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Neige

Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]

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Frédéric Lenoir
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MessageSujet: Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]   Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé] I_icon_minitimeJeu 13 Mar - 21:05

Silence...
Dans l'heure creuse entre 4h et 9h du matin, pas un bruit ne résonne dans les couloirs du Lost.
Silence...
C'est l'heure où les employés du soir et les artistes fatigués sont tous endormis, l'heure où l'équipe du matin dort encore : on se lève tard au cabaret. Les premiers à se mettre au travail étant peut-être le machiniste et le cuisinier.
Pour l'instant, ils dorment encore, et c'est comme si le bâtiment lui-même soufflait un bon coup. Rien ne bouge.

Ou presque.

SCHKLONG-BENG Aïeuh ! beng beng beng beng...
"Et m..."
"Chuuuuut... !"
"Mais je sais--aïeuh..."
"Fais gaffe aux poissons"
"T'inquiète c'est bon. Aïe, fait ch..."
"...ça va ?"
"Ouais c'est bon, ça va, connerie de seau-à-parapluies de m..."


Il est 7h30, et dans le hall d'entrée, deux paires de chaussettes sales se fraient à pas de loup un chemin jusqu'à la cuisine. Un peu plus haut aparaissent des bas de pantalon crottés, et un peu plus haut encore, deux paires de chausures boueuses au bout de deux mains identiques. Une troisième tient un seau au contenu glouglouttant.
Dans la lumière du petit matin filtrant par les hautes fenêtres de la cuisine, ceux qu'on appelle les Lenoir ont l'air aussi excité que deux moustiques prêts à cambrioler la Banque du Sang.

Morgan (car il a les yeux bleus) récupère toutes les chaussures et les pose dans un coin tandis que Frédéric (yeux noisette) pose le seau blob-gloup-plopant sur l'immense table au centre de la pièce.

Dieu seul (s'il existe) sait d'où ils s'en reviennent, mais vu leurs cheveux ébouriffés, leurs vestes chaudes et leurs joues roses, ils y ont sûrement passé la nuit, voire (puisqu'ils ne travaillaient pas la veille) la soirée précédente.

Morgan rejoint Frédéric près du seau, et le regard ravi qu'ils se lancent parle pour deux : quoi qu'ils aient bien pu fabriquer cette nuit, ce qu'ils s'apprêtent à faire maintenant va les ravir dix fois plus. Et ce qui ravi les Lenoir est rarement quelque chose de "normal".

-------(...)-------

Vingt minutes plus tard, la cuisine est sens dessus dessous.

La seule chose qui n'a pas bougé de place est probablement le quatuor de chaussures sales devant la porte. Le reste de la cuisine n'est plus qu'un bordel sans nom auquel seuls des jumeaux sont capables de donner forme : la table n'est presque plus visible sous les piles de plats et de pots étranges. en son centre trônent deux poissons évidés, et un autre en passe de l'être. Sur la cuisinière, le contenu d'une casserolle bout joyeusement à côté d'une poële sur laquelle chante le beurre.

Du fin fond de la réserve, une voix étouffée s'élève.
"Hé, Fred y'a des épices bizarres ici."
Au milieu des fourneaux et accroupi face au four, une autre voix lui répond.
"Amène voir, ça sent quoi ? "
"Hmm l'herbe mouillée et la pomme presque pourrie ?"
"Alors non. Comment on allume ce truc ?"
"Aucune idée. Ouah ! Ça, ça sent vachement bon !"
"Grmbl... "
"Saf...safran ? c'est quoi d'abbord ? On essaye ça ? "
"Boarf, amène toujours. Mais comment on allume cette saleté de machin ?"
"OH ! Des citrons ! Fred ils ont DES CITRONS !"

Dans le hall d'entrée, la grande pendule indique 8h. Il ne reste plus beaucoup de temps.


Spoiler:


Dernière édition par Frédéric Lenoir le Sam 28 Fév - 9:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]   Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé] I_icon_minitimeDim 16 Mar - 18:42

Pour la dernière fois, Robin se réveille dans la chambre qu’il loue. Ce soir, il s’installe au dortoir du cabaret du Lost Paradise. Sa chambre est vide, il ne reste plus qu’un matelas, et deux ou trois choses qu’il déménagera après sa journée de travail. Journée, qui doit commencer dans moins de vingt minute. Encore en retard, la chimère s’habille et court jusqu’au cabaret.
Seau dans une main, serpillère dans l’autre, il se dirige vers la cuisine, qu’il a mission de nettoyer ce matin. Il n’est pas très bien réveillé et son seau cogne plusieurs fois contre les murs du couloirs, laissant des marques de savon qu’il s’empresse d’essuyer de façon un peu distraite. Il marche lentement : récurer la cuisine n’est pas ce qu’il préfère, cette pièce est pleine de recoins saugrenus où la saleté se coince. Quand il arrive dans le couloir il croît entendre un bruit.Un bruit métallique.  Il s’arrête et écoute. Plus un son. Robin hausse les épaules, et continue d’avancer. Quand il arrive à la porte de la cuisine, il entend une voix, un peu enfantine crier distinctement :
"OH ! Des citrons ! Fred ils ont DES CITRONS !"
Surpris, la chimère ouvre la porte. D’abord, il ne voit rien. La cuisine est saturée de fumée, et une forte odeur de poisson grillé l’assaille :
“Mais que ?”
Trop surpris pour articuler trois mots, Robin tend le bras et ouvre la fenêtre à sa droite. La fumée s’échappe et on y voit soudain plus clair. Face à lui, un capharnaüm affreux. Les tables sont couvertes de boîtes et flacons par dizaines, tous ouverts, dégageant des odeurs différentes, et laissant souvent couler une substance inconnue sur le sol. les chaises même sont couvertes d’ustensiles divers, la plupart sales ou emmêlés dans une bobine de ficelle qui a été déroulée.   Le fourneau est allumé, et deux gros poissons sont en train de griller, couverts d’une poudre jaune. Il y  a deux paires de chaussures couvertes de boue qui traînent à l’entrée de la pièce, et même si elles ont été retirée des pieds de leur propriétaire, il y a des traces de pas humides et boueuses dans toute la pièce.  Et au milieu de ce désastre, deux jeunes garçons, parfaitement identiques et ayant l’air paniqué. L’un des deux, aux yeux noisettes, essaye de se cacher sous la casserole qu’il tient en mains. Il a les cheveux coincés dans la poignée. Celui qui doit être son jumeau tient dans sa main un citron, qu’il devait être en train de presser et le jus lui coule sur le bras. Je les ai déjà vu quelque part, pense la chimère, mais sans pouvoir déterminer exactement où.
Silence....
La première surprise et presque une minutes passés à regarder autour de lui, Robin entre plus avant dans la pièce et demande, essayant d’avoir l’ai énervé, même s’il sait que son apparence d’enfant rend ses emportements assez peu crédibles, et même s’il ne peut s’empêcher d’être plutôt amusé par l’air de désespoir des deux jumeaux :  
“Vous faites quoi la vous deux ? Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?”
Mais alors qu’il cherche une expression adéquate pour son courroux simulé, deux choses adviennent qui le rendent assez ridicules. Tout d’abord, son estomac vient lui rappeler au moment le plus inopportun qu’il n’a pas déjeuné ce matin : grounglaboub. Et puis les poissons, oubliés en milieu de cuisson, commence à prendre feu. Notre chimère attrape donc son seau et le déverse sur les poissons. Une fumée épaisse se dégage, et s’échappe par la fenêtre. Il y a maintenant de l’eau savonneuse un peu partout dans la pièce et ce qui reste de la bouche à moitié carbonisée du poisson qui est donc bien mort, se met à faire des bulles comme quand il était vivant.
Les jumeaux ont l’air de plus en plus embarrassés et ne répondent pas. Robin commence à sentir de l’eau froide et sale lui mouiller les chaussettes, et les rendre aussi jaune que la poudre qui couvrait le poisson. Il recule d’un pas, prend son front entre ses mains, et regarde les deux jumeaux d’un air perplexe. Il les reconnaît à présent. Il a vu leur spectacle de magie l’autre jour, c’était assez époustouflant, et drôle aussi. Il sait qu’il va devoir tout ranger, que cela va lui prendre des heures et qu’il devrait être en colère. Mais ce n’est pas le cas. Ils ont l’air tellement dépités d’avoir perdu leur poisson !
Le silence se prolonge. Si les jumeaux ont répondu quelque chose, c’était sans doute à peine audible, car la chimère n’a rien entendu. Robin commence à être embarrassé. Il ne sait pas quoi dire. Il regarde la poêle dans laquelle, sous l’effet de l’eau, le poisson commence à se dissoudre. Et soudain, il regarde les jumeaux droits dans les yeux et leur pose la question qui lui semble la plus importante parmi toutes celles qui se pressent dans son esprit :
“Comment faites-vous pour manger du poissons à 8 heures du matin ? Vous n’aimez pas le pain beurré et la confiture ?”
Face à l’air encore plus surpris des deux jumeaux, et réalisant ce que sa question a d’absurde, il éclate de rire.
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MessageSujet: Re: Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]   Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé] I_icon_minitimeDim 16 Mar - 21:09

