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Cabaret du Lost Paradise - Forum RPG

Forum RPG fantastique - Au cœur de Paris, durant la fin du XIXe siècle, un cabaret est au centre de toutes les discussions. Lycanthropes, vampires, démons, gorgones… Des employés peu communs pour un public scandaleusement humain.
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 Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd]

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MessageSujet: Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd]   Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd] I_icon_minitimeMar 5 Juil - 22:53

S’il y avait bien quelque chose à laquelle Reilly n’osait jamais toucher, c’était sa toison capillaire immaculée. Car, si son sens du style à lui était bien développé, celui de ses cheveux restait encore à ce jour un des plus grands mystères que le monde ait jamais connus ; sa jolie touffe blanche avait en effet dû être posée là par quelque force de la nature compétente, puisque jamais elle ne s’emmêlait et jamais il n’y touchait. A vrai dire, s’il n’y touchait pas sauf en cas d’horreur capillaire majeure, c’était qu’il y avait une bonne raison. Et cette raison le fit frissonner devant son miroir, alors qu’il replongeait dans ses souvenirs.

Les cheveux mi-longs, un peu plus bas que les épaules, lui allaient vraiment bien. Cependant, compte tenu de sa petitesse physique - qui n’avait pas bien évolué depuis l’hors - de la minutie de ses traits et de celle de ses os, tout le monde le prenait pour une très jolie fille, et pas pour le petit garçon timide qu’il était. De plus, puisque lorialet de nature, Reilly se cachait constamment derrière ses mèches blanches, un moyen pour lui d’éviter la foule bien trop énorme de son petit village. Bridget O’Brian avait donc pris les choses en main, et avait demandé à son jeune frère de l’aider. Un instant, Reilly sourit en y repensant ; peut-être que s’ils ne lui avaient pas coupé les cheveux, il serait resté timide et solitaire à vie ?

Mais Sean O’Brian, lui, avait toujours été un bon marin ; jamais un bon barbier. Oh que non. Aussi, quand la mère du petit irlandais avait prestement demandé à son frère de s’occuper de lui, Reilly s’était d’abord demandé ce qui allait lui arriver. Puis il avait vu son oncle se saisir de la grosse paire de ciseaux bien trop massive à son goût et s’avancer doucement vers lui, prenant tous les airs les plus gentils du monde. Et Reilly avait couru. Loin. Et vite, surtout. Malheureusement, le colosse qu’était son défunt oncle avait eu vite fait de le rattraper, et Reilly avait dû dire adieu à sa chevelure de rêve. Ne lui restait que quelques centimètres, et son petit égo amoché. Depuis, le couturier avait tout fait pour se tenir loin des coiffeurs en tous genres. D’autant qu’après la disparition de sa famille, c’était James, son premier amour sociopathe, ou ses cousins, Aedan et Maccoy, qui s’étaient occupés de sa tignasse. D’un barbier très peu doué à un autre…

Reilly soupira, les yeux bas, avant de se dévisager dans le petit miroir de sa chambre. La grimace qu’il capta sur ses lèvres le lui confirma.

« I have to do it… »

Oh, ce n’était pas qu’il n’aimait pas ça, avoir les cheveux un peu longs et en désordre, non, au contraire ! Mais, maintenant qu’il travaillait au Lost depuis un moment, il avait cette impression, ce sentiment de désirer faire au mieux pour tout. Son côté perfectionniste l’avait vraiment rattrapé, aussi son cerveau avait-il décidé qu’un petit rafraîchissement ne lui ferait pas de mal. Le petit lorialet tourna sa tête de profil au miroir afin d’observer les dégâts arrières. Une nouvelle grimace dilata ses narines. Celui qui allait s’occuper de lui allait certainement l’insulter, d’une manière ou d’une autre, quand il allait voir sa tignasse. Et ce « celui-ci » était déjà tout choisi.

Le petit irlandais inspira profondément en dévisageant la tâche azurin de son oeil afin de se donner du courage, puis il se tourna vers la porte de sa chambre, décidé, et l’ouvrit sans plus attendre. S’il ne le faisait pas maintenant, il allait se dégonfler. Alors, de la pointe de ses petits pieds nus, il se faufila hors de sa chambre après avoir bien vérifié que personne ne traînait dans le couloir de l’étage des employés. Les quelques premiers pas furent un vrai régal. Enfin, pensait-il, enfin il allait réussir à passer son traumatisme ! Seulement, les quelques pas qui suivirent le firent légèrement ralentir, le doute commençant à serrer son estomac. Après tout, devait-il vraiment se faire couper les cheveux ? …Et puis, les mèches qui tombaient de temps en temps dans ses yeux le ravissaient parfaitement, d’abord ! Les quelques autres pas suivant se firent au ralenti. Il n’avait pas encore remarqué, mais, maintenant, la porte de la chambre et du salon de Lloyd lui semblaient en fait vraiment, vraiment proches de la sienne. Et pour sûr, elles se rapprochaient encore, alors que l’inconscient du petit irlandais le poussait vers elles, convaincu. Ne disait-on pas qu’une coupe changeait un individu ? Oh bien sûr, Reilly ne désirait pas séduire grâce à un rafraichissement capillaire, non, il tenait juste à assurer la réputation du Lost. Quelques pas de plus dans le silence du couloir, et il était arrivé. Un nouveau frisson le parcouru alors que sa main bravait la gravité terrestre pour toquer à la porte. Puis elle se figea dans les airs, indécise.

En fait, en avait-il vraiment, vraiment besoin ? Edward White, lui, avait les cheveux longs, après tout… Mais bon, ça lui allait vraiment bien. Et puis il ne ressemblait pas à une fille. Mais… quand même… Un instant, Reilly ferma les yeux pour se concentrer. Avait-il envie de ressembler à une pauvre fille maigrichonne, ou a un beau jeune homme couturier au Lost Paradise ? Ses yeux s’ouvrirent à nouveau, plein de flammes de motivation. Bien ! Il allait le faire ! Vraiment ! Vraiment, réellement et… Ses yeux faillirent sortir de ses orbites quand il capta que son inconscient avait déjà fait tout le travail et avait allègrement toqué à la porte sans son le consulter. Mince !

« Bloody potatoe hell ! »

Que devait-il faire ? Fuir était encore une bonne option, même, une option qui lui tendait ses bras remplis de cookies et de whisky. Bien ! Au diable la coiffure ! Le couturier tourna expressément les talons, convaincu du fait que le chat qu’était Lloyd Bartholomew n’avait pas entendu que quelqu’un avait frappé à sa porte. Puisque, comme tout le monde le savait, les chats n’avaient pas une si bonne ouïe… Enfin…

Mais, alors qu’il commençait à repartir, les paroles de son collègue et ami, le jeune Kaito, lui revinrent en mémoire. Apparemment, Lloyd avait de vraies pattes de velours. Parfait pour mettre en confiance, d’une précision d’acier, vraiment très doué. Le petit lorialet se mordit la lèvre, complètement indécis. Il avait envie de savoir. Il avait envie, aussi, de discuter avec Lloyd, sachant qu’il n’en avait pas vraiment eu l’occasion. Ce chat semblait si… calme, discret, mystérieux… Vraiment rien à voir avec son Félicien à lui, ce vieux matou ronchon avec qui il adorait tant jouter verbalement. Non, Lloyd, de ce qu’il avait pu voir, n’avait strictement rien à voir avec lui. Et, quand Reilly trouvait quelqu’un, comme ça, de mystérieux, il n’avait qu’une seule envie : savoir. Savoir, connaître, et apprendre. Une lumière illumina son cerveau. Et si, finalement, se faire couper les cheveux était une bonne idée ? Non seulement il ressemblerait à un jeune homme décent, mais en plus il gagnerait un peu de temps avec ce nouveau venu au sein du cabaret qui faisait déjà parler de lui. Un sourire victorieux habilla ses petites lèvres roses. Oui, c’était décidé ! Aujourd’hui, Reilly O’Brian allait se faire couper les cheveux ! Et pas par n’importe qui, en plus, mais bien par…

« Mr sweet paws ! »

Ah, que ce surnom sonnait bien, à voix haute ! Il sonnait presque aussi bien que le grincement d’une porte derrière Reilly. Eh ? Le lorialet se retourna en un sursaut tardif, surpris, et capta la figure fine mais sportive du chat noir au pas de la porte de son salon. Et mince… Le couturier lui lança un sourire gêné qui se voulait amical, piaillant intérieurement contre sa non-attention aux choses qui l’entouraient.

