces mots. Ces simples mots qu’il croyait avoir toujours attendus. Il sentit son cœur accélérer, l’esprit encore troublé par les dernières gouttes de magies irriguant son être. Le tour de force de Silas avait dissipé, ou dilué peut-être, la puissance phénoménale qui pulsait dans ses veines, rendant lentement à son esprit toute sa lucidité.
Il sentit Rose sursauter et s’éloigner. Inexplicablement, son départ lui fit de la peine. Un peu hagard, il essuya le sang qui coulait encore sur son visage et remarqua ses poings tuméfiés. Aussitôt, les minutes passées lui revinrent très nettement en tête. Edward sentit ses joues s’empourprer et la chaleur se répandre si brutalement jusqu’à ses oreilles, qu’il craignit un instant de prendre feu.
Une vive émotion qu’il n’eut guère le temps d’analyser, car Madame de Vermandois décida de venger sa défaite.

Départ en catastrophe et mise à l’abri rocambolesque. Rose fut touché, Alexandre la soutint et Silas fit de son mieux, mais s’emmêla les pieds de fatigue. Ne pouvant plus atteindre la contrebandière, Gilles décida d’en faire sa cible, mais sans succès, car Edward souleva le garçon par la ceinture et au pas de course, rejoignit l’ombre des pierres. Le loup blanc reposa son paquet qui s’assit sans force, épuisé.
Un hurlement, puis un bruit sourd du côté de l’arène. Aux aguets, Edward et Alexandre cherchèrent à en découvrir l’origine. Il y eut alors un formidable brouhaha du côté du balcon, puis un cri furieux explosa dans toute la salle.

« Ça, c’est pour vous en être prise à ma fille ! »

Madame Tallebot ? Le loup et le chasseur échangèrent un regard circonspect, puis quittant précautionneusement leur cachète, ils aperçurent, penchée sur le balcon, Amanda Tallebot retenue par Henriette et Elizabeth. Sur le côté, Hector maitrisait Gilles. La majorité des parieurs s’étaient mis en retrait, à l’exception de Ursula et Walter qui observaient également par dessus la balustrade, jumelles en main.
Edward sentit son cœur accélérer. Après toutes ces épreuve, il n’osait y croire et Alexandre non plus. Alors, le nuage de sable se dissipa et tous deux poussèrent le même énorme soupire. Enfin. C’était fini. Écrasée au sol, gisait le corps sans vie de Madame de Vermandois.
Tandis que Madame Tallebot crachait son venin sur les invités, mi-outrés, mi-comblés par cette soirée au-delà de toutes leurs attente, les deux hommes revinrent prestement auprès de Silas et de Rose et leur annoncèrent la bonne nouvelle.
Le premier ne sembla pas comprendre et loin de l’effusion de larmes attendue par Alexandre, il resta prostré, bouche ouverte, comme si son esprit buttait sur l’idée d’accepter qu’ils s’en étaient tous sortis vivants. Edward s’accroupit près de de la contrebandière qu’il taquina gentiment.

« Plutôt calme cette soirée finalement. »

Son regard dépareillé scruta la moindre parcelle de son corps épuisé. Allé Rose, ultime ligne droite. Avec précaution, il brisa l’arrière de la flèche, puis dégagea doucement les mèches blondes trempées de sueur des traits de sa partenaire. Ses yeux dans les siens, il caressa sa joue d’un revers de main et inclinant la tête, il lui demanda avec un sourire aux lèvres :

« Si on a un garçon, j’aimerai qu’on l’appelle Tancrède. »

Prénom volontairement douteux, qui visait à détourner les pensées de Rose de la flèche. Au premier frémissement d’émotion qui s’éveilla sur sa figure, Edward appuya d’un coup sec sur le projectile qui ressortit de l’autre côté de son bras. Alexandre hurla, horrifié, mais Edward savait que c’était le seul moyen de l’extraire en limitant les dégâts. Il pansa rapidement la plaie avec le bout d’étoffe préparé par le chasseur qui n’en finissait plus de l’insulter.

