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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]

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Edward White
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Edward White

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MessageSujet: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeDim 15 Sep - 18:11


    Méconnaissable. C'était le terme le plus approprié pour qualifier Edward en cet instant. Assis sur une des nombreuses caisses en bois, qui trainaient dans l’entrepôt, il patientait sagement. On lui avait demandé d'attendre là, son interlocuteur ne devait pas tarder. La pluie battait le toit en taules du bâtiment, percé ça et là, l'eau s'écoulait en abondance, noyant le sol poussiéreux qu'elle rencontrait. Il faisait frais, et l'unique source de chaleur se résumait à une petite lampe à huile vieille d'au moins dix ans, dont la lumière éclairait à peine à cinq mètres.
    Une léger nuage de fumée vint s'écraser sur sa vitre pour s'évaporer instantanément. En remontant cette fumée, on découvrait le bout rougi d'une cigarette, perdue entre des lèvres fines, celle du loup-garou.

    Edward fumait rarement. Cela lui arrivait lorsqu'il était stressé, énervé, ou lorsqu'il en avait la lubie, mais il se restreignait à trois ou quatre fois dans le mois, grand maximum. Selon lui le tabac consommé régulièrement avait un effet néfaste sur l'odorat et pour un lycanthrope cela n'était pas un élément à négliger.
    Il avait sorti sa panoplie de fumeur à l'occasion de cette soirée un peu particulière, songeant qu'elle serait du plus bel effet pour le contrebandier hongrois qu'il devait incarner. Ce n'était en rien d'un rôle de théâtre. Il était bel et bien seul dans un vieil entrepôt, attendant patiemment la venue d'un gang de hors la loi avec qui il devait discuter d'un marché factice.

    Ce délire avait pris corps quelques mois plus tôt, lorsqu'en étudiant la presse, il s'était aperçu qu'un légendaire œuvrait probablement dans ce milieux mafieux. Il ne savait pas encore tous les détails quant-à sa race, mais les soupçons qu'il avait se portait sur un non-humain bien connu des légendes des pays de l'est. Afin de prévenir à un possible massacre, le loup-garou s'était mis en tête de mener sa propre enquête, et ce soir il touchait au but.

    Comme à son habitude, il n'avait pas fait les choses à moitié. Vêtu avec la sobriété du peuple, un large chapeau dissimulait légèrement son visage dont l'iris rouge avait été masquée derrière un bandeau. Une pointe de maquillage lui donnait la trentaine passée, tandis que par un astucieux jeu d'attaches, sa queue de chevale avait complètement disparue, dissimulée par ses cheveux plaqués en arrière. Il n'avait plus rien de l'homme avenant qu'il laissait entrevoir au Lost Paradise, restait à savoir si cela suffirait à berner la pègre avec qui il avait rendez vous.

    Et quand on parle du loup…

    « Hello Mr. Volchkov ... Volt egy jó utat? »
    Bonsoir M. Volchkov… Avez-vous fait bon voyage ?

    Edward se redressa lentement, posant son regard sur l'homme trapu qui venait d'arriver. Il n'était pas bien grand et son visage était mangé par une épaisse barbe brune, mettant en avant un regard froid de tacticien. Bingo. Voilà son homme. Le lycanthrope dû contenir un léger sourire, plus qu'enchanté d'avoir vu juste. Il serra avec force la main que son interlocuteur tendait, répondant un peu sèchement, dans un hongrois parfait bien que teinté de l'accent transylvain :

    « Igen. Bár az út nem volt túl kényelmes... Mais ne pensez vous pas que parler en français simplifiera les choses. »
    Oui. Bien que la route ne fut pas très confortable...

    Un rire nerveux s'échappa des lèvres du nouvel arrivant, laissant au lycanthrope l'occasion d'admirer le manche du révolver qui pointait à sa taille. Lui n'était pas armé, il faisait suffisamment confiance à ses talents de combattant pour ne pas avoir à s'encombrer de toute une artillerie.

    « Vous avez bien raison. Il n'y rien de pire que les routes françaises. Mais c'est une chance que vous parliez la langue, je devais jouer les interprètes et cela ne plaisait pas trop à vot' interlocuteur de ce soir. Tout le monde se méfie de tout le monde ici.
    - Voilà qui risque de compromettre mon affaire… » Lâcha vaguement Edward, après avoir tiré une nouvelle bouffée de sa cigarette.

    Il avait pris le parti de délaisser son côté affable pour une personnalité plus froide qui correspondrait sans doute mieux au milieu. Il lui était encore difficile de cerner son interlocuteur qu'il assimilait vraisemblablement à la grande famille des vampires sans toute fois parvenir à en nommer l'exacte provenance. Il se rassit, et sortit de la poche de son veston une petite montre à gousset qu'il consulta d'un coup d'œil, avant de grommeler :

    « Est-ce une habitude française d'arriver en retard aux rendez-vous ? »

    Son nouveau compagnon s'assit face à lui, un sourire mauvais s'étirant brièvement sur ses lèvres. Il semblait pressé d'en finir avec cette réunion, et les coups d'œil rapides qu'il jetait aux alentours mirent Edward sur ses gardes. Cela n'annonçait rien de bon, il en était certain. La pluie continuait de s'abattre sur la bâtisse, dissimulant tous sons extérieurs. La lampe n'allait pas tarder à manquer d'huile, mais enfin, un bruit de pas les invita à se retourner.

    Son rendez-vous venait d'arriver…


Dernière édition par Edward White le Ven 6 Mar - 18:29, édité 4 fois
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Rose Walkson
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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeMar 17 Sep - 19:36

Un temps de chien. Une saleté de temps de chien.  Cela faisait à présent une bonne heure que la pluie battait les pavés parisiens à un rythme soutenu, détrempant tout : passants et bâtiments. Seulement, bien confortablement installée dans son fiacre, une dame demeurait au sec, observant le fourmillement de la populace dans les rues. Rose Walkson tira le rideau de sa voiture et entreprit d’allumer une cigarette, les mains tremblantes tant la colère bouillonnait en elle.  Pour une fois qu’elle était prête à l’heure pour un rendez vous,  il fallait que la pluie s’en mêle, ralentissant ainsi toute la circulation de la ville.  

Une fois sa dose de nicotine entre les lèvres, la demoiselle entreprit d’en tirer une énorme bouffée qu’elle laissa entrer dans ses poumons,  puis ressortir d’entre ses lèvres en une mince fumée blanchâtre.  À peine commençait elle à se détendre que le fiacre passa dans un nid-de-poule, malmenant ses passagers. Ce fut la goute d’eau qui fit déborder le vase. Ouvrant la fenêtre de l’habitacle d’un mouvement brusque, Rose sortit tout son buste par la fenêtre, laissant la pluie lui battre le visage sans aucune gène. Elle se mit alors à crier à l’attention du cocher, les traits fins de son beau visage déformé par l’agacement :

- «  Ecoutez moi bien ! Si vous ne vous dépêchez pas de nous mener la ou nous en avions convenus, je m’assurerais personnellement que vous ne puissiez plus conduire le moindre fiacre de votre vie. Ai-je été claire ? »

Le pauvre bougre, totalement trempé sur le banc du coche, hocha la tête d’un air apeuré foutant à nouveau ses chevaux.  Il ne doutait pas une seule seconde de la véracité des propos de la demoiselle qu’il transportait.

Rentrant son buste à l’intérieur du véhicule, la contrebandière lâcha une flopée de jurons. Le type avec qui elle avait rendez vous – un hongrois si elle se souvenait bien –  devait déjà être sur place.  Un rapide coup d’œil à sa montre à gousset lui indiqua qu’elle avait en effet une bonne dizaine de minutes de retard. Son regard bleu se durcit et sa mâchoire se crispa. Thomas, un de ses hommes de mains se rendit compte que sa patronne était au bord de la crise de nerf.

- «  Allons patronne, commença-t-il d’une voix qu’il voulait apaisante. On y sera dans dix minutes, vous en faites donc pas ! »

Si un regard avait pu tuer, nul doute que Thomas serait à l’heure qu’il est, gisant dans un cercueil sous la terre humide d’un cimetière. Autrement dit : mort. Les yeux bleu océan de Rose se rivèrent dans ceux marrons de l’homme qui se sentit immédiatement mis à nu.

- «  Ce que tu ne comprends visiblement pas, mon cher Thomas, siffla la contrebandière d’un air mauvais, c’est que je n’ai pas «  dix minutes ».  Averti le  cocher que nous descendons là. On continuera à pied, ça ira plus vite. »

Sans un mot, l’homme de main ouvrit la fenêtre et s’exécuta.  Quelques secondes plus tard, le fiacre était immobilisé au milieu de la chaussée, et une demoiselle blonde accompagnée de 4 hommes de tailles imposantes en descendait. Sans un regard en arrière, Rose ouvrit un large parapluie noir et se mit en route, passant par les petites ruelles sombres et zigzagantes qu’elle connaissait par cœur.

Au bout de quelques minutes, le bas de la robe de la belle était taché de boue ainsi que ses jolis soulier à talons, mais la contrebandière n’en avais cure : elle se trouvait devant l’entrepôt. La blonde consulta sa montre : quinze minutes de retard, c’était raisonnable non ? Au moins, était elle sure que son traducteur était déjà arrivé. Ce type ne lui inspirait pas confiance, avec sa barbe immonde et ses petits yeux vicieux, mais elle devait bien admettre qu’il était doué avec les langues. D’un claquement de doigts, elle attira l’attention de ses hommes.

- «  Viktor, Julian montez la garde autour de l’entrepôt. A la moindre chose suspecte on se casse c’est clair ? John,  Gabriel, vous venez avec moi. »

Dans une mécanique parfaitement rodée, tous prirent la place qui leur avait été assignée.  Viktor à l’avant de l’entrepôt devant la première entrée et Julian à l’arrière, devant la seconde porte. John et Gabriel encadrèrent Rose, tout en faisant cependant attention à rester un peu en retrait. La contrebandière pénétra alors dans l’entrepôt de sa démarche assurée et féline, ses talons claquant sourdement sur la poussière du sol. Elle repéra sans mal son traducteur et l’hongrois, faiblement éclairés par la lueur d’une lampe à huile. Ils l’avaient entendu entrer et s’étaient à présent retournés  pour se retrouver face à elle.  S’arrêtant à quelques mètres d’eux elle attendit quelques instants,  que l’interlocuteur la présente. Ce ne fut pas le cas.

- «  Siegfried, commença-t-elle d’un air courroucé. Au cas ou tu aurais besoin d’un petit rafraichissement de mémoire je ne parle pas hongrois, moi. Alors… »

Rose marqua un temps d’arrêt, puis repris d’un ton doucereux :

- «  Présente moi à ce monsieur espèce d’abrutit ! Sinon je peux te garantir que tu passeras une très mauvaise fin de soirée. »  

Ce n’était pas qu’elle était sur les nerfs mais … elle était sur les nerfs. Alors cet empoté avait intérêt à se manier l’arrière train et fissa ! Justement, la tirade de Rose fit réagir le traducteur qui se leva, susurrant mielleusement :

- «  Justement Mademoiselle Walkson, Mr Volchkov ici présent parle couramment français. »

Les sourcils de la blonde se haussèrent d’étonnement : tient donc, son client parlait français ? Fort bien, cela lui éviterait de perdre du temps.  Dehors la pluie tombait toujours aussi drument. Posant ses mains sur ses hanches, Rose ne bougea pas, détaillant rapidement le fameux Volchkov de ses yeux envoutant. Il devait avoir… Une dizaine d’année de plus qu’elle tout au plus. Un bandeau cachait  un de ses yeux et le reste de son visage était à moitié dissimulé par un chapeau à bords larges.  Soit. C’était un personnage plutôt mystérieux.

- «  Très bien, sourit elle, entortillant machinalement une de ses boucles blondes autour de son index. Dans ce cas Mr Volchkov, pourquoi ne pas rentrer directement dans le vif du sujet qu’en pensez vous ? »
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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeDim 13 Oct - 15:36


    Il ne serait pas raisonnable de retranscrire ici la première pensée d'Edward tant sa grossièreté ne saurait trouver une place dans ce récit. Il fallait dire que la surprise était de taille pour le lycanthrope, persuadé de passer sa soirée en compagnie d'une bonne dose de testostérone. Pourtant on ne pouvait faire plus charmant brin de fille. Pas bien haute, plutôt fine, mais dont le pas assuré, encadré de deux gorilles, ne laissait aucun doute sur la poigne de leur supérieure. Le voilà bien. Ses contacts avaient laissé sous-entendre une rencontre avec un mafieux de la pire espèce et il se retrouvait nez à nez avec une dame. Quoi qu'en entendant sa voix ferme et acerbe, il en venait à se demander si la description qu'on lui avait faite ne s'appliquait pas tout à fait à ce petit bout de femme au vocabulaire fleuri.

