On prétend qu'à toute chose malheur est bon, mais parfois, ce n'est pas vrai...

Londres, 1869. Un cri dans la nuit. Une magnifique petite fille aux cheveux d'or venait de voir le jour, emplissant de bonheur le cœur de ses parents tel qu'elle le faisait déjà depuis 9 mois. Bien qu'ils n'aient pas beaucoup d'argent, puisqu'ils n'étaient pas issus de la noblesse, la famille Ravenclose était heureuse, comme si leur petit cocon d'amour les protégeait de la détresse malgré le fait que les temps soient parfois bien durs. Au moins, leur petit appartement se trouvait en banlieue de la capitale, loin du bruit et des brigands... Hélas, le mal étendait déjà ses tentacules un peu partout à cette époque et leur existence n'était pas l'une de ces exceptions qui confirment la règle... Ils avaient en effet le malheur d'avoir un propriétaire pour le moins véreux. Un point d'ombre dans l'enfance innocente de l'enfant, appelée June en l'honneur du mois durant lequel elle était née. Ce vautour nourrissait en effet de grands espoirs pour la petite fille, afin de s'enrichir davantage, les salaires se faisant bien peu nombreux... Et à son grand soulagement, celle-ci semblait bien disposée à se trouver rapidement un emploi, même si elle n'avait pas eu la chance de pouvoir aller à l'école. À partir de ses 12 ans, cela semblait être un sujet qui l'obsédait déjà, car elle récoltait toutes sortes d'informations à gauche et à droite, que ce soit en questionnant ses parents ou encore les habitants de Londres rencontrés lors des courses. On ne la prenait pas souvent au sérieux, mais elle n'abandonnait pas. Il faut dire que les menaces multipliées contre ses parents – entre autres celles de se faire jeter à la rue s'ils ne payaient pas un loyer plus élevé pour compenser cette source de bruit supplémentaire – lui donnaient envie de faire quelque chose pour les aider, eux qui avaient toujours été là pour elle. Hélas, June n'était pas bien grande, alors mentir à propos de son âge semblait impossible. De toute façon, elle ne désirait pas s'attirer d'ennuis... Elle se contenta donc de donner un coup de main à la maison en attendant d'avoir atteint l'âge légal pour travailler, restant simplement attentive de temps en temps aux ragots afin de connaître les possibilités qui s'offraient peut-être à elle.

Londres, 1885. Quelques semaines à peine après avoir fêté ses 16 ans, elle trouva enfin un boulot. Qui sait ce qu'aurait fait le propriétaire si elle n'avait pas réussi ? June préférait ne pas y penser. Seul problème, elle ne pouvait plus voir sa famille aussi souvent qu'auparavant. Après tout, elle était femme de chambre chez un bourgeois, alors elle ne pouvait prendre ce travail à la légère. Ses malheurs auraient donc pu s'arrêter là... Si elle n'était pas tombée amoureuse du gentilhomme qui lui servait d'employeur... Ce sentiment à sens unique la faisait beaucoup souffrir, surtout au fur et à mesure que leur relation évoluait, June passant peu à peu de servante à amie... Cela la ravissait, bien entendu, mais elle ne désirait pas entacher l'honneur de cet homme en succombant au fruit défendu. Elle s'efforçait donc toujours de garder une certaine distance entre eux, même si ce lord semblait s'intéresser de plus en plus à elle. L'idée de quitter cet emploi lui avait parfois traversé l'esprit, bien sûr, mais c'était impossible. Pas après tous ses efforts. Alors elle trouva plutôt refuge dans une petite école de danse, où elle apprit également l'amour de la musique et du chant. On disait de June qu'elle était une merveilleuse élève, très gracieuse, mais qui n'était malheureusement pas souvent présente. Son emploi de femme de chambre nuisait à son épanouissement en tant que danseuse. Pourtant, ses professeurs n'étaient pas les seuls à avoir remarqué son talent; un homme l'avait abordé pour engager June dans un cabaret naissant, mais elle avait poliment décliné. En vérité, elle ne pensait pas pouvoir jongler entre deux emplois et elle manqua d'ailleurs plusieurs autres auditions à cause de son employeur, qui semblait vouloir la garder auprès de lui depuis qu'il avait remarqué ses absences, lui confiant de plus en plus de tâches. L'année des 18 ans de la jeune femme fut celle d'un tournant : l'école de danse ferma ses portes, mais au moins, son cher bourgeois sembla enfin se détourner d'elle, ce qui laisser présager d'un avenir plus paisible. Néanmoins, tout ne se passa pas comme prévu. Son maître était amoureux... d'une autre femme. June avait été reléguée au rang de simple bonne et cela la rendait folle, sous la colère et la jalousie qui rongeaient son cœur. Elle se montrait maladroite, parfois absente, enchaînant catastrophe sur catastrophe. Son esprit malheureux était en train de se détruire peu à peu... Jusqu'au jour où elle craqua, tuant tous ceux qui étaient chers à cet homme au passage. Une nouvelle June venait de voir le jour, à cause de ce qui ressemblait à un trouble de la personnalité ou encore un trouble bipolaire... Sous l'influence de la haine, elle aurait bien tué son maître aussi... Mais vivre lui serait un châtiment bien plus douloureux... Il méritait de souffrir tout comme lui l'avait fait souffrir. Par la suite, on enferma June dans un asile miteux où elle tomba gravement malade, au point de ne plus pouvoir quitter son lit. Elle pensait bien ne pas s'en sortir, mais le ciel lui envoya un sauveur. Un certain Edward White, qui prétendait être son cousin par alliance. Vérité ou mensonge ? Quels étaient vraiment ses motifs ? Quelle importance... Il lui avait permis de se remettre sur pieds et lui proposait de le suivre; elle pourrait enfin quitter cet enfer. Et puis, ce visage ne lui était pas tout à fait étranger, même si sur le coup, elle ne se souvint pas à quelle occasion ils pouvaient s'être rencontrés, son esprit ayant toujours été bien trop préoccupé auparavant pour faire attention à ces détails, mais cela lui reviendrait bien un jour... Elle ne posa donc pas de questions et prit cette main qui lui était tendue.

