Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain. |
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| Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé | |
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Edward White l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS lMessages : 2449 Date d'inscription : 21/12/2010
| Sujet: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Dim 8 Jan - 18:31 | |
| Une heure du matin, le cabaret du Lost Paradise fermait ses portes. Tranquillement, les clients étaient invités à rejoindre le hall pour récupérer chapeaux et manteaux, avant d'être reconduits à l'entrée. Dehors, fiacres et coupés patientaient dans cette nuit glaciale de janvier. Aux naseaux fumants des chevaux s'ajoutait le martèlement irrégulier de leurs sabots sur le pavé parisien. Baignés par la faible lueur d'un lampadaire et des lanternes oscillantes des voitures, on distinguait à peine les silhouettes des cochers, emmitouflés jusqu'aux oreilles. Les cabs avalèrent un à un les fourrures et les hauts-de-forme, puis disparurent dans les ruelles voisines. Rien ne semblait manquer à cet habituel ballet du 52 rue Saint-André des Arts et pourtant. Depuis trois jours, le chef d'orchestre de l'établissement manquait à l'appel. Et pour cause.
– Atcha !!
Edward s'essuya la truffe d'un revers de manche après un reniflement disgracieux. Emmitouflé dans un vieux plaid en laine légué par Dolores, il regardait avec dédain le bol fumant que lui tendait Lûka, son chef de cuisine. C'était de la soupe. Une soupe de légumes d'après son horrible couleur verte.
– Même à l'article de la mort, je n'avalerai pas ça.
Lûka soupira. Doucement, il passa ses doigts sous ses binocles et se massa brièvement les yeux qu'il avait fatigués suite aux longues heures de service. Un nouvel éternuement de son supérieur lui fit relever la tête. Il fronça les sourcils et, avec fermeté cette fois, posa le potage sur le bureau du maître des lieux. Ce dernier frissonna, secoua vivement la tête et resserra un peu plus la couverture trouée sur ses épaules.
– J'ai été patient Edward, mais il est temps de vous soigner sérieusement. Je vous préviens que si vous n'avalez pas cette soupe ce soir, je vous la resservirai à chaque repas. Plus un seul morceau de viande ne franchira cette porte jusqu'à ce que vous soyez guéri. – Si vous pensez que… – Et n'espérez pas utiliser votre neveu pour parvenir à vos fins.
Silence. Puis Edward maugréa dans un ultime acte de résistance :
– Mais c'est moi votre patron… – Buvez votre soupe et allez vous coucher.
Lûka sortit, laissant le loup blanc seul face à son infâme repas. Il le remua sans conviction, malheureux de constater que son odorat sur lequel il comptait tant habituellement n'était même pas capable de lui confirmer l'odeur infecte que devait avoir cette soupe. Foutue crève. Trois jours qu'il l'avait dans les pattes. Trois jours qu'elle s'amusait à dérégler la température de son corps, pourrissait ses nuits et l'assommait le jour. Mais ce n'était rien à côté de l'impact qu'elle avait sur son flair. Lui dont la vue diurne laissait à désirer, avait pris l'habitude de la remplacer par sa truffe aiguisée, ce qui, en ce temps de disgrâce, lui donnait la désagréable sensation de ne plus être qu'un pauvre myope. Et tout cela à cause d'une innocente petite course à travers Paris. Mais était-ce sa faute s'il avait perdu ses chaussures ?! La réponse était oui.
Après une vive quinte de toux, Edward abandonna définitivement son potage sans même l'avoir goûté. La cuillère qu'il tenait retomba sur le bord du bol, il éteignit la lampe, quitta son bureau et avec lui la couverture qui lui ceignait les épaules. Il était fatigué, mais dormir lui faisait horreur pour l'instant. L'immense tapis persan étouffa son pas lent et frissonnant lorsqu'il traversa la pièce. Il passa devant un miroir, mais refusa d'y jeter un coup d'œil préférant s'éviter la vue de son minable reflet et ne s'arrêta que lorsqu'il fit face à sa bibliothèque.
Les tranches de cuir de nombreux romans défilèrent sous ses iris fatigués. Son choix s'arrêta sur la version allemande du premier tome des contes des frères Grimm. Il l'ôta de l'étagère et gagna le divan à quelques mètres à peine, n'ayant cure de se hisser pieds nus sur la table basse pour l'atteindre et s'y effondrer. D'une main distraite, il alluma la veilleuse de la table voisine, puis s'enfonça plus profondément entre les coussins. Rapidement, il sauta le récit du Petit Chaperon Rouge dont il détestait la nouvelle fin heureuse choisie par les écrivains allemands et débuta, recroquevillé comme un enfant, l'histoire de Blanche-Neige.
« Un jour de plein hiver… » - H.R.P:
Tudum ! Voilà Mademoiselle, j'espère que ça te plaira. Ce RP fait suite à une autre aventure d'Edward qui tu peux lire ici : Vivre [Libre]. Il n'y a que le premier post qui se déroule au Lost, mais tu peux peut-être en tirer quelques chose pour le RP si Mary en a été témoin. À toi de voir ! Surtout n'hésite pas s'il faut changer quelque chose.
Dernière édition par Edward White le Dim 3 Jan - 12:27, édité 1 fois |
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Invité
| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Lun 9 Jan - 20:30 | |
| Ce soir, c'était la bonne, cela faisait trop longtemps que Mu et Mary s'étaient échappés de la réserve de l'antiquaire mais ils n'avaient pas encore trouvé de lieu de remplacement où se poser. Ils étaient, depuis un peu plus d'une semaine, cachés dans un entrepôt de marchandise situé près des quais de la Seine. Seulement l'humidité ne faisait pas bon ménage à cette tête de bois qu'était Mu et Mary ne se sentirait en sécurité qu'une fois son Miroir entre quatre murs qu'elle occuperait légalement. Heureusement après toutes ces nuits d'escapade, une solution était aujourd'hui à leur portée. Ils avaient effectivement capté des rumeurs sur un cabaret d'un certain standing et qui, selon les dires de la rue et autres estaminets, a souvent comme client ou employé des êtres hors du commun, ou hors-norme, ou hors-monde, presque. De loin en loin ça ressemblait à la retraite idéale pour nos deux fugitifs mais même en interprétant large, les dires de trottoirs pouvaient très bien les induire en erreur, sans compter les risques de paréidolie verbale. Mary avait toutefois identifié l'endroit en inspectant son versant du monde : l'univers des reflets était en effet creusé à l'endroit cité. Cela pouvait être la conséquence d'une série d'histoires tragiques dans un même lieu ou alors une concentration de colifichets magiques, faux semblants illusoires et personnalités multiples. Encore un fois les dés tombaient juste et il fut décidé entre eux deux que Mary allait inspecter les lieux quelques temps, voir engager la parole si nécessaire avec le coryphée des lieux. Cela faisait donc à peu près cinq jours que Mary passait de miroir en miroir dans la bâtisse, observant chacun, prenant mille précaution pour ne pas se faire repérer et il lui semblait bien, mis à part deux chats qui feulèrent dans sa direction, au grand étonnement des humains présent à ce moment là, que ce fut une réussite. Mais la jeune spectre ne pouvait pas dire pour autant que ce lieu était parfait, ni même idéal pour elle et Mu : certes elle avait vu assez de scènes étranges ou énigmatiques mais rien qui ne pouvait lui confirmer avec certitude que c'était là un repère officieux de créatures fantastiques, et quand bien même ce sera le cas, ni qu'elle et Mu y seraient acceptés. C'est pour cela qu'elle avait identifié le manitou des lieux : un grand homme au corps jeune et aux yeux vairons. Son caractère parfois un peu dur n'était pas de nature à décourager la spectre mais c'était plutôt le poids clair-obscur qui accompagnait sa trace dans le monde du reflet qui l'avait incité à la prudence. Il avait quitté une fois le cabaret par une course folle qui avait laissé une telle trace dans le monde de Mary que cette dernière avait failli dire à Mu qu'ils feraient mieux de chercher ailleurs. Mais pourtant elle était là, à regarder le chef des lieux se faire servir de la soupe à son bureau par son cuisinier en titre. Trois jours en effet qu'il était malade et vraisemblablement depuis autant de temps qu'il refusait le breuvage, pourtant prévu pour le faire allez mieux, justifiant son refus par le mauvais goût de la solution, ce que Mary concevait comme proprement illogique. Peut-être que quelque chose lui échappait dans cette histoire, elle était dorénavant habituée à ce que certains pans des affaires humaines lui échappent. Il faudrait qu'elle l'interroge à ce propos à l'occasion, parce que pourquoi pas après tout ? Pour l'heure, l'homme s'était finalement trouvé un livre dans sa bibliothèque pour terminer la soirée par un peu de lecture. Mary pourrait lui laisser profiter de son ouvrage et attendre qu'il ait fini mais elle avait peur qu'il s'endorme sur ses pages. Et puis mince, entre une lecture et discuter avec elle, objectivement qu'est-ce qui était le plus intéressant ? « Si vous refusez le traitement de votre ami, il est normal que vous restiez malade ; ça a à voir avec votre course de l'autre fois ? »Pas terrible comme phrase d'accroche mais ça suffira, le but était surtout de signaler sa présence, surtout qu'elle ne s'était pas encore rendu visible. Le reflet renvoyé par le miroir se déforma brièvement, renvoyant aux articles que pouvait avoir un forain, parfois, pour amuser la galerie, puis l'image redevint normal, à ceci prêt qu'une jeune femme se tenait devant le patron du cabaret. Les mains jointes devant elle comme une personne demandant poliment une sollicitation, ce qu'elle était, au final. Bien sûr pareil image n'avait pas son pendant dans le monde réel, l'homme était bel et bien seul dans la place. Ou tout du moins il n'avait personne en face de lui, Mary était seulement visible dans le miroir. « Bonsoir, je m'appelle Mary et je viens vous parler en mon nom et celui d'un ami, je suis désolée de vous déranger si tard mais dans notre situation actuelle, on a décidé qu'il valait mieux vous approcher de cette manière. »Bon, c'était en parti faux, Mary n'était pas désolée, elle n'avait plus la fonction du temps et, si elle avait deviné qu'il était tard, sa considération s'arrêtait à cet état de fait. Mais elle avait conscience qu'il fallait qu'elle se montre polie et aimable pour ne pas froisser son interlocuteur qui devait, avec sa maladie et sa fatigue, rassembler les pires facteurs pour un patron lors d'un entretien d'embauche. Un mot méchant de sa part ou un grognement lié au comportement de Mary pouvait signifier pour elle et Mu un retour aux recherches pour un havre à eux deux ; voilà pourquoi elle y allait avec prudence. " Est-ce que l'on pourrait, hmm, parler un peu ? "Sans s'attendre à quelque chose de particulier, elle espérait que les quelques éléments qu'elle avait donné en introduction auraient matière à exciter la curiosité de son interlocuteur, et pas son hostilité. Elle n'avait pas fait attention à sa langue à ce moment là. - hrp:
voilà voilà, j'espère que ça te plaira o/ pareil n'hésite pas à me dire si des choses collent mal, que je puisse rectifier ma réponse.