« Désolé, murmura-t-il en posant son front contre celui de Rose. On oublie Tancrède, c’est juré.
J’aurais dû vous dépecer, espèce de… Quoi ? s’interrompit Alexandre. Comment ça vous oubliez ? J’aime bien Tancrède, moi !
Vous, votre avis ne compte pas.
Quoi ? Et pourquoi ça ? Je suis son frère, je vous rappelle.
Oui, mais vous vous déguisez en oie. »

Alexandre eut l’air profondément choqué de cet argumentaire dénigrant ouvertement la puissante aura des palmipèdes, mais il n’eut guère le temps de protester. La voix faible de Silas s’était mêlée à la conversation en un indéchiffrable gargouillis qui fit lever les yeux au ciel au chasseur.

« Quoi encore ? »

Cette fois, le garçon ne parla pas et se contenta de lentement lever le doigt. Faisant la lippe, son interlocuteur pivota de quelques degrés, puis se figea. Coup au cœur. Il fronça les sourcils, plissa les yeux, son esprit épuisé refusant catégoriquement ce que ses yeux distinguaient. Rien. De Vermandois c’était volatilisée.

« White… »

Une main décharnée sortit brutalement de terre.
Hurlement commun, leurs corps à bout s’arrachèrent à leur cachète, poussés par un violent retour d’adrénaline. Car à la main succéda un bras, puis une tête, coiffée du masque de cheval troué d’un vieil ami. Partout dans l’arène, le sol gonflait et craquait. L’endroit était littéralement miné de cadavres. Ex-chasseurs, ex-légendaires, tous sortaient impatiemment de terre leur chaires putréfiées et leurs os à vifs.
Vite, direction le balcon. Henriette et Elizabeth n’avaient pas chaumé. Déjà deux cordes pendaient, jusqu’au sol. Hector serait être mis à contribution pour hisser les rescapés. Pas le temps d’en trouver deux autres. Silas fut accroché à un brin, Rose à l’autre. L’aînée des Tallebot hurla à son majordome de tirer et les deux fines silhouette s’arrachèrent d’un coup vers les hauteurs.
Edward et Alexandre furent contraints d’escalader. Par chance, la tribu de mort-vivant s’éveillait avec lenteur et le loup blanc n’eut aucun mal à fracasser une seconde fois la tireuse d’élite, première décédée à s’être élancée dans leur direction.

« Ne poussez pas ! Pesta Alexandre, dont le cheville fatiguait grandement.
Nom d’un chien, laissez, je vais vous portez !
Il n’en est pas… White ! Reposez moi tout de… »

Un reste de centaure auquel une patte et la moitié du crâne manquait, lança une grosse pierre siffla tout près du chasseur. Il s’agita.

« Mais qu’est-ce que vous attendez !? Plus vite ! »

Le loup blanc leva les yeux au ciel. Concentré sur son ascension, il devait faire son possible pour ne pas regarder en arrière. Son cœur lui meurtrissait les côtes. Il ralentissait. Pas de fatigue, mais de peur. Il détestait les hauteurs, il détestait, il détestait, il détest-
Silas poussa une cri de surprise. Réflexe. Edward lui jeta un coup d’œil et il sentit aussitôt son estomac faire un triple axel et ses jambes se liquéfier. Seules les injonctions agaçantes d’Alexandre et un orgueil mal placé, lui permirent de ne pas se statufier. Le souffle court, il nota rapidement que quelque chose clochait. Silas et Rose n’étaient plus tout à fait à la même hauteur. La contrebandière avait bien deux mètres d’avance et malgré les efforts d’Hector, le jeune homme semblait stagner. Terrifié, le garçon s’écria :

« C’est bloqué ! »

On s’agita sur le balcon et sur les épaules d’Edward.