Tout allait pourtant si bien... !
Les jumeaux avaient TOUT ce dont ils rêvaient depuis des mois : trois magnifiques poissons pêchés dans la nuit, une immense cuisine, toutes les épices, tous les pots de victuailles possibles et imaginables... ! Le rêve ! Le rêve complet !

Et maintenant ils ont juste... deux poissons pathétiques qui se désagrègent dans les poêles ?
Comment cela a-t-il pu tourner aussi mal ?

Dans un moment de panique les cerveaux frères de Frédéric et Morgan empruntent le même chemin de pensées.

~ Flashback ~
D'abord, la fumée délicieusement épaisse et odorante qui s'échappe, et Frédéric, le nez dans une casserole brouillonnante, pense « Mais où s'en va-t-elle ?! », tandis que Morgan fronce le nez face à l'odeur des poubelles posées devant la fenêtre, qui rentre à l'intérieur.
Puis une silhouette, pas encore nette, qui apparaît, seau et serpillère à la main. Ils ne le connaissent pas encore, mais il a tout de l'homme de ménage. Enfin, du gamin de ménage.
Et m... !

Les jumeaux se figent, Morgan regarde le garçon, le garçon regarde Frédéric, Frédéric se retourne vers Morgan, qui à son tour zieute son frère, couvercle de casserole à la main, qui ne semble pas se rendre compte que ses cheveux sont pris dedans.
Silence.

Morgan ne sait pas quoi dire ; Fred, lui, se démène un instant avec son couvercle, qu'il finit par reposer n'importe où sans rien dire, considérant qu'il n'y a rien à dire : les faits sont là, étalés partout dans la pièce, même un borgne presbyte, de dos, verrait le délit.

Le garçon s'avance.
“Vous faites quoi là vous deux ? Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?”
Les jumeaux se figent, et observent le nouveau venu comme s'il lui avait poussé des antennes.
Silence.

Rectification : un borgne presbyte comprendrait, mais ce gamin, apparemment, pas. Ou alors il essaye d'être intimidant.
Son essai, un brin cocasse, est très louable, mais il n'a pas besoin de faire semblant : les jumeaux sont déjà assez désemparés comme ça, comme deux souris surprises par le fermier à grignoter son gruyère qui se demandent vainement à quelle sauce elles risque d'être mangées (car elles savent déjà qu'elles n'en sortiront pas vivantes).

Frédéric se rappelle vaguement avoir haussé un sourcil en entendant, à la fin de la phrase un... gargouillis de ventre ?

Puis une lumière soudaine à son côté, et il tourne la tête vers deux poissons en flammes chacun sur sa poêle.
- NON !
Ça, c'est Morgan. Fred réagit au quart de tour : il empoigne une poêle et s'apprête à la mettre dans l'évier, mais il a à peine le temps de saisir le manche que...
SPLASH

~ Fin du flashback ~

Choc.
Choc total et définitif dans l'esprit des jumeaux.
Les poissons sont... partis ? Finis... !? Gâchés... ?!!

L'information est trop dure, trop laide pour être absorbée, ils restent là sans rien dire à observer les poêles noyées et les poissons bloubloutants.
Morgan reste à côté de la table qu'il a contournée en courant pour sauver les poissons, Frédéric avec sa poêle en mains, les bras trempés par l'eau savonneuse jusqu'aux coudes. Par réflexe, il la repose, et son esprit reprend vie peu à peu.

Parmi les pensées entrechoquées qui se disputent soudain la place à l'avant de son esprit, trois lui semblent plus importantes que les autres : le poisson est foutu ; c'est la faute du gamin ; Morgan va exploser.

Celle qui lui semble la plus importante à traiter est la troisième : la première règle à savoir concernant les hydres, est qu'on ne rigole pas avec la nourriture.
Jamais.

Il ignore que Morgan, de son côté, a pensé presque la même chose : la première règle à savoir concernant Frédéric, est qu'on ne rigole pas avec le poisson.
Jamais.

C'étaient leurs poissons, foutredieux ! Les leurs ! Qu'ils ont joyeusement pêché toute la nuit, dont il sont rêvé chaque jour de ces deux derniers mois... !

D'un coup les jumeaux se retournent l'un vers l'autre, et expirent un « Il en reste un ! » qu'ils espèrent salvateur, afin de calmer la panique de l'autre.

Plutôt que de les faire rire, la coïncidence les apaise un brin.
Un tout petit brin. Le troisième poisson était énorme, et bien à l'abris dans le four. Un brochet assez moyen, mais qui ferait l'affaire pour en nourrir trois comme eux. Ils pensaient le garder pour plus tard, après les deux petites lottes.

Morgan ne peut quand même pas s'empêcher un regard noir en direction de l'intrus. Fred, lui, digère encore l'info, il n'a pas encore remarqué l'état de ses chaussettes (boueuses ET mouillées), et regarde juste son frère d'un air perdu.
Soudain, après un long silence, le pompier d'un jour (et policier potentiel) se rappel à leur souvenir.