« H-Hey, Lloyd… Tu… vas bien ? »

Reilly papillonna des yeux, en pleine adaptation. Lloyd avait cette carrure qu’il désirait tant : petit, enfin pas très grand, fin, mais sportif. Rien qu’à le voir, on l’aurait dit doté d’une souplesse qui laissait coi, et on pouvait facilement deviner la finesse du moindre de ses mouvements. Le petit lorialet se demanda d’abord si c’était dû à sa taille, puis il se rappela que, lui, de son mètre cinquante-neuf, avait la grâce d’un pachyderme sous anesthésie. Alors, il se dit que sa nature de chat devait certainement aider le jeune homme de ce côté là. Et, puisqu’il lui était quasiment impossible, dans une situation aussi gênante que celle-là, de garder tout ce qu’il pensait pour lui, Reilly ne put s’empêcher un :

« C’est drôle, non ? On est petits tous les deux, mais tu as l’air bien plus gracieux que moi, un peu comme les dames quand elles dansent… »

Et ce ne fut qu’une fois arrivé au bout de sa remarque, qu’il fit avec un joli sourire convivial, qu’il plissa les yeux, dubitatif. C’était si bien tourné qu’il s’attendait à recevoir au moins un regard noir. Enfin, un regard noir plus noir encore que ce qu’était déjà celui du barbier. En effet, et c’était une autre particularité dont il avait envie de discuter, les iris du jeune homme étaient si sombres qu’ils lui paraissaient infinis. C’était vraiment très beau. Et, comme si la situation n’était pas déjà assez gênante, il se plu à les observer quelques secondes, sans rien dire, un air curieux et poupin sur le visage.

« Tu as de beau yeux… Oh ! Mais je ne suis pas là pour te flatter, pardon ! Je… »

Ah, pourquoi était-ce si dur ? Reilly se passa les visages de ses tortionnaires capillaires en tête en les maudissant un par un, complètement figé devant le regard si impassible de son nouveau collègue. Il déglutit lourdement, pas sûr, et enchaîna vite avant de se dégonfler à nouveau :

« Je voulais savoir si tu pouvais me couper les cheveux ? Enfin juste rafraichir, tu comprends j’aime mes cheveux et je ne veux pas être chauve haha, je suis sûr que tout le monde te fait la blague mais j’ai vraiment peur et je tiens à garder mes mèches devant mes yeux et j’aime bien un peu de longueur mais t’es pas obligé de le faire hein surtout si tu as pas envie je sais je suis bizarre tu trouves pas que je suis bizarre ? Je crois que je le suis un peu, ouhlala il fait chaud là non ? Enfin bref heu je…je… Tu veux bien ? Encore une fois tu n’es pas obligé et tu dois sûrement avoir énormément à faire haha et puis je te demande pas de le faire uniquement pour avoir une excuse pour te connaître parce que je n’ose pas t’aborder ça n’a rien à voir c’est juste que je pense que tu peux faire du bon travail enfin Kaito à dit que… bref, j’ai peur des barbiers, en fait… »

Et mince. Débit de parole trop rapide pour contrôler ce qui est dit : 1. Reilly O’Brian : 0. Le petit lorialet soupira intérieurement, figé de l’extérieur. Comment diable pouvait-il constamment passer pour un aussi étrange petit homme dans les pires situations ? Avec son monologue, flot de paroles interminables et sans queues ni têtes bien que transportant la pure et unique vérité, Lloyd allait certainement refuser de lui couper les cheveux. Et de lui adresser la parole à nouveau. Ses joues légèrement gonflées et roses de honte, le petit couturier baissa prestement les yeux pour admirer ses pieds immaculés et crispés sur le sol du couloir. Non seulement il avait maintenant encore plus envie de connaître Lloyd, mais en plus il voulait partir loin, très loin aussi loin que possible et s’enfermer dans le tonneau de la honte et de l’absurdité sociale. Il releva des yeux désolés et plein de remords sur le chat noir avant de préciser, de la plus petite voix possible :

« Pardon… parfois, les relations sociales ne sont pas vraiment mon fort… Mais j’aime beaucoup apprendre des autres, et je suis curieux, et même si on ne se connaît pas vraiment je suis sûr que tu fais du très bon travail ! Alors… »

Alors, Reilly espérait vraiment que ce chat noir lui porte bonheur, et le laisse entrer dans son monde pour une coupe de cheveux. Enfin, dans son salon.
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MessageSujet: Re: Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd]   Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd] I_icon_minitimeMer 6 Juil - 22:55

Des bruits métalliques résonnaient dans la rue. On entendait les bruits glisser de rues en rues, apercevant de temps en temps un éclat de lumière se reflétant sur l’objet bruyant. Les cliquetis se rapprochaient du Cabaret, évitant les endroits trop lumineux malgré l’aube qui apparaissait.
Ce n’est qu’en arrivant derrière le bâtiment qu’on put apercevoir enfin la cause de ce bruit, à savoir un chat noir touffu avec deux grands colliers dans la gueule. Le regard du matou se balada autour de lui avant de fixer l’endroit où son corps se projeta avec agilité. Il atterrit en douceur et se glissa dans une petite brèche en remuant.

Après avoir bataillé pour traverser ce passage secret, le félin se faufila derrière un meuble où la brèche était cachée. Ce n’est qu’à peine arrivé dans la salle que l’aube sonna de son rayon matinal, réveillant la forme humaine de Lloyd. Son corps changea, se redressant par la suite, toujours les colliers dans la bouche. L’homme regarda autour de lui, heureux de retrouver ses appartements, car en effet la brèche par laquelle il se faufilait nuit et jour se trouver dans un coin de sa chambre.
Par la suite, il attrapa des vêtements et s’habilla tranquillement tout en mettant son butin du soir dans une de ses nombreuses cachettes. Alors qu’il terminait de s’habiller, un peu n’importe comment, il entendit quelqu’un frapper à la porte.

Mh… Aussi tôt ? Pensa-t-il.

Lloyd traversa sa chambre et passa dans la seconde salle, celle de son salon de barbier où se trouvait également l’entrée de son « Chalon. ». Arrivant à la porte, il l’ouvrit, entendant au loin un petit « Mr sweet paws. ».

L’homme chat tourna la tête vers l’endroit d’où venait le bruit étant donné que personne ne se trouvait devant sa porte, était-ce une farce ? La personne qui l’attendait un peu plus loin était le petit couturier du cabaret, petit car pour une fois, Lloyd avait trouvé quelqu’un d’une taille inférieure à la sienne.

Ah… Euh, Reilly je crois ! Se questionna-t-il, pas très doué pour les prénoms.

Lloyd avança vers lui doucement, traînant un peu les pieds pour ne pas changer.

« Bonjour, je vais bien et toi ? Je vois que je ne suis pas le seul matinal. » Répondit-il en regardant le petit homme, mais surtout sa chevelure qui semblait avoir besoin de soin. L’homme chat n’avait pas remarqué que Reilly aussi l’analysait et il eut le droit à un compliment… Spécial ?