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| | | Edward White l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS lMessages : 2449 Date d'inscription : 21/12/2010
| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Dim 15 Jan - 21:04 | |
| Le sursaut fut superbe. La mise en garde automatique, immédiate, changea l'homme en animal. En loup. Campé sur ses appuis, sur ses pattes, le poil dressé jusque sur sa nuque, les crocs serrés et la gorge grondante, il s'alluma dans ses yeux une flamme de sauvagerie.
– Qui est là ?!
Il s'était dressé d'un bond, jaillissant du divan tout de rouge avec la détente d'une bête, si bien qu'à ses pieds s'abîmait son livre. Tombé grand ouvert, l'ouvrage malheureux s'affaissait doucement sur ses pages que son poids pliait fatalement. On était loin de la robustesse des chevilles voisines dont les tendons saillaient nettement, disparaissant dans le muscle crispé de mollets puissants dévoilés par le mauvais pli du pantalon. Ce que l'on distinguait mieux c'était ses poings. Sa garde les tenait haut, serrés jusqu'au sang, prêts à cogner autant qu'à défendre. De qui ou de quoi ? Le regard fiévreux du loup ne parvint pas à le déterminer. Il cherchait pourtant. Ardemment, furieusement, il guettait un geste, une ombre, un son. Mais rien. Rien d'autre que les meubles inertes, la lumière blafarde de sa lampe et le silence d'une nuit d'hiver parisienne. Il fronça rageusement les sourcils et tint méchamment tête à son esprit fatigué qui caressait la douce et agréable pensée qu'il avait seulement rêvé.
Spectre, Djinn, Sylphe ou vulgaire démon transformé en cloporte, Edward passait en revue une liste d'ennemis invisibles lorsqu'un détail attira son attention. Quelque chose clochait avec son miroir, ou plus exactement avec son reflet. Il y décela d'abord des articles invraisemblables, un véritable bric-à-brac loin de l'ameublement soigné de son bureau. Alors il avança, certain que sa vue lui jouait des tours et plissa un peu les yeux. L'image se brouilla tout à coup.
Anormal.
Il recula, vivement cette fois. Toujours sur ses gardes, les battements de son cœur redoublèrent lorsqu'une silhouette se dessina dans la glace, en lieu et place de ce qui aurait dû être son reflet. Les traits, d'abord flous gagnèrent rapidement en netteté pour finalement tracer le visage long et sec d'une jeune femme. Elle parla. La voix était identique à celle qui l'avait fait sursauter et, cette fois encore Edward, l'entendit si distinctement qu'il se retourna pour s'assurer qu'il était bel et bien seul dans la pièce. Et il l'était.
Alors il observa l'inconnue avec insistance, suivit le mouvement de ses lèvres fines et roses, mais manqua certains des mots qu'elles prononcèrent. Puis remonta sur des pommettes noircies de taches de rousseur, se hissa encore jusqu'à deux yeux sérieux et profonds pour s'arrêter enfin sur une coupe courte qui durcissait ses traits. Elle avait les mains jointes et semblait attendre une réaction. Une minute supplémentaire fut nécessaire à Edward pour qu'il réussisse à articuler :
– Fascinant.
En deux pas, il combla la distance qui le séparait de son invitée ne la surveillant à présent plus que d'un œil. Le reste de son attention était entièrement consacré à cette nouveauté qu'il détaillait avec la curiosité d'un enfant. Du bout des doigts, il parcourut le contour du miroir, l'inclina légèrement à droite, puis à gauche, le souleva pour vérifier que rien ne se cachait derrière et quand il en fut certain, tapota du bout du doigt la vitre qu'il fut surpris de trouver parfaitement normale. Perplexe, il se gratta la joue, avant de croiser à nouveau le regard de la jeune femme. Là, ses joues s'échauffèrent et, comme s'il se rappelait brusquement des convenances auxquelles il était tenu, il bafouilla en se redressant tout à coup :
– Excusez-moi Mademoiselle. Je… Vous souhaitiez me parler ?
D'une main discrète, il réajusta le col de sa chemise habituellement cerclé d'une cravate à laquelle il avait renoncé depuis qu'il avait attrapé ce maudit rhume. Il passa un bouton à sa veste et tenta de la débarrasser de nombreux plis disgracieux causés par ses deux siestes consécutives en tirant légèrement dessus. Peine perdue, il le savait. Aussi chercha-t-il une dernière fois à sauver les apparences en dégageant sa figure des mèches noires qui y volaient en de joyeux épis. Ils se montrèrent heureusement dociles. Jusqu'à ce qu'il éternue. Alors il s'excusa et lui tourna brièvement le dos le temps pour lui d'essuyer sa truffe de son mouchoir. Quand il reprit le fil de leur conversation, ce fut avec la maigre satisfaction de ne pas avoir à supporter sa mine horrible dans le miroir. Il interrogea alors :
– Vous m'avez parlé d'un ami, je crois ? Est-il avec vous ?
Il se pencha un peu bêtement, espérant peut-être apercevoir quelqu'un par dessus l'épaule de la jeune personne, mais elle était seule. Pris d'un frisson, il étouffa une quinte de toux et chercha un soutien à son corps exténué. D'un geste qu'il voulut le plus naturel possible, il s'appuya sur le bord de son bureau et ferma une seconde les yeux en arborant cet air absent que prennent les hommes plongés dans d'intenses réflexions. Si cela lui permit de soulever une importante interrogation concernant son interlocutrice, ce fut absolument involontaire, car c'était avant tout un bref répit que recherchait Edward. La prise de conscience qui l'assaillit fut cependant si soudaine et si cruciale pour lui, qu'elle le redressa tout à coup et le jeta sur la glace. De ses deux grandes mains, il attrapa le cadre de bois et animé d'un regard fiévreux, il questionna brusquement :
– Une minute ! Depuis combien de temps habitez-vous mon miroir ? - H.R.P:
Et voilou ! J'espère que ça te plaira. Surtout n'hésite pas si tu as besoin que je change quelque chose!
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| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Mar 17 Jan - 12:16 | |
| Une phrase qui sort de nulle part, comme cela, alors qu'on est au chaud chez soi le soir, forcément ça provoque sa petite réaction. Le patron du cabaret jailli de son fauteuil comme si son postérieur venait d'y trouver un clou. Garde haute, yeux sévères. Oulalala, ça sentait la bagarre. Heureusement que Mary était à l'abri ; enfin presque : il n'était jamais agréable d'être dans un miroir quand ce dernier se retrouvait brisé. Cela dispersait littéralement son essence et sa concentration et il lui fallait un temps fou pour se manifester à nouveau. A propos de se manifester d'ailleurs, il était temps qu'elle se rende visible, sinon l'homme allait retourner sa chambre jusqu'à plus soif.
Cela vint aussi avec des réactions de surprise de la part de l'homme mais au moins il perdit en quelques temps sa pose belliqueuse pour exprimer une grande curiosité envers l'être qu'était Mary. Qui, si elle était habitué à susciter ce genre de réaction, s'en agaçait toujours. Oui elle existait et alors ? Est-ce que l'on pouvait passer à autre chose, non ? Dans ces moments là, elle ignorait avec une superbe mauvaise foi le fait qu'elle avait eu un siècle pour s'habituer à sa propre existence et qu'elle ne laissait pas à d'autre cinq minutes pour faire de même.