    Son traducteur se leva et le présenta, Edward s'était également redressé, surplombant de bien plus d'une bonne tête la nouvelle venue, sans qu'elle s'en trouve décontenancée. Il ne se risquerait pas à la sous-estimer, bien placé pour savoir à quel point le beau sexe pouvait être impitoyable lorsqu'il le désirait, et préféra se décoiffer devant la dame, sans toute fois ouvrir la bouche, la laissant entamer le bal avec curiosité. Ce qu'elle fit sans perdre de temps.

    Le lycanthrope arqua lentement un sourcil face à l'empressement ferme que marqua la jeune femme à engager les pourparler, agrémenté d'une gestuelle des plus enfantines qui tendait à la faire paraître pour une innocente. Il jeta un rapide coup d'œil à Siegfried, afin de s'assurer du sérieux de la scène, mais la petite moue cupide que le traducteur arborait ne fit qu'accroitre ses suspicions à son égard. Enfin il se décala et tira une dernière bouffée de sa cigarette qui s'échoua sur le sol humide, puis indiqua à son interlocutrice leur table de misère :

    « Ce sera parfait Miss Walskon, je vous laisse prendre place. »

    Il s'installa à son tour, prenant soin de détailler la jeune femme plus soigneusement. Blonde aux yeux bleus, à peine la vingtaine… Comment une brindille pareille pouvait-elle s'être retrouvée dans ce milieu et surtout à un poste pareil ? Habituellement, les mafieux utilisaient les jolis minois comme le sien pour rapatrier les gros poissons, ou mieux, les faire chanter, mais celle-ci menait son propre trafic et nul doute que c'était une réussite. Son regard glissa brièvement jusqu'à ses hanches, cherchant la silhouette d'une arme, mais les plis et replis de la robe l'empêchèrent d'en affirmer la présence. Sortant son étui à cigarette d'un geste tranquille, l'ouvrit d'un coup sec et se servit avant de le lui tendre, lâchant d'une voix calme :

    « Dites moi, est-ce une habitude française d'armer ses interprètes ? »

    Se regard glissa sur le concerné, dont les lèvres se tordirent brièvement de haine, avant de s'élargir dans un faux sourire puant. Il écarta le pan de sa veste, dévoilant le manche du révolver aperçu par Edward un peu plus tôt et tenta une explication d'un ton qui se voulait sans âcreté :

    « Vous avez l'œil Mr. Volchkov, mais ce n'est qu'une mesure de sécurité. Une soirée comme celle-ci n'est pas à placer sous le signe de la confiance et…

    - Vous vous enfoncez, le coupa sèchement Edward tout en portant une nouvelle cigarette à ses lèvres. Je déplore vos manières et j'ose espérer, Mademoiselle, que notre affaire se déroulera sous des hospices moins sournois. »

    Ayant méticuleusement prévu le rôle qu'il avait à jouer, Edward s'était longuement documenté sur les réseaux européen et par quelques astuces, il avait rassemblé le parfait nécessaire du petit mafieux, de quoi paraitre crédible au regard des dealers avec lesquels il devait négocier.
    Il sortit donc de sa veste un papier, qu'il déposa sur la table. L'entête hongroise, portait l’emblème d'une des familles les plus puissantes du pays, s'en suivait quelques lignes et une signature au nom de Gergő Kovacs, bien connu du milieu des trafiquants dans les pays de l'Est. Edward laissa la jeune femme détailler le document tout en expliquant posément :

    « Je travaille pour Mr. Kovacs, et si j'ai pris le risque de venir me fournir en France c'est pour la qualité de ce qu'elle offre. Nous nous occuperons du transport de la marchandise, tout ce que nous désirons c'est un fournisseur fiable. »

    Une bourrasque s'enfonça dans l'entrepôt, faisant dangereusement vaciller leur unique source de lumière. Le pluie s'intensifia brutalement, plongeant le bâtiment dans un vacarme désagréable, bientôt rejoint par un coup de tonnerre puissant. Le regard d'Edward se leva lentement vers le plafond percé d'où dégoulinait l'eau de pluie, songeant que, même lui, serait incapable d'entendre un coup de feu avec un boucan pareil. Ce qui ne le rassura guère, surtout lorsqu'il remarqua la lueur malsaine qu'arborait Siegfried, dont le coin des lèvres s'était courbé d'excitation sous son épaisse barbe brune.

    Ça sentait le coup fourré à plein nez…


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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeDim 30 Nov - 19:07

Rose ne se fit pas prier lorsque son interlocuteur la pria de prendre place. Dans un bruissement de dentelles et de tissu, la demoiselle s’installa face au hongrois, posant délicatement son regard lui.  Il l’observait. Peut être songeait t-il a un moyen de la duper ? Ou alors comme tout les autres intermédiaires qui la voyaient pour la première fois, il se demandait comme un si petit bout de femme s’était retrouvée à la tête d’un si grand réseau de contrebande. Ce qui était une question plus que légitime, la demoiselle reconnaissait volontiers.  L’homme en face d’elle sortit un porte cigarettes de sa poche d’un geste tranquille, se servit et le lui présenta. La contrebandière apprécia le geste et se servit à son tour, remerciant son client d’un hochement de tête.


Mais la réflexion du hongrois qui suivit presque immédiatement ce geste «  amical » fit tourner la tête de la blonde vers Siegfried. En effet, elle ne l’avait pas remarqué, mais le traducteur portait une arme, et pas mineure qui plus est !  Ce type avait un pistolet sans l’en avoir prévenue.  Cela agaça prodigieusement Rose, mais son agacement se transforma bien vite en colère à la suite de la repartie minable de son traducteur et de la réflexion suspicieuse de l’intermédiaire hongrois. De quel droit lui parlait on de la sorte ? Mais elle devait maitriser sa colère. C’était une grosse affaire qui était en jeu ce soir la, elle ne pouvait pas se permettre de tout ficher en l’air à cause d’un d’un de ses légendaires accès de colère.

- «  Soyez assuré, Mr Volchkoz, que notre affaire se déroulera parfaitement dans les règles qui ont été fixées préalablement. »

Rose se tourna alors vers Siegfried et le lorgna d’un œil mauvais. Les personnes autour d’elle auraient pu, à cet instant précis, la comparer a un animal féroce près à bondir sur sa proie pour la déchiqueter, toutes griffes dehors. L’interprète  tiqua un peu mais tenta de dissimuler sa gène sous un autre de ses sourires fétides, attendant la remarque assassine de la chef.

- «  Siegfried… Quant à toi … Je te jure que si tu fais un pas de travers dans l’heure qui suit, si tu respire ne serais-ce qu’un peut trop fort … Je te fais briser la nuque et je te laisserais pourrir au bord de la tamise. Pigé ? »

La belle n’attendit même pas la réponse de l’intéressé. Elle se retourna vers Volchkoz et inspecta méticuleusement les papiers qu’il venait de poser sur la table.  L’entête était hongroise sans aucun doute. L’emblème en son milieu ne lui était pas inconnu. Elle n’avait même pas besoin de regarder la signature en bas de la page. Il s’agissait de celle Gergö Kovacs, un des trafiquants les plus influents des pays de l’est. Rose n’aimait pas beaucoup ce type. Il avait une réputation de grosse brute sans scrupules et aucune discrétion  ni délicatesse.  Mais l’offre qu’il lui faisait était des plus alléchante. Tout ce qu’elle avait à faire était de fournir  la marchandise. Ne pas s’occuper du transport l’arrangeait fortement, car sinon a chaque commande elle devrait se délester de quelques uns de ces précieux hommes pendant quelques jours.  Elevant la voix pour se faire entendre par dessus le vacarme que produisait les éléments déchainés au dehors de l’entrepôt elle déclara, un petit sourire aux lèvres :

- «  Je doit bien vous avouer  que votre offre est plus qu’alléchante.  Voyez vous Mr Volchkoz ne pas à avoir m’occuper du transport m’arrange. Mais vous devez vous en douter. »


La jeune femme marqua un temps d’arrêt,  posant son menton au creux de sa main, souriant à son interlocuteur. Du bout du doigt, elle dessinait de petit cercles sur le bord de la table. Puis d’un mouvement de tête, la blonde fit signe à John de lui apporter sa petite mallette noire. L’homme s’exécuta immédiatement et la posa  devant Rose. Celle dernière fit sauter les verrous d’une légère pression du  pouce.

- «   J’ai dans cette mallette un petit aperçu de la marchandise que je peux vous fournir.  Si vous voulez vérifier, tester ou je ne sais quoi d’autre comme conneries, je vous en prie, ne vous gênez surtout pas pour moi. »


Rose prit l’air le plus courtois qu’elle pu. Plus vite cette affaire serait conclue, plus vite elle pourrais rentrer chez elle profiter d’un bon bain chaud et peut être même, d’un peu de tranquillité pour une fois.


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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeLun 9 Mar - 20:11


    Devait-il vérifier ou non cette mallette ?

    La pluie battait le toit dans un vacarme assourdissant auquel s'ajoutait le choc régulier des gouttes qui, lâchant leur faible prise sur la taule mangée par la rouille, heurtaient le sol dont elles noyaient la poussière. D'un geste de la main, Edward donna un sort identique aux cendres de sa cigarette. Le temps qu'elles touchent le sol, il avait fait son choix. Sans un son, les restes calcinés du tabac disparurent dans une flaque sombre, troublant à peine le reflet faiblement éclairé du loup. Rapidement, un mégot rougeoyant les rejoignit, avant qu'un talon de chaussure ne l'achève sans un bruit.

    Lentement, Edward se pencha, il releva du bout de l'index le chapeau qui masquait son regard, qu'il porta sur son interlocutrice. Puis, il posa une main ferme sur la valise.
    Elle resterait close.
    Décision logique. Saurait-il ou non faire la différence entre une vraie marchandise et une simple contrefaçon ? Certainement pas. Aussi, ce fut pour ne pas faire naître le doute, qu'il préféra se rendre aveugle sur son contenu.

    Son iris bleuté croisa ceux de Mademoiselle Walkson et il abandonna d'un ton calme :

    « Ez megy*. Je vous fais confiance. M. Kovacs a été clair sur la qualité que vous pouviez nous fournir, je n'ai pas besoin de plus. »
    * Cela ira.

    Puis se redressant, il retrouva le surplomb que son mètre quatre-vingts seize lui offrait et d'un geste très maîtrisé, qu'il ne voulut nullement menaçant, il extirpa une enveloppe cachetée de l'intérieur de son manteau. Un sceau rouge, aux armoiries de Kovacs, attestait de son authenticité et du fait qu'aucune petite main avare n'en était venue y ponctionner le moindre franc.
    En réalité, le pécule avait été soigneusement économisé par Edward depuis quelques mois et devait lui permettre d'investir dans une nouvelle machine à écrire, la sienne ayant esquissé un vol des plus correctes pour s'écraser sans forme sur son parquet. Mais il avait trouvé en cette occasion, le moyen d'utiliser son argent à de meilleures fins, si meilleures fins il y a à alimenter la pègre parisienne. Quant au cachet de cire... Une pomme de terre et l'adresse de son neveu à sculpter sans rechigner avaient suffit.

    Mais le plus dur restait à venir. Il devait pouvoir négocier un entretien en seul à seul avec l'interprète, ce qui risquait de ne pas être possible avant la fin de la transaction. Cela ne le dérangeait pas, mais l'attitude de plus en plus nerveuse de Siegfried mettait Edward sur ses gardes, et ce fut les sens aux aguets qu'il déposa l'enveloppe sur la valise.
    Au loin, l'orage gronda, une bourrasque se rua dans l'entrepôt, faisant vaciller dangereusement leur unique source de lumière. L'un de ses sursauts éclaira la face du traducteur, déformée par un rictus vipérin qui attisa un peu plus l'instinct animal du lycanthrope.

    Il fallait en finir et vite.