« Ah… Je ne me trouve pas gracieux pourtant, mais c’est gentil. » Dit-il en regardant le couturier, avec une expression d’indifférence. Lloyd n’était pas expressif, pourtant il essayait de faire des efforts, ce qu’il travaillait le plus était le sourire, mais sans trop de résultat.

Il y eut un blanc…. Un temps de pause silencieux qui semblait indéfini où Reilly fixait Lloyd dans les yeux avec, malgré la situation bizarre, un air adorable. D’un coup, le moment sans bruit fut brisé par le petit homme, flattant de nouveau Lloyd, mais cette fois-ci sur ses yeux charbons.

« … Merci, c’est gentil… Mh… Tes yeux aussi, ils sont clairs. » Dit-il en forçant un peu le sourire, gêné d’avoir autant de compliments.

Lloyd n’eut pas le temps de se remettre de ses émotions que Reilly renchaîna avec un grand monologue, expliquant sa situation et l’explication de pourquoi il était autant stressé. Avoir peur des barbiers… Le pauvre, il avait dû passer par des gens pas très doué pour ça.
Alors que l’homme chat allait lui répondre, il eut le droit à un regard désolé du couturier, un regard une fois de plus adorable suivi d’une excuse une fois de plus.

Lloyd ne put s’empêcher d’offrir un petit sourire à Reilly en apprenant que lui aussi il avait du mal avec les relations sociales. La grande main du barbier vint se poser sur le haut du crâne du petit homme afin d’ébouriffer doucement sa chevelure.

« Tu n’as pas à t’inquiéter, je ne suis pas très doué pour les relations non plus, mais je suis un bon barbier, je n’ai pas encore eu de plainte, que des sourires et je me contente de faire ce qu’on me demande, tu n’auras ni plus ni moins que ce que tu veux pour ta coiffure. » Dit-il d’une voix qui se voulait douce et rassurante.

Lloyd glissa par la suite sa main dans le dos de Reilly et l’attira avec lui dans le salon de barbier. Il ferma la porte et installa le couturier sur un siège moelleux accoté à une bassine de lavage. L’homme chat attrapa ensuite une serviette qu’il posa doucement sur les épaules de son client. Le barbier semblait dans son élément, il était agile rien qu’en préparant son client et son matériel.

« Je vais te laver la tête et te démêler les cheveux avant tout, c’est toujours mieux pour les couper par la suite. » Dit-il, confiant et allumant l’eau.

Lloyd posa doucement la tête de Reilly contre la bassine, une fois installé, il alla chercher de l’eau tiède afin de la verser doucement sur la tête du couturier. Le barbier savonna ensuite les cheveux de celui-ci, avec des gestes doux avant de les rincer de nouveau. Il glissa une deuxième serviette sous la tête du petit homme et essora un peu ses cheveux.

« Voilà ! Tu es prêt ? » Demanda-t-il gentiment en retirant la bassine et prenant une brosse. Il glissa la brosse dans les cheveux de Reilly et les démêla avec douceur et agilité.

« Donc je résume, je laisse ta frange et je coupe un peu derrière pour que ça fasse plus propre, tout en laissant un peu de longueur, c’est ça ? » Questionna-t-il en passant une main dans les cheveux de Reilly.
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MessageSujet: Re: Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd]   Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd] I_icon_minitimeJeu 7 Juil - 23:32

« Bonjour, je vais bien et toi ? Je vois que je ne suis pas le seul matinal. »

Ah, tiens ? Reilly cligna des yeux. Il était si tôt que ça ? Mince ! Il se pinça l’arrête du nez. Lui avait, à vrai dire, passé la nuit à discuter avec sa mère, dialogue silencieux et habituel qui se faisait les nuits claires comme celle qui venait de passer. Et, à vrai dire, Lloyd n’avait pas non plus l’air d’avoir beaucoup dormi. Il y avait quelque chose, dans son visage neutre, qui criait à la nuit blanche. Mais la réaction du chat à son compliment on ne peut mal tourné le perturba plus encore que cette remarque interne.

« Ah… Je ne me trouve pas gracieux pourtant, mais c’est gentil. »

Là, il ne trouva rien à répliquer ; Lloyd était donc aussi particulier que lui ? Ou bien, il ne voulait pas l’enfoncer en lui faisant remarquer la maladresse de son propos. Mais, fut-ce un cas ou l’autre, Reilly lui en était reconnaissant. La situation gênante l’était, grâce à lui, légèrement moins. Même quand il lui avait fait un autre compliment tout aussi adroit que le premier, le barbier avait su réagir avec flegme et politesse :

« … Merci, c’est gentil… Mh… Tes yeux aussi, ils sont clairs. »

Même, Reilly remarqua les lèvres de Lloyd s’étirer légèrement, en quelque chose qui ressemblait à… oui, à un genre de sourire forcé. C’était à la fois compréhensible et curieux. Car soit le chat avait essayé de lui faire un compliment qu’il ne pensait pas du tout être vrai, auquel cas cela expliquait son sourire forcé, soit il était aussi peu doué que lui dans les situations gênantes. Une lumière s’alluma dans le cerveau du petit irlandais en plein monologue. C’était un des avantages, chez lui, pensa-t-il, la multi-réactivité de son cerveau ; il continuait à s’embarrasser devant son nouvel objet de curiosité, et en même temps il pensait qu’en fait, vraiment, du peu qu’il avait pu l’observer, il n’avait pas vu Lloyd sourire. Jamais. Alors, la stupide mais tout de même considérable question suivante vint se ranger dans un coin de son cerveau bien trop actif : pourquoi ce sourire semblait si peu naturel ?

Mais à peine ressortait-il de ses pensées et offrait-il un sourire désolé au barbier que celui-ci le gratifiait d’un petit sourire. Les yeux du couturier s’ouvrirent grands, impressionnés. Ce petit sourire là lui avait semblé bien sincère, mal contrôlé mais étrangement touchant ; son coeur s’en vit immédiatement apaisé, content de voir que quelqu’un comprenait sa maladresse et ne lui en tenait pas rigueur. Même ! Ses yeux s’ouvrirent plus encore, presque hors de leurs orbites, quand il vit la grande main de Lloyd se redresser dans les airs pour venir côtoyer le haut de sa tête et l’ébouriffer, à la fois douce et pleine de compréhension.

Là, Reilly eu du mal à cacher ses joues roses, plus de honte mais bien de ravissement. Le geste si inoffensif et rassurant qu’était en train de lui offrir le barbier était en réalité un des gestes favoris du petit lorialet. En fait, il ne pouvait pas remonter à la première fois qu’on lui avait ébouriffé les cheveux tellement ce geste avait fait partie intégrante de sa vie - même durant la période où il vivait chez son ex de médecin. Parfois doux, parfois vif, parfois mielleux et parfois vil, ce geste était si particulier et si précis que Reilly avait maintenant trouvé pas moins de mille façons de l’interpréter. C’était à la fois différent d’une personne à une autre, et différent suivant les humeurs d’une même personne.
Et ses cheveux s’agitaient calmement sous la main chaleureuse du barbier vraisemblablement attendri, qui s’empressa même de rajouter :

« Tu n’as pas à t’inquiéter, je ne suis pas très doué pour les relations non plus, mais je suis un bon barbier, je n’ai pas encore eu de plainte, que des sourires et je me contente de faire ce qu’on me demande, tu n’auras ni plus ni moins que ce que tu veux pour ta coiffure. »

