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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]

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MessageSujet: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeVen 4 Jan - 19:36

1889 | Pris au Piège [PV Andréa] 266607entte
{feat. Andréa Eyssard & Horace Monchieri}

Il y avait des jours où le métier de machiniste au Lost Paradise perdait vraiment de son charme. Quand s'en allaient les challenges de maintenir l'imposante machine  à vapeur en fonctionnement ou de réparer tout objet un tant soit peu complexe, quand prenait fin le petit jeu des manipulations des jeux et lumières lors de spectacles au Cabaret, tout redevenait routine, et même corvée. Comme en cet instant, où Horace se retrouvait contraint de déboucher un tuyau du tout-à-l'égout et d'y colmater une fuite, le tout dans l'endroit le moins reluisant du monde.

Le système d'évacuation des eaux était bien capricieux, ces temps-ci. Il ne ratait jamais une occasion de se boucher. Quand le grand patron était venu frapper à la porte du sous-sol le matin même pour lui faire part d'un problème et lui demander d'aller voir ce qu'il en était, le jeune homme ne s'attendait certainement pas à découvrir autant de dégâts. Le bouchon qui empêchait les fluides de s'écouler correctement avait eu de sacré conséquences. La forte pression avait abîmé les joints du tuyau, entraînant une fuite. Aucun travail n'était possible sans arrêter le courant un peu plus en amont du conduit. Et quand le machiniste avait constaté l'ampleur du travail qu'il aurait à faire en arrivant, il n'avait pu s'empêcher de se demander comment la situation avait pu se dégrader aussi vite. Une chose était sûre : il était dans les égouts pour un bon moment.

Perché au sommet d'un escabeau et armé d'une clé à molette, Horace tentait de faire son travail aussi vite et bien que possible, passant outre l'odeur désagréable qui planait dans la pièce. La faible luminosité dont il disposait pour voir ce qu'il faisait était plutôt handicapante. Il était tout le temps obligé de faire déplacer ou ajuster la lampe à gaz pour effectuer son dur labeur. Et rien que pour cela, il était content de n'être pas descendu seul dans les canalisations.

« Un peu plus haut, la lampe ! J'y vois fichtrement rien ! »

Le garçon n'avait pas voulu paraître sec ou énervé en disant ces mots. Mais il fallait avouer qu'un travail dans de telles conditions était loin d'être ce qu'il préférait. Il menait la vie dure au pauvre Andréa, lui demandant sans cesse de bouger leur faible source d'éclairage, ou encore de lui passer l'un de ses nombreux outils à chercher au fin fond de sa lourde mallette. Le reste du temps, c'est à peine s'il lui adressait mot, ne voulant troubler sa propre concentration. Il savait que moins ils perdraient de temps et plus vite ils pourraient remonter dans des locaux nettement plus propres. Et il pensait que c'était aussi ce que désirait l'homme à tout faire du Cabaret.


Mais au moment même où Horace resserrait un boulon, un bruit sourd retentit dans les égouts et résonna fortement contre les parois. Surpris, le mécanicien fit un mouvement trop brusque et un jet d'eau vint lui éclabousser la figure, le faisant basculer en arrière. Il n'échappa à rien : sa chute le fit atterrir dans les eaux nauséabondes et il éclaboussa son acolyte par la même occasion. Tous deux étaient bons pour une bonne douche et un décrassage minutieux, désormais !

Poussant un juron sans aucune retenue, il se releva rapidement, avant de se rendre compte qu'il avait perdu quelque chose. Et quelque chose de fondamentale pour finir ce qu'il entreprenait depuis quelques heures déjà.

« Et merde ! »

Il n'avait maintenant d'autre choix que de partir à la pêche. Pataugeant et maugréant, le jeune homme se retrouva les mains plongées dans un liquide sombre et douteux, à la recherche d'un objet en forme de clé à molette. Il doutait de sa réussite, mais il n'en avait d'autre à la bonne taille pour terminer de refermer le tuyau. Autant dire que s'il ne la retrouvait pas, il serait obligé de sortir en racheter une au plus vite, chose qu'il préférait éviter par pur gain de temps.

« Bon sang... Mais où est-elle passée ?! »

Sauf qu'Horace ne se posait pas les bonnes questions. Il était bien loin de se douter qu'il aurait mieux fait de se la fermer au moment même où il était tombé. Car ses jurons et ses grognements avaient attiré ce qui avait causé l'étrange boucan. Une chose qui s'approchait désormais silencieusement dans leur direction...



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Dernière édition par Horace Monchieri le Mer 28 Oct - 17:35, édité 4 fois
Andréa Eyssard
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Andréa Eyssard

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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeDim 6 Jan - 19:44

    « Un peu plus haut, la lampe ! J'y vois fichtrement rien !

    - Grmf… J’vais pas te la coller à la tronche non plus ?! »

    Andréa soupira et, malgré sa mauvaise humeur, il se rapprocha un peu plus de la paroi dégoulinante des égouts pour approcher sa vieille lampe à gaz des tuyaux dont s’occupait son acolyte.

    Vous vous demandez sans doute que fais le louveteau dans un endroit pareil ? Lui, humble loup maladroit habituellement cantonné au ménage et autre nettoyage des draps. Et bien, il faut savoir que le garçon n’a pas réellement de poste fixe. C’est un homme à tout faire. Et dans homme à tout faire, il y a le mot « tout ».

    La pleine lune avait eu lieu trois petit jours plus tôt. Le jeune homme avait récupéré, mais il était toujours d’une humeur de chien. Ce matin-là, une artiste avait eu la malchance de lui demander un peu d’aide pour mettre en place un élément de son spectacle. Les bras déjà chargés de linges sales à descendre à la buanderie, Andréa avait tout envoyé en l’air et s’en était pris – avec un peu trop de véhémence – à la jeune fille. Celle-ci avait fondu en larmes et dans sa fuite sanglotante, elle bouscula un escabeau qui manqua de peu d’assommer un coiffeur passant par là. Je vous passe la dispute qui éclata entre le jeune loup et les amis de la demoiselle, pour en venir directement à l’intervention d’Edward et des tuyaux de canalisations.

    Ceux-ci ayant trouvés judicieux de se boucher avec un soin très particulier, le maître des lieux fut contraint d’envoyer un de ses employés à la source du problème, soit dans les égouts. Il avait l’homme parfait pour cela. Horace, machiniste expérimenté et de confiance. Il s’en alla le trouver, lui expliquant le problème et lui adjoignant par la même occasion un assistant ronchon. Andréa était puni. Pour son emportement, il écopait d’une peine d’égout de quelques heures. Autant vous le dire, pour un lycanthrope c’est pire que l’enfer.

    L’odeur, absolument immonde pour un être normalement constitué, se révélait insoutenable pour un loup à l’odorat développé. Brandissant d’une main sa lampe à la flamme vacillant, il maintenait fermement l’autre sur sa bouche et son nez, dans l’espoir idiot de filtrer quelques-uns des abominables parfums.

    « Bientôt fin… ? »

    Il n’eut pas le temps d’achever sa question qu’un bruit sourd les fit sursauter tous les deux. Horace en pâtit directement puisqu’il se retrouva à patauger dans les eaux croupies après avoir sympathiquement éclaboussé Andréa. Le loup maugréa une flaupée d’injure avant de s’avancer jusqu’au bord de l’eau où le mécanicien recherchait désespérément son outil. Si, dans un premier temps, il brandissait sa source de lumière au-dessus du liquide verdâtre, Andréa finit malgré lui par se décaler pour diriger sa lampe vers les tréfonds du couloir.

    Une odeur étrange et plus forte que tout venait de lui glisser jusqu’au nez. C’était autre chose que le relent innommable qui se dégageait des lieux. Ça sentait le pourri. Un truc affreux qui arracha une grimace de dégoût au jeune loup. Il devait y avoir une flopée de rats morts, où n’importe quoi d’autre dans le coin pour que ce soit si fort.

    À nouveau, un son grave s’échappa de l’obscurité des lieux. Un son qui ressemblait épouvantablement à une voix, ou plutôt à un chœur. Andréa frissonna jusqu’aux pointes de ses cheveux.

    « Horace, tais toi… Tu… T’as entendu ? »

    S’il n’avait rien entendu, on remédia bien vite à ce détail. Un râle rauque résonna bruyamment entre les parois de briques suivit d’un effluve nauséabond. Retenant un sursaut, Andréa fit un pas en avant essayant de comprendre ce qui se passait. Balayant l’obscurité d’un geste de la main, il ne put retenir un cri de stupeur lorsque sa lampe se refléta dans deux yeux qui les fixaient ardemment. Il recula brusquement, manqua de peu de perdre leur unique source de lumière. Son instinct s’était brutalement réveillé et, certain qu’ils courraient un grand danger, il tira Horace hors de l’eau.

    « Laisse tombé ta clef, je crois qu’on a autre chose de plus important à faire. À ton avis… Qu’est-ce que peut vivre dans des égouts et faire un bruit pareil ? »

    Il ne fallut pas longtemps pour les fixer. S’échappant soudainement de l’abyssale galerie, une main apparue aux yeux et au nez des deux garçons. Une main sale, à la peau bleuie et aux ongles noirs et putrides. Mais le plus choquant de l’affaire était certainement le bout de chair qui lui manquait entre le pouce et l’index. Un bon gros morceau, dévoilant des os saillants dont la blancheur tranchait terriblement avec le reste du membre. Nul besoin de chercher ailleurs pour l’odeur de putréfaction. Elle venait visiblement de ce qui se tenait au bout de ce bras. Cela aurait été dans la limite du gérable si trois autres bras, tous aussi déconfis, ne s’étaient pas à leurs tours exposés à la lumière.

    Le louveteau retint un haut-le-coeur et recula d’un pas, plongeant à nouveau les chaires décomposées dans le noir. Il se tourna vers Horace et lâcha dans un murmure :

    « Je te propose de courir. À moins que tu ne veuilles faire connaissance avec ce qui se cache là-derrière ? »


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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeJeu 17 Jan - 0:32

Ce qui venait de se produire était la pire des catastrophes. Il aurait pu lui arriver n'importe quoi que ça n'aurait été plus grave -du moins le pensait-il de tout son cœur à l'instant présent. Sa clé à molette, son objet fétiche et porte-bonheur, la seule qu'il avait sur lui depuis plus de cinq ans, venait de se perdre au fin fond d'une mare d'eau croupie et nauséabonde. Son souvenir d'une autre vie, disparue dans des profondeurs impossibles à distinguer. Le drame. Et pourtant, ce n'était pas son genre de s'accrocher autant à un objet facilement remplaçable.

Même la lumière de la lampe ne l'aidait en rien. Le liquide qui les entourait était si sale et opaque qu'on ne percevait qu'un mélange de couleurs fades et repoussantes. Pourtant, Horace n'y faisait pas attention, plongeant sans hésitation ses mains gantées et ses avant-bras jusqu'au coude. En vain, puisque ses doigts ne faisaient que brasser de l'air. Ou de l'eau, en l'occurrence.

Sauf que la lumière disparut, ou plutôt s'éloigna de lui, le replongeant rapidement dans la pénombre. Surpris par un tel changement d'éclairage, le garçon releva la tête pour poser ses yeux sur Andréa. Ce dernier gardait le regard fixé vers le fond du couloir, qui bien entendu était englouti par l'obscurité et donc totalement invisible. Et pourtant, l'homme à tout faire semblait détecter quelque chose...