“Comment faites-vous pour manger du poissons à 8 heures du matin ? Vous n’aimez pas le pain beurré et la confiture ?”

La question est tellement absurde qu'aucun des deux ne réagit. Ils le regardent juste avec des yeux de merlan frit (c'est le cas de le dire).
Morgan car il aime évidement le pain et la confiture, mais qu'il ne voit pas bien en quoi cette information est incompatible avec un bon poisson frit matinal.
Frédéric parce que la question en elle-même lui fait l'effet d'une cerise extra-terrestre sur un gâteau-surprise d'absurdités indigestes.

N'était-il pas sensé les disputer ? Ou paniquer ?
N'étaient-ils pas sensés LE disputer ? Ou paniquer ?

Puis, le garçon se met à rire, et soudain toute la tension dans l'air semble se dissiper. Et Frédéric, toujours enclin au 2ème degré, pose un regard neuf sur la cuisine, le bordel, les poissons pathétiques dans leurs poêles trempées et glougloutantes, ses chaussettes trempées, celles du gamin... C'est vrai que vu sous cet angle...
Comprenant qu'ils ne se feront pas tuer pour leur délit tout de suite, il soupire, et se met à rire aussi.
Morgan, lui, reste légèrement perdu.

Toujours souriant, "yeux-noisette" finit par attraper un essuie sec sur une chaise et se sèche vaguement les bras.
- Désolés pour le bordel. On comptait tout nettoyer après...
Puis se souvenant du détail du ventre gargouillant, il propose, à tout hasard.
- Il en reste un dans le four, si tu... vous voulez partager... ? --
- Fred ! Le four !
- --Merde, le four ! Pardon ! Merde, est-ce que vous pouv—tu.. pardon. Désolééé...

Sans plus d'explications, le cracheur de feu pousse l'homme de ménage sur le côté et ouvre la porte de l'enfer enfumé qu'est devenu le four. Sans attendre que ça refroidisse, il plonge dans la fumée et s'aide de son essuie de vaisselle pour en ressortir un plat à poissons au centre duquel trône un brochet tout juste cuit à point. Morgan, réactif, a déjà dégagé un espace sur la table pour l'y poser, et ils poussent tous deux un soupir retentissant une fois leur dernier poisson sauvé de la catastrophe, et se tapent dans la main.

Puis, reprenant conscience de l' « intrus » abasourdi à leur côté, Fred se remet à rire, suivit de près par l'homme de ménage. Morgan, lui, finissant par accepter la deuxième mort des lotes, se détend aussi, et rit, mais pour avoir réussi à sauver le brochet.

Une fois calmés, ils s'expliquent.
- J'sais qu'on a pas trop le droit, mais le soir c'est bondé on peut rien cuire tranquille.
- Les poissons on les a eu c'te nuit alors on a voulu les faire.
- Ouais, pasque j'pensais pas que quelqu'un nettoyait à c't'heure. Mais si t'as faim aussi on peut déjeuner ensemble puis on nettoiera tout après ?
- Ou avant... ?
Lançant un regard à la cuisine ravagée, Fred acquiesce.
- Ou avant.

Face au silence pensif de leur vis-a-vis, Morgan ajoute, comme dernier argument (car il pense sincèrement que c'est là que réside le problème, et non pas dans leur délit ni dans l'état scandaleux de la cuisine) :
- La confiture est par là.
Et il désigne la réserve, désormais son endroit préféré sur Terre, attendant  désespérément que l'autre accepte leur traité de paix, pendant que Fred s'apprête à dépiauter timidement le poisson.
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MessageSujet: Re: Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]   Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé] I_icon_minitimeMar 18 Mar - 21:42