En plus, tout à ses tâtonnements et vérifications, l'homme toucha du doigt le verre du miroir, ce qui déplut à la spectre qui ressenti en un frisson l'essence de l'homme : une impression de dichotomie prononcée. Un mélange de bestialité et de contrôle, mâtinés de bonnes intentions. Elle pouvait se tromper, car son sens du toucher n'était pas très précis mais l'homme était probablement lunatique. Ou alors il cachait quelque chose d'un peu plus fantastique. Si Mu et Mary ne s'était trompé au sujet du Lost Paradise, le patron de cet établissement était sans doute plus qu'un simple humain.
Conscient du gêne qu'il avait provoqué ou alors tout simplement parce qu'il venait de remarquer qu'au final, il avait affaire à une dame, et que son attitude à lui ne sied guère à un gentlemen du monde. Il se reprit, tenta de remettre, plus ou moins en vain, ses vêtements en ordre, se rappela de ce qu'elle lui avait dit quand elle avait prit la parole, et répondit :
– Vous m'avez parlé d'un ami, je crois ? Est-il avec vous ?
Bon, Mary se doutait bien qu'il fallait qu'elle explicite un peu mieux sa situation à elle et à Mu, et elle n'aimait pas ça car habituellement, c'était à elle qu'on exposait des situations avant de demander son aide ; ce retrouver dans la situation inverse lui retournait le ventre, en plus de l’ego.
« Non, il m'attend quelque part dans Paris, on s'est caché... Oups, elle était vraiment nul à ça, bon dépêche toi tu vas le perdre, on était détenu dans la réserve d'un antiquaire ou un collectionneur, je ne sais pas, mais on a fini par s'enfuir et depuis, on traîne dans les rues. C'est là que Mu a entendu parler de votre établissement et que l'on s'est dit que l'on pouvait peut-être vous rejoindre. Mu c'est mon ami, c'est un 鎮墓獸.» Ajouta t-elle obligeamment. Oubliant quelque peu qu'elle répétait là un terme chinois que Mu lui avait dit et qu'elle prononçait mot pour mot sans savoir que la barrière de la langue (notion quelque peu floue quand on est un spectre) allait limiter la compréhension de son interlocuteur.
L'homme s'était adossé à son bureau et l'écoutait. Ou alors il réfléchissait dans son coin. A la réflexion, cela devait probablement être ça car il se jeta sur Mary qui eut un mouvement de recul malgré elle quand il se jeta sur le miroir pour le prendre à deux mains.
Une minute ! Depuis combien de temps habitez-vous mon miroir ?
Ah oui, il fallait aussi en passer par là. Mary comprenait que l'on puisse tenir à son intimité et que l'on aimait pas l'idée d'avoir une spectre furetant partout dedans. Seulement déjà, Mary ne touchait qu'avec les yeux, et puis des intimités, elle en avait vu des dizaines, si ce n'est des centaines, donc au final cela ne voulait plus dire grand chose pour elle, mais allez expliquer ça à des gens. Pfffff...
Bon, il fallait quand même lui répondre, et dans une formulation qui ne le mettrait pas en porte à faux vis à vis d'elle, ce serait mieux pour la suite de la discussion. L'idéal serait bien entendu de lui mentir et de lui dire qu'elle venait d'arriver. Mais, et allez savoir d'où ça lui vient, Mary ne pouvait pas mentir, juste dire la vérité jusqu'à une certaine limite.
« Je n'habite pas dans vos miroirs monsieur (hmm... oui mais non : jouer sur les mots ne risque pas de répondre à sa question) mais je peux me déplacer de l'un à l'autre dans une certaine mesure. Cela fait quelques jours que j'explore votre établissement. Vous comprenez, il fallait que je sois sûre que l'on n'y verrait pas d'un mauvais œil les gens comme moi et Mu. Si l'on s'était trompé, on nous aurait renvoyé chez l'antiquaire... »
Bon, restait à voir si un peu de pathos saurait expliquer les actions de Mary et que l'homme ne lui en voudrait pas trop. Et puis les nuits restaient très fraîches en cette saison, cela pouvait infléchir son coeur, non ? Oui bon, ni Mary ni Mu ne sont sensibles à la température ambiante mais cela l'homme l'ignorait encore. Restait tout de même à attendre sa réaction.
Dernière édition par Mary Bloody le Ven 17 Mar - 18:23, édité 1 fois |
| | | Edward White l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS lMessages : 2449 Date d'inscription : 21/12/2010
| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Dim 22 Jan - 13:32 | |
| Récapitulons. Miroir. Antiquaire. Mu. Fuite du miroir. Non, fuite de l'antiquaire, puis se déplacer chez un autre collectionneur. Toujours pas. Alors traîner dans les Mu, dans les rues et… Mary. Elle s'appelait Mary. Ou Cary ?
Edward fronça les sourcils. Il relâcha le cadre avec précaution et se laissa retomber contre son bureau. Il croisa les bras et le silence s'installa. L'unique éclairage de la pièce, une lumière feutrée par un abat-jour bordeaux, donnait à l'échange le caractère intime et solennel d'une rencontre de la plus haute importance. Durant quelques minutes, l'observation tenace que le maître des lieux imposait à son interlocutrice et son parfait mutisme accentuèrent encore cette atmosphère, jusqu'à ce qu'il soit surpris par un brusque bâillement. Il le contint en portant une main à son visage, la passa ensuite sur ses traits tirés et, après avoir dégagé les mèches sombres qui lui tombaient devant les yeux, il essaya de mettre en ordre la grande quantité d'informations obtenue jusqu'alors. Lorsqu'il reprit la parole, ses mots furent hésitant :
– Mary donc…
Il se tut une seconde, attendit une protestation et poursuivit lorsqu'il fut certain d'avoir employé le bon prénom.
– Vous vous êtes introduite, à votre manière, dans mon établissement afin de trouver un abri pour vous et votre ami. Ami asiatique, je suppose. Vous avez silencieusement étudié les lieux en vous dissimulant de ses occupants et c'est parce qu'ils semblent correspondre à vos besoins que vous voici devant moi. Ai-je bon jusqu'ici ?
Ses iris dépareillés s'arrêtèrent sur ceux de la jeune femme. Il n'attendit pas même une confirmation, et se redressa. La situation était inédite. Elle demandait un moment de réflexion, mais l'exercice s'annonçait affreusement rude pour l'esprit embrumé d'Edward. Il avait épuisé ses forces dans cet ultime sursaut et son corps tout entier montrait à présent des signes de faiblesse. Un être raisonnable aurait reporté cet entretient sous de meilleures hospices, mais la mesure était une des qualités qui faisait le plus défaut au loup blanc. L'entêté animal traîna donc sa chair malade jusqu'au fauteuil le plus proche et, le retournant pour faire face à son invitée, il demanda entre deux quintes de toux :
– Dîtes moi Mary, qu'avez-vous appris ?
Il prit appui sur les accoudoirs du voltaire et s'y laissa tomber. Le soulagement se lisait sur son visage quand son dos trouva enfin une assise solide et confortable sur laquelle il pouvait s'appuyer. Il croisa doucement les mains sur son buste agité par une respiration plus rauque et plus rapide qu'à son habitude, puis ferma les yeux une dizaine de secondes à peine. Grave erreur. Il eut tout le mal du monde à les rouvrir et ce ne fut qu'après les avoir frotté énergiquement qu'il fut en mesure de s'adresser à nouveau à Mary.
– Sur le cabaret j'entends. Si vous êtes entre ces murs depuis quelques jours et que vous souhaitez vous y installer c'est que vous avez dû découvrir certaines choses. J'aimerais savoir lesquelles.
Il leva la main, lui demandant d'attendre une seconde pour répondre. Assaillit par une toux vive, Edward se plia sur son siège pour essayer de la contenir. Ce fut peine perdue. Son souffle diminua avec chacune de ses quintes, jusqu'à faire craquer le bois de l'accotoir sous la poigne de ce corps douloureux. Quand enfin sa crise se calma, ce fut avec la plus grande des prudences qu'il se redressa, enchaînant presque aussitôt avec l'espoir de couper court à toute remarque ou réaction de la part de son invitée :
– Commençons… par une question simple. Connaissez-vous mon nom ? - H.R.P:
Répondu o/ J'espère que ça te convient. Sinon n'hésite pas s'il faut changer quelque chose.
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Lun 23 Jan - 13:22 | |
| Un silence s'installa, suffisamment long pour mettre Mary mal à l'aise mais elle était mal placée pour l'interrompre. La balle était dans le camp de l'humain et celui-ci avait visiblement choisi de pousser cet état de fait jusque dans ses derniers retranchements ; ou alors il réfléchissait longuement, ou alors il était très fatigué. C'était possible, la spectre ayant un autre rapport à la fatigue que ses interlocuteurs, elle en oubliait parfois de prendre cela en compte.
« Mary donc… »
Elle hocha la tête en guise de confirmation, quelque chose dans le ton de l'homme faisait sentir qu'il allait continuer de parler après sa question :
Vous vous êtes introduite, à votre manière, dans mon établissement afin de trouver un abri pour vous et votre ami. Ami asiatique, je suppose. Vous avez silencieusement étudié les lieux en vous dissimulant de ses occupants et c'est parce qu'ils semblent correspondre à vos besoins que vous voici devant moi. Ai-je bon jusqu'ici ?