Fronçant les sourcils et inquiété par autant de sérieux, Horace se redressa et tenta de connaître le fin mot de l'histoire :

« Hey Andréa ! Tu peux me dire ce qui se... »

Mais sa phrase, il n'eut jamais le temps de la finir. Car son compagnon d'infortune lui coupa net la parole et empêcha les derniers mots de franchir ses lèvres. Preuve qu'il se passait vraiment quelque chose, au vu du ton alarmé qu'il employait.

« Horace, tais-toi... Tu... T'as entendu ? »

Entendu quoi ? Mais de quoi diable parlait-il ? Le mécanicien était complètement perdu, nageant dans l'incompréhension. Mais c'était justement parce qu'il ne saisissait absolument rien qu'il commença à avoir peur. Bon sang, quelque chose clochait. Quelque chose qui restait en dehors de ce qu'il pouvait discerner. Quelque chose qui le maintenait loin de la vérité et qui pourtant, les mettait tous les deux en danger. Un mystère qui ne tarda pas à s'élucider, du moins partiellement.

Les parois des égouts firent écho à un nouveau bruit, bien plus guttural que le précédent qui l'avait fait tomber de son escabeau. Bien plus proche et inquiétant. Ils n'étaient pas seuls dans les canalisations nauséabondes. Et son petit doigt lui disait que ce n'était pas humain. Chose que son nez ne tarda pas à confirmer lorsque des relents plus écœurants encore que l'odeur des lieux lui agressèrent les sinus. Fronçant le nez de dégoût, il fit un pas en arrière tandis qu'Andréa avançait pour tenter d'apercevoir ce qui approchait sinistrement.

Le cri de stupeur que son acolyte lâcha arracha un violent sursaut à Horace. Trop concentré sur la réaction de l'homme à tout faire, il en avait oublié de regarder devant lui et avait loupé la preuve d'une présence inquiétante. Une autre erreur qui lui apporta plus de questions encore et augmenta le rythme de ses battements de cœur. Lorsqu'il fut tiré en arrière par le bras, le jeune homme fixait l'obscurité droit devant lui, sa respiration saccadée ne le rassurant pas vraiment. Pas plus que le comportement aux aguets d'Andréa.

Qu'avait-il donc vu à la faible lueur de leur lampe à gaz ?

« Laisse tomber ta clef, je crois qu'on a autre chose de plus important à faire. À ton avis... Qu'est-ce qui peut vivre dans des égouts et faire un bruit pareil ? »

Sa clef ? Il l'avait définitivement oubliée. Trop effrayé sans doute par le potentiel danger qui les menaçait. Quand à ce qui pouvait approcher, il préférait ne pas y penser. Il ne voulait tout simplement pas savoir et se barrer de cet endroit au plus vite. Se retrouver à l'air libre loin de tout ça, et garder toutes ses questions sans réponses. C'était parfois bien mieux que d'affronter la réalité, surtout quand il s'agissait d'une créature qui pousse des râles inquiétants et qui vit dans les recoins des canalisations. Oui, Horace préférait se savoir loin de tout cela et dans l'ignorance la plus totale. Malheureusement, il n'eut pas droit à ce luxe. Dès lors qu'elle jaillît de l'eau croupie, elle le ramena à la réalité, et il manqua de vider l'intégralité de son estomac.

C'était affreux. Cauchemardesque. Le fruit d'une imagination des plus morbides et horrifiantes. Sauf que c'était bien réel.

Une main se tendait désormais dans leur direction, coulant dans la lumière pour tenter de les attraper. Mais pas une main comme celles d'Horace ou d'Andréa. Pas une main normalement recouverte de chair et en bonne santé, non ! Celle-ci était étrangement translucide et bleutée, un peu comme la couleur qu'elle prend sur un cadavre.

Cadavre. Ce mot resta ancré dans sa tête lorsque son regard se posa sur la zone à moitié décomposée. Mon. Dieu. C'était quoi, ça, encore ?!

Comme si une ne suffisait pas, elle fut rejointe par trois autres. Si cela continuait, ils auraient bientôt un peloton entier de bras cadavériques sous leurs yeux élargis par la crainte et le dégoût. Même lorsqu'elles replongèrent dans l'obscurité, Horace resta immobilisé par l'effroi. Jusqu'à ce qu'Andréa, à peine quelques secondes plus tard, lui souffle la seule solution qui leur restait.

« Je te propose de courir.  À moins que tu ne veuilles faire connaissance avec ce qui se cache là-derrière ? »

Même si cette vision terrifiante lui avait ôté toute capacité de réfléchir ou de parler, il ne se le fit pas dire deux fois. Comme si ces mots constituaient le déclic, le machiniste fit volte face et prit ses jambes à son cou, persuadé qu'il était suivi de près par un autre fuyard : Andréa. Et quand bien même cela n'aurait pas été le cas, l'absence de lumière ne l'aurait absolument pas perturbé. Peu importait où il allait, du moment que c'était loin de tout ce qui sentait mauvais et se décomposait. Même s'ils s'enfonçaient encore plus dans les méandres des égouts et s'éloignaient peut-être de la sortie.

Il fonça droit devant lui, l'unique direction que leur offrait le tunnel étroit aidant grandement à leur orientation. Jusqu'à ce qu'un mur apparaisse dans leur champ de vision. Une bifurcation. Quelle veine. Par où fallait-il aller ? Gauche ou droite ?

« A gauche ! »

Horace l'avait autant dit pour se répondre à lui-même que pour signaler à son ami par où aller. Il tourna rapidement et allait s'engager dans la voie quand il fut stoppé net. Le mouvement fut bref et trop lointain pour qu'il puisse le distinguer  -à la limite même de la lumière qu'ils produisaient. Mais il avait cru voir une maigre silhouette difforme pendre des tuyaux qui tapissaient le plafond de la galerie, puis se laisser tomber au sol. Le « plouf » sonore qui leur parvint lui confirma aussitôt cette idée. Ils avaient pris la mauvaise direction.

« Euh non... Pas à gauche... »

Ce disant, le garçon fit brutalement marche arrière, manquant de renverser Andréa au passage. Les zombies derrière eux. Le truc non identifié à gauche. Il ne restait plus que le passage de droite, et il s'y engagea sans plus attendre. Ses pieds clapotant dans l'eau des conduits et troublant la surface de l'eau, l'onde se propageant jusqu'à leurs lents poursuivants.



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Dernière édition par Horace Monchieri le Mer 28 Oct - 17:36, édité 5 fois
Andréa Eyssard
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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeLun 21 Jan - 9:36

    Quand Andréa parlait de « courir », il ne pensait pas à « détaler comme un lapin ». Il pensait à une fuite distinguée, un peu comme tous ces héros de roman qui ne fuient pas par manque de courage, mais pour mieux rebondir face à l’ennemi. Il aurait peut-être dû exprimer clairement le fond de sa pensée car Horace ne la perçut absolument pas, et après un court silence, le jeune mécanicien fit volt face et prit ses jambes à son cou. Cette réaction imprévue déboussola le jeune loup qui mit plusieurs secondes avant de lui emboîter le pas, légèrement honteux.

    Contrairement à Horace qui courrait droit devant lui comme un dératé, Andréa semblait complètement serein. Certes, ces immondices sur pattes qu’ils venaient d’apercevoir ne l’enchantaient pas, mais ils avaient l’air de se déplacer lentement et la sortie n’était pas bien loin. Horace allait l’atteindre dans une petite minute, encore quelques pas et ils seraient sauvés, allé… Hop ! Hop ?! Non !! Non de non de non de non de non ! Cet abruti a raté l’échelle !!

    « Horace !! Horace arrête-toi bon sang ! »

    Inutile. Il ne l’entend pas et continue de s’enfoncer un peu plus loin dans les égouts. C’est un dédale et Andréa le sait pertinemment. Il s’arrête quelques secondes sous l’orifice entrebâillé de leur issue. Il hésite un bref instant et il se remet en route. Ses pas se font rapides, agiles même et à mesure qu’il s’engouffre dans l’infernal labyrinthe tous ses sens s’éveillent. Il évite un tuyau, son ouïe s’affine, il saute par-dessus une gouttière, son odorat se développe, il traverse un autre couloir, l’obscurité devient futile. La bête s’éveille, majestueuse et puissante comme jamais elle ne l’a été.

    Andréa est à l’aise, sa lampe n’est plus qu’un fardeau qu’il agrippe pour Horace. Il l’a rattrapé. Il n’est plus qu’à quelques mètres quand il bifurque violemment à gauche. Le louveteau glisse et manque de heurter de plein fouet le mur qui lui fait face. Il retrouve son équilibre avec adresse et plonge son regard sur le putride corridor dans lequel vient de s’enfoncer son collègue. Il lève sa lampe. Un impressionnant « plouf » résonne entre les parois humides. Mais il n’a que brièvement le temps d’apercevoir une masse informe, Horace repasse devant lui, toujours dans une course désordonnée. Le jeune loup n’a pas le temps de l’intercepter que l’autre galerie le happe dans son abyssale noirceur. Il grommelle, râle, et le suit.

    Horace est bruyant. Chacun de ses pas claque sur l’eau croupie des égouts. Les quelques rats présents s’empressent de fuir tandis qu’un effluve nauséabond s’élève lentement. Andréa le rattrape enfin. Il pose une main ferme sur son épaule et l’oblige à s’arrêter.

    « Tu es en train de nous perdre ! On ne va jamais retrouver la sortie si tu continues de courir au hasard comme ça ! »

    Il se tait et se calme. Mieux vaut faire le moins de bruit possible. Il éclaire lentement les alentours. Le couloir continue tout droit sur de nombreux mètres tandis qu’à droite et à gauche s’ouvrent deux étroits passages. A priori tout semble dégagé et mis à part rebrousser chemin, ils ont l’embarras du choix. Faisant signe à Horace de ne pas ouvrir la bouche, Andréa tend l’oreille, essayant de repérer le chemin le plus sûr. Mais alors qu’il se concentre pleinement sur l’environnement hostile auquel ils font face, le jeune loup sent quelque chose lui enserrer fermement la cheville. Bondissant de surprise, il se jette presque sur son compagnon d’infortune.

    « C’est quoi ça !! »

    Tendu comme jamais, il lâche Horace et arrache courageusement son pied à l’eau croupie qui le dissimule.

    La surprise est conséquente et arrache un cri d’horreur au louveteau. Un bras. Un bras seul, sans propriétaire, dont la main décharnée tressaillit violemment autour de la fine cheville du garçon. La panique l’emporte. Il agite férocement la jambe dans l’espoir de se débarrasser de cet écœurant parasite. Mais dans son emportement, il perd l’équilibre et se retrouve brusquement dans l’eau. La lampe le suit. La lumière disparaît.

    « Enlève moi ce truc !! Horace ! Enlève le !! »

    L’odorat du loup est agressé par l’odeur affreuse du liquide dont il vient d’être recouvert. Sa vue l’aide rapidement à s’orienter, mais il sent toujours cette poigne de fer sur sa cheville. Pire encore, quelque chose lui frôle le bras, la cuisse. Bon sang ! S’il n’y en avait pas qu’un !