L’éclat de rire de Robin a visiblement détendu l’atmosphère, l’un des deux jumeaux, que la chimère à bien du mal à différencier de l’autre, éclate lui aussi de rire. Robin sourit aux deuxième jumeau, qui a encore l’air un peu perdu, et remarque par la même occasion qu’ils n’ont pas la même couleur d’yeux. Celui qui a rit a les yeux noisette, l’autre les yeux bleus. Bon, même s’il ne se souvient toujours pas de leur nom, qu’il a bien dû voir sur une affiche pourtant, cela lui fait au moins une méthode pour les différencier. Yeux noisettes, donc s’excuse de l’affreux désordre de la pièce :
- Désolés pour le bordel. On comptait tout nettoyer après...
Et, après une pause, pendant laquelle Robin se demande ce qu’il pourrait bien répondre à cela, il ajoute ;
Il en reste un dans le four, si tu... vous voulez partager... ?
En une fraction de secondes, Robin comprend qu’il s’agit d’un poisson et réalise, avec honte, que son glougloutement stomacal de tout à l’heure a dû être entendu. Mais il a à peine le temps de commencer à envisager la révolution dans ses habitudes alimentaires que constituerait le fait de manger du poisson cuit au four au petit déjeuner, que Yeux-Bleus pousse une exclamation :
-Fred ! Le four !
Alors que Robin regarde quel niveau reste dans son seau d’eau pour éteindre un éventuel deuxième début d’incendie, et oublie de relever le prénom qui vient d’être crié à deux centimètres de lui, y
Yeux-Noisettes se jette en avant, dit :
-Merde, le four ! Pardon ! Merde, est-ce que vous pouv—tu.. pardon. Désolééé...
Il  pousse  Robin de côté, et se jette dans le four brûlant. Pendant qu’il se bat de l’autre côté du Styx, Yeux-Bleus dégage un espace sur la table, faisant tomber quelques bouteilles de verre au passage. Alors, Yeux-Noisettes ressort du four, et dépose un énorme poisson fumant et cuit à point sur la table. Les deux jumeaux soupirent un grand coup et se tapent dans la main, ce qui, vues toutes les substances avec lesquelles elles ont été en contact fait un bruit plus proche du splotch que du clac. Alors, Yeux-Bleus éclate de rire.
Robin est impressionné par la rapidité et la coordination des deux jumeaux. Il reste muet, comme il l’avait été devant leur spectacle quelques jours plus tôt. Il se demande comment deux jeunes hommes aussi habiles ont pu mettre un tel boxon dans cette cuisine. Pensif, il se gratte le front et regarde les manifestations de joie des jumeaux avec perplexité. Alors que ses pensées commencent à dériver de nouveau, il est interrompu par les explications rapides et un peu confuses des deux jumeaux, qui, pour ne rien arranger ont une légère tendance à parler en même temps, l’un terminant la phrase de l’autre :
- J'sais qu'on a pas trop le droit, mais le soir c'est bondé on peut rien cuire tranquille.
- Les poissons on les a eu c'te nuit alors on a voulu les faire.
-Ouais, pasque j'pensais pas que quelqu'un nettoyait à c't'heure. Mais si t'as faim aussi on peut déjeuner ensemble puis on nettoiera tout après ?
Après ?, pense Robin : en jetant un oeil à la cuisine, il ne voit pas un seul endroit où ils pourraient manger sans voir se mélanger à leur plat quelque morceau de verre, de boue, ou quelques gouttes de mixtures inconnues et répugnantes. Yeux-Bleus a visiblement compris le problème car il ajoute :
- Ou avant... ?
Yeux-Noisettes vient à ce même constat le dernier et dit, lui aussi :
- Ou avant.
Prendre un petit déjeuner tente assez Robin, qui a très faim, et ces deux jumeaux lui semble sympathiques, et sans doute assez fous pour qu’ils puissent s’entendre. En même temps, il hésite  accepter l’offre : manger des poissons si tôt le perturbe, et il n’est pas sûr de vouloir prendre le risque de se faire virer alors qu’il n’a même pas encore fini de déménager au dortoir du Lost. Les moments de raison sont assez rares chez Robin, mais ils existent et le plongent dans de grands dilemmes. Il est interrompu dans ses pensées qui l’ont encore fait complètement oublier la conversation en cours par Yeux-Bleus qui ajoute, désignant la réserve :
-La confiture est par là.
Pendant ce temps, Yeux-Noisettes commence à dépiauter le poisson.
Alors, un grand sourire envahit lentement le visage de Robin. Il abandonne tout scrupule et va chercher le pot de confiture : la cuisine, dans l’état où elle est, n’en est plus à un larcin prêt. Il cale le pot qu’il a choisi (marmelade d’orange) dans sa poche et dit :
-Bon, d’accord, on range puis on mange. Si tu laissais le poisson au chaud, toi ?
Et sans se préoccuper des actions de ses désormais complices, la chimère attaque le rangement. Il commence par rassembler les quelques bouteilles cassées et les mettre dans la poubelle. Il s’inquiète un peu de leur remplacement, mais la perspective de manger de la confiture le met en joie, et il se demande même s’il ne va pas même essayer le poisson. Il n’en est plus à une action étrange prêt ce matin, après tout. Il range ensuite tout à sa place et finit par nettoyer énergiquement tout ce que les jumeaux ont sali. Il chantonne parfois un peu mais s’interrompt dès qu’il lui semble que ses acolytes pourraient l’entendre. Son ventre gargouille avec régularité, il se dit, comme presque tout les matins, que c’est la dernière fois qu’il part sans manger.
Quand le ménage est fini, Robin se dit qu’il n’a pas volé son déjeuner, il meurt de faim. Il a trouvé le pain et l’a mis sur la table, maintenant propre, et il s’assied. En voyant le poisson sur la table, il se rappelle comment celui-ci a été sauvé du désastre et comment Yeux-Noisettes a sorti à mains nues, ou presque, le poisson de la fournaise. A mains, nues, mauvaise idée, se dit Robin, un peu inquiet :
-Eh, tu ne t’es pas brûlé tout à l’heure ?
Et il tend la main vers celle de son voisin de table, à la recherche de tout trace de brulure sur celle-ci (même un cracheur de feu peut se brûler, non ?). Ayant tout juste attrapé le poignet de Yeux-Noisette, il se rend compte de ce que son geste a d’incongru, vis à vis de quelqu’un dont il ne connaît même pas le nom. Il se fige, devient tout rouge, lâche lentement le poignet et bégaye :
-Et, euh, sinon, euh vous vous appelez comment ? Moi c’est Robin.
Ayant conscience que cette tentative pathétique de détourner l’attention a peu de chances de réussir, il rougit encore plus, et combat difficilement la tentation de se transformer en corbeau et de s’envoler par la fenêtre.
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]   Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé] I_icon_minitimeMer 26 Mar - 22:19

Le temps qu'il faut à Mister Serpillère pour réagir met les nerfs des jumeaux à rude épreuve, même si ça ne se voit pas.
Pour l'instant ils n'ont pas vraiment eu le temps de bien le détailler, ils voient juste que c'est un gamin un peu plus jeune qu'eux (mais dans ce Cabaret, tout est relatif), et qu'il n'est pas bien impressionnant physiquement (ce n'est rien de le dire).
 
Cependant, par nature les Lenoir sont méfiants : Morgan parce qu'il est conscient de son manque d'expérience avec les tournures d'esprit des humains (ou en tout cas des non-hydres en général) ; Frédéric, parce que la vie l'a formé comme ça. Ce gamin à l'air sympathique pourrait toujours se révéler être un lèche-bottes compulsif ou un simple rabat-joie, et pourrait partir à tout moment prévenir le Boss en courant.
 
Heureusement pour les frangins, le concerné ne leur laisse pas vraiment le temps d'appréhender plus que ça : du coin de l'oeil, Frédéric, penché sur son poisson brûlant, voit le garçon qui se dirige sans un mot vers la réserve, avec ce qu'il lui semble être un sourire au coin des lèvres. Un coup d'oeil à Morgan le temps que l'autre fouille bruyamment à l'intérieur lui confirme ce qu'il croit. Ce n'était pas un sourire en coin, c'était un air ravi.
Bien !
Bien bien bien !
 
Un brin appréhensif quand même, il relève la tête pour voir le manieur de seaux ressortir, un pot de marmelade à la main, qu'il range d'un air décidé dans une de ses poches, qu'il a profondes et spacieuses. Quand il les voit tous les deux qui l'observent, il lâche enfin sa deuxième phrase complète de la journée.
-Bon, d’accord, on range puis on mange. Si tu laissais le poisson au chaud, toi ?
Alors, Yeux-noisettes se met à rire, d'un grand rire soulagé de lapin qui vient d'éviter de passer à la broche. Se penchant sur le poisson pour finit de le découper, il s'adresse à personne en général.
- Ooh, compte sur moi !
 
Morgan, qui s'est détendu aussi (ça se voit à sa mine réjouie de gamin de 6 ans), se penche vers lui, un doute dans la voix.
- Mais on laisse les épices, oui ?
Frédéric acquiesce. La cuisson n'est pas finie, quoi qu'on puisse en croire, et leur acolyte anonyme, déjà en train de ramasser les pots cassés (littéralement) pourrait bien faire une gaffe et évacuant, dans sa dévastatrice fièvre du rangement, les épices soigneusement choisies par Morgan dix minutes plus tôt.
Parlant fort assez pour être entendu des deux, il précise. 
- On laisse les épices, j'en ai encore besoin. Et le jus de citron et les morceaux. Et aussi la casserole qui chauffe. Le reste c'est bon vous pouvez jareter.
 
Le terme est pâtoisant, mais Fred l'ignore. Tant pis pour les parisiens et leur accent guindé.
S'en suit alors une danse tourbillonnante de mise en ordre et de fraîcheur. Tandis que Frédéric s'affaire entre son poisson découpé, sa casserole et une poêle frétillante, Morgan essaye tant bien que mal de ranger tout ce qu'il a pris dans la réserve à sa place. Leur complice s'occupe de la pièce en elle-même, des pots cassés et de l'éradication systématique de chaque tâche gluante au code génétique obscur qu'il croise.
 