Ah ! Le regard du petit irlandais s’illumina d’espoir, pour deux bonnes raisons. La première était un tout premier point commun : le mal à l’aise social. Même si, chez Reilly, c’était plus ou moins flagrant suivant la croissance de la Lune, pour Lloyd, c’était bien le cas. Maintenant qu’il le disait, le petit couturier comprenait un peu mieux ses airs inertes, voir inexpressifs. La deuxième bonne raison, elle, était sans doute la plus évidente : le jeune barbier avait bien dit ce qu’il avait dit. Il se contentait donc de faire ce qu’on lui demandait. Parfait ! Vraiment, parfait ! Un poids énorme s’enleva des épaules du petit couturier qui affichait maintenant un air ravissant et conquis. Bon, si Lloyd coupait vraiment, réellement uniquement ce qu’on lui disait de couper, il ne devrait pas y savoir de soucis. Vraiment. Et, même si une partie de lui avait toujours envie de fuir, une autre partie de lui se laissa guider avec plaisir dans l’entre du chat qui avait glissé sa main dans son dos pour mieux le faire avancer. Reilly nota donc dans un coin de sa tête que Mr Sweet Paws été bien doté de pattes de velours et profita de cette main caressante tout en intervenant :

« Tu sais, on devrait se serrer les coudes, niveau relations humaines… Parce que, vraiment, tu as l’air pire que moi dans ce domaine-là ! »

Le petit homme rit gentiment, pas méchant pour un sous, juste honnête et plein de bonne volonté. Après tout, mis à part sa gestuelle tout à fait fluide, Lloyd semblait vraiment beaucoup moins à l’aise que lui. Et ça, venant de quelqu’un d’aussi mystérieusement intéressant que lui, Reilly tenait absolument à le corriger. Enfin, à tenter de corriger cela.

Toutefois, l’heure n’était pas aux conseils en tous genres ou aux exercices pratiques. L’heure était à la coiffure, et ce fut un petit couturier enchanté qui découvrit le salon de son nouveau barbier, qu’il espérait digne de sa réputation. En effet, le salon de Lloyd était aussi propre que clair, et ses ustensiles, bien que clairement coupants et dangereux, respiraient la délicatesse et la précision dans ses mains, alors qu’il les installait, méticuleux, après l’avoir bien aimablement installé dans un fauteuil. Fauteuil que Reilly jugea tout à fait confortable et aussi moelleux qu’un croissant tout chaud. Aussi, à côté du siège sur lequel il était assis, il remarqua une bassine dont il n’avait strictement aucune idée de l’utilité. Mais bien vite, alors que Lloyd posait une serviette sur ses épaules, il comprit que la bassine devait servir à laver les tignasses diverses et variées qui passaient par ce salon impeccable.

« C’est vraiment… rassurant, comme endroit, je trouve. Avant, on me coupait les cheveux avec des ciseaux de cuisine… »

Maintenant qu’il le disait à voix haute dans un salon de barbier, la chose lui paraissait complètement idiote et barbare. Ses grands yeux se plissèrent, dubitatifs. On ne lui avait donc jamais bien coupé les cheveux avant ? Il tourna un regard curieux sur Lloyd, toujours affairé dans ses préparations, et il remarqua que la grâce dont il parlait plus tôt ressortait encore plus quand le matou se trouvait dans son élément. Là, le moindre de ses gestes semblait précautionneusement millimétré et calculé.

« Je vais te laver la tête et te démêler les cheveux avant tout, c’est toujours mieux pour les couper par la suite. »

Reilly hocha la tête, très peu a courant de ce qui allait se passer, et bien reconnaissant que son nouveau barbier ne l’énonce. Ainsi, il était sûr d’être prévenu avant chaque nouvelle étape et ne risquait donc pas de hurler de peur devant une lame un peu trop près de son visage à son goût.

Ainsi, le doux traitement capillaire commença, et le petit irlandais ferma soigneusement les yeux en sentant l’eau tiède couler sur sa tête. Dieu que c’était agréable, comme sensation. S’il y avait bien quelque chose que Reilly adorait en secret, c’était bien les caresses et autres papouilles intempestives qu’on lui offrait parfois. Même, il lui arrivait de ronronner, quand on lui caressait les cheveux. En tous cas, les doigts de fée de Lloyd qui passaient et repassaient merveilleusement entre ses mèches lui offraient une séance de papouilles à laquelle il ne s’était pas attendue, et c’était drôlement plaisant. Et le savon qu’il utilisait sentait étonnamment bon. Ah, c’était sûr, quand il allait sortir du salon, il allait vraiment, vraiment avoir l’air classe. Et il allait sentir bon. Une nouvelle vague d’eau tiède pour rincer sa chevelure immaculée, et le barbier les essorait.

« Voilà ! Tu es prêt ? »

Chassez le naturel et il revient au galop ! L’estomac de Reilly se noua à nouveau, et ses yeux analysèrent tour à tour les couteaux du barbier, ses ciseaux, et tous ses ustensiles en général. Tous ses ustensiles terriblement tranchants. Hors de question que ces choses s’approchent de lui ! Pas question de-

Une brosse se glissa, charmeuse, entre ses mèches, lui arrachant tout éclat de doute ou d’envie de fuite. Oh… que c’était agréable ! C’était comme si, d’un coup, tous les nerfs capillaires de son crâne s’étaient réveillés et que son cerveau, lui avait fondu. On pouvait presque deviner un filet de bave coulant au coin de ses jolies lèvres. Reilly avait toujours adoré qu’on lui touche les cheveux, à un point tellement haut sur l’échelle de l’agréable qu’il lui arrivait effectivement de baver discrètement, un peu comme un bambin qui fait une bonne sieste. Alors, pris d’un autre sursaut de gêne, il ne put s’empêcher de demander :

« Prêt ! Mais… dis, comment réagissent tes clients ? Parce que, moi, j’adore ! C’est tellement agréable, j’aimerai que tu me touche les cheveux des heures. »

Vérité vraie, vérité mal énoncée, mais vérité pure. Et puis, à présent, Reilly se disait que Lloyd ne lui tiendrait certainement pas vraiment rigueur de ses maladresses verbales. Alors il profita quelques minutes de plus, roucoulant quasiment devant autant de savoir faire. Les mains du barbier, il les voyait parfaites, à son goût en tous cas. Il osa même lui lancer quelques regards de supplication adorables et plein d’étoiles quand il le sentait arrêter, pour faire durer le plaisir un peu plus longtemps. Mais, tout de même, il fallut arrêter pour se concentrer sur la raison de sa venue au salon.

« Donc je résume, je laisse ta frange et je coupe un peu derrière pour que ça fasse plus propre, tout en laissant un peu de longueur, c’est ça ? »

Reilly retint sa respiration en écoutant le matou résumer. Effectivement, le semblant de frange qui habillait parfois ses yeux lui était essentiel, arme magnifique pour cacher sa honte ou sa gêne, ou tout simplement bouclier de ses yeux sensibles. Le derrière… était vraiment catastrophique. Un rafraichissement s’imposait donc, en effet.

« Oui, plus propre avec un peu de longueur oui, mais… »

C’était un peu gênant à dire. Enfin ! Le petit lorialet n’était plus si petit que ça, il pouvait bien avoir le droit de demander ce genre de choses !

« Mais de façon à ce que ça plaise, aussi, si c’est possible. Tu pense que ce sera bien ? Avec un peu de longueur, je veux dire. »

Même si le but premier de son rafraichissement capillaire n’était pas de plaire, au final, il fallait bien assurer tous les côtés. Aussi, Reilly interrogea précieusement son expert du jour de ses yeux de jeune homme presque conquis, persuadé que son professionnalisme et son talent étaient de meilleurs avis que le sien.