« Posez-moi ! On est presque à sa hauteur. On va le rapprocher de nous finir en escaladant. »

Si tôt dit, si tôt fait. Avec l’appui du loup blanc, Alexandre reprit l’ascension, mais au moment d’atteindre le niveau de Silas, Edward se heurta à son tour à un mur. Un mur qui n’existait pas, qu’il ne voyait pas et que le chasseur n’avait pas rencontré car il était déjà trois mètres devant lui.

« Qu’est-ce que vous foutez ?! Ragea-t-il.
Je ne sais pas, je… »

Il essaya de forcer, appuyant de tout son poids contre cette paroi qui le retenait, mais sans succès. Rose et Alexandre étaient pourtant bien passés, qu’est-ce qui… Il frissonna de rage et d’effroi.

« Des humains…
Quoi ?
Vous avez pu passer parce que vous êtes humains. Ce bouge est un piège à Légendaires ! Silas et moi ne pouvons pas le quitter ! »

Alexandre fronça les sourcils, grimaça et se pinça les lèvres, excédé par la folie qui baignait ce trou à rats. Il inspira pour se calmer, réfléchit rapidement et d’un commun accord, il échangea sa place avec celle de Silas. Le garçon fut déposé aux côtés du loup blanc et le chasseur solidement harnaché. Le salut l’attendait, pourtant il était plus pâle que jamais.

« Rose va m’étriper.
Je ne vous le fait pas dire. »

Hector tira et le chasseur fut hissé en direction du balcon, laissant les deux Légendaires seuls sur les monceaux de roches. Au bas celle-ci grouillait une fourmilière de corps décharnés. Tous avaient repris du poil de la bête et avançaient rapidement, avides d’atteindre en premier le but unique qui les animait. Ils se percutaient, s’écrasaient, perdant bras, tête ou pied quand un choc un peu plus important les secouait. Isolé, leur force était infime, mais Edward savait que leur nombre finirait pas submerger un promontoire qui ne leur laissait aucun échappatoire.

« Monsieur White, regardez. »

Silas lui indiqua une petite corniche pile à leur hauteur. Le bout de pierre n’était pas épais et courait sur une vingtaine de mètres au-dessus du vide, mais il leur permettait d’atteindre les hauteurs des gradins, alors désertés par les sac d’os. Le loup blanc sentit un torrent d’eau glacée lui couler dans le dos. Non, définitivement, aucun échappatoire.

Au même moment, Alexandre atteignait enfin le balcon. Il se détacha en vitesse, tandis qu’Hector peinait encore à remonter Rose. Elle était proche de la rambarde, à tel point qu’Elizabeth et Henriette, penchée par dessus le garde-corps, pouvaient presque lui effleurer la main. Mais le dernier effort était le plus compliqué, car au sol, s’était monté une véritable pyramide de corps en décomposition. Les articulations démises, emboitées les une dans les autres assurait à cette tour une effroyable stabilité et une hauteur qui ne cessait de croitre. Les reliquats de mains et de dents des décharnés s’étaient refermés sur l’autre bout de la corde et pesaient d’un poids tel que même l’ogre ne pouvait la contrer.

« Nous y sommes presque Hector ! S’écria Henriette. Ne vous relâchez pas ! »

Mais ses mains poisseuses commençaient à glisser. Plus grand que les demoiselles, Alexandre clopina en vitesse afin de les aider. Le corps à moitié dans le vide, il tendit la main à sa sœur, et sentit son cœur s’arrêter. En une fraction de seconde, sa peau prit la couleur bleuté des morts. Un peur indicible lui décrocha la mâchoire et lui écarquilla grand les yeux. Ses lèvres tremblèrent, hachant les mots qui s’y bousculaient. Puis comme secoué d’un choc électrique, il s’écria :

« Rose ! Ta main ! »

Un râle rauque dans le dos de la contrebandière. Les membres en morceaux, le crâne fracassé, le sang coulant encore sur son visage sec aux prunelles révulsées, le cadavre de Madame de Vermandois se rapprochait. Les muscles et la chaire encore vivaces dans sa carcasse lui donnaient une rapidité et une agilité de tous les diables. Plus prompt qu’un insecte, elle rampa une allure folle à la surface de l’amas de trépassés.
Mais si ce n’était pas elle la nécromancienne, alors…

« Rose ! »

Glacées par la mort, les serres de feu Madame de Vermandois se refermèrent sur la cheville de la contrebandière.