    « Horace ! Sort de l’eau, dépêche-toi, y’en a d’autre ! »

    Ravalant sa peur, Andréa se relève, une main décharnée tombe de son habit et rejoint l’eau dans un bruit sourd. Le loup grimpe sur l’un des petits accotements glissant, toujours maintenus par le bras décrépi. L’instinct de survie l’emporte alors. La bête se réveille l’espace d’un instant. Dans un hurlement de monstre Andréa se saisit du membre solitaire et l’arrache avec férocité à sa jambe. Le geste est si violent que les doigts sont détachés du reste du bras. Ils se tortillent comme des asticots sur le sol gluant, cherchant vainement à rejoindre le reste de leur propriétaire. Le bras aussi s'agite, manquant de peu de défigurer le louveteau d'un coup d'os. Une grimace d'horreur se peint sur le visage du garçon qui s'empresse de rendre ce bout de viande décharné aux égouts parisiens.

    Un silence lourd assomme alors les deux jeunes hommes. L'atmosphère est étouffante, il fait chaud, les courants d'air balayent les parfums cauchemardesques et l'obscurité abyssale achève ce tableau d'horreur. Andréa reprend son souffle. Ses pupilles dilatées distinguent clairement des mouvement dans l'eau verdâtre tandis que de nouveaux râles rauques retentissent entre les murs. Les cheveux du louveteau se dressent sur sa tête, impossible de savoir de quel côté se rendre. Il se sent cerné.

    « Par ici ! »

    Le jeune loup sursaute. Il tourne la tête, certain d'avoir entendu quelque chose. Son cœur s'emballe, incapable de déterminer si ce son était réel. Il donne un coup de coude à Horace, histoire de savoir si lui aussi a perçu quelque chose. Il se tient droit, à l'affut du moindre signe d'une autre présence. Mais rien. Rien à part le clapotis de l'eau et de sombres échos.

    Soudain, on agrippe sa manche. Un main pâle le tire dans l'entrée de droite.

    « Suivez-moi ! Je suis avec vous. »

    Impossible de voir à qui ou à quoi ils ont à faire. Mais déjà de lentes silhouettes se détachent légèrement sur l'obscurité, accompagnées de souffles rauques et de râles effrayants. Andréa n'attend pas une seconde de plus. Il pousse Horace dans l'étroit tunnel, et lui emboite le pas, forcé de se plier en deux pour se avancer. Il n'a aucune idée de ce qu'il fait, ni du lieu où ils se rendent, mais il espère sincèrement qu'ils ne se dirigent pas droit vers un traquenard…


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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeLun 4 Fév - 0:04

Bon sang. Dans quoi s'était-il encore embarqué ? Comment la situation avait-elle pu autant se dégrader ? Si Horace était descendu dans les égouts ce jour-là, c'était uniquement parce que le Lost Paradise faisait face à un problème de taille : un bouchon qui obstruait la bonne évacuation des eaux. Il était censé simplement réparer le tuyau et s'en aller juste après. Alors pourquoi se retrouvait-il a courir sans aucune logique dans les canalisations, les pieds pataugeant dans une eau opaque et nauséabonde ? D'où sortaient donc ces choses non identifiées et à moitié décomposées qui les poursuivaient ? Franchement, il y avait des jours où il fallait mieux rester coucher.

La panique qui l'animait l'avait presque entièrement coupé du monde. Il n'y avait plus que lui et la direction qu'il prenait. Il restait totalement sourd d'oreille à tout ce qu'on pouvait lui dire, même quand c'était aussi important qu'un mot lui indiquant la sortie de ce labyrinthe atroce. Tout ce que ses sens limités captaient alors étaient les ombres et les bruits se rattachant aux entités ennemies et hostiles qui occupaient les lieux.

Autrement dit, Andréa n'existait presque plus pour lui.

Jusqu'à ce que quelque chose stoppe net sa course effrénée et désordonnée. Quelque chose, ou plutôt une main, s'abattit sur son épaule et le maintint sur place alors que ses jambes voulaient continuer leur route. Une telle différence engendra un déséquilibre qui manqua de le faire chuter, mais au dernier moment, le mécanicien se rattrapa d'une mains contre la paroi. Le choc de l'action avait mis fin à sa fuite, et par cela même le ramena à la réalité comme une gifle. Les idées un peu plus claires, cette fois seulement, Horace entendit ce que son acolyte lui dit.

« Tu es en train de nous perdre ! On ne va jamais retrouver la sortie si tu continues de courir au hasard comme ça ! »

Il courait au hasard ? Lui ? Fronçant les sourcils, le garçon réalisa qu'il ne savait pas très bien ce qui venait de se produire. Il avait eu peur, et après ? Il avait couru, oui c'était vrai. Mais il était toujours au milieu du même couloir -du moins en avait-il l'impression. A la fois perplexe et perdu, il observa Andréa parcourir les alentours avec leur faible source de lumière. Au moment même où il ouvrait la bouche pour parler, tout son calme momentanément retrouvé, son compagnon lui ordonna de se taire d'un simple geste. Alors, tout penaud, il se tut et attendit que le loup se décide sur la direction à prendre.

Sauf que les événements ne prirent pas la tournure à laquelle il s'attendait. D'un coup, Andréa bondit presque sur lui et l'agrippa en lâchant des mots sous la surprise. Horace retint un cri de justesse et se tendit comme un piquet, tous ses sens aux aguets. Il ignorait ce qui venait de se produire, mais il en craignait la réponse. Après ce qu'il avait vu près du tuyau qu'il réparait, il imaginait le pire. Que venait-il de se passer pour entraîner une telle réaction chez son ami ?

Il suivit le regard d'Andréa tandis qu'il baissait la lampe vers l'eau et extirpait sa jambe des tréfonds. Et l'expression de son visage se mua en horreur face à ce que la lumière dévoila. Un bras. Encore un de ces bras décharnés. Sauf que celui-ci n'avait aucun corps auquel se rattacher.

Le mouvement désespéré du louveteau pour se débarrasser du morceau de chair le força à effectuer un mouvement de recul, à la fois pour éviter de se prendre un coup, mais surtout pour s'éloigner de cette main particulièrement acharnée. Son dos rencontra la surface humide du conduit et ses mains se plaquèrent contre les briques moisies. Il se sentait ainsi rattaché à quelque chose de réel. Quelque chose de bien plus rassurant que ce cauchemar qui se déroulait sous ses yeux effarés.

Puis, Andréa chuta, et la lumière s'éteignit, replongeant tous les environs dans le noir complet. Horace ne voyait plus. Trop humain et trop peu habitué à l'obscurité, il se retrouvait privé d'un sens des plus vitaux. Ses yeux bougeaient sans arrêt, tentant de se fixer sur quelque chose qui ressortirait de cette ombre s'abattant sur ses iris aveugles. Mais rien n'y faisait. Il était perdu.

« Enlève-moi ce truc !! Horace ! Enlève-le !! »

« Je peux pas ! J'y vois que dalle ! Putain... »

Il aurait bien fait quelque chose pour l'aider. Un mouvement vers cette voix qui l'appelait au secours. Mais la vérité, c'est qu'il avait bien trop peur de s'éloigner du mur, le seul repère qu'il possédait dans cette immensité ténébreuse.

« Horace ! Sors de l'eau, dépêche-toi, y'en a d'autres ! »

Soudain, il ne voulut plus rester contre le mur. Il préféra partir. Quitter cet endroit au plus vite. La peur lui fit sentir quelque chose lui frôler l'épaule. Ainsi que la jambe, plongée dans l'eau croupie. Il ne put plus rester immobile. Alors il s'éloigna brutalement de son repère et se précipita vers l'endroit où lui semblait être son acolyte. Son tibia rencontra un obstacle et il s'étala en avant, contre le fin rebord qui pouvait l'abriter des membres nageant dans le liquide nauséabond. Ni une ni deux, il se hissa et s'extirpa de ce dans quoi il pataugeait depuis des lustres. Il se sentit enfin à l'abri. Du moins pendant quelques secondes.

Un hurlement monstrueux retentit juste à côté de lui tandis qu'un bruit de chair qui se déchire arracha un violent frisson au jeune homme. Un dernier plouf raisonna dans les canalisations, et puis se fut le silence. Un silence pendant lequel il retint sa respiration, de peur de trahir sa position. Sauf que quelqu'un rompit bien vite ce calme pesant.

« Par ici ! »

La voix lui était parfaitement inconnue. Et dans un endroit comme celui-ci, cernés par des monstres qui devraient être morts depuis bien longtemps, il lui semblait qu'elle était hostile. Qu'il ne fallait surtout pas l'écouter. Un coup de coude lui cogna le bras et il sursauta. Mais ne bougea pas pour autant. Tout dans son instinct et dans son corps lui hurlait de ne pas bouger.

« Suivez-moi ! Je suis avec vous. »

Non, non, n'insiste pas ! Nous ne te suivrons pas ! Sauf qu'Andréa n'était visiblement pas de son avis. Sans même qu'il n'ait eu l'occasion de protester, il se retrouva bousculé dans un couloir étroit et bas de plafond où il manqua de se cogner la tête. Hésitant, plié en deux, il n'avança que contraint et poussé par son compagnon d'infortune, puis tiré en avant par la silhouette inconnue qui le devançait. Quoi qu'il puisse penser, ce coup-là, il ne le sentait pas, mais alors pas du tout. Ce devait être un piège ! Qui avait pu survivre aux zombies pour venir les secourir ? Cette simple idée lui semblait irréalisable. Ce ne pouvait être qu'un monstre de plus. Qu'un être hostile.

Et pourtant, pendant tout le temps que dura leur marche rapide, pas une seule fois un danger ne pointa le bout de son nez. L'inconnu leur fit prendre un chemin tortueux et les enfonça dans un labyrinthe de galeries. Si Horace tenta de retenir le chemin qu'ils prenaient pour pouvoir faire demi-tour si les choses bardaient, il abandonna bien vite. Ils avaient changé de direction bien trop de fois pour qu'il ait une chance de s'en souvenir.

Puis ils arrivèrent dans une impasse. S'arrêtant face à un mur, il sembla au jeune homme qu'ils venaient d'arriver au terme de leur vie. Parce que là, maintenant, tout de suite, l'inconnu allait les tuer. Quand ce dernier le saisit par le bras pour le faire s'avancer et toucher le mur de sa main, il voulut protester... Jusqu'à ce que ses doigts se referment sur un barreau. Hein ? Il y avait une échelle ?

« Monte »

Le mot n'avait été qu'un murmure, et pourtant, bon gré mal gré, Horace lui obéit. D'un geste aussi rapide que rendu maladroit par l'obscurité, il grimpa la dizaine de barres qui rencontrèrent ses paumes. Jusqu'à ce qu'il sente un rebord et se hisse à l'intérieur. Il s'écarta ensuite pour laisser passer Andréa, qui visiblement avait reçu la même consigne, puis ce fut au tour de leur mystérieux sauveur dont les intentions devaient être vérifiées. Le silence s'installa un moment, puis la voix de l'inconnu s'éleva dans les airs.

« Vous êtes en sécurité ici, ils ne nous trouveront pas. Tant qu'ils ne se seront pas calmés, je vous déconseille de repartir. Même avec mon aide. »

Voilà qui avait le don d'être clair. Mais quand bien même le ton qu'il employait se voulait calme et rassurant, Horace ne pipa mot. Tant qu'il n'aurait pas la preuve totale que cet homme ne leur voulait aucun mal, il ne baisserait pas sa garde.

L'air se déplaça légèrement tandis que des bruits de pas légers parcoururent l'espace. Puis une allumette craqua et la lumière fut. Lentement, l'étranger incendia une lampe à huile. L'environnement apparut alors aux yeux méfiants du mécanicien.