    Revenant à la jeune femme, il fit au mieux pour ne pas tenir compte de ce frisson qui lui glaçait l'échine, et annonça :

    « L'avance convenue. Si cela vous va, le reste vous sera remis lorsque la marchandise aura quitté votre entrepôt. Il faut encore déterminer la quantité que vous êtes en mesure de vous procurer. »

    Un nouveau coup de tonnerre, mais plus proche cette fois, fit légèrement frissonner les murs. Edward crut percevoir autre chose pourtant, mais l'écho de l'entrepôt était tel, qu'il lui était impossible de déterminer si son ouïe lui jouait ou non un tour. Du coin de l'œil, il scruta Siegfried qui se tordait convulsivement les mains. Lui aussi avait l'air aux aguets. Il jetait sans cesse de petits coups d'œil vers l'entrée et le loup-garou n'attendit pas longtemps avant de s'entendre demander :

    « Vous attendez quelqu'un Siegfried ? »

    L'interprète retroussa brièvement ses lèvres dans une grimace qu'il voulait polie, laissant tout le loisir à Edward d'admirer ses canines effilées. Il s'éloigna d'un pas de sa supérieure, craignant vraisemblablement son courroux, mais ne répondit à la question que par un gloussement rauque.

    L'orage gronda encore, suivi d'un coup de feu.

    Tout se passa très vite. Edward se redressa brutalement, tout son corps répondant par instinct à la détonation. Dans son emportement, il bouscula la caisse, sur laquelle la lampe à huile était posée. Elle culbuta et l'obscurité gagna la pièce avant même que le son du verre heurtant le sol ne se fasse entendre.
    Edward se maudit sur l'instant. Son regard se fit rapidement à l'obscurité, mais l'absence de Siegfried acheva de tendre ses muscles. Tout son corps se préparait à l'affrontement. Avec qui ou quoi, il ne le savait pas encore, mais ses poings serrés étaient près à frapper.

    Il fit un pas, couvert par le bruit assourdissant de la tempête qui grondait de plus belle. Puis, un murmure quitta ses lèvres, espérant trouver l'oreille de Mademoiselle Walkson :

    « Je suppose que vous n'attendiez pas de visiteur ? »

    Puis un cri. Inhumain. Quelque chose approchait.


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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeJeu 12 Mar - 12:12

Les cieux semblaient être déchainés ce soir, mais cela ne perturbait pas Rose.  La contrebandière se sentait même plus à l’aise ainsi, avec ce vacarme assourdissant causé par la violence des éléments dehors, aussi bizarre que cela puisse paraître. Elle laissait sa cigarette se consumer lentement entre ses longs doigts fins sans quitter un seul instant du regard, le hongrois qui se trouvait en face d’elle.  Ce qu’il venait de dire l’intriguait et la rendait un brin suspicieuse. Comment ca, il ne voulait pas voir la marchandise ? Tous les intermédiaires dignes de ce nom, et surtout ceux des Kovacs, qui étaient particulièrement méticuleux vérifiaient la marchandise. C’était la règle dans le milieu. Ce Volchkov n’était peut être pas très net….

Cependant, la blonde pris la décision de ne rien dire pour l’instant. Elle n’était sure de rien, et qui plus est, la lettre qu’il lui avait remise  portait bien le sceau de la famille Kovacs. Il ne fallait pas qu’elle laisse filer un gros poisson juste pour un simple soupçon.


- «  Très bien, comme vous voudrez monsieur Volchkov. »


Portant sa cigarette à sa bouche, la blonde inspira une grande bouffée de nicotine, laissant la fumée s’échapper d’entre ses lèvres roses.  A sa droite, se tenait Gabriel, guindé comme jamais dans sa veste noire. D’un simple geste de tête qui fit remuer ses boucles blondes, la contrebandière  fit signe au jeune homme d’attraper la nouvelle enveloppe dont s’était délesté  M. Volchkoz, à présent debout. Un petit sourire naquit à nouveau sur ses lèvres, ses yeux bleus se rivant dans celui visible de son interlocuteur.

- «  Je suppose que vous ne verrez pas d’inconvénient, à ce que je vérifie la somme contenue dans cet enveloppe n’est ce pas ? »


Dehors, le tonnerre retenti à nouveau, plus fort que jamais. Quelqu’un de superstitieux aurais pris cela comme un avertissement, comme l’approche d’une punition divine, d’un châtiment certain. Mais pas la contrebandière, qui, toujours confortablement assise sur son tabouret, écrasait sa cigarette sur la caisse qui lui servait de table. Se tournant vers son homme de main elle lui fit signe de faire sauter le cachet et de commencer à compter.

Laissant son regard vagabonder dans l’entrepôt, Rose attendait. Son sourire se transforma immédiatement en grimace lorsque ses yeux se posèrent sur Siegfried et son horrible allure. Il avait un attitude des plus étranges ce soir, pire que celle des fois précédentes.  Le petit rictus qui se peignit sur son visage après la question du hongrois le concernant, fit tiquer la blonde. Elle n’avait qu’une envie, c’était que ce type déplaisant sorte immédiatement de l’entrepôt les pieds devant.

- «  Siegfried si tu… »

Elle ne termina pas. Un coup de feu la coupa net, couvrant le bruit du tonnerre. Avant qu’elle n’ait put réagir et sans qu’elle n’ait pu dire comment, elle devint aveugle. L’entrepôt était plongé dans l’obscurité complète. La jeune femme, étouffant un juron, se leva comme un ressort. Etait ce un coup du hongrois ? Ou de Siegfried ? Qu’importe, dans tout les cas elle était mal partie.  Tentant de maitriser ses nerfs tandis que son cerveau tournait à cent à l’heure, Rose sortit son pistolet du repli  intérieur de sa robe. La voix de Volchkoz dans son oreille la fit sursauter. Elle pointa le canon de son arme à l’aveuglette dans la direction de la voix. Un grognement s’échappa d’entre ses lèvres.

- «  Volchkoz j’espère que ce qui arrive n’est pas de votre faute. Sinon, je vous promets que je vous bute, que vous fassiez parti du clan Kovacs ou non. »

Elle entendait derrière elle les respirations sifflantes de Gabriel et de John. Au moins ils allaient bien. Soudain un cri inhumain déchira l’air devenu lourd de l’entrepôt.  Puis des pas. Calmes. Réguliers. Tranquilles. Rose senti un frisson lui parcourir l’échine et étouffa un juron. Ils étaient des proies.  Puis les pas s’arrêtèrent. Ils étaient proches à présent. À peine à une dizaine de mètres d’eux. Rose ne voyait toujours pas grand chose dans cette obscurité qui semblait opaque. Jusqu'à ce qu’un nouvel éclair éclaire à nouveau l’intérieur de l’entrepôt  durant quelques secondes. Et la elle le vit. Cette fois ci le juron s’échappa sans qu’elle puisse le retenir.


- « Mais qu'est ce que c'est que ce truc ? »
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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeSam 27 Juin - 22:22

Le craquement distinct d'une allumette leur parvint. Il fut suivi d'une brève étincelle qui éclaira faiblement les doigts carrés de Siegfried avant d'embraser la mèche de la lampe à huile qu'il tenait. Il prit grand soin d'en augmenter lentement l'éclairage, illuminant petit à petit un de ses comparses, puis deux et un troisième. Une même mine, aussi menaçante que sournoise, animait ces quatre visages aux traits découpés par la lueur vacillante. Les reflets dansaient, autant sur leur peau grimaçante, que sur les armes à feux qu'ils tenaient pointés sur eux. Trois armes contre quatre, la différence n'étais pas excessive, mais largement suffisante pour assurer la victoire aux nouveaux arrivants. Le constat dut être le même dans l'esprit dérangé de Siegried, car un rictus victorieux marqua sévèrement ses traits. Pourtant ce fut vers les ténèbres extérieures qu'il se tourna.
Une cinquième silhouette émana de la pénombre, grande, sèche, filiforme. Ses pas étaient d'une langueur étrange qui lui donnait l'air de flotter. Edward la vit s'essuyer le coin des lèvres d'un geste tranquille alors qu'elle entrait dans le halo lumineux de l'interprète. Ce dernier bomba le torse avec fierté, annonçant :

Mademoiselle Walkson Monsieur, tout comme vous la souhaitiez. L'autre est un client, mais il ne nous posera pas problème, il a été assez stupide pour venir sans arme.

Un grognement sourd gagna la gorge d'Eward qui ne quittait pas des yeux le nouvel arrivant. Et lorsqu'un sourire carnassier s'étira sur le visage émacié de ce dernier, le loup fut certain de le reconnaître. Il étouffa pourtant son nom au plus profond de lui, devancé par le propriétaire du patronyme en personne :

Bonsoir Mademoiselle. Grigore, enchanté de faire votre connaissance. Vous me pardonnerez ces conditions un peu… Particulières ? Mais je suis sûr que vous comprenez. Chacun pour soi ? C'est ainsi que vous dites en France non ?

Chaque mot sorti de ses lèvres était d'une sécheresse sans nom que l'accent rendait plus coupant encore. Un accent roumain qui accéléra les battements du cœur d'Edward. Ce Grigore… Ils ne s'étaient pas quittés en très bon termes. Sa couverture risquait de tomber à l'eau, mais c'était bien là le dernier de ses problèmes. Car si Grigore apprenait qu'il était ici, il y avait fort à parier pour que le rendez-vous dégénère en véritable bain de sang.

Le donneur d'ordre adverse fendit d'un pas la barrière de ses hommes de main, toisant ses opposants avec un sourire qui n'avait rien d'avenant. Puis plantant son regard dans celui de la contrebandière, il siffla d'un ton chantant qui termina glacial :

Allons Mademoiselle Walkson. Soyez raisonnable si vous souhaitez pouvoir vivre encore un peu. Posez cette arme et dîtes à vos deux gorilles de faire de même.

Un signe de Siegried, et les chiens des révolvers assaillants furent ôtés dans un cliquetis commun qui arracha un frisson à Edward. Il observa toute la scène en silence, malgré l'envie furieuse d'en découdre qui agitait ses nerfs. Le bruit infernal de la pluie avait l'air du roulement du tambour qui précède une exécution. Grigore sembla ravi, et avançant calmement, il reprit d'une voix cruelle :

Vous n'allez pas me forcer à tuer l'un des vôtres Mademoiselle Walkson ? Enfin… Vous n'allez pas me forcer à tuer… À nouveau, l'un des vôtres. Car je crains que les deux gardes devant l'entrée ne soient plu en très grande forme. Hélas ! Que Dieu ait pitié de leurs âmes !

Il joignit ses mains, et les leva vers le plafond de taules en même temps que son regard sec de toute compassion, reprenant plus gravement cette fois, lassé d'attendre :

Celui de gauche.

Le coup de feu parti, produisant un écho interminable entre les murs de l'entrepôt, auquel se joignit l'exclamation douloureuse de John, blessé à l'épaule. La voix de Grigore résonna plus fort cette fois, ne laissant aucun doute sur sa détermination :

La prochaine fois je serais moins clément Mademoiselle Walkson. Alors dépêchez vous de me donner votre arme si vous ne voulez pas que la cervelle de son collègue se vide du peu de matières grises qui s'y trouvent !

Le ton impérieux interdisait la moindre hésitation.


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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeSam 7 Oct - 19:51

Rose réfléchissait à cent à l’heure. Extérieurement son visage ne laissait paraître aucune expression. Un visage de poupée de porcelaine, froid, lisse et parfait. Mais intérieurement elle brulait d’une rage si puissante qu’elle avait l’impression de se consumer.  Si ce type avait réellement tué ses hommes… non il ne fallait pas qu’elle y pense. Pas maintenant. Elle devait se concentrer. Il finirait par payer. Rose Walkson honorait toujours ses promesses. Et à cet instant elle se promis que ce foutu Grigore mourrait de ses mains. D’une mort lente et douloureuse. Ainsi que tous ceux qui étaient à son service.  Mais pour l’instant la priorité était de rester en vie.

La blonde leva les mains en geste de capitulation.

- «  Très bien Monsieur Grigore. Je pose mon arme. Mes hommes font de même.  »

Avec une lenteur calculée elle s’accroupit, posant son pistolet automatique sur le sol. Elle entendit John et Gabriel faire de même derrière elle.  Elle se redressa toujours aussi lentement, poussant son arme du bout du pied.  Elle jeta un coup d’œil à Volchkoz à côté d’elle. Il n’avait pas l’air d’être de mèche avec Grigore,  mais elle devait rester méfiante. Il fallait l’utiliser, il pourrait être utile.