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MessageSujet: Re: En piste [PV Rose |1891][Terminé]   En piste [PV Rose |1891][Terminé] I_icon_minitimeDim 12 Mar - 22:21

Touchant presque au but, Rose fût brutalement attirée vers le sol. Seule la prise solide d’Alexandre, venu en renfort d’Hector, l’empêcha de tomber sur l’amas de corps qui s’amoncelaient au-dessous. Autour de son articulation, la prise glaciale de madame de Vermandois était ferme, douloureuse. Mais le cadavre avait fait une erreur. Elle avait empoigné la mauvaise cheville.

Son pied valide rencontra violement le nez de son agresseur. L’appendice bougea jusqu’au milieu de sa joue dans un craquement écœurant. La morte ne sembla pas s’en formaliser outre mesure, entrainant plus encore la contrebandière vers le bas. Alexandre hurlait au-dessus d’elle, houspillant Hector, lui intimant de tenir plus fermement la corde pour l’empêcher de glisser.

Rose ne se laissa pas perturber si facilement. Elle s’acharna sans répit sur le visage de la créature qui finit par lâcher, s’écrasant au bas de la pyramide monstrueuse avec un nouveau bruit d’os brisés. Le chasseur encouragea sa sœur à se hisser vers le balcon. Déjà, madame de Vermandois se redressait, son corps distordu se lançant à nouveau à l’assaut des fuyards. Ignorant cris et appels, la contrebandière dégaina le couteau d’avigliano de sa poche. Un coup, deux, trois, quatre contre la corde qui se déployait sous ses pieds. Le lien en dessous d’elle céda, restant dans les mains avides des morts.

A nouveau, elle se sentit hissée vers les hauteurs. En quelques secondes, la main de son frère apparu au niveau de sa tête. La blonde appuya ses pieds contre le revêtement de la loge, ses genoux repliés contre son torse. Alexandre tendit la main, prêt à lui empoigner le bras, soulagé. Mais la contrebandière donna une poussée subite contre le mur, se projetant en arrière. Alexandre hurla de terreur :

- « ROSE ! »

De surprise, Hector avait lâché son bien. Henriette se couvrit les yeux. Elle se sentit tomber, toujours cramponnée des deux mains à la corde. Ne pas fermer les yeux. Silas lui porterait chance. Tout était sous contrôle. Hésiter c’était tricher.

Sa chute fut brusquement stoppée par les grosses mains du serviteur qui avaient rattrapé le cordage juste à temps. Le choc conjugué à l’impulsion avait fait naître une oscillation dans la corde et rapprochait Rose du perchoir d’Edward et Silas.

Maintenant.

Dans un prodigieux élan, elle traversa la distance qui la séparait du promontoire ou se trouvaient les deux hommes. L’atterrissage fût rude, son corps heurta brutalement la pierre dans un soulèvement de poussière et de sueur. Elle ne fut arrêtée que par la rencontre de son buste contre les grandes jambes du lycanthrope. Aïe.

Allongée sur le dos, pantelante, elle trouva toutefois l’énergie de lever un magnifique majeur à destination de son frère. Si il voulait fuir, il pouvait le faire tout seul. Elle ferma les yeux un instant, évaluant la douleur dans chacun de ses membres. Rien de cassé, et seulement quelques égratignures. Penser à remercier Silas.