La reformulation était bonne. Mary hocha de nouveau la tête mais déjà, celle de son interlocuteur semblait être ailleurs. Il changea de position et alla s'asseoir sur son fauteuil.
Dîtes moi Mary, qu'avez-vous appris ?
Hmm ? De quoi voulait-il parler ? Il parlait d'elle en général ? De ce qu'elle avait vu dans le monde des reflets ? Ou alors...
Sur le cabaret j'entends. Si vous êtes entre ces murs depuis quelques jours et que vous souhaitez vous y installer c'est que vous avez dû découvrir certaines choses. J'aimerais savoir lesquelles.
Ah. C'était prévisible, mais un peu délicat à répondre. Des choses à dire, Mary en avait mais elle ne savait pas exactement ce que l'humain cherchait à apprendre. Il pouvait tout aussi bien sonder les capacités de la spectre mais peut-être cherchait-il à espionner ses employés. Mary était peut-être paranoïaque, mais elle lui prêtait à ce moment-là un air calculateur qui ne lui plaisait guère.
Après, vendre des secrets d'autrui ne lui causait aucun cas de conscience, mais elle se voyait mal de donner des informations sans savoir ce qu'elles valaient. Jouer à l'aveugle ne lui disait rien, elle préférait savoir ce qu'elle disait.
L'image de la spectre commença à devenir transparente, signe qu'elle était toute à sa réflexion et qu'elle en oubliait de rester visible pour ses interlocuteurs. La spectre se demandait s'il y avait moyen de temporiser la discussion tout en contentant son interlocuteur, mais ce dernier la dispensa de cette réflexion en toussant comme un damné. Bon il était définitivement malade. Pas que cela gênait Mary par ailleurs : à ses yeux, la fièvre ou les incommodités physiques n'entachaient pas les capacités de réflexion d'un individu, ni de sa disponibilité à discuter avec autrui.
« Commençons… par une question simple. Connaissez-vous mon nom ? »
Oui, bonne idée d'avoir un point où démarrer. De plus s'il s'agissait de lui dire des choses à son propos, elle pouvait y aller tranquillement. La spectre redevint entièrement visible :
--Et bien... dans la grande majorité des cas vos employés emploient un titre pour s'adresser à vous... ou les traiteurs vous donnent du « monsieur » voir « Monsieur White » mais j'ai entendu des personnes vous interpeller en vous appelant « Edward », notamment ce jeune homme que vous traitez très familièrement... Andréa, c'est ça ? J'ai pensé qu'il était peut-être votre fils vu vos rapports mais je n'ai pas remarqué de Madame White du coup je pencherais plutôt pour un cousin, un neveu ou un protégé. termina Mary, une main croisée sur son torse et l'autre en train de se tenir le menton, l'air presque fier de sa déduction de détective à deux sous.
D'aucun pourrait penser que Mary dépassait les termes de la question mais quand on était lancé... et puis un patron, ça appréciait les initiatives, non ? Enfin en général... et puis la spectre aimait le son de sa voix. Elle avait déjà bousculer des propriétaires qui n'avait pas encore la pleine mesure de ses capacités et, passer le moment un peu perturbant où elle révélait plus de choses sur eux qu'ils n'avaient pensé dévoiler, ils imaginaient très vite des moyens d'en profiter. Mary se demanda quel type de personnage « Edward White » allait se révéler être. - ps hrp:
Pareil, n'hésite pas à me prévenir si changements il doit y avoir, je ne suis pas entièrement familière avec tout le background autour du Lost donc il y a (ou aura) peut-être des passages bancales venant de ma part sur ces sujets là ^^'
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| | | Edward White l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS lMessages : 2449 Date d'inscription : 21/12/2010
| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Dim 29 Jan - 12:12 | |
| Un nouveau silence ponctua le bref échange entre Mary et Edward. Ce dernier croisa les bras sur son torse et arqua légèrement un sourcil à mesure que le temps passait sans qu'aucun mot ne soit soufflé. Son regard fatigué ne quittait plus le miroir, guettant un mouvement des lèvres qui tarda tant à venir, qu'il eut raison du peu de patience qu'il possédait. Il s'agaça de l'air fier qui poignait sur le visage de la jeune femme, au point de nettement s'agiter dans son fauteuil. Que pensait-elle avoir prouvé au juste ? Son nom n'avait rien de secret, du moins pas celui-ci, il apparaissait même régulièrement dans les journaux. Quant-à son neveu, n'importe quel artiste aurait pu en parler, le fait de le déduire n'avait rien de miraculeux. Il prouvait tout au plus qu'elle était une observatrice dans la norme, certainement pas une détective en herbe. Enfin, elle avait le maigre mérite d'avoir répondu à sa question. On progressait.
Un éternuement le secoua et rompit enfin leur mutisme partagé. D'un revers de manche, le loup s'essuya la truffe, puis reporta son attention sur la jeune femme. Elle attendait probablement qu'il reprenne leur discussion, mais celle-ci sembla soudain si ennuyeuse à Edward qu'il céda à l'envie de tourmenter un peu son invitée. Il reprit après s'être tranquillement accoudé à son assise :
– Je vous félicite Mary, vous avez vu juste. Andréa est bel est bien mon neveu et mon protégé aussi je suppose, lien de famille oblige.
Il marqua une pause très courte, pour ménager ses effets. Avec les années, jouer la comédie était devenue une seconde nature pour le loup blanc qui savait se montrer théâtral lorsque la situation s'y prêtait. Ce qui était merveilleusement le cas de cet entretient. Lorsqu'il reprit la parole, ce fut d'un ton volontairement déçu qu'il s'appliqua à appuyer d'un geste distrait de la main :
– En revanche concernant Madame White, ou plutôt ma compagne car nous ne sommes pas mariés…
Il leva sa main gauche, dépourvue d'alliance en guise de preuve.
– …vous faites erreur. Voyez-vous, elle est de faible constitution et ne supporte par l'air de la ville. Pour sa santé, elle réside donc dans notre maison de campagne où je la retrouve régulièrement.
Il était beau non ? Ce mensonge. Et totalement gratuit qui plus est. Sa seule vocation était de rendre cet échange un peu plus distrayant au regard du lycanthrope qui contint sans mal un sourire lorsqu'il ajouta en se détournant de son interlocutrice :
– Mais je suppose que vous ne pouviez pas le savoir.
Un soupir las et fabriqué de toutes pièces quitta ses lèvres joueuses tandis qu'il se réinstallait au fond de son siège. Il croisa ses doigts sur son torse et s'accorda un instant pour réfléchir au mieux sur la direction à donner à cette conversation. Qu'importait le résultat de toute manière. Si Mary demandait l'asile il l'abriterait, elle et son ami étranger. Trois jours, pas plus. Le temps d'effectuer quelques démarches auprès de la Curia pour leur trouver un toit sur du long terme. Le cas du miroir poserait peut-être problème, mais Edward savait que tout serait mis en œuvre pour ne pas séparer la demoiselle et son compagnon de route. Il n'en était pas à son premier « sauvetage » après tout. À moins qu'ils comptent tous deux travailler pour lui ? La question méritait d'être étudiée, mais le soudain mal de tête dont fut victime le maître des lieux mit à mal sa maigre concentration. La douleur lui fit sévèrement froncer les sourcils, il passa une main moite sur son visage et ce fut d'un ton involontairement brusque qu'il s'adressa à nouveau à Mary :
– Votre expédition entre mes murs vous a-t-elle apprise que le Lost n'est qu'un abri transitoire à qui le demande ? À moins de souhaiter y travailler.
Il porta sa main à sa bouche pour étouffer une quinte de toux, puis planta ses iris vairons dans ceux de son interlocutrice. Il poursuivit :
– Et que j'accepte de vous embaucher.
Un rapide coup d'œil à sa pendule lui apprit qu'il serait deux heures du matin dans à peine quinze minutes. La nuit s'annonçait horriblement courte, pourtant les minutes lui semblèrent soudain interminables. Edward laissa tomber sa tête encore douloureuse en arrière. Il inspira profondément avant d'abandonner d'une voix sans timbre, le regard fixé sur les poutres de son bureau :
– Cette fois, soyez convaincante Mary. - H.R.P:
Et voilou /o/ Bon, Edward a décidé de s'amuser un peu à sa manière. J'espère que ça te plaira. Surtout prend ton temps pour répondre, on n'est pas à la minute et n'hésite pas s'il faut que je corrige quelque chose o/
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| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Ven 17 Mar - 16:43 | |
| Cette tendance à laisser s'installer les silences dans la conversation commençait à rendre Mary nerveuse. Cela pourrait sembler paradoxal compte tenu du fait que, vivant dans un miroir, elle devrait être un parangon de la patience, mais en fait cela s'expliquait par le fait qu'elle parlait peu souvent à une personne (d'ailleurs en dehors de Mu ces derniers temps, elle n'avait cotoyer absolument personne) et du coup, quand elle avait un interlocuteur en face d'elle qui prenait son temps pour lui répondre, cela avait le don de l'irriter.