Ils se trouvaient dans un petit espace creusé dans le mur qui ne contenait d'autre sortie que celle qu'ils avaient empruntée pour y venir. Autrement dit, ils pouvaient être facilement pris au piège. Mais l'espèce de pièce avait été aménagée confortablement. Un amas de tissus salis et malodorants avait été placé dans un coin, et une vieille planche de bois sur laquelle reposaient divers objets faisait office de table.

Cependant, Horace n'y faisait pas vraiment attention. Il observait surtout leur ôte intrigant, tentant de déceler chez lui la preuve qu'il était leur ami... Ou leur ennemi. Il avait l'impression que quelque chose clochait, dans son déplacement légèrement claudicant, et surtout dans sa posture. Mais il n'en eut confirmation que lorsque l'individu se retourna, la lampe à huile devant lui.

Il avait tout d'un être humain. La silhouette, les vêtements, le visage même. Sauf que sa peau était incroyablement blanche et translucide. On distinguait même frugalement ses veines bleuies au travers. Sans doute que le faible éclairage y participait, mais le résultat était plutôt inquiétant. Surtout quand on cherchait à trouver une étincelle de vie dans ses prunelles blanchies.

Cédant à l'angoisse qui l'oppressait, Horace finit par rompre le silence.

« Bon sang, mais vous êtes quoi, au juste ?! »

« Mon nom est Jon Griggs. Et hélas, j'ai bien peur d'être moi aussi un zombie. »


Spoiler:


Dernière édition par Horace Monchieri le Jeu 7 Mar - 11:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeDim 10 Fév - 14:37

    Plié en deux, avançant dans obscurité oppressante, Andréa suivait la petite troupe dans un parfait silence. Seuls leurs pas rapides résonnaient faiblement entre les murs des égouts, quelques fois rejoints par le souffle court de ce pauvre Horace. Le chemin était compliqué. Ils tournaient et viraient sans cesse, prenant tantôt une large galerie à droite avant de finir presque à quatre pattes dans un étroit passage sur la gauche. C’était la première fois que le louveteau prit pleinement conscience de ses nouvelles dispositions. Il avançait avec une facilité déconcertante, enregistrait automatiquement chaque changement de direction, tandis que ses sens, toujours aux aguets, le préparaient au moindre incident. Il se sentait fort et c’était grisant. Malgré la peur sourde qui lui broyait l’estomac, une excitation indescriptible lui faisait battre le cœur, allant même jusqu’à lui arracher un sourire.

    Enfin, ils débouchèrent sur un cul-de-sac. Là, une échelle les attendait. L’inconnu fit grimper Horace en premier et Andréa le suivi calmement. Il y avait bien quatre mètres avant d’atteindre une petite cavité dans laquelle le jeune loup se glissa. Il s’assit contre son compagnon d’infortune et attendit patiemment que leur troisième acolyte les rejoigne, ce qui fut rapidement le cas.

    « Vous êtes en sécurité ici, ils ne nous trouveront pas. Tant qu'ils ne se seront pas calmés, je vous déconseille de repartir. Même avec mon aide. »

    Évidemment. Cela aurait été bien trop beau qu’il leur annonce joyeusement que c’était une belle farce, qu’en réalité, cette bande de cadavres ambulants étaient de joyeux lurons et qu’ils pourraient rentrer en toute tranquillité après avoir participé à une petite fête ! Andréa soupira. Les voilà dans une sacrée galère.

    Leur hôte craqua alors une allumette et nflamma une lampe à huile, dévoilant son visage aux deux rescapés. À première vue c’était un adolescent d’une quinzaine d’année. Plutôt de maigre corpulence, il avait de beaux yeux verts étonnement clairs, et son visage laiteux était encadré par une auréole de cheveux blonds. Seulement voilà. Même avec la faible lumière qu’offrait lanterne, on percevait anormalement les veines du garçon, pire encore, elles ne semblaient parcourues par aucune goutte de sang. Andréa se contenta de froncer les sourcils, perplexe, mais ce ne fut pas le cas d’Horace qu’il sentit tressaillir. Préférant couper court aux milles idées qui devaient lui fendre le crâne, le machiniste lâcha :

    « Bon sang, mais vous êtes quoi, au juste ?! »

    La réponse ne se fit pas attendre et laissa tomber un silence de plomb sur les trois jeunes hommes.

    « Mon nom est Jon Griggs. Et hélas, j'ai bien peur d'être moi aussi un zombie. »

    Alors lui aussi ? Il était comme eux ! C’était un piège alors ? Il les avait embarqués là juste pour pouvoir les manger en toute tranquillité, sans avoir à partager. Quel égoïste, quel… Minutes. Cela ne collait pas tout ! Inspirant profondément, Andréa essaya de faire le vide dans son esprit parasité par toutes les informations que ces sens lui rapportaient. Il passa sa main sur son visage, avant de fixer avec insistance leur sauveur.

    « Mais… Pourquoi vous n’êtes pas… Enfin vous voyez. Du genre à faire des bruits bizarres avec votre bouche, à perdre des bouts de vous-même dans les égouts… »

    « Je ne sais pas vraiment. Je crois que je devais être naturellement immunisé. Je suis juste mort. C’est une sensation un peu étrange, mais on s’y habitue. »

    Il leur sourit. Un sourire doux et légèrement malicieux qui rassura pleinement Andréa. Il avait l’air d’avoir toute sa tête et pas un soupçon de cruauté de ne lisait dans son regard. Visiblement, ce garçon était en aussi fâcheuse posture qu’eux. Lui aussi fuyait ces monstres dégoûtants et l’unique cachette qu’il avait trouvée, était ce pauvre recoin minuscule et aménagé de façon plus que rudimentaire. Il fallait le sortir de là, il fallait qu’ils sortent tous de là. Et pour ça, il n’y avait pas trente-six solutions.

    « Je m’appelle Andréa et voilà Horace. » Le louveteau lui sourit légèrement avant de poursuivre. « Écoute, on est venu réparer des canalisations pour un cabaret qui emploie des gens comme toi. Il faut qu’on rentre, mais tu ne peux pas rester là, viens avec nous. »

    Le garçon sembla surpris. Il observa tour à tour les deux jeunes hommes qui lui faisaient faces comme pour s’assurer qu’ils ne se moquaient pas de lui. Visiblement c’était sérieux. Mal à l’aise, il se recroquevilla un peu et se mit à fixer ses chaussures de ses iris éteintes. Andréa insista. Il lui expliqua rapidement comment fonctionnait le cabaret, qu’il y serait en sécurité et que personne ne s’arrêterait sur sa nature. Il les avait sauvés, ils devaient maintenant lui rendre la pareille. Jon hésitait toujours un peu, mais l’ardeur que mettait le louveteau dans ses propos le tentait de plus en plus. Comment refuser de vivre ailleurs que dans cet enfer ?

    « J’accepte de venir, mais il faut attendre qu’ils se calment… Ça peut prendre plusieurs… »

    Un râle morbide résonna entre les cavités, Jon s’empressa de diminuer l’intensité de la lampe à huile et tous se turent. Ils restèrent ainsi, blottis les uns contre les autres, attendant patiemment que quelque chose se passe. Mais rien. Pas un son, pas une once de mouvement ne vint perturber ce silence pesant.

    « Ils se rapprochent. »

    La phrase ne fut qu’un murmure entre les lèvres du louveteau, mais elle fut prononcée avec tant d’aplomb qu’aucun doute n’était possible. La figure de Jon se décomposa en une grimace d’inquiétude. Visiblement, ce n’était pas prévu au programme. Cela devait être la première fois qu’ils s’approchaient autant de son refuge. Il se dandina légèrement sur place avant de levers ses iris sur Horace.

    « C’est vous qu’ils veulent, votre odeur les attire… Si on reste ici on est fichu.
    - Il n’y a pas d’autres sorties ?
    - Si… Mais on n’arrivera pas à l’atteindre… Il faudrait détourner leur attention. »

    Alors que le silence retombait sur le petit groupe, le louveteau et le jeune mort-vivant se tournèrent lentement vers le pauvre Horace. C’était lui qu’ils voulaient. Il était le plus enclin à les attirer, à servir d’appât. Et puis… Il n’était pas seul. Andréa ne serait sans doute pas loin pour assurer ses arrières, de même que Jon. C’était peut-être leur dernière chance.

    Et comme un ultime avertissement, un nouveau rugissement macabre gronda dans la galerie.

    Il était temps de se mettre en marche.


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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeJeu 7 Mar - 12:50

Pendant un bref instant, s'il l'avait voulu, Horace aurait pu croire en leur mystérieux sauveur. Il aurait pu se détendre un bref instant, relâcher la tension qui oppressait ses épaules et se sentir en sécurité. Après tout, ils se trouvaient en hauteur, désormais. Loin, très loin de cette foule de corps déchiquetés qui les avaient pris en grippe. Et il doutait que des corps en décomposition puissent escalader l'échelle par laquelle ils étaient passés pour se hisser dans la petite crevasse. Oui, il avait tous les éléments nécessaires pour se penser à l'abri.

Et pourtant, il en avait décidé autrement.

Tout lui faisait penser qu'il devait se méfier de son hôte. Les récents événements qui s'étaient produits dans les galeries nauséabondes. L'arrivée miraculeuse de l'inconnu dans un endroit où il désespérait de tomber sur une forme de vie humaine. L'impasse dans laquelle ils se trouvaient et d'où ils ne pourraient pas aisément s'échapper. La démarche étrange de leur hôte salvateur. Beaucoup trop de facteurs louches à son goût.

Mais au fond de lui-même, il espérait avoir tord. Il espérait être tombé sur un être humain normal, un survivant qui aurait accomplit l'exploit de survivre dans cet environnement hostile. Sauf que son espérance était futile. Parce qu'il avait raison sur un point au moins : l'inconnu était lui aussi un zombie, un monstre. Et quand la révélation tomba, ce fut comme si le mécanicien se savait condamné. Son visage se décomposa et il se sentit soudain fatigué de devoir fuir et courir. Si sa mort devait venir, qu'elle vienne tout de suite. Le pessimisme l'envahit rapidement et ses épaules s'affaissèrent de dépit. Au moins, comme ça, moins de gens mourraient par sa faute...

Heureusement pour lui, son compagnon d'infortune ne s'était pas laissé abattre par l'identité de ce dénommé Jon. Il avait su déceler le point où toutes ces théories perdaient de leur sens. Il avait su trouver ce qui clochait. Et les quelques mots d'incompréhension qu'il prononça ravivèrent quelque chose en Horace : son désir de survie.

« Mais... Pourquoi vous n'êtes pas... Enfin vous voyez. Du genre à faire des bruits bizarres avec votre bouche, à perdre des bouts de vous-même dans les égouts... »

Tiens, mais c'était vrai, Andréa avait raison sur ce point. Pourquoi donc était-il en un seul morceau, ce zombie ? Relevant la tête, Horace posa les yeux sur Andréa, puis sur Jon. Il avait l'oreille tendue, en quête d'une réponse qui réveillerait son espoir.

« Je ne sais pas vraiment. Je crois que je devais être naturellement immunisé. Je suis juste mort. C'est une sensation un peu étrange, mais on s'y habitue. »

Le machiniste ne sut tout à fait comment comprendre cette explication. Au final, il n'était pas tellement plus avancé sur cet énergumène. Un zombie différent des autres... Et alors ? Cela ne voulait pas dire qu'il n'allait pas les dévorer. Pourtant, le sourire rassurant qu'il leur fit calma les pensées chaotiques du garçon. Il restait là, immobile et silencieux, à laisser parler Andréa. Parce qu'il savait qu'il ne pourrait s'exprimer aussi calmement que lui.