- «  Bien. Maintenant que vous vous êtes assuré qu’une faible femme qui doit faire la moitié de votre poids et taille ne représente plus aucun danger pour votre personne vous pouvez peut être m’expliquer ce qui vous amène Monsieur Grigore … ? »

La voix de la blonde était innocente, suave comme du miel. Ses yeux bleus rivés sur ceux de son adversaire elle continua, enroulant une mèche de cheveux blonds autour de son index.

-«  Oui, parce que voyez vous, si vous semblez me connaître plutôt bien, en revanche, moi, je ne sais pas du tout qui vous êtes. »

La jeune femme soupira, fronçant le nez et les sourcils, l’air de chercher à qui elle avait à faire. Instinctivement, elle s’était placée devant ses hommes de manière protectrice. Ce type ne lui ferai rien. Il la voulait visiblement vivante puisqu’il ne l’avait pas encore tuée et se contentait de tenir un discours mégalo à souhait. Dans le milieu, lorsqu’on voulait la mort de quelqu’un on ne perdait pas son temps en paroles. On agissait.


- «  Un admirateur peut être… ? Un ancien amant jaloux… ? Non, vous ne pouvez pas être un ancien amant vous n’êtes vraiment pas mon type. »

Rose savait qu’elle jouait avec le feu. Mais elle tentait désespérément de gagner du temps.  Il fallait patienter jusqu'à ce que ses hommes arrivent. Dix hommes supplémentaires devaient venir en renfort si jamais elle n’était pas sortie de cet entrepôt au bout d’une heure. Cela en faisait trente qu’elle était partie. Seulement, elle ne savait pas si John tiendrait jusque là. Sa blessure avait formé une méchante tâche rouge sur sa chemise.  Si seulement Volchkoz pouvait  lui venir en aide d’une manière ou d’une autre…

Elle ne pouvait pas agir seule. Tout ce qu’elle avait était deux longues lames dissimulées dans les manches de sa robe. Si elle manquait sa cible, ils étaient tous morts. Il suffisait juste qu’il soit assez près d’elle pour en enfoncer une dans la jugulaire de ce type étrange.

Une idée germa dans son esprit. Il fallait faire comprendre à Volchkoz qu’il devait distraire ce type. Puis elle le tuerait. Lorsque la tête du serpent est coupée, le reste n’est qu’une corde. Un rayon de lune illumina faiblement l’entrepôt, à quelques pas de Rose. Les mains dans le dos la blonde s’avança vers Grigore

-« Alors ? Si vous me connaissez Monsieur Grigore vous savez que ma patience est très limitée… »

Les mains derrière le dos, elle passa dans le rayon de lumière laissant sa lame apparaître quelques secondes. Intérieurement, elle priait pour que Volchkoz et Gabriel aient saisi son message.

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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeDim 15 Oct - 18:52

De « compliquée », la situation venait de passer à « impossible ».

À la gauche d'Edward, un homme se vidait de son sang. À sa droite, la contrebandière et son dernier garde du corps venaient de déposer les armes. Face à eux, cinq individus, quatre armés d'un révolver et le dernier, probablement le plus dangereux, se contentant de leur dispenser un ignoble et glaçant sourire.

Grigore fit signe à Siegfried de récupérer les pistolets. Le petit interprète obéit avec précipitation et dans un gloussement de contentement tout à fait insupportable qui parvint à le rendre plus abjecte encore. Comme un bon petit esclave, il retrouva les pieds de son maître qui n'eut pas même un regard pour lui. Toute son attention était pour Miss Walkson dont il dévorait la silhouette de ses yeux métalliques, s'arrêtant régulièrement sur sa gorge de poupée. Ses paroles le firent rire, un rire effrayant de méchanceté et qui prit toute son ampleur en résonnant dans l'entrepôt désert :

« Je crois pourtant qu'il va falloir faire un effort très chère. Vous n'êtes plus vraiment en position de négocier quoi que ce soit. À moins que vous teniez à ce que ce soit moi qui perde patience ? Auquel cas je tuerai vos deux hommes de mains avec un très, très grand plaisir avant de me pencher sur votre cas. »

La lueur de la lame se dessina dans le dos de la jeune femme. Edward comprit, mais il lui manquait encore une ouverture. Son regard croisa celui de Gabriel et ils se mirent d'accord en silence. Grigore reprit :

« J'aimerai que vous transmettiez un message de ma part à Alexandre, mais j'ai besoin qu'il soit suffisamment explicite pour m'assurer qu'il ne remettra pas son nez dans mes affaires. Vous comprenez ? »

Il détacha de ses doigts squelettiques un bouton de sa veste et glissa sa main à l'intérieur, mettant immédiatement aux aguets le lycanthrope et les deux gardes du corps. L'homme prit son temps, ses traits secs toujours sciés de son sourire, et finit par retirer un poignard du fourreau qu'il dissimulait dans son dos. Le métal étincela d'un éclat rouge, comme embrasé par la lanterne tenue par Siegfried. Il la fit pivoter avec adresse entre ses doigts avant de poursuivre :

« Et comme nous sommes tous d'accord pour dire qu'un ou deux doigts en moins sur dix n'est pas si dramatique, je vous prierais – gentiment, notez le – de tendre votre main. »

C'était maintenant ou jamais.

« Elég ! »
Ça suffit !

Edward s'avança. Il récupéra la mallette pour laquelle il s'était soit-disant déplacé et fit face au quintet avec suffisamment d'aplomb pour s'éviter une balle en pleine tête. Ce fut soigneusement qu'il choisit son emplacement en s'arrêtant pile devant la jeune femme qu'il masqua ainsi brièvement de son immense silhouette. Il lui laissait quelques secondes, minutes peut-être, pour se préparer à l'abri des regards. 

« Je n'ai rien à voir avec cette histoire et je n'ai aucune envie d'être témoin de vos affaires personnelles. J'ai ce que j'étais venu chercher, je m'en vais.
Qui est-ce ? Interrogea sèchement Grigore.
Je suis face à vous pourquoi ne pas me poser directement la question ? répliqua Edward d'un ton glacial.
C'est Vladimir Volchkov, murmura Siegfried. Il travaille pour Kovacs. »

À ce nom, le sourire de Grigore se transforma en une grimace. L'idée de se retrouver avec la plus puissante pègre hongroise sur le dos n'eut pas l'air de l'enchanter et il fit signe à Edward de déguerpir. Le loup blanc ne se le fit pas dire deux fois, et fendit le petit groupe de hors-la-loi en écartant deux des hommes de leur antipathique supérieur. Une dizaine de mètres le séparait de la sortie, mais il n'en franchit que deux avant de se retourner.

D'un geste ample, il releva violemment la mallette et fit sauter l'arme de l'individu le plus proche. Son collègue retourna son révolver, mais le temps lui manqua pour viser. Le coup de feu parti, retentissant, mais ne fit qu'un trou supplémentaire aux taules délabrées. Son nez craqua sous le poing d'Edward et il s'écroula. À sa gauche, deux pistolets se brandirent dans sa direction. Le premier retomba aussitôt, son porteur avec. Gabriel avait mis la main sur l'arme perdue et fait feu dans la seconde. Siegfried répliqua et le toucha à la jambe. Restait Grigore. Le loup profita d'une ouverture pour le déstabiliser et le repoussa droit sur la contrebandière.

Edward reprit son souffle, juste assez pour entendre le cliquetis désagréable d'une sécurité que l'on retire à un révolver. Siegfried, nerveux, le tenait en joue. Son sourire n'était plus qu'un rictus de rage s'étirant sous sa barbe dense. Le loup-garou leva les mains et tourna avec inquiétude son regard vers Miss Walkson.

Leur destin à tous était à présent entre ses mains. 

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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeMer 18 Oct - 18:19

Chaque muscle du corps de Rose était tendu à l'extrême. Les quelques secondes d'invisibilité  que lui avaient offerte Volchkov lui avaient permis de faire glisser les lames jusque dans ses mains. Elle les tenaient à présent, prêtes à l'emploi, dissimulées dans son dos. Elle n'était plus la proie.

Durant quelques infimes secondes, elle avait serré les dents en voyant l'homme de main de Kovacs se diriger vers la sortie avec la mallette. Mais bien vite il s'était retourné, engageant la lutte. Tout se passa très rapidement. En un instant deux hommes de Grigore furent à terre, inanimés. Ce dernier déstabilisé par Volchkov était à la porté de Rose.

Elle s'élança vers lui. La lame fila vers son cou d'un geste précis mais il était rapide. Trop rapide. Il esquiva sans effort apparent malgré la surprise mêlée de rage qui se peignait sur son visage. Le temps qu'il se saisisse de sa dague, enfouie dans la poche intérieure de sa veste, Rose avait à nouveau frappé. Elle savait qu'il fallait qu'elle fasse vite. Le corps à corps n'était pas un domaine ou elle excellait et chaque seconde qui passait allait à son désavantage.

La lame de la blonde toucha Grigore à la cuisse. En plein dans l'artère fémorale. Alors qu'elle se reculait, elle eu tout juste le temps de voir le poignard du mafieux fondre sur elle. Un rictus de haine s'était peint sur son visage. Il allait la toucher en plein dans la poitrine.

Tout se passa alors de manière mécanique. Dans un réflexe de survie, Rose lâcha le poignard qu'elle avait dans la main gauche et saisi la lame de celui de Grigore, l'arrêtant à quelques centimètres de sa cible. Elle sentit l'acier couper profondément sa chair, le sang couler le long de son bras. Ce fut les quelques secondes de surprise de Grigore qui sauvèrent Rose. De sa main ensanglantée elle arracha le poignard de Grigore et, se projetant contre lui, le poussa de tout son faible poids vers la table en bois ou Volchkov et elle avaient négocié quelques minutes plus tôt.

Grigore ne fut que déséquilibré mais cela suffit pour lui faire prendre appui de ses deux mains sur le meuble. Alors, Rose saisit l'occasion qu'elle attendait. Elle enfonça de toutes ses forces le poignard du mafieux dans sa main, transperçant les chairs et le bois, lui rivant la main droite à la table. L'autre émit un bruit de fureur. Mais trop tard, la blonde avait déjà saisit l'autre main qui voulait s'échapper et l'avait à son tour réduit à l'immobilité par le même procédé.

Désarmée, Rose attrapa le lacet qui fermait la chemise de l'affreux personnage, tirant consciencieusement dessus jusqu'à le faire suffoquer. De sa main blessée, elle fouillait la ceinture de l'homme, à la recherche d'une arme. Elle trouva un pistolet dont elle se saisit. Son sang barbouilla la crosse de l'arme. La douleur était désagréable, mais sa main bougeait sans problème, les tendons n'avaient pas étés sectionnés.

La blonde continuait d'étrangler le mafieux, le forçant à basculer la tête en arrière pour respirer. Elle plaça le canon de son revolver sous son menton, faisant sauter le cran de sécurité dans un bruit significatif.  Elle lui murmura à l'oreille d'une voix suave :

- «  Vous êtes un imbécile.  Personne ne s'en prend à Alexandre. J'ai côtoyé la mort de près, Mr Grigore, et elle n'a pas votre visage. »

Rose fut ramenée à la réalité par le bruit d'une sécurité qu'on enlève. Elle leva la tête et soupira profondément devant la scène qui s'offrait à ses yeux. Cet imbécile de Siegfried tenait en joue Volchkov désarmé, John d'une pâleur mortelle était étendu à même le sol et Gabriel, saignant abondamment de la jambe, tenait son arme braqué sur le dernier des hommes valides de Grigore.


- «  Bon... On dirait que vous allez avoir la vie sauve mon bon Grigore. Siegfried, soit gentil et pose cette arme au sol puis recule de trois pas, les bras en évidence. J'épargne ta vie et celle de ton patron en échange. Grigore m'a l'air résistant mais au vu de ses blessures c'est même encore étonnant qu'il tienne debout à l'heure actuelle. »

Rose désigna du bout du menton le sang qui maculait le pantalon du mafieux et ses mains transpercées. Ses yeux bleus, d'un calme olympien passèrent de Siegfried à Volchkov. En temps normal elle aurait laissé cet homme mourir sans aucun remords. Mais c'était en partie grâce à lui si elle était encore en vie. Et puis, même si elle mourrait d'envie de bruler la cervelle de ce Grigore, elle ne voulait pas que ce soit au prix d'une guerre contre Kovacs, qui ne manquerait pas de lui faire part de son mécontentement si un de ses émissaires venaient à mourir.


- «  Allez Siegfried. Tu sais que je suis une femme de parole. Je te paierai si tu le souhaites. Ton prix sera le mien. 
»

Le visage de l’interprète s'éclaira d'intérêt. Rose se promit s'en débarrasser dès que l'occasion se présenterait.