« Par contre, tu vois que je n’ai pas de barbe donc pas la peine de faire quoi que ce soit de ce côté-là. Je n’ai jamais eu de barde. Toi, tu en as ? »

Curiosité pure et simple. Le petit irlandais imberbe se réinstalla correctement dans le fauteuil du barbier, prêt. Tout allait bien se passer, il en était sûr. Entre les pattes de velours de Lloyd, il se sentait prêt à faire quelque chose d’aussi fou que de se faire couper les cheveux. Quelques goutes d’eau glissèrent le long de ses mèches, puis le long de sa joue. Le top départ était lancé.

« Vas-y, Lloyd, je suis tout à toi ! »
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MessageSujet: Re: Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd]   Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd] I_icon_minitimeVen 8 Juil - 23:01

Une main passait après la brosse, comme pour détendre le jeune client. Un coup de brosse, une caresse, encore et encore jusqu’à ce que plus aucun nœud ne se fassent sentir. Lloyd voulait faire baisser le stress de Reilly, le mettre à l’aise et ça semblait plutôt bien fonctionner. Il eut même le droit à une sorte de compliment et fut heureux de voir que le couturier trouvait cela agréable.

Une fois la chevelure démêlée, l’homme chat rangea sa brosse en même temps qu’il questionnait le lorialet sur sa demande. Il se plaça ensuite devant Reilly et l’écouta. Lloyd sourit en voyant que l’irlandais manquait de confiance, il n’était pas sûr de ce qu’il voulait, car il avait une demande précise, mais Reilly semblait avoir peur de ne pas plaire. Le barbier s’approcha alors de Reilly.

Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd] 798821Relloyd

Il passa ses mains dans les cheveux de son client, regardant à droite et à gauche puis finalement il fit un petit sourire rassurant.

« Ne t’inquiète pas, la longueur te va bien. Rafraîchir un peu suffira. » Dit-il en remuant sa chevelure.

L’homme chat glissa ensuite une main sur la joue du lorialet, curieux de voir quelqu’un de son âge sans barbe. Lloyd eut un air surpris en effleurant la peau douce du petit homme.

« Chanceux ! Oui, j’en ai mais bizarrement mes joues restent douces elles aussi. » Dit-il en ramenant ses mains sur ses joues et les tapotant. (Celles de Lloyd)

Il se redressa, le regard ailleurs, pensif, mais fut vite ramené à la réalité en voyant le couturier gigoter pour se remettre en place, visiblement prêt physiquement et mentalement.

« C’est parti alors. » Lança Lloyd en attrapant un peigne et un ciseau, se plaçant par la suite derrière le jeune homme.

Même si l’irlandais semblait prêt, le barbier ne voulait pas le brusquer, c’est pourquoi il commença par peigner la toison capillaire, ramenant les mèches vers l’arrière sauf celles de la frange. L’homme félin eut soudain une idée, il glissa une main sur le crâne du petit homme et la laissa glisser le long de sa tête, servant de diversion. L’autre main pendant ce temps-là coupait silencieusement, agilement et rapidement le bout des mèches qui gênaient. Le peigne passait de temps en temps pour voir le travail accomplit et faire apparaître les endroits où il fallait couper.
Après cinq minutes de diversion, Lloyd s’arrêta et posa le ciseau à côté puis il se plaça devant le lorialet et hocha la tête.

« Voilà, c’est terminé. Pas trop éprouvant ? » Demanda-t-il en retirant la serviette.

Le barbier espérait que son plan ait marché, que le petit homme qui semblait aimer qu’on joue avec ses cheveux n’ait rien senti du travail qui s’accomplissait en fond. Il attrapa par la suite une autre serviette et essora, frotta les cheveux pour qu’ils sèchent plus vite. Enfin, l’homme chat plaça un miroir à la hauteur du couturier tout en le regardant.

« Qu’en penses-tu ? Assez long pour toi ? Trop long ? Dis-moi tout. » Lança-t-il, la tête penchée sur le côté, l’air interrogatif.

Le barbier laissa le miroir devant le jeune homme, ne tenant pas en place, il commença à nettoyer son matériel puis passer un coup de balais.
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MessageSujet: Re: Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd]   Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd] I_icon_minitimeSam 9 Juil - 15:47

Ah, oui, les mains de Lloyd étaient définitivement divines. Que se soit avec une brosse ou sans, le semi-massage qu’il lui offrait transforma le petit lorialet en zombie féru de papouilles au léger filet de bave qui en disait long sur son état d’esprit actuel, esprit qui avait complètement retourné sa veste : les vrais barbiers étaient bien des créatures extraordinaires. Enfin, ce barbier-là l’était, en tous cas. S’il avait voulu détendre son client, il l’avait plutôt mis dans un état de semi-conscience merveilleuse où il se sentait flotter dans des nuages de crème chantilly, voyage agréable aux variations aussi douces que du caramel. Même, quand Lloyd finit par retirer l’instrument magnifique de sa chevelure sauvage à présent domptée, Reilly s’autorisa un soupir léger et une moue déçue pleine de reproches. Le jeune homme aux cheveux noirs si impossible à percer à jour gagna un nouveau point sympathie.

« Mr Sweet Paws… »

Murmuré, soufflé entre ses lèvres bougonnes, le surnom qu’il avait trouvé à Lloyd lui allait vraiment bien, trouvait Reilly. Eh oui, du haut de ses dix-huit ans, si souvent clamait-il être un homme, un adulte au comportement d’adulte, il lui arrivait parfois d’être digne de ses traits poupins, quand il râlait gentiment pour quelques choses, aussi insignifiantes étaient ces choses.

Mais il n’eut pas vraiment le temps de bouder plus, puisque Lloyd et sa pourtant si farouche aisance sociale virent se placer devant lui quand il expliquait ce qu’il voulait. Enfin, ce qu’il pensait vouloir. Oui, parce que le petit lorialet était en effet aussi confus intérieurement qu’extérieurement. La seule chose à laquelle il tenait réellement était sa sorte de frange, ses quelques mèches protectrices et rassurantes dont il n’avait jamais voulu se débarrasser. Il avait même osé refuser l’ordre de James, quand celui-ci avait décrété qu’il en avait assez du « comportement d’enfant » de Reilly par rapport à ses mèches ; tout ça parce qu’il en avait assez que Reilly puisse fuir son regard. Seulement, ces mèches rebelles et incontrôlables avaient autant leur propre volonté que le petit lorialet y tenait. C’était un peu comme sa marque de fabrique, un des nombreux éléments qui faisaient que lui était lui. Peut-être, un peu, comme les cheveux noir de Lloyd, ou encore ses yeux abyssaux. Yeux qui, dès qu’il eut fini d’énoncer ses doutes, se rapprochèrent un peu des siens. Un peu, puis encore un peu, et le barbier se penchait à hauteur de son visage.