Puis, levant la tête vers le roi des loups, elle lui offrit un sourire particulièrement heureux en dépit de la situation  :

- « Victor. Pour un garçon. »

Elle se redressa difficilement. Son bras blessé lui faisait souffrir le martyre. L’état de sa cheville n’était pas bien meilleur. L’adrénaline seulement la faisait tenir debout.

- « Joséphine si c’est une fille. »

Se haussant sur la pointe des pieds malgré la douleur pour se rapprocher de son oreille elle laissa tomber dans un souffle chaud :

- « Mais je suis prête à négocier. On ne va pas s’arrêter à un. »
- « Mademoiselle Rose ? »

Sans prêter attention à Silas, elle porta la main de son partenaire à sa bouche et déposa un baiser sur ses phalanges meurtries, enhardie par le pari kamikaze qu’elle venait de se faire.

- « Tu croyais quand même pas que j’allais vous laisser là ? »
- « R-rose la nécromancienne ! »

Les yeux rivés dans ceux d’Edward elle en avait presque oublié qu’ils allaient probablement mourir ici, tous les trois. À moins que l’idée complètement folle qu’elle venait d’avoir ne fonctionne. Parfois il fallait savoir être audacieux.

Derrière son armée de morts, la nécromancienne se tenait, souriante. Elle portait une robe de soirée noire, élégante, accompagné d’un joli serre-tête qui dégageait les mèches auburn de son visage. Rose l’avait aperçue lors de la première partie de la soirée sans vraiment lui porter attention. Elle s’était tenue de l’autre côté de la salle, seule, comme si elle attendait quelque chose. Ce moment précis. Sa voix s’éleva dans l’air, grave et gutturale

- « Bonsoir à tous. Il me semble que nous n’avons pas étés présentés. Octavia Octis, ravie d’être celle qui vous prendra la vie. »

Un rire effrayant secoua ses épaules. Sous son emprise, les morts continuaient leur lente ascension vers leur refuge.

- « Lorsqu’on chasse, il est important d’attendre le bon moment pour s’élancer sur sa proie, quitte à laisser les autres la fatiguer un peu avant. N’est-ce pas, monsieur White ? »

Ses yeux pâles se posèrent sur le roi des loups avec insistance. Il ne fallait pas être un génie pour voir qu’elle le trouvait à son goût. Un sentiment déplaisant naquit dans le cœur de Rose. Bitch.

- « Vous comptez nous raconter votre vie encore longtemps ? »

La lueur bleue de son pendentif illumina la pièce. L’artefact avait dit qu’il serait là lorsqu’elle serait prête. Et là, tout de suite, elle avait envie d’écraser une nécromancienne. C’était la dernière carte qu’elle jouerait, elle le savait. Son corps, trop épuisé, ne supporterait pas un nombre indéfini d’utilisations. Il fallait frapper fort, et vite. Elle leva les mains et les grains de sable de l’arène commencèrent à s’élever.

- « Oh, et c’est mon fiancé. »

La carte de la Terre. Un claquement de doigt et le sol se leva. Littéralement. Des monceaux de terre, de sable et de gravier mélangés. Comme une vague ils se dressèrent, surplombant les morts. Et dans un fracas assourdissant, ils les engloutirent, les ramenant à leur juste place. Six pieds sous terre. Ce fût le silence, et aucun cadavre n’aurait pu ressortir de sous la tonne de pierre et de gravier qui avait remplacé le sable de l’arène.

Rose chercha du regard son adversaire. Elle avait réussi, en prenant appui sur un amas de corps, à sauter assez haut pour éviter le tsunami. Et elle n’avait pas l’air contente. Parfait. La puissance du pendentif, coulant dans ses veines, avait refermé ses plaies, guérit sa cheville. La blonde savait que ça ne durerait pas, que le retour de bâton serait terrible, mais à cet instant, elle se sentait invincible.

- « Je te protège.»

Les mots auraient pu être compris comme étant destinés à Silas qui la fixait avec un mélange d’horreur et de fascination. Mais en les prononçant, c’était bien Edward qu’elle regardait.