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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeSam 9 Déc - 20:42

Si Edward n'avait pas eu le canon d'un révolver braqué sur sa tempe, il aurait probablement sifflé d'admiration. En professionnelle du crime, Walkson n'avait laissé aucune chance à Grigore et entre ses mains, l'effrayant chef de bande était réduit au rôle de vulgaire otage. Il enrageait en silence, pendant que s'ouvraient les pourparlers.

Une vie contre une autre et Siegfried donnerait son prix. L'idée piqua l'intérêt du petit bonhomme autant qu'elle l'amusa et il y répondit en ricanant :

Voyez-vous ça. Vous avez entendu patron ? C'est presqu'un honneur que Miss Walkson me fait là. 

Grigore ne répliqua que par un grognement étouffé. Son homme de main ne s'en préoccupa nullement et Edward constata avec autant de dégoût que de crainte, le regard affamé de l'interprète pour la main rouge de la contrebandière. Le souffle rapide du lycanthrope se gorgea de l'air saturé de l'entrepôt et à cet instant seulement, il prit conscience que les lieux empestaient le sang. Les blessures de John et Gabriel se déversaient dans la poussière et les flaques, et celle de leur chef, encore fraiche, colorait son poignet d'une délicieuse teinte vermillon. À côté d'eux, les plaies de Grigore et ses hommes saignaient à peine et d'un fluide anormalement sombre et dense, dont Edward n'ignorait pas l'origine. Leurs ennemis sortaient de jeun et il ne tenait à rien qu'ils soient, ce soir, leur buffet de fête.
Les gloussements de Siegfried résonnèrent à nouveau entre les plaques de taules, mais d'un timbre plus sombre et plus glaçant que les précédents.

Cela dit, je préfèrerai être en position de négocier plus… sérieusement.

D'un geste rapide, il pivota son bras et mis en joue Grigore dont il ne voyait que le dos. Cela lui suffit. Deux détonations retentirent dans l'entrepôt et le corps inerte du chef de gang s’effondra contre la table. La surprise fit réagir Edward trop tard. Il s'élança pour désarmer Siegfried, mais lorsque sa main se referma sur le poignet épais de l’interprète, le loup blanc faisait face à l'embout chaud et fumant de l'arme.

Pas bouger, siffla Siegfried.

Edward fulmina, mais se figea et retint son souffle tiraillé par un très mauvais présentement. Ses doigts, toujours agrippés au bras de son vis-à-vis auraient pu en broyer les os, mais à quoi bon s'il terminait avec une balle dans la tête. Siegfried devait en être arrivé à la même conclusion, car son regard sournois se tourna vers la contrebandière et il argua dans un sourire mauvais :

Selon vous, qui doit lâcher son arme à présent ?

Edward crut qu'il allait insister, mais à la place un silence de mort s'installa. Puis un éclat de rire. Celui de Grigore. Le lycanthrope se crispa. Ils avaient osés.

La scène suivante s'écoula avec une brusquerie et une rapidité inhumaine. Un seul geste suffit au ressuscité pour arracher ses mains mutilées à la table. Les lames glissèrent des plaies sans un râle et heurtèrent le sol avec un bruit glaçant, à l'instant où les doigts de Grigore se refermaient sur le poignet droit de la contrebandière. Il ne lui laissa pas le temps de tirer et, levant sa main à la hauteur de son visage blafard, elle ne visait plus que le plafond lorsqu'il entrouvrit les lèvres. Deux canines longues et effilées se laissèrent apercevoir, précédent une langue rappeuse qui glissa avec délectation sur le sang frais de sa prisonnière. Il siffla contre sa peau :

Surprise ?
Haha ! Vous auriez vu leur tête patron ! Railla Siegfried.

Ce petit jeu n'avait servi que de distraction pour ce quintet monstrueux et n'annonçait qu'une seule chose : une lutte pour leur survie. Edward le savait. Le risque était désormais trop grand pour ces créatures, elles ne pouvaient plus se permettre de laisser un seul d'entre eux quitter l'entrepôt en vie. Il n'était pour autant pas question de leur simplifier la tâche.

Walkson !

Trop absorbé par un spectacle qui le mettait en grand appétit, Siegfried ne se rendit pas compte que son arme avait légèrement déviée. Il n'en fallut pas plus au loup blanc dont l'étreinte se resserra rageusement, tandis que de l'autre main, il saisissait l'arrière du col de l'interprète. Rien de plus simple ensuite que de l'arracher au sol pour le projeter avec le plus de force possible contre Grigore. Le heurt emporta avec lui la lumière de la lanterne et ce fut dans une obscurité brutale que le bruit du choc se répandit dans l'entrepôt. Le bois de la table craqua dans le noir en même temps que les chaires semblaient se débattre l'une contre l'autre. Ils venaient de gagner cinq minutes. Grognement et insultes couvrirent brièvement le martellement de la pluie et les bruits de pas pressés d'Edward qui avala les deux mètres le séparant de la contrebandière. Se penchant à son oreille, il lui murmura gravement :

Ça ne va pas vous plaire, mais il ne faut pas rester là.

Plus que quatre minutes.

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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeSam 30 Déc - 20:17

Comment ils en étaient arrivés là, Rose n'en avait aucune idée. Tout s'était passé très vite, et elle sentait à présent glisser avec horreur la langue du ressuscité sur son poignet. Elle avait vu Grigore s'effondrer, elle l'avait vu mort. Et pourtant... Pourtant celui-ci la maintenait fermement contre lui, entravant tout mouvement de sa part. La blonde réalisa avec terreur qu'elle était la proie.
Elle aurait voulu hurler, répliquer, renvoyer cette créature aux enfers, mais elle n'arrivait pas à sortir de son état de léthargie morbide. Elle se sentait comme la spectatrice lointaine d'une farce inquiétante. Ce fut le cri de Volchkoz qui la ramena brusquement à la réalité. Grigore, surpris par cette intervention avait relâché sa prise sur la contrebandière qui en profita pour se dégager, juste avant que le corps de Siegfried ne vienne s'écraser lourdement contre celui du mafieux.  

Rose se tourna vers Volchkoz qui s'était rapproché d'elle. Son regard s'attarda un instant sur son visage qu'elle discernait à peine dans la pénombre. Sa force était impressionnante pour un humain. Trop impressionnante. Lui aussi n'était peut être pas – elle avait du mal à réaliser qu'elle formulait ce genre de suppositions totalement folles – humain...  

- « Je n'ai aucun désir de rester plantée la croyez moi. »

La contrebandière sentit un goût amer lui monter à la bouche. Elle se força à se focaliser sur ce qui était le plus important à l'heure actuelle pour ne pas rendre la totalité de son déjeuner : rester en vie. Elle verrait plus tard pour se renseigner à propos de ces ...Choses. Rose jeta un rapide coup d'oeil vers la forme sombre étendue sur le sol. John respirait avec difficulté. Ils n'allaient pas pouvoir l'emmener il était trop lourd pour elle et Gabriel était blessé.

- «  Volchkoz attrapez John. Avec la force que vous avez l'air d'avoir, ce ne sera pas un problème il me semble. On se tire d'ici. »

Plus qu'une suggestion c'était un ordre. La contrebandière se dirigea aussi vite qu'elle le pouvait vers la sortie, entrainant les autres dans son sillage. Elle connaissait ces entrepôts comme sa poche et il lui était facile de semer des adversaires «  normaux ». Mais ces types... ? Si ils pouvaient ressusciter en un claquement de doigts, peut être étaient il capables de les suivre à l'odeur ? De courir plus vite que n'importe lequel d'entre eux ?

A l'extérieur, la pluie était toujours aussi drue et la lumière de la lune semblait avoir du mal à percer les nuages autour d'elle. Le temps était surnaturel. Rose pris à droite et bifurqua vers la Seine. Sans s'arrêter elle lança par dessus son épaule à l'adresse de Volchkoz.

- «  Comment on se débarrasse de ces foutues monstruosités  ?!  »

La tempête couvrait le bruit de leurs pas et ceux  de leurs poursuivants. Ils ne devaient pas être très loin derrière eux, mais la blonde ne comptait pas s'arrêter pour prendre le temps de vérifier. Son chignon ne ressemblait plus à rien et des mèches de cheveux lui collaient au visage. Elle hurla pour se faire entendre malgré le bruit des intempéries :

- «  Est ce que du feu ferait l'affaire pour qu'ils restent mort ?!  Probablement, j'imagine qu'un tas de cendre ne peux plus menacer personne … »

Sans attendre la réponse, elle bifurqua dans une ruelle plus étroite, les éloignant des entrepôts principaux pour se rapprocher d'un qui se trouvait un peu à l'écart, juste à côté de la Seine, rendue à présent boueuse par la pluie. Trempé sous le rideau de pluie, le bâtiment ne payait pas de mine, et ressemblait plus à un gigantesque débarras qu'autre chose. Elle fit un geste ample pour désigner l'édifice en face d'eux :

- « C'est remplit de bâtons de dynamites là dedans. Le plan est simple. On trouve un moyen d'entrer, et de les faire sauter sans y laisser notre peau. »

Pour la première fois de sa vie, Rose entendit du doute dans sa propre voix. Elle qui ne reculait habituellement devant rien, qui ne craignait pas même la mort sentait sa volonté vaciller face à ces adversaires dont elle ignorait les faiblesses. Elle avait conscience que la tâche n'allait pas être des plus simples pour faire exploser le bâtiment et les choses avec, surtout avec toute cette humidité, mais dans des moments comme celui ci elle préférait être optimiste.


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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeSam 20 Jan - 18:01

Le plan est simple. On trouve un moyen d'entrer, et de les faire sauter sans y laisser notre peau.
Ça me va.

La silhouette de la contrebandière le devança. Edward réajusta sa prise sur les vêtements trempés du malheureux John, hissé à la va-vite sur son dos, et inquiet du gémissement toujours plus faible de l'homme de main, il emboîta le pas de la jeune femme. Gabriel clopinait à ses côtés.
La pluie battante leur donnait un peu de répit. À cet instant, elle était une précieuse alliée qui effaçait, de son eau glaciale, leur trace, leur odeur et surtout le sang des blessés. Mais il ne tenait à rien qu'elle devienne leur pire ennemie. Son bruit assourdissant étouffait les sons et les rendait vulnérables à un assaut que même un loup n'aurait pas senti. L'urgence ? Se mettre à l'abri.

Walkson ! Là !

Se courbant pour retenir son fardeau, Edward indiqua une porte en bois fermée par un cadenas dévoré par la rouille. Une seule main lui suffit pour le réduire en miette et après un effort supplémentaire, il poussa la porte.
L'air lourd de l’entrepôt empestait la poudre. Il n'était pas sûr que la demoiselle et ses hommes le sentent, mais lui faillit en perdre son souffle. Son corps tout entier perçut d'un seul coup la menace dormante dans ces barils et ces caisses de bois, une vraie gifle. Sa grimace fut superbe, son juron plus heureux encore, mais ni l'un ni l'autre ne parvinrent à retenir le violent frisson d'angoisse qui lui glaça l'échine. Il fallait rebrousser chemin pour un autre bâtiment.

John ?

Les doigts de l'homme de main perdirent le peu de poigne qui leur restait et son bras glissa de l'épaule d'Edward. Contraints et forcés, ils abandonnèrent l'idée de quitter ce piège à rats et déposèrent le blessé au sol pour s'enquérir de son état.
Par chance, planté à proximité d'une des fenêtres du hangar, un réverbère leur offrait une lumière vacillante au travers des gouttes et des carreaux poussiéreux.

Il a juste perdu connaissance, mais il lui faut des soins.
Je vais parer au plus pressé, lâcha Gabriel. J’assistai le médecin quand j'étais à l'armée.

Edward marqua un temps d'arrêt, puis s'écarta face au regard insistant de l'homme de main. Ce dernier se pencha aussitôt sur son homologue dont l'épaule saignait encore, et défaisant son costume, s'attaqua à des soins rudimentaires.
Le loup blanc se redressa. Instinctivement, il verrouilla la porte de l'intérieure en glissant une épaisse planche de chêne entre les arcs métalliques faisant office de poignées. Puis il essuya ses mains sales et rougies sur sa veste et épongea son visage trempé d'un revers de manche. Il ne prit pas garde au maquillage qu'il effaça, ni à son chapeau perdu dans la rixe, ou à ses attaches qui ne dissimulaient plus sa longue chevelure. Lorsqu'il se tourna vers la contrebandière, ce fut avec leur seule survie en tête.