« L-Lloyd… ? »

Les joues du couturier virèrent au rose foncé, presque rouge, et ses pommettes se tintèrent d’un rouge rosé bien prononcé, en même temps qu’il reculait un peu sa tête dans le fauteuil du barbier, ses yeux brillants de curiosité et d’une légère incompréhension. Oh, ce n’était pas qu’il n’aimait pas avoir un jeune homme à la façon si aimable près de lui, non, mais les manières de Lloyd lui semblaient si incongrues et inhabituelles que rougir devant ce barbier en pleine analyse lui semblait essentiel. Et voilà que le jeune homme aux cheveux de jais passait une nouvelle fois sa main aux pouvoirs surnaturels dans sa chevelure immaculée, artisan complet et attentionné. Reilly put admirer sa concentration de près, alors qu’il regardait à gauche, puis à droite, comme si le moindre de ses cheveux lui importait, et il se dit que, sans doute, quand on aimait son métier on était comme Lloyd, ou comme lui : on ne laissait aucun détail au hasard, et, toujours, on avait son regard illuminé de quelque lueur magique et extraordinaire, si discrète que peu la remarquaient. C’était si admirable, pour Reilly, qu’il ferma les yeux quelques secondes, autant pour profiter de la nouvelle caresse occasionnée que pour laisser le jeune barbier se concentrer pleinement. Il les rouvrit juste à temps pour apercevoir un petit sourire qui se voilait sûrement rassurant, et son visage se tordit en une bouille flattée quand Lloyd finit par répondre :

« Ne t’inquiète pas, la longueur te va bien. Rafraîchir un peu suffira. »

Le lorialet habituellement si pâle rougit à nouveau, comme après une exposition trop prolongée à ce soleil de malheur, et il hocha timidement la tête pour remercier le barbier de son compliment. Seulement, Lloyd ne semblait pas avoir fini de lui donner envie d’aller se cacher dans le terrier de la timidité soudaine, puisqu’il glissa une main sur sa joue afin d’en constater la douceur. Reilly se maudit d’avoir énoncé sa non-pilosité, et, par réflexe, blottit furtivement sa joue chaude contre les doigts du barbier, juste avant que celui-ci ne les retire de ses joues pour les remonter aux siennes.

« Chanceux ! Oui, j’en ai mais bizarrement mes joues restent douces elles aussi. »

Le petit irlandais cligna des yeux, surpris. Il tendit les mains à son tour, trop envieux et intéressé pour se retenir, et prit soin de caresser avec attention la moindre parcelle des joues de Lloyd. Ses yeux clignèrent à nouveau, et sa bouche s’entrouvrit. Tiens ! C’était curieux, ça ! Les joues, le menton, le visage de l’homme chat était effectivement doux. Ah, qu’il aurait aimé avoir ça…

« Chanceux non, je n’ai pas un poil sur le corps et à cause de mon visage, on dirait que j’ai douze ans, personne ne me prend pour un adulte alors que j’en suis un, personne ne me prend au sérieux quand je dis quelque chose… »

Le petit lorialet fronça les sourcils en se rasseyant correctement, la mine bougonne et les sourcils froncés. Comble de l’ironie, alors qu’il croisait les bras, il était plus adorable encore que ce qu’il n’était déjà. Mais cela ne changeait rien à son problème, qui en était vraiment un.

« Et en plus de ça, je suis petit ! Tu n’es pas très grand, tu comprends pour ce qui est de la taille, mais pour les poils… Tout le monde écoute mieux quelqu’un avec de la barbe, ça fait plus mature, plus… je ne sais pas, mais plus. »

A certains moments de sa vie, Reilly aurait en effet vraiment voulu une barbe. Pour mieux se faire écouter, pour qu’on le prenne au sérieux ; en Irlande, le cousin de James, Maccoy, lui avait aussi fait miroité l’idée que s’il avait de la barbe, lui le respecterai. Eh bien, pour le coup, c’était complètement loupé ! Non seulement il avait très bien compris que « quand Reilly aura des poils au menton » était l’équivalent de « quand les poules auront des dents », mais en plus, au bout d’un moment, cette illusion avait cessé de lui donner espoir, et il avait très bien compris que Maccoy, Aedan, James, Emma, ou qui que ce soit d’autre, tous le prendraient pour un enfant tout juste mature pour le reste de ses jours. Seulement, si la pilosité n’était plus envisageable pour lui, il lui restait les rides. Quand il vieillirait, un jour, la gravité forcerait son corps à prendre de l’âge. Si toutefois il ne s’éteignait pas avant que cela se produise.

« C’est toi qui a de la chance, toi tu as de la barbe, et tes joues sont douces malgré le rasage… »

Enfin… Le couturier donna son top départ pour le rafraichissement, juste après avoir noté l’air pensif du chat barbier. Cependant, désireux de ne pas l’interrompre pendant son labeur, il décida de ranger sa question dans un coin de sa tête, tout comme la précédente.

« C’est parti alors. »

Reilly souffla un bon coup alors que Lloyd passait derrière lui, munit de ses ciseaux. Il s’assura cependant une dernière fois qu’ils n’étaient pas des ciseaux de cuisine puis, rassuré en admirant leur petitesse et leur vraisemblable précision, il ferma les yeux pour se laisser pleinement faire.

Mais le petit couturier fut à nouveau agréablement surpris quand son nouveau barbier favori commença par lui peigner les cheveux, comme soucieux de son bien être et de son aisance, là, sur son fauteuil de professionnel. Heureusement, il ne ramenait pas sa sorte de frange en arrière, et il gagna un nouveau point sympathie. Reilly se permit un petit sourire confiant, et, tout à coup, lâcha un petit couinement surpris. Il sentit la main du jeune homme plein d’astuces glisser le long de son crâne, lui octroyant au passage un nouveau massage délicieux qu’il savoura pleinement. Un coup de peigne, une caresse, une caresse encore, quelques autres puis un nouveau coup de peigne, les deux instruments s’enchaînaient en un traitement sublime et toujours plus plaisant. Les minutes passaient au fil des doigts de Lloyd entre ses cheveux, et Reilly commençait à se demander si le massage n’était pas un peu trop long. Le matou noir était tout à fait attentionné, il ne pouvait pas dire le contraire, passer au moins cinq bonnes minutes à le détendre pour le mettre en confiance, c’était encore mieux que quand…

« Voilà, c’est terminé. Pas trop éprouvant ? »

E-Eh ?? Le petit couturier rouvrit ses grands yeux interloqués pour trouver son barbier face à lui, en train de lui enlever la serviette qu’il avait posé sur ses épaules.

« Qu’en penses-tu ? Assez long pour toi ? Trop long ? Dis-moi tout. »

Le miroir que Lloyd venait de placer devant lui lui indiqua en effet un reflet bien plus avantageux qu’avant l’opération, et, surtout… Il tourna la tête de profil, désireux de voir si vraiment… Incroyable ! Reilly vit son regard incrédule se parer de curiosité quand il remarqua que le derrière de son crâne était tout bonnement impeccable. Mais, pourtant, il n’avait rien senti ! Etait-ce encore son imagination qui le menait en bateau ?

« Tu… as… coupé ? »

Il baissa les yeux sur le sol du salon pour y découvrir avec horreur des cheveux aussi blancs que les siens. Le petit homme sursauta à retardement, profondément choqué, et s’appuya à l’accoudoir du fauteuil pour se pencher et mieux observer les pointes de ses cheveux immaculés étalées par terre.

« BLOODY POTATOE !!!!! »

Tant d’enthousiasme secoua un peu trop le lorialet curieux qui, pour seules et uniques raison son équilibre douteux et son incapacité à résister à la gravité, se retrouva nez contre le sol du salon de Lloyd. Un gros « boum » rehaussé d’un très joli juron en gaélique envahit le salon du barbier qui, lui, s’affairait à ranger son matériel. Tout en se redressant assis et en se tenant son pauvre nez meurtri d’une main, Reilly passa une main sur l’arrière de sa tête, en pleine admiration. Impossible, vraiment ! Sans laisser le temps à Lloyd de dire ou faire quoi que ce soit, il se releva un peu difficilement, quelque peu étourdi, et, sans enlever sa main de son nez, se précipita sur le miroir pour mieux constater le travail ultra précis de ce barbier angélique. Non seulement il avait réussi à le mettre à l’aise, mais en plus il avait effectué un travail impeccable et rapide sans aucun bruit, d’une aisance sans nom qui laissa Reilly complètement coi devant son miroir, incapable de détacher son attention de ce rafraichissement parfait.