« Je vous félicite Mary, vous avez vu juste. Andréa est bel est bien mon neveu et mon protégé aussi je suppose, lien de famille oblige. »
Le Reflet avait du mal à comprendre en quoi le lien familial générait automatiquement une relation forte comme celle là mais elle avait compris depuis longtemps que les vivants y accordait une importance systématique, au point qu'elle se doutait que le cœur n'y était pas dans ces félicitations ; l'exploit n'en était pas un, ce n'était que de la déduction par trop banale pour justifier autre chose qu'une politesse de façade. Mary avait parfois du mal à déchiffrer certaines émotions ou sentiments humain, mais le cynisme, ça elle maîtrisait.
En revanche, elle s'était plantée en beauté pour la femme. Enfin en même temps s'il ne portait pas la fameuse bague et s'il ne vivait pas avec sa chaleureuse, aux yeux de Mary il n'y avait guère de différence entre sa situation et celle d'une jeune célibataire. En un mot comme en cent, elle trouvait qu'il trichait. Elle se retint de faire une moue boudeuse à la "c'est pas juste", ce n'était pas vraiment le moment. Et l'humain ne voyait peut-être pas du tout le problème que cela soulevait pour la logique de Mary.
Pareillement pour le lien familial, la jeune femme voyait mal en quoi l'air de la ville pouvait heurter la constitution des plus faibles. Certainement encore une affaire qui ne préoccupait que les vivants, la conscience de l'air et ses différentes versions avait intégré depuis longtemps la longue liste des concepts qui étaient maintenant étrangers au Reflet.
« Mais je suppose que vous ne pouviez pas le savoir. »
A ce moment là, Mary avait envie de répondre à ce qu'elle sentait comme une provocation et lui rétorquer qu'elle aurait pu faire le lien entre sa maîtresse recluse quelque part à la campagne et son départ plus que précipité du cabaret il y a quelques nuits de cela et l'acidité de la réplique lui déforma le visage pendant une fraction de seconde avant qu'elle ne se rétracta ; si cela n'avait tenu qu'à elle, elle aurait craché sa réponse mais elle devait penser à Mu. Elle ne pouvait se permettre de l'obliger à continuer son vagabondage hasardeux dans les rues de la ville pour une histoire d’ego. Si elle était fière de ses capacités, étant après tout tout ce qui lui restait, elle avait du mal à endurer le fait que l'on pouvait les remettre en question, directement ou indirectement.
A la place, elle se tint à une réponse diplomatique, associée à un geste las des bras signifiant qu'effectivement, elle ne pouvait pas quitter son miroir :
« Il est vrai que mes capacités d'observations perdent en efficacité passées les portes de la ville. »
Il y eu encore un silence (étudiée, Mary était prête à le parier) pendant lequel l'homme semblait réfléchir aux options possibles qui s'offraient à lui. La jeune femme avait du mal à les estimer mais sans doute étaient-elles multiples.
« Votre expédition entre mes murs vous a-t-elle apprise que le Lost n'est qu'un abri transitoire à qui le demande ? À moins de souhaiter y travailler. »
Erf... absolument pas ! Mais Mary eut le réflexe de n'en rien laisser paraître et de faire celle qui savait tout ça. Mais naturellement mon bon monsieur !
« Et que j'accepte de vous embaucher. Cette fois soyez convaincante.
« Cette fois », hein ? Mary ne releva pas là non plus, c'était inutile. Ses pensées tournaient à toute vitesse : Mu et elle étaient plutôt des sédentaires par nature et le travail ne leur faisait pas peur. Surtout que ça leur changerait après leur longue réclusion dans cet inventaire poussiéreux, Mary avait juste du mal à saisir la logique de l'employeur qui demandait au candidat de se vendre après leur avoir dit qu'il acceptait de les embaucher. Abus de langage ? Encore une subtilité qui lui échappait ? Il voulait certainement dire qu'il acceptait de l'écouter avant de se décider, c'était plus probable comme raisonnement ; et bien dans ce cas Mary allait parler :
« Vous êtes du genre à saisir les occasions quand elles arrivent, vous. Commença t-elle avec un petit sourire. Je veux dire : vous avez un Reflet qui s'infiltre chez vous le soir pour vous parlez et vous vous vous demandez très vite comment vous pourriez en tirer profit.
Vous connaissez déjà ou devinez l'essentiel sur mes capacités : dans un bâtiment comme celui là je peux m'y déplacer partout tout en restant indétectable (premier vrai mensonge, Mary passe ici totalement sous silence le fait qu'elle fait feuler tous les chats sur son « passage »). Il n'y a pas que les miroirs qui me servent de porte à votre monde, je peux aussi voir et parler à travers toutes les surfaces qui sont réfléchissantes, ne serait-ce qu'un petit peu. En tant que patron vous aimez avoir le contrôle sur ce qu'il se passe dans votre établissement, je me trompe ? Je peux largement vous aidez à ça, que vous teniez vos autres employés au courant de mon existence ou non d'ailleurs.
Quand à mon ami Mu... si aux premiers abords il peut sembler benêt ou un peu maladroit avec les gens, c'est parce qu'il a consacré tout un millénaire au seul travail qu'il avait jusque là. Vous conviendrez que l'on fait difficilement plus sérieux, fiable ou rigoureux ! En plus il ne travaillait pas n'importe où, il a protégé et entretenu pendant tout ce temps la tombe de son empereur défunt, ce n'est quand même pas rien ! Beaucoup de patrons -et vous en faîtes certainement partie- ont des employés de qualités aux multiples talents mais est-ce que l'un d'entre eux a un employé de classe impériale ? Termina Mary en espérant que les 鎮墓獸 étaient rares dans l'entourage de son interlocuteur sinon ses effets allaient quelque peu être plombés.
La jeune femme se demanda s'il fallait en terminer à partir de maintenant. En avait-elle trop dit ? Pas assez ? Elle avait envie de sortir du miroir et de secouer cet homme pour qu'il lui réponde plus vite, et si possible en allant dans son sens, mais elle ne pouvait pas exaucer ses propres vœux, dommage. Elle songea que terminer par quelques mots à propos d'eux deux serviraient de conclusion et ferait comprendre à l'homme qu'elle avait fini de parler.
« Pour être honnête, si on s'est échappé de l'endroit où on était retenu, c'est bien parce qu'on était enfermé, sans contact avec le monde extérieur. On n'en fera pas de même avec vous, on ne tient pas à vagabonder des années en cherchant quelque chose qui n'existe pas. Vous nous proposez un travail ? On sera vos employés les plus sérieux, vous pouvez compter sur nous là-dessus.
Il en déplaisait à Mary de parler ainsi car même si elle était sérieuse, elle avait trop de fierté pour admettre frontalement qu'elle et Mu avaient besoin de l'homme en face d'elle. Même si le message était sans aucun doute passé. Malgré sa fièvre et l'heure qui devait commencer à être tardive pour lui, son interlocuteur devait avoir gardé une grande partie de sa lucidité. La jeune femme se dit qu'en fonction de sa réaction, enfin surtout s'il les acceptait tous les deux, elle allait devoir s'entretenir avec lui de deux ou trois petites choses qu'il mériterait de savoir et qui la concernait. Oh trois fois rien bien sûr. Mais c'étaient des choses qu'elle préférait qu'il en ait connaissance maintenant plutôt que par hasard, dans un futur plus ou moins long. |
| | | Edward White l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS lMessages : 2449 Date d'inscription : 21/12/2010
| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Dim 2 Avr - 22:55 | |
| Quel extraordinaire ennui.
Edward en était arrivé à la conclusion que son bureau comptait neuf poutres. Six probablement taillées dans un même bois, car de couleur et motifs proches, trois autres récupérées sur un arbre différent peut-être un brin plus âgé. Le plus curieux c'était que ces deux types de poutres étaient mélangées. Il aurait été plus logique que les intruses aient été posées ensembles, mais ainsi disposées le doute était permis. Une anomalie qui eut la gentillesse de distraire le loup pendant que s'écoulait le débit de parole prodigieux et inintéressant de Mary. Il la laissa terminer, les mains croisées sur son buste soulevé par sa respiration rauque de malade, puis siffla d'un ton apathique :
– Vous auriez dû commencer par là.
Il enroula ses doigts autour des accoudoirs, puis releva doucement sa tête toujours bourdonnante et douloureuse. Après une quinte de toux, son regard se planta dans celui de son hôte. Un rictus railleur déforma le coin de ses lèvres tandis qu'il abandonnait :
– Un peu plus et je vous voyais me vendre un savon miracle en plus de votre larbin impérial.
Cela n'aurait eut rien d'étonnant. En écoutant le reflet, Edward avait eut l'impression d'entendre un de ces camelots batteurs de comptines, qui vous vendent du sel en le faisant passer pour une poudre divine. Le lundi elle soigne les rhumes, le mardi c'est un remède contre les maux de ventre et ainsi de suite pour chaque jour de la semaine. Ici, il suffisait de grossir la déclaration de son hôte pour obtenir le parfait argumentaire du charlatant. « Vous souhaitez contrôler votre établissement ? Le miroir Mary est LA solution à tous vos ennuis. Discret et efficace, il ne vous décevra pas ! Non remboursé en cas de casse. » Exagéré ? Peut-être. Mais pas tant que ça. Le sourire du maître les lieux envolé, Edward s'accouda à sa chaise et reprit sans quitter la jeune femme des yeux :
– Votre maladresse exaspérante prouve au moins que vous ne mentez pas. Nul doute que cela fait un long moment que vous n'avez côtoyé personne.