Écoutez, je vais faire aussi bref que possible. Oubliez l'idée de les tuer. L'explosion ne fera que les ralentir, mais si elle est assez conséquente, elle suffira pour mettre la plus grande distance possible entre eux et nous.

Les bonnes manières de Vladimir Volchkov s'étaient envolées, remplacées par les réflexes sauvages d'Edward White. Planté sur ses appuis, prêt à toutes éventualités, il ne s'écoulait pas une minute sans qu'il guette un son étrange, une respiration inconnue, ou une silhouette menaçante. Puis son regard s'attarda à nouveau sur le visage de Rose et serrant les dents, il reprit en arrachant le couvercle d'une des caisses de bois :

J'assurerai vos arrières et ceux de vos hommes, mais vous êtes la seule à pouvoir faire fonctionner ces trucs.

Un bruit sourd se démarqua du martellement de la pluie sur le toit. Edward leva la tête et tendit l'oreille. Retenant son souffle, il attendit une seconde, puis deux, et une troisième encore avant qu'un son régulier ne s'installe. Des bruits de pas.

Je dirais deux hommes. Probablement Grigor et Siegfried.

Une ombre à peine perceptible lui fit tourner la tête vers la fenêtre. Il serra les poings. À l'autre bout du hangar, le fracas du verre brisé se mêla au tambourinement de la pluie.

Quoi qu'il arrive, empêchez les de vous mordre.
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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeLun 9 Avr - 22:37

Rose sentait son inquiétude grandir seconde après seconde. Ils étaient piégés dans un entrepôt dont l'air était tellement saturé de poudre que le moindre faux mouvement les feraient tous sauter. Et pour arranger leurs affaires, ces créatures sorties tout droit d'un cauchemar les avaient déjà retrouvés. Pas de temps pour élaborer une stratégie, il allait falloir improviser. La voix de Volchkov  vint se superposer au fracas du verre brisé : il fallait à tout prix éviter de ses faire mordre.  Rose retint un petit rire nerveux :

- «  J'aurais presque envie de vous demander ce qui adviendra si jamais ils nous croquent un bout du bras, mais je ne suis pas sure que la réponse m'enchante franchement »

La contrebandière n'avait pu retenir une grimace en prononçant ces paroles. Elle se sentait furieusement impuissante, distinguant très mal le fond de l'entrepôt d'ou était venu le bruit de verre brisé, plongé dans une semi obscurité. N'osant faire de mouvement brusque, elle chercha quelque chose pour se défendre puisque ses balles n'avaient pas d'effet dans l'immédiat. A côté d'une des caisses remplies de poudre, elle distingua un pied de biche. Elle se rua vers l'instrument salvateur quand elle sentit quelque chose la frôler, quelque chose de trop rapide pour être humain.
Elle se mordit les lèvres pour ne pas hurler et sans réfléchir, frappa la chose de toute ses forces avec  son arme de fortune. L'extrémité du pied de biche vint heurter en plein la tête de Siegfried dans un craquement écoeurant. La jeune femme sentit monter l'adrénaline en elle comme une vague prête à la submerger. Elle n'avait plus qu'une seule chose en tête : rester en vie à tout prix. Avant que la créature ai le temps de se redresser, elle frappa une nouvelle fois sur son crâne. Elle savait qu'ils ne pouvaient pas mourir. Mais comment les immobiliser assez longtemps pour qu'ils aient le temps de sortir avant de faire exploser cet entrepôt instable ? Soudain une idée lui vint. Si ils ne pouvaient pas les tuer, ils pouvaient toujours les immobiliser en les épinglants comme ces insectes qu'elle avait vu un jour dans un de ces cabinet de curiosités.

Elle se tourna vers Gabriel et Volchkov, aux prises avec Grigor. Il y avait d'autres pieds de biche dans l'entrepôt. Il fallait qu'ils s'en servent. Avec la force que Volchkov semblait avoir,  la contrebandière ne doutait pas qu'il arriverait à empaler Grigore sans difficulté contre n'importe quelle surface. Elle hurla pour couvrir le bruit de la pluie. Ce n'était pas idéal ne mettre leurs ennemis au courant de leur plan mais dans l'immédiat, elle ne voyait pas comment faire dans la discrétion.

- «  Gabriel, attrape un pied de biche ! Il faut empaler ces créatures pour les immobiliser pendant que... »


Son dos fit brutalement la connaissance du mur le plus proche et la jeune femme en eu le souffle coupé. Le pied de biche était tombé au sol dans un sinistre bruit métallique. Siegfried se tenait devant elle, grimaçant étrangement, sa mâchoire ayant été partiellement déboitée par le premier coup de Rose.

- «  Assez joué Miss Walkson »


La blonde n'eut pas le temps de réagir qu'il l'empoignait par la gorge, serrant de ses longs doigts crasseux son cou de nacre sur lequel il louchait. Elle se sentait suffoquer alors qu'il rapprochait dangereusement son visage de sa carotide. Il fallait tenter le tout pour le tout. Après tout, même si il n'avait rien d'humain, il avait l'anatomie d'un homme. Rose releva violemment son genoux dans les parties intimes du traducteur qui émit un bruit étouffé, la relâchant au passage. La contrebandière remercia silencieusement le ciel de n'avoir à se battre qu'avec des hommes et se déroba de l'emprise de Siegfried, empoignant son pied de biche au passage.  Elle se remit en position de combat, face à un Siegfried dont l'oeil brillait d'une lueur meurtrière.

- «  Volchkov, un peu d'aide pour une damoiselle en détresse ne serait pas de refus ! »

Rose tenta d'ignorer tant bien que mal la douleur qui remontait de sa main blessée tout le long de son bras. Elle commençait à se sentir prodigieusement agacée par ces types qui refusaient de mourir. Et puis, la blonde trouvait qu'elle jouait un peu trop sa vie en une seule soirée. Elle esquiva de peu Siegfried qui se ruait une nouvelle fois vers elle. Il était trop rapide, et à ce rythme la, elle ne tiendrait pas longtemps. De plus, il lui fallait se rendre à l'évidence, elle était limitée physiquement. Elle avait besoin que quelqu'un d'autre immobilise son adversaire à sa place. De rage, elle sorti son pistolet et vida son chargeur sur la créature. Pas franchement utile, mais satisfaisant. Le traducteur ne sembla pas prêter plus d'attention aux balles qu'il n'en aurait prêté à des insectes insignifiants.

- «  VOLCHKOV ! »

Il fallait qu'ils en finissent pour qu'elle puisse enfin bruler cet endroit du sol au plafond.
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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeSam 19 Mai - 23:03

VOLCHKOV !
Une minute !

La main d'Edward, enfoncée dans le visage furieux de Grigore, s’efforçait de le tenir éloigné de lui.
Sorti de nulle part, le Strigoï avait d'abord réussi à lui enserrer la gorge, avant que le loup se libère d'un vif mouvement des bras. Mais la rapidité de ces non-morts rivalisait avec la force du lycan et, à peine son indépendance retrouvée, Edward fut à nouveau agrippé par sa veste d'une poigne solide et pugnace dont il se défendit en refoulant le propriétaire à bout de bras. Il enserra le poignet de Grigore de sa main libre et chercha à lui faire lâcher prise, mais les crocs du Strigoï s'enfoncèrent dans sa paume et lui arrachèrent une exclamation de surprise et de douleur mêlées. Son sang coula le long de son poignet et rougit en partie les manches de sa chemise, le reste disparut entre les lèvres de son assaillant. Les pupilles du scélérat se dilatèrent brusquement et il vociféra en crachant le liquide écarlate :

Un loup ?!

L'occasion était trop belle. Edward se dégagea et s'écarta à la minute même où Gabriel abattait son pied de biche derrière le crâne du Strigoï. Ce dernier se décala à la dernière seconde et réussit à parer le coup de son avant bras. L'os craqua, mais troubla à peine le non-mort qui se rapprocha vivement de l'homme de main. Gabriel hurla sous la surprise et chercha à s'éloigner, mais son dos heurta une caisse et coupa net sa retraite. Le gloussement de Grigore s'éleva, victorieux et effroyable. Un craquement lui fit tourner la tête.
À sa gauche, Edward s'était saisi de la première arme qu'il avait trouvée. Un balai. Ustensile exceptionnel par sa puissance et son efficacité, à condition de chercher à pourfendre la poussière, et pourtant. Il trouva un nouvel usage à l'instant où le lycan fracassa son manche en deux.

Gabriel ! Baissez-vous !

L'homme de main ne demanda pas son reste et se laissa presque choir sur le sol. Grigore voulut faire volte-face, mais cette fois-ci Edward fut plus rapide. Il n'était qu'à un mètre du Strigoï quand il projeta, de toute sa force, le premier morceau de bois. La large tige s'enfonça dans le dos du non-mort, transperça sa chaire sans vie de part et d'autre et se figea dans la caisse, le clouant sur place. Dans un râle furieux, Grigore posa ses paumes sur le conteneur et mit tout en œuvre pour se libérer, mais le loup blanc ne lui en laissa pas l'occasion et épingla, d'un geste violent, l'épaule droite du buveur de sang à la caisse. Le Strigoï hurla de rage et se débattit comme un beau diable, mais il ne réussit qu'à aggraver ses plaies. Edward aida Gabriel à se relever et récupéra son pied de biche :

Je vous l'emprunte. Sortez d'ici avec John, on vous rejoint.
Bien. Je vous laisse cinq minutes avant de revenir vous chercher, la patronne et vous.
Deux suffiront ! Répliqua Edward en s'élançant vers Siegfried.
Prétentieux…

Arme au poing, le loup blanc ne fut d'aucune délicatesse lorsqu'il percuta de plein fouet le non-mort aux prises avec la contrebandière. Un coup d'épaule dans les règles projeta le traducteur contre le mur voisin. Il le heurta dans un bruit sec qui lui coupa le souffle, mais se remit aussitôt sur pieds, le regard fou. Edward se positionna devant la trafiquante à qui il lâcha, toujours sur ses gardes :

Je vais le retenir, je compte sur vous nous préparer un beau feu d'artif–

Le choc.

La tête lourde d'une masse heurta violemment le pied-de-biche, levé de justesse en bouclier par Edward. Le son sec du fer résonna dans tout l'entrepôt, mais ce fut la gerbe d'étincelles provoquées par la friction des métaux qui glaça le sang du loup. Un instant, il se vit mort. Il pensa à la poudre prête à s'embraser, aux kilos de dynamite qui dormaient dans ces caisses et à la déflagration qui les soufflerait tous s'il prenait à nouveau le risque d'un heurt entre leurs armes de fortune. Siegfried se saisit de cet instant d'effroi pour lever à nouveau son poids et l'abaissa de toutes ses forces. Edward eut le temps de s'écarter de sa trajectoire, mais le sol terreux des docks explosa en une multitude d'éclats de roche et de poussières sous l'impact. Le Strigoï réajusta sa poigne, un sourire hideux et difforme étirant les traits de son visage mutilé.

Walkson ! Sortez dès que vous êtes prête, je vous retrouve dehors !

La masse fendit l'air de droite à gauche. Edward recula. La tête métallique le frôla de peu et s'enfonça dans une caisse qu'elle éventra. Une dizaine de bâtons d'explosifs roulèrent dans la crasse du hangar. Siegfried tira pour récupérer son arme, mais elle resta bloquée entre les lames de bois. Le loup reprit l’avantage.
D'un geste vif, il leva son pied-de-biche et l’abattit d'un coup sec sur les mains du Strigoï. Ce dernier lâcha prise avant que ses doigts soient réduits en miette et la hampe se brisa sous le choc. Edward pesta, mais ne perdit pas une seconde et porta un nouveau coup au non-mort. Il visa la tête, mais Siegfried esquiva. Il prit appui sur ses jambes courtes et arquées et profita de l'élan du loup pour se jeter sur lui. Tous deux tombèrent au sol, le pied-de-biche glissa dans la poussière.
L'épaule d'Edward amortit péniblement sa chute, le Strigoï ne le laissa pas respirer. Sa main droite agrippa les cheveux du loup, arrachant du même coup le bandeau qui masquait son œil rouge, ultime vestige de Vladimir Volchkov. Happé par la folie, Siegfried n'y fit pas même attention, trop occupé à contraindre son prisonnier à tourner la tête et dégager sa gorge. Du coin de l’œil, Edward aperçu le reflet d’une lame. Elle fendit l’air, entailla la chaire et fit couler le sang. Juste un peu.
De sa main gauche, Edward retint le poignet de l’interprète à hauteur de sa gorge et le couteau ne fit qu’une faible entaille. À sa droite, et du bout de ses doigts, il se mit à chercher avidement la longue barre de fer. Il tata, ci et là dans l’obscurité et la crasse, jusqu’à ce qu’un faible tintement résonne à ses oreilles. Il effleura le métal, une fois, deux fois, puis dans un dernier geste enragé, s’en saisit.
Siegfried n’eut pas le temps de s’écarter. Edward le transperça de part en part, de toute sa force. Dans un hoquet de surprise, le non-mort lâcha son arme pour empoigner le pied-de-biche. Une larme écarlate lui rougit le coin des lèvres et il leva vers le lycanthrope un regard perdu entre l’horreur et la fureur. Edward le lui rendit. Il le fit basculer d’un geste. Les épaules de Siegfried heurtèrent le sol froid de l’entrepôt et d’un geste aussi vif que sec, le loup l’y épingla.