« Je m'appelle Andréa, et voilà Horace. » Le dit-garçon adressa un signe de tête à leur hôte sans pour autant ajouter mot. « Écoute, on est venu réparer des canalisations pour un cabaret qui emploie des gens comme toi. Il faut qu'on rentre, mais tu ne peux pas rester là, viens avec nous. »

Le mécanicien hochait la tête au fil des explications comme pour les confirmer... Jusqu'à ce que les trois derniers mots soient prononcés. Hein ? Que... Quoi ?! Que ce zombie qu'ils connaissaient à peine vienne dans leur cabaret, emportant avec lui son statut de mort en décomposition ? Dieu, mais quelle idée ! Horace se tourna vers Andréa comme pour lui demander des explications par le regard. Mais le louveteau garda son attention tournée vers le zombie et insista, avant de lui expliquer rapidement le fonctionnement du cabaret. Visiblement, il était sérieux. Et ça, Jon l'avait compris.

Horace se demandait comment toute cette histoire allait se terminer. S'ils allaient s'en tirer vivant, si le zombie était bien aussi lucide et gentil qu'il le laissait penser ou s'il allait finir par les trahir et les dévorer comme les autres. Le doute persistait et il ne parvenait à se l'ôter. Peut-être était-ce parce qu'il était encore dans ces égouts et que le sentiment d'insécurité l'empêchait d'être complètement rassuré au sujet de Jon. Toujours était-il qu'il ne parvenait pas à lui faire confiance.

« J'accepte de venir, mais il faut attendre qu'ils se calment... Ça peut prendre plusieurs... »

Mais il n'eut jamais le temps de finir sa phrase, car un râle raisonna contre les parois des égouts. Le cauchemar recommençait. La tension s'empara rapidement des muscles du machiniste tandis qu'un violent frisson lui parcourait l'échine. Merde. Les ennuis revenaient à la charge.

« Ils se rapprochent. »

L'étau semblait se resserrer autour d'eux sans leur laisser un seul espoir de s'en sortir. Horace déglutit péniblement, sentant la peur refermer son étreinte autour de lui, tandis qu'il voyait l'inquiétude envahir le visage de leur sauveur. Il se surprit même à espérer qu'il les aide à nouveau, qu'il trouve une solution miracle pour tous les sortir de là. Mais bien entendu, pour que le miracle opère de nouveau, ils allaient tous devoir se serrer les coudes. Ce que ne tardèrent pas à lui confirmer les deux autres.

« C'est vous qu'ils veulent, votre odeur les attire... Si on reste ici, on est fichu. »

« Il n'y a pas d'autres sorties ? »

« Si... Mais on n'arrivera pas à l'atteindre... Il faudrait détourner leur attention. »

Quand il les vit tourner la tête dans sa direction, Horace sentit la menace s'abattre comme une masse sur ses épaules. La diversion, c'était lui. Et soudain, l'idée lui semblait beaucoup moins bonne. Secouant lentement la tête de droite à gauche, les yeux élargis par la crainte de ce qui l'attendait, il voulut les en dissuader. Mais leur regard insistant força la panique à croître en lui. Il était en danger, comme lui confirma le rugissement macabre qui suivit. Et il voulait à tout prix l'éviter.

« Non, je ne serais pas l'appât. »

Sa voix tremblait. Son corps aussi. Dans d'autres circonstances, il se serait trouvé lâche d'agir ainsi et aurait fini par accepter, malgré sa réticence. Mais là, il avait conscience du danger que cela représentait, et il n'était pas prêt à risquer sa vie, même si c'était la seule solution pour sauver les deux autres.

« Écoute, Horace. De nous trois, tu es celui dont l'odeur est la plus attirante pour un zombie. Tu es le seul qui pourra faire la diversion dont on a besoin pour rallier la sortie. »

C'était censé le convaincre et le rassurer, ça ? Le mécanicien fit une grimace et continua de secouer la tête, plus vivement cette fois. C'était juste hors de question, dût-il condamner les autres avec lui. Il était égoïste, mais n'en avait conscience, car son état d'esprit actuel l'empêchait de réagir autrement. Il n'avait rien d'un héros, et il refusait de le devenir.

« Tu sais qu'Andréa ne sera pas loin au cas où, pendant que j'ouvrirais la sortie ? »

Pas loin ? Non. Même ainsi, il refusait. Plutôt mourir que crever.



Horace se tenait debout, au milieu des galerie, la lampe à huile de Jon à la main. Tenu droit par la tension de ses muscles, il faisait face à l'endroit d'où semblait venir tous les zombies. Du moins le pensait-il aux bruits de succions et aux râles qu'il entendait provenir de cette direction. Peu rassuré par ces sons écœurants, le mécanicien devait faire preuve d'un contrôle hors du commun pour se maintenir immobile et ne pas prendre ses jambes à son cou. Même s'il était certain qu'il suffirait de peu pour le faire détaler comme un lapin.

Encore maintenant, il se demandait ce qui avait bien pu le convaincre d'accepter de jouer les appâts. Il en connaissait bien les inconvénients, et il était toujours contre cette idée. Mais pourtant, il se tenait là, planté comme un piquet dans les égouts, prêt à accomplir sa mission jusqu'au bout. Il était fou d'agir ainsi. Ceci n'avait rien de courageux. Et il le savait.

Jon était déjà parti dégager une issue, et il avait laissé à ses acolytes une consigne de direction à prendre pour accéder à la sortie par un autre chemin que celui qu'il empruntait, histoire que la diversion serve à quelque chose et qu'ils puissent le retrouver aisément. Pour cela, Horace comptait bien plus sur Andréa que sur lui-même. Les récents événements lui avaient montré que quand la panique l'envahissait, il n'avait nulle conscience du chemin qu'il empruntait.

Le garçon patienta un long moment, luttant de son mieux pour ne pas encore céder à la peur envahissante. Les gargouillements et autres bruits qui les accompagnaient s'amplifiaient et se rapprochaient, mais il parvenait à attendre et se surprenait lui-même. Du moins jusqu'à ce qu'un morceau de viande en putréfaction apparaisse dans le cercle de lumière que lui offrait la lampe à huile. Cette vision cauchemardesque lui arracha un gémissement, et ce fut comme un signal pour lui. S'il attendait plus longtemps, il serait sans défense face à une flopée innombrable de bouts de zombies.

Alors, la course commença. Il tourna les tallons et s'élança aussi vite que possible dans les galeries, la lumière vacillant à chacun de ses pas. Il n'y avait plus lieu de craindre le bruit qu'il faisait à chaque pas, puisque c'était le but de la diversion. Désormais, il n'y avait plus qu'à espérer qu'il ne tomberait pas sur un barrage de zombie... Ou que Jon ne leur ferait pas faux bon.


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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeSam 6 Avr - 16:58

    « Non, je ne serais pas l'appât. »

    Et pourtant ce que ce rôle lui allait bien !

    Tapis dans l'ombre à deux embranchement d'Horace, Andréa veillait sur lui avec l'excitation d'un enfant, ou plutôt d'un louveteau. Il avait dissimulé au maximum toute l'agitation qui le gagnait, mais leur aventure avait eu un effet inattendue sur lui et la peur mêlait à l'adrénaline qui parcourait son corps réveillèrent pleinement le loup, ravis de se savoir si puissant entre ses sombres couloirs. Tout son être était à l'affut. Le moindre son, la moindre odeur, aucun détail ne lui échappait, et encore moins la lueur tremblotante de la lampe à huile maintenue par son acolyte. Le pauvre n'en menait pas large et cela se comprenait. Allez savoir pourquoi, l'ombre si inquiétante qui avait pour habitude de le protéger refusait de se montrer, le laissant seul face au danger. Pour l'instant, il n'était rien de plus qu'un simple humain.

    Un gargouillement s'échappa des allées alentours, suivit d'un faible relent qui poussa Andréa à prendre les devants d'Horace. Ils étaient là. Devant, derrière, ils se rapprochaient de toutes parts et leur plan s'en voyaient sévèrement compromis. Avec toute la discrétion possible, il quitta son poste pour rejoindre l'embranchement suivant et assurer la fuite du jeune mécanicien. Il y aurait bien un couloir de libre ! Droit, agile et alerte, le louveteau n'avait plus rien à voir avec l'homme à tout faire maladroit et grognon du Lost Paradise. Il ne s'en rendait pas compte, mais pour la première fois il était un loup-garou, un vrai.

    En quittant leur modeste cachette, Jon lui avait confié une vieille batte de cricket, précisant qu'elle lui serait sans doute plus utile qu'à lui. L'arme de fortune était prête à tomber en lambeau au premier coup bien placé, mais il aurait été dommage de ce privée d'une telle alliée, si vieille soit-elle. Arrivé à un nouveau croisement, il s'arrêta. Il n'était pas vide, mais presque. Cela ferait l'affaire, il le fallait. Campé sur ses grandes jambes grêles, son bout de bois en main, il attendit patiemment. Il s'était positionné de manière à être vu par Horace et surtout, de façon à pouvoir le guider. Il n'eut guère à attendre longtemps pour que le pas pressé du mécanicien résonne entre les murs. La lampe ballotait au rythme de ses pas, éclairant tantôt le vide rassurant du passage dans lequel il s’engouffrait, tantôt d'inquiétantes silhouettes se détachant sur les parois de briques. Nul doute, ils étaient tout proche.

    « Horace ! Par là, il va falloir faire un détour. »

    Sans lui laisser le temps de répliquer, il lui attrapa le bras et s'engouffra dans un étroit passage avant de bifurquer à droite pour retrouver un chemin plus confortable. Abandonnant son étreinte, il poursuivit sa route, tâchant de prendre plusieurs mètres d'avances. Son cœur s'emballait à chaque changement de voie, inquiet à l'idée de ce qu'ils allaient trouver. L'instinct d'Andréa l'avait contraint à emprunter un chemin où l'eau croupie des égouts leur arrivait au dessus des genoux et son odorat s'en trouvait grandement diminué. Chaque pas dégageait un parfum nauséabond qui prenait le pas sur toutes les odeurs alentours et rapidement, le jeune loup commença à paniquer. Il savait où allait, mais il n'avait plus aucune idée de ce qu'ils trouveraient en chemin.

    « Ça sent pas bon… Mais alors pas bon du tout cette affaire. »

    Il tourna ses iris vers son compagnon d'infortune avant de manquer de peu de se vautrer lorsque son pied heurta avec force un obstacle. Se rattrapant de justesse au mur, il tata du pied la forme étrange qui l'avait déséquilibré craignant d'avoir affaire à un membre sans propriétaire, mais ce qu'il découvrit fut presque un coup de chance compte tenue de leur position. Se penchant rapidement, il l'extirpa du liquide opaque et constata avec satisfaction qu'il s'agissait d'une barre en fer.

    « Tiens Horace, garde là. J'ai comme l'impression qu'on en aura besoin. »

    Il lui laissa l'arme de fortune avant de reprendre son chemin. L'eau les ralentissait considérablement, mais au moins ils évitaient ces cadavres ambulants. Après deux ou trois tournants, ils furent contraint de s'engager dans un tunnel en pente. Ils étaient tout proche de la sortie, si proche qu'il avait retrouvé l'odeur de Jon et toujours aucun zombie à l'horizon. Finalement ça se présentait plutôt bien.