La fatigue et la maladie avaient eut raison de la maigre patience du loup. Ses paroles avaient dépassé sa pensée. Il ne s'en rendit pas compte, car toute sa concentration allait encore aux quelques mots glissés par Mary dans son interminable argumentaire. Alors qu'ils semblaient anodins, ils réussirent à hérisser le poil du lycanthrope dont la mâchoire se resserra soudain tant ils obsédaient son esprit. « Comment vous pourriez en tirer profit. » Il s'en moquait. « En tant que patron vous aimez avoir le contrôle sur ce qu'il se passe dans votre établissement, je me trompe ? » Oui. « Beaucoup de patrons -et vous en faîtes certainement partie- » Discours de sots. Un silence et le regard d'Edward se durcit jusqu'à devenir sévère. Il s'arracha de son siège. L'assise de bois chuta, tandis qu'il se dirigeait vers la fenêtre de son bureau.
– Je ne dirige ni un cirque, ni une de ces atroces foires aux monstres Mary. Si le temps passé caché entre les murs de cet établissement ne vous a pas permis de le voir, vous devriez passer votre chemin.
Il se sentait fiévreux et vacillant, mais le contact froid du verre sur ses paumes l'apaisa un peu. Ses iris dépareillés s'étaient perdus sur la rue vide. Il neigeait à présent. Le ciel couvert laissait à peine filtrer les rayons de la lune, mais ils éclairaient assez pour pouvoir distinguer la chute lente et douce des flocons. Un homme traversa. L'envie de sortir chatouilla les jambes du loup, mais un nouvel éternuement le dissuada de toute escapade. Il s'essuya la truffe, frissonna et abandonna sans réfléchir :
– Vous êtes des nôtres, pourtant vous avez l'air plus ignorante qu'eux.
Son souffle irrégulier embua un instant la vitre, puis Edward se tourna. Son attention à nouveau consacrée au miroir, il interrogea sèchement :
– Savez-vous au moins qui… ou plutôt ce qui vit entre ces murs ? - H.R.P:
Huala o/ J'espère que ça te plaira. À titre indicatif, si certains propos semblent un peu secs ce n'est bien évidemment pas contre toi, mais propre au RP.
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| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Mar 11 Avr - 17:22 | |
| Bon, le moins que l'on pouvait dire était que la diatribe de Mary n'avait pas rencontré un franc succès. Visiblement son manque d'expérience dans le domaine avait rapproché son discours de celui de n'importe quel vendeur de tapis un jour de marché, faisant de la prose pourtant appréciée par la reflet un charabia mercantile faussement enthousiaste qui avait vrillé les oreilles de son interlocuteur. Bref cela avait profondément ennuyé le maître des lieux, et ce dernier le fit savoir. Si déjà Mary avait du mal avec les critiques, fussent-elles indirectes, elle les supportait encore plus mal si celles-ci se basaient en partie sur les inconvénients liés à sa malédiction. C'était en effet un sujet sur lequel elle était très rapidement sur la défensive. Mais pire que tout, ce fut le traitement réservé à Mu. Mary ne savait pas qui était le plus à blâmer entre elle qui avait si mal présenté son ami au point qu'il en vaut au patron du cabaret d'avoir été inspiré par ces vilains mots ou si c'est bien l'homme en face d'elle qui était d'assez mauvais poil pour sortir un truc comme « larbin impérial » aussi aisément que ça. Si le but était de vexer, ça a marché : Mary aurait bien craché à ses pieds à l'évocation de l'insulte mais c'était difficile quand on avait son corps dans une autre dimension que celle de son interlocuteur, et elle n'avait même pas de corps à proprement parlé... « Votre maladresse exaspérante prouve au moins que vous ne mentez pas. Nul doute que cela fait un long moment que vous n'avez côtoyé personne. » En temps normal, Mary aurait sans doute esquissé un sourire sur son apparente incapacité à mentir mais avec ce contexte, la remarque était faîte pour la rabaisser ou la vexer et cela ne lui donnait pas envie de sourire. « Je ne dirige ni un cirque, ni une de ces atroces foires aux monstres Mary. Si le temps passé caché entre les murs de cet établissement ne vous a pas permis de le voir, vous devriez passer votre chemin. » Ah voilà, on y arrivait tout le temps, ça plus ses phrases suivantes traçaient le même schéma qui avait traversé beaucoup de gens qui avaient dialogué avec Mary à travers les âges : on attendait souvent d'elle un savoir qui semblait couler de source pour tout le monde mais qui au final était difficilement accessible à un être qui n'avait pas de contact physique avec le monde réel. Oui elle était « ignorante » dans le sens où elle était infichue de mettre un nom précis sur un type de créature fantastique (ou non), butait sur certains mots compliqués et était une catastrophe pour saisir des références historiques ou culturelles. En d'autres termes, elle était loin d'avoir un savoir encyclopédique parce que l'encyclopédie, il fallait pouvoir l'ouvrir justement. « Vous voulez que je vous dise ? Commença t-elle par cette fameuse phrase qui est souvent suivi par des phrases que l'interlocuteur n'aurait généralement jamais voulu entendre dire : « Si vous souhaitez quelqu'un qui puisse identifier chacun de vos employés afin de les ranger dans une case avec le nom de leur race dessus, évitez la personne qui a été tuée et maudite dans la foulée, qui ne peut pas ouvrir un livre ou sortir dans la rue quand elle le souhaite. Oui à beaucoup d'égards, je suis ignorante, si ce n'est plus. Et dans la majorité des cas je m'en moque, c'est comme ça et je n'y peux rien. »« Je ne sais pas qui ou quoi est votre artiste qui se fait appeler «Follet» sur scène mais je sais que vu depuis le monde du reflet, le décor est tout dilaté autour de lui, comme si un feu de bois se tenait à sa place. Ou qu'il y a une aura morbide autour de votre chanteuse Emerald. Même avec vous il y a des perturbations quand vous êtes dans les parages, à la fois sauvages et bestiales. Je vois littéralement tout au travers d'un miroir déformant, c'est à la fois ma seule expérience et le principal monde que j'ai connu pendant des années. Ma vie dans le monde des Reflets, c'est la seule chose que je peux véritablement apporter, et si ça ne vous intéresse pas, alors notre conversation est probablement terminée. »Elle eut ensuite un petit silence durant lequel Mary se calma et desserra autant les poings que les dents. Elle ne parlait pas souvent d'elle et encore moins en se plaignant de son sort comme cela mais les remarques de l'homme l'avait poussé à bout. Elle craignait fortement avoir définitivement grillé ses chances avec lui au vu de sa diatribe mais la reflet avait senti que de toute manière elle avait très mal commencé donc autant se lâcher un petit peu. Il faudrait qu'elle pense à l'avertir que si d'aventure il disait à nouveau du mal de Mu, elle hanterait son établissement jusqu'à ce qu'un professionnel l'envoie paître ailleurs. Oh, elle trouverait bien un moment pour glisser ça dans la conversation ! A condition qu'elle en ai l'occasion et que l'homme ne l'envoie pas bouter séance tenante après son coup de chaud... - hrp:
tout pareil o/ que du RP là dedans ^^ En espérant que cette réponse te convienne ^^
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| | | Edward White l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS lMessages : 2449 Date d'inscription : 21/12/2010
| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Dim 23 Avr - 21:44 | |
| Ouh le frisson d'horreur. Elle était fâchée. Coincée derrière sa vitre, la jeune femme avait haussé la voix, au point d'oser user d'un ton sec et quelque peu acerbe. Edward en aurait frémi ! Ou presque. Même à l'article de la mort, il n'était pas sûr qu'un miroir maudit soit en mesure de lui arracher le moindre sursaut de crainte. Et ce plus encore quand sa seule défense consistait à l'assommer à nouveau de paroles. Et quelles paroles ! Le récit de sa triste vie de trépassée arracha un soupir désespéré au lycanthrope qui retourna à son observation nocturne. La suite confirma ses craintes et l'exaspération le poussa à s'exclamer plus vite qu'il ne l'aurait souhaité, dans un large mouvement du bras :
– Pitié ! Que croyez-vous m'apporter que je ne sache déjà ?
Une quinte de toux lui coupa le souffle. Une longue minute lui fut nécessaire pour se reprendre et parvenir à apaiser sa respiration et la douleur lancinante qui lui martelait le crâne. Ses yeux mi-clos se posèrent brièvement sur la soupe narquoise et il dut réunir tout le sang froid du monde pour ne pas l'expédier à travers la pièce d'un revers de main. À la place, il essuya ses lèvres de sa manche, puis se redressa avec lenteur. Échevelé et pâle comme la mort, le regard qu'il adressa à Mary n'en était pas moins habité d'une fièvre bestiale. Sa gestuelle changea brusquement pour se rapprocher des mouvements sauvages qui l'avaient arraché à son divan. D'une démarche lente de prédateur il se rapprocha de la jeune femme sans jamais la quitter des yeux. Le silence parfait, rythmé par le lointain balancement de la pendule, ne fut brisé que par l'étreinte puissante de ses mains sur le cadre de bois.
– Mais nous pouvons peut-être remédier à votre vision trouble.