Il ne s’attarda pas à reprendre son souffle et s’élança vers la sortie.

La pluie lui fouettait heureusement le visage lorsqu’il fut arrêté dans son élan. Sur le seuil du dock, Grigore, libre, l’observait avec démence. En découvrant le visage sans masque du loup, la surprise s’imprima une fraction de seconde sur sa face folle, puis la gifle. Une planche de bois s’écrasa violemment contre sa figure. Grigore tituba sur plusieurs mètres en arrière, puis trébucha et chuta.

Vous êtes en retard, haleta Gabriel.
J'acclamerai votre héroïsme et votre humour plus tard, tirons nous de là.

Le loup s’éloigna d’un pas rapide, mais s’arrêta à peine deux mètres plus loin en remarquant que l’homme de main ne suivait pas le rythme. Essoufflé et boiteux, Gabriel lui fit signe d’avancer, mais Edward leva les yeux au ciel et rebroussa chemin. Sans tenir compte de ses objections, le lycanthrope passa le bras de l'homme sur ses épaules et lui enserra la taille. Malgré lui, il jeta un coup d’œil vers l’entrepôt. Un frisson le saisit et il reprit sa route au pas de course.

Grigore s’était relevé, son ombre tanguait contre les caisses de dynamite.

Walkson ! Maintenant !
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Dernière édition par Edward White le Dim 19 Aoû - 16:28, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeVen 15 Juin - 22:09

Pendant que Volchkov était aux prises avec les deux créatures Rose préparait le terrain pour ce qu'elle espérait être le feu d'artifice de sa vie.  Elle entreprit de renverser  les caisses contenant les bâtons de dynamites dans l'entrepôt. Il lui fallait placer des charges sur les points faibles de la structure pour rendre sa destruction plus facile.

Dans leur malheur, ils avaient la chance : les bâtonnets étaient prêts à l'emploi, c'est à dire, rassemblé par grappes. Et pas trop humides de surcroît. Rose n'avait plus qu'à les placer et les relier à la même mèche lente pour les déclencher. Le seul bémol – si on omettait ces assaillants inarrêtables- demeurait l'humidité ambiante. Rien ne garantissait que lorsque qu'ils allumeraient la mèche, la petite flamme serait assez puissante pour déclencher les différentes charges.

Mais il fallait quand même tenter le coup. C'était soit ça, soit ils étaient condamnés de toute façon. Quand elle eu fini de placer la dynamite, elle se mit à reculer lentement, déroulant la mèche. Elle se concentrait pour faire abstraction du combat qui se déroulait dans l'entrepôt. Volchkov lui avait dit de sortir quand elle était prête mais elle ne pourrait pas. La mèche lente ne pourrait pas s'allumer de l'extérieur sous la pluie. Elle devrait dans le meilleur des cas se tenir sur le seuil.

- «  Sortez en premier finalement Volchkov. J'pourrais allumer la mèche que dans l'entrepôt. J'vous rejoins »

Elle vit Volchkov exploser une planche de bois en plein dans la tête de Grigore. C'était le moment ou jamais. Un cri «  Walkson ! Maintenant ! » lui fit l'effet d'un coup de fouet. Sur le seuil de l’entrepôt, elle alluma la mèche. Elle avait dix secondes avant que la première charge explose. Elle se mit à courir le plus loin possible, priant pour qu'elles se déclenchent. Ses prières furent entendues. Le souffle chaud de la déflagration  vint lui lécher le dos, et la contrebandière se jeta au sol pour éviter d'être brulée. Quelques instants plus tard, elle se retourna à même le sol pour observer le bâtiment. Il était en flammes. Ça avait marché. Elle était sale et épuisée mais ils étaient en vie. Elle ne put retenir un grognement pour la forme :

- «  Outch. Je suppose que je deviens trop vieille pour ces bêtises. »

Rose se redressa assez péniblement et se tourna vers Volchkov. Débarrassé de son maquillage par la pluie et les événements, il n'avait rien de l'homme qu'elle avait rencontré un peu plus tôt dans la soirée et il n'était surement pas un émissaire de Kovacs.  Elle se dirigea vers les deux hommes, Gabriel était  physiquement dans un piteux état, mais il ne manquait rien à sa superbe naturelle. La jeune femme s'enquit, un peu inquiète.

- «  Comment tu te sens ? Les autres vont vite rappliquer, ils t’emmèneront chez le docteur Weidmann. »
- «  Ca va boss. Vous en faites pas pour moi, j'suis solide vous savez bien. Il en faudra plus pour se débarrasser de moi. »

Elle esquissa un semblant de sourire. La contrebandière vit arriver ses hommes en trombe, alertés par le bruit de la déflagration. Ils les entourèrent rapidement, prenant en charge les leurs dont Gabriel qui adressa un signe de tête reconnaissant à Volchkov tandis que ses camarades l'amenaient jusqu'au cab. Alors qu'un des ses hommes lui tendait sa veste pour qu'elle puisse se couvrir, Rose fit quelques pas vers le prétendu émissaire de Kovacs, un sourire faussement amical sur le visage.

- «  Vochkov... Enfin... Si c'est votre véritable nom, ce dont je doute fortement. Que dirais vous de vous joindre à moi pour le voyage de retour … ? Je crois que vous pourriez m'éclairer sur un certain nombre de sujets... »

Le ton était cordial mais l'invitation n'en était une qu'en apparence. Rose ne comptait pas laisser le choix à l'homme qui se tenait face à elle. Elle avait faillit être tuée par des êtres dont elle ignorait tout, et cet homme semblait être nettement mieux informé qu'elle à ce sujet. Sans oublier qu'une des créatures l'avait appelé loup.

Profitant d'un arrêt temporaire de la pluie qui tombait depuis le début de la soirée, la blonde sortit une cigarette qu'elle alluma aussitôt, tirant une bouffée de nicotine salvatrice.

- «  Vous l'aurez compris, ce n'est pas réellement une invitation, mais plutôt une obligation. Allons-y. Je n'ai pas envie d'être dans le coin quand les flics débarqueront. »

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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeDim 29 Juil - 21:04

Déflagration.

Lorsqu'Edward se retourna, l'entrepôt était dévoré par les flammes. Une fumée noire, dense, s'en élevait. Les quais rougeoyaient sous l'éclat dansant de l'incendie. Sur son sol miroitant se détacha la silhouette solide de Miss Walkson. Elle se releva, plus vaillante que n'importe quel homme, et les rejoignit sans vaciller.
Le loup blanc entendit à peine le premier échange qu'elle eut avec son homme de main. Ses oreilles bourdonnantes et son esprit encore vibrant d'adrénaline l'empêchèrent de se concentrer. Ses iris dépareillés fixaient les flammes et lentement, il prit conscience de ce qu'ils venaient de faire. Il ferma les yeux.

Vochkov…

Un faible sursaut secoua les épaules du loup qui reporta enfin son attention sur la jeune femme. Autour d'eux, ses hommes s'activaient sur les docks. Il vit Gabriel disparaître dans un cab et son interlocutrice l'invita, non, l'obligea à faire de même.
Un bruit sourd en direction de l'entrepôt lui fit une dernière fois tourner la tête. Il pensa à l'explosion d'une dernière caisse, mais un son rauque, bestial, et la brève mais nette apparition d'un corps entre les flammes lui firent comprendre son erreur. Un frisson lui glaça la nuque et, tournant le dos au bâtiment en feu, il lâcha :

Je vous suis.

La portière du fiacre se referma sur eux.

Edward s'essuya le visage d'un revers de manche et le dégagea des mèches sombres qui collaient ses joues. En cherchant un peu de chaleur dans ses vêtements trempés, il fut surpris du sang qui maculait sa gorge. La lame de Siegfried contre sa peau lui revint en mémoire et il se contenta de réajuster fébrilement son col rougit de ses mains qui l'étaient tout autant. Un violent cahot de leur voiture le fit grimacer. Par réflexe, il reporta son attention sur Miss Walkson dont il détailla tardivement la mise défraichie. Demander si elle allait bien aurait été stupide, alors il préféra rompre la glace en tendant la main :

Edward White.

Un goutte écarlate coula de sa paume sur le plancher. Il renonça à la politesse. Ses doigts se refermèrent et il dissimula son poing contre son torse avant de s'accouder à la portière. Son regard s'égara derrière le fin rideau qui masquait la fenêtre où les ruelles défilaient. Il essaya de les reconnaître, mais la fatigue et la douleur, mêlées aux pas pressés des chevaux l'empêchèrent de se repérer. Il s'en inquiéta et, se laissant retomber au fond de son siège, il finit par demander :

Où est-ce que l'on va ?

Ses iris dépareillés s'attardèrent à nouveau sur la jeune femme et, craignant une réponse trop vague, il expliqua en croisant les bras, frissonnant de froid :

Je vous suis reconnaissant de m'emmener loin de cet enfer, mais voyager à l'aveugle n'est pas dans mes habitudes.

La voiture tourna à gauche et, au travers du tissu fixé à la portière, Edward distingua l'éclat encore intense de la fournaise qu'ils laissaient derrière eux. Il serra les dents. Grigore et Siegfried s'en sortiraient, forcément. Les autres non-morts à la solde du Strigoï les avaient probablement déjà tirés d'affaire. Il seraient sérieusement blessés et auraient besoin de temps pour récupérer, mais ils reviendraient et ils se vengeraient.
Ce raisonnement lui délia la langue. Mentir à la contrebandière, c'était la condamner, elle et ses hommes. Alors il parlerait. Il lui dirait tout ce qu'elle souhaiterait savoir et commença par ce qui risquait de lui déplaire :

Miss Walkson, vous ne devez parler à personne de ce que vous avez vu ce soir.

Il se pencha sans tenir compte de son épaule douloureuse et reprit rapidement, afin d'éviter toute objection :

–  Si vous le faîtes, vous vous mettriez, vous et vos hommes, en très grand danger lorsque Grigore vous retrouvera.

Il attendit de croiser son regard pour poursuivre, calmement :

Et il vous retrouvera. Vous l'avez compris, n'est-ce pas ?


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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeVen 17 Aoû - 0:47

Rose, une fois assurée de la bonne volonté de son interlocuteur, monta dans le cab qui les attendait. Elle s'assit, dos au chauffeur, détaillant l'homme qui avait pris place en face d'elle de son regard glacial,  attendant des explications qui ne tardèrent pas à arriver.

L'homme commença par se présenter comme étant Monsieur White, nom qui sembla familier à la contrebandière sans qu'elle puisse se souvenir ou elle l'avait déjà entendu. Elle le laissa parler, il n'avait pas l'air hostile, mais elle ne fit pas un geste vers lui, se tenant droite, le visage impassible. Sa dernière question arracha tout de même un frisson nerveux à la blonde qui ne put s'empêcher de serrer un peu plus fortement le tissu qu'elle avait enroulé autour de sa main blessée. Lorsque les mots franchirent enfin la barrière de ses lèvres, elle pris bien soin de regarder Edward White dans les yeux.

- «  Nous allons chez un médecin de confiance un peu plus au nord. » Elle marqua une pause son regard passant de la gorge blessée de l'homme à la goute carmin qui s'était écrasée sur le plancher. Gabriel et certains de ses hommes devraient y arriver avant eux. Son regard remonta à nouveau vers le regard bicolore de son interlocuteur. «  Ce n'est pas dans mes habitudes de laisser mourir la personne qui peut m'apprendre des choses susceptibles de me sauver la vie. »


Rose essayait de ne rien laisser paraître de l'anxiété qui lui tenaillait le ventre. Elle tentait de garder une voix neutre, presque froide et un visage sans aucune émotion. Mais il était difficile de demeurer impassible quand un nouveau monde s'ouvrait sous vos pieds.