    « On y est presque. Tu vois, c'était facile finalement ! »

    Il afficha un léger sourire avant de s'arrêter net. Un grondement sourd et lointain s'était faufilé jusqu'à ses oreilles. Rapidement, il amplifia, pour se muet en un vacarme assourdissant. Les zombies ? Non… Ou alors en très grand nombre. Tout le corps d'Andréa se crispa, cherchant du regard la provenance de ce raffut pour finalement s'arrêter sur l'une des étroite ouvertures qu'ils avaient dépassés. Il ne comprenait pas, mais lorsqu'une quantité extraordinaire d'eau s'échappa du trou, il sut qu'ils allaient devoir affronter un danger pire encore que les morts-vivants à leur trousse.

    Le liquide envahit rapidement leur galerie et il était impossible de faire marche arrière tant la pression était forte. Forcé d'avancer, l'eau leur arriva rapidement à la taille et rien ne laissait supposer que cela allait s'arrêter. Pire encore, alors que l'eau glaciale poursuivait sa course, les deux garçons aboutirent à une grille solidement fixée et tout aussi bien verrouillée. Le cœur battant, le louveteau se tourna vers le mécanicien, l'observant avec inquiétude.

    « Pitié, dis moi que tu peux l'ouvrir ou d'ici cinq minutes, on aura plus à s'inquiéter des zombies… »

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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeLun 15 Juil - 19:24

Idiot. Il se sentait vraiment idiot. Comment avait-il pu ne serait-ce que céder à leur désir de l'utiliser comme appât ? C'était à se demander ce qui lui passait parfois par la tête. Mais désormais, il ne pouvait plus revenir en arrière. Il courait purement et simplement, les zombies aux trousses. La lampe vacillante à bout de bras devant lui. Seule source de lumière pouvant l'aider à s'orienter. S'il s'arrêtait une seule seconde, il était cuit. Et ce ne serait pas Andréa qui le sauverait face à une armée de cadavres en décomposition.

Une silhouette finit par se découper dans le faible halo qui lui ouvrait la route. Frémissant et hésitant tout d’abord, ses pas ralentissant légèrement leur cadence, Horace finit par reconnaître son compagnon d’infortune. Andréa. Ouf. Ce n’était que lui. Sa méprise ne le perturba pas pour autant. Car le calvaire de l’insécurité prit aussitôt fin et, fort de ne plus se savoir seul, sa course maladroite devint plus assurée. Ils allaient peut-être s’en sortir, en fin de compte.

Sauf que, comme à chaque fois qu’il espérait trop vite, il fallait qu’un petit élément ravive son inquiétude et le fasse aussitôt déchanter. Allons bon… Que se passait-il encore ? Ils ne pouvaient pas s’en sortir aussi facilement. C’était impossible. Il fallait toujours que quelque chose vienne tout compromettre. Rien ne pouvait être aussi simple. Jamais. S’il y avait quelqu’un qui les regardait là-haut, il devait vraiment prendre un malin plaisir à leur pourrir la vie. Et ce furent les paroles d’Andréa qui entraînèrent ce flot de pensées négatives. De simples mots qui venaient perturber le bon déroulement de leur plan. Ils allaient devoir prendre un autre chemin. La poisse.

Horace aurait voulu gueuler. Rager contre cette injustice. Contre toute cette malchance qui le poursuivait depuis son quinzième anniversaire. Contre son Ombre qui, pour une fois qu’elle pouvait se rendre utile et les sortir de ce guêpier, avait jugé préférable de se terrer dans son rôle d’autrefois pour le laisser seul et impuissant, aidé d’un loup-garou et d’un zombie seulement, face à une flopée de trucs increvables. Bon, certes, ç’aurait pu être pire. Pourtant, d’habitude, quand il était en danger, elle sortait et le protégeait en tuant sans aucune pitié. C’était la seule chose plutôt ‘positive’ qui émanait d’elle. Mais pas cette fois, non. Ç’aurait été trop beau. Cependant, laisser ressortir toute sa rage et sa frustration, n’aurait strictement rien changé à la situation. Ils seraient resté dans la merde jusqu’au cou. C’était du gaspillage d’énergie.

Alors, le mécanicien laissa tomber. Quand Andréa lui saisit le poignet pour l’entraîner dans une direction qui, visiblement, pouvait leur éviter quelques ennuis, il se laissa faire. Mécaniquement, il suivit les pas de son acolyte à travers une énième galerie. Parce que le loup était le seul capable de les guider dans cette faible luminosité et qu’il ne pouvait que lui faire confiance.

Concentré sur l'eau qui lui arrivait désormais jusqu'aux genoux et le ralentissait trop à son goût, il ne fit pas attention à ce que lui disait son loup d'acolyte. A moins que son esprit n'ait préféré enfermer l'information dans un petit tiroir au fin fond des méandres de son cerveau pour lui éviter de céder à la panique. Néanmoins, quand il le vit trébucher, puis tâter avec précaution une chose engloutie dans les eaux, il se figea, s'attendant à tout instant à voir un énième zombie en sortir.

Pourtant, et heureusement, l'homme à tout faire finit par plonger la main dans les eaux sombres pour en extirper une barre de fer. Qui se retrouva dans les mains du machiniste sans qu'il ait demandé quoique ce soit.

« Tiens Horace, garde la. J'ai comme l'impression qu'on en aura besoin. »

Bon bah s'il le disait, il allait la garder, hein. Ça lui ferait toujours une arme pour se défendre, mais il doutait un peu de son efficacité face à un morceau de corps décomposé. Remarque, il pouvait toujours essayer. Qui sait, le fer rouillé était peut-être la cryptonite des zombies...

Ils reprirent leur route sans aucune encombre. Rien ne semblait vouloir les déranger, comme si tout danger s'était d'un coup évaporé. Un doux rêve auquel il goûta quelques secondes dans l'espoir qu'il ne s'arrêterait pas et qu'ils sortiraient vite de là. Sauf qu'Andréa y mit fin au moment même où il donna plus de réalité à ce songe.

« On y est presque. Tu vois, c'était facile finalement ! »

Le truc à ne jamais dire dans ce genre de situation. Il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Chose qu'il venait plus ou moins de faire. Et comme pour briser toute illusion restante, les choses se mirent à dégénérer une fois de plus. D'abord, le grondement sourd qui s'amplifia pour devenir vacarme assourdissant. Puis l'eau en grande quantité qui déboula vers eux, les ensevelissant encore plus dans le liquide trouble qui les encerclait. La fuite qui reprenait, grandement aidée par la pression du fluide écœurant. Et enfin, la grille qui leur obstruait le passage et les bloquait complètement. Ils allaient bientôt être à la merci de leur poursuivant. Et leur vie prendrait fin dans l'ignorance de tous, au beau milieu de la mauvaise odeur et dans l'estomac d'un monstre inconnu.

« Pitié, dis-moi que tu peux l'ouvrir ou d'ici cinq minutes, on aura plus à s'inquiéter des zombies... »

Le message était clair et lui mettait une pression monstre. S’il ne trouvait pas un moyen de libérer le passage, et vite, ils étaient foutus. Après avoir autant lutté pour survivre dans cet enfer, tout prendrait fin, comme ça. Aussi purement et simplement. Sauf qu’il pouvait réussir, lui, rendu simple humain par l’absence de son Ombre. Il en avait les compétences. Il ne restait qu’à les appliquer correctement.

Rapprochant la lampe de la lourde chaîne qui enserrait la grille et sa solide attache au mur, il se mit à les observer. Elle était légèrement rouillée par l’humidité, et n’importe qui aurait pu penser qu’elle céderait au moindre coup. Pas lui. Il savait que ça ne suffirait pas. Mais il savait aussi qu’il n’avait pas le moindre outil sur lui pour forcer le verrou. Sa clé à molette, tout comme sa mallette, étaient restées abandonnées dans la pièce où il colmatait la fuite quelques minutes plus tôt –à moins que ça ne fasse des heures. Autrement dit, ils n’avaient qu’une barre de fer plus rouillée encore que la chaîne et une batte qui menaçait de se briser à tout instant. Ils n’iraient pas bien loin avec ça. Et pourtant, c’était leur seule chance…

Tentant le tout pour le tout, il glissa la barre entre la chaîne et le mur et prit appuie dessus dans le seul but de faire un levier. Avec un peu de chance, l’attache enfoncée dans le mur céderait. Ou le cadenas. Malheureusement, il eut beau pousser, tirer, appuyer, soulever dans tous les sens possibles et imaginables et en y mettant toutes ses forces, il ne réussit qu’à tordre son outil de fortune au point de le casser pour le rendre presque inutile.

Réalisant qu’il ne pouvait finalement rien faire, il tourna vers Andréa un visage livide et lui annonça dans un souffle :

« Putain, je crois qu’on est foutu… »

Pendant qu’il s’affairait à la tâche, il n’avait pas remarqué que l’eau avait autant monté. Tout comme il n’avait pas réalisé que les bruits de succion s’étaient fortement rapprochés et semblaient désormais proches. Trop proches. Mais pas assez pour les noyer ou leur permettre de voir la chose qui s’approchait lentement. Reculant désespérément pour s’éloigner davantage, son pied finit par entrer en contact avec un objet. Petit, de forme cylindrique. Intrigué, ou espérant follement qu’aussi petit soit-il cet objet changerait la donne, il le plaqua entre son pied et le mur de la paroi et le fit glisser progressivement vers la surface de sorte qu’il puisse le récupérer sans plonger sa tête dans l’eau croupie. Et quand il reconnut le type d’objet dont il s’agissait, il eut une révélation.

Finalement, leur situation n’était pas désespérée.

« Tiens-moi ça, toi ! »

Sans attendre la moindre approbation de la part du loup, il lui colla dans les bras la lampe et s’attela à la tâche. S’aidant de l’un des bouts pointu et élimé de la barre brisée, ainsi que du tournevis récupéré dans le fluide sombre, il s’efforça de déverrouiller le cadenas. L’urgence rendait ses gestes plus maladroits que d’ordinaire, mais c’est avec un soupir de soulagement qu’il entendit le déclic et parvint à ouvrir la grille. Fier de son œuvre, il adressa un sourire satisfait à Andréa et s’octroya le loisir de lui balancer :

« Alors… Tu pensais que je ne pourrais rien faire, hein ? »

Un rugissement sourd retentit dans leur dos, le rappelant aussitôt à l’ordre. D’un geste vif, il poussa le loup garou devant lui –petite vengeance inutile pour toutes les fois où ce dernier lui avait fait le coup dernièrement– et lui empiéta le pas. Mais avant de faire quoique ce soit, il repoussa précipitamment la grille, remettant la chaîne correctement et la refermant à l’aide du cadenas de leur côté. Pensant que ça leur ferait gagner un temps précieux.

Il reprit alors sa course, ou plutôt sa marche. L’eau avait tant monté que ses mouvements étaient incroyablement ralentis par la résistance qu’elle lui opposait. Et pourtant, Horace faisait de son mieux pour suivre la cadence.

Il eut le temps de ne faire que quelques pas quand le premier choc retentit. Un énorme ‘Boum’ qui ébranla les murs, suivi d’une vague d’eau nauséabonde. La chose qui les suivait avait eu largement le temps de les rattraper. Et maintenant, elle essayait de défoncer la grille qu’il avait pris soin de refermer –dieu qu’il louait cette bonne idée qu’il avait eue ! Un autre coup suivi bientôt, plus fort que le précédent. Puis un autre. Ça allait céder. Bon sang, ce truc, quel qu’il soit, allait tout simplement arracher la griller de ses gonds ! Ce n’était qu’une question de secondes, pendant lesquelles le machiniste tenta de mettre le plus de distance possible entre lui et la grille.