Sans attendre de réponse elle dévala les gradins, les éboulis de roche, jusqu’à arriver dans l’arène. Elle ne faisait qu’un avec l’artefact. Elle ne ressentait même pas le besoin d’utiliser son sceptre, qui n’avait d’ailleurs pas pris la peine de se matérialiser. Un nouveau mouvement de main, la terre ondula, tenta d’avaler la sorcière. Celle-ci évita l’attaque, l’air furieuse. Une brume noire semblait s’échapper de son corps, assombrissant l’atmosphère. Rose allait lancer un nouvel assaut lorsqu’une voix dans son dos la figea net.

- « Rosie, chérie. »

Un frisson glacé l’ébranla. Lentement elle se tourna vers le  nouveau venu. En face d’elle, un sourire cruel aux lèvres, se tenait son père. Derrière l’immense silhouette, une plus frêle approcha. Le visage haineux de sa mère entra dans la lumière. Rose pouvait discerner sans doute possible, l’entaille profonde et rougeâtre sur la gorge de son père et la corde du gibet autour du cou de sa mère. Leurs visages étaient livides, mais celui de sa mère portait les stigmates violacés de ceux qui sont morts pendus. La terreur s’empara de Rose, elle recula instinctivement, tremblante :

- « Ce n’est pas possible… Je vous ai fait disparaitre… Vous êtes morts… »
- «  En es-tu sûre ma chérie ? »

En un bond, son père fût sur elle, lui enserrant le poignet d’un toucher froid. La contrebandière hurla. Un hurlement de pur effroi, d’une terreur d’enfant qui perdurait encore, d’une épouvante qui même adulte, ne l’avait jamais quittée. Elle ferma les yeux jusqu’à s’en faire mal :

- « LAISSEZ-MOI ! »

La terre trembla. Il y eu un vacarme effroyable. L’étau autour de son articulation s’atténua. Elle se risqua à ouvrir les yeux. L’encerclant, une forêt de pointes de pierres acérées s’étaient dressées. L’odeur du sang l’électrisa. Empalée à plusieurs endroits, suspendue à deux mètres du sol, gisait la nécromancienne. Son sang coulait lentement sur les larges piques, abreuvant la terre de l’arène. Son père et sa mère avaient disparus, évaporés, privés des pouvoirs de la sorcière.

Alors que le pendentif cessait de luire, Rose laissa échapper un sanglot étouffé. Tant bien que mal, elle poussa son corps meurtri hors de sa forteresse de pierre avant de s’effondrer.  Elle ne savait pas si le bruit qu’elle percevait provenait du balcon, de l’arène ou de son esprit souffrant. Du sang coulait de son nez et de son oreille droite. Elle avait l’impression d’avoir été rouée de coups. Elle haletait et ses poumons la meurtrissaient à chaque respiration. La sueur collait ses mèches blondes à ses joues tant son corps la brulait. Elle resta allongée ainsi même lorsque les pas du loup blanc et de Silas lui parvinrent. Elle avait mérité un peu de repos. Un peu de quiétude. Elle avait gagné son pari.

Pourtant, elle entendit nettement Henriette s’époumoner depuis le balcon, couvrant les hurlements inquiets de son frère, qui insultait le loup blanc de tous les noms, pour une raison qui lui demeura obscure :

- « Silas ! Monsieur White ! Maman me dit qu’une porte d’urgence est dissimulée quelque part dans l’arène en cas de problème.  Sans barrière magique !  Mais elle ne sait pas où. C’était Madame de Vermandois qui en connaissait l’emplacement exact. Trouvez là, et le tunnel vous mènera jusqu’à la sortie ! »
- « Oh Walter, vous voyez comme nous avons bien fait de venir ! J’ai toujours de bonnes idées. »
- « En effet très chère, je dois bien avouer que le suspense est insoutenable. »

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