« Lloyd, tu es… »

Un vrai ange ? Ou un chat tellement agile que même sous forme humaine il brillait de talent ? Reilly gloussa. Ah ! Il était guéri ! Il était bien guéri !  A nouveau sans laisser le temps à Lloyd de réagir, il se jeta du siège jusque dans ses bras, bien trop enthousiaste pour ne pas exprimer son contentement.

« Merci beaucoup beaucoup beaucoup, tu es génial ! »

S’il avait pu ronronner, il l’aurait fait sans hésitation. Aussi, le petit lorialet se serra-t-il davantage contre le barbier, aux anges, ses petits bras enroulés autour de lui afin de lui faire passer un maximum de son bonheur instantané. Tel un chaton bien à l’aise, puisque Reilly se fichait totalement de bien connaître ou non une personne quand il lui faisait un câlin, il frotta délicatement sa joue et son petit nez contre les vêtements de Lloyd.

« Dis, comment je te paye ? Tout bon travail mérite salaire ! »

Toujours quasiment euphorique, le petit lorialet bienheureux laissa enfin à l’homme chat de quoi respirer en se détachant de lui, puis il rouvrit ses yeux bleus brillants d’étoiles afin de dévisager son héros du jour en attendant sa réponse. Mais, quelque chose dans son champ de vision lui fit baisser les yeux sur le torse de Lloyd. Ah ! Il avait une tâche… rouge ?

« F*** no ! »

Reilly regarda rapidement celle de ses mains graciles qui avait tenu son nez le temps que la douleur passe, et elle était… rouge ! Du sang ! Soudain pris d’une légère panique, le petit couturier, dégoûté d’avoir sali son sauveur capillaire, se pencha hâtivement sur le miroir dans lequel il avait admira sa nouvelle coupe, cette fois-ci pour constater son saignement de nez massif. Ah ! Son visage pâli puis se tourna sur la droite, sur le haut tâché de Lloyd, puis sur la gauche, sur le miroir et sur son nez qui saignait toujours et qui commençait à lui faire légèrement tourner la tête. Quel idiot il était ! Ses yeux clignèrent à une vitesse vertigineuse, ses joues passèrent de rouge vif à pivoine. Ah, qu’il était gêné ! De rouge vif, son embarras passa à cramoisi. Alors, afin de cacher un maximum de sa petite personne à l’esprit si volatile, il grima accroupi sur le fauteuil de Lloyd, ses petits pieds nus collés, face au dossier, seuls ses yeux dépassant de la cachette. Soudain bien plus timide, le couturier se racla prestement la gorge et osa à peine poser ses yeux honteux sur le jeune homme aux cheveux de jais.

« Tu sais, je suis couturier, donc je peux nettoyer ton vêtement, il n’y aura pas de trace, promis. Désolé… »

Maintenant, il espérait juste que Lloyd ne lui tiendrait pas non plus rigueur de sa maladresse.

« Et… tu pourrais me donner un mouchoir ? J’ai la tête qui tourne un peu, je crois que je devrais me nettoyer le nez… »
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MessageSujet: Re: Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd]   Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd] I_icon_minitimeSam 9 Juil - 20:49

En passant le balai, Lloyd repensa aux paroles de Reilly, il semblait complexer sur sa petite taille et le fait qu’il soit imberbe… L’impassible ne comprenait pas pourquoi il complexait, il avait encore du mal avec certaines notions, il n’était pas du genre à juger les gens, sauf lycanthrope, mais ça c’est naturel.

Dans ses pensées, le barbier ne fit pas trop attention au lorialet qui remuait, surpris.

« BLOODY POTATOE !!!!! »

Lloyd sursauta en entendant le cri suivi d’un « BOUM » plutôt bruyant. L’homme chat se retourna vers l’origine du bruit et resta bête en regardant l’irlandais sur le sol, malgré tout il continua de passer le balais sur place.
Ce qui surprit le plus l’anglais, ce fut quand son client, sans qu’il sache pour quelle raison, bondit dans ses bras.

« Qu’est-ce… ?! » Lâcha-t-il, étonné.

Lloyd ne put pas s’empêcher de laisser un peu apparaitre du rose sur ses joues dû au mélange du compliment et de l’étreinte. Il n’était pas habitué, loin de là. L’impassible prit au dépourvu ne bougea pas, il baissa juste le regard vers le jeune homme câlin. Bizarrement, ce n’était pas désagréable, la froideur naturelle du barbier se vit réchauffée près du petit corps du lorialet.
L’anglais fut ramené à la réalité avec la question du paiement venant de Reilly, l’homme aux cheveux corbeau baissa la tête vers le petit homme. D’un coup, les pupilles de Lloyd se dilatèrent, il recula de Reilly en le voyant le nez en sang. Les jambes du barbier se mirent à trembler, il semblait tétanisé.

« Tu sais, je suis couturier, donc je peux nettoyer ton vêtement… ».

A ces paroles, la réaction ne se fit pas attendre. La tête se baissa vers son haut et tout aussi rapidement, celui-ci fut retiré et balancé plus loin, peu importait de sa tenue légère par la suite, il avait peur.

L’effrayé tourna sa tête de nouveau vers le lorialet quand celui-ci demanda un mouchoir. Il ne voulait pas s’approcher de lui ,mais en jetant un coup d’œil, on pouvait voir que sous le sang, l’irlandais semblait mal lui aussi… Prenant son courage à deux mains, le barbier attrapa une serviette et en s’approchant doucement, trop doucement, il tendit le textile au blessé, d’une main tremblante et pas rassurée alors que son regard de tétanisé fuyait de tous les côtés.

« T.t..Tiens… » Baragouina-t-il avant de vite repartir dans un coin de la salle et de s’y mettre en boule, gêné de cette situation.

Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd] 163737Llang

Lloyd attendit, regardant une fois au sol, une fois au plafond, on pouvait voir que ses yeux étaient toujours écarquillés, ils ne clignaient pratiquement pas, ce qui les rendaient larmoyants.

« Ça… Ça va ? Désolé de ne pas pouvoir t’aider plus que ça… Je n’apprécie pas la vue du sang… » Dit-il doucement et timidement. Il s’en voulait malgré la peur de ne pas être aux côtés de Reilly pour le soutenir. Sa main droite se leva devant ses yeux, fixant la cicatrice béante qui parcourait la paume.
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MessageSujet: Re: Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd]   Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd] I_icon_minitimeDim 10 Juil - 0:03

« Qu’est-ce… ?! »

Si le petit lorialet n’avait pas été trop concentré à faire passer son amour soudainement débordant à son chat de barbier, il aurait su apprécier la douce couleur qui venait habiller ses joues. En tous cas, il le sentait immobile, entre ses bras fins, mais pas crispé ou agacé pour un sous. Peut-être, se disait-il, que Lloyd appréciait les câlins ? Ou encore, que son incapacité à y répondre réellement venait de ses difficulté avec les interactions sociales ? Bon, il n’y avait pas à dire, Lloyd avait vraiment besoin de conseils de ce côté-là. Et, comme il le lui avait dit, Reilly aurait été ravi de pouvoir l’aider. En plus, les bras du barbier étaient plutôt très agréables, confortables, et frais.

Cependant, sa réaction était tout sauf ce que le petit lorialet avait escompté. Après avoir constaté son saignement de nez et s’être caché prestement sur le fauteuil, il avait pu voir un Lloyd qui n’avait strictement rien à avoir avec le Lloyd d’une plénitude calme et impassible qu’il avait observé jusqu’alors. Non, ce Lloyd-là, alors que sa tête à lui tournait plus encore, avait l’air complètement tétanise.