Il se l'était rappelé tardivement, mais à présent le tressaillement de son interlocutrice ne quittait plus ses pensées. Edward l'avait vu frémir lorsqu'il avait touché le miroir et ce souvenir venait de réveiller sa curiosité dévorante. Alors le lycanthrope opta pour un rapprochement osé et sans consentement mutuel. Oubliant pudeur et retenue, il appliqua sa paume toute entière sur la paroi, puis questionna son occupante les lèvres sciées d'un sourire carnassier :
– Voyez-vous plus net ainsi Mary ? Distinguez-vous les crocs immaculés de la bête ? Les sentez-vous prêts à déchiqueter votre nuque ?
Une dernière pression proche de fendre le verre et le loup retira sa main. La fatigue assombrit ses traits tandis qu'il reprenait d'un ton plus froid en redressant la chaise renversée plus tôt :
– Bravo Mary. Vous venez de découvrir que je suis un loup-garou.
Son regard passa lentement de la chaise à son hôte. Il l'aurait observée avec insistance si un éternuement n'avait pas perturbé sa concentration. Ses épaules s'affaissèrent et dans un souffle las, il expliqua :
– Vous et votre ami n'êtes pas seuls. Follet est un mage. Emerald une Banshee. Ici vous croiserez également des dragons, des fantômes, des djinns et bien d'autres créatures que vous n'avez probablement jamais osé imaginer.
Une sensation soudaine d’extrême chaleur poussa le loup blanc à défaire les premiers boutons de sa chemise. Il jeta un regard envieux à sa fenêtre, essuya d'un revers de manche son front qu'il craignait trempé de sueur, puis reprit en s'appuyant fébrilement sur le dossier du fauteuil :
– Si malgré mon caractère imbuvable vous souhaitez toujours travailler ici, il faudra vous intéresser à eux et à ce qu'ils sont. Car votre tâche ne sera pas de les surveiller, mais de les protéger.
Edward se sentit dangereusement vaciller, si bien que sa poigne se resserra avec force sur l'armature du voltaire jusqu'à la faire craquer sous sa paume. Il dut réajuster son équilibre avant de planter son regard dans celui de Mary.
– Est-ce clair ?
- H.R.P:
Vùalà ! J'espère que ça te plaira. Hésite pas s'il faut corriger un truc o/
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| | | Invité
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| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Mar 11 Juil - 22:22 | |
| Bon, on ne pouvait pas dire que sa petite poussée émotive ait rencontré un franc succès. Certes cette dernière était loin d'être prévue mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne pouvait pas déclencher quelques résultats. Peine perdue... ce nouveau patron semblait pour le moins opaque, caractériel oh ça oui mais Mary saisissait mal d'où lui venait ses sautes d'humeur. Son expérience lui disait que quand elle était à ce point dans le flou lors d'une conversation avec quelqu'un, c'était qu'entrait en jeu un élément ou une altération physique chez son interlocuteur qui lui modifiait sa manière d'être sans que la reflet ne pouvait deviner les tenants et aboutissements de la chose. Ce n'était pas tant qu'elle était dénuée d'empathie que le fait qu'elle avait perdu les souvenirs des sensations physiques, et donc de pouvoir déterminer comment fonctionnait la personne en face.
Il n'empêche, elle savait bien que les êtres humains normaux n'interrompaient pas leurs propres phrases pour le plaisir de régurgiter leurs poumons. Au moins cela arrivait généralement après une pique adressée au reflet, bien fait pour lui ! Toute cette méchanceté, ça devait vous déséquilibrer l'alchimie interne. C'était prouvé scientifiquement après tout, Mary était sûr de l'avoir lu quelque part -bien qu'elle n'était pas en mesure d'ouvrir le moindre livre- ou qu'on le lui avait dit... ou qu'elle l'avait inventé, qu'importe ! Ce qui comptait, c'était que cela était sûr...
Pour en revenir à la conversation, celle-ci avait prit une tournure un peu inquiétante, la faute à l'homme qui était en train de s'avancer de façon menaçante vers le miroir. La gestuelle était lente et précise tandis que le rythme était parfait, il devait s'entraîner ce n'était pas juste !
– Mais nous pouvons peut-être remédier à votre vision trouble.
Brrr... ses mains avaient beau tenir le cadre en bois du miroir, évitant ainsi un contact avec le verre, Mary sentait quand même des échos de son interlocuteur lui parvenir par vague. Des bouts de son être que l'on cache en soi parfois sans le savoir, toutes les choses que vous imprimez dans un miroir à chaque fois que vous vous posez devant, un reflet comme Mary pouvait en sentir des bribes en cas de contact direct avec le verre. Mais là la promiscuité immédiate de cet homme lui faisait déjà ressentir des ondées de son être. Surtout qu'il était en train de faire quelque chose. Enfin il venait surtout de poser sa paume en plein contre le miroir, il a du soupçonner ou deviner la capacité de Mary, s'était t-elle trahie à un moment de la conversation ?
– Voyez-vous plus net ainsi Mary ? Distinguez-vous les crocs immaculés de la bête ? Les sentez-vous prêts à déchiqueter votre nuque ?
« Voir » n'était pas le bon rêve mais oui, Mary ressentait pas mal de choses via ce contact prolongé. C'était brouillon, bestial, adrénalisant, suffoquant, mais ça lui suffisait. Surtout que les précisions orales de l'homme mettaient un cadre pour permettre à l'esprit de Mary d'analyser plus facilement les énergies qu'il déversait dans le miroir. Elle avait aussi ressenti les effets de sa maladie, l'effet incapacitant qu'elle avait sur lui et sa rage d'y être assujetti. C'était tout simplement trop en surface pour qu'elle y fasse l'impasse. De façon bien mieux caché, elle avait également distingué la part claire et humaine de sa personne : ce n'était pas un démon sous forme humaine ou une bête affublée d’oripeaux anthropomorphes mais bien un être entre deux natures qui laissait de temps à autre une inclinaison prendre le pas sur l'autre, un peu comme une lune. Habituellement Mary ne percevait pas autant de chose mais le contact prolongé de l'homme lui avait permit de ressentir plus que d'habitude. Elle se serait tout de même passé de la pression finale, qui lui avait suffisamment fait craindre pour l'intégrité du verre de telle sorte à ce que lorsque qu'Edward retira sa main, la silhouette de Mary s'était totalement floutée et commençait à spiraler vers les coins du miroir, comme si elle était sur le point de s'enfuir du reflet. Elle reprit contenance très vite quand elle le vit se retirer, mais pas assez vite pour révéler la crainte qu'elle avait eu. Autant les menaces avec ses crocs sur sa nuque, tout ça, difficile d'en ressentir de la crainte quand vous vivez dans les reflets, mais alors briser ou violenter un miroir où elle se trouvait, ça ça pouvait lui faire mal ! – Bravo Mary. Vous venez de découvrir que je suis un loup-garou.
D'accord d'accord, c'était noté. Elle avait entendu parler de ces êtres de loin en loin et en connaissait le principe général. Elle n'avait qu'à mémoriser les sensations qu'elle avait eu lors du contact à ce nom et ça y est, c'était imprimé. Mais tout de même, c'était assez rude comme pédagogie.
Vous et votre ami n'êtes pas seuls. Follet est un mage. Emerald une Banshee. Ici vous croiserez également des dragons, des fantômes, des djinns et bien d'autres créatures que vous n'avez probablement jamais osé imaginer.
Et bien tant qu'ils ne flanquaient pas chacun un coup de pied dans le miroir, Mary préférera leur compagnie à celui du lycan ! Et puis de nom, elle connaissait pas mal de race qu'il venait de citer. Surtout les dragons, elle en savait des choses sur les dragons, ils sont gros, crache du feu, garde des trésors, mange ceux qui répondent mal à leurs énigmes et pétrifie ceux qui croisent leur regard, vraiment, des tas de choses !
Si malgré mon caractère imbuvable vous souhaitez toujours travailler ici, il faudra vous intéresser à eux et à ce qu'ils sont. Car votre tâche ne sera pas de les surveiller, mais de les protéger.
Ici, l'oreille de Mary battit de l'air à une vitesse féline. Elle ne voyait guère de différence entre protéger et surveiller, les deux concepts requéraient les mêmes types d'actions pour être mis en œuvre, la différence tenait certainement à une appréciation sémantique propre aux humains. L'un dans l'autre, ils se compliquaient quand même beaucoup la vie. Bon, dans un souci de professionnalisme elle irait quand même demander plus de précisions à Mu.
Est-ce clair ?
Allez, parole lui était donné, si pour une fois elle pouvait éviter de se déprécier aux yeux de son interlocuteur, elle ne dirait pas non. Mais malheureusement elle senti comme une petite énergie la pousser en avant, certainement des résidus glanés lors du contact entre le loup-garou et le miroir, Mary n'avait aucun contrôle sur ce qu'elle ressentait ou conservait, et c'est donc avec une lueur dans les yeux pouvant aisément passer pour de l'excitation ou une poussée de malaria, que le reflet commença à parler :
« Très clair patron ! Vous en faîtes pas, j'en ai connu des chefs imbuvables, mais aucun d'eux n'était aussi « loup-garou » que vous. Vous êtes plus intéressants, quoi, je n'en ai connu qu'un seul qui était... extra-humain, si je puis dire. Et pour les autres, c'est gravé : protéger, pas surveiller, et à ce propos... et là le débit de Mary descendit, comme si ce qui lui restait à dire la gênait quelque peu. Pour les autres, vous allez leur dire pour... pour ma présence ? Je veux dire, moi ça me va, d'un côté comme de l'autre ,mais si possible j'aimerais être au courant de votre décision, vous vous doutez bien que ça modifiera ma façon de procéder.