Et le moment fatidique arriva. Crac. Klang. Une nouvelle vague, plus grosse encore. Et un puissant rugissement pour fêter cette victoire.

Oula… Ça, ça sentait pas bon… Comble de l’horreur, au beau milieu des égouts.


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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeMer 28 Aoû - 16:48


    « Alors… Tu pensais que je ne pourrais rien faire, hein ? »

    Euh… Non. Effectivement non. Mais Andréa n'eut pas le temps de l'informer de l'énorme doute qui l'avait gagné, Horace le poussait déjà de l'autre côté de la grille. L'eau continuait de monter et le louveteau ne prit guère de temps pour avancer au plus vite. Face à eux le couloir remontait en pente douce et petit à petit, le liquide ne lui arrivait plus qu'à hauteur des genoux. Ils étaient trempés, épuisés, nerveux, et pourtant, le sort continuait de s'acharner contre eux. À peine avait-il réussi à faire quelques pas dans un milieu moins hostile qu'un bruit sourd monumentale résonna entre les parois de la galerie. Le sang d'Andréa ne fit qu'un tour. Il tourna rapidement les talons et attrapa Horace par l'avant-bras et le tira le plus rapidement possible hors de la cuvette qui avait manqué de les noyer.

    L'odeur était pire encore que tout ce qu'ils avaient connus jusqu'à présent. Le jeune loup se félicita d'ailleurs de ne rien avoir déjeuner, sans quoi son estomac ne l'aurait pas supporté. C'était un effluve immonde, mélange de chair en décomposition, rats crasseux et… Quelque chose d'autre. Quelque chose de tout à fait inquiétant.

    Les coups se succédèrent. Andréa courrait. Il courrait comme il pouvait, sans lâcher le poignet d'Horace. Son instinct lui hurlait de fuir, de fuir vite et de fuir loin.

    CRAC !

    La grille céda. Une nouvelle vague se propagea jusqu'à eux, manquant de lui faire perdre l'équilibre. Un rugissement terrible retentit entre les murs suintant des égouts.

    « Ne te retourne pas ! »

    Il accéléra encore, il fallait qu'ils quittent cette pente et cette eau croupie qui les ralentissait. Le souffle court, il gagna enfin une zone plate où l'eau ne leur arrivait plus qu'aux chevilles. Le passage était large et haut, bien loin de tous les minuscules tunnels qu'ils avaient empruntés jusqu'à présent, mais il offrait uniquement la possibilité d'aller tout droit. Tant pis. De toute façon Andréa avait complètement perdu la trace de Jon et le plus important pour l'instant était de rester en vie. Derrière eux, quelque chose d'énorme s'approchait et chacun de ses mouvements faisait onduler le liquide dans lequel ils poursuivaient leur fuite.

    Boum…

    Ils débouchèrent dans une immense salle ronde et faiblement éclairée par de la mousse fluorescente qui pendait du plafond. Le spectacle aurait pu être féérique si des tas d'ossement d'où quelques lambeaux de chairs moisies pendait encore n'était pas éparpillés aux quatre coins de la pièce.

    « Merde. Un cul de sac… » lâcha Andréa dans un souffle.

    Boum…

    Impossible de faire demi-tour. Il fallait qu'ils se cachent comme ils pourraient et attendent le moment propice pour se faire la malle. Son étreinte, sensiblement tremblante, s'était resserrée autour du poignet d'Horace. Il ne fallait pas être devin pour se douter que leur avenir était sérieusement compromis.

    « Viens… On… Va se planquer. »

    Il l'entraina à sa suite, songeant que l'immonde carcasse qui s'élevait à leur droite conviendrait. Il se dissimula derrière en compagnie du mécanicien, profitant des espaces laissés par les côtes de la charogne pour observer en toute discrétion l'unique entrée de la salle. Il avait rapproché son corps frissonnant de froid et de peur de celui d'Horace, cherchant un peu de réconfort dans cette atmosphère oppressante qui l'étouffait.

    Boum…

    Une masse se profila sur le seuil. Une masse luisante, pâle et légèrement translucide rappelant étonnamment la peau de Jon. Un zombie ?

    BOUM !

    Une silhouette se dessina enfin. Une silhouette gigantesque de plus d'une quinzaine de mètre de long, mais contre toute attente, c'était celle d'un animal. Son œil torve semblait éteint, mais les crocs luisants qui s'étalaient le long de sa gueule indiquait clairement : Prédateur, ne pas dérangé.

    Le souffle coupé, Andréa n'en croyait pas ses yeux. Il observa la bête se mouvoir lentement, sa longue queue fouettant l'air dans un rythme de balancier parfait. Il déglutit lentement, tournant ses iris terrifiées vers son compagnon d'infortune. D'une voix à peine audible, il lâcha :

    « Un… Crocodile géant… Zombie ? »

    Et c'est à ce moment précis qu'elle frappa. Cette malchance légendaire qui poursuit Andréa partout, elle avait attendu l'instant le plus critique pour se manifester. Agrippé à l'un des restes branlants de leur cachette, la panique et le stress s'étaient amusés avec la poigne du loup-garou. Celle-ci s'était accentuée et entre ses mains puissantes, l'os s'était brisé dans un craquement prodigieux.

    Immédiatement, le crocodile tourna son immense gueule vers eux. Elle s'entrouvrit pour laisser voir ses canines luisantes et dégoulinantes de baves, sans doute leur prochaine destination.

    Andréa ferma les yeux et se pinça fortement les lèvres. Bon sang mais quel empoté ! Son reste de fémur coincé dans sa main tremblante, il posa un regard plus qu'inquiet sur Horace, abandonnant à demi-voix :

    « Tu crois qu'il nous a repéré ? »


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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeSam 18 Jan - 20:27

Courir, il ne faisait que ça. Depuis le début. Depuis qu'ils avaient réalisé quel genre de spécimen peuplait les égouts et que la chair humaine était leur principal repas. Ils fuyaient face à ce danger qui leur collait à la peau depuis qu'ils étaient entrés dans les sous-terrains de la capitale française. Horace aurait pu se demander comment il faisait pour tenir le coup et surtout, pour conserver une cadence aussi précipitée. Ses muscles le tiraient atrocement, mais il restait sourd aux protestations de son corps. Insensible à la douleur qui envahissait ses jambes. Au contraire, il forçait le rythme, respirait vite. Et affrontait la résistance de l'eau presque sans aucun problème. Il n'était animé que par l'adrénaline de l'action et du péril omniprésents.

Mais malgré tout, il n'était pas assez rapide, il le savait. Il était souvent derrière son compagnon, sans parvenir à le rattraper. Et bien souvent, il fallait qu'Andréa intervienne, l'aide à se bouger plus promptement pour lui éviter bien des ennuis. Comme en cet instant, alors que l'écho d'un choc sourd entre un corps et la grille retentissait contre les parois du conduit. Alors qu'une brusque montée d'eau manquait tout juste de le noyer.

S'il n'y avait eu la poigne de l'homme à tout faire et l'élan en avant qu'il lui imposa, Horace aurait été submergé.

Pour le reste, il ne put que s'efforcer de suivre le mouvement. Il grimpa la pente aussi vite qu'il put pour s'extirper du liquide nauséabond qui le tirait en arrière. Il fuyait aussi vite qu'il pouvait, guidé par son ami, pour s'enfoncer un peu plus dans les profondeurs inconnues de la galerie.

Jusqu'à ce que la grille décide de céder, marquant la victoire du monstre qui les poursuivait.

« Ne te retourne pas ! »

Ceci précisément, Horace n'avait pas besoin qu'on le lui dise. Il avait trop peur de ce qui les suivait pour se retourner. Il se portait bien mieux sans savoir ce qui remuait l'eau dans leur dos. Et surtout, il ne risquait ni de perdre du temps inutilement, ni de noyer tout ce qui lui restait d'espoir.

Lorsque le sol redevint plat et le niveau de l'eau s'amoindrit pour atteindre à peine ses chevilles, le garçon fut gagné par un nouvel entrain. L'absence de résistance lui fit se découvrir une énergie nouvelle, et il put enfin accélérer. Ainsi, Andréa n'avait plus besoin de le tirer derrière lui, il était capable de courir librement. Même s'il ne lâchait pas pour autant son poignet.

Le mécanicien ignorait littéralement où ils étaient et où ils allaient. Mais il portait en son compagnon une confiance aveugle. C'était lui son guide. Ses yeux. Son odorat développé pour sentir le danger avait largement fait ses preuves précédemment, et Horace espérait que cela lui suffirait pour cette fois.

Sauf qu'il se trompait. Et il ne le réalisa que quand Andréa stoppa net le mouvement et lui souffla :

« Merde. Un cul de sac... »

Sérieusement ? Ils avaient fui aussi longtemps pour se retrouver ainsi bloqués ? Le sort devait se jouer littéralement d'eux, c'était la seule explication ! Sinon, comment expliquer qu'ils se soient retrouvés dans une telle situation après autant de péripéties ? Si ça se trouvait, c'était la mort elle-même qui avait quelque chose contre eux et mettait tout en œuvre pour les ajouter à sa liste !

Alors que l'étreinte se resserrait autour de son articulation, Horace se retrouva tiré vers la droite jusqu'à une carcasse dont l'odeur lui arracha une horrible grimace de dégoût. Forcé à s'accroupir juste derrière, la vision gênée, mais néanmoins permise par les côtes du squelette, il ne put qu'attendre son heure, doutant cruellement que cet abri de fortune ne soit suffisant.

Après tout, n'était-ce pas leur propre odeur, et surtout la sienne, qui attirait les zombies d'ordinaire ?

Si le contact du corps d'Andréa contre le sien avait quelque chose de rassurant, dans une situation aussi désespérée que la leur, elle ne l'aida pas à ralentir le rythme pressé et saccadé de son cœur ni ses tremblements. Ils étaient de nouveaux pris au piège. Coincé entre le mur et une ossature en piteux état. Avec un prédateur qui approchait par la seule sortie de la pièce qui deviendrait leur tombeau.

Leur devenir semblait sans issue.

Quand enfin, le monstre atteignit le centre de la pièce faiblement éclairée par le plafond de mousse, les yeux du mécanicien se posèrent sur la dernière chose qu'il verrait sans doute avant de succomber. Cette silhouette qui se découpait dans la lumière, il mit peu de temps à la reconnaître. Un crocodile. Un monstrueux et immense reptile. Mais ce n'était pas tellement ce qui était au centre de son attention. Ses yeux écarquillés étaient fixés sur les crocs qui s'échappaient de la gueule ouverte et dégoulinante de l'animal, et il déglutit avec peine en réalisant que, si sa dernière heure était venue, alors il ne mourrait pas sans souffrir un bon coup quand la mâchoire acérée se refermerait violemment sur son maigre corps. Et son visage devint livide.

Sauf que, quelque chose clochait. Pourquoi la bête ne s'était-elle pas déjà jetée sur eux, attirée par leur odeur alléchante ? Pourquoi ses yeux ternes restaient immobiles tandis qu'elle tournait la tête de droite à gauche comme pour les chercher ? Un doute se mit à l'envahir et une hypothèse folle germa dans l'esprit du machiniste. Et si leur poursuivant était aveugle ? Et si son odorat était absent ?