Non seulement il balança son vêtement tâché de sang aussi loin de lui que possible, assumant totalement, et préférant certainement, sa nouvelle semi-nudité, et ses pupilles dilatées semblaient trembler de peur, à tel point que Reilly avait mal aux yeux pour lui. Il se demanda un instant, en quémandant quelque chose d’absorbant pour son nez, si Lloyd allait lui venir en aide, terrifié qu’il avait l’air, le pauvre. Résigné, le petit irlandais ferme les yeux et inspira un bon coup pour se donner la force de bouger et se soigner. Mais, quand il les rouvrit, il se retrouva nez à nez avec une serviette immaculée tremblotante.

« T.t..Tiens…
- Ah ! M-Merci ! »

Ca semblait un vrai supplice, pour le jeune barbier dont le regard fuyait de tous les côtés, affolé, aussi Reilly s’empressa-t-il de saisir la serviette afin de le laisser s’éloigner et tenter de se rassurer. Et, effectivement, Lloyd ne se fit pas prier : il détala immédiatement sous ses yeux à moitié crédules pour aller se rouler en boule dans un coin du salon. C’était étonnant, en un sens, qu’un barbier qui travaillait constamment avec des objets aussi tranchants et aiguisés que des ciseaux et autres couteaux de rasage ait peur du sang, ou du moins n’en supporte pas la vue. C’était étrange, pour le petit lorialet de constater autant de frayeur dans le regard noir du jeune homme, et là, alors qu’il regardait le plafond, Reilly aurait juré apercevoir quelques larmes au bord de ses yeux si écarquillés qu’ils devaient lui faire souffrir le martyr.

« Ça… Ça va ? Désolé de ne pas pouvoir t’aider plus que ça… Je n’apprécie pas la vue du sang… »

Reilly fit la moue, désolé lui aussi de constater autant de remords dans la voix de Lloyd.

« N-Non ne t’inquiète pas ce n’est pas grave, j’ai l’habitude de m’occuper de moi tout seul, ces dernières années je me suis constamment occupé de mes blessures alors ne t’inquiète pas, vraiment, ça va ! Heu… essaye de respirer lentement et fort, ça peut aider ! »

Il avisa la paume que le jeune homme venait de monter devant son visage, la droite, et il n’était pas difficile de remarquer une énorme cicatrice qui la bariolait affreusement. Reilly serra les dents. Il avait vraiment dû se blesser gravement, pour que ce soit aussi remarquable et profond. Mais l’heure n’était pas à poser des questions, non. L’heure était à se soigner, et le petit couturier inspira à nouveau avant de commencer à s’essuyer le nez, plein de précautions.

A vrai dire, lui non plus n’aimait pas spécialement la vue du sang ; ça lui donnait toujours l’impression que sa tête flottait dans les airs, perdue, tout comme ses sens semblaient se concentrer uniquement sur le sang qui coulait de ses blessures. Mais, avec l’habitude de ses dernières années en Irlande, Reilly savait quand se mettre un coup de pied aux fesses pour affronter ses démons, aussi ne lui fallut-il pas plus de quelques secondes pour rendre sa blancheur impeccable à sa peau, juste sous son petit nez retroussé qui lui faisait déjà moins mal. Bien. Une fois son nez propre, il se leva tranquillement, la tête toujours légèrement tournante, et alla attraper la chemise que Lloyd avait lancé dans sa panique. Il la déplia correctement et avisa la tâche. Il hocha la tête, les lèvres pressées l’une contre l’autre. Bon, elle n’était pas énorme non plus. Il allait pouvoir la nettoyer.

« Je t’emprunte ta bassine, je la nettoierai bien après, promis. Tu peux attendre quelques minutes ? Ensuite, je m’occupe de toi, mais d’abord je nettoie comme ça tu seras plus tranquille. »

Aussi tôt dit, aussi tôt fait. Le petit homme s’affaira, rapide, et s’employa à retirer tout le liquide rouge de la moindre fibre du tissu de la chemise de Lloyd. Outre ses légers vertiges et sa pâleur plus pâle que celle d’un mort, Reilly gérait plutôt bien les situations d’urgence telles que celle-ci. Un coup d’eau, un coup de savon de Marseille, un coup de poignet, et répéter l’opération en essorant à chaque fois. Son inconscient lui arracha un soupir désespéré et blasé quand il se rendit compte que James, Maccoy et surtout Aedan lui avaient en fait vraiment bien appris à nettoyer ses vêtements de manière à ce qu’ils soient plus immaculés et propres que neufs. Et en quelques minutes de travail efficient, la chemise et la serviette semblaient ne jamais avoir connu le mini drame qui venait de se jouer. Reilly se maudit en les étendant à la fenêtre du salon de Lloyd, bien trop fatigué de sa maladresse qui pouvait changer une situation ou une atmosphère en une faction de seconde. A cause de lui, Lloyd était maintenant plus mal à l’aise qu’avant.

D’un pas prudent et timide, il se dirigea vers le chat toujours roulé en boule dans son coin. Il pencha la tête sur le côté en se faisant la réflexion : comme ça, Lloyd était étrangement mignon. De ce qu’il avait entendu des autres employés au Lost, les rumeurs allant vite, ils avaient seulement un an de différence. Un an, ce n’était rien. Mais là, Reilly avait vraiment l’impression de se retrouver face à un chaton apeuré. Alors, une fois arrivé à sa hauteur, il prit soin de parler doucement, d’une voix calme et rassurante.

« Lloyd… »

Il s’approcha encore un peu, jusqu’à finir accroupi devant lui, bras croisés sur les genoux, menton caché entre les bras. Il fixa Lloyd quelques secondes sans rien dire, le bleu de ses yeux brillant encore plus dans le petit coin de la pièce, puis il s’agenouilla, pour plus de confort, et tendit doucement la main.

« Je suis désolé de t’avoir mis mal à l’aise… Tu m’en veux ? »

Le petit lorialet attrapa doucement les doigts du jeune homme entre les siens pour le rassurer, ses petits doigts graciles moins froids qu’à leur habitude, même, du fait de son agitation, un peu chauds. Il sourit, encore désolé, et, dans un de ses instincts qu’il n’arrivait pas bien à contrôler, alla poser un baiser tout chaud, tout doux, réconfortant, sur le front du jeune homme recroquevillé. Parfois, même sans connaître quelqu’un autrement que de vue, il lui arrivait en effet de ne pas pouvoir s’empêcher de chercher à consoler, surtout dans une situation où il était la cause du malêtre de quelqu’un.

« Tout va bien, maintenant, tu vois ? »

Mais, curieux, un autre des instincts incontrôlables du petit lorialet le poussa à retourner la main de Lloyd dans la sienne, afin de mieux pouvoir observer sa cicatrice. Et ce qu’il vit lui arracha une grimace compatissante. C’était vraiment pas beau.

« Comment tu t’es fait ça ? Raconte-moi ! »

Reilly avisa le torse nu de son barbier, et grimaça à nouveau.

« On devrait te mettre quelque chose sur les épaules, tu vas attraper froid. Oh, et pendant que tu te changes, pourquoi tu ne me dirais pas d’où tu viens et comment tu es arrivé ici ? J’aimerai te connaître, si ça ne te dérange pas, bien sûr… »

A nouveau, pour la millième fois depuis le début de la journée qui venait pourtant tout juste de commencer, le petit lorialet rougit. Même si ce n’était pas très facile, il voulait absolument connaître un minimum de choses sur son nouveau héros, alors, dans un espoir de le convaincre de lui confier son histoire et de lui accorder un peu de son attention, Reilly usa de son joli minois pour papillonner méchamment des yeux, désireux de savoir, ses lèvres roses plissées en coeur. Il espérait aussi que, par ses actions plus ou moins sérieuses, Lloyd allait se détendre un peu.
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Comme un cheveu sur la soupe [ft Lloyd]

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