Et d'un ton encore plus gêné, elle continua :
« Et sinon, je ne sais pas si c'est une bonne idée de vous dire ça mais je préfère être honnête avec vous, les menaces à base de crocs sur ma nuque, tout ça, c'est peu efficace en fait, parce que je suis -comment vous dîtes ? J'ai plus le mot, ah... « morte », c'est ça?- mais casser le miroir ou le malmener ça suffit amplement. Voilà, je tenais à vous le dire, ça me semblait plus juste. »
Un jour, Mary se remémorera cette conversation et identifiera les moment où elle avait eu une bonne occasion de se taire. Elle en ferait un bingo avec Mu, et elle gagnerait. Elle se sentait un peu idiote, elle espérait que ces quelques paroles n'allaient pas déclencher chez le loup-garou une réaction imprévue et indésirable. Pour l'instant elle avait seulement compris qu'il était caractériel et imprévisible, elle soupira... que de boulot en perspective. |
| | | Edward White l Dans l'ombre du loup l BIG BOSS lMessages : 2449 Date d'inscription : 21/12/2010
| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Sam 15 Juil - 13:47 | |
| Edward ne put retenir un soupir de soulagement lorsque Mary abandonna ses derniers mots. L'affaire enfin claire, semblait conclue. Il était deux heures du matin passé et la fatigue se faisait sérieusement sentir. Le patron du Lost Paradise n'aspirait plus qu'à reposer son corps endolori par les courbatures et déstabilisé par la fièvre. Toutefois, il tint bon quelques minutes supplémentaires, toujours appuyé sur sa chaise dont il fendait petit à petit le montant sous sa poigne solide. Il réunit ses forces pour lever une dernière fois la tête en direction de Mary et reprit la parole d'un ton qui avait retrouvé son timbre habituel, calme et froid :
– Ils seront tous informés de votre arrivée. Je leur laisserai libre choix d'ajuster leur chambre en conséquence de vos dons, mais le reste du bâtiment ne subira aucun aménagement.
Après la remarque faite à la jeune femme, il aurait été idiot de lui couper toute communication avec ses employés en masquant sa présence. À cette pensée, un doute s'attaqua à l'esprit embrumé d'Edward. Il resta un moment à fixer le miroir jusqu'à ce qu'une mèche de ses cheveux ne tombe devant ses yeux. Il la repassa lentement derrière son oreille, deux fois car elle se montra récalcitrante, avant d'ajouter avec fermeté :
– Vous avez de grosses lacunes concernant ce monde Mary et je vous conseille d'utiliser votre travail ici pour les combler. Faîtes vous des connaissances et des amis si vous voulez éviter les pièges d'un lieu habité par des êtres légendaires qui pourraient vous voir comme leur nouveau jouet.
Il était sérieux. Edward avait toujours un œil sur ses « troupes », mais la nature instable ou facétieuse de certains employés n'était pas à prendre à la légère, surtout lorsque l'on en ignorait le potentiel. Et même morte, cela n'y changeait rien. Enfin, la conversation apparaissant comme terminée au loup blanc, ce dernier entreprit de ranger sa chaise après un éternuement sonore auquel succéda un juron salé dans sa langue natale. Il n'eut pas même un regard pour sa soupe froide et, se penchant au-dessus de son bureau, récupéra l'étoffe de laine qu'il y avait laissé. Il pensait aller se coucher, quand un détail lui revint en tête et, constatant que Mary était toujours là, il s'adressa à nouveau à elle :
– Revenez ici demain avec votre ami, pour quatorze heures.
Il se tourna vers la porte de sa chambre et déplia machinalement la couverture qu'il tenait pour en retrouver le sens. Comme leur conversation lui revenait au compte goutte, une nouvelle question s'imposa d'elle même à son esprit. Alors roulant le draps entre ses bras plus qu'il ne le repliait, il interrogea en tournant la tête vers son hôte :
– Avez-vous besoin que j'envoie quelqu'un vous chercher ? Vous n'avez surement pas la possibilité de vous déplacer, mais je ne me souviens plus de ce qu'il en est de votre ami.
Excepté qu'il astiquait les tombes comme personne, Edward était passé complètement à côté de l'identité de l'inconnu. Vaguement, il eut en tête la mention d'une fuite de chez un antiquaire, mais peut-être avaient-ils seulement tous deux roulés joyeusement hors du chariot du marchand avant d'être récupéré par un gamin qui les aura jalousement caché dans sa cave. Sans raison, cela lui rappela une vieille comptine sur la course folle d'une galette dont la mélodie lui revint si nettement en tête qu'il en grimaça. Cette divagation était le signe évident qu'il était au bord d'un long et profond sommeil, aussi s'empressa-t-il d'ajouter de crainte de s'endormir au prochain clignement de paupières :
– Une dernière chose Mary. À l'avenir, évitez de donner votre point faible à votre patron. Sauf si vous tenez à ce qu'il en abuse ouvertement.
Cette fois, ce fut un bâillement qui ponctua sa phrase. Il le masqua du revers de sa main, écouta la réponse de la jeune femme d'une oreille distraite et, après avoir acquiescé, se dirigea vers sa chambre. Un dernier signe de main pour la jeune femme avec un « Bonne nuit » machinal et le loup put enfin espérer rejoindre son lit. - H.R.P:
Je ne sais pas ce que tu en penses, mais j'ai l'impression qu'on arrive au bout de cet entretien d'embauche. Mais n'hésite pas à répondre ou à me MP si tu as autre chose en tête, ou s'il faut modifier un élément o/
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé Mer 4 Oct - 22:53 | |
| Si Mary avait été un ballon gonflé à l'hélium, elle serait doucement en train de laisser échapper un doux sifflement au vu du tour que prenait la conversation : ça y était, le récif saillant en forme de « rentrez chez vous ! » était derrière elle et la nef clapotait maintenant dans les eaux des modalités de prise de poste, malgré deux ou trois choon rafalés comme des mises en garde :
Vous avez de grosses lacunes concernant ce monde Mary et je vous conseille d'utiliser votre travail ici pour les combler. Faîtes vous des connaissances et des amis si vous voulez éviter les pièges d'un lieu habité par des êtres légendaires qui pourraient vous voir comme leur nouveau jouet.
Dit comme cela effectivement cela ne semblait pas très agréable. Surtout que Mary connaissait très bien l'effet que cela faisait d'être le jouet d'une créature légendaire, et pour cause : elle n'avait jamais cessé d'être celui du Maître Miroir, même si sa présence s'était faîte extrêmement rare avec le temps. Il y avait également eu Said, cette momie égyptienne qui lui avait joué quelques tou... oups la gaffe... elle aurait peut-être du parler à monsieur White du Maître Miroir, non ? Enfin ça aurait peut-être été une gaffe d'en parler dès le premier soir, va savoir. « Oui alors patron, merci pour le poste et tout ça, mais au fait j'ai oublié de vous dire que mon existence actuelle est déjà contractualisé par un type vaguement méchant et que ça risque de vous retomber dessus. » Décidément pas une bonne idée.
Avez-vous besoin que j'envoie quelqu'un vous chercher ? Vous n'avez sûrement pas la possibilité de vous déplacer, mais je ne me souviens plus de ce qu'il en est de votre ami.
Immédiatement, Mary eut la vision d'une chaise en baldaquin et de moult porteurs huilés et bronzés pour en assurer le transport sans trop savoir d'où ça lui venait. Cela semblait très protocolaire en tout cas. N'importe comment, Mu était capable de les convoyer tous les deux au Lost, aucun souci à cela et elle le fit savoir d'une courte phrase sans fioriture.
Une dernière chose Mary. À l'avenir, évitez de donner votre point faible à votre patron. Sauf si vous tenez à ce qu'il en abuse ouvertement.
Grmblblblbl... oui bien sûr, aux patrons ou à n'importe qui d'autre d'ailleurs ! Mais ce soir, Mary avait voulu gagner sa confiance, ou montrer qu'il avait la sienne. Qu'importe, c'était sans doute pareil. En tout cas la Reflet n'avait pas, sur le coup, trouvé d'autre moyen que de lui dire ça. Maintenant, au vu de sa réflexion qui ressemblait presque à une menace, elle commençait à regretter son choix...
Edward White était en train de repartir, l'entretien était manifestement clos. Ce fut donc bien sûr à ce moment là que Mary se rappela qu'elle avait également omis de lui parler des inscriptions sur son miroir... Rooooh, mais ça aussi cela pouvait attendre ! Et puis il finirait bien par les remarquer un jour. Probablement... qu'importe ! L'important maintenant était de rejoindre Mu et de l'informer qu'ils pouvaient se mettre en route pour le Lost Paradise. Dans les plus brefs délais bien sûr. Après tout, Mary n'avait qu'une idée très vague de ce que pouvait bien vouloir dire l'expression « pour quatorze heures ». Il faudrait qu'elle demande à Mu, tient. |
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| Sujet: Re: Reflet de l'âme [PV Mary][1889] - Terminé | |
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