Pour occuper ses mains, elle sortit une nouvelle cigarette qu'elle alluma promptement. Après que les premières volutes de fumée se furent élevés dans l'habitacle, elle reprit d'une voix ferme, qui ne laissait pas de place pour le refus.  

- «  Vous allez répondre à mes questions, et vous allez me dire tout ce que vous savez. Je veux savoir comment on se débarrasse une bonne fois pour toute de ces choses. Je veux savoir comment on les tue et non comment on les repousse. »


Elle marqua une pause, puis pointa le bout de sa cigarette vers Edward.

- «  Je veux également savoir qui vous êtes. Enfin plutôt ce que vous êtes. Votre force et résistance physique n'ont rien d'humain, ne le niez pas. »

Rose reporta quelques instants son attention sur les rues qui défilaient à l'extérieur. Si Edward White n'était pas humain comme elle le soupçonnait, il n'appartenait pas au groupe de ceux qui avaient tenté de les tuer. Il était … encore autre chose. Rose tentait de maitriser la panique qui grandissait. Elle avait vu de ses yeux ces choses non-humaines. Elle ne pouvait pas nier l'évidence, quand bien même cela remettait en cause tout ce en quoi elle croyait. Qu'il n'y avait que des humains. Que ce tout ces monstres dont parlaient les superstitieux et l'église existaient bel et bien. Ses certitudes s’effondraient, mais il fallait sauver la face. La contrebandière ferma les yeux un instant et un profond soupir s'échappa malgré elle. Les deux morceaux de glace qui lui servaient d'yeux actuellement captèrent à nouveau ceux de son interlocuteur.

- «  En réalité je veux savoir tout ce que vous savez sur ce monde que je distingue à présent sans le voir. Ce n'est pas négociable. Vous saviez ce que vous faisiez en venant ce soir. Vous saviez à qui vous aviez à faire.  »

Savoir. Il n'y avait que ce mot qui comptait, là, tout de suite.  Ne pas savoir la rendrait folle maintenant qu'elle  avait conscience de l'existence de ces autres. La mettrait même surement en danger. L'espace d'un instant un sourire furtif apparut, éclairant son visage avant de disparaître.

- «  Si ça peut vous rassurer et vous délier la langue, je ne vois pas à qui j'en parlerai. On me prendrait surement pour une folle et ce serait avec un aller simple pour l'asile qu'on me répondrait. »
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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeLun 20 Aoû - 10:21

Ils se dirigeaient donc au nord, pour voir un médecin qui lui sauverait la vie et permettrait à la jeune femme de finir de lui extorquer toutes les informations souhaitées. Tout à fait rassurant. Edward accueillit la nouvelle d'un haussement de sourcil perplexe. Il lui aurait fait savoir le fond de sa pensée s'il n'avait pas perçu, par-delà l'odeur de sa cigarette fraichement allumée, un relent d'angoisse particulièrement persistant.
Miss Walkson ne laissa pourtant rien paraître ou presque et le questionna avec un aplomb qui aurait fait croire aux plus inexpérimentés, qu'elle était encore seule maître à bord. Le loup blanc en fut aussi impressionné qu'agacé. Il le fit savoir. Une lueur animal enflamma son regard lorsqu'il cracha d'un ton sec :

Je suis de votre côté mademoiselle, mais vous devriez faire attention à la façon dont vous vous adressez aux autres. Je ne suis pas de ces braves chiens qui vous servent avec fidélité.

Il voulait l'aider, vraiment, mais il n'avait pas la patience ni la docilité de ses hommes de mains. Il était préférable pour elle qu'elle le comprenne si elle voulait éviter que le loup morde. Les nerfs à vifs du lycanthrope agitèrent ses jambes qui battirent la mesure sur le plancher du cab. Edward resserra ses bras croisés sur son buste, le regard fixé sur la fenêtre. Il n'était pas à l'aise et cela se voyait, c'était typiquement le genre de situation qu'il détestait. Le genre où il devait se montrer calme et diplomate, deux adjectifs à l'opposé de sa véritable nature.
Alors il inspira profondément, ferma une seconde les yeux et chercha ceux de son interlocutrice lorsqu'il les rouvrit. Malgré tout, il lui reconnaissait une certaine lucidité. Il espéra qu'elle perdurerait, car il ne mâcherait pas ses mots. Il commença à expliquer :

Les êtres que vous avez vus ce soir sont des strigoï. Ce sont des cousins de ce que vous appelez des vampires, morts, mais pas complètement. Il sont particulièrement résistants, mais ça, vous l'aviez remarqué.

Il s'agita. La suite resta coincé dans sa gorge, car il hésitait. Sa main intacte tira sur le col de sa veste, puis essuya une goutte de pluie qui glissait le long de sa joue. Il tourna et retourna le problème dans son esprit, mais ne trouva aucune solution, alors il grimaça et éluda la question. Le reste coula bien plus naturellement de ses lèvres et il n'eut aucun mal à soutenir le regard de la jeune femme lorsqu'il déclara :

Je suis un lycanthrope, un loup-garou si vous préférez. C'est ce qui me donne cette force et d'autres avantages, je vous épargne la liste. Et oui, je me transforme en loup à la pleine lune.

Il ne savait pas arrondir les angles. Elle voulait connaître la vérité, il la lui livrait, brutale et aussi inconcevable qu'elle puisse paraître à un humain. Edward attendit une minute, peut-être moins. Il avait horreur de perdre son temps en bavardages.

Je n'étais pas là pour Grigore, mais pour Siegfried. J'ignorai que Grigore était mêlé à cette histoire, les choses aurait été différentes si je l'avais su.

Amer, il fronça le nez. Il n'y avait pas grand chose d'autre à faire de toute façon. Ses doigts s'entremêlèrent un instant. Il remonta sa manche sur sa main blessé et poursuivit :

J'ai eu vent de l'existence d'un être légendaire mêlé à un trafic et je voulais m'assurer de sa culpabilité avant l'intervention de la police. » Il s'arrêta, prit d'un doute, puis précisa. « Pas votre police. »

Sa voix se fit moins assurée. Pas parce qu'il ne savait pas, mais parce qu'il n'était pas certain de se faire comprendre. Il déclara quand même.

Je ne peux donc pas vous dire comment les tuer. Ce n'est pas à vous de vous en occuper.

Un nouveau hoquet du fiacre lui arracha une insulte dans sa langue natale. Il l'aurait sans doute partagée avec le cocher dans un dialecte plus familier si son regard ne s'était pas posé sur la petite fenêtre. Il fronça les sourcils et tira brutalement le rideau. Il reconnut la rue. Ce soir là, elle abritait un secret.
Edward ouvrit violemment la porte du fiacre. La poignée faillit lui rester dans les mains lorsqu'il pencha la tête et s'exclama pour le conducteur :

Arrêtez la voiture !

L'homme obéit, la figure troublée de surprise. Le loup blanc ne referma pas la porte. Il se tourna vers Miss Walkson et lui indiqua la ruelle à peine éclairée qui s'étirait devant eux :

Je peux vous le montrer.

Il leva les yeux au ciel, conscient d'être à peine compréhensible. Une brève inspiration lui fit retrouver un semblant de calme et il se corrigea pour la contrebandière :

Mon monde. Je ne devrais pas, mais je peux vous y emmener si vous le souhaitez. Je vous ramène après.

Cette fois-ci il lui tendit la main.

Mais il faut me faire confiance.

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Dernière édition par Edward White le Dim 9 Sep - 18:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Trafic sur les quais [PV Rose] [1889]   Trafic sur les quais [PV Rose] [1889] I_icon_minitimeSam 1 Sep - 16:48

La contrebandière allait répliquer, n'appréciant guère le ton sec et presque menaçant qu'avait employé Edward à son égard mais la suite de sa diatribe vida si totalement son esprit qu'aucun son ne put s'échapper de sa bouche, même le plus primitif. À mesure que les mots se déversaient de la bouche de son interlocuteur, les lèvres de la contrebandière se serraient, son visage blanchissant un peu plus à chaque révélation.

Lorsqu'il eut terminé, la jeune femme se sentait vaguement nauséeuse, sans arriver à déterminer si c'était l'odeur du sang si persistante qui la rendait malade ou bien les paroles de l'homme en face d'elle. Peut être un peu des deux. Elle se força à respirer calmement, reprenant contact avec la réalité sans vraiment voir celui qui se tenait en face d'elle, se concentrant sur la tâche simple  de relâcher la pression de ses doigts dans ses paumes de mains. Ses ongles y avaient imprimés de petits croissants de lune rouges.

Au moment ou elle se dit qu'elle allait vraiment finir par rendre son repas du soir si elle n'avait pas rapidement un peu d'air frais, Edward White, ouvrit en grand la porte du cab, hurlant au conducteur de s'arrêter à son grand soulagement. Au contact de l'air nocturne, le visage de la blonde se recomposa, son regard se posant sur la ruelle qu'il lui indiquait. A cet instant précis, sa main tendue vers elle, la ressemblance du lycanthrope avec le lapin blanc d'Alice au pays des merveilles la frappa. Prêt à l'emmener dans un monde dont elle ignorait tout, même les règles les plus basiques. Sauf qu'elle n'était pas Alice. Et que le lapin qui se trouvait devant elle tenait plus du loup que de l' inoffensif herbivore. Rose sentit un rire nerveux, dément, monter dans sa gorge. Elle était au bord de la crise de nerfs. Elle inspira. Le rire battit en retraite, du moins pour l'instant.

Ignorant la main tendue du lycanthrope – elle avait trop peur qu'il voit à quel point les siennes tremblaient-  elle descendit du cab la première, tentant de garder autant de contrôle que possible sur son corps défaillant et traître. Son pied toucha le pavé et, sans se retourner, elle lâcha, priant pour que les mots qui franchissent se lèvres ne soient pas trop étranglés.

- « Montrez moi, Monsieur White. »

La blonde, toujours dos à son interlocuteur, en profita pour cligner des yeux quelques secondes, prendre quelques grandes inspirations salvatrices. Redevenir à nouveau elle même.

La blonde se retourna juste à temps pour voir l'homme de main assis à côté du cocher descendre à son tour de la voiture. Elle l' arrêta d'un geste de la main.

- «  Reste là Charles. Tiens t'en à la consigne, rejoins les autres au point de rendez vous. »

Cocher et homme de main lui adressèrent un regard peu convaincu mais personne n'osait contester les décisions de miss Walkson. Aussi, il remonta sur le banc du conducteur, et après avoir attendu qu' Edward descende à son tour de l'habitacle, ils reprirent leur route.

Une fois qu'ils furent hors de vue, la contrebandière ne put s'empêcher de se demander s'il elle ne s'était pas montrée un peu trop naïve d'accepter de rester seule avec cette créature dont elle ne connaissait absolument pas les faiblesses. Et désarmée de surcroit. Une goutte de pluie, froide et violente vint s'écraser sur son visage, chassant bien vitre ces considérations qui a présent, n'avaient plus lieu d'être. Elle avait demandé à voir. Il allait lui montrer.

Ses yeux se plissèrent et son nez se fronça de cette manière si charmante et enfantine qui était la sienne lorsqu'une autre goutte vint frapper le haut de son crâne, contrastant avec son allure débraillée et sauvage. Elle se saisit du bras d' Edward négligemment pour s'y appuyer. Par ce contact physique, elle voulait montrer que, quoi qu'il puisse être, elle n'était ni effrayée, ni intimidée, et qu'il n'avait pas intérêt à se montrer menaçant avec elle sous prétexte qu'il était autre chose qu'humain. Parce que métaphoriquement, elle aussi était capable de montrer les crocs.

- «  Allons-y. J'espère que votre monde est un peu plus sec qu'ici. »

La voix de Rose était ferme, solide. Elle avait réussit à recomposer son image de fille solide, inébranlable. Elle n'avait jamais eu aucun mal à s'affranchir des croyances, à remettre en question ce que tout le monde prenait pour acquis. Pourtant, là, tout de suite, elle commençait à se demander dans quoi elle avait mis les pieds, si tout ça n'était pas un peu trop pour elle.  Mais il était trop tard pour reculer.
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