Tandis qu'il se redressait, envahi par une bouffée d'espoir face à cette révélation, il entendit à peine les mots qu'Andréa lui adressa. Car s'il avait vu juste, rien n'était perdu. Et bon dieu, il espérait cruellement qu'il ne se trompait pas.

Animé par l'envie de vérifier son hypothèse, Horace commençait à refermer sa main sur un débris d'os quand tout dérapa. A l'instant même où un énorme craquement extrêmement proche vint taper contre son tympan. Et quand il réalisa que ça venait du côté d'Andréa, que le monstre avait tourné sa tête dans leur direction en ouvrant grand la gueule comme pour former un sourire effrayant et dire « je vous ai trouvé », son cœur eut un raté.

« Tu crois qu'il nous a repéré ? »

Horace n'eut même pas le temps de répondre. Il n'eut même pas le temps de penser à quelque chose que déjà, le crocodile s'élançait droit sur eux. Le visage déformé par la terreur, il en avait presque oublié son hypothèse, quand le contact rude de l'os contre sa paume le rappela à l'ordre.

C'était le moment ou jamais.

Attrapant Andréa par le bras pour l'attirer rapidement dans une direction –et l'éloigner par là même de la zone d'impact–, il lança de toute ses forces l'ossement brisé dans la direction opposée. Puis il s'immobilisa, à moitié allongé dans l'eau croupie.

L'os vint s'éclater contre le mur dans un grand bruit. Si la bête s'était aussitôt figée, son ouïe aux aguets, elle ne resta pas ainsi bien longtemps ; l'ossement s'écroula sur d'autres squelettes qui firent écho au choc. Et alors, l'animal changea totalement de direction, fonçant vers l'origine du boucan pour aller refermer sa puissante mâchoire sur des os qu'il avait déjà rongé depuis longtemps. Un sourd grognement s'éleva dans la pièce quand le monstre comprit qu'il n'avait pas attrapé la proie vivante qu'il espérait, et il se mit à chercher avec sa gueule dans les dépris qui jonchaient ses pattes, espérant y déloger son futur repas.

Horace se redressa lentement, prenant le temps de réaliser ce qui venait de se passer. Il avait eu raison ? Son stratagème avait parfaitement fonctionné ? Il avait peine à le croire. Et pourtant, les faits étaient là et se déroulaient juste devant ses yeux. Désormais, un puissant soulagement l'envahissait, et il aurait pu en sourire s'il ne savait pas pertinemment qu'ils n'étaient pas encore sortis d'affaire. Se tournant alors vers son compagnon, il tenta de lui faire comprendre ce qu'il avait découvert sur leur poursuivant. Imposant tout d'abord un silence total à Andréa d'un doigt sur la bouche, il montra ensuite l'animal du doigt et mit ses mains devant ses yeux. Démontrant ainsi sa cécité, et par la même occasion, son point faible.

Puis, prenant d'autres débris de squelettes parmi ceux qui les entouraient au cas où et intimant son ami à faire de même, il se redressa extrêmement lentement pour se remettre debout sans faire le moindre bruit. Il avisa alors la sortie qui se trouvait à bonne distance d'eux.

Bon. Rien n'était encore gagné. Ils allaient devoir passer à côté du monstre sans faire le moindre bruit pour espérer lui échapper. Le tout en faisant attention aux os prêts à craquer sur le chemin. Cela s'annonçait être plus difficile que prévu. Mais néanmoins, ils avaient trouvé un moyen de survivre.


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MessageSujet: Re: 1889 | Pris au Piège [PV Andréa]   1889 | Pris au Piège [PV Andréa] I_icon_minitimeMer 16 Avr - 18:13


    L'arrière-train translucide de l'énorme reptile se dandinait lentement de droite à gauche, fouettant de sa queue blanche l'air putride qui les entourait. Andréa suivait ce mouvement de balancier parfait d'un air inquiet, les bras chargés d'os de toutes sortes dont la taille de certains laissait envisager que M. Croco n'avait pas été le seul de son espèce à fréquenter la tuyauterie parisienne.

    Suite au coup de génie d'Horace, les deux jeunes gens avaient eu un peu de répit, mais ils devaient à présent rapidement quitter les lieux, ce qui signifier rebrousser chemin avec un infime espoir de trouver une autre issue que la grille qui avait manqué de les noyer quelques minutes plus tôt. Se déplaçant le plus doucement possible, l'eau croupie qui les entourait n'en restait pas moins une importante source de ralentissement, sans compter ils étaient en plus contraints de surveiller chacun de leur pas, le sol vaseux risquant de les faire glisser à tout instant ; ce qui aurait été une catastrophe.
    Ce fut donc avec toutes les difficultés du monde qu'ils réussirent à se rapprocher de la sortie. À plusieurs reprises, le monstre aux crocs acérés s'était figé, semblant tendre l'oreille, certain d'avoir perçu une information relative à de la nourriture. Mais à chaque fois un jet de tibia, d'omoplate ou autres vertèbres, le faisait détourner son attention des deux seuls êtres vivants qui pouvaient intéresser son estomac. Andréa fermait la marche et ce fut donc le mécanicien qui atteignit en premier l'embouchure par laquelle ils avaient pénétré cette cathédrale d'immondice.

    Pour son plus grand malheur.

    Jusqu'alors, il était à parier qu'aucun des jeunes garçons n'avait remarqué le courant l'air continu qui traversait le couloir pour s'engouffrer dans l'antre du monstre. Peut-être parce qu'il n'existait pas avant leur tentative de fuite, ou peut-être parce qu'un crocodile géant zombi affamé suffisait à satisfaire leur taux de malchance de la journée, c'est là un mystère dont la clef restera une énigme. Toujours est-il que cette bise innocente caressa de sa douceur la silhouette du machinisme, se chargeant de son odeur qu'elle emporta, traitreusement, pour la faire exploser dans la pièce.

    « Horace ! »

    Le cri d'Andréa fut couvert par un rugissement rauque, rapidement suivi de la charge du crocodile. Guidé par son seul odorat, il ne se laissa distraire par aucun leurre, fonçant droit sur le mécanicien à une vitesse incroyable. En une seconde, il était à leur portée et referma sa gueule gigantesque à quelques centimètres seulement d'Horace. Visiblement courroucé par cet échec, l'animal secoua violemment la tête de droite à gauche, heurtant alors sa victime de plein fouet. Visiblement content de sa touche et la pensant sonnée, il voulut immédiatement en finir. La mâchoire grande ouverte, il se prépara à entamer son repas qui avait dû atterrir non loin, lorsqu'un éclat d'os lui arriva dans l'œil. Cela ne le dérangea tout d'abord pas le moins du monde, mais lorsqu'un second, puis un troisième et enfin une pluie de projectiles s'abattirent sur lui, il fit volte face pour se défaire rapidement du parasite qui en était la cause. Ce dernier n'étant autre qu'Andréa.

    « Hé le pas beau ! »

    Décalé, presque au centre de la salle, le louveteau balançait avec acharnement tous les ossements qu'il trouvait sur le prédateur zombi, tentant, avec force de désespoir, de le détourner de son casse-croûte. Cela fonctionna. Sans doute trop bien, car la fureur du monstre résonna en un terrible écho sur les parois phosphorescentes, avant qu'il ne se lance dans un assaut monstrueux sur le jeune lycanthrope, tous crocs dehors.

    Le jeune loup, certainement mû par la folie au moins autant que par son instinct, plia les jambes, renforçant ses prises, et sortit de sous l'eau un os long et épais, solide comme un roc, qu'il positionna à la verticale. Il le maintenait de ses deux mains fines et tremblantes, mais avec la force du loup-garou, si bien que lorsque la gueule du monstre s'abattit, elle fut bloquée par le morceau de squelette. Andréa avait reculé de plusieurs mètres, les yeux fermés, emportés par l'élan de son assaillant. Pourtant malgré la force de ce dernier et l'eau qui lui glaçait les jambes, il avait tenu bon, retenant difficilement sa respiration lorsque le souffle bouillant du crocodile dispersa les mèches de cheveux trempées qui collaient à son visage. Durant quelques secondes encore, ni lui, ni l'animal de bougèrent. Puis, ce dernier sembla comprendre que quelque chose clochait et il redoubla de force, les muscles de sa gueule, se crispèrent avec rage sur le fémur, tandis que le bout de sa langue claquait d'indignation.

    Entre les mains d'Andréa, l'os craqua sinistrement, faisant ouvrir les yeux au garçon qui posa un regard terrifié sur la fissure qui s'étendait lentement sous ses paumes. Les battements de son cœur redoublèrent et ce fut haletant qu'il contempla la mâchoire terrifiante qui lui faisait face. Il fallait qu'il trouve une solution et vite. Immédiatement, le loup analysa les alentours à la recherche de l'instrument de son salut et ce fut sur une côte que toute son attention se porta. Il songea brièvement qu'il avait perdu l'esprit, mais une nouvelle fente, apparue sur l'os, le décida.

    Lâchant prise brusquement, il se jeta sur le côté, parcourut quelques mètre et s'échina à ôter sa nouvelle arme des restes de son propriétaire. Il réussit à peine à la dégager, que les crocs du crocodile se refermèrent dans un bruit sourd. Le louveteau lui fit aussitôt front, jetant un bout d'ossement à quelques mètres de son corps pour tromper son ouïe. Le mastodonte de précipita à l'endroit ciblé, refermant la bouche à quelques centimètres à peine du lycanthrope. Ce dernier employa alors toutes ses forces pour planter la côte dans sa gueule, dans un hurlement de rage animale qui s'éleva formidablement dans la salle. L'os pénétra dans la chaire du reptile si profondément, qu'elle lui troua la langue, mais pas assez pour lui fermer à jamais la gueule.

    La douleur de l'impact la lui fit, d'ailleurs, ouvrir d'un coup sec et Andréa, toujours accroché à sa côte, fut entrainé par l'impulsion. Il accomplit un splendide vol plané avant d'atterrir lourdement sur le dos de l'animal, puis glissa, sonné, pour retomber dans l'eau. La chance lui fit éviter de peu un coup de queue mortel, alors qu'il peinait à se relever. Non loin de lui, le monstre, tournait frénétiquement en rond, secouant la tête avec rage pour se défaire de la gêne qu'il sentait dans sa gueule. Ce ne fut pas non sans une certaine réussite, car il réussit à dégager sa langue et se prépara à repartir en chasse après un rugissement si glaçant, qu'il ne pouvait annoncer que la mort. Andréa ne réussit pas à apercevoir Horace, la tête lui tournait, et malgré ses tentatives successives pour retrouver ses esprits, il ne parvenait que difficilement à tenir debout.

    Soudain, un grondement, tout autre que ceux émis jusqu'alors par le crocodile, envahit la pièce. Il venait du haut de la salle où, lorsqu'il y leva les yeux, Andréa crut s'apercevoir que le sommet de la coupole comportait un trou. Il fronça les sourcils, tangua légèrement, mais même après une inspection minutieuse, il en arrivait à la même conclusion. Il lui sembla même voir une corde en descendre, avant que ses doutes ne se dispèrcent lorsque deux pieds livides sortirent de la pénombre de l'orifice. Son cœur s'emporta d'excitation, envoyant violemment le sang à ses tempes. Au même moment, un éclat de voix familière résonna dans la salle.

    « Tayauuuuu ! »

    Jon. Ils étaient sauvés !

    Le son fit lever la tête au reptile, qui ouvrit alors la gueule au maximum, prêt à joyeusement accueillir ce petit apéritif.

    Jon. Ils étaient fichus.


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