Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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» Elysion Earth par Eglantine Jocor Sam 9 Nov - 16:31
Un matin comme les autres au Lost Paradise, ou presque. Depuis quelques semaines déjà, la chaleur de l'été s'était emparée de la capitale, enfermant ses habitants dans un chape de plomb où le moindre brin d'air devenait sacré. Le soleil se levait donc pour seize nouvelles heures torrides, sortant de sa torpeur, le roi des loups dont la maigre fraîcheur nocturne avait difficilement facilité le sommeil. Edward s'étira avec lenteur, grommelant un peu au sujet de cette étouffante atmosphère, et ce fut en tenue d'Adam qu'il gagna la salle de bains, espérant qu'une douche suffirait pour le revigorer un peu. Il tourna le bouton d'eau froide à son maximum, levant la tête pour accueillir le liquide divin. Les premières gouttes tardèrent à se montrer, mais lorsqu'enfin, elles atteignirent sa peau, elles lui arrachèrent une exclamation de rage accompagnée d'un coup qui fragilisa la tuyauterie, provoquant une petite fuite qui trempa joyeusement le sol :
« Tiède ! Tiède !! Mais je veux du froid moi ! Du froid !! »
Dérapant vilainement sur le fond de sa douche, le loup se rattrapa de justesse au meuble de l'évier. L'eau commençant à s'épandre dans toute la pièce, Edward attacha une serviette à sa taille le temps d'apporter les premiers secours à sa plomberie, fermant le robinet avant d'ajuster le serrage métallique qu'il avait meurtri. Mais grand mal lui en prit ! Sa délicatesse naturelle, alliée à sa grande patience, transformèrent le petit écoulement en un jet d'eau furieu qui l'éclaboussa et inonda la pièce, le forçant à battre en retraite, furieux. Quittant la salle de bain bien décidé à attraper le premier machiniste qui lui tomberait sous la main, il gagna son bureau d'un pas rapide déclenchant par la même occasion un cri horrifié qui lui fit dresser les cheveux sur le crâne et lui ôta, à son tour, une exclamation excédée :
« Anastasia ! Qu'est-ce tu fais là ? – Tu veux ma mort ! Va enfiler des vêtements ! – Je porte une serviette, je te signale ! Et réponds-moi. Qu'est-ce que tu viens faire dans MON bureau ? – Et toi ? Qu'est-ce que tu fais dans cette tenue ? – Je prenais une douche. – Et on t'a volé tous tes vêtements, t'obligeant à sortir en serviette ? – Mais non ! – Alors va mettre un pantalon ! »
Edward passa une main sur son visage, et inspira profondément dans l'espoir de rester calme afin de s'expliquer avec Ani sans détruire la moitié de la pièce. Toutefois pris de court, il n'eut pas le temps de protester que sa belle-sœur entrait déjà dans sa chambre, lui rappelant sur un ton réprobateur qu'il n'était plus en âge de se comporter comme un jeune loup aux tendances exhibitionnistes. Le concerné songea tout d'abord à l'étrangler, mais il se ravisa, se rappelant que s'il s'exécutait, il devrait ensuite rendre des comptes à la vieille et aigrie Cordélia, ce qui aurait été long et fastidieux. Aussi se contenta-t-il d'un haussement de sourcil surpris lorsqu'Ani lui tendit sa robe de chambre. Oubliant même de la remercier, ce fut sur ce splendide – mais non moins exceptionnel – acte d'altruisme que la poignée de porte du bureau pivota.
Les bras chargés d'un appétissant plateau de petit déjeuner, Vladimir entra dans la pièce, son sourire habituel collé aux lèvres. Il le quitta toutefois dès que son regard tomba la petite scène tenue par sa femme et son frère. Si la première ne s'en formalisa pas le moins du monde, il était impensable pour Edward de ne pas remarquer le regard noir de son cadet à son égard, ainsi que l'aura meurtrière qui émanait de lui. D'un pas d'une inquiétante lenteur et dans un silence lourd de reproches, Vladimir gagna la petite table basse sur laquelle il déposa sèchement son bien, sans un coup d'œil pour son aîné qui tenta vainement d'éclaircir cette histoire :
« Écoute Vlad, ce n'est absolument pas... – Quoi ? Toi à moitié nu, pendu au cou de MA femme ? Répliqua brutalement le concerné. – Quoi !? S'étrangla Edward. Je n'étais pendu à rien du tout ! – Oh ne fait pas l'innocent ! Je t'ai très bien vu lui faire ton regard de loup battu ! Il te les faut donc toutes !? – Certainement pas ! Et encore moi celle-là ! – Dis donc, je suis encore là je te signale ! S'insurgea Anastasia en croisant les bras sur sa poitrine. – Justement ! Dis à ton entêté de mari que je n'étais pas pendu à ton cou ! – Ah ! Tu la menaces maintenant ! Eduard, je ne sais pas ce qui me retient de... – Vlad, le coupa Ani. Tu en fais un peu t... – Laisse Ani, je m'en occupe. Je sais très bien que tu n'y es pour rien. – Parce que c'est ma faute en plus ? Protesta Edward en levant les bras. – Vlaaad, c'est bon laisse le. – Une minute Ani, tu le connais il faut le recadrer toute suite. – Vladimir Wolkoff ! Calme-toi bon sang ! »
L'interpelé tourna la tête, visiblement surpris d'être nommé de la sorte par sa chère et tendre. Cette dernière fronça les sourcils et posa sur lui un regard dur, qui rapidement pris un trait d'amusement d'adolescente amoureuse. D'un geste doux, mais sans laisser d'alternative, elle lui prit le bras, l'entraînant vers la porte. Au passage, elle récupéra deux belles brioches aux pralines, dont la plus grosse atterrit entre les lèvres de son mari, alors qu'il semblait prêt à protester. Puis se tournant vers Edward, la jeune femme lui lança :
« Trouve-nous plutôt une destination loin de cet enfer, tu veux ! Et va mettre des vêtements ! »
Elle claqua la porte juste à temps pour ne pas avoir à admirer la grimace puérile que lui adressait Edward, qui s'en fut chercher un pantalon. La vue de sa chambre dont le parquet était inondé au trois-quarts lui arracha une salve de jurons furieux et dès qu'il fut en tenue plus appropriée, il alpagua le premier mécanicien qu'il vit, lui sommant de réparer tout ça.
Finalement, le lycanthrope s'échoua à son bureau après avoir ouvert toutes les fenêtres de la pièce, posant son visage contre le bois du meuble, dans un râle de souffrance accompagné d'une grimace dégoûtée lorsque le doux parfum des ruelles lui chatouilla le nez. Se remémorant les paroles d'Anastasia, il songea à organiser un nouveau mois de vacances, comme cela avait été le cas l'année précédente lorsque tous étaient partis à la mer. Voulant à tout prix éviter le soleil et le sable chaud, il avait pensé à un petit séjour dans les montagnes de Sibérie avant que son regard ne s'arrête sur une invitation reçue quelques jours plus tôt. Odin l'avait invité, lui et tous les convives qui le souhaitaient, à se rendre à Asgard pour y passer un peu de temps, participer aux activités traditionnelles des Ases, visiter les lieux, et peut-être quelques uns des neuf autres mondes. Edward n'étant que peu enchanté par l'idée de traverser un pont arc-en-ciel, avait tout d'abord laissé de côté cette histoire, mais la chaleur devenait si insupportable à Paris que l'idée du voyage lui paraissait plus agréable.
Finalement décidé, il se leva prestement de son bureau, certain que même Anastasia apprécierait l'idée d'un petit tour à Asgard, surtout si elle pouvait y emmener son fils. Mais à peine avait-il fait quelques pas qu'il sentit une piqûre désagréable dans sa nuque. Il y porta vivement la main pour en arracher une minuscule fléchette qu'il observa dubitatif :
« Qu'est-ce que c... Que… »
Pris d'un violent malaise, Edward bascula de droite à gauche, se rattrapant à sa bibliothèque contre laquelle il s'effondra lentement. Envahi par une envie de dormir subite, il peinait à garder les yeux ouverts, ses paupières ne s'élevant qu'à une faible intermittence. Drogué, le loup observa avec inquiétude une silhouette s'avancer vers lui, dans un gloussement qu'il lui sembla familier. Dans un dernier sursaut, il balaya l'air de sa main, manquant de peu d'atteindre cet étrange ennemi. Puis le trou noir.
Edward s'était endormi.
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Une goutte glacée tomba sur le visage du loup, puis une autre, le forçant à lentement sortir de sa torpeur. Peinant encore à ouvrir les yeux, il grogna faiblement en sentant ses muscles, encore engourdis, par la drogue qu’on lui avait injecté. Un silence total régnait, uniquement troublé par le clapotis régulier de l’eau. L’odeur n’avait plus rien à voir avec les effluves nauséabonds de la capitale, portant davantage ce parfum d’humidité et de renfermement propres aux grottes ou autres cavernes. Se redressant un peu, il put enfin observer les alentours, ses iris de lycanthropes n’ayant besoin que de quelques secondes pour s’habituer à la pénombre.
Assis sur une petite dalle, il s’aperçut avec inquiétude qu’il était enfermé dans une petite pièce carrée remplie d’eau, et dont la seule lumière provenait de quelques algues phosphorescentes collées aux parois.
Un frisson lui remonta l'échine. Il n’y avait aucune issue.
Manche n°1 ouverte !
Ça y est, c'est l'ouverture de la première manche de l'évent estival.
Et quel lancement ! Kidnappé, comme cela sera votre cas à tous, Edward se retrouve dans une pièce étrange qui ne semble pas comporter d'issue. En réalité, le pauvre loup a atterri au cœur du Temple Eau-stile, et il risque d'avoir du mal à en sortir.
Mais et vous ? Voyons voir à quel temple vous avez eu droit ?
N'oubliez pas de faire défiler sur la droite, il n'y a pas qu’Edward qui ait un temple !
Le déroulement de la manche est très simple : chaque participant doit réaliser un poste de RP (et un seul) dans lequel il devra tout faire pour quitter le temple dans lequel on l'a enfermé, et ce en suivant au minimum les trois épreuves imposées.
Vous étiez donc en train de vaquer tranquillement à vos occupations lorsqu'on vous a enlevé. Vous êtes libres de raconter ou non cette partie, le tout étant que vous vous réveillez dans un endroit qui vous est complètement inconnu, ce sera le départ de vos péripéties dans le temple qui vous a été attribué.
C'est le hasard qui a fait le choix pour vous, une liste de plusieurs temples ayant été associée au numéro choisi. On a mis quelques liens sur les personnages impliqués et peut-être pas connus de tous. Mais si vous avez un doute, n’hésitez pas à nous demander o/
Vous avez trois épreuves imposées, constituant l’unique chemin pour gagner la sortie ! Mais si vous êtes inspirés, vous pouvez bien sûr en ajouter, le tout étant de faire au moins apparaître celles indiquées dans le tableau ci-dessus.
Comme nous sommes des êtres un tout petit peu vils, nous avons décidé d'interdire pour cette manche uniquement , certains PNJs dont la liste est donnée juste en dessous, en spoiler. Cela signifie que vous ne pouvez pas les faire intervenir sur cette manche, ils ne sont pas là, en revanche vous êtes libres d'en utiliser d'autres si vous le souhaiter !
PNJ Interdits pour la manche 1:
PNJ d'Edward : Anastasia
PNJ de Rita : /
PNJ de Dominick : Sylwia
PNJ de Randy : /
PNJ de Ziggy : Ludger - PNJ de Llewyn : Lizzie
PNJ de Narcisse : /
PNJ de Nath : /
PNJ de Lydia : /
PNJ de Alice : /
PNJ de Morty : /
PNJ de Félicien : Fabrizio
PNJ de Valentine : Loki
PNJ de Dolores : Adam
PNJ d'Aldrick : Élise
N'oubliez pas, soyez fous, faites vous plaisir et profitez de ce grand n'importe quoi ! C'est fait pour ça ! Votre personnage part à l'aventure et vous avec, alors amusez vous /o/
Vous posterez à la suite ce message, sans ordre particulier et vous avez jusqu'au lundi 04 août (au soir) pour vous sortir de là !
N'hésitez pas à contacter le staff si un élément vous semble flou, on vous répondra le plus vite possible !
C'est parti pour l'aventure !
Valentine Lefevre
○~ Héroïne de contes ~○
Messages : 1671 Date d'inscription : 22/02/2011 Age : 34 Localisation : Partout, même là où vous ne l'imaginez pas 8D
Il faisait chaud... Bon sang c'était pas une vie ça ! Et après on balançait partout qu'il n'y avait aucun réchauffement climatique ! Pfeuh ! Valentine n'arrivait pas à dormir convenablement depuis quelques jours à cause de cette chaleur. Elle avait beau enlever les draps, se mettre en tenue légère et ouvrir en grand sa fenêtre, rien n'y faisait... Elle avait beau se retourner dans tous les sens, elle ne faisait que des rêves de cinq minutes avant de se réveiller, retrouver un endroit du lit plus frais que le reste et rebelote. Et comme pour rajouter une couche au désastre, les moustiques venaient s'incruster ! Elle, la tueuse en série de ces bestioles, était tellement épuisée que cette fois là, elle n'avait pas la force de se bouger pour les massacrer... Peut-être était-ce pour cela qu'elle ne put rien faire quand elle sentit que quelque chose lui piquait méchamment la fesse... Sous la douleur, elle frappa violemment sur la douleur, mais curieusement, ne sentit pas un insecte mais un petit objet pointu qui augmenta la sensation désagréable. Que... qu'est-ce que c'était ?! Il aurait fallut qu'elle se redresse pour regarder ça de plus près mais cela fut impossible car comme par magie, le marchand de sable lui colla un pain en pleine face, la plongeant dans un sommeil de plomb.
Enfin un peu de repos... si seulement il ne faisait pas aussi chaud... Pourquoi elle avait l'impression qu'il faisait encore pire là ?! La journaliste sentit sa peau cuire littéralement. Une chaleur sèche et ardente, comme si elle avait été laissé en plein cagnard. Cette sensation horrible finit par la réveiller, se retournant sur le dos. Elle était au contact de quelque chose de dur et brûlant... What ?! Valentine ouvrit les yeux et se mit en position assise, observant l'endroit où elle était. Cela n'avait vraiment rien à voir avec sa chambre !! Du feu, des braises... Un volcan ?! Ah moins qu'elle était morte dans son sommeil et avait finit en enfer... Bon sang mais elle avait rien fait de mal !!
"Misère... dans quoi je suis tombée encore ?! ... Lokiiiiiiiii sauves moi s'il te plaiiiiit !"
Affichant un air de gamine égarée, loin de ses parents, elle soupira et regarda autour d'elle sans grande conviction. Ses yeux se posèrent sur un flacon juste à côté d'elle. Allons bon c'était quoi ça encore ? Elle le prit et observa le contenu, cherchant à deviner de quoi il pouvait bien s'agir. Mais rien à faire, pas de sous titre révélateur qui s'affichait sur le verre pour lui donner des informations. Avec un air agacé, elle était presque tentée de le balancer. Mais si jamais c'était un moyen de se tirer d'ici, il aurait été dommage de le jeter. Elle devait essayer après tout, non ? Après un moment d'hésitation elle ouvrit le bouchon et laissa le liquide couler entre ses lèvres. Curieusement, il n'avait aucun goût particulier... Même sur ça elle ne pouvait pas savoir si c'était bon ou pas pour sa pomme ! Une minute... puis dix... Mais rien ne semblait se produire. Un placebo mit là pour lui donner de faux espoirs ?
Émettant un petit bruit d'agacement, elle finit par balancer le flacon vide et se redressa, regrettant aussitôt son geste, apercevant un chemin de braise juste en face d'elle. Sérieusement... elle n'allait quand même pas devoir passer par là ?! Elle n'avait pas de chaussures ! ... A vrai dire, elle ne portait pas grand chose. Un débardeur, un short court... et rien de plus sauf une barrette qu'elle avait accroché à ses cheveux pour dégager sa nuque. Mouais, on ne pouvait pas dire quelle était très pudique mais quand même ! Finalement cette tenue convenait à la température ambiante donc elle n'allait pas de plaindre, sauf pour les chaussures.
Un bruit de pas la fit sursauter. Quelque chose arrivait derrière elle. Ah elle n'était pas seule ! Se retournant avec soulagement, Valentine déchanta en voyant l'individu le plus bizarre qui lui était donné de rencontrer... Grand avec de longs bras finissant en ongles pointus, il portait une sorte de longue veste chaude ouverte jusqu'au ventre. Mais le plus loufoque restait sa coiffure ! De couleur bleue, il avait des mèches partant dans des figures géométriques des plus étranges. Inconsciemment, la rouquine se demanda comment il avait pu se coiffer comme ça sans s'accrocher à tout ce qui dépassait. Mais surtout: comment il faisait pour supporter une chaleur pareille dans un manteau aussi chaud ?! Tenant une sorte de sceptre dans la main, il s'approcha d'elle et fit une courbette. Au moins semblait-il amical et parfaitement respectable... Sauf qu'elle changea vite d'avis en entendant sa voix mielleuse.
"Milady, c'est un honneur de vous rencontrer. Je me prénomme Seymour Guado. J'étais venu acquérir une chimère de feu et je suis fort surpris de cette rencontre. Vous êtes vraiment ravissante."
Le timbre de sa voix hérissait le poils de la jeune femme. Elle ne supportait pas ce genre de voix et ce Seymour semblait en plus la draguer sans aucune gène. Elle avait très bien vu qu'il avait reluqué en douce sa tenue légère et devinait ce qu'il avait en tête. Elle fronça les sourcils, prête à l'envoyer d'office paître. Mais la suite la médusa.
"Il faut croire que c'est un signe du destin. Voyez vous il se trouve que je dois me marier pour des raisons de notoriété et vous êtes parfaite pour incarner l'image de ma future femme. Voulez vous bien m'épouser ?"
"Pardon ?! Mais vous ne me connaissez même pas O_O. Ça va pas la tête, vous êtes en train de me juger que par mon physique. Si ça se trouve on a pas du tout de point en commun !"
"Allons, il n'y a pas à s'en faire, après cela peut se régler avec un redressement dans les règles. Maintenant sortons d'ici ensemble en temps que couple."
Il tendit sa main anormalement longue vers Valentine, attendant d'elle une réponse positive. Bien sûr, il était hors de question pour elle d'accepter quoi que se soit de cet énergumène sortit d'un conte de fée malsain ! Elle recula, refusant qu'il ne puisse la toucher avec sa grosse patte griffue. Mais où était-elle tombée là ?! Il fronça des sourcils en voyant le rejet. Qu'allait-il faire à présent qu'elle venait de le jeter ? Elle ne put le savoir de suite, de nouveaux événements interrompant leur petite entrevue.
Un cri d'homme pas très viril se fit plus loin et des bruits de course s'approchèrent à vive allure, surgissant près d'eux, manquant même de leur rentrer dedans. Un duo bizarre venait de pointer son nez, laissant une porte de sortie à Valentine. Espérant qu'ils puissent l'aider, elle les observa avec un air de détresse absolue. La plus proche était une femme également en débardeur et short sauf qu'elle, elle portait des bottes de cuir renforcé, ainsi que des sacoches, accrochées aux hanches, et des pistolets en mains. Clope en bec elle semblait sortir tout droit d'un livre de gangster. Leurs regards se croisèrent et la brune haussa un sourcil, semblant comprendre que la rouquine était dans une situation peu enviable à la leur. Puis elle jeta un coup d’œil à Seymour et afficha sans aucune gêne, une grimace répugnée.
"Bordel v'là pas la tronche qu'il a celui là !!! Si j'étais toi j'irais dessouder ton coiffeur parce que là t'as vraiment une drôle de gueule !"
"Ch... Chut !! Moins de bruit il va nous retrouveeeeeer !!!!"
Le garçon qui accompagnait la chercheuse d'embrouille semblait être à l'inverse totale d'elle. Il avait les jambes qui tremblaient et se faisait tout petit. Il ne portait qu'une salopette montant très haut et un étrange chapeau. le plus impressionnant était son nez particulièrement long... et très familier.
"... AH ! mais je te reconnais !! Tu étais dans l'équipage de pirates qui m'avait emmené jusqu'à une île l'année dernière ! Tu te rappelles de moi ? j'étais avec un gros chien noir !"
"Hein ? ... Ah mais oui ! La journaliste en maillot de bain que Sanji n'a pas lâché de tout le voyage ! Mais qu'est-ce que tu fais..."
"Emmenez moi avec vous je vous en prie !!"
Dans un geste désespéré, elle s'était approchée du pirate qu'elle avait reconnu sous l'identité de Usopp et elle s'accrocha à son bras. Sous la surprise, il sembla vouloir se dégager et tenter de s'enfuir mais elle serra sa prise. La brune tourna la tête vers elle et analysa vite fait la situation d'une manière impressionnante.
"Ouais donc si je comprend bien, tu t'es retrouvée coincé avec ce satyre dégueulasse ici ? J'avoue que c'est pas enviable. Le soucis ma petite nénette c'est qu'on est aussi dans la mouise à cause de ce crétin qui a cru bon de me suivre. A cause de lui on a un Amiral au cul. Et crois moi il est pas de genre à faire des prisonniers !"
"... Je prend le risque !"
"Je m'occupe pas des demoiselles en détresse moi."
" Eh bien ça tombe bien car je n'en suis pas une !!"
Prenant aussitôt la mouche, Valentine lança un regard noir à la fumeuse. Celle-ci se mit à rire, se moquant visiblement d'elle. Mais avant qu'elle ne rajoute quoi que se soit Seymour grogna d'agacement et commença à faire une danse étrange.
"Voilà qui est fort regrettable. Vous n'auriez pas dû nous interrompre. Je vais devoir me débarrasser de vous."
"Comme si jouer les ballerines allait me faire peur ! Danser mal n'arrivera pas à me refroi.... C'est quoi cette merde ?!"
Devant les yeux de la brune, une lumière rouge venait d'apparaître à ses pieds. Un grognement, puis un tremblement se fit. Ils ne comprirent que trop tard dans quoi ils s'étaient embarqués quand une énorme créature de feu surgit du sol. Un croisement entre un loup garou et... un truc gigantissime les observa avant de lancer un hurlement agressif. Les trois morceaux de barbaques toutes désignées n'attendirent pas qu'il choisisse lequel servirait d'entrée. Ils avaient déjà filé en gueulant comme des dément vers le sentier de braise. Mais seule Valentine freina en arrivant devant, l'idée de se brûler les pieds la ramenant sur terre. Être croquée, se marier ou se massacrer la voûte plantaire... Bon sang mais c'était quoi ces options de sadiques ?!
Mais bizarrement, l'idée de se marier sembla être pour elle la pire des choses possibles. Aussi, prenant son courage à deux mains et tremblant comme une feuille en appréhendant la douleur, elle s'élança à toute vitesse sur le chemin. La douleur qu'elle ressentit était proche de l'insupportable, devenant de plus en plus horrible à mesure qu'elle sentait sa peau brûler. Mais elle ne freina à aucun moment, gardant les deux autres dans son champ de vision, ne voulant pas les perdre. Usopp lança un coup d’œil en arrière et accéléra à vive allure en criant. Inutile de réfléchir pour savoir que la créature était à leurs basques. A présent leur seule chance était d'arriver à franchir la petite ouverture en face d'eux. Elle était bien assez grande pour y passer sans problème, mais trop petite pour la grosse bêbête derrière eux.
Mais elle s'approchait vite, très vite, trop vite ! Ils foncèrent le plus rapidement possible et ce fut sans vraiment y croire qu'ils franchirent le passage, intact... ou presque. Dès qu'ils furent assurés de n'avoir aucune bestiole aux fesses, ils s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle. Mais Valentine, elle, s'écroula en criant de douleur. Ses pieds lui faisaient atrocement souffrir et rien que l'idée de devoir reprendre la route dans cet état l'épouvantait.
"Merde t'as vraiment traversé tout ça pieds nus ? T'es plus débrouillarde que t'en avait l'air finalement ! Fais moi voir tes brûlures, je peux peut-être minimiser les dégâts... Oh la vache c'est quoi ce délire ?!"
"Qu... quoi ?!"
"Tes blessures, elles se referment toutes seules !"
Valentine écarquilla les yeux et s'assit afin d'observer par elle même. En effet, par on ne savait quel miracle, la peau cicatrisait et bientôt, il n'y eu plus une seule trace de brûlure. La douleur avait également disparu, comme s'il ne s'était jamais rien passé. La journaliste resta figé devant le spectacle avant de soudain comprendre.
"J'ai bu une fiole tout à l'heure en pensant que cela allait me permettre de partir d'ici. C'était ça sa fonction ? ... Mais c'est complètement sadique !"
Avec un air agacé, la rouquine se redressa, constatant qu'elle ne sentait plus de sensation de chaleur. C'était une bonne chose pour la suite... même si une paire de chaussures aurait été la bienvenue. La femme armée se mit à rire et lui fit face, un grand sourire sur les lèvres.
"Je t'aime bien en fait. Je suis sûr qu'on doit bien se fendre la poire avec toi, ne serait-ce qu'en te regardant te foutre dans les emmerdes. Tu peux m'appeler Shania. Et toi, c'est quoi ton petit nom, belle rousse ?"
"Valentine. Je me demandais, t'es quoi au juste ? Flic ou quelque chose dans le genre ?"
"A cause de mes flingues ? Non, j'aime pas trop la justice et ses lois. Je m'occupe plutôt de ce qui touche à l'importation et l'exportation de produits qui ne rentre pas forcément dans les normes."
"... Ouais t'es une sorte de contrebandière quoi."
"Dans le mille. Et toi t'es quoi, Pin-up ?"
"Ha.. ha, très drôle. Non je ne suis pas vraiment dans cette idée de vendre son image aux autres. Moi je vise plutôt l'information et je la transmet aux autres. Je suis une sorte d'informatrice publique qui rédige tout sur papiers."
"T'es journaliste ? Pas mal..."
"Euh... dites, on pourrait peut-être s'enfuir avant qu'ils ne nous rattrapent, hein !"
Usopp, silencieux jusque là, venait de reprendre du poil de la bête et les regardait avec un air angoissé, lorgnant vers le passage qu'ils venaient d'emprunter. Shania l'observa avant de hausser les épaules. Elle ne semblait avoir peur de rien et même si elle était plutôt vulgaire, Valentine ne put s'empêcher de l'admirer. Il s'agissait d'une femme forte qui ne se laisser pas faire. Elle jeta son mégot de cigarette et leur fit signe de la suivre, s'autoproclamant d'office chef du groupe. Mais ni le pirate, ni la rouquine n'avaient envie de contester ce titre, bien heureux de pouvoir se cacher derrière elle au cas où.
Ce passage était plutôt sombre mais ils finirent par aboutir à une nouvelle pièce. Elle n'était pas très grande par rapport à la précédente, mais tout semblait calme et inoffensif. C'était du moins ce qu'ils pensaient jusqu'à ce qu'Usopp s'avance pour ramasser un pistolet à eau devant l'entrée. A peine avait-il prit l'objet en main que son pied se posa sur une dalle. Évidemment le sol était dallé aussi aucun des trois n'avaient vu le coup venir. Mais quand celle ci s'enfonça dans le sol et qu'un bruit de mécanisme s'enclencha, forcément, quelque chose leur mit la puce à l'oreille que ça sentait le traquenard, pensez vous !
Un sifflement se produisit et frôla de peu le nez trop long du garçon qui recula en toute hâte, chutant sur son séant d'une manière peu honorable. Sans oublier son cri toujours aussi viril... Bref, alors qu'ils s'étaient à peine remit de leurs émotions, voilà t'y pas qu'à présent, des flèches enflammées pleuvaient un peu partout dans la pièce. Valentine observait la scène avec stupeur et ne put s'empêcher de se dire qu'elle était vraiment tombé droit en enfers. Seule Shania resta imperturbable, lorgnant les jets réguliers des projectiles incendiaires les plus proches.
"V'là autre chose.... Bon y a plus qu'à traverser !"
"Et comment tu veux faire ça ! On va se faire empaler et brûler !"
"Rha mais arrêtes de faire ta petite nature ! Suffit juste de viser et de tirer dessus pour les dévier et voilà ! je suis une pro de la gâchette y a pas à s'en faire !"
"Cette idée est complètement stupide..."
"Elle y arrivera jamais..."
Usopp se releva et resta en arrière avec la journaliste, tandis que la brunette s'avança et sortit un de ses flingues. Elle semblait concentrée et affichait un regard sérieux. Se mettant en position de tire, elle arma et visa avec soin les flèches les plus proches. Puis elle tira une fois. Puis une deuxième fois, et enfin une troisième... Voyant le résultat obtenu, elle se mise à rire à gorge déployée, hilare. Finalement elle se tourna vers les deux autres, les observant avec un air détaché.
"En effet j'en touche aucune !"
"Y a pas de quoi en rire !!!"
"Tu vois bien que c'était une idée à la con !!"
"Okay okay ! Mais du coup on fait comment pour passer, t'as une meilleure idée peut-être ?"
"Oui parfaitement ! J'ai ramassé ça à l'instant ! C'est un pistolet à eau, je vais pouvoir arroser les flèches avec, ça va les éteindre et les freiner pour nous permettre de franchir la salle sans problème !"
"Il y aura assez d'eau ?"
"euh... non pas vraiment. Ah mais sur la route, je vois des trous qui brillent, il doit y avoir de l'eau dedans pour que je puisse recharger !"
"Comment dire... ça pue ton histoire de recharge..."
"Va bien falloir traverser non ?! Aller on... on... *glup*... On y va !"
"Faudrait d'abord que tes genoux arrêtent de s'entrechoquer, princesse... héhé. Bon on se bouge ! Rates pas les cibles sinon je t'atomise !"
Cette fois-ci, Usopp prit la tête, non sans réticence. Il avait une peur bleue mais face aux menaces de Shania qui ne semblait pas du tout plaisanter, il se mit à l'ouvrage. Au début il était maladroit, mais plus ils avançaient, plus il prenait de l'assurance, réalisant qu'il parvenait réellement à détourner les projectiles. Il commençait même à s'amuser, prenant des poses héroïques. Il y eu bien quelques insectes répugnantes qui se rajoutèrent à l'ensemble près des points d'eau, mais le garçon ne semblait pas du tout s'en alarmer contrairement aux filles. Bah, les mecs aimaient jouer avec les petites bêtes, non ?
Finalement ils étaient presque arrivés au bout du calvaire quand tout dérapa de nouveau. Après quelques autres poses de la part du garçon, celui-ci lançant des "Rien ne résiste au grand Usopp !" de temps à autres, il se retourna vers les filles, attendant qu'elles l'adulent ou montre de l'admiration. C'était très dur pour elles d'imaginer faire cela, étant donné l'agacement prononcé de Shania et la peur constante de Valentine de se prendre une flèche. Mais il parvint à attirer toute leur attention quand il se figea, affichant un air terrorisé. Il regardait par dessus leurs épaules, à l'entrée de la salle. Elles se retournèrent aussitôt. Valentine craignait de retrouver Seymour avec un bouquet de fleurs et des chocolats en main, mais ce fut un homme qu'elle ne connaissait pas qui les observait. Shania poussa un juron.
"Eh shit, manquait plus que ça ! Il nous a rattrapé."
"Qui est-ce ?"
"L'a... l'amiral Akainu ! C'est un cinglé, il va nous tuer !!"
"Ouais de ce que j'ai comprit, il aime pas épargner des vies quand il traque les pirates et bandits. Faut qu'on se barre vite fait."
"Mais... Il doit traverser la salle, on a le temps de partir avant qu'il nous... C'EST QUOI CE CAUCHEMARS ?!"
L'homme dans son costard rouge, agrémenté d'une veste et d'une casquette blanche, s'avança mains dans les poches, en plein dans le champ de tir. Mais aucunes flèches ne l'atteignaient. En fait si, mais au lieu de le blesser, elles le traversaient et ressortaient encore plus brûlantes et finissaient calcinées avant même de toucher le sol ou le mur. Chaque trace laissée par elles, faisait une légère marque rouge, sauf qu'il ne s'agissait pas de sang... Mais de magma. Cet homme semblait être de la lave mouvante sous apparence humaine. Valentine avait entendu parler de ces étranges fruits rendant surpuissants, elle avait rencontré l'équipage d'Usopp après tout, mais là... ça dépassait l'entendement ! La journaliste comprit ainsi pourquoi même Shania avait fuit face à lui. Il était invulnérable !
Sans même se consulter, ils prirent la fuite, esquivant les dernières flèches les séparant de la sortie. Une d'elle frôla l'épaule de Valentine, une autre fit fumer les cheveux d'Usopp, les faisant accélérer l'allure. Ils étaient presque sortit de la salle quand Akainu provoqua une énorme vague de lave qui fonça dans leur direction, calcinant les projectiles au passage. S'ils ne sortaient pas immédiatement de là ils finiraient comme eux. Par chance, ils y arrivèrent sans trop de mal et allèrent pour tracer tout droit quand Shania freina brutalement, faisant demi-tour à vive allure.
"Attendez j'ai oublié un truc !!"
Les deux autres se retournèrent, effrayés et la regardèrent foncer vers la sortie de la pièce. La lave était presque arrivée au bout et dans un geste rapide, la femme attrapa une flèche encore enflammée, accroché dans le mur, et revint vers eux, s'allumant une clope avec. Les deux autres, médusés par cette action complètement idiote, manquèrent de lui sauter à la gorge mais reprirent leur course la laissant derrière eux. La lave frôla Shania de peu, lui réchauffant fortement le postérieur mais ils s'en sortirent sans autres tracas. Cette fois-ci, ils mirent un certain temps avant de s'arrêter reprendre leur souffle, ne pouvant s'empêcher de se tourner vers la contrebandière pour lui coller un pain derrière la tête à l'unisson.
"Bordel, mais tu crois vraiment que c'était le moment d'aller s'allumer une clope !?!?" "Bordel, mais tu crois vraiment que c'était le moment d'aller s'allumer une clope !?!?"
"Hey, la pause clope c'est sacré ! Arf, je me suis brûlée le mollet... hum... Hey Valoche, montre voir ton bras ! Ah la potion fait toujours effet ça cicatrice... Ah j'ai une idée ! Crache sur ma jambe !"
"Pardon ?!"
"Bah ouais si ça se trouve ta salive va m'aider à guérir la brûlure ! Aller vas-y et vise bien !"
"Vas te faire voir ! T'aurais rien eu si t'avais pas eu l'idée stupide de faire demi tour !! Maintenant tu subis et ne me redemande plus jamais de faire quoi que se soit d'aussi dégoutant !"
"... J'te sens stresser un peu, non ?"
".... Tu veux ma main dans la tronche ?"
"Aaaaaaaaaaaaah je fooooond je foooooond mais quel monde aaaaaaaaaaah"
"Iiik ! C'était quoi ça ?!"
"J'en sais rien mais c'était flippant ! On peut vraiment avoir une voix aussi aiguë ?"
"Je veux même pas savoir ce que c'était, je me casse !"
Valentine, trouvant cette intervention, venant d'on ne savait où, assez angoissante, réveillant comme un vieux traumatisme en elle, reprit la route, voulant sortir d'ici au plus vite. Les deux autres la suivirent aussitôt, semblant eux aussi souhaiter partir loin de tout ça. Était-ce le destin qui ne les aimait pas ou juste qu'ils avaient une sacré guigne ? La troisième pièce qui s'offrit à eux leur fit comprendre qu'on ne devait pas trop les aimer. Oui ça ne devait que ça. Ils étaient coincés devant un immense lac, ne dévoilant aucun chemin pouvant les amener vers la sortie. Pire ? Au dessus de l'eau, des flammes brûlaient avec vivacité, faisant clairement comprendre que nager n'était pas la bonne méthode s'ils voulaient traverser l'étendue aqueuse.
De toute évidence, ils étaient coincés pour le moment. Et avec un amiral en lave aux fesses, ils pouvaient faire une croix sur la simple idée de faire demi-tour. Un peu désappointés, ils observèrent les alentours, cherchant un moyen de passer. Il devait forcément y en avoir un, non ? La journaliste observait les flammes danser, se demandant à tout hasard si elle serait capable de sauter dans l'eau, et nager en profondeur jusqu'à l'autre côté. Elle avait toujours les effets de la potion, plonger rapidement ne lui causerait qu'une chaleur désagréable avant que cela guérisse... Mais elle se rappela ensuite qu'il lui faudrait remonter respirer et c'était à cette occasion là qu'elle risquait de se faire fondre la tête. Très mauvaise idée au final. Et surtout, rien ne pouvait dire si l'eau était plus fraiche au fond.
Tout en secouant la tête pour s'enlever cette idée absurde, son regard se posa sur quelque chose d'insensée... A tel point qu'elle mit un certain temps à réaliser ce qu'elle voyait. Pourtant elle n'était pas en train d'halluciner. En face d'elle, à plusieurs mètres de là, en plein milieu du lac, elle voyait un homme qui les observait. Grand et longiligne, il portait une longue veste noir en cuir, des épaulettes résistantes et un sabre de plus de deux mètres. Ses cheveux démesurément longs et gris, dansaient le long de son dos et de ses épaules, comme si les flammes ne faisaient que provoquer un léger vent pour lui donner un effet des plus charismatiques. Et il fallait bien avouer que ça l'était. Une étrange musique semblait l'accompagner au loin, comme s'il s'agissait de chœur chantant en son honneur. Si on tendait bien l'oreille, on pouvait entendre comme un "Sephiroth" acclamé en refrain.
"J'ai la berlue où il y a un drôle de type en plein milieu du lac qui se fait une scène de film en mode L'Oreal ?"
"Il... Il a l'air d'être content qu'on le regarde faire son numéro..."
"Vous croyez qu'il pourrait nous indiquer comment traverser ? Il brûle pas lui..."
"Vous n'aurez le temps de faire quoi que ce soit, brigands."
"Ah, bah ça c'est bien dommage mon bon monsieur.............. eh merde."
Une voix d'homme venait de s'adresser à eux, juste à l'entrée de la salle. Inutile de regarder pour deviner qu'Akainu les avaient rattrapé. Mais comme pour tenter de se faire oublier de l'Amiral en l'ignorant, ils continuèrent d'observer le lac et le sabreur au loin, sentant une forte envie de pleurer les prendre. Ils étaient coincés comme des rats, la situation ne pouvait pas être pire... Ou alors si, juste histoire de les titiller encore un bon coup ! Car alors qu'ils étaient tous en train de se jeter des coups d'oeil apeuré, un hurlement monstrueux résonna dans tout l'endroit. Bien sûr, ils eurent aussitôt une pensée pour l'Ifrit qui les avait déjà coursé, mais ce ne fut pas lui qui sortit sa tête du lac. et en fait, les trois compagnons auraient peut-être préféré de loin. Une hydre monstrueuse apparut, confirmant une bonne fois pour toute que le lac n'était pas du tout le bon chemin ! Son apparition fut tellement spectaculaire et traumatisante que le pauvre sabreur perdit toute leur attention, se retrouvant seule avec sa musique et son ventilateur qui faisait effet head & shoulder sur sa belle coiffure.
"Okay on se rend mais en échange on peut partir d'ici ?"
"Je n'ai pas souvenir de vous avoir dit que j'allais vous incarcérer. Vous êtes coupable de complicité pour avoir aider le Roi Usoland à s'enfuir."
".... Le roi Usoland...."
"Ne... Ne me regardez pas comme ça vous deux, C'est une longue histoire et je pensais pas que ce surnom aller me coller autant à la peau !!"
"Quel nom de merde..."
"A présent veuillez mourir sans résistance."
"EH OH J'ai rien fait de mal moi !"
"Elle a raison. Cette douce demoiselle est promise à un mariage, pourriez vous éviter de la tueur avant notre nuit de noces ?"
Sans prévenir, Seymour était apparu derrière Akainu, un peu essoufflé et avec une flèche incrusté dans la hanche gauche, mais là. Valentine eu soudain d'étranges idées. Soudainement l'idée de se faire gober par l'hydre n'était plus si effrayant que ça... Pourquoi elle les avait pas encore attaquer d'ailleurs ?
"Je n'ai que faire de vos sommations, Adieu."
Faisant un vent monstrueux à Seymour qui sembla rester stupéfait qu'on lui enchaine rejet sur rejet, il ne trouva pas l'énergie de bouger tandis que l'amiral provoquait une nouvelle vague géante de lave, entourant ses bras et le sol autour de lui. Il allait les attaquer et comptait bien les achever en un coup assassin. En pleine hystérie, Usopp et Valentine s'accrochèrent aux bras de Shania, comme si par un miracle étrange, elle aurait pu les protéger d'un poing de magma en fusion.
"J'veux pas mourir !!! Luffy, au secouuuur !"
"Ouin, je suis trop jeune pour mourir ou me marier, moi ! J'ai peur, j'veux mon Lokiiii...."
"Eh shit... J'pourrais même pas me siffler la bouteille d'hydromel que j'avais caché en douce dans ma planque..."
"C'est la seule chose qui t'inquiète, 'spèce d'alcoolique ?!"
Akainu s'avança vers eux dans l'intention dans les attaquer quand un événement étrange se manifesta, les prenant tous de cours. Les trois compagnons ne surent pas ce qui avait pu le provoquer, tournant le dos au lac. Pourtant, ce fut cela qui les sauva. Une vague, ressemblant à une grosse éclaboussure causée par une violente chute dans l'eau, dépassa le rebord et rinça les personnes présentes. Par veine, le feu n'avait pas suivit le mouvement et seule de l'eau tiède les bouscula. Valentine parvint à ne pas perdre l'équilibre en restant accroché à Shania. Usopp glissa malgré lui et manqua de se casser le nez en tombant.
Ils allaient se retourner pour regarder ce qui se passait derrière eux, mais quelque chose d'infiniment plus intéressant les laissa focaliser sur les deux autres. Alors que Seymour avait eu le droit à une douche forcée, foutant en l'air sa coiffure étrange, ce qui semblait le choquer, Akainu ne bougeait plus. Il semblait comme... figé ? Aussitôt ils comprirent: La lave, face à l'eau, s'était durcit, le figeant. Il était prit à son propre piège !
"Oui, l'eau annihile les pouvoirs des mangeurs de fruits du démon !! Ça l'a paralysé !"
"Ah, vraiment ? En voilà une bonne nouvelle, hinhin..."
"Milady, je suis décoiffé par toute cette eau. Ne voulez vous pas me prendre dans vos bras pour me consoler ?"
"Genre, il perd son brushing il devient inoffensif ?"
"Inoffensif, tu dis ? Intéressant ça..."
"Bah qu'est-ce qui vous prend les filles ?"
S'échangeant un regard furtif, les deux femmes affichèrent un étrange sourire. Elles avaient eu la même idée et ce fut en symbiose parfaite, qu'elles se mirent à courir vers les deux hommes, chacune ayant prit pour cible celui qui les avait le plus agacé. A un même rythme et comme si tout cela était au ralentit, elles sautèrent à l'unisson et collèrent avec souplesse, un coup de pied bien sentit en plein dans leur visage, les projetant en arrière.
"DANS TA FACE LE CLINT EASTWOOD DE SUPÉRETTE!" "MANGES TOI CA, SALOPERIE DE STALKEUR !!"
Elles éclatèrent de rire et s'en tapèrent cinq, comme si elles étaient bonnes copines depuis de longues années. Il fallait croire que ce genre d'épreuves et d'agacement rapprochaient beaucoup au final. Les deux poursuiveurs dans les roses, elles purent enfin pousser un grognement de soulagement. La frustration d'être piégé ici et d'avoir en plus de tarés qui les suivaient avait été plutôt éprouvant. Revenant vers Usopp qui les observait la bouche grande ouverte, elles purent enfin observer le lac et découvrir la raison de cette vague salvatrice.
L'hydre flottait à la surface de l'eau, morte. On pouvait voir de nombreuses têtes détachées du restent du corps. Étrangement, il n'y avait eu qu'une seule à la base, mais la scène qu'elles avaient sous les yeux prouvait qu'il avait dû y avoir une rude bataille, et ça dans leur dos depuis le début. Mais qui avait massacré cette créature ? Des petits bruits attirèrent l'attention du trio. Quelqu'un frappait par petits coups la dernière tête accrochée, histoire de vérifier qu'elle était bien morte et semblant aussi être des attaques gratuites et agacées. Ils reconnurent alors le sabreur des flammes. Du coin de l'oeil, il les aperçu et cessa son activité, se raclant la gorge et se recoiffant. Puis, d'une façon qui les surprit, il leur refit face, réemployant la même scène du ventilateur et de la musique épique derrière.
"... okay c'est moi où il aime vraiment être regardé ?"
"La bestiole lui a pourri son groove et il l'a tué pour être à nouveau le centre de l'attention... Encore un barge."
"Y a même des petites étoiles qui flottent autour de lui tellement il se la pète !!!"
" WOH ! Trop la classe ! J'veux l'épouser !"
"Je croyais que tu étais trop jeune pour te marier toi ?!"
"J'vois pas de quoi tu parles... Aïe ! Mais-euuuh !"
Shania colla une baffe à l'arrière de la tête de Valentine et s'alluma une nouvelle cigarette grâce aux flammes du lac. Son regard longea l'hydre et un sourire apparut sur ses lèvres.
"Bonne nouvelle j'ai trouvé comment traverser. Matez moi le corps de la créature et là où sont tombées certaines de ces têtes: ça fait un chemin direct vers l'autre côté ! On a plus qu'à sauter dessus et traverser ! Aller, en voiture Simone !"
Comme pour faire comprendre aux autres qu'ils n'avaient pas le choix, elle sauta la première vers le corps et grimpa dessus, continuant sa route. Les deux hésitèrent mais finirent par la suivre. Bien sûr, Valentine marqua tout de même un arrêt non loin du Sephiroth, à qui elle fit la révérence en le remerciant pour sa prestation et le passage qu'il avait créé. Il les observa et sans prononcer le moindre mot, et fit apparaître une aile noire. Il s'envola alors hors du lac et les laissa, laissant juste une trainée de plumes et un sourire à la con qui semblait prouver qu'il était assez content d'avoir une fan. La rouquine ramassa une des plumes et reprit sa route, ne pouvant s'empêcher de chatouiller les deux autres en douce, rien que pour les embêter.
Ils parvinrent enfin à atteindre l'autre côté, complétement échaudés et fatigués. Mais le plus dur était fait et ils espéraient bien être devant la sortie du temple. Ils allaient enfin pouvoir se reposer dans une zone un peu plus fraiche... n'est-ce pas ?
Références:
Seymour Guado & sa chimère Ifrit: Final Fantasy X Shania: Une de mes Créations qui a l'avatar de Revy dans Black Lagoon. Usopp: One Piece version 2 ans plus tard. L'Amiral Akainu: One Piece également. La voix aigue qui cri qu'il fond: Le Juge Doom dans "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?". Le sabreur qui se la pète: Sephiroth dans Final Fantasy VII.
Une luminosité sans pareil vint annihiler de par son rayonnement les ténèbres matinales qui avaient dominé Paris toute la nuit. Les doux rayons de chaleur remontèrent peu à peu le long d’une chambre où trainaient divers habillements telle une robe avec son corsage, un uniforme de gentilhomme et des sous-vêtements autant masculins que féminins. Enfin, la lumière atteignit le visage d’un homme qui ouvrit péniblement une paupière, et sentit l’instant d’après un mal de crâne certain lui marteler les tempes.
Ne se rappelant pas vraiment de ce qui s’était passé, l’homme se redressa, le cœur battant à tout rompre. Quelques mètres devant lui siégeait une table sur laquelle étaient entreposés deux verres de cognac pas tout à fait entamés, ainsi qu’une bouteille qui, malgré son âge avancé, n’avait pas survécu à une nuit et était quasiment totalement consommée.
Les battements cardiaques se calmèrent. Les souvenirs lui revenaient…. Ah…Oui… une nuit mondaine comme une autre, passée avec des industriels, des fils à papa et… Un mouvement à ses côtés le fit regarder à sa gauche avec la plus grande des craintes…
Une forme était ensevelie sous les draps parfaitement blancs et paraissait peu à peu reprendre vie. Randon déglutit, quelque peu incertain de ce qui se trouverait sous cette couette, puis enfin, eut le courage de la soulever. … Ah. Oui… une soirée mondaine. Des fils à papa … et... et des femmes hautement riches car… veuves.
A cet instant, le chasseur eut la volonté de s’extirper de ce lit qui lui paraissait désormais être plus une source d’Enfer que de réconfort, mais au moment où sa jambe nue allait quitter le matelas, une main s’agrippa à son bras.
« Hmmm. Randy-chéri. Quelle soirée. Vous vous êtes montré à la hauteur de votre réputation, croyez-moi ! »
Le visage déjà à la base pâle du trentenaire sembla se blanchir encore de quelques teintes. La dame, quelque peu ridée quoi que très bien entretenue pour son âge, n’était manifestement plus autant de son goût que la veille. Soit elle avait gagné en mocheté en une nuit, soit le cognac était le plus efficace des enjoliveurs sur Terre.
Dans tous les cas, le noiraud allait régler cette affaire par sa plus grande diplomatie. Aussi, il laissa les doigts fripés de la femme se balader sur son épaule pendant qu’elle baragouinait. Puis, au moment où la femme lui demandait « Alors, c’était comment ? » avec un sourire subtil, et que Randon s’apprêtait à répliquer un quelconque mensonge, une virulente douleur se fit ressentir au niveau de sa nuque, et sa vision se brouilla. Il n’eut pas le temps de mettre sa main à sa nuque, ses yeux commençant déjà à faiblir. Le chasseur s’affala alors sur le lit, telle une masse morte, provoquant la surprise de la dame d’âge mur qui crut qu’il s’agissait là d’une vilaine farce. Elle imita un rire contenu, tapota encore de ses doigts le corps de Randon puis, voyant qu’elle ne déclenchait plus aucune réaction, s’offusqua.
Pendant ce temps, l’aîné Gray luttait pour rester plus ou moins conscient mais la drogue eut tantôt fait de soumettre sa volonté et de le plonger dans un profond sommeil. Les derniers mots qu’il entendit de sa compagne d’un soir fut :
« Mais un goujat pareil ! vous ne vous en sortirez pas ainsi très cher ! Je vais faire figurer votre nom dans la gazette des mauvaishommes ! Vous ne perdez rien pour attendre ! Plus aucune femme ne vous app….»