Paris, 1889.Ils avaient longtemps voyagé avant d'arriver à destination, se trouvant même quelques camarades de route... Le moins qu'on puisse dire, c'est que le voyage avait été riche en découvertes et en émotions pour la petite londonienne, d'abord par son apprentissage du français, mais également pour quelque chose de bien plus choquant... Depuis leur première rencontre, Edward lui avait formellement interdit de le voir lors des soirs de pleine lune, ce qui était pour le moins étrange. Au début, elle obéit sans poser de question, mais la curiosité finit par l'emporter et c'est ainsi qu'elle découvrit la véritable nature de ce jeune homme qu'elle adulait... Un loup-garou... Et pourtant, elle n'a pas fui loin de lui... Le courage ? La naïveté ? La folie ? Qui sait ce qui l'a poussé à réagir comme elle l'a fait, malgré la surprise... Quoi qu'il en soit, June garda confiance en l'homme qu'elle avait connu, qui ne lui avait pas fait de mal lors de cette nuit terrible d'ailleurs, et elle continua de le suivre, jusqu'à Paris, là où il établit son cabaret... Lui expliquant la nature de celui-ci et des employés qui s'y trouveraient, il lui recommanda fortement de se faire passer pour une sorcière. Il semblerait que ce soit un peu plus prudent ainsi. Elle s'exécuta donc, enchantée d'avoir droit à cette nouvelle vie en tant que cantatrice et danseuse au cabaret. Tout cela était un véritable rêve pour elle, après tout, malgré ses quelques crises bipolaires... Peut-être trouverait-elle le bonheur en ce lieu, ce qui lui permettrait un jour de voler de ses propres ailes... En attendant, elle fait de son mieux pour que le rêve d'Edward perdure aussi longtemps que possible, mettant un peu de joie dans le cœur des clients et des autres employés... D'ailleurs, elle créa de nombreux liens fort intéressants avec ceux-ci : un couturier extravagant qui l'amuse beaucoup, un barman fort gentil toujours prêt à offrir une oreille attentive, un homme à tout faire qui l'effraie... Voilà seulement quelques-unes des rencontres l'ayant marquée pour le moment, bien qu'elle parle avec tous les artistes, ayant même parfois envie de discuter avec les clients et d'autres citoyens, en espérant seulement qu'on accepte sa présence... On ne peut malheureusement pas être ami avec tout le monde, n'est-ce pas ?