Entre deux cuissons, Frédéric en profite pour le détailler. Il n'a pas eu le temps de le faire tout à l'heure, et trop concentré sur sa cuisine, il aurait presque oublié sa présence, si ce n'était pour les quelques paroles que celui-ci échange avec son frère (je mets où ça ? t'aurais pas vu un pot en verre vide pour remplacer l'autre ? ) et pour les bribes de gargouillis de ventre qui lui chatouillent les oreilles quand l'autre s'affaire un peu trop près.
 
Il le voit remuer les lèvres silencieusement tandis qu'il travaille, et ça lui rappelle son père.Il grommelait toujours dans ses dents en travaillant. Surtout quand il bricolait. Le Rebouteux qu'il était était plus doué avec les décoctions qu'avec les marteaux...
 
Pour l'instant le garçon est penché sur une tâche gluante particulièrement tenace, et il peut le détailler tranquillement.
Pas vraiment un athlète, pâle, maigrichon, élancé, la tignasse défaite, couleur charbon... Il lui fait penser à une mésange nonnette. Une mésange nonnette en plein hiver, quand elles n'ont plus vraiment de quoi se faire un festin. Le mage de la forêt d'Ardenne retourne à sa cuisine en souriant silencieusement : il ne sait pas encore la vraie nature de cet employé-là, même si instinctivement il le sent animal, mais dans tous les cas un bon petit déjeuner chapardé aux cuisines du Lost ne lui fera pas de mal.
 
Une fois son poisson cuit et mis sur des plats, il prend un essuie et accompagne Morgan à a vaisselle.
 
Le nettoyage aura prit un temps monstre, mais en se retournant, Fred n'en croit pas ses yeux.

On dirait une cathédrale, tellement c'est propre. Au milieu de la table, propre et dressée, trônent ses deux plats de poisson.
L'un continent quelques morceaux choisis au brochet, qu'il a fait frire avec de la chapelure et quelques épices bizarres de son frère. Le fumet qui s'en échappe est surprenant, mais pas désagréable du tout.
Dans l'autre plat flottent des morceaux énormes entourés d'une sauce beige qui sent le sel, l'huile, et le citron, et dans laquelle baignent des morceaux de fruits difficilement reconnaissables.
 
Et à côté de tout ça, une carafe d'eau, du pain à profusion et de la confiture.

Leurs ventres gargouillent à l'unisson, et ils s'installent tout contents, quand celui que Fred a décidé de surnommer Nonnet s'inquiète soudain en lui prenant le bras.
-Eh, tu ne t’es pas brûlé tout à l’heure ?
Fred se laisse faire, surpris. Mais à peine lui a-t-il pris la main que le garçon la lui rend, rouge pivoine et bégayant.

-Et, euh, sinon, euh vous vous appelez comment ? Moi c’est Robin.
Les jumeaux haussent chacun un sourcil. Un instant, Morgan a eu peur pour son frère. Il sait, que l'autre n'est pas humain, même s'il ne sait pas ce qu'il est ; et tout ce qui n'est pas identifié peut vite devenir un danger. Mais pour le coup, cette action soudaine le rassure.
On dirait lui.
On dirait un non-humain qui essaye d'en être un.
- Moi c'est Morgan.
 
Puis voyant que Fred ne réagit pas, et que l'autre a l'air complètement démonté par sa propre audace, il ajoute :
-Fred se brûle jamais.
 
La vérité, c'est que le mage a été pris de court. Il ne se brûle jamais, (ou presque) c'est vrai, mais on le remarque généralement pas. Et il ne sait pas comment trouver d'explication sensée. Pour dire quelque chose, il baragouine, le fixant toujours, son bras à l'horizontale, là où l'autre l'a laissé :
- Ben j'avais un essuie...

Mais il doute que « Nonnet » le croie.
Les éléments sont ses "amis" depuis qu'il est tout petit. Dans le four, il n'a eu qu'à penser au danger pour qu'il s'écarte. Il ne saurait pas bien expliquer lui-même comment il a fait ça. Le fait est qu'il ne s'est pas brûlé, juste parce qu'il est mage. Et un très bon mage pour être honnête.
Il se rappelle vaguement avoir fait bouger l'eau qu'il avait sur les bras pour qu'elle le protège, et avoir appelé de l'air pour chasser la fumée. L'essuie et la rapidité ont fait le reste.
Devant l'air sceptique de son vis-à-vis, il finit par sourire, et par lui tendre la main pour qu'il la serre.
- Moi c'est Fred. Morgan est acrobate, et moi chui cracheur de feu. Ce serait triste que je me brûle, non...?

C'est alors que le ventre de Morgan se fait entendre à son tour, et ils se retrouvent à rire une fois de plus.
La nuit a été longue, la pêche dure, la cuisine... surprenante. Décidément, il était temps de manger.

S'armant d'une spatule et d'une louche, il se met en devoir de servir son assiette et celle de son frère, tandis que celui-ci prend du pain, la mine réjouie et salivant comme un bienheureux.
Espérant que son explication scabreuse aura satisfait Robin (ou pas, après tout, dans ce cabaret tout finit toujours par se découvrir), il se tourne vers lui, louche en main.
- Alors, tu veux essayer ?

Morgan, bien-sûr a déjà commencé : il mange comme un porcelet. Au moins, il y en a un qui trouve ça bon.

Ce que Robin ne sait pas encore, c'est la réputation de gouffres culinaires que détiennent les Lenoir au Cabaret. Alors voir que Morgan dévore un plat n'est pas forcément un signe de cuisine exceptionnelle... Quoique.


Spoiler:

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MessageSujet: Re: Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]   Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé] I_icon_minitimeJeu 3 Avr - 21:37

Rouge de confusion, Robin a aussi un peu peur. Il ne sait pas bien quelle pourrait être la réaction de ses vis-à-vis, il craint quelque explosion de violence, et même face à des humais ordinaires, il ne fait que rarement le poids. Le sourire amusé de Yeux-Bleus le soulage. Il est suivi d’un réponse à la question que la chimère avait presque oublié avoir posé :
-Moi c'est Morgan.
La chimère esquisse un sourire gêné et le rouge quitte lentement ses joues qui retrouvent petit à petit leur teint habituel.
-Fred se brûle jamais.
-Ah
Dit Robin soulagé et vaguement interloqué.  
Le silence de Fred (puisque tel semble donc être son nom) plonge cependant de nouveau la chimère dans l’embarras, émotion dont elle connaît par coeur toutes les nuances. Le silence se prolonge. Et puis Yeux-noisettes baragouine une explication :
- Ben j'avais un essuie...
L’explication aurait sans doute semblé étrange à Robin en temps normal et la lui semblera de nouveau plus tard, mais sur le coup, il est tellement content d’entendre la voix de l’autre  et de ne pas se faire crier dessus qu’il l’accepte sans rechigner. Il hoche la tête d’un air approbateur, mais encore marqué par son sentiment de honte et sert de l’eau à tous leur petit groupe. Fred semble n’être pas entièrement satisfait de son explication car il ajoute :
- Moi c'est Fred. Morgan est acrobate, et moi chui cracheur de feu. Ce serait triste que je me brûle, non...?
Robin hoche la tête en essayant d’avoir l’air le plus convaincu possible, mais quelques questions lui effleurent l’esprit. Une telle résistance à la chaleur est tout de même étrange, et comme personne n’est tout à fait ordinaire dans ce cabaret... Le gargouillement de ventre de Morgan tue dans l’oeuf les spéculations de la chimère. Les deux jumeaux éclatent de rire, et, un peu en retard, Robin en fait de même.
Alors, Fred prend une louche et commence à se servir, puis sert son frère, qui se jette sur la nourriture et commence à la dévorer bruyamment, avec une expression de profond contentement sur son visage. Ce spectacle aiguise la curiosité de Robin, qui s’est machinalement saisi d’un morceau de pain. Tout en sortant par automatisme le pot de marmelade de sa poche, en l’ouvrant et en commençant à se tartiner une tartine, il se demande s’il ne pourrait pas tester ce plat étrange d’autant qu’il est presque l’heure de déjeuner : les heures de ménages ont été longues. A ce moment de ses réflexion, il voit Fred se tourner vers lui, louche en main et l’entend lui demander :
- Alors, tu veux essayer ?
Robin décide de considérer une telle coïncidence entre ses pensées et les actions de son vis-à-vis comme un signe du destin l’informant qu’il DOIT goûter le poisson au petit déjeuner. Il a parfois des méthodes assez sophistiquées de cet ordre pour pallier à ses moments d’indécision. Il prend donc un air convaincu et proclame, d’une voit rendue assez ridicule par son ton inadapté au contexte :
-Oui, s’il te plait Fred, je veux essayer de manger du poisson ce matin.
Le voilà servi. Son ventre produit de nouveau un monumental gargouillis. Saisissant sa cuillère, il l’approche du plat. Il a très faim mais il hésite un peu quand même. Un regard à Morgan qui a plutôt l’air d’apprécier ce qu’il mange fait disparaître ses derniers doutes. Il plonge sa cuillère dans la mixture et la porte à ses lèvres. Le poisson est chaud, mais pas brûlant, il est cuit à la perfection et fond dans la bouche. Les épices donnent un goût relevé mais pas trop piquant, même pour les papilles peu habituées au piment du français qu’est Robin. Bref, c’est délicieux. C’est même si bon et si goûtu que les os de la mâchoires lui en font un peu mal. Après sa première bouchée encore un peu hésitante, la chimère plonge de nouveau la cuillère dans le plat avec conviction et une cuillère suivant l’autre, l’assiette est bientôt vide. Il se ressert. Une  autre demi-assiette plus tard, le plus gros de la faim de Robin est rassasiée, et il commence à pouvoir apprécier plus précisément les qualités du plat. À y bien réfléchir, et sans nier qu’il est excellent, Robin trouve qu’il lui manque quand même quelque chose. Quelques bouchées plus tard, et sa deuxième assiette presque finie, il comprend. Ce n’est pas tout à fait assez sucré à son goût. Heureux de sa découverte, et ayant retrouvé une énergie suffisante pour parler, la chimère décide d’en faire part à ses compagnons de bombance.
-Miam, c’est trop bon ! Vous croyez pas que ce serait encore mieux avec un truc sucré dedans ?
Et sans attendre la réponse de ses commensaux qui semblent d’ailleurs assez occupés à manger leur plat, Robin part en quête d’une solution à son problème. Il cherche des yeux sur la table une boite de sucre, mais hélas, ne trouve rien de tel. Il se demande s’il va avoir la force d’aller en chercher dans la remise, et puis il décide que non. Alors que, se resservant, il s’apprête à renoncer à son projet, il aperçoit à côté de son assiette la tartine recouverte de confiture qui constituait son projet initial de petit-déjeuner. La confiture, c’est sucré, se dit-il. Jetant un oeil à sa tartine et à son plat il décide d’entreprendre une action pleine de bravoure et de mélanger les deux ingrédients. Ce qu’il fait.
Ce mélange étrange est étonnement bon, au goût de Robin du moins. Si vous voulez savoir si la chimère est une espèce aux goûts alimentaires peu recommandables, essayez vous même. C’est d’ailleurs bien là l’état d’esprit de Robin, qui, satisfait de son invention, dit aux jumeaux, en leur tendant le pain et la confiture :
-C’est vraiment très bon, le mélange poisson-confiture, vous voulez essayer ?
Frédéric Lenoir
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MessageSujet: Re: Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]   Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé] I_icon_minitimeJeu 3 Avr - 23:33

AAAAaaaaaaaahhhhhhhh. Du Poisson.


Du vrai poisson, du bon poisson, du frais poisson.
Du bon brochet cuit au four, frit à la poêle dans la chapelure.
Du brochet frais, pêché la nuit, trempant dans la sauce et les épices.

Du.
Poisson.


Difficile d'expliquer ce qu'il se passe dans la tête du « p'tit Lenoir » quand il mange du poisson. Comme de vouloir expliquer à un aveugle l'émotion produite par un feu d'artifice une nuit d'été.
Comme de vouloir exprimer, en hollandais, la beauté de la musique à un enfant sourd et chinois.
Comme de vouloir trouver des mots pour décrire l'indescriptible.

On ne peut pas, et c'est inutile.
D'ailleurs, la seule chose qui vient à l'esprit de Frédéric Lenoir, quand il mange du poisson, c'est « Ah ! ».
Un bon grand Ah, qui s'étire dans l'espace infini du temps, lequel semble ralentir un peu plus à chaque mouvement des mâchoires, et s'arrête pour de bon à chaque fois qu'il avale. Le tout suivit d'un point d'exclamation pur et dur, qui prend tout l'espace et emporte le Ah vers des cieux plus étoilés, plus vivants.

De l'extase à l'état pur.
Et quand Morgan est dans la pièce et mange le poisson avec lui, c'est encore mieux.

Parce que les jumeaux n'en sont pas vraiment, parce qu'ils sont à la fois plus et moins que ça, ce rituel du poisson est pour eux quelque chose de tout particulier. Il y a peu de choses dans ce monde qui les rende plus délicieusement sereins.



C'est pour cela qu'à peine la conversation finie, à peine l'explication bancale de l'absence de brûlures exprimée, les jumeau ont cessé de parler.
« Nonnet » ne le sait pas encore, ne s'en rendra peut-être pas compte avant longtemps, mais il vient de gagner une place V.I.P. à l'un des moments privilégiés (et très privés) des « jumeaux ». Et s'ils n'avaient pas attendu ce moment depuis des mois, et s'ils n'avaient pas commencé par avoir peur de lui, et s'il n'était pas allé chercher ce pot de marmelade dans la réserve une demie-heure plus tôt sans rien dire, ils auraient préféré se jeter sur lui que de le laisser partager ça.

Le fait que le garçon aie accepté d'essayer leur Merveilleux Poisson Rescapé (que, honneur extrême, ils ont accepté de partager), le fait qu'il ait vidé son assiette en silence (sans même toucher à sa propre tartine sacrée de beurre-confiture), puis qu'il se soit resservi sans un mot, tout cela ajoute au bonheur des Lenoir, qui l'ont rangé en un instant dans la liste très réduite de leurs amis potentiels.
Leurs vrais amis. Ceux à qui, par défaut, ils font plus confiance qu'à d'autres.


D'ailleurs, pour le coup, ils ont eu de la chance de pêcher un brochet si « gros ». Il y en a de plus gros, mais ils ont été bien inspirés de garder celui-là : le garçon, qu'ils savent maintenant s'appeler Robin, en est à sa deuxième assiette du plat de poisson en sauce. Morgan a fini la première, et vient de finir son cinquième morceau de poisson frit. Fred, lui, ne compte plus depuis un bon moment. Paradoxalement, il est celui des deux à qui le plat fait toujours le plus d'effet : au partage de leurs âmes, c'est lui qui a récupéré l'Amour du Poisson. Les premiers temps, il en rêvait à chaque instant, et si l'envie s'est calmée avec le temps, l'effet produit par la chair tendrement aquatique est toujours resté le même.
Morgan, lui, en a mangé toute sa vie. C'est la cuisine des humains qu'il adore, et la découverte infinie de toutes les façons inédites d'accommoder son ancien régime alimentaire exclusif.




Le temps passe, lentement, parfaitement, et entre deux bouchées d'excellence leur complice d'honneur exprime de manière parfaite et en trois simples mots, le sentiment général.
-Miam, c’est trop bon !
Que répondre à ça ? Morgan le nez dans son assiette, et Frédéric calé sur son tabouret, une fourchettée de poisson frit à mi-chemin de son visage, acquiescent en silence.
- Vous croyez pas que ce serait encore mieux avec un truc sucré dedans ?
Haussement de sourcil et regain d'intérêt.
Du sucre ?

… Ma foi pourquoi pas. Il existe bien dans les Ardennes un plat magique qui s'appelle les « pêches au thon » délicieusement sucré-salé, donc pourquoi pas.
Avec intérêt, les deux frangins s'accordent une pause pour observer Robin, le temps qu'il mette son idée à exécution... avec de la marmelade ?
Les frangins se lancent un regard. Alors ça, c'est nouveau. Le gamin est aussi tapé qu'eux !

Ils subissent avec hâte la dégustation par Nonnet du mélange inédit, lequel a l'air presque aussi excité qu'eux. Il a l'air d'un gamin prêt à sauter d'une falaise, et tout content de le faire.
C'est clair, il est vraiment aussi tapé qu'eux.

Le garçon goûte son plat, et le verdict tombe.
-C’est vraiment très bon, le mélange poisson-confiture, vous voulez essayer ?

Morgan, qui a la bouche pleine, se contente d'acquiescer avec entrain et de tendre son assiette.
Une fois la cuillerée de marmelade posée sur l'assiette, il mélange le tout énergiquement.
Fred, lui, se contente de regarder. Les mélanges, c'est pour son frère. Lui, ce qu'il aime, c'est le poisson.

- Mmmmiüüüc'trop bon. Fred ! Essaye.

Preplexe, mais excité, il se penche sur la table et tend sa fourchette vers l'assiette du frangin.
Il est le seul à pouvoir faire ça : Morgan, en tant qu'hydre, a toujours été très possessif vis-à-vis de sa nourriture. S'il propose à Fred de partager, c'est que ça doit vraiment être bon.


Si le mélange semble ravir son frère au plus haut point, (en attestent les étranges petits gémissements qu'il émet en mangeant) Fred, lui, reste mitigé. C'est bon, mais ça pourrait être mieux. À la base, il n'aime pas spécialement la confiture d'oranges.
Les fruits rouges par contre...
-...frnomnoamboises che s'rait géantnomiom.

L'idée est tentante, mais il a la flemme. Il est si bien installé là, avec les plats de poisson quasi vides en face de lui et son ventre plein à craquer. Il sent ses yeux commencer à lui piquer, et un instant, il se laisse aller sur son tabouret et s'appuie sur le meuble derrière lui, tout content.
Puis il se rend compte qu'entre-temps, Morgan est allé fouiller la réserve, et il observe en silence son frère qui revient vers lui et pose dans un clac triomphant une bouteille de jus de framboises devant lui.
- Oh !
- Tiens, essaye.

Fred ne se fait pas prier, et après un coup d'oeil excité vers Robin, il se serre un verre.
Il boit une gorgée, puis enfourne un micro-morceau de poisson...

Si l'effet du poisson en lui-même était indescriptible, celui du mélange poisson-jus-de-framboise pourrait, s'il était mis en bouteille et vendu 1Fr pièce, ruiner la France entière en moins d'une heure.


Vu la tête de Morgan, le mélange poisson-confiture lui réussit tout pareil, et les deux frères posent chacun son tour des yeux pleins d'étoiles sur leur petit complice en bout de table. Alors lui, s'il a besoin d'un truc, il n'aura qu'à appeler et ils seront là direct. Sans trop s'en rendre compte, Fred marmonne entre deux gorgées de jus un petit « Purée toi, t'en es un sacré ! » sincère et désintéressé.

Puis, comme les ventres se font lourds, Fred décide de faire une pause, et son cerveau en extase redescend un peu sur Terre.
Dans le hall d'entrée, la pendule sonne la demie. La demie de quelle heure, il n'en sait rien, mais il doit être tard.
Pour éviter d'y penser, et parce qu'il est curieux, le cracheur de feu se tourne vers Robin.

- Je t'avais jamais vu avant. T'es nouveau ? Ou c'est juste que tu travailles toujours si tôt ?

Morgan, en bout de table, le visage posé au creux de sa main, semble sur le point de s'endormir.

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MessageSujet: Re: Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]   Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé] I_icon_minitimeSam 19 Avr - 13:25

Robin dévore. Il avait vraiment faim, et décidément, ce mélange poisson-marmelade d’orange était une bonne idée. Il est en train de finir sa troisième assiette et à vrai dire il se demande s’il ne va peut-être pas en prendre une quatrième. Ces derniers temps ont été une période de vaches maigres et cela fait vraiment très longtemps qu’il n’a pas mangé de poisson. Il regarde les deux jumeaux manger et sourit au résultat de sa proposition de mélange. Ça a vraiment l’air de beaucoup plaire à Morgan, et d’ailleurs il le dit :
- Mmmmiüüüc'trop bon. Fred ! Essaye.
L’autre par contre à l’air moins convaincu, même s’il a accepté, après des hésitations la proposition de son frère. Il mange avec un sourire aux lèvres mais aussi avec un air réflexif qui fait penser à la chimère que son compagnon de table cherche une autre recette. Robin se met donc à réfléchir lui aussi mais il a commencé plus tard et son cerveau et pas mal ralenti par toute l’énergie prise à la mastication. Aussi, Fred est plus rapide que lui :
-...frnomnoamboises che s'rait géantnomiom.
Après un moment de perplexité face aux mots prononcés la bouche pleine par Fred, la chimère finit par comprendre le sens global de la phrase. Ça parle de framboise. Voilà qui est intéressant. Les fruits rouges ne font pas partie des habitudes alimentaires du Robin humain, ça fait plutôt partie de son expérience de corbeau. Il n’a jamais vraiment eu l’occasion d’en manger...mais si. Cette pensée le plonge dans un moment de mélancolie. Il a très peu de souvenir de sa vie d’avant sa première transformation, chez ses parents. Et voilà qu’un souvenir lui revient, un qu’il avait entièrement oublié. Il devait avoir peut-être trois ans, ou quatre, pas plus. Il est vraiment tout petit : il tient la main de sa mère ou plutôt son petit doigt, car sa main est trop menue pour tenir plus. Ils sont dans la forêt et sa mère tient un panier dans son autre main. Ils sont sans doute partis récolter des fruits sauvages pour améliorer l’ordinaire. On doit être en été mais il y a l’air d’avoir plu il y a peu, les chemins sont boueux et les petits pieds de l’enfant s’enfoncent un peu. Ils arrivent devant un buisson couvert de framboises. Sa mère commence la récolte et il s’y met aussi, mais peu des fruits récoltés par lui atterrissent dans le panier posé à terre : ils finissent dans sa bouche qui se colore vite de rose. Soudain, il se pique sur une épine et se met à pleurer. Un peu de sang coule sur sa petite main et se mêle au jus de framboise. Sa mère le prend dans les bras et le console. Mais bien qu’il se concentre autant qu’il le peut, Robin est incapable de se souvenir du visage de sa mère. Il lui semble qu’elle avait des cheveux bouclés mais impossible de déterminer leur couleur et tout est flou. Mais ce souvenir retrouvé lui a au moins appris quelque chose : elle a, un jour, au moins dans son souvenir, porté dans ces cheveux un ruban rose.
Robin a arrêté de manger quelque temps, tout occupé à se souvenir. Il secoue un texte un bon coup et s’arrache à sa mélancolie. Il a un moment de reconnaissance pour les jumeaux dont la compagnie lui a permis de retrouver un souvenir de sa mère et il leur sourit, en se retournant vers eux.
Il s’aperçoit alors que les jumeaux ne sont pas restés inactifs pendant son absence. Morgan est parti cherché un paquet de jus de framboise dans la réserve, il la pose sur la table et se rassoit. Il tend la bouteille a son frère et dit :
- Tiens, essaye.
Le jumeau aux yeux noisette ne se le fait pas dire deux fois et semble apprécier encore plus ce nouveau mélange. Il se tourne même vers la chimère entre deux bouchées et lui dit :
-Purée toi, t'en es un sacré ! 
Touché par le compliment Robin sourit de nouveau puis attrape la bouteille de jus de framboise. Il se ressert un petit peu de poisson, juste une louche : il n’a plus faim mais il veut savoir si son palais d’humain a évolué avec le temps et s’il s’accorde, pour les framboises, avec ses goûts de corbeau. C’est le cas, et c’est absolument délicieux. Le dernier verre de jus fini, la chimère s’appuie sur sa chaise et pousse un long soupir de contentement. Plus un bruit dans la cuisine, tout le monde semble être plongé dans ses pensées. Robin se dit que ces deux jumeaux sont vraiment deux types bien, d’avoir tout partagé avec lui comme ça et il se dit qu’il leur rendra la pareil dès qu’il la pourra. Le silence se prolonge mais il est agréable, c’est un silence sympathique, peut-être même d’amitié. Il est rompu par une question de Fred :
]-Je t'avais jamais vu avant. T'es nouveau ? Ou c'est juste que tu travailles toujours si tôt ?
Oh, mon dieu, l’heure ! Robin se rappelle brusquement qu’il était supposé travailler.
-Euh oui, je suis nouveau. Et je travaille toujours tôt aussi. Mais là je vais devoir y aller, les cuisiniers ne vont pas tarder à arriver, et je veux pas me faire virer. C’est mon deuxième jour. Euh, il va vraiment falloir qu’on range. On se retrouve dans deux jour à l’heure du goûter chez moi ? Je vous ferai un gâteau.
Et prise d'un sentiment de panique, la chimère commence à laver son assiette
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé]   Colin aux Framboises et Pêches au Thon ~ PV Robin (1889)- [Terminé] I_icon_minitimeVen 25 Avr - 11:48

La question de Fred semble avoir ramené sur Terre le pauvre Robin, qui se redresse sur sa chaise tellement brusquement que Morgan, affalé sur la table, sursaute violemment.

-Euh oui, je suis nouveau. Et je travaille toujours tôt aussi. Mais là je vais devoir y aller, les cuisiniers ne vont pas tarder à arriver, et je veux pas me faire virer. C’est mon deuxième jour.

Il se tourne vers la cuisine en entier, se lève, assiette en main, et ajoute, blanc comme un linge :

- Euh, il va vraiment falloir qu’on range. On se retrouve dans deux jour à l’heure du goûter chez moi ? Je vous ferai un gâteau.

Comprenant l’état du pauvre garçon, Frédéric se lève à son tour, quoique moins brusquement, et emmène son assiette à l’évier lui aussi.

- C’est bon, t’inquiète pas pour ça je m’occupe de la cuisine. Y a plus que la vaisselle à faire. On peut la faire avec Morgan.

La vérité, c’est que Morgan est quasi endormi sur sa table, et que Frédéric va sûrement faire la vaisselle tout seul, mais ce sera une bonne occasion de s’exercer un peu avec de l’eau plutôt que du feu. Et ce pauvre Robin risque vraiment sa place si Edward lui tombe dessus en train de vider ses armoires. Mieux vaut qu’on surprenne les Lenoir que le Nonnet.

Sans demander son avis à Robin, il le pousse sur le côté et lui prend des mains lavette et vaisselle sale qu’il pose à côté de l’évier. Ce faisant il réfléchit. Serait-ce un gâteau que le jeune vient de proposer ? Aaarf, il sait y faire avec des jumeaux gourmands lui. C’est Morgan qui va être content.

- Deux jours… jeudi soir… c’est bon, normalement c’est pas nous qui passons. Va pour jeudi alors.

Puis, parce qu’il a passé une super nuit et une magnifique matinée, et qu’il va probablement s’endormir aussi s’il ne commence pas cette vaisselle tout de suite, le mage donne une micro-tape amicale à l’épaule de Robin et le pousse vers la sortie avant qu’il n’ait le temps de protester.

- Allez, file avant qu’on te chope.

Puis comme Robin s’éclipse vite-fait vers sa prochaine salle à nettoyer, Fred lui lance :

- Et merci Robin !

Tandis que Morgan, la tête posée sur les coudes au milieu des plats, se met à respirer profondément, endormi en à peine cinq minutes.

Finalement seul dans la cuisine, face à son frère endormi comme un loir, Fred soupire longuement.

Décidément, il ADORE le poisson frais.
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