Le reste, il ne put l’entendre, déjà inconscient.
♦♦♦
Etalé de tout son long, les bras en croix, ses paupières s’ouvrirent avec une lenteur inouïe, comme si le muscle était sous anesthésie. Et, quand enfin elles furent totalement ouvertes, Randon eut la crainte qu’il se soit retrouvé aveugle. Du noir… devant lui. Il se redressa, très, très faiblement, la drogue étant encore trop présente dans son système, puis gentiment, il recouvra ses sens. La première chose qui le frappa fut… l’odeur.
Cela lui rappela la fois où il était tombé dans les égouts Londoniens petit, mais en pire. Comme si… il se trouvait à la fois à côté d’un corps en décomposition et d’une fosse commune. Il faillit en vomir mais put se contenir. Ce fut à cet instant qu’il remarqua autre chose : il crevait de froid. Il toucha ses avant-bras et sentit son épiderme totalement contracté ; il avait la chair de poule.
Et de cette observation, vint cette conclusion : Diantre, il était à poil !
Il poussa un « Damn it ! »chuchoté, auquel lui répondit un ronflement bestial qui le fit sursauter.
A ce moment, tout son être s’immobilisa, hormis sa tête qui cherchait l’origine de ce bruit. Peu à peu, ses yeux s’accoutumèrent à l’obscurité ambiante et il lui sembla distinguer des formes qu’il ne pouvait identifier. Il faisait trop … noir.
En cherchant à droite et à gauche, il aperçut enfin une source de lumière. Comme une … torche, mais située en hauteur mais qui avait une trop faible portée pour qu’elle puisse illuminer suffisamment l’espèce de grotte dans laquelle il se trouvait.
Bon… il n’avait pas d’autre choix que d’atteindre cette torche pour y voir plus clair, aussi, Randon prit la lourde décision de se lever, ce qui lui mit du temps. Il marchait avec précaution, ses jambes étant encore un peu faibles et il ne savait pas sur quoi il pouvait mettre le pied. Lorsqu’il arriva en bas du mur sur lequel était accrochée la torche, Randon put distinguer à quoi il ressemblait. De drôles d’inscriptions y figuraient, dans une langue qu’il ne pouvait comprendre. Mais cela ne le rassura pas… cela signifiait que la grotte était habitée, et que le ronflement de toute à l’heure risquait bien de ne pas être un pur produit de son imagination. Aussi, il avait le sentiment que moins il traînerait là-dedans nu et désarmé tel un vers, mieux il se porterait. Sous ce raisonnement, il entreprit de grimper vers la torche, avec une certaine difficulté. Ses bras paraissaient plus faibles que jamais, néanmoins, il y parvient. A la droite de la torche se trouvait une autre, mais éteinte. Il la prit avec, puis se laissa retomber.
*Pam*
D’autres ronflements… A croire qu’ils s’activaient au bruit… Il partagea le feu de la torche allumée avec celle qui n’en avait pas, ce qui augmenta le rayon d’éclairage de ces dernières. Il avança de quelques pas, regardant au sol, ne trouvant rien. Puis, des ténèbres surgit une… euh… Il aurait dit un pied. Mais après plusieurs secondes d’observations, il en convint qu’il s’agissait là d’une…
D’une…
Holy shit c’était une tête !
L’une des torches faillit se retrouver à terre mais Randon put la rattraper au dernier moment. Il transpirait de peur. Il avait déjà vu ces créatures… dans les contes !
Ces têtes déformées aux oreilles soit inexistantes soit longues soit à moitié arrachées, aux dents aiguisées et aux yeux noirs de haine tout ça sur un corps trapu et verdâtre ou grisâtre…
Des orcs…
Randon suréleva ses torches et remarqua rapidement que… il n’y avait pas quelques orcs. Mais… Des orcs à perte de vue.
« Oh my fudging God… »
Ses lèvres susurrèrent ces mots. Il était chasseur. Il savait que plein de monstres existaient, et pensait qu’il y en avait encore d’autres jamais découverts. Mais… les orcs étaient au même titre que les licornes, la fée des dents, le père fouettard et le père Noël. Ca n’existait tout simplement pas ! C’était des contes, les monstres qui servaient à faire peur aux enfants pour qu’ils soient sages ! Pas des créatures tapies parmi les humains !
… Peut-être avait-il raison ? Peut-être tout ça n’était qu’un rêve ? Il avait tellement envie de se réveiller, même à côté du fossile de la veille, que Randon fut au point où effectivement il se tira l’oreille fort pour tenter de percevoir le songe de la réalité.
Ca avait fait mal. Il était toujours là, parmi les ronflements puants, dans cette grotte moisie. Ce n’était pas … un rêve. Bon sang… il n’avait pas d’armes, même pas d’habits ! Comment pouvait-il se tirer de cette misère !?
Une sorte de bruit sourd résonna, ce qui provoqua plusieurs grognements trollesques. On aurait cru qu’il s’agissait soit d’une porte qui se fermait, soit de quelque chose de très lourd tombant au sol, mais de très loin.
Randon regarda autour de lui. Il lui semblait que plus loin se trouvaient des sortes de… escaliers. Il y avait comme un relief. Cela valait le coup d’œil.
~
Après quelques minutes passées à esquiver les formes dégoûtantes qui se trouvaient sur son passage, il se disait que la situation n’était pas autant désespérée que ça. Après tout, ces choses dormaient d’un sommeil tellement de plomb qu’il aurait très bien pu danser sur du Wagner à plein tube que personne ne se serait réveillé.
C’était du moins sa pensée jusqu’à ce qu’on puissant « Puiiiic » rompe le silence de plomb de la caverne.
Randon se figea sur place.
Ses yeux, avec lenteur, se posèrent sur l’origine de ce bruit autant décalé qu’un Kaiser vêtu d’un tutu rose, ou de la Reine Victoria fumant un cigare et jouant au bras de fer.
Une sorte de….. hochet. En peluche. Ou en peau d’il ne voulait savoir trop quoi. Et qui faisait du bruit. Cette maladresse aurait pu passer inaperçue, si cela n’avait pas déclenché un autre bruit bien sonore et bien plus désagréable, car constant.
Randon dirigea sa torche et aperçut un… un… Berceau ??
Sans réfléchir, il laissa tomber une torche à terre, puis de sa main libre prit le doudou et s’empressa de se diriger vers le berceau, sautant par-dessus les orcs qui semblaient quelque peu plus se mouvoir dans leur sommeil. La chose immonde, aux allures de bébé, continuait de couiner mais sembla alléger ses cris quand elle reconnut son doudou. Randon l’agita sous ses yeux, puis le lui tendit. Après quelques secondes de silence, les cris continuèrent, comme si cela ne suffisait pas. Et en plus, désormais, il tapait son joujou contre son berceau de pierre ce qui faisait un mélange sympathique de «GROUIIN – pouic - GROUIIN- pouic » qui n’allait pas tarder à réveiller l’entier de la caverne. L’aîné Gray eut alors le réflexe le plus inattendu possible.
Il prit la chose entre ses bras et essaya de la bercer du mieux qu’il le put. Elle continua de grogner, pour un moment, mais rapidement, se calma et entreprit même de sourire au chasseur. Bon… si on pouvait appeler ce rictus défigurant un sourire. A croire que le trentenaire se débrouillait bien. Cela lui rappelait quand il berçait sa petite sœur, enfant. Quoi que la comparaison serait plutôt vexante pour cette dernière…
Un silence plana à nouveau dans la grotte, et le bébé poussait de petit « hé hi » joyeux. Randon soupira.
On soupira derrière Randon.
Le souffle chaud, moisi, lui arriva jusqu’en bas des fesses et lui fit dresser les cheveux sur la tête.
Lorsqu’il se retourna, les « hé hi » du bébé s’accentuèrent, comme s’il n’avait jamais trouvé un truc aussi drôle. Randon lui faillit bien se pisser parmi.
La centaine d’orcs était réveillée. Tous debout, armes au poing, et une mine pas franchement ravie sur le visage. Ils regardaient Randon comme une armée crocodile regarderait un lapin seul, tout tremblotant.
« Shit shit shit shit shit »
Ce fut les mots qu’il prononça, soit oralement soit dans sa tête, il ne savait plus trop, alors qu’il avait entrepris le sprint de sa vie avec derrière lui une armée de créatures moches affamées et fâchées qui voulaient le dépecer et le manger vivant.
Le bébé, toujours dans ses bras, avait trouvé marrant désormais de taper la tête de son kidnappeur.
« Pouic-pouic »
« Oh fu… »
Se retournant d’un pas vif, il jeta le bébé dans la foule où un orc eut tous les mérites des footballers américains pros lorsqu’ils attrapaient une balle perdue. Le bébé n’eut rien, et Randon eut juste le temps d’arriver en haut des escaliers, d’ouvrir la porte et de la fermer derrière ses orcs et de s’y accoler, fermant les yeux de soulagement. Il se serait cru tiré d’affaires mais une hache vint entailler le bois de la porte à trois centimètres en dessous de ce qu’on appelait en Angleterre : Les bijoux du Roi. Un peu plus, et Randon aurait dû abandonner son titre de candyman.
La porte n’allait pas tenir très longtemps. Aussi, il s’en retira, les yeux fixés vers la barrière de bois qui le séparaient de monstres qu’il n’aurait jamais pensé exister.
Encore à nouveau, un souffle chaud désagréable vint fouetter son corps et le fit se retourner dans un soubresaut témoignant de son état psychologique plutôt traumatisé.
Un immense dragon, enchaîné, l’observait. Mais pas n’importe lequel. Non. Ce dernier était… parsemé de rose, de violet, de bleu, de vert, de rouge… il était multicolore. Et il paraissait choqué.
« Hé mec ! j’avais fermé cette porte pour plus les entendre ronfler ! Et toi tu les fous en rogne et tu les amènes par ici ? Mais t’es taré ! Puis, tu fais quoi à poil ? Ta maman t’a jamais appris à cacher ton sifflet ou bien ?! »
La voix stridente, que, s’il était né deux siècles plus tard, lui aurait fait penser à Eddie Murphy, était quelque peu sympathique… Aussi il essaya :
« Il faut que je grimpe sur ton dos et qu’on parte ! »
Le dragon ouvrit grand les yeux, toujours choqué.
« Puis quoi encore, un mec à poil qui me chevauche ! Je suis un dragon, pas une princesse ! »
Randon plaqua ses cheveux en arrière tout en crispant son visage pour éviter de pêter un plomb de manière très british devant ce reptile géant. Mais des bruits de fracas et les bouts de bois qui giclaient de la porte eurent aussitôt fait de le faire réfléchir plus vite.
Le chasseur regarda aux alentours de la pièce, qui était un cul de sac. Il n’y avait pas d’issues possibles. Il allait devoir négocier avec ce dragon.
« Je t’offre la liberté ! »
« La liberté ? J’veux bien, mais sans sacrifier mon honneur ! »
Si Randon avait pu hurler il l’aurait fait. Mais un détail vint le taper à l’œil. Effectivement, caché par l’énorme queue du dragon qu’il venait de bouger, se trouvait un mannequin de femme, sur lequel était posée une… robe. Randon renvoya le regard le plus noir possible au dragon, tandis que derrière lui un orc avait mis réussi à passer sa tête à travers la porte.
« Très bien. »
Courant à vive allure, le dragon se demandant ce qu’il faisait, le chasseur allait déshabiller le mannequin et se para de la belle robe blanche et bleue qui s’y trouvait.
Il repassa devant le dragon, habillé de la sorte.
« Je suis habillé, maintenant. »
[l’auteur de ce rp s’est donné une grande peine pour décrire avec justesse et drôlerie la réaction du dragon, mais le résultat ne fut pas là. Aussi, il a préféré utilisé l’emploi simple de cette icône. J’espère que vous l’excuserez :
Mais Randon n’eut cure de l’avis du dragon et profita de cet effet de surprise pour défaire le nœud de sa corde et grimper sur son dos. A ce moment, la porte céda, et, vu que les orcs voulaient tous s’engouffrer au même moment, ils se bloquèrent à l’entrée, au plus grand daim de celui qui avait la tête coincée dans la porte. Cela laissa suffisamment de temps au duo tout frais de s’envoler et de passer par une sortie aérienne qui ressemblait grandement à une sorte de tunnel. Ouf… ils étaient… tirés d’affaire…
Le dragon semblait penser pareil, car il hurlait « youhouhouhouhou » et crachait des flammes çà et là tout en faisant une sorte de chant mais parlé au lieu de chanté. Plus tard, on appellera cet art le « rap ».
« ♪ Yo yo, Yippie-kay-yeah, orcs de la terreur, vous puez vous ronflez, moi j’suis beau, moi j’suis gros, moi j’suis un héros ! Yoyoyo !♫ »
Randon se permit son premier facepalm de la journée. Et il avait la terrible impression que ce n’était pas le dernier.
« Ah, au fait, mon nom c’est Edgar ! Mais appelle-moi Edg ! Je trouve que Ed ça fait con sinon. »
Deuxième envie de facepalm, cette fois réprimandée.
« Très bien Edg. Moi c’est Randon. » « Je peux t’appeler Ranran ? » « Non. »
Le chasseur crut entendre le dragon répliquer que peu lui importait il l’appellerait quand même comme il le voudrait, mais il n’eut pas le temps de plus élucider ça car la créature ailée s’arrêta net, lui faisant se cogner la tête contre ses écailles.
« Oh Non ! »
« Qu’est-ce qu’il y a ???! »
« Les… les … pires créatures des ténèbres… les orcs les craignent… et ils ont bien raison… je… non… je peux pas… je.. »
Randon se leva aussitôt, le cœur battant à tout rompre, peu rassuré par les dires d’une créature de plusieurs tonnes et ayant la puissance de feu et qui ne craignait pas les orcs mais qui tremblait comme jamais à la simple évocation de ces êtres.
« Béééêêê »
« C’est une joke, c’est ça ? »
Telle fut la réaction de Randon quand il découvrit devant lui des moutons. Dont deux noirs. Une centaine.de moutons, et un filet qui bouchait le passage du tunnel.
« Je suis désolé Ranran, mais je peux pas… je… je vais rentrer. Refaire le nœud à ma corde et … dormir. Ouais. C’est ça… la liberté attendra….. »
VLAM
« Aïe ! » Le aie ne vint pas du dragon qui venait de se recevoir un immense coup de poing sur son espèce de truffe rose, mais bien de Randon qui avait désormais sa main endolorie. Néanmoins, le noiraud n’allait pas se décourager, ôh que non.
« Ecoute moi bien, Ed-g ! Soit tu es d’accord de vivre une vie minable dépendante d’orcs puants dans une grotte pourrie, soit tu prends ton courage à deux mains, tu m’aides à briser ce filet et tu pourras profiter de ta vie comme tu l’entends ! En résumé, soit tu acceptes une vie dénuée d’intérêt par lâcheté, soit tu prends le risque de vivre une vie qui en vaut la peine ! »
Ses mots ne tombèrent pas dans les oreilles d’un sourd, et peu à peu, des larmes de crocodile se formèrent sur le visage effrayant du dragon qui pleurait à chaudes larmes.
« T’as raison Ranran. » « DAMN IT STOP CALLING ME RANRAN ! » « Hein ? » ...„Allons –y „
Perché sur son dos, Randon commença à donner les directives au dragon. Effectivement, après avoir déduit que le meilleur moyen de casser le filet sans faire du mal à Edgar était d’y jeter successivement plein de moutons dedans, Randon s’occupait de « piloter » l’immense masse ailée qui lui servait de compagnon.
« Plus à droite. A droite ! Vas-y, coup de queue ! » « Tu me prends pour un pokémon ou bien ? » « … Quoi ? » « Oh laisse-tomber, pas de ton époque »
Sur ce, l’immense membre du dragon vint taper un mouton à priori inoffensif qui, voyant le coup arrivé, fit un triple salto arrière en esquivant le choc, ratterrit sur la queue du dragon, et y planta deux véloces crocs.
« IL VA ME SUCER LE SANG ! »
Randon, ne s’attendant pas vraiment à ça, s’arrangea pour glisser jusqu’au bas du dragon et entreprit de chasser le vampire de coton par d’immenses coups de pieds qui n’eurent comme effet que de resserrer l’étau de la mâchoire du mammifère sur le reptile, accentuant les cris de panique de ce dernier. Randon reessaya, encore et encore, mais les iris noirs du mouton le regardaient avec hargne et il ne semblait décidé à lâcher le dragon qu’au moment où il le lui aurait arraché la queue.
Puis, alors que le dragon virevoltait n’importe où de panique, un pan de la robe de Randon se prit dans un caillou pointu ce qui eut comme effet de transformer sa robe de princesse en mini-jupe, qui se souleva avec la force du vent. Le mouton lâcha aussitôt prise.
Et tomba, sous un joli « BLAM ».
Le chasseur, qui se tenait le visage d’une main tellement il en avait marre, remonta sur le dos du dragon qui était soulagé et arrêté de gesticuler dans tous les sens. Randon lui soupira… Il en vint rapidement à la déduction que de la sorte, ils n’arriveraient à rien. Aussi, il interrompit leur chasse et réfléchit sur la tête du dragon qui léchait sa queue meurtrie tout en pleurnichant.
« J’ai une idée. » « Du genre rebrousser chemin ? je suis partant. » « Non….…. Tu sais cracher du feu, non ? » « Ho, hé. Mec, insulte pas ma fierté. » « Donc… tu as le moyen de les faire paniquer. Si on les fait fuir avec tes flammes, ils se précipiteront tous dans le filet et ce dernier finira bien par céder sous leur poids. Qu’est-ce que tu en dis ? » « Tope là. » « Tope où ? » « High five ! » « High… quoi ? » « Bon dieu, t’es anglais ou quoi ? » « … »
Ne faisant guère plus de cas, Edgar hocha de la tête signifiant que son plan été approuvé. Randon, qui réajustait les pans déchirés de sa robe qui n’en était plus une, le laissa faire en toute confiance. Et cela marcha du tonnerre.
Un hurlement bestial s’échappa de la bouche du dragon qui fit jaillir du plus profond de sa gorge un feu d’une puissance telle que rapidement la température ambiante de la grotte fut semblable à une fournaise. Des bêlements de moutons retentirent, ainsi que le bruit de leur petit sabot tapant contre les parois rocheuses, tous voulant s’enfuir.
Et tous se cognant contre le filet. Plus ils bêlaient sous la panique de se voir transformer en gigot, plus ils exerçaient de pression sur le filet qui finit bientôt par céder, faisant tomber la centaine de moutons à terre. Le dragon vola au-dessus d’eux et quand le trentenaire habillé en femme regarda en-dessous, il jura qu’un des moutons noirs lui tirait un magnifique majeur. Quoiqu’il en fût… ils s’étaient vraiment tirés d’affaire.
♦♦♦
La suite du trajet fut relativement tranquille. Rapidement, le tunnel s’amincissait mais le dragon était assez svelte pour ne pas s’y coincer, et il arriva enfin dans une surface grande et aérée. Fini la grotte ou le tunnel. Désormais il y avait une grande salle avec des pavés. Et, tout au bout de cette grande salle, une lumière. Celle de… la liberté il semblerait.
« ON EST LIBRES, ON EST LIBRES ! »
L’enthousiasme du dragon le fit aller à vive allure en direction de la source de lumière, mais Randon, qui avait eu un sourire affiché sur son visage quelques secondes auparavant, commençait à tirer la grimace. Il hurla un "Stop » destiné au dragon qui le fit s’arrêter net sans que ce dernier ne comprenne pourquoi.
« Qu’est-ce qu’il y a Ranran ? » « Tu ne trouves pas étrange que… la lumière soit de couleur rouge ? » « Quoi, elle est pas de cette couleur ? »
Facepalm, ou pas facepalm ? Randon opta pour un énième soupire. Ce dragon n’avait jamais vu la lumière du jour, mais il était clair que ce n’était pas les rayonnements du soleil qu’ils avaient sous les yeux et sur quoi ils allaient foncer.
Un bruit sourd résonna, coupant court à sa réflexion, et plusieurs orcs apparurent depuis le sol, sortant des pavés. Randon écarquilla les yeux… ils les avaient suivis ! Mince ! Mais cela n’inquiété pas Edgar qui se polissait les griffes. Le jeune Gray était quant à lui bien plus tendu. Mais son attention fut tantôt vite dérivée des orcs : l’étrange chose rouge semblait… avancer ? Elle n’était pas aussi proche, avant ? Non ?
Randon remarqua que non…. Les orcs se retournèrent et remarquèrent le nuage. Aussitôt, ils voulurent courir mais s’encoublèrent les uns aux autres, l’un lâchant de panique ses armes qui atterrirent droit dans chaque narine du dragon. Ce dernier éternua. Cela repoussa le nuage de quelques mètres, seulement.
Il fallut un moment à Randon pour réaliser que les armes dans les narines du dragon ressemblaient plus à des……. aiguilles à tricoter qu’à des épées. Il les retira aussitôt, faisant rire de chatouille le dragon, et les observèrent, dégoulinant de morve. Ce dernier rééturna en moins fort, et en mettant sa petite main devant la bouche (ce qui relevait de l’exploit vu la taille du bras).
« Oh, t’étais là toi ! »
Il lança à Randon qui, dans un réflexe de chasseur rattrapa l’étrange chose visqueuse que le dragon avait sortie soit de sa bouche soit de son nez. Vu l’humidité de la boule, cela venait de la bouche.
« … Disgusting. »
Une sorte de boule de laine, rouge elle aussi. Avec deux aiguilles à tricoter. Mais c’était quoi ce non-sens extrême ?
« Je l’avais mise de côté, cette boule de laine, mais je savais plus où… /o/ » « Edg… Pourquoi ? »
Il y avait tout autant de consternation que de désespoir dans la voix du noiraud aux yeux bleus qui ne pouvait détacher son regard de la masse rouge qui s’avançait intrépidement vers eux et qui avait transformé les orcs en un ramassis de squelettes.
« Y avait une orquesse qui m’apportait à manger. Elle me disait qu’il y avait un gardien rouge qui les empêchait de sortir. Mais que si on utilisait une pelote de laine, on pouvait le surpasser. »
« Elle ne t’aurait pas expliqué comment, par hasard ? »
« Possible. Mais elle m’avait déjà servi les croquettes. J’ai… plus écouté après. »
Facepalm, sans hésitation. A mesure que sa main glissait de son visage, le trentenaire remarquait que le nuage s’approchait inexorablement de leur position. Il recherchait dans sa mémoire des histoires traitant d’un nuage rouge, ou quelque chose dans le style. Mais de ces voyages autour des sept mers, des différents continents, même des histoires de Mère petit, il n’y trouvait aucune référence.
Aussi, alors que quelques mètres seulement les séparer de ce nuage infernal, Randon descendit du dragon ce qui le fit s’exclamer son incompréhension. Mais le chasseur n’écoutait pas. Il laissa son instinct se guider, il n’y avait que ça à faire. Et puis, si ça se trouve, s’il mourait il se réveillerait dans son lit, avec la vieille. Du moins c’était ainsi qu’il pensait… Comme si le danger de mort n’était qu’une vague illusion et que Randon ne pouvait réellement s’en rendre compte sur le moment présent.
Dans tous les cas, armé de ses deux aiguilles à tricoter et de sa pelote de laine, et de sa robe déchirée, il s’avança vers le nuage de la mort puis s’arrêta, alors tout proche de ce dernier qui gagnait centimètres par centimètres. Puis, le trentenaire leva ses deux aiguilles, chacune bien maintenues avec ses pouces, en même temps qu’il avait tiré un fil humide de la pelote. Puis, il cria fort, comme s’il récitait l’exorcizamus te pour exorciser les démons.
« Acus in loco, acus sursum »
Le nuage s’immobilisa. Randon poursuivit sa formule en même temps qu’il s’occupait de faire ses mailles.
« In loco astrictos, sursum astrictos »
Cette fois-ci, le nuage se recula, petit à petit, à mesure que Randon avançait, ses aiguilles en croix, avec le fil maillé qui les liait toutes les deux.
« Acus in loco, acus sursum. In loco astrictos, sursum astrictos ! »
Un hurlement venant des torpeurs de ce nuage surnaturel surgit et avant que Randon ne pût continuer, ce dernier s’évapora dans les airs avec un cri strident, laissant cette fois le chemin libre.
Edgar lui, restait … figé.
Randon lui poussa le soupire de soulagement le plus sincère au monde.
« J’aurais jamais pensé que ça marcherait. »
Edgar le rejoignit, interloqué.
« Alors, déjà de un, t’as une minijupe maintenant. J’ai pas signé pour me faire monter par un gars qui a les rognoles à l’air… Et de deux.… Une aiguille à l’endroit, une aiguille à l’envers…. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers… tu lui as dit ça, en latin. Et ça l’a tué…. Tu sais que c’est même pas comme ça qu’on tricote ? »
Un « La ferme » figurant lui servit de réponse alors que Randon lâchait par terre ses armes d’infortune. Il passait de tout nu à travesti en robe, puis en mini-jupe, puis à dame de couture. Niveau humiliation, il n’avait jamais rien connu d’égal. Même quand sa mère l’eût appelé par erreur « Lydia » en public quand il avait les cheveux longs….
D’un air fatigué, il observa son partenaire ailé.
« Et si nous y allions, vers cette liberté, Edg ? »
En guise de réponse, le reptile afficha ses crocs dans un sourire grand et ravi, puis invita Randon à reprendre sa position vers son cou.
« J’espère que niveau aventures, ce sera tout… J’en ai ma claque. »
Laisse échappe le chasseur alors qu’il laissa sa tête reposer contre les écailles peu confortables de l’immense monstre de feu.
Feckin soleil. Feckin été. Feckin chaleur. C’était exactement les pensées de Llewyn à cet instant précis, répétées en boucle. Enoncées parfois de vive voix, pour – au cas où que les autres n’aient pas remarqué- dire à tout le monde qu’effectivement, il faisait chaud. En plus de cela, le seul endroit de la capitale où il pouvait un tant soit peu se rafraichir, enfin façon de parler, était le bistro d’Elsa. Alors autant vous dire que pour rester dans un endroit où la chaleur faisait empester les cadavres en décomposition que la goule cachait dans son cagibi, il fallait que la chaleur soit vraiment, vraiment, vraaaaaiment insoutenable. Et pour ne pas arranger la chose, il ne savait pas où été passé le chat, il espérait qu’il ne lui était rien arrivé et qu’il flemmardait juste quelque part à l’abris du soleil de plomb qui régnait sur la capitale. Gracieusement affalé sur le comptoir en compagnie d’Elsa et Lizzie, l’homme-chat déblatérait une nouvelle histoire à propos du Sahara, de L’Afrique qu’il avait visité, et de comment il avait fait pour survivre.
« beeeurk…. LLew’ t’as vraiment mangé du cadavre de chameau cru ? Et du poulpe vivant ?» s’exclama la jeune blonde. « Hey, Quand tu veux sauver ta peau, t’es prêt à faire n’importe quoi. » Il continuèrent à débattre sur le sujet, jusqu’à ce que la chaleur finissent par totalement ramollir leurs arguments déjà bien douteux.
« Allons vous deux ! vous avez finit de vous agiter ? Tenez, buvez ça, ça sera meilleurs que le jus de cadavre de chameau… »
Les yeux des deux autres s’écarquillèrent quand la goule déposa devant eux un verre de whiskey et une citronnade. Vous savez bien sûr qui a quel verre, je ne vous fais pas un dessin. Le chat et la tapineuse s’en saisir aussitôt remerciant la gérante et trinquant avec elle.
« Elsa darling, épouse moi donc veux-tu ? » Plaisanta le chat avant de boire son verre. « oh voyons chaton, tu dis ça à chaque fois et je n’ai toujours pas la bague au d-… Llewyn ? » « hum.. je…, c’est…t-ton… whiskey à un gout etran… » « Llew’ ?! ça va ? tu es tout pâle, hé. » commença à paniquer Lizzie lui secouant le bras.
Mais le chat tomba à la renverse contre le comptoir à moitié dans les vapes. Ah, couillonné par un verre de spiritueux… On aura tout vu, c’est pas une mort ça, songea-t-il alors qu’il sombrait dans l’inconscience, les visages des deux femmes au-dessus de lui.
Mal de tête. Enoooorme mal de tête. Et gerbe sous-jacente. Il ne s’était plus sentit comme ça depuis bien longtemps, quelques siècles même : sa première cuite pendant les fêtes de leur village en Irlande. Très bon souvenir… De ce qu’il se souvenait. De pas grand-chose en fait. C’était peut-être mieux ainsi d’ailleurs. Il en savait même plus si Félicien l’avait aidé à rentrer chez leur père. C’était peu probable, il devait être aussi bien beurré que lui. Prenant sa tête entre ses mains le chat grogna de mécontentement, puis il se demanda si ses sens n’avaient pas été eux aussi trompés par l’alcool puisqu’il ne sentait plus la chaleur. Et le sol du macchabé geignard ne ressemblait pas à celui sur lequel il avait l’habitude de tomber. Risquant un œil, puis deux, il finit bien par ce rendre compte qu’il n’était plus du tout dans l’établissement d’Elsa. Tout autour de lui était… Absolument neutre, vide de tout repères, encore allongé il fit l’état des lieux, ça pouvait ressembler à n’importe quel temple, n’importe grotte ou endroit glauque dans le genre. C’est alors qu’il sentit un poids sur sa poitrine. Relevant la tête et prenant appuis sur ses coudes, il tomba nez à nez avec une boule de poil jaune canari, surmontée de deux oreilles pointues et d’une queue en éclair. Il se jaugèrent un instant, yeux dans les yeux, les joues rouges de la créature se gonflant et crépitant d’électricité, le chat de cillant pas, plantant ses prunelles fendues dans celle de son rival. Et contre toute attente la chose qui sentait la souris bien dodue et en chaire vint se coller à lui en baragouinant un « pika-chuuu » enchanté. Un peu surpris de la situation le chat ne trouva rien de mieux que de caresser la tête de l’étrange pique-nique creature.
« Hum… enchanté petit mais, d’où tu viens comm-… What ? »
En se relevant en position assise, le chat remarqua qu’il était entouré de pleins de petites bestioles semblables. Ça allait de la souris qui avait pris le jus perchée sur son ventre, au lézard enflammé, la tortue aquatique avec plantes intégrées. Et les pauvres petites bêtes semblaient bien sottes, puisque le seul son qui sortaient de leur bouche, c’était leur prénom. Difficile effectivement d’avoir un semblant de conversation avec ces animaux étranges. Quoi ?… Bien sûr que Llewyn comprenait les animaux, toutes les animaux se comprennent entre eux, il n’y a que les humain qui dérogent à cette règle. Mais les humains c’est un cas à part, s’il y avait bien une chose qui mettait d’accord tout le règne animal, c’est que les humains étaient un peu idiots. Bref, toujours était-il que le brun commençait à être un peu exaspéré par la situation et la petite bêbête jaune qui se collait a lui.
« Si j’étais pas dégouté par ta couleur jaune, crois-moi ça fait longtemps que je t’aurais bouff - » « Pokeball go ! oh, merci de les avoir arrêté monsieur, ah ces Pokémons je vous jure, pire que des champignons…. »
Des grands rayons de laser rouges virent faire disparaitre tous les petites bestioles aux pieds de Llewyn, à l’exception de la souris jaune perchée sur son épaule.
« et celui-là vous le reprenez pas ? » « hein oh non, on n’a jamais réussi à le faire rentrer dans une pokeball. Mais bon, j’ai du boulot moi… hein… mais restez pas planté là ! suivez-moi donc si vous n’avez rien de mieux à faire. »
Le grand brun sursauta, et ne sachant trop que faire finit par suivre l’homme devant lui. C’était un homme tout ce qu’il y avait de plus fade, une petite moustache, une chemise rentré dans le pantalon avec des stylos accroché aux poches, une épaisse paire de lunettes de vue ainsi qu’une calvitie déjà bien avancée qu’il peinait à cacher en mettant les cheveux qui lui restaient sur les côtés. L’archétype de l’employé de bureau, fade au possible, qui parlait d’une voix morne et plate comme si tout lui semblait égal, et que la seule chose importante en ce monde était ses horaires et sa prime de noël. Au fur et à mesure qu’il avançaient, Llewyn découvrit que la pièce, était beaucoup plus grande que ce qu’il croyait, et aussi beaucoup plus peuplée que l’antichambre dans laquelle il s’était réveillé.
« Eh bien, monsieur le Barbu, Bienvenue au Temple de Manganime, enfer des personnages de manga et sanctuaires des personnages défectueux. Je me présente : Michel. Employé de chez Michel & Michel »
Llewyn s’étonna de ne pas être étonné. Etrange non ? Il s’étonna d’autant plus qu’il s’intéressa à ce qu’il l’entourait, posant diverses question à ce type nommé Michel. Même son nom était fade, pauvre bougre. Alors qu’il marchaient, Deux hommes semblaient se battre sur leur gauche, a vrai dire le sol autour d’eux était presque réduit en poussière et on pouvait apercevoir derrière les deux guerriers un décor de planète et d’espace. L’un ressemblait à un grand singe bodybuildé avec une chevelure platine défiant la gravité à tel point que Newton en aurait fait un arrêt cardiaque.
« Ahaha Goku, tu n’as plus que 5 minutes pour sauver cette planète, mouhahah tu as perdu. » « noooon, Tu vas payer Freezer… mais… avant toutes choses… C’est le bon moment pour un flash-back ! »
Llewyn haussa un sourcil dubitatif, et siffla en les regardant. Il fronça le nez : ça sentait la testostérone mal placée à plein nez. Et dieu que ça avait mauvaise odeur.
« Eh ben, 5 minutes pour sauver une planète ? c’est un peu juste nope ? » « Hum ? oh ces deux-là ? faut pas s’en faire c’est leur malédiction en quelque sorte. » Il sorti un calepin de sa poche pour le feuilleter et prendre quelques notes. « humhum, oui à mon avis ils en ont encore pour 25 épisodes avant l’explosion. Oh, mais y’a pire hein suivez-moi… »
Légèrement peiné pour ces deux bougres, Llewyn s’arracha à leur contemplation pour suivre Michel qui lui montra les terrains de sport infinis, que des gamins aux yeux plus grand que leurs têtes s’évertuaient à remonter. Des terrains infinis, des jeunes filles qui essayaient de sauter près de filets de volley qui devaient être suspendus à plus de 8 mètres du sol. Il continuèrent leur chemin longtemps, passant devant les magical girls trop grosses, boudinées dans leurs costumes à paillettes, devant les personnages de bi-shonen et bi-shojo trop laid pour être publiés, devant les héros défectueux, ceux avec de membres en moins, devant ceux qui zozotaient – embêtant pour les long discours sur l’amitié, la volonté et tout le bazar-, chochotaient, momotaient, sossotaient, ahanaient, devant des méchant pitoyablement peu crédibles, devant les fulguropieds de goldorack, devant des dragonball carrées et autres bizarreries dans le genre. La souris étrange toujours sur sa tête, semblant s’amuser comme une folle avec ses cheveux. Aux fur et à mesures qu’il avançaient, une question brulait de plus en plus les lèvres du chat.
« mais, michel. Vous en faites quoi des gens ici ? » « des gens ? ah ! les personnages ? eh bien, on les effaces et on en crée de nouveaux, en espérant qu’ILS ne se gourent pas. » « Qui ça ILS ? qui crée quoi ? »
Michel adopta un ton sérieux, voire grave. Zieutant à droite puis à gauche il sortit de sa poche un stylo avec lequel il dessina une porte. Porte qui s’ouvrit et par laquelle il entra invitant l’irlandais à en faire de même. Ses les yeux ébahis du brun, se tenait une pièces immense, remplie jusqu’à l’implosion de bureaux, sur lequel des chinois ( ou des japonais, il n’avait jamais vraiment su faire la différence entre tous ces peuples avec les yeux dans les paupières, sans les entendre parler ) Travaillaient dans un silence parfait d’où ressortait seulement le son des plumes grattant sur le papier, penché sur leurs planche il ne bougeaient pas d’un pouce, seulement parfois pour prendre une gorgée de café. Une véritable fourmilière.
« c’est les autres employés » chuchota Michel « les mangaka, c’est eux qui dessinent les personnages, et quand ils se loupent, et bien leurs « creations » retrouvent ici. Tiens, d’ailleurs, j’vous cherche depuis tout à l’heure mais…. De quel manga vous êtes-vous ? » dit il en secouant son calepin.
« moi hein ? eh bien , d’aucun j’imagine… J’me suis retrouvé là par hasard. » « vous m’en direz tant… hum bon et bien repassez cette porte, continuez tout droit et vous finirez bien par trouver la sortie, vous m’excuserez y’en a qui bossent. Et oh.. » Fit Michel en regardant sa montre alors qu’il raccompagnait Llewyn au dehors de la porte « faites attention, c’est bientôt l’heure de l’impression. » lâcha t-il avant de lui claquer la porte au nez, porte qui disparue aussitôt.
« Impression ? » Répéta le chat.
Soudain tout le sol se mit à trembler, perdu il se mit à regarder autour de lui et se rendit compte que les murs commençaient à se rapprocher dangereusement. Lançant tout un panel d’injure il se mit à tourner autour de l’endroit où se trouvait la porte, mais celle-ci avait belle et bien disparue. Fallait vite qu’il trouve un moyen de se sortir de là, sinon il allait se retrouver plus plat que du papier à bible, morbleu. Partout la panique faisait rage, elle avait gagné tous les personnages défectueux, qui savaient que leur dernière heure était arrivée. Et ça courrait, et ça criait dans tous les sens, l’apocalypse était arrivée pour ces pauvre êtres fictifs. Dieu que la chose n’était pas aisée, réfléchir, dans un pareil vacarme. A bout, le chat finit par hurler un sonore « silence » en jetant à la figure des énergumènes la souris qu’il avait sur la tête, celle-ci ne sembla pas apprécier la chose, puisqu’elle électrocuta tout le tas. Le barbu sursauta, eh bien, s’il avait su que ce machin avait avalé tant de volt il aurait fait plus attention, mais il se ressaisit vite voyant que les murs se faisaient de plus en plus proche. Il pris une grande inspiration et s’élança à travers la pièce, courant le plus vite qu’il le pouvait il sauta sur le ventre d’une Sailor moon bedonnante et se servit de ce fameux tremplin pour se projeter dans les airs et se rattraper in-extremis au filet de volley de l’enfers suspendus à plus d’une dizaine de mètres du sol. Une fois la haut il remarqua une chose : les terrains de foot et autres objets de torture avaient disparu, et il se rendit compte que le filet où il était accroché ainsi que les autres, étaient bien au-dessus des murs qui se rapprochaient, si bien qu’il était en sécurité. Ça paraissait logique : on abime pas le matériel, sinon c’est l’assurance qui paye. Et les murs s’entrechoquèrent dans un grand fracas et une odeur d’encre fraiche, juste en dessous du matou qui sur son perchoir n’en menait pas large. Sacrebleu, il avait eu de la chance. Les murs se retirèrent aussi vite qu’il étaient venus, provoquant à nouveau de grand tremblement, faisant se déséquilibrer le matou qui tomba. Paf, réception réussie sur le sol (ça avait du bon d’être un chat) qui était maintenant jonché de feuilles de papier sur lesquelles étaient imprimés les visages, les corps, les objets, les personnages qui avaient été là quelques minutes auparavant. Son regard s’arrêta sur une feuille qui contenait l’image de la souris jaune qui l’avait suivi jusqu’alors, bof il n’avait pas l’air mécontent. Mais Llewyn s’arracha vite à la contemplation de cette feuille quand un bruit lui fit tendre l’oreille. Foi de chat, c’était un miaulement et pas n’importe lequel : celui de son compagnon, il en était sûr ! Il lâcha la feuille qui retomba lentement, virevoltant au milieu de ses congénères, et se mit à courir en direction du miaulement, abandonnant cette salle.
Il faisait sombre dans le couloir qu’il empruntait maintenant, il avait la chance d’être nyctalope pourtant, il n’y voyait rien. Ce noir n’avait rien d’obscurité, il semblait plus être une sorte de fumée opaque. Argh, en plus ça lui piquait horriblement les yeux, s’il avait su, il ne serait pas passé par le « couloir des ninjas » ça lui aurait évité ce désagrément, et celui de se faire canarder par des étoiles et des couteaux a beurre en fer forgé. Il ressortit de cet enfer en toussant et se frottant les yeux jusqu’à ce qu’il percute quelque chose, enfin quelqu’un. Bim bam boum jolie roulé boulé.
« Nan mais ça va pas espèce de vieux crouton ! »
Marmonnant quelque chose d’incompréhensible à propos de lombaires en miettes Llewyn se releva pour voir d’où venait cette voix criarde, et il tomba nez à nez avec une tête blonde, passablement énervée. A en juger parce qu’il venait de vivre, cela devait être sans doute un autre personnage défectueux.
« J’peux savoir qui tu traites de vieux crouton ? Tiens d’ailleurs c’est quoi ton problème à toi ? Ils t’ont fait quoi les mankawa, gawa… bref ? T’ont fait trop petit ? »
Avant qu’il n’ait compris le pourquoi du comment il se retrouva encore une fois entrainé dans une sorte de rixe ou l’autre braillait un « JE NE SUIS PAS PETIT ». Alors que Llewyn était en train de mordre le bras métallique de l’autre qui lui faisait une clef de bras, il s’arrêta soudainement en relâchant sa prise.
« ça alors » s’exclama-t-il en pointant la main de Llewyn ou un étrange signe était tatoué, il n’avait pas remarqué « Tu maîtrise alkimie toi aussi ? » « alkimie ? Alchimie tu veux dire ? Ewh nan j’maitrise pas ça moi… que, mais qu’est-ce que tu fais. » « Non. AlKimie, les gens ont tendance à confondre, c’est dégradant ! ahah, voyons, tu n’y connais peut être rien, mais tu as de la chance… tu ne sais pas que tu viens de rencontrer le plus grand maître de l’alkimie. »
« hum ? ou ça ? » dit le chat en tournant la tête. « moi imbécile ! Viens je vais te montrer comment ça marche ! Moi c’est Edouard au fait. » « Edward ? » « non Edouard. » « ah. Llewyn. »
Il s’aidèrent à se mettre sur leurs pieds. Le petit blond entraina le brun dans un espace plus dégagé, et se mit donc à lui faire une démonstration de ce nouveau pouvoir.
« Très bien, regarde : frappe tes mains comme cela puis pose les par terre, voilà très bien… ensuite suffit de dire ‘’ Par le pouvoir de la sainte mulette, MacGyver viens à nous. ‘’ »
Llewyn s’exécuta, franchement il n’avait plus grand-chose à perdre. Aussi fut il surpris quand un cercle se mit à crépiter d’électricité autour d’eux, et qu’une voix d’outre-tombe se mit à résonner.
« Salut les loulous, qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »
« salutation Ô grand Macgyver. Tu vois Llewyn, lui c’est MacGyver si tu lui donne ce qu’il faut, il te fabrique tout ce que tu veux. C’est en quelques sorte un échange. Tiens, regarde. Ô divin bricolo, j’ai en ma possession un dé à coudre, un caillou, un morceau de bois et… T’as quelque chose dans tes poches ? » « euh, un fil de lin et euh… » « C’est parfait mes p’tits gars, avec ça je peux vous faire : un tourne disque, un masque de plongé ou un tandem. Au choix »
Comment Llewyn c’était retrouvé à faire du tandem au beau milieu d’un temple remplis de barges avec un Blondinet caractériel avec lequel il ne pouvait pas passer plus de 5 minutes sans se battre ? Sans s’insulter et hurler pour devoir se calmer ? Cette question restait pour lui un total mystère. En fait, il se disait qu’il était peut être ivre mort quelque part… Qu’il avait peut être pris quelque chose de louche avec quelqu’un et qu’au final tout ça n’était qu’un rêve. Surtout après avoir combattu des Titans dans une forêt, avoir rencontré un type nommé Albator avec une voix de castrat, fait du karting avec un Mario imberbe, aidé des laiderons de lycéens à vivre leurs histoires d’amours, récupéré des dragonball carrées et autres aventures passionnantes qui pour des raisons propres à l’auteur ne vous seront pas racontées. Cela ne faisait que renforcer l’hypothèse du rêve. Pourtant…. Pourtant il y avait comme une petit chose qui le faisait penser que tout ceci.. était peut être réel. C’est ce à quoi Llewyn était en train de penser alors qu’il scrutait le vide du précipice juste devant eux. Peut-être qu’il allait se réveiller si il sautait dedans à pieds joint ? ou t’écraser comme un imbécile Souffla la petite voix dans sa tête. Par expérience, Llewyn savait que ne pas écouter la petite voix de la prudence n’était pas une chose à faire. Et bien sûr, cela lui était arrivé bien souvent, et à chaque fois il s’en était mordu les doigts. Il s’arracha donc à la contemplation du vide, pour retourner voir Edouard le blondinet geignard qui s’engueulait avec son dieu Ecossais, au moins il n’avait pas a se coltiner d’anglais dans le voyage. A peine arrivé il se fit déjà sauter dessus.
« Plus rien ?! Plus rien ?! Comment ça plus rien ? » « Ecoutez les loulous, vous avez échangé votre tandem et un briquet contre un sabre laser, puis le sabre et une veste contre un kart et ainsi de suite jusqu’au tourne disque… Vous n’avez plus rien, j’peux pas faire apparaitre un pont du néant ! » « pourquoi un tourne disque ? pourquoooi ? on l’a balancé dans le premier ravin venu pour mieux s’enfuir, et maintenant ? » « hey du calme petit… » « JE SUIS PAS PETIT ! TU COMPRENDS PAS QU’ON EST DANS LA MOUISE ? » « EST-CE QUE TU VAS ARRÊTER DE CRIER MERDE ? » « J’ESSAIE DE TROUVER DES SOLUTIONS VIEUX GRINCHEUX ! C’EST PAS TOI QUI AIDE BEAUCOUP ! » « COMMENT ?! J’AI DEJA DONNE MON BRIQUET, MES CLOPES, MES MEDIATORES ET MES DEUX PUNAISE DE CHAUSSURES ! TU VEUX QUOI ? QUE JE ME DESSAPE ?» D’un coup Il se calma, passant sur mains sur ses yeux et se massant les tempes pour annoncer d’une voix qui se voulait calme mais d’où transparaissait sans mal la profonde exaspération. « est ce que tu sais ce que c‘est que d’être en manque de cigarettes et de devoir te supporter ? hein ? tu sais que c’est très.. très.. trèèèèès TRES FECKIN PESANT ! »
Ils s’assirent, en silence sur le dallage froid. En fait, tous deux savaient pertinemment ce qu’il fallait faire pour créer un pont, mais aucun d’eux ne voulait se l’avouer. Après tout c’était un choix difficile, car pour passer, l’un des deux devait se sacrifier en se jetant dans le cercle. Le seul bruit crevant le silence était le crépitement du cercle à leurs côté qui diffusaient une lumière bleuâtre sur les corps et les objets présent. Llewyn se leva en silence, fixant encore et toujours l’horizon, mutique. Edouard releva les yeux vers lui, attendant qu’il dise quelque chose. Le chat pesa longuement le pour et le contre, se fit violence, se souvint de moult chose et dans un soupir, sans jamais quitter l’horizon des yeux, il parla.
« Edouard… Tu sais comme moi ce qu’il faut faire pour passer… » « L-Llewyn, tu n’y pense pas, il y a surement un autre moyen ! » « tu sais très bien que c’est le seul moyen. » « N-non… on peut retourner sur nos pas et aller chercher le tourne disque…non… » s’exclama Edouard en se relevant. « Gamin, dans la vie il faut parfois faire des choix, des sacrifices… En tant que plus vieux, c’est ma responsabilité… » « Mais c’est injuste… Tu ne devrais pas avoir à faire ça. » « shht… » dit-il simplement en posant sa main sur l’épaule du plus petit. Le chat se mit à regarder le cercle bleu, le visage neutre et les yeux dans le vide, totalement résigné. Il prit une dernière grande inspiration, toujours la main sur l’épaule du plus jeune qui le regardait. Un instant il s’observèrent, les yeux dans les yeux, l’émotion de la scène était presque palpable, Llewyn soupira et poussa l’autre dans le cercle. … Oui, c’était salaud. Oui, Llewyn était un être abjecte quand il était énervé, inquiet pour un proche et en manque de nicotine. Le regrettait-il ? A en juger par son rire sonore alors qu’il traversait le pont, on pouvait en douter. Un nouveau miaulement cependant le stoppa et lui intima de presser le pas, Il ne savait pas si le chat était en détresse, mais en tout cas son inquiétude ne fit que redoubler et il se remit à courir. Le décor, au fil de ses pas, se mit à changer du tout au tout. Si auparavant les murs et le sol pouvaient faire penser à un ancien temple au dallage inégal, il y avait maintenant devant le matou un décor tout à fait diffèrent fait de stalactites et stalagmites humides d’où coulaient dans un ploc ploc régulier de l’eau glacée. Un vent givré s’infiltrait dans ce boyau sombre et remontait le long de la colonne vertébrale du brun qui essayait de faire attention à où il mettait les pieds car le sol par endroits était strié de trous remplis d’eau et d’une profondeur inconnue. Il sentait autour de lui des mouvements et entendait très bien le bruit de petites pattes courant sur le sol glissant. Pleins de petites pattes. Des trucs avec beaucoup de pattes et bien trop gros pour être de vulgaires insectes. En plus de ça il commençait à avoir faim. En plus de sa faim habituelle, parce qu’évidement la vie de musicien des rues ne permet pas toujours de se remplir le ventre ( et que la boisson passe souvent avant, mais il ne se l’avouera jamais ), et, il lui était impossible de dire depuis combien de temps il était ici. Avançant toujours prudemment, le chat finit par se retrouver dans une pièce beaucoup plus grande, et alors qu’il observait la grandeur de l’endroit, il s’arrêta net. Une main sur la bouche. Devant lui se tenait un énorme, et quand je dis énorme je pèse mes mots, cloporte. Adipeux et plein de purulentes pustules il semblait ronfler paisiblement. Problème : il lui bouchait le passage. Second problème mais non moins important voir plus : le monstre se réveillait et Llewyn n’avait aucune envie de savoir si cette chose était aimable ou pas. Paniquant de plus en plus, il se mit à danser sur ses pieds nus écorchés par la marche en se prenant la tête entre les mains. Puis soudain, un éclair de génie. Il s’arrêta et se mit à chanter, tout doucement, le plus doucement possible, pour que sa voix qui résonnait dans contre les murs et faisait vibrer les stalactites ne soit pas dure pour l’oreille.
« Queen Jane lay in labor full nine days or more 'Til her women grew so tired, they could no longer there They could no longer there
"Good women, good women, good women that you may be Will you open my right side and find my baby? And find my baby
"Oh no," cried the women, "That's a thing that can never be We will call on King Henry and hear what he may say And hear what he may say"
King Henry was sent for, King Henry he did come Saying, "What does ail you my lady? Your eyes, they look so dim Your eyes, they look so dim"
"King Henry, King Henry, will you do one thing for me? Will you open my right side and find my baby And find my baby"
"Oh no, cried King Henry, "That's a thing that i can never do If I lose the flower of England, I shall lose the branch too I shall lose the branch too"
There was fiddling, aye, and dancing on the day the babe was born But poor Queen Jane beloved lay cold as a stone Lay cold as a stone. »
C’était une comptine, une ballade qu’il avait l’habitude de chanter à Félicien ou aux autres moufflets dont il s’était parfois occupé. Et cela avait l’air de marcher puisque la créature avait repris une respiration paisible. Alors qu’a pas de loup ( ironique pour un chat ) il s’apprêtait à faire demi-tour, son ventre se mit à gargouiller d’un barbare borborygme qui ébranla la pièce à cause de son écho.
Franchement, si il y avait quelque part un dieu, qu’avait-il bien pu lui faire ? Avait-il une vie à un tel point ennuyeuse qu’il devait pour se divertir enfermer des pauvre bougres comme lui et leur intimer tout un panel d’épreuve à réussir. Faut dire, les travaux d’hercules c’était un peu la même chose, l’odyssée tout ça… C’était à peu près les pensée de Llewyn alors qu’il s’évertuait à fuir ce cloporte en furie qui le poursuivait dans les boyaux noirs de sa tanière. Ne sachant que faire pour sauver sa peau, le pauvre matou plongea dès qu’il le pu derrière un rocher. Il se roula en boule et retint sa respiration, priant pour que le truc ne le voit pas. Silence. Il haussa une oreille. Néant. Il releva la tête. Rien à part un petit gémissement suraigu. Il risqua un œil. Ce qu’il vit l’étonna au plus haut point. En effet le gros cloporte était recroquevillé dans un coin en gémissant de peur. Quelque chose l’effrayait ? En ce cas cette chose-là devait être bien monstrueuse, se dit le chat en déglutissant, et en prenant sur lui pour jeter un œil. S’il avait eu le temps d’être déçu, il l’aurait fortement été. En effet, la chose qui se tenait devant le cloporte n’était autre qu’un poulpe. Un simple poulpe. Bien sûr de noble taille, environ une fois et demi le bras du barbu. Mais tout de même. Mais, il n’eut pas le temps d’être déçu. Il se réjouit au contraire. Car ses réflexes de chat affamé réfléchirent à sa place. Prenant appuis à quatre pattes, il sauta sur le poulpe et l’attrapa. Ainsi fait il mordit entre ses deux yeux de ses dents acérées jusqu’à ce qu’un craquement d’os et de chaire se fasse entendre. Il cracha ce qu’il avant dans la bouche et entrepris d’arracher un tentacule de la chose pour la manger. Il se mit à rire.
« C’est comme ça qu’ils mangent le poulpe en Corée, c’est très bon, mais faut bien mordre entre les deux yeux. Et c’est surtout très pratique si t’as rien à manger et- ouh ah..ouh… arh… par contre les tentacule s’accrochent au fond de la gorge, c’est l’inconvénient de manger très frais : ça bouge encore, ahaha argh » termina-t-il en toussant
Puis il remarqua qu’il parlait tout seul, effectivement le chat n’était pas là. Et ce ne fut qu’ensuite qu’il se rappela de la présence du cloporte et qu’il comment ça à s’inquiéter pour sa peau. Mais contre tout attente le truc émit un son joyeux et le pris dans ses pattes en le léchant avec sa langue… il n’était pas sûr que ce soit une langue… au final c’était un machin visqueux et il ne voulait pas s’avoir ce que c’était.
« oui.. c’est ça, g-gentille fille… hein ? Simone ..c’est ton nom Simone ? c’est bizarre comme nom pour un.. une ..enfin tu vois »
Oui, de tout ce qu’il avait traversé ce qui lui semblait le plus étrange était encore le nom du cloporte.
« Bon et bien… en voiture Simone, j’ai un chat a retrouver ! Let’s go Darling ! »
C’est vrai qu’après ces aventures Llewyn avait une drôle d’allure : pieds nus, perché sur sa drôle de monture le vent dans les cheveux, dans sa chemise déchirée par ses diverses péripéties et maculée de sang de poulpe. Il avait l’impression de sortir de chez les fous. Mais au fond, tout le monde l’était un peu, fou. Mine de rien, il commençait à apercevoir la lumière au bout du tunnel, c’est ici que Simone le déposa, non sans avoir gratifié son vaillant sauveur d’un bisous baveux comme seul les cloportes de son espèce savent le faire. Llewyn avait toujours été bien aimé des animaux et autres choses étranges, pour son grand malheur.
« Merci sweety, t’es la meilleur… bon… et bien bye ! »
Sur ces belles paroles, il s’avança vers la lumière suivant une nouvelle fois ce miaulement. L’aventure semblait finie… Et pourtant. Pourtant son sixième sens qui n’avait rien a envie à l’intuition féminine ou autres choses dans le genre lui fit présentement sentir que son répit n’était que de courte durée…
TBC.
Mot de fin.:
Je suis desolé, ahah.... J'écris vraiment n'importe quoi et vous montre à quel point je suis une personne abjecte. huhu. Sinon, la chanson que chante Llewyn existe vraiment dans le folklore des îles britaniques. Et en plus elle a été reprise dans le film Inside Llewyn Davis dont je me suis inspirée pour mon chaton, ce qui fait que pour moi, si Llewyn chante, il a la voix d'Oscar Isaac. ( qui a une très belle voix, je vous invite a écouter, cette chansons est très belle. Triste, mais belle. )
Dernière édition par Llewyn O'Malley le Sam 2 Aoû - 22:31, édité 2 fois
Nathanaël se réveilla en grelotant. Que se passait-il ? Aux dernières nouvelles, c'était l'été, alors pourquoi avait-il si froid tout à coup ? Il ouvrit doucement les yeux et se redressa péniblement, non sans esquisser une petite grimace de douleur. Son crâne lui faisait mal, comme s'il avait reçu un coup assez fort pour l'assommer. Une seconde...Où était-il ? Il regarda autour de lui et aperçut...de la glace et ce à perte de vue. Enfin...façon de parler. Car il se trouvait apparemment dans une sorte de grotte ou du moins quelque chose qui s'en rapprochait. C'était quoi ce délire ? Il se souvenait avoir été sur le point d'entrer chez son pâtissier préféré et puis...plus rien. Le trou noir. Bon sang, ce qu'il faisait froid ! Le jeune homme se frotta les bras, tentant de se réchauffer tant bien que mal, mais c'était peine perdue. Comment était-il arrivé là ? Au fond, ça n'avait pas d'importance, il devait sortir de là tout de suite s'il ne voulait pas se transformer en glaçon géant. Il devait bien y avoir un chemin quelque part...
Il se retourna, mais ne vit que l'obscurité. Un long couloir sombre d'où provenaient des bruits pas très rassurants. Etait-il tombé dans une caverne hantée ? L'avait-on envoyé ici pour exorciser l'endroit ? Il ne se souvenait pas avoir reçu une telle mission, pourtant ! En plus, il n'était pas du tout équipé pour pratiquer un exorcisme, qu'il soit classique ou...moins classique. Du coup, se jeter dans la gueule du loup – littéralement – ne paraissait pas la meilleure des solutions. Sauf que...devant lui se trouvait une descente vertigineuse. Ainsi qu'un traîneau. Il saisissait le message, mais aurait-il seulement le courage de tenter le coup ? Bah ! Il n'avait pas vraiment le choix ! Prenant son courage à deux mains, il grimpa sur le traîneau, le cœur battant. Il ignorait ce qui l'attendait en-bas et s'il allait y arriver sain et sauf, mais pas question de reculer. Il ne comprenait toujours pas ce qui se passait, mais pour l'heure, il fallait se concentrer sur sa mission du moment : rester en vie et trouver la sortie !
C'est ainsi que la folle descente débuta. Nathanaël se cramponna au traîneau du mieux qu'il put, criant comme un taré alors que son « véhicule » dévalait la pente à une allure qui n'avait rien à envier aux meilleures voitures de formule 1 ! Et paf ! Il se prit un glaçon qui pendait du plafond en pleine tête !- ça lui apprendrait à fermer les yeux, quelle idée aussi ! Ayant retenu la leçon, il s'efforça donc de garder les yeux grands ouverts, cette fois, et tenta d'esquiver tous les dangers possibles qui se dressaient sur son chemin. Mais c'était loin d'être facile avec cette vitesse ! Il aperçut un nuage noir se diriger vers lui. C'était quoi encore ?? La réponse ne se fit pas attendre lorsque des dizaines de chauve-souris volèrent en sa direction. Nathanaël mit ses mains sur la tête par réflexe, ayant presque oublié la situation dans laquelle il se trouvait. Il faillit tomber du traîneau et partir en chute libre ! Heureusement, il avait de bons réflexes et se rattrapa juste à temps. Non sans se retrouver avec une chauve-souris dans les cheveux. Et en plus, elle s'accrochait, la bestiole !
La descente sembla interminable et la chauve-souris ne l'avait toujours pas lâché. Elle lui faisait mal en plus ! Et puis, enfin, il aperçut le bout du tunnel - * ahem *- la fin de la descente, pardon. Mais... il était en train de foncer droit sur un mur ! Ce truc n'avait pas de freins ? S'il percutait le mur à cette vitesse, non seulement le traîneau serait bon pour servir de feu de bois, mais Nathanël serait sans doute bon à servir de ragoût à un troll. Joyeuse perspective ! D'ailleurs, n'était-il pas dans une sorte de caverne ? Et s'il y avait des trolls mangeurs d'hommes ? Oui, bon, il avait d'autres préoccupations, là ! Comme...éviter de se crasher contre un mur, par exemple. Pas le choix, il allait devoir sauter. Ainsi, juste avant de percuter le mur, le jeune homme sauta du traîneau et roula sur le côté, la chauve-souris dans les bras, histoire de la protéger. Bah quoi ? C'était un réflexe du bisounours qu'il était ! Et puis, c'était mignon, une chauve-souris ! Certes, ça vous faisait mal quand ça plantait ses griffes dans votre peau, mais c'était mignon !
La chute fut rude et il atterrit sur son bras gauche, de plein fouet. Il étouffa un cri de douleur, demeurant un instant immobile avant de se redresser en position assise. Il en profita pour libérer la chauve-souris qui semblait en pleine forme vu comment elle s'était mise à voleter autour de lui. Bon, temps d'évaluer les dégâts. Le traîneau ne ressemblait plus à rien, sauf à un amas de bouts de bois, Nathanaël avait mal un peu partout et notamment au bras, mais fort heureusement, il n'avait rien de cassé. Ouais, ça aurait pu être bien pire. Il se releva et se débarrassa de la neige sur ses vêtements, puis, il se mit à observer les alentours. Bon sang, ce qu'il faisait froid ! Un bon feu serait le bienvenu ! En plus, il avait du bois ! Mais hélas, rien pour faire du feu. Nathanaël poussa un soupir, mais il n'allait pas abandonner pour autant. Quiconque s'imaginait le contraire, le connaissait très mal !
Alors qu'il pensait être tout près de la sortie, il se retrouva face à une passerelle faite entièrement de glace. Et en-dessous...le vide. Pas de bord pour se tenir non plus. D'accord...comment était-il sensé traverser, hein ? C'était sans conteste très glissant et une chute était inévitable ! Ah ! Mais qu'était-ce donc ? Deux coffres, disposés devant lui ? Y avait-il de quoi l'aider à traverser, dedans ? Il s'agenouille et ouvrit le premier coffre lorsque son amie la chauve-souris voleta vers lui. Tiens ? Elle n'était pas partie ? Elle devait lui être reconnaissante de l'avoir sauvée tout à l'heure... Mais tout de même ! C'était bizarre ! Enfin, peu importe. Ce n'était pas comme si elle allait pouvoir transporter Nathanaël sur son dos pour lui faire franchir le précipice, hein ? Il ouvrit enfin le premier coffre et y découvrit...une fiole avec un liquide transparent dedans. Et bizarrement, sur l'étiquette, il y avait écrit : POUR LA CHAUVE-SOURIS. Le prêtre fit une drôle de tête et chercha la chauve-souris du regard. Celle-ci avait l'air plutôt excitée à voleter dans tous les sens autour de lui. Puis, elle se posa sur le deuxième coffre et sembla observer le brun, ainsi que la fiole. Sérieux ? Bon...d'abord, il allait ouvrit l'autre coffre et voir ce qu'il s'y trouvait. Pour se faire, il demanda gentiment à la chauve-souris de se pousser – chose qu'elle fit ! Oui bon, ce n'était certainement pas la chose la plus bizarre qui lui soit arrivée, hein.
Il ouvrit donc le deuxième coffre...- attention, musique à la Zelda, suspense insoutenable... - pour découvrir...un miroir de poche. Quoi ? C'était quoi encore ce délire ? Nathanaël soupira, puis décida tout de même de ranger le miroir dans sa poche – miroir de poche dans la poche, hohoho – car on ne savait jamais, ce truc pouvait lui être utile d'une façon ou d'une autre. Bref, revenons à nos moutons – ou plutôt...à notre Batman miniature. Quand faut y aller, faut y aller ! Il débouchonna la fiole et versa quelques gouttes sur sa main...l'instant d'après notre mini Batman vint se poser sur cette même main pour boire le liquide étrange. Et maintenant ? Eh bien, mini Batman se mit à grandir sous les yeux effarés de Nathanaël ! Que diable se passait-il ?
« Héééééé ! »
Pourquoi criait-il, me demandez-vous ? Eh bien, pour la simple et bonne raison que mini Batman, qui n'était plus vraiment mini, venait de soulever Nathanaël dans les airs avant de commencer à traverser le précipice. Une seconde...Quoi ? Il était vraiment en train de se faire transporter par une chauve-souris géante, là ? C'était un rêve...c'était obligé ! Ou alors, il avait consommé un truc qu'il fallait pas...Peu importe, le fait était qu'il parvint de l'autre côté sain et sauf et Batman redevint mini Batman avant de se poser sur l'épaule de notre exorciste. D'accord. Okay. Tout allait bien. Vraiment.
* PAF *
Sans comprendre pourquoi ni comment, Nathanaël se retrouva soudainement avec de la neige plein le visage. C'était froid, bon sang ! La chauve-souris avait pris la fuite, mais n'était probablement pas bien loin. Une boule de neige le frôla de tout près. C'était donc ça ! Quelqu'un s'amusait à lui balancer des boules de neige à la figure ! Une seconde...ça voulait dire qu'il n'était pas seul ! Et que peut-être, cette personne pourrait l'aider à sortir de là !
Nathanaël s'avança dans la direction d'où provenaient les boules de neige, tout en les esquivant de son mieux. Il avait déjà asez froid comme ça, pas besoin d'en rajouter !
« Hééééhoooo ! Y a quelqu'un ? Ecoutez, j'ai besoin d'aide, je... »
Même pas le temps de finir sa phrase qu'il se retrouva avec une nouvelle boule de neige en pleine face. Non mais ça n'allait pas se passer comme ça ! Il se mit à couvert derrière la première paroi qui passait par là, puis jeta un regard furtif en direction de son agresseur. Il aperçut alors ce qui ressemblait à un gamin aux cheveux blancs ? Oui, blancs...et un bâton. Qui était-il ? Un magicien ? Un démon ? Non, ça ne se passerait pas comme ça ! Peut-être ce gosse était-il le boss final qui lui permettrait de sortir du donjon ! Il voulait jouer ? Eh bien, ils allaient jouer ! Nathanaël commença à former ses propres boules de neige et à les balancer à son tour sur son agresseur. Le tout en riant. Oui, en riant. Il ne fallait pas oublier que selon les circonstances, il était un vrai gamin et là, c'était la preuve ultime ! Car il s'amusait comme un petit fou à bombarder cet inconnu, alors qu'il ne savait même pas ce qu'il devait faire au juste.
Ah, mais il était infatigable, ce gamin ! Nathanaël ne pouvait pas rester planqué derrière sa paroi éternellement ! Il devait se rapprocher et lui parler ! C'est alors qu'il eut l'idée de sortir le miroir ramassé tout à l'heure. La chauve-souris arriva à ce moment-là et lui prit le miroir des mains pour se diriger vers le gamin. Mais que diable faisait-elle ? Elle l'avait trahi ? Non, impossible ! Le prêtre vit alors le gamin tenter d'abattre la chauve-souris à l'aide de boules de neige, mais louper sa cible parce qu'il était ébloui par le miroir. Nathanaël en profita pour sortir de sa cachette et courir vers le gosse, tout en le bombardant de boules de neige. Et là, catastrophe ! Une plaque de verglas étaient cachée sous la neige et fit tomber Nathanaël qui s'étala de tout son long, mangeant de la neige au passage, miam ! Il continua à glisser sans pouvoir s'arrêter et percuta le gamin de plein fouet, le faisant chuter à son tour, ce qui marqua également l'arrêt du brun. Ce dernier se redressa et tendit une main à son agresseur, le sourire aux lèvres.
« Sans rancune ? Bon et maintenant...si vous pouviez m'indiquer la sortie, ce serait fort aimable à vous... »
Le gamin se contenta de sourire et d'indiquer une direction à Nathanaël. Mais était-ce vraiment la sortie ? Telle était la question...
C’était une horreur. Rita s’était recroquevillée dans un coin humide, au plus loin possible de sa fenêtre aux volets fermés, et de sa porte verrouillée à double tour, et calfeutrée avec des bouts de velours lourd, accrochés dès les premières fraicheurs de la nuit. Plusieurs sacs de glace jonchaient la pièces, le plus imposant demeurant sur le corps avachi de la banshee, épaisse couverture contre la chaleur ambiante qui imprégnait cette ville depuis quelques semaines. La jeune fille, en tenue d’Eve, restait immobile sous son sac de fraicheur fondant, à la limite de l’état de légume bavant. Cela faisait déjà plusieurs jours que Rita avait décidé de vivre en ermite, transformant sa loge en une caverne d’ours polaire, afin d’échapper à cette atmosphère pesante. Elle avait demandé un arrêt maladie, commandé au premier glacier venu et s’était enfermée dans la petite pièce, n’ayant ouvert à personne de plus ou moins vivant. Les lueurs avaient beau faire de leur mieux pour l’attirer dans les rues de Paris, mais la jeune femme résistait avec fierté à la tentation et s’offrait donc de magnifiques migraines lors de ses longues soirées à dégouliner.
Le matin venait à peine de se lever sur la magnifique cité, déjà bombardée par les rayons assassins du Soleil. Depuis son petit bureau, Rita alla, en trainant des pieds, s’allonger sous son sac, les partitions d’une nouvelle adaptation à la lyre inachevée sur la table. Elle s’apprêtait à entrer dans un sommeil de catatonie, lorsqu’un cri strident la fit sauter dans les airs brûlants. Jurant par tous les noms de la Terre, la banshee laissa de côté son moment de repos et entreprit d’enfiler au moins un chemisier blanc pour s’en aller se chercher un en-cas. Oui, la réserve de pomme qu’elle avait assemblée auparavant, s’était hélas vite épuisée. Il ne lui en restait plus qu’une seule, qu’elle glissa dans la poche de son habit. Une pince dorée pour relever ses cheveux et la voilà qui s’en allait bravement vers les cuisines. La tâche fut longue et extrêmement ardue, puisque Rita tenait un point d’honneur à éviter toute trace de lumière et à longer toutes les ombres possibles et imaginables, y compris la sienne. Et plusieurs fois se maudit-elle de ne pas avoir apporté sa gourde avec elle, sa gorge sèche lui faisait un mal de chien. Fût-ce aussi un exploit qu’elle ne rampasse pas lorsqu’elle arriva devant les escaliers du premier étage, alors que seul la convenance l’empêchait de s’exécuter. Enfin, convenance y aurait-il eu besoin s’il y avait qui que ce soit dans les couloirs. Où était tout le monde ? En dépit de la chaleur constante et de l’heure, il y avait toujours une sacrée agitation dans le cabaret. La banshee percevait encore des bruits au rez de chaussée, mais tout était parfaitement silencieux dans les étages supérieurs. Enfin alerte, l’esprit se redressa et observa autour d’elle, avant de rire nerveusement.
« Haha… Timmy est de sortie ou quoi ? »
Se retournant vers les escaliers sombres, Rita déglutit. S’attendant à tout, elle avança d’un pas. Et d’un autre. Encore d’un autre. Puis elle s’arrêta. Son pas avait eu de l’écho.
« Timmy ? »
Le silence accueillit sa faible plainte. Et alors qu’elle fixait la noirceur du couloir, elle entendit un cliquetement chétif, et dans la seconde qui suivit, quelque chose roula par terre et se mit à l’aveugler. Se cachant les yeux, Rita se fit aspirer dans le petit tube en métal qui gisait à ses pieds.
C’était une sensation étrange que de se retrouver dans ce compartiment : rien n’était matériellement là, même son propre corps. Elle se sentait flotter, revenir à un état primitif, comme si la brume qui l’avait vu naître s’était retrouvée enfermée en même temps que la banshee. Puis elle comprit qu’il s’agissait de sa propre essence, qui se disséminait et ricochait contre les parois de ce contenant bizarroïde. Toutefois, d’autres formes ectoplasmiques s’y répandait, sans toutefois interférer entre elle, les particules même de leur corps refusant de se mélanger. Aucun son ne parvenait dans cette zone inconstante, à jusqu'à ce l'espace même se déchire et se remplisse de lumière, attirant la banshee hors de son sein.
Lorsqu’elle reprit ses esprits, Rita remarqua une première chose : il faisait frais ! Quel soulagement après avoir passé des jours et des jours à suer. Et elle fut tellement réjouie de ne voir presque aucune lueur, qu'elle ne s'inquiéta même pas de la nature de leur porteur. Lorsqu'enfin elle prit conscience de ce qui l'entourait, la jeune femme n'en crut pas ses mirettes : tout était métallique. La pièce dans laquelle se trouvait notre protagoniste était parfaitement circulaire, les murs ne comportaient ni porte ni fenêtre et le plafond.... Où était-il ?
« Il est long ce cou- plafond. »
Sans aucune manière de distinguer si c'était le ciel ou bien un bout de plaque holographique censé le représenter, Rita se mit à piétiner en observant toujours ce plafond si profond. Ahem. Bref, alors que la banshee se baladait dans la pièce le nez en l'air, une petite trappe suréleva un objet, qui fit étrangement tâche dans le décor couvert de métal et de conduits lumineux, puis reprit place dans le sol sans qu'aucune trace de sa présence ne soit décelable. La jeune femme s'approcha de l'outil en question et le ramassa, grimaçant à la couche de poussière qui le recouvrait. Malgré la saleté, celui-ci semblait plutôt moderne : une structure en métal, recouvrant tout l'avant-bras, donnait suite à un viseur et à un canon, bien lourd pour la petite banshee. En articulant, difficilement, l'objet autour de son bras, Rita enclencha un bouton, qui le fit charger de l'énergie au bout du canon, puis décocher un rayon qui se stoppa à quelques mètres du mur, avant de s'éteindre de lui-même et de revenir à son état initial. La jeune femme observa l'objet avec incompréhension, jusqu'à ce que plusieurs hexagones bleus apparaissent de par et d'autre sur les longs murs et jusqu'au plafond infini, et que, soudainement, la banshee n'aie plus pied. Elle était en apesanteur ! Rita aurait pu en rire, si, devant elle, un énorme pan de mur ne s'était pas retourné, et ne laissait pas place à un écran gigantesque, sur lequel s'afficha un chronomètre inquiétant :
5:00
Puis, en alternance, s'afficha une flèche dirigée vers le haut.
Rita le fixa avec appréhension, avant de comprendre avec angoisse, alors que le temps qui lui était dû commença implacablement à s'écouler.
« Ah non, par pitié ! J'ai dû recommencer le jeu de l'étoile déjà des dizaines de fois, pas question que je m'amuse à faire encore ça ! »
Mais les chiffres continuaient de décompter. Et ne sachant que faire d'autre, Rita remonta son chemisier et le noua en minijupe, avant de s'accrocher fort à son rayon-grappin et de viser l'hexagone le plus proche d'elle. La secousse fut tellement rapide que sa pince à cheveux se détacha d'un coup, retomba sur le sol, alors que sa propriétaire s'accrochait vivement pour ne pas s'envoler. Vivement, elle se mit face à un autre hexagone et tira vers lui, continuant ainsi son chemin le plus rapidement possible. Toutefois, la fatigue l'emportant, Rita s'arrêta à un hexagone pour souffler. Une alarme siffla, attirant son regard vers le timer qui, à la moitié de son temps, afficha un signe de danger et une flèche vers le bas. La banshee jeta alors un coup d'oeil vers le sol, pour constater avec horreur qu'un filet de laser commençait à la suivre.
« Je vais être transformée en apéricube si je ne me dépêche pas ! »
Haletante, Rita maintint alors sa course en ne s'accrochant que pour se donner de l'élan, le plafond ne se rapprochant pas le moins du monde, alors que le piège lui arrivait rapidement. C'est en plein désespoir que quelque chose de bleu retint son attention. Une boule de fourrure s'avança vers la banshee en grimpant sur les murs, lança sa langue gluante sur cette dernière et la tira dans un conduit, d'où la créature était elle-même sortie. Atterrissant juste dans le petit tunnel, ils purent tous deux voir le filet passer devant leur pieds, avant que la créature bleue ne referme le conduit en arrachant un bout de métal, afin de bloquer l'énorme explosion qui était survenue juste après.
Encore sonnée, Rita fixa la bête de travers. Nan, sérieusement, ça ressemblait à rien : une sorte de chien bleu avec des antennes et une crête sur le dos, trois paires de pattes et se tenant sur deux d'entre elles, pas plus haute que ses propres genoux (et encore ils vont pas bien hauts), des grands yeux noirs globuleux et une bouche immense où elle y apercevait une dentition assez pointue. Le pire c'est qu'elle portait une sorte de combinaison orange et rouge tout à fait affreuse et que les griffes acérées qui terminaient les trois doigts de chacune de ses mains, tenant un pistolet coloré n'avait pas pour art de la mettre en confiance. Après avoir bien rebouché la sortie, la créature s'adressa à la banshee dans un langage des plus grossiers et des plus incompréhensibles, auquel Rita répondit par un regard interloqué et un rictus. La chose insista mais Rita répondit par des yeux encore plus écarquillés, ce qui fut suivi par un grognement exaspéré de la part de la première. Celle-ci poussa la jeune femme afin de passer en première dans le conduit, s'avançant dans les ténèbres, la banshee le hélant à sa suite.
« Hé dis, qui es-tu ? Tu sais où tu vas au moins ? Et c'est où ici d'ailleurs ? Eh ! Tu pourrais au moins me dire ton nom, boule de poils ! »
Le créature se retourna en la pointant de son arme, la menaçant en grognant. Quelle dommage, cette relation commençait si bien... Toutefois, la bête murmura entre ses dents :
« Expérience 625. »
« 625 ? Du genre, la 625ème ? »
Il acquiesça, puis fixa derrière Rita, avant de se rediriger vers l'arrière. Suivant son regard, la jeune femme s'aperçut d'un tuyau cassé, où s'était accrochée sa jupe. Elle crut d'abord qu'il partirait sur un élan de bonté et qu'il s'était reculé pour la décrocher, mais en réalité, 625 commença plutôt à lui tirer sur le jupon.
« Aah ! Mais tu fais quoi sinistre animal ?! Mais lâche ça ! »
La bestiole insista jusqu'à arracher la moitié de son chemisier, pour ensuite s'assoir et l'observer comme le plus beau des trésors. Rita, à moitié découverte, essaya en vain de se cacher, avant de lancer un regard noir à 625, qui, après avoir enroulé le tissu autour de son cou comme une cape, revint à sa place totalement indifférent, puis reprit sa route. En soupirant, la jeune femme le suivit, bien qu'elle espérait que personne n'aurait l'idée de les suivre par derrière.
Ils avancèrent ainsi entre les tuyaux, avant que le machin bleu ne se décide de littéralement exploser une bouche d'aération, avant d'en sortir d'un seul bond. Lorsque Rita s'en échappa également, elle atterrit dans une pièce également circulaire, mais toutefois au plafond assez bas. Celle-ci était d'un blanc immaculé, lisse comme du verre, propre comme sou neuf et aussi vide qu'une bouteille de champagne après le nouvel an. La bestiole inspecta les alentours en bondissant et grognant de part et d'autres de la salle, tandis que la banshee décida d'avancer nonchalamment vers son centre. Aucune porte ni fenêtre de visible, à nouveau. Soudain, un bruit de glissement se fit entendre, et les deux compagnons de fortune s'aperçurent que la conduite, qu'ils avaient utilisée, avait complètement disparue dans le mur blanc, ne leur laissant aucune sortie possible.
« Non... NON ! » cria Rita en courant vers l'emplacement de la conduite et en frappant violemment sur le mur. « Ce n'est pas vrai ! Pourquoi ça maintenant ? Pourquoi à moi ? J'ai rien demandé de tout ça ! »
« Cela fait parti du test, nom du sujet. »
Les deux êtres relevèrent la tête, lorsque la voix métallique résonna dans la pièce. Une voix de femme, sans aucune émotion, venait de s'adresser à eux, alors qu'un morceau de plafond descendit à l'aide d'un bras articulé, pour permettre à un écran d'afficher la tête de leur interlocuteur : un robot à l'unique oeil jaune.
« Vous devez vous soumettre à ce test, nom du sujet. Si vous réussissez, vous aurez du gâteau. »
D'un seul coup, des dizaines voire des centaines d'armes, allant du simple sabre au Canon à Particules de Geth, pointèrent leur viseur vers les deux testeurs, la bête bleue préparant ses propres pistolets et Rita étant complètement paniquée. Des pans de murs se soulevèrent pour laisser place à des rangées entières de petites tourelles prêtes à tirer, tandis que, dans un petit écrin en face d'eux, un petit bouton rouge clignotait.
« J'espère que vous êtes prêts. Ce test est des plus compliqués. »
Le partenaire de Rita tenta bien de s'avancer, mais à peine eut-il fait un pas qu'une des tourelles s'emballa et le prit pour cible, encourageant les autres armes à poursuivre le pauvre 625, qui cependant ne semblait pas souffrir sous les coups de laser. Pas comme sa combinaison en tout cas, ça valait bien la peine de se faire arracher le jupon. La créature se dépêcha de dégainer d'autres pistolets similaires à son premier et de s'armer tous ses bras avec. Non personne ne sait d'où ils sortent, mais ça ne l'empêcha pas de descendre quelques tourelles folles avec.
« Bonne chance, nom du sujet. Bien que je doute que cela vous soit utile. »
Les autres armes ne tardèrent pas s'enclencher, produisant un fouillis pas possible dans la pièce. La moitié de ces outils de destructions étaient buggés, de toute manière : la moitié avaient perdu tout contrôle de leurs tirs, d'autres s'étaient décrochés dès leur premier coup et tournoyaient comme des mouches sur le sol en détruisant tout autour d'eux et quant aux tourelles... Mon dieu, qui leur avait donné la parole à ces pauvres tourelles ? La majorité suppliaient les deux sujets de test de rester immobiles, afin qu'elles puissent les achever comme il fallait, et le reste étaient lamentablement en train de couiner, parce qu'elles avaient été renversées. Vraiment désolant comme spectacle. Rita, quant à elle était vraiment bien perdue dans ce fatras, cachée qu'elle était derrière les débris d'armes et de tourelles, qui la protégeait des tirs perdus et des couteaux lancés à la volé. Bilan de la situation : un test foireux, un compagnon intenable et elle, qui n'avait plus que son grappin, la moitié de sa jupe, ainsi que... Mais oui ! La banshee avait enfin un plan, aussi actionna-t-elle son rayon grappin.
« EH LA BESTIOLE, attire les tourelles de l'autre côté, je me charge du reste ! »
625 hocha la tête et se mit à grimper vers le plafond, afin de tirer sur les petits robots qui s'amassaient au pied du mur. C'est alors que Rita décida de se lancer : jetant son grappin sur l'un des canons, elle se balança vers une zone vide d'affrontement, avant de se relancer vers un autre endroit de la pièce, suivie de près par les viseurs automatiques. De par sa légèreté, elle arriva rapidement en face du bouton rouge, mais toutefois encore trop loin pour qu'elle puisse appuyer de sa propre main. Elle mit alors la main à la poche, avant de crier :
« Technique numéro 42 : LANCER DE POMME ! »
Et balança directement son quatre-heure sur le bouton rouge, qui s'enclencha et fit se rentrer toutes les armes de la salle, sauf les quelques tourelles perdues, que 625 finissait au tir de plasma. Un court silence s'installa, avant d'être interrompu par une voix robotique.
« Bravo, nom du sujet. Comme promis, voici votre gât- »
Voix qui fut brusquement interrompue par une interférence, quelque chose qui fit crépiter l'écran, qui ne pendouillait que grâce au reste d'un tendon de bras robotique.
Une voix nasillarde résonna au travers de l'écran, avant qu'un visage beaucoup trop rapproché de l'écran ne s'y affiche, et ne disparaisse sous les grésillements.
« Kevin ! » s'exclama une autre voix masculine, plus autoritaire.
« Eh ben quoa ? » répondit la première voix.
« J'vous ai dis cent fois de ne pas toucher au communicateur ! » lui répliqua l'autre.
« Oui mais y avait un gros bouton orange qui clignotait et y avait marqué « poussez » dessus, et pis Teddy m'avait dit de le faire la première fois. » expliqua la première personne, qui semblait plus enfantine, et un couinement se fit entendre à sa suite.
« C'est bizarre, je ne connais pas ces coordonnées, pourquoi le communicateur s'est-il enclenché ? Je vais voir si on peut obtenir une image. » se demanda un homme au ton plus soutenu, presque savant.
« C'est peut-être quelqu'un qui nous appelle, non ? Allo, allooo ? » appela une femme de façon niaise.
« Ça m'étonnerait qu'on ait quelqu'un de l'autre côté, ce vieux cargo doit être inhabité depuis longtemps. » fit remarquer une voix étrange et distordue.
Un grand silence gêné suivit, avant que l'homme, qui semblait être le chef, reprenne la parole.
« Me dites pas qu'il y a des fantômes à bord parce que moi j'y descend pas sinon. »
« Si j'étais un fantôme, je crois que je le saurais. Mais c'est pas loin. »
« C'est bon pour l'image. » reprit la voix instruite.
Sur l'écran l'on put enfin distinguer un groupe de personnages assez singulier, allant de l'homme à l'air vantard au truc vert pas plus grand que 625.
« ...Ouah. » reprit l'homme, d'un ton interloqué.
« C'est plutôt à moi de dire ça, mais merci du compliment. Vous êtes qui ? »
« … Je suis le Capitaine Glumi, capitaine du Broken Mirror 2. J'ai avec moi le Professeur Kellogs, l'infirmière Shyphilis, le zurpien Zurglub et le NNGDC Teddy. »
« Et moi alors ? »
« Ah oui, y a aussi Kevin, mon stagiaire. Et vous, qui êtes vous ? Et votre machin bleu là ? »
Les deux compagnons se jetèrent un regard étonné, avant que Rita ne s'adresse à l'équipage à nouveau.
« Je me nomme Rita Upset, et quant à mon... allié, je sais juste qu'il porte le numéro 625. Et qu'il est bleu. »
« Quelle est votre fonction à bord de ce bâtiment, mademoiselle ? » demanda le professeur.
« Fonction ? Hum, et bien je suis une artiste du Lost Paradise, mais je vois pas ce que ça vous apporte. »
« Non non, on vous demande quel poste vous occupez : machiniste, pilote, cuisinière... 'Savez un vaisseau spatial, ça ne part jamais du spatioport sans une bonne cantinière. » ajouta le Capitaine.
« Vaisseau spatial ? J'ai peur de ne pas comprendre, nous sommes dans l'espace là ? »
« Oui, à moins que vous flottiez dans le vide intersidéral, car, de toute manière, il n'y a pas de planète à proximité. » lui répondit Kellogs.
Rita crut s'évanouir, submergée par les informations qu'elle venait de recevoir. Un vaisseau ? Dans l'espace ? Pas sur Terre ? Pas à Paris ? Mais comment s'était-elle retrouvée si loin de chez elle ? Comment avait-elle pu se faire enlever de ses proches, comme si de rien n'était ? Elle envisagea l'espace d'un instant de ne plus pouvoir revoir ses collègues et ses proches, Llewyn, Félicien, Ziggy... 625 vint à ses pieds et lui effleura sa cheville, avant de lui adresser un semblant de sourire. Rita lui sourit à son tour, lorsque les voix reprirent.
« Quelle est votre situation ? » demanda le capitaine.
« Bloquée. Pas d'issues en vue. »
« Teddy, vous pourriez venir m'aider ? J'ai peut-être une solution pour eux. » lança le professeur.
« Oui j'arrive. »
« Que comptez-vous faire ? »
« Pour faire simple, j'ai intercepté des lignes de codes qui vont et viennent partout dans le vaisseau. Si je réussis à faire rentrer une directive précise, je pourrais vous ouvrir une sortie. »
« Euh... »
« J'y suis presque, il me faut juste le bon timing... Maintenant Teddy ! »
À ce moment précis, des bruits d'impacts dans les conduits se firent entendre, avant qu'une boule de métal blanche et bleue n'atterrisse violemment dans les décombres.
« Mais bon sang qu'est-ce que vous foutez ?! »
« Désolé, mauvaise ligne, je recommence. »
625 courut vers la chose littéralement expulsée des conduits et la ramassa d'un seul doigt, prudent.
« Ne touche pas à ça, on sait même pas ce que c'est ! » le prévint-elle en s'approchant, se heurtant au débris au passage.
La boule se mit à tourner vers les deux autres, avant d'ouvrir un énorme orbite bleu. Surpris, 625 lâcha la sphère et le visa avec un de ses pistolets de plasma, tandis que l'objet roula quelques mètres avant de cogner contre une tourelle qui pleurait.
« C'est quoi encore ce truc ? » s'étonna la jeune femme.
« Eh-oh ? Vous, euh, vous voulez bien me ramasser ? » continua l'étrange boule. Rita prit lentement 625 dans ses bras, qui se laissa porter sans rechigner, trop étonné pour réagir.
« Hein hein... Tu sais quoi, je propose qu'on le laisse exactement là où il est. »
« Le sol est très gentil, je dis pas le contraire. Mais si vous pouviez m'aider, ça me plairait bien. »
« Et qu'on recule tout doucement en ne le quittant pas des yeux... »
« Très bien ! Faites comme vous voulez. J'ai une bonne dizaine de milliers de sujets de test qui se battent pour que je les sorte de là. C'est pas comme si tout le centre était sur le point d'EXPLOSER. »
« Exploser ? Comment ça ? »
« Euh... c'est sûrement exact. Mais là où il y a erreur, c'est que pendant que je vous distrayais, ON A APPUYÉ SUR LE BOUTON ! »
« Il tourne pas rond c'ui là : c'est moi qui l'ai activé le bouton. »
« Bon, tant pis, écoutez, je vais être franc. Vous êtes le DERNIER sujet de test. Et si vous ne m'aidez pas, on va mourir tous les deux. D'accord ? Je ne voulais pas vous le dire, mais vous m'avez poussé à bout. Mourir. Dos Muerte. »
« Mademoiselle Upset ? »
Les trois personnages qui se trouvaient dans la pièce tournèrent leur regard vers l'écran, depuis lequel Kellogs s'adressait à eux. Enfin...
« Vous savez, professeur, ma tête est plus haute. »
« Ahem, pardon, s'éclaircit-il la gorge.Je me demandais juste si c'était la dernière mode de porter des jupes aussi courtes. »
« Ça a l'air d'être de l'avis de votre nurse en tout cas. »
« Hum, hum ! Bon, j'ai trouvé la bonne ligne cette fois, il ne me manque plus que de lancer le programme... Eeeeet voilà ! »
Une porte s'ouvrit à côté du bouton rouge, laissant enfin une sortie inespérée, pour nos deux personnages, qui ne purent s'empêcher de sourire à sa vue.
« Nous allons rester à proximité, rajouta Kellogs, mais nous sommes incapables d'arrimer sur ce bâtiment. Il faudrait que vous trouviez une capsule de sauvetage ou quelque chose, et nous vous recueillerons à ce moment-là. »
« On va les faire rentrer ? » s'interloqua Glumi.
« Rentrer quoi ? » demande l'infirmière.
« Je vois pas d'autre solution. Et puis, s'il s'agit d'éléments dangereux nous aurons la possibilité d'abattre leur capsule avant qu'il n'accostent. »
« Charmant. »
« Un chat-re qui ment ? C'est un minou-re qui a menti ? »
« Mais tais toi, Kevin... »
« C'est le moment pour vous de continuer. Bonne chance à vous. » leur annonça le prof, avant de mettre fin à la transmission.
« Très franchement, je commence à me demander si vous n'y mettez pas de la mauvaise volonté. Je trouve ça un peu insultant, vous voyez. » s'exclama la boule de fer.
« Bon j'en ai ma claque, viens 625, on s'en va. »
« Haha ! Vous êtes à ma merci. Sauf que je suis sans merci. Vous êtes à ma... rien du tout ! » ria le robot.
« Mais oui c'est ça, on lui dira. »
Et tous deux sortirent allègrement de la salle, laissant la boule s'égosiller et rouler sur le sol, la porte se refermant sur un léger « Grosse vache ».
Après la salle blanche, nos deux protagonistes longeaient, désormais, un couloir désormais complètement chaotique : des débris de caisses et d'armes à énergie traînaient un peu partout, des traces de brûlures et de sang séché parsemaient les murs, et des restes de liquide vert fluo s'amassaient dans les coins. 625 s'était équipé de ses pistolets, tandis que Rita gardait son grappin prêt à l'usage. Et alors qu'ils avançaient au pas, fixant avec anxiété toutes les ombres ou du moins ce qui pourrait en sortir, Rita s'immobilisa soudainement : une longue baie vitrée s'étendait devant elle, lui laissant le magnifique spectacle du vide infini devant ses yeux. Elle fixa les myriades d'étoiles qui perçaient le fond si noir, même pas un peu bleuté, s'émerveillant devant la beauté de cette scène. 625 l'observa d'un oeil curieux, se demandant ce qu'il y avait de si spécial pour soutirer la banshee à la prudence, avant d’ouïr un bruit suspect depuis les ténèbres. Ne souhaitant pas servir de repas à des Vashta Nerada ou autres trucs du genre, il enleva rapidement la banshee à sa contemplation et la tira, par le bras, vers la fin du couloir, où il se dépêcha d'ouvrir une porte à valve, et de la traverser sans attendre, avant de la refermer derrière eux au plus vite. Dans la pièce, sans autre éclairage que celui du panneau de sortie au-dessus d'eux, Rita se retourna fougueusement contre son compagnon.
« Qu'est-ce qu'il y a avec toi à la fin ?! »
La créature bleue tenta de protester en baragouinant, mais devant le ton furieux de Rita, il se tut bien vite.
« J'en ai assez de tout ça ! Les chronomètres, les apéricubes, les robots dépressifs, les équipages barjos et pis toi, un... Raah ! Mais qu'est-ce que tu es à la fin ? Un extraterrestre ? Une expérience ? Un monstre ?! »
625 baissa ses longues oreilles, l'air blessé, et Rita regretta immédiatement de s'être emporté contre lui. Elle allait ajouter quelque chose lorsqu'elle fut interrompue par une voix hésitante :
Encore une fois, les deux aventuriers se tournèrent à l'unisson vers ce qui semblait être un automate doré et de taille humaine, suivi par un minuscule robot avec un rouleau à la place des mains et un voyant rouge sur la tête. Le premier s'autorisa à avancer vers les deux autres, en terminant sa marche par une petit révérence timide.
« Hum, si vous voulez bien me permettre, je m'appelle Z6PO, interprète des données Cyborg, et voici mon coéquipier-nettoyeur, M-O. »
Le petit droïde les salua d'un coup de balayette, avant de s'acharner sur une tâche du sol. 625 s'approcha alors de lui et voulut l'aider en léchant la saleté, mais, à la place, sa langue resta collée au sol, alors que M-O, agacé, tentait de décoller cette appendice qui l'empêchait de faire son travail. Z6PO, quant à lui, donna l'ordre aux lumières de s'allumer, dévoilant une pièce remplie d'étagères et d'armoires, tous recouverts par des draps blancs. Le robot continua ensuite vers Rita, un peu surprise par les événements.
« Si cela ne vous dérange pas, pourrions nous savoir comment vous êtes arrivés ici ? Cela fait bien des décennies que nous n'avons pas vu de, ahem, gens de chair. » quémanda l'androïde.
« Et bien... Je ne le sais pas non plus à vrai dire. Et quant à la bestiole bleue, je n'en ai aucune idée. »
« Oh oui, il est enregistré dans ma base de données. 625 faisait partie des expériences du Professeur Jumba, chargées à bord de l'Arcadia afin d'être transférées en cellule de détention. »
« En prison ? Pour quel motif ? »
« Enfermement préventif. Ce sont des expériences dangereuses qui devaient être contenues, 625 étant la plus menaçante d'entre elles. »
« Lui ? » répliqua la banshee en montrant du doigt la créature toujours attachée à son bout de sol par la langue et qui se faisait molester par un M-O de plus en plus agacé.
« Euh oui... Quoi qu'il en soit, la zone est trop dangereuse pour que vous vous promeniez seule mademoiselle. Heureusement que nous, braves droïdes de protocole, sommes là pour vous protéger ! »
Rita haussa un sourcil et s' apprêtait à lui répondre qu'elle n'avait nullement besoin d'aide, avant d'être interrompue par un rire rauque, venant du fond de la salle, de derrière une pile de caisse en métal. Un autre robot, ressemblant étrangement à une boîte de conserve, s'approcha d'eux nonchalamment.
« Hahaha, je crois que t'as le processeur qui commence à rouiller, mon vieux Z6, t'es même pas capable de te débarrasser d'un simple rat. »
L'homme de fer croisa ses bras extensibles et arrêta ses pieds en forme de chaines à quelques mètres du reste du groupe, les fixant d'un regard moqueur avec ses grands yeux jaunes. Sa large bouche accueillit quelques écrous, sorti tout droit de la porte qui lui faisait office d'estomac, et mâcha allègrement les petits bouts de fer en souriant.
« Un de vos amis je présume ? » ricana Rita.
« Il s'appelle- »
« Permettez-moi de me présenter, je m'appelle Bender. Je suis tordeur, je tords des barres métalliques, j'suis programmé qu'pour ça. »
« Et entre nous, j'aimerais qu'il s'occupe plus de son travail et qu'il me laisse faire le mien. »
« Tu râles mon ptit po ? Pourtant t'aimes ça quand je te tords la barre... »
« BENDER ! » s'offusqua l'androïde.
« Eeeeh crie donc pas, c'est pas comme ça qu'tu vas charmer la d'moiselle. Par ailleurs, jolie jupe, madame ! »
Au bout d'une très longue discussion aussi charmante que tordue, où Rita se retenait en permanence d'éclater de rire, tandis que 625 et M-O méditaient sur la façon de décoller la langue du pauvre animal, les deux robots se mirent d'accord pour raconter, à la jeune femme, les circonstances de l'abandon de ce vaisseau : utilisé à des fins militaires, l'Arcadia avait été détourné vers Pandora, planète globalement décidée neutre, afin d'y tenir les réunions entre les dirigeants de cette galaxie. Construit par les Asgardiens, le cargo était réputé insubmersible, et plusieurs agents du S.H.I.E.L.D avaient été chargés d'y ramener des armes de toutes sortes, biologiques ou non, vers la planète pour décider d'un accord de paix. Toutefois, personne n'avait prévu que la Larme Sélénite, phénomène récurrent de la Lune associée à l'astre, allait frapper de plein fouet le vaisseau. Après une évacuation générale du personnel, les robots seuls furent responsables de toute la cargaison, et de la garder jusqu'à ce que des équipes spécialisées viennent les récupérer. Seulement, cela faisait déjà une cinquantaine d'années que les droïdes attendaient, et ils ne furent malencontreusement pas en mesure de maintenir la cryogénisation de certains spécimens, comme 625. En découvrant les étagères, Z6PO expliqua que la cargaison en question était composé d'un armement bien convoité : des armes conventionnelles du S.H.I.E.L.D, (dont une réplique presque parfaite du bouclier de Capitaine America et de Mjöllnir), des marchandises de marché noir confisquées par le MIB, un exosquelette, des gants munis de lasers, jusqu'au tout nouveau modèle de rayon delta, le Psychogun.
Mais la pièce la plus précieuse de ce chargement était bien entendu l'incontournable Guide du Voyageur Galactique, qui, d'après le robot, était même sollicité par le Capitaine lors de dangers extrêmes. À dire vrai, le « Pas de Panique » marqué en grand sur la couverture tendait plus à inquiéter Rita, plutôt qu'à la rassurer.
« Je vous assure qu'il n'y a rien de plus fiable dans l'univers ! »
« Ouais, mais si tu veux tu veux t'en sortir en situation hostile, je te conseille de choisir une arme de calibre ! Héhé ! »
« Bender... »
« Quoi ? J'allais parler du Portal Gun, ça en pète un coup de machin là. Ou alors tu prends un sabre laser, ça permet de découper directement des toasts. »
« Et les flacons là-bas, ils servent à quoi ? » interrogea la banshee, qui longeait les étagères tranquillement.
« Ah, ce sont des échantillons, des ingrédients diverses et variés servant à différentes expérimentations... Ah, ne touchez pas à ça ! »
« C'est quoi ce machin vert ? »
« De la morve de Morshleg, ma belle, c'est géant, mais ça a trop d'effets kiscools pour être apprécié. Genre au niveau digestif, tu vois. »
« Eck. »
Enfin décollé de son parterre, 625 s'amusait maintenant tourmenter le pauvre M-O, en laissant des traces de plasma un peu partout, se faisant ainsi poursuivre par le robot énervé. De l'autre côté, Z6PO et Bender se disputaient sur la dénomination d'une petite sphère noire, tandis que Rita marchait doucement vers un petit hublot circulaire, éloigné des éclairages. Au travers de celui-ci, la jeune femme put reprendre son admiration du décor qui s'offrait devant elle. Et alors qu'elle distinguait les multitudes d'étoiles qui scintillait, elle entendit un drôle de cliquetis résonner juste au dessus d'elle.
Le cliquetis semblait hésiter sur la direction à prendre, avant de se rendre vers la gauche de la banshee. Celle-ci suivit l'étrange son le long d'un tuyau, jusqu'à la sortie d'un conduit, d'où bondit un robot en forme d'araignée, qui tombé au sol, se releva rapidement sur ses pattes et se mit à courir au travers de la salle.
« Une sentinelle ! Il faut vite l'attraper ! »
S'ensuivit une course poursuite au travers de la salle, les uns se marchant sur les autres, la sentinelle trépignant du mieux qu'elle pouvait, sautant sur les étagères que les cinq personnages renversaient dans leur élan. Enfin elle réussit à se mettre à l'abri dans un trou du mur, à côté duquel se trouvait une autre porte. 625 se lança dessus et tenta de l'ouvrir à coup de plasma et de griffes, ce qui ne fit que déclencher l'alerte d'anti-aggression, que Bender arrêta avec lassitude.
« J'ai déjà essayé tu sais, mais pas moyen de forcer cette porte. Et pis Z6PO ne veut pas que je l'ouvre. »
« C'est dangereux de l'autre côté, même toi tu y passerais »
« Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté ? »
Le robot n'eut pas le temps de lui répondre qu'un bruit sourd résonna au travers de la porte. Quelqu'un tentait de la défoncer, à plusieurs reprises, et Bender cria à tous de prendre une arme et de viser la porte, pour se défendre contre la chose qui souhaitait pénétrer. Rita courut et en prit une au hasard, un pistolet assez petit pour tenir dans la paume de sa main. À tour de force, leur agresseur finit par accéder à la pièce, et apparut enfin devant leurs yeux horrifiés.
Une énorme créature portant un scaphandre se tenait devant eux, huit sphères jaunes à la place des yeux et une immense vis à la place d'une main. Il portait sur son dos une imposante bouteille de gaz et une sorte de large fusil à pompe. Dans l'obscurité désormais envahissante, ses yeux dirigeaient leur lumière terrfiante vers le petit groupe.
« C'est un Big Daddy ! »
« Un quoi ? »
« Les Protecteurs, des humains modifiés pour maintenir la sécurité des Petites Soeurs. Celles-ci sont des éléments très importants, car elles ont pour but de récupérer toutes les données disponibles, les ADAMS, et de les contenir dans leur cerveau. Plusieurs ont déjà été détruites et certains Big Daddy étaient devenus fous, nous avons dû nous en débarasser. Mais pourquoi celui-ci est- ATTENTION ! »
Le Protecteur fonça, malgré sa taille, à une vitesse prodigieuse vers le groupe, qui se dispersa en deux. Une fois sa course arrêtée, il se remit sur ses pieds, imposant, avant de pivoter dans une lenteur effroyablement malsaine. Tournoyant sa vis, il menaçait Z6PO et Rita, en les coinçant contre un coin du mur, avant que Bender n'allonge le bras et ne les ramène vers lui, pour leur éviter un empalement brutal. Cela eut pour effet de coincer dans le métal le Protecteur, effet qui permit aux autres de s'échapper par la porte d'où était sorti le Big Daddy, porte que Z6PO et Bender condamnèrent en arrachant des plaques de métal du mur.
« Nous voilà sorti d'affaire. Mais il n'empêche que j'ignore la raison du comportement de ce Protecteur, à moins que... Bender, dis moi que tu n'as pas touché à une des Petites Soeurs. »
« Mais non ! Tu crois que je suis quoi, un pauvre humanoide sans cervelle qui n'est guidé que par ses instincts animaux ? Non mais je rêve, j'ai, j'ai... J'en ai balancé une dans le générateur à proton. »
« QUOI ?! »
« Mais elle était casse-pied à chantonner à côté de moi, alors que je faisais mon travail honnêtement ! Et puis je me suis demandé à quoi elle ressemblerait une fois transformée en amas de particules. »
Z6PO se frappa la tête tellement fort qu'elle faillit se décrocher. Sur un commun accord, 625 et M-O s'avancèrent en éclaireur, pistolet et balayette en main, dans le couloir où ils s'étaient retrouvés. Prudente, Rita les observa du coin de l'oeil, jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans l'obscurité. Revenant aux deux autres robots, la banshee vit que Bender avait adopté une attitude indifférente, face à l'agacement de son collègue, qui reprit sur un ton plus las.
« Pas étonnant qu'il soit venu nous attaquer alors. Je t'avais pourtant interdit d'entrer dans cette zone, rien n'est plus contrôlé par ici. Il suffirait que nous heurtions un ADAM et les Petites Soeurs se sentiraient menacées. »
« Et paf, Big Daddy viendrait nous retourner la peau, je le sais très bien. »
« Donc tâchons de ne pas faire d'embrouille alors. » ajouta Rita en fixant Bender, une main sur la hanche.
« Hé poulette, je t'ai quand même un peu sauvé les miches tout à l'heure, tu pourrais montrer un peu de reconnaissance envers ton tordeur favori ! Ben tiens j'ai une idée : si tu nous les montrais un peu tes m- »
Tout d'un coup, alors que Rita s'apprêtait à assommer le tordeur, en dépit de toutes les douleurs qu'elle aurait pu subir à frapper la boîte de conserve, 625 glapit quelque chose depuis les ténèbres, alors que lui et son ami robot revinrent à toute vitesse entre les jambes de la banshee. Aucune raison ne fut d'en demander la raison, lorsque plusieurs paires d'yeux jaunes fixèrent le groupe horrifié, tournoyant leurs sinistres perceuses en leur direction. Ni une ni moins, tous les protecteurs foncèrent vers eux à une vitesse effroyable. Attaque à laquelle 625 répondit par une énorme charge de plasma, qui explosa au visage des scaphandriers. Le groupe en profita pour passer, courant du mieux qu'ils purent, guidés qu'ils étaient par Z6PO, vers ce qu'il disait être les nacelles de sauvetage. Lorsqu'ils arrivèrent enfin au hangar de l'Arcadia, une armée de Big Daddy, veillant sur les quelques petites soeurs qui trainaient dans la salle, les fixa avec appréhension. Pas pour longtemps cependant, car l'alerte donnée par les poursuivants de nos protagonistes, ne tarda pas à tous les mobiliser. Bender entraina alors le reste vers une des capsules fonctionnelles, les jetant un à un dans le petit compartiment. En allongeant les bras, il tenta tant bien que mal de retenir les Big Daddies, mais la force herculéenne des modifiés commença à avoir raison de ses membres de fer. Rita se faufila alors entre les autres et se tint fermement à la taille du tordeur.
« Qu'est-ce que tu fais ? Recule, c'est dangereux ! »
« Merci, captain obvious, j'avais pas remarqué. Tiens toi bien, je vais les faire reculer. »
Brandissant la seule arme qu'elle avait gardé (le grappin était malencontreusement resté dans l'armurerie), Rita avait dans l'idée de faire quelques tirs de sommation, afin de tenir à distance leurs attaquants. En voyant le pistolet dans les mains de la jeune femme, Bender se mit à s'affoler.
« Non nononononon ne fais pas ça, FAIS PAS ÇA ! »
La décharge fut tellement grande que la capsule fut éjectée sans même enclencher de protocole. Grâce à l'intervention de Bender, ils purent éviter de justesse la décompression, ce qui n'était pas le cas pour tous les êtres qui étaient dans le Hangar. Dans la nacelle, tous purent enfin se relever et compter les pots cassés.
« Zut, je venais de réparer les rails d'éjection des chasseurs... »
« Aïe... Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda Rita, 625 et M-O grognant et bipant en approbation à cette question.
« T'as pas vu l'arme que t'as ramassé fillette ? C'est le Criquet, l'un des objets de destruction les plus massifs de notre catalogue. »
« Au secours, je ne sens plus mes orteils ! Oh, oui c'est vrai, on ne m'en a jamais fait. »
« Le Criquet ? Y a pas que l'apparence de ce machin qui est ridicule en fait. »
« Quoi qu'il en soit, c'est pas un truc qu'on donne à une novice. Donne, j'en ferai meilleur usage. »
Rita lui lança un regard suspicieux, avant de tendre son arme à Z6PO, qui vérifiait que ses cervicales étaient bien en place. En faisant un état des dégâts, tous se rendirent bien compte qu'ils n'iraient pas bien loin : les contrôles étaient totalement bousillés et le carburant presque vide. La seule loupiote qui restait était celle de l'appel d'urgence, sur lequel ils se pressèrent d'appuyer, espérant que le Capitaine Glumi n'avait pas oublié leur accord.
En attendant de leur nouvelle, Rita se remit à observer les étoiles, se demandant à quelle distance elle se trouvait de sa loge. À cet instant précis, elle priait de toutes ses forces pour n'avoir ne serait-ce qu'une seconde dans la grande salle du Lost, ses collègues s'entrainant sur scène, comme Ziggy son cher mime, ou buvant un verre au bar, parmi lesquels elle retrouverait ses chers chats, l'un grattant l'autre dansant, et, en sortant, peut-être croiserait-elle Aldrick et son équipe en pleine mission.
Rien qu'une seconde de tout ça.
Et en une seconde vit-elle apparaître une lumière. Elle se distinguait parmi les autres astres, de par sa bleuté étincelante, et surtout par le fait qu'elle se rapprochait doucement. Elle héla les autres et tous finirent le nez collé contre le hublot, observant l'étrange objet tournoyant. Un grésillement provint du communicateur, duquel sortit une voix de femme, rassurante et enjouée.
« Mesdames et messieurs si vous le voulez bien, je vous invite à sortir de votre minuscule radeau et à prendre place que mon magnifique yatch, ou des boissons de toutes sortes vous seront proposé afin de vous désaltérer. Vous pouvez aussi goûter à mon soufflé si vous le souhaitez. »
« Ha, je suis sûr qu'ils en sont impatients ! Fais les déjà entrer Clara, ils doivent être à l'étroit là dedans. » continua une voix d'homme rieuse, tout aussi réconfortante.
Et bientôt, leur capsule s'ouvrit devant la porte d'une sorte de boîte bleue en bois, dans lequel ils sautèrent tous, avant de laisser leur vaisseau de fortune dériver dans l'espace. Se retournant vers l'intérieur de la boîte, Rita en resta bouche bée. Une immense salle bleutée s'offrait devant elle, se composant de plusieurs étages de verre et concentrée autour d'un gigantesque panneau de commandes, qui allait du sol au plafond. Devant celui-ci se tenait deux personnes : une jeune femme aux cheveux bruns et au petit nez retroussé, portant une robe à pois, et une homme au pantalon trop court, tenu par des bretelles, portant une veste brune recousue aux coudes, surmontant une chemise blanche et un noeud papillon. Son grand front était ridé de joie et son menton démesuré se fendait en un immense sourire. Ce dernier s'avança vers le groupe émerveillé et lança :
« Bienvenue dans le TARDIS, je suis le Docteur. »
Références (parce qu'il y en a un paquet quand même, par ordre d'apparition):
- Notre cher timmy international - Danny Phantom et sa bouteille thermos qui piège les fantômes - Chicken Little avec le plafond hollographique - Durendal avec sa fameuse phrase "Il est long ce couloir, hein ?" - Metroid Prime et le rayon grappin - LoZ Twilight Princess pour le Jeu de l'étoile - Résident Evil pour la référence aux apéricubes - Stitch (stitch quoi) - Portal avec en guest-star GlaDos, Weathley et les tourelles dépressives, mention du portal gun et du gâteau. (the cake is a lie, a liiiiiie !) - Adoprixtoxis, pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'une saga mp3 de mon enfance, dont les créateurs sont toujours en fonction, et l'équipage est bien celui de la saga, peu après la fin de celle-ci. - Star Wars pour Z6PO ou C3po en version originale, avec la blague habituelle du sabre laser mixant un peu du Guide du voyageur intergalactique - Wall-E avec le personnage de M-O. - Futurama avec le personnage de Bender - SHIELD et Avengers - Mass Effect (merci valou) - Guide du voyageur intergalactique (on en parlait tiens) - Cobra avec la mention du Psychogun - Les Aventuriers du Survivaure avec la morve de Morshleg (juste un souvenir lointain, je suis même plus sûre si c'est de la morve ou autre chose) - MIB avec le criquet - Albator parce qu'il me fallait un nom de vaisseau - FF8 parce qu'il me fallait une raison pour l'accident - Avatar parce qu'il me fallait une planète et que la symbolique me plaisait - Bioshock 2 avec les Big Daddies et les Little Sisters - Doctor Who avec l'apparition du Docteur, de Clara Oswald et de la mention des Vashta Nerada, les machins qui te ronge un os de poulet en moins d'une seconde.
Pour les regrettés, et bien j'ai pas pu caler Star Fox, Babylon 5 et Stargate SG1. Valà.
Dernière édition par Rita Upset le Lun 4 Aoû - 10:12, édité 5 fois
Alice Lindel
Un cœur en chocolat
Messages : 87 Date d'inscription : 03/10/2013 Age : 35 Localisation : À la recherche d'aventures !
J'ouvris doucement les paupières, ma tête étant toujours douloureuse. Finalement, papa avait eu raison de se méfier autant à propos de ma sécurité. N'empêche c'était un lieu étrange, pour un repaire de kidnappeurs... Car c'était bien de quoi il s'agissait, non ? J'avais du mal à me souvenir des détails de la matinée, et je ne reconnaissais pas l'endroit où je me trouvais... Bon, allons en exploration des environs. Avec de la chance, il y aura une sortie, et je pourrai m'enfuir sans attirer l'attention des ravisseurs, s'ils étaient encore ici. L'avancée n'était toutefois pas facile : il y avait trop de plantes ! Encore heureux que je n'y sois pas allergique... À ce que je sache du moins. On se serait cru en pleine jungle, et j'avais peu souvent quitté Paris. Mon sens de l'orientation en prenait un coup, surtout que ni le plafond, ni le plancher n'avait de points de repère particuliers. Ce ne fut qu'en longeant le mur que j'arrivais à trouver une porte, tout près de laquelle se trouvait une jolie fleur. Méfiante, je l'observai de loin, et remarquai les épines fermées. Des plantes carnivores ? Des frissons me collèrent au dos, je l'avais échappé belle, contrairement au prisonnier précédent, apparemment, dont il ne restait que de grosses bottes rouges. Charmant. D'un autre côté, c'était un piège brillant, je suppose, si le but était d'éviter que l'on puisse s'évader... Je décidai tout de même de prendre les bottes sous mon bras. Elles avaient beau être plutôt moches et trop grandes pour moi, on ne sait jamais, peut-être serait-ce utile plus tard. Ne serait-ce que pour assommer mon kidnappeur...
Sauf que je n'étais pas au bout de mes peines. Au lieu de tomber sur la sortie, une autre pièce immense se présentait à mon regard perplexe. Au moins, celle-ci était bien plus dégarnie, on pouvait respirer et bouger librement. Il n'y avait qu'un trône au centre de la pièce, où siégeait un lémurien affublé d'une couronne, regardant un ours en tutu rose se tenir en équilibre sur un gros ballon rouge. Pourtant il y avait un lion dansant juste quelques mètres plus loin. C'était assez rigolo, et puis, même si c'était d'habitude des peluches, j'aimais bien les animaux... Seulement, s'ils me voyaient, ils ne me laisseraient probablement pas leur faire de câlins, ils se montreraient plutôt agressifs, enfin c'est ce que j'avais lu dans un livre.
« Acclamez le roi Julian 13e du nom ! »
Ah ! Un animal venait-il de parler ? Depuis quand était-ce possible ? Rêve, hallucination, folie, je ne saurais le dire. Oh, mais peut-être y avait-il une foule cachée derrière les murs de la pyramide, parlant assez fort pour se faire entendre... C'était étrange, vénérer un animal, mais qui étais-je pour juger. Peut-être étais-je même dans un pays étranger ! Quoi qu'il en soit, je décidai de me prêter au jeu, faisant un révérence élégante à Sa Majesté, qui semblait n'avoir cure de ma présence, ne quittant pas des yeux le spectacle. Et tout à coup, tout changea. Le lémurien cessa de sautiller joyeusement. L'ours brun descendit du ballon, retombant à quatre pattes. Les pingouins présents glissèrent vers la sortie en glissant sur leur ventre lisse. La panique s'était installée, sans que je ne puisse comprendre pourquoi exactement, tout le monde quitta peu à peu la salle du trône en vitesse. Quelques secondes plus tard, je l'entendis enfin, un bruit léger, comme si l'on frottait deux bouts de tissu l'un contre l'autre. D'où cela venait-il ? Qu'est-ce qui se passait, bon sang ? En cherchant la source, mon regard se dirigea vers le plafond, duquel s'écoulait quelque chose, comme des flocons. Sauf que ce n'était pas blanc, et c'était bien plus rude. Du sable, peut-être. Je mis une bonne minute avant de comprendre ce que cela pouvait dire au juste. Les animaux avaient fermé la porte derrière eux, dans leur précipitation. Et l'autre porte menait à un cul de sac, à mon avis. Simple question de logique. Cela mettrait un peu plus de temps, mais ce serait inévitable : sans issue, le sable s'accumulerait. Et je finirais étouffée. Voilà une mauvaise façon de finir sa vie. Non ! J'étais encore trop jeune pour mourir !
Animée de cette nouvelle motivation, je parcourus les murs, les dalles, tout. S'il y avait un piège, il devait y avoir une solution d'urgence, à moins que les gens l'ayant créé soient fort suicidaires ! Le sable semblait s'écouler de plus en plus vite. Je voulais des aventures, dans ma vie tranquille, eh bien, j'étais servie ! Tout ce que j'arrivai à trouver, ce fut un bout de papier toilette usé. Aussi bien y jeter un coup d'œil, en espérant que ce ne soit pas trop dégoûtant... Un plan ! C'était du moins ce que je pensais avoir trouvé, puisqu'il y avait des images complexes. Espérons que j'arrive à les comprendre. Avais-je seulement le choix ? Pas vraiment. Je pourrais toujours tenter autre chose, si ce n'était pas concluant. Il n'y avait plus personne ici, tant pis pour le ridicule ! Je suivis les pas de danse pour trouver une dalle à retirer. De là, il fallait creuser durant cinq mètres. Je n'avais pas d'outils, alors mes ongles devraient suffire... Ce serait douloureux, mais mourir asphyxiée serait pire encore. C'était ce qui m'attendait de toute façon si je ne trouvais pas la sortie assez rapidement, non ? Heureusement, un objet brillant attira mon attention. Le sceptre du roi ! Peut-être pouvais-je m'en servir en guise de pelle... M'improvisant ainsi en James Bond version féminine malgré moi, un peu comme les pingouins peut-être, je réussis à atteindre mon objectif sans être trop recouverte de sable, du moins c'était ce que j'estimais, ne pouvant me fier qu'à ma taille. De toute façon, tout se passait bien, comme si l'on avait déjà creusé ici auparavant, ce que laissait penser les bâtonnets de glace à gauche et à droite. Et maintenant, à droite toute, avant de remonter enfin ! C'était du moins ce que le plan laissait supposer. Hélas, le reste du "sol" s'effrita sous mon poids, et je me retrouvai à un étage plus bas, guère plus avancée dans ma fuite, avec une jambe légèrement douloureuse en plus... Je suivis le couloir tout près aussi rapidement que possible pour trouver une issue. N'importe quoi. Au lieu de cela, je tombai – presque littéralement d'ailleurs – sur trois lances, toutes pointées vers moi.
« Halte là, étrangère ! »
Ces petits hommes avaient tous trois de la peinture sur le visage, l'un en rouge, l'autre en bleu, et le dernier en jaune. Oh mon dieu ! Des indigènes ! Si ça se trouve, c'étaient des cannibales ! J'aurais du être plus prudente, puisque nous semblions tous nous trouver dans la jungle, leur présence n'était pas si surprenante que cela... Ils me pinçaient le bras en gesticulant tout autour. Quelle horreur, j'avais vu juste. Les pingouins m'avaient trahie, avec leur échappée ratée !
« D'habitude, on ne laisse pas passer n'importe qui. Mais si tu nous donne une banane, tu pourras devenir notre amie. Sinon, on devra te manger toute crue. Tu n'as pas beaucoup de graisse sur les os, ça ne devrait pas trop être mauvais pour le cœur. »
Quoi ? Pas de menaces ? Et qu'est-ce que c'était que ce régime étrange ? Enfin... C'était toujours mieux que perdre ma tête, ou être dévorée, mais je n'avais pas de banane et le sable se rapprochait à toute vitesse... Désespérée, je fouillai dans mon sac et en sortis une orange, préparant un pique-nique avant de me réveiller en plein cauchemar. On devait bien pouvoir négocier avec des cannibales végétariens. Le plus grand des trois se saisit du fruit pour l'examiner de plus près, comme s'il n'en avait jamais vu auparavant. Peut-être que là d'où il venait, il ne poussait que des bananes. Cela devait être un endroit idéal pour les singes, mais là n'était pas la question...
« Maintenant, montrez-moi un endroit sûr, ou nous finirons tous en petits sablés, sans personne pour les dévorer ! »
Parce que je savais me montrer autoritaire, même en situation de danger. Il fallait avoir des tripes pour mener une entreprise, se faire respecter, tout ça. Et même si ce n'était pas encore tout à fait au point, au moins j'avais du caractère, pour le meilleur ou pour le pire. Ils se concertèrent du regard, puis ouvrirent la porte se trouvant derrière eux. Je la refermai sitôt passée et ils la verrouillèrent, avant de continuer leur chemin. Je décidai donc de les suivre, mais peut-être aurais-je fait autrement si j'avais su où cela m'aurait mené... Une nouvelle salle, remplie de crocodiles cette fois, un étrange son résonnant contre les murs. Tic, tac. Tic, tac. Oh bon sang ! Ces épreuves ne finiraient donc jamais ? J'aurais mieux fait de rester assise en compagnie des plantes. Ou ne pas me lever du tout. Au moins, il y avait quelque chose pour me défendre cette fois. Un sabre reposait au mur, je m'en saisis sans hésiter, mais il tomba bien vite au sol. C'était horriblement lourd ! Bien plus que d'habitude !
« Encore un pirate ! »
Sur ce cri indigné mystérieux, les indigènes passèrent sans trouble au travers des crocodiles. Peut-être leur clé était-elle un passe-partout. Qu'importe. Le fer avait résonné contre le sol, et maintenant, tous les regards reptiliens étaient tournés vers moi. Gloups. Je laissai tomber cette arme inutile, ne comprenant pas la malédiction qui trônait en ces lieux, réfléchissant plutôt à toute vitesse à une solution. Seulement, je n'avais jamais entendu parler de quoi que ce soit à propos des crocodiles. Leurs grands yeux bêtes ne devaient pas être trop difficiles à tromper, non ? Malgré leurs grandes babines claquantes comme celles d'un loup affamé... Effrayée, je leur lançai les bottes rouges. Et étrangement, cela semblait leur plaire ! Sautillant l'un par dessus l'autre pour les attraper, comme si cela leur rappelait une proie quelconque, un seul restait tout près de moi, m'observant avec un large sourire. Étonnée, je lui rendis son sourire, les autres étant de toute façon endormis après leur rude bataille, les bottes reposant au centre, presque intactes. Il s'approcha un peu plus de son pas lent, le ventre collé au sol. Oh non ! J'avais oublié qu'il ne fallait jamais sourire à un crocodile ! Cela ne pouvait que conforter son idée que la viande était délicieuse. Mais le tic tac n'était pas le seul bruit de la pièce. Un sifflement se fit entendre, et une pluie de fruits tomba sur le crocodile. Voilà une tactique digne d'une bande de singes – un thème récurrent dites donc – mais non. L'ours au tutu était de retour ! Quoique, en fait non, il n'avait plus son tutu, il chantait tout simplement Doo Bah Dee Doo. Quelle importance ! Le monstre avait échappé la clé qu'il avait à la gueule, et je pus filer plus vite que l'éclair, attrapant les bottes au passage. Tant pis pour l'ours. S'il avait trouvé une autre entrée, il la retrouverait pour se mettre à l'abri... Du moins, je l'espérais.
Dans ma précipitation, je tombai contre le sol une fois de l'autre côté du passage. Lorsque je relevai la tête, je me trouvai nez à nez avec un tigre qui se léchait les babines. Peut-être était-ce la couleur rouge qui avait attiré son regard. Mon sang ne fit qu'un tour. Ça ne finirait donc jamais ! Je fouillai à nouveau dans mon sac, me souvenant avoir vu d'étranges objets qui ne m'appartenaient pas. Une barre de céréale, deux silex, un lacet, un string léopard à paillettes et un guide pour les nuls intitulé « Comment tenir tête à sa belle-mère ? » ... Mouais, à part les silex, malheureusement trop courts, on repassera sur l'utilité de la chose, et puis, quel genre de pervers voudrait me forcer à porter ce string tout moche ?! Cette fois, il n'y avait pas d'échappatoire. Je m'étais bien battue. Il n'y avait pas de honte à s'avouer vaincue. Je fermai les yeux, attendant la douleur du coup fatal. Les minutes passèrent.
« Attaquer une femme. Pitoyable créature. »
J'ouvrai les yeux. Cet homme au fort accent russe, vêtu de façon assez colorée par un veston à la crinière de lion, une ceinture aux rayures de zèbre et un pantalon tâché comme la peau d'un léopard, était clairement un chasseur. Il se saisit du lacet pour s'en servir en guise de fouet, et les deux silex à la main, il s'élança vers le tigre. Quelle folie ! Pourtant, il ressortit victorieux, le tigre prenant la fuite après avoir été blessé. Avais-je bel et bien été sauvée par un humain ? Quelle force, quelle bravoure.
« Merci... »
Je ne savais pas quoi dire d'autre, à mi-chemin entre la peur et l'admiration. Cela n'avait pas l'air d'avoir de l'importance pour ce chasseur qui repartit aussi rapidement qu'il était venu, sans un mot, ni un regard. Ne sachant pas trop comment réagir, je restai là un moment, avant d'apercevoir une énième porte. Au point où j'en étais, aussi bien continuer mon périple. Rien à faire. J'avais beau pousser, impossible d'ouvrir la porte. De grosses larmes se mirent à couler sur mes joues. Tous ces efforts pour rien... Un petit son, comme celui d'une clochette, me fit relever la tête. Une vieille dame en longue robe bleue à capuchon se trouvait devant moi, souriant, une baguette à étoile à la main. D'où venait-elle ?
« Tape trois fois tes bottes l'une contre l'autre et tu trouveras ta destination ! »
À contrecœur, je mis les bottes, fermai les yeux, pensant à sortir de ce temple perdu, et frappai mes talons l'un contre l'autre. Très franchement, je crois que plus rien ne me surprendrait, maintenant. En rouvrant les paupières, aussi étrange que cela pouvait l'être, ce fut cette fois la lumière du jour qui m'accueillit, aveuglant mes pauvres yeux bleus. Je n'en avais cure ! J'étais saine et sauve. Il était temps...
J'avais déchiré ma jupe, mon cœur avait battu trop vite à quelques reprises, et je ferai probablement de mauvais rêves pendant quelques jours, mais je crois bien que je ne m'en étais pas trop mal tirée... Sauf que j'en avais assez, des petites bêtes, maintenant, très franchement.
Ce qui m'a inspiré, dans l'ordre ~:
1. Dorothy du Magicien d'Oz 2. King Julian, Maurice, Alex et les pingouins de Madagascar 3. Durendal et Banal Fantasy 4. Les cannibales de Monkey Island, et la référence au pirate plus tard du coup 5. Peter Pan + la chanson suivante : Never Smile at a Crocodile 6. Baloo et les singes du Livre de la jungle 7. Kraven de Spiderman 8. La fée marraine de Cendrillon
Cling ! Un tintement singulier sortit Narcisse des limbes du sommeil. Aussitôt, il sentit un vent de frustration souffler sur lui. Pour une fois qu'il arrivait à dormir, il n'allait tout de même pas laisser un petit bruit tout gâcher ! Ah non, il refusait. Gardant ses paupières résolument closes, il se retourna dans son lit d'un mouvement brusque. Sauf que, comme lui indiqua délicatement son roulé-boulé maladroit jusqu'en bas d'une sacré pente ainsi que les milliers de tintements qui l'accompagnèrent, il n'était pas dans son lit. L'idée d'une grasse matinée venait soudain de perdre toute sympathie. Une paire d'yeux s'ouvrit brusquement, la peur voilant leur couleur améthyste. Qu'est-ce qu'il fichait l... « Ouaaah... » L'espace d'un instant, son esprit devint un écran blanc, complètement vide. Car autour de lui se tenait le rêve éveillé de tout dragon qui se respecte : un trésor. Un immense trésor. Et ce qu'il venait de dévaler, c'était une montagne de pièces d'or. Aussi désagréable son réveil avait-il été, c'était une sacré bonne surprise. Surprise tout de même... C'était vrai. Il n'avait aucune idée de ce qu'il faisait là. Avec la chance qu'il avait il se trouvait sûrement dans un repère de dragons... ou de chasseurs, d'ailleurs. Brrrr, rien que d'y penser il était gagné de frissons d'horreur. Dans un effort pour ne pas paniquer comme il savait si bien le faire, le jeune homme ferma les yeux et tenta de reconstituer ses derniers instants de conscience.
Son numéro venait de se terminer sous le feu des projecteurs et un tonnerre d'applaudissements. L'acrobate salua, un rare sourire aux lèvres, avant de disparaître de la scène. Ce soir, il avait tenté quelque chose de nouveau, qui avait beaucoup plu aux spectateurs. Cela emplissait son cœur de satisfaction et ce fut avec des étoiles dans les yeux qu'il se dirigea vers les coulisses. Aussitôt, il regretta la chaleur moins intense de la scène. Il venait de rentrer dans un four, il n'y avait pas d'autre moyen ! Saisissant promptement ses affaires de rechange, il trottina jusqu'aux douches sans faire attention à la transpiration qui ruisselait sur sa peau. Trop chaud. Il faisait beaucoup trop chaud. Sa seule envie était de rester sous l'eau glacée pendant une bonne demi-heure. Fort heureusement, la douche était libre, et il fila dedans sans plus attendre. Sans plus attendre, il tourna le robinet froid et apprécia tranquillement la sensation de l'eau froide sur sa peau moite, fermant doucement les yeux pour se relaxer plus encore. Il n'aurait su dire combien de temps il resta là, figé tel une statue sous la douche bienveillante. Au bout d'un moment, toutefois, l'idée lui vint qu'il fallait peut-être songer à sortir. Cette pensée seule lui donna envie de pleurer quand il songea à la bouffée de chaleur qu'il allait encore se prendre. Avec un soupir résigné, il tourna de nouveau le robinet dans l'autre sens, et tendit la main pour saisir sa serviette. Le garçon prit soin de ne pas trop se sécher, de sorte à garder l'humidité fraîche de l'eau sur sa peau plus longtemps. Soudain, un picotement virulent se fit sentir dans sa nuque. « Ouch ! Mais qu'est-ce que... » Par réflexe, sa main alla chercher la cause de ce désagrément, pour tomber sur... Une fléchette ?! Le regard confus du dragon scruta l'objet comme s'il détenait une vérité souveraine. La seule réalité qu'il trouva, néanmoins, fut celle de l'obscurcissement de sa vision. « Ça tourne... C'pas boon... Du touut... », annonça-t-il d'une voix anormalement traînante. Soudainement, ses jambes lâchèrent, et il s'affala à quatre pattes sur le sol de la salle de bain. Sa tête lui jouait des tours, ou bien le sol s'était-il mis à tanguer ?! Il cligna frénétiquement des yeux pour tenter d'éclaircir ce qu'il voyait, en vain. Les ténèbres l'engloutirent juste à temps pour qu'il ne sente pas sa collision avec le sol.
Les yeux horrifiés de Narcisse s'ouvrirent précipitamment alors qu'il vérifiait l'hypothèse la plus atroce pour le moment... pour découvrir avec effroi que oui, on l'avait gardé intact depuis sa perte de conscience. Conséquence : il était complètement nu dans un environnement parfaitement inconnu. Un sentiment d'humiliation s'étendit dans tout son corps, donnant à ses joues une jolie couleur tomate. « C'est pas vrai... » Pourquoi fallait-il que ce genre de choses lui arrive, à lui ?! C'était tout de même pas possible, d'être aussi malchanceux ! Poussant un soupir de dépit, il se décida à se lever pour explorer la caverne d'Ali Baba. Au moins, il n'y avait vraisemblablement aucun chasseur dans le coin, auquel cas il eut déjà trépassé. Super, je pourrais pas penser à plus encourageant ! Ses sombres pensées furent chassées de son esprit par un horrible mal de crâne qui décida de le prendre à peine sa tête relevée. Il émit un son entre grognement et gémissement en se frottant l'arête du nez. C'était officiel, il haïssait sa vie. Il mit un moment à se décider à marcher, même s'il n'avait pas vraiment le choix. Avec un peu de chance il trouverait de quoi s'habiller dans sa route vers la sortie.
Devant lui s'étendaient des piles impressionnantes de trésors en tous genres qui faisaient briller ses yeux. En tout cas, cet endroit était particulièrement attirant. L'expression d'un gamin de trois ans devant son jouet préféré collée au visage, l'acrobate entreprit d'oublier ses tracas en gambadant allègrement sur l'or qui croulait autour de lui. Heureusement pour lui *insérer ici une expression de scepticisme*, un sceptre placé en travers de son chemin se chargea de le ramener à la réalité en l'envoyant par terre avec une classe -ou plutôt un manque de celle-ci – déconcertante. « Hmph ! Uuuuh... » Honteux, il jeta un coup d’œil autour de lui histoire de vérifier que personne n'avait été témoin de sa chute. Ce qui était le cas, ouf ! Rassuré, il chercha dans l'immense salle une porte de sortie. Au loin se tenait une gigantesque porte de bois aux poignées d'or. Songeant à trouver des vêtements en s'y rendant, le jeune homme reprit plus sérieusement son avancée. Il marchait depuis quelques instants lorsqu'un objet attira son attention. C'était un simple bijou qui n'avait rien de spécial, néanmoins il l'attirait avec une forte surprenante. Clignant des yeux, le dragon s'avança en direction de l'anneau jusqu'à en être à portée de main. Il tendait le bras pour le saisir lorsqu'une main squelettique le subtilisa sous ses yeux ébahis. Relevant les yeux, Narcisse tomba nez à nez avec une créature décharnée et pâle, aux grands yeux globuleux, et poussa un cri très masculin (si, si).
« Nous avons retrouvé mon précieux ! », s'exclama-t-elle. Soudain, son expression se fit plus mesquine, sa voix plus rocailleuse. « Tais-toi ! Regarde, il voulait le voler ! »
Qu'est-ce que putain de quoi ?! C'était quoi ce délire ?! Incapable de réagir devant cette scène à laquelle il ne comprenait plus rien, le dragon se contenta de cligner des yeux d'un air bête.
«Que faisons-nous, mon précieux ? Pouvons-nous le manger ? Gollum ! Gollum!» « Nous le mangerons, mon trésor, nous le mangerons... »
Narcisse venait d'entreprendre une retraite stratégique lorsque "Gollum" reporta de nouveau son attention sur lui. Celui-ci fit un pas en avant, il recula d'autant. Il refit un pas en avant, il re-recula. C'est à ce moment que l'acrobate décida qu'il était temps de fuir. Il prit donc ses jambes à son cou sans demander son reste. Il sauta par dessus des coffres, fit des pirouettes pour amortir ses chutes après des sauts du haut des montagnes de pièces de ce qu'on appellerait un jour une manière hollywoodienne. Au point où il en était, sortir était tout ce qu'il souhaitait, peu importe qu'il n'ait trouvé aucun vêtement ! Enfin, devant lui se dressa l'imposante porte de sortie, sa sauveuse. L'espoir gonflant son cœur, il se précipita sur la poignée. Mais. Il aurait dû se douter qu'il y avait un mais. Au moment où ses doigts allaient s'en emparer, celle-ci disparut soudain dans un éclat de rire.
Dans quelques siècles, on appellerait ça un troll. L'élan qu'avait pris Narcisse l'envoya droit dans la porte contre laquelle son nez prit un vilain coup. Il se redressa aussitôt en se frottant les narines, regardant l'ancien emplacement de la poignée d'un air ahuri. Il émit un "Quoiiii ?!" de deux octaves supérieurs à sa voix habituelle, paniqué et hébété devant le what the fuckisme de sa situation. Dans la salle, le rire de la poignée continuait de retentir. Lui, il ne trouvait pas ça drôle. Mais alors pas du tout. Au bord de la crise d'angoisse, il se mit à tambouriner la porte en hurlant "Au secours" dans une voix de fillette. Le silence fut sa seule réponse. Serrant les dents, il se retourna avec prudence, s'attendant à moitié à se retrouver nez à nez avec la créature monstrueuse qui voulait sa mort. Ou plutôt sa viande. Eurk. Heureusement encore une fois, il n'y eut rien d'apparemment alarmant sous ses yeux. Ce qui était curieux, en revanche, c'était l'armure, bien trop banale pour cet endroit, affalée sur le sol. Le jeune homme haussa un sourcil sceptique avant de s'avancer doucement vers l'équipement. Soudain, alors qu'il s'approchait d'elle, l'armure se redressa d'un coup en un "Aaaah" endormi et joyeux. Narcisse poussa un cri similaire, en version paniquée, alors qu'il sursautait. C'était une manie de lui faire peur ou quoi ?! Reculant promptement, il observa l'armure/personne d'un air inquiet et suspicieux. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que quelqu'un était bel et bien dans son accoutrement de combat, un monsieur un peu rondouillet s'il le regardait bien, qui ouvrit son casque pour regarder autour de lui d'un air parfaitement niais. Le regard du bonhomme se posa sur lui et s'agrandit de manière compréhensible devant la vue ... singulière, dira-t-on que formait l'acrobate rougissant. Celui-ci avait juste eu le temps de dissimuler ses parties intimes derrière ses mains avant que l'homme ne l'observe. Il avait inconsciemment rentré ses genoux vers l'intérieur et courbé son dos, désirant vainement qu'on le voit le moins possible.
« Bah alors, qu'est-ce que tu fiches à poil ? », demanda le chevalier légitimement mais de façon totalement niaise.
La seule réponse qu'il reçu fut un regard noir et un silence mortifié. L'homme cligna des yeux avant de hausser les épaules et de se mettre à chercher quelque chose dans son armure. Par tous les saints, Narcisse espérait que ce n'était pas une arme. Il avait déjà assez à faire avec Gollum, et il n'avait strictement aucune défense, visiblement. Néanmoins il découvrit bien vite qu'il n'avait pas grand chose à craindre, puisque le chevalier sortit de sous son aisselle droite un saucisson. Une partie de son cerveau lui dit qu'avec ce qui lui arrivait, plus rien ne devait le surprendre, mais force était de constater qu'il s'agissait d'une tâche impossible. Les sourcils froncés, les yeux ébahis et la bouche pendante, il formait la parfaite figure de la confusion. Sans plus hésiter, le chevalier commença à mâcher tranquillement. L'expression du jeune homme passa de déconcertée à dégoûtée. Euurk. C'était horrible. Et comment ce type pouvait-il manger en face d'un inconnu nu, juste après s'être réveillé, un saucisson qui sortait de sous son aisselle ?! Au bout d'un long moment embarrassant -du moins de son côté, puisque son vis-à-vis avait l'air de s'en battre les steaks-, l'individu se redressa et tendit sa main la moins grasse vers Narcisse:
« Au fait, moi c'est Karadoc, chevalier de la table ronde. » « Gneh ? » fut la réponse très éloquente, si si, qu'il fournit.
La table ronde ?! Celle du roi Arthur ?! Mais c'était pas du tout ça !! Ce monsieur était complètement frappé ou quoi ?! Plus important, il était débile ou quoi ?! Il voulait lui serrer la main et insistait lourdement en ce sens avec un regard équivoque, mais il voyait bien que ses mains étaient occupées ailleurs non ?! Là, tout de suite, l'acrobate hésitait entre l'envie de pleurer et celle de partir en fou rire nerveux. Il fallut un moment au lourdaud pour réaliser qu'il tendait sa main pour rien. Toujours en machouillant quelque chose, il entra dans un monologue interminable:
« Comment tu t'appelles, toi ? Tu sais, tu devrais pas être embarrassé, moi j'en ai rien à faire... Tu veux un bout d'jambon ? T'es tout maigre ! Tu sais, le gras c'est la vie ! Moi j'ai perdu ma cavalerie alors j'attends et... »
Même si commettre un meurtre semblait de plus en plus tentant, Narcisse décida de s'en empêcher en n'écoutant plus un seul mot de ce que disait son interlocuteur. C'était immensément mieux comme cela. Désormais résolu à sortir de cette foutue pièce quoi qu'il en coûte, même sans l'aide de cette satanée poignée rieuse, il se retourna et marcha d'un pas ferme jusqu'à être de nouveau devant la porte. Il n'avait plus la patience de chercher quoi que ce soit dans l'immensité de la grotte. Là, il fronça légèrement les sourcils, encore un peu hésitant.
« Tu veux faire quoi, la défoncer ? Mais t'y arriveras jamais, regarde toi ! T'es tout fin ! »
Cela eut pour effet certain de le décider. Il regarda le soit-disant Karadoc d'un air suffisant avant de se retourner. Ce qu'il s'apprêtait à faire, il ne l'avait pas fait depuis une éternité. Ses membres s'allongèrent, sa peau pâle se couvrit d'écailles argentées, ses iris se fendirent de manière reptilienne, des ailes lui poussèrent. Devant le chevalier se tenait désormais un dragon dans la fleur de l'âge, au meilleur de sa forme. C'était tout de même vachement moins humiliant, comme forme, il aurait dû y penser plus tôt... Désormais, il faisait plus ou moins la taille de la porte, et largement le même poids. En fait, la cloison n'était pas si solide que cela, et il ne fallut pas plus que cinq bons coups pour l'envoyer choir à quelques mètres de là. Karadoc était parti en courant, curieusement, le laissant seul face à la sortie. Un long couloir le séparait de la pièce, et il rétrécissait de plus en plus. Dépité, Narcisse dut abandonner sa forme de dragon à la moitié pour retrouver une taille normale plus appropriée. Priant pour ne croiser personne cette fois-ci, l'acrobate trottina jusqu'à la porte suivante, beaucoup moins imposante que la précédente.
S'il espérait être sorti d'affaire, c'était raté. Majestueusement, même. Il lui fallut malheureusement se prendre un miroir en pleine tête pour le comprendre.
« *l'auteure a préféré censurer ce passage et le remplacer par quelque chose de plus élégant, que voici* Ô rage ! Ô désespoir ! »
Se frottant une fois de plus le nez, le jeune homme recula pour regarder autour de lui. Il n'y avait pas qu'une seule glace, il y en avait des dizaines. Cette pièce était un labyrinthe de miroirs ! Poussant un profond soupir, il commença à marcher précautionneusement sur le chemin qui lui était tracer. Au bout d'un moment, il tomba nez-à-nez avec une créature qui lui fit faire un bond de terreur.
« Hiiiiiiiii ! » hurla-t-il de manière virile.
C'était décidé, on était la saint Faites-peur-à-Narcisse. C'était la troisième fois !! Pourquoi le sort s'acharnait-il ainsi sur lui ?! Devant lui se tenait un énorme troll. Pas le métaphorique blagueur qui existerait des siècles plus tard, non. Un bon gros troll, bien moche, bien gros, bien puant, voilà ce qui souriait cruellement face à lui. L'acrobate recula promptement, terrifié, mais fut stoppé par un mur. A moins que ce n'en soit pas un... Fermant les yeux, déconfit, il entreprit de se retourner le plus lentement possible. Le troll était derrière lui, pas devant. Le peu de virilité et de fierté qui lui restaient s'évaporèrent en un hurlement aiguë alors qu'il prenait ses jambes à son cou.
Filant à toute allure dans le dédale de miroirs avec les bras devant lui pour éviter toute collision avec ses reflets, Narcisse n'osait même plus regarder derrière lui pour voir où en était le troll. Celui-ci l'avait, bien entendu, prit en chasse, et courait désormais après lui, massue à la main. Contrairement à l'acrobate, il se fichait pas mal des virages serrés, qu'il se contentait d'écraser avec son arme. Grognement après grognement, la course poursuite continuait désespérément. Le jeune homme, quand à lui, ne réalisait pas qu'il avançait en zigzags ridicules depuis le début. La massue rentra en collision avec le sol à un mètre de lui, le faisant pousser un nouveau cri alors qu'il tentait de reprendre de la vitesse. Pour un avis extérieur, bien entendu, la scène était dès plus singulières: un jeune homme nu courant les bras devant pour échapper à un troll géant qui bavait et qui lançait des coups un peu partout, les deux avançant en lignes droites selon les miroirs. Pour lui, en revanche, les choses étaient beaucoup moins positives. Il s'arrêta un instant alors que les pas du troll avaient disparu derrière lui, essoufflé. Soudain, quelque chose de mouillé tomba sur son épaule. Mouillé et gluant. De la bave de troll. Troll qui était donc juste au dessus de lui.
« AU SECOUUUUUUUUUUUUUUUURS !!!!! »
**
Non loin de là se tenaient trois écoliers en longue robe noires, l'un roux, l'un avec des lunettes et une drôle de cicatrice, et la dernière avec de longs cheveux bouclés. Ils se regardaient, l'air d'hésiter entre l'hilarité et l'inquiétude.
« On l'aide ? », demanda la fille.
Lorsque deux hochements de têtes négatifs lui répondirent, elle haussa les épaules et regarda le spectacle.
**
Narcisse, de son côté, venait de se prendre un miroir malgré ses nombreuses précautions et avait lourdement chuté sur son derrière. L'esquive du coup de massue qui suivit arriva juste à temps pour ne pas finir éparpillé façon puzzle. Il reprit aussitôt sa course avec l'aisance d'un pingouin faisant un sprint. Cette salle était un cauchemar. Un authentique cauchemar. Il avait envie de pleurer. Il avait peur. Un peu plus et il aurait hurlé "Maman" dans les couloirs. Heureusement qu'il était plus athlétique que son poursuivant, sinon ses chances de survie étaient... minces, dira-t-on. Les virages s'enchaînaient sans jamais qu'il ne perçoive la moindre fin à cette charade. Il commençait à désespérer. Certains de ses dérapages étaient moins contrôlés que prévus et le fait de courir nu par dessus le reste ne rendait pas les choses faciles. Soudain, il perçut au loin une lumière blanche. Il se demanda d'abord s'il était mort sans le savoir, mais un coup de massue loin derrière lui le contredit efficacement. L'espoir retrouvé d'une sortie sain et sauf le motiva à accélérer sur les derniers deux cents mètres. Aussitôt arrivé, il se retourna et saisit sa chance de refermer l'ouverture avec un miroir à proximité. C'était fini. Le dragon n'avait plus rien à faire des apparences, il s'affala sur le côté sans plus tarder. Il voulait dormir. Dormir et oublier.
Mais le destin s'amusait beaucoup trop à le voir s'en prendre plein la face pour autoriser cela. C'est la conclusion à laquelle il arriva lorsque les bruits sourds du troll voulant rompre le miroir se firent entendre. Avec l'allure d'un mort-vivant, il se releva péniblement et se mit à marcher en traînant la patte. Il finit par se retrouver dans une pièce vétuste et délabrée, dans un bazar complet. Il y avait des assiettes brisées, de la paille et... Miracle ! Du tissus. Narcisse se jeta dessus comme un vampire sur du sang. Au point où il en était, un rien pouvait lui suffire. Il enroula une espèce de grande serviette en tissus autour de sa taille comme une serviette. Ah, c'était tout de même beaucoup mie-
« Tiens, tiens, tiens... Que fais un inconnu dans ma maison ? », demanda soudain une voix si stridente qu'elle en ressemblait à une sorcière.
Non, pitié, j'en ai marre. J'en peux plus. Je vais mourir d'une syncope si ça continue. Faites que ce soit quelqu'un de gentil. Pitié... Et bah nan. La comparaison avec une sorcière n'avait jamais été plus appropriée. Il avait face à lui une vieille aigrie aux yeux d'un vert malsain, à qui il manquait des dents, et qui avait l'air particulièrement (trop) contente de voir quelqu'un s'introduire chez elle. Ce fut un regard blasé que Narcisse lui lança.
« Allez-y, balancez. Qu'est-ce qu'il va falloir que je fasses, cette fois-ci ? »
« Tu dois être puni pour ton comportement ! Battons nous en duel ! En duel de sorcier !! » « Bah voyons... »
La vieille lui fourra une baguette dans la main et se mit face à lui en position de combat. Le jeune homme fixait la baguette, l'air de se demander s'il s'agissait d'une mauvaise blague au lieu de regarder ce qu'il se passait sous son nez. Lorsque la sorcière -puisque, du coup, c'en était une- se transforma en crocodile, il en déduit que non, ce n'était pas un canular. Il n'avait donc pas d'autre choix que de se transformer lui aussi. L'idée de reprendre sa forme de dragon était assez alléchante, néanmoins il n'ignorait pas que la pièce était trop petite pour contenir un si grand reptile. Clignant des yeux, il tenta de tourner la baguette dans les airs en chantant des mots incompréhensibles.
« Chabadabada ! »
Au début, il crut que ça avait fonctionné. Sauf qu'il ne s'était pas transformé en lion mais en marmotte. Le rapport, dites-vous ? Aucun, ce fut bien ce qui tracassa le jeune homme. Il évita de justesse un coup de dents meurtrier du crocodile-sorcière et courut à travers la pièce. Pensant qu'il pouvait difficilement tomber sur pire, il retenta le coup dans l'espoir de pouvoir contrer la vieille.
/POUF/
Un... C'était quoi, ça ?! Un... Un concombre de mer ?! « C'est pas vraiiiii ?! », s'exclama-t-il d'une voix trop aiguë pour être normale. Un éclat de rire virulent retentit de l'autre côté de la salle. Narcisse releva la tête, doucement, craintivement... La sorcière était en train de se moquer de lui. Ouvertement, en plus. Son fou rire était si puissant qu'elle était étalée sur le dos en secouant des pattes -puisque c'était un crocodile-. « Ha... Ha... Haha ! Quelle traîtrise ! Je- je ne peux plus bouger ! Hahahahaha ! Quel sort m'as-tu jeté, miséra haha haha ! » Le concombre de mer commençait à sérieusement manquer d'air, de son côté. Un coup de baguette le ramena étonnement à la normale... nu, quelle surprise. %*@£#§ de baguette !! La vieille était désormais hors d'état de nuire, aussi curieux cela paraisse-t-il. « Je... j'ai gagné, je crois... » La sorcière était trop prise dans son fou rire pour lui répondre. Jetant un coup d’œil sur le côté, Narcisse devina les contours d'un... d'un pantalon sous un amas de détritus. Il l'agrippa et s'empressa de l'enfiler pour pouvoir déguerpir. Il était trop large au niveau des hanches et trop court au niveau des jambes, formant une sorte de pyjama bizarre qui faisait plus penser à un sac à patate qu'à un réel vêtement, mais c'était toujours ça.
Sans demander son reste, le jeune homme partit à la recherche d'un endroit TRANQUILLE.
références:
Gollum = Seigneur des anneaux Karadoc = Kaamelot Trois écoliers + troll= Harry Potter à l'école des sorciers Eparpillé façon puzzle = les tontons flingueurs
La douleur, c'est celle qui est arrivé en premier. Alors que Mortem sortait de son sommeil forcé, avant même qu'il ne s'aperçoive de la froideur du sol, un mal de tête horrible le força à recoller sa joue contre le sol.
" Mmnnnh... aah..."
Ce furent aussi ses premiers mots dans le temple de l'obscure lumière, bien qu'étant inutile pour l'histoire qui va suivre, il est impossible de s'en priver. Après une tentative moins brusque pour se relever, Mortem ouvrit les yeux sur un sol de marbre taillé en damier. Mortem plaça deux mains sur son crâne pour tenter de contenir son étourdissement. Il tituba et aperçu son ombre. Deux ombres pour être exact, ce qui lui rappela comment il en était arrivé là.
Tout était plus ou moins flou dans ses idées, seuls deux souvenirs très nets revenaient à lui : Deux ombres sortaient du sol comme vivantes et s'emparèrent de lui pour l'amener au sol où il disparu en coulant comme dans une flaque d'eau. Le deuxième souvenir étaient ses yeux qui le fixaient à mesure qu'il s'enfonçait dans le néant, tous grands ouverts et inquiétants.
Mortem avait l'air totalement perdu, et pour cause, il l'était ! Rien de tout cela ne lui semblait familier, ni rassurant. Ses souvenirs défiaient les lois de la nature et il n'était plus sûr d'avoir toute sa santé mentale. Le Sol en marbre s'éteignit. Oui ! il s'était éteint ! Ou plutôt Mortimer se rendit compte qu'en vérité l'endroit où il se trouvait ressemblait à une grande salle entourées de couloir à colonnes blanches.
Mais comment aurait-il pu en être sûr alors que la vision de cet endroit fut assombrie en un rien de temps ? ! Les yeux pourtant grand ouverts, il ne voyait absolument rien, à tel point qu'il cru être aveugle. Jusqu'à ce que la lumière, tremblante revienne un peu plus loin sur toutes les colonnes des différentes allées. Seul l'endroit où il était restait dans l'obscurité. Une lumière descendit du plafond et vînt se placer devant ses yeux. Mortem n'était pas vraiment sûr de ce à quoi il assistait mais cette petite source de lumière s'adressa à lui :
- Attention Mortem ! Tes ombres !! "
- U-hein ?! "
Sous ses pieds, deux ombres s'enfuirent à toute vitesse vers la lumière dans un rire qui ne présageait rien de bon. La lumière s'enfuit aussi dans un tremblement qui fit résonner en Mortimer l'instinct de survie. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais mieux valait courir.
" Rattrape tes ombres Mortem !!! "
Non mais c'était quoi ça ? Et en plus d'où savait elle son nom ? Sur surnom qui plus est ! Les questions finirent très vite par disparaître quand Mortimer entendit un étrange grondement derrière lui. Tout ce qui était sous l'obscurité s'effondrait ! Il couru alors vers les torches où ses ombres étaient allées, laissant derrière leur passage une grande traînée de faille béante.
La petite lumière étaient bien loin devant Mortimer, essayant de traquer les ombres. Mortimer courait aussi vite qu'il le pouvait, non sans sentir une sueur froide lui courir le long de l'échine. Il se poussait à ne pas regarder derrière lui car il avait le pressentiment que s'arrêter lui serait fatal. A chaque fois qu'il atteignait une lumière elle s'éteignait. Il ne savait pas du tout où il allait, et encore comment il était sensé rattrapé des ombres qui creusaient des précipices, mais il devait le faire, et vite !
Tentant la ruse, le jeune psychiatre tenta d'arracher une torche de sa colonne, mais il n'eut qu'un bâton fumant dans les mains la seconde qui suivit.
" Tchh ! Evidemment ! "
C'était comme si ses idées lui jouaient un tour. Comme s'il jouait contre quelqu'un qui lui semblait familier. Continuant de courir, Mortimer tenta de se calmer et de trouver une solution à son problème. Si les torches continuaient de s'éteindre à son passage il y avait forcément une raison ! Il était temps de tester les marges de la science ! Alors qu'il apercevait ses ombres riantes faire un détour, il entreprit de freiner en une glissade jusqu'au bord. Il plongea sa main dans le précipice qu'elle avait creusé et eut la sensation d'attraper du tissu. Le grondement se rapprochait, aussi Mortimer se releva d'un bond. Il eut une grande surprise mais aussi une grande frayeur quand il s'aperçut que l'obscurité provoquant l'effondrement et qui le poursuivait depuis tout ce temps n'était autre que son sa deuxième ombre ! Pourtant il aurait juré l'avoir poursuivit !
De ce précipice il avait retiré en fait son manteau. Sa deuxième ombre y était attachée et semblait être mécontente d'avoir été attrapée. Il enfila son manteau et découvrit que la moitié de son ombre lui avait restitué.
" Cours !! "
Sans trop savoir pourquoi, Mortimer continua de courir de torche en torche. Seulement il ne pouvait pas s'enfuir indéfiniment avec une moitié d'ombre aux pieds !
* Non mais attends deux secondes !! Si ça c'est ma moitié d'ombre, ça veut dire que logiquement si j'attrape l'autre ... *
Mortimer n'était pas à une aberration près, et sa logique semblait se tenir. Il allait de toutes manières le savoir bientôt mais il avait le sentiment d'être dans le juste. Tout ceci ne pouvait se résoudre que d'une seule manière, il devait faire face à son ombre. Freinant un grand coup une seconde fois, Mortimer se retourna vers son ombre.
Elle avait un sourire griffé à l'obscurité et les yeux rouges d'avidité, elle s'approchait toujours à grand pas et grands fraccas de Mortimer puis sembla hésiter l'espace d'un instant. Cet instant correspondit au visage déterminé du psychiatre qui attrapa de sa main gauche l'ombre comme on attrapait un rideau.
L'effondrement s'arrêta et Mortem n'avait que dans les mains son ouvre lettre qu'il rangea alors dans la poche intérieure de son manteau. Son ombre était au complet et ne formait désormais plus qu'une seule et même ombre. La lumière s'éteignit une nouvelle fois.
La voix de Mortimer s'éleva dans l'obscurité : " Dîtes moi que c'est une blague ... "
Tout est dans le souffle !
[HRP]vous êtes obligés de cliquer sur le lien qui vous mènera à la musique pour cette partie de l'histoire. D'avance navrée.[/HRP]
De grande lumières vinrent aveugler les pupilles encore dilatées à cause du noir qui avait précédé l’événement. Une étrange musique au rythme endiablé résonnait dans toute la salle immaculée. Des sons que jamais Mortimer n'aurait pensé possible s'ajoutaient les uns aux autres sous la voix de ce qui semblait être une petite fille.
Le pire était à venir !
D'une voix cette fois ci nettement plus surprise et exaspérée : " Dîtes moi que c'est une blague !! "
Des flèches s'illuminèrent au sol, toutes dans des couleurs plus vivent les unes que les autres. Ses yeux le faisaient souffrir mais il devait se concentrer car déjà une voix similaire à celle qui lui avait dit de chasser ses ombres vînt lui chuchoter à l'oreille :
" Danse, ou les piranhas iront te croquer ♥ "
A moins que cela ne soient des voix. A cet instant Mortimer avait l'impression d'être sa propre lucidité restante observant le reste de tout son être se faire emporter par la folie. De quoi vous dégoûter de la profession ...
Il avait raté déjà 5 flèches et 5 piranhas étaient sortis du sol pourtant palpable comme ils étaient sorti de l'eau pour mordre son manteau. Sans plus tergiverser, Mortimer s'exécuta.
Il n'avait aucune assurance dans ses pas et le visage quasiment défait. Non seulement la musique qui se jouait en boucle l'exaspérait, mais en plus des piranhas venaient lui rappeler à quel point il devrait plus participer au bal des folles plutôt que de rester dans son poste d'observation ! Il était essoufflé, après tout Mortimer venait de chasser sa propre ombre et on venait maintenant le faire danser sur je ne sais quel plateforme maudite ! Mais au delà du pire, au delà de toutes formes de pitié, il y a le moment où Mortimer prenait goût à tout cela.
Au fur et à mesure qu'il arrivait à attraper le rythme de cette horrible musique, au fur et à mesures que les piranhas commençaient à s'amoindrir, on pu voir un expression de concentration sur le visage de Mortimer. Peu à peu, il lui montait une sorte de désir inexplicable de lier les mouvements de ses bras aux mouvements de ses jambes. Parfois même un sourire se dessinait sur son visage. On voyait les flèches aller de plus en plus vite, tandis que Mortimer tentait même l'improvisation ! Après tout la musique tournait en boucle, il semblait qu'il commençait à retenir certains des enchaînements.
Sous cet effort et sous ces lumières toujours changeantes, Mortem commençait à en avoir chaud, aussi il entreprit de jeter son manteau au sol. Une faut survînt, Mortimer aurait pourtant juré avoir fait le bon pas, mais une flèche s'éteignit au moment même où il la toucha, et elle ne tourna pas au vert comme d'habitude, quelque chose clochait. Après 8 piranhas et deux gémissements de douleurs, Mortimer comprit qu'on se fichait de lui. Il devait faire l'inverse de ce que les flèches lui indiquait ! C'était malsain en plus d'être ridicule ! Son sourire s'effaça alors qu'il trébucha contre le sol. Son manteau commençait à se retransformer en ombre, il l'attrapa donc avec un certain agacement tout en lui lançant un regard menaçant :
" Pas cette fois ci !! "
Le sort s'acharnait, la main sur l'intérieur de la veste, Mortimer vit son ouvre lettre comme lui lancer un air de défi (imaginez bien ce passage c'est très important que vous visualisiez un ouvre lettre vous regarder de cette manière). De nouveau il eut cette même sensation que lorsqu'il s'était fait kidnapper par ses ombres .. encore !
Un énorme trou s'ouvrit, laissant les flèches s'illuminer au dessus de lui, la musique s'éloignant de lui dans un bruit sourd. On pouvait entendre une autre chanson commencer, mais il n'aura pas le plaisir de la danser.
Mortimer passait des couches d'atmosphère tantôt liquide, tantôt vide jusqu'à tomber dans de la mousse. Il était retourné dans cet état un peu perturbé et errant ne sachant vraiment pas si tout ceci avait un sens quelconque. Plus de lumière qui le suivait, plus de voix pour l'ennuyer plus rien. Encore une fois ses yeux étaient exhorbités face au néant. Il ne se voyait pas lui même, pourtant il tentait de temps à autres de toucher ses doigts pour vérifier qu'il existait bien encore. Deux respirations coupées plus bas, il s'enfonça dans une grande étendue blanche. L'endroit était juste blanc et rempli de mousse.
Cette fois ci ras le bol ! Il devait à tout prix sortir d'ici, et pour de bon ! Il tenta de brasser à travers toute cette mousse jusqu'à atteindre une sorte de rocher avec une grande échelle. Arrivant sur le rocher il ne voyait pas grand chose à faire hormis monter à cette échelle tant l'endroit semblait désert. Un désert de mousse, certes, mais un désert quand même ! Il regarda au moins jusqu'où menait l'échelle, il était hors de question de repasser par ces espaces où il ne pouvait pas savoir quand et où respirer ! Seulement voilà, l'endroit devait avoir changé, ou alors son esprit lui jouait encore des tours, mais il ne voyait pas où menait l'échelle. Elle semblait monter jusqu'à l'infini et se plonger dans l'obscurité.
Pourquoi diable Mortimer se sentait attirer par l'obscurité quand bien même il tentait de l'échapper ? Une question qui n'aura pas de réponse, mais il semble préférer cela à un bain de mousse ...
Alors qu'il souffla d'un air vraiment blasé et entreprit de monter l'échelle, à peine posa-t-il la main sur cette dernière qu' elle se hissa à toute vitesse vers le haut.
" WOOOOOAAAAAAAAAAAAAAHHHhhh !!!! "
Mortem s'accrochait de toutes ses forces à l'échelles, ses joues se gonflant d'air alors qu'il regardait vers le haut non sans mal. L'échelle s'arrêta d'un coup, inertie oblige Mortimer, lui, continua son ascension. Il était arrivé dans une sorte de grande plaine avec une multitude de trous. Il y avait différentes lumières et ambiances qui ressortaient de ces derniers mais lorsqu'il vola au dessus d'un creux montrant quelques torches il pria secrètement de ne pas retrouver cette maudite lumière agaçante !
Après un long roulé boulé sur au moins 6 mètres, le psychiatre se releva avec plus de douleur que la dernière fois qu'il du se séparer du sol. L'air semblait au moins plus respirable et agréable que les fois précédentes, aussi il prit une grande bouffée d'air, comme si c'était la dernière ! Alors qu'il pensait être arrivé à l'endroit où tous ces mondes se connectaient entre eux, un panneau vînt lui ajouter quelques indices. Mortimer le lu à haute voix, l'air très dubitatif :
" Bienvenu au temple de .. l'obscure lumière. Sortie, attention à la taupe. .. Attention à la taupe .. Quelle taupe ?
Peut être le panneau perdu en plein milieu de la plaine aurait il du préciser que la dite taupe était géante, mais l'encre avait fait une grande tâche à la fin de la phrase. Le sol gronda et Mortem faillit tomber s'il n'avait pas eut le réflexe de s'accrocher à sa pancarte. Une gigantesque taupe sorti de terre et le toisa d'un regard fort peu amical. Mortem mit un temps à réagir tant les récents événements étaient aberrants. Ce qui le le ramena au moment présent fut la manière dont il échappa de justesse à un coup de marteau à la taille tout aussi démesurée que celle de son propriétaire. Hélas la pancarte n'eut pas cette chance. Les morceaux de bois éparpillés sur le sol donnèrent cependant un très bon aperçu de ce à quoi pourrait ressembler sa chair s'il ne bougeait pas de là.
Mortem fit l'inventaire de ses moyens : - Un ouvre lettre - Sa ceinture - Son intellect - Des ombres mal dressées.
* Hormis lui crever un oeil avec l'ouvre lettre ... Et encore j'en perdrait la moitié de mon ombre. *
Mortimer commençait à en avoir l'habitude, il courait. De peur de retomber dans chacun des trous, il couru vers ce qu'indiquait autrefois le panneau la sortie. C'est au plus proche du danger qu'on est à l'abri. C'est aussi incroyablement stupide de penser qu'on peut y aller serein. La taupe frappa à nouveau le sol et c'est tout un morceau de terre qui se décolla du sol, Mortimer avec. Il retomba proche des pattes de la taupe puis une grande ombre vînt couvrir la zone, c'était le marteau au dessus de sa tête.
Nouvelle sueur froide, nouveau roulé boulé. De justesse encore une fois, Mortem pu apercevoir tous les défauts du marteau de très très près, et accessoirement quelques membres encore collés d'anciens voyageurs.
Il fallait que le psychiatre réfléchisse, et vite !
" Vous souffrez d'un manque de reconnaissance et voulez prouver votre existence par l'intermédiaire du pouvoir destructeur n'est-ce pas ? "
//SBAMM//
Mauvaise réponse. Toujours en courant, Mortimer passa au plan B. Le dialogue ne passe pas (évidemment, mais on ne sait jamais !) place à l'action ! Il fallait qu'il se débarrasse de la taupe, et tout ce que celle ci aimait faire c'était taper. Il serait néanmoins trop dangereux de monter sur elle et espérer qu'elle se frappe elle même, mais il fallait clairement faire quelque chose de sa force monstrueuse, et de son marteau. Et puis ce fut l'éclair de lucidité, ou de folie c'est vous qui voyez : depuis le début tout n'est que jeux d'ombres, et si ses ombres avaient les mêmes propriétés ici ? Mauvais plan, comme on l'a dit plus haut dans l'inventaire des moyens à dispositions, les ombres sont mal dressées. Il pouvait bien retenter de se laisser tomber dans un des divers trous qui menaient à d'autres espaces inconnus, mais c'était aussi se destiner à un destin tout aussi incertain.
Les situations aporiques n'étaient pas la tasse de thé de Mortem, aussi il était persuadé que la solution existait là, quelque part sous ses yeux. Nouveau coup de marteau. Il était exténué et ne pouvait plus courir, c'était la fin. Mortimer leva les yeux au ciel qui s'était couvert d'obscurité, au dessus de lui le marteau. Il ne pouvait accepter l'idée d'être vaincu après tout ce chemin, et surtout par une taupe !
Il avait une idée, il fallait être rapide mais ça valait le coup ! Au dernier moment, Mortem fit un écart et profita du tremblement qui le fit sauter dans les airs pour s'accrocher au marteau. Les moustaches de la taupe frisèrent et ses yeux s'injectèrent de sang. Pendant que le bras de la taupe relevait le marteau Mortimer tenta de grimper sur le manche et de s'y agripper suffisamment pour y planter son ouvre lettre. La moitié de son ombre s'échappa et creusa un trou d'ombre qui scia le marteau en deux. Du bon côté du manche, Mortimer ne devait pas s'arrêter là, l'ouvre lettre était toujours planté l'ombre ne pouvait s'échapper mais elle pouvait toujours tenter de ronger les bords.
La taupe géante leva son autre patte à fin de frapper son avant bras, là où Mortimer continuait de grimper. Il passa à la deuxième phase de son improvisation et lança son manteau sur la menace qui fut alors elle aussi rongée par l'obscurité. La taupe finit par fondre sous les ombres qui semblaient se nourrir du gardien de la sortie. De retour sur le sol, Mortem n'avança pourtant pas. Il regardait les ombres s'agiter et commencer à prendre forme humaine.
Le coeur haletant, le souffle battant, Mortem faisait face à lui même. Un grand sourire s'affichait sur sa copie quelque peu instable :
- Alors ? Post Mortem nihil est ?"
- Tu veux le vérifier ? "
- C'est pas moi le mort."
Tout devin soudain blanc. Lui et son ombre se faisaient face et s'affrontaient du regard, leurs corps comme suspendu dans l'immensité blanche. Un rectangle noir trouait ce vide, l'ombre se tenait devant.
- Dans ce cas tu n'es que l'ombre d'un mort. "
- Rectification, la pâle ombre."
- Précision, l'antithèse."
- Hin hin hin, on s'en approche. Vas y part qu'est-ce qui te retiens ?"
" Toi. "
- Tu veux dire, toi."
Mortimer sourit, l'ombre admettait enfin être lui même, donc sous son contrôle :
" Exactement !"
Le psychiatre traversa son ombre qui eut un air surpris avant de disparaître dans ce temple du clair obscur. Il avait de nouveau récupérer son ombre, et cette fois ci pas besoin de totem tout était redevenu plus clair à présent .. Enfin, métaphoriquement parlant. Mortimer franchit le vide rectangulaire sans se retourner et rouvrit les yeux, hors du monde, hors du temps, dans son bureau. Sa montre à gousset cliquetais sur sa tempe, il était trois heure et demie.
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Sujet: Welcome to Lydia Kart! Select your player :D Mar 5 Aoû - 9:15
Ce qui pouvait rendre Lydia la plus heureuse des jeunes femmes depuis bien longtemps se produisit : elle reçut une lettre de la part de son bien-aimé maître mage et de sa mère. Pour être tranquille et pouvoir la lire à son aise, elle décida que son appartement était trop bruyant – je vous rappelle qu'elle est toute seule et entends des voix provenir des objets, cela doit vous indiquer qu'un bazar pas possible règne dans sa chambre – et décida de se rendre sur le bord d'un pont où elle s'assoirait pour lire. Vous vous serez souvenus que Lydia était en effet un peu, heu, particulière, et pensait sincèrement que c'était le meilleur endroit. En conséquence de quoi, elle sortit de chez elle et se dirigea vers le pont le plus proche, la lettre et le petit paquet qu'elle contenait à la main en sifflotant, saluant joyeusement tous les objets qu'elle trouvait ET MEME LES HUMAINS, ce qui était pour elle un exploit. Au bout de ce qui lui parut bref mais était en réalité deux bonnes heures parce qu'elle s'était tout aussi joyeusement perdue comme une gourde, elle s'installa enfin sur le rebord d'un pont, les jambes ballants vers l'eau, et ouvrit avec précaution la lettre qui lui racontait son grand voyage. L'écriture était celle de Michael, sans aucun doute, et elle sentit la chaleur du sourire de la mère de Lydia et du mage au travers des lettres. Elle ferma les yeux et écouta tranquillement la lettre lui raconter ce qui était inscrite sur elle.
« Ma chère Lydia, Cela fait bien longtemps que nous ne sommes vus, et je crains que tu ne te sois laissée porter par la magie ambiante de Paris : ta dernière lettre remonte à deux mois. Oh, je ne doute pas que tu ne sois en train de conquérir la ville des Lumières, mais ta chère mère est toujours assez inquiète et il serait bon de nous écrire un peu plus souvent. (Sur ce, un instant, la lettre lui siffla de regarder au dos de la lettre, et elle se hâta de tourner la page. Il y avait une autre inscription, qui ne portait la signature que de Michael, cette fois.) Ta mère a reçu une lettre qui semble beaucoup la chagriner, et elle ne veut ni me la montrer, ni me dire ce dont il s'agit. Aurais-tu une idée de ce qui peut ainsi l'inquiéter ? (Comme cela ne disait plus rien, elle revint au corps normal de la lettre.) Bien. Je souhaitais t'indiquer que nous pensons bientôt voyager à Paris pour une semaine, et... »
La lettre continuait ainsi pendant plusieurs lignes, mais Lydia fut intriguée par le paquet à côté. Cela ressemblait à des herbes, et la lettre n'en faisait pas mention. En interrogeant le paquet, celui-ci fut incapable de lui répondre autre chose que « Mangez-moi mangez-moi mangez-moii-ha ; mangez-moi mangez-moi... » en chantant. La demoiselle ne pouvait laisser une telle invitation rester sur le carreau, et mâcha pensivement les-dites herbes, songeant que ce devait être une nouvelle décoction de sa maman, qui s'était apparemment mise à cultiver les graines qu'elle avait ramassé en voyageant autour du monde. La tête lui tourna un peu, et à l'invitation du pont, elle laissa les margelles se courber pour la faire glisser vers l'intérieur, afin qu'elle ne s'endorme sans tomber dans l'eau. Pourtant, ce sommeil n'était pas très naturel, cela l'inquiéta un peu...
* * *
… Et encore plus quand elle s'éveilla dans une boîte de savon à roulettes, elle sut que c'était n'importe quoi. D'une part, une espèce d'angelot qui ne ressemblait à rien était en train de leur montrer des panneaux avec un point rouge, et elle aurait donné cher pour comprendre parce que rien ne lui répondait ici – ou plutôt si, mais le panneau de l'angelot s'exprimait par des « gzzzzz » qui rendaient la communication un tantinet compliquée – et qu'elle était entourée de.... trucs... bizarres. Et par bizarres, elle entendait le genre de choses que elle, elle concevait avec de la poussière pour faire des sculptures étranges et les animer dans les spectacles de rue qu'elle donnait, plus jeune. Déjà, le sol. Constitué d'un sol poussiéreux et pierreux, elle se trouvait dans une grotte avec des rampes multicolores en forme de flèche qui chantaient une petite chanson débile, sans aucun égard pour la jeune Lydia qui, et bien... — Excusez-moi, où suis-je ? — Pardon ? — Sir ? — Madame ? — Je ne comprends pas, je lisais tranquillement sur un pont et d'un coup, euh... Je me retrouve ic... — Boo ! Arrête d'ennuyer la pauvre dame ! — De quoi ? Grogna une grosse voix. J'y suis pour rien ! — Mais elle parle toute seule ! — Gneh ? Lydia leva les yeux et les tourna vers les autres concurrents, les occupants de divers boîtes à savon qui... euh... ne ressemblaient pas vraiment à des créatures humaines. Même les choses qui avaient l'air humain étaient complètement disproportionnées. Une chauve-souris passa au-dessus de sa tête en criant bien fort un « Grzzzzzz gzz gaaaaazzzzz gzzzz », bourdonnement infernal pour les oreilles. Agacée, Lydia sentit sa santé mentale vaciller et avisa le panneau de l'angelot qui venait de passer au deuxième rouge – et le lui arracha des mains en usant de ses pouvoirs, le propulsant à toute vitesse sur la chauve-souris qui était en train de lui exploser les oreilles. L'animal tomba en piqué et.... ET UNE LANGUE ROUGE SE PROPULSA POUR ATTRAPER LA CHAUVE-SOURIS. Assez sciée, Lydia tourna la tête pour voir à qui ça appartenait, et décida que les occupants des boîtes à savon étaient assez curieux pour qu'elle se donne la peine de leur parler et ne pas s'adresser à leurs boîtes. De toute façon, les boîtes faisaient les mêmes sons que le panneau, à savoir un grésillement très désagréable. Celui qui venait de propulser une langue de trois mètres pour avaler la chauve-souris n'était autre qu'un... Qu'un... — … What. Un dinosaure vert bipède avec la bouille la plus crognonne qu'elle ait jamais vu, on aurait dit un jouet pour enfant. Qui était monté sur une petite moto verte. Avec des amortisseurs en forme de sourire. _Ya-ki ! S'exclama le dinosaure en avalant, une grosse boule passant sur sa gorge, avant d'ouvrir grand les yeux et japper à nouveau, levant la queue. Kyouloulou ! — Ah non pas caca ! Protesta Lydia en essayant de faire reculer sa boîte. Mais non, le dinosaure pondit un œuf. Un œuf de la taille de Lydia. Bien net. Comme a fait mon frangin un peu plus tôt, je ne vois pas comment exprimer la tête de notre chère mage à part ainsi :
=O_O=
Mais elle n'eut pas vraiment le temps de considérer la chose – d'une part parce que le truc, là, ne parlait clairement pas sa langue, et que les objets ne voulaient pas répondre non plus – d'autre part parce que, et bien, un type en salopette bleue en chandail rouge avec une casquette rouge et une épaisse moustache bondit hors de son tank et courut vers elle, hyper énervé, et cria : — Herwedontgau ! — …. …..... Incrédule, Lydia se frotta les yeux, respira un bon coup et.... Et... — Bingo ! Oh oh oh oh ! Retentit une autre voix, ce qui attira l'attention des deux vers ce qui venait de parler ainsi – enfin, si on peut qualifier ça de parler. Le truc était la copie carbone du rouge, mais en vert et en plus grand. C'était monté sur un kart normal, et ça montrait l'angelot qui, furieux, venait de montrer un panneau avec un rond vert. Aussitôt, Lydia se retrouva enfumée dans une espèce de nuage noir provenant de tous les moteurs des karts qui venaient de démarrer en même temps, et, incrédule elle les entendit disparaître dans le tunnel. L'angelot descendit vers elle, une espèce de tortue jaune avec des ailes, et se racla la gorge. Lydia le regarda comme un poisson hors de l'eau. — Euh.... Il fallait mobiliser toutes ses compétences sociales presque inexistantes. Parler à son éditeur était déjà un exploit alors... — …. Oui ? — Course. Gagner. — I don't fell like racing. — … — … — Gagner. — Pourquoi faire ? Un énorme rocher tomba du plafond et elle poussa un cri, puis tenta de le dévier, mais tout comme le reste du monde, la voix du rocher grésillait - et allait s'écraser sur l’œuf. Lydia se décida enfin à bouger et attrapa l'oeuf pour ne pas qu'il se fasse réduire en omelette, et appuya sur les pédales pour s'enfuir. Mais elle s'arrêta trente mètres plus loin, se tourna et cria : — I don't understand ! Where am I ?! — GET OUT ! Rugit une grosse voix provenant de.... Derrière... Mais d'où précisément, difficile de le savoir, parce que ça avait l'air de tourner dans tous les côtés.
Et pour cause ! Quand elle se retourna, Lydia aperçut une espèce de char d'assaut avec un lézard obèse doté d'une carapace à pique sur le dos qui lui fonçait dessus tout en faisant des loopings façon skater sur tous les murs de la grotte. Un type dans les gradins, une espèce de grand gaillard châtain avec un chandail rouge accompagné d'une petite fille brune qui disparaissait à intervalles réguliers et d'un jeune homme en bleu de travail avec une clé à mollette lui cria : — COURS ! Si tu n'obtiens pas une médaille, tu ne pourras jamais sortir d'ici ! — … Argument valable votre honneur, bégaya Lydia avant d'écraser littéralement le champignon qui servait d'accélérateur.
Elle n'était pas au bout de ses peines.
A peine eut-elle commencé à apercevoir le bout du tunnel, fonçant à vive allure avec son petit kart en forme de tête de Michael (OUI) avec des roues où étaient dessinées le visage de Randon (OUI) et un dossier sur le dos duquel il y avait aussi la tête de maman (OUI), qu'elle, euh... Comment dire ça... Se fit tirer. Par un canon. Géant. Je ne vous laisse même pas imaginer la tête qu'elle fit quand son kart fendit les airs. Et ben non ! Elle ne fut même pas troublée, et admira la vue en faisant : « Ouaaah ! ». Cependant, un détail la troubla, et elle cligna des yeux pour essayer de comprendre. Le détail en question n'était rien d'autre qu'une espèce de cristal multicolore qui bougeait sur lui-même, ressemblant à un logo de station de jeu – no pub available - et qu'elle prit en pleine tronche, en plein vol. Mais cela ne la ralentit pas non et ne lui fit pas mal non plus, curieusement, ou en tout cas moins mal qu'à son ego quand les débris de l'objet se changèrent en une caisse de bananes. — … Gnieh ? Un autre rugissement retentit, et à l'instant où elle atterrit au sol, une ombre de la taille d'une baleine apparut au-dessus d'elle. L'anglaise leva les yeux et serra contre elle l'oeuf, craintive, puis tenta de parlementer avec le tank qui lui tombait dessus, avec les résultats auxquels vous pourriez vous attendre : elle se retrouva aplatie comme une crêpe avec une marque de pneu sur le visage. Avantage de cet endroit bizarre, elle n'eut pas très, très mal, en revanche elle était très inquiète pour l'oeuf qui... Venait d'éclore.
Lydia décida qu'elle allait prendre un animal de compagnie, parce que le petit et cro mignon dinosaure bleu qui était dans ses mains était l'exemple même du « je-suis-mignon ». Et puis accessoirement, en voilà un qui n'essayait pas de lui faire mal, une chose non négligeable. Cependant, ses bananes avaient disparu, et elle aurait bien nourri le bébé avec. Du coup, Lydia passa en mode sauvage, et fonça droit sur un autre cube multicolore, qui se changea en trois carapaces vertes qu'elle fit léviter autour d'elle, et cria, en rattrapant le dinosaure : — Mange cela, vilain et cruel méchant ! Et elle suggéra à la première carapace à portée d'aller dire bonjour au méchant lézard monstrueux. Ainsi, au lieu de partir en ligne droite, la carapace se transforma en tête chercheuse et envoya voler le lézard dans la stratosphère. Victorieuse, Lydia leva le poing en l'air et s'écria « It's-a-me ! Lydia ! » et eut immédiatement honte d'elle.
Cependant, il se produisit encore un truc WTF : le lézard retomba sur le dos. Avec ses piques. En faisant une bombe pour tenter de viser Lydia. Elle ralentit en le voyant arriver, donc il s'écrasa sur son chemin, mais elle n'aurait pasle temps de l'esquiver. Le truc c'était que... Et bien... Quand quelque chose tombe de la stratosphère sur un décor déjà pas bien solide à l'origine, ça fait des trous. En l'occurrence, elle eut l'impression que ça venait de creuser un tunnel jusqu'en Chine – cela dit, pourquoi pas – et tomba dans le dit-trou, à la suite du dinosaure. A partir de là, Lydia considérait que tout était normal, et tint juste fermement d'une main le bébé contre elle, et de l'autre le volant. A sa grande surprise, quand tous deux parvinrent sur la ligne d'arrivée parce qu'apparemment ils avaient traversé le niveau, et par tous deux j'entends trois avec le monstrosaurus Rex, ils reproduisirent l'exploit et, tombant sur le mec à salopette rouge qui leva la tête en voyant l'ombre et s'exclama « Mamamia », ils éclatèrent à nouveau le sol. Une espèce de nana en robe rose et à cheveux blonds qui avait l'air d'une précieuse ridicule surgit vers la ligne d'arrivée et tomba elle aussi dans le trou.
La chute fut longue, invraisemblable, et ils parcoururent au passage tellement de décors bizarres que Lydia se demanda ce que le mage qui avait dû concevoir ces niveaux avait dû bien avoir comme amis pour créer de telles choses. Elle se dit cependant que ça lui plairait d'avoir des compagnons pareils, et, pendant la chute, prit le petit dinosaure bleu dans ses mains comme un chaton et le caressa, en se demandant s'il lui donnerait une pareille motivation. Cependant, celui-ci ne resta pas inactif, et en apercevant le lézard à piques, le mec à salopette et la blonde, goba les deux premiers en lançant sa langue dessus, comme son papa avait fait. Ou sa maman. Euh... La troisième le menaça avec une ombrelle, et Lydia lui fit les gros yeux. — Sois pas méchante avec mon bébé ! — Alors ne triche pas comme ça, vilaine ! S'écria-t-elle. Au nom du royaume Champignon, je vais te pun - Elle se tut, parce que c'est difficile de parler quand vous vous êtes fait manger et ressorti sous forme d'oeuf. Lydia éclata de rire et trouva ça génial. Le petit dinosaure se frotta la tête contre elle et elle craqua complètement. Faut dire que, quand vous recommencez à écouter les gens normaux plutôt que des objets, et que vous tombez là-dessus, c'est difficile de rester stoïque.
Bon, elle ne le resta pas longtemps.
Parce qu'après avoir cassé un nouveau trou, Lydia et compagnie basculèrent dans un nouveau monde, qui, euh.......... Se constituait d'une immense route arc-en-ciel qui flottait dans l'espace. Puis tout le monde s'écrasa à trois centimètres de la ligne d'arrivée, plus précisément, ils firent encore un trou, mais cette fois Lydia prise par une sorte d'inspiration, demanda à son kart de les jeter en avant, son bébé dino et elle, pour qu'ils passent la ligne d'arrivée.
A l'instant même où elle traversa le portail, elle se retrouva sur une route verte colorée et pleine de fleurs avec des visages qui la faisaient s'effrayer, une foule autour d'elle qui l'acclamait. Une foule constituée de champignon anthropomorphes. Le petit dinosaure essaya d'en gober plusieurs, mais craignant que tous ces gens ne l'attaquent, elle posa la main sur son nez et lui murmura doucement d'attendre, tandis que son char se conduisait tout seul près d'un grand château façon moyen-âge qui, au grand dam de Lydia, ne lui répondit pas. En levant les yeux, elle s'aperçut qu'on voyait encore le trou dans le ciel et des espèces de portails magiques qui l'avaient téléportée là. Elle en déduisit qu'il ne devait s'agir que d'une vaste enceinte où les niveaux précédents étaient construits et flottaient dans les airs – pour Lydia, c'est plausible – et qu'elle avait casse le décor. De plus, le « ciel » bleu et l'endroit où elle se trouvait maintenant n'était en réalité pas très grand, cela aurait pu être troublant pour une autre personne qu'une mage, mais les décors étaient peints en trompe-l'oeil et le château au loin qu'elle avait cru réel n'était qu'un dessin sur le mur. Au réalisme fou, mais c'était du trompe-l'oeil. Elle aperçut alors sur un podium le trio qui l'avait encouragée tout à l'heure, qui portaient respectivement des coupes et des médailles qu'ils distribuaient au plombier à casquette rouge et au dinosaure qui semblait ne pas trop comprendre comment il avait fait pour en arriver là. Le grand costaud lui fit signe, et, perturbée, elle s'approcha, pour recevoir à son tour une médaille et se faire taper sur l'épaule en s'enfonçant à moitié dans le sol sous l'impact, celui-ci s'exclamant : — Et bien, tu vois, tu as réussi à gagner ! Maintenant il ne t'en manque plus que deux ! — … I beg your pardon ? Elle poussa un cri d'horreur et manqua de s'évanouir. Son petit dinosaure bleu la poussa du nez pour la faire réagir, comme elle venait de buguer intérieurement et ne répondait plus... Puis un visage familier revint sur la scène en premier. — La seconde épreuve vous attend, dit toute excitée la petite fille. Que le second jeu de la mort commence ! — What is going on here ? bégaya Lydia. Des jeux de la mort ?! Mais elle n'eut pas le temps de demander plus d'information que tous les participants se retrouvaient dans des wagons séparés qui sautaient quand on appuyait sur une pédale et allaient chacun dans une direction. Evidemment, Lydia étant Lydia, elle rata son saut et tomba dans une abysse... Tomba... Tomba et tomba encore...
Tomba... Au milieu de blocs gigantesques qui s'effondraient aussi vers le sol, le tout agrémenté d'une musique du style de celle que vous n'oubliez jamais et dont vous maudissez l'existence. Elle serra son dinosaure contre elle et se recroquevilla pour qu'il ne se fasse pas mal. Et puis, au beau milieu de la chute, elle remarqua quelque chose de... bizarre. Lydia venait tout simplement de se carreler. Au sens euh... Figuratif du terme. Elle venait de se transformer en amas de pixel qui se réceptionna la tête la première sur un énorme bloc gris. Le dino aussi était devenu carré, mais cela ne semblait pas le gêner. Lydia beaucoup plus, parce que si heureusement elle ne se faisait pas mal, elle était, euh... Coincée, scotchée même, contre le truc gris. — Eeeeek ! Disgusting ! Mais le petit dino, pendant qu'elle s'esquintait à essayer de se décoller, lui sauta des bras et se mit à gambader joyeusement sous les énormes blocs qui continuaient à tomber et changeaient de position. Un fond s'afficha à droite, recouvrant tout le puits où ils étaient tombés, éclairant enfin un peu plus la scène : une sorte de palais russe. Le dino tourna la tête dans tous les sens, ignorant Lydia qui lui criait de s'en aller pour ne pas se faire écraser d'aller chercher du secours, mais... Le dinosaure procéda à l'avalement de plusieurs blocs, dont quatre rouges. Lydia aurait pu jurer entendre quelqu'un râler, et comme pour répondre à cette impression, le, euh, monde, se mit à trembler. Les blocs se mirent à tomber à une vitesse faramineuse, pire que précédemment, et un rugissement sembla retentir, pestant que « c'était quoi ces bugs de m**** ». Le petit dinosaure, pas du tout impressionné, sautilla partout et continua à gober des blocs, un vert, un jaune, jusqu'à subitement s'arrêter alors qu'il venait de gober un violet. Lydia était d'ailleurs fascinée : où diable calait-il tout ça ? Le petit dinosaure faisait la taille de sa main, et elle faisait la taille d'un carré de ces blocs monstrueux composés de quatre carrés qui tombaient du ciel ! Alors où trouvait-il la place de caler quatre comme elle dans son estomac ? Puis d'un coup, un petit bruit débile, genre Pouin pouic pouc ! Retentit et.... Et bien, le dinosaure grandit et fit la taille du vert qui l'avait pondu tout à l'heure. Mais cette fois, il avait des ailes. La mage crut qu'elle allait éclater de bonheur et s'écria : — Sors-moi de là je t'en supplie ! En effet, maintenant qu'il était grand, il devrait avoir assez de force pour la décoller.
QUE NENNI.
Au lieu d'essayer de la décoller, le... truc... la goba. Elle passa un instant dans un univers alternatif et vit la tête d'un sale gamin blond avec un bonnet bleu et un ponpon sur la tête qui criait « Jeu de ***** », puis rebascula dans cet univers bizarre qui était le puits géant accompagné de la musique débile. Elle était maintenant sur le dos du dinosaure bleu, qui volait entre les briques avec une rare aisance. Enfin... Jusqu'à ce qu'elle ne revienne à elle, encore pleine de fluide dégoulinant de l'oeuf dont elle était sortie (… Euh...) et que son poids perturbe l'animal, qui était pourtant parfaitement capable une seconde avant de porter son œuf. Le truc s'écria, étant maintenant apparemment doué de parole : — T'es trop lourde môman ! — Pay attention ! Rugit-elle en levant les mains, comme il avait perdu de l'altitude et avait été dévié par un vent sorti du palais russe en fond vers la droite. Elle essaya de faire usage de ses pouvoirs pour dévier un bloc de quatre carrés collés ensemble formant un énorme carré qui leur tombait dessus, et l'envoya valdinguer vers la gauche à défaut de ne pouvoir les séparer. Le résultat fut à la hauteur de ses espérances, mais les conséquences vachement moins. Ce n'était pas le bloc qui percutait le côté du puits qui déclencha un tremblement de terre, ou en tout cas elle était sûre de ne pas avoir mis assez de force pour ça, mais elle entendit en même temps : — Môman ! Le jeu il est naze ! Il fait que m'ennuyer ! — C'est très bien mon petit ♥ fit une voix chantante qui avait l'air de n'avoir rien écouté et d'avoir pris un accent doux et gentil par défaut. — What in the world was that ? Se demanda Lydia, qui aperçut alors un bloc sournois arriver en diagonale depuis la gauche. Le dinosaure cria : — Je ne sais pas ! Ton ami il est bizarre ! — He is not my friend ! Protesta la « môman » du bleu à ailes, qui d'un coup eut une idée lumineuse, et pointa vers le panneau : Et si on le traversait ??? On a bien réussi à se sauver de la course d'avant comme ça ! — Mais je n'ai pas de marteau, fit tout gentiment le dinosaure. Comment est-ce que tu veux... — Come ! S'écria-t-elle en montrant la direction voulue. Le dinosaure et sa cavalière firent un looping, puis se positionnèrent devant, et non pas sur les côtés, des blocs. En effet, ils avaient cru jusqu'ici qu'ils n'avaient pas la place, mais en réalité à part le mur de derrière du palais, celui de droite et celui de gauche, il n'y en avait pas en face. Prenant de la hauteur, ils avisèrent une barre rectangulaire et foncèrent droit dessus, le pied en avant, en s'écriant « YA-HA !!! »
La première chose qu'ils virent en éclatant le mur fut... Un cheval.
Un cheval magnifique, soit, mais un cheval. Un cheval couleur de feu aux sabots et à la crinière blanche qui hennissait et faisait signe à Lydia de lui monter dessus. Au loin se dessinait un magnifique château en pierres grises avec un pont-levis, se découpant dans l'ombre de la nuit... Ou des murs de la salle, puisque si celle-ci était plus grande, la mage ressentit tout de même l'absence de profondeur et la présence de murs qui grésillaient. Toujours est-il qu'elle snoba complètement le cheval, et se figura qu'il s'agissait de la troisième épreuve... Mais qu'elle n'y était pas fooorcément arrivée de la façon la plus réglementaire qui soit. En conséquence de quoi, comme quand elle se tourna sur elle-même tout ce qu'elle vit fut un ranch avec une espèce de péquenaud à l'entrée afflubé d'une moustache hideuse, chauve comme un œuf, et avec une espèce de collerette ridicule autour du coup, et de l'autre côté, une entrée au milieu d'une forêt où un hibou gros comme un éléphant faisait rouler ses yeux. Le choix fut très vite fait. Et puis, le plus effrayant semblait être le château, qui se faisait bombarder d'éclairs. Donc, en toute logique, ce devait être là que se situait le danger. Là que sa dernière épreuve l'attendait. Là que.... — Je crois qu'elle veut que tu montes sur son dos, môman, signala le dinosaure bleu ailé. — Maybe, but a blue dragon sounds funnier than a horse, déclara-t-elle en haussant les épaules. Tu lui traduis ? — Elle dit qu'il faut la suivre, indiqua le dinosaure. — Et bien allons y, soupira Lydia. Allez hue dada ! — …. En voyant qu'il ne se mettait pas à avancer, Lydia baissa la tête vers lui et lui tapota euh... l'arrière du crâne ? — Something's wrong ? — Môman, tu me traites pas comme un cheval, hein ? Je suis pas qu'une monture pour toi ? — … Mais non tu es mon bébé lézardeau à moi ! Indice de sociabilisation : +300 points. Alias, Lydia trouvait tout cela fantastique et beaucoup plus intéressant que la réalité. Le petit dinosaure, revigoré, sauta en l'air et courut à la suite d'Epona, que vous aurez donc reconnue. Mais alors qu'ils s'approchaient du pont-levis, celui-ci s'ouvrit en grand et.....
Un colosse roux à tête de porc en sortit, tenant sous son bras une princesse endormie. Et Lydia fit la chose la moins héroïque qui soit et la plus stupide aussi, alias « j'en-ai-rien-à-cirer » et se rangea sur le côté pour qu'il passe tranquillement. Epona la considéra avec des yeux grands comme des euh, des ballons de foot. Le méchant fut tellement surpris qu'il s'arrêta à côté de Lydia et leva la main pour se gratter la nuque. — Euh... — Et bien passez, la voie est libre, lui dit-elle tranquillement. (Puis, comme il n'en faisait rien) I said, go ! — Tu n'essaie pas de m'arrêter ? Fit-il surpris. — Pourquoi le ferais-je ? Demanda-t-elle comme si c'était la chose la moins évidente du monde que de s'interposer entre un gros méchant qui de toute évidence tente de kidnapper la princesse et sa sortie. Le colosse rentra la tête dans les épaules et cligna plusieurs fois des yeux, puis donna un coup d'étrier et partit vers les plaines, monté sur son grand cheval noir trop classe. Lydia soupira un « enfin » et dit à Yosh-bleu d'avancer sur la route principale du village du château qui menait à la demeure de toute vraisemblance royale. Puis, alors qu'elle n'avait parcouru que peut-être cinq cent mètres, un bruit de galop retentit, et le cheval noir revint. Son cavalier sauta à terre et jeta sa prisonnière sur le cheval, prisonnière qui ouvrit un œil malicieux une fois que le vilain eut le dos tourné au cheval et essayait de communiquer une évidence à Lydia. — Toi, héros ! Moi, méchant ! Toi taper moi ! Moi te vaincre et toi te lancer dans une quête hyper longue pour me rattraper ! Elle le regarda comme une poule, et, alors qu'il sortait une épée et la pointait sur elle en criant « je vais te taper », bougea les doigts. Aussitôt, le méchant se prit un volet arraché en pleine tête. Ce qui parut lui faire beaucoup de bien, parce qu'il se mit à rire avec son rire de porc et écarta tout grand les bras comme s'il venait de faire la découverte de l'année. — J'ai compris ! Toi pas avoir d'armes ! Toi être en retard ! — Je n'aime juste pas me battre, signala Lydia en fronçant les sourcils. And I don't see why I should oppose you... … Et puis, elle entendit l'épée qui ne grésillait pas, et tomba amoureuse de l'épée. Le changement fut radical. Elle mit ses mains devant son visage et rosit de toutes ses forces. — Oh... ! Votre épée ! Elle est si... Le méchant sembla se rendre compte pour la première fois qu'il avait en face de lui une femme et pas un Kokiri masculin, et se frappa le front de sa main. Puis de la fumée sortit de ses oreilles et il tourna la tête vers son destrier qui le regardait d'un air goguenard. — … Rigole pas, toi... — … Elle est si charismatique ! S'écria Lydia. Si spirituelle ! Que dites-vous ? Que je dois vous affronter pour sortir d'ici ? — Euh, entre autres, fit le colosse à tête de porc en se retournant, surpris. Et il se fit envoyer paître. Lydia lui fit un regard noir et lui fit un geste lui signifiant de se barrer. — Ce n'est pas à vous que je parle ! Mais à votre épée. Donc, vous dites, Sir, que pour que ce combat ait lieu il faut que je trouve l'épée de je ne sais pas quoi et le bouclier d'Aïroule ? — … Hyrule, grimaça le porc. — Je ne vous ai pas demandé votre avis ! Rétorqua Lydia, avant de se tourner à nouveau vers son épée. Vous dites donc ! Où se trouvent-elles ? Je ne peux pas vous faire attendre plus longtemps ! Le cavalier et le dinosaure échangèrent un regard atterré, et sans dire un mot, le colosse souleva Lydia aussi facilement qu'une plume et la chargea comme un sac de patates sur son épaule.
Oh, que n'avait-il pas fait !
— LET ME GO, YOU PIG ! Rugit Lydia en laissant sa soif de magie prendre le dessus, et, euh... Au départ, elle lui envoya juste une corbeille à la figure. Sauf que ladite corbeille était préalablement installée sous un poulet, et qu'au vol, elle percuta un second poulet. Un troisième vit la scène, et scandalisé, pensant de toute évidence que le responsable de ça c'était le grand méchant, hurla vengeance. — Le cochon a un nom, et c'est Ganon ! Rétorqua le colosse en se dirigeant vers le château, avant de s'arrêter quelques mètres plus loin et se gratter les oreilles. A moins que ce ne soit Ganondor.......... — KOKWAAAAAAAAK Le cri de guerre de la volaille le fit marquer une pause. Puis, leeentement, il tourna la tête. Aperçut deux mille poulets qui lui fonçaient dessus avec une agilité à faire peur à un Oiseau Enragé. Le dinosaure avait l'air d'être à Noël. — Mangeeerr, s'écria-t-il joyeusement, mais se retrouva embarqué sous l'autre bras du gros méchant qui cria : — A COUVERT !!! VOUS NE SAVEZ PAS CE QUE VOUS AVEZ DECLENCHE ! — Well, no, I don't, fit Lydia tout à fait stoïque. Puis elle vit les poulets annihiler complètement une statue sur leur passage et décida qu'ils avaient raison en fait.
Pendant ce temps, la princesse, sur le cheval noir, libérée, s'en allait, délivrée, vers le soleil couchant en riant comme une hystérique.
Le colosse et Lydia fermèrent la porte du temple couverts de sueur et de plumes de poulet. Yoshibleu sautillait autour d'une épée plantée au beau milieu du temple, illuminée d'une lumière surréelle qui tombait du ciel... Un bouclier était accroché à celle-ci, et en tirant, tout simplement, on devait pouvoir les obtenir. … Et Lydia les ignora complètement et se dirigea tout droit vers un coffre de bois vermoulu qui était, certes, techniquement face à elle puisqu'elle n'était pas tournée vers le cœur de la pièce mais vers la droite. Ganon resta bête, la regarda se diriger, et se laissa choir pour s'asseoir par terre. Yoshi s'approcha de lui et lui dit, tandis qu'ils regardaient Lydia s'accroupir devant le coffre et s'esquinter à tenter de l'ouvrir : — Je suis désolé. Maman elle est géniale mais un peu bête aussi. _Je vois ça, fit-il blasé. Les collègues me croiront jamais. Tantantantan-tatadaDAAAAA !!! Lydia leva les bras en l'air, et une vieille épée qui devait faire sa taille apparut en flottant au-dessus de sa tête accompagnée d'une musique de victoire pourrie, une vieille épée en bois complètement vermoulue, ainsi qu'un bouclier en bois où la tête d'un poulet était dessinée. Vu l'extase sur le visage de Lydia qui s'en para aussitôt et pointa l'épée de bois vers Ganon en criant qu'elle était maintenant prête à lui faire honneur, elle s'y croyait vraiment. Ganon fut tellement dépité, et Yoshiblue tellement atterré, que le premier essaya d'en finir le plus vite possible et le second ignora complètement le fait que sa môman aurait besoin d'aide. Cependant, il s'avéra que Lydia avait raison, parce que si en fait, en tentant d'esquiver ce qu'elle n'avait jamais été fichue de faire et puis que de toute façon elle n'avait pas vraiment envie de faire puisqu'elle était tombée amoureuse de l'épée – suivez un peu ! - elle se cassa la figure et son épée partit valdinguer en avant droit dans le groin du porc. C'était un truc en bois tout moisi, et c'était une colosse qui n'avait pas mal à cause d'une écharde dans le nez, mais cela le fit éternuer, et il subit le contrecoup de sa puissance : il éternua si fort que l'élan le projeta dans le mur et lui fit tomber toute l'aile du temple sur le nez.
Aussitôt, une sorte de fanfare retentit, et elle entendit des bruits de pas, parmi lesquels, à l'odeur, elle aurait pu jurer que la petite fille et ses acolytes revenait à la charge. Le dinosaure, incrédule, dut aller vérifier que le porc était bien K.O, et sauta en l'air, faisant des pirouettes dans les airs avec ses petites ailes, criant : — T'as gagné môman ! T'es la meilleure ! Elle ne semblait pas partager la même opinion, aussi sidérée que les autres, à regarder le tas de gravat. Mais bon, elle allait avoir sa médaille, et le droit de sortir d'ici !
… Enfin, normalement ?
Dolores Keller
Messages : 118 Date d'inscription : 07/02/2014 Age : 28 Localisation : En train d'ausculter
Aujourd'hui dans le cabinet l'ambiance n'était pas vraiment à la politesse et à la recherche, non, ce jour là était surtout réservé aux douces insultes et aux critiques faciles, histoire de changer les habitudes disons. D'un côté, Dolores, homonculus doctoresse qui aimait savoir que ses recherches et son travail était considéré comme le meilleur de son domaine, de l'autre, Aiko, tanuki et apothicaire de profession, qui aimait faire concurrence à son adversaire en vendant des produits à bas prix mais à l'efficacité douteuse. Leurs rencontres au cabaret étaient rares mais se révélaient souvent être un moment à éviter lorsqu'on était dans les parages. Malheureusement, elles étaient inévitables car Aiko était la fournisseur officielle de Doctoresse pour ses expériences en laboratoire. La violence était inexistente évidemment, mais la tension qui régnait dans les lieux suffisait pour faire s'évanouir un être humain normalement constitué (notamment Adam, qui l'a appris à ses dépends).
- Elle est toujours en vie ta bestiole ? Toujours aussi débile en tout cas. - Essaye de communiquer, je suis sûr que vous vous comprendrez très bien. - C'est toi qui lui fait son éducation ? Il vient de poser une fiente sur sa tête… - C'est pour te ressembler, il essaye de communiquer je t'ai dit. - Les yeux tordus, c'est de famille ? Il te ressemble un peu… - S'il louche c'est parce qu'il te trouve laide. Essaye de te transformer en colombe pour voir ? - Oh, il essaye de sortir, il n'a pas compris qu'une porte fermée l'en empêchait. - Et tu n'as pas compris que parler pouvait endommager ton cerveau de raton laveur ? - Hahaha ~ - Haha ~
C'était l'exemple parfait des échanges entre Dolores et Aiko. Aucune n'élevait la voix, mais on pouvait presque ressentir les pulsions meurtrières émaner des deux femmes qui se faisaient face à face. Adam était devenu le souffre douleur favoris de la tanuki, de tout le monde en fait, mais la yokai avait tellement peu d'occasion d'embêter des humains sans les tuer et récupérer leurs organes que le jeune assistant terminait souvent la journée à moitié mort sur le parquet du cabinet lorsqu'elle était là. Ce jour-là en revanche, il était introuvable sur le parquet, ni sous la table, ni dans le placard, et pas pendu à la fenêtre non plus.
- Qu'est-ce que tu lui as fait encore ? - Rien rien, je t'assure, enfin je crois… Attend… Oui non, je lui ai à peine dit bonjour. - Pourtant il ne disparaît pas aussi facilement. Adam ? Adaaaaaaam ? - Si tu rangeais mieux tes affaires aussi. Oh une main là ! - Quoi ?! - Nan je plaisante ! Bwahah comme t'as flippé ! - Hein ? Même pas, c'est juste que…
La fenêtre du cabinet s'ouvrit alors dans un puissant coup de vent, interrompant la dispute pacifiste des deux collègues. Quelque chose fondit alors dans leur direction en passant par la fenêtre, mais il fut rapidement réceptionné par Aiko qui l'attrapa au vol par simple réflexe. Intriguée elle ouvrit la main, dévoilant une petite fléchette tribale décorée de plumes rouges et finement affûtée.
- C'est quoi cette blague ? Adam joue aux fléchettes sur le toit d'en face ? - Non il vise comme un pied… Ah, en revoilà.
En effet une myriade de fléchettes fusa dans leur direction, profitant de la fenêtre ouverte pour entrer dans le cabinet. Aiko se transforma instantanément en pieuvre gigantesque et attrapa tous les projectiles au vol avant de reprendre sa forme humaine, comme si de rien était. Dolores récupéra une des fléchettes et la regarda sous toutes ses coutures, curieuse.
- Hmm, on dirait un truc aztèque ou péruvien. Tu crois qu'ils font aussi des bonnets ? - Hm, une silhouette bizarre approche…
Les deux jeunes femmes plissèrent simultanément les yeux afin de distinguer la silhouette qui sautait de toits en toits dans leur direction. L'individu franchit alors la fenêtre et roula dans le cabinet avant de se relever dans un « ougah » énergique. Caché derrière un immense masque tribal et armé d'une sarbacane rose, la drôle de chose commença à danser au milieu du cabinet afin de détourner l'attention de son public.
- Tu m'as droguée ou quoi ? - Bah euh… non.
Profitant de l'étonnement des deux jeunes femmes, le drôle de zouave sortit une balle de derrière son masque et la jeta par terre. L'objet explosa dans une fumée rosâtre qui occupa rapidement toute la pièce.
- Du gaz ? Oh, il sent bon ! Oh ça sent même suuuper boooooooon…… - Ha ! Du gaz soporifique, trop facile, moi je suis immunisée ! Aïe ! Eh, ne plante pas des fléchettes à la main comme ça, ça fait super mal ! Hm, oh, oooh c'est tout flooooooou…
Les deux jeunes femmes s'écroulèrent ensemble par terre, profondément endormies. L'homme masqué continua à danser gaiement devant les deux corps inertes. Les deux personnages du récit étant inconscientes, il est impossible de continuer la narration, du moins jusqu'à ce qu'elles se réveillent…
***
- …toooooi…
Allongée sur le sol froid et humide, Dolores se réveilla difficilement, jusqu'à se sentir secouée violemment par des mains qui n'étaient pas les siennes. En prenant le temps d'ouvrir les yeux, elle comprit rapidement qu'Aiko la secouait violemment comme un vulgaire sac à patate, comme si elle prenait un malin plaisir à voir la tête de son amie faire des va et vient ridicules.
Enfin complètement réveillée, Dolores se frotta les yeux, l'air de rien, puis repoussa violemment Aiko, toujours l'air de rien, avant de se lever, encore l'air de rien. Elle se tourna alors vers la tanuki qui venait juste de se relevée, comme si de rien était.
- Ah mais t'es là toi ? Je peux pas être enfermée sans que tu me colles en fait. Tu m'aimes tant que ça ? - Tu ronfles comme une grosse, tu sais ça ? - Toi aussi, c'est pour ça que tu as une patate dans la bouche. - Quoi ? J'ai rien dans la… - Ah pardon c'est ton nez ! Je confonds souvent.
Dans une tension toujours électrique, les deux jeunes femmes se tournèrent le dos et commencèrent leurs investigations chacune de leur côté, en prenant soin de gêner l'autre de temps à autre pour pouvoir être en avance sur sa concurrente. Les murs étaient tous en pierre épaisse, la seule lumière qui permettait de discerner quelque chose provenait d'un quart de cercle incrusté dans un mur dont l'étrange matière intrigua les deux jeunes femmes. Chacune s'y arrêta alors en même temps, cherchant à trouver l'origine de l'objet avant l'autre. Une inscription gravée dans la roche juste en dessous de l'objet mystérieux indiquait : « Premier quart de lune ». Aiko, perplexe, se recula de quelques pas et contempla l'objet silencieusement, tandis que Dolores restait près afin de pouvoir comprendre réellement de quoi il s'agissait, et aussi pour gêner la vue de la yokai, surtout pour ça en fait…
- Tu peux pousser tes grosses fesses made in Germany ? - T'as qu'à t'approcher si tu préfères.
Agacée, la jeune femme s'approcha donc et poussa « malencontreusement » Dolores, qui, agacée la poussa à son tour, et ceci pendant plusieurs minutes, le quart de lune n'étant plus du tout le centre d'attention. Les bousculades étant chacune plus violente que la précédente, les deux jeunes femmes finirent par se taper dessus sans ménagement, tout en prenant le quart de lune comme excuse scientifique. Au final, Aiko était transformée en ogre et Dolores était recouverte de pierre, et toutes deux s'envoyaient valser contre les murs de la pièce, sans prendre vraiment compte du plafond qui commençait à s'écrouler. Leur lutte ridicule prit fin lorsque la doctoresse s'écrasa contre le quart de lune qui, au lieu de se briser, s'enfonça dans le mur, ouvrant une porte à sa droite en toute simplicité.
- …Trop facile ! - Une énigme pour débutants, rien de plus.
Reprenant leur calme, les deux femmes reprirent leur forme initiale et sortirent de la pièce en toute simplicité, prenant soin d'arranger leurs cheveux qui s'étaient décoiffés durant leur petite escarmouche. À l'extérieur la salle était étonnamment lumineuse, par le miracle de la nature, ou probablement grâce aux champignons lumineux qui poussaient sur le plafond. De l'herbe s'étendait sur le sol de l'immense couloir en pierre qui s'enfonçait au plus profond du temple dans lequel Dolores et Aiko étaient enfermées.
- Je me demande où on est. - C'est pas en restant ici qu'on trouvera la solution. - Pour une fois, on pense la même chose.
La traversée du couloir se fit pour une fois sans heurt, chacune étant occupée à examiner un des champignons phosphorescent, l'une pour le changer en médicament ou en onguent, l'autre pour le cultiver et le vendre à prix coûtant. Le couloir enfin terminé, les deux scientifiques arrivèrent dans une grande salle ronde, décorée de huit portes le long du mur courbé. Étrangement les portes ne collaient pas du tout au décor, bien que les murs soient faits de pierre humides recouvertes de mousse, les portes n'étaient que de simples planches de bois affublées d'une poignée ronde de simple facture. Au centre de la pièce, une clé, accrochée à une ficelle, pendait du plafond.
- La bonne blague, je déteste les jeux de hasard. - Forcément quand tu peux pas tricher.
Aiko décrocha la clé puis la lança à la doctoresse, l'invitant à ouvrir une porte en premier. L'homonculus hésita porta son dévolu sur la première porte à sa droite. Elle s'en approcha sans un bruit puis inséra la clé dans la serrure cachée sous la poignée ronde de la porte. Dans un son mécanique, le verrou de la porte s'ouvrit, laissant s'entrebâiller la porte dans un grincement lugubre. Hermétique à tout ce genre de colifichets de livres d'horreurs, la jeune femme ouvrit la porte en grand. Derrière, le noir complet.
- Y a quelqu'uuuun ? - Eeeeeeerrhhh…
Intriguée, Dolores se recula de quelques pas et plissa les yeux, comptant sur ses yeux d'homonculus pour voir ce qui se cachait dans le noir. Aiko, voyant que sa collègue galérait quelque peu, s'avança à son tour et transforma sa main en chandelier afin d'illuminer l'intérieur. Un visage apparut alors, légèrement moisi, la mâchoire pendante et dépourvu d'un œil. Surprise, la tanuki fit un mouvement de recul, puis illumina le reste du corps du cadavre qui la regardait.
- Ouh, elle a morflé celle là. - Une morte-vivante ! Génial ! Elle en est au stade avancé de décomposition, c'est dommage… - J'aaaaaaaaai… maaaaaaaaaal. - Oui je pense bien, mais laissez moi vous ausculter avant de… Wouah !
Tirée rapidement en arrière, Dolores manqua de tomber à la renverse, évitant de peu de se faire attraper par la femme zombie et ses mains moisies. La doctoresse râla deux secondes puis se rapprocha de la morte-vivante, voulant à tout prix l'ausculter. Dolores qui souffrait d'une peur viscérale de la mort vouait une véritable passion envers les zombies dont le mystère intriguait tout scientifique qui se doit (Aiko aimait beaucoup les zombies car ils lui achetaient toujours une caisse de crème anti décomposition). La yokai de son côté se dirigea vers une autre porte, comprenant que celle choisie par Dolores était la mauvaise.
- Hm ? Eh dis, y avait cette tâche rouge sur la clé tout à l'heure ? - Faites aaaaaaaaa… - Aaaaaaaaaaargh…
Abandonnant toute idée de communiquer avec la jeune femme, Aiko enfonça la clé dans une deuxième serrure. La porte s'ouvrit de la même façon que la première, et laissa entrer dans la pièce ronde une nouvelle femme zombie, vêtue de jaune cette fois-ci, l'autre portant une robe verte.
- Eeeeeeeeeerhg - …Booooooon. La prochaine sera la bonne ? - Ooooh une autre ! Bonjour madame ! Venez venez !
Sensiblement énervée, Aiko continua son travail et ouvrit deux autres portes, elles aussi renfermant une femme zombie, plus ou moins décomposée que la précédente. Seule Dolores semblait s'amuser au milieu de ces femmes mortes, courant à travers la salle pour examiner chaque zombie sans perdre de temps.
- Cette clé devient de plus en plus rouge, c'est quoi cette histoire ? - Ah non non, on ne mange pas mes doigts, ils ne sont pas comestibles !
Continuant son affaire, la tanuki ouvrit deux autres portes, qui elles aussi laissèrent entrer de nouveaux cadavres ambulants, aussi peu accueillants que les précédents.
- Bon les dégueus vous me gonflez, laissez moi sortir ! - Allons allons, une à la fois.
L'urgence se faisant sentir, les deux jeunes femmes finirent acculées contres les deux dernières portes qui étaient côte à côte. Aiko hésita entres les deux portes, priant pour ne pas laisser entrer un nouveau zombie dans la salle, qui commençait déjà à devenir petite. Heureusement pour elles, les intruses marchaient lentement, suffisamment en tout cas pour laisser le temps à la yokai d'ouvrir ce qui sera sans doute la dernière porte. Une chance sur deux, soit c'était la sortie, soit c'était de la pâté pour les zombies. Priant intérieurement, Aiko ouvrit la porte de gauche dans un élan de courage et de volonté, certaine que cela allait être la bonne.
- Eeeeeeeeeerh… - Et merde. - Ma foi, je serai ravie de vous retrouver à mon cabinet, voici l'adresse… - Oh docteur là, t'arrêtes ta connerie ET TU ME DONNES UN COUP DE MAIN ! - Hm ? Tu sais pas ouvrir une porte ? Je te pensais pas aussi incompétente.
Frustrée, Dolores arracha la clé complètement rouge des mains de sa partenaire et ouvrit la porte avant d'être poussée par la yokai qui ne cherchait qu'une seule chose, sortir d'ici au plus vite, tant pis si l'homonculus était trop débile pour vouloir rester derrière. Mais contre toute attente, la porte s'ouvrait, elle aussi, sur de l'ombre opaque, de laquelle s'élevait une voix qui résonnait avec les sept autres.
- Eeeeeeeeeerh… - Hein ? HEEEEEEIN ? C'est quoi cette blague !? Bon rien à battre, je me tire d'ici. - Des octuplées zombies ! C'est magnifique !
Alors que la tanuki s'apprêtait à se transformer en mouche et s'éloigner le plus possible du harem de morte-vivante, les champignons fluorescents s'éteignirent tous en même temps, plongeant la grande pièce dans le noir le plus total. Les femmes zombies cessèrent de geindre, tout comme Dolores et Aiko qui se turent sous l'effet de la surprise. Alors, une voix cristalline s'éleva dans la pièce.
- Anne, ma sœur Anne… Ne vois-tu rien venir ? ~
Soudain, le plafond s'ouvrit, laissant descendre une plateforme ronde entourée de brume artificielle. Du trou du plafond jaillit une intense lumière, éclairant la silhouette imposante qui se tenait sur la plateforme toujours en train de descendre. Les bras croisés, une barbe bleuâtre impressionnante, l'homme profita de toute sa prestance pour faire une entrée remarquable.
Les zombies, criaient en effet le nom du beau lord qui descendait fièrement sur sa plateforme. Plus question de laisser pendre sa mâchoire, chacune tenta de rajuster les morceaux de peau qui pendait pour apparaître plus vivante que la voisine.
- BARBE-BLEUE ! C'EEEEST MOI ! BONSOIR LE TEMPLE MAUDIT ! - Iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiih ! - Allez les girls, montez sur scène ! On va faire le shoooow !
Les femmes zombie ne se firent pas prier et accoururent sur la scène, prenant garde à ne pas perdre une rotule au passage. Chacune se positionna derrière le grand barbu qui venait de sortir un micro de son imposante veste ornée de fils d'or.
Dans la vie ~♪ Je ne suis pas très gentil ~♪ Je tue, j'égorge et j'extermine ~♪ Ma barbe bleue n'est jamais salie ~♪ Ma fiancée m'a toujours trahie ~♪ Aaaah Aaaah Aaaah ~♪ Ouiiiiiiiiiiiiiiii maaaaais c'eeeest… LA VIEla vie LA VIE la vie LA VIE D'AUJOURD'HUIIIIIII LA VIE DE MA VIE QUI VIT TOUTE SA VIIIIIIE LA VIEla vie LA VIE la vie LA VIED'AUJOURD'HUIIIIIII De la viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !
Éberluée, Aiko ne sut plus quoi dire. Devant elle, le grand barbu entamait une chorégraphie parfaitement huilée accompagné de ses huit femmes zombies qui bougeaient parfaitement synchronisées tout en assurant les choeurs de leur idole. Ne pouvant s'empêcher de grimacer de dégoût, la yokai se tourna vers Dolores pour lui demander de ne pas prêter plus longtemps attention à ce taré et de partir avec elle.
- Bon, tu viens ? - La vie la vie la vie la vie ~♪ D'aujourd'huiiiiiiiiiiiiiii ! - TU VAS PAS T'Y METTRES !?
Tandis qu'Aiko secouait sa partenaire pour l'empêcher de chanter et d'accompagner Barbe-Bleue, ce dernier continuait son formidable spectacle, illuminé par les champignons qui prenaient différentes couleurs en rythme avec la voix du chanteur. Des portes ouvertes commencèrent à sortir d'autres zombies, probablement le public, qui occupa rapidement la pièce entière à chanter avec leur star et d'imiter sa chorégraphie.
Dans la vie ~♪ Je ne suis pas très gentil ~♪ J'écrabouille et j'engloutis ~♪ Je broie je brûle et j'incendie ~♪ Il incendiiiiiiiiiiiie ~♪ Ouiiiiiii ! Aujourd'huiiii ! C'est ainsiiiiiii ! Je tue j'étrangle j'incinère je décapite je tranche je hache je mouline je noie j'enferme j'étrangle oui maaaaaaaaaais ~♪ Pour le plaisiiiiiiiiiiiir ! De… LA VIEla vie LA VIE la vie LA VIE D'AUJOURD'HUIIIIIII LA VIE DE MA VIE QUI VIT TOUTE SA VIIIIIIE LA VIEla vie LA VIE la vie LA VIE D'AUJOURD'HUIIIIIII LA VIE DE TA VIE QUI VIT POUR TA VIIIIIIIIIE De la viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !
- De la viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie ! Wouah j'adooooore ! Je veux une chorale avec plein de Manfred ! - BARBE-BLEUE ON T'AAAAAIME ! - RE TUE MOOOOOI ! - Oh mince, j'ai perdu ma mâchoire… - EMPALE MOI DE TON ÉPÉÉÉÉE ! - FAIT DE MA CLAVICULE TON CURE DEEENTS ! - LA VIEla vie LA VIE la vie LA VIE D'AUJOURD'HUIIIIIII - FERMEZ LAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!
Silence dans la salle. Les lumières reprirent leur teinte initiale, la musique s'interrompit, tous les zombies du public se tournèrent vers Aiko et Dolores, cette dernière toujours en train de chantonner la chanson du personnage de conte.
- Qui êtes-vous ? Vous n'êtes pas mortes ? - Nan, et je veux sortir d'ici. Alors Claude François tu la fermes et tu nous laisse passer. - Je ne sais pas qui est ce Claude, ni même s'il existe à votre époque, mais je ne suis pas lui. Je suis BAAAAARBE-BLEEEEE- - Oui bon, je m'en fous. Quoi, pourquoi vous me regardez ? Vous avez un problème les moisis ?
Le public, outré, sortit de la salle et fermèrent les portes derrière eux, laissant Dolores et Aiko en compagnie du chanteur et de ses choristes. L'homme, visiblement agacé, dégaina alors son épée et la pointa en direction de la tanuki qui, visiblement, n'était plus d'humeur à jouer.
- Bien, je crois que nous devons interrompre le concert. Il me faut ajouter une nouvelle morte à mon public. En garde, petite sotte. - Ouais, à d'autres. - La vie, la vie oui la vie ~♪ - C'est pas vrai… Bon.
Les bras croisés, Aiko continua de râler avant de se transformer à son tour en une épée et força Dolores à la prendre dans sa main. La doctoresse, qui comprit enfin que le concert était interrompu, eu du mal à réaliser sur le champ ce qui était en train de se passer. Mais en voyant Barbe-Bleue fondre sur elle, la pointe de son épée en avant, elle para dans un réflexe inattendu et enchaîna avec une superbe estocade faisant reculer le compte un peu plus loin.
- Pourquoi je dois l'attaquer en fait ? - Parce-qu'il a critiqué ton travail et a dit que Manfred était raté. - Ah, d'accord.
En entendant les mots de la tanuki, Dolores changea radicalement d'expression et afficha une mine terriblement effrayante, nourrie de pulsions meurtrières insoupçonnées. La jeune femme se tourna alors vers le chanteur et se précipita sur lui à une vitesse déconcertante. Enchaînant les parfaits coups d'épée, la doctoresse fit preuve d'une force et d'une agilité sans pareil mais le compte parvenait à lui tenir tête, encouragé par ses huit groupies qui l'encourageaient de tout leur cœur (pour celles qui en avait encore un). Amusée par ce petit combat, Dolores parvint enfin à désarmer le barbu, après avoir fait une diversion en pointant du doigt le plafond. Déstabilisé, l'homme fut alors poussé en arrière et vit l'épée, du moins Aiko, se planter à deux centimètres de son visage.
- Mais mais, je n'ai jamais dit ça ! Je ne suis qu'un humble chanteur ? Et d'abord, qui est ce Manfred ? Un humain ? - Ouh, c'est une insulte ça Dolores, c'est pas gentil. - Hmmm ça passe pour cette fois, en plus j'aime bien sa chanson.
L'expression meurtrière de l'homonculus disparut alors aussi vite qu'elle était apparue, laissant de nouveau place au visage naïf et amusé de la Dolores que tout le monde connaît. Aiko reprit à son tour sa forme initiale et en profita pour s'asseoir sur Barbe-Bleue, faisant naître une grande jalousie chez les huit cadavres ambulants qui étaient restées en retrait le temps du combat.
- La vie, oui la vie ~ - Allez, on sort d'ici, marre de voir ces têtes moisies. Et arrête de chanter toi. - La vie d'aujourd'huiiiiiii ~
Sans prêter attention au chanteur qui venait de se relever, les deux jeunes femmes montèrent sur l'estrade qui s'activa alors et remonta en direction du plafond. La plateforme arrêtée, Dolores et Aiko sortirent de la petite salle dans laquelle elles venaient d'entrer, et pénétrèrent dans ce qui semblait être une prairie, entourée d'arbres dont la présence était inexplicable puisque le ciel était absent et remplacé par un plafond de pierre. Quoi qu'il en soit, l'aventure n'était pas encore terminée, au grand dam d'Aiko qui poussa un soupir de déception, croyant enfin être sortie de ce maudit temple. Passa alors une hirondelle, qui en volant juste au-dessus de la tête des deux sembla narguer ces dernières. Agacée, la yokai attrapa un caillou qui traînait par là et le lança sur l'oiseau qui se le prit de plein fouet et disparut derrière un arbre.
- Sale piaf. Bon, faut trouver une sortie. - C'est étrange qu'un écosystème puisse exister dans un endroit pareil, à croire qu'ils n'ont pas besoin de soleil pour survivre. C'est la vie la vie ~ - Oh pitié, arrête avec cette chanson. - Oh ? Moi j'aime bien ! Hm ? Dis, l'herbe grandit là où c'est moi ? - C'est quoi cette histoire encore…
En effet, l'herbe que les deux jeunes femmes foulaient était actuellement en train de grandir à vue d'oeil. Elles comprirent alors que c'était elles qui rapetissaient incroyablement vite, suffisamment en tout cas pour arriver à la taille d'un brin d'herbe en quelques secondes.
- Oh, je ne m'y attendais pas. - Hey ! C'est toi qui a fait ça ?
Aiko venait d'apercevoir l'hirondelle qu'elle avait attaqué quelques secondes plus tôt les toiser de haut, perchée sur une branche. L'oiseau pencha la tête à droite puis à gauche, avant de commencer à rire doucement puis de répondre par sa voix suraiguë.
- Hihihi ! Bien fait pour vous, vous n'aviez qu'à pas me lancer cette pierre. Maintenant, débrouillez vous ! - Hein ? Maudit oiseau, rend nous notre taille ! - Nan. - Tu peux répéter ? - J'ai dis, Nan. - Oh, bonjour madame l'hirondelle, que faites-vous ici par une si belle journée ?
Une grosse voix venait d'interrompre la petite dispute entre la tanuki et l'oiseau. Les deux jeunes femmes se tournèrent alors et découvrirent un immense crapaud qui de sa stature imposante ne les avait même pas remarquées. Dolores poussa alors un cri d'admiration, excitée à l'idée de voir un crapaud géant lui faire face.
- Il est tout gluant et il paaaaaarle ! Je peux le garder ? - Hmm ? Qui êtes vous ? - Je te présente madame Crapaud.
Aux mots de l'hirondelle, Aiko se transforma en crapaud à son tour, contre sa volonté évidemment. La tanuki, réalisant qu'elle avait maintenant la tête d'une grosse grenouille, poussa un cri et se tourna vers l'hirondelle qui rigolait gaiement derrière son aile.
- Comment t'as fait ça ? Je peux pas me retransformer ! - Madame, vous a-t-on déjà dit que vous étiez dotée d'une beauté saisissante ~ ? - Pfffwahahaha !
Voyant le monsieur crapaud tenter de séduire la yokai, Dolores ne put s'empêcher de glousser de rire en voyant la scène. Aiko quant à elle vociférait comme jamais, repoussant la masse gluante avant de s'éloigner en sautant comme les batraciens.
- Quel raffut par ici, quel est tout ce bruit, on vous entend là-dessous. - Oh monsieur Taupe !
Une immense taupe venait en effet de sortir de terre, la tête pleine de terre et des petites lunettes posées au bout du nez. Visiblement aussi myope que Dolores, la petite grosse bestiole se tourna vers la doctoresse et, trompé par sa vue, sentit son cœur battre la chamade. Il s'approcha alors de l'homonculus et pointa son nez à quelques centimètres de la tête de la jeune femme.
- Vous êtes nouvelles par ici ? Je n'ai jamais vu une jeune dame aussi belle et myope que vous, votre odeur ne me dit rien, c'est du jasmin ? - Hahaha ! Alors madame taupe, on se promène ? - Oh, votre rire chère dame me séduit au plus haut point, j'ai l'impression d'entendre une perle chanter. - Eehw, me touche pas ! - J'ai trouvé quelques vers de terre à grignoter si vous voulez, vous souhaitez venir avec moi ? - Ce serait avec plaisir mais je ne mange pas ce genre de chose, voyez vous je préfère les sauterelles séchées. - Oh ! Moi aussi ! C'est incroyable ! - C'est vrai ? Je croyais être la seule à aimer ça ! Vous savez, je connais une fille, Pipistrella, qui voyage beaucoup, et un jour elle m'en a ramené d'Angleterre, probablement une importation d'Inde ou quelque chose de la sorte. J'en avais jamais goûté jusqu'à récemment, et alors c'est vraiment troublant. On sent le corps de l'insecte croustiller sous la dent, et cela dégoûte beaucoup de gens, c'est tout à fait normal, les insectes sont des individus comme nous autres et c'est mal vu de manger d'autres êtres vivants. Quoi que le bétail n'entre pas vraiment dans ce genre de catégorie puisque on en mange sans scrupule, en revanche lorsqu'on montre à ces personnes ce que les bêtes étaient avant d'être de la viande, leur conception de cette même viande change du tout au tout, c'est inouï n'est-ce pas ? La viande qu'ils mangent restent pourtant la même, et la plupart du temps l'homme cherche à s'instruire et est très curieux. Or ! Lorsque cette curiosité touche les besoins primaires comme manger ou aller aux toilettes, la curiosité devient malsaine et la connaissance qu'on en ressort provoque le dégoût. Je trouve cela fascinant de voir que le jugement des gens peu changer très facilement, c'est pour cette raison que je travaille sur la médecine des monstres. Oh ! Je n'aurai pas dû vous le dire, mais vous êtes une taupe alors ce n'est pas gênant. Comme vous ne me courrez pas après comme votre ami crapaud, j'en profite donc pour continuer de parler, ce la fait longtemps que je n'ai pas pu partir dans ce genre de réflexion à voix haute. C'est vrai tiens, depuis qu'Adam est chez moi, il semble penser à ma place et je parle moins souvent toute seule. Faut dire, avec Manfred et Yvonne, je suis rarement seule. La solitude pèse beaucoup dans le quotidien des gens vous savez ? La plupart du temps elle pèse du mauvais côté et cela peut nuire, mais pour d'autres elle pèse du bon côté et permet une efficacité de travail optimale ! Nous devrions réfléchir sur ce concept et répartir les travailleurs solitaire dans un milieu adéquat afin de faciliter la production. Mais cela n'est pas intéressant, l'économie, tout ça, ça n'a aucun intérêt, enfin si, ça en a, mais pas pour une scientifique comme moi. Je préfère nettement les organes et les compositions cellulaires des gens plutôt que l'économie et le marché d'aujourd'hui. C'est fantastique cette mixité d'intérêts que compose l'humanité vous ne trouvez pas ? Imaginez une société où tout le monde aimerait la même chose, cela ne pourrait pas tourner, c'est évident. Où serait le poissonnier qui aime ses poissons s'il aime comme tout le monde l'économie et la politique ? Cela ferait couler le marché de la pêche, et pour ainsi dire, bouleverser l'écosystème marin ! Oui car il est clair que l'homme fait dorénavant partie intégrante de l'écosystème car il participe lui même à la sélection naturelle. C'est troublant dit comme ça, cela placerait l'homme à l'égal de la nature, alors que lui aussi est soumis à la sélection naturelle. Saviez vous que le poisson confère énormément de protéines ? C'est d'ailleurs pour cette raison que l'on trouve plus facilement de vieux poissons que de vieilles vaches. Enfin, pas vieux poissons, je veux dire des poissons d'une espèce ancienne. C'est difficile à comprendre comme ça, surtout que les sirènes sont très anciennes elles aussi, pourtant elles détestent manger du poisson, leur métabolisme les rejette et crée des allergies monstrueuses. Un jour j'ai même dû soigner une famille entière de sirènes qui étaient atteints par l'allergie. Fulgurante ! C'est à ce moment là que j'ai commencé à m'inquiéter à propos des épidémies dans les espèces non-humaines. Je me trouve assez formidable de temps en temps, pas vous ? Beaucoup de personnes pensent que parler tout seul rend fou, mais c'est plutôt ne pas se parler qui peut nous conduire à l'asile. Prenez moi comme exemple. Je me dis bonjour chaque matin, et je me demande si je vais bien. Et regardez, je vais parfaitement bien ! Tiens, ça me fait penser, je ne me le suis pas encore demandé. Bonjour moi-même ! Tu vas bien ? Oh ! Eh bien oui, je vais bien. C'est fantastique ! Vous devriez essayer Monsieur Tau-… Hm ? Il est parti. - Évidemment ! Vous les humains vous parlez vraiment trop…
Ne comprenant pas vraiment pourquoi son charmant interlocuteur avait disparu, Dolores se tourna vers l'hirondelle, à la fois vexée et satisfaite d'avoir été traitée d'humaine, chose qui était rare mais plaisante, surtout par rapport au travail du père Keller qui avait veillé à la fabrication de sa fille.
- Vous savez, je ne suis pas vraiment humaine, mais me dire ça fait honneur au travail de mon père. Dire qu'un homonculus est humain est vraiment gentil et pas gentil dans le sens poli, mais gentil dans le sens suffisamment intéressé pour toucher le cœur de la personne qui se sent complimentée, moi en théorie. Je me suis souvent- - Oh non c'est bon hein, pas deux fois, allez vous-en vous me fatiguez.
L'hirondelle, refusant toute idée d'écouter Dolores partir dans ses délires une nouvelle fois, disparut derrière un arbre dans un battement d'aile. Alors, l'herbe entourant la doctoresse sembla rapetisser de plus en plus, jusqu'à reprendre sa taille initiale, tout comme la jeune femme qui n'avait pas vraiment calculé qu'elle avait été rapetissée par une hirondelle parlante. Alors, deux crapauds sautèrent aux pieds de l'homonculus, l'un, probablement une femelle, vêtue d'une robe de mariée et l'autre cherchant à tout prix à récupérer sa promise. Amusée, Dolores attrapa les deux crapauds et tenta de forcer la madame à faire un bisous à son futur époux, mais la bestiole gigota dans tous les sens puis s'évapora soudainement dans un nuage de fumée. Aiko réapparut alors, dans sa jolie robe de mariée (qu'elle ne tarda pas à arracher sauvagement), visiblement énervée d'avoir été poursuivie par un monsieur crapaud, ce dernier déçu de voir que sa promise avait disparut. Dolores reposa l'amphibien par terre et adressa un sourire satisfait à sa partenaire qui visiblement n'était au contraire pas d'humour à sourire.
- Comment t'as fait pour faire partir l'hirondelle ? - On a discuté, elle est très sympathique ! OH ! - Quoi ? - C'était une hirondelle qui parlait ! - Oui et ? - Je n'avais jamais observé un tel cas avant ! Naaaaaaaaaaaaaaan qu'ai-je faaaaaaaaaaaaait ! Si ça se trouve c'était un druide ou une druidesse ! AAAAAAAAAAAH ! Mon génie scientifique s'évapooooooore !
Alors que la doctoresse semblait se tordre de douleur ou de frustration, la tanuki ajusta ses lunettes et fit apparaître sa longue pipe avant de s'enfoncer dans la forêt, sans prêter attention à sa partenaire qui était sur le point de pleurer, à genoux par terre. En levant la tête, la yokai aperçut alors une drôle de fumée s'élever au-dessus des arbres, et voyant que la fumée de venait pas de sa pipe, comprit qu'il s'agissait soit d'un feu de forêt, ce qui était peu probable, soit d'une cheminée. Après avoir relevé sa partenaire qui lui faisait pitié, Aiko, tout en tirant Dolores, se dirigea vers la fumée, dans l'espoir de voir une sortie ou quelque chose de semblable.
- Hmmm ! Ça sent les cookies tout chaud ! - Le gâteau cuit au four…
Bien que les deux jeunes femmes étaient prêtes à s'arracher la tête la plupart du temps, leur estomac respectif pensait toujours pareil face à une pâtisserie. Et en effet, au fur et à mesure qu'elles avançaient en direction de la maison d'où s'échappait la fumée, l'odeur alléchante se était de plus en plus prononcée, attirant ainsi les deux gourmandes. Derrière un arbre apparût alors une petite chaumière, entourée de pavés brunâtres et décorée de briques roses et de tuiles dorées. Curieuses, elles s'avancèrent ensemble vers la maison et commencèrent à la regarder de plus prêt, intriguées par la matière des murs et des pavés sur le sol. Dolores en cassa alors un morceau puis le croqua rapidement, avant de laisser s'échapper un petit « Hmmmmm ! » puis de casser un autre morceau pour le manger à son tour.
- C'est du biscuit ! Tu as vu ? - Hm ? Non non, che manche pas les maichons des chens moi.
La bouche pleine, Aiko ne pouvait s'empêcher de grignoter la maison tout en prétextant qu'elle le faisait pour voir si c'était vraiment du biscuit. Dolores qui avait attaqué les tuiles aux amandes que composait le toit, sembla alors intriguée, comme si quelque chose venait de frapper son esprit. Mais l'amour de la sucrerie revint rapidement au galop et la jeune femme oublia ce qu'elle venait de comprendre, préférant se goinfrer comme sa partenaire, sans pour autant ne pas essayer de comprendre quelle crème avait servi pour faire tenir les fondations. Alors qu'elle léchait les vitres en sucre, Aiko aperçut au travers des meubles en gâteau et un nombre incalculable de pâtisseries toutes plus appétissantes que les autres. Elle se dirigea alors vers la porte et appuya sans hésiter sur la poignée mais fut surprise de voir qu'elle était fermée. Elle toqua donc sur la porte en langue de chat.
- Y a quelqu'uuuun ? - Tire la chevillette, la bobinette cherra. Ah non zut c'est pas celui là… Ah voilà !
La petite voix sembla alors s'approcher de la porte et l'ouvrit doucement, dévoilant une toute petite dame toute ronde, affublée d'un tablier à pois roses, une cuillère en bois dans la main.
- Oooh des invitées ! Entrez entrez ! Installez vous ! - Cool ! Dolores tu viens ? - Hm ? Oui oui !
L'intérieur de la maison semblait beaucoup plus grand que l'extérieur le laissait croire, mais ni Dolores ni Aiko n'y prêta attention, préférant s'installer sur la table en biscuit posée au milieu de l'immense pièce, surmontée d'une nappe pâte d'amande. La petite dame posa alors de nombreuses pâtisseries sur la table, poussant l'homonculus et la yokai à manger autant qu'elles le désiraient. Les éclairs, gâteaux, sablés et autres tiramisu défilèrent sous les yeux des deux jeunes femmes qui se laissaient corrompre volontiers. Cependant, la doctoresse s'arrêta un instant après avoir englouti une tarte à la fraise, comme piquée par son instinct de scientifique.
Une minute, se dit elle, je n'aime pas le sucré moi à la base, pourquoi je mange tout ça alors ? Hm ? Aiko devient toute grosse. Cela me rappelle quelque chose, une maison en pain d'épice comme ça, ça ne court pas les rues, j'en ai probablement déjà entendu parler un jour… Voyons, Barbe-Bleue, l'hirondelle le crapaud et la taupe, puis une vieille sorcière qui mange des enfants dans une maison en pain d'épice… Pourquoi j'ai dit une vieille sorcière ? C'est une adorable… Ooooooh ! - Pssst Aiko ! C'est une vieille sorcière, elle va nous manger ! - M'en fout, ché chuper bon ! - Vous ne mangez plus ~ ?
La petite dame, haute comme trois pommes, venait d'apparaître aux pieds de Dolores, la mine aussi chaleureuse qu'effrayante. Sa cuillère en bois dans la main, elle regardait l'homonculus avec son visage potelé et déroutant. Dolores se leva alors de sa chaise puis pointa sa fourchette à dessert en direction de la petite dame.
- Ton sortilège ne me touche plus Bouboulina ! Moi la célèbre Dolores Keller a compris ton stratagème ! Tu ne nous mangera pas !
Le regard de la petite dame changea alors, dévoilant des petits yeux fourbes dotés d'un air machiavélique. Elle sortit alors des cookies de sous son tablier et les lança sur Dolores qui les contra avec sa petite fourchette. Profitant de sa diversion, la petite dame disparut dans un nuage de sucre en poudre et réapparut debout sur son lustre en chocolat, un bandeau autour du visage ne dévoilant que ses petits yeux de vieilles sorcières.
- Hmmm, je n'aurai pas cru que mon stratagème puisse être percé à jour ! Dolores Keller, tu es un adversaire à ma taille ! Mais combien de temps pourras-tu me faire face à moi ? Kunoichi n°1 des desserts ensorcelés, dame Pidipince ! Yaaaahaaaaa !
À ses mots, la ninja rondouillarde sauta de son lustre et rebondit contre les murs de sa maison, armée de ses kunais en sucre. Dolores attrapa au vol la fourchette d'Aiko et contra les projectiles sucrés avant s'assénir un coup en direction de son adversaire. Cette dernière poussa un rire machiavélique et rebondit par terre pour éviter l'attaque de la doctoresse, avant de projeter des shurikens en caramel qui se fichèrent dans la table biscuit, Dolores ayant évité par une fantastique roulade. Elle récupéra alors les étoiles ninja et les lança à son tour vers la sorcière combattante qui se prit les objets de plein fouet avant de tomber au sol, dans un nuage sucré. La doctoresse s'approcha alors du corps et fut surprise de voir à la place une bûche de noël. Surprise, elle ne put voir la sorcière qui surgit juste derrière en lui lançant plusieurs balles en guimauve. Plantant sa fourchette dedans pour ne pas être touchée, Dolores fut surprise par une explosion de pépites de chocolat qui la repoussa quelques mètres plus loin.
- Tu es impressionnante, Dolores Keller, mais mes techniques sont imbattables ! - Hmpf, tu crois vraiment pouvoir me vaincre aussi facilement ! Aiko ! Position de combat ! - Kouah ? Che manche là !
Après avoir exécuté une fantastique roulade, Dolores attrapa sa partenaire par sa queue de tanuki, la transformant instantanément en une fourchette géante. La sorcière qui ne s'attendait pas à ça, sortit des petites pelles à gâteau à son tour et fondit sur la doctoresse. Le choc fut frontal, d'une intensité telle que les murs de la maison explosèrent dans une tempête de pain d'épice. Les coups s'enchaînaient à une vitesse rare, ponctués par les cris de douleur d'Aiko qui se prenait tous les coups dans son visage de fourchette. Profitant alors d'une ouverte, Dolores chargea toute sa puissance accumulée et exécuta une fantastique attaque tournoyante avant d'enchaîner par un salto arrière afin de planter son arme dans un pan de mur toujours en état. Elle projeta alors ce dernier vers la femme ninja qui sauta par dessus avant d'enchaîner des signes avec ses doigts pour ensuite projeter trois gâteaux à ses pieds.
Apparurent alors des clones d'elle en pâte d'amande, chacune affublées de nunchaku en réglisse. Affublée d'un sourire débordant de classe, Dolores lança sa fourchette en l'air avant de la réceptionner sous forme de deux cuillères attachées par une petite chaîne. La doctoresse courut alors vers les quatre ninja et feinta la première en glissant sur le sol, puis, s'aidant de son arme, elle se redressa et se projeta au-dessus du deuxième clone avant d'atterrir sur la tête de la troisième. Dolores sauta alors vers la véritable sorcière et abattit ses cuillères sur elle. Malheureusement quelques secondes trop tard, car la femme ninja eut le temps de sauter pour éviter l'assaut et d'atterrir sur les deux cuillères, face au visage de Dolores. Les bras croisés et le tablier volant au vent, elle fixa quelques secondes son ennemie de toujours avant de dégainer un gigantesque katana en nougat faisant deux fois sa taille (pas si grand que ça puisque qu'elle est toute petite, enfin.)
- C'est le dernier assaut, Dolores Keller, l'ultime rencontre ! - Tu ne mangeras plus d'enfants, Pidipince, j'en fais le serment !
La ninja sauta alors et tournoya sur elle-même, tranchant presque la tête de Dolores qui évita de justesse. Cette dernière fit un magnifique saut en arrière puis changea à nouveau d'arme, transformant cette fois Aiko en un immense couteau, suffisamment grand pour faire face au katana de la mini ninja. Toutes deux se regardèrent une dernière fois, puis dans un hurlement de rage et de courage, elles coururent dans leur direction respective, la lame de leur arme en avant, prête à en finir avec cette lutte qu'elles ont partagé depuis tant d'année déjà (enfin, quelques minutes en réalité, mais c'est tout de suite moins classe).
Le choc des deux lames trancha les armes aux alentours, s'en suivit alors un échange de coups d'une rapidité incroyable, le couteau et la lame de nougat s'émoussant chacune à chacun des assauts d'une grande intensité. Alors, la sorcière ninja abattit sa dernière carte et dans une ultime technique, utilisa toutes ses armes d'un coup, projetant une myriade de shuriken, de kunai, de gâteaux explosifs et de guimauve meurtrière. L'explosion engloutit toute la forêt dans un nuage de sucre glace. La sorcière retomba alors sur un pied, perchée sur sa cheminée à moitié détruite, le tablier au vent.
- J'aurai eu le dernier mot, Dolores Keller. - Ton orgueil te perdra !
Figée par la surprise, Pidipince eut à peine le temps de se retourner qu'elle fit face à Dolores, armée de son incroyable couteau tanuki. La sorcière eut à peine le temps de brandir son katana qu'il fut projeté plusieurs mètres plus loin, laissant la sorcière complètement désarmée. La doctoresse l'attrapa alors par le tablier et exécuta une sensationnelle prise de catch, projetant le sorcière ronde sur le sol qui s'enfonça même dans la terre, définitivement mise hors d'état de nuire. Après être retombée au sol, Dolores planta son arme à côté d'elle et s'approcha du corps de la sorcière, qui contre toute attente, laissa à nouveau place à une bûche de noël. Surprise, Dolores leva la tête et retrouva la silhouette ronde de la femme ninja, perchée en haut d'un arbre.
- Tu as gagné cette manche Dolores Keller ! Mais nous nous reverrons !
La sorcière disparut alors dans un nuage de sucre, laissant la jeune femme et Aiko qui venait de reprendre sa forme humaine au milieu de ruines en biscuits.
- Hm ? Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? - Je ne peux pas te le dire, une super héroïne se doit de garder son identité secrète. - Si tu le dis. Ah, je crois qu'on a trouvé la sortie.
En effet, derrière un arbre tranché en deux dans le sens de la longue apparut alors une porte derrière laquelle jaillissait une intense lumière, probablement celle du soleil. Aiko partit alors dans sa direction après avoir prit soin de récupérer quelques morceaux de biscuits pour la route. Dolores quant à elle regarda une dernière fois l'arbre sur lequel s'était tenu son ennemie jurée puis suivit sa partenaire, comme si de rien était.
- La vie, oui la vie, la vie d'aujourd'hui ~ - Oh non, tu vas pas recommencer…
La tanuki appuya enfin sur la poignée de la porte, laissant entrer la lumière du soleil dans cette drôle de forêt incontable. … Ou pas.
[Non je n'ai pas fait de fausse manip, c'est faux ~]
_________________ Mes diagnostics se font en #BE9C84. Et Adam crie en deepskyblue /o/
Dernière édition par Dolores Keller le Mar 5 Aoû - 17:51, édité 1 fois
Félicien Matagot
Le Matou du Diable
Messages : 56 Date d'inscription : 08/03/2014 Localisation : Drappés dans la nuit, des yeux verts vous observent
« Tu vas finir par te griller la cervelle en restant comme ça. » Le réprimanda Fabienzo.
En toute réponse, l'intéressé roula sur le ventre babillant quelques mots inintelligibles tels que « chaaleuuur... » et « Booooon... ». Félicien étendu de tout son long, devait être le seul être de la capitale à se réjouir d'une pareille canicule. Dans l'ombre d'un bâtiment, il se dorait voilà plus de deux heures la peau. Trop abruties par la chaleur, ses capacités cognitives s'approchaient de celle d'un légume.
« Moui... À ton stade, ça ne changerait pas grand-chose. »
Lorsque Félicien se réveilla, se fut avec un terrible mal de crâne. À croire qu'un train lui était passé dessus. Le sol était bien plus douloureux que tout à l'heure. Son dos était piqué par une multitude de... Choses ? La chaleur cuisante avait disparu, mais l'air était toujours aussi lourd. Il n'avait jamais vu un pareil endroit de toute sa vie. Il n'avait jamais imaginé un pareil endroit de toute sa vie. Yeux écarquillés, incapables de dire un mot, il contempla la salle immense et dorée. Il l'avait trouvé, la fameuse cité d'or ? C'était lui ! Négatif, pas d'or ici, sauf... dans sa main. Cinq engrenages. Il fronça les sourcils. Comment étaient-ils arrivé là ? Il chercha des yeux une sortie. A l'autre bout de la salle, une porte massive, bardé d'arabesque. De nombreux tuyaux partaient de ça et là. Fonctionnait-elle à la vapeur ? Il aperçut une machine. Les engrenages à découverts laissaient une place vide. Il en manquait. Félicien essaya d'y mettre les siens, mais il restait toujours du vide, peu importe l'ordre. Il devait en manquer au moins deux... Il allait devoir les chercher s'il voulait sortir d'ici. Il se retourna vers la mer de mécanisme qui remplissait la salle. Ça allait être, très, très, très compliqué...
Félicien aperçut un objet rouge sortant du tas d'écrous. Il crut y voir un levier. Peut-être allait-il actionner un quelconque mécanisme qui actionner. Déjà victorieux, Félicien courut auprès de la poignée rouge. Il empoigna solidement, et la fit pivoter. Mais rien ne se passa. Fort contrarié, il se mit à la tourner dans tous les sens.
« Aïe Aïe ! Arrêtez ! »
Il souleva un drôle de petit robot rouge du tas d'engrenage. Pas plus grand que son avant-bras, on aurait dit un jouet pour enfant. En enlevant bien sûr le fait qu'il ne cessait de se débattre et de piailler d'une voix insupportable. Cet endroit n'était décidément pas normal.
« Ewh... Tu es.... Quoi, au juste ? » « Je suis Nono le petit robot ! »
Un long silence suivit cette déclaration. Il n'avait même pas envie de rire. Le pauvre... Mais que faisait-il ici ? S'ils étaient tous deux entrés, il y avait forcément une sortie. Et cette énorme machine semblait être son ticket vers la liberté.
« Tu m'en diras tant... Dis-moi, sais-tu où nous sommes ? »
« Bien sûr bien sûr ! Alors, selon mes fichiers, nous sommes précisément.... Nulle part. Ce lieu n'est pas répertorié. »
Félicien le fixa avec une moue pincée, s'interrogeant sérieusement sur l'utilité de ce tas de ferraille. Il tenta de garder son calme, se passer les nerfs sur ce petit robot ne lui servirait en rien à sortir d'ici. Et qui sait, peut-être ses disques avaient été endommagés, lui donnant... Cette voix insupportable. Le chat s'agenouilla pour être à sa hauteur. Avec de l'entêtement, peut-être, pourrait-il tirer quelque chose de lui.
« Écoutes, Nono. Tu vois la grosse machine là-bas ? Je pense qu'elle actionne une porte. Je pense que tu veux sortir d'ici, n'est-ce pas ? »
Le petit robot joignit ses mains et secoua vivement sa tête avec un sourire béat.
« Alors tu vas m'aider, d'accord ? J'ai ici des engrenages qui actionnent la machine, il m'en manque juste deux. Ils sont plus dorés que les autres, ça ne devrait pas être trop difficile ? »
Le robot, tout excité, plongea dans le tas en babillant des paroles suraiguës. Qu'avait-il fait pour mériter cela ? Soupirant, il se dit que ce robot ne serait pas d'une grande aide. Puis l'angoisse ne tarda pas à le gagner. Tout était de métal ici. Trier tous ces rouages lui prendrait l'éternité, comment ferait-il pour trouver de l'eau ou manger ? Autant commencer le tri et vite. Félicien entreprit de commencer à fouiller le tas d'engrenage. Des ocres, du bronze, de l'argent, de la fonte... Mais pas d'or. Un éclair doré attira son attention. Il balaya les engrenages mineurs qui le recouvraient et tenta de l'arracher.
« Hé ! Faites attention ! »
Encore une voix dans la ferraille... Félicien, surpris, chercha l'origine de la voix. Il ne pouvait pas attraper des objets tranquillement ce tas de ferraille ? Il n'y avait pas assez de kilomètres de rouages pour qu'il tombe sur les deux robots les plus inutiles de la galaxie ? Il aida le robot à se dégager de la masse de rouage, le moral au plus bas. Enfin, peut-être celui-ci lui serait plus utile ? Au moins, il avait sauvé deux personnes...
« Je vous remercie grandement monsieur ! Permettez-moi de me présenter, C-3PO, droïde de protocole. J'ai perdu mon compagnon, un petit droïde qui répond au nom de R2-D2, l'auriez-vous vu ? »
Félicien au bord du gouffre du désespoir, allait lancer une réplique cinglante, mais la voix de son boulet rouge retentit à l'autre bout de la salle :
« Eh ! J'ai trouvé quelque chose ! C'est un bouton ! Il est tout rouge ! »
Règle n°1 de l'aventurier censé : ne jamais appuyer sur les boutons rouges.
« Nono, attends s'il te plait ne... ! »
Trop tard. On entendit le son de nombreux rouages s'actionnant hors de ses murs. Puis le silence. Une seconde, deux secondes, trois secondes. Félicien se retrouva en l'air, se dirigeant vers le plafond. Le tas d'écrous se mit à voleter également, les pièces les plus légères ne tardèrent pas à arriver à sa hauteur. Son souffle était coupé. Premièrement, il s'était mis à hurler comme jamais lors de son ascencion. Deuxièment, la vue était tout simplement impressionante.
« Je... Je vole ?! »
Il se mit en riant à nager dans cette mer de métal, grisé par cette nouvelle sensation. Il croisa un étrange tonneau blanc et bleu babillant un drôle de langage numérique. Puis tout s'éclaira. Ce Nono était un génie. Maintenant que tous les objets de la salle étaient en suspension, il serait beaucoup plus facile de chercher ces engrenages.
« Eh ! Toi ! S'adressant au robot dorée qui paniquait dans les airs. Cherche un engrenage doré, couleur d'accord ? Nono ? »
« Ouiiiiiiii ! »
Le petit robot rouge surgit, en pleine extase, ramassant à bout de bras des clous qu'il engloutissait. Félicien afficha une mine dégoutée avant de lui adresser les mêmes recommandations, lui assignant un secteur. Il se contentait de pousser les engrenages dans un coin de plafonds, faisant place vide pour en inspecter de nouveau. Au bout d'une demi-heure de recherche, il finit par en trouver un. Puis une drôle de boite de conserve volante blanche et bleue s'approchait d'eux. Accompagné d'un engrenage doré.
Le matou récupéra son engrenage et flotta jusqu'à la machine. Alors qu'il cherchait la bonne position de chaque engrenage, le petit droïde s'approcha d'un coin de la porte et sortit un bras mécanique avec un disque qui s'incrusta dans le mur. Félicien tomba des nues en le voyant en tournant trois fois son disque ouvrir la porte et rétablir la gravité.
« Eh ! Mais...Mais... Pourquoi tu ne peux pas faire ça toi ? Mais.... Mais c'est un comme ça que je voulais moi ! »
Le robot lui répondit par un sourire gêné et coupable.
« Excusez-moi monsieur, mais... Je dois aller retrouver nanette ! » « Eh ! Attends-toi ! Reviens ! »
Trop tard, le robot rouge avait plongé dans la mer de rouage. Mécontent, Félicien expira brutalement l'air stocké dans ses poumons. Il n'était pas aidé. Il jeta un regard aux deux autres droïdes qui passèrent une autre porte, parlant de retrouver un faucon millénaire. Ça lui apprendra tient, à juger trop vite l'inutilité des choses.
Il passa à son tour une porte. Elle ouvrait sur une toute petite salle, dont la seule particularité était une porte et un coffre. Il s'approcha du coffre, intrigué, et l'ouvrit. Une source inconnue de lumière en jaillit, l'aveuglant momentanément, tandis qu'une mélodie endiablée de piano retentit, venant de nulle part. Au fond du coffre une banderole apparue devant ses yeux, il put y lire « Vous avez trouvé une paire de ressorts compensée »
Un bruit de choc retentit derrière lui. Un homme blond tout vêtu de vert venait de jeter son épée contre le mur, manifestement très énervé. Mais pourquoi ne disait-il aucun mot ? Il resta un moment à regarder le blondinet aux oreilles pointues déchainer
« Mais...Guy, des coffres, il en reste plein hein. »
Il eut à peine le temps de finir sa phrase, car un boumerang fonça vers lui dans un « HAAAAA ! » et referma la porte juste à temps que des bestioles étranges déboulèrent.
« Houuu... Temple désert non identifié, mon œil. C'est les soldes au royaume des amazones oui !»
Félicien intrigué par la paire de chaussures voulu l'essayer. Curieusement, elles étaient à sa taille. Une chance, il n'aurait pas tenu à voir le résultat d'une paire trop grande. Qui aurait été sans aucun doute, lui, enfoncé d'une bonne vingtaine de centimètre dans un mur en métal. Il évitait avec agilité les lasers. Souple et rapide, il se demandait combien de personnes avaient survécu à cela ! Il fallait être pourvu de réflexe surhumain pour éviter ses lasers ! Mais à vrais dires, sans aucune prétention... Il en avait. Les ressorts n'étaient pas des plus pratiques. Les rebonds étaient aléatoires, il ne pouvait prévoir à l'avance sa trajectoire. Un laser fonça sur lui. Il réussit à l'éviter, mais à quel prix ? Il était maintenant haut de vingt centimètres, sans ressort et sans vêtements. Il réalisa alors sa chance. Il était agile, rapide, plein de réflexes, et tout petit ! Il n'aurait qu'à éviter les lasers en fin de course.
« On touche pas aux chats ! »
Une énorme détonation retentit. Une dalle du plafond s'écrasa au sol, et une énorme machine de métal. L'objet qui lançait les lasers ?
« Eh Lise, regarde... » « Rouge non ! » « Mais on ne va pas le laisser ? Hein mon minet ? Le géant rouge marqua une pause. Mais comment t'es arrivé ici ? »
Le chat noir commença son récit, ponctué par une série de miaulement et de feulement, mais manifestement, personne ne semblait de comprendre. D'ailleurs, personne ne semblai l'écouter, son sauveur était repartit dans des négociations perdues d'avance avec la brune. Il n'aurait su dire duquel il avait le plus peur. Le géant rouge aux cornes limées, ou cette femme brume qui semblait dotée d'un caractère plus qu'explosif. La discussion monta d'un cran.
« Rouge ! Tu vas lâcher ce chat, et on va tout de suite repartir en quête des légions d'or, c'est compris ?! »
La température monta en flèche et sous les yeux ébahit du chat la femme se transforma en une vraie torche humaine. Son instinct de conservation pris, le dessus et, plus vite que son ombre, le matou avait disparu des bras du massif homme rouge pour foncer vers la sortie de la pièce.
Une fois dehors, le matou se trouva dans une situation problématique. Il y avait apparemment autant de monde dans ce temple que de gens à Dublin durant la St Patrick. À moins que cela soit une solution... ? La nouvelle salle était aussi spacieuse que la première, il y avait une étendue d'eau où un groupe d'homme se baignait. La providence était avec lui.
« Nooooon Fel's ! Ce n'est pas bien ! Tu ne dois pas voler ! »
Un autre petit lui apparut, tout rouge avec une fourche et des cornes.
« Eh, mon matou, tu vas rester longtemps à poil comme ça à écouter l'autre emplumé ? » « Yep, sans vouloir t'offenser gentil moi, j'ai pas envie de me retrouver nez à nez tout nu avec le prochain visiteur de ce temple. » « C'est pas comme-ci il y avait foule ici. » « Quand même, je sais pas vous, mais moi j'ai plus l'impression d'être à la St Patrick à Dublin »
Félicien s'approcha du groupe à pas de loup, se dissimulant derrière des rochers.
« Eh ! Vise ça mon matou ! T'as vu cette étoffe ?! Quelque chose me dit que ce sont pas des pouilleux, moi j'dis ! » « Ou alors on pourrait simplement leur demander la permission, « Ce sont des bourges ! Ils ont payé ce gilet avec le labeur de nos ancêtres ! » « Tu exagères, et tu le sais ! » « Ouai mais ça caille ici. » « Qu'en penses-tu Félicien ? » « Damned ! Je porte vraiment mal la toge ! » « Que... ? Mais ! »
Le diablotin partit dans un fou rire incontrôlable sous le regard furieux de l'angelot. Félicien se concentra sur les affaires des voyageurs, ignorant les projections de sa conscience qui roulaient au sol en s'insultant. Il aperçut un livre à terre, il y découvrit le nom de son propriétaire à la première page : l'éminent professeur Otto Lidenbrock, géologue et expert en minéralogie. Il roula des yeux. Avec des chevilles pareilles, ce n'est pas son pantalon qu'il allait prendre. Il perçut les paroles qu'échangeaient les voyageurs.
« Mais professeur... Où sommes-nous ? »
L'intéressé se retourna, à demi-profil, l'œil grand écarquillé et la pupille dilatée. Ce dernier inspira un grand coup, sur le point de faire la déclaration la plus importante de tous les temps :
« Au centre de la terre ! »
Un « Ohhhh ! » admiratif parcouru l'assemblée. Félicien lâcha une exclamation méprisante. Cet homme aurait pu déclamer « Au fin fond de mon congélateur, tiroir trois. » Que tous ses nigauds auraient eu la même réaction. Le centre de la terre... N'importe quoi ! Il s'esclaffa tout seul le plus silencieusement possible. Et pourquoi pas le tour du monde en 80 jours ? Lâchant un « p'tit bourge. » Il récupéra de quoi se vêtir. Ces messieurs étaient bien trop occupés à se laver et boire les paroles du vieux singe pour prêter attention à leurs affaires. Ni une ni deux le voilà regagnant l'autre bout de la pièce. Il traversa de nombreuses pièces, rencontra une étrange bande d'aventurier qui poursuivait sauvagement un pauvre poulet, avant d'arriver dans ce qui devait être une cité. Construire dans le ventre de la terre, de géantes constrictions cubiques se dressaient, côtoyant des arabesques de métal s'élevant jusqu'au plafond. Des crieurs publics clamaient les nouvelles. Aujourd'hui sous peu, une arène avait été dressée pour une lutte sans merci. Félicien essaya de se fondre dans la foule. Une cité n'était jamais bien loin d'une sortie, avec un peu de chance, il pourrait sortir, confondu dans une caravane de marchand ou autre. Au loin, il entendait des marchands clamer leurs offres du jour.
« Fausses barbes ! Venez toucher c'est de la qualité mesdames ! »
Félicien jeta un coup d'œil tout autour de lui. Tous les hommes étaient barbus ici... Il ferait tache dans la foule. Il remarqua un grand barbe tressé, lui rappelant certains dessins des plus célèbres pirates. Mais il ne comprit pas très bien pourquoi le vendeur voulu lui vendre des cailloux ainsi que le temps fou qu'il passa à marchander avec le marchand, finissant par lui envoyer sa gourde en pleine poire. Il reprit son chemin, coiffé –ou barbé- de cet barbe tressé qui aurait rendu jaloux barbe noir et ses mèches de poudres qu'il y dissimulait en personne ! Malaxant la matière, le rouge lui montait aux joues : il en avait toujours rêvé ! Sa fierté due aux poils artificiels s'en fut très vite, lorsqu'un petit garçon, accompagné d'un homme en robe qui avait lui aussi une fausse barbe lui demanda : « Dis maman, pourquoi les femmes elles ne peuvent pas assister aux combats de boxe ? » Sa mère le coupa aussitôt et lui répondit sèchement d'une voix tonitruante « Chuuut ! Parce que c'est comme ça ! » C'était donc ça ce magasin... Soit il était très con, soit le vendeur l'avait pris pour une femme... La deuxième étant quasiment impossible, il ne restait visiblement que la première... Misère... Il n'avait vraiment aucun propre pour sa propre personne.
« Eh, petit ! Psss ! Petit ! »
Félicien, tourna la tête. Dans l'ombre, un homme énorme au corps mutilé par la maladie, monté sur une araignée mécanique lui faisait signe de s'approcher. Prudent, mais intrigué et subjugué par les huit jambes métalliques.
« Tu n'es pas d'ici, toi pas vrai ? Ça se voit, il n'y a que les femmes qui achètent ces choses-là ! Écoutes, je peux te faire sortir d'ici. Tu es à la cité Dwemer, et si les gardes t'attrapent, tu vas finir comme ces Falmers, un esclave ! Ce n'est pas très enviable n'est-ce pas. Mais moi, je peux te faire sortir ! »
L'irlandais était un peu vexé, elle était très belle sa nouvelle barbe ! Mais la perspective de devenir un esclave lui était tout bonnement inacceptable. Peut-être cette cité était-elle un avant-poste anglais qui désirait réduire en esclavage les habitants de sous la surface ? C'était logique... Il lui restait peut-être encore un siècle ou deux à vivre, il comptait bien revoir le ciel avant cela !
« Pourquoi devrais-je vous suivre ? » « Je suis un entraineur, Mzahnch, ce tricheur a empoisonné mon joueur ! Et je ne peux déclarer forfait. Joue pour moi, et je te ferais sortir d'ici.» « J'ai vraiment l'air d'un boxeur ? »répondit-il avec une moue sceptique. « Pas besoin d'être costaud, ni d'avoir beaucoup de forces dans nos combats. Mais vois-tu, on m'a parlé d'un étranger qui aurait reçu à percer nos system de défense. Mais je ne les ai pas crus, tu vois, l'homme qui arriverait indemne à traverser une salle où fusent nos lasers dématérialisant n'est pas encore né. »
L'homme difforme aux oreilles pointues soutint son regard. Félicien soupçonna sous ce sous-entendu une menace de le dénoncer. S'il disait vrai, il n'avait pas vraiment le choix que d'accepter. Mais... Il était d'une nullité affligeante à la castagne. C'était son frère Llewyn qui le sauvait en cas de position défavorable. Ce n'était pas une fierté d'avoir un don pour fuir. Il déglutit. Il n'avait qu'à esquiver, esquiver et esquiver jusqu'à ce que son adversaire soit mort de fatigue. Ce serait long, mais c'était le seul moyen qu'il sorte entier, et non entre quatre planches de sapin. Ou de métal, vu les mœurs de ce temple...
« Bien, j'accepte. Mais pas d'entourloupe. »
L'homme sourit, puis lui fit signe de le suivre. Il l'emmena dans un dédale de couloirs de pierre, puis s'arrêta dans une pièce où l'animation était à son comble. Ce qui devait être des serviteurs graissait des pièces énormes de métal. Félicien n'eut pas le temps de les questionner, car il lui fut impossible de décrocher un mot en voyant assembler une énorme armure. Une armure mécanique ! Il aurait voulu admirer un peu plus cette armure, mais bientôt, on le souleva pour l'asseoir sur un siège dans l'armure. L'excitation monta en lui. Il était mort de peur, mais cette armure le protégerait. Alors qu'il bougeait son bras, l'armure lui obéissait et bougeait un imposant bras mécanique.
« Etes-vous prêt à affronter la mort s'il le faut ?!! » s'écria le speaker dehors.
« Quoi ?!!! » « T'inquiète pas gamin, c'est juste pour exciter la foule. » « Ne vous foutez pas de moi, voulez-vous ? » Lança-t-il acerbe. « Le combat sera rude, peut-être aucun des deux n'en sortira vivant... Peut-être même que l'on ne pourra pas récupérer leur corps, tellement sera-t-il en morceau ou en miette dans leur armure. » reprti l'animateur de plus belle. « Si je sors d'ici, je jure que je vous réduis en miette, escrocs ! » « Ce ne sont pas des combats à mort ! T'as vu l'armure gamin ? Tu veux qu'il t'arrive quoi ? Tout le monde sait que le catch, c'est truqué, pas vrai ? Ça me couterait bien trop cher en réparation ! Je ne forme pas des boxeurs à tour de bras moi ! Il suffit de le mettre KO, et c'est bon ? Eh retire moi ce truc ridicule, t'es un vrai homme ou pas ? »
L'entraineur lui arracha sa fausse-barbe. Le chat protesta dans un « Aïe ! ». Au fond de son petit cœur, quelque chose venait de se briser. Félicien voulut proférer encore des menaces à son encontre, mais on le poussa sur l'arène. Une foule d'applaudissements salua son entrée, ainsi que des hurlements. Il regarda un nœud au ventre les corps des précédents participants que l'on trainait hors du ring. On adversaire entra à son tour. Même exo-armure, mais en noir, ce qui était logique vu qu'il était le méchant. On sonna la cloche du début du combat. Son adversaire, très offensif lui envoya un premier crochet droit, que Félicien réussit à éviter. Ce serait un combat de boite de conserve à boite de conserve ! Égalité. Impossible d'endommager son adversaire ! Il était bien plus entrainé que lui, voir tout simplement entrainé, et il ne devait d'avoir survécu qu'à son agilité. Épuisé, il se sentait incapable de lever encore un poing.
« Bien, nous allons départager les combattants à pierre feuille papier ciseau ! »
Énième ovation de la salle. Comment ?! Après tout ce qu'il avait enduré ! Il se leva dans un ultime effort. Les deux adversaires revinrent au centre du ring. Yeux dans les yeux, la sueur perlant sur leur front, ils s'échangeaient d'ultimes regards meurtriers, dans l'espoir fou de forcer l'autre à abandonner. La tension était à son comble...
« Vous savez ce qu'il faut faire ! 1... 2...3... Pierre, feuille, ciseau ! »
Il avait choisi ciseau. Il n'arrivait pas à y croire ! Son adversaire avait choisi papier ! Il avait gagné ! Pas par la force, et surement pas de la manière la plus glorieuse qui soit, mais sa peau était sauve, et il allait pouvoir sortir d'ici. Il se présenta à la foule l'acclamant, fière de sa victoire, et se mit à improviser une danse de la joie, faisant trembler le ring avec son armure.
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(@gingercatsneeze)
Je te casserai les oreilles en #339966
Aldrick Voelsungen
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Messages : 2050 Date d'inscription : 02/06/2012 Age : 36 Localisation : Pas si loin de vous...
Un vent frais chatouilla la nuque de l'agent qui éternua bruyamment, ouvrant les yeux sur un ballet de nuages virevoltant. Sa main gagna son front, tandis qu'il se redressait avec difficultés.
*Ouh ma tête ! Qu'est-ce qui s'est passé ?*
Vaguement, il se souvint de sa famille mais sa réflexion coupa court quand une voix maline s'éleva, frôlant son oreille :
– Hihi ! Tu m’attraperas pas ! Nanananèreuuh ! – Ah ouais ? Tu vas voir qui c'est plus rapide ! Deux nuages passèrent en trombe dans la pièce immense se faufilant entre les présents sans tenir compte des réclamations. – Eh voilà qu'ils remettent ça ! Ces jeunes je vous jure ! – Il faut bien que jeunesse se passe allons, Thunderhere. Glissa l'un d'eux en se lovant contre le concerné. – Ils pourraient au moins faire attention ! – Mince l'ancien ! Le nuage effectua une vrille admirable tandis que son comparse se retrouvait en première ligne, s'étalant avec force dans un nuage grisonnant. – Hey ! Ça fait mal ! Bande de petits voyous ! Vous finirez désagrégés en gouttelettes acides ! Hurla l'autre d'une voix nasillarde et colérique en devant tout sombre. Le fautif fila sans demander son reste.
Aldrick ouvrit la bouche en grand. En très grand. Sidéré de ce qui se passait. – J'ai dû me faire plus mal que je ne l'imaginais. Le lycanthrope avisa autour de lui et grimaça en constatant qu'il ne pouvait distinguer le sol, un mouvement de recul le fit se cogner contre une épaisse paroi de briques glaciales. Ce contact inattendu le fit sursauter, avant que sa conclusion ne s'écrase dans un commentaire d'un intellect sans pareil : – Nom d'une bouteille alcoolique ! Je rêve pas en plus ! Un soupir à fendre l'âme lui échappa.
*Comment faire pour descendre ? Je peux peut-être escalader la...*
– Reviens là garnement ! Tu ne paies rien pour attendre ! Tu vas voir de quelle foudre je me chauffe ! Le vieux nuage dans son élan avait distribué à l'aveuglette nombre de coups de tonnerre. L'un d'eux le frappa de plein fouet. Aldrick se figea, tétanisé, ses cheveux acquérant un air nettement plus afro, tandis que sa veste arborait de sympathiques effets d'électricité statique et qu'il tombait sur le côté, se détachant de la paroi. Un cri d’effroi lui échappa alors qu'il tendait la main, essayant en vain de retenir la roche qui s’effritait à son contact, comme si elle avait été allergique au lycanthrope. Sa vie défila. En fait non, elle n'eut pas le temps. Elle se figea simplement sur une image de chocolat fondant, avant qu'il n'ouvre les yeux, étonné de n'avoir pas mal. C'était même plutôt agréable.
– Eh bah, c'est pas tous les jours que mes prières sont exaucées. J'ai bien fait de prier le Saint Coton, voilà que mon animal porte bonheur me tombe du ciel ! S'exclama un nuage avant de le serrer contre lui, tournant ensuite sur lui-même. – Woh je ne me sens pas bien. Aldrick plaqua une main sur sa bouche, tandis qu'il se retrouvait étouffé sous une masse moutonneuse. – Maman maman ! Regarde j'ai un animal de compagnie maintenant ! – Arg, mais qu'est-ce que c'est que cette bestiole horriiiiibleeee ?! Remets la où tu l'as trouvé ! Si ça se trouve il a une maladie ! Regarde, elle est toute noire, elle va sûrement bientôt mourir ! – Eh ! Je ne suis pas malade ! Bon, peut-être un peu sale mais... Attendez ! Je ne suis pas une FILLE ! – Arf voilà qu'il couine maintenant ! Elle est vraiment horriiiible ! Que ce cri est laid ! Déclara maman-nuage d'un air dégouté. – Mais c'est le grand Coton qui... – Il n'y a pas de "mais" qui tienne ! Coupa la mère. Remet la là où tu l'as trouvé ! – Woh attends tu vas pas faire ça ? Je sais pas... – Désolé petit animal, bon courage ! Sur ses sages paroles, le petit nuage le lança fort, fort, fort, vers l'infini et l'au-delà. Surtout l'au-delà d'ailleurs car un "Waaaaaaaaaaaaaah" terrorisé empli la salle tandis qu'Aldrick prenait de la hauteur, encore, encore, encore. Sa vie défila. Non toujours pas. Cette fois, elle s'arrêta sur... [Suite à la recherche d'inspiration par l'auteur, vous pouvez patienter grâce à cet interlude musical]>
Interlude musical 1
Hum... Donc en fait, il n'a pas vraiment eu le temps d'y penser parce qu'il ferma si fort les yeux qu'il n'y eu pas de liaison entre ses neurones. Aussi son propos premier une fois arrêté fut : – Ça y est ? J'suis mort ? Pourquoi y'a pas de chocolat fondu dans le coin ? Une pression sur sa jambe droite prouva que non. Une autre sur sa jambe gauche également et lui donna l'impression de manger de la crème chantilly en XXL. Celle que vous regardez à peine tellement elle fait grossir rien qu'en la fixant. Finalement il atterrit mollement et contempla stupéfait ses deux sœurs.
– Sabrina ? Elena ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? – Alors grand frère on a la tête dans les nuages ? Elle haussa les épaules. Je crois qu'on a été enlevés... Aldrick eut un moment de blanc, où l'incompréhension étira ses traits, alors qu'il répétait bêtement : – Enle... ? Y'en a qui ont du temps à perdre... La brunette acquiesça, tandis que la blonde fondait sur lui avec des étoiles plein les yeux, comme si on lui avait annoncé qu'elle aurait droit à un an de soldes sur ses articles préférés. Ce qui -selon le commissaire- n'avait rien de rassurant en si gros plan. – Oh tu es trop chou comme ça ! Vas-y lève un bras, oui comme ça et celui-ci juste un peu ! Merveilleux, regarde-moi bien, souriiiis ! Un grand flash l'aveugla alors même qu'il n'ait compris de quoi il en retournait, Sabrina récupérait déjà la photo instantanée qui s'extrayait de son polaroïd, pour la lui montrer. Lorsqu'il comprit que son passage dans un nuage le fit ressembler à ceci :
Spoiler:
Tout son corps et son estomac se crispèrent et il afficha un air qui voulait clairement dire :
Spoiler:
Secouant négativement la tête pour se défaire de cette apparence étrange, le lycanthrope se releva fièrement, dressé tel un preux chevalier près à défendre la veuve et l'orphelin. A ceci près qu'il n'aimait pas trop le vide et que comme pour le contrarier une voix -genre ICI LA VOIX, ça vous parle pas vrai ?- s'éleva pour déclarer avec un calme olympien mais comme si elle venait de manger du Sonic et qu'elle n'avait pas encore tout digéré :
Ce nuage s'autodétruira dans 5 secondes... 5... 4...
Comme si elles avaient fait ça toute leur vie, chacune des sœurs d'Aldrick le saisit par le bras pour l'entrainer sur le nuage suivant, dans une pirouette digne d'incroyables ninjas, puis sur celui d'encore après tandis que derrière eux le nuage émit un sifflement identique à celui d'un ballon dégonflé avant d'imploser.
– Oh, il a rien donné celui-là ! Se lamenta Sabrina avant d'expliquer face au regard interrogateur de son aîné. Les nuages sont tous différents, quand ils disparaissent, parfois il laisse des objets étranges. Comme celui-ci . Elle montra l'appareil photo qu'elle arborait telle une amazone fière de sa chasse. – Des fois des objets géants dégringolent du ciel aussi. Ou il y a des plumes dans certains comme tu as pu le voir. – Plait-il ? Qu'ouï-je ? Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler. Ceci n'a jamais eu lieu, vous entendez. – Bien essayer mais j'ai une preuveuuuhhh ~~ Déclara Sabrina en lui tirant la langue. – Ah ! Le nuage se dissout ! Passons sur l'autre ! Vite !
Ils grimpèrent ainsi sur une dizaine de nuages, manquant de devoir redescendre presque de moitié lorsqu'Elena avait glissé sur l'un deux, totalement trempé qui pleurait sans cesse. Leur cassant les oreilles au passage, mais heureusement un OTNI -Objet Tombant Non Identifié- avait dévié la trajectoire originelle du nuage qui les avait propulsés sur le suivant. Ils voulurent y faire une pause mais un nuage jaune surmonté d'un petit garçon étrange criant : "TINNINNINNINNIIIIN" les frôla si rapidement que cela effraya le nuage sur lequel ils étaient perchés, les forçant à grimper sur le prochain. – Chauffard ! – Il avait l'air pressé... Ils passèrent sur le nuage suivant, poursuivant comme si de rien n'était : – Il était pas mal... – QUOI ??!! Déclarèrent les deux autres à l'unisson. – Oh regardez ! Il revient ! – Non c'est pas lui, on dirait… Un pion géant ? – Là une sortie ! Vite sautez sur les trois derniers nuages ! – On y est presque ! – Plus qu'u... Le pion blanc géant traversa le nuage de part en part le faisant disparaitre complétement. Un chapelet de jurons se pressa contre les lèvres du commissaire qui devint rouge de colère de devoir tant les retenir. Sabrina étonnée de cette attitude, flasha à nouveau pour immortaliser l'instant. – Ah ne fais plus ça ! S'emporta-t-il plus violemment qu'il n'aurait voulu frappant du pied. Ça pique les yeux ! – Comment on va faire ? Reprit la brunette perplexe, alors que le nuage sous eux grommelait : – Hey ! Pas la peine d'être agressifs ! Je loge plus personne moi sinon ! – On est trop près du but ! Reprit Aldrick en frappant à nouveau du pied, sans écouter un traitre mot des doléances énoncées par le nuage qui les supportait. On ne va pas... – Puisque c'est comme ça, moi, je vais... –... Laisser tomber ! Ajoutèrent Aldrick et le nuage simultanèment tandis que ce dernier joignit le geste à la parole.
Ainsi churent les trois jeunes gens. [L'auteur ayant foiré sa recherche de cris désespérés -oui il voulait juste conserver ses tympans en fait, les fans de Lorie c'est pas vraiment sa spécialité- vous pouvez patienter grâce à cet interlude musical] >
Interlude musical 2
[Suite à un interlude musical atroce, faites comme si vous n'avez rien entendu (et vous aurez peut-être un bon d'achat d'une valeur de 0,5 centimes offert par la direction), mais retrouvons plutôt nos valeureux -mais néanmoins aussi bien partis qu'un chien avec une casserole- héros qui chutent, chutent et chutent encore]
Le sol se rapprocha dangereusement, les nuages défilaient, les ignorant avec soin, un vent violent leur donna un semblant d'espoir en les propulsant par-dessus une sorte de barrière naturelle mais la chute reprit aussi sec. Impitoyable. Il ne restait plus que 10 mètres. Plus que 9. 9 ¾ ! Un sifflement de train sembla se faire entendre au loin pour aller vers Poudlard, mais ce n'était qu'une illusion. Plus que 8. Plus que 7. Plus que 6. Un gâteau immense au chocolat s'imposa à l'esprit d'Aldrick. Plus que 5. Plus que 4. Plus que 3. Un gâteau im... Ah non c'est déjà marqué ! Bah tant pis ! Plus que 2. 2 ½ ! Un singe ! Une liane ! Un beau sauvage à demi nu ! -Un tarzan quoi. Un singe ailé ! Un... [Minute ! Qui a choisi ce scénario ? Comment ça les réclamations ne seront pas prises en compte ?! Et mes heures supp' alors ? Ouais et qui dois encore se débrouiller hein ?! Woooh ! C'est bon, c'est bon... Je m'y remets, pas la peine de sortir un flingue. Doucement. Voilà. Un singe ailé, okay, pas de soucis.]
< Hum > DONC : Telles deux wonderwomen -sans les costumes colorés mais élégamment vêtues quand même -faudrait pas voir à pousser mémé dans les orties non plus- Sabrina et Elena, réussirent à rattraper au vol grâce à leur techniques ancestrales ninjas -dont les origines sont plus que douteuses, Aldrick et parvinrent miraculeusement à lui offrir un véhicule volant. A savoir un magnifique AVION -Appareil Volant Imitant l'Oiseau Naturel- de papier, tout tagué d'autocollants. Les leurs étaient immaculés, mais le sien semblait avoir déjà grandement servit à en juger par son nez tordu. Il n'en tint pas compte, trop occupé déjà à remonter en flèche grâce que vent vers le sommet, sortie toute indiquée par son éclatante lumière. – Par ici ! Indiqua la blonde en réussissant l'exploit de faire du sur place. Après deux voltiges, un vertigineux looping et une esquive in extremis de liane, les deux autres furent à ses côtés. – Regardez là sur le mur, il y a des sortes de trous on dirait que c'est de là que vient l'air. Tiens c'est quoi ce bouton... ? aaaAAAAAAAAAAAH ! La belle venait de s'élever de plusieurs mètres sous le regard inquiet du reste sa famille. Un grand fracas se fit, l'avion se tordit dans tous les sens, s'allongeant d'un côté pour laisser apparaitre un long bec jaune orange, se raccourcissant de l'autre tandis qu'une queue minuscule mais gorgée de plumes faisait son entrée en scène. Là où jadis, deux ailes de papier plié s'étendaient on pouvait à présent distinguer deux immenses paires d'ailes blanches au bout grisonnantes. Tandis que semblant chercher un certain appui, les pattes palmées de l'animal pédalaient dans le vide. Sur sa tête était enfoncée casquette noire retournée tel un rappeur, à son cou pendait une écharpe bleutée et sur ses yeux, on distinguait une paire de lunettes d'aviation grise. Là où siégeait la blonde une énorme boite de sardine faisait office de siège passager, maintenue miraculeusement par deux liens de cordes savamment noués. – Bienvenue sur l'Albatros Air line, je suis Will-bur, veuillez garder les bras et les mains à l'intérieur des plumes ! Déclara l'avion de Sabrina nouvellement transformé en Albatros blanc avec une voix de steward qui aurait abusé du champagne en plein vol.
Il fit une vrille pour esquiver un mur et cogna dans une sorte de promontoire. De ce dernier chuta un objet ovale qui atterrit miraculeusement dans les mains d'Elena alors que la belle pinçait son aîné qui émit un cri de douleur non dissimulé. – Aïe ! Mais ça va pas ? – C'était pour voir si je ne rêvais pas. – J'ai une désagréable impression de déjà-vu. Tu n'aurais pas discuté avec Edw... DOOOOOOOONNNNNNNNG ! Le son semblable à celui d'un gong sonna dans toute la pièce, faisant apparaître de part et d'autres de la pièce, des tribunes pleines à craquer, deux colossales H blancs firent trembler le sol en sortant des profondeurs dans un grondement plus atroce encore que lorsque l'ensemble des artistes du Lost ont faim en même temps. Mais le plus incroyable fut lorsqu'ils contemplèrent face à eux une horde de singes ailés volant armé de flèches enflammés. Le cri qu'ils poussèrent en se lançant à leur poursuite les persuada que s'ils ne se dépêchaient pas de sortir de à, ils iraient directement en prison, sans passer par la case départ et toucher les 10 000euros. Dans une sorte de résonance qui leur fit vriller les tympans, les présents entendirent clairement déclarer :
– Et bienvenue ! Mesdames et messieurs pour la 2e édition de votre sport préféré j'ai nommé le destroy rudgy ! L'équipe des Poireaux Ninjas compte trois nouveaux arrivants ! – Dis Cortex, il compte pas l'Albatros ? – C'est les restrictions budgétaires Minus, y'avait un bolide surprise dans le tas, parce que le coach a graissé la patte aux actionnaires. – Ah oui c'est vrai, mais il est moche n'empêche ! – Je suis bien d'accord. – Hey ! Vient me dire ça en face espèce de... – Oh les Singes Ailés ouvrent l'offensive ! Une flèche vient de frôlé l'Albatros débile, manquant de désarçonné sa cavalière, mais les pièges sont en place, et c'est sans l'ombre d'une hésitation que le numéro 10 King Kong la gueule d'ange fonce sur le numéro 3 détentrice de la balle, va t-il réussir à la récupérer alors que son adresse au tir et aussi légendaire que sa poisse avec les filles ? D'autant que celle-là est carrément canon ! – Hey ! Un peu de tenue ! Tu parles de ma sœur là ! – Maaiiis ! Woooh ! Qu'est-ce que tu fiches Kong ? Il était pas assez grand ce mur volant ? Tout le monde l'a vu et toi tu fonces dedans ? – Ah ! Mais Donckey semble vouloir intercepter une passe faite à HP. Rappelons que ce dernier n'a toujours pas récupérer pleinement de son dernier match où son bras a perdu l'intégralité de ses os, lui permettant de se mesurer à Luffy pour des test d’élasticité dont nous tairons les résultats. – Pourquoi z'ont fait quoi ? – Ils se sont trompés de membre à étirer. – Outch ! – Ah la balle vient de passer à Jimmy le corsaire de l'espace, mais nooon il est touché ! Un joueur en moins pour l'équipe des... – Ah ! Titi le mini-singe a été heurté dans sa chute son coéquipier Goku, admit en remplacement borderline grâce à... – Oh y’aura-t-il un buuuuuuut ? Non c’est pas passé loin. – Dis Cortex, qu'est-ce qu'on fait ce soir ? – La même chose que tous les soirs Minus : tenté de conquérir le monde ! Pendant ce temps sur le terrain, la bataille faisait rage, de nombreux avions avaient déjà rendus l'âme sous le joug autoritaire des flèches emflamées consumant d'un amour jaloux le papier coloré ou vierge dans un crépitement de joie sadique. Les singes ailés hurlaient soutenu par le public, amalgame de créatures étranges et bizarres dont aucune ne semblait trouver étonnant qu'à la place du pop corn, le vendeur s'égosille à hurler "Cacctuuuuuuuus ! Ils sont beaux, ils sont frais mes cactus ! Ils viennent direct du c-... Non en fait vous ne voulez pas le savoir. Caccctuuuus !!". Les babouims mordaient, griffaient, tentaient de se débarrasser des rares rescapés qui leur avaient atterrit dessus plutôt que de tenter de faire un bond dans la fausse aux chanteuses rejetées et hystériques qui chouinnaient sordidement en dessous. Le seul singe qui n'avait pas réchappé à cet abominable supplice ressemblait à présent à Nolween Leroy version très poilue du visage, des jambes... Bref un babouin mortellement relooké quoi. – Oh la balle est entre les mains du numéro... Euh c'est quel numéro l'afro bizarre sale là ? – Est-ce vraiment important ? On a qu'à l'appeler ABS, ça ira plus vite. – Ouais mais il est plat comme une limande ! – Tu sais ce qu'elle te dit la limande ! Déclara Aldrick excédé en balançant ce qu'il avait dans les mains en direction des deux souris. Cela fit passer son projectile entre l'un des H. TRRRRRRRRRRRRRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII – Et c'est le but ! 5-0 Pour les Singes Ailés ! L'ABS des Poireaux Ninjas ayant lancé contre son camp ! La balle est remise en jeu et oh ! C'est le numéro 8 qui récupère, admirez la magnificence des vols fait par Finley, joueur le plus côté avec à son actif un score de 110 buts inscrits sur une même partie ! Autant dire que les Poires Ninjas n'ont qu'à bien se tenir ! – C'est les Poireaux Ninjas. – Ils auraient pu tout aussi bien s'appeler les Tortues Ninjas, vu leur vitesse de pointe... Décréta la souris avant de pousser un cri strident. Aaaahhh le numéro 3 est en difficulté, la belle demoiselle essaye d'éteindre le feu sur son avion, mais c'est peine perdue, oh non je ne veux pas voir ça ! – Ah mais l'albatros est pas si naze finalement, bon il a l'air de galérer quand même mais il la tient ! – Waaah c'est pas terrible, terrible mais je vais y arrivez allé ! J'enfonce le palier, je tire sur le manche, face au vent allé je me lance ! Waaaaahaa ! Banzaaiii ! – Aoutch ! C'étaient mes bras et j'en avais besoin !! Grommela Elena oubliant toute forme de bonnes mœurs en atterrissant à côté de sa sœur dans l'autre moitié de la boite de sardine.
La foule siffla en délire, l’acrobatie ayant dévoilé sur les écrans géants un semblant de dentelle avant de montrer la collision entre ABS -soit Aldrick- et Frinley quand celui-ci avait réussi à mettre à feu son avion. Le brun avait d'abord tenté d'éteindre l'incendie avec sa cape, sans succès, avant de chercher un bouton d'urgence. Quand il le trouva il appuya dessus de toutes ses forces espérant que cela suffirait à arrêter la combustion, à la place une musique de game over s'échappa du bolide et une voix artificielle répéta simplement "Ha ha ha ! Je t'ai bien eu !" Avant de le propulser par un ressort sorti d'il ne savait où sur son adversaire. – Dégage de là tu me caches la vue ! Singea l'autre en tentant d'arracher le loup de sur son dos. – L'arbitre ne siffle pas faute pour les Tortues Ninjas, manifestement il a été corrompu avec de la pizza. – Les Poireaux Ninjas ! C'est pas dur pourtant Cortex. – Ça me rappelle Miku et sa chanson, je refuse de valider ça ! – Mais tu l'as vu deux fois en concert en VIP ! – Chut ! C'est classé secret défense ! – Ah HP vient à la rescousse de l'ABS sur son numbus 2000. Entre nous : il aurait mieux fait de demander à passer sous Mac. – Hors contexte ce propos aurait pu être très ambiguë tu sais ? TRRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII – Oh un nouveau but pour les Singes Ailés, il ne reste d'ailleurs plus que la moitié de leurs adversaire en course ! 100-0 ! – Ah ! Frinley prends la balle, il lance et ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii c'est le buuuuuuuuuuuut ! TRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII – Ah carton rouge pour l'albatros ! Il doit sortir avec les deux... Non trois joueurs qu'ils transportent ! Il a intérêt à se dépêcher on dirait que l'ABS a le feu aux fesses ! ~ – Tu fais des rimes toi maintenant ?
– Ah c'est chauuuuuud ! – Enlève ton manteau ! – Tu rigoles ? Tu sais combien y'a de chocolats là-dedans ? – Qu'on l'immole et qu'on en parle plus. Abandonna Sabrina blasée par des préoccupations plus sommaire. – Oh ! Là de l'eau ! – Non pas làààààààà ! C'est me bassin aux... Aïe ! Aoutch ! Aaaarg ! – Oups ~ Aldrick, mordu et trempé de patout, détacha un piranha de sa truffe avant de traiter leur moyen de transport de tous les noms d'oiseaux qui lui passait par la tête, gesticulant sous la colère, tandis qu'ils gagnaient les hauteurs. – Vous savez l'ABS j'suis un albatros moi, pas besoin de passer par tous les piafs que vous connaissez... Admirez plutôt la vue ! – Que j'admire la ... ! Là le lycanthrope se retrouva sans voix. – Waaaaaaah ! Firent les filles en choeur.
Le ciel paraissait immense et le paysage était à couper le souffle même s'ils contemplaient exclusivement l'intérieur de la salle et le match qui se poursuivait en bas, d'un air acharné. Ils montèrent encore, presque au sommet, presque libres, mais une bourrasque terrible souffla les malmenant grandement. – Eh ! Fais gaffe un peu tu veux ? – Mais c'est pas moi qui... Mince un fou ! – Je ne suis pas fou ! S'exclama Aldrick en gesticulant avant de réaliser qu'un immense objet tombait non loin d'eux. Mais qu'est-ce que... – Echec ! Déclara la voix la plus lente et la plus grave qu'ils aient jamais entendu.
Comme si quelqu'un venait de ralentir le temps au moment où l'immense démon roux parlait. Sa peau semblait couverte des mêmes tâches étranges que celles d'un léopard et lorsque son vis à vis leva la main un éclair s'échappa de ses doigts dévastant sur son passage tout ce qui était à proximité, eux y compris. – Aïe, ma tête ! – Ca va Sabrina ? Rien de cassé ? – Non c'est bon. Aussi ralenti et grondante que le tonnerre la voix de Raijin s'offusqua : – Ah ah ! Que dis-tu de ça Fujin ? Ça te met un vent hein. – Très drôle on me l'avait jamais faite. – Sabrina, Aldrick ! Par ici ! Hurla Elena de l'autre côté du plateau d'échecs géant sur lequel les dieux s'affrontaient. – C'est quoi cette odeur ? Glissa Aldrick en aidant la benjamine à monter Cette dernière pointa du doigt l'Albatros toujours en vol qui semblait avoir laissé des plumes dans la bataille aérienne et roussi un peu sur le côté droit. – Dépêchez-vous !! Ils s'élancèrent sur l’échiquier, essayant de ne pas trop s'attarder en observant Raijin dont la peau mate contrastait avec une sorte de halo métallique qu'il avait dans le dos et sur lequel une dizaine de tambours aux cycles étranges étaient gravés. Ou encore sur Fujin son jumeau, à la peau si claire qu'elle paraissait presque bleutée qui tenait une titanesque écharpe génératrice de vents de toutes sortes. Mais ce fut vain car à peine eurent-ils parcourus une case dans son intégralité que Raijin déplaça une pièce, et eux avec tant la différence de taille était énorme.
Étourdi, Aldrick découvrit avec stupeur qu'il était à présent assit sur un cavalier, à ceci près qu'il avait n'était pas dans le bon sens pour chevaucher dignement l'animal mais plus embêtant encore : Sabrina était perchée en haut de l'une des tours, inconsciente. L'albatros tenta de la rejoindre mais le joueur eut tôt fait de le balayer d'un geste rageur involontaire tandis que son adversaire lançait par dessus le plateau le pion qu'il venait de capturer.
Le commissaire pâlit en voyant la belle changer de position pour permettre au jouer d'effectuer un roque, mettant ainsi à l'abri son roi grâce à la tour. Heureusement pour lui, le dieu semblait trop concentré pour remarquer leurs présences, aussi tenta-t-il de sauter sur le pion derrière lui, mais il ne réussit qu'à tomber grotesquement en loupant sa cible d'un bon mètre et demi. –Je ne voyais pas ça si loin... Grommela-t-il, l'ensemble du corps en fusion avec le plateau tel une crêpe grimaçante au fond d'une poêle noire.
Pour couronner le tout -la loi de la vexation universelle obligeant- l'Albatros ne trouva rien de mieux pour lui "venir en aide" de saisir fermement son postérieur pour l'élever au-dessus des pièces. Autant dire que le loup était d'une humeur de chien, qu'il crachait pire qu'un chat sur le volatile écervelé et à qui il promettait toutes les recettes les plus invraisemblables pour débarrasser le monde de sa cervelle de piaf. Pour signifier qu'il avait parfaitement compris la situation, l'animal choisi de resserrer son étreinte avant de l'abandonner entre la tour et le roi. Préférant le lâcher plutôt que de subir une nouvelle décharge électrique, virevoltant ensuite entre les pièces comme si elles constituaient un canyon géant semé d'embuches. Le brun quant à lui, ne savait trop comment se sortir de cette situation : son corps entier semblait allongé dans le vide, dans un équilibre précaire entre les deux pièces et chaque nouveau mouvement des deux participants géants lui rendaient la tâche si ardue pour maintenir ce fragile équilibre qu'il n'arrivait même pas à trouver assez de forces pour se hisser d'un côté plutôt que de l'autre. A l'instant même où il allait se décider enfin, Fujin abattit un poing colérique sur le plateau ébranlant les pièces de part et d'autre et le projetant bien loin de son point d'encrage, directement sur la dame qui s'était couchée à même l'échiquier. – Aly ! C'est pas le moment de courtiser ! – Mais je... – Tu chevaucheras une dame une autre fois ! – Non mais ça va pas ?! S'exclama-t-il en faisant un bond de côté, le visage légèrement rougi comme si la belle de marbre avait bougé pour le supplier de rester. Un nouvel assaut réduisit en cendres la pièce qui se trouvait entre eux deux. – C'était pas le coup de foudre, rassures moi... Le plateau s'ébranla de nouveau. Lentement, très lentement, ils relevèrent le visage vers les frères colériques. – Si on partait ? – Bonne idée ! Ils coururent aussi rapidement que possible, esquivant les coups de tonnerre qui s'abattirent ci et là, les forçant à adopter la technique ancestrale du petit louveteau plié en quatre comme s'il souhaitait évitaient d'aller ranger sa chambre -ce qui en d'autres thermes serait assez proche de la Macarena actuelle- pour enfin atteindre Sabrina inconsciente, qu'Aldrick mit sur son dos, sans tenir compte du commentaire de sa sœur : – Tu as eu tellement de succès auprès de ta dame qu'elle s'est sentie obligée de te laisser un souvenir inoubliable ? L'agent leva les yeux au ciel, grommelant contre tous les oiseaux de l'univers - ce qui l'occuperait véritablement jusqu'à la fin de sa vie si Elena n'avait pas la présence d'esprit de s'enquérir : – On dirait qu'elle a même signé, non ? W... – Non, c'est un Z. Tenta l'albatros que l'agent fusilla du regard et qu'il aurait probablement fait mourir dans d'atroces souffrances pour lui permettre d'atterrir aux paradis des Albatros. – Un Z ? Comme Zorro ? – Zorro est arrivééé, sans se presseerrr ! – Pitiéééé ! Pourquoi tant de haine ? – Pourquoi Korben, pourquoi ? – Hein ? – Deux ? A trois on saute, à quatre on se déshabille ? Cette fois l'oiseau eu droit à un head shot de la part d'Aldrick qui le propulsa si haut qu'il fut suivi d'un coup de foudre de Raijin ce qui permit à l'animal de passer pour une boule de disco plus efficace encore que celle improvisée dans monstre académie, comme quoi, y'avait une justice en ce bas monde. – Qu'est-ce qu'il dit ? – Il dit qu'il a mal. – Il dit qu'il bluffe. – Il dit qu'il voit pas le rapport. – Il dit qu'avec la dame y'en aurait sûrement eu un de rapport. Et ça m'aurait plu aussi ~ – Pardon ? C'est pas moi j'ai un alibi j'étais au cinéma ! En se retournant pour tomber face à la pièce d'échec qui avait pris vie comme l'ensemble de ses compaires des suites de la défaite de Fujin. Aldrick aurait pu sans soucis faire de de la pub pour le nouvel homo. Celui qui nettoie plus blanc que blanc. Autant dire transparent, et là Casper n'avait rien à lui envier. – Fais pas ton timide mon louloup, on m'appelle Queen. ~ Déclara la voix rauque alors qu'une main froide passait sous sa chemise. Horrifié par cette personne, vue de trop près, trop maquillée comme une voiture volée, trop similaire à un croisé de Jackie Sardou et d'un pokémon, Aldrick récupéra sans trop savoir comment le reste des présents et pris ses jambes à son cou en traversant le reste du plateau d'une traite, mit moins de 3 secondes et demi pour trouver la sortie et s'y engouffra avec les autres, tentant de barricader le tout avec ce qui lui tombait sous la main pour échapper à sa poursuivante.
– Mais y'en a encore combien des fous furieux comme ça ? C'est quoi le problème ? Faut trouver un trésor spécial ? L'arme des bourrins qui savent être subtiles ? C'est ça ?! Ça suffit ! Dès qu'on sort d'ici j'achète des pansements ! Tu parles d'une vie d'aventurier !
[Eh oui, parce que si vous aviez cru qu'Aly allait chanter ça et bien vous pouviez toujours courir vous aussi !]
En reposant sa main, Edward était entré en contact avec une chose légèrement molle, quelque peu poilue et à la texture si étrange qu'il n'osa pas immédiatement tourner les yeux vers elle. Après ce sursaut désagréable, un frisson lui remonta l'échine lorsqu'il se décida enfin à tourner la tête pour observer de plus prêt ce qui l'avait effrayé. Et quelle ne fut pas sa surprise ! Une exclamation s'étrangla dans sa gorge, tandis que le lycanthrope écarquillait de grands yeux ronds, balbutiant :
« Vladimir ? Vladimir ! Mais qu... »
Visiblement endormi, seul le prénom de sa tendre épouse franchit le seuil des lèvres du concerné, dans un murmure amoureux qui arracha une grimace de dégoût à Edward. La simple idée que les rêves de son frère puissent être occupés par cette folle furieuse d'Anastasia suffisait à l'écœurer pour un mois, et afin de ne pas augmenter ce délais, il préféra éviter la moindre suggestion de scénario onirique. Aussi, ce fut d'un geste d'une délicatesse toute relative qu'il secoua son cadet, le sortant de sa torpeur dans un cri de surprise et un mouvement de bras imprévisible qui heurta – faiblement heureusement – la mâchoire du plus âgé des loups. Attrapant son poing, Edward posa sur lui un regard désabusé, le laissant prendre connaissance de leur situation avant de le relâcher. Vladimir remonta à plusieurs reprises ses lunettes, portant un regard critique sur la salle avant de s'arrêter sur son aîné qu'il dévisagea de pied en cap, notant sur un ton de reproche à peine dissimulé :
« Torse nu hein. Sous prétexte que Môsieur est un guerrier... – Ah ! Mais ça suffit à la fin ! Il ne s'est rien avec Anastasia ! – Évidemment puisque que je t'en ai empêché. – Vlaaaad ! – Tu sais où on est ? – Ah ! Ne change pas de sujet comme ça, tu sais très bien que ça m'énerve ! – C'est certainement un vieux temple ondin, ces fresques murales sont typiques de la période post Énap Nossiop. »
Edward leva les yeux au ciel, sachant pertinemment qu'il était désormais inutile de discuter, son frère ayant décelé, avec admiration, ce qui devait être des textes, tracés dans le dialecte propre aux créatures marines de l'ancien temps. Vladimir ne tarit pas d'éloges sur cette découverte capitale, alors que son aîné, debout sur la dalle, à demi courbé, tentait de trouver une issue par le plafond. Edward tâta de nombreuses pierres, appuyant sur certaines avec insistance sans pour autant déclencher le moindre mécanisme. Un juron furieux traversa ses lèvres, tandis qu'il s'acharnait sur l'une d'entre elles, ne prenant nullement en compte la tirade de son cadet, se rappelant aux origines des peuples marins, analysant par la même occasion un encadré turquoise qu'il peina à déchiffrer :
« L'eau submergera la terre... Quand la lune… Tombera ? Hum... Pourquoi elle tomberait... – J'ai ma petite idée… – Edward ! Bon sang, mais qu'est-ce que tu as fait ! »
Un trou décorait le plafond, un trou parfaitement rond, qui contenait plus tôt une pierre blanche, désormais entre les mains d'Edward. Le loup ayant trouvé un peu de jeu dans l'encastrement, avait suffisamment insisté et malmené la pierre pour qu'elle cède, déclenchant un gargouillis inquiétant. Aux quatre coins des murs, les statues de poissons se mirent aussi tôt à cracher une gerbe puissante d'eau, inondant la pièce dont le niveau commença à monter. Les pieds dans l'eau, Edward s'excusa à demi haussant les épaules face au regard inquisiteur de son frère qui essayait désespérément de remettre la lune en place, s'exclamant avec emportement :
« Tu l'as cassé ! Tu sais que ça a des millénaires ! C'était un trésor archéologique ! – Vladimir, on va mourir noyé et toi, tu m'agresses pour un pauvre morceau de plafond ! Il faut te faire soigner mon vieux ! – De toute façon, dès qu'on essaye de parler culture avec toi… »
Un « plof » attira soudainement leur attention. Ils tournèrent la tête pour en déterminer la cause et découvrirent avec étonnement un canard en plastique jaune, qui se dandinait avec effronterie au rythme des éclaboussures. Vladimir nota rapidement que quelque chose y était accroché et ce fut Edward qui se dévolu pour aller le récupérer. Il le ramena sur leur petite plate-forme, où l'eau atteignait désormais la moitié des mollets du plus jeune loup, toujours debout. Son frère lui tendit le canard et l'objet récupéré qui s'avéra être une bouteille sur laquelle était gravé « Buvez-moi ». Le cadet des Wolkoff réajusta ses lunettes pour s'assurer qu'il avait bien lu avant de tenter une analyse du liquide bleuté qu'elle contenait, mais son frère lui arracha la fiole des mains et en avala la moitié sous le regard effaré de Vladimir :
« Tu es fou ! Ça pourrait te tuer ! – Parce que tu as une autre solution ? Bois et arrête de réfléchir cinq minutes, tu veux ! »
Le concerné hésita, mais l'eau leur arrivait bientôt à la taille et s'il leur restait une chance, elle était là. Il avala le reste de la potion, grimaçant tant elle n'était pas à son goût, indiquant au passage le flagrant manque de sel. L'eau continua de monter, et vint le moment fatidique où ils prirent leur dernière gorgée d'air, l'eau ayant définitivement inondé la pièce. Retenant au mieux leur respiration, il s'en suivit un étonnant ballet au cours du quel Edward fut pris d'étranges fourmillements dans les jambes et les bras. Il s'agita nerveusement, sans savoir si cela était dû au manque d'air qui se faisait lentement sentir ou à la boisson ingurgitée plus tôt. Pris dans un étau, son cœur lui sembla soudainement au bord de l'explosion. N'y tenant plus, il abandonna le reste de l'air si précieusement acquis, et son corps entier se crispa pour disparaître dans un « pof » coloré, qui teinta brièvement leur milieu aqueux d'un élégant violine. La couleur se délaya lentement, arrachant un rire à bulle à son cadet qui écopa quelques secondes plus tard du même sort. Il fallut attendre de nouveau quelques secondes avant que les deux frères ne se fassent de nouveau face, le plus âgé des deux s'exclamant en levant les nageoires au ciel :
« Des poissons ! Des poissons ! Pourquoi nous transformer en poisson ! – C'est bon hein ! Ne commence pas à râler ! Tu t'en sors bien, il me semble ! – Hum… C'est vrai, même en poisson je suis plutôt sexy ~ – Narcissique. – Réaliste ~ »
Ondulant dans l’eau, le corps massif des deux loups avait laissé place à deux petits animaux aquatiques. L’un noir, aux nageoires voilées magnifiques, avait tout du poisson combattant dont seul les yeux dépareillés rappelaient l’identité de leur propriétaire. Il virevoltait avec habilité autour du second plus renfrogné et légèrement plus petit qui ressemblait à un poisson chirurgien, majoritairement noir, sa queue était tachée d’un orange vif et ses deux grand yeux cerclés de blancs, supportant en plus l’épaisse monture des lunettes de Vladimir sur le renflement de son nez. L’ivresse de leurs nouvelles capacités passée — principalement pour Edward qui enchaînait les loopings —, ils décidèrent d’un commun accord de partir à la recherche d’une sortie, n’ayant ni l’un ni l’autre idée du temps que leur potion ferait effet. Ils s'engouffrèrent donc par un petit passage, qui causa quelques soucis à Vladimir, ce dernier refusant d’abandonner ses lunettes sur place, puis gagnèrent une étendue d’eau immense où ni l’un ni l’autre n’avait d’idée concernant la direction à prendre. Ce fut donc en ligne droite qu’ils poursuivirent leur route, à la recherche d’un point de chute qui leur permettrait de se repérer et peut-être, de se sortir du pétrin. Ils nagèrent ainsi une dizaine de minutes, un temps qui leur parut interminable tant tout était bleu d’un bout à l’autre de leur champ de vision. Puis Edward s’exclama :
« Là ! Y’a de l’animation on dirait, regarde il y a d’autres poissons ! – Où ça ? Je ne vois rien… Tout est flou ! »
Edward grommela et fit rapidement demi-tour, soutenant les lunettes de son frère pour qu’il puisse jeter un coup d’œil au travers et apercevoir à son tour le pic rocheux autour du quel gravitait des dizaines et des dizaines de poissons colorés. Ils ne leur fallut que peu de temps pour se décider, et d’un barbottement simultané ils prirent la direction de cette mini ville sous-marine, l’aîné des Wolkoff en tête, le second chantonnant en se dandinant :
« Pour chaque carré, il y a un rond ! Pour un court, y'a un long… – Vlad… – C'est ce qui fait que tout tourne rond ! – Mais c’est quoi ces paroles ?! – Ah euh… Aucune idée. Mais ça reste bien dans la tête non ? – Merveilleusement… »
Et ce fut donc sur ce rythme bon enfant que les deux poissons-loups arrivèrent sur place, s’étonnant du nombre exceptionnel de créatures marines qui semblaient vivre là. Ils croisèrent toutes sortes d’êtres vivants, souvent pressés, et s’avancèrent aussi prudemment que possible dans cette circulation poissonneuse. Ils pensaient s’en être bien sortis jusqu’à ce qu’un poisson rouge ne leur passe furieusement devant, en imitant le bruit d’une sirène de police. Une fois, deux fois, la troisième fois il s’arrêta devant eux, sans cesser cet infâme vacarme, arrachant un air septique aux deux frères :
« Il a quoi celui-là ? Demanda Edward. Il veut pas la fermer deux minutes ? – Il essaye peut-être de communiquer ? – Huiiiiiii huuuuuu ! Huiiiiiiii huuuuuu ! – Tu me permets d'en douter ? – Moi... Vladimir, toi ? – Huiiiiiii huuuuuu ! Huiiiiiiii huuuuuu ! – C'est pas probant... Abandonna Edward. – C'est peut-être un nom asiatique ? »
Toutefois, ils n'eurent pas le temps de tenter de nouveau de communiquer, qu'une voix grave au fort accent marseillais les interrompit. D'un même geste, ils se retournèrent, faisant face à une rascasse coiffée d'un képi de gendarme qui leur annonça :
« Hé les pitchouns ! On s'est perdu ? C'est qu'avec vot' barda là, vous mettez la pagaille, moi. Vous êtes pas un peu fada de vous promener comme ça, hé ? – Ah ! Je t'avais dit de les laisser là-bas, souligna Edward ! – Tu sais très bien que je ne vois rien sans ! Toutes mes excuses monsieur l'agent, je ne voulais pas... Commença Vladimir dont les lunettes avait de nouveau glissée, manquant d'éborgner un bernard l'hermite qui protesta vivement. – Peuchère, me fait ça ces yeux de merlan frit ! Je vais pas vous mettre en cabane pour ça. Allé ! Filez moi, vous allez me conter ce qui vous amène. Hé, parce qu'on me la fait pas à moi, j'ai bien vu que vous êtes pas d'ici ! – C'est vraiment très aimable à vous ! – Et lui c'est qui ? Demanda Edward en indiquant le poisson rouge, qui criait toujours. – Huiiiiiii huuuuuu ! Huiiiiiiii huuuuuu ! – Bè, c'est Bibble. Il faut pas faire trop attention, pauvre, il est un peu tòti. Une vraie mémoire de poisson rouge ! Il ne retient que deux mots, mais on l'aime bien quand même, alors... »
Ce fut donc sur fond de sirène de police que le petit groupe quitta les embouteillages qu'ils avaient engendrés pour nager entre les coraux, s'arrêtant de temps à autre pour dépêtrer Vladimir dont les branches de lunettes se coinçaient régulièrement. Ils s'arrêtèrent devant un trou rocheux surmonté de trois anémones, bleue, blanche et rouge qui laissèrent perplexe les deux visiteurs. Leur nouvel ami les invita à s'installer, leur proposant un vers, que les frères déclinèrent d'un geste de dégoût, incompris par leur interlocuteur qui leur assura qu'il venait du meilleur fournisseur de la ville. Le poisson de loi avala donc, d'un trait son apéritif, avant de leur demander d'expliquer leur histoire. Ce fut rapidement chose faite, ce qui laissa la rascasse perplexe :
« Bonne mère, des loups-garous, vous dites ? C'est quoi ? De ces poissons made in china ? – Non, reprit Vladimir que le petit poisson rouge avait pris en affection. Ce sont des humains qui se transforment en loup les soirs de pleine lune. – Pitié Vlad ! S'emporta Edward. On a rien à voir avec des humains ! Nous sommes des créatures de légende qui ressemblent... Un peu... À des humains, à la rigueur ! – Hé... Attendez un peu, vous me perdez là ! Vous êtes des humains, mais vous vous transformez en loup et en poisson ? C'est quoi ce chaple, vous venez de Fukushima ou quoi ? – Huiiiiiiiii huuuuu ! Huiiii huuu, huiii huuuuuu, hui huuuu huiii hu ! »
Se jetant un coup d'œil, les deux frères étaient perplexes, n'ayant à leur tour pas complètement compris les commentaires de leurs interlocuteurs. Edward se dédouana de toutes responsabilités, levant ses deux nageoires en signe d'abandon, préférant laisser la parole à Vladimir, très concentré sur les explications de Bibble qui s'agitait avec entrain autour de lui. Finalement bien peu avancé, il reprit là où il s'était arrêté tentant de faire entendre raison au gendarme :
« Nous sommes devenus des poissons accidentellement, en buvant une potion certainement ensorcelée. – Bien sûr. Ce serait pas plutôt du Pastis qu'il y avait dans votre bouteille ? Parce que si vous vous l'êtes enfilée à deux, votre aventure, là, elle m'étonnerait moins ! Pauvre ! On dirait une histoire belge votre affaire et moi, bè, ça me plait pas trop ! – Huiiiiiiiii huuuuu ! – Non c'est la vérité ! Assura Vladimir. Je sais que c'est incroyable, mais ... Pourriez vous au moins nous indiquer quelqu'un susceptible de nous aider ? – Vous pouvez toujours essayer d'aller voir Marcel. – Marcel ? Demanda Edward pas très enchanté à l'idée de se perdre dans les fonds marins. – Bè oui, Marcel. Mais il est un peu toqué aussi, hé. Lui, il dit qu'il était humain avant. Alors peut-être qu'il pourra vous comprendre, pauvre. – Magnifique ! S'exclama Vladimir. Et on est-ce qu'on le trouve ? – Ton enthousiasme ferait presque chaud au cœur Vlad... Marmonna son frère. – C'est pas dur Pitchoun, il traîne toujours dans le courant australe, en sortant c'est la première à gauche. Vous pouvez pas le rater, c'est une tortue. – Huiiiiiiiiii huuuuu. »
Les deux poissons-garous se regardèrent tour à tour, puis remerciant le gendarme, ils quittèrent les lieux au son de l'affectueux bruit d'alarme de Bibble à qui Vladimir manquait déjà, puis ils gagnèrent le courant indiqué. Ils y retrouvèrent la quiétude d'une eau chaude dans laquelle ils se laissèrent porter jusqu'à rejoindre un banc de tortues. Heureux de trouver si rapidement ce qu'ils cherchaient, ils se faufilèrent entre les carapaces — Edward plus facilement que son frère, ce dernier bataillant toujours avec ces lunettes — appelant Marcel de tous leurs petits poumons de poissons. Si dans un premier temps, leur recherche parut infructueuse, une tortue tourna finalement la tête, un sourire idiot collé au visage, ce qui ne leur parut pas un très bon présage. Cependant, n'ayant aucune autre option, Edward s'aventura à l'interroger :
« Vous êtes Marcel ? – Ouaiiiiis man... Cool, Marcel c'est moi, vas-y tape m'en une de la nageoiiire. » Répliqua très lentement la tortue en joignant le geste à la parole.
Si Edward avait eu des sourcils, assurément il les aurait haussés, mais à défaut, il préféra taper dans la nageoire de son interlocuteur, qui l'air de rien, rappelait quelque chose à l'aîné des loups, sans qu'il parvienne à mettre un nom dessus.
« Alors le p'tit poisson... Dis à tonton Marcel ce qui t'amène dans le courant austraaaale ~ Toi aussi tu veux t'envoyer du louuuuurd, hein ? Pas vrai p'tit poisson ? – Pour vous dire la vérité, commença Vladimir en les rejoignant essoufflé. Il nous a été expliqué que vous aviez été un être humain. Or, il s'avère que c'est également notre cas, et si vous aviez l'amabilité de nous faire part de votre histoire, dans un bref récit autobiographique, nous vous en serions admirablement reconnaissants. – Ouahou... P'tit poisson, quand tu parles ça fait de la musique, c'est cooooool. – C'est très aimable à vous, aussi je ne voudrais pas vous presser, mais il est possible que notre temps nous soit compté, reprit Vladimir, ne remarquant pas au passage l'imitation grotesque que son frère faisait de lui. – Coooool man. Faut pas se presser... Profiiiiite, c'est calme, c'est tr... – Vous avez été humain oui ou non !? Interrogea plus sèchement Edward se rapprochant, tout menaçant qu'il était compte tenu de ta taille, de la tête de la tortue. – Ouais man, j'étais humain. Mais tranquiiiiiiiile, c'est tranquiiiiiiile, alors pas de panique p'tits poissons. Regarde la mer... C'est cooool la mer, y'a des poissons, ils sont tranquiiilles. – Rantanplan !* S'étranglèrent les deux frères en reconnaissant enfin l'intonation si particulière de leur interlocuteur. – Ouaiiiiis man, Rantanplan. Mais ça, c'était aaaaavant. Maintenant, c'est Marcel, parce que c'est cool Marcel. C'est tranquiiille. – Bon sang, on n'est pas sorti de l'auberge, marmonna Edward. Bon ! Rantanplan, je veux dire, Marcel, comment on fait pour redevenir humain !? – Bah faut monter à la surface man. Un p'tit bol d'air et pouf. Tu retrouves tes jambes... C'est pas cool les jambes, faut se tenir debout après et ça c'est suuuuper fatiguant... Ouais... »
Un silence se fit, les deux poissons se fixant avec surprise, ayant du mal à assimiler que Rantanplan ait pu leur fournir — si rapidement ! — une réponse, peut-être valable. Mû par l'incrédulité, il leur fallut quelques secondes pour se remettre et demander à nouveau :
« Et la surface ? C'est par où ? – Faut suivre la flèche man... – Auriez vous la gentillesse de nous indiquer... Commença Vlad. – Quelle flèche ? Coupa Edward. – Baaaah... Celle là man... » Répliqua la tortue d'une voix toujours aussi molle.
Relevant la tête, ils ouvrirent de grands yeux en apercevant une gigantesque flèche lumineuse qui pointait vers de haut, indiquant en lettres flamboyantes « Terre ». Elle se rapprochait à grande vitesse et Edward dut aider Vlad à porter ses lunettes pour sortir à temps du courant océanique, salué au passage par Rantanplan qui leur souhaita une route « tranquiiiiile ». Suivant les indications, ils remontèrent rapidement à la verticale avant d'atteindre l'embouchure d'un tuyau vers lequel toutes les signalisations se dirigeaient. Ils l'observèrent perplexes, n'osant pas s'y aventurer tant le conduit était étroit. Edward préféra le suivre encore un peu par l'extérieur, essayant de voir où il débouchait, mais d'un coup d'œil, il lui sembla si long qu'il préféra rebrousser chemin, s'arrêtant en route devant un bouton vert qu'il n'avait pas aperçu la première fois. Il hésita un peu, mais la couleur du mécanisme n'annonçant, a priori, rien de terrible, il finit par prendre son élan et y mit un bon coup de tête. Actionné, le résultat ne tarda pas à se manifester, concrétisé par un étrange glougloutement suivi du cri étouffé de son frère couvert à son tour par un vacarme métallique qui l'inquiéta. Aussitôt, il fondit jusqu'au bas du tuyau, découvrant avec effroi que Vladimir avait disparu. Il mit quelques minutes avant d'identifier le coupable, se sentant soudainement aspiré vers le haut. Il avait mis en marche une pompe ! Il nagea à contre courant de toutes ses forces, barbotant vigoureusement, battant férocement des nageoires, mais déjà la gueule béante du tuyau l'aspirait dans ses méandres. Il eut beau s'accrocher à son embouchure, ses forces lui firent rapidement défaut et il fut à son tour happé dans la gaine de métal.
Le parcours fut chaotique et douloureux pour son estomac, tant il virevoltait de droite à gauche, se heurtant aux parois, ralentissant, puis accélérant brutalement pour enfin se heurter à la joue molle de Vlad alors qu'il atteignait la sortie dans un puissant jet d'eau qui trempa un peu plus le sol et le lycanthrope. Ce dernier eut le réflexe de rattraper le petit poisson, au passage, si bien que lorsqu'Edward retrouva sa taille normale, il écrasa son cadet de tout son poids, ouvrant encore la bouche à une rythme régulier durant quelques secondes avant de s'apercevoir qu'il respirait normalement. Cette constatation fut source d'une grande joie pour lui, et il leva les deux bras au ciel, content de les avoir retrouvés :
« Ô terre ferme, comme tu m'as manqué ! – Edward tu me broies les... – Oh pardon petit frère. »
Le loup se releva, aidant son cadet à faire de même, ce dernier réajustant ses lunettes tordues sur son nez d'un air renfrogné, l'un des verres s'étant fendu.
« Tu es ravissant comme ça, souligna Edward dans un sourire. Ani va adorer. – C'est ça fait ton malin va. – Mais je suis sincère ! – Tu sais que ton humour me fatigue. Souvent. – Tu m'en vois ravi ~ »
Ils se toisèrent quelques minutes, le plus jeune cédant dans un soupir, assurant à son frère qu'on ne pouvait faire plus irrécupérable lycanthrope. Enfin, ils prirent le temps d'analyser leur piste d'atterrissage. C'était une longue passerelle, joliment décorée de bas reliefs détaillés, qui rejoignait une immense porte de roche en grande partie couverte d'une mousse gorgée d'eau, tandis que la salle ronde dans laquelle tout cela tenait place, avaient les trois-quarts de ses parois dissimulées sous une cascade au bruit assourdissant et dont on ne discernait pas le sommet.
« Quel endroit charmant. – C'est de l'ironie ? Questionna Edward, jugeant l'air surpris de son frère comme une réponse négative. Bon… Comment on sort de là ? – Par la porte je suppose ? – Mais tu es intelligent en plus de ça ! – C'était de l'ironie ! – Oh… »
Vladimir soupira généreusement avant de se rendre jusqu'à la porte rocheuse en essayant de glisser ses doigts dans divers interstices pour y trouver un quelconque mécanisme d'ouverture. Edward l'observa un moment en train de se débattre avec les parois pleines de mousses dégoulinantes, puis en grand chevalier, il se décida à l'aider. Ils découvrirent ainsi un creux soigneusement taillé que le plus jeune des loups identifia comme une serrure, les invitant à se creuser la tête pour en trouver la clef. Une voix railleuse les interpela alors, les forçant à tourner la tête :
« Regardez-moi ça, c'est pas fut' fut', même à deux la connexion des neurones est pas au point ! Ah ? Ça y est, ils me cherchent. Le nez en l'air, non mais qu'est-ce qu'ils ont l'air débile… Hé les nigauds ! À gauche ! Hé ! C'est qu'ils sont pas si bêtes que ça, ils connaissent leur droite et leur gauche ! Encore un peu ! Encore je vous dis ! Mais non, c'est trop loin… Voilà. Allé, un poil plus haut maintenant et… Tadaaaaam ! … Ils ont pas compris… J'ai dit : Tadaaaaam ! – Tu vois quelque chose ? Demanda Vladimir visiblement perplexe. – Dès que ce sera le cas je lui expliquerai ma façon de penser… – Mais faut tout leur apprendre ! Tu parles d'aventuriers, même mon arrière-grand-mère, à peine sortie de sa tombe, se débrouillerait mieux ! Pas foutu de trouver ce qu'ils ont devant le nez ! Et hop ! »
Au même moment, le ruissellement d'eau sur les parois s'arrêta, laissant aux deux loups le soin d'admirer une bille dorée, de la taille d'un melon, qui pendouillait joyeusement, accrochée à une sorte de cordon de chasse d'eau. Elle se laissa retomber avant de tourner vers eux sa face ronde armée aux deux grands yeux sournois, surmontant une vilaine bouche souriante qui se déforma rapidement en cul de poule. Un bref silence, précéda une nouvelle exclamation désagréable :
« Salut les débiles ~ – Edward… C'est la clé, mais… Elle parle ? – Plus pour très longtemps, grommela le concerné visiblement furieux. Dès que je lui aurai mis mon poing entre les yeux… – Oh ! À croire que je vous ai fâché ?! Vous m'en voyez enchanté ! Alors quoi ? Vous avez peur de venir me chercher hein ? Ma puissance vous met les miquettes ? Bwahahaha ! Pitoyables petits êtres inférieurs, prosternez vous devant ma rondeur ! – Je vais l'exploser, souffla Edward. – Attends, il y a peut-être un moyen de discuter. Écoutez, je pense que c'est un mal entendu, nous ne sommes… – Gnagnagnaaaaaa, c'est pas un mal entendu tête de nœud, je peux pas voir vos tronches c'est clair ? – Edward… Attaque. »
L'aîné des Wolkoff n'avait pas attendu l'ordre de son frère pour se diriger jusqu'à la paroi la plus proche qu'il commença à escalader, la colère lui faisant complètement oublier sa peur du vide. Sur son perchoir, l'orbe les observait avec attention, roulant sur elle-même en hurlant d'une voix trop aigüe pour être sincère :
« Iiiiiiiih ! Au secours ! Le grand moche me fait peur, il veut me taper, me briser. Iiiiiiih à moi ! Qu'on vienne me sauver, ma grandeur rocheuse est en périiiiil ! Le danger me guète !! – Il va la fermer Pacman ! Lâcha Edward, excédé. – Hui hu, hui hu, hui hu. – Bibble ? – Vlaaaad ! »
Le concerné haussa un sourcil, ne comprenant pas où il avait eu faux. La balle dorée s'amusant à ouvrir et refermer la bouche régulièrement, il lui a ait semblé qu'elle tentait une imitation presque réussie du poisson rouge quitté un peu plus tôt. Le jeune lycanthrope, jeta un coup d'œil à son frère, dont l'avancée commençait à poser problème, se ponctuant de temps en temps d'un ou deux jurons transylvains qui lui semblaient adaptés à la situation. Les pierres glissantes rendaient son avancée difficile, mais à force d'acharnement, — et surtout bien décidé à faire taire ce moulin à parole sphérique — Edward avait réussi à se positionner en contre-bas de sa proie, qu'il atteignait presque de la main. Il gravit une dizaine de centimètres de plus, et guidé par son frère, tenta d'attraper la boule qui se décala dans une cri de pucelle effarouchée :
« Iiiiiih ! Tant d'effroi pour un cœur de pierre, je m'éfriiiiite ! – Mais tu vas te taire ! – Est-ce la fin qui m'attends ! Siiii jeune ! Siiii rond ! Pris dans l'étreinte d'une main moite et fripée qui dégoulinera sur mon corps de rêve. – Je vais te massacrer ! – À droite Edward ! Plus à droite, tu y es presque ! – Que vois-je ! Quelle est donc ce prompt cordon près de moi ? Serait-ce un siiiiiigne pour me venir en aide ! Ah ! C'est ma dernière chance ! Il me faut la saisiiiiiir ! Et… Hop ! – Non ! »
Trop tard. Dans un bond au ralenti maîtrisé, agrémenté d'une lumière quasi-divine, la sphère sauta gracieusement jusqu'à la chasse d'eau à laquelle elle s'agrippa dans un sourire machiavélique. Aussitôt, un grondement sourd résonna entre les murs, rapidement suivi de quelques gouttes. Edward eut à peine le temps de lever la tête que des trombes d'eau surgissaient, ruisselant puissamment le long des murs et martelant son corps avec la force de leur chute. Il tint bon quelques secondes, mais l'eau le fit rapidement perdre ses prises et il finit par faire un magnifique plongeon, qui, malgré son salto arrière improvisé, éclaboussa une bonne partie de la pièce. Son frère le guetta à la surface, inquiet, jusqu'à ce qu'il s'extrait de l'eau, recrachant la tasse qu'il avait bu avant de se hisser sur leur passerelle. Il jeta un regard noir à la petite boule qui les raillait joyeusement, en se balançant le long de son cordon qu'elle actionnait par intermittence.
« Hé ! Hé regardez ! Attention… Eau ! Plus d'eau ! Eau ! Plus d'eau ! Et eauuuuu ! Plus d'eau. C'est diiiiiiiingue ! – Pense bien que si je te chope, je vais te rendre si plat qu’on pourra faire des ricochets sur cent mètres avec ton corps… Grogna Edward. – Mais vous ne m'attraperez paaaaaas ~ – C'est ce qu'on va voir ! »
Vladimir avait remonté ses manches et, ayant repéré une longue plante un peu semblable à une liane qui longeait l'encadrement de la porte, il voulut s'y hisser. La prise était bien meilleure que celle des pierres et ce fut avec une conviction sans égale que le jeune loup commença son ascension.
« Vlad… Je sais que tu veux bien faire, mais tu es ridicule là. – Laisse ! Je vais y arriver ! – Tu as fais deux mètres et tu n'en peux déjà plus, je vais le faire. – Je vais réussir, je te dis ! Je reprends mon souffle ! – Oh le mou des bras ! Sérieux t'a déjà pensé à acheter des muscles mon gars ? C'est la honte là. On dirait une moule scotchée à une algue. – Pour quelqu'un qui n'a pas de bras hein ! Je me passerai de commentaire ! Répliqua le concerné qui s'entortillait malgré lui dans sa corde de fortune. – Allé, il fait son malin en plus ! Parce que Môsieur a des bras ! Mais le mauvaaaais ! …Bwah ! Et c'est quoi ça à ton doigt ? – Mon alliance. – C'est ce que j'craignais. Boulet. Je plains ta femme. L'enfer quoi, vivre avec une moule. "Salut chéri, ça va, t'as pu mettre la table sans te froisser un muscle ?". La vie de sandale ! – La ferme ! – Euh… Respire Vlad… – Écoute, je vais te rendre service, tu me la présentes et si elle est pas trop moche, je te la prends de temps en temps, histoire qu'elle fréquente un vrai mâle quand même. – Tu vas la fermer oui ! »
Se remettant soudainement en route, Vladimir s'était hissé en quelques secondes à peine à près de trois fois sa hauteur initiale, arrivant au niveau de la petite boule dont il n'était séparé que par une dizaine de mètres. Il observait cette dernière à travers ses lunettes bancales d'un regard si terrible, que leur charmant interlocuteur en fut presque surpris, n'ayant pas prévu que la « moule », se transformerait si vite en albatros.
« Il lui prend quoi là au juste ? Il a mis les gaz ? Tout à l'heure, il pendouillait comme la poitrine d'une vieille-fille et là, il se la fait ninja de l'empire Ming ? – Crains la fureur de l'époux aimant… Car elle ne connait pas de pitié, abandonna Edward sur un ton de grand sage, mais non sans un sourire. – Qu'est-ce qu'il fout là ? Oh le mollusque ! Pourquoi tu t'attaches la corde autour de la taille ? Tu veux nous faire un numéro de cirque ? Tu crois pas que t'as été assez ridicule comme ça ? Je peux en remettre une… Waaah ! »
Prenant fermement appui sur la paroi, Vladimir avait mis toutes ses forces dans ses jambes pour se propulser le plus loin possible du mur, déviant droit dans la direction de la sphère, prise de court par cette manœuvre. Elle s'était jetée sur le cordon, déversant de nouveau les chutes d'eau dans toute la pièce, mais le jeune loup avait calculé son coup, et ce fut dans un cri strident que la clé ronde vit une main traverser son voile aqueux protecteur, pour la saisir avec force. Vladimir bascula à nouveau, retrouvant sa place initiale. Se détachant, il redescendit ensuite, retrouvant le sol ferme de la passerelle où il fut accueilli par les félicitations de son frère.
Tous deux, debout devant la porte, ils s'assurèrent que l'espace où la clef devait être logée correspondait avec leur prisonnier dont les remarques sarcastiques s'étaient perdues, étouffées dans la paume de main de Vlad. Le loup le libéra brièvement, juste assez pour entendre :
« Pas la tête la première, pas la tête la pr… Hmmmmmf ! »
La serrure pivota et la porte s'ébranla. Les deux pans de roc s'écartèrent lentement, noyant un peu plus, dans leur grondement, les exclamations sourdes de la sphère dorée qu'ils virent disparaître avec enthousiasme. Les deux frères se jetèrent un regard victorieux avant de frapper leur main l'une contre l'autre, et c'est tout naturellement qu'Edward laissa son cadet rejoindre la pièce suivante le premier.
Ils débouchèrent sur une salle bien plus grande que la précédente. Toujours circulaire, ses murs étaient d’une hauteur étonnante, et les colonnes qui en faisaient le tour surmontaient une coupole percée en son centre qui laissait voir le ciel. Ils eurent rapidement les pieds dans l’eau, le sol en étant recouvert d’une bonne dizaine de centimètres. Le calme absolu. Et bien qu’ils n’arrivent pas encore à en distinguer la sortie, il sembla aux deux loups qu’ils étaient arrivés au bout de leur périple. Ils avancèrent prudemment tout de même, jusqu’à atteindre le centre de la pièce où un trou laissait entrevoir les profondeurs marines. Ils entreprirent de le contourner lorsqu’un grondement sourd les invita à faire marche arrière. Ils eurent à peine le temps de rebrousser chemin qu’un gigantesque tentacule s’extirpa de l’eau, s’abattant avec force sans leur direction. Ils l’évitèrent d’un bond sur le côté, mais déjà un second le rejoignait, ébranlant le sol avec une force effrayante. Edward manqua de se faire écraser, mais il eut la présence d’esprit de se décaler juste à temps écopant simplement de la secousse. Un bref silence. Et ce fut deux tentacules de plus qui jaillirent des eaux, puis quatre autres, pour qu’enfin, la masse imposante d’une pieuvre géante de s’élève lentement de la surface, observant ses deux proies de ses deux grands yeux globuleux, tandis que ses huit bras ondulaient d’une manière de plus en plus menaçante dans leur direction.
« Tu crois que c’est un cousin de celui qui a embouti le Nautilus ? Tenta Edward. Je comprendrais qu’il veuille se venger de ton chauffard de femme. – Ani n’y était pour rien ! Il nous avait grillé la priorité ! – À gauche ? – …C’est pas la même réglementation sous l’eau. »
Les paroles des loups firent réagir l’animal visiblement furieux. D’un mouvement de tentacule, il chercha à faucher Vladimir, qui évita miraculeusement la première attaque quand la suivante l’envoya au sol. Dans le choc, ses lunettes volèrent, et Edward se précipita à son secours, ne parvenant toutefois pas jusqu’à lui, se faisant enserrer par un des bras puissants du mollusque. Même avec toute sa force de loup-garou, il lui était difficile de se défaire de l’étreinte gluante. Il s’acharna pourtant, allant jusqu’à mordre à pleine dent dans le bras du poulpe, ce qui ne fut pas sans désagrément :
« Du métal ?! »
Dans la seconde qui succéda, le céphalopode se crispa, et relâchant sa prise, il contracta ses bras pour se ranger en un parfait petit cube, avant qu’une voix de synthèse ne s’en extraie, annonçant :
« Octopus 6.0. Version SCSS. Couleur cuivre métallisée, avec reflets argent pour deux nageoire sur trois. Wifi compris. Options complémentaires : camouflage, climatisation, radio réveil… – Mais remets toi en route vieux tacot ! J’en ai rien à foutre de ton inventaire stupide… Oh ! Une option massage thaïlandais, intéressant… – Encore toi ! Lâcha Edward. Ton tête à tête avec la porte ne t’a pas suffi !? »
Un bruit de vapeur, un nuage de fumée, et une porte métallique pivota entre les yeux du poulpe, découvrant la machiavélique clé aux manettes du monstre marin, et arguant ses adversaires d’un rire terrible.
« Bwhahahaha ! Tremblez devant ma puissance céleste ! Vous m’avez eu par surprise, mais je suis désormais invinciiiiiiible ! Ovationnez-moi ou périssez !! – Je vais te botter la face jusqu’à ce qu’on ne puisse plus faire la différence avec ton derrière ! – Alors… Périssez ~ – J’ai mes lunettes ! »
La machine se remit en route, alors que ses haut-parleurs diffusaient le rire de son conducteur. Serpentant sur le sol, les tentacules avaient retrouvé toute leur mobilité et tentaient d’attraper les deux loups, sans toute fois y parvenir, l’un et l’autre ayant réalisant rapidement que les gestes des bras à ventouse étaient limités sur de petites surfaces. Évidemment, cela agaça très légèrement leur ennemi qui vociféra dans son micro :
« Ah… Vous le prenez comme ça ! Et bien d’accord ! Voyons ce que vous direz de… Ça !! »
Deux des tentacules se dressèrent, avant que leur extrémité ne s’ouvre dans un grincement inquiétant. Vladimir et Edward se jetèrent un regard inquiet et décidèrent de se séparer, songeant qu’ils auraient plus de chance en faisant face à une arme chacun. Aussi, Vladimir partit vers la gauche et son frère vers la droite. Le premier eut affaire à l’embouchure d’un canon, qui tenta de l’ajuster dans sa ligne de mire avant de faire feu. Le lycanthrope ne prit pas la peine de se retourner, le bruit du premier tir fusant dans son dos pour s’écraser contre le mur derrière lui dans un formidable « Pouic ».
De son côté Edward avait eu droit à une arme plus redoutable encore. L’embout du tentacule était affublé d’une serpillières bien plus grosse que la moyenne, qui tentait d'empêtrer de loup dans ses franges dégoulinantes. Si ce dernier esquivait plutôt bien, l’une des attaques finit par lui faire perdre l’équilibre. Il se retrouva dans l’eau, mais eut suffisamment de présence d’esprit pour ne pas se relever immédiatement. Le tentacule balaya l’air en sens inverse et il s’accrocha à son manche, se faisant soulever dans les airs, non sans qu’une exclamation légèrement ridicule ne lui échappe.
« Il va me lâcher le parasite ! » Hurla la sphère tout en actionnant frénétiquement le levier guidant le tentacule.
Edward fut secoué de haut en bas avec force, mais ne lâcha pas prise et il mit toutes ses forces en application sur le manche de la serpillière, finissant par le briser d’un coup sec. L’objet tomba dans l’eau, suivit du tentacule hors-service. Edward retira les franges de leur prise et lança le long cylindre à son frère qui le récupéra aussitôt. Vladimir se positionna immédiatement face au canon, les deux mains serrées sur le bas du manche. Les jambes fléchies, il attendit un nouveau tir. Feu ! Le loup fit pivoter son bassin, et renvoya d’une frappe au « pouic » mémorable, le canard droit dans le canon qui explosa aussi sec, lui valant une exclamation de son aîné :
« Home ruuuuuuun ! – Et de deux ! – Ne criez pas victoire trop vite, il m’en reste six ! Qu’est-ce que vous dites de ça ! »
Aussitôt, un nouveau tentacule balaya la pièce, et s’actionna comme l’avaient fait les précédents. Les deux frères retinrent leur souffle. Un grésillement leur arracha un frisson d’inquiétude, puis soudain :
« Il est 8 h 30 sur la côte pacifique, une bonne journée à tous ceux qui se réveillent ! Toute suite, le dernier tube de Barbe-Bleue ! « LA VIE la vie LA VIE la vie D’AUJOURD’HUIIIIIIII ~ » – Mais qui m’a foutu une machine à laver pareille ! J’ai jamais demandé le radio-réveil ! Protesta vivement le globe doré en s’acharnant sur les boutons. – Effroyable. – Terrifiant, ajouta Edward. Mais ça bouge bien ~ »
Les deux frères esquissèrent quelques pas de danse, presque en rythme avec le tentacule musical que leur terrible ennemi tentait de faire taire, avant que dans un ultime instant de rage, il le mette lui-même hors d’état de nuire en le fracassant au sol.
S’en suivit une attaque plus violente, deux des bras de la machine se jetant simultanément sur les loups. Leurs deux extrémités s’étaient à nouveau ouvertes, et il en sortit deux ballons rouges qui gonflèrent, gonflèrent, jusqu’à prendre la forme de gants de boxe qui s’abattirent sur le sol, envoyant Edward et Vladimir voler quelques mètres plus loin. Heureusement, ils se relevèrent aussitôt, et purent éviter un nouveau coup avant de se séparer. Les assauts pleuvaient, ébranlant un peu plus le sol à chaque fois, sans pour autant atteindre leur cible. Puis d’un commun accord, les frères s’agrippèrent au mieux au tentacule qui les manqua une fois du plus. Lorsque celui-ci se releva, ils se laissèrent glisser sur sa longueur, avant de profiter de l’élan pour gagner la masse crânienne de la pieuvre mécanique pour tenter d’en extirper la sphère. Ils ne trouvèrent malheureusement pas une prise, et malgré leur force qui leur permit de cabosser le métal, ils furent contraints d’abandonner leur perchoir lorsque dans un excès de rage, leur ennemi abattit ses deux poings vengeurs sur son propre habitacle, ébranlant sérieusement sa mécanique. Mais s’il resta sonné quelques secondes, ce ne fut pas pour arranger les loups, car il se mit à actionner tous les boutons et les manettes de son tableau de bord, si bien que l’Octopus 6.0 s’agitait dans des mouvements complètement désordonnés. Tantôt balayant l’air de ses bras mécaniques, tantôt passant un air de tango sensuel, quand il n’annonçait pas la météo tout en bombardant la pièce d’adorables petits poulpes qui retournaient aussitôt à l’eau. Du moins jusqu’à ce que Vladimir ne dérape vilainement sur l’un d’eux et ne perde l’équilibre. Il tomba dans l’eau, au moment même où la sphère reprenait ses esprits, toutes armes dehors, et cherchait la première personne à écraser.
Évidemment, son choix se porta sur le plus jeune, mais aussi le plus en difficulté des loups. Edward était à l’autre bout de la pièce. Il ne pouvait pas intervenir et ne put observer qu’avec effroi son cadet se recroqueviller pour parer le coup brutal que la machine s’apprêtait à lui asséner.
« Vladimir ! »
Il fut stoppé dans son élan par une voix familière aux deux loups, qui résonna prodigieusement dans toute la salle :
« Huiiiiiiiiiiiii huuuuuuuuu ! – Non ! Noooon ! Non pas ce bruit ! Qu’avez vous faiiiiiiiit ! »
Un « plof » et Edward vit jaillir un petit point rouge devant son frère.
« Bibble ! »
Il causa, dans la foulée, une panique monstre à leur adversaire qui reculait à mesure que le minuscule poisson avançait vers lui, beuglant à travers les haut-parleurs grésillant de son armure :
« Le dévoreur des abysses ! C’est la fiiiiiiin !! – Huiiiiiiiiiiii huuuuuuuu ! Huiiiiiiiiiiii huuuuuuuu ! – Je ne peux rivaliser ! Ma suprême rondeur n’est rien face au déchaînement de cette aura de puissaaaaannnnce !! – Huiiiiiiiiiiii huuuuuuuu ! Huiiiiiiiiiiii huuuuuuuu ! – Noooooooooon !! »
La machine glissa lentement avant de sombrer au fond du trou d’où elle était venue, laissant comme seule trace de son passage, un énorme bazar dans la salle dont quelques poulpes, et autant de canards en plastique. Edward ouvrit lentement la bouche, et la referma aussi sec, observant d’un œil méfiant le petit poisson « dévoreur des abysses » qui bondissait au-dessus du corps épuisé de Vlad dont le torse se soulevait dans un rire nerveux. L’aîné se rapprocha et aida son cadet à se relever.
« Mémoire de deux secondes hein ? Il n’aurait pas exagéré le marseillais ? Demanda Edward. – Ça ne m’étonnerait qu’à moitié. » Répliqua Vladimir en se massant lentement le crâne.
Une seconde de silence, avant que le regard du plus âgé ne croise celui du plus jeune. Le premier haussa un sourcil, surpris par l’expression angélique de son frère qu’il ne lui avait pas vu depuis qu’il avait proposé d’adopter un basilic. Edward secoua vivement la tête et croisa les bras sur son torse :
« Non Vladimir, c’est non ! – Oh allé ! Il ne prend même pas de place et regarde comme il serait content ! – Huiiii huuuu ! – Tu as vu ? – C’est un poisson ! – Tu en étais un il n’y a pas bien longtemps il me semble. Et puis il m’a sauvé la vie ! – Il vit dans l’eau ! Comment veux-tu le transporter ?! – Avec ça ! Répliqua Vladimir en sortant la bouteille « Buvez-moi » des poches de sa veste. – Comment tu… Tu l’as gardé !? – Apparemment. Et puis ça sert toujours, la preuve. Alors, tu dis oui hein ? – Non ! – S’il te plait ! – Non Vlad n’insiste pas. – S’iiiiiil te plaiiiiiiiiiiiit grand frère. – … – Oh ! Tu es d’accord ! Il est d’accord Bibble, allé viens avec nous ! – Huiiiiiiiiiiii huuuuuuuu ! – Je te préviens, c’est toi qui t’en occupe ! »
Un craquement, et un pan de mur s’effondra, dévoilant aux deux loups leur prochaine destination. Vladimir s’était fait un nouvel ami, et Edward avait jugé bon de garder le manche de serpillière sous la main, des fois qu’un poulpe géant, un vrai cette fois, ne les attaque à son tour.
C'est la fin de cette première manche !
Whouhouuuu ! Ça c'est une première manche qui décoiffe ! On vous remercie pour votre participation sans faille et vos postes de folies !
Nous nous sommes vraiment bien amusés en lisant vos chefs-d'œuvre du n'importe quoi, vous avez vécu des aventures aussi incroyables que tordues et bons nombres d'entre vous ont fait des rencontres qui resteront dans les annales ! On aura une pensée pour ceux dont la tenue vestimentaire laisse à désirer, ceux qui ont vaillamment combattu ou presque, ceux qui se sont déhanchés et tous ceux qui ne sont pas sortis complètement indemnes de cette aventure !
La suite arrive en fin de semaine ! Le temps pour tout le monde de souffler un peu, de poursuivre vos RPs en attendant la seconde manche qui vous réserve encore bien des surprises ~
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Sujet: Re: Manche n°1 - Itinéraire périlleux
Manche n°1 - Itinéraire